Les Bouges
- Akihito
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Re: Les Bouges
[Discussion avec Russelle]
"Khalor, on doit encore aller au bordel. Si vous voulez faire quelque chose avant qu'on decolle... Et qu'on ai un trajet ou un guide digne de ce nom."
"Khalor, on doit encore aller au bordel. Si vous voulez faire quelque chose avant qu'on decolle... Et qu'on ai un trajet ou un guide digne de ce nom."
- Cromax
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Re: Les Bouges
La Cité des Ombres
Les Bouges
Les Bouges
Jour 2 – matinée.
Le félin musicien ne trouva guère de réponse dans l’être lui faisant face. Aucun mot ne sortit de sa bouche quant à l’explication des lieux. Et quand il lui fut demandé de mener leur duo au point de disparition de Naral Shaam, un simple mot sortit, soufflé comme une exhalation rauque :
“Non.”
Apparemment, le type n’avait pas l’habitude de parler. Ni d’être agréable ou serviable. Il soupira lourdement et indiqua d’un doigt une des issues de la grotte. Il arborait cet air blasé des gens sans affect. L’assurance du chaperon était-elle que sans doute Huyïn put se demander si la recherche d’un chemin était un test... qu’il venait visiblement d’échouer.
Ils marchèrent le long d’un couloir tortueux, en croisèrent plusieurs autres. Un vrai labyrinthe. Comme s’ils se déplaçaient dans des veines pulsant de la même roche rougeoyante.
Ils finirent par arriver à une caverne un peu plus large, de quoi contenir un campement plus ou moins fixe. Un abri de toile, un feu de camp, des objets entassés là en vrac et, au milieu de ce capharnaüm, un être qui jeta vers eux un regard fou. Un regard meurtrier.

Une armure de l’Ordre du Soleil Noir, des cicatrices, une apparence dénuée d’entretien. Sans doute s’agissait-il de l’être qu’ils cherchaient. Le plus inquiétant en cet être restait ses yeux : ils brillaient d’une lueur rouge inquiétante. L’homme resta cependant immobile, assis sur un billot de bois, à regarder les deux arrivants. Comme s’il leur laissait le soin d’intervenir en premier.
________________________________
Mathis n’eut pas trop de mal à trouver son chemin grâce aux indications précise de Vala’ar. Il dut hésiter à plusieurs moments, tant ce ramassis de ruelles nauséabondes ressemblait à un labyrinthe, mais parvint à trouver son chemin. Et lorsqu’il arriva, il n’eut aucun doute sur l’exactitude de sa position : il était au Bastion Noir.

La bâtisse en elle-même était sculptée à même la roche et ne comportait aucune fenêtre. L'unique entrée se situait entre les pieds d’une colossale statue d’homme armé d’une épée d’or. Devant, une esplanade ronde s’étendait, éclairée sur le pourtour par des lumières venant du sol. Plusieurs silhouettes étaient présentes dans l’endroit, sur la place ou sur le toit plat du bâtiment. Toutes lourdement armées. Le plus gros des troupes se composait d’êtres surprotégés par des armures qui paraissaient absurdement lourdes, couvertes de roche brute par endroits. Elles arboraient les couleurs de l’Ordre et, malgré leur apparence de statue, se mouvaient pourtant bien comme des êtres vivants. Protecteurs infranchissables.

Alors qu’il approchait, une demoiselle aux cheveux pâles, vêtue d’une inquiétante armure aux couleurs de l’Ordre, fardée et capée de rouge, s’avança vers lui, dégainant une épée courte de la plus belle facture, à la lame incrustée d’or et de noir.

“Toi, fiche le camp si tu ne veux pas finir embroché. C’est le domaine de l’Ordre du Soleil Noir, on n’y accepte pas les moins que rien de condamnés.”
Akihito, encore à l’intérieur pour un temps, eut la réponse de Khalor à son interrogation.
“Rien d’autre, non. Mais de fait, je ne saurais retrouver le chemin du bordel. J’aurais bien aimé que Dame Russelle nous y mène : elle me semble des plus sympathique. Mais cela aurait peut-être été inconvenant. Ce n’est pas un endroit connu pour... sa salubrité. Ni pour la qualité des personnes qui le fréquentent.”
Il marqua une pause, faisant mine de réfléchir.
“Le type à la peau noire, là ? Un des chevaliers qui discutaient avec le Commandant ? J’sais pas trop...”
Ils sortirent et furent témoin de loin de l’arrivée menacée de leur allié kendran. Il y avait moins de monde dehors. Il restait les deux chevaliers casqués, les gardes lourds des lieux et, bien entendu, la Chevalière Clethane qui apostrophait Mathis.
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À l’entrée des Bouges, le trio s’attardait sur le spectacle horrible de cette vieille folle déchirant des chairs humaines de sa bouche vorace. Lorsque Sirius tenta de l’approcher pour entrer en contact, elle se contenta de... feuler en sa direction. Ses bras serrèrent davantage le bout de jambe en sa possession, comme si le pirate cherchait à lui prendre, et ses yeux étaient injectés d’une haine pleine de détresse. Dans sa bouche, une évidence : sa langue avait été coupée. Qu’avait fait cette créature pour se retrouver là dans un tel état ?
L’obscurité restait un barrage à leur progression, car ils ne voyaient pas bien loin. Qu’allaient-ils faire, menottés pour deux d’entre eux ? Quels allaient être leurs objectifs directs en ces lieux néfastes ? Survivre, peut-être... Mais comment ? Et vers où ?
_____________________________
Ezak prenait en charge la hargne des surveillants de la prison. Comme portés par ses ordres ils se réorganisèrent et au lieu de grimper à leur rencontre, s’éparpillèrent pour tenter de retrouver la sorcière évadée. Ezra répondit à Xël d’un air grave :
“L’air est saturé de sa saleté de magie. Je pourrais la détecter si elle était à proximité, mais... Ce n’est pas le cas. Elle n’est pas devenue invisible ou transposée à une courte distance : elle est... partie. Loin. Plus loin que je ne puisse détecter sa présence.”
Elle serrait la mâchoire.
[HJ : Huyïn, on peut commencer ça par discord. Aki et Mathis, on peut faire une brève conversation sur Discord pour gérer la situation. Ezak et Xël, pareil. Drac, Hart et Leyna, votre convo est toujours ouverte sur discord.]
[XP :
Mathis : 0,5 (discussion), 0,5 (départ pourt le Bastion), 2 (mésaventure avec Vala’ar)
Huyïn : 2 (mésaventures avec le Clan Carmin), 0,5 (musique et choix)
Xël : 0,5 (discussion)
Hart : 0,5 (tentative), 1 (trauma)
Ezak : 0,5 (discussion), 0,5 (tentative)
Leyna : 0,5 (jugement de Moura)
Aki : noté quand complété]
- Ezak
- Messages : 230
- Enregistré le : mar. 22 déc. 2020 06:18
Re: Les Bouges
Ma voix parvint à détourner les Hordéens qui voulaient monter à l’échelle. Était-ce ma force de conviction, ou celle de mes reliques dont j’avais activé le pouvoir pour persuader ? Je ne savais pas, mais cela avait fonctionné. Les doutes sur nous se dissipèrent. Pendant ce temps, Ezra révélait qu’elle ne percevait plus la magie de la sorcière, ce qui la rendait impossible à pister. Elle était trop loin. J’avouai être impressionné. Elle pouvait vraiment aller loin… C’était peut-être mieux que les portails.
« Dommage ! Pourtant, avant de disparaître, elle avait lancé l’idée de la retrouver si elle disparaissait. Un peu comme un défi. Ça ne devrait pas être impossible. »
« Défi ou non, je doute que ce soit aisé. » répondit Ezra.
Cela dit, j’observai sa cellule vide et les alentours, espérant qu’elle y aurait laissé quelque chose qui nous permettrait de la retrouver ou de la pister. Mais rien. Nous descendîmes, sous l’impulsion de Xël, qui voulait interroger un des habitants farfouillant dans les environs à la recherche de la sorcière. Le mage des vents voulait savoir où elle habitait, et le type qu’il interrogea semblait particulièrement agité.
« Putain, putain, putain ! Elle s’est encore barrée, la connasse ! On n’en sait rien d’où elle vit : les solos des Bouges, ils arrêtent pas de s’déplacer. S’ils restent au même endroit, ils prennent le risque de se faire retrouver. Et elle… ben elle aime pas être retrouvée. »
« Elle s’en prend aux hommes seuls, non ? Pour leur queue. Il n’y aurait pas un endroit particulier où les vôtres aiment bien s’isoler ? Un lieu où elle avait l’habitude de les piéger ? »
« Ou l’endroit où vous l’avez attrapée. » relança Xël.
« Dans leurs garçonnières, tiens. Chez eux, ou dans un coin r’culé pour un p’tit coup vite fait. Elle fait pas que se téléporter, la grognasse, elle peut aussi prendre temporairement une autre apparence pour nous leurrer. »
(Elle peut aussi changer d’apparence ? On a laissé filer une mine d’or.)
« Le gars qui nous a vendu ces chaînes soi-disant anti-magie a pas intérêt à réapparaître dans le coin, c’moi qui vous le dis. »
Il réfléchit.
« On l’a attrapée en lui tendant un piège. Un gars a joué l’hameçon, et on lui est tombé sur le râble. Mais c’était chez lui. Ça va pas vous aider. »
La situation semblait complexe. Comment faire pour la retrouver dans ces conditions ? J’étais un peu agacé, avec la sensation d’avoir raté une opportunité, et je ne voyais pas comment la rattraper. J’inspirai profondément, expirant de longues secondes avant de me ressaisir. J’alertai d’une voix haute les types alentours. Peut-être que nous n’étions pas obligés de la chercher.
« Les gars, écoutez ! Si on veut la retrouver, il faut être plus malin qu’elle. La sorcière est obsédée par moi depuis que je lui ai planté mes lames sur l’échafaud. C’est pour ça qu’elle m’a attendu dans sa cellule avant de s’évader : elle joue avec moi. Piégeons-la en jouant de cette obsession ! Si elle peut prendre l’apparence de n’importe qui, diffusons un message qui parviendra à tous. Faites-le courir dans toute la Horde :
"Le petit guerrier souhaite rencontrer la sorcière sur la route qui mène vers ceux à qui ils doivent rendre visite. Il lui donnera ce qu’elle désire, une discussion sans gardes du corps déplaisants." »
« Obsédée par toi ? À ta place, j’ferais gaffe à ton chibre, le nouveau. C’est ce qu’elle veut te faire croire, ça. Que t’es unique à ses yeux. Puis elle te prend tout… »
Il haussa les épaules.
« M’enfin, si y’a que ça pour te faire plaisir. Passons son message, les gars. Que tout le monde en parle par chez nous. Pis si y’en a qui sortent au bordel, qu’ils aillent baver ça là-bas aussi. On sait jamais. »
« Bien, on se charge du reste. » dis-je à l’homme, avant de m’éloigner en faisant signe à Ezra et Xël de me suivre pour leur parler tranquillement. Xël voulait savoir quel serait leur rôle dans ce plan.
Je commentai à voix basse :
« Vous, vous resterez en retrait, et interviendrez seulement si ça dégénère. Mais ce n’est pas mon but… Que l’on soit clairs. J’ai fait croire aux autres que je voulais la piéger pour qu’ils diffusent mon message. Mais je compte bien en faire une alliée. Une magicienne capable de se téléporter et de changer d’apparence… Qui sait ce dont elle est encore capable ? Qui sait ce qu’elle sait vraiment, sous ses allures de folle ? Elle semblait plutôt apte à vouloir nous aider. Pourquoi ? Mon intuition me dit qu’il ne faut pas se priver d’une telle aide… »
Xël ne semblait pas d’accord. Pour lui, elle se jouait de nous. Et Ezra semblait partager son avis. Miracle, ils étaient d’accord sur une chose :
« Nous aider ? Elle veut nous emmener dans sa folie et se jouer de nous avec sa magie. Si elle s’en prend encore à moi, je la passe au fil de ma lame. »
Elle inspira.
« J’ai… de quoi l’empêcher temporairement d’user de sa magie. Mais ça ne doit être qu’un recours extrême : je n’ai qu’un seul exemplaire. »
Elle dévoila depuis une besace un orbe étrange. Métallique, incrusté d’or, et muni d’un bouchon sur le dessus. Comme une fiole métallique toute ronde.
Je regardai l’objet d’un œil curieux avant de reprendre :
« Je suis d’accord avec vous deux. Elle veut jouer avec nous, et elle est particulièrement instable. Ça ne veut pas dire qu’on ne peut pas s’en servir. »
Je marquai une pause avant de reprendre, particulièrement à l’intention de Xël :
« Quand les Treize m’avaient fait prisonnier, il y avait dans les geôles une créature complètement instable et assoiffée de sang, littéralement. Son premier contact avec moi fut de me fracasser le crâne contre celui d’un autre comparse. Je me suis maîtrisé, et au lieu de le découper, j’ai décidé de m’en servir. Je l’ai nourri de mon sang et de celui des autres, et il s’est avéré être l’un de mes plus grands atouts dans le bagne. Bref, tout ça pour dire : ça ne coûte rien d’essayer. »
Je rejetai un regard vers la fiole d’Ezra.
« Tu penses qu’on pourrait trouver ce genre d’objet ici, dans les Bouges ? »
« Tu avais quelque chose à lui donner en échange. Nous ne savons pas ce que la sorcière veut. Et si c’est ma queue, alors ne compte pas sur moi ! » dit-il en souriant, avant d’observer la fiole qu’il conseilla à Ezra de ne sortir qu’en cas de situation extrême.
« C’est un fumigène qui se répand dans l’air, et qui neutralise les pouvoirs de qui le respire. Le seul endroit où nous pourrions en trouver, ça serait au Bastion Noir, domaine de notre ordre dans la Cité Inférieure. Et… je doute que nous y soyons bien accueillis. »
Je rebondis sur les propos de Xël :
« Oh ça va ! Qu’est-ce que tu ferais de ta queue de toute façon ? Au pire, on ira t’en chercher une autre chez les Carmin. Comme ça, t’en auras une conséquente. Ça te changera. » lâchai-je, taquin.
Avant de reprendre plus sérieusement :
« Je tâcherai de savoir ce qu’elle veut. Et je suis d’accord avec Xël, pas besoin d’utiliser ça contre la magicienne. Gardons cet atout bien au chaud. »
« Petite mais vigoureuse. » se défendit Xël, avant d’accepter ma proposition.
Ezra leva les yeux devant notre échange léger, puis rangea sa fiole :
« On va où ? On laisse la muette nous guider ? »
« Si, comme Xël l’affirme, elle est capable de nous amener chez les Carmin, oui. C’est la destination qu’il a indiquée devant la sorcière. Si elle accepte la rencontre, c’est sur cette route que nous la retrouverons. »
« Ça me va. » dit-il simplement en inclinant la tête, et nous partîmes pour rejoindre cette fameuse muette qui devait nous guider. J’espérais fortement revoir la magicienne sur cette route.
« Dommage ! Pourtant, avant de disparaître, elle avait lancé l’idée de la retrouver si elle disparaissait. Un peu comme un défi. Ça ne devrait pas être impossible. »
« Défi ou non, je doute que ce soit aisé. » répondit Ezra.
Cela dit, j’observai sa cellule vide et les alentours, espérant qu’elle y aurait laissé quelque chose qui nous permettrait de la retrouver ou de la pister. Mais rien. Nous descendîmes, sous l’impulsion de Xël, qui voulait interroger un des habitants farfouillant dans les environs à la recherche de la sorcière. Le mage des vents voulait savoir où elle habitait, et le type qu’il interrogea semblait particulièrement agité.
« Putain, putain, putain ! Elle s’est encore barrée, la connasse ! On n’en sait rien d’où elle vit : les solos des Bouges, ils arrêtent pas de s’déplacer. S’ils restent au même endroit, ils prennent le risque de se faire retrouver. Et elle… ben elle aime pas être retrouvée. »
« Elle s’en prend aux hommes seuls, non ? Pour leur queue. Il n’y aurait pas un endroit particulier où les vôtres aiment bien s’isoler ? Un lieu où elle avait l’habitude de les piéger ? »
« Ou l’endroit où vous l’avez attrapée. » relança Xël.
« Dans leurs garçonnières, tiens. Chez eux, ou dans un coin r’culé pour un p’tit coup vite fait. Elle fait pas que se téléporter, la grognasse, elle peut aussi prendre temporairement une autre apparence pour nous leurrer. »
(Elle peut aussi changer d’apparence ? On a laissé filer une mine d’or.)
« Le gars qui nous a vendu ces chaînes soi-disant anti-magie a pas intérêt à réapparaître dans le coin, c’moi qui vous le dis. »
Il réfléchit.
« On l’a attrapée en lui tendant un piège. Un gars a joué l’hameçon, et on lui est tombé sur le râble. Mais c’était chez lui. Ça va pas vous aider. »
La situation semblait complexe. Comment faire pour la retrouver dans ces conditions ? J’étais un peu agacé, avec la sensation d’avoir raté une opportunité, et je ne voyais pas comment la rattraper. J’inspirai profondément, expirant de longues secondes avant de me ressaisir. J’alertai d’une voix haute les types alentours. Peut-être que nous n’étions pas obligés de la chercher.
« Les gars, écoutez ! Si on veut la retrouver, il faut être plus malin qu’elle. La sorcière est obsédée par moi depuis que je lui ai planté mes lames sur l’échafaud. C’est pour ça qu’elle m’a attendu dans sa cellule avant de s’évader : elle joue avec moi. Piégeons-la en jouant de cette obsession ! Si elle peut prendre l’apparence de n’importe qui, diffusons un message qui parviendra à tous. Faites-le courir dans toute la Horde :
"Le petit guerrier souhaite rencontrer la sorcière sur la route qui mène vers ceux à qui ils doivent rendre visite. Il lui donnera ce qu’elle désire, une discussion sans gardes du corps déplaisants." »
« Obsédée par toi ? À ta place, j’ferais gaffe à ton chibre, le nouveau. C’est ce qu’elle veut te faire croire, ça. Que t’es unique à ses yeux. Puis elle te prend tout… »
Il haussa les épaules.
« M’enfin, si y’a que ça pour te faire plaisir. Passons son message, les gars. Que tout le monde en parle par chez nous. Pis si y’en a qui sortent au bordel, qu’ils aillent baver ça là-bas aussi. On sait jamais. »
« Bien, on se charge du reste. » dis-je à l’homme, avant de m’éloigner en faisant signe à Ezra et Xël de me suivre pour leur parler tranquillement. Xël voulait savoir quel serait leur rôle dans ce plan.
Je commentai à voix basse :
« Vous, vous resterez en retrait, et interviendrez seulement si ça dégénère. Mais ce n’est pas mon but… Que l’on soit clairs. J’ai fait croire aux autres que je voulais la piéger pour qu’ils diffusent mon message. Mais je compte bien en faire une alliée. Une magicienne capable de se téléporter et de changer d’apparence… Qui sait ce dont elle est encore capable ? Qui sait ce qu’elle sait vraiment, sous ses allures de folle ? Elle semblait plutôt apte à vouloir nous aider. Pourquoi ? Mon intuition me dit qu’il ne faut pas se priver d’une telle aide… »
Xël ne semblait pas d’accord. Pour lui, elle se jouait de nous. Et Ezra semblait partager son avis. Miracle, ils étaient d’accord sur une chose :
« Nous aider ? Elle veut nous emmener dans sa folie et se jouer de nous avec sa magie. Si elle s’en prend encore à moi, je la passe au fil de ma lame. »
Elle inspira.
« J’ai… de quoi l’empêcher temporairement d’user de sa magie. Mais ça ne doit être qu’un recours extrême : je n’ai qu’un seul exemplaire. »
Elle dévoila depuis une besace un orbe étrange. Métallique, incrusté d’or, et muni d’un bouchon sur le dessus. Comme une fiole métallique toute ronde.
Je regardai l’objet d’un œil curieux avant de reprendre :
« Je suis d’accord avec vous deux. Elle veut jouer avec nous, et elle est particulièrement instable. Ça ne veut pas dire qu’on ne peut pas s’en servir. »
Je marquai une pause avant de reprendre, particulièrement à l’intention de Xël :
« Quand les Treize m’avaient fait prisonnier, il y avait dans les geôles une créature complètement instable et assoiffée de sang, littéralement. Son premier contact avec moi fut de me fracasser le crâne contre celui d’un autre comparse. Je me suis maîtrisé, et au lieu de le découper, j’ai décidé de m’en servir. Je l’ai nourri de mon sang et de celui des autres, et il s’est avéré être l’un de mes plus grands atouts dans le bagne. Bref, tout ça pour dire : ça ne coûte rien d’essayer. »
Je rejetai un regard vers la fiole d’Ezra.
« Tu penses qu’on pourrait trouver ce genre d’objet ici, dans les Bouges ? »
« Tu avais quelque chose à lui donner en échange. Nous ne savons pas ce que la sorcière veut. Et si c’est ma queue, alors ne compte pas sur moi ! » dit-il en souriant, avant d’observer la fiole qu’il conseilla à Ezra de ne sortir qu’en cas de situation extrême.
« C’est un fumigène qui se répand dans l’air, et qui neutralise les pouvoirs de qui le respire. Le seul endroit où nous pourrions en trouver, ça serait au Bastion Noir, domaine de notre ordre dans la Cité Inférieure. Et… je doute que nous y soyons bien accueillis. »
Je rebondis sur les propos de Xël :
« Oh ça va ! Qu’est-ce que tu ferais de ta queue de toute façon ? Au pire, on ira t’en chercher une autre chez les Carmin. Comme ça, t’en auras une conséquente. Ça te changera. » lâchai-je, taquin.
Avant de reprendre plus sérieusement :
« Je tâcherai de savoir ce qu’elle veut. Et je suis d’accord avec Xël, pas besoin d’utiliser ça contre la magicienne. Gardons cet atout bien au chaud. »
« Petite mais vigoureuse. » se défendit Xël, avant d’accepter ma proposition.
Ezra leva les yeux devant notre échange léger, puis rangea sa fiole :
« On va où ? On laisse la muette nous guider ? »
« Si, comme Xël l’affirme, elle est capable de nous amener chez les Carmin, oui. C’est la destination qu’il a indiquée devant la sorcière. Si elle accepte la rencontre, c’est sur cette route que nous la retrouverons. »
« Ça me va. » dit-il simplement en inclinant la tête, et nous partîmes pour rejoindre cette fameuse muette qui devait nous guider. J’espérais fortement revoir la magicienne sur cette route.
- Huyïn
- Messages : 65
- Enregistré le : mar. 5 nov. 2019 15:28
Re: Les Bouges
-- >
Assis en train de jouer, le Félin ne peut que constater l'immobilité de l'individu, puis sa réponse des plus concises et négatives. Un 'non' au timbre étrange, rauque comme si la voix était rarement mise à contribution. L'homme se met à soupirer bruyamment puis indique l'un des passages, comme si la chose devait interpeller le Tigre. Il n'a pas l'intention de le laisser errer dans ces méandres caverneux par lui-même, visiblement. L'appendice caudal du Woran fait un bref à-coup. Depuis quand un chaperon se permet de donner des directives ? N'est-il pas censé être comme son ombre sans intervenir ? Pourquoi devrait-il mettre prématurément fin à son moment de communion avec son luth ? Huyïn n'a aucune envie de bouger avant de s'être au moins partiellement remis de sa situation, mais le chauve ne l'entend visiblement pas de cette oreille. Il commence à emprunter l'un des passages et l'attend, le scrutant avec cet étrange symbole frontal. La pression devient suffisamment désagréable pour le pousser à se relever, s'ébrouer, rajuster ses effets et le suivre. S'il y a quelque piège au-devant d'eux, le laisser passer le premier n'est pas une mauvaise idée.
Le couloir emprunté en croise d'autres en un réseau presque... Veineux. L'image de plaie purulente lui revient brièvement, mais aucune créature ne serait assez gigantesque pour que ses canaux sanguins fasse une taille pareille. En tous cas, vraisemblablement pas sur Yuimen. Mais ici, qui sait ? Leur chemin les conduit à une caverne plus large, abritant un campement. Ou une sorte de tanière similaire à celle de certaines bêtes ne pouvant pas s'empêcher d'entasser des objets brillants trouvés çà et là. Abri de toile, feu de camp, et au milieu un homme assis sur un billot de bois. Et la première chose évidente est le regard assassin lancé dans leur direction. Et rougeoyant comme les environs. Un membre du Soleil noir d'après l'armure, couturé de cicatrices comme tout ashaari incapable de périr. Il est étrange d'en voir un sur le territoire carmin. Huyïn darde un regard suspicieux à son chaperon, se demandant où il l'a conduit, avant d'adresser un signe du chef au barbu aux crins blancs.
"Invité ? Prisonnier ? Ou gardien du clan Carmin ?"
L'humain se lève, attrapant un lourd marteau de guerre noir et or avant de progresser vers eux, le regard rivé au muet carmin.
"C'est quoi ce débile que vous m'envoyez, encore ? Ça vous suffit pas d'les rendre dingues, faut aussi qu'vous m'fassiez chier avec ?", lance-t-il avant de reporter son attention sur lui. "Alors, ça sera quoi ? Les jambes, les bras ou la nuque ? Tu sais pas reconnaître un chevalier quand t'en vois un, le demeuré ?"
Le Woran émet un souffle de la truffe, plissant le regard vers le chauve qui n'a pu que faire exprès de le mener à un individu hostile. Encore une fois, ce clan le jette dans une situation dont il se serait bien passé. Puisque l'on s'obstine à le prendre à parti dès qu'il pose le coussinet quelque part, plus besoin de faire de manières. C'est donc sans cacher son agacement, un sarcasme venimeux dans le ton, qu'il réplique.
"Je vous prie d'accepter mes plus humbles excuses si je vous ai froissé, Chevalier... D'avoir pensé un instant qu'un membre de l'Ordre, perdu au milieu de ce nid rougeoyant, pouvait avoir d'autres raisons d'y être que de son plein gré.", commence-t-il avant que la pointe d'irritation qu'il n'a pas eu le temps d'éradiquer prenne le dessus, se muant en une vive rancune. "La justification ne suffit pas ? Allons-y pour des excuses, alors. Navré... Navré d'avoir été fait prisonnier. Navré que ce soit ici que mon abruti de Chaperon ait décidé de me mener. Navré que ma présence soit du genre à vous 'faire chier'. Et tant qu'on y est... Navré pour ma pilosité. Navré de n'avoir aucune fichtre idée de qui vous êtes ou ce que vous voulez, ni même du rôle que vous êtes censé jouer."
Son appendice caudal s'agite vivement de gauche à droite. Il a été arraché à son voyage, projeté dans un lieu où une partie de son essence est muselée, sous terre. Puis il a été dupé, assommé, fait prisonnier, menacé et empoisonné par une drogue qui le prive une nouvelle fois de liberté. Il s'est contenu jusqu'ici, mais se retrouver de nouveau impuissant, jouet de la volonté d'autrui se mue en frustration qui file dans un grondement de tigre résonnant dans la caverne.
"Et une dernière pour la route : navré de ne pas être ashaari, et de ne pas connaître sur le bout des griffes ce que vous prenez pour acquis, ni d'accepter instinctivement la somme de toutes vos inepties !"
L'homme de l'Ordre l'approche vivement et le soulève par le col, sa force suffisante pour faire décoller le mètre quatre-vingt félidé du sol et le plaquer contre une paroi proche. Malgré son réflexe de laisser ses épaules partir en premier, le son discordant de son luth mécontent perché dans son dos se fait perceptible. La poigne demeure ferme sur sa tunique, et une haleine familière, de vapeurs d'alcool, le frappe en pleine truffe. Là, il est en terrain connu. Sauf que le balafré avait débuté par un coup de poing avant de le saisir au col.
"J'en ai rien à foutre de tes excuses. T'as cru quoi, que le Clan Carmin a la main sur tout ce quartier parce qu'il est rouge ? C'est toi qui est venu ici, me causer. Alors tu vas me dire ce que tu veux, parce que c'est pas ton pote là qui pourra."
Portant effectivement son titre avec sérieux cette fois, le type en rouge demeure en retrait et muet. Mais les dires de l'humain armuré ont au moins le mérite d'éclaircir un point : où qu'il soit, ce n'est apparemment plus le fief de ses geôliers. Ce qui ne retire rien au sentiment de toujours avoir affaire à des crétins qui ne veulent pas faire le lien entre ce qui leur est dit et la situation. Au moins, être pris au col et plaqué contre un mur l'aide à retrouver un semblant de calme parce que c'est du vécu. Plusieurs fois.
"Vous et ce clan avez un indéniable point commun : vous êtes aussi durs d'oreille l'un que l'autre. Plus simple : moi, pas d'ici. Moi, pas pouvoir savoir quartier partagé.", grogne-t-il, son agitation faisant se mouvoir sa queue par à-coups. "Je ne suis pas venu ici vous parler, j'y ai été mené. Si vous voulez cogner le responsable, voyez à côté. Quant au reste... Si vous n'êtes pas le Chevalier Dangmar et n'êtes pas accompagné d'une... Comparse, ce n'est pas à vous que je dois m'adresser. Encore une fois, orientez votre ire vers qui de droit."
"Je suis le chevalier Dangmar.", souffle-t-il avant de brutalement le relâcher pour retourner à son camp. "J'ai dit que je n'avais rien à faire de tes excuses. Que tu sois fou ou étranger, c'est pas mon putain de problème. Et je n'ai pas non plus besoin de ton invitation pour vouloir défoncer la gueule de ton partenaire. Mais là c'est toi l'inconnue de la situation. Alors parles, et sans ambages."
Le Tigre demeure un court instant muet. Cette façon de penser n'a aucun sens. Il est accusé de toutes les imbécilités, mais dès qu'une explication est apportée, ils n'en ont cure. Ils ne s'intéressent à rien, au point que pour qui n'a jamais vu de Woran, il n'a pourtant eu aucune hésitation à porter la main sur lui. À se demander pourquoi il a pris la peine de dissimuler ses traits aussi longtemps. Quoique, la réaction du voie-hautain a été vive en le voyant. Le problème doit juste résider dans la tête des membres de l'Ordre. Huyïn grommelle qu'il devra se répéter quand la comparse fera son entrée, puis il bouge son luth doucement, s'assurant qu'il n'a pas été endommagé par le choc. Il semble que ce soit lui qui ait pris le plus gros de l'impact. Bien.
Il se lance dans la version courte de l'histoire qu'il a assemblé rapidement pendant sa plus que brève pause, indiquant que le clan Carmin a mis la patte sur deux individus susceptibles d'intéresser l'Ordre. Et puisqu'ils ont déjà lié connaissance, c'est par eux que les encapuchonnés veulent passer. Le Tigre ajuste son col lentement, délibérément, comme pas même perturbé d'avoir été rudoyé.
"Satisfait ? Ou ce demeuré de messager se doit d'élaborer ?"
"Pourquoi m'intéresseraient-ils ? Qui sont-ils, et qu'ont-ils fait pour mériter d'être ainsi balancés à l'ordre comme on jette en pâture les mages aux Tréfonds ? Et s'ils m'intéressent, pourquoi vous ne les avez pas avec vous ?"
Le Félin incline la tête, un bref élan de satisfaction l'étreignant à la possibilité que l'une des proies brillantes prenne le chemin de la nasse. Plus qu'à endosser le rôle improvisé du messager.
"Beaucoup de questions. Je n'ai pas toutes les réponses puisque je ne fais que passer le message. Mais s'ils ne sont pas là, c'est parce que le clan les utilisera comme... Réservoir, si vous n'en voulez pas. Ou que vous refusez la double condition pour vous les céder.", commence-t-il, croisant les bras puis en relevant un. "Je ne peux que vous dire ce qu'on m'a indiqué : des déserteurs de leur groupe, plutôt amochés pour ceux qui sont parvenus à s'échapper. Des rats, fuyant un coup d'éclat qui fera grand bruit. Un acte conjoint, inédit, appuyé par ceux qu'on ne soupçonne point. Je ne suis pas dans les Bouges depuis assez longtemps pour que cela me parle, mais à vous si, peut-être.", laisse-t-il peser avant de lancer son appât, certain que l'individu fera immédiatement le lien. "Une proie venant une fois par mois ?"
Le Chevalier, en réponse à cela... Souffle.
"J'pige rien à ce que tu racontes, et ça commence à me gonfler.", grogne-t-il, dardant un regard au chaperon. "La prochaine fois, ramenez un messager qui sait ce qu'il raconte. Ou qui sait au moins s'faire comprendre.", poursuit-il, de plus en plus agacé, finissant par reporter son attention sur lui. "C'est quoi cette histoire de double condition, de coup d'éclat et de proie ?"
Lentement, Huyïn se frotte le coin des yeux. Comment l'Ordre fait-il pour rester au sommet de la chaîne alimentaire avec des abrutis pareils dans ses rangs ? C'est incroyable. Pas un ashaari avec un minimum d'importance n'a été en mesure de comprendre les sous-entendus ou de faire un lien logique entre les différents éléments donnés. Ils réagissent... Comme des juvéniles, incapables de comprendre ce qui leur est dit autrement qu'au premier degré. À croire que les ashaaris sont des marmots coincés dans des corps d'adultes et qui, quand ils font leur caprice, sont aptes à employer de grosses armes au lieu des petits projectiles que leur force infantile peine à soulever. Des jeunes sans cadre, évacuant leur frustration par la violence. Chose sans réelle conséquence puisque nul ne peut périr.
Il laisse à son tour filer un souffle lourd et désabusé, son talent de comédien se heurtant à la crétinerie du public imposé.
"Tous du même moule... Pas étonnant que vous n'ayez rien vu venir...", grommelle-t-il avant d'inspirer et de se lancer sans ambiguïté. "Une attaque conjointe, orchestrée contre un ravitaillement bien gardé. Les Carmins ne veulent pas y être associés par les uns ou les autres. Donc ils veulent se débarrasser du problème qu'ils ne peuvent pas soigner... En les découpant en morceaux ou en vous les filant si c'est vous qui vous déplacez à leur pallier et que vous présentez des excuses à cette personne que vous avez apparemment enlevée. Là !"
"Ah ! Une attaque de convoi. J'aurais presque envie d'y assister pour voir ces inconscients se faire déchirer la gueule. Qu'ils les découpent ou qu'ils les virent, ils peuvent rêver s'ils croient que je vais me rabaisser à m'excuser. Maintenant, vous m'excuserez, mais..."
Le Tigre n'a pas même le temps de relever l'incohérence entre les deux phrases qu'un geste de la main du Chevalier cause une... Réaction. Quelques bruits, et soudain son Chaperon se retrouve cloué au mur, un carreau d'arbalète en pleine tête. Tiré d'où ? Impossible de le savoir, sauf en s'appuyant sur l'angle du projectile. La mâchoire du Félin se relâche imperceptiblement. Il a beau être de plus en plus adepte de l'improvisation, ces soudains revirements le prennent de court. Le poisson n'est non seulement pas rentré dans la nasse, mais il se permet en prime de la jeter à la figure du pêcheur. Huyïn se sent confus un bref moment puis il se ressaisit.
Évidemment. Il devait ramener deux individus. Le binôme doit être rodé à cette danse depuis longtemps. Le regard vert pâle se tourne vers la victime tandis que l'une de ses oreilles s'oriente vers le possible point de départ du carreau, à l'écoute d'une arme que l'on retendrait. Finir comme un insecte chez un érudit ne lui fait guère envie. Il lui faudra probablement déguerpir et se perdre dans les couloirs pulsants, mais en attendant voir le chauve dans cette posture s'avère être des plus... Satisfaisant.
"Expéditif. Mais en Ashaar, pas définitif... Regrettable.", fait-il, tendant sa patte griffue vers l'étoffe masquant le visage de l'individu, un brin de sarcasme se glissant dans sa voix. "Permettez ?"
Ce tissu l'intrigue, parce que Dangmar semble assuré que le moucheron épinglé est muet, et pourtant l'injonction négative avant leur venue laisse penser le contraire. Après avoir traversé la Place du Don ensanglantée et été contraint d'horriblement halluciner, il doute pouvoir être choqué par ce qu'il peut révéler.
-- >
-34-
Assis en train de jouer, le Félin ne peut que constater l'immobilité de l'individu, puis sa réponse des plus concises et négatives. Un 'non' au timbre étrange, rauque comme si la voix était rarement mise à contribution. L'homme se met à soupirer bruyamment puis indique l'un des passages, comme si la chose devait interpeller le Tigre. Il n'a pas l'intention de le laisser errer dans ces méandres caverneux par lui-même, visiblement. L'appendice caudal du Woran fait un bref à-coup. Depuis quand un chaperon se permet de donner des directives ? N'est-il pas censé être comme son ombre sans intervenir ? Pourquoi devrait-il mettre prématurément fin à son moment de communion avec son luth ? Huyïn n'a aucune envie de bouger avant de s'être au moins partiellement remis de sa situation, mais le chauve ne l'entend visiblement pas de cette oreille. Il commence à emprunter l'un des passages et l'attend, le scrutant avec cet étrange symbole frontal. La pression devient suffisamment désagréable pour le pousser à se relever, s'ébrouer, rajuster ses effets et le suivre. S'il y a quelque piège au-devant d'eux, le laisser passer le premier n'est pas une mauvaise idée.
Le couloir emprunté en croise d'autres en un réseau presque... Veineux. L'image de plaie purulente lui revient brièvement, mais aucune créature ne serait assez gigantesque pour que ses canaux sanguins fasse une taille pareille. En tous cas, vraisemblablement pas sur Yuimen. Mais ici, qui sait ? Leur chemin les conduit à une caverne plus large, abritant un campement. Ou une sorte de tanière similaire à celle de certaines bêtes ne pouvant pas s'empêcher d'entasser des objets brillants trouvés çà et là. Abri de toile, feu de camp, et au milieu un homme assis sur un billot de bois. Et la première chose évidente est le regard assassin lancé dans leur direction. Et rougeoyant comme les environs. Un membre du Soleil noir d'après l'armure, couturé de cicatrices comme tout ashaari incapable de périr. Il est étrange d'en voir un sur le territoire carmin. Huyïn darde un regard suspicieux à son chaperon, se demandant où il l'a conduit, avant d'adresser un signe du chef au barbu aux crins blancs.
"Invité ? Prisonnier ? Ou gardien du clan Carmin ?"
L'humain se lève, attrapant un lourd marteau de guerre noir et or avant de progresser vers eux, le regard rivé au muet carmin.
"C'est quoi ce débile que vous m'envoyez, encore ? Ça vous suffit pas d'les rendre dingues, faut aussi qu'vous m'fassiez chier avec ?", lance-t-il avant de reporter son attention sur lui. "Alors, ça sera quoi ? Les jambes, les bras ou la nuque ? Tu sais pas reconnaître un chevalier quand t'en vois un, le demeuré ?"
Le Woran émet un souffle de la truffe, plissant le regard vers le chauve qui n'a pu que faire exprès de le mener à un individu hostile. Encore une fois, ce clan le jette dans une situation dont il se serait bien passé. Puisque l'on s'obstine à le prendre à parti dès qu'il pose le coussinet quelque part, plus besoin de faire de manières. C'est donc sans cacher son agacement, un sarcasme venimeux dans le ton, qu'il réplique.
"Je vous prie d'accepter mes plus humbles excuses si je vous ai froissé, Chevalier... D'avoir pensé un instant qu'un membre de l'Ordre, perdu au milieu de ce nid rougeoyant, pouvait avoir d'autres raisons d'y être que de son plein gré.", commence-t-il avant que la pointe d'irritation qu'il n'a pas eu le temps d'éradiquer prenne le dessus, se muant en une vive rancune. "La justification ne suffit pas ? Allons-y pour des excuses, alors. Navré... Navré d'avoir été fait prisonnier. Navré que ce soit ici que mon abruti de Chaperon ait décidé de me mener. Navré que ma présence soit du genre à vous 'faire chier'. Et tant qu'on y est... Navré pour ma pilosité. Navré de n'avoir aucune fichtre idée de qui vous êtes ou ce que vous voulez, ni même du rôle que vous êtes censé jouer."
Son appendice caudal s'agite vivement de gauche à droite. Il a été arraché à son voyage, projeté dans un lieu où une partie de son essence est muselée, sous terre. Puis il a été dupé, assommé, fait prisonnier, menacé et empoisonné par une drogue qui le prive une nouvelle fois de liberté. Il s'est contenu jusqu'ici, mais se retrouver de nouveau impuissant, jouet de la volonté d'autrui se mue en frustration qui file dans un grondement de tigre résonnant dans la caverne.
"Et une dernière pour la route : navré de ne pas être ashaari, et de ne pas connaître sur le bout des griffes ce que vous prenez pour acquis, ni d'accepter instinctivement la somme de toutes vos inepties !"
L'homme de l'Ordre l'approche vivement et le soulève par le col, sa force suffisante pour faire décoller le mètre quatre-vingt félidé du sol et le plaquer contre une paroi proche. Malgré son réflexe de laisser ses épaules partir en premier, le son discordant de son luth mécontent perché dans son dos se fait perceptible. La poigne demeure ferme sur sa tunique, et une haleine familière, de vapeurs d'alcool, le frappe en pleine truffe. Là, il est en terrain connu. Sauf que le balafré avait débuté par un coup de poing avant de le saisir au col.
"J'en ai rien à foutre de tes excuses. T'as cru quoi, que le Clan Carmin a la main sur tout ce quartier parce qu'il est rouge ? C'est toi qui est venu ici, me causer. Alors tu vas me dire ce que tu veux, parce que c'est pas ton pote là qui pourra."
Portant effectivement son titre avec sérieux cette fois, le type en rouge demeure en retrait et muet. Mais les dires de l'humain armuré ont au moins le mérite d'éclaircir un point : où qu'il soit, ce n'est apparemment plus le fief de ses geôliers. Ce qui ne retire rien au sentiment de toujours avoir affaire à des crétins qui ne veulent pas faire le lien entre ce qui leur est dit et la situation. Au moins, être pris au col et plaqué contre un mur l'aide à retrouver un semblant de calme parce que c'est du vécu. Plusieurs fois.
"Vous et ce clan avez un indéniable point commun : vous êtes aussi durs d'oreille l'un que l'autre. Plus simple : moi, pas d'ici. Moi, pas pouvoir savoir quartier partagé.", grogne-t-il, son agitation faisant se mouvoir sa queue par à-coups. "Je ne suis pas venu ici vous parler, j'y ai été mené. Si vous voulez cogner le responsable, voyez à côté. Quant au reste... Si vous n'êtes pas le Chevalier Dangmar et n'êtes pas accompagné d'une... Comparse, ce n'est pas à vous que je dois m'adresser. Encore une fois, orientez votre ire vers qui de droit."
"Je suis le chevalier Dangmar.", souffle-t-il avant de brutalement le relâcher pour retourner à son camp. "J'ai dit que je n'avais rien à faire de tes excuses. Que tu sois fou ou étranger, c'est pas mon putain de problème. Et je n'ai pas non plus besoin de ton invitation pour vouloir défoncer la gueule de ton partenaire. Mais là c'est toi l'inconnue de la situation. Alors parles, et sans ambages."
Le Tigre demeure un court instant muet. Cette façon de penser n'a aucun sens. Il est accusé de toutes les imbécilités, mais dès qu'une explication est apportée, ils n'en ont cure. Ils ne s'intéressent à rien, au point que pour qui n'a jamais vu de Woran, il n'a pourtant eu aucune hésitation à porter la main sur lui. À se demander pourquoi il a pris la peine de dissimuler ses traits aussi longtemps. Quoique, la réaction du voie-hautain a été vive en le voyant. Le problème doit juste résider dans la tête des membres de l'Ordre. Huyïn grommelle qu'il devra se répéter quand la comparse fera son entrée, puis il bouge son luth doucement, s'assurant qu'il n'a pas été endommagé par le choc. Il semble que ce soit lui qui ait pris le plus gros de l'impact. Bien.
Il se lance dans la version courte de l'histoire qu'il a assemblé rapidement pendant sa plus que brève pause, indiquant que le clan Carmin a mis la patte sur deux individus susceptibles d'intéresser l'Ordre. Et puisqu'ils ont déjà lié connaissance, c'est par eux que les encapuchonnés veulent passer. Le Tigre ajuste son col lentement, délibérément, comme pas même perturbé d'avoir été rudoyé.
"Satisfait ? Ou ce demeuré de messager se doit d'élaborer ?"
"Pourquoi m'intéresseraient-ils ? Qui sont-ils, et qu'ont-ils fait pour mériter d'être ainsi balancés à l'ordre comme on jette en pâture les mages aux Tréfonds ? Et s'ils m'intéressent, pourquoi vous ne les avez pas avec vous ?"
Le Félin incline la tête, un bref élan de satisfaction l'étreignant à la possibilité que l'une des proies brillantes prenne le chemin de la nasse. Plus qu'à endosser le rôle improvisé du messager.
"Beaucoup de questions. Je n'ai pas toutes les réponses puisque je ne fais que passer le message. Mais s'ils ne sont pas là, c'est parce que le clan les utilisera comme... Réservoir, si vous n'en voulez pas. Ou que vous refusez la double condition pour vous les céder.", commence-t-il, croisant les bras puis en relevant un. "Je ne peux que vous dire ce qu'on m'a indiqué : des déserteurs de leur groupe, plutôt amochés pour ceux qui sont parvenus à s'échapper. Des rats, fuyant un coup d'éclat qui fera grand bruit. Un acte conjoint, inédit, appuyé par ceux qu'on ne soupçonne point. Je ne suis pas dans les Bouges depuis assez longtemps pour que cela me parle, mais à vous si, peut-être.", laisse-t-il peser avant de lancer son appât, certain que l'individu fera immédiatement le lien. "Une proie venant une fois par mois ?"
Le Chevalier, en réponse à cela... Souffle.
"J'pige rien à ce que tu racontes, et ça commence à me gonfler.", grogne-t-il, dardant un regard au chaperon. "La prochaine fois, ramenez un messager qui sait ce qu'il raconte. Ou qui sait au moins s'faire comprendre.", poursuit-il, de plus en plus agacé, finissant par reporter son attention sur lui. "C'est quoi cette histoire de double condition, de coup d'éclat et de proie ?"
Lentement, Huyïn se frotte le coin des yeux. Comment l'Ordre fait-il pour rester au sommet de la chaîne alimentaire avec des abrutis pareils dans ses rangs ? C'est incroyable. Pas un ashaari avec un minimum d'importance n'a été en mesure de comprendre les sous-entendus ou de faire un lien logique entre les différents éléments donnés. Ils réagissent... Comme des juvéniles, incapables de comprendre ce qui leur est dit autrement qu'au premier degré. À croire que les ashaaris sont des marmots coincés dans des corps d'adultes et qui, quand ils font leur caprice, sont aptes à employer de grosses armes au lieu des petits projectiles que leur force infantile peine à soulever. Des jeunes sans cadre, évacuant leur frustration par la violence. Chose sans réelle conséquence puisque nul ne peut périr.
Il laisse à son tour filer un souffle lourd et désabusé, son talent de comédien se heurtant à la crétinerie du public imposé.
"Tous du même moule... Pas étonnant que vous n'ayez rien vu venir...", grommelle-t-il avant d'inspirer et de se lancer sans ambiguïté. "Une attaque conjointe, orchestrée contre un ravitaillement bien gardé. Les Carmins ne veulent pas y être associés par les uns ou les autres. Donc ils veulent se débarrasser du problème qu'ils ne peuvent pas soigner... En les découpant en morceaux ou en vous les filant si c'est vous qui vous déplacez à leur pallier et que vous présentez des excuses à cette personne que vous avez apparemment enlevée. Là !"
"Ah ! Une attaque de convoi. J'aurais presque envie d'y assister pour voir ces inconscients se faire déchirer la gueule. Qu'ils les découpent ou qu'ils les virent, ils peuvent rêver s'ils croient que je vais me rabaisser à m'excuser. Maintenant, vous m'excuserez, mais..."
Le Tigre n'a pas même le temps de relever l'incohérence entre les deux phrases qu'un geste de la main du Chevalier cause une... Réaction. Quelques bruits, et soudain son Chaperon se retrouve cloué au mur, un carreau d'arbalète en pleine tête. Tiré d'où ? Impossible de le savoir, sauf en s'appuyant sur l'angle du projectile. La mâchoire du Félin se relâche imperceptiblement. Il a beau être de plus en plus adepte de l'improvisation, ces soudains revirements le prennent de court. Le poisson n'est non seulement pas rentré dans la nasse, mais il se permet en prime de la jeter à la figure du pêcheur. Huyïn se sent confus un bref moment puis il se ressaisit.
Évidemment. Il devait ramener deux individus. Le binôme doit être rodé à cette danse depuis longtemps. Le regard vert pâle se tourne vers la victime tandis que l'une de ses oreilles s'oriente vers le possible point de départ du carreau, à l'écoute d'une arme que l'on retendrait. Finir comme un insecte chez un érudit ne lui fait guère envie. Il lui faudra probablement déguerpir et se perdre dans les couloirs pulsants, mais en attendant voir le chauve dans cette posture s'avère être des plus... Satisfaisant.
"Expéditif. Mais en Ashaar, pas définitif... Regrettable.", fait-il, tendant sa patte griffue vers l'étoffe masquant le visage de l'individu, un brin de sarcasme se glissant dans sa voix. "Permettez ?"
Ce tissu l'intrigue, parce que Dangmar semble assuré que le moucheron épinglé est muet, et pourtant l'injonction négative avant leur venue laisse penser le contraire. Après avoir traversé la Place du Don ensanglantée et été contraint d'horriblement halluciner, il doute pouvoir être choqué par ce qu'il peut révéler.
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Modifié en dernier par Huyïn le jeu. 17 avr. 2025 18:58, modifié 1 fois.
- Leyna
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Re: Les Bouges
Les autres étaient toujours perplexes. La prêtresse tenta de demander au capitaine s'il pouvait les libérer en s'aidant de sa dague, mais il n'était pas sûr d'en être capable et préférait qu'ils cherchent une sortie. Avec un soupir, elle s'écarta et se mit à arpenter les ténèbres, cherchant s'il y avait quelque chose à proximité. Si elle pouvait trouver un petit morceau de métal pour essayer de se libérer, ce serait aussi une bonne chose...
(((cherche une autre issue et éventuellement n'importe quel objet ou débrit qui permettrait de se libérer)))
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- Xël
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Re: Les Bouges
- Descente de la prison
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- Rejoins la muette pour lui demander de prendre la route du Clan Carmin
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- Capitaine Hart
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Re: Les Bouges
Comme un animal sauvage, la prisonnière m’a montré les crocs, pensant sans doute que je voulais lui piquer son casse-croûte. J’espérais que l’idée ne me traverserait jamais l’esprit.
« Vous croyez qu’elle nous laissera passer si on lui propose une d’vos jambes, Sirius ? »
Dracaena s’était fendu d’un petit commentaire moqueur. Il avait clairement le petit épisode du tribunal en travers de la gorge. Je n’étais pas d’humeur à lui répondre, cette fois. Quant à Leyna, elle m’avait proposé sa dague, un artefact ancien imbu des fluides de Moura, en tant qu’outil pour débloquer ses menottes.
« Il suffit pas juste d'un bout pointu ! Cherchez plutôt une sortie ou une source de lumière. On sait déjà qu'on est pas seuls, dans le coin. »
C’était déjà un coup de chance qu’on ait un comité d’accueil aussi réduit. Laissant les autres se débrouiller un instant, j’ai passé une bonne minute à contempler les reflets métalliques des crochets dans la peau de la cannibale. Si je n’avais vu que le regard d’un animal qui gardait jalousement sa proie, j’aurais rejoint les autres sans faire d’histoires. Mais même si cela n’avait duré qu’un instant dans la pénombre, j’ai vu sa langue coupée.
Sans autre indice qu’une inspiration soudaine, je me suis à nouveau glissé dans son dos. J’ai palpé ma ceinture à la recherche d’une forte potion de soin. Elle allait en avoir besoin. J’ai attrapé ses chaînes et collé mon pied sur son dos sans lui laissé le temps de réagir, déterminé à défaire l’emprise que chacun de ces crochets rouillés avait sur sa peau, ignorant chaque cri, chaque geste paniqué.
Je ne me suis pas demandé ce qu’elle avait pu faire pour finir ici. Si ça avait été un crime particulièrement haineux, ils l’auraient sans doute balancée aux Tréfonds. Peu m’importait. Si j’avais décidé de la laisser là, une partie de moi ne l’aurait jamais oublié. Il fallait agir vite et sans la moindre hésitation.
« Vous croyez qu’elle nous laissera passer si on lui propose une d’vos jambes, Sirius ? »
Dracaena s’était fendu d’un petit commentaire moqueur. Il avait clairement le petit épisode du tribunal en travers de la gorge. Je n’étais pas d’humeur à lui répondre, cette fois. Quant à Leyna, elle m’avait proposé sa dague, un artefact ancien imbu des fluides de Moura, en tant qu’outil pour débloquer ses menottes.
« Il suffit pas juste d'un bout pointu ! Cherchez plutôt une sortie ou une source de lumière. On sait déjà qu'on est pas seuls, dans le coin. »
C’était déjà un coup de chance qu’on ait un comité d’accueil aussi réduit. Laissant les autres se débrouiller un instant, j’ai passé une bonne minute à contempler les reflets métalliques des crochets dans la peau de la cannibale. Si je n’avais vu que le regard d’un animal qui gardait jalousement sa proie, j’aurais rejoint les autres sans faire d’histoires. Mais même si cela n’avait duré qu’un instant dans la pénombre, j’ai vu sa langue coupée.
Sans autre indice qu’une inspiration soudaine, je me suis à nouveau glissé dans son dos. J’ai palpé ma ceinture à la recherche d’une forte potion de soin. Elle allait en avoir besoin. J’ai attrapé ses chaînes et collé mon pied sur son dos sans lui laissé le temps de réagir, déterminé à défaire l’emprise que chacun de ces crochets rouillés avait sur sa peau, ignorant chaque cri, chaque geste paniqué.
Je ne me suis pas demandé ce qu’elle avait pu faire pour finir ici. Si ça avait été un crime particulièrement haineux, ils l’auraient sans doute balancée aux Tréfonds. Peu m’importait. Si j’avais décidé de la laisser là, une partie de moi ne l’aurait jamais oublié. Il fallait agir vite et sans la moindre hésitation.
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Modifié en dernier par Capitaine Hart le jeu. 17 avr. 2025 22:57, modifié 1 fois.
- Dracaena Paletuv
- Messages : 112
- Enregistré le : mer. 7 sept. 2022 01:58
Re: Les Bouges
Après une petite absence, perdu dans mes penser, je repris mes esprit sur une scène... originale?
Une femme de chair et d'os... enfin, surtout d'os, avec une apparence assez différente de celle des humains (et autre) que j'avais l'habitude de voir.
Elle mangeait aussi ce qui semblait être... Une jambe.
Y a pas à dire, les sacs de chairs avaient vraiment des habitudes alimentaires écœurantes.
Si cette situation choquait probablement mes compagnons d'infortune, j'étais bien plus calme: vu mon corps sylvestre, je n'allais clairement pas être sur le menu. Et avec tout cet immonde sang qui trainait partout, il y avait largement de quoi m'humidifier si on cherchait à m'utiliser pour faire du feu. Déçu de cette rencontre, mais pas du tout paniqué, je sentis venir une once de malice en moi, qui se manifesta par la voix:
« Vous croyez qu’elle nous laissera passer si on lui propose une d’vos jambes, Sirius ? »
L'absence de réflexion cinglante, ou tout simplement de moindre réponse de la part du borgne m'amena à me dire qu'il devait vraiment être mal à l'aise rapport à cette situation, le pauvre bichon. Comme ça il saura ce que ça fait...
Mais en l'écoutant parler avec Leyna, je réalisai qu'il avait réussi à se libérer. Plutôt que de parler de la grignoteuse de jambe que nous avions dans le coin, il demanda:
« Il suffit pas juste d'un bout pointu ! Cherchez plutôt une sortie ou une source de lumière. On sait déjà qu'on est pas seuls, dans le coin. »
Mon désir de lui répondre avec sarcasme était forte, mais fallait bien avouer que sur le moment, il avait raison. Mettant ma rancune de coté, je m'approchai de lui, me repérant au son:
"Bon... Vous m'voyez? Dans mon baluchon, j'ai des branches de bois. Si z'avez d'quoi les allumer, ça pourrait servir de torche de fortune. Sinon... Eeeeerk... Sinon, arrachez moi une ou deux branches de la tête, ça marchera aussi très bien...
Ah, et à défaut d'avoir d'quoi croch'ter nos m'nottes, j'ai une masse qui pourrait servir à les casser si z'avez assez d'force... Ou à calmer la goulue si elle commence à vous trouver à son gout. "
Finissant de dire ça, je me mis à regarder partout, à la recherche de lumière, ou plutôt, d'une pénombre moins forte, qui indiquerait une potentielle sortie.
Une femme de chair et d'os... enfin, surtout d'os, avec une apparence assez différente de celle des humains (et autre) que j'avais l'habitude de voir.
Elle mangeait aussi ce qui semblait être... Une jambe.
Y a pas à dire, les sacs de chairs avaient vraiment des habitudes alimentaires écœurantes.
Si cette situation choquait probablement mes compagnons d'infortune, j'étais bien plus calme: vu mon corps sylvestre, je n'allais clairement pas être sur le menu. Et avec tout cet immonde sang qui trainait partout, il y avait largement de quoi m'humidifier si on cherchait à m'utiliser pour faire du feu. Déçu de cette rencontre, mais pas du tout paniqué, je sentis venir une once de malice en moi, qui se manifesta par la voix:
« Vous croyez qu’elle nous laissera passer si on lui propose une d’vos jambes, Sirius ? »
L'absence de réflexion cinglante, ou tout simplement de moindre réponse de la part du borgne m'amena à me dire qu'il devait vraiment être mal à l'aise rapport à cette situation, le pauvre bichon. Comme ça il saura ce que ça fait...
Mais en l'écoutant parler avec Leyna, je réalisai qu'il avait réussi à se libérer. Plutôt que de parler de la grignoteuse de jambe que nous avions dans le coin, il demanda:
« Il suffit pas juste d'un bout pointu ! Cherchez plutôt une sortie ou une source de lumière. On sait déjà qu'on est pas seuls, dans le coin. »
Mon désir de lui répondre avec sarcasme était forte, mais fallait bien avouer que sur le moment, il avait raison. Mettant ma rancune de coté, je m'approchai de lui, me repérant au son:
"Bon... Vous m'voyez? Dans mon baluchon, j'ai des branches de bois. Si z'avez d'quoi les allumer, ça pourrait servir de torche de fortune. Sinon... Eeeeerk... Sinon, arrachez moi une ou deux branches de la tête, ça marchera aussi très bien...
Ah, et à défaut d'avoir d'quoi croch'ter nos m'nottes, j'ai une masse qui pourrait servir à les casser si z'avez assez d'force... Ou à calmer la goulue si elle commence à vous trouver à son gout. "
Finissant de dire ça, je me mis à regarder partout, à la recherche de lumière, ou plutôt, d'une pénombre moins forte, qui indiquerait une potentielle sortie.
- Mathis
- Messages : 205
- Enregistré le : jeu. 20 déc. 2018 00:30
Re: Les Bouges
Puisque j’avais accepté son marché, Vala’ar m’indiqua le chemin pour me rendre au Bastion Noir. Mais l’agencement des ruelles entre elles, faisait en sorte qu’il était difficile de s’y repérer, même avec les indications précises que j’avais. Je confondis quelques bifurcations à quelques reprises, mais je réussis enfin à me rendre à ma destination.
Devant moi se dressait une énorme statue représentant un soldat armé d’une épée. Un grand cercle de pierre illuminé commençait à ses pieds. Après quelques instants de réflexion, j’en conclus que le bloc de pierre derrière lui devait être le bâtiment du bastion noir. L’endroit était loin d’être désert, je remarquai des hommes armés, sur le cercle, devant le bâtiment, et même sur son toit plat.
Alors que je m'approchais, une soldat à longue chevelure blanche, vint à ma rencontre, son épée dégainée.
“Toi, fiche le camp si tu ne veux pas finir embroché. C’est le domaine de l’Ordre du Soleil Noir, on n’y accepte pas les moins que rien de condamnés.”
Je regardai la dame dans les yeux, et je lui répondis calmement:
"Je ne suis pas un moins que rien. Je suis Mathis, fils de Marcus. Originaire d'un monde nommé Yuimen. J'étais dans les bouges en compagnie de l'un de mes compagnons Akihito et de l'un des vôtres, le chevalier Khalor Somnis. De malheureuses rencontres nous ont séparées... "
Je m'arrêtai, surpris d'apercevoir Khalor et Akihito à la sortie du bastion.
je les pointai :
"Justement, ils sont là. "
Akihito vint rapidement à ma rencontre et s’adressa d’abord à voix basse à la dame qui m’avait apostrophé. Il l’a nomma Dame Clethan et lui expliqua que je travaillais aussi pour l’ordre. Que le général avait infiltré également des agents ne portant pas les couleurs de l’Ordre afin de débusquer les mages.
Puis haussant la voix, il lui proposa de me montrer la sortie tout en me traitant comme un vaurien
Il voulait me chasser de l’endroit. J’étais donc arrivé au moment qu’eux quittaient les lieux ?
Je ne pouvais partir comme ça, même si je comprenais ce qu’il essayait de faire, mon temps était compté, je ne pouvais repartir dans les bouges sans avoir rencontré le chevalier Thiers.
Me regardant avec des yeux exorbités, elle répondit à Akihito :
"Sans nous prévenir ? C'est quoi ces conneries ? C'est pour traquer du mage, ou pour surveiller ses propres chevaliers ?"
Puis pointant Khalor, elle dit
"Au moins lui sa fidélité sera pas remise en question, c'est ça ?"
Retournant son regard dans ma direction, elle rajouta
"Du coup, il va gentiment me montrer la preuve de ces dires, le blondinet. Une lettre scellée, un sceau... Quelque chose d'officiel. Sinon j'le cloue sur la Place, pour l'exemple."
Le plan d’Akihito allait bientôt tomber à l’eau, puisque je n’avais rien de cela en ma possession.
Ce fut Khalor qui prit la parole :
"Non, non, chevalière. Ils sont vraiment avec moi !"
Akihito essaya alors de calmer le jeu. Parlant de nouveau à voix basse, il lui dit que de se promener avec un seau officiel était trop risqué, le seau pouvant être retrouvé à la première fouille.
Puis, il m’apostropha de nouveau, en tentant de m’agripper par le col.
Non, non, et non, je ne pouvais quitter ces lieux, pas après tous les efforts que j’avais fait pour le trouver.
J'esquivai Akihito lorsqu'il tenta de m'agripper par le col.
Puis je m'adressai à eux trois pour qu'ils m'entendent.
"Je ne suis pas arrivé ici par hasard. J'ai été guidé par un maître chevalier. Je dois livrer un message urgent au chevalier Thyers. Vous pouvez lui demander de venir à ma rencontre, Sinon, laissez Khalor m'accompagner jusqu'ici ou encore accompagnez moi vous même. Je suis blessée, je ne risque pas de vous échapper."
Puis je regardai, Akihito:
"Je ne vous suivrai pas, je dois rester ici le temps de rencontrer ledit Chevalier."
Suivant la conversation, mais demeurant silencieux, Khalor,le teint de Khalor devint très pâle, comme s’il allait s’évanouir.
La chevalière en colère se mit à crier:
"Arrêtez de vous foutre de ma gueule !!!"
Puis pointant son épée contre ma gorge, elle s’adressa une fois de plus à moi.
"Toi, tu vas nulle part. Et surtout tu ne demandes rien."
Puis à Akihito.
"Et toi, tu vas me dire qui tu es, et ce que tu sais précisément sur ce plan sorti de nulle part. Avec preuves et garanties. Si le péquenaud n'en a pas, toi ou le fils Somnis en ont d'office."
Les cris de la dame n’étaient pas passés inaperçus et des gardes lourdement armés s’approchèrent.
Akihito soupira avant de s’adresser de nouveau à la chevalière. Il lui dit qu’il me connaissait que je venais du même monde que lui et que tout comme lui j’avais été condamné par le juge suprême. Il rajouta que j’étais censé l’aaider à enquêter dans les Bouges sur les mages sur l’ordre du Général Somnis. Et enquête également sur la sorcellerie qui nous avait emmené dans ce monde. Quant à lui, il avait comme preuve, son bouclier, offert par le Général Somnis. Il devait également protéger son fils. Il lui proposa d’aller vérifier le tout au bastion de l’entresol, mais il perdrait alors un temps fou.
Après m’avoir jeté un regard noir, il conclut en lui demandant de lui laisser régler le problème en jouant le jeu et me faire passer devant les mages de pequenaud.
Je reculai dun pas pour éloigner l'épée de ma gorge, je croisai les bras et rendit son regard noir à Akihito. Mais je ne prononçai aucun mot, contrarié et résolument décidé de laisser Akihito parler à la chevalière.
Elle en vint donc à la conclusion:
"Dans un cas comme dans l'autre, je ne veux pas vous voir traîner autour du Bastion. Menez votre mission, mais loin de nous. Pour ne pas 'griller votre couverture.' Somnis, vous êtes responsable d'eux et devrez rendre compte ici de vos avancée en plus de l'Entresol. C'est bien clair ?"
Après avoir remis son épée dans son fourreau, elle demanda
"Autre chose, avant que vous foutiez le camp d'ici ?"
Akihito répondit en premier, annonçant qu’il suivrait Khalor et qu’il le protégerait telle que la mission qui lui avait été confiée. Puis il tourna les talons, et m’apostropha me sommant de le suivre.
Puisqu’elle avait ouvert la porte aux demandes, je lui redemandai:
"S'il vous est possible, prévenez le chevalier Thiers que j'ai un message important à lui transmettre de la part du Chevalier antique Vala’ar "
Cela dit je lui fis un signe de tête en guise de salutation, puis je suivis Akihito, tout en lui répondant.
"On a à se parler." Cela sur un ton contrarié.
Colère ou surprise, je ne saurais dire ce qui la fit répondre.
"Un message de... mais bordel..."
Khalor toussota et fit remarquer que cela s’était moins bien passé qu’ils l’avaient souhaités et qu’ils n’avaient pas trouvé de guide pour se rendre au bordel.
Akihito lui ordonna alors de retrouver la chevalière pour faire baisser sa colère et de nous trouver un guide.
Puis toujours sur ce même ton, il me reprocha de ne pas l’avoir suivi dans sa petite comédie. Il m’expliqua qu’il était affilié à l’ordre et qu’il pourrait passer inaperçu auprès des mages et qu’il voulait faire semblant de me chasser à l’écart. Je comprenais bien ce qu’il voulait, mais je ne voyais pas l’utilité de me faire passer pour un manant, d’autant plus que ça m’enlevait les chances de me rendre jusqu’au chevalier Thyers.
J'écoutai attentivement les paroles d'Akihito et sans le lâcher des yeux, je lui répondis sur un ton calme, mais ferme :
"Écoute-moi à ton tour. J'ai bien compris ton petit jeu de comédie, mais jouer un va nu pied risquait de m'éloigner du bastion, alors que je dois absolument rencontrer le chevalier en question...sinon, je serai découpée en petit morceau d'ici demain matin.... J'aurais pu rebrousser chemin lorsque je vous ai perdu de vue en haut de l'escalier, mais je ne voulais pas vous abandonner. Je vous ai cherché et j'ai failli y rester. En me rendant ici, outre ma mission, j'espérais pouvoir demander de l'aide pour vous retrouver. Voyant votre attitude négative à mon égard, je me demande même si vous vous êtes souciée ne serait-ce qu'une seconde si je vous suivais toujours. "
Nous nous éloignâmes donc comme Akihito l'avait suggéré, puis je lui demandai
"Que s'est-il passé, une fois que vous avez descendu les escaliers ? Est-ce que c'est le Chevalier antique Vala’ar qui vous a guidé jusqu'au Bastion ?"
Toujours énervé, Akihito me répondit que si ma mission consistait à livrer un message, un petit cinq minutes de comédie n’allait pas me tuer. Il avait croisé Val’aar. Ce que je savais car je les avais suivi jusqu’à l’escalier. Mais il assura que ce dernier ne les avait pas conduit au Bastion, il les avait confié à un guide qui les avait attiré vers un guet apens. Ils avaient failli y laisser leur peau, poursuivis par une importante horde de mort-vivant. Val’aar les avait piégé…j’en étais pas surpris. Mais ça me confortait dans mon idée de me méfier encore plus de lui. Akihito me proposa de me donner les détails de ce message pour que lui-même le transmettre au chevalier. Il termina en déclarant que c’était ce chevalier qui l’avait guidé jusqu’ici. C’était au moins une bonne nouvelle, le chevalier n’était pas parti en mission, mais bien au bastion.
"Tu ne comprends pas la teneur de ce message. Et puis, tu dois comprendre que je ne pouvais pas deviner que tu m'éloignais que pour cinq minutes...je pensais que tu partais pour le bordel immédiatement, et moi je devais parler à Thyers. "
Je pris quelques grandes respirations pour me calmer.
"C'est pas en se criant dessus qu'on va régler nos soucis. Je ne me doutais bien que vous étiez en danger, puisqu'on l'homme en toge m'a défendu de vous suivre et par les propos qu'il a tenu. Je ne peux pas te dire ce que je sais au sujet du message, je te mettrais dans le même pétrin que je suis. Mais je dois m'entretenir avec ce chevalier Thiers en privé. Si cette chevalière transmet ce que je lui ai dit, j'ai de très bonnes raisons de croire qu'il va venir assez rapidement à ma rencontre."
Je m'arrêtai quelques secondes pour réfléchir à ce qu'il venait me dire.
" Donc Val'aar t'a piégé et Thiers est venu à votre secours. J'aimerais que tu me dises tout ce que tu sais, même si c'est pas grand chose, à propos de ce chevalier Thiers. Comment vous a t-il trouvé ? Est-ce lui qui vous a sauvé de la horde de morts vivants ? Ou bien vous avez réussi à les combattre et à fuir par vos propres moyens ?"
Il m’expliqua qu’ici j’étais considéré comme moins que rien et que Vala’ar, tant qu’à lui comme un cinglé… mais savaient-il à quel point ? Il rajouta que Thyers était aussi extrème que la chevalière, et qu’entrer dans le bastion était très risqué pour moi. J’étais prévenu, c’est déjà ça. Avec toutes ces précisions Akihito avait omis de répondre à mes questions.
"Je comprends ce que tu me dis, mais pourrais tu repondre à mes questions concernant votre rencontre avec Thyers ? "
J’eus enfin les réponses que j’attendais, tout ce qu’il savait de Thiers, c’était qu’il était de nature méfiante et qu’il l’avait rencontré par hasard dans la rue. Ils l’ont alors convaincu de les amener là.
Je lui avoua ma surprise :
"Oh je croyais qu'il vous avait sauvé de la horde des morts vivants ? Vous avez réussi à vous en sortir sans blessures ?"
Ils avaient en effet subis des blessures, mais ils avaient été soignés… Des soins, j’en aurais besoin, mais ça devra attendre. Je ne peux rien demander ici, je serais déjà chanceux si je réussis à parler au Chevalier Thyers. Il ne me restait plus qu’à patienter et à attendre la suite.
Devant moi se dressait une énorme statue représentant un soldat armé d’une épée. Un grand cercle de pierre illuminé commençait à ses pieds. Après quelques instants de réflexion, j’en conclus que le bloc de pierre derrière lui devait être le bâtiment du bastion noir. L’endroit était loin d’être désert, je remarquai des hommes armés, sur le cercle, devant le bâtiment, et même sur son toit plat.
Alors que je m'approchais, une soldat à longue chevelure blanche, vint à ma rencontre, son épée dégainée.
“Toi, fiche le camp si tu ne veux pas finir embroché. C’est le domaine de l’Ordre du Soleil Noir, on n’y accepte pas les moins que rien de condamnés.”
Je regardai la dame dans les yeux, et je lui répondis calmement:
"Je ne suis pas un moins que rien. Je suis Mathis, fils de Marcus. Originaire d'un monde nommé Yuimen. J'étais dans les bouges en compagnie de l'un de mes compagnons Akihito et de l'un des vôtres, le chevalier Khalor Somnis. De malheureuses rencontres nous ont séparées... "
Je m'arrêtai, surpris d'apercevoir Khalor et Akihito à la sortie du bastion.
je les pointai :
"Justement, ils sont là. "
Akihito vint rapidement à ma rencontre et s’adressa d’abord à voix basse à la dame qui m’avait apostrophé. Il l’a nomma Dame Clethan et lui expliqua que je travaillais aussi pour l’ordre. Que le général avait infiltré également des agents ne portant pas les couleurs de l’Ordre afin de débusquer les mages.
Puis haussant la voix, il lui proposa de me montrer la sortie tout en me traitant comme un vaurien
Il voulait me chasser de l’endroit. J’étais donc arrivé au moment qu’eux quittaient les lieux ?
Je ne pouvais partir comme ça, même si je comprenais ce qu’il essayait de faire, mon temps était compté, je ne pouvais repartir dans les bouges sans avoir rencontré le chevalier Thiers.
Me regardant avec des yeux exorbités, elle répondit à Akihito :
"Sans nous prévenir ? C'est quoi ces conneries ? C'est pour traquer du mage, ou pour surveiller ses propres chevaliers ?"
Puis pointant Khalor, elle dit
"Au moins lui sa fidélité sera pas remise en question, c'est ça ?"
Retournant son regard dans ma direction, elle rajouta
"Du coup, il va gentiment me montrer la preuve de ces dires, le blondinet. Une lettre scellée, un sceau... Quelque chose d'officiel. Sinon j'le cloue sur la Place, pour l'exemple."
Le plan d’Akihito allait bientôt tomber à l’eau, puisque je n’avais rien de cela en ma possession.
Ce fut Khalor qui prit la parole :
"Non, non, chevalière. Ils sont vraiment avec moi !"
Akihito essaya alors de calmer le jeu. Parlant de nouveau à voix basse, il lui dit que de se promener avec un seau officiel était trop risqué, le seau pouvant être retrouvé à la première fouille.
Puis, il m’apostropha de nouveau, en tentant de m’agripper par le col.
Non, non, et non, je ne pouvais quitter ces lieux, pas après tous les efforts que j’avais fait pour le trouver.
J'esquivai Akihito lorsqu'il tenta de m'agripper par le col.
Puis je m'adressai à eux trois pour qu'ils m'entendent.
"Je ne suis pas arrivé ici par hasard. J'ai été guidé par un maître chevalier. Je dois livrer un message urgent au chevalier Thyers. Vous pouvez lui demander de venir à ma rencontre, Sinon, laissez Khalor m'accompagner jusqu'ici ou encore accompagnez moi vous même. Je suis blessée, je ne risque pas de vous échapper."
Puis je regardai, Akihito:
"Je ne vous suivrai pas, je dois rester ici le temps de rencontrer ledit Chevalier."
Suivant la conversation, mais demeurant silencieux, Khalor,le teint de Khalor devint très pâle, comme s’il allait s’évanouir.
La chevalière en colère se mit à crier:
"Arrêtez de vous foutre de ma gueule !!!"
Puis pointant son épée contre ma gorge, elle s’adressa une fois de plus à moi.
"Toi, tu vas nulle part. Et surtout tu ne demandes rien."
Puis à Akihito.
"Et toi, tu vas me dire qui tu es, et ce que tu sais précisément sur ce plan sorti de nulle part. Avec preuves et garanties. Si le péquenaud n'en a pas, toi ou le fils Somnis en ont d'office."
Les cris de la dame n’étaient pas passés inaperçus et des gardes lourdement armés s’approchèrent.
Akihito soupira avant de s’adresser de nouveau à la chevalière. Il lui dit qu’il me connaissait que je venais du même monde que lui et que tout comme lui j’avais été condamné par le juge suprême. Il rajouta que j’étais censé l’aaider à enquêter dans les Bouges sur les mages sur l’ordre du Général Somnis. Et enquête également sur la sorcellerie qui nous avait emmené dans ce monde. Quant à lui, il avait comme preuve, son bouclier, offert par le Général Somnis. Il devait également protéger son fils. Il lui proposa d’aller vérifier le tout au bastion de l’entresol, mais il perdrait alors un temps fou.
Après m’avoir jeté un regard noir, il conclut en lui demandant de lui laisser régler le problème en jouant le jeu et me faire passer devant les mages de pequenaud.
Je reculai dun pas pour éloigner l'épée de ma gorge, je croisai les bras et rendit son regard noir à Akihito. Mais je ne prononçai aucun mot, contrarié et résolument décidé de laisser Akihito parler à la chevalière.
Elle en vint donc à la conclusion:
"Dans un cas comme dans l'autre, je ne veux pas vous voir traîner autour du Bastion. Menez votre mission, mais loin de nous. Pour ne pas 'griller votre couverture.' Somnis, vous êtes responsable d'eux et devrez rendre compte ici de vos avancée en plus de l'Entresol. C'est bien clair ?"
Après avoir remis son épée dans son fourreau, elle demanda
"Autre chose, avant que vous foutiez le camp d'ici ?"
Akihito répondit en premier, annonçant qu’il suivrait Khalor et qu’il le protégerait telle que la mission qui lui avait été confiée. Puis il tourna les talons, et m’apostropha me sommant de le suivre.
Puisqu’elle avait ouvert la porte aux demandes, je lui redemandai:
"S'il vous est possible, prévenez le chevalier Thiers que j'ai un message important à lui transmettre de la part du Chevalier antique Vala’ar "
Cela dit je lui fis un signe de tête en guise de salutation, puis je suivis Akihito, tout en lui répondant.
"On a à se parler." Cela sur un ton contrarié.
Colère ou surprise, je ne saurais dire ce qui la fit répondre.
"Un message de... mais bordel..."
Khalor toussota et fit remarquer que cela s’était moins bien passé qu’ils l’avaient souhaités et qu’ils n’avaient pas trouvé de guide pour se rendre au bordel.
Akihito lui ordonna alors de retrouver la chevalière pour faire baisser sa colère et de nous trouver un guide.
Puis toujours sur ce même ton, il me reprocha de ne pas l’avoir suivi dans sa petite comédie. Il m’expliqua qu’il était affilié à l’ordre et qu’il pourrait passer inaperçu auprès des mages et qu’il voulait faire semblant de me chasser à l’écart. Je comprenais bien ce qu’il voulait, mais je ne voyais pas l’utilité de me faire passer pour un manant, d’autant plus que ça m’enlevait les chances de me rendre jusqu’au chevalier Thyers.
J'écoutai attentivement les paroles d'Akihito et sans le lâcher des yeux, je lui répondis sur un ton calme, mais ferme :
"Écoute-moi à ton tour. J'ai bien compris ton petit jeu de comédie, mais jouer un va nu pied risquait de m'éloigner du bastion, alors que je dois absolument rencontrer le chevalier en question...sinon, je serai découpée en petit morceau d'ici demain matin.... J'aurais pu rebrousser chemin lorsque je vous ai perdu de vue en haut de l'escalier, mais je ne voulais pas vous abandonner. Je vous ai cherché et j'ai failli y rester. En me rendant ici, outre ma mission, j'espérais pouvoir demander de l'aide pour vous retrouver. Voyant votre attitude négative à mon égard, je me demande même si vous vous êtes souciée ne serait-ce qu'une seconde si je vous suivais toujours. "
Nous nous éloignâmes donc comme Akihito l'avait suggéré, puis je lui demandai
"Que s'est-il passé, une fois que vous avez descendu les escaliers ? Est-ce que c'est le Chevalier antique Vala’ar qui vous a guidé jusqu'au Bastion ?"
Toujours énervé, Akihito me répondit que si ma mission consistait à livrer un message, un petit cinq minutes de comédie n’allait pas me tuer. Il avait croisé Val’aar. Ce que je savais car je les avais suivi jusqu’à l’escalier. Mais il assura que ce dernier ne les avait pas conduit au Bastion, il les avait confié à un guide qui les avait attiré vers un guet apens. Ils avaient failli y laisser leur peau, poursuivis par une importante horde de mort-vivant. Val’aar les avait piégé…j’en étais pas surpris. Mais ça me confortait dans mon idée de me méfier encore plus de lui. Akihito me proposa de me donner les détails de ce message pour que lui-même le transmettre au chevalier. Il termina en déclarant que c’était ce chevalier qui l’avait guidé jusqu’ici. C’était au moins une bonne nouvelle, le chevalier n’était pas parti en mission, mais bien au bastion.
"Tu ne comprends pas la teneur de ce message. Et puis, tu dois comprendre que je ne pouvais pas deviner que tu m'éloignais que pour cinq minutes...je pensais que tu partais pour le bordel immédiatement, et moi je devais parler à Thyers. "
Je pris quelques grandes respirations pour me calmer.
"C'est pas en se criant dessus qu'on va régler nos soucis. Je ne me doutais bien que vous étiez en danger, puisqu'on l'homme en toge m'a défendu de vous suivre et par les propos qu'il a tenu. Je ne peux pas te dire ce que je sais au sujet du message, je te mettrais dans le même pétrin que je suis. Mais je dois m'entretenir avec ce chevalier Thiers en privé. Si cette chevalière transmet ce que je lui ai dit, j'ai de très bonnes raisons de croire qu'il va venir assez rapidement à ma rencontre."
Je m'arrêtai quelques secondes pour réfléchir à ce qu'il venait me dire.
" Donc Val'aar t'a piégé et Thiers est venu à votre secours. J'aimerais que tu me dises tout ce que tu sais, même si c'est pas grand chose, à propos de ce chevalier Thiers. Comment vous a t-il trouvé ? Est-ce lui qui vous a sauvé de la horde de morts vivants ? Ou bien vous avez réussi à les combattre et à fuir par vos propres moyens ?"
Il m’expliqua qu’ici j’étais considéré comme moins que rien et que Vala’ar, tant qu’à lui comme un cinglé… mais savaient-il à quel point ? Il rajouta que Thyers était aussi extrème que la chevalière, et qu’entrer dans le bastion était très risqué pour moi. J’étais prévenu, c’est déjà ça. Avec toutes ces précisions Akihito avait omis de répondre à mes questions.
"Je comprends ce que tu me dis, mais pourrais tu repondre à mes questions concernant votre rencontre avec Thyers ? "
J’eus enfin les réponses que j’attendais, tout ce qu’il savait de Thiers, c’était qu’il était de nature méfiante et qu’il l’avait rencontré par hasard dans la rue. Ils l’ont alors convaincu de les amener là.
Je lui avoua ma surprise :
"Oh je croyais qu'il vous avait sauvé de la horde des morts vivants ? Vous avez réussi à vous en sortir sans blessures ?"
Ils avaient en effet subis des blessures, mais ils avaient été soignés… Des soins, j’en aurais besoin, mais ça devra attendre. Je ne peux rien demander ici, je serais déjà chanceux si je réussis à parler au Chevalier Thyers. Il ne me restait plus qu’à patienter et à attendre la suite.
- Cromax
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- Enregistré le : mar. 26 déc. 2017 20:51
Re: Les Bouges
La Cité des Ombres
Les Bouges
Les Bouges
Jour 2 – Mi-journée.
Au Bastion souterrain de l’Ordre du Soleil Noir, Mathis et Akihito qui devisaient posément furent bientôt rejoints par un visage reconnu du second, inconnu du premier. Un visage grave, fermé, avec une lueur orangée de folie dans le regard. Thyers.

Il regarda les deux yuimeniens avec une menace claire dans le regard, et leur dicta :
“Vous deux. Je vais vous mener au Bordel, vu que vous semblez vouloir vous amuser. Khalor restera bien au chaud entre nos murs, lui.”
Effectivement, Le fils Somnis n’était pas revenu avec lui. Et la voix du chevalier rustre ne semblait pas souffrir de la moindre faille à exploiter pour parlementer. Il regarda Mathis en fronçant encore davantage les sourcils.
“On m’a déjà trop parlé de Vala’ar aujourd’hui. C’est pas une coïncidence, alors j’vais aller au fond des choses. Tu vas me raconter ce que tu sais, et ce qu’est ce soi-disant message pour moi.”
Il indiqua une direction, invitant sans parole le duo à le suivre.
“Allez. On va voir les putes.”
Son ton n’était en rien réjoui, et ses attentes d’aveux semblaient réelles.
___________________________________
Ezak, Ezra et Xêl s’en allèrent retrouver la muette chez elle. Elle attendait sur le pas de sa porte, les accueillant d’un regard assuré. Nul besoin de parole avec elle : elle savait ce qu’ils attendaient de sa part, et elle leur fit signe de la suivre.

Elle les mena par une voie similaire qu’ils avaient empruntée pour venir, mais au lieu de poursuivre vers le Mur, elle bifurqua vers une rue descendant en une pente aigüe aux nombreux virages serrés. À mesure qu’ils descendaient, les murs sombres et gris semblaient se teindre de rouge. Sommairement, d’abord, seulement par endroits, une roche un peu plus rougeâtre, couleur rouille, puis de manière plus prononcée. À un moment, Ezra s’arrêta brusquement, soufflant :
“De la magie...”
Et... de fait, peu après apparut devant eux la sorcière apparemment prévisible, qui répondait au rendez-vous du Chevalier. Elle lança, provocatrice :
“Je croyais que c’était un tête à tête, petit guerrier. Tu n’as pas pu te débarrasser de ton clébard et de ta chienne ? T’en as même recruté une autre ? T’as la trouille, petit chou ?”
La pâle mage se mit à rire follement. Ezra dégaina sa lame aussitôt, prête à intervenir si ça dégénérait. Et vu la hargne sur son visage, ça pouvait vite dégénérer. Lyrie resta en retrait, observant la scène de ses yeux incandescents.
_______________________________
Dangmar laissa Huyïn baisser le foulard de l’homme qui lui servait de guide et qui s’était fait épingler à la roche en plein milieu du front par un seul carreau d’arbalète. Ce qu’il vit était... plutôt répugnant. Le bas du visage de l’homme était... inexistant. Dénué de toute chair et de toute peau en tout cas. Seule persistait, sous son masque, sa mâchoire d’os dénudée. Pas comme s’il avait péri et s’était relevé par une intervention nécromantique quelconque. Non. Ça lui manquait juste. Il avait été découpé net sous les pommettes, ne laissant ni lèvres ni menton ni peau. Pas étonnant, dans cet état, qu’il ne puisse pas parler aisément.

Dangmar ricana :
“Content ? Maintenant que t’as vu le visage de tes maîtres, le poilu, tu vas voir qu’on peut aussi se montrer plus... définitif.”
Il s’approcha en armant son marteau et... Frappa de tout son soûl sur la tête fixée au mur. Elle explosa comme un fruit mur, éclaboussant le woran de sang et de bouts de cervelle. Le corps s’effondra au sol, et le Chevalier exulta :
“Voilà, il restera comme ça, à peine conscient de son état, jusqu’à ce qu’une âme charitable le ramasse et que les siens recollent les morceaux, ou les remplacent par... ceux des deux types dont tu parlais. Mais j’pense que toi, t’as aucun intérêt à aller rapporter cette râclure aux siens, j’me trompe ?”
Un mouvement se fit du côté de l’origine du carreau. Un frottement du métal sur la pierre, du cuir sur le sol. Une silhouette apparut, et ses traits furent révélés. Une femme, totalement armurée de noir et d’or. Cape noire, peau blanche et cheveux clair. Et la même lueur rouge malsaine dans le regard que son comparse mâle. Elle avait délaissé son arbalète pour une épée longue et fine tirée au clair, sur laquelle elle s’appuyait.

Dangmar reprit :
“T’en voulais deux, voilà l’autre. Ma fille, Rika. Elle nous observe depuis le début.”
Toujours armé de son martel imbibé de cervelle, il regarda Huyïn dans les yeux, arguant :
“Un truc à changer dans ta version des faits, maintenant que cette enflure n’a plus d’oreilles pour t’entendre ?”
_______________________________
Le trio de l’entrée faisait un peu du sur-place : deux d’entre eux étaient toujours menottés, et le pirate trouvait plus urgent de libérer la vieille enchaînée comme un panneau de bienvenue. Et il le fit dans les formes : aspergeant le dos de la pauvresse cannibale de sa potion, il parvint à la libérer de ses chaînes et à éponger les plaies suffisamment pour que ça ne pisse pas le sang. La prisonnière tourna vers lui sa face sauvage, toujours accrochée à ses mains, et... l’espace d’un instant, il crut apercevoir dans ses yeux défaits par la folie une bribe de reconnaissance. D’humanité, peut-être ? Mais l’instant d’après, elle redevenait sauvage, et repoussa le borgne pour s’en aller, carapatant dans une direction hasardeuse, dans le noir complet.
Pendant ce temps, les deux autres cherchaient à l’aveuglette à se repérer. Ils constatèrent que la place sur laquelle ils étaient se séparait en plusieurs issues, des rues plus étroites ou plus larges. Une plus large attira l’attention de Leyna : des résidus de fruits écrasés mélangés à des miettes de pain détrempées gisaient au sol, comme si on avait entassé là un gros tas de denrées. Des trainées de sang s’arrêtaient, comme si on avait emporté des cadavres ou des blessés sur des brancards, sur des charrettes ou autre.
De son côté, en guettant parmis une ruelle des plus étroites, Dracaena aperçut en hauteur de faibles lueurs vascillantes, au loin. Comme des reflets de torches, en hauteur par rapport à leur position, à une bonne centaine de mètres d’eux. Des bâtiments hauts et sans fenêtres ni portes formaient cette ruelle zigzaguant dans l’obscurité. Une présence autre que la leur ?
[HJ : Aki et Mathis : indiquez dans votre RP si vous partez avec lui, si vous refusez, et dans un cas comme dans l’autre, répondez à ses dires selon votre volonté. Pas d’aparté. Ezak et Xël, pas d’aparté non plus : réagissez à la situation dans votre RP. Drac, Leyna, Hart, vous pouvez papoter dans votre sujet discord pour poursuivre votre situation.]
[XP :
Ezak : 0,5 (discussion), 1 (situation avec la sorcière)
Huyïn : 0,5 (discussion)
Leyna : 0,5 (exploration)
Xël : noté quand complété.
Hart : 0,5 (libérer, délivrer)
Drac : 0,5 (exploration)
Mathis : 1 (discussions)]
- Ezak
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- Enregistré le : mar. 22 déc. 2020 06:18
Re: Les Bouges
Je suivis Xël et Ezra jusqu’à la demeure de la femme chez qui ils avaient passé la nuit. La fameuse muette, celle qui, selon Oriphine, avait été soignée autrefois par les Carmin. Était-ce la raison de son mutisme ? Leur avait-elle donné sa langue ? Elle semblait nous attendre. C’était une femme noire, au regard jaune, perçant. Son beau visage, encadré par de longs cheveux noirs, nous fixait avec une expression calme et assurée. Je la saluai d’un signe de tête, et elle nous mena sans un mot sur la route.
Au début, je crus reconnaître le chemin emprunté la veille, mais nous bifurquâmes bientôt vers une route plus pentue, où les murs devenaient de plus en plus rouges. Mon esprit commençait à dériver, mes jambes se contentant de suivre notre guide, lorsqu’Ezra me ramena à la réalité en s’arrêtant net.
« De la magie... »
La seconde suivante, la sorcière apparut. Provocatrice, elle lança des invectives à chacun de mes compagnons, insistant sur le fait que je lui avais promis une rencontre en tête-à-tête avant d’éclater de son rire de folie. Ezra sortit aussitôt son épée, l’air hargneuse et prête à intervenir. Il fallait que je désarme la situation. Éviter une altercation avant que l’on ai pu discuter. Je posai une main sur son épaule, puis sur celle de Xël.
« S’il vous plaît. Ne répondez pas à ses provocations. »
Puis, en me tournant spécifiquement vers Ezra :
« Range ton arme. Tu n’en auras pas besoin. Fais-moi confiance. »
Je m’avançai alors vers la sorcière sans agressivité et une fois à son niveau je l’invitai d’un geste cordial à se déplacer plus loin.
« Je t’ai promis un tête-à-tête, on l’aura. Allons discuter plus loin. »
Au début, je crus reconnaître le chemin emprunté la veille, mais nous bifurquâmes bientôt vers une route plus pentue, où les murs devenaient de plus en plus rouges. Mon esprit commençait à dériver, mes jambes se contentant de suivre notre guide, lorsqu’Ezra me ramena à la réalité en s’arrêtant net.
« De la magie... »
La seconde suivante, la sorcière apparut. Provocatrice, elle lança des invectives à chacun de mes compagnons, insistant sur le fait que je lui avais promis une rencontre en tête-à-tête avant d’éclater de son rire de folie. Ezra sortit aussitôt son épée, l’air hargneuse et prête à intervenir. Il fallait que je désarme la situation. Éviter une altercation avant que l’on ai pu discuter. Je posai une main sur son épaule, puis sur celle de Xël.
« S’il vous plaît. Ne répondez pas à ses provocations. »
Puis, en me tournant spécifiquement vers Ezra :
« Range ton arme. Tu n’en auras pas besoin. Fais-moi confiance. »
Je m’avançai alors vers la sorcière sans agressivité et une fois à son niveau je l’invitai d’un geste cordial à se déplacer plus loin.
« Je t’ai promis un tête-à-tête, on l’aura. Allons discuter plus loin. »
- Mathis
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- Enregistré le : jeu. 20 déc. 2018 00:30
Re: Les Bouges
Nous attendions le retour de Khalor, en vain. Au lieu du jeune chevalier arriva un soldat aguerri, au visage dur cicatrisé et donc les yeux d’une lueur orangée n’avaient rien pour me rassurer.
(Cette fois, je vais me faire chasser sans délai. )
Je me campai sur mes pieds, prêt à défendre ma vie, si jamais il voulait me frapper.
Arrivé à notre hauteur, il s’arrêta, nous dévisagea et nous dit d’un ton ferme, sans équivoque:
“Vous deux. Je vais vous mener au Bordel, vu que vous semblez vouloir vous amuser. Khalor restera bien au chaud entre nos murs, lui.”
Tout en écoutant ses paroles, je l’observais. Qui était cet homme et pourquoi voulait-il nous mener jusqu’au bordel. Est-ce une bonne chose que Khalor demeure au Bastion au lieu de nous accompagner ? Et puis, il ne nous avait pas fait une proposition, il nous avait imposé sa décision. Puis il me regarda, tout en fronçant davantage les sourcils et rajouta:
“On m’a déjà trop parlé de Vala’ar aujourd’hui. C’est pas une coïncidence, alors j’vais aller au fond des choses. Tu vas me raconter ce que tu sais, et ce qu’est ce soi-disant message pour moi.”
À ces paroles, je retins de justesse, un soupir de soulagement. Il s’agissait donc de Thyers… Je n’avais pas échoué dans ma tentative de le rencontrer. Malgré tout, sa présence ne me rassurait pas davantage que celle du roi des morts. Cependant, alors que le dernier avait piégé Akihito, le chevalier Thiers l’avait ramené au Bastion. Aurait-il agi de la même façon, si le chevalier Khalor n’avait pas accompagné Akihito ?
Tout en indiquant, la direction à prendre, il déclara:
“Allez. On va voir les putes.”
J’étais donc prêt à partir avec lui et à tout lui raconter. Cependant, mes blessures me gênaient toujours dans mes mouvements et je n’étais pas certain de trouver un guérisseur au bordel. Même si je savais qu’il était difficile d’entrer dans le bastion, j’osai tout de même faire ma demande.
“Je vous suis, mais avant de partir et je vous raconterai tout ce que je sais dans les moindres détails. Mais avant j’aurais une petite requête à vous faire. Est-ce qu'un soigneur pourrait s'occuper de mes blessures ? ou avez-vous des potions de soin quelconque ? J'ai de quoi payer et j’aimerais être en meilleure forme si j’avais à me défendre d’un danger quelconque en cours de route "
(Cette fois, je vais me faire chasser sans délai. )
Je me campai sur mes pieds, prêt à défendre ma vie, si jamais il voulait me frapper.
Arrivé à notre hauteur, il s’arrêta, nous dévisagea et nous dit d’un ton ferme, sans équivoque:
“Vous deux. Je vais vous mener au Bordel, vu que vous semblez vouloir vous amuser. Khalor restera bien au chaud entre nos murs, lui.”
Tout en écoutant ses paroles, je l’observais. Qui était cet homme et pourquoi voulait-il nous mener jusqu’au bordel. Est-ce une bonne chose que Khalor demeure au Bastion au lieu de nous accompagner ? Et puis, il ne nous avait pas fait une proposition, il nous avait imposé sa décision. Puis il me regarda, tout en fronçant davantage les sourcils et rajouta:
“On m’a déjà trop parlé de Vala’ar aujourd’hui. C’est pas une coïncidence, alors j’vais aller au fond des choses. Tu vas me raconter ce que tu sais, et ce qu’est ce soi-disant message pour moi.”
À ces paroles, je retins de justesse, un soupir de soulagement. Il s’agissait donc de Thyers… Je n’avais pas échoué dans ma tentative de le rencontrer. Malgré tout, sa présence ne me rassurait pas davantage que celle du roi des morts. Cependant, alors que le dernier avait piégé Akihito, le chevalier Thiers l’avait ramené au Bastion. Aurait-il agi de la même façon, si le chevalier Khalor n’avait pas accompagné Akihito ?
Tout en indiquant, la direction à prendre, il déclara:
“Allez. On va voir les putes.”
J’étais donc prêt à partir avec lui et à tout lui raconter. Cependant, mes blessures me gênaient toujours dans mes mouvements et je n’étais pas certain de trouver un guérisseur au bordel. Même si je savais qu’il était difficile d’entrer dans le bastion, j’osai tout de même faire ma demande.
“Je vous suis, mais avant de partir et je vous raconterai tout ce que je sais dans les moindres détails. Mais avant j’aurais une petite requête à vous faire. Est-ce qu'un soigneur pourrait s'occuper de mes blessures ? ou avez-vous des potions de soin quelconque ? J'ai de quoi payer et j’aimerais être en meilleure forme si j’avais à me défendre d’un danger quelconque en cours de route "
- Capitaine Hart
- Messages : 169
- Enregistré le : sam. 5 janv. 2019 03:23
Re: Les Bouges
Par des gestes secs et brutaux, j’ai arraché chacun des crochets qui enserraient sa peau, avant d’asperger son dos sanguinolent de potion curative. J’ai continué alors qu’elle se débattait et hurlait de douleur, c’était semblable à une scène de meurtre. Ce concert de cris gutturaux, de râles et de chair rompue ont continué pendant une bonne minute, jusqu’à ce que mon œuvre soit achevée. Quand elle est parvenue à reprendre son souffle, elle a tourné vers moi des yeux pleins de haine animale. Pendant un instant, comprenant sans doute ce qu’il venait de se produire, ses traits se sont radoucis quelque peu, puis elle s’en est allée, me bousculant au passage, disparaissant dans les ténèbres.
Dracaena avait proposé ses branches pour faire du feu, et sa masse pour détruire ses entraves, alors qu’il était parti avec Leyna en reconnaissance. Il semblait qu’on se rapprochait d’une embouchure, différents chemins tout aussi sombres que les autres, des allées délaissés de la cité souterraine. Au fond de l’une d’entre elles, de faibles lueurs, semblables à des torches, étaient visibles. Le mare de sang s’arrêtait non loin de nous, et un mélange de fruits écrasés et de pain défait était répandu sur le sol. Il semblait que les résidents des Bouges se livraient une lutte sanglante à chaque jour du Don pour les restes des étages du dessus. Drac disait ne pas en avoir besoin, sans grande surprise, alors que pour Leyna et moi, c’était peut-être les dernières choses comestibles que nous allions croiser ici. Mais avant toutes choses, il fallait se débarrasser des leurs menottes, nous étions trop vulnérables ici.
« On va suivre ta suggestion et essayer de les casser, Drac. Doivent pas être bien solides. En tout cas, pas comparé à ça. »
J’ai détaché l’arme que je gardais en bandoulière, un harpon fait d’ondyria dont la légende remontait plus loin que toutes nos existences combinées. On l’appelait un harpon, mais trident est une appellation plus juste. Trois pics couverts d’écailles iridescentes, si tranchantes qu’un coup de côté pouvait déchiqueter la peau. J’ai frappé le sol du bout, et le chant de l’aquamétal se faisait faiblement entendre avant chaque tapotement.
« Leyna d'abord. » ai-je dit en adressant un sourire mesquin à l’oudio.
J’ai entendu la semi-elfe s’approcher.
« Pose-toi au sol, je vais mettre mon poids dessus. »
Après avoir aligné l’une des pointes avec le métal, j’ai posé mon pied sur le trident et frappé de tout mon poids. L’alliage supérieur du harpon, capable de subir la pression sous-marine pendant des millénaires sans la moindre altération, a écrasé l’acier vulgaire avec pratiquement aucune résistance. Leyna était libre.
Quand est venu le tour de Dracaena, j’ai été plus maladroit, et croyez-moi, cette fois, c’était par erreur. Le harpon a glissé et a râpé une partie de son bras.
« Merde ! »
L’oudio s’égosillait. S’il pouvait verser des larmes, il l’aurait sûrement fait. Peut-être qu’il le pouvait, d’ailleurs, dur à dire.
« Désolé, fait noir comme le cul d'une taupe, ici. »
Au deuxième essai, Drac était libre et toujours en possession de ses deux bras. Je lui ai offert une de mes potions en guise de pardon.
« ESPÈCE DE... Krrr... Je veux… dire… Merci... Erk... Heureus’ment que j'ai d’l’écorce et pas d’la peau... »
Il s’est relevé, palpant son bras le moins chanceux.
« Bon... Accident mis à part, on est pas dans la nature, sous l’sang et tout l’reste c’est que d’la pierre. J’arrive pas à sentir si elle est pavée, mais clair’ment, c’pas une structure naturelle ici... »
Selon lui, les lueurs n’avaient pas bougé, et il semblait qu’il faille monter une pente pour les rejoindre. Et surtout, des silhouettes s’y dessinaient parfois.
« S’ils sont au stade de bouffer d’aut’ personnes de chair et d'sang, faites gaffe à vous, quoi. Si vous êtes prêts, j’vous propose de commencer à bouger. »
« Nous n'avons pas autre-chose à faire qu’explorer ces ruelles. Mais je sens que ce qui s’y trame ne va pas nous plaire... »
« Ouais, c’est sûr qu’on est pas dans un endroit plaisant. Mieux vaut qu’on aille voir du côté de ces lumières. Tant qu’on reste dans l’ombre et qu’on fait pas de bruit, ça devrait aller. »
Ainsi, j'ai commencé à me rapprocher furtivement des lueurs. La piste de nourriture était toute aussi intéressante, mais j'avais un pressentiment que le groupe que nous allions tenter d'épier était lié aux combats qui nous avaient précédé.
Dracaena avait proposé ses branches pour faire du feu, et sa masse pour détruire ses entraves, alors qu’il était parti avec Leyna en reconnaissance. Il semblait qu’on se rapprochait d’une embouchure, différents chemins tout aussi sombres que les autres, des allées délaissés de la cité souterraine. Au fond de l’une d’entre elles, de faibles lueurs, semblables à des torches, étaient visibles. Le mare de sang s’arrêtait non loin de nous, et un mélange de fruits écrasés et de pain défait était répandu sur le sol. Il semblait que les résidents des Bouges se livraient une lutte sanglante à chaque jour du Don pour les restes des étages du dessus. Drac disait ne pas en avoir besoin, sans grande surprise, alors que pour Leyna et moi, c’était peut-être les dernières choses comestibles que nous allions croiser ici. Mais avant toutes choses, il fallait se débarrasser des leurs menottes, nous étions trop vulnérables ici.
« On va suivre ta suggestion et essayer de les casser, Drac. Doivent pas être bien solides. En tout cas, pas comparé à ça. »
J’ai détaché l’arme que je gardais en bandoulière, un harpon fait d’ondyria dont la légende remontait plus loin que toutes nos existences combinées. On l’appelait un harpon, mais trident est une appellation plus juste. Trois pics couverts d’écailles iridescentes, si tranchantes qu’un coup de côté pouvait déchiqueter la peau. J’ai frappé le sol du bout, et le chant de l’aquamétal se faisait faiblement entendre avant chaque tapotement.
« Leyna d'abord. » ai-je dit en adressant un sourire mesquin à l’oudio.
J’ai entendu la semi-elfe s’approcher.
« Pose-toi au sol, je vais mettre mon poids dessus. »
Après avoir aligné l’une des pointes avec le métal, j’ai posé mon pied sur le trident et frappé de tout mon poids. L’alliage supérieur du harpon, capable de subir la pression sous-marine pendant des millénaires sans la moindre altération, a écrasé l’acier vulgaire avec pratiquement aucune résistance. Leyna était libre.
Quand est venu le tour de Dracaena, j’ai été plus maladroit, et croyez-moi, cette fois, c’était par erreur. Le harpon a glissé et a râpé une partie de son bras.
« Merde ! »
L’oudio s’égosillait. S’il pouvait verser des larmes, il l’aurait sûrement fait. Peut-être qu’il le pouvait, d’ailleurs, dur à dire.
« Désolé, fait noir comme le cul d'une taupe, ici. »
Au deuxième essai, Drac était libre et toujours en possession de ses deux bras. Je lui ai offert une de mes potions en guise de pardon.
« ESPÈCE DE... Krrr... Je veux… dire… Merci... Erk... Heureus’ment que j'ai d’l’écorce et pas d’la peau... »
Il s’est relevé, palpant son bras le moins chanceux.
« Bon... Accident mis à part, on est pas dans la nature, sous l’sang et tout l’reste c’est que d’la pierre. J’arrive pas à sentir si elle est pavée, mais clair’ment, c’pas une structure naturelle ici... »
Selon lui, les lueurs n’avaient pas bougé, et il semblait qu’il faille monter une pente pour les rejoindre. Et surtout, des silhouettes s’y dessinaient parfois.
« S’ils sont au stade de bouffer d’aut’ personnes de chair et d'sang, faites gaffe à vous, quoi. Si vous êtes prêts, j’vous propose de commencer à bouger. »
« Nous n'avons pas autre-chose à faire qu’explorer ces ruelles. Mais je sens que ce qui s’y trame ne va pas nous plaire... »
« Ouais, c’est sûr qu’on est pas dans un endroit plaisant. Mieux vaut qu’on aille voir du côté de ces lumières. Tant qu’on reste dans l’ombre et qu’on fait pas de bruit, ça devrait aller. »
Ainsi, j'ai commencé à me rapprocher furtivement des lueurs. La piste de nourriture était toute aussi intéressante, mais j'avais un pressentiment que le groupe que nous allions tenter d'épier était lié aux combats qui nous avaient précédé.
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- Leyna
- Messages : 75
- Enregistré le : dim. 6 janv. 2019 16:29
Re: Les Bouges
Ses investigations ne menèrent pas à grand-chose. De la nourriture avait été abandonnée ici, rien qui inspire confiance. En revanche, Drac repéra quelques lumières au loin. Le capitaine, tira son harpon et l'employa sur leurs menottes. Avec succès dans le cas de la prêtresse, cela va sans dire : après tout, une telle relique ne pourrait blesser une servante de Moura par inadvertance, si ? L'oudio n'eut pas autant de chance, mais fut libéré au prix d'une estafilade.
En face, les yeux exercés de leur compagnon avait repéré des gens, et elle craignait qu'il ne s'agisse d'autre mangeurs de chair. Une possibilité, en un lieu aussi malsain...
« Nous n'avons pas autre-chose à faire qu'explorer ces ruelles. Mais je pense que ce qui s'y trame ne va pas nous plaire... » pressentit la semi-elfe.
En face, les yeux exercés de leur compagnon avait repéré des gens, et elle craignait qu'il ne s'agisse d'autre mangeurs de chair. Une possibilité, en un lieu aussi malsain...
« Nous n'avons pas autre-chose à faire qu'explorer ces ruelles. Mais je pense que ce qui s'y trame ne va pas nous plaire... » pressentit la semi-elfe.
- Huyïn
- Messages : 65
- Enregistré le : mar. 5 nov. 2019 15:28
Re: Les Bouges
-- >
Sous le masque du carmin, le Tigre découvre sans grande surprise une mutilation. Par contre, son importance l'intrigue. L'homme n'a plus une fibre de chair sous les pommettes. Pas de joues, pas de lèvres et difficile de voir si quoi que ce soit retient sa mâchoire inférieure ou si elle ne tient que grâce au tissu. Le ricanement du Chevalier lui fait orienter une oreille vers ce dernier et reculer d'un pas. Le barbu couturé annonce lui faire démonstration de sa façon de rendre la neutralisation plus définitive. Et c'est sans la moindre retenue, presque comme pour se libérer de quelque chose, qu'il abat son marteau contre la tête épinglée. Cette dernière ne fait pas le poids et éclate, aspergeant le Félin qui se trouvait encore à proximité. Sang et cervelle, dont quelques fragments se collent à la fourrure de sa joue. Le Chevalier est visiblement ravi, l'informant que l'éclaté restera ainsi, à peine conscient de son état, jusqu'à ce que l'un des siens le rafistole. Il a raison sur un point : ce n'est pas Huyïn qui ira leur remettre.
Ses oreilles papillonnent en direction d'un bruit, et bientôt une jeune femme émerge de sa cachette. Peau et cheveux pâles, yeux rouges, cape noire et armure de l'Ordre. Pas d'arbalète visible, mais une épée au clair, employée comme appui. Le Chevalier Dangmar la présente comme sa fille Rika, témoin depuis le début, avant de le regarder dans les yeux en lui demandant s'il veut changer sa version des faits maintenant que son chaperon ne peut littéralement plus l'entendre. Les deux chevaliers n'ayant aucun moyen de vérifier ses dires sans rendre visite au Clan, changer quoi que ce soit à ses paroles serait risqué. Le Tigre fait un bref signe du chef à la nouvelle venue puis passe le revers de sa patte contre sa joue, retirant le fragment de chair et le reniflant brièvement avant de le laisser choir.
"Changer, non. Préciser éventuellement.", commence-t-il en dardant un regard vers le corps. "Point de maître, qu'importe qu'ils en soient persuadés. De vulgaires geôliers me contraignant à jouer leur messager. Et j'ignore si son actuel état peut empêcher son clan d'avoir encore de l'emprise sur mon sang."
"Et qu'est-ce que tu leur as fait pour qu'ils t'en veuillent à ce point ? Sont pas violents d'habitude. Enfin... pas de cette manière.", dit-il, regardant à son tour le corps étêté. "Ainsi t'as la bombe en toi. Hé bien je te présente son détonateur. C'est pour ça qu'il t'accompagnait. Seul lui et ses semblables peuvent... directement agir sur ce que tu as dans le sang. Une bonne raison pour leur fausser compagnie, non ? Ou pour leur être d'une servitude ridicule, si tu penses comme eux."
Une nouvelle fois, les oreilles du Félin papillonnent. Certains termes ne lui sont pas familiers, mais il comprend le principe : les membres du clan sont capables de déclencher la destruction de ses veines, raison de la présence du muet. Il s'en doutait un peu, et se savoir déjà libéré de ce poids mort à ses côtés s'avère plutôt agréable. Il émet toutefois un son de la truffe, ne voyant pas de mal à donner les points principaux de sa situation pour l'éclaircir un brin.
"Je vous l'ai dit, je ne suis pas un local. Un excès de confiance en quelqu'un qui l'était, et me voici accusé de déroger à quelque... Règle du clan que j'ignorais. Et passé en jugement pour ces faits, avec le résultat dont vous avez idée.", dit-il, son appendice caudal faisant un bref à-coup latéral au souvenir de ce qu'il vient de subir. "Partir est une riche idée, mais il s'avère que je ne peux pas encore accomplir ce projet. Je n'étais pas seul à tomber dans leurs griffes.", poursuit-il, marquant une brève pause. Il hésite, mais n'ayant pas d'indice, autant tenter le coup. "À tout hasard, un elfe blanc aux cheveux d'améthyste serait-il passé par votre... Territoire ?"
"Tu peux faire confiance à personne ici, mon gars. Soit t'es un prédateur, soit une proie.", répond le Chevalier avant de darder un regard quelque peu sévère sur sa fille, dont le sourire persiste et devient quelque peu malsain. "Des types avec des cheveux mauves, si j'étais toi j'm'en approcherais pas. Ils sont pires que les Carmins. Et plus dangereux. Mais ça t'regarde. En ce qui me concerne, c'est ceux que je suis censé traquer. Des mages renégats en groupe. Donc si j'en vois un, j'le défonce. T'as de la chance que j'ai pas vu ton pote."
Des mages renégats, dangereux et probablement adeptes de la cruauté, arborant des cheveux violets ? En-dehors du fait qu'ils agissent en groupe, la description fait un étrange écho. Qu'en penserait son compagnon yuiménien absent ? Lui qui se démarque par tous ces traits ne serait au final qu'un parmi d'autres s'ils les rencontraient. Huyïn ne peut s'empêcher de brièvement imaginer une moue sur le visage hinïon, s'offusquant d'être comparé à des individus servant de proie à une simple paire de chevaliers. Mais peut-être a-t-il eu vent de leur existence et a-t-il décidé d'aller les trouver ? Ils sont peut-être plus utiles pour dénicher une solution à cet exil forcé que l'ont été les encapuchonnés.
Il pourrait demander à cette petite famille de ne pas s'en prendre à Naral Shaam, dit de Vienne, mais cela risquerait au contraire d'attirer trop l'attention sur ce dernier. Le Félin prend le parti de réorienter la conversation. Le regard insistant de la femme le pousse à s'adresser à elle.
"En parlant de proie, pourquoi avoir épinglé le carmin plutôt que moi ?"
De façon étonnante, c'est son père qui répond à sa place.
"Parce qu'on connaît ces gus. Qu'on sait à quoi ils servent et que tu étais clairement à sa merci.", lâche-t-il avant de grogner dans sa barbe. "Enfin. Va pas croire qu'on l'a fait pour toi hein. Ça fait juste plaisir d'éclater des connards qui pensent avoir la main mise sur tout."
Gagnant-gagnant, en somme. Huyïn pose quelques questions de plus, notamment si les carmins avaient tendance à lui envoyer leurs restes, vu le désordre environnant, et si les menaces étaient un coup de bluff à son arrivée. Mais non, Dangmar ne bluffant apparemment jamais. Ou presque, si son regard appuyé sur sa fille laisse entendre quelque histoire à laquelle le Félin n'a pas droit. L'homme lui demande ensuite ce qu'il compte faire, non sans avoir indiqué qu'il chasse ce dont il a besoin ici. Il réitère sa philosophie, indiquant qu'on ne peut compter que sur soi. Cette déclaration, alliée à tous les autres indices du coin, incite Huyïn à se demander si cet individu ne ferait pas cavalier seul, et qu'il se méfierait même de son propre Ordre. La question étant du genre à risquer de le mettre de nouveau d'une humeur massacrante, le Woran s'en abstient. Beaucoup de choses l'interpellent, mais si Naral est potentiellement en train de bouger, s'attarder serait un mauvais choix.
Croisant les bras, Huyïn se montre toutefois cordial pour ne pas mettre un terme abrupt à une conversation somme toute... Civilisée, malgré les circonstances.
"Et risquer de me retrouver avec un autre... Détonateur ? Non merci. Savoir ce qu'il est advenu de mon partenaire, oui. La persistance des carmins m'invitant à ne plus y penser m'incite à croire qu'il a réussi à leur échapper.", indique-t-il, bougeant légèrement une main pour ponctuer ses paroles. "Je ne vais donc pas vous... Faciliter la fin de digestion plus longuement, Chevalier Dangmar.", lâche le Félin avec un ton presque amusé, songeant à quelque chose et ouvrant son sac pour en extirper son matériel d'écriture. "Sauf si vous avez tous deux un instant de plus pour m'aider à faire un rapide plan du quartier, que je ne retourne pas accidentellement chez mes geôliers"
Un soupir échappe au barbu, et avant d'en comprendre la raison, Rika s'empare du matériel et va s'appuyer sur un roc. Plus la plume gratte le papier, plus le Félin se doute qu'elle n'est pas du tout en train de tracer quelque chose de cohérent. Elle appuie fort et vivement, ou tout doucement, et même si elle lui tourne grandement le dos, il peut voir sa langue dépasser de ses lèvres dans une moue concentrée. Lorsqu'elle se retourne, elle brandit le feuillet avec ce même sourire mauvais sur la figure.
Même s'il l'avait vu venir, Huyïn ne pensait pas qu'elle irait à ce point dans les détails pour se moquer de lui, et ce sans la moindre trace... D'hostilité. Au contraire, malgré son étrange expression, elle irradie quelque chose de... Ravi ? Les pensées du Félin reviennent sur son impression précédente : les ashaari ont l'air d'être des enfants coincés dans des corps d'adultes, mais là... Elle donne vraiment l'impression de réfléchir comme une juvénile. Soit elle a pris un grand coup sur la tête qui a diminué ses capacités, de réflexion uniquement puisque son habileté avec une arme ne fait aucun doute, soit... Elle a été livrée à son père avant d'avoir terminé sa cuisson. Y aurait-il un lien avec le capharnaüm qui règne ici et son isolement ou le Tigre se perd-il en conjectures ?
En tous les cas, il prend le feuillet pour l'observer. Si elle se moque de lui, ces gribouillages n'ont aucun sens. Mais si... Si elle réfléchit comme une immature cherchant à l'aider à sa façon, alors peut-être qu'elle a tracé des chemins plus ou moins larges comme le ferait quelqu'un qui manque de repères. Ou alors elle s'ennuyait juste et a voulu faire un dessin, comme les bambins du village avec les morceaux de charbon sur la pierre du chemin. Dans tous les cas...
"Limpide. Auriez vous la bonté de me le signer ? Ce n'est pas tous les jours que je peux me vanter d'assister à la création d'un original."
Mais la silencieuse personne ne réagit pas à sa demande, le laissant empocher le 'plan' et discuter un peu plus avec son père. Le Tigre s'enquiert de la zone de leur prochaine traque pour se rendre à l'opposé. Puisque leur plan est apparemment de rester à leur camp pour le moment, Dangmar lui indique une direction à suivre et lui conseille de simplement ne pas retourner sur ses pas. Simple et efficace. Huyïn les salue et est sur le départ quand le Chevalier le retient d'une question.
"T'en veux pas ?", demande-t-il en indiquant le corps au sol.
Pour un individu qui a du mal avec les sous-entendus et la capacité à lire entre les lignes, ses paroles sont un peu ambiguës. En vouloir dans quel sens ? Le délester ? L'amener ailleurs ? En vouloir comme d'un casse-croute ? Il opte sagement pour une réponse neutre, destinée à lever la confusion sur les intentions.
"Des chairs, non. De ce qu'il a sur lui, possiblement. Mais puisque c'est votre proie, je ne comptais pas me l'approprier."
"Les chairs se revendent mieux. Si tu veux sa robe ridicule et qu't'as le courage de le désaper, fais. L'est pas d'ma taille."
Encore une fois, le Félin est assailli de questions. Revente à qui ? Dans quel but ? Contre quoi ? Et depuis quand l'Ordre dépèce des ashaari dans un but lucratif ? Quand il pense au côté hautain de la Porte-Parole les menaçant de les faire jeter aux Tréfonds s'ils avaient l'audace de nuire à la réputation de l'Ordre, il ne peut qu'être amusé par l'ironie. Sous leurs armures rutilantes, ces ashaari sont de toute évidence aussi pourris que les autres.
"Coopérons un moment de plus alors. Le tissu ou ce qu'il y a possiblement dissimulé pourra toujours me servir, et vous saurez s'il est davantage haut ou bas du visage sur le reste de son anatomie... Gagnant-gagnant.", répond-il en posant un genou à terre, ses propres paroles le rendant curieux.
"Ses frusques, tu peux les garder, mais s'il a de l'or, je prends. Faudrait pas oublier la part de la p'tite."
Les oreilles du Tigre s'agitent une nouvelle fois. Indice supplémentaire qu'il traite sa fille réellement en gamine plutôt qu'en jeune adulte dont elle a l'apparence. Et elle qui ne bronche pas ni ne se fait entendre. Le Woran ne s'en préoccupe pas davantage, s'attelant à repérer comment délester le corps de ce tissu taché mais intact. S'il tombe sur des Néos ou des individus similaires, avoir de quoi troquer peut s'avérer utile. Il vérifie s'il y a quelque poche ou recoins dedans, secouant légèrement l'habit pour entendre d'éventuels cliquetis de matériel.
Sa besogne accomplie, il prend le parti de suivre le conseil donné par le Chevalier : ne compter sur personne. Cela signifie donc que s'il ne retournera pas sur ses pas pour éviter les carmins, il ne compte pas non plus suivre bêtement la direction indiquée par Dangmar, au cas où ce serait un rappel de la leçon subie. Il est curieux de savoir comment cette Rika est parvenue à se dissimuler et d'où elle est arrivée, le faisant opter pour ce passage. Garder une oreille en arrière. Si son père s'offusque de le voir choisir cet endroit, il faudra filer en vitesse.
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Sous le masque du carmin, le Tigre découvre sans grande surprise une mutilation. Par contre, son importance l'intrigue. L'homme n'a plus une fibre de chair sous les pommettes. Pas de joues, pas de lèvres et difficile de voir si quoi que ce soit retient sa mâchoire inférieure ou si elle ne tient que grâce au tissu. Le ricanement du Chevalier lui fait orienter une oreille vers ce dernier et reculer d'un pas. Le barbu couturé annonce lui faire démonstration de sa façon de rendre la neutralisation plus définitive. Et c'est sans la moindre retenue, presque comme pour se libérer de quelque chose, qu'il abat son marteau contre la tête épinglée. Cette dernière ne fait pas le poids et éclate, aspergeant le Félin qui se trouvait encore à proximité. Sang et cervelle, dont quelques fragments se collent à la fourrure de sa joue. Le Chevalier est visiblement ravi, l'informant que l'éclaté restera ainsi, à peine conscient de son état, jusqu'à ce que l'un des siens le rafistole. Il a raison sur un point : ce n'est pas Huyïn qui ira leur remettre.
Ses oreilles papillonnent en direction d'un bruit, et bientôt une jeune femme émerge de sa cachette. Peau et cheveux pâles, yeux rouges, cape noire et armure de l'Ordre. Pas d'arbalète visible, mais une épée au clair, employée comme appui. Le Chevalier Dangmar la présente comme sa fille Rika, témoin depuis le début, avant de le regarder dans les yeux en lui demandant s'il veut changer sa version des faits maintenant que son chaperon ne peut littéralement plus l'entendre. Les deux chevaliers n'ayant aucun moyen de vérifier ses dires sans rendre visite au Clan, changer quoi que ce soit à ses paroles serait risqué. Le Tigre fait un bref signe du chef à la nouvelle venue puis passe le revers de sa patte contre sa joue, retirant le fragment de chair et le reniflant brièvement avant de le laisser choir.
"Changer, non. Préciser éventuellement.", commence-t-il en dardant un regard vers le corps. "Point de maître, qu'importe qu'ils en soient persuadés. De vulgaires geôliers me contraignant à jouer leur messager. Et j'ignore si son actuel état peut empêcher son clan d'avoir encore de l'emprise sur mon sang."
"Et qu'est-ce que tu leur as fait pour qu'ils t'en veuillent à ce point ? Sont pas violents d'habitude. Enfin... pas de cette manière.", dit-il, regardant à son tour le corps étêté. "Ainsi t'as la bombe en toi. Hé bien je te présente son détonateur. C'est pour ça qu'il t'accompagnait. Seul lui et ses semblables peuvent... directement agir sur ce que tu as dans le sang. Une bonne raison pour leur fausser compagnie, non ? Ou pour leur être d'une servitude ridicule, si tu penses comme eux."
Une nouvelle fois, les oreilles du Félin papillonnent. Certains termes ne lui sont pas familiers, mais il comprend le principe : les membres du clan sont capables de déclencher la destruction de ses veines, raison de la présence du muet. Il s'en doutait un peu, et se savoir déjà libéré de ce poids mort à ses côtés s'avère plutôt agréable. Il émet toutefois un son de la truffe, ne voyant pas de mal à donner les points principaux de sa situation pour l'éclaircir un brin.
"Je vous l'ai dit, je ne suis pas un local. Un excès de confiance en quelqu'un qui l'était, et me voici accusé de déroger à quelque... Règle du clan que j'ignorais. Et passé en jugement pour ces faits, avec le résultat dont vous avez idée.", dit-il, son appendice caudal faisant un bref à-coup latéral au souvenir de ce qu'il vient de subir. "Partir est une riche idée, mais il s'avère que je ne peux pas encore accomplir ce projet. Je n'étais pas seul à tomber dans leurs griffes.", poursuit-il, marquant une brève pause. Il hésite, mais n'ayant pas d'indice, autant tenter le coup. "À tout hasard, un elfe blanc aux cheveux d'améthyste serait-il passé par votre... Territoire ?"
"Tu peux faire confiance à personne ici, mon gars. Soit t'es un prédateur, soit une proie.", répond le Chevalier avant de darder un regard quelque peu sévère sur sa fille, dont le sourire persiste et devient quelque peu malsain. "Des types avec des cheveux mauves, si j'étais toi j'm'en approcherais pas. Ils sont pires que les Carmins. Et plus dangereux. Mais ça t'regarde. En ce qui me concerne, c'est ceux que je suis censé traquer. Des mages renégats en groupe. Donc si j'en vois un, j'le défonce. T'as de la chance que j'ai pas vu ton pote."
Des mages renégats, dangereux et probablement adeptes de la cruauté, arborant des cheveux violets ? En-dehors du fait qu'ils agissent en groupe, la description fait un étrange écho. Qu'en penserait son compagnon yuiménien absent ? Lui qui se démarque par tous ces traits ne serait au final qu'un parmi d'autres s'ils les rencontraient. Huyïn ne peut s'empêcher de brièvement imaginer une moue sur le visage hinïon, s'offusquant d'être comparé à des individus servant de proie à une simple paire de chevaliers. Mais peut-être a-t-il eu vent de leur existence et a-t-il décidé d'aller les trouver ? Ils sont peut-être plus utiles pour dénicher une solution à cet exil forcé que l'ont été les encapuchonnés.
Il pourrait demander à cette petite famille de ne pas s'en prendre à Naral Shaam, dit de Vienne, mais cela risquerait au contraire d'attirer trop l'attention sur ce dernier. Le Félin prend le parti de réorienter la conversation. Le regard insistant de la femme le pousse à s'adresser à elle.
"En parlant de proie, pourquoi avoir épinglé le carmin plutôt que moi ?"
De façon étonnante, c'est son père qui répond à sa place.
"Parce qu'on connaît ces gus. Qu'on sait à quoi ils servent et que tu étais clairement à sa merci.", lâche-t-il avant de grogner dans sa barbe. "Enfin. Va pas croire qu'on l'a fait pour toi hein. Ça fait juste plaisir d'éclater des connards qui pensent avoir la main mise sur tout."
Gagnant-gagnant, en somme. Huyïn pose quelques questions de plus, notamment si les carmins avaient tendance à lui envoyer leurs restes, vu le désordre environnant, et si les menaces étaient un coup de bluff à son arrivée. Mais non, Dangmar ne bluffant apparemment jamais. Ou presque, si son regard appuyé sur sa fille laisse entendre quelque histoire à laquelle le Félin n'a pas droit. L'homme lui demande ensuite ce qu'il compte faire, non sans avoir indiqué qu'il chasse ce dont il a besoin ici. Il réitère sa philosophie, indiquant qu'on ne peut compter que sur soi. Cette déclaration, alliée à tous les autres indices du coin, incite Huyïn à se demander si cet individu ne ferait pas cavalier seul, et qu'il se méfierait même de son propre Ordre. La question étant du genre à risquer de le mettre de nouveau d'une humeur massacrante, le Woran s'en abstient. Beaucoup de choses l'interpellent, mais si Naral est potentiellement en train de bouger, s'attarder serait un mauvais choix.
Croisant les bras, Huyïn se montre toutefois cordial pour ne pas mettre un terme abrupt à une conversation somme toute... Civilisée, malgré les circonstances.
"Et risquer de me retrouver avec un autre... Détonateur ? Non merci. Savoir ce qu'il est advenu de mon partenaire, oui. La persistance des carmins m'invitant à ne plus y penser m'incite à croire qu'il a réussi à leur échapper.", indique-t-il, bougeant légèrement une main pour ponctuer ses paroles. "Je ne vais donc pas vous... Faciliter la fin de digestion plus longuement, Chevalier Dangmar.", lâche le Félin avec un ton presque amusé, songeant à quelque chose et ouvrant son sac pour en extirper son matériel d'écriture. "Sauf si vous avez tous deux un instant de plus pour m'aider à faire un rapide plan du quartier, que je ne retourne pas accidentellement chez mes geôliers"
Un soupir échappe au barbu, et avant d'en comprendre la raison, Rika s'empare du matériel et va s'appuyer sur un roc. Plus la plume gratte le papier, plus le Félin se doute qu'elle n'est pas du tout en train de tracer quelque chose de cohérent. Elle appuie fort et vivement, ou tout doucement, et même si elle lui tourne grandement le dos, il peut voir sa langue dépasser de ses lèvres dans une moue concentrée. Lorsqu'elle se retourne, elle brandit le feuillet avec ce même sourire mauvais sur la figure.

Même s'il l'avait vu venir, Huyïn ne pensait pas qu'elle irait à ce point dans les détails pour se moquer de lui, et ce sans la moindre trace... D'hostilité. Au contraire, malgré son étrange expression, elle irradie quelque chose de... Ravi ? Les pensées du Félin reviennent sur son impression précédente : les ashaari ont l'air d'être des enfants coincés dans des corps d'adultes, mais là... Elle donne vraiment l'impression de réfléchir comme une juvénile. Soit elle a pris un grand coup sur la tête qui a diminué ses capacités, de réflexion uniquement puisque son habileté avec une arme ne fait aucun doute, soit... Elle a été livrée à son père avant d'avoir terminé sa cuisson. Y aurait-il un lien avec le capharnaüm qui règne ici et son isolement ou le Tigre se perd-il en conjectures ?
En tous les cas, il prend le feuillet pour l'observer. Si elle se moque de lui, ces gribouillages n'ont aucun sens. Mais si... Si elle réfléchit comme une immature cherchant à l'aider à sa façon, alors peut-être qu'elle a tracé des chemins plus ou moins larges comme le ferait quelqu'un qui manque de repères. Ou alors elle s'ennuyait juste et a voulu faire un dessin, comme les bambins du village avec les morceaux de charbon sur la pierre du chemin. Dans tous les cas...
"Limpide. Auriez vous la bonté de me le signer ? Ce n'est pas tous les jours que je peux me vanter d'assister à la création d'un original."
Mais la silencieuse personne ne réagit pas à sa demande, le laissant empocher le 'plan' et discuter un peu plus avec son père. Le Tigre s'enquiert de la zone de leur prochaine traque pour se rendre à l'opposé. Puisque leur plan est apparemment de rester à leur camp pour le moment, Dangmar lui indique une direction à suivre et lui conseille de simplement ne pas retourner sur ses pas. Simple et efficace. Huyïn les salue et est sur le départ quand le Chevalier le retient d'une question.
"T'en veux pas ?", demande-t-il en indiquant le corps au sol.
Pour un individu qui a du mal avec les sous-entendus et la capacité à lire entre les lignes, ses paroles sont un peu ambiguës. En vouloir dans quel sens ? Le délester ? L'amener ailleurs ? En vouloir comme d'un casse-croute ? Il opte sagement pour une réponse neutre, destinée à lever la confusion sur les intentions.
"Des chairs, non. De ce qu'il a sur lui, possiblement. Mais puisque c'est votre proie, je ne comptais pas me l'approprier."
"Les chairs se revendent mieux. Si tu veux sa robe ridicule et qu't'as le courage de le désaper, fais. L'est pas d'ma taille."
Encore une fois, le Félin est assailli de questions. Revente à qui ? Dans quel but ? Contre quoi ? Et depuis quand l'Ordre dépèce des ashaari dans un but lucratif ? Quand il pense au côté hautain de la Porte-Parole les menaçant de les faire jeter aux Tréfonds s'ils avaient l'audace de nuire à la réputation de l'Ordre, il ne peut qu'être amusé par l'ironie. Sous leurs armures rutilantes, ces ashaari sont de toute évidence aussi pourris que les autres.
"Coopérons un moment de plus alors. Le tissu ou ce qu'il y a possiblement dissimulé pourra toujours me servir, et vous saurez s'il est davantage haut ou bas du visage sur le reste de son anatomie... Gagnant-gagnant.", répond-il en posant un genou à terre, ses propres paroles le rendant curieux.
"Ses frusques, tu peux les garder, mais s'il a de l'or, je prends. Faudrait pas oublier la part de la p'tite."
Les oreilles du Tigre s'agitent une nouvelle fois. Indice supplémentaire qu'il traite sa fille réellement en gamine plutôt qu'en jeune adulte dont elle a l'apparence. Et elle qui ne bronche pas ni ne se fait entendre. Le Woran ne s'en préoccupe pas davantage, s'attelant à repérer comment délester le corps de ce tissu taché mais intact. S'il tombe sur des Néos ou des individus similaires, avoir de quoi troquer peut s'avérer utile. Il vérifie s'il y a quelque poche ou recoins dedans, secouant légèrement l'habit pour entendre d'éventuels cliquetis de matériel.
Sa besogne accomplie, il prend le parti de suivre le conseil donné par le Chevalier : ne compter sur personne. Cela signifie donc que s'il ne retournera pas sur ses pas pour éviter les carmins, il ne compte pas non plus suivre bêtement la direction indiquée par Dangmar, au cas où ce serait un rappel de la leçon subie. Il est curieux de savoir comment cette Rika est parvenue à se dissimuler et d'où elle est arrivée, le faisant opter pour ce passage. Garder une oreille en arrière. Si son père s'offusque de le voir choisir cet endroit, il faudra filer en vitesse.
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Modifié en dernier par Huyïn le ven. 25 avr. 2025 17:40, modifié 1 fois.
- Xël
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- Enregistré le : mar. 25 déc. 2018 14:50
Re: Les Bouges
Je comprends mieux pourquoi il n’y a pas de carte. Ce n’est pas que c’est impossible, si notre guide peut repérer un chemin dans la pénombre des lanternes dans cette multitudes de galeries partant en tout sens c’est que dessiner un chemin parcouru est possible. Mais une telle carte serait si immense qu’il faudrait la découper en étages, en quartiers, en couloirs, en autant de failles, de trous et de crevasses qu’au final on serait perdu dans ce tas de paperasse. Ce n’est pas que c’est impossible, c’est qu’il serait plus difficile de la lire que de la dessiner.
Combien faut-il d’années et de distance pour connaître les Bouges comme la muette parait les connaître et sans se faire enchaîner, tabasser ou dévorer ? En la voyant ainsi, nous mener dans les virages serrés d’une pente aigüe, je ne peux m’empêcher d’être admiratif. Le seul point de repère qui pourrait m’indiquer comment retourner auprès de la Horde sans elle est la couleur de la roche car au fil de notre descente celle-ci se teinte de rouge, de carmin.
Ezra s’arrête soudain, la chienne pisteuse avait reniflé une trace de magie et elle a du pif car la sorcière apparaît devant nous l’instant d’après. Provocatrice comme elle semble toujours l’être:
“Je croyais que c’était un tête à tête, petit guerrier. Tu n’as pas pu te débarrasser de ton clébard et de ta chienne ? T’en as même recruté une autre ? T’as la trouille, petit chou ?”
Elle se marre à nouveau. Ce rire, je sais pourquoi elle me fait penser à Oaxaca. On dirait le sien, celui qu’elle avait alors que les armées s’effondraient. La Chevaleresse dégaine sa lame, aussi susceptible que son interlocutrice est arrogante. J’ai moi même eu un instant de crispation en me remémorant les souvenirs de Kôchii mais je suis conscient qu’on est bien loin des plaines Ynoriennes et que l’autre sorcière est sous bonne surveillance dans une prison où elle ne risque pas de s’échapper. J’incline donc simplement la tête avec un sourire apaisé quand Ezak demande de ne pas répondre aux provocations mais le préviens tout de même.
« Si Ezra renifle le moindre soupçon de magie, je déboule comme une tempête. Nous ne sommes pas loin. »
Puis j’invite à mon tour la femme du Soleil Noire à baisser son arme, précisant pour la rassurer:
« De toutes les femmes qu’il a dû affronter, celle-ci est sans doute la moins dangereuse. »
Je m’adosse alors à la roche rouge pour patienter.
Combien faut-il d’années et de distance pour connaître les Bouges comme la muette parait les connaître et sans se faire enchaîner, tabasser ou dévorer ? En la voyant ainsi, nous mener dans les virages serrés d’une pente aigüe, je ne peux m’empêcher d’être admiratif. Le seul point de repère qui pourrait m’indiquer comment retourner auprès de la Horde sans elle est la couleur de la roche car au fil de notre descente celle-ci se teinte de rouge, de carmin.
Ezra s’arrête soudain, la chienne pisteuse avait reniflé une trace de magie et elle a du pif car la sorcière apparaît devant nous l’instant d’après. Provocatrice comme elle semble toujours l’être:
“Je croyais que c’était un tête à tête, petit guerrier. Tu n’as pas pu te débarrasser de ton clébard et de ta chienne ? T’en as même recruté une autre ? T’as la trouille, petit chou ?”
Elle se marre à nouveau. Ce rire, je sais pourquoi elle me fait penser à Oaxaca. On dirait le sien, celui qu’elle avait alors que les armées s’effondraient. La Chevaleresse dégaine sa lame, aussi susceptible que son interlocutrice est arrogante. J’ai moi même eu un instant de crispation en me remémorant les souvenirs de Kôchii mais je suis conscient qu’on est bien loin des plaines Ynoriennes et que l’autre sorcière est sous bonne surveillance dans une prison où elle ne risque pas de s’échapper. J’incline donc simplement la tête avec un sourire apaisé quand Ezak demande de ne pas répondre aux provocations mais le préviens tout de même.
« Si Ezra renifle le moindre soupçon de magie, je déboule comme une tempête. Nous ne sommes pas loin. »
Puis j’invite à mon tour la femme du Soleil Noire à baisser son arme, précisant pour la rassurer:
« De toutes les femmes qu’il a dû affronter, celle-ci est sans doute la moins dangereuse. »
Je m’adosse alors à la roche rouge pour patienter.
- Akihito
- Messages : 355
- Enregistré le : mar. 29 janv. 2019 14:26
Re: Les Bouges
Je regardais la chevalière s'éloigner, à la recherche des rations que j'avais demandé. Un rapide contrôle de mon corps me confirma que mes blessures étaient belles et bien toutes refermées. Je regardai l'orbe, désormais éteint. Le prendre ? Autant se coller une cible dans le dos. L'analyser avec ma magie ? J'en mourrais d'envie, mais Khalor n'allait certainement pas apprécier.
« Rien d’autre, non. Mais de fait, je ne saurais retrouver le chemin du bordel. J’aurais bien aimé que Dame Russelle nous y mène : elle me semble des plus sympathique. Mais cela aurait peut-être été inconvenant. Ce n’est pas un endroit connu pour... sa salubrité. Ni pour la qualité des personnes qui le fréquentent. »
Je lui jetais un regard du coin de l'oeil en me rhabillant, à peine étonné de le voir pétris d'idéaux aussi purs à l'égard de la jeune femme qui devait certainement avoir vu son lot d'atrocités rien qu'en venant ici, et qu'un bordel n'allait certainement pas froisser.
(Enfin bon, c'est tout à son honneur d'avoir ce genre d'attention.)
Et il avait raison sur un point : Russelle aurait fait une guide des plus pratiques, car pas encore trop endurcie et fanatisée par le bastion. Il évoqua le troisième larron à la peau noir comme potentiel guide, sans trop savoir quoi en penser. Pas plus que moi.
Une fois rhabillés, nous nous dirigeâmes vers la sortie, reprenant le chemin en sens inverse. La bâtisse moins tortueuse nous permit de retrouver la piste, juste à temps pour assister à une scène... Lunaire.
(Mathis ?)
Mathis était là, argumentant avec la chevalière Clethane sur un message qu'il devait transmettre. Clairement traité comme un manant -un condamné, même, bien que j'ignore comment elle l'avait su- il n'allait pas faire long feu s'il essayait de passer en force. Le mieux saurait qu'il s'en aille sans me... Merde.
« Justement, ils sont là.
- Par les saintes balloches de Valyus... »
Empruntant un juron d'Yliria, je le lâchai à voix basse avant de rejoindre l'attroupement suivi de Khalor. Je jouai déjà à un jeu dangereux pour ne pas me faire remarqué, et voilà qu'il m'identifiait comme un de ses alliés. Non pas que je puisse lui en vouloir, mais il faalit que j'essaye de reprendre en main la situation. Je glissai à voix basse à la chevalière, suffisamment pour que seuls ceux autour de nous l'entende.
« Dame Clethane, cet homme travaille effectivement pour l'Ordre. Le général Somnis a jugé bon qu'infiltrer des agents ne portant pas les couleurs de l'Ordre serait utile pour débusquer les mages, dis-je avant de reprendre d'une voix forte : Ma dame, laissez moi montrer la sortie à ce miséreux qui palabre des absurdités. Nul besoin de salir votre lame.
- Sans nous prévenir ? C'est quoi ces conneries ? C'est pour traquer du mage, ou pour surveiller ses propres chevaliers ? »
La convaincre n'allait pas être aisée, bien qu'elle ne remettait pas en question la fidelité de Khalor qui essaya d'intervenir dans notre sens, sans trop de succès puisque la chevalière gardait la main sur la garde de sa lame, prête à dégainer.
« Du coup, il va gentiment me montrer la preuve de ces dires, le blondinet. Une lettre scellée, un sceau... Quelque chose d'officiel. Sinon j'le cloue sur la Place, pour l'exemple.
- Calmez vous, Ma dame, enchainai-je en lançant un regard lourd de sens à Khalor pour qu'il se taise avant de reprendre plus bas vers la chevalier. Réfléchissez : s'il devait se balader avec un sceau officiel, il se ferait démasqué à la première fouille d'un mage trop suspicieux. Laissez nous l'éloignez maintenant avant que des espions des mages ne trouve cela trop suspect. »
Me retournant, j'aggripai le col de Mathis d'une main.
« Toi, tu me suis le bouseux. »
J'avais jamais été un très bon acteur, mais je pensai qu'au moins pour Mathis mes intentions étaient claires : je ne me comportais naturellement pas comme ça, il devait se douter que j'avais une bonne raison pour le faire. N'importe qui avec un peu de jugeote irait dans mon sens, non ?
Ahahah !
NON. Pas un noble Kendran, voyons !
« Je ne suis pas arrivé ici par hasard, répliqua Mathis en esquivant ma main. J'ai été guidé par un maître chevalier. Je dois livrer un message urgent au chevalier Thiers. Vous pouvez lui demander de venir à ma rencontre, Sinon, laissez Khalor m'accompagner jusqu'ici ou encore accompagnez moi vous même. Je suis blessée, je ne risque pas de vous échapper. Je ne vous suivrai pas, je dois rester ici le temps de rencontrer ledit Chevalier. »
J'étais abassourdi. Non, consterné. Au moins autant que Khalor était aterré, et il y avait de quoi. Le pauvre devenait blanc à vue d'oeil.
« Arrêtez de vous foutre de ma gueule !!! »
De l'autre côté du spectre émotionnel, c'était la gardienne qui était au pire agacée par la situation. Histoire de donné du poids à ce qu'elle pensait de la situation, elle dégaina sa lame pour loger la pointe sous la gorge de Mathis, si ce n'était pas assez clair comme ça.
« Toi, tu vas nulle part. Et surtout tu ne demande rien. Et toi, tu vas me dire qui tu es, et ce que tu sais précisément sur ce plan sorti de nulle part. Avec preuves et garanties. Si le péquenaud n'en a pas, toi ou le fils Somnis en ont d'office. »
Tout ce bordel commençait à attirer du monde, beaucoup trop à mon goût. Je finis par lâcher un soupir écoeuré.
« Par Valyus... Dame Clethane, oui je connais cet homme, Mathis, et il vient d'un autre monde comme moi. Il a bien été condamné par votre Juge suprême, et il est sensé nous aidé à enquêter dans les Bouges sur les mages sur l'ordre du Général Somnis, pour vous aider vous et aussi pour chercher à comprendre quelle sorcellerie nous a amené de force ici. Je n'ai pas plus de preuve de ma bonne volonté que ce bouclier qui m'a été donné par le Général en personne et son fils que j'escorte et dont il m'a confié la sécurité. Nous pouvons retourner au bastion de l'Entresol pour qu'il puisse valider tout cela si ça peut vous rassurer, mais je préférerai utiliser mon temps de manière plus efficace. »
je jetai un regard noir à Mathis : maintenant, même moi j'allais galérer à rentrer dans le bastion.
« Donc soit vous me laissez régler ce problème en jouant le jeu tant qu'on peut toujours faire passer Mathis aux yeux d'éventuels observateurs des clans de mages comme d'un péquenaud qui se fait effectivement refoulé, soit on perd une opportunité d'avoir quelqu'un à infiltrer chez eux.
- Dans un cas comme dans l'autre, je ne veux pas vous voir traîner autour du Bastion. Menez votre mission, mais loin de nous. Pour ne pas 'griller votre couverture.' Somnis, vous êtes responsable d'eux et devrez rendre compte ici de vos avancée en plus de l'Entresol. C'est bien clair ?
- Je suivrai Khalor Somnis où qu'il aille, car telle est la mission de protecteur confiée par le Général Somnis. »
Mathis était resté silencieux pour une fois, Valyus soit loué. Pour une fois, la conversation n'alla pas de mal en pis et je constatai avec soulagement que la bretteuse remettait au fourreau sa lame. Ma "mission" d'offficiers supérieurs était tout ce qui me restait de passedroit pour justifier ma présence ici sans aborder mon jugement, alors j'avais tout intérêt à aller à fond dans ce rôle.
« Autre chose, avant que vous foutiez le camp d'ici ?
- S'il vous est possible, prévenez le chevalier Thiers que j'ai un message important à lui transmettre de la part du Chevalier antique Vala’ar.
- Un message de... mais bordel... »
La chevalière s'éloigna en soupirant, pour j'espère aller chercher Thyers et pas nous envoyer la moitié de la garnison pour nous mettre aux fers. Khalor était lui un peu plus mal à l'aise.
« Haem. Je... ça s'est moins bien passé que prévu. Et... on n'a pas de guide pour le bordel.
- Et pas qu'un peu. Allez avec la chevalière histoire de calmer le jeu si ça part en vrille, et trouvez nous un guide au passage, répliquai-je d'une voix ple agaçée que je l'aurai voulu, avant d'apostropher Mathis en m'éloignant des portes. Amène toi. »
Khalor aacquiesca, Mathis me suivit et une fois éloigné, dans une ruelle plus discrète, je lâchai mon fiel.
« Tu sais visiblement pas jouer la comédie, alors laisse moi te l'expliquer. Ici je suis affilié à l'ordre alors je pourrai passer inaperçu comme toi auprès des mages. Donc je vais faire semblant de te chasser à l'écart du bastion et on fait le point dans un coin, vu ?
- Écoute-moi à ton tour. J'ai bien compris ton petit jeu de comédie, mais jouer un va nu pied risquait de m'éloigner du bastion, alors que je dois absolument rencontrer le chevalier en question...sinon, je serai découpée en petit morceau d'ici demain matin.... J'aurais pu rebrousser chemin lorsque je vous ai perdu de vue en haut de l'escalier, mais je ne voulais pas vous abandonner. Je vous ai cherché et j'ai failli y rester. En me rendant ici, autre ma mission, j'espérais pouvoir demander de l'aide pour vous retrouver. Voyant votre attitude négative à mon égard, je me demande même si vous vous êtes souciée ne serait-ce qu'une seconde si je vous suivais toujours. Que s'est-il passé, une fois que vous avez descendu les escaliers ? Est-ce que c'est le Chevalier antique Kilmun Vala’ar qui vous a guidé jusqu'au Bastion ? »
Bordel, j'avais blessé son ego en me montrant hostile, alors qu'il "savait" que je jouais un numéro ? Il croyait que j'avais passé une journée tranquillou ?
« Par les DIEUX, Mathis, si tout ce que tu dois faire c'est porter un message, alors c'est pas jouer la comédie cinq minutes qui allait te tuer ! On est dans une situation suffisamment merdique pour qu'en plus on se sabote les uns les autres, bordel, lâchai-je en essayant à grandes peines de ne pas m'énerver plus. Je l'ai croisé Val'aar et non il m'a pas mené au Bastion, il m'a filé un guide qui m'a attiré dans un guet-apens où on a faillit y laisser notre peau contre trois cents types qui voulaient nous bouffer vivants, littéralement. Donc tu m'excuseras mais j'avais d'autres préoccupations que de savoir si tu nous suivais bien dans les ombres. Dis moi quel est ce message et je vais m'occuper de le transmettre au chevalier Thyers, tant que je suis encore dans les bonnes grâces de l'Ordre. C'est lui d'ailleurs qui m'a guidé ici.
- Tu ne comprends pas la teneur de ce message. Et puis, tu dois comprendre que je ne pouvais pas deviner que tu m'éloignais que pour cinq minutes...je pensais que tu partais pour le bordel immédiatement, et moi je devais parler à Thyers. »
Il essaya de calmer le jeu, enchainant sur l'importance capitale de transmettre en personne le message. Mais j'avais arrêté de l'écouter. Il n'en faisait qu'à sa tête, comme à son habitude.
« Débrouille toi alors avec ce message, Mathis. T'as pas l'air de comprendre qu'ici t'es considéré comme de la merde sous leur botte, que Vala'ar est considéré comme un cinglé à moitié hérétique et par conséquent, t'as tout intérêt à rester loin des membres radicaux de l'Ordre dont est rempli ce Bastion. Thyers est je pense aussi extrême que la chevalière : tu risques ta peau en rentrant la dedans. Moi, je joue déjà sur le fil à omettre que j'ai été condamné pour me présenter comme l'escorte de Khalor.
- Je comprends ce que tu me dis, mais pourrais tu repondre à mes questions concernant votre rencontre avec Thyers ?
- Je sais rien de lui a part qu'il est méfiant, qu'on l'a rencontré par hasard dans une rue ce matin, et on l'a persuadé de nous amener ici.
- Oh je croyais quil vous avait sauver de la hirde des morts vivant ? Vous avez réussi a vous en sortir sans blessures. »
A quel moment j'avais dit ça ? Je secouais la tête de plus belle, autant pour réfuter ce qu'il disait que par désarroi.
« Non, on a été blessé mais soigné ici. »
Finalement, nous furent rejoint par un visage toujours aussi aimable, le chevalier Thyers. Seul, sans Khalor. Il nous regarda avec toute l'aimabilité d'une porte de prison, avant de lâcher :
« Vous deux. Je vais vous mener au Bordel, vu que vous semblez vouloir vous amuser. Khalor restera bien au chaud entre nos murs, lui. On m’a déjà trop parlé de Vala’ar aujourd’hui. C’est pas une coïncidence, alors j’vais aller au fond des choses. Tu vas me raconter ce que tu sais, et ce qu’est ce soi-disant message pour moi. »
Ca ne me disait rien qui vaille, il n'avait clairement pas envie de parler du vieux Chevalier et j'avais pas envie de me séparer de la seule raison qui me permettrait de rester dans le Bastion. Alors qu'il indiquait une direction pour "aller voir les putes", je restai à ma position.
« Pardon Sire Thyers, mais ma mission est avant tout d'escorter le Chevalier Somnis. Je rejoindrai le Bordel une autre fois. »
Je le saluai, avant de retourner en direction du Bastion. Si je voulais pouvoir continuer à évoluer dans ces murs, il allait falloir que j'améliore mon image...
« Rien d’autre, non. Mais de fait, je ne saurais retrouver le chemin du bordel. J’aurais bien aimé que Dame Russelle nous y mène : elle me semble des plus sympathique. Mais cela aurait peut-être été inconvenant. Ce n’est pas un endroit connu pour... sa salubrité. Ni pour la qualité des personnes qui le fréquentent. »
Je lui jetais un regard du coin de l'oeil en me rhabillant, à peine étonné de le voir pétris d'idéaux aussi purs à l'égard de la jeune femme qui devait certainement avoir vu son lot d'atrocités rien qu'en venant ici, et qu'un bordel n'allait certainement pas froisser.
(Enfin bon, c'est tout à son honneur d'avoir ce genre d'attention.)
Et il avait raison sur un point : Russelle aurait fait une guide des plus pratiques, car pas encore trop endurcie et fanatisée par le bastion. Il évoqua le troisième larron à la peau noir comme potentiel guide, sans trop savoir quoi en penser. Pas plus que moi.
Une fois rhabillés, nous nous dirigeâmes vers la sortie, reprenant le chemin en sens inverse. La bâtisse moins tortueuse nous permit de retrouver la piste, juste à temps pour assister à une scène... Lunaire.
(Mathis ?)
Mathis était là, argumentant avec la chevalière Clethane sur un message qu'il devait transmettre. Clairement traité comme un manant -un condamné, même, bien que j'ignore comment elle l'avait su- il n'allait pas faire long feu s'il essayait de passer en force. Le mieux saurait qu'il s'en aille sans me... Merde.
« Justement, ils sont là.
- Par les saintes balloches de Valyus... »
Empruntant un juron d'Yliria, je le lâchai à voix basse avant de rejoindre l'attroupement suivi de Khalor. Je jouai déjà à un jeu dangereux pour ne pas me faire remarqué, et voilà qu'il m'identifiait comme un de ses alliés. Non pas que je puisse lui en vouloir, mais il faalit que j'essaye de reprendre en main la situation. Je glissai à voix basse à la chevalière, suffisamment pour que seuls ceux autour de nous l'entende.
« Dame Clethane, cet homme travaille effectivement pour l'Ordre. Le général Somnis a jugé bon qu'infiltrer des agents ne portant pas les couleurs de l'Ordre serait utile pour débusquer les mages, dis-je avant de reprendre d'une voix forte : Ma dame, laissez moi montrer la sortie à ce miséreux qui palabre des absurdités. Nul besoin de salir votre lame.
- Sans nous prévenir ? C'est quoi ces conneries ? C'est pour traquer du mage, ou pour surveiller ses propres chevaliers ? »
La convaincre n'allait pas être aisée, bien qu'elle ne remettait pas en question la fidelité de Khalor qui essaya d'intervenir dans notre sens, sans trop de succès puisque la chevalière gardait la main sur la garde de sa lame, prête à dégainer.
« Du coup, il va gentiment me montrer la preuve de ces dires, le blondinet. Une lettre scellée, un sceau... Quelque chose d'officiel. Sinon j'le cloue sur la Place, pour l'exemple.
- Calmez vous, Ma dame, enchainai-je en lançant un regard lourd de sens à Khalor pour qu'il se taise avant de reprendre plus bas vers la chevalier. Réfléchissez : s'il devait se balader avec un sceau officiel, il se ferait démasqué à la première fouille d'un mage trop suspicieux. Laissez nous l'éloignez maintenant avant que des espions des mages ne trouve cela trop suspect. »
Me retournant, j'aggripai le col de Mathis d'une main.
« Toi, tu me suis le bouseux. »
J'avais jamais été un très bon acteur, mais je pensai qu'au moins pour Mathis mes intentions étaient claires : je ne me comportais naturellement pas comme ça, il devait se douter que j'avais une bonne raison pour le faire. N'importe qui avec un peu de jugeote irait dans mon sens, non ?
Ahahah !
NON. Pas un noble Kendran, voyons !
« Je ne suis pas arrivé ici par hasard, répliqua Mathis en esquivant ma main. J'ai été guidé par un maître chevalier. Je dois livrer un message urgent au chevalier Thiers. Vous pouvez lui demander de venir à ma rencontre, Sinon, laissez Khalor m'accompagner jusqu'ici ou encore accompagnez moi vous même. Je suis blessée, je ne risque pas de vous échapper. Je ne vous suivrai pas, je dois rester ici le temps de rencontrer ledit Chevalier. »
J'étais abassourdi. Non, consterné. Au moins autant que Khalor était aterré, et il y avait de quoi. Le pauvre devenait blanc à vue d'oeil.
« Arrêtez de vous foutre de ma gueule !!! »
De l'autre côté du spectre émotionnel, c'était la gardienne qui était au pire agacée par la situation. Histoire de donné du poids à ce qu'elle pensait de la situation, elle dégaina sa lame pour loger la pointe sous la gorge de Mathis, si ce n'était pas assez clair comme ça.
« Toi, tu vas nulle part. Et surtout tu ne demande rien. Et toi, tu vas me dire qui tu es, et ce que tu sais précisément sur ce plan sorti de nulle part. Avec preuves et garanties. Si le péquenaud n'en a pas, toi ou le fils Somnis en ont d'office. »
Tout ce bordel commençait à attirer du monde, beaucoup trop à mon goût. Je finis par lâcher un soupir écoeuré.
« Par Valyus... Dame Clethane, oui je connais cet homme, Mathis, et il vient d'un autre monde comme moi. Il a bien été condamné par votre Juge suprême, et il est sensé nous aidé à enquêter dans les Bouges sur les mages sur l'ordre du Général Somnis, pour vous aider vous et aussi pour chercher à comprendre quelle sorcellerie nous a amené de force ici. Je n'ai pas plus de preuve de ma bonne volonté que ce bouclier qui m'a été donné par le Général en personne et son fils que j'escorte et dont il m'a confié la sécurité. Nous pouvons retourner au bastion de l'Entresol pour qu'il puisse valider tout cela si ça peut vous rassurer, mais je préférerai utiliser mon temps de manière plus efficace. »
je jetai un regard noir à Mathis : maintenant, même moi j'allais galérer à rentrer dans le bastion.
« Donc soit vous me laissez régler ce problème en jouant le jeu tant qu'on peut toujours faire passer Mathis aux yeux d'éventuels observateurs des clans de mages comme d'un péquenaud qui se fait effectivement refoulé, soit on perd une opportunité d'avoir quelqu'un à infiltrer chez eux.
- Dans un cas comme dans l'autre, je ne veux pas vous voir traîner autour du Bastion. Menez votre mission, mais loin de nous. Pour ne pas 'griller votre couverture.' Somnis, vous êtes responsable d'eux et devrez rendre compte ici de vos avancée en plus de l'Entresol. C'est bien clair ?
- Je suivrai Khalor Somnis où qu'il aille, car telle est la mission de protecteur confiée par le Général Somnis. »
Mathis était resté silencieux pour une fois, Valyus soit loué. Pour une fois, la conversation n'alla pas de mal en pis et je constatai avec soulagement que la bretteuse remettait au fourreau sa lame. Ma "mission" d'offficiers supérieurs était tout ce qui me restait de passedroit pour justifier ma présence ici sans aborder mon jugement, alors j'avais tout intérêt à aller à fond dans ce rôle.
« Autre chose, avant que vous foutiez le camp d'ici ?
- S'il vous est possible, prévenez le chevalier Thiers que j'ai un message important à lui transmettre de la part du Chevalier antique Vala’ar.
- Un message de... mais bordel... »
La chevalière s'éloigna en soupirant, pour j'espère aller chercher Thyers et pas nous envoyer la moitié de la garnison pour nous mettre aux fers. Khalor était lui un peu plus mal à l'aise.
« Haem. Je... ça s'est moins bien passé que prévu. Et... on n'a pas de guide pour le bordel.
- Et pas qu'un peu. Allez avec la chevalière histoire de calmer le jeu si ça part en vrille, et trouvez nous un guide au passage, répliquai-je d'une voix ple agaçée que je l'aurai voulu, avant d'apostropher Mathis en m'éloignant des portes. Amène toi. »
Khalor aacquiesca, Mathis me suivit et une fois éloigné, dans une ruelle plus discrète, je lâchai mon fiel.
« Tu sais visiblement pas jouer la comédie, alors laisse moi te l'expliquer. Ici je suis affilié à l'ordre alors je pourrai passer inaperçu comme toi auprès des mages. Donc je vais faire semblant de te chasser à l'écart du bastion et on fait le point dans un coin, vu ?
- Écoute-moi à ton tour. J'ai bien compris ton petit jeu de comédie, mais jouer un va nu pied risquait de m'éloigner du bastion, alors que je dois absolument rencontrer le chevalier en question...sinon, je serai découpée en petit morceau d'ici demain matin.... J'aurais pu rebrousser chemin lorsque je vous ai perdu de vue en haut de l'escalier, mais je ne voulais pas vous abandonner. Je vous ai cherché et j'ai failli y rester. En me rendant ici, autre ma mission, j'espérais pouvoir demander de l'aide pour vous retrouver. Voyant votre attitude négative à mon égard, je me demande même si vous vous êtes souciée ne serait-ce qu'une seconde si je vous suivais toujours. Que s'est-il passé, une fois que vous avez descendu les escaliers ? Est-ce que c'est le Chevalier antique Kilmun Vala’ar qui vous a guidé jusqu'au Bastion ? »
Bordel, j'avais blessé son ego en me montrant hostile, alors qu'il "savait" que je jouais un numéro ? Il croyait que j'avais passé une journée tranquillou ?
« Par les DIEUX, Mathis, si tout ce que tu dois faire c'est porter un message, alors c'est pas jouer la comédie cinq minutes qui allait te tuer ! On est dans une situation suffisamment merdique pour qu'en plus on se sabote les uns les autres, bordel, lâchai-je en essayant à grandes peines de ne pas m'énerver plus. Je l'ai croisé Val'aar et non il m'a pas mené au Bastion, il m'a filé un guide qui m'a attiré dans un guet-apens où on a faillit y laisser notre peau contre trois cents types qui voulaient nous bouffer vivants, littéralement. Donc tu m'excuseras mais j'avais d'autres préoccupations que de savoir si tu nous suivais bien dans les ombres. Dis moi quel est ce message et je vais m'occuper de le transmettre au chevalier Thyers, tant que je suis encore dans les bonnes grâces de l'Ordre. C'est lui d'ailleurs qui m'a guidé ici.
- Tu ne comprends pas la teneur de ce message. Et puis, tu dois comprendre que je ne pouvais pas deviner que tu m'éloignais que pour cinq minutes...je pensais que tu partais pour le bordel immédiatement, et moi je devais parler à Thyers. »
Il essaya de calmer le jeu, enchainant sur l'importance capitale de transmettre en personne le message. Mais j'avais arrêté de l'écouter. Il n'en faisait qu'à sa tête, comme à son habitude.
« Débrouille toi alors avec ce message, Mathis. T'as pas l'air de comprendre qu'ici t'es considéré comme de la merde sous leur botte, que Vala'ar est considéré comme un cinglé à moitié hérétique et par conséquent, t'as tout intérêt à rester loin des membres radicaux de l'Ordre dont est rempli ce Bastion. Thyers est je pense aussi extrême que la chevalière : tu risques ta peau en rentrant la dedans. Moi, je joue déjà sur le fil à omettre que j'ai été condamné pour me présenter comme l'escorte de Khalor.
- Je comprends ce que tu me dis, mais pourrais tu repondre à mes questions concernant votre rencontre avec Thyers ?
- Je sais rien de lui a part qu'il est méfiant, qu'on l'a rencontré par hasard dans une rue ce matin, et on l'a persuadé de nous amener ici.
- Oh je croyais quil vous avait sauver de la hirde des morts vivant ? Vous avez réussi a vous en sortir sans blessures. »
A quel moment j'avais dit ça ? Je secouais la tête de plus belle, autant pour réfuter ce qu'il disait que par désarroi.
« Non, on a été blessé mais soigné ici. »
Finalement, nous furent rejoint par un visage toujours aussi aimable, le chevalier Thyers. Seul, sans Khalor. Il nous regarda avec toute l'aimabilité d'une porte de prison, avant de lâcher :
« Vous deux. Je vais vous mener au Bordel, vu que vous semblez vouloir vous amuser. Khalor restera bien au chaud entre nos murs, lui. On m’a déjà trop parlé de Vala’ar aujourd’hui. C’est pas une coïncidence, alors j’vais aller au fond des choses. Tu vas me raconter ce que tu sais, et ce qu’est ce soi-disant message pour moi. »
Ca ne me disait rien qui vaille, il n'avait clairement pas envie de parler du vieux Chevalier et j'avais pas envie de me séparer de la seule raison qui me permettrait de rester dans le Bastion. Alors qu'il indiquait une direction pour "aller voir les putes", je restai à ma position.
« Pardon Sire Thyers, mais ma mission est avant tout d'escorter le Chevalier Somnis. Je rejoindrai le Bordel une autre fois. »
Je le saluai, avant de retourner en direction du Bastion. Si je voulais pouvoir continuer à évoluer dans ces murs, il allait falloir que j'améliore mon image...
- Dracaena Paletuv
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- Enregistré le : mer. 7 sept. 2022 01:58
Re: Les Bouges
Sirius n'avait ptet qu'un œil, et une maladresse culturelle plus que choquante, mais il semblait avoir l'esprit plus droit que s'que j'aurais cru. Moi qui m'attendais à le voir paniquer face à la croqueuse de jambe, ou se préparer à l'affronter, il se mit à ... l'aider. En tout cas de ce que je distinguais, il lui avait versé quelque chose sur le corps, qui, à l'odeur, semblait être une potion de soin.
Un acte de gentillesse surprenant, mais qui avait eu son effet, vu les gémissement que faisait la cannibale, qui s'en alla sans causer le moindre soucis.
Définit'vment, j'le comprenais pas ce gars. Il était égoïste ou altruiste? intelligent ou stupide? Prévoyant ou inconscient? Un mystère enroulé dans une énigme enroulé dans une couche de propos stupide.
En tout cas, pendant qu'il jouait les bons samaritains, je continuais de tâter le sol, tentant de me repérer. J'croisais les doigts qu'il me sorte en plus de ses soins généreux un truc pour allumer un feu. Si j'pouvais essayer de refaire une des petites flammes que j'avais créée du bout de mes doigts plus tôt dans la journée, quelque chose me disait qu'il valait mieux attendre d'être dans de meilleures (ou de pires) conditions avant de tenter d'utiliser la carte de la magie. Donc, j'faisais les choses à l'ancienne: en utilisant mes feuilles, mes branches, mes yeux, tout ce que j'avais qui pouvait capter les changements d'airs et de lumière.
Et bénie soit la photosynthèse, une sensation de chaleur lointaine finit par me frapper: la, au loin, à une cinquantaine de mètres au dessus du sol, j'apercevais des lueurs. J'm'y connaissais en flamme, et de toute évidence il s'agissait de torches. Donc, probablement de la "civilisation". Et le sang sur le sol semblait enfin s'arrêter. Bien. On avait une piste.
"Vous voyez quelque chose ?"
"Des lueurs, la bas. Suivez ma voix. J'suppose qu'c'est des habitations.
Et z'avez pas répondu: z'avez d'quoi faire du feu ou pas? J'propose pas mes branches au premier v'nu en temps normal. "
"Quelques restes de nourriture abandonné, de mon côté. Et rien pour faire de la lumière, je le crains..."
Des restes de bouffe? Ici? Ptet l'origine de tout ce sang? C'était ptet un de ces convois qu'on avait vu plus haut qui devait am'ner des réserves à ceux du bas, et avait eu un accident en cours de route. Un accident incluant du cannibalisme.
"Mh, autant se diriger vers ces lueurs alors. L'obscurité jouera à notre avantage. En attendant, faut faire quelque chose pour vos menottes."
Ah, oui, les menottes. Il ne m'avait pas encore répondu pour la masse.
"On va suivre ta suggestion et essayer de les casser. Doivent pas être bien solides. En tout cas pas comparé à ça."
J'avais aucune idée de ce dont il était en train de parler. Je percevais une forme longue dans le noir, ptet un bâton, ou une lance, comme la mienne. Mais pourquoi préférer ça à du contondant? C'était ptet un objet spécial. Mais avant que j'ai le temps de pousser ma réflexion, j'entendis un sourire un peu mesquin dans la voix du borgne:
"Leyna d'abord. Pose-toi au sol, je vais mettre mon poids dessus."
Ah, d'accord, il me faisait passer en dernier. J'imagine qu'il se trouvait drôle ou malin? Qu'importe, ce genre d'enfantillage me dérangeait beaucoup moins que ses propositions honteuses de m'transformer en machine à bébé...
En attendant qu'il termine, j'en profitai pour observer de nouveau les lueurs au loin, et clairement, il y avait du mouvement. Des gens donc. On allait vers un endroit habité. Fallait espérer que les gens la bas soient accueillant. Parce s'que s'il fallait casser quelques bouches pour pas s'faire emmerder ici, j'allais leur montrer aux cannibales que c'était vach'ment plus dur de mâcher sans dent... Ils avaient qu'à avoir des racines comme les gens bien fait, ces minables.
"Allez, à ton tour."
Visiblement, Sirius avait réussi son coup, et de ce que j'entendais (et du peu que j'apercevais), Leyna avait l'air de bouger ses bras librement désormais. Sans plus attendre, je me rapprochai de l'humain à taton, et mit mes bras dans la position qu'il demandait. Je pu voir de plus près l'outil qu'il utilisait pour le salut de notre mobilité manuelle: une sorte de trident, qui émanait d'une étrange énergie, à peine perceptible. Ce truc n'était pas un trident classique, pour sur. Probablement un artefact rare. Le genre de gadget que ces crétins de dieux avaient laissé trainé sans surveillance. Pour que le Sirius se promène avec un truc comme ça, c'est qu'il était définitiv'ment plein de ressource. Y avait plus qu'à espérer qu'il sache s'en servir.
Je sentis le poids de l'arme et de l'homme pesé sur mes chaines, mais je restai le plus immobile possible. Tout semblait bien se passer, la pression se faisait sentir, quand d'un coup, l'arme dérapa, et alla racler sur mon bras. Cette fois ci ça n'était pas un de ces petits chocs que mon écorce brulée repoussait sans problème: non, je senti clairement mon bois se fendre sur la longueur.
"KRMRJRMLRJR!"
D'un grand craquement, je sentis les chaines qui me retenaient se briser, au même titre qu'une partie de l'écorce de mon bras. Je me mis immédiatement à sautiller de douleur, serrant les doigts, tenant mon bras, les racines crispées, tentant de s'enfoncer dans le sol, en vain. Comment disait on déjà? ça faisait, ça faisait...?
Ah oui.
CA FAISAIT MAL BON SANG D'BONNE SEVE!!!
"Désolé, fait noir comme le cul d'une taupe, ici."
"ESPECE DE....
Non, Drac, non, il avait raison, c'était clair'ment un accident cette fois. Il avait l'air stupide et mesquin par moment, mais j'avais clair'ment senti l'arme dérapée sous son poids. Fallait que j'me canalise, pas que j'tombe dans l'jeu du blame...
"Krmmmmmmm... Je veux...dire...Merci... Erk... Heureus'ment que j'ai d'l'écorce et pas d'la peau...
Alors que mes racines toujours crispées essayaient en vain de s'enfoncer la où elle pouvait, je réalisai que depuis qu'on avait attiré ici, le sang écœurant qui couvrait le sol m'avait fait zappé un détail important: il n'y avait pas de terre ici. Que d'la roche. Un problème de plus pour moi, mais surtout...
"Bon... Accident mis à part, on est pas dans la "nature", sous l'sang et tout l'reste c'est que d'la pierre. J'arrive pas à sentir si elle est pavé, mais clair'ment, s'pas une structure naturelle ici...
Ensuite, faite gaffe: les lueurs sont un peu en hauteur, y aura ptet de l'escalade à faire. Aussi, y a clair'ment du monde qui bouge au niveau des lumières. Faut espérer qu'ils soient pas relou comme l'aut' malheureuse qu'vous avez aider... Mais..."
Je poussai un équivalent de soupir, mes feuilles restantes frémissant dans un bruit de vibration: il me saoulait ptet ces deux la, mais c'était pas une raison pour souhaiter qu'ils se fassent dévorer par les locaux.
"S'ils sont au stade de bouffer d'aut' personne de chair et d'sang, faite gaffe à vous quoi...
Si vous êtes prêt, j'vous propose de commencer à bouger. "
"Nous n'avons pas autre-chose à faire qu'explorer ces ruelles. Mais je sens que ce qui s'y trame ne va pas nous plaire..."
« Ouais, c’est sûr qu’on est pas dans un endroit plaisant. Mieux vaut qu’on aille voir du côté de ces lumières. Tant qu’on reste dans l’ombre et qu’on fait pas de bruit, ça devrait aller. »
Je me rendis compte que Sirius me tendait une fiole, qui à l'odeur semblait être une potion de soin. Sur'ment pour mon bras. C'était... une bonne initiative de sa part. A se demander combien il en avait encore de potion du genre.
"Je n'vous l'fait pas dire. Et merci pour la potion, j'vais prendre ça."
Récupérant la fiole proposée, je plantai deux doigts à l'intérieur, ceux de ma main blessé, essayant de forcer un peu l'absorption. Puis, je suivi le pas des deux autres, en direction des mystérieuses lumières ,en me demandant comment Yliria et les autres s'en sortaient de leur coté, et en me demandant si le cadeau empoisonné que j'avais laissé au soleil noir avait déjà fait parlé sa nature chaotique ou non.
Qu'importe, pour le moment, fallait qu'on voit comment se poser, et se réorganiser pour la suite. Je gardais ma masse à portée, prêt à faire comprendre au premier emmerdeur que j'avais pas attendu d'apprendre la magie pour être dangereux.
Un acte de gentillesse surprenant, mais qui avait eu son effet, vu les gémissement que faisait la cannibale, qui s'en alla sans causer le moindre soucis.
Définit'vment, j'le comprenais pas ce gars. Il était égoïste ou altruiste? intelligent ou stupide? Prévoyant ou inconscient? Un mystère enroulé dans une énigme enroulé dans une couche de propos stupide.
En tout cas, pendant qu'il jouait les bons samaritains, je continuais de tâter le sol, tentant de me repérer. J'croisais les doigts qu'il me sorte en plus de ses soins généreux un truc pour allumer un feu. Si j'pouvais essayer de refaire une des petites flammes que j'avais créée du bout de mes doigts plus tôt dans la journée, quelque chose me disait qu'il valait mieux attendre d'être dans de meilleures (ou de pires) conditions avant de tenter d'utiliser la carte de la magie. Donc, j'faisais les choses à l'ancienne: en utilisant mes feuilles, mes branches, mes yeux, tout ce que j'avais qui pouvait capter les changements d'airs et de lumière.
Et bénie soit la photosynthèse, une sensation de chaleur lointaine finit par me frapper: la, au loin, à une cinquantaine de mètres au dessus du sol, j'apercevais des lueurs. J'm'y connaissais en flamme, et de toute évidence il s'agissait de torches. Donc, probablement de la "civilisation". Et le sang sur le sol semblait enfin s'arrêter. Bien. On avait une piste.
"Vous voyez quelque chose ?"
"Des lueurs, la bas. Suivez ma voix. J'suppose qu'c'est des habitations.
Et z'avez pas répondu: z'avez d'quoi faire du feu ou pas? J'propose pas mes branches au premier v'nu en temps normal. "
"Quelques restes de nourriture abandonné, de mon côté. Et rien pour faire de la lumière, je le crains..."
Des restes de bouffe? Ici? Ptet l'origine de tout ce sang? C'était ptet un de ces convois qu'on avait vu plus haut qui devait am'ner des réserves à ceux du bas, et avait eu un accident en cours de route. Un accident incluant du cannibalisme.
"Mh, autant se diriger vers ces lueurs alors. L'obscurité jouera à notre avantage. En attendant, faut faire quelque chose pour vos menottes."
Ah, oui, les menottes. Il ne m'avait pas encore répondu pour la masse.
"On va suivre ta suggestion et essayer de les casser. Doivent pas être bien solides. En tout cas pas comparé à ça."
J'avais aucune idée de ce dont il était en train de parler. Je percevais une forme longue dans le noir, ptet un bâton, ou une lance, comme la mienne. Mais pourquoi préférer ça à du contondant? C'était ptet un objet spécial. Mais avant que j'ai le temps de pousser ma réflexion, j'entendis un sourire un peu mesquin dans la voix du borgne:
"Leyna d'abord. Pose-toi au sol, je vais mettre mon poids dessus."
Ah, d'accord, il me faisait passer en dernier. J'imagine qu'il se trouvait drôle ou malin? Qu'importe, ce genre d'enfantillage me dérangeait beaucoup moins que ses propositions honteuses de m'transformer en machine à bébé...
En attendant qu'il termine, j'en profitai pour observer de nouveau les lueurs au loin, et clairement, il y avait du mouvement. Des gens donc. On allait vers un endroit habité. Fallait espérer que les gens la bas soient accueillant. Parce s'que s'il fallait casser quelques bouches pour pas s'faire emmerder ici, j'allais leur montrer aux cannibales que c'était vach'ment plus dur de mâcher sans dent... Ils avaient qu'à avoir des racines comme les gens bien fait, ces minables.
"Allez, à ton tour."
Visiblement, Sirius avait réussi son coup, et de ce que j'entendais (et du peu que j'apercevais), Leyna avait l'air de bouger ses bras librement désormais. Sans plus attendre, je me rapprochai de l'humain à taton, et mit mes bras dans la position qu'il demandait. Je pu voir de plus près l'outil qu'il utilisait pour le salut de notre mobilité manuelle: une sorte de trident, qui émanait d'une étrange énergie, à peine perceptible. Ce truc n'était pas un trident classique, pour sur. Probablement un artefact rare. Le genre de gadget que ces crétins de dieux avaient laissé trainé sans surveillance. Pour que le Sirius se promène avec un truc comme ça, c'est qu'il était définitiv'ment plein de ressource. Y avait plus qu'à espérer qu'il sache s'en servir.
Je sentis le poids de l'arme et de l'homme pesé sur mes chaines, mais je restai le plus immobile possible. Tout semblait bien se passer, la pression se faisait sentir, quand d'un coup, l'arme dérapa, et alla racler sur mon bras. Cette fois ci ça n'était pas un de ces petits chocs que mon écorce brulée repoussait sans problème: non, je senti clairement mon bois se fendre sur la longueur.
"KRMRJRMLRJR!"
D'un grand craquement, je sentis les chaines qui me retenaient se briser, au même titre qu'une partie de l'écorce de mon bras. Je me mis immédiatement à sautiller de douleur, serrant les doigts, tenant mon bras, les racines crispées, tentant de s'enfoncer dans le sol, en vain. Comment disait on déjà? ça faisait, ça faisait...?
Ah oui.
CA FAISAIT MAL BON SANG D'BONNE SEVE!!!
"Désolé, fait noir comme le cul d'une taupe, ici."
"ESPECE DE....
Non, Drac, non, il avait raison, c'était clair'ment un accident cette fois. Il avait l'air stupide et mesquin par moment, mais j'avais clair'ment senti l'arme dérapée sous son poids. Fallait que j'me canalise, pas que j'tombe dans l'jeu du blame...
"Krmmmmmmm... Je veux...dire...Merci... Erk... Heureus'ment que j'ai d'l'écorce et pas d'la peau...
Alors que mes racines toujours crispées essayaient en vain de s'enfoncer la où elle pouvait, je réalisai que depuis qu'on avait attiré ici, le sang écœurant qui couvrait le sol m'avait fait zappé un détail important: il n'y avait pas de terre ici. Que d'la roche. Un problème de plus pour moi, mais surtout...
"Bon... Accident mis à part, on est pas dans la "nature", sous l'sang et tout l'reste c'est que d'la pierre. J'arrive pas à sentir si elle est pavé, mais clair'ment, s'pas une structure naturelle ici...
Ensuite, faite gaffe: les lueurs sont un peu en hauteur, y aura ptet de l'escalade à faire. Aussi, y a clair'ment du monde qui bouge au niveau des lumières. Faut espérer qu'ils soient pas relou comme l'aut' malheureuse qu'vous avez aider... Mais..."
Je poussai un équivalent de soupir, mes feuilles restantes frémissant dans un bruit de vibration: il me saoulait ptet ces deux la, mais c'était pas une raison pour souhaiter qu'ils se fassent dévorer par les locaux.
"S'ils sont au stade de bouffer d'aut' personne de chair et d'sang, faite gaffe à vous quoi...
Si vous êtes prêt, j'vous propose de commencer à bouger. "
"Nous n'avons pas autre-chose à faire qu'explorer ces ruelles. Mais je sens que ce qui s'y trame ne va pas nous plaire..."
« Ouais, c’est sûr qu’on est pas dans un endroit plaisant. Mieux vaut qu’on aille voir du côté de ces lumières. Tant qu’on reste dans l’ombre et qu’on fait pas de bruit, ça devrait aller. »
Je me rendis compte que Sirius me tendait une fiole, qui à l'odeur semblait être une potion de soin. Sur'ment pour mon bras. C'était... une bonne initiative de sa part. A se demander combien il en avait encore de potion du genre.
"Je n'vous l'fait pas dire. Et merci pour la potion, j'vais prendre ça."
Récupérant la fiole proposée, je plantai deux doigts à l'intérieur, ceux de ma main blessé, essayant de forcer un peu l'absorption. Puis, je suivi le pas des deux autres, en direction des mystérieuses lumières ,en me demandant comment Yliria et les autres s'en sortaient de leur coté, et en me demandant si le cadeau empoisonné que j'avais laissé au soleil noir avait déjà fait parlé sa nature chaotique ou non.
Qu'importe, pour le moment, fallait qu'on voit comment se poser, et se réorganiser pour la suite. Je gardais ma masse à portée, prêt à faire comprendre au premier emmerdeur que j'avais pas attendu d'apprendre la magie pour être dangereux.
- Cromax
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- Enregistré le : mar. 26 déc. 2017 20:51
Re: Les Bouges
La Cité des Ombres
Les Bouges
Les Bouges
Jour 2 – Mi-journée.
Ezak s’écarta de ses alliés pour faire face à la magicienne de noir vêtue. Une fois à bonne distance, une distance suffisante pour qu’ils n’entendent rien de la conversation ni ne puissent intervenir rapidement en cas de pépin, elle se tourna vers lui d’un air lascif.
“Alors comme ça tu ne peux plus te passer de moi, petit guerrier ? Tu tiens donc si peu à ta queue, ou elle est si réduite que tu ne crains pas de la perdre ?”
Xël se retrouvait donc en la compagnie d’Ezra et de Lyrie. Une muette et une nerveuse. Cette dernière haussa un sourcil à la tentative de Xël de la rassurer.
“On ne sait rien d’elle, et vous semblez continuer de la sous-estimer. On doit rester prudents. Je ne sais même pas moi-même qui c’est et ce qu’elle fout là alors que vu ses pouvoirs et leur usage non pondéré, elle devrait avoir été jetée aux Tréfonds. Elle est sans doute devenue cinglée ici...”
Lyrie continuait d’observer en silence, sans intervenir de la moindre façon que ce soit.
____________________________
Il avait donc été décidé qu’Akihito et Mathis, à peine retrouvés, allaient de nouveau faire route à part. Alors que le mi-norien s’en retournait vers le bastion, Thyers répondit à Mathis d’un ton aussi troublé qu’amusé, non sans un brin d’agressivité.
“T’as du culot, mon gars. Comme si on allait s’amuser à soigner le moindre condamné qui viendrait faire le malin autour du Bastion Noir.”
Son rictus mi-rieur s’effaça, et il approcha son visage de celui de Mathis de manière plus menaçante.
“Que ce soit clair, raclure : j’me fous de savoir quelle mission t’es censé avoir reçue de la cité supérieure. J’en crois pas un mot, et si je suis là, c’est parce que ton histoire de message m’a rendu curieux. Alors j’vais t’amener voir les filles, et tu vas tout me raconter comme c’est prévu. Le seul danger que tu rencontreras, ça sera ma lame. Parce que si ton histoire me plait pas, et vu qu’elle concerne Vala’ar c’est mal barré, j’te laisse pourrir en morceaux au coin d’une ruelle.”
Il commença à marcher, laissant Mathis le suivre.
Akihito, de son côté, s’approcha du Bastion et dut faire face à Médalie qui ressortait de l’édifice, lui faisant face d’un air surpris.
“Hé bah ? T’as pas parti te faire sauter la nouille avec ton crétin de pote ? C’est ton copain Somnis qui te manque déjà, ou tu t’es dit que Russelle pourrait satisfaire tes envies mieux qu’une pute ?”
Elle approcha son visage de celui d’Akihito.
“Si c’est le cas, pas touche : j’l’ai vue avant toi.”
_________________________________
L’arbre, la bleuette et le pirate s’étaient enfin extirpés de leurs menottes, même si ces deux derniers en gardaient les bracelets d’acier et courts morceaux de chaine autour des poignets.
Ils avaient décidé de suivre la voie des lueurs de torches, et s’avancèrent à l’aveuglette dans les ruelles sombres et tortueuses qui s’en rapprochaient. Dans ce silence presque complet, ils purent entendre à l’occasion des bruits de chaines proches dont ils ne pouvaient percevoir l’orgine, des hurlements trop lointains pour en discerner réellement la nature. Rien ne leur arriva cependant, et ils parvinrent à rejoindre la base de la bâtisse où les sources lumineuses avaient été aperçues. Quatre à six mètres au-dessus de leur position, des torches éclairaient un toit, d’où provenaient de discrètes voix qui devisaient sans qu’ils en comprennent goutte, trop éloignés. À tâter les murs, lisses de prises et rugueux comme de la pierre de taille, rien ne laissait présager un moyen d’escalader l’édifice.
Alors qu’ils examinaient cela, des pas et bruits d’armure se firent entendre plus loin dans la ruelle, se rapprochant d’eux. La lueur de pâles lanternes révéla bientôt la présence d’une troupe peu engageante. Des guerriers apparemment bien équipés, totalement vêtus de noir. La plupart avait le visage masqué par des casques cornus démoniaques. Au centre de leur formation, qui s’arrêta brusquement à votre présence révélée, une femme au visage découvert, cheveux d’ébène, s’avança.

Sa voix, bien que décidée et assurée, était douce, et son ton presque rassurant.
“Que voilà de curieux personnages. Nouveaux venus ?”
________________________________
Huyïn découvrit un corps plutôt normal sous les frusques rouges du Carmin à la tête explosée. Émacié, certes, mais pas de la nature du bas de son visage. Faits notables cependant, il n’avait ni tétons ni testicules, bien que totalement dénudé. Un appendice long et lisse, sans gland, remplaçait le pénis d'aventures présent chez les individus mâles. La robe, elle, était tâchée de sang, même si ça se voyait bien peu sur l’écarlate de sa teinte. Un mantel élégant, unicolore, qui ne contenait pas la moindre possession.
Les deux chevaliers le laissèrent partir par la voie choisie. Il aperçut la planque de Rika, dans un recoin sombre de la paroi, une anfractuosité où elle avait vue sur le campement sans se faire voir.
Il parcourut le boyau, avançant longuement dans des voies tortueuses qui semblaient remonter. Privé de toute lumière à part l’iridescence des murs, il ne voyait pas très loin. À un moment, il aperçut au loin deux silhouettes en train de deviser, qui ne semblaient pas l’avoir aperçu. Pour le moment du moins. L’une d’elles était sans doute familière : un guerrier à l’armure d’écailles violettes faisant partie des yuimeniens. Ezak de son prénom. Face à lui, une femme en robe noire, cheveux ébouriffés, la peau pâle et le visage rieur.

(L’apparence de la femme est uniquement à prendre en compte. Ses habits, ses traits. Il n’y a ni chaines, ni populace.)
[HJ : Mathis et Aki / Xël et Ezak : discussions possibles dans vos parties RP respectives sur discord. Hart, Leyna, Drac : on peut discuter dans votre partie commune avec cette nouvelle rencontre. Huyïn : préviens-moi de ta réaction face à cette apparition : les apostrophes-tu en te faisant connaître (je créerai un sujet pour Ezak et toi), restes-tu à bonne distance en essayant de te cacher/de repartir en arrière, t’approches-tu discrètement pour tenter d’écouter ce qui se dit, etc. ? Je te préciserai quoi faire en fonction.]
[XP :
Ezak : 0,5 (gestion de la situation)
Mathis : 0,5 (tentative)
Hart : 0,5 (discussion), 0,5 (libération)
Leyna : 0,5 (départ)
Huyïn : 0,5 (discussion), 0,5 (fouille et départ), 2 (rencontre avec Dangmar(s))
Xël : 0,5 (mise à l’écart)
Akihito : 1 (discussions), 0,5 (décision)
Dracaena : 0,5 (discussion), 0,5 (décision)]
- Mathis
- Messages : 205
- Enregistré le : jeu. 20 déc. 2018 00:30
Re: Les Bouges
A ma requête que je considérais important vu mon état, Thyers me répondit, apparemment surpris.
“T’as du culot, mon gars. Comme si on allait s’amuser à soigner le moindre condamné qui viendrait faire le malin autour du Bastion Noir.”
Puis changeant d’expression, il approcha son visage près du mien et d’un air menaçant, il rajouta:
“Que ce soit clair, raclure : j’me fous de savoir quelle mission t’es censé avoir reçue de la cité supérieure. J’en crois pas un mot, et si je suis là, c’est parce que ton histoire de message m’a rendu curieux. Alors j’vais t’amener voir les filles, et tu vas tout me raconter comme c’est prévu. Le seul danger que tu rencontreras, ça sera ma lame. Parce que si ton histoire me plait pas, et vu qu’elle concerne Vala’ar c’est mal barré, j’te laisse pourrir en morceaux au coin d’une ruelle.”
Cela dit, il se mit en route sans attendre. Je le rattrapai et marchai à ses côtés.
Si Akihito avait eu une mission de la cité supérieure, cela n’avait pas été mon cas. Et j’avais pas l’intention de lui mentir à ce sujet. Je n’avais pas de scrupules à mentir, mais je préférais m’en abstenir lorsque cela n’était pas nécessaire. J’avais appris avec le temps qu’il faut une bonne mémoire pour ne pas se perdre dans tous ses mensonges.
Je lui répondis donc franchement.
« Dans un milieu comme celui-ci, j’ai vite constaté qu’il faut du culot pour pouvoir survivre et je ne perdais rien à demander...Pour ma part, je n’ai reçu aucune mission. J’ai été jugé pour demeurer six mois ici... Mais je pense que peu importe le nombre de jours de la sentence, ils ne se préoccupent plus de nous après une fois que nous sommes dans les bouges. Après que je vous aurai expliqué au sujet de Vala’ar mon seul objectif sera de retourner chez moi avec mes compagnons. »
Bien entendu, il n’était aucunement surpris de ma déclaration.
"Ouais, un bagnard. Ca tout le monde l'avait bien compris. Et de fait, personne va s'intéresser à la durée de ta sentence. Mais garde-la bien en tête, si tu veux sortir à temps. Ou échouer en essayant."
Il inspire, expire, puis s'exprime d'un ton neutre :
"Vas-y, dis-moi c'que tu as à me dire sur Vala'ar."
Garder en tête la durée de ma sentence, je me demandais bien pourquoi. Je comptais bien lui demander une fois que je lui aurais expliqué pour Vala’ar.
"Tout d'abord lorsque Akihito l'a rencontré, j'étais demeuré en retrait à la demande de Akihito afin de ne pas le nuire dans sa mission. Vala'ar les a conduits quelque part Maia je n'ai pas pu les suivre, j'ai été bloqué par une horde de squelettes mort vivant. Bref j'ai erré dans les ruelles et j'étais complètement perdu. Vala'ar s'est alors présenté à moi délibérément sous sa véritable nature Roi des mort-vivants. Enfermé dans un cage il m'offrit deux options: devenir son esclave ou être condamné à manger ma propre chair. J'ai refusé et j'ai réussi à m'extirper de la cage. Alors que jai ensuite tenté de fuir, il m'a intercepté et proposé une autre option, celle de vous retrouver et de vous faire boire à votre insu le contenu complet de cette fiole "
Ce disant, je lui montrai la fiole puis la rangeai.
"Il m'expliqua que cette fiole vous ferait oublier tout souvenir concernant sa vraie nature. Je devais la boire également afin d’oublier aussi."
Je m’arrêtai quelques secondes regardant l'expression de mon interlocuteur
"Je ne lui faisais pas confiance mais je devais m'éloigner de lui. Alors j'ai accepté. Il m'a indiqué comment me rendre au bastion et m'a dit qu'il allait me traquer. Je devais donc au moins entrer en contact avec vous. Après que Akihito m'a dit que Vala'ar l'avait piégé cela m'a confirmé que je ne pouvais pas faire confiance à Vala'ar...J'ai donc décidé de vous dévoiler ses intentions. D'après moi la fiole contient du poison."
21 avril 2025
Sous le choc de ma déclaration, le chevalier s’était arrêté. Les dents serrées, il contint sa colère avant de déclarer un peu pour lui-même
"J'le savais que c'était un putain de traître."
Il se tourna ensuite vers moi:
"Je vois clair dans ton jeu, mon gars. T'essaies de gagner ma confiance en me balançant ce que je veux entendre sur lui pour mieux me la mettre à l'envers."
Pointant sa masse vers moi, il rajouta:
"Je crois ce que tu dis sur lui. Et ça en fait un ennemi de l'ordre. Mais tu l'as trahi en me le disant, t'as donc le sang d'un félon en toi."
Après un certain moment d’hésitation, il rajouta
"File les fioles. Et pas de coup fourré sinon je t'éclate la tête."
Akihito m’avait prévenu, Thyers était un homme méfiant. En fait, je n’étais dans ces bouges que quelques heures et je considérais que la méfiance était en fait un atout pour y survivre.
"Et non, je ne vous la fait pas à l'envers comme vous dites. Je vous ai dit toute la vérité car j'ai choisi mon camp et ce n'est pas celui de Vala'ar. Contrairement à lui, vous avez aidé Akihito et le chevalier qui l'accompagnait. Je vous fais davantage confiance. En ce qui concerne la fiole... il n'y a qu'une et pas deux. Normalement après l'avoir vidé une première fois, je devais attendre vingt-quatre heures pour qu'elle se recharge et la boire ensuite. Menez-moi au bordel comme convenu. Et je vous remettrai la fiole sans hésiter et de bon gré."
Surpris, il dit:
"Une fiole qui se recharge ? Sorcellerie !"
Après avoir craché par terre, il rajouta:
"On va plutôt faire comme ça : tu la détruis ici, et une fois cela fait je te mène comme prévu chez ces dames."
Comme je m’y attendais un peu, il refusa mon offre, et suggéra plutôt de la détruire. Je lui proposai alors une alternative.
"Et comment la détruire ? Si nous la vidons une première fois au sol...on la videra une seconde fois une fois au bordel... je suppose qu'il aura connaissance qu’elle s’est vidé deux fois et il pensera que j'ai accompli ma mission. Ainsi il nous laissera tranquille. Si nous étions certains que la potion ne fait qu'effacer la mémoire on pourrait l'administrer à un mort vivant rencontré en chemin...mais on ne peut pas risqué de tuer quelqu'un d’innocent comme ça."
Cette proposition ne lui plaisait pas davantage.
"Tu te fous de moi ? Cette fiole ira nulle part où je serai. Balance-la au sol, et si ça ne suffit pas je l'écrase. Comme si Vala'ar avait un pouvoir de contrôle de la fiole à distance... Il a des alliés infiltrés, ouais. Pour vérifier que son petit larbin a bien fait le travail."
Après avoir poussé un grand soupir, il rajouta:
"Je comprends rien à tes histoires de mort-vivant, mais ouais Vala'ar règne sur cet immonde quartier de cannibales et de crève-la-faim. Vu comme t'es bavard, pas étonnant qu'il veuille que tu l'oublies aussi. En revanche, une chose : personne n'est innocent ici. Personne. On est au milieu d'une putain de prison."
Contrairement à lui, je croyais qu’il était possible que Vala’ar puisse contrôler une fiole à distance… avec tout ce que j’avais vécu dans mes aventures précédentes, sur Aliéanon surtout, mais aussi dans le monde des fées, je ne rejetai aucune hypothèse, tout était possible. Mais je comprenais aussi que dans ce monde où la magie était interdite, qu’il était plus difficile d’imaginer ce genre de choses.
"Je me méfie de Vala'ar. Il se doutait probablement que je ne réussirais pas à te la faire boire en entier... Donc, il n'y a peut-être pas qu'un liquide là-dedans, mais aussi un gaz qui pourrait nous asphyxier dès qu'on l'ouvre. Donc oui, je vais la jeter, mais à une bonne distance de nous. "
Ce disant, j'empoigne la fiole et je la lançai le plus loin possible, tout en regardant où elle allait choir et si elle allait se briser en touchant le sol.
"Tes précautions sur cette fiole sont suspectes"
Oui, je devenais sûrement un peu parano, mais je considérais que ce n’était pas une mauvaise chose, vu les circonstances.
À mon grand soulagement, la fiole se brisa sur un mur et un liquide verdâtre coula sur le sol, sans que rien d'autre ne se produise. L’avenir me dirait bien assez vite, si Vala’ar allait s’en rendre compte et s’il allait se venger.
Me sortant de mes réflexions, Thyers me dit:
"Bon. On y va ?"
"Je me retrouve dans un monde où tout m'est inconnu, j'ai perdu mes références, j'ai alors tendance à me méfier..." lui expliquai-je
"Oui, je suis prêt." Dis-je après avoir poussé un soupir de soulagement.
Il rajouta alors.
"Tu vas te faire défoncer pour avoir trahi Vala'ar."
C’était un risque en effet.
Il se remit en route et je le suivis
"C'était trahir lui ou vous, j'ai fait mon choix."
"Donc t'as plus peur de moi que de lui ?"
Je lui répondis sans détour.
"En fait, j'ai accepté son marché afin de m'éloigner de lui. Et une fois ici, Akihito m'a raconté que Vala'ar l'avait piégé alors que toi tu l'as guidé jusqu'au Bastion... donc j'ai plus confiance en toi qu'en lui."
"Tu me tutoies pas, bougeux. Je suis le Chevalier Thyers, et toi t'es rien ici. T'accorde trop vite ta confiance, mon gars. Ça te jouera des tours. C'est par devoir que j'ai mené ces chevaliers au Bastion. C'est tout."
Je m’étais permis de le tutoyer, puisqu’il faisait de même avec moi. Mais il m’avait vite fait comprendre que son statut le permettait et non pas le mien.
"J'en prends bonne note."
Il n’avait pas tort, il ne fallait pas que je fasse confiance trop rapidement, cependant je jugeais qu’il était un homme droit, même s’il affirmait qu’il avait conduit Akihito et Khalor au bastion que par devoir.
Je laissai s'écouler quelques secondes avant de reprendre:
"Puisqu'on a un petit bout de chemin avant le bordel, vous accepteriez de m'en dire plus sur ce monde ? Ça me permettrait d'éviter de faire d'autres bourdes."
Il grogna un peu, mais me répondit tout de même.
"J'suis pas un guide touristique. Mais si t'as des questions pertinentes pour pas te faire détruire en moins d'un jour, pose toujours."
" En fait, j'aimerais savoir qu'elle est la monnaie courante ici. Dans les niveaux supérieures cela semblait l'or. Je vais avoir besoin de me restaurer au bordel, mais surtout de me faire soigner. J'imagine que ces femmes attirent pleins de gens, y compris les soigneurs."
"Hmf. Ca dépend avec qui. L'or reste universel. Mais ça peut être plus direct : la bouffe est rare et aussi précieuse que l'or. Les équipements, tout ce qui pourrait apporter de la sécurité, de la facilité de vie ou de survie. De la chair, même, pour certains. Des corps défaits. Ou des... missions, comme ce que Kilmun Vala'ar a tenté avec toi."
Je gardai le silence demeurant dans mes pensées, repensant à notre conversation, puis une question me revint en tête, celle que j’avais eu au tout début de notre conversation.
"Tout à l'heure, vous avez déclaré, que je devais garder en tête la durée de ma sentence si je voulais sortir à temps... mais pourquoi ? Que se passe-t-il alors ? "
"Hé bien... Tu pourrais oublier de sortir. Si t'y vas trop tôt ils vont te jeter. Si t'y vas trop tard ils te considèreront comme disparu."
Je n'avais plus de questions pour le moment, je poursuivis la marche tout en demeurant silencieux, en demeurant alerte, mes sens en éveil, on ne savait pas quel danger tout attendait à chaque coin de rue.
“T’as du culot, mon gars. Comme si on allait s’amuser à soigner le moindre condamné qui viendrait faire le malin autour du Bastion Noir.”
Puis changeant d’expression, il approcha son visage près du mien et d’un air menaçant, il rajouta:
“Que ce soit clair, raclure : j’me fous de savoir quelle mission t’es censé avoir reçue de la cité supérieure. J’en crois pas un mot, et si je suis là, c’est parce que ton histoire de message m’a rendu curieux. Alors j’vais t’amener voir les filles, et tu vas tout me raconter comme c’est prévu. Le seul danger que tu rencontreras, ça sera ma lame. Parce que si ton histoire me plait pas, et vu qu’elle concerne Vala’ar c’est mal barré, j’te laisse pourrir en morceaux au coin d’une ruelle.”
Cela dit, il se mit en route sans attendre. Je le rattrapai et marchai à ses côtés.
Si Akihito avait eu une mission de la cité supérieure, cela n’avait pas été mon cas. Et j’avais pas l’intention de lui mentir à ce sujet. Je n’avais pas de scrupules à mentir, mais je préférais m’en abstenir lorsque cela n’était pas nécessaire. J’avais appris avec le temps qu’il faut une bonne mémoire pour ne pas se perdre dans tous ses mensonges.
Je lui répondis donc franchement.
« Dans un milieu comme celui-ci, j’ai vite constaté qu’il faut du culot pour pouvoir survivre et je ne perdais rien à demander...Pour ma part, je n’ai reçu aucune mission. J’ai été jugé pour demeurer six mois ici... Mais je pense que peu importe le nombre de jours de la sentence, ils ne se préoccupent plus de nous après une fois que nous sommes dans les bouges. Après que je vous aurai expliqué au sujet de Vala’ar mon seul objectif sera de retourner chez moi avec mes compagnons. »
Bien entendu, il n’était aucunement surpris de ma déclaration.
"Ouais, un bagnard. Ca tout le monde l'avait bien compris. Et de fait, personne va s'intéresser à la durée de ta sentence. Mais garde-la bien en tête, si tu veux sortir à temps. Ou échouer en essayant."
Il inspire, expire, puis s'exprime d'un ton neutre :
"Vas-y, dis-moi c'que tu as à me dire sur Vala'ar."
Garder en tête la durée de ma sentence, je me demandais bien pourquoi. Je comptais bien lui demander une fois que je lui aurais expliqué pour Vala’ar.
"Tout d'abord lorsque Akihito l'a rencontré, j'étais demeuré en retrait à la demande de Akihito afin de ne pas le nuire dans sa mission. Vala'ar les a conduits quelque part Maia je n'ai pas pu les suivre, j'ai été bloqué par une horde de squelettes mort vivant. Bref j'ai erré dans les ruelles et j'étais complètement perdu. Vala'ar s'est alors présenté à moi délibérément sous sa véritable nature Roi des mort-vivants. Enfermé dans un cage il m'offrit deux options: devenir son esclave ou être condamné à manger ma propre chair. J'ai refusé et j'ai réussi à m'extirper de la cage. Alors que jai ensuite tenté de fuir, il m'a intercepté et proposé une autre option, celle de vous retrouver et de vous faire boire à votre insu le contenu complet de cette fiole "
Ce disant, je lui montrai la fiole puis la rangeai.
"Il m'expliqua que cette fiole vous ferait oublier tout souvenir concernant sa vraie nature. Je devais la boire également afin d’oublier aussi."
Je m’arrêtai quelques secondes regardant l'expression de mon interlocuteur
"Je ne lui faisais pas confiance mais je devais m'éloigner de lui. Alors j'ai accepté. Il m'a indiqué comment me rendre au bastion et m'a dit qu'il allait me traquer. Je devais donc au moins entrer en contact avec vous. Après que Akihito m'a dit que Vala'ar l'avait piégé cela m'a confirmé que je ne pouvais pas faire confiance à Vala'ar...J'ai donc décidé de vous dévoiler ses intentions. D'après moi la fiole contient du poison."
21 avril 2025
Sous le choc de ma déclaration, le chevalier s’était arrêté. Les dents serrées, il contint sa colère avant de déclarer un peu pour lui-même
"J'le savais que c'était un putain de traître."
Il se tourna ensuite vers moi:
"Je vois clair dans ton jeu, mon gars. T'essaies de gagner ma confiance en me balançant ce que je veux entendre sur lui pour mieux me la mettre à l'envers."
Pointant sa masse vers moi, il rajouta:
"Je crois ce que tu dis sur lui. Et ça en fait un ennemi de l'ordre. Mais tu l'as trahi en me le disant, t'as donc le sang d'un félon en toi."
Après un certain moment d’hésitation, il rajouta
"File les fioles. Et pas de coup fourré sinon je t'éclate la tête."
Akihito m’avait prévenu, Thyers était un homme méfiant. En fait, je n’étais dans ces bouges que quelques heures et je considérais que la méfiance était en fait un atout pour y survivre.
"Et non, je ne vous la fait pas à l'envers comme vous dites. Je vous ai dit toute la vérité car j'ai choisi mon camp et ce n'est pas celui de Vala'ar. Contrairement à lui, vous avez aidé Akihito et le chevalier qui l'accompagnait. Je vous fais davantage confiance. En ce qui concerne la fiole... il n'y a qu'une et pas deux. Normalement après l'avoir vidé une première fois, je devais attendre vingt-quatre heures pour qu'elle se recharge et la boire ensuite. Menez-moi au bordel comme convenu. Et je vous remettrai la fiole sans hésiter et de bon gré."
Surpris, il dit:
"Une fiole qui se recharge ? Sorcellerie !"
Après avoir craché par terre, il rajouta:
"On va plutôt faire comme ça : tu la détruis ici, et une fois cela fait je te mène comme prévu chez ces dames."
Comme je m’y attendais un peu, il refusa mon offre, et suggéra plutôt de la détruire. Je lui proposai alors une alternative.
"Et comment la détruire ? Si nous la vidons une première fois au sol...on la videra une seconde fois une fois au bordel... je suppose qu'il aura connaissance qu’elle s’est vidé deux fois et il pensera que j'ai accompli ma mission. Ainsi il nous laissera tranquille. Si nous étions certains que la potion ne fait qu'effacer la mémoire on pourrait l'administrer à un mort vivant rencontré en chemin...mais on ne peut pas risqué de tuer quelqu'un d’innocent comme ça."
Cette proposition ne lui plaisait pas davantage.
"Tu te fous de moi ? Cette fiole ira nulle part où je serai. Balance-la au sol, et si ça ne suffit pas je l'écrase. Comme si Vala'ar avait un pouvoir de contrôle de la fiole à distance... Il a des alliés infiltrés, ouais. Pour vérifier que son petit larbin a bien fait le travail."
Après avoir poussé un grand soupir, il rajouta:
"Je comprends rien à tes histoires de mort-vivant, mais ouais Vala'ar règne sur cet immonde quartier de cannibales et de crève-la-faim. Vu comme t'es bavard, pas étonnant qu'il veuille que tu l'oublies aussi. En revanche, une chose : personne n'est innocent ici. Personne. On est au milieu d'une putain de prison."
Contrairement à lui, je croyais qu’il était possible que Vala’ar puisse contrôler une fiole à distance… avec tout ce que j’avais vécu dans mes aventures précédentes, sur Aliéanon surtout, mais aussi dans le monde des fées, je ne rejetai aucune hypothèse, tout était possible. Mais je comprenais aussi que dans ce monde où la magie était interdite, qu’il était plus difficile d’imaginer ce genre de choses.
"Je me méfie de Vala'ar. Il se doutait probablement que je ne réussirais pas à te la faire boire en entier... Donc, il n'y a peut-être pas qu'un liquide là-dedans, mais aussi un gaz qui pourrait nous asphyxier dès qu'on l'ouvre. Donc oui, je vais la jeter, mais à une bonne distance de nous. "
Ce disant, j'empoigne la fiole et je la lançai le plus loin possible, tout en regardant où elle allait choir et si elle allait se briser en touchant le sol.
"Tes précautions sur cette fiole sont suspectes"
Oui, je devenais sûrement un peu parano, mais je considérais que ce n’était pas une mauvaise chose, vu les circonstances.
À mon grand soulagement, la fiole se brisa sur un mur et un liquide verdâtre coula sur le sol, sans que rien d'autre ne se produise. L’avenir me dirait bien assez vite, si Vala’ar allait s’en rendre compte et s’il allait se venger.
Me sortant de mes réflexions, Thyers me dit:
"Bon. On y va ?"
"Je me retrouve dans un monde où tout m'est inconnu, j'ai perdu mes références, j'ai alors tendance à me méfier..." lui expliquai-je
"Oui, je suis prêt." Dis-je après avoir poussé un soupir de soulagement.
Il rajouta alors.
"Tu vas te faire défoncer pour avoir trahi Vala'ar."
C’était un risque en effet.
Il se remit en route et je le suivis
"C'était trahir lui ou vous, j'ai fait mon choix."
"Donc t'as plus peur de moi que de lui ?"
Je lui répondis sans détour.
"En fait, j'ai accepté son marché afin de m'éloigner de lui. Et une fois ici, Akihito m'a raconté que Vala'ar l'avait piégé alors que toi tu l'as guidé jusqu'au Bastion... donc j'ai plus confiance en toi qu'en lui."
"Tu me tutoies pas, bougeux. Je suis le Chevalier Thyers, et toi t'es rien ici. T'accorde trop vite ta confiance, mon gars. Ça te jouera des tours. C'est par devoir que j'ai mené ces chevaliers au Bastion. C'est tout."
Je m’étais permis de le tutoyer, puisqu’il faisait de même avec moi. Mais il m’avait vite fait comprendre que son statut le permettait et non pas le mien.
"J'en prends bonne note."
Il n’avait pas tort, il ne fallait pas que je fasse confiance trop rapidement, cependant je jugeais qu’il était un homme droit, même s’il affirmait qu’il avait conduit Akihito et Khalor au bastion que par devoir.
Je laissai s'écouler quelques secondes avant de reprendre:
"Puisqu'on a un petit bout de chemin avant le bordel, vous accepteriez de m'en dire plus sur ce monde ? Ça me permettrait d'éviter de faire d'autres bourdes."
Il grogna un peu, mais me répondit tout de même.
"J'suis pas un guide touristique. Mais si t'as des questions pertinentes pour pas te faire détruire en moins d'un jour, pose toujours."
" En fait, j'aimerais savoir qu'elle est la monnaie courante ici. Dans les niveaux supérieures cela semblait l'or. Je vais avoir besoin de me restaurer au bordel, mais surtout de me faire soigner. J'imagine que ces femmes attirent pleins de gens, y compris les soigneurs."
"Hmf. Ca dépend avec qui. L'or reste universel. Mais ça peut être plus direct : la bouffe est rare et aussi précieuse que l'or. Les équipements, tout ce qui pourrait apporter de la sécurité, de la facilité de vie ou de survie. De la chair, même, pour certains. Des corps défaits. Ou des... missions, comme ce que Kilmun Vala'ar a tenté avec toi."
Je gardai le silence demeurant dans mes pensées, repensant à notre conversation, puis une question me revint en tête, celle que j’avais eu au tout début de notre conversation.
"Tout à l'heure, vous avez déclaré, que je devais garder en tête la durée de ma sentence si je voulais sortir à temps... mais pourquoi ? Que se passe-t-il alors ? "
"Hé bien... Tu pourrais oublier de sortir. Si t'y vas trop tôt ils vont te jeter. Si t'y vas trop tard ils te considèreront comme disparu."
Je n'avais plus de questions pour le moment, je poursuivis la marche tout en demeurant silencieux, en demeurant alerte, mes sens en éveil, on ne savait pas quel danger tout attendait à chaque coin de rue.
- Xël
- Messages : 360
- Enregistré le : mar. 25 déc. 2018 14:50
Re: Les Bouges
Ezak s’éloigne avec la sorcière tandis que je reste avec la muette qui se fait discrète et la nerveuse qui s’agace.
“On ne sait rien d’elle, et vous semblez continuer de la sous-estimer. On doit rester prudents. Je ne sais même pas moi-même qui c’est et ce qu’elle fout là alors que vu ses pouvoirs et leur usage non pondéré, elle devrait avoir été jetée aux Tréfonds. Elle est sans doute devenue cinglée ici...”
« Oooooh je ne la sous estime pas. Mais Ezak est capable de se défendre et je me dis que si elle est venu au rendez-vous c’est que quelque chose l’intéresse. »
Qui ne deviendrait pas cinglé ici ? Pas de lumière du jour, pas d’air frais, pas d’eau ni de nourriture sans se battre pour l’obtenir. C’est pire que la vie sauvage et pire qu’une cage et le pire c’est qu’il n’y a aucun espoir de s’en échapper, pas même par la mort. Mais il n’est pas encore temps pour moi de céder du terrain au désespoir. Je suis reposé, j’ai eu le droit à un petit déjeuner et hormis mes blessures je me sens plutôt en forme et une forme de curiosité m’occupe l’esprit pour ne pas penser au pire. Je ferme les yeux, voulant me priver de la vue pour developper mes autres sens.
« Tu penses pouvoir m’apprendre à sentir les résidus magiques ? »
Car c’est ça qui m’intéresse, pouvoir moi aussi détecter les présences de mage. J’avais déjà ressenti ce genre de choses. Avec Bogast, face au vent marin qui glissait sur les plaines de Kendra Kâr. J’efface les images des prairies vertes surplombant la cité blanche et l’océan devant elle, reflétant les rayons du soleil comme mille miroirs. J’en étais bien loin.
"Non. C'est au terme d'un entraînement long et tenu secret que nous apprenons à le faire."
« Très bien. J’apprendrais seul. »
Dis-je simplement, m’attendant à ce genre de réponse. J’inspire alors longuement, laissant les senteurs de roche, de vieille terre, de sueur et de renfermé me faire froncer le nez avant d’expirer pour me concentrer. Je dois ressentir. Ressentir la dureté et la fraicheur de la roche contre mon dos malgré mon armure. J’effleure les parois du bout des doigts pour en dessiner dans mon esprit les creux, les bosses, les fêlures, les zones plus rugueuses et les zones plus lisses. Je me concentre ensuite sur mon ouïe, distinguant les bribes de conversation entre Ezak et la sorcière au loin sans en comprendre les mots, les grincements de mon armure, la danse virevoltante des flammes, les mouvements agacés d’Ezra et la respiration discrète de la muette.
« Tu crois qu’on va devoir se taper la présence de l’autre cinglée ? »
C’est comme si Ezra venait de parler directement dans mon oreille. Je ressens presque comme une agression le fait qu’elle est brisée le silence qui s’était installé. Je lui répond que j’ai espoir que non mais garde pour moi que j’estime qu’Ezak prend un trop grand risque en lui proposant de nous accompagner. Ezra demande alors ce que nous devrons faire si Ezak veut de sa compagnie.
« On devra surveiller une personne de plus. »
« De plus ? »
Répond-elle et je pouvais alors ressentir son air soupçonneux sans ouvrir les yeux. Je m’amuse à penser que j’ai fait un énorme progrès en très peu de temps. Pour ma part, surveiller est un grand mot, disons plutôt que je me méfie. Il n’est jamais très rassurant d’avoir une pourfendeuse de mage dans le dos.
« Oui, enfin surtout toi. »
Me justifiais-je simplement avant de humer l’air pour me plonger à nouveau dans mon environnement et en dessiner les contours sur mes paupières closes.
« Tu as aussi mangé une banane ce matin ? »
Pas vraiment de réponse, je ne peux que le supposer aux restes d’effluves de banane qui stagnent dans la galerie, mélangé à l’odeur de bave de la veille et de dents sales. J’inspire à nouveau avant d’expirer lentement, cherchant à distinguer qu’une once de parfum agréable.
« D’où provient l’air ici ? Je ne sens pas de courant d’air frais. »
"Il est là, c'est tout. Mais il circule pas beaucoup... c'est pour ça cette odeur stagnante de renfermé. En haut, il y a de l'aération via plusieurs canaux et puits."
Pas vraiment de réponse de ma part non plus et il est sûr que dans ces conditions je ne peux pas ressentir plus que ce qui m’entoure, mise à part peut être les émotions de la Chevaleresse qui ne cesse de soupirer. Peut-être que c’est un premier indice.
Une chose est certaine, je n’ai pas d’autre choix que d’entraîner mes autres sens car c’est le seul moyen de distinguer ce qu’on ne peut pas voir. J’ouvre doucement les yeux pour apercevoir Ezra comme je m’y attendais, impatiente.
« Je pensais à une chose. Tu marques un point quand tu parlais de ses pouvoirs et de sa façon d’en user. Combien de mages ça pourrait concerner ici si le Soleil Noir ne veut pas se frotter aux clans les plus puissants ? Pour moi ça signifie soit que le bouclier a encore de longues années devant lui soit que tout ça c’est un tas de grosses conneries pour vous faire peur et éviter que vous vous en serviez contre les lumineux… »
Ma théorie est des plus sérieuse et animée par une sincère curiosité. Des mages, il devait y en avoir un paquet dans ces galeries, tarés ou non. Et si ils sont plus ou moins semblables à la sorcière de la Horde alors des sorts il devait y en avoir tous les jours balancés à tout va. Si c’était si dangereux pour le fameux bouclier pourquoi les lumineux ne venait tout simplement pas purger la cité inférieure ?
Contre toute attente, elle admet avec difficulté après un court silence qu’elle n’en sait rien.
"On est une milice, on obéit à nos supérieurs. Eux savent sans doute. On leur fait confiance, c'est comme ça que ça marche. Il y a tellement de possibilités d'explication du pourquoi de tout ça..."
Un gros tas de merde. Toute cette cité pue le mensonge et l’hypocrisie, du trouduc’ sous son puit au châtiment de famine éternelle que subissent certaines personnes ici pour avoir volé une pomme en passant par ce con de juge derrière son calepin et les deux vieux qui se goinfrent en faisant mine de protéger une population qui du jour au lendemain pourrait être privé de tout. Je ressens une vive colère et l’envie de la laisser s’exprimer mais pas ici, non, là-haut. De remonter et de secouer l’entresol pour qu’on m’entende jusqu’à la surface. Elle parle de confiance mais c’est celle d’un animal apprivoisé à son maître tenu en laisse par une vie éternelle, nourri par bon vouloir et avec la crainte de rejoindre un lieu pire que la mort.
« Je pense que votre immortalité est la pire de vos prison. Sans elle vous seriez prêts à mourir pour voir la surface de votre monde. Chez nous même les Thorkins n’accepteraient pas d’être coincés sous terre. »
"Vous êtes prompt à juger la vie d'inconnus. Qui vous dit que la surface est viable ?"
« Le fait que de l’air et des vivres vous sont livrés de cette surface. »
Commençais-je à répondre avec cynisme, quelque peu agacé par la situation. Elle et moi nous ne pourrons jamais nous entendre et je suis à la fois en colère et attristé de la voir ainsi et de savoir qu’ils sont sans doute nombreux à être comme elle.
"Si c'est si simple, pourquoi n'y allez-vous pas ? Comme ça on verra."
« Il faudrait d’abord que je regagne le niveau supérieur pour ça. Mais quand on y sera on ira tous les deux si vous êtes d’accord. »
"Après... une éternité ici, donc ? Vous faites partie du système désormais. Plus on est bas, plus les rêves volent haut. Et plus dur est le réveil."
J’ai tellement envie de le faire maintenant, de l’embarquer dans un portail jusqu’au sommet du puit de lumière pour ensuite nous déposer à la surface, la faire braver l’ultime interdit. Lui montrer le ciel, les plaines, les montagnes et peut être les cours d’eau qui pourraient se trouver juste à côté. A la fois pour l’émerveiller et aussi lui faire fermer sa grande gueule. Mais c’est vrai qu’elle ne connait pas ce pouvoir, d’ailleurs elle n’en connaît aucun et c’est pour l’instant à mon avantage. Je lâche simplement un rire sincère à sa remarque:
« Parce que vous pensez que je vais rester ici une éternité ? »
Premièrement, je compte bien retourner tout Ashaar pour rentrer chez moi et deuxièmement si je dois m’installer ici, je ne me priverais pas de piquer dans la cuisine pleine de l’Entresol.
"C'est ce qui est prévu."
« Oui et vous il est prévu que vous remontiez. Pourtant de vos propres aveux vous n’avez vu personne revenir des bouges. »
"Je n'ai jamais dit que personne n'en était remonté. Des Tréfonds, ça oui. Des Bouges, on remonte. Mais pas toujours..."
« Ah ouf. Vous êtes sorti d’affaire. »
Rétorquais-je sarcastique, provoquant un froncement de sourcil et un pincement de lèvres. L’échange se serait sans doute poursuivi si Ezak ne revenait pas avec la sorcière pour nous faire un résumé de leur entretien.
(( Début d’apprentissage du sort Balise Magique))
“On ne sait rien d’elle, et vous semblez continuer de la sous-estimer. On doit rester prudents. Je ne sais même pas moi-même qui c’est et ce qu’elle fout là alors que vu ses pouvoirs et leur usage non pondéré, elle devrait avoir été jetée aux Tréfonds. Elle est sans doute devenue cinglée ici...”
« Oooooh je ne la sous estime pas. Mais Ezak est capable de se défendre et je me dis que si elle est venu au rendez-vous c’est que quelque chose l’intéresse. »
Qui ne deviendrait pas cinglé ici ? Pas de lumière du jour, pas d’air frais, pas d’eau ni de nourriture sans se battre pour l’obtenir. C’est pire que la vie sauvage et pire qu’une cage et le pire c’est qu’il n’y a aucun espoir de s’en échapper, pas même par la mort. Mais il n’est pas encore temps pour moi de céder du terrain au désespoir. Je suis reposé, j’ai eu le droit à un petit déjeuner et hormis mes blessures je me sens plutôt en forme et une forme de curiosité m’occupe l’esprit pour ne pas penser au pire. Je ferme les yeux, voulant me priver de la vue pour developper mes autres sens.
« Tu penses pouvoir m’apprendre à sentir les résidus magiques ? »
Car c’est ça qui m’intéresse, pouvoir moi aussi détecter les présences de mage. J’avais déjà ressenti ce genre de choses. Avec Bogast, face au vent marin qui glissait sur les plaines de Kendra Kâr. J’efface les images des prairies vertes surplombant la cité blanche et l’océan devant elle, reflétant les rayons du soleil comme mille miroirs. J’en étais bien loin.
"Non. C'est au terme d'un entraînement long et tenu secret que nous apprenons à le faire."
« Très bien. J’apprendrais seul. »
Dis-je simplement, m’attendant à ce genre de réponse. J’inspire alors longuement, laissant les senteurs de roche, de vieille terre, de sueur et de renfermé me faire froncer le nez avant d’expirer pour me concentrer. Je dois ressentir. Ressentir la dureté et la fraicheur de la roche contre mon dos malgré mon armure. J’effleure les parois du bout des doigts pour en dessiner dans mon esprit les creux, les bosses, les fêlures, les zones plus rugueuses et les zones plus lisses. Je me concentre ensuite sur mon ouïe, distinguant les bribes de conversation entre Ezak et la sorcière au loin sans en comprendre les mots, les grincements de mon armure, la danse virevoltante des flammes, les mouvements agacés d’Ezra et la respiration discrète de la muette.
« Tu crois qu’on va devoir se taper la présence de l’autre cinglée ? »
C’est comme si Ezra venait de parler directement dans mon oreille. Je ressens presque comme une agression le fait qu’elle est brisée le silence qui s’était installé. Je lui répond que j’ai espoir que non mais garde pour moi que j’estime qu’Ezak prend un trop grand risque en lui proposant de nous accompagner. Ezra demande alors ce que nous devrons faire si Ezak veut de sa compagnie.
« On devra surveiller une personne de plus. »
« De plus ? »
Répond-elle et je pouvais alors ressentir son air soupçonneux sans ouvrir les yeux. Je m’amuse à penser que j’ai fait un énorme progrès en très peu de temps. Pour ma part, surveiller est un grand mot, disons plutôt que je me méfie. Il n’est jamais très rassurant d’avoir une pourfendeuse de mage dans le dos.
« Oui, enfin surtout toi. »
Me justifiais-je simplement avant de humer l’air pour me plonger à nouveau dans mon environnement et en dessiner les contours sur mes paupières closes.
« Tu as aussi mangé une banane ce matin ? »
Pas vraiment de réponse, je ne peux que le supposer aux restes d’effluves de banane qui stagnent dans la galerie, mélangé à l’odeur de bave de la veille et de dents sales. J’inspire à nouveau avant d’expirer lentement, cherchant à distinguer qu’une once de parfum agréable.
« D’où provient l’air ici ? Je ne sens pas de courant d’air frais. »
"Il est là, c'est tout. Mais il circule pas beaucoup... c'est pour ça cette odeur stagnante de renfermé. En haut, il y a de l'aération via plusieurs canaux et puits."
Pas vraiment de réponse de ma part non plus et il est sûr que dans ces conditions je ne peux pas ressentir plus que ce qui m’entoure, mise à part peut être les émotions de la Chevaleresse qui ne cesse de soupirer. Peut-être que c’est un premier indice.
Une chose est certaine, je n’ai pas d’autre choix que d’entraîner mes autres sens car c’est le seul moyen de distinguer ce qu’on ne peut pas voir. J’ouvre doucement les yeux pour apercevoir Ezra comme je m’y attendais, impatiente.
« Je pensais à une chose. Tu marques un point quand tu parlais de ses pouvoirs et de sa façon d’en user. Combien de mages ça pourrait concerner ici si le Soleil Noir ne veut pas se frotter aux clans les plus puissants ? Pour moi ça signifie soit que le bouclier a encore de longues années devant lui soit que tout ça c’est un tas de grosses conneries pour vous faire peur et éviter que vous vous en serviez contre les lumineux… »
Ma théorie est des plus sérieuse et animée par une sincère curiosité. Des mages, il devait y en avoir un paquet dans ces galeries, tarés ou non. Et si ils sont plus ou moins semblables à la sorcière de la Horde alors des sorts il devait y en avoir tous les jours balancés à tout va. Si c’était si dangereux pour le fameux bouclier pourquoi les lumineux ne venait tout simplement pas purger la cité inférieure ?
Contre toute attente, elle admet avec difficulté après un court silence qu’elle n’en sait rien.
"On est une milice, on obéit à nos supérieurs. Eux savent sans doute. On leur fait confiance, c'est comme ça que ça marche. Il y a tellement de possibilités d'explication du pourquoi de tout ça..."
Un gros tas de merde. Toute cette cité pue le mensonge et l’hypocrisie, du trouduc’ sous son puit au châtiment de famine éternelle que subissent certaines personnes ici pour avoir volé une pomme en passant par ce con de juge derrière son calepin et les deux vieux qui se goinfrent en faisant mine de protéger une population qui du jour au lendemain pourrait être privé de tout. Je ressens une vive colère et l’envie de la laisser s’exprimer mais pas ici, non, là-haut. De remonter et de secouer l’entresol pour qu’on m’entende jusqu’à la surface. Elle parle de confiance mais c’est celle d’un animal apprivoisé à son maître tenu en laisse par une vie éternelle, nourri par bon vouloir et avec la crainte de rejoindre un lieu pire que la mort.
« Je pense que votre immortalité est la pire de vos prison. Sans elle vous seriez prêts à mourir pour voir la surface de votre monde. Chez nous même les Thorkins n’accepteraient pas d’être coincés sous terre. »
"Vous êtes prompt à juger la vie d'inconnus. Qui vous dit que la surface est viable ?"
« Le fait que de l’air et des vivres vous sont livrés de cette surface. »
Commençais-je à répondre avec cynisme, quelque peu agacé par la situation. Elle et moi nous ne pourrons jamais nous entendre et je suis à la fois en colère et attristé de la voir ainsi et de savoir qu’ils sont sans doute nombreux à être comme elle.
"Si c'est si simple, pourquoi n'y allez-vous pas ? Comme ça on verra."
« Il faudrait d’abord que je regagne le niveau supérieur pour ça. Mais quand on y sera on ira tous les deux si vous êtes d’accord. »
"Après... une éternité ici, donc ? Vous faites partie du système désormais. Plus on est bas, plus les rêves volent haut. Et plus dur est le réveil."
J’ai tellement envie de le faire maintenant, de l’embarquer dans un portail jusqu’au sommet du puit de lumière pour ensuite nous déposer à la surface, la faire braver l’ultime interdit. Lui montrer le ciel, les plaines, les montagnes et peut être les cours d’eau qui pourraient se trouver juste à côté. A la fois pour l’émerveiller et aussi lui faire fermer sa grande gueule. Mais c’est vrai qu’elle ne connait pas ce pouvoir, d’ailleurs elle n’en connaît aucun et c’est pour l’instant à mon avantage. Je lâche simplement un rire sincère à sa remarque:
« Parce que vous pensez que je vais rester ici une éternité ? »
Premièrement, je compte bien retourner tout Ashaar pour rentrer chez moi et deuxièmement si je dois m’installer ici, je ne me priverais pas de piquer dans la cuisine pleine de l’Entresol.
"C'est ce qui est prévu."
« Oui et vous il est prévu que vous remontiez. Pourtant de vos propres aveux vous n’avez vu personne revenir des bouges. »
"Je n'ai jamais dit que personne n'en était remonté. Des Tréfonds, ça oui. Des Bouges, on remonte. Mais pas toujours..."
« Ah ouf. Vous êtes sorti d’affaire. »
Rétorquais-je sarcastique, provoquant un froncement de sourcil et un pincement de lèvres. L’échange se serait sans doute poursuivi si Ezak ne revenait pas avec la sorcière pour nous faire un résumé de leur entretien.
(( Début d’apprentissage du sort Balise Magique))
- Akihito
- Messages : 355
- Enregistré le : mar. 29 janv. 2019 14:26
Re: Les Bouges
Traverser la place ne me pris qu'une peitte dizaine de secondes ; mais ce fut suffisant pour Médalie de sortir des portes et de manquer de me rentrer dedans. Elle me regarda avec un air aussi surpris que moi.
« Hé bah ? T’as pas parti te faire sauter la nouille avec ton crétin de pote ? C’est ton copain Somnis qui te manque déjà, ou tu t’es dit que Russelle pourrait satisfaire tes envies mieux qu’une pute ? »
(Eh bah, pour la politesse on repassera ?)
(Ce serait pas le bordel que je lui ferais remarquer que dans la bouche d'une femme, chevalier qui plus est, c'est particulièrement disgracieux.)
(Ca... Oh.)
Elle s'approcha très près de moi, suffisamment pour occuper la majeure partie de mon champ de vision. Pas une vue forcément désagréable, dans d'autres circonstance.
« Si c’est le cas, pas touche : j’l’ai vue avant toi. »
(Voilà autre chose... Elle l'a eu où son titre de chevalier, dans une pochette surprise ?)
Laissant à ma Faëra ses expressions dont elle seule avait le secret et le sens, j'haussai un sourcil à son ton plus que graveleux.
« J'ai déjà quelqu'un pour me "faire sauter la nouille", je vous laisse Dame Russelle - à moins qu'elle me préfère à vous, et ça j'y serai pout rien.
- Aucune chance, c'est une femme de goût.
- Vous seriez alors surprise de mon succès auprès de la gente féminine, rétorquai-je avec un sourire en coin en réponse à son dédain, avant de regarder par dessus son épaule. Où est le chevalier Khalor Somnis ? »
Manger, ou être mangé : avec cette femme, il allait falloir doser le juste équilibre entre l'agressivité pour ne pas qu'elle me marche dessus et la tempérance pour ne pas... Qu'elle me marche dessus aussi, mais pour d'autres raisons. Et dans un sens plus martial que littéral.
« Oh, c'est avec le Chevalier Khalor que vous jouez à "quelle pièce s'emboitera le mieux" ? »
Je commençai à l'imiter en levant les yeux au plafond, avant de me mettre en alerte lorsqu'elle ajouta qu'il se faisait interrogé par son père : notre petit manège avec Mathis l'avait pas convaincu.
« Du coup on vous sépare, on vous interroge chacun de votre côté, tout ça... Procédure classique. Tu devais filer avec Thyers. Dommage, c'moi qui te charcuterai du coup. »
(Ok, Aki. Mesuré. Montre les crocs, mais ne grogne pas.)
« D'ailleurs j'ai pas capté ton nom... On doit t'appeler le "Chevalier Personne" ? T'es bien chevalier, cest ça ?
- Je m'appelle Akihito et je préfère les femmes de caractère à la peau sombre, la chevelure laiteuse et au caractère de feu, rétorquai-je en soutenant son regard, comprenant quelle cherchait une proie apeurée. Vous faites une erreur en voulant "me charcuter", Dame Clethane. Et je ne suis pas sûr que cela plairait aux généraux Somnis et Delaube. Encore une fois, si vous voulez m'accompagner à l'Entresol pour confirmer la véracité de mes propos, c'est possible. Mais une perte de temps.
- Je propose une solution qui nous fera perdre moins de temps à tous, alors réponds-y sérieusement, Akihito le sans nom. J'attends une réponse à ma question.
- Mais j'y ai répondu ? Je m'appelle Akihito. »
Bon, j'allais visiblement pas pouvoir réussir à esquiver toutes les questions délicates. J'allais quand même la regarder d'un air circonspect, histoire de paraître de bonne foi, avant de lui donner ce qu'elle voulait.
« Quelle était votre question ? Je l'ai visiblement loupée.
- T'es chevalier de l'Ordre ? Si t'as un prénom, tu dois bien avoir un nom aussi. Qui a été ton commandant formateur ? Ton numéro d'identification ?
- Ah, c'est ce que vous vouliez dire. Déjà, mon nom est Yoichi. Et comme je vous ai dit, je ne suis pas d'Ashaar mais d'une autre ville, très loin d'ici. J'appartiens à un ordre de chevalerie mais pas l'Ordre du Soleil Noir. »
Ser Camille m'avait dit que les Chevaliers de l'Ecu n'avait pas besoin de cérémonie d'intronisation pour pouvoir en être un. Il suffisait de partager leur valeur et de vouloir intégrer leur Ordre. Simple, sans fioriture. Commode. Le silence qui reignait fut coupé par la lame de Médalie, tirée de son fourreau.
« Je vois. T'as joué avec nous. Peut-être que t'as été envoyé ici par les généraux. Peut-être que tu viens bien d'un autre monde, et que tu nous veux pas de mal. Mais t'as pas le droit d'être ici. Alors je vais te demander de partir. Gentiment dans un premier temps. »
Je notai un certain changement dans son attitude : elle n'était plus aussi agressive et hautaine, simplement sur ses gardes. Lui avoir tenu tête tout en faisant preuve de politesse m'avait fait monter dans son estime : ca payait. Je soupirai en secouant la tête et fit un pas en arrière, en direction de la sortie de la place.
« Soit. Ca complique les choses inutilement à mon sens, mais je peux pas dire que je comprend pas pourquoi vous me le demandez. Ma mission reste inchangée par contre, vous pouvez aller chercher le Chevalier Somnis une fois que son entrevue avec votre père est finie ?
- On verra. Ça dépend de lui, et de ce que le Commandant Clethane décidera le concernant. Notamment à la lumière de ces nouvelles précisions. »
J'hésitai un instant à insister en niant avoir voulu les tromper, mais je ne le faisais pas sous les conseils de ma Faëra : c'eut été trop suspect.
(Mieux vaut que tu gardes l'attitude du type nonchalent qui se sait innocent, mais ne veut pas s'épuiser à le prouver.)
« Je peux vous demander un service, avant de partir ? J'aurais besoin d'encre et des gros morceaux de cuir, ou des parchemins. Si c'est pas trop demandé.
- T'as idée de la rareté de ces éléments ici ? On voit que vous n'avez pas encore parcouru les Bouges depuis longtemps, » me répondit-elle, sourcil levé, avant de dire que je pourrais dépecer le premier salaud qui me revenait pas pour avoir du cuir. Très peu pour moi.
« J'aurais essayé, » répondis-je laconiquement en haussant une épaule avant de tourner les talons, me dirigeant vers l'extrémité du parvis, cherchant un coin plutôt éloigné des types présentés comme peu accueillants par Russelle. Moi qui comptait passer le temps en tatouant un peu, c'allait être compliqué. C'aurait pu me donner une occassion d'attirer les regards des autres pour glaner des informations, m'intégrer un peu aux membres de l'Ordre.
Sortant une des aiguilles prismatiques, je me mis à jouer machinalement avec, les épaules délestées de ma besace... En cuir. Je pouvais la décorer, au pire. Mais il manquait encore l'encre...
« Hé bah ? T’as pas parti te faire sauter la nouille avec ton crétin de pote ? C’est ton copain Somnis qui te manque déjà, ou tu t’es dit que Russelle pourrait satisfaire tes envies mieux qu’une pute ? »
(Eh bah, pour la politesse on repassera ?)
(Ce serait pas le bordel que je lui ferais remarquer que dans la bouche d'une femme, chevalier qui plus est, c'est particulièrement disgracieux.)
(Ca... Oh.)
Elle s'approcha très près de moi, suffisamment pour occuper la majeure partie de mon champ de vision. Pas une vue forcément désagréable, dans d'autres circonstance.
« Si c’est le cas, pas touche : j’l’ai vue avant toi. »
(Voilà autre chose... Elle l'a eu où son titre de chevalier, dans une pochette surprise ?)
Laissant à ma Faëra ses expressions dont elle seule avait le secret et le sens, j'haussai un sourcil à son ton plus que graveleux.
« J'ai déjà quelqu'un pour me "faire sauter la nouille", je vous laisse Dame Russelle - à moins qu'elle me préfère à vous, et ça j'y serai pout rien.
- Aucune chance, c'est une femme de goût.
- Vous seriez alors surprise de mon succès auprès de la gente féminine, rétorquai-je avec un sourire en coin en réponse à son dédain, avant de regarder par dessus son épaule. Où est le chevalier Khalor Somnis ? »
Manger, ou être mangé : avec cette femme, il allait falloir doser le juste équilibre entre l'agressivité pour ne pas qu'elle me marche dessus et la tempérance pour ne pas... Qu'elle me marche dessus aussi, mais pour d'autres raisons. Et dans un sens plus martial que littéral.
« Oh, c'est avec le Chevalier Khalor que vous jouez à "quelle pièce s'emboitera le mieux" ? »
Je commençai à l'imiter en levant les yeux au plafond, avant de me mettre en alerte lorsqu'elle ajouta qu'il se faisait interrogé par son père : notre petit manège avec Mathis l'avait pas convaincu.
« Du coup on vous sépare, on vous interroge chacun de votre côté, tout ça... Procédure classique. Tu devais filer avec Thyers. Dommage, c'moi qui te charcuterai du coup. »
(Ok, Aki. Mesuré. Montre les crocs, mais ne grogne pas.)
« D'ailleurs j'ai pas capté ton nom... On doit t'appeler le "Chevalier Personne" ? T'es bien chevalier, cest ça ?
- Je m'appelle Akihito et je préfère les femmes de caractère à la peau sombre, la chevelure laiteuse et au caractère de feu, rétorquai-je en soutenant son regard, comprenant quelle cherchait une proie apeurée. Vous faites une erreur en voulant "me charcuter", Dame Clethane. Et je ne suis pas sûr que cela plairait aux généraux Somnis et Delaube. Encore une fois, si vous voulez m'accompagner à l'Entresol pour confirmer la véracité de mes propos, c'est possible. Mais une perte de temps.
- Je propose une solution qui nous fera perdre moins de temps à tous, alors réponds-y sérieusement, Akihito le sans nom. J'attends une réponse à ma question.
- Mais j'y ai répondu ? Je m'appelle Akihito. »
Bon, j'allais visiblement pas pouvoir réussir à esquiver toutes les questions délicates. J'allais quand même la regarder d'un air circonspect, histoire de paraître de bonne foi, avant de lui donner ce qu'elle voulait.
« Quelle était votre question ? Je l'ai visiblement loupée.
- T'es chevalier de l'Ordre ? Si t'as un prénom, tu dois bien avoir un nom aussi. Qui a été ton commandant formateur ? Ton numéro d'identification ?
- Ah, c'est ce que vous vouliez dire. Déjà, mon nom est Yoichi. Et comme je vous ai dit, je ne suis pas d'Ashaar mais d'une autre ville, très loin d'ici. J'appartiens à un ordre de chevalerie mais pas l'Ordre du Soleil Noir. »
Ser Camille m'avait dit que les Chevaliers de l'Ecu n'avait pas besoin de cérémonie d'intronisation pour pouvoir en être un. Il suffisait de partager leur valeur et de vouloir intégrer leur Ordre. Simple, sans fioriture. Commode. Le silence qui reignait fut coupé par la lame de Médalie, tirée de son fourreau.
« Je vois. T'as joué avec nous. Peut-être que t'as été envoyé ici par les généraux. Peut-être que tu viens bien d'un autre monde, et que tu nous veux pas de mal. Mais t'as pas le droit d'être ici. Alors je vais te demander de partir. Gentiment dans un premier temps. »
Je notai un certain changement dans son attitude : elle n'était plus aussi agressive et hautaine, simplement sur ses gardes. Lui avoir tenu tête tout en faisant preuve de politesse m'avait fait monter dans son estime : ca payait. Je soupirai en secouant la tête et fit un pas en arrière, en direction de la sortie de la place.
« Soit. Ca complique les choses inutilement à mon sens, mais je peux pas dire que je comprend pas pourquoi vous me le demandez. Ma mission reste inchangée par contre, vous pouvez aller chercher le Chevalier Somnis une fois que son entrevue avec votre père est finie ?
- On verra. Ça dépend de lui, et de ce que le Commandant Clethane décidera le concernant. Notamment à la lumière de ces nouvelles précisions. »
J'hésitai un instant à insister en niant avoir voulu les tromper, mais je ne le faisais pas sous les conseils de ma Faëra : c'eut été trop suspect.
(Mieux vaut que tu gardes l'attitude du type nonchalent qui se sait innocent, mais ne veut pas s'épuiser à le prouver.)
« Je peux vous demander un service, avant de partir ? J'aurais besoin d'encre et des gros morceaux de cuir, ou des parchemins. Si c'est pas trop demandé.
- T'as idée de la rareté de ces éléments ici ? On voit que vous n'avez pas encore parcouru les Bouges depuis longtemps, » me répondit-elle, sourcil levé, avant de dire que je pourrais dépecer le premier salaud qui me revenait pas pour avoir du cuir. Très peu pour moi.
« J'aurais essayé, » répondis-je laconiquement en haussant une épaule avant de tourner les talons, me dirigeant vers l'extrémité du parvis, cherchant un coin plutôt éloigné des types présentés comme peu accueillants par Russelle. Moi qui comptait passer le temps en tatouant un peu, c'allait être compliqué. C'aurait pu me donner une occassion d'attirer les regards des autres pour glaner des informations, m'intégrer un peu aux membres de l'Ordre.
Sortant une des aiguilles prismatiques, je me mis à jouer machinalement avec, les épaules délestées de ma besace... En cuir. Je pouvais la décorer, au pire. Mais il manquait encore l'encre...
- Ezak
- Messages : 230
- Enregistré le : mar. 22 déc. 2020 06:18
Re: Les Bouges
Nous nous éloignâmes, la magicienne et moi, en retrait de tous, pour discuter comme je le lui avais promis. Une promesse avec une arrière-pensée : éviter les contacts avec un Xël et une Ezra qui avaient déplu à la magicienne. Elle avait éveillé mon attention. Elle avait dit pouvoir aider ; je voulais en savoir plus. Tout chemin susceptible de nous rapprocher d’une sortie de cet horrible monde était bon à emprunter. Une fois éloignée de toute oreille indiscrète, la magicienne me provoqua, se tournant de façon lascive dans ma direction.
« Alors comme ça, tu ne peux plus te passer de moi, petit guerrier ? Tu tiens donc si peu à ta queue, ou elle est si réduite que tu ne crains pas de la perdre ? »
Des provocations, encore. À croire qu’elle aimait les joutes verbales autant que moi. Mais là, je n’avais pas le temps de jouer. Je voulais aller à l’essentiel.
« Arrête un peu. Tu sais très bien que je ne suis pas intéressé par tes faveurs sexuelles. Je veux qu’on reprenne la conversation là où nous l’avions laissée. Tu disais pouvoir nous aider. En quoi ? Et surtout, pourquoi ? »
« Pourquoi ? Hmmm, je n’ai pas encore décidé. Une faveur de mon choix, je dirais. J’aime qu’on m’en doive, et me rappeler à elles, » me dit-elle, le regard rieur et cruel.
« Quant à vous aider… Comment ? Ne suis-je pas une incapable faisant des tours de passe-passe ? »
Décidément, elle n’avait pas digéré les paroles de Xël. Son ego en avait pris un coup, ce qui me tira un sourire en coin.
« Je ne t’aurais pas imaginée si susceptible. Je vais te faire plaisir et te dire que tu es loin d’être une incapable. Je suis impressionné. Il paraît que tu es même capable de changer de forme. Dans mon monde, la seule personne que j’ai vue capable d’une telle prouesse était un demi-dieu. Tu as d’autres petits secrets comme ça ? »
Elle éclata de rire, satisfaite. Qui avait dit que je ne savais pas parler à une femme ?
« Évidemment, petit guerrier. Je suis une magicienne : je plie la réalité selon mes envies. Quelles sont les tiennes ? »
Je tiquai sur sa phrase concernant la réalité mais ne relevai pas. Était-ce une image ou quelque chose en rapport avec sa magie ? Nous verrions plus tard. La priorité était autre :
« Quitter ce monde. Retrouver le mien. Comprendre pourquoi nous sommes ici. Et en bonus, éclater la tronche des Lumineux… On cherche des personnes capables d’ouvrir un portail d’un monde à un autre. C’est pour ça qu’on cherche SOMA. C’est notre seule piste… D’ailleurs, ça ne semble pas trop t’étonner d’entendre parler d’autres mondes. »
« J’use de magie : rien ne m’étonne. Et ça signifierait accorder de la foi à tes dires. Tu mens peut-être. Ou pire : on t’a toujours menti, intégré des souvenirs, et tu as toujours fait partie de ce monde. Tu ne serais pas le premier. »
Elle sourit.
« Ça fait beaucoup de choses, pour un seul homme. Il faudra choisir tes priorités, et viser celles qui sont possibles. Aucune, donc. Quoique… si je te fais perdre l’esprit, considèreras-tu avoir quitté ce monde ? »
Je la regardai, incrédule, pris d’un doute l’espace d’un instant. Je me posai la question : m’avait-on lavé le cerveau ? Faisais-je partie d’Ashaar depuis toujours et m’avait-on fait croire avoir vécu une autre vie ailleurs ? Non, je ne le pensais pas. Je n’avais pas pu imaginer Yuimen. La tête du Dragon Noir, complètement étrangère à ce monde, était bien réelle et visible pour les gens d’Ashaar. Ezra n’avait jamais vu ni entendu parler d’une telle chose, elle l’avait clairement dit. Je me ressaisis.
« Je ne me mens pas, je le sais. Et je ne te mens pas non plus. Sinon, à quoi bon venir quérir ton aide ? »
Je pris un temps de réflexion, repensant à ses propos sur l’irréalisabilité de mes objectifs. Pourtant, la mort que l’on disait impossible sur Ashaar, je l’avais infligée. Le corps ne mourrait pas ; l’âme, elle, le pouvait.
« Quelles preuves as-tu que cela est impossible ? Je pourrais te prouver que bien des choses que tu crois impossibles ne le sont pas. Ce mot ne fait pas partie de mon vocabulaire. Aide-nous et tu verras. »
Elle eut un sourire grandissant au fil de mes réponses et répliqua :
« Seule la magie décide de ce qui est possible ou non. Tout est vrai et tout n’est que mensonge. Si je te suis, petit guerrier, ça sera plus pour voir ton visage face à l’échec que pour t’aider. Voir dans tes yeux l’espoir mourir, voir entre tes mains s’échapper ce que tu crois savoir. » Son regard était empli de folie.
Elle me sous-estimait clairement, ce qui me tira un grand sourire.
« Et moi je vais adorer voir ton expression quand tu verras que ce que tu croyais impossible ne l’est pas. Comme amener la mort sur Ashaar par exemple… » dis-je sûr de moi. « Alors ? Tu m’aides ? »
« La mort sur Ashaar… c’est possible, évidemment. Complexe, mais possible. Et c’est ce que tu amèneras en détruisant les Lumineux. La mort d’Ashaar. »
(Encore une phrase énigmatique à creuser plus tard.)
Elle pinça les lèvres.
« Non. Peut-être. On verra. Je t’accompagne en tout cas : tu es drôle, petit guerrier. Pour le moment. »
Quelle réponse déplaisante. Qui accepterait un tel accord basé sur autant d’indétermination ?
« Toi, t’en sais plus que ce que tu veux bien dire… Non, ça ne marche pas comme ça. Je ne veux pas de non ni de peut-être. Je veux un accord, être sûr de ceux qui m’accompagnent. Tu veux quoi en échange ? Quelle faveur pour avoir ton aide et ton soutien total ? »
« Je ne sais pas encore. Et quel intérêt aurais-tu d'obtenir ma promesse ? Je pourrais te mentir. Être sûr de ceux qui t'accompagnent, voilà l'erreur qui te perdra. »
Elle rit un instant, puis redevint sérieuse.
« Ce n'était pas une proposition. Que tu le veuilles ou non, je serai dans tes pas et dans ton ombre. Et si je t'aide, alors là, tu me devras une faveur. Que je choisirai le moment venu. Qui sait... ton chibre en collier autour de mon cou ? » Elle repartit dans un rire.
Je me rapprochai d’elle un instant :
« Que je le veuille ou non… Il semble que ce soit toi qui ne puisse plus se passer de moi, non ? Tu serais pas en train de tomber amoureuse ? » lâchai-je, provocateur.
Elle s'approcha et posa une main sur ma joue.
« T'as pas idée. »
« Quoi qu’il en soit, je n’accepterai aucune faveur non définie à l’avance. Et si tu nous suis, il y aura quelques règles que tu devras respecter. Trois fois rien. »
Elle s’écarta en levant les yeux au ciel.
« Petit guerrier veut être le chef, il dicte des lois, il veut tout savoir. Bouboubouh. »
« Tu veux me fréquenter, va falloir t’y faire. » lâchai-je simplement alors qu’elle pouffait de rire.
« Voici les conditions : tu arrêtes de provoquer mes alliés et surtout, tu ne menaces plus de mort aucun de nous. »
Elle pouffa à nouveau.
« T'es le seul à menacer de mort quiconque, ici. Et si tu tiens tes chiens en laisse, je saurai me retenir. Sinon... ils auront réponse à leurs dires. »
Une lueur de défi malsain brûlait dans son regard.
« Moi ? Menacer de mort ? Ben voyons… C’est pas du tout mon genre. » dis-je avec un sourire.
« Et si on faisait un peu connaissance ? C’est quoi ton nom ? T’as eu quelle condamnation ? »
« Mon nom s'est perdu dans les âges. Ici-bas, certains m'appellent Blanche la Noire. Un peu ridicule, si tu veux mon avis. Appelle-moi comme tu le veux, petit guerrier. »
Elle sourit.
« J'ai été condamnée il y a fort longtemps. Un Ashaari a voulu me… forcer. Je me suis défendue et l'ai blessé. Ablation de la queue. Un envoi direct vers les Bouges pour… un an, je crois ? Ça en fait au moins vingt que je traîne ici. J'ai perdu le compte : je ne fais plus qu'énumérer le nombre de bites tranchées. C'est bien plus drôle, et ça a plus de sens. »
« C’est donc la raison pour laquelle tu t’amuses à traquer les hommes… Pourquoi t’es pas remontée ? »
« Je m'amuse bien plus ici. Ma magie n'est plus un frein… »
« Et le type qui a voulu te violer ? Il a eu quoi ? »
« Rien. » Elle avait un air bien plus sombre en le disant.
« Pourquoi ? Le viol n’est pas un crime à Ashaar ? »
« Si, bien sûr. Mais certaines paroles valent plus que d'autres. »
Je fronçai les sourcils.
« Comment ça ? C’était un type d’une voie supérieure à la tienne ou quelque chose comme ça ? »
Elle se tut, mais je compris à son expression que j’étais dans le juste. Elle dévia la conversation :
« Bon. Et les deux boulets que tu te traînes, ils viennent aussi de ton monde imaginaire ? »
« L’un des deux, oui. » lâchai-je avant de revenir à la conversation initiale. Elle ne fuirait pas de la sorte.
« C’est quoi son nom ? Pourquoi ne pas te venger ? »
« À quoi bon, son nom ? Tous les hommes sont des prédateurs, je me venge sur tous. »
« À quoi bon ? Parce que j'ai cru comprendre que chez vous certains noms importent plus que d'autres. Comme celui de D'Esthalor par exemple. Et aussi parce que je cherche à savoir si le sort de cet enfoiré pourrait faire l'objet de cette faveur que tu évoquais tantôt. »
Elle lâcha un éclat de rire nerveux.
« J'en ai plus rien à carrer de lui. Ou de la vengeance. Je punis les mâles pour ce qu'ils sont. Si vraiment tu veux une idée de faveur pour là-haut, tu peux t'arranger pour détruire leur système. Faire choir les hauts de leur piédestal, annihiler ce qu'ils sont et ce qu'ils voudraient redevenir. Exploser les Voies pour qu'elles s'écrasent où ils devront demeurer : au même niveau que les autres. » dit-elle, la voix pleine de folie et d’excitation vengeresse.
Je lâchai un sourire : « L’idée me déplaît pas. Ton monde est une infamie. T’as quand même conscience qu’il faudra s’en prendre aux Lumineux pour ça ? Il est évident qu’ils soutiennent ceux de la haute. »
« Non. Ça les intéresse pas de savoir qui est en haut ou ailleurs. Ils donnent de nombreuses ressources en haut, des ressources dédiées au commerce et à l'artisanat au milieu, et le reste en bas. Qui est où, et comment ça s'organise, c'est la cité qui veut ça. La force de l'habitude. L'asservissement naturel de certains face à la soif de pouvoir d'autres. »
« Pourtant ce n'est pas ce que l'on m'a fait comprendre. L'on m'a dit qu'ils n'aiment pas le grabuge et que si le peuple tentait de se soulever pour une raison ou une autre, ils interviendraient et purgeraient à l'envi la cité. On m'aurait menti ? »
Elle haussa les épaules :
« J'les connais pas. J'saurais pas dire. T'façon, les Noirs materont toute révolte dans l'œuf. C'était pas le but ici : j'te décrivais un coup d'éclat, un acte unique, de la pure destruction. »
« De la pure destruction... Bien, » dis-je songeur. « Et t'as une idée de comment on pourrait s'y prendre ? Pour détruire ces voies hautes ? »
« Absolument pas. Sinon je l'aurais déjà fait. Mais... ça n'est pas une faveur, si je savais comment m'y prendre. »
J'hochai la tête. « Bien. Tu nous aides dans notre tâche pour trouver un moyen de rentrer chez nous et moi je t'aiderai à faire chuter les voies hautes. On a un accord toi et moi ? »
« Je te ferai tenir parole, petit guerrier. »
« Uniquement si toi tu tiens ta part du marché, Blanche. Mes comparses te pensent incapable d'être une bonne alliée. J'espère que tu leur prouveras qu'ils ont tort. »
Je regardai autour avant de reprendre : « Toi qui vis ici depuis longtemps. Tu penses que la SOMA est une bonne piste ? Ou il y a d'autres mages puissants des Bouges qui pourraient nous aider ? Des indépendants comme toi, ou d'autres regroupements de mages ? »
« La SOMA est la plus puissante alliance de mages ici-bas. Si quelqu'un peut quelque chose de manière assurée, c'est eux. Mais... ils ne se laisseront pas trouver ni n'aideront quiconque à moins d'une contrepartie majeure pour leur groupe. Et c'est plus compliqué de convaincre une sorcière isolée que des bornés comme eux. N'est-ce pas ? » dit-elle en levant un sourcil d'autodérision.
« Les Carmins ne pourront rien pour vous. Enfin si... pour vous soigner si vous perdez la tête ou la queue, » dit-elle moqueuse.
« Et il y a d'autres puissances. Des indépendants, que je ne connais pas ou plus. Le Soleil Noir. Eux savent trop de choses sur tout. Ils doivent connaître un moyen. Mais... sans doute pas les simples péquenots de base. »
Je fronçai fortement les sourcils.
« Tu dis que le Soleil Noir doit savoir ? Qu'est-ce qui te permet d'affirmer ça ? J'ai eu affaire à eux. À deux de leurs généraux, et ils avaient pas l'air plus avancés. »
« C'est pas une affirmation, c'est une hypothèse, nœud-nœud. Et si j'dis ça, c'est parce qu'ils sont la faction la plus puissante de tout Ashaar. Officiellement du moins. Certains chez eux sont plus anciens que la ville elle-même. Et... ne confonds pas ce qu'ils laissent paraître avec ce qu'ils savent réellement. »
Je posai une main sur mon menton.
« T'aurais pas une piste concernant la SOMA ? Tu ne penses pas que les Carmins pourraient avoir des informations sur eux ? »
« Non. Les Carmins seront les derniers à savoir quoi que ce soit sur la SOMA. Moi par contre... J'ai eu de la compagnie à un moment dans mon séjour ici-bas. Une jeunette qui a... fini par préférer leurs dogmes à ma compagnie. » Un voile triste passa dans son regard, vite teinté de malignité. « Elle pourrait vouloir me revoir. Nous pourrions la piéger pour la faire parler. »
Je la regardai longuement. C’était la deuxième fois qu’elle laissait voir une fragilité sincère, après avoir parlé de sa tentative de viol. Il y avait encore quelqu'un derrière toute cette folie qu’elle aimait montrer. Néanmoins, elle était quand même prête à vendre un être qu’elle avait l’air d’avoir sincèrement aimé. Ce n’était pas rien.
« Ça me va. Comment tu ferais pour la contacter ? »
« Les rumeurs. Elles se propagent vite, aux Bouges, quand on sait où faire souffler le vent. »
« En effet… C’est même comme ça que je t’ai fait venir ici, » dis-je avec un sourire en coin. « Et ton amoureuse, elle a le même genre de pouvoir que toi ? Elle aussi, elle pourrait nous filer entre les mains en un claquement de doigts comme tu sais faire ? »
« Elle m'arrive pas à la cheville. »
« C'est ton égo qui parle ou c'est la vérité ? Si on doit se lancer dans une chasse à la magicienne, j'ai pas envie d'une mauvaise surprise. Plus j'en sais sur ses capacités, mieux on sera préparé. »
« Gneuh gneuh gneuh, ton égo... » Elle secoua la tête. « Elle était nulle à l'époque, depuis elle a reçu les enseignements des violets. »
Je levai un sourcil en la regardant, un sourire en coin :
« Pour quelqu'un qui aime bien provoquer, qu'est-ce que t'es susceptible ! » Puis je repris plus sérieusement : « Justement, en parlant de vos enseignements magiques. Ça marche comment chez vous ? Dans mon monde, la magie est essentiellement liée aux éléments. C'est pareil ici ? Ça fonctionne différemment ? »
« Aux éléments ? Genre la caillasse, le feu et compagnie ? C'est siiii primaire. Ici, selon sa maîtrise, c'est tout le réel qui peut être touché. Modifié. Créé. »
Je restai interdit un instant. Quand elle parlait de plier la réalité à ses envies tout à l’heure, ce n’était donc pas une figure de style. Si c’était vrai, cela était peut-être la vraie raison pour laquelle les Lumineux interdisaient la magie. Leur bouclier anti-mortalité était-il en danger ? Existait-il seulement ?
« Attends, attends ! Explique-moi ça plus en détail. Ça peut aller jusqu'où, ça ? T'es capable de faire quoi, toi, par exemple ? Mis à part te téléporter et changer de forme ? »
« C'est déjà pas mal, non ? » se vexa-t-elle avant de reprendre avec un sourire provocateur. « C'est pas drôle si je te laisse pas quelques surprises. Mais... tout est possible. C'est pas toi qui l'as dit ? »
Cette réponse avait le don de m’insupporter. Rien n’était simple avec cette femme, mais je m’y attendais ; il ne pouvait pas en être autrement.
« Oui, oui, j'ai dit ça... Mais je déteste les surprises. Comment tu veux qu'on monte un plan bien ficelé si tu m'aides pas un minimum à parer toutes les éventualités ? Le but n'est pas que ce soit drôle, mais efficace. » dis-je légèrement renfrogné alors qu’elle s’amusait à sourire, l’air de rien, comme si elle était innocente.
« Bref… » lâchai-je pour conclure, n’ayant pas plus envie de me prendre la tête avec elle. Nous y reviendrions, j’en étais sûr.
« Tu sais si les Carmins soignent des blessures moins graves que des ablations corporelles, sans que je sois obligé de leur filer un bout de moi-même ? J'ai quand même besoin de me refaire un minimum, et rapidement. À moins que t'aies des talents de soigneuse cachés. »
« Ouais ouais, ils peuvent. Mais faudra quand même payer. »
« Ils prennent l'or ? Ou tu nous passeras gracieusement quelques pénis de ta collection en guise de paiement ? »
« Ils prennent l'or. »
Je sortis ma bourse, lui montrant mes quatre pièces d'or et quelques.
« Tu crois que ça suffira ? »
Elle jeta les yeux avec avidité sur ma bourse.
« Oh, mais petit guerrier est riche ! Tu ferais mieux de cacher ça, ça pourrait faire des envieux. »
Je levai un sourcil en rangeant ma bourse bien en sécurité selon ses conseils.
« Riche ? Pour les Bouges, non ? Quand j'ai montré ma bourse là-haut ils avaient pas l'air très impressionnés, » dis-je en me rappelant Ezra qui avait commenté que je ne monterais pas les étages bien haut avec ce pécule.
« Pour les Bouges, pour la Veine, pour les Voies Médianes… C'est une somme coquette. Il n'y a que les hautains qui te prendraient de haut. »
« D'accord. Bon, je crois qu'on s'est assez dit. Allons rejoindre les autres. »
Je commençai à me retourner avant de m'arrêter.
« Dernière chose. Tu m'as dit de t'appeler comme je voulais, ou Blanche. Moi ce qui m'intéresse, c'est de savoir quel nom tu voudrais, toi. Comment tu veux qu'on te nomme ? »
« Je ne veux pas qu'on me nomme. Je veux qu'on me craigne. »
J'eus un rire franc.
« Alors ça c'est de la réplique. C'est noté. Bienvenue dans l'équipe, Blanche, la Terreur Noire. »
Je pris la route vers mes comparses.
« N'oublie pas que tu m'as promis d'être sage et pas un mot sur notre accord. C’est toi et moi. »
Nous retrouvâmes mes comparses en pleine conversation. Enfin, sauf pour la muette, bien entendu, qui attendait patiemment. J’entrepris de leur faire un résumé de la situation :
« Bien. Je vous présente Blanche. Elle va nous aider. Je lui ai fait promettre de ne pas vous provoquer inutilement, ce qu’elle promet de faire si vous faites de même. N’est-ce pas ? » dis-je en dardant un regard entendu sur elle.
« Elle m’a confirmé que la SOMA est le regroupement de mages le plus puissant ici-bas. Elle pense que les Carmins ne savent rien d’eux, mais je suis pas contre le fait de passer par chez eux pour se refaire une santé. En revanche, elle connaît personnellement un de ses membres. Elle est prête à servir d’appât pour l’amener à nous. »
« Alors comme ça, tu ne peux plus te passer de moi, petit guerrier ? Tu tiens donc si peu à ta queue, ou elle est si réduite que tu ne crains pas de la perdre ? »
Des provocations, encore. À croire qu’elle aimait les joutes verbales autant que moi. Mais là, je n’avais pas le temps de jouer. Je voulais aller à l’essentiel.
« Arrête un peu. Tu sais très bien que je ne suis pas intéressé par tes faveurs sexuelles. Je veux qu’on reprenne la conversation là où nous l’avions laissée. Tu disais pouvoir nous aider. En quoi ? Et surtout, pourquoi ? »
« Pourquoi ? Hmmm, je n’ai pas encore décidé. Une faveur de mon choix, je dirais. J’aime qu’on m’en doive, et me rappeler à elles, » me dit-elle, le regard rieur et cruel.
« Quant à vous aider… Comment ? Ne suis-je pas une incapable faisant des tours de passe-passe ? »
Décidément, elle n’avait pas digéré les paroles de Xël. Son ego en avait pris un coup, ce qui me tira un sourire en coin.
« Je ne t’aurais pas imaginée si susceptible. Je vais te faire plaisir et te dire que tu es loin d’être une incapable. Je suis impressionné. Il paraît que tu es même capable de changer de forme. Dans mon monde, la seule personne que j’ai vue capable d’une telle prouesse était un demi-dieu. Tu as d’autres petits secrets comme ça ? »
Elle éclata de rire, satisfaite. Qui avait dit que je ne savais pas parler à une femme ?
« Évidemment, petit guerrier. Je suis une magicienne : je plie la réalité selon mes envies. Quelles sont les tiennes ? »
Je tiquai sur sa phrase concernant la réalité mais ne relevai pas. Était-ce une image ou quelque chose en rapport avec sa magie ? Nous verrions plus tard. La priorité était autre :
« Quitter ce monde. Retrouver le mien. Comprendre pourquoi nous sommes ici. Et en bonus, éclater la tronche des Lumineux… On cherche des personnes capables d’ouvrir un portail d’un monde à un autre. C’est pour ça qu’on cherche SOMA. C’est notre seule piste… D’ailleurs, ça ne semble pas trop t’étonner d’entendre parler d’autres mondes. »
« J’use de magie : rien ne m’étonne. Et ça signifierait accorder de la foi à tes dires. Tu mens peut-être. Ou pire : on t’a toujours menti, intégré des souvenirs, et tu as toujours fait partie de ce monde. Tu ne serais pas le premier. »
Elle sourit.
« Ça fait beaucoup de choses, pour un seul homme. Il faudra choisir tes priorités, et viser celles qui sont possibles. Aucune, donc. Quoique… si je te fais perdre l’esprit, considèreras-tu avoir quitté ce monde ? »
Je la regardai, incrédule, pris d’un doute l’espace d’un instant. Je me posai la question : m’avait-on lavé le cerveau ? Faisais-je partie d’Ashaar depuis toujours et m’avait-on fait croire avoir vécu une autre vie ailleurs ? Non, je ne le pensais pas. Je n’avais pas pu imaginer Yuimen. La tête du Dragon Noir, complètement étrangère à ce monde, était bien réelle et visible pour les gens d’Ashaar. Ezra n’avait jamais vu ni entendu parler d’une telle chose, elle l’avait clairement dit. Je me ressaisis.
« Je ne me mens pas, je le sais. Et je ne te mens pas non plus. Sinon, à quoi bon venir quérir ton aide ? »
Je pris un temps de réflexion, repensant à ses propos sur l’irréalisabilité de mes objectifs. Pourtant, la mort que l’on disait impossible sur Ashaar, je l’avais infligée. Le corps ne mourrait pas ; l’âme, elle, le pouvait.
« Quelles preuves as-tu que cela est impossible ? Je pourrais te prouver que bien des choses que tu crois impossibles ne le sont pas. Ce mot ne fait pas partie de mon vocabulaire. Aide-nous et tu verras. »
Elle eut un sourire grandissant au fil de mes réponses et répliqua :
« Seule la magie décide de ce qui est possible ou non. Tout est vrai et tout n’est que mensonge. Si je te suis, petit guerrier, ça sera plus pour voir ton visage face à l’échec que pour t’aider. Voir dans tes yeux l’espoir mourir, voir entre tes mains s’échapper ce que tu crois savoir. » Son regard était empli de folie.
Elle me sous-estimait clairement, ce qui me tira un grand sourire.
« Et moi je vais adorer voir ton expression quand tu verras que ce que tu croyais impossible ne l’est pas. Comme amener la mort sur Ashaar par exemple… » dis-je sûr de moi. « Alors ? Tu m’aides ? »
« La mort sur Ashaar… c’est possible, évidemment. Complexe, mais possible. Et c’est ce que tu amèneras en détruisant les Lumineux. La mort d’Ashaar. »
(Encore une phrase énigmatique à creuser plus tard.)
Elle pinça les lèvres.
« Non. Peut-être. On verra. Je t’accompagne en tout cas : tu es drôle, petit guerrier. Pour le moment. »
Quelle réponse déplaisante. Qui accepterait un tel accord basé sur autant d’indétermination ?
« Toi, t’en sais plus que ce que tu veux bien dire… Non, ça ne marche pas comme ça. Je ne veux pas de non ni de peut-être. Je veux un accord, être sûr de ceux qui m’accompagnent. Tu veux quoi en échange ? Quelle faveur pour avoir ton aide et ton soutien total ? »
« Je ne sais pas encore. Et quel intérêt aurais-tu d'obtenir ma promesse ? Je pourrais te mentir. Être sûr de ceux qui t'accompagnent, voilà l'erreur qui te perdra. »
Elle rit un instant, puis redevint sérieuse.
« Ce n'était pas une proposition. Que tu le veuilles ou non, je serai dans tes pas et dans ton ombre. Et si je t'aide, alors là, tu me devras une faveur. Que je choisirai le moment venu. Qui sait... ton chibre en collier autour de mon cou ? » Elle repartit dans un rire.
Je me rapprochai d’elle un instant :
« Que je le veuille ou non… Il semble que ce soit toi qui ne puisse plus se passer de moi, non ? Tu serais pas en train de tomber amoureuse ? » lâchai-je, provocateur.
Elle s'approcha et posa une main sur ma joue.
« T'as pas idée. »
« Quoi qu’il en soit, je n’accepterai aucune faveur non définie à l’avance. Et si tu nous suis, il y aura quelques règles que tu devras respecter. Trois fois rien. »
Elle s’écarta en levant les yeux au ciel.
« Petit guerrier veut être le chef, il dicte des lois, il veut tout savoir. Bouboubouh. »
« Tu veux me fréquenter, va falloir t’y faire. » lâchai-je simplement alors qu’elle pouffait de rire.
« Voici les conditions : tu arrêtes de provoquer mes alliés et surtout, tu ne menaces plus de mort aucun de nous. »
Elle pouffa à nouveau.
« T'es le seul à menacer de mort quiconque, ici. Et si tu tiens tes chiens en laisse, je saurai me retenir. Sinon... ils auront réponse à leurs dires. »
Une lueur de défi malsain brûlait dans son regard.
« Moi ? Menacer de mort ? Ben voyons… C’est pas du tout mon genre. » dis-je avec un sourire.
« Et si on faisait un peu connaissance ? C’est quoi ton nom ? T’as eu quelle condamnation ? »
« Mon nom s'est perdu dans les âges. Ici-bas, certains m'appellent Blanche la Noire. Un peu ridicule, si tu veux mon avis. Appelle-moi comme tu le veux, petit guerrier. »
Elle sourit.
« J'ai été condamnée il y a fort longtemps. Un Ashaari a voulu me… forcer. Je me suis défendue et l'ai blessé. Ablation de la queue. Un envoi direct vers les Bouges pour… un an, je crois ? Ça en fait au moins vingt que je traîne ici. J'ai perdu le compte : je ne fais plus qu'énumérer le nombre de bites tranchées. C'est bien plus drôle, et ça a plus de sens. »
« C’est donc la raison pour laquelle tu t’amuses à traquer les hommes… Pourquoi t’es pas remontée ? »
« Je m'amuse bien plus ici. Ma magie n'est plus un frein… »
« Et le type qui a voulu te violer ? Il a eu quoi ? »
« Rien. » Elle avait un air bien plus sombre en le disant.
« Pourquoi ? Le viol n’est pas un crime à Ashaar ? »
« Si, bien sûr. Mais certaines paroles valent plus que d'autres. »
Je fronçai les sourcils.
« Comment ça ? C’était un type d’une voie supérieure à la tienne ou quelque chose comme ça ? »
Elle se tut, mais je compris à son expression que j’étais dans le juste. Elle dévia la conversation :
« Bon. Et les deux boulets que tu te traînes, ils viennent aussi de ton monde imaginaire ? »
« L’un des deux, oui. » lâchai-je avant de revenir à la conversation initiale. Elle ne fuirait pas de la sorte.
« C’est quoi son nom ? Pourquoi ne pas te venger ? »
« À quoi bon, son nom ? Tous les hommes sont des prédateurs, je me venge sur tous. »
« À quoi bon ? Parce que j'ai cru comprendre que chez vous certains noms importent plus que d'autres. Comme celui de D'Esthalor par exemple. Et aussi parce que je cherche à savoir si le sort de cet enfoiré pourrait faire l'objet de cette faveur que tu évoquais tantôt. »
Elle lâcha un éclat de rire nerveux.
« J'en ai plus rien à carrer de lui. Ou de la vengeance. Je punis les mâles pour ce qu'ils sont. Si vraiment tu veux une idée de faveur pour là-haut, tu peux t'arranger pour détruire leur système. Faire choir les hauts de leur piédestal, annihiler ce qu'ils sont et ce qu'ils voudraient redevenir. Exploser les Voies pour qu'elles s'écrasent où ils devront demeurer : au même niveau que les autres. » dit-elle, la voix pleine de folie et d’excitation vengeresse.
Je lâchai un sourire : « L’idée me déplaît pas. Ton monde est une infamie. T’as quand même conscience qu’il faudra s’en prendre aux Lumineux pour ça ? Il est évident qu’ils soutiennent ceux de la haute. »
« Non. Ça les intéresse pas de savoir qui est en haut ou ailleurs. Ils donnent de nombreuses ressources en haut, des ressources dédiées au commerce et à l'artisanat au milieu, et le reste en bas. Qui est où, et comment ça s'organise, c'est la cité qui veut ça. La force de l'habitude. L'asservissement naturel de certains face à la soif de pouvoir d'autres. »
« Pourtant ce n'est pas ce que l'on m'a fait comprendre. L'on m'a dit qu'ils n'aiment pas le grabuge et que si le peuple tentait de se soulever pour une raison ou une autre, ils interviendraient et purgeraient à l'envi la cité. On m'aurait menti ? »
Elle haussa les épaules :
« J'les connais pas. J'saurais pas dire. T'façon, les Noirs materont toute révolte dans l'œuf. C'était pas le but ici : j'te décrivais un coup d'éclat, un acte unique, de la pure destruction. »
« De la pure destruction... Bien, » dis-je songeur. « Et t'as une idée de comment on pourrait s'y prendre ? Pour détruire ces voies hautes ? »
« Absolument pas. Sinon je l'aurais déjà fait. Mais... ça n'est pas une faveur, si je savais comment m'y prendre. »
J'hochai la tête. « Bien. Tu nous aides dans notre tâche pour trouver un moyen de rentrer chez nous et moi je t'aiderai à faire chuter les voies hautes. On a un accord toi et moi ? »
« Je te ferai tenir parole, petit guerrier. »
« Uniquement si toi tu tiens ta part du marché, Blanche. Mes comparses te pensent incapable d'être une bonne alliée. J'espère que tu leur prouveras qu'ils ont tort. »
Je regardai autour avant de reprendre : « Toi qui vis ici depuis longtemps. Tu penses que la SOMA est une bonne piste ? Ou il y a d'autres mages puissants des Bouges qui pourraient nous aider ? Des indépendants comme toi, ou d'autres regroupements de mages ? »
« La SOMA est la plus puissante alliance de mages ici-bas. Si quelqu'un peut quelque chose de manière assurée, c'est eux. Mais... ils ne se laisseront pas trouver ni n'aideront quiconque à moins d'une contrepartie majeure pour leur groupe. Et c'est plus compliqué de convaincre une sorcière isolée que des bornés comme eux. N'est-ce pas ? » dit-elle en levant un sourcil d'autodérision.
« Les Carmins ne pourront rien pour vous. Enfin si... pour vous soigner si vous perdez la tête ou la queue, » dit-elle moqueuse.
« Et il y a d'autres puissances. Des indépendants, que je ne connais pas ou plus. Le Soleil Noir. Eux savent trop de choses sur tout. Ils doivent connaître un moyen. Mais... sans doute pas les simples péquenots de base. »
Je fronçai fortement les sourcils.
« Tu dis que le Soleil Noir doit savoir ? Qu'est-ce qui te permet d'affirmer ça ? J'ai eu affaire à eux. À deux de leurs généraux, et ils avaient pas l'air plus avancés. »
« C'est pas une affirmation, c'est une hypothèse, nœud-nœud. Et si j'dis ça, c'est parce qu'ils sont la faction la plus puissante de tout Ashaar. Officiellement du moins. Certains chez eux sont plus anciens que la ville elle-même. Et... ne confonds pas ce qu'ils laissent paraître avec ce qu'ils savent réellement. »
Je posai une main sur mon menton.
« T'aurais pas une piste concernant la SOMA ? Tu ne penses pas que les Carmins pourraient avoir des informations sur eux ? »
« Non. Les Carmins seront les derniers à savoir quoi que ce soit sur la SOMA. Moi par contre... J'ai eu de la compagnie à un moment dans mon séjour ici-bas. Une jeunette qui a... fini par préférer leurs dogmes à ma compagnie. » Un voile triste passa dans son regard, vite teinté de malignité. « Elle pourrait vouloir me revoir. Nous pourrions la piéger pour la faire parler. »
Je la regardai longuement. C’était la deuxième fois qu’elle laissait voir une fragilité sincère, après avoir parlé de sa tentative de viol. Il y avait encore quelqu'un derrière toute cette folie qu’elle aimait montrer. Néanmoins, elle était quand même prête à vendre un être qu’elle avait l’air d’avoir sincèrement aimé. Ce n’était pas rien.
« Ça me va. Comment tu ferais pour la contacter ? »
« Les rumeurs. Elles se propagent vite, aux Bouges, quand on sait où faire souffler le vent. »
« En effet… C’est même comme ça que je t’ai fait venir ici, » dis-je avec un sourire en coin. « Et ton amoureuse, elle a le même genre de pouvoir que toi ? Elle aussi, elle pourrait nous filer entre les mains en un claquement de doigts comme tu sais faire ? »
« Elle m'arrive pas à la cheville. »
« C'est ton égo qui parle ou c'est la vérité ? Si on doit se lancer dans une chasse à la magicienne, j'ai pas envie d'une mauvaise surprise. Plus j'en sais sur ses capacités, mieux on sera préparé. »
« Gneuh gneuh gneuh, ton égo... » Elle secoua la tête. « Elle était nulle à l'époque, depuis elle a reçu les enseignements des violets. »
Je levai un sourcil en la regardant, un sourire en coin :
« Pour quelqu'un qui aime bien provoquer, qu'est-ce que t'es susceptible ! » Puis je repris plus sérieusement : « Justement, en parlant de vos enseignements magiques. Ça marche comment chez vous ? Dans mon monde, la magie est essentiellement liée aux éléments. C'est pareil ici ? Ça fonctionne différemment ? »
« Aux éléments ? Genre la caillasse, le feu et compagnie ? C'est siiii primaire. Ici, selon sa maîtrise, c'est tout le réel qui peut être touché. Modifié. Créé. »
Je restai interdit un instant. Quand elle parlait de plier la réalité à ses envies tout à l’heure, ce n’était donc pas une figure de style. Si c’était vrai, cela était peut-être la vraie raison pour laquelle les Lumineux interdisaient la magie. Leur bouclier anti-mortalité était-il en danger ? Existait-il seulement ?
« Attends, attends ! Explique-moi ça plus en détail. Ça peut aller jusqu'où, ça ? T'es capable de faire quoi, toi, par exemple ? Mis à part te téléporter et changer de forme ? »
« C'est déjà pas mal, non ? » se vexa-t-elle avant de reprendre avec un sourire provocateur. « C'est pas drôle si je te laisse pas quelques surprises. Mais... tout est possible. C'est pas toi qui l'as dit ? »
Cette réponse avait le don de m’insupporter. Rien n’était simple avec cette femme, mais je m’y attendais ; il ne pouvait pas en être autrement.
« Oui, oui, j'ai dit ça... Mais je déteste les surprises. Comment tu veux qu'on monte un plan bien ficelé si tu m'aides pas un minimum à parer toutes les éventualités ? Le but n'est pas que ce soit drôle, mais efficace. » dis-je légèrement renfrogné alors qu’elle s’amusait à sourire, l’air de rien, comme si elle était innocente.
« Bref… » lâchai-je pour conclure, n’ayant pas plus envie de me prendre la tête avec elle. Nous y reviendrions, j’en étais sûr.
« Tu sais si les Carmins soignent des blessures moins graves que des ablations corporelles, sans que je sois obligé de leur filer un bout de moi-même ? J'ai quand même besoin de me refaire un minimum, et rapidement. À moins que t'aies des talents de soigneuse cachés. »
« Ouais ouais, ils peuvent. Mais faudra quand même payer. »
« Ils prennent l'or ? Ou tu nous passeras gracieusement quelques pénis de ta collection en guise de paiement ? »
« Ils prennent l'or. »
Je sortis ma bourse, lui montrant mes quatre pièces d'or et quelques.
« Tu crois que ça suffira ? »
Elle jeta les yeux avec avidité sur ma bourse.
« Oh, mais petit guerrier est riche ! Tu ferais mieux de cacher ça, ça pourrait faire des envieux. »
Je levai un sourcil en rangeant ma bourse bien en sécurité selon ses conseils.
« Riche ? Pour les Bouges, non ? Quand j'ai montré ma bourse là-haut ils avaient pas l'air très impressionnés, » dis-je en me rappelant Ezra qui avait commenté que je ne monterais pas les étages bien haut avec ce pécule.
« Pour les Bouges, pour la Veine, pour les Voies Médianes… C'est une somme coquette. Il n'y a que les hautains qui te prendraient de haut. »
« D'accord. Bon, je crois qu'on s'est assez dit. Allons rejoindre les autres. »
Je commençai à me retourner avant de m'arrêter.
« Dernière chose. Tu m'as dit de t'appeler comme je voulais, ou Blanche. Moi ce qui m'intéresse, c'est de savoir quel nom tu voudrais, toi. Comment tu veux qu'on te nomme ? »
« Je ne veux pas qu'on me nomme. Je veux qu'on me craigne. »
J'eus un rire franc.
« Alors ça c'est de la réplique. C'est noté. Bienvenue dans l'équipe, Blanche, la Terreur Noire. »
Je pris la route vers mes comparses.
« N'oublie pas que tu m'as promis d'être sage et pas un mot sur notre accord. C’est toi et moi. »
Nous retrouvâmes mes comparses en pleine conversation. Enfin, sauf pour la muette, bien entendu, qui attendait patiemment. J’entrepris de leur faire un résumé de la situation :
« Bien. Je vous présente Blanche. Elle va nous aider. Je lui ai fait promettre de ne pas vous provoquer inutilement, ce qu’elle promet de faire si vous faites de même. N’est-ce pas ? » dis-je en dardant un regard entendu sur elle.
« Elle m’a confirmé que la SOMA est le regroupement de mages le plus puissant ici-bas. Elle pense que les Carmins ne savent rien d’eux, mais je suis pas contre le fait de passer par chez eux pour se refaire une santé. En revanche, elle connaît personnellement un de ses membres. Elle est prête à servir d’appât pour l’amener à nous. »
- Huyïn
- Messages : 65
- Enregistré le : mar. 5 nov. 2019 15:28
Re: Les Bouges
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Le Tigre s'attendait à une particularité de type squelettique, mais en-dehors de signes attestant d'un manque de nourriture, pas d'os à nu sur le corps. En revanche, Huyïn est intrigué par l'anatomie de l'humain d'apparence masculine. Il n'a ni trace de mamelles atrophiées ni des éléments reproducteurs, en-dehors d'un appendice long et lisse. Pas de cicatrices qui indiqueraient qu'ils ont été retirés volontairement. Les Ashaaris sont-ils tous ainsi faits ou juste celui-ci ? L'absence de réaction des chevaliers proches semble indiquer que rien d'anormal leur saute aux yeux. Le Woran est véritablement circonspect, parce qu'à la vue du corps, il a l'étrange sentiment de voir ce que donnerait une statue humaine faite par quelqu'un à qui ont aurait sobrement décrit un individu masculin. Il a presque envie de savoir si leurs organes internes sont davantage développés, mais sa fouille s'achève et ne lui en laisse guère l'occasion. Il se contente de prendre la robe et le mantel élégant, repérant les traces de sang à leur aspect poisseux et odorant plutôt que visuel.
Les effets placés dans sa besace, le Tigre s'éloigne par la voie choisie. Il repère en passant la planque de la femme, un recoin sombre duquel il est possible de voir sans être vu. Une cachette bien pensée, mais étrange encore une fois. Si les deux individus sont aussi forts et prédateurs qu'ils l'entendent, pourquoi prendre la peine de se dissimuler ? La tête étrangement faite de la fille Dangmar, peut-être.
Huyïn poursuit prudemment dans le boyau choisi, la lueur des murs lui suffisant amplement pour voir où ses pattes félines se posent. Un léger tiraillement dans les muscles lui indique qu'il remonte un peu, mais vers quel genre d'endroit ? Ses oreilles papillonnent, en quête d'un rire familier ou de voix terrorisées par un usage de magie d'obscurité. Mais rien. Ou si finalement. Là, au loin, deux silhouettes semblent discuter sans franchement prendre garde aux alentours. Se sentent-ils en terrain conquis ou sont-ils simplement imprudents ? L'un est une femme en robe noire à la crinière sombre en bataille, un sourire large sur ses traits. Il lui rappelle immédiatement celui du cultiste carmin qui lui a administré la substance. Face à elle, un homme qui... Semble en avoir vu de toutes les couleurs. Il est couverts de bandages et autres au niveau de la tête, visibles malgré ses protections. Il favorise l'une de ses jambes et il porte une armure sombre, aux reflets violacés, comme un ensemble écailleux. La chose n'est pas sans immédiatement faire penser à l'Hinïon manquant. Fait intriguant, cela ne ressemble en rien aux armures du Soleil noir, et le Félin doute qu'il soit aisé d'entrer en possession d'une telle protection dans les Bouges. Est-ce un local débrouillard ou... Peut-être un yuiménien ?
Huyïn a besoin d'en avoir le cœur net et s'approche discrètement d'eux. Il a rencontré assez de monde récemment, faire la conversation dans l'immédiat ne l'intéresse pas vraiment. Attentif, il oriente ses oreilles vers eux et s'immobilise pour ne pas attirer trop vite leur attention. Les premières paroles qu'il entend sont liées à la capacité de la femme de changer de forme, ce à quoi elle répond qu'en sa qualité de magicienne, elle peut plier la réalité à ses envies. Fanfaronnade, folie ou vérité ? Difficile à dire. Le Tigre épie, comprenant rapidement qu'il s'agit bien d'un ressortissant de Yuimen décidé à faire la lumière sur sa situation, non sans indiquer vouloir en découdre avec les Chevaliers des Cieux. Ambitieux pour qui est dans les Bouges.
Mais ce qui interpelle immédiatement le Tigre, c'est la réponse de la femme pâle. Apparemment, il y aurait un précédent dans une histoire de modification de souvenirs pour faire croire à une autre identité, quand la personne a toujours été de ce monde-ci. De ce côté là, le Félin n'a aucun doute sur la sienne. Le fait d'être le seul Woran de toute la partie visitée de la cité et posséder une monnaie inexistante en attestent. Mais cela prête à réflexion. Pour pouvoir agir ainsi, il faut savoir qu'un monde différent existe, l'avoir suffisamment exploré pour constituer un passé cohérent... Et si... Si, au lieu de bloquer des 'étrangers' en Ashaar en leur implantant ces identités, l'objectif aurait plutôt été d'envoyer des ashaaris dans cet autre monde sans qu'ils aient souvenir de leur prison souterraine ? Pour les protéger eux ou... Protéger Ashaar d'eux ? L'idée fait étrangement son chemin dans le crâne du Félin, mais pour en deviser, il lui faudrait un partenaire de réflexion adéquat.
Il reporte son attention sur le duo en plein échange, y compris de gestes faussement intimes. Discussion des limites à ne pas dépasser avec les compagnons du yuiménien. Plusieurs dans le coin, donc. Probablement ceux qui se sont joints aux Hordeux sur la place. Sont également abordés l'identité de cette Blanche la Noire, du crime qui l'a envoyée là, de sa vengeance devenue une sorte de routine en sectionnant les appareils généralement reproducteurs des mâles croisant sa route. Il est question de coopération entre les deux en échange d'une faveur, comme faire choir les voie-hautains de leur perchoir. Tâche ardue, rendue plus complexe par la possible implication des êtres ailés. Les oreilles du Tigre papillonnent quand il comprend que les Lumineux sont en mesure de purger la cité en cas de soulèvement. Et cela ne sonne pas théorique. L'idée que certains ashaaris aient été mis à l'abri via leur ignorance n'est peut-être pas si stupide en fin de compte.
Les deux s'accordent, promettant de faire tomber les habitants des voies les plus hautes en échange de l'aide de la magicienne pour quitter ce monde. Là encore, ambitieux. À moins de décrocher le niveau entier et le faire s'effondrer sur le reste de la cité, cela semble du domaine du rêve éveillé. Et si cela se concrétise tout de même, Huyïn fera un effort pour que Salmeck d'Orthel ne soit pas aux premières loges de la chute. Il est la seconde personne fréquentable de cette tombe pour vivants, après tout. Autre sujet intéressant soulevé : la SOMA. La plus puissante alliance de mages des Bouges, que les autres yuiméniens cherchent aussi. Mais il semblerait que se faire introuvable fasse partie de leur identité, sauf s'ils y gagnent quelque chose d'important. Huyïn n'a rien de bien concret à proposer, ni matériel ni connaissance ou appui. Le Dragon d'Améthyste a littéralement davantage de poids en ce sens. S'il a bien filé des griffes carmins, peut-être sa puissance a-t-elle été décelée et se trouve-t-il déjà auprès d'eux ? Impossible de le savoir.
Les deux humains échangent des réparties presque bon enfant, compte tenu des circonstances. Un projet de retrouver une ancienne amante via un piège, le nom des Carmins faisant presque rouler les yeux vert pâle. Le Woran se remet à écouter attentivement quand il est question du fonctionnement de la magie en Ashaar, et le moins qu'il puisse dire est qu'il se sent brièvement piqué au vif. Ladite Blanche qualifie la puissance élémentaire de 'primaire', chose désagréable pour qui est conscient de son Don, mais elle est en droit de le faire puisque dans cette cité enterrée, la maîtrise de la magie permet de... D'influer sur le réel. De le modifier, de le créer. Le Tigre devient pensif, songeant à l'Hinïon disparu. Comment Naral Shaam réagirait à la suggestion que sa chevelure violette, ses pouvoirs immenses capables de changer de la brume obscure en main bien tangible à la force incomparable, alliés à son expression particulière à la vue des Lumineux, feraient de lui un mage ashaari exilé ? Huyïn se retient de justesse de secouer la tête. Il n'y aurait qu'une seule façon de se l'assurer, et il n'a aucun souhait de courroucer le Dragon elfique... Encore faut-il parvenir à le rejoindre.
Immobile, le Tigre les regarde discuter de paiement contre des soins puis s'éloigner, visiblement satisfaits de leur entretien. Il ne peut pas rester là. Si leur projet est d'aller dans la tanière des carmins, ils devront probablement passer par le boyau où il se trouve, puis le camp de Dangmar et l'autre couloir. Les yeux du Félin se tournent vers le passage emprunté. Il y existe plusieurs boyaux plus étroits, ce qui devrait lui permettre d'atteindre un couloir différent ou, dans le pire des cas de s'y dissimuler comme Rika, en attendant qu'ils passent. Aucun intérêt à les côtoyer, surtout s'il s'agit bien de ceux qui mangent à tous les râteliers et causent un chaos dont il n'a guère besoin. Attentif aux sons qui indiqueraient une rapide approche du groupe invisible, il se met en route.
Il lui faut retrouver le Dragon d'Améthyste. Et s'il n'y arrive pas dans les prochaines heures, peut-être se mettre en quête de l'un de ces mages indépendants décrits par la femme. Cette histoire de maîtrise de la Magie permettant d'altérer la réalité l'intrigue grandement. Est-ce une capacité que seul un ashaari puisse apprendre ou son Don du vent lui offre-t-il le potentiel nécessaire pour y être initié ? Cela mérite de s'y intéresser. Et si là encore il fait chou blanc, il lui faudra quitter le quartier pour chercher de nouvelles pistes à explorer.
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Le Tigre s'attendait à une particularité de type squelettique, mais en-dehors de signes attestant d'un manque de nourriture, pas d'os à nu sur le corps. En revanche, Huyïn est intrigué par l'anatomie de l'humain d'apparence masculine. Il n'a ni trace de mamelles atrophiées ni des éléments reproducteurs, en-dehors d'un appendice long et lisse. Pas de cicatrices qui indiqueraient qu'ils ont été retirés volontairement. Les Ashaaris sont-ils tous ainsi faits ou juste celui-ci ? L'absence de réaction des chevaliers proches semble indiquer que rien d'anormal leur saute aux yeux. Le Woran est véritablement circonspect, parce qu'à la vue du corps, il a l'étrange sentiment de voir ce que donnerait une statue humaine faite par quelqu'un à qui ont aurait sobrement décrit un individu masculin. Il a presque envie de savoir si leurs organes internes sont davantage développés, mais sa fouille s'achève et ne lui en laisse guère l'occasion. Il se contente de prendre la robe et le mantel élégant, repérant les traces de sang à leur aspect poisseux et odorant plutôt que visuel.
Les effets placés dans sa besace, le Tigre s'éloigne par la voie choisie. Il repère en passant la planque de la femme, un recoin sombre duquel il est possible de voir sans être vu. Une cachette bien pensée, mais étrange encore une fois. Si les deux individus sont aussi forts et prédateurs qu'ils l'entendent, pourquoi prendre la peine de se dissimuler ? La tête étrangement faite de la fille Dangmar, peut-être.
Huyïn poursuit prudemment dans le boyau choisi, la lueur des murs lui suffisant amplement pour voir où ses pattes félines se posent. Un léger tiraillement dans les muscles lui indique qu'il remonte un peu, mais vers quel genre d'endroit ? Ses oreilles papillonnent, en quête d'un rire familier ou de voix terrorisées par un usage de magie d'obscurité. Mais rien. Ou si finalement. Là, au loin, deux silhouettes semblent discuter sans franchement prendre garde aux alentours. Se sentent-ils en terrain conquis ou sont-ils simplement imprudents ? L'un est une femme en robe noire à la crinière sombre en bataille, un sourire large sur ses traits. Il lui rappelle immédiatement celui du cultiste carmin qui lui a administré la substance. Face à elle, un homme qui... Semble en avoir vu de toutes les couleurs. Il est couverts de bandages et autres au niveau de la tête, visibles malgré ses protections. Il favorise l'une de ses jambes et il porte une armure sombre, aux reflets violacés, comme un ensemble écailleux. La chose n'est pas sans immédiatement faire penser à l'Hinïon manquant. Fait intriguant, cela ne ressemble en rien aux armures du Soleil noir, et le Félin doute qu'il soit aisé d'entrer en possession d'une telle protection dans les Bouges. Est-ce un local débrouillard ou... Peut-être un yuiménien ?
Huyïn a besoin d'en avoir le cœur net et s'approche discrètement d'eux. Il a rencontré assez de monde récemment, faire la conversation dans l'immédiat ne l'intéresse pas vraiment. Attentif, il oriente ses oreilles vers eux et s'immobilise pour ne pas attirer trop vite leur attention. Les premières paroles qu'il entend sont liées à la capacité de la femme de changer de forme, ce à quoi elle répond qu'en sa qualité de magicienne, elle peut plier la réalité à ses envies. Fanfaronnade, folie ou vérité ? Difficile à dire. Le Tigre épie, comprenant rapidement qu'il s'agit bien d'un ressortissant de Yuimen décidé à faire la lumière sur sa situation, non sans indiquer vouloir en découdre avec les Chevaliers des Cieux. Ambitieux pour qui est dans les Bouges.
Mais ce qui interpelle immédiatement le Tigre, c'est la réponse de la femme pâle. Apparemment, il y aurait un précédent dans une histoire de modification de souvenirs pour faire croire à une autre identité, quand la personne a toujours été de ce monde-ci. De ce côté là, le Félin n'a aucun doute sur la sienne. Le fait d'être le seul Woran de toute la partie visitée de la cité et posséder une monnaie inexistante en attestent. Mais cela prête à réflexion. Pour pouvoir agir ainsi, il faut savoir qu'un monde différent existe, l'avoir suffisamment exploré pour constituer un passé cohérent... Et si... Si, au lieu de bloquer des 'étrangers' en Ashaar en leur implantant ces identités, l'objectif aurait plutôt été d'envoyer des ashaaris dans cet autre monde sans qu'ils aient souvenir de leur prison souterraine ? Pour les protéger eux ou... Protéger Ashaar d'eux ? L'idée fait étrangement son chemin dans le crâne du Félin, mais pour en deviser, il lui faudrait un partenaire de réflexion adéquat.
Il reporte son attention sur le duo en plein échange, y compris de gestes faussement intimes. Discussion des limites à ne pas dépasser avec les compagnons du yuiménien. Plusieurs dans le coin, donc. Probablement ceux qui se sont joints aux Hordeux sur la place. Sont également abordés l'identité de cette Blanche la Noire, du crime qui l'a envoyée là, de sa vengeance devenue une sorte de routine en sectionnant les appareils généralement reproducteurs des mâles croisant sa route. Il est question de coopération entre les deux en échange d'une faveur, comme faire choir les voie-hautains de leur perchoir. Tâche ardue, rendue plus complexe par la possible implication des êtres ailés. Les oreilles du Tigre papillonnent quand il comprend que les Lumineux sont en mesure de purger la cité en cas de soulèvement. Et cela ne sonne pas théorique. L'idée que certains ashaaris aient été mis à l'abri via leur ignorance n'est peut-être pas si stupide en fin de compte.
Les deux s'accordent, promettant de faire tomber les habitants des voies les plus hautes en échange de l'aide de la magicienne pour quitter ce monde. Là encore, ambitieux. À moins de décrocher le niveau entier et le faire s'effondrer sur le reste de la cité, cela semble du domaine du rêve éveillé. Et si cela se concrétise tout de même, Huyïn fera un effort pour que Salmeck d'Orthel ne soit pas aux premières loges de la chute. Il est la seconde personne fréquentable de cette tombe pour vivants, après tout. Autre sujet intéressant soulevé : la SOMA. La plus puissante alliance de mages des Bouges, que les autres yuiméniens cherchent aussi. Mais il semblerait que se faire introuvable fasse partie de leur identité, sauf s'ils y gagnent quelque chose d'important. Huyïn n'a rien de bien concret à proposer, ni matériel ni connaissance ou appui. Le Dragon d'Améthyste a littéralement davantage de poids en ce sens. S'il a bien filé des griffes carmins, peut-être sa puissance a-t-elle été décelée et se trouve-t-il déjà auprès d'eux ? Impossible de le savoir.
Les deux humains échangent des réparties presque bon enfant, compte tenu des circonstances. Un projet de retrouver une ancienne amante via un piège, le nom des Carmins faisant presque rouler les yeux vert pâle. Le Woran se remet à écouter attentivement quand il est question du fonctionnement de la magie en Ashaar, et le moins qu'il puisse dire est qu'il se sent brièvement piqué au vif. Ladite Blanche qualifie la puissance élémentaire de 'primaire', chose désagréable pour qui est conscient de son Don, mais elle est en droit de le faire puisque dans cette cité enterrée, la maîtrise de la magie permet de... D'influer sur le réel. De le modifier, de le créer. Le Tigre devient pensif, songeant à l'Hinïon disparu. Comment Naral Shaam réagirait à la suggestion que sa chevelure violette, ses pouvoirs immenses capables de changer de la brume obscure en main bien tangible à la force incomparable, alliés à son expression particulière à la vue des Lumineux, feraient de lui un mage ashaari exilé ? Huyïn se retient de justesse de secouer la tête. Il n'y aurait qu'une seule façon de se l'assurer, et il n'a aucun souhait de courroucer le Dragon elfique... Encore faut-il parvenir à le rejoindre.
Immobile, le Tigre les regarde discuter de paiement contre des soins puis s'éloigner, visiblement satisfaits de leur entretien. Il ne peut pas rester là. Si leur projet est d'aller dans la tanière des carmins, ils devront probablement passer par le boyau où il se trouve, puis le camp de Dangmar et l'autre couloir. Les yeux du Félin se tournent vers le passage emprunté. Il y existe plusieurs boyaux plus étroits, ce qui devrait lui permettre d'atteindre un couloir différent ou, dans le pire des cas de s'y dissimuler comme Rika, en attendant qu'ils passent. Aucun intérêt à les côtoyer, surtout s'il s'agit bien de ceux qui mangent à tous les râteliers et causent un chaos dont il n'a guère besoin. Attentif aux sons qui indiqueraient une rapide approche du groupe invisible, il se met en route.
Il lui faut retrouver le Dragon d'Améthyste. Et s'il n'y arrive pas dans les prochaines heures, peut-être se mettre en quête de l'un de ces mages indépendants décrits par la femme. Cette histoire de maîtrise de la Magie permettant d'altérer la réalité l'intrigue grandement. Est-ce une capacité que seul un ashaari puisse apprendre ou son Don du vent lui offre-t-il le potentiel nécessaire pour y être initié ? Cela mérite de s'y intéresser. Et si là encore il fait chou blanc, il lui faudra quitter le quartier pour chercher de nouvelles pistes à explorer.
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Modifié en dernier par Huyïn le sam. 26 avr. 2025 08:15, modifié 1 fois.
- Leyna
- Messages : 75
- Enregistré le : dim. 6 janv. 2019 16:29
Re: Les Bouges
Ils progressèrent en silence, accompagné de quelques bruits feutrés de la rue. Plus loin, il y avait effectivement quelques torches sur un toit, et quelques voix, mais impossible de s'y rendre d'ici...
Mais plus urgemment, ils entendirent de lourds bruits de pas. Un groupe de guerriers en armure noire aux airs de créatures fantastiques venaient de débarquer. Ils ne se montrèrent pas agressifs pour autant : leur chef, une femme aux cheveux noirs, s'approcha pour leur demander s'ils étaient de nouveau venus. Le capitaine assura qu'ils n'étaient que de passage, alors que Leyna, demanda plus directement :
« Pouvez-vous nous expliquer ce qui se passe ici ? »
Elle se présenta comme des « maraudeurs noirs ». Et comme Drac leur faisait remarquer leur peu de surprise, elle confirma qu'il était effectivement fréquent de voir des bandits arriver d'en haut mais l'apparence du groupe la surprenait. Aussi, elle leur proposa un choix : venir avec eux en quête de batailles et de fraternité, se placer sous leur protection... ou payer le prix du refus des deux autres.
Compte-tenu des circonstances, l'offre était raisonnable, et l'ensemble du groupe sembla approuver la première possibilité. Hart, cependant, souhaitait en savoir plus sur qui ils étaient et qui commandait. Ils avaient besoin d'alliés, et des alliés combattants ne seraient pas de trop. La prêtresse appuya :
« La bataille et la fraternité sont des choses que nous connaissons bien. Votre offre est tentante, mais je suis curieuse des réponses que vous pourriez apporter à notre capitaine. »
Apparemment, elle était disposée à les recruter, bien que son enthousiasme soit apparemment limité. Ils étaient des mercenaires qui se vantaient d'être bien armés. Ils étaient au service d'une certaine Evanie la Sombre. Il y avait décidément un thème récurent chez ces gens... La vie était rude, même pour eux. Mais dans tous les cas, ils n'avaient guère le choix :
« Nous n'avons pas peur de nous battre, alors avec votre permission, capitaine, je pense accepter leur proposition. Cela devrait nous aider à comprendre ce qui se passe ici... »
Mais plus urgemment, ils entendirent de lourds bruits de pas. Un groupe de guerriers en armure noire aux airs de créatures fantastiques venaient de débarquer. Ils ne se montrèrent pas agressifs pour autant : leur chef, une femme aux cheveux noirs, s'approcha pour leur demander s'ils étaient de nouveau venus. Le capitaine assura qu'ils n'étaient que de passage, alors que Leyna, demanda plus directement :
« Pouvez-vous nous expliquer ce qui se passe ici ? »
Elle se présenta comme des « maraudeurs noirs ». Et comme Drac leur faisait remarquer leur peu de surprise, elle confirma qu'il était effectivement fréquent de voir des bandits arriver d'en haut mais l'apparence du groupe la surprenait. Aussi, elle leur proposa un choix : venir avec eux en quête de batailles et de fraternité, se placer sous leur protection... ou payer le prix du refus des deux autres.
Compte-tenu des circonstances, l'offre était raisonnable, et l'ensemble du groupe sembla approuver la première possibilité. Hart, cependant, souhaitait en savoir plus sur qui ils étaient et qui commandait. Ils avaient besoin d'alliés, et des alliés combattants ne seraient pas de trop. La prêtresse appuya :
« La bataille et la fraternité sont des choses que nous connaissons bien. Votre offre est tentante, mais je suis curieuse des réponses que vous pourriez apporter à notre capitaine. »
Apparemment, elle était disposée à les recruter, bien que son enthousiasme soit apparemment limité. Ils étaient des mercenaires qui se vantaient d'être bien armés. Ils étaient au service d'une certaine Evanie la Sombre. Il y avait décidément un thème récurent chez ces gens... La vie était rude, même pour eux. Mais dans tous les cas, ils n'avaient guère le choix :
« Nous n'avons pas peur de nous battre, alors avec votre permission, capitaine, je pense accepter leur proposition. Cela devrait nous aider à comprendre ce qui se passe ici... »