L'Entresol
- Cromax
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Re: L'Entresol
La Cité des Ombres
L’Entresol
L’Entresol
Jour 1 – fin d’après-midi.
Le socle de pierre descendit jusqu’à un niveau inférieur, où une dizaine de gardes sur le pied de guerre les attendaient. Les gardes des bastions, ceux avec des ailes noires sur le casque. Voyant que le groupe était accompagné de deux capitaines de l’Ordre, ils les laissèrent pénétrer dans un vaste couloir de pierres. Assez vaste pour faire passer plusieurs charrettes de front. Assez vaste pour y planquer une armée. Chaque porte de l’endroit était flanqué de deux gardes aux mêmes casques ailés, qu’elle soit grande ou petite. Une protection presque exagérée, compte tenu du calme ambiant. Un silence presque angoissant. Les pas du groupe résonnèrent dans ce vaste lieux, et Ezra les mena jusqu’à une porte de taille raisonnable, à échelle humaine. Elle l’ouvrit et Shirel y pénétra. La capitaine brune expliqua :
“Voilà l’un de nos réfectoires. Installez-vous, je vais prévenir mes supérieurs de votre présence et vous apporter de quoi vous sustenter. Posez vos questions à Shirel en attendant. S’il y en a auxquelles elle ne sait pas répondre, vous les poserez au Général. Mais évitez de parler de banalités avec lui : son temps reste précieux, surtout le Jour du Don.”
La salle s’ouvrit devant eux, aux dimensions impressionnantes. Des tablées cernées de bancs de bois sur toute la longueur, et aux murs de pierres de nombreusex fanions aux armes de l’ordre : Soleil d’Or sur fond noir. Ou Soleil noir sur fond d’Or.
(image d’ambiance générale : les fenêtres sont remplacées par les fanions décrits, et ceux du fond portent bien le soleil noir, et non une autre forme.)
Shirel s’installa sur l’extrémité d’un banc, à la première table venue, et attendit l’assaut des questions.
[HJ : On peut faire une discussion de groupe à quatre sur discord ou la mener ici, idéalement en postant deux messages sur la semaine, dont l’un avant mercredi. Tenez-moi au jus de votre décision.]
- Xël
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Re: L'Entresol
Des regards curieux se tournent vers nous alors que la foule s’écarte pour laisser le passage se libérer. L’endroit ressemble assez fortement à la Grande Rue de Kendra Kâr en vérité. Les gens se promènent avec leurs paniers de provisions le long d’étals sous la surveillance des gardes. A croire que le chaos provoqué par la chute d’une tête de Dragon est déjà loin.
Je comprends que nous enfonçons d’avantage dans la cité quand une fois au poste des gardes nous prenons place sur une pierre qui se met à descendre jusqu’à un couloir immense. Immense c’est d’ailleurs le mot qui décrit le mieux tout ce que je croise dorénavant. D’immenses couloirs pouvant abriter une immense armée dans laquelle nous progressons dans un immense silence jusqu’à un immense réfectoire où se trouve d’immenses tables surplombés d’immenses fanions.
Je découvre le lieu avec stupeur, m’interrogeant sur la taille que doit faire l’armée du Soleil Noir pour avoir des locaux si vastes. Ezak s’éclipse avec la brune tandis que la blonde s’installe à une table pour attendre nos questions tandis qu’Yliria s’assoit également avant de demander si la taille de tout ce lieu est nécessaire ou démesuré. Je m’installe à mon tout à côté de la Capitaine pour lui poser des questions plus importantes.
« Vous aviez l’air perturbé quand ces deux là ont entamés la nuit à venir, vous n’aviez jamais vu des gens s’embrasser ou vous avez ressenti un désir particulier ? »
Demandais-je avec une sympathie curieuse avant d’enchaîner sur une question concernant l’alimentation du coin.
« Ah et quel genre de viande vous mangez ici ? Toute votre nourriture vient de la surface ? »
Cela me vaut une tape derrière la tête et un coup de pied dans le tibia de la part des amants d’Ynorie j’apprends également que le Soleil Noir est une immense armée mais que nous n’avons vu, en quelque sorte, que la partie tranquille de la cité et que les forces sont surtout en place en dessous de nous dans la cité inférieur que la capitaine décrit comme un repaire de malfrats voulant l’insurrection. Malgré que ma question soit plus une taquinerie qu’autre chose elle répond tout de même en rougissant que c’était curieux et un peu répugnant avant de cesser sa phrase en rougissant d’avantage. Je m’en amuse et propose d’en reparler quand nous serons seuls pour me plonger plus sérieusement dans la conversation.
J’apprends que l’interdiction de la magie résulte plus d’un ordre, voir d’une croyance, plutôt qu’un quelconque risque, que les révoltes venant d’en dessous sont nombreuses mais constamment étouffées et les responsables jetés dans les Tréfonds. Un endroit où l’immortalité n’est plus et la capitaine doute même qu’on puisse y survivre. J’apprends également que la viande d’ici vient en grande quantité de la surface mais elle ne semble pas savoir ce qu’est un boeuf ou un porc, j’en conclus que les bouchers de la voie Mediane ne font vraiment que de la découpe de viande déjà préparée.
Je gratte ma barbe naissante, perplexe, écoutant Aki demandant une entrevue avec un certain Khimmel qu’Ezak m’avait déjà mentionné, visiblement ce n’est pas un individu avec lequel on peut échanger. Shirel décrit également ce qu’est le jour du Don, une journée qui est en faite le jour où on jette la nourriture aux animaux en cage. Elle décrit tout ça d’un ton léger et pourtant c’est tout ce que ça m’évoque, le souvenir d’un aubergiste jetant ses restes aux poules, aux chats et aux rats.
Elle suscite tout de même ma curiosité en parlant d’un chapitre de Chevalier qui patrouille dans ce qu’elle nomme les bouges. Je pense qu’un mage en dessous a forcement une piste, d’où mon interêt pour une éventuelle personnalité de la cité inférieur qui en connaitrait assez pour nous donner une piste et rentrer chez nous.
J’ai l’impression de ne pas être le seul mal à l’aise face à la façon dont est géré cette cité à voir la façon dont la bretteuse plisse les yeux et pince les lèvres. Je pense la comprendre, il y a un sentiment d’injustice qui pèse sur cet endroit et je n’ai pas envie d’y trainer, malgré la beauté de leurs officiers.
Akihito propose finalement à raison d’écourter nos échanges pour nous restaurer et je demande alors si nous pouvons partager un repas en me demandant si Ezak en apprends plus que nous.
Je comprends que nous enfonçons d’avantage dans la cité quand une fois au poste des gardes nous prenons place sur une pierre qui se met à descendre jusqu’à un couloir immense. Immense c’est d’ailleurs le mot qui décrit le mieux tout ce que je croise dorénavant. D’immenses couloirs pouvant abriter une immense armée dans laquelle nous progressons dans un immense silence jusqu’à un immense réfectoire où se trouve d’immenses tables surplombés d’immenses fanions.
Je découvre le lieu avec stupeur, m’interrogeant sur la taille que doit faire l’armée du Soleil Noir pour avoir des locaux si vastes. Ezak s’éclipse avec la brune tandis que la blonde s’installe à une table pour attendre nos questions tandis qu’Yliria s’assoit également avant de demander si la taille de tout ce lieu est nécessaire ou démesuré. Je m’installe à mon tout à côté de la Capitaine pour lui poser des questions plus importantes.
« Vous aviez l’air perturbé quand ces deux là ont entamés la nuit à venir, vous n’aviez jamais vu des gens s’embrasser ou vous avez ressenti un désir particulier ? »
Demandais-je avec une sympathie curieuse avant d’enchaîner sur une question concernant l’alimentation du coin.
« Ah et quel genre de viande vous mangez ici ? Toute votre nourriture vient de la surface ? »
Cela me vaut une tape derrière la tête et un coup de pied dans le tibia de la part des amants d’Ynorie j’apprends également que le Soleil Noir est une immense armée mais que nous n’avons vu, en quelque sorte, que la partie tranquille de la cité et que les forces sont surtout en place en dessous de nous dans la cité inférieur que la capitaine décrit comme un repaire de malfrats voulant l’insurrection. Malgré que ma question soit plus une taquinerie qu’autre chose elle répond tout de même en rougissant que c’était curieux et un peu répugnant avant de cesser sa phrase en rougissant d’avantage. Je m’en amuse et propose d’en reparler quand nous serons seuls pour me plonger plus sérieusement dans la conversation.
J’apprends que l’interdiction de la magie résulte plus d’un ordre, voir d’une croyance, plutôt qu’un quelconque risque, que les révoltes venant d’en dessous sont nombreuses mais constamment étouffées et les responsables jetés dans les Tréfonds. Un endroit où l’immortalité n’est plus et la capitaine doute même qu’on puisse y survivre. J’apprends également que la viande d’ici vient en grande quantité de la surface mais elle ne semble pas savoir ce qu’est un boeuf ou un porc, j’en conclus que les bouchers de la voie Mediane ne font vraiment que de la découpe de viande déjà préparée.
Je gratte ma barbe naissante, perplexe, écoutant Aki demandant une entrevue avec un certain Khimmel qu’Ezak m’avait déjà mentionné, visiblement ce n’est pas un individu avec lequel on peut échanger. Shirel décrit également ce qu’est le jour du Don, une journée qui est en faite le jour où on jette la nourriture aux animaux en cage. Elle décrit tout ça d’un ton léger et pourtant c’est tout ce que ça m’évoque, le souvenir d’un aubergiste jetant ses restes aux poules, aux chats et aux rats.
Elle suscite tout de même ma curiosité en parlant d’un chapitre de Chevalier qui patrouille dans ce qu’elle nomme les bouges. Je pense qu’un mage en dessous a forcement une piste, d’où mon interêt pour une éventuelle personnalité de la cité inférieur qui en connaitrait assez pour nous donner une piste et rentrer chez nous.
J’ai l’impression de ne pas être le seul mal à l’aise face à la façon dont est géré cette cité à voir la façon dont la bretteuse plisse les yeux et pince les lèvres. Je pense la comprendre, il y a un sentiment d’injustice qui pèse sur cet endroit et je n’ai pas envie d’y trainer, malgré la beauté de leurs officiers.
Akihito propose finalement à raison d’écourter nos échanges pour nous restaurer et je demande alors si nous pouvons partager un repas en me demandant si Ezak en apprends plus que nous.
- Yliria
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- Localisation : À la fin d'une Ere
Re: L'Entresol
Cette ville foisonnait d’activité, un peu à la manière de Tulorim, avec ses commerçants et tous ses passants qui allaient au marché récupérer denrées et produits en tout genre. C’était un peu bizarre de ne voir aucun enfant fendre la foule en criant ou riant, mais on était visiblement la chose la plus bizarre du coin, au vu des regards qui s’attardaient sur nous avant de vite se détourner à la vue de notre escorte. Peur ou respect, difficile à dire. Le trajet vu donc calme, avant d’arriver au Bastion que nous devions atteindre, via un étrange appareil nous faisant descendre. Je me demandais comment cela fonctionnait… de la magie ?
(Peu probable, vu qu’elle est interdite… Alyah ?)
(Wohey, tu m’en demande trop, j’en ai strictement aucune idée.)
(Même pas une petite ?)
(Tu n’as qu’à poser la question, si tu es si curieuse.)
Elle n’avait pas tort, mais ce n’était pas vraiment important, donc je laissai filer pour le moment, descendant plutôt à la suite des autres pour bientôt arriver à notre destination. Le Bastion était impressionnant par sa taille et par l’étonnante protection dont il bénéficiait. On aurait pu y loger une larmée et chaque porte était gardée. Vu la relative tranquillité que la cité dégageait, j’avais du mal à comprendre pourquoi il y avait une telle démonstration de force à cet endroit. Soit il y avait des menaces venant de plus bas, soit ce n’était qu’une manière de montrer la puissance de l’ordre sans avoir besoin de posséder des effectifs incroyables. Mais si deux gardes étaient alloués à chaque porte, j’imaginais qu’il y avait tout de même une force assez considérable à disposition.
La salle était moins impressionnante, d’une taille humaine, ce qui changeait drastiquement avec le reste du bastion. Je m’installai à droite de Shirel tandis que Xël et Akihito se mettaient en face. Ezak, lui, décida de suivre la capitaine Beaufort qui, étrangement, accepta en s’assurant qu’il soit le seul à venir. Cela ne me disait rien qui vaille. J’avais du mal à accorder ma confiance à cet Ezak après qu’il m’ait presque sauté à la gorge à peine arrivé ici… Mais comme ce qui était fait n’était plus à changer, je me tournai vers Shirel. Autant essayer d’en savoir plus sur la magie et les règles qui la régissaient ici. Surtout la raison de son interdiction. Mais une autre question ma taraudait quand même au vu d l’étendu de ce bastion.
- J'aurai une brève question. Vous avez une armée dans ce bastion ? Pour une cité en paix, la taille me semble quelque peu démesurée.
J’aurai cru que mes deux compagnons allaient aller dans mon sens et poser des questions utile,s mais Xël avait visiblement d’autres plans.
- Vous aviez l’air perturbé quand ces deux-là ont entamés la nuit à venir, vous n’aviez jamais vu des gens s’embrasser ou vous avez ressenti un désir particulier ?
je senti mes joues s’empourprer et me soreilles chauffer. Mon pied parti tout seul dans sa jambe alors que la main d’Akihito volait à l’arrière de son crâne. Cela ne fit que faire rire le magicien, mais la pauvre Shirel ne savait plus trop où donner de la tête, en plus d’être visiblement gêné. Au moins Akihito mis les choses au point.
- Plus tard ce genre de questions, Xël. Et de préférences pas quand les principaux concernés sont à côté.
Voir pas du tout, hein…
- Une véritable armée oui. Et encore vous n'avez rien vu. Et elle est bien nécessaire. Si vous avez vu la partie de la cité bien gérée et en ordre, il n'en est rien de la cité inférieure. Nous devons nous tenir prêts à riposter en cas d'insurrection majeure de la part de ces malfrats. Pour protéger la paix de la cité supérieure. C'est la raison d'être de ce Bastion. De l'Entresol tout entier.
Elle restai gênée par l’intervention de Xêl, me faisant lever le syeux au ciel. Bordel, il avait le chic pour raconter n’importe quoi, notre mage des vents foireux.
- Ignorez cet abruti... Y-a-t-il déjà eu des insurrections majeures ? des assauts armés et aidés de mages, par exemple ?
- Toute insurrection a été matée à ce jour. Et ceux y participant plongés dans l'abîme des Tréfonds, mages ou non. Oui, notre histoire en a connu de nombreuses. Sanglantes, terribles. Mais le Soleil Noir a toujours vaincu.
- En parlant de mages... J'aimerais en savoir plus sur la magie dans votre monde. Vous imaginez bien que retourner sur le nôtre ne se fera pas par des moyens classiques, et il sera plus simple pour nous de juguler son utilisation si nous comprenons mieux son fonctionnement. Vous savez pourquoi l'utilisation de la magie perturberai l'enchantement qui vous maintient tous immortels ? Dans quelle mesure cela l'impact ? Qui l'a mis en place ? Est-ce que cela concerne aussi les artéfacts magiques ?
Ah, Akihito avait vu où je voulais en venir, lui, contrairement à Xël qui s’intéressait plus à, la nourriture qu’à autre chose… Au moins on allait manger de la viande, c’était une bonne nouvelle en soi.
- Je... je ne sais pas. Nous devons empêcher l'utilisation de la magie, ce sont nos ordres. Ou en tout cas empêcher les Chevaliers des Cieux de mener une Purge majeure qui emmènerait quiconque en a été touché, de près ou de loin. Ils ne font pas dans le détail... c'est eux qui maintiennent cet enchantement et punissent ceux qui en risquent l'effondrement. Qu'entendez vous par artefacts magiques ? Elle existerait sous d'autres formes que les sortilèges ?
Oh… merde… Ne pas utiliser la magie était une chose – bien que pénible – mais c’en était une autre si les autorités de la ville essayaient de confisquer nos armes et reliques à cause de leurs liens avec la magie. Je lançai un regard appuyé à Aki en espérant qu’il comprenne qu’il valait mieux ne rien donner comme information à ce sujet. Je n’avais pas envie d’abandonner mes précieux artefacts dans une ville inconnue. Et c’était sans doute pareil pour lui et les autres. Mieux valait détourner l’attention sur autre chose.
- La magie de notre monde se manifeste de nombreuses manières.Mais ce que je trouve étrange, c'est que les Lumineux utilisent la magie sans que cela ne posent problème. Et, arrêtez-moi si je me trompe, mais si des mages se planquent dans les tréfonds et font usage de magie, vous n'en avez nullement conscience et la cité est toujours debout. Je ne remets pas en doutes vos paroles, mais il y a pour moi un truc qui cloche.
- Les Lumineux usent de magie en surface, surtout. Et... j'imagine qu'ils doivent connaître le taux de pouvoirs utilisables. Empêcher toute magie doit être compliqué. Le but de l'interdire est d'en freiner l'usage. Sinon chacun l'ayant en lui l'utiliserait tout le temps. Ils savent ce qu'ils font, j'en suis persuadée.
Je n’étais pour ma part guère convaincue. Ce n’était pas le fait qu’ils sachent ce qu’il faisaient qui me gênait, parce que c’était probable, mais c’était surtout les raisons de tout ça qui me contrariait quelque peu. Je n’aimais pas la manière dont les choses se passaient par ici. Ça ressemblait à une prison gérée par ses détenues ou à un espèce de réserve où on parquait certains le temps qu’on leur trouve une utilité avant de les emmener ailleurs pour je ne savais quelle raison. L’idée qu’ils servent de nourriture n’était pas la plus improbable… Nourriture que Xël attendait visiblement avec impatience. Aki reçu la même réponse que j’avais eu concernant le Grand maître de l’ordre, donc on n’avançait pas vraiment, en termes d’informations utile, mais la discussion se tourna vers le jour du Don que Shirel semblait idéaliser. On leur jetait de la nourriture et il la distribuait avec une équité toute relative. Parler de charité quand on e contente de donner un besoin basique pour la survie, c’était quand même un peu du foutage de gueule. Madame ici présente n’avait sans doute jamais connu la faim de toute sa vie… Un détail attira cependant mon intérêt. Des chevaliers de l’Ordre, ce qu’elle n’avait jamais mentionné avant.
- Les chevaliers descendent dans la cité inférieure ?
- Bien sûr. L'ordre y cherche activement tout usage de magie. C'est un boulot dangereux, mais ils sont puissants et bien équipés. Ils inspirent la peur aux gredins des Bouges.
Et apparemment les Généraux, dont celui que Beaufort allait ramener, les gérait. Cela pouvait valoir le coup de les accompagner, au moins pour voir la situation plus basse et voir si nos compagnons n’y étaient pas réfugiés. En toute logique, un canal finit par descendre, sinon il n’y aurait pas de courant, donc c’est une piste à suivre. Mais je n’arrivais pas à enlever l’inconfort qui s’était logé dans ma poitrine depuis qu’elle avait parlé du Jour du Don. Ici tout semblait régi par l’endroit où on vous avait amené à votre arrivée. Elle semblait mépriser les gens des Bouges, mais étaient-ils là pour avoir fauté ou parce qu’ils avaient été emmenés ici dès le début pour ne jamais être capable de remonter ?
- Quels genre de méfaits condamne à une vie dans la cité inférieure ?
Si rien ne justifiait un tel traitement, ils ne valaient pas mieux que les shaakts. Et même dans ce cas, quel genre de crimes pouvait valoir de finir dans un endroit comme ça ? Elle avait bon dos, à parler de charité, mais est-ce qu’elle pouvait se mettre à la place de ceux qui crevaient de faim ? non, évidemment que non, elle faisait partie de l’élite. Elle n’avait connu la faim qu’en ne pouvant pas prendre une collation entre le repas du midi et celui du soir. Ça m’horripilait.
- Hmmm. Vol majeur. Violence aggravée sur autrui. Irrespect face à l'Ordre du Soleil Noir. Puis ça dépend ce que le Juge Suprême décide. Les peines peuvent être plus courtes.
Ça ressemblait à un ramassis de conneries apprises par cœur… Un juge Suprême ? J’ouvris la bouche pour rétorquer que ça ressemblait à une connerie sans nom, mais la main d’Akihito se posa sur ma cuisse. Je tournai la tête dans sa direction, lèvres pincées, sourcils froncés, mais son visage ne demandait qu’à ce que je garde mon calme. J’inspirai lentement et hochai la tête, ravalant mes paroles pour les laisser, lui et Xël, terminer la conversation. Je me consolai avec l’idée de rencontrer ces chevaliers et de voir par moi-même ce qu’il en retournait, mais plus j’en apprenais sur cet endroit, plus j’avais un sale goût dans la bouche. Mieux valait qu’on fiche le camp au plus vite. Je n’avais aucune raison valable de me mêler de leur cité et de leurs affaires, mais il y avait certaines choses qui avaient toujours un côté plus personnel et qui aient cette ide plus difficile à suivre qu’elle ne devrait.
Je me concentrai sur la sensation de la main d’Akihito sur ma jambe et inspirai longuement en patientant. J’espérai franchement avoir tort, une fois de plus.
(Peu probable, vu qu’elle est interdite… Alyah ?)
(Wohey, tu m’en demande trop, j’en ai strictement aucune idée.)
(Même pas une petite ?)
(Tu n’as qu’à poser la question, si tu es si curieuse.)
Elle n’avait pas tort, mais ce n’était pas vraiment important, donc je laissai filer pour le moment, descendant plutôt à la suite des autres pour bientôt arriver à notre destination. Le Bastion était impressionnant par sa taille et par l’étonnante protection dont il bénéficiait. On aurait pu y loger une larmée et chaque porte était gardée. Vu la relative tranquillité que la cité dégageait, j’avais du mal à comprendre pourquoi il y avait une telle démonstration de force à cet endroit. Soit il y avait des menaces venant de plus bas, soit ce n’était qu’une manière de montrer la puissance de l’ordre sans avoir besoin de posséder des effectifs incroyables. Mais si deux gardes étaient alloués à chaque porte, j’imaginais qu’il y avait tout de même une force assez considérable à disposition.
La salle était moins impressionnante, d’une taille humaine, ce qui changeait drastiquement avec le reste du bastion. Je m’installai à droite de Shirel tandis que Xël et Akihito se mettaient en face. Ezak, lui, décida de suivre la capitaine Beaufort qui, étrangement, accepta en s’assurant qu’il soit le seul à venir. Cela ne me disait rien qui vaille. J’avais du mal à accorder ma confiance à cet Ezak après qu’il m’ait presque sauté à la gorge à peine arrivé ici… Mais comme ce qui était fait n’était plus à changer, je me tournai vers Shirel. Autant essayer d’en savoir plus sur la magie et les règles qui la régissaient ici. Surtout la raison de son interdiction. Mais une autre question ma taraudait quand même au vu d l’étendu de ce bastion.
- J'aurai une brève question. Vous avez une armée dans ce bastion ? Pour une cité en paix, la taille me semble quelque peu démesurée.
J’aurai cru que mes deux compagnons allaient aller dans mon sens et poser des questions utile,s mais Xël avait visiblement d’autres plans.
- Vous aviez l’air perturbé quand ces deux-là ont entamés la nuit à venir, vous n’aviez jamais vu des gens s’embrasser ou vous avez ressenti un désir particulier ?
je senti mes joues s’empourprer et me soreilles chauffer. Mon pied parti tout seul dans sa jambe alors que la main d’Akihito volait à l’arrière de son crâne. Cela ne fit que faire rire le magicien, mais la pauvre Shirel ne savait plus trop où donner de la tête, en plus d’être visiblement gêné. Au moins Akihito mis les choses au point.
- Plus tard ce genre de questions, Xël. Et de préférences pas quand les principaux concernés sont à côté.
Voir pas du tout, hein…
- Une véritable armée oui. Et encore vous n'avez rien vu. Et elle est bien nécessaire. Si vous avez vu la partie de la cité bien gérée et en ordre, il n'en est rien de la cité inférieure. Nous devons nous tenir prêts à riposter en cas d'insurrection majeure de la part de ces malfrats. Pour protéger la paix de la cité supérieure. C'est la raison d'être de ce Bastion. De l'Entresol tout entier.
Elle restai gênée par l’intervention de Xêl, me faisant lever le syeux au ciel. Bordel, il avait le chic pour raconter n’importe quoi, notre mage des vents foireux.
- Ignorez cet abruti... Y-a-t-il déjà eu des insurrections majeures ? des assauts armés et aidés de mages, par exemple ?
- Toute insurrection a été matée à ce jour. Et ceux y participant plongés dans l'abîme des Tréfonds, mages ou non. Oui, notre histoire en a connu de nombreuses. Sanglantes, terribles. Mais le Soleil Noir a toujours vaincu.
- En parlant de mages... J'aimerais en savoir plus sur la magie dans votre monde. Vous imaginez bien que retourner sur le nôtre ne se fera pas par des moyens classiques, et il sera plus simple pour nous de juguler son utilisation si nous comprenons mieux son fonctionnement. Vous savez pourquoi l'utilisation de la magie perturberai l'enchantement qui vous maintient tous immortels ? Dans quelle mesure cela l'impact ? Qui l'a mis en place ? Est-ce que cela concerne aussi les artéfacts magiques ?
Ah, Akihito avait vu où je voulais en venir, lui, contrairement à Xël qui s’intéressait plus à, la nourriture qu’à autre chose… Au moins on allait manger de la viande, c’était une bonne nouvelle en soi.
- Je... je ne sais pas. Nous devons empêcher l'utilisation de la magie, ce sont nos ordres. Ou en tout cas empêcher les Chevaliers des Cieux de mener une Purge majeure qui emmènerait quiconque en a été touché, de près ou de loin. Ils ne font pas dans le détail... c'est eux qui maintiennent cet enchantement et punissent ceux qui en risquent l'effondrement. Qu'entendez vous par artefacts magiques ? Elle existerait sous d'autres formes que les sortilèges ?
Oh… merde… Ne pas utiliser la magie était une chose – bien que pénible – mais c’en était une autre si les autorités de la ville essayaient de confisquer nos armes et reliques à cause de leurs liens avec la magie. Je lançai un regard appuyé à Aki en espérant qu’il comprenne qu’il valait mieux ne rien donner comme information à ce sujet. Je n’avais pas envie d’abandonner mes précieux artefacts dans une ville inconnue. Et c’était sans doute pareil pour lui et les autres. Mieux valait détourner l’attention sur autre chose.
- La magie de notre monde se manifeste de nombreuses manières.Mais ce que je trouve étrange, c'est que les Lumineux utilisent la magie sans que cela ne posent problème. Et, arrêtez-moi si je me trompe, mais si des mages se planquent dans les tréfonds et font usage de magie, vous n'en avez nullement conscience et la cité est toujours debout. Je ne remets pas en doutes vos paroles, mais il y a pour moi un truc qui cloche.
- Les Lumineux usent de magie en surface, surtout. Et... j'imagine qu'ils doivent connaître le taux de pouvoirs utilisables. Empêcher toute magie doit être compliqué. Le but de l'interdire est d'en freiner l'usage. Sinon chacun l'ayant en lui l'utiliserait tout le temps. Ils savent ce qu'ils font, j'en suis persuadée.
Je n’étais pour ma part guère convaincue. Ce n’était pas le fait qu’ils sachent ce qu’il faisaient qui me gênait, parce que c’était probable, mais c’était surtout les raisons de tout ça qui me contrariait quelque peu. Je n’aimais pas la manière dont les choses se passaient par ici. Ça ressemblait à une prison gérée par ses détenues ou à un espèce de réserve où on parquait certains le temps qu’on leur trouve une utilité avant de les emmener ailleurs pour je ne savais quelle raison. L’idée qu’ils servent de nourriture n’était pas la plus improbable… Nourriture que Xël attendait visiblement avec impatience. Aki reçu la même réponse que j’avais eu concernant le Grand maître de l’ordre, donc on n’avançait pas vraiment, en termes d’informations utile, mais la discussion se tourna vers le jour du Don que Shirel semblait idéaliser. On leur jetait de la nourriture et il la distribuait avec une équité toute relative. Parler de charité quand on e contente de donner un besoin basique pour la survie, c’était quand même un peu du foutage de gueule. Madame ici présente n’avait sans doute jamais connu la faim de toute sa vie… Un détail attira cependant mon intérêt. Des chevaliers de l’Ordre, ce qu’elle n’avait jamais mentionné avant.
- Les chevaliers descendent dans la cité inférieure ?
- Bien sûr. L'ordre y cherche activement tout usage de magie. C'est un boulot dangereux, mais ils sont puissants et bien équipés. Ils inspirent la peur aux gredins des Bouges.
Et apparemment les Généraux, dont celui que Beaufort allait ramener, les gérait. Cela pouvait valoir le coup de les accompagner, au moins pour voir la situation plus basse et voir si nos compagnons n’y étaient pas réfugiés. En toute logique, un canal finit par descendre, sinon il n’y aurait pas de courant, donc c’est une piste à suivre. Mais je n’arrivais pas à enlever l’inconfort qui s’était logé dans ma poitrine depuis qu’elle avait parlé du Jour du Don. Ici tout semblait régi par l’endroit où on vous avait amené à votre arrivée. Elle semblait mépriser les gens des Bouges, mais étaient-ils là pour avoir fauté ou parce qu’ils avaient été emmenés ici dès le début pour ne jamais être capable de remonter ?
- Quels genre de méfaits condamne à une vie dans la cité inférieure ?
Si rien ne justifiait un tel traitement, ils ne valaient pas mieux que les shaakts. Et même dans ce cas, quel genre de crimes pouvait valoir de finir dans un endroit comme ça ? Elle avait bon dos, à parler de charité, mais est-ce qu’elle pouvait se mettre à la place de ceux qui crevaient de faim ? non, évidemment que non, elle faisait partie de l’élite. Elle n’avait connu la faim qu’en ne pouvant pas prendre une collation entre le repas du midi et celui du soir. Ça m’horripilait.
- Hmmm. Vol majeur. Violence aggravée sur autrui. Irrespect face à l'Ordre du Soleil Noir. Puis ça dépend ce que le Juge Suprême décide. Les peines peuvent être plus courtes.
Ça ressemblait à un ramassis de conneries apprises par cœur… Un juge Suprême ? J’ouvris la bouche pour rétorquer que ça ressemblait à une connerie sans nom, mais la main d’Akihito se posa sur ma cuisse. Je tournai la tête dans sa direction, lèvres pincées, sourcils froncés, mais son visage ne demandait qu’à ce que je garde mon calme. J’inspirai lentement et hochai la tête, ravalant mes paroles pour les laisser, lui et Xël, terminer la conversation. Je me consolai avec l’idée de rencontrer ces chevaliers et de voir par moi-même ce qu’il en retournait, mais plus j’en apprenais sur cet endroit, plus j’avais un sale goût dans la bouche. Mieux valait qu’on fiche le camp au plus vite. Je n’avais aucune raison valable de me mêler de leur cité et de leurs affaires, mais il y avait certaines choses qui avaient toujours un côté plus personnel et qui aient cette ide plus difficile à suivre qu’elle ne devrait.
Je me concentrai sur la sensation de la main d’Akihito sur ma jambe et inspirai longuement en patientant. J’espérai franchement avoir tort, une fois de plus.
- Ezak
- Messages : 212
- Enregistré le : mar. 22 déc. 2020 06:18
Re: L'Entresol
Et nous étions de retour au point de départ, au Bastion. Mais cette fois, je pus pénétrer dans l’endroit. Le sol sur lequel nous nous tenions s’affaissa quelque peu, me surprenant, et nous nous trouvâmes rapidement à un étage inférieur, cernés par une dizaine de gardes qui nous laissèrent passer avec notre escorte.
L’endroit était immense, assez pour accueillir une armée. Ezra ne m’avait donc pas menti lorsqu’elle disait que l’Ordre du Soleil Noir était fortement pourvu en effectifs. Toutes les entrées étaient gardées. Ils ne plaisantaient pas ici avec la sécurité. Nous arrivâmes dans une grande salle avec deux longues tables. Ezra voulait que nous restions ici, accompagnés de la capitaine d’Esthalor, en attendant qu’elle revienne. Elle suggérait que nous lui posions nos questions entre-temps. Je n’aimais pas vraiment cette idée. C’était complètement inefficace, on se marcherait dessus. Je voulais profiter de la bonne entente et du respect mutuel que j’avais commencé à tisser avec la capitaine Beaufort.
« Capitaine, puis-je plutôt vous accompagner ? »
Elle me jaugea un instant du regard avant de lâcher sa sentence. "Vous. Nul autre."
(Je savais que j’étais son préféré.) On était fait du même bois. Je la suivis donc dans les couloirs après avoir jeté un dernier regard aux autres puis, une fois dehors, me mettant à son niveau, j’engageai la conversation.
"Où allons-nous ?"
"Aux cuisines, pour commencer. Pour leur commander de quoi vous nourrir. Ensuite, au bureau du général en charge du niveau."
« J’espère que vous n’êtes pas trop contrariée par la franchise dont j’ai fait preuve face à votre homologue et au Gardien. »
Elle sourit, perdant l’air sévère qu’elle affichait habituellement.
"Au contraire, c'était plutôt récréatif. Il n'y en a pas beaucoup ici qui ont votre cran, que ce soit envers le Soleil Noir ou les Chevaliers des Cieux."
Elle reprit un air plus sérieux.
"Attention toutefois : tous ne le verraient pas comme moi. Vous pouvez vous attirer une sacrée montagne de problèmes si vous cherchez les mauvaises personnes."
Et, d'un air moqueur :
"Shirel, allez-y. Elle est inoffensive. Elle aurait même des scrupules à aller tout raconter à son papounet."
Je souris également.
"Il y a quoi exactement entre vous et Shirel ?"
Elle leva les yeux au ciel.
"Rien de personnel. On a fait nos classes ensemble. Sauf qu'elle a été pistonnée par son père pour atterrir dans un poste des plus tranquilles. Loin des serpents de la haute ou des risques de la Veine."
Elle marqua une pause.
"Ça, et le fait que les examens des grades étaient supervisés par sa propre sœur... elle mérite toutes les piques que je lui lance. La famille et les pistonnés d'un côté, l'effort et la persévérance de l'autre."
« Je suis en phase avec vos valeurs. J’aurais pu être du côté du prestige familial dans mon monde, mais le destin a fait que nous avons dû nous débrouiller sur deux générations. Je me suis fait tout seul, et je ne dois pas mon titre aujourd’hui à un nom prestigieux. Je dois avouer que ça flatte assez mon orgueil... » dis-je en opinant du chef.
« Entre nous, vous m’avez l’air beaucoup plus compétente qu’elle, et je pense que vos supérieurs doivent le savoir, car vous êtes là où on a vraiment besoin de quelqu’un comme vous. Vous êtes réellement utile à votre société. » dis-je en souriant.
« Et votre Général, il est comment ? »
Elle sembla apprécier mes compliments. Elle eut un sourire flatté, qu'elle masqua rapidement derrière une réponse laconique :
"Vous vous ferez votre propre avis."
Elle fit quelques pas en silence avant de reprendre.
"J'ai toujours du mal à me dire que vous venez d'un autre monde. Comment est-il ?"
Je réfléchis un instant. La question était difficile. Comment décrire un monde qui était tout autre ? Un monde ouvert pour des personnes ayant vécu toute leur existence dans une ville souterraine ? Je me mis à réfléchir à mes aventures, aux belles images qui me manqueraient si je devais rester coincé ici.
"Mon monde est très éloigné de ce lieu… Le monde d’où je viens est coloré, lumineux, immense, d'une vastitude telle qu’il faudrait des années pour en explorer toutes les contrées. Il ne se réduit pas à une seule cité, comme c’est le cas ici. On y trouve des dizaines, toutes différentes, chacune régie par ses propres lois et gouvernements particuliers. Ces cités s’étendent sur des terres séparées par des étendues infinies d'eau à perte de vue. Une eau salée. On appelle cela la mer... Dans mon monde, certains peuples vivent également dans des cités souterraines, mais la majorité d’entre nous habite à la surface, là où le jour est éclairé et réchauffé par une boule de feu majestueuse que nous appelons le Soleil. Il règne dans un ciel bleu constellé de nuages, lesquels ressemblent à des masses de coton flottant à de grandes hauteurs et dont la forme varie constamment. La nuit, quand le Soleil disparaît, le ciel devient sombre, et des étoiles, des petites lumières, scintillent partout. Parfois, les nuages se chargent d’eau qui descend vers la terre en fines gouttelettes, et nous appelons cela la pluie. Elle irrigue une surface tapissée d'herbes et de végétaux en abondance… Il y a également des montagnes, de majestueux pics rocheux qui s’élèvent si haut dans le ciel que, par endroits, leur sommet est recouvert de neige, une poudre blanche qui n'est rien d’autre que l’eau des nuages solidifiée par le froid. Et tant d’autres merveilles encore, qu’il me faudrait des journées entières pour vous en décrire chaque aspect."
Je la vis s’émerveiller à mes paroles, une lueur s’était allumée dans ses yeux, mais je sentis qu’elle se battait pour garder une apparence ferme alors que nous passions devant les hommes de l’ordre. À demi-mot, elle énonça :
"Vous ne pouvez clairement pas avoir inventé tout ça. Et ça semble pourtant si irréel. Est-il courant de voyager entre les mondes chez vous ? Comment vous y prenez-vous ?"
Me revint en souvenir mes deux voyages vers Aliaénon. Probablement le lieu que je détestais le plus après Omyre.
"Ce n’est pas courant, non. Je ne pense même pas que le commun des mortels ait conscience qu’il existe d’autres mondes. On traverse un fluide spatial, une sorte de petite boule lumineuse qui flotte et qui transporte vers l’autre monde au toucher." dis-je avant de reprendre soudainement.
"Enfin, c’est ce qui se passe normalement... Il semble que mes compagnons et moi avons été transportés par d’autres moyens et on ne comprend pas vraiment comment. Mon ami Xël soupçonne la magie. Quelqu'un de chez vous qui peut-être essaierait de s'échapper, mais il faudrait qu'il soit réellement puissant, et en plus, à priori, elle est interdite."
"S'échapper ? Sans avoir même connaissance de l'existence d'autres mondes ? S'il existe une telle chose en ce monde, je ne suis pas assez accréditée pour le savoir."
Elle réfléchit un moment.
"Dans la cité supérieure, il n'existe pas de magie si puissante. Nous l'aurions repérée. En bas, par contre..."
Elle hésita un instant, puis secoua la tête.
Non. Nos Chevaliers en auraient trouvé la trace aussi. Et je doute que les Lumineux veuillent s'échapper."
Elle avait doutée. Un doute suffisant pour me faire comprendre que c’est là-bas qu’il fallait aller.
"Comment vos Chevaliers s'y prennent-ils pour trouver des traces de magie ?"
Elle stoppa net sa progression et planta son regard dans le mien le temps de répondre.
"C'est précisément ce genre de question que vous devrez éviter avec mes supérieurs."
Puis elle reprit en reprenant sa marche.
"Ça fait partie de notre entraînement. Et nous ne pouvons pas en parler."
J’avais compris l’avertissement. J’éviterai d’aborder ce sujet.
« Je comprends. Mais il va falloir être explicite sur ce que je peux dire ou non devant vos supérieurs. Chez nous, il n’existe pas une telle culture du secret. Pas dans ma société en tout cas. »
"Tout ce qui touche à la magie ou à la manière de fonctionner de l'Ordre agacera au mieux le général. Voire le fera quitter la pièce. Au pire, vous serez chassé du Bastion. Par en haut ou par... en bas. S'il considère l'affront de curiosité trop fort et indicateur de volonté de nous nuire."
Elle soupira.
"Ne vous leurrez pas : s'il répondra à certaines de vos questions, il en posera de même beaucoup. Nous devons savoir qui vous êtes et ce que vous faites là. Nous assurer que votre présence n'est pas un danger pour l'ordre de la cité."
« J’espère juste que nous serons traités de manière juste et avec dignité par vos supérieurs. Et surtout avec le respect de nos individualités. Nous sommes environ une dizaine chez vous, je ne connais même pas le quart. Je n’aimerais pas subir de punition collective pour les faux pas d’autres inconnus. »
"Ça dépendra de vous. De votre manière de les traiter avec respect et sans offense. Quant à leur signifier votre individualité et non un groupe organisé, il vous faudra les convaincre. Je crains qu'ils ne puissent vous demander de traquer les autres. De nous y aider en tout cas."
« Traquer des gens dont je ne connais ni les visages, ni les noms ? Je crains d’être bien inutile. Je n’ai vu que ceux que vous connaissez déjà. Il faudra voir ça avec ceux qui affirment en avoir vu une dizaine. »
Bien sûr, je mentais. J’avais vu un oudio, un type blond, une elfe étrange comme je n’en avais jamais vu, la petite elfe, et je savais que Naral était dans le coin, mais quant à ce dernier, il était hors de question que je le chasse. C’était un ami, un frère d’armes, presque un mentor… Un type que j’avais vu pleurer, dont je connaissais la sœur, dont je connaissais l’histoire profonde, histoire dont je l’avais aidé à se libérer. Un type avec qui j’étais lié magiquement dans la vie et dans la mort. C’était hors de question ! Je lui faisais confiance. Libre d’agir, il était un grand atout. Il le resterait, ou du moins, ce ne serait pas pour moi qu’il perdrait cette liberté. Surement pas ! Je continuai :
« De plus, je pense qu’il serait mieux que certains se chargent en parallèle de trouver un moyen de rentrer chez nous. Ainsi, vous serez débarrassés des Yuimeniens. Et qui sait, on pourrait même peut-être à l’avenir tisser des liens entre nos mondes pour que vous ne soyez plus dépendants des Lumineux. »
Elle haussa les épaules.
"Vous voyez trop loin, sire d'Arkasse. Je ne pense pas que vous puissiez retourner un jour chez vous. Un tel pouvoir n'a jamais été perçu ici, à Ashaar. Et aucun de vous ne semble le maîtriser non plus. Tous vous reconnaître et vous identifier est ma meilleure première étape."
"Je n'avais jamais imaginé l'éventualité d'être bloqué ici. Ce serait un désastre..." lâchai-je avant de me taire un long moment, nous plongeant dans un long silence. J’accusai le coup de cette pensée nouvelle dans mon esprit. La gorge nouée, démuni comme rarement, je tentais de détourner l’attention avec légèreté, trop pudique pour laisser voir le trouble qui s’était insinué en moi.
« Eh bien, si jamais cela devenait le cas et que nous étions condamnés à rester ici, j’espère que vous me trouverez un poste au sein du Soleil Noir. Mon métier, ce sont les armes. Je ne sais rien faire d’autre. Je suis persuadé d’être aussi compétent que vos hommes d’élite, sinon plus. », dis-je avant de regarder Ezra un instant en la détaillant.
« Et qui sait ? Peut-être que je surpasse même leur capitaine. » ajoutai-je avec un sourire taquin, sur un ton amical.
« Vous allez encore vite en besogne. Il n'est guère aisé de rejoindre le Soleil Noir. Et encore moins un rang gradé. Mais... je suis sûre que vous adoreriez que je vous donne des ordres." Me renvoya-t-elle avec le même sourire taquin.
Je me contentai de sourire face à cette contre-attaque amicale et nous arrivâmes en silence devant une porte gardée, celle des cuisines.
"Que mangent les vôtres ?"
Je la regardai comme s’il lui était soudainement poussé un œil au milieu du front. C’était quoi, cette question ?
"Hé bien... Je suppose la même chose que vous, non ? De la viande, du poisson, des céréales comme du riz ou du blé, des légumes..."
« Oh. Bien. On sait jamais : ça aurait pu être des trucs louches. Vous auriez pu vouloir manger du... dragon ?"
(Touché !)
Elle me laissa sur ce commentaire, entrant dans les cuisines en refermant la porte derrière elle, me laissant seul. Elle revint après une courte minute.
"Voilà ! Direction l'état-major !"
« Hé bien ! C’était rapide ! » dis-je, surpris de la voir revenir aussi tôt, avant de la suivre de nouveau.
" Ils l'apporteront au réfectoire lorsque ce sera prêt."
Alors que nous marchions, une question me vint, mais elle était risquée. Néanmoins, il semblait que nous étions en train de tisser un lien de confiance. Je ne pouvais nier que, pour le moment, on s’entendait plutôt bien. Alors je pris le risque.
« Dites… J’ai bien compris que la magie est interdite, mais nous avons dans notre monde certains objets qui ont des pouvoirs spéciaux. Par exemple, l’une de mes armes me permet de faire des bonds exceptionnels. Vous considérez ça comme de la magie, ou j’ai le droit d’en faire usage ? »
Elle leva un sourcil curieux.
"Des... objets magiques ? Sauriez-vous m'en montrer un ?"
Je la regardai un instant avant de sortir Lassiria et de la lui tendre.
"Voici l'arme dont je vous parlais. Elle vide aussi les réserves des possesseurs de magie lorsqu'elle les touche."
Elle la prit entre les mains et l'analysa, avant d'en faire quelques moulinets dans l'air.
"Incroyable." Dit-elle, impressionnée.
"Elle est si légère et maniable. Et donc elle vous permet de bondir et de vider ses victimes de leur magie ? Il nous en faudrait de pareilles."
Elle regarda la lame plus attentivement.
"Des runes. On en trouve des tas dans la cité inférieure. Leur détention est interdite dans la cité supérieure sous leur forme brute. Trop dangereux. Chacune trouvée est envoyée en bas."
Elle inspecta le métal.
"Je perçois des traces de magie, mais rien qui soit dangereux pour le bouclier, m'est avis. Si je ne la tenais pas en main, je ne l'aurais pas même perçue."
Et elle conclut, en me la rendant.
"Vous pourriez sauter, voir si j'y vois des résidus magiques ?"
(Elle les voit ?)
Je récupérai l'arme et la rangeai dans son fourreau.
"Non, je ne le ferai pas. Son usage est limité et je devrai attendre au moins une journée pour être de nouveau capable de le faire. Je ne sais pas quels dangers nous attendent, alors je préfère m’abstenir, mais je peux faire autre chose."
À peine avais-je fini ma phrase que j'utilisai le pouvoir de rapidité de mes bottes pour aller au bout du couloir et revenir vers elle.
"Ça, par exemple." lâchai-je en souriant de toutes mes dents en m'arrêtant à un pas d'elle.
Elle ouvrit des yeux éberlués et commenta en regardant le sol que j’avais parcouru, comme si elle y cherchait des résidus de magie.
"Non. Aucune trace. C'est très impressionnant."
Elle marcha un peu vers une nouvelle porte.
"Vous pourrez les utiliser sans peine. Évitez peut-être de le faire face aux Chevaliers les plus fervents de notre ordre, qui pourraient croire à un nouveau type de magie."
Elle ouvrit les portes. Les gardes la laissèrent entrer, mais croisèrent leurs hallebardes sur mon chemin. Ezra se tourna vers moi.
"Je reviens vite en compagnie du Général."
J'hochai la tête lorsqu'elle entra avant de détailler les deux gardes du regard et de lâcher :
"Je vous plains. Ça doit être chiant comme boulot..."
Ils haussèrent les épaules. L'un dit :
"C'est notre devoir de protéger. Et puis... on fait des roulements."
Le second envoya un coup du bas de sa lance dans les grèves métalliques du premier, qui se tut aussitôt.
Un sourire d'étonnement se dessina sur mon visage. Je ne m’attendais pas à ce qu’ils me répondent. Puisque nous étions là, autant engager la conversation.
"Hé, dites-moi. Qui est le combattant le plus redoutable du Soleil Noir, selon vous ?"
Le premier dit d'une manière assurée :
"Le Général Somnis, pour sûr. Et son fils doit être de la même trempe."
L'autre rétorqua :
"Ah ! Un officiel rouillé des combats et un débutant. C'est dans les légendes qu'on trouve les meilleurs. Le Chevalier Dangmar les aplatit tous."
Le premier acquiesça.
"Ouais. Mais ça fait un bail qu'on l'a pas vu remonter. J'aimerais pas croiser les frères d'Ahn non plus. Ni Médalie la Furie."
Le second opina vivement.
"Par contre, Laédia Russelle, on aimerait bien voir le bout de sa lance plus souvent ! Haha."
Le premier lui envoya un coup de coude dans le plastron de son comparse, alors que la porte s'ouvrait sur Ezra, flanquée d'un homme d'âge mûr en armure lourde et à cape blanche. Le Géneral pour sûr. Il était assez charismatique.
Il était suivi d'une dame plus âgée encore, aux cheveux courts, avec l’œil droit masqué par une œillère noire, en habit plutôt qu'en armure. Ils passèrent devant moi, me regardant avec curiosité et me saluant d’un signe de tête. Salutation que je leur rendis avec déférence.
Sans un mot, Ezra me fit signe de les suivre, ce que je fis en silence. Nous retournions vers les réfectoires.
L’endroit était immense, assez pour accueillir une armée. Ezra ne m’avait donc pas menti lorsqu’elle disait que l’Ordre du Soleil Noir était fortement pourvu en effectifs. Toutes les entrées étaient gardées. Ils ne plaisantaient pas ici avec la sécurité. Nous arrivâmes dans une grande salle avec deux longues tables. Ezra voulait que nous restions ici, accompagnés de la capitaine d’Esthalor, en attendant qu’elle revienne. Elle suggérait que nous lui posions nos questions entre-temps. Je n’aimais pas vraiment cette idée. C’était complètement inefficace, on se marcherait dessus. Je voulais profiter de la bonne entente et du respect mutuel que j’avais commencé à tisser avec la capitaine Beaufort.
« Capitaine, puis-je plutôt vous accompagner ? »
Elle me jaugea un instant du regard avant de lâcher sa sentence. "Vous. Nul autre."
(Je savais que j’étais son préféré.) On était fait du même bois. Je la suivis donc dans les couloirs après avoir jeté un dernier regard aux autres puis, une fois dehors, me mettant à son niveau, j’engageai la conversation.
"Où allons-nous ?"
"Aux cuisines, pour commencer. Pour leur commander de quoi vous nourrir. Ensuite, au bureau du général en charge du niveau."
« J’espère que vous n’êtes pas trop contrariée par la franchise dont j’ai fait preuve face à votre homologue et au Gardien. »
Elle sourit, perdant l’air sévère qu’elle affichait habituellement.
"Au contraire, c'était plutôt récréatif. Il n'y en a pas beaucoup ici qui ont votre cran, que ce soit envers le Soleil Noir ou les Chevaliers des Cieux."
Elle reprit un air plus sérieux.
"Attention toutefois : tous ne le verraient pas comme moi. Vous pouvez vous attirer une sacrée montagne de problèmes si vous cherchez les mauvaises personnes."
Et, d'un air moqueur :
"Shirel, allez-y. Elle est inoffensive. Elle aurait même des scrupules à aller tout raconter à son papounet."
Je souris également.
"Il y a quoi exactement entre vous et Shirel ?"
Elle leva les yeux au ciel.
"Rien de personnel. On a fait nos classes ensemble. Sauf qu'elle a été pistonnée par son père pour atterrir dans un poste des plus tranquilles. Loin des serpents de la haute ou des risques de la Veine."
Elle marqua une pause.
"Ça, et le fait que les examens des grades étaient supervisés par sa propre sœur... elle mérite toutes les piques que je lui lance. La famille et les pistonnés d'un côté, l'effort et la persévérance de l'autre."
« Je suis en phase avec vos valeurs. J’aurais pu être du côté du prestige familial dans mon monde, mais le destin a fait que nous avons dû nous débrouiller sur deux générations. Je me suis fait tout seul, et je ne dois pas mon titre aujourd’hui à un nom prestigieux. Je dois avouer que ça flatte assez mon orgueil... » dis-je en opinant du chef.
« Entre nous, vous m’avez l’air beaucoup plus compétente qu’elle, et je pense que vos supérieurs doivent le savoir, car vous êtes là où on a vraiment besoin de quelqu’un comme vous. Vous êtes réellement utile à votre société. » dis-je en souriant.
« Et votre Général, il est comment ? »
Elle sembla apprécier mes compliments. Elle eut un sourire flatté, qu'elle masqua rapidement derrière une réponse laconique :
"Vous vous ferez votre propre avis."
Elle fit quelques pas en silence avant de reprendre.
"J'ai toujours du mal à me dire que vous venez d'un autre monde. Comment est-il ?"
Je réfléchis un instant. La question était difficile. Comment décrire un monde qui était tout autre ? Un monde ouvert pour des personnes ayant vécu toute leur existence dans une ville souterraine ? Je me mis à réfléchir à mes aventures, aux belles images qui me manqueraient si je devais rester coincé ici.
"Mon monde est très éloigné de ce lieu… Le monde d’où je viens est coloré, lumineux, immense, d'une vastitude telle qu’il faudrait des années pour en explorer toutes les contrées. Il ne se réduit pas à une seule cité, comme c’est le cas ici. On y trouve des dizaines, toutes différentes, chacune régie par ses propres lois et gouvernements particuliers. Ces cités s’étendent sur des terres séparées par des étendues infinies d'eau à perte de vue. Une eau salée. On appelle cela la mer... Dans mon monde, certains peuples vivent également dans des cités souterraines, mais la majorité d’entre nous habite à la surface, là où le jour est éclairé et réchauffé par une boule de feu majestueuse que nous appelons le Soleil. Il règne dans un ciel bleu constellé de nuages, lesquels ressemblent à des masses de coton flottant à de grandes hauteurs et dont la forme varie constamment. La nuit, quand le Soleil disparaît, le ciel devient sombre, et des étoiles, des petites lumières, scintillent partout. Parfois, les nuages se chargent d’eau qui descend vers la terre en fines gouttelettes, et nous appelons cela la pluie. Elle irrigue une surface tapissée d'herbes et de végétaux en abondance… Il y a également des montagnes, de majestueux pics rocheux qui s’élèvent si haut dans le ciel que, par endroits, leur sommet est recouvert de neige, une poudre blanche qui n'est rien d’autre que l’eau des nuages solidifiée par le froid. Et tant d’autres merveilles encore, qu’il me faudrait des journées entières pour vous en décrire chaque aspect."
Je la vis s’émerveiller à mes paroles, une lueur s’était allumée dans ses yeux, mais je sentis qu’elle se battait pour garder une apparence ferme alors que nous passions devant les hommes de l’ordre. À demi-mot, elle énonça :
"Vous ne pouvez clairement pas avoir inventé tout ça. Et ça semble pourtant si irréel. Est-il courant de voyager entre les mondes chez vous ? Comment vous y prenez-vous ?"
Me revint en souvenir mes deux voyages vers Aliaénon. Probablement le lieu que je détestais le plus après Omyre.
"Ce n’est pas courant, non. Je ne pense même pas que le commun des mortels ait conscience qu’il existe d’autres mondes. On traverse un fluide spatial, une sorte de petite boule lumineuse qui flotte et qui transporte vers l’autre monde au toucher." dis-je avant de reprendre soudainement.
"Enfin, c’est ce qui se passe normalement... Il semble que mes compagnons et moi avons été transportés par d’autres moyens et on ne comprend pas vraiment comment. Mon ami Xël soupçonne la magie. Quelqu'un de chez vous qui peut-être essaierait de s'échapper, mais il faudrait qu'il soit réellement puissant, et en plus, à priori, elle est interdite."
"S'échapper ? Sans avoir même connaissance de l'existence d'autres mondes ? S'il existe une telle chose en ce monde, je ne suis pas assez accréditée pour le savoir."
Elle réfléchit un moment.
"Dans la cité supérieure, il n'existe pas de magie si puissante. Nous l'aurions repérée. En bas, par contre..."
Elle hésita un instant, puis secoua la tête.
Non. Nos Chevaliers en auraient trouvé la trace aussi. Et je doute que les Lumineux veuillent s'échapper."
Elle avait doutée. Un doute suffisant pour me faire comprendre que c’est là-bas qu’il fallait aller.
"Comment vos Chevaliers s'y prennent-ils pour trouver des traces de magie ?"
Elle stoppa net sa progression et planta son regard dans le mien le temps de répondre.
"C'est précisément ce genre de question que vous devrez éviter avec mes supérieurs."
Puis elle reprit en reprenant sa marche.
"Ça fait partie de notre entraînement. Et nous ne pouvons pas en parler."
J’avais compris l’avertissement. J’éviterai d’aborder ce sujet.
« Je comprends. Mais il va falloir être explicite sur ce que je peux dire ou non devant vos supérieurs. Chez nous, il n’existe pas une telle culture du secret. Pas dans ma société en tout cas. »
"Tout ce qui touche à la magie ou à la manière de fonctionner de l'Ordre agacera au mieux le général. Voire le fera quitter la pièce. Au pire, vous serez chassé du Bastion. Par en haut ou par... en bas. S'il considère l'affront de curiosité trop fort et indicateur de volonté de nous nuire."
Elle soupira.
"Ne vous leurrez pas : s'il répondra à certaines de vos questions, il en posera de même beaucoup. Nous devons savoir qui vous êtes et ce que vous faites là. Nous assurer que votre présence n'est pas un danger pour l'ordre de la cité."
« J’espère juste que nous serons traités de manière juste et avec dignité par vos supérieurs. Et surtout avec le respect de nos individualités. Nous sommes environ une dizaine chez vous, je ne connais même pas le quart. Je n’aimerais pas subir de punition collective pour les faux pas d’autres inconnus. »
"Ça dépendra de vous. De votre manière de les traiter avec respect et sans offense. Quant à leur signifier votre individualité et non un groupe organisé, il vous faudra les convaincre. Je crains qu'ils ne puissent vous demander de traquer les autres. De nous y aider en tout cas."
« Traquer des gens dont je ne connais ni les visages, ni les noms ? Je crains d’être bien inutile. Je n’ai vu que ceux que vous connaissez déjà. Il faudra voir ça avec ceux qui affirment en avoir vu une dizaine. »
Bien sûr, je mentais. J’avais vu un oudio, un type blond, une elfe étrange comme je n’en avais jamais vu, la petite elfe, et je savais que Naral était dans le coin, mais quant à ce dernier, il était hors de question que je le chasse. C’était un ami, un frère d’armes, presque un mentor… Un type que j’avais vu pleurer, dont je connaissais la sœur, dont je connaissais l’histoire profonde, histoire dont je l’avais aidé à se libérer. Un type avec qui j’étais lié magiquement dans la vie et dans la mort. C’était hors de question ! Je lui faisais confiance. Libre d’agir, il était un grand atout. Il le resterait, ou du moins, ce ne serait pas pour moi qu’il perdrait cette liberté. Surement pas ! Je continuai :
« De plus, je pense qu’il serait mieux que certains se chargent en parallèle de trouver un moyen de rentrer chez nous. Ainsi, vous serez débarrassés des Yuimeniens. Et qui sait, on pourrait même peut-être à l’avenir tisser des liens entre nos mondes pour que vous ne soyez plus dépendants des Lumineux. »
Elle haussa les épaules.
"Vous voyez trop loin, sire d'Arkasse. Je ne pense pas que vous puissiez retourner un jour chez vous. Un tel pouvoir n'a jamais été perçu ici, à Ashaar. Et aucun de vous ne semble le maîtriser non plus. Tous vous reconnaître et vous identifier est ma meilleure première étape."
"Je n'avais jamais imaginé l'éventualité d'être bloqué ici. Ce serait un désastre..." lâchai-je avant de me taire un long moment, nous plongeant dans un long silence. J’accusai le coup de cette pensée nouvelle dans mon esprit. La gorge nouée, démuni comme rarement, je tentais de détourner l’attention avec légèreté, trop pudique pour laisser voir le trouble qui s’était insinué en moi.
« Eh bien, si jamais cela devenait le cas et que nous étions condamnés à rester ici, j’espère que vous me trouverez un poste au sein du Soleil Noir. Mon métier, ce sont les armes. Je ne sais rien faire d’autre. Je suis persuadé d’être aussi compétent que vos hommes d’élite, sinon plus. », dis-je avant de regarder Ezra un instant en la détaillant.
« Et qui sait ? Peut-être que je surpasse même leur capitaine. » ajoutai-je avec un sourire taquin, sur un ton amical.
« Vous allez encore vite en besogne. Il n'est guère aisé de rejoindre le Soleil Noir. Et encore moins un rang gradé. Mais... je suis sûre que vous adoreriez que je vous donne des ordres." Me renvoya-t-elle avec le même sourire taquin.
Je me contentai de sourire face à cette contre-attaque amicale et nous arrivâmes en silence devant une porte gardée, celle des cuisines.
"Que mangent les vôtres ?"
Je la regardai comme s’il lui était soudainement poussé un œil au milieu du front. C’était quoi, cette question ?
"Hé bien... Je suppose la même chose que vous, non ? De la viande, du poisson, des céréales comme du riz ou du blé, des légumes..."
« Oh. Bien. On sait jamais : ça aurait pu être des trucs louches. Vous auriez pu vouloir manger du... dragon ?"
(Touché !)
Elle me laissa sur ce commentaire, entrant dans les cuisines en refermant la porte derrière elle, me laissant seul. Elle revint après une courte minute.
"Voilà ! Direction l'état-major !"
« Hé bien ! C’était rapide ! » dis-je, surpris de la voir revenir aussi tôt, avant de la suivre de nouveau.
" Ils l'apporteront au réfectoire lorsque ce sera prêt."
Alors que nous marchions, une question me vint, mais elle était risquée. Néanmoins, il semblait que nous étions en train de tisser un lien de confiance. Je ne pouvais nier que, pour le moment, on s’entendait plutôt bien. Alors je pris le risque.
« Dites… J’ai bien compris que la magie est interdite, mais nous avons dans notre monde certains objets qui ont des pouvoirs spéciaux. Par exemple, l’une de mes armes me permet de faire des bonds exceptionnels. Vous considérez ça comme de la magie, ou j’ai le droit d’en faire usage ? »
Elle leva un sourcil curieux.
"Des... objets magiques ? Sauriez-vous m'en montrer un ?"
Je la regardai un instant avant de sortir Lassiria et de la lui tendre.
"Voici l'arme dont je vous parlais. Elle vide aussi les réserves des possesseurs de magie lorsqu'elle les touche."
Elle la prit entre les mains et l'analysa, avant d'en faire quelques moulinets dans l'air.
"Incroyable." Dit-elle, impressionnée.
"Elle est si légère et maniable. Et donc elle vous permet de bondir et de vider ses victimes de leur magie ? Il nous en faudrait de pareilles."
Elle regarda la lame plus attentivement.
"Des runes. On en trouve des tas dans la cité inférieure. Leur détention est interdite dans la cité supérieure sous leur forme brute. Trop dangereux. Chacune trouvée est envoyée en bas."
Elle inspecta le métal.
"Je perçois des traces de magie, mais rien qui soit dangereux pour le bouclier, m'est avis. Si je ne la tenais pas en main, je ne l'aurais pas même perçue."
Et elle conclut, en me la rendant.
"Vous pourriez sauter, voir si j'y vois des résidus magiques ?"
(Elle les voit ?)
Je récupérai l'arme et la rangeai dans son fourreau.
"Non, je ne le ferai pas. Son usage est limité et je devrai attendre au moins une journée pour être de nouveau capable de le faire. Je ne sais pas quels dangers nous attendent, alors je préfère m’abstenir, mais je peux faire autre chose."
À peine avais-je fini ma phrase que j'utilisai le pouvoir de rapidité de mes bottes pour aller au bout du couloir et revenir vers elle.
"Ça, par exemple." lâchai-je en souriant de toutes mes dents en m'arrêtant à un pas d'elle.
Elle ouvrit des yeux éberlués et commenta en regardant le sol que j’avais parcouru, comme si elle y cherchait des résidus de magie.
"Non. Aucune trace. C'est très impressionnant."
Elle marcha un peu vers une nouvelle porte.
"Vous pourrez les utiliser sans peine. Évitez peut-être de le faire face aux Chevaliers les plus fervents de notre ordre, qui pourraient croire à un nouveau type de magie."
Elle ouvrit les portes. Les gardes la laissèrent entrer, mais croisèrent leurs hallebardes sur mon chemin. Ezra se tourna vers moi.
"Je reviens vite en compagnie du Général."
J'hochai la tête lorsqu'elle entra avant de détailler les deux gardes du regard et de lâcher :
"Je vous plains. Ça doit être chiant comme boulot..."
Ils haussèrent les épaules. L'un dit :
"C'est notre devoir de protéger. Et puis... on fait des roulements."
Le second envoya un coup du bas de sa lance dans les grèves métalliques du premier, qui se tut aussitôt.
Un sourire d'étonnement se dessina sur mon visage. Je ne m’attendais pas à ce qu’ils me répondent. Puisque nous étions là, autant engager la conversation.
"Hé, dites-moi. Qui est le combattant le plus redoutable du Soleil Noir, selon vous ?"
Le premier dit d'une manière assurée :
"Le Général Somnis, pour sûr. Et son fils doit être de la même trempe."
L'autre rétorqua :
"Ah ! Un officiel rouillé des combats et un débutant. C'est dans les légendes qu'on trouve les meilleurs. Le Chevalier Dangmar les aplatit tous."
Le premier acquiesça.
"Ouais. Mais ça fait un bail qu'on l'a pas vu remonter. J'aimerais pas croiser les frères d'Ahn non plus. Ni Médalie la Furie."
Le second opina vivement.
"Par contre, Laédia Russelle, on aimerait bien voir le bout de sa lance plus souvent ! Haha."
Le premier lui envoya un coup de coude dans le plastron de son comparse, alors que la porte s'ouvrait sur Ezra, flanquée d'un homme d'âge mûr en armure lourde et à cape blanche. Le Géneral pour sûr. Il était assez charismatique.
Il était suivi d'une dame plus âgée encore, aux cheveux courts, avec l’œil droit masqué par une œillère noire, en habit plutôt qu'en armure. Ils passèrent devant moi, me regardant avec curiosité et me saluant d’un signe de tête. Salutation que je leur rendis avec déférence.
Sans un mot, Ezra me fit signe de les suivre, ce que je fis en silence. Nous retournions vers les réfectoires.
- Akihito
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Re: L'Entresol
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Discussion avec Yliria, Xël et Shirel
Discussion avec Yliria, Xël et Shirel
- Cromax
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Re: L'Entresol
La Cité des Ombres
L’Entresol
L’Entresol
Jour 1 – fin d’après-midi.
Les gourmands et curieux furent vite satisfaits : à peine eurent-ils fini de questionner Shirel qu’Ezra et Ezak réapparurent dans le réfectoire, bien accompagnés. Le premier qui entra était un homme d’âge mur à la toison et barbe d’argent. Il portait une armure noir et or élégante, ainsi qu’une cape blanche. Son regard acéré se posa sur la petite compagnie.
Ezra prit la parole pour le présenter :
« Voici le Général Tyrrel Somnis. »
Et Shirel de préciser :
« Celui chargé de notre chevalerie, dont je vous parlais plus tôt. »
Le général en question lança un regard scrutateur à la jeune blonde, et ne tarda pas à s’asseoir en tête de tablée, sur une chaise unique. Ezra poursuivit :
« Et voici la Générale Avianne Delaube. »
Une femme âgée, plus encore que le précédent, se présenta alors. Elle ne portait pas d’armure, mais des habits noir et or. L’un de ses yeux était masqué d’un cache-œil noir. D’une voix presque amicale, elle ponctua, jetant un regard à Shirel :
« Et vous n’avez pas entendu parler de moi. »
Elles s’assirent à la tablée des yuimeniens, dans une configuration finale peu mélangée : Shirel, Ezra et la générale faisaient face à Akihito, Xël et Yliria. Ezak était libre de s’asseoir où il souhaitait. Ezra poursuivit :
« Je vous laisse vous présenter. »
Avianne Delaube prit la parole à leur place.
« Nul besoin. Nous avons là Dame Yliria, porteuse d’un écusson de notre ordre. Sers Xël et Aki, et enfin Ezak d’Arkasse, chevalier de son monde. Je sais aussi que deux d’entre vous ont usé récemment de magie. Vous, et vous. »
Elle désigna tour à tour Akihito et Xël, et poursuivit.
« Et que le premier se dit coupable de ce qui est arrivé avec cette tête énorme sur la Veine tombant depuis les Voies Médianes. J’aurais une question pour vous : lorsque vous avez usé de magie, connaissiez-vous son interdiction ? »
Elle les scruta d’un œil attentif. Sans doute ne valait-il mieux pas lui mentir. Elle regarda Yliria.
« Je sais également qu’il existe parmi vous un être aux cheveux violets, une sorte d’être bipède poilu au visage couvert d’un tissu, une jeune demoiselle frêle, un homme borgne et alcoolisé, une dame à la peau bleue, une autre à la chevelure aussi blanche que l’armure des Chevaliers des Cieux, Deux jumelles pâles, un être fait ou couvert de bois brulé et… Mathis, l’homme blond qui est en train d’être amené à cet étage après s’être montré peu coopératif avec mes pairs des Voies Médianes. »
Elle en savait… visiblement beaucoup. Même s’il manquait une personne parmi tout ce compte. Elle se tourna vers Yliria.
« Voilà qui devrait vous faciliter la mission, n’est-ce pas ? Je sais aussi que vous dites venir d’un monde différent, et qu’il est peu probable que vous mentiez sur ce point. Je sais votre désir de retourner chez vous, et ignore tout comme vous le moyen d’y parvenir. Je sais aussi que vous avez été mis en contact avec le Gardien du Puit. Que vous a-t-il dit ? »
Le général Somnis avait un sourire en coin devant la démonstration de la vieille dame sagace, et prit la parole à cet instant d’une voix ferme.
« Votre travail : les retrouver et les mener ici. Nous devons connaître leurs noms, qualités et intentions. Leur sort dépendra d’eux, le vôtre de vous. Nous sommes ici pour répondre à vos questions, mais avant cela laissez-moi vous en poser une : Jusqu’où irez-vous pour retourner chez vous ? Irez-vous contre nos lois, ou pourrons-nous travailler de concert pour trouver une solution ? »
C’était à eux de parler. Et visiblement, ils ne devaient pas faire d’erreur. Fini de rigoler.
Alors que les officiels terminaient leurs présentations, la porte s'ouvrit sur des hommes vêtus de noir, mais ne ressemblant pas à des militaires. Ils poussaient un charriot d'acier sur roulettes sur lequel moult nourritures s'entassaient : pains de diverses forme, plat de riz et de semoule perlée, boulettes de viande, fromages et crudités. Fruits, assaisonnements. Cruchon d'eau et de vin rouge. Tisane. Omelette et légumes cuits. Et même un gros morceau de viande rôtie.
[HJ : J’imagine que comme vous êtes 4, on fait ça par des posts forum. Essayez de poster avant mercredi, qu’on ait deux tours de parole. Si jamais vous souhaitez plutôt une discussion discord, vous pouvez me le dire.]
[XP :
Xël : 0,5 (discussion)
Yliria : 0,5 (discussion)
Ezak : 0,5 (discussion), 0,5 (promenade accompagnée)
Akihito : noté quand complété.]
- Akihito
- Messages : 339
- Enregistré le : mar. 29 janv. 2019 14:26
Re: L'Entresol
Alors que nous finissions de parler en attendant la nourriture, celle-ci finit par arriver en même temps qu’un quatuor de personnes : la capitaine Beaufort et Ezak d’Arkasse, accompagnés de deux personnes à l’allure impressionnante. Je n’eus pas besoin des explications de Shirel pour savoir qu’il s’agissait de deux Généraux. Le premier, un homme grisonnant, était le général Somnis : regard fier, traits durs, c’était un soldat de métier, j’y m’étais ma main au feu. La Générale était elle aussi remarquable, à sa façon : outre son cache œil passant par-dessus ses cheveux blancs, son œil restant était aiguisé et passa rapidement sur nous. Elle me donnait l’impression d’être très rusée et de ne pas avoir volée sa place ici, et elle le démontra rapidement en coupant la capitaine qui essaya de les introduire.
«Nul besoin. Nous avons là Dame Yliria, porteuse d’un écusson de notre ordre. Sers Xël et Aki, et enfin Ezak d’Arkasse, chevalier de son monde. Je sais également qu’il existe parmi vous un être aux cheveux violets, une sorte d’être bipède poilu au visage couvert d’un tissu, une jeune demoiselle frêle, un homme borgne et alcoolisé, une dame à la peau bleue, une autre à la chevelure aussi blanche que l’armure des Chevaliers des Cieux, Deux jumelles pâles, un être fait ou couvert de bois brulé et… Mathis, l’homme blond qui est en train d’être amené à cet étage après s’être montré peu coopératif avec mes pairs des Voies Médianes. Je sais aussi que deux d’entre vous ont usé récemment de magie. Vous, et vous. »
Elle nous désigna, Xël et moi. Avant de s’attarder sur ma personne.
« Et que le premier se dit coupable de ce qui est arrivé avec cette tête énorme sur la Veine tombant depuis les Voies Médianes. J’aurais une question pour vous : lorsque vous avez usé de magie, connaissiez-vous son interdiction ? »
(Ah oui. Très bien renseignée, la Générale Delaube.)
Trop bien, même. Je jetais un œil à Ezak, qui s’était installé près de nous. Est-ce qu’il avait tout raconté ? Coopérer était une chose : balancer tout ce qu’il savait d’entrer de jeu en était une autre. J’écoutais donc mes compagnons accueillir à la leur manière les nouveaux venus -Yliria n’était pas enchantée que Somnis les considèrent comme des ressources, et comptait bien agir en accord avec ses principes, même s’ils allaient à l’encontre des indications de l’Ordre du Soleil Noir. Ezak demanda lui à aller explorer la Cité Inférieure, en prenant pour témoin la capitaine Beaufort sur le zèle qu’il mettait à tenir son serment de Chevalier. Le Général soldat avait quand même des doutes, indiquant que la cité en question était loin d’être un endroit accueillant pour qui s’y aventurait. Tout en se jetant sur la nourriture, Xël annonça vouloir accompagner Ezak : il soupçonnait que l’origine de notre arrivée ici s’y trouvait. Il résuma à la demande de la Générale Delaube leur entretien avec le Gardien du puits avant de demander de la bière, tout en s’excusant de son impolitesse. Je levai les yeux au ciel, alors que Somnis acceptait en riant de bonne humeur. A la jouer aussi décontracté et effronté, il allait tôt ou tard tomber sur un type beaucoup avec qui cette légèreté n’allait pas passer.
« Vous n'avez pas répondu, concernant votre magie, » intervint cependant l’officier borgne, c’était donc à moi d’entrer dans la danse. Je posai calmement les mains sur la table et refrénai mon appétit : manger allait attendre que tout soit clarifier.
« Générale Delaube, permettez moi avant toute chose de vous corriger sur mon identité : "Aki" n'est qu'un surnom, je répond au nom d'Akihito Yoichi, commencai-je en inclinant la tête à son attention, puis au Général, avant de poursuivre. Concernant l'emploi de la magie... mon arrivée ici à été mouvementée : j'étais dans une grande colère et la connaissance de cette interdiction -sans sa raison- m'a été donnée par la personne qui était la source de ma rage. J'avais plus de raison de penser qu'elle me trompait que de la croire, et j'ai fini par la tuer avec l'emploi de ma magie. Enfin, la plonger dans ce qui est le plus proche de cet état ici. Ensuite, la tête qui avait précédemment été miniaturisée s'est mise à grossir et devant le risque qu'elle représente sur notre monde, nous avons jugé qu'enfreindre cette règle était un moindre mal. »
Je pris une pause pour leur laisser le temps de digérer ça, puis poursuivis. Je sentis la main d’Yliria se poser sur ma jambe en un discret soutien, et je la remerciai en pressant brièvement mon genou contre le sien.
« Comme je l'ai indiqué au Capitaine Shirel lors de l'incident, je suis prêt à subir les éventuelles sanctions de ces transgressions. Mais si vous êtes assez cléments pour me les pardonner... j'aimerais en apprendre plus sur la magie de ce monde, sur l'enchantement qui préserve vos vies et pourquoi l'emploi de magie peut le déstabiliser. Rentrer sur notre monde ne se fera pas avec des moyens classiques, en savoir le plus possible sur la magie ne fera qu'augmenter nos chances. La Capitaine Shirel m'a indiqué que vous seriez potentiellement plus informés qu'elle, ou en capacité de me mettre en contact avec les bons érudits. Elle a mentionné le Grand Maître Khymel, même si je me doute qu'il doit être suffisament occupé pour recevoir un étranger comme moi.
- Non. Vous ne le rencontrerez pas. Nul ne le peut. Et je vous suggère de ne pas vous intéresser de trop près à la magie : notre rôle est d'en réduire son utilisation à néant dans cette cité. »
Sans concession, la réponse du Général était du tonneau de ce à quoi je m’attendais venant de sa part. sa comparse le tempéra, visiblement plus souple et mesurée.
« Nous en savons un rayon sur la magie. Les magies, même, de ce monde. Mais pour votre propre sécurité, il nous est interdit de vous en révéler la moindre information qui pourrait vous encourager à l'utiliser. Vous le savez sans doute désormais - et si ce n'est pas le cas je vous l'apprends - l'usage de magie est proscrit à Ashaar pour préserver l'enchantement qui préserve nos vies, comme vous dites. Il s'agit d'un bouclier généré à la surface qui descend dans le sol et la ville. Il est alimenté par l'énergie magique des Chevaliers des Cieux, que nous servons directement en protégeant cette cité de notre présence. Cette énergie est pure, et pourrait être viciée par d'autres types de magie, la réduisant à néant et causant dans un premier temps la mort de ces Êtres Lumineux, ou en tout cas des complications non enviables. Et dans un second temps, outre les conséquences inévitables de l'effet de la souillure magique sur le bouclier - selon le type de magie - une purge totale de la population de cette cité par lesdits Chevaliers. Un massacre unilatéral dont ils ont déjà donné de brefs aperçus par le passé. La justice des coupables de les intéresse pas : ils visent alors tout un groupe de la populace, au hasard. Pour l'exemple, jusqu'à la Purge Finale. »
Une purge indiscriminée et impartiale. Ca ne me plaisait pas. Comme de plus en plus de choses à mesure que j’en apprenais plus sur cet endroit.
« Oh. Et quant à l'usage de votre magie, à vous et à votre compagnon, ça sera à notre Grand Juge Reithel Romars qu'il sera donné d'en décider la punition. Il n'est hélas pas connu pour sa pitié, ou sa souplesse. Mais je gage que si vous nous convainquez de bien vous tenir, au Général Somnis et à moi-même, nous pourrions tenter d'influencer son... choix. »
La conversation se poursuivit, chacun essayant d’avancer ses pions pour savoir quoi faire. Yliria apprit ainsi que son apparence n’avait rien de bien surprenant ici, au pire un plus inhabituelle que la moyenne. Devant l’insistance de Xël et Ezak, Somnis proposa de les faire « surveiller » par son propre fils, un chevalier qui était formé à l’exploration de la Cité Inférieure mais manquait d’expérience. Et visiblement, j’étais inclus dans la proposition.
« Rassurez vous, Général Somnis, mon but -notre but- n'est pas de déclencher une quelconque purge. Simplement, les considérations autour de la magie sont importantes : certains d'entres nous ne savent peut-être que se défendre avec elle, il faut donc savoir comment nous allons évoluer dans votre cité une fois tous rassemblés. Ceux ne pouvant se battre que par elle ne seraient alors pas envoyés dans les milieux dangereux où ils seraient sans défense ou pire, contraint d'utiliser la magie par survie ou par réflexe. Et puis, nous venons d'un monde différent : notre expérience nous a déjà prouvé que notre magie n'était pas toujours soumise au mêmes lois que les autres sur un monde différent. Peut être que son utilisation n'a aucun effet sur l'enchantement ; peut être qu'elle le renforce, ou peut être est-elle néfaste pour lui. Nous sommes arrivés par magie, et nous devrons forcément repartir avec. La question est : comment ? C'est ce que je veux étudier, chercher, d'où ma demande d'un érudit auprès duquel me renseigner. Ou des ouvrages même : j'ai appris à lire. Mais j'accompagnerai votre fils si vous jugez que c'est nécessaire.
- Vous verrez, Khalor saura vous être utile. C'est un combattant d'élite et sa connaissance des secrets des chevaliers de la ville basse sauront vous servir. Il manque juste... d'expérience sur le terrain. Je crains qu'il soit un peu idéaliste, et par là naïf sur sa vision des raclures vivant là en bas. »
J’en profitai ainsi pour glisser discrètement à Xël de faire attention à ses choix quant à où aller : il avait beau être rompu au combat, voir sans doute à celui au corps à corps, il n’était pas un guerrier pour autant et n’avait jamais ou peu tenu combattu à l’arme blanche en situation réelle. Sans l’emploi de sa magie, ses capacités de combat étaient très limitées.
« Générale Delaube, qu'elle est la relation entre les habitants d'Ashaar et les Êtres de la Surface ? Cette "bénédiction" d'immortalité, les Jours du Dons, est-ce que tout ça est offert de manière purement désintéressé ? Ou est-ce que les Êtres Lumineux demandent une rétribution, un service en échange ? »
Mon ton se voulait prudent car les Êtres Lumineux étaient bien perçus ici. Mais je n’arrivai pas à me défaire de l’idée que sur Yuimen comme sur Aliaénon, on n’avait jamais rien sans rien. La Surface procurait à Ashaar l’immortalité et la nourriture, sans rien en retour ? Et prendre le risque de briser la magie d’immortalité était puni de mort d’une façon extrême et cruelle ? Je ne comprenais pas. S’ils étaient si désintéressés que ça, les Êtres lumineux ne réagiraient pas aussi violemment à l’emploi de la magie. Au pire il s’en ficheraient et considéreraient que les habitants ont gâchés une opportunité qui leur était offert, au mieux il se contenterait de remettre l’enchantement. Mais visiblement, c’était lié à leur survie. Une symbiose entre les deux peuples ? Ou… Une relation parasitaire, avec les bergers venant semer la terreur quand le troupeau ne se comportait pas bien et arrêtait de produire de la laine ?
« Vous posez des questions dangereuses, Akihito Yoichi. Des questions qui pourraient vous attirer des ennuis auprès de ceux que vous remettez en question. Non, ils ne demandent rien à la population. Et ils ne demandent à l'Ordre que d'assurer la sécurité de la ville et des citoyens, ainsi que la chasse de toute magie. Y compris dans la Cité Inférieure, où ils n'ont aucun accès. Votre magie est aussi délétère que celle qui est maniée ici. Preuve en est notre forte sensibilité à celle-ci : nous la ressentons sitôt utilisée. C'est une preuve suffisante de son effet néfaste assuré sur le Bouclier. Aussi votre proposition semble sage : n'envoyez dans le danger que ceux qui peuvent s'en sortir sans. J'ose espérer que ce n'est pas votre cas, ou celui de votre comparse Xël. Car si ça venait aux oreilles du Juge, vous finiriez directement dans les Tréfonds. Et je me dis que ça serait sans doute une mauvaise chose.
- Je ne comptais pas remettre en question les Etres lumineux : si on me rend service, je cherche à en faire autant, et je me demandais comment vous faisiez, ou si un quelconque service était rendu en remerciement. Aucun sous-entendu. »
(Tu voulais pas qu’il y ai de sous entendu, mais t’en pense pas moins.)
(Je pensais avoir été suffisamment fin, pourtant.)
(Mmh, la Générale est surtout plutôt clairvoyante. Ou un brin parano sur le sujet. Ou les deux.)
« Comme je vous l'ai dit, reprit la concernée, votre aide pourrait nous être précieuse. Je crains n'en savoir pas plus que vous sur une manière de quitter ce monde. Et aucun mage ne serait assez imprudent pour noter cela dans un livre. Je... je me renseignerai auprès de notre Grand Maître. Il est à la fois sage et érudit. Il aura peut-être une réponse. Mais je vous conjure de rester dans nos bonnes grâces.
- Bien sûr, nous n'avons pas d'intérêt à vous mettre à dos, remerciai-je avant de pointer mon équipement. Je suis apte à me battre, et j'ai normalement un pavois en plus du reste, mais j'aurais besoin de magie pour l'amener à moi. Si je peux vous en emprunter un, ce ne serait pas de refus.
- Alors tout va bien. Il vous sera fourni un pavois en prêt. De même que tout matériel dont vous pourriez avoir besoin en bas. Mais veillez à les ramener : nous ne voudrions pas que les meurtriers des Bouges en soient équipés. »
J’aurais pas à expliquer d’où venait mon Rempart, au moins. S’il parvenait à apparaître depuis un autre monde…
« Puis-je, généraux, soumettre ma candidature pour accompagner ces gens également dans la cité inférieure ? Le Jour du Don tire sur sa fin, et mes hommes sont en bonne gestion de la situation.
- Hmm. Vous n'avez absolument pas la formation d'un chevalier pour visiter les Bouges. Ce n'est pas un jeu, Capitaine Beaufort. Je réfléchirai à votre proposition.
- Si je peux me permettre, de quelle expérience votre fils manque-t-il au juste, Général ? Si c'est sur le point martial, notre groupe peut compenser. Si c'est le "terrain" au sens général, quelqu'un de plus expérimenté à la gestion de la population d'Ashaar et l'exercice de l'autorité de l'Ordre ne serait pas de trop.
- C'est bien le terrain. Mais tous mes chevaliers sont déjà occupés sur place. Et la Capitaine Beaufort n'est pas formée aux pratiques de la Cité Inférieure.
- Mais en qualité d'Officier supérieur du GIGN, je connais certains des criminels qui s'y trouvent. J'en ai même arrêté plusieurs moi-même. »
Un argument que Somnis semblait prendre en compte dans sa réflexion, opinant. C’était sans compter sur Ezak. Pour une raison que je ne m’explique pas, ce dernier se sentit blesser dans son orgueil qu’on remette en doute sa capacité à évoluer seul dans la Cité Inférieure. J’observai avec incompréhension ce dernier expliquer comment il avait survécu à Omyre – ce qui ne disait absolument rien aux Généraux- et comment il n’avait absolument pas envie de servir de chaperon à Khalor Somnis. J’avais l’impression de voir un enfant piquer un caprice car les choses n’allaient pas dans son sens, et qui finissait même par forcer littéralement la main des Généraux en leur proposant des poigner de mains après avoir servis du vin à tous, dans une sorte de décision unilatérale.
« Je retire ce que j'ai dit, je le sens pas non plus, » murmurai-je à Yliria avant de voir nos interlocuteurs essayer d’expliquer avec beaucoup de pédagogie et de patience que non, il ne remettait pas en question son expérience, mais qu’il n’avait juste aucune idée de comment cela se passait dans les bas-fonds d’Ashaar. Pourtant, ce n’était pas non plus très compliqué à comprendre : l’immortalité faisait une différence majeure. Entre un truand d’Omyre qui pensait n’avoir pas peur de mourir et un truand d’Ashaar qui ne POUVAIT pas mourir, leur gestion allait fatalement être différente. La menace de la mort n’avait plus de poids.
« Je crois qu’un accord honorable est la meilleure solution. Cet accord est celui-ci : Xël et Akihito seront jugés pour l’usage de leur magie. Je ferai en sorte que ça ne soit ni une condamnation aux Tréfonds, ni une punition à perpétuité au sein des Bouges. Juste, et ça sera inévitable, une sanction temporaire de privation d’accès à la Cité Supérieure. En échange, vous promettez tous de nous transmettre les informations que vous retrouverez sur les Clans que vous pourriez rencontrer. La présence de Khalor Somnis n’a pas vocation de vous surveiller vous, ou de vous contraindre à quoique ce soit sinon le non-usage de la magie. C’est donc le sieur Xël et le sieur Yoichi qui seront sous sa garde. Si vous voulez prendre le risque de vous aventurer seul de votre côté, libre à vous. Et vous n’êtes pas ses gardes du corps : il est pleinement capable de se débrouiller dans la Cité Inférieure, et sera seul responsable de ce qui pourrait lui arriver. C’est une aide que nous vous proposons là, qui permet un arrangement mutuel. Si cet accord, sans clause supplémentaire, vous convient, alors il sera passé. Si l’un ou plusieurs d’entre vous n’y consent pas, libre à lui de retourner dans la Cité Supérieure, où il sera soumis à nos règles de bienséance et de savoir-vivre. À l’exception des sieurs Xël et Akihito qui devront attendre leur jugement, bien entendu. »
Yliria, après une pique sarcastique au chevalier d’Arkasse, acquiesça à la proposition des officiers tout en affirmation qu’elle préférait rester avec la capitaine Shirel avant de descendre plus bas. Le Kendran ne releva pas la pique et se contenta d’accepter l’avis des Généraux avec une pointe d’amertume, tout en négociant ultimement la présence de la capitaine Beaufort. Tout deux obtinrent gains de cause. Xël avoua son absence de compétence militaire avant d’annoncer qu’il emploierait la magie si nécessaire, tout en resservant de la bière au Général. Ce à quoi Somnis répondit.
« Concernant votre magie, j'aimerais soulever quelque chose : quel serait le pire danger pour vous ? Être confrontés à des ennemis immortels en l'étant vous-même, ou risquer de perdre cette immortalité et avoir sur votre conscience la mort de milliers d'individus ? Et devoir assumer les conséquences de cet acte auprès de nous. Mort, vous ne retournerez pas chez vous. J'espère que je me suis bien fait comprendre. »
Quant à moi...
« Sur notre monde, je suis les préceptes de Valyus, dieu de la Protection, et ai été reconnu comme digne d'être un Chevalier de l'Ecu par l'un d'entre eux. Ma volonté est et a toujours été de protéger ceux qui ont en besoin et les innocents. Je peux jurer de mes bonnes attentions dessus si vous y accorder un quelconque crédit, Générale. Si vous décidez de m'envoyer dans la Cité inférieure avec sir Khalor Somnis, j'irai. Mais je pense que ma place est ailleurs. »
J'embrassai du regard frère d'arme, amante et inconnu, tous de Yuimen.
« Les miens vont aller et venir au fil de leurs explorations, remontant informations et pistes,. Je crois que rester ici pour coordonner cet effort ne serait pas inutile. Je pourrai aussi me mettre à la disposition du Juge Suprême quand il rendra sa décision ou du Grand Maïtre si nécessaire.
« Vous souhaiteriez rester ici ? Je doute que le Juge approuve. De plus, ce rôle, nous pourrons nous en charger pour vous. Comme vous le savez désormais, Avianne Delaube est la maîtresse de l'information dans cette Cité. Elle saura la dispenser aux vôtres avec sagesse, si votre volonté n'est pas acceptée. »
Je n’avais aucune envie d’aller dans la Cité Inférieure, car contrairement à Xël et Ezak je ne voyais pas d’intérêt ou de piste sérieuse à aller y trouver. J’ai essayé de me rendre utile à ma façon, de trouver ma propre voix, mais c’avait échoué. Tant pis.
« Très bien, Général Somnis. Je suis un protecteur et un guerrier accompli alors si vous me fournissez un bouclier, vous pouvez m’envoyer là où vous jugerez nécessaire que je sois. Pour faire amende honorable et montrer patte blanche, je n’ai pas d’autres options. »
Puis en attendant leur réponse, je me composai une assiette pour l’engloutir. C’était mon dernier vrai repas annoncé, alors autant en profiter. Et profiter également d'Yli, dont j'allais encore être séparé. Décidément, notre relation commençait bien...
«Nul besoin. Nous avons là Dame Yliria, porteuse d’un écusson de notre ordre. Sers Xël et Aki, et enfin Ezak d’Arkasse, chevalier de son monde. Je sais également qu’il existe parmi vous un être aux cheveux violets, une sorte d’être bipède poilu au visage couvert d’un tissu, une jeune demoiselle frêle, un homme borgne et alcoolisé, une dame à la peau bleue, une autre à la chevelure aussi blanche que l’armure des Chevaliers des Cieux, Deux jumelles pâles, un être fait ou couvert de bois brulé et… Mathis, l’homme blond qui est en train d’être amené à cet étage après s’être montré peu coopératif avec mes pairs des Voies Médianes. Je sais aussi que deux d’entre vous ont usé récemment de magie. Vous, et vous. »
Elle nous désigna, Xël et moi. Avant de s’attarder sur ma personne.
« Et que le premier se dit coupable de ce qui est arrivé avec cette tête énorme sur la Veine tombant depuis les Voies Médianes. J’aurais une question pour vous : lorsque vous avez usé de magie, connaissiez-vous son interdiction ? »
(Ah oui. Très bien renseignée, la Générale Delaube.)
Trop bien, même. Je jetais un œil à Ezak, qui s’était installé près de nous. Est-ce qu’il avait tout raconté ? Coopérer était une chose : balancer tout ce qu’il savait d’entrer de jeu en était une autre. J’écoutais donc mes compagnons accueillir à la leur manière les nouveaux venus -Yliria n’était pas enchantée que Somnis les considèrent comme des ressources, et comptait bien agir en accord avec ses principes, même s’ils allaient à l’encontre des indications de l’Ordre du Soleil Noir. Ezak demanda lui à aller explorer la Cité Inférieure, en prenant pour témoin la capitaine Beaufort sur le zèle qu’il mettait à tenir son serment de Chevalier. Le Général soldat avait quand même des doutes, indiquant que la cité en question était loin d’être un endroit accueillant pour qui s’y aventurait. Tout en se jetant sur la nourriture, Xël annonça vouloir accompagner Ezak : il soupçonnait que l’origine de notre arrivée ici s’y trouvait. Il résuma à la demande de la Générale Delaube leur entretien avec le Gardien du puits avant de demander de la bière, tout en s’excusant de son impolitesse. Je levai les yeux au ciel, alors que Somnis acceptait en riant de bonne humeur. A la jouer aussi décontracté et effronté, il allait tôt ou tard tomber sur un type beaucoup avec qui cette légèreté n’allait pas passer.
« Vous n'avez pas répondu, concernant votre magie, » intervint cependant l’officier borgne, c’était donc à moi d’entrer dans la danse. Je posai calmement les mains sur la table et refrénai mon appétit : manger allait attendre que tout soit clarifier.
« Générale Delaube, permettez moi avant toute chose de vous corriger sur mon identité : "Aki" n'est qu'un surnom, je répond au nom d'Akihito Yoichi, commencai-je en inclinant la tête à son attention, puis au Général, avant de poursuivre. Concernant l'emploi de la magie... mon arrivée ici à été mouvementée : j'étais dans une grande colère et la connaissance de cette interdiction -sans sa raison- m'a été donnée par la personne qui était la source de ma rage. J'avais plus de raison de penser qu'elle me trompait que de la croire, et j'ai fini par la tuer avec l'emploi de ma magie. Enfin, la plonger dans ce qui est le plus proche de cet état ici. Ensuite, la tête qui avait précédemment été miniaturisée s'est mise à grossir et devant le risque qu'elle représente sur notre monde, nous avons jugé qu'enfreindre cette règle était un moindre mal. »
Je pris une pause pour leur laisser le temps de digérer ça, puis poursuivis. Je sentis la main d’Yliria se poser sur ma jambe en un discret soutien, et je la remerciai en pressant brièvement mon genou contre le sien.
« Comme je l'ai indiqué au Capitaine Shirel lors de l'incident, je suis prêt à subir les éventuelles sanctions de ces transgressions. Mais si vous êtes assez cléments pour me les pardonner... j'aimerais en apprendre plus sur la magie de ce monde, sur l'enchantement qui préserve vos vies et pourquoi l'emploi de magie peut le déstabiliser. Rentrer sur notre monde ne se fera pas avec des moyens classiques, en savoir le plus possible sur la magie ne fera qu'augmenter nos chances. La Capitaine Shirel m'a indiqué que vous seriez potentiellement plus informés qu'elle, ou en capacité de me mettre en contact avec les bons érudits. Elle a mentionné le Grand Maître Khymel, même si je me doute qu'il doit être suffisament occupé pour recevoir un étranger comme moi.
- Non. Vous ne le rencontrerez pas. Nul ne le peut. Et je vous suggère de ne pas vous intéresser de trop près à la magie : notre rôle est d'en réduire son utilisation à néant dans cette cité. »
Sans concession, la réponse du Général était du tonneau de ce à quoi je m’attendais venant de sa part. sa comparse le tempéra, visiblement plus souple et mesurée.
« Nous en savons un rayon sur la magie. Les magies, même, de ce monde. Mais pour votre propre sécurité, il nous est interdit de vous en révéler la moindre information qui pourrait vous encourager à l'utiliser. Vous le savez sans doute désormais - et si ce n'est pas le cas je vous l'apprends - l'usage de magie est proscrit à Ashaar pour préserver l'enchantement qui préserve nos vies, comme vous dites. Il s'agit d'un bouclier généré à la surface qui descend dans le sol et la ville. Il est alimenté par l'énergie magique des Chevaliers des Cieux, que nous servons directement en protégeant cette cité de notre présence. Cette énergie est pure, et pourrait être viciée par d'autres types de magie, la réduisant à néant et causant dans un premier temps la mort de ces Êtres Lumineux, ou en tout cas des complications non enviables. Et dans un second temps, outre les conséquences inévitables de l'effet de la souillure magique sur le bouclier - selon le type de magie - une purge totale de la population de cette cité par lesdits Chevaliers. Un massacre unilatéral dont ils ont déjà donné de brefs aperçus par le passé. La justice des coupables de les intéresse pas : ils visent alors tout un groupe de la populace, au hasard. Pour l'exemple, jusqu'à la Purge Finale. »
Une purge indiscriminée et impartiale. Ca ne me plaisait pas. Comme de plus en plus de choses à mesure que j’en apprenais plus sur cet endroit.
« Oh. Et quant à l'usage de votre magie, à vous et à votre compagnon, ça sera à notre Grand Juge Reithel Romars qu'il sera donné d'en décider la punition. Il n'est hélas pas connu pour sa pitié, ou sa souplesse. Mais je gage que si vous nous convainquez de bien vous tenir, au Général Somnis et à moi-même, nous pourrions tenter d'influencer son... choix. »
La conversation se poursuivit, chacun essayant d’avancer ses pions pour savoir quoi faire. Yliria apprit ainsi que son apparence n’avait rien de bien surprenant ici, au pire un plus inhabituelle que la moyenne. Devant l’insistance de Xël et Ezak, Somnis proposa de les faire « surveiller » par son propre fils, un chevalier qui était formé à l’exploration de la Cité Inférieure mais manquait d’expérience. Et visiblement, j’étais inclus dans la proposition.
« Rassurez vous, Général Somnis, mon but -notre but- n'est pas de déclencher une quelconque purge. Simplement, les considérations autour de la magie sont importantes : certains d'entres nous ne savent peut-être que se défendre avec elle, il faut donc savoir comment nous allons évoluer dans votre cité une fois tous rassemblés. Ceux ne pouvant se battre que par elle ne seraient alors pas envoyés dans les milieux dangereux où ils seraient sans défense ou pire, contraint d'utiliser la magie par survie ou par réflexe. Et puis, nous venons d'un monde différent : notre expérience nous a déjà prouvé que notre magie n'était pas toujours soumise au mêmes lois que les autres sur un monde différent. Peut être que son utilisation n'a aucun effet sur l'enchantement ; peut être qu'elle le renforce, ou peut être est-elle néfaste pour lui. Nous sommes arrivés par magie, et nous devrons forcément repartir avec. La question est : comment ? C'est ce que je veux étudier, chercher, d'où ma demande d'un érudit auprès duquel me renseigner. Ou des ouvrages même : j'ai appris à lire. Mais j'accompagnerai votre fils si vous jugez que c'est nécessaire.
- Vous verrez, Khalor saura vous être utile. C'est un combattant d'élite et sa connaissance des secrets des chevaliers de la ville basse sauront vous servir. Il manque juste... d'expérience sur le terrain. Je crains qu'il soit un peu idéaliste, et par là naïf sur sa vision des raclures vivant là en bas. »
J’en profitai ainsi pour glisser discrètement à Xël de faire attention à ses choix quant à où aller : il avait beau être rompu au combat, voir sans doute à celui au corps à corps, il n’était pas un guerrier pour autant et n’avait jamais ou peu tenu combattu à l’arme blanche en situation réelle. Sans l’emploi de sa magie, ses capacités de combat étaient très limitées.
« Générale Delaube, qu'elle est la relation entre les habitants d'Ashaar et les Êtres de la Surface ? Cette "bénédiction" d'immortalité, les Jours du Dons, est-ce que tout ça est offert de manière purement désintéressé ? Ou est-ce que les Êtres Lumineux demandent une rétribution, un service en échange ? »
Mon ton se voulait prudent car les Êtres Lumineux étaient bien perçus ici. Mais je n’arrivai pas à me défaire de l’idée que sur Yuimen comme sur Aliaénon, on n’avait jamais rien sans rien. La Surface procurait à Ashaar l’immortalité et la nourriture, sans rien en retour ? Et prendre le risque de briser la magie d’immortalité était puni de mort d’une façon extrême et cruelle ? Je ne comprenais pas. S’ils étaient si désintéressés que ça, les Êtres lumineux ne réagiraient pas aussi violemment à l’emploi de la magie. Au pire il s’en ficheraient et considéreraient que les habitants ont gâchés une opportunité qui leur était offert, au mieux il se contenterait de remettre l’enchantement. Mais visiblement, c’était lié à leur survie. Une symbiose entre les deux peuples ? Ou… Une relation parasitaire, avec les bergers venant semer la terreur quand le troupeau ne se comportait pas bien et arrêtait de produire de la laine ?
« Vous posez des questions dangereuses, Akihito Yoichi. Des questions qui pourraient vous attirer des ennuis auprès de ceux que vous remettez en question. Non, ils ne demandent rien à la population. Et ils ne demandent à l'Ordre que d'assurer la sécurité de la ville et des citoyens, ainsi que la chasse de toute magie. Y compris dans la Cité Inférieure, où ils n'ont aucun accès. Votre magie est aussi délétère que celle qui est maniée ici. Preuve en est notre forte sensibilité à celle-ci : nous la ressentons sitôt utilisée. C'est une preuve suffisante de son effet néfaste assuré sur le Bouclier. Aussi votre proposition semble sage : n'envoyez dans le danger que ceux qui peuvent s'en sortir sans. J'ose espérer que ce n'est pas votre cas, ou celui de votre comparse Xël. Car si ça venait aux oreilles du Juge, vous finiriez directement dans les Tréfonds. Et je me dis que ça serait sans doute une mauvaise chose.
- Je ne comptais pas remettre en question les Etres lumineux : si on me rend service, je cherche à en faire autant, et je me demandais comment vous faisiez, ou si un quelconque service était rendu en remerciement. Aucun sous-entendu. »
(Tu voulais pas qu’il y ai de sous entendu, mais t’en pense pas moins.)
(Je pensais avoir été suffisamment fin, pourtant.)
(Mmh, la Générale est surtout plutôt clairvoyante. Ou un brin parano sur le sujet. Ou les deux.)
« Comme je vous l'ai dit, reprit la concernée, votre aide pourrait nous être précieuse. Je crains n'en savoir pas plus que vous sur une manière de quitter ce monde. Et aucun mage ne serait assez imprudent pour noter cela dans un livre. Je... je me renseignerai auprès de notre Grand Maître. Il est à la fois sage et érudit. Il aura peut-être une réponse. Mais je vous conjure de rester dans nos bonnes grâces.
- Bien sûr, nous n'avons pas d'intérêt à vous mettre à dos, remerciai-je avant de pointer mon équipement. Je suis apte à me battre, et j'ai normalement un pavois en plus du reste, mais j'aurais besoin de magie pour l'amener à moi. Si je peux vous en emprunter un, ce ne serait pas de refus.
- Alors tout va bien. Il vous sera fourni un pavois en prêt. De même que tout matériel dont vous pourriez avoir besoin en bas. Mais veillez à les ramener : nous ne voudrions pas que les meurtriers des Bouges en soient équipés. »
J’aurais pas à expliquer d’où venait mon Rempart, au moins. S’il parvenait à apparaître depuis un autre monde…
« Puis-je, généraux, soumettre ma candidature pour accompagner ces gens également dans la cité inférieure ? Le Jour du Don tire sur sa fin, et mes hommes sont en bonne gestion de la situation.
- Hmm. Vous n'avez absolument pas la formation d'un chevalier pour visiter les Bouges. Ce n'est pas un jeu, Capitaine Beaufort. Je réfléchirai à votre proposition.
- Si je peux me permettre, de quelle expérience votre fils manque-t-il au juste, Général ? Si c'est sur le point martial, notre groupe peut compenser. Si c'est le "terrain" au sens général, quelqu'un de plus expérimenté à la gestion de la population d'Ashaar et l'exercice de l'autorité de l'Ordre ne serait pas de trop.
- C'est bien le terrain. Mais tous mes chevaliers sont déjà occupés sur place. Et la Capitaine Beaufort n'est pas formée aux pratiques de la Cité Inférieure.
- Mais en qualité d'Officier supérieur du GIGN, je connais certains des criminels qui s'y trouvent. J'en ai même arrêté plusieurs moi-même. »
Un argument que Somnis semblait prendre en compte dans sa réflexion, opinant. C’était sans compter sur Ezak. Pour une raison que je ne m’explique pas, ce dernier se sentit blesser dans son orgueil qu’on remette en doute sa capacité à évoluer seul dans la Cité Inférieure. J’observai avec incompréhension ce dernier expliquer comment il avait survécu à Omyre – ce qui ne disait absolument rien aux Généraux- et comment il n’avait absolument pas envie de servir de chaperon à Khalor Somnis. J’avais l’impression de voir un enfant piquer un caprice car les choses n’allaient pas dans son sens, et qui finissait même par forcer littéralement la main des Généraux en leur proposant des poigner de mains après avoir servis du vin à tous, dans une sorte de décision unilatérale.
« Je retire ce que j'ai dit, je le sens pas non plus, » murmurai-je à Yliria avant de voir nos interlocuteurs essayer d’expliquer avec beaucoup de pédagogie et de patience que non, il ne remettait pas en question son expérience, mais qu’il n’avait juste aucune idée de comment cela se passait dans les bas-fonds d’Ashaar. Pourtant, ce n’était pas non plus très compliqué à comprendre : l’immortalité faisait une différence majeure. Entre un truand d’Omyre qui pensait n’avoir pas peur de mourir et un truand d’Ashaar qui ne POUVAIT pas mourir, leur gestion allait fatalement être différente. La menace de la mort n’avait plus de poids.
« Je crois qu’un accord honorable est la meilleure solution. Cet accord est celui-ci : Xël et Akihito seront jugés pour l’usage de leur magie. Je ferai en sorte que ça ne soit ni une condamnation aux Tréfonds, ni une punition à perpétuité au sein des Bouges. Juste, et ça sera inévitable, une sanction temporaire de privation d’accès à la Cité Supérieure. En échange, vous promettez tous de nous transmettre les informations que vous retrouverez sur les Clans que vous pourriez rencontrer. La présence de Khalor Somnis n’a pas vocation de vous surveiller vous, ou de vous contraindre à quoique ce soit sinon le non-usage de la magie. C’est donc le sieur Xël et le sieur Yoichi qui seront sous sa garde. Si vous voulez prendre le risque de vous aventurer seul de votre côté, libre à vous. Et vous n’êtes pas ses gardes du corps : il est pleinement capable de se débrouiller dans la Cité Inférieure, et sera seul responsable de ce qui pourrait lui arriver. C’est une aide que nous vous proposons là, qui permet un arrangement mutuel. Si cet accord, sans clause supplémentaire, vous convient, alors il sera passé. Si l’un ou plusieurs d’entre vous n’y consent pas, libre à lui de retourner dans la Cité Supérieure, où il sera soumis à nos règles de bienséance et de savoir-vivre. À l’exception des sieurs Xël et Akihito qui devront attendre leur jugement, bien entendu. »
Yliria, après une pique sarcastique au chevalier d’Arkasse, acquiesça à la proposition des officiers tout en affirmation qu’elle préférait rester avec la capitaine Shirel avant de descendre plus bas. Le Kendran ne releva pas la pique et se contenta d’accepter l’avis des Généraux avec une pointe d’amertume, tout en négociant ultimement la présence de la capitaine Beaufort. Tout deux obtinrent gains de cause. Xël avoua son absence de compétence militaire avant d’annoncer qu’il emploierait la magie si nécessaire, tout en resservant de la bière au Général. Ce à quoi Somnis répondit.
« Concernant votre magie, j'aimerais soulever quelque chose : quel serait le pire danger pour vous ? Être confrontés à des ennemis immortels en l'étant vous-même, ou risquer de perdre cette immortalité et avoir sur votre conscience la mort de milliers d'individus ? Et devoir assumer les conséquences de cet acte auprès de nous. Mort, vous ne retournerez pas chez vous. J'espère que je me suis bien fait comprendre. »
Quant à moi...
« Sur notre monde, je suis les préceptes de Valyus, dieu de la Protection, et ai été reconnu comme digne d'être un Chevalier de l'Ecu par l'un d'entre eux. Ma volonté est et a toujours été de protéger ceux qui ont en besoin et les innocents. Je peux jurer de mes bonnes attentions dessus si vous y accorder un quelconque crédit, Générale. Si vous décidez de m'envoyer dans la Cité inférieure avec sir Khalor Somnis, j'irai. Mais je pense que ma place est ailleurs. »
J'embrassai du regard frère d'arme, amante et inconnu, tous de Yuimen.
« Les miens vont aller et venir au fil de leurs explorations, remontant informations et pistes,. Je crois que rester ici pour coordonner cet effort ne serait pas inutile. Je pourrai aussi me mettre à la disposition du Juge Suprême quand il rendra sa décision ou du Grand Maïtre si nécessaire.
« Vous souhaiteriez rester ici ? Je doute que le Juge approuve. De plus, ce rôle, nous pourrons nous en charger pour vous. Comme vous le savez désormais, Avianne Delaube est la maîtresse de l'information dans cette Cité. Elle saura la dispenser aux vôtres avec sagesse, si votre volonté n'est pas acceptée. »
Je n’avais aucune envie d’aller dans la Cité Inférieure, car contrairement à Xël et Ezak je ne voyais pas d’intérêt ou de piste sérieuse à aller y trouver. J’ai essayé de me rendre utile à ma façon, de trouver ma propre voix, mais c’avait échoué. Tant pis.
« Très bien, Général Somnis. Je suis un protecteur et un guerrier accompli alors si vous me fournissez un bouclier, vous pouvez m’envoyer là où vous jugerez nécessaire que je sois. Pour faire amende honorable et montrer patte blanche, je n’ai pas d’autres options. »
Puis en attendant leur réponse, je me composai une assiette pour l’engloutir. C’était mon dernier vrai repas annoncé, alors autant en profiter. Et profiter également d'Yli, dont j'allais encore être séparé. Décidément, notre relation commençait bien...
- Xël
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Re: L'Entresol
Il n’y a pas longtemps à patienter avant que la porte du réfectoire s’ouvre à nouveau, laissant entrer Ezak et Ezra accompagnés d’un autre couple plus âgé. Un homme à la barbe blanche qui est présenté comme étant le Général Somnis et une femme borgne, générale également, portant le nom d’Avianne Delaube. Ils viennent s’asseoir face à nous et la vieille borgne déballe ses connaissances et ses compétences. Aucun doute que c’est chez elle que tombe tous les rapports et qu’elle a des oreilles qui traînent un peu partout. On peut dire qu’elle a l’œil sur nous depuis un moment. Elle connaît nos prénoms, le titre de certain et décrit également les autres qui étaient dans la cave de départ. J’étais peu impressionné en réalité, elle avait nommé le fulguromancien « Aki » ce qui était loin d’être son vrai nom, ses rapports sont loin d’être complets et je me demande si elle n’a pas joué toutes ses cartes pour nous faire croire qu’elle est doté d’un talent particulier. Elle poursuit d’ailleurs sa présentation par quelques questions. Son collègue prend la parole après un sourire fier pour nous décrire notre travail.
Hein ?
Je lui aurais bien rétorqué que je ne suis pas son larbin mais Yliria se montre plus rapide alors que des chariots de nourriture venaient d’entrer dans la pièce, redonnant à mes traits un aspect moins agacé tandis que je distingue fruits, légumes, riz, semoule, viandes, pains et fromages. L’odeur alléchante s’infiltre dans mes narines pour faire réagir mon estomac tiraillé par la faim. Je remercie les individus en noir qui apporte tout ceci tandis que la conversation se poursuite à côté de moi et semble tourner autour de la cité inférieur et de ses dangers car Ezak demande l’autorisation de s’y rendre. Je prends la parole à sa suite tout en inspectant la table à la recherche d’une chose en particulier.
« J’aimerais l’accompagner. Je pense que la source du sort qui nous a mené ici vient de chez vous. Par chez vous j’entends de ce monde donc par des mages ayant peu de rigueur pour vos règles. J’aimerais creuser cette piste. Je pense qu’Ezak et moi nous pourrons nous en sortir. »
Je m’adresse ensuite à la borgne pour répondre à ses questions à propos de l’utilisation de la magie chez le tailleur et notre rencontre avec le Gardien du puit. Si je laisse répondre Aki à la première, je réponds néanmoins à la seconde:
« Concernant le Gardien nos échanges ressemblaient beaucoup à celui que nous avons actuellement. Il voulait connaitre notre nombre, nos noms, nos compétences et nos intentions. Sauf que lui n’a rien proposé à manger ce qui vous rends d’office plus sympathique. »
Précisais-je avec un sourire avant de poursuivre:
« Notre réponse a été la même que maintenant, nous ne vous aiderons pas à trouver nos semblables sans garantie sur vos intentions à vous. Je vais vous répéter ce que je lui ai dit nous concernant: aucun de nous n’a l’intention de rester ici. Nous voulions nous assurer que notre mission de neutraliser le dragon est accomplie et trouver un moyen de retourner sur Yuimen. Suite à ça il nous a demandé de rester discret et qu’il allait chercher un moyen de nous faire repartir chez nous. Je crois qu’il n’aime pas trop nous savoir dans le coin. Ensuite les autres sont arrivés. »
Dis-je en faisant une grimace amer au sujet de notre présence. Je n’avais pas menti. Je n’avais pas tout dit non plus mais je ne connais pas les intentions de ces deux là, sans oublier que nous sommes au milieu de leur bastion et qu’une troupe pouvait patienter derrière la porte de nous tomber dessus. En revanche, je n’hésite pas à demander:
« Je suis désolé. Je vais vous paraître un peu impoli, je suis reconnaissant pour le repas mais vous n’auriez pas un peu de bière ? »
Ma question déclenche l’hilarité de Somnis qui ordonne à ses laquais de chercher de la blonde. Cela me le rend d’un coup plus sympathique. Je lui rends son rire et écoute la suite de la discussion en entamant le repas. J’ai si faim que mon désir est de plonger la tête à même les plats pour me goinfrer mais bienséance oblige, je me sers de grosses portions dans mon assiette, une bonne louche de semoule et de riz, un gros morceau de viande que je saisis à la fourchette, récupérant avec les doigts ce que je fais tomber sur la table pour le porter à ma bouche. Je saisis un épi de maïs brillant pour le croquer à pleine dents tout en versant sur ma semoule et mon riz un généreux filet de sauce.
J’apprends au fil du repas que la magie est interdite car elle risque de détruire la magie qui les rends immortels, elle même nourrie par la magie des lumineux de la surface. Le Soleil Noir parait intransigeant à ce sujet et d’ailleurs il nous est bien fait comprendre à Aki et moi que notre ignorance et le contexte d’urgence au moment des faits n’allaient pas nous épargner un jugement. Mais je comprends également qu’ils ont besoin d’aide ou alors un désir de laisser d’autres se salir les mains pour eux. Les clans sous leurs pieds semblent être tout de même de belles épines. Elle cite deux noms notamment, le Clan Carmin dont Ezak m’avait déjà touché un mot ainsi que le Clan Soma dont elle précise qu’il s’agit sans doute d’une anagramme.
« Une bande de sorciers qui arrive à vous passer sous le nez et assez puissant pour vous inquiéter je pense que c’est une bonne piste pour commencer. »
Dis-je en jetant un regard à Ezak.
« Soma … une anagramme… Heureusement que ce n’est pas Suna … »
Ajoutais-je pensif avant de rétorquer:
« Mais plutôt que de vouloir une promesse de Chevalier pour nous éviter un mauvais jugement, pourquoi ne pas plutôt parler d’un marché de bonne foi ou d’une coopération bénéfique ? Je vous le précise en toute sincérité, si nous trouvons un moyen de rentrer chez nous, nous n’abandonnerons pas l’un des notre à son sort ici même si votre Juge Suprême le condamne. Cela me semble allez à l’encontre, je pense, de l’honneur d’un Chevalier. En revanche comme mon ami Ezak me l’a dit tout à l’heure, si un autre Yuimenien cause du tort nous pourrons lui éclater les dents nous même… »
La conversation se poursuit et me parait tourner en rond. Je dois être jugé et le verdict sera sans doute un voyage dans la cité inférieure, où je veux déjà me rendre. On me conseille pourtant de ne pas m’y rendre si je ne peux me défendre qu’avec ma magie. Je noie une grimace ahurie avec une rasade de blonde en apprenant que Somnis a un fils qu’il veut désigner comme surveillant. L’idée ne me plait pas, j’imagine déjà le pire. Et en plus la copine d’Ezak veut également nous accompagner. Je sens que la discussion s’envenime et j’entends qu’on m’accuse de refuser sur mon honneur de Chevalier.
Hein ?
Je ne parviens pas à contenir un léger rôt quand la borgne impose sa proposition. Elle veut des informations sur les Clans en échange d’un jugement d’Aki et moi, s’assurant qu’il ne soit ni trop dur ni trop long, mais avouant qu’il sera sans doute interdit pour nous deux de remonter dans la cité et nous mettant sous la surveillance du fils du Général. Je n’aime définitivement pas cette idée. Je me ressers une pinte puis me redresse un peu maladroitement pour en saisir une autre, la remplir et faire le tour de la table pour me diriger vers les Généraux en précisant:
« Si je n’ai pas juré sur mon honneur de Chevalier c’est parce que je n’en suis pas un. Je suis un mage, plutôt bon en plus. Donc oui en cas de danger, si ça s’avère nécessaire, j’utiliserai ma magie. »
Je m’arrête à quelques pas des Généraux pour poursuivre:
« Mais ce que vous me proposez c’est d’attendre gentillement qu’un juge me condamne à rester ici au lieu de pouvoir trouver une solution. Pourtant, regardez moi bien avec votre œil qui semble capable de percer tous les mystères. Je suis le mieux placé pour comprendre une magie ouvrant un passage entre deux mondes et si nécessaire de le copier pour pouvoir rentrer. Vous devez me laisser descendre pour trouver une solution, je veux rentrer chez moi et je suis prêt à fouiller ce que vous nommez les Tréfonds pour y arriver. S’il vous plait. »
Je tends les pintes aux Généraux pour à mon tour conclure l’accord.
« Vous aurez les informations que vous voudrez et nous suivrons la piste pour rentrer chez nous. Puis un mage de plus ou de moins dans la cité inférieur est-ce que ça change vraiment quelque chose ? Et je croyais que la cité en dessous était hors de la limite du bouclier des immortels ? »
"La Cité Inférieure est aussi sous la garde du Bouclier, sinon nous n'y rechercherions pas les sorciers s'y trouvant. Ce sont les Chevaliers des Cieux qui n'y ont pas accès. Et nous estimons à peu le nombre de mages là-dessous. Et ils ne se permettent pas d'user de magie laissant trop de trace, nous les aurions trouvés depuis longtemps sinon. Ceux condamnés pour pratique de la magie se retrouvent directement dans les Tréfonds. Un endroit où la vie n'est que souffrance, ou l'existence n'est plus même tangible. Aller aux Tréfonds, c'est un sort pire que la mort, sieur Xël. Vous n'y trouverez rien."
Répond la vieille en secouant la tête avant que Somnis prenne la parole après avoir accepté ma bière.
"Vous n'avez pas à nous supplier de vous envoyer là-bas, vous n'aurez pas le choix une fois jugé. Et jugé, vous le serez à la sortie de cette salle, après avoir profité de votre dernier repas correct. Vous ne pourrez remonter avant la fin de votre sentence. Concernant votre magie, j'aimerais soulever quelque chose : quel serait le pire danger pour vous ? Être confrontés à des ennemis immortels en l'étant vous-même, ou risquer de perdre cette immortalité et avoir sur votre conscience la mort de milliers d'individus ? Et devoir assumer les conséquences de cet acte auprès de nous. Mort, vous ne retournerez pas chez vous. J'espère que je me suis bien fait comprendre."
Akihito fait finalement part de son souhait de rester avec Yliria mais cela ne semble pas plaire aux Généraux. Je n’aime pas les tournures que prennent les choses. Nous nous sommes comportés correctement, sans faire de vagues une fois l’urgence de la tête résolue. Pourtant j’ai le sentiment d’être utilisé comme un criminel envoyé au bagne pour se racheter une conduite, de subir un chantage. Cela doit forcément se voir sur mon visage, j’ai senti mes sourcils se froncer quand il a précisé que ce serait mon dernier repas correct et aussi que je n’avais pas le choix. Les deux questions qu’il me pose en font jaillir une autre que j’exprime à voix haute alors que je retourne m’asseoir.
« Mais et vous … Pourquoi avez-vous autant peur de perdre votre immortalité ? »
Une idée me traverse l’esprit: Ne serions nous pas tombés dans la pire des prisons, où même la mort n’est pas accordé à ses prisonniers pour s’en échapper ? Une question que je ne formule pas cette fois mais qui me gâche sacrément mon dernier repas correct.
Hein ?
Je lui aurais bien rétorqué que je ne suis pas son larbin mais Yliria se montre plus rapide alors que des chariots de nourriture venaient d’entrer dans la pièce, redonnant à mes traits un aspect moins agacé tandis que je distingue fruits, légumes, riz, semoule, viandes, pains et fromages. L’odeur alléchante s’infiltre dans mes narines pour faire réagir mon estomac tiraillé par la faim. Je remercie les individus en noir qui apporte tout ceci tandis que la conversation se poursuite à côté de moi et semble tourner autour de la cité inférieur et de ses dangers car Ezak demande l’autorisation de s’y rendre. Je prends la parole à sa suite tout en inspectant la table à la recherche d’une chose en particulier.
« J’aimerais l’accompagner. Je pense que la source du sort qui nous a mené ici vient de chez vous. Par chez vous j’entends de ce monde donc par des mages ayant peu de rigueur pour vos règles. J’aimerais creuser cette piste. Je pense qu’Ezak et moi nous pourrons nous en sortir. »
Je m’adresse ensuite à la borgne pour répondre à ses questions à propos de l’utilisation de la magie chez le tailleur et notre rencontre avec le Gardien du puit. Si je laisse répondre Aki à la première, je réponds néanmoins à la seconde:
« Concernant le Gardien nos échanges ressemblaient beaucoup à celui que nous avons actuellement. Il voulait connaitre notre nombre, nos noms, nos compétences et nos intentions. Sauf que lui n’a rien proposé à manger ce qui vous rends d’office plus sympathique. »
Précisais-je avec un sourire avant de poursuivre:
« Notre réponse a été la même que maintenant, nous ne vous aiderons pas à trouver nos semblables sans garantie sur vos intentions à vous. Je vais vous répéter ce que je lui ai dit nous concernant: aucun de nous n’a l’intention de rester ici. Nous voulions nous assurer que notre mission de neutraliser le dragon est accomplie et trouver un moyen de retourner sur Yuimen. Suite à ça il nous a demandé de rester discret et qu’il allait chercher un moyen de nous faire repartir chez nous. Je crois qu’il n’aime pas trop nous savoir dans le coin. Ensuite les autres sont arrivés. »
Dis-je en faisant une grimace amer au sujet de notre présence. Je n’avais pas menti. Je n’avais pas tout dit non plus mais je ne connais pas les intentions de ces deux là, sans oublier que nous sommes au milieu de leur bastion et qu’une troupe pouvait patienter derrière la porte de nous tomber dessus. En revanche, je n’hésite pas à demander:
« Je suis désolé. Je vais vous paraître un peu impoli, je suis reconnaissant pour le repas mais vous n’auriez pas un peu de bière ? »
Ma question déclenche l’hilarité de Somnis qui ordonne à ses laquais de chercher de la blonde. Cela me le rend d’un coup plus sympathique. Je lui rends son rire et écoute la suite de la discussion en entamant le repas. J’ai si faim que mon désir est de plonger la tête à même les plats pour me goinfrer mais bienséance oblige, je me sers de grosses portions dans mon assiette, une bonne louche de semoule et de riz, un gros morceau de viande que je saisis à la fourchette, récupérant avec les doigts ce que je fais tomber sur la table pour le porter à ma bouche. Je saisis un épi de maïs brillant pour le croquer à pleine dents tout en versant sur ma semoule et mon riz un généreux filet de sauce.
J’apprends au fil du repas que la magie est interdite car elle risque de détruire la magie qui les rends immortels, elle même nourrie par la magie des lumineux de la surface. Le Soleil Noir parait intransigeant à ce sujet et d’ailleurs il nous est bien fait comprendre à Aki et moi que notre ignorance et le contexte d’urgence au moment des faits n’allaient pas nous épargner un jugement. Mais je comprends également qu’ils ont besoin d’aide ou alors un désir de laisser d’autres se salir les mains pour eux. Les clans sous leurs pieds semblent être tout de même de belles épines. Elle cite deux noms notamment, le Clan Carmin dont Ezak m’avait déjà touché un mot ainsi que le Clan Soma dont elle précise qu’il s’agit sans doute d’une anagramme.
« Une bande de sorciers qui arrive à vous passer sous le nez et assez puissant pour vous inquiéter je pense que c’est une bonne piste pour commencer. »
Dis-je en jetant un regard à Ezak.
« Soma … une anagramme… Heureusement que ce n’est pas Suna … »
Ajoutais-je pensif avant de rétorquer:
« Mais plutôt que de vouloir une promesse de Chevalier pour nous éviter un mauvais jugement, pourquoi ne pas plutôt parler d’un marché de bonne foi ou d’une coopération bénéfique ? Je vous le précise en toute sincérité, si nous trouvons un moyen de rentrer chez nous, nous n’abandonnerons pas l’un des notre à son sort ici même si votre Juge Suprême le condamne. Cela me semble allez à l’encontre, je pense, de l’honneur d’un Chevalier. En revanche comme mon ami Ezak me l’a dit tout à l’heure, si un autre Yuimenien cause du tort nous pourrons lui éclater les dents nous même… »
La conversation se poursuit et me parait tourner en rond. Je dois être jugé et le verdict sera sans doute un voyage dans la cité inférieure, où je veux déjà me rendre. On me conseille pourtant de ne pas m’y rendre si je ne peux me défendre qu’avec ma magie. Je noie une grimace ahurie avec une rasade de blonde en apprenant que Somnis a un fils qu’il veut désigner comme surveillant. L’idée ne me plait pas, j’imagine déjà le pire. Et en plus la copine d’Ezak veut également nous accompagner. Je sens que la discussion s’envenime et j’entends qu’on m’accuse de refuser sur mon honneur de Chevalier.
Hein ?
Je ne parviens pas à contenir un léger rôt quand la borgne impose sa proposition. Elle veut des informations sur les Clans en échange d’un jugement d’Aki et moi, s’assurant qu’il ne soit ni trop dur ni trop long, mais avouant qu’il sera sans doute interdit pour nous deux de remonter dans la cité et nous mettant sous la surveillance du fils du Général. Je n’aime définitivement pas cette idée. Je me ressers une pinte puis me redresse un peu maladroitement pour en saisir une autre, la remplir et faire le tour de la table pour me diriger vers les Généraux en précisant:
« Si je n’ai pas juré sur mon honneur de Chevalier c’est parce que je n’en suis pas un. Je suis un mage, plutôt bon en plus. Donc oui en cas de danger, si ça s’avère nécessaire, j’utiliserai ma magie. »
Je m’arrête à quelques pas des Généraux pour poursuivre:
« Mais ce que vous me proposez c’est d’attendre gentillement qu’un juge me condamne à rester ici au lieu de pouvoir trouver une solution. Pourtant, regardez moi bien avec votre œil qui semble capable de percer tous les mystères. Je suis le mieux placé pour comprendre une magie ouvrant un passage entre deux mondes et si nécessaire de le copier pour pouvoir rentrer. Vous devez me laisser descendre pour trouver une solution, je veux rentrer chez moi et je suis prêt à fouiller ce que vous nommez les Tréfonds pour y arriver. S’il vous plait. »
Je tends les pintes aux Généraux pour à mon tour conclure l’accord.
« Vous aurez les informations que vous voudrez et nous suivrons la piste pour rentrer chez nous. Puis un mage de plus ou de moins dans la cité inférieur est-ce que ça change vraiment quelque chose ? Et je croyais que la cité en dessous était hors de la limite du bouclier des immortels ? »
"La Cité Inférieure est aussi sous la garde du Bouclier, sinon nous n'y rechercherions pas les sorciers s'y trouvant. Ce sont les Chevaliers des Cieux qui n'y ont pas accès. Et nous estimons à peu le nombre de mages là-dessous. Et ils ne se permettent pas d'user de magie laissant trop de trace, nous les aurions trouvés depuis longtemps sinon. Ceux condamnés pour pratique de la magie se retrouvent directement dans les Tréfonds. Un endroit où la vie n'est que souffrance, ou l'existence n'est plus même tangible. Aller aux Tréfonds, c'est un sort pire que la mort, sieur Xël. Vous n'y trouverez rien."
Répond la vieille en secouant la tête avant que Somnis prenne la parole après avoir accepté ma bière.
"Vous n'avez pas à nous supplier de vous envoyer là-bas, vous n'aurez pas le choix une fois jugé. Et jugé, vous le serez à la sortie de cette salle, après avoir profité de votre dernier repas correct. Vous ne pourrez remonter avant la fin de votre sentence. Concernant votre magie, j'aimerais soulever quelque chose : quel serait le pire danger pour vous ? Être confrontés à des ennemis immortels en l'étant vous-même, ou risquer de perdre cette immortalité et avoir sur votre conscience la mort de milliers d'individus ? Et devoir assumer les conséquences de cet acte auprès de nous. Mort, vous ne retournerez pas chez vous. J'espère que je me suis bien fait comprendre."
Akihito fait finalement part de son souhait de rester avec Yliria mais cela ne semble pas plaire aux Généraux. Je n’aime pas les tournures que prennent les choses. Nous nous sommes comportés correctement, sans faire de vagues une fois l’urgence de la tête résolue. Pourtant j’ai le sentiment d’être utilisé comme un criminel envoyé au bagne pour se racheter une conduite, de subir un chantage. Cela doit forcément se voir sur mon visage, j’ai senti mes sourcils se froncer quand il a précisé que ce serait mon dernier repas correct et aussi que je n’avais pas le choix. Les deux questions qu’il me pose en font jaillir une autre que j’exprime à voix haute alors que je retourne m’asseoir.
« Mais et vous … Pourquoi avez-vous autant peur de perdre votre immortalité ? »
Une idée me traverse l’esprit: Ne serions nous pas tombés dans la pire des prisons, où même la mort n’est pas accordé à ses prisonniers pour s’en échapper ? Une question que je ne formule pas cette fois mais qui me gâche sacrément mon dernier repas correct.
Modifié en dernier par Xël le ven. 29 nov. 2024 21:44, modifié 1 fois.
- Yliria
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Re: L'Entresol
Le repas ne tarda pas à nous être servis, accompagnés de deux illustres inconnus. Deux généraux, visiblement. Un qui devait être un guerrier et une borgne à l’air moins sévère que son acolyte. Et elle en savait des choses, cette vieille générale. Probablement la cheffe du service de renseignements et d‘espionnage, ou quelque chose qui s’en rapprochait. Elle ne savait visiblement pas tout, puisqu’il n’y avait nulle mention de Jorus dans son énumération, donc cela venait sans doute de ce qu’on lui avait rapporté et nullement d’un quelconque pouvoir omnipotent présent dans la cité. Donc on pouvait ne pas dire l’exacte vérité sans risquer grand-chose. C’était tout de même impressionnant, l’exactitude de ses propos et la vitesse à laquelle elle avait été informé. Elle devait avoir une coordination efficace avec les troupes du Soleil noir pour que ce soit aussi rapide.
-Vous êtes extrêmement bien renseignée, à ce que je vois
Ce qui pouvait être un problème dans certains scénarios… L’autre général, en revanche, semblait plus nous prendre pour une main d’œuvre à user à son bon vouloir, ce qui me plaisait beaucoup moins.
- Nous ne sommes pas vos pions, Général. J'ai proposé mon aide pour retrouver et rassembler les Yuimeniens pour que d'autres se focalisent sur la recherche d'un moyen de rentrer chez nous, d'où ma possession de ce blason. J'ai considéré qu'une collaboration était préférable à une confrontation et je continue de penser ainsi, mais, que ce soit bien clair, je ne travaille pas pour vous. Je ferai ce qui est nécessaire sans perturber l'équilibre précaire qui régi votre société, sans m'impliquer dans aucune de vos querelles internes, sans prendre parti et sans user de violence, dès lors qu'on ne m'y pousse pas. Mais je défendrai les miens et ma personne si cela est nécessaire. J'espère que cela répond à votre question.
L’entièreté de cette conversation fut un jeu de chat et de souris. Les Généraux voulaient notre obéissance et notre soutien, mais nous n’étions, chacun à notre manière, pas vraiment enchanté par l’idée. Pour ma part, je considérais que nous n’avions pas à intervenir sur un monde qui n’était pas le nôtre. Ce n’étais pas notre combat, pas à nous e faire leur sale boulot simplement parce que nous étions sur place. Je n’avais pas l’intention de créer de problèmes en rassemblant les nôtres, mais c’était tout. Il était hors de question que ces Généraux se servent de nous pour faire ce qu’ils ne pouvaient.
Akihito, comme à son habitude, se montra prudent et compréhensif, mais il était clair qu’il n’avait pas spécialement envie d’être mené à la baguette. Le fait qu’il doive, tout comme Xël, subir un procès me hérissait le poil. S’ils allaient trop loin, interdiction de magie ou non, je n’allais pas rester les bras croisés. Xël, lui… était fidèle à lui-même. Il savait manier les mots, mais il y avait toujours un dérapage un moment ou un autre. Une blague vaseuse et un rot, vraiment ? Enfin, ce n’était rien comparé au dernier. Le d’Arkasse là… Il ne se prenait pas pour de la merde, ce type. Il se croyait en terrain conquis, cet abruti ? Il ne voulait pas d’un chaperon, d’accord, mais était-ce vraiment le moment de montrer un orgueil aussi évident quand on ne savait même pas comment rentrer chez nous ? Déplacé au possible, comme comportement. Et s’il finit par accepter, son sarcasme eu le don de me faire lever les yeux au ciel. Ce n’était pas une compétition, bordel ! Il me fatiguait déjà…
Au moins nous apprîmes certaines choses, notamment que leurs forces n’étaient pas très efficace dans la cité inférieure et qu’ils pouvaient détecter la magie. Ou au moins une partie d’entre eux. Voilà qui risquait d’être emmerdant. Visiblement la magie à haute dose était un problème pour les Lumineux qui la subissait, mais une magie plus diffuse et contrôlée avait plus de chance de passer inaperçu… sauf s’ils la détectaient. Tout ça me laissait tout de même perplexe. La relation entre la ville et les Lumineux était… étrange. Quel était l’intérêt des Lumineux qui, visiblement, fournissait beaucoup sans recevoir en échange. Et pourquoi les forcer à l’immortalité ? Était-ce un don ou une punition ? Ou bien le Lumineux était à ce point désintéressé… mais capable les exterminer à l’envie. IL y avait un but derrière tout ça, c’était obligé, mais lequel ?
(Une fois les Yuimeniens rassemblés, aller faire un tour là-haut pourrait être pertinent…)
(Le Gardien a bien dit que tu ne pourrais redescendre.)
(Pas redescendre, peut-être, mais rentrer sur Yuimen ne rentre techniquement pas dans cette catégorie Et le problème ne se pose pas si on monte tous.)
(Peu probable qu’ils acceptent... enfin, seulement si tu demandes la permission.)
(On verra bien si l’occasion se présente.)
Pour l’heure, il fallait retrouver tout le monde. Je savais où était Mathis donc je commencerai par lui avant d’aller chercher Jorus qui, je l’espérais, saurait laisser des traces. Xël et Ezak allient descendre, visiblement et Aki restait là pour… coordonner ? j’aurai préféré qu’il vienne avec moi, pourquoi il restait dans son coin ?
(Il a sans doute peur que tu le déconcentres avec ton déhanché)
(Arrête de raconter n’importe quoi…)
(On en reparlera…)
Je soupirai alors que la conversation s’achevait et que je me rapprochai un peu d’Akihito. Je n’étais pas spécialement fatiguée et il y avait bien un endroit qui pouvait m’intéresser, surtout dans un bastion d’une force armée.
- J’imagine que vous avez une salle ou une cour d’entrainement dans cet endroit, puis-je l’utiliser ?
-Vous êtes extrêmement bien renseignée, à ce que je vois
Ce qui pouvait être un problème dans certains scénarios… L’autre général, en revanche, semblait plus nous prendre pour une main d’œuvre à user à son bon vouloir, ce qui me plaisait beaucoup moins.
- Nous ne sommes pas vos pions, Général. J'ai proposé mon aide pour retrouver et rassembler les Yuimeniens pour que d'autres se focalisent sur la recherche d'un moyen de rentrer chez nous, d'où ma possession de ce blason. J'ai considéré qu'une collaboration était préférable à une confrontation et je continue de penser ainsi, mais, que ce soit bien clair, je ne travaille pas pour vous. Je ferai ce qui est nécessaire sans perturber l'équilibre précaire qui régi votre société, sans m'impliquer dans aucune de vos querelles internes, sans prendre parti et sans user de violence, dès lors qu'on ne m'y pousse pas. Mais je défendrai les miens et ma personne si cela est nécessaire. J'espère que cela répond à votre question.
L’entièreté de cette conversation fut un jeu de chat et de souris. Les Généraux voulaient notre obéissance et notre soutien, mais nous n’étions, chacun à notre manière, pas vraiment enchanté par l’idée. Pour ma part, je considérais que nous n’avions pas à intervenir sur un monde qui n’était pas le nôtre. Ce n’étais pas notre combat, pas à nous e faire leur sale boulot simplement parce que nous étions sur place. Je n’avais pas l’intention de créer de problèmes en rassemblant les nôtres, mais c’était tout. Il était hors de question que ces Généraux se servent de nous pour faire ce qu’ils ne pouvaient.
Akihito, comme à son habitude, se montra prudent et compréhensif, mais il était clair qu’il n’avait pas spécialement envie d’être mené à la baguette. Le fait qu’il doive, tout comme Xël, subir un procès me hérissait le poil. S’ils allaient trop loin, interdiction de magie ou non, je n’allais pas rester les bras croisés. Xël, lui… était fidèle à lui-même. Il savait manier les mots, mais il y avait toujours un dérapage un moment ou un autre. Une blague vaseuse et un rot, vraiment ? Enfin, ce n’était rien comparé au dernier. Le d’Arkasse là… Il ne se prenait pas pour de la merde, ce type. Il se croyait en terrain conquis, cet abruti ? Il ne voulait pas d’un chaperon, d’accord, mais était-ce vraiment le moment de montrer un orgueil aussi évident quand on ne savait même pas comment rentrer chez nous ? Déplacé au possible, comme comportement. Et s’il finit par accepter, son sarcasme eu le don de me faire lever les yeux au ciel. Ce n’était pas une compétition, bordel ! Il me fatiguait déjà…
Au moins nous apprîmes certaines choses, notamment que leurs forces n’étaient pas très efficace dans la cité inférieure et qu’ils pouvaient détecter la magie. Ou au moins une partie d’entre eux. Voilà qui risquait d’être emmerdant. Visiblement la magie à haute dose était un problème pour les Lumineux qui la subissait, mais une magie plus diffuse et contrôlée avait plus de chance de passer inaperçu… sauf s’ils la détectaient. Tout ça me laissait tout de même perplexe. La relation entre la ville et les Lumineux était… étrange. Quel était l’intérêt des Lumineux qui, visiblement, fournissait beaucoup sans recevoir en échange. Et pourquoi les forcer à l’immortalité ? Était-ce un don ou une punition ? Ou bien le Lumineux était à ce point désintéressé… mais capable les exterminer à l’envie. IL y avait un but derrière tout ça, c’était obligé, mais lequel ?
(Une fois les Yuimeniens rassemblés, aller faire un tour là-haut pourrait être pertinent…)
(Le Gardien a bien dit que tu ne pourrais redescendre.)
(Pas redescendre, peut-être, mais rentrer sur Yuimen ne rentre techniquement pas dans cette catégorie Et le problème ne se pose pas si on monte tous.)
(Peu probable qu’ils acceptent... enfin, seulement si tu demandes la permission.)
(On verra bien si l’occasion se présente.)
Pour l’heure, il fallait retrouver tout le monde. Je savais où était Mathis donc je commencerai par lui avant d’aller chercher Jorus qui, je l’espérais, saurait laisser des traces. Xël et Ezak allient descendre, visiblement et Aki restait là pour… coordonner ? j’aurai préféré qu’il vienne avec moi, pourquoi il restait dans son coin ?
(Il a sans doute peur que tu le déconcentres avec ton déhanché)
(Arrête de raconter n’importe quoi…)
(On en reparlera…)
Je soupirai alors que la conversation s’achevait et que je me rapprochai un peu d’Akihito. Je n’étais pas spécialement fatiguée et il y avait bien un endroit qui pouvait m’intéresser, surtout dans un bastion d’une force armée.
- J’imagine que vous avez une salle ou une cour d’entrainement dans cet endroit, puis-je l’utiliser ?
- Ezak
- Messages : 212
- Enregistré le : mar. 22 déc. 2020 06:18
Re: L'Entresol
Squelette
- Discussion avec le groupe.
Pour conclure je lâchai aux Généraux.
"Je n'ai rien d'autre à rajouter. Je descendrai et enquêterai sur Soma. " Puis rebondissant aux propos d'Yliria. "J'aimerais aussi pouvoir me dégourdir un peu les membres en attendant."
- Discussion avec le groupe.
Pour conclure je lâchai aux Généraux.
"Je n'ai rien d'autre à rajouter. Je descendrai et enquêterai sur Soma. " Puis rebondissant aux propos d'Yliria. "J'aimerais aussi pouvoir me dégourdir un peu les membres en attendant."
- Cromax
- Messages : 689
- Enregistré le : mar. 26 déc. 2017 20:51
Re: L'Entresol
La Cité des Ombres
L’Entresol
L’Entresol
Jour 1 – fin d’après-midi.
« Pour les mêmes raisons que vous craignez de perdre votre vie, étant prêt à tout, même risquer celle d’innocents, pour la protéger. »
Somnis, après cette remarque, se tourna vers Akihito :
« Un bouclier vous sera fourni, où que vous soyez envoyé. Je vous en fais la promesse. »
Il regarda dans la direction d’Ezak et Yliria.
« Oui, nous en avons plusieurs. Et elles sont réservées à l’entraînement de nos troupes… Ceci dit, je préfère que vous y alliez que vous vous mettiez à faire des passes d’armes dans des endroits inappropriés. Les capitaines d’Esthalor et Beaufort vous accompagneront. »
Tous se levèrent. Le Général Somnis parla à Xël et Akihito :
Suivez nous, votre jugement vous attend. Avianne prit les devants, et les deux accusés de magie furent conduits (de gré ou de force), vers une autre salle de cet immense quartier général.
Ezra et Shirel restèrent près du mi-kendran et de la mi-shaakt. La première prit la parole.
« Suivez-moi, j’ai l’endroit qu’il vous faut. »
Et ils quittèrent également la salle à manger.
____________________________
Xël et Akihito furent conduits dans une salle circulaire à l’entrée bien gardée où ne trônait qu’une estrade derrière laquelle un homme encapuchonné, visage masqué dans l’ombre, vous attendait. Plume à la main, encrier à portée, il remplissait un parchemin qui semblait interminable. La liste des condamnés de la cité d’Ashaar ? Son tableau de chasse personnel…
Avianne s’approcha de lui, et lui souffla quelques mots à l’oreille, alors que Somnis se plaça en garde de la porte refermée derrière eux. Le Grand Juge prit la parole d’un ton grave et impérieux. Solennel.
« Bien. Bien. Vous voici tous deux soumis à votre procès pour usage de magie au sein de la Cité Haute. Pour rappel des faits, le dénommé Akihito a été surpris à plusieurs reprise faisant usage de sortilèges. Une fois au sein de la maison du dénommé Bergeac Dantes, tailleur des Voies Médianes, et une fois pour descendre de ces Voies Médianes jusque sur la Veine, où fut projeté avant ça une énorme tête monstrueuse. Le dénommé Xël a usé de plusieurs sortilèges, lui aussi. L’un sur les Voies Médianes, tentant d’agir sur cette susnommée tête, l’autre pour amortir une chute de celle-ci en présence de plusieurs membres des Chevaliers des Cieux. »
Il se tut un instant, observant les deux accusés.
« L’usage de magie est comme vous le savez totalement proscrit, et sa sentence est usuellement irrévocable : un envoi sans retour vers les Tréfonds de ce monde. Cependant, il est des circonstances atténuantes. Votre venue d’un autre monde, tout d’abord, forçant votre incompréhension de l’interdiction de l’usage de la magie. Votre arrestation pacifique, ensuite, sans tenter quoique ce soit pour fuir. Un accord avec mes collègues généraux, enfin, visant à enquêter sur les troubles, clans et mages de la Cité Inférieure. »
Il marqua une nouvelle pose, avant de clamer d’une voix plus forte :
« Voici mon Jugement : Akihito, vous serez envoyés dans la Cité Inférieure pour une période de deux semaines, suite auxquelles vous pourrez librement remonter. Xël, suite à votre effronterie à user de magie, je ne peux prendre le risque que vous reveniez dans la Cité Supérieure. C’est une condamnation à perpétuité dans la Cité Inférieure qui vous attend. Que les témoins prennent acte. »
Avianne se positionna devant le bureau surélevé et demanda aux deux mages :
« Avez-vous une dernière chose à dire pour vous défendre ? C’est le moment ou jamais. »
_______________________________
Ezra et Shirel menèrent Ezak et Yliria vers une salle éloignée des Quartiers Généraux. Ils entrèrent sur un chemin bordé d’une balustrade surplombant une grande salle vide où se présentaient des râteliers contenant des épées d’entrainement, émoussées. Une double-porte semblait mener dans une salle voisine, s’étendant sous leurs pieds.
L'escalier ne mène pas à une porte latérale, mais directement à la balustrade où vous vous trouvez
La Capitaine des forces spéciales de la Veine parla :
« Voici une salle d’entraînement au duel. Nous pouvons, sinon, amener des mannequins d’entrainement stockés à côté. Qu’espériez-vous réaliser ? »
[HJ : Ezak et Yliria : discussion discord pour vous mettre d’accord. Akihito et Xël, discussion discord pour vous défendre. Ce seront sans doute de courtes discussions pour permettre d’autres actions à la suite.]
[XP :
Akihito : 0,5 (discussion), 0,5 (repas)
Xël : 0,5 (discussion), 0,5 (repas)
Yliria : 0,5 (discussion), 0,5 (repas)
Ezak : noté quand complété.]