Chez les Earions
Moura, La reine-mère des océans
Vision de la divinité :
Les Earions ont une relation privilégiée avec Moura puisque, plus que leur déesse, ils la voient comme la mère des tritons, peuple qui évolua pour donner naissance à son tour aux earions. Le culte de Moura est donc chez eux incroyablement ancien, archaïque diraient leurs détracteurs. Il s'agit cependant aussi d'un culte très largement répandu et se souciant peu des frontières. Il est donc aussi implanté plusieurs grandes villes non earionnes : principalement Tulorim, Exech et Darhàm.
Pour les Earions, Moura est généralement représentée comme une elfe bleu à l'armure de corail, accompagnée d'une cour d'animaux marins et toujours armée, quoique l'arme ait évoluée au fil du temps et selon les temples, passant de la lance au harpon, puis au trident. Plus que chez tout autre peuple, elle est la déesse guerrière, la combattante aux milles exploits, la reine glorieuse qui mène son peuple à la victoire. Elle accompagne chaque étape de la vie et, à la mort, c'est à elle que sont renvoyés les corps. En fait, la vie elle-même est vue comme une épreuve : l'enfant naît des eaux de Moura. Il est séparé de la déesse en sortant du ventre de sa mère et, à partir de cet instant, débute une longue épreuve lors de laquelle il devra se montrer à la hauteur, fidèle à la déesse et à ses principes malgré la séparation. À sa mort, il la rejoindra et elle le réincarnera en diverses créatures marine, selon qu'il a sût correctement garder la foi ou non.
Les Earions vénèrent aussi un visage bien particulier de Moura : Celle-des-abysses. Il s'agit en fait d'une fusion imaginaire de Phaïtos et de Moura. Présentée alors comme une créature si terrible qu'elle ne peut être totalement représentée, mélange de poisson-serpents et de chose immense aux innombrables yeux scintillants, Celle-des-abysses est le visage morbide de Moura.
Les earions sont aussi les seuls à honorer, dans une moindre mesure, les quatre lieutenants mythiques de Moura représentant les quatre aspects de la force : l'hippocampe du courage, le serpent de Moura de la ruse, le requin flèche du savoir et le drakarn de la férocité.
À noter aussi un soin particulier accordé à tout ce qui est fluide : chez les earions, gaspiller de l'eau, faire couler le sang... sont des actes hautement symboliques. Bien des étrangers ont été surpris de se faire houspiller pour avoir renverser négligemment un verre d'eau, et l'idée même d'empoisonner une boisson est un sacrilège passible de la peine de mort.
Organisation du culte :
Chez les earions, le culte de Moura est une véritable institution, aussi puissante que les rois et les seigneurs. S'il n'a théoriquement pas d'autorité en matière de gouvernance, il est présent à la naissance, au passage à l'âge adulte, chaque jour de la vie et jusqu'à la mort. Ainsi, même les moins croyants des earions ne sauraient contester la place prépondérante du culte dans la société. Les prêtres vêtus de bleu et de vert sont hautement respectés, parfois même consultés pour des arbitrages.
- - Les Fidèles
Les fidèles représentent les serviteurs du culte chargés d'assurer la vie quotidienne du temple. Il peut s'agir de simples employés comme d'aspirants prêtres. Ils préparent les cérémonies, rendent visite à la population pour informer les prêtres de ce qui va ou ne va pas et réalisent des offices liturgiques simples. Un fidèle porte le plus souvent un insigne de Moura comme seul signe distinctif.
- Les Prêtres
Chaque temple contient plusieurs prêtres. Ils sont vus comme les intermédiaires entre Moura et les mortels. Certains restent au temple pour diriger les offices et les cérémonies, enseigner les préceptes de la déesse... d'autres vont accompagner les navires dans leurs voyages. La raison officielle est d'accorder la bénédiction de Moura, mais en pratique, c'est surtout leur maîtrise de la magie et leur science des courants qui facilite le voyage. En effet, les prêtres de Moura sont de grands savants des océans, avec une bonne connaissance des courants marins, des côtes et des ports, ainsi que des créatures du royaume de Moura.
- Les grands-prêtres
Chaque temple, même le plus petit, est gouverné par un grand-prêtre. Lorsqu'un grand-prêtre meure, un autre est élu par les fidèles en fonction de sa sagesse et de sa dévotion. Il assure alors la gestion administrative du temple et est chargé d'assurer sa sécurité et sa capacité à assurer les offices et les cérémonies diverses. Il ne quitte donc que rarement son temple.
- Les pontifes
Le culte de Moura dirigé par les earions dépasse largement les frontières de leur territoire. Quatre grands temples sont reconnus et affublés, en plus d'un grand-prêtre, d'un pontife. Il s'agit des temples d'Henehar, de Darhàm, de Tulorim et d'Exech. Les quatre pontifes se réunissent régulièrement pour décider de l'orientation de la politique du culte. Le reste du temps, ils le passent en méditation et en exploration de l'Aeronland, de sorte qu'ils ne sont que rarement aperçus dans leurs temples. Un pontife se doit d'être un puissant magicien et un redoutable guerrier. On les dit aussi imprévisible que la déesse, qui parlerait parfois par leur bouche. Si certains leur demandent parfois conseils, personne ne fait le fier en se tenant devant l'un d'eux, car ils sont puissants et mortellement dangereux pour ceux qui abusent de leur temps. Bien que rarement visibles, ils sont l'autorité suprême et seule la parole d'un pontife peut défaire celle d'un autre. Aussi, les luttes entre pontifes sont parfois féroces et il est même arrivé parfois que de véritables guerres se livrent entre les temples. Bien que théoriquement indépendants de toute force politique, les grands pontifes doivent parfois composer avec les dirigeants de la ville de leur temple, ce qui amène à certaines tensions...
- Le grand pontife
Le grand pontife est l'un des quatre pontifes, déterminé à la mort de son prédécesseur. Lorsque cela survient, les quatre se réunissent dans une salle fermée où ils seront soumis au jugement de Moura. Ce jugement consiste en un affrontement, souvent verbal ou exposant leurs pouvoirs au début. Ceux qui renoncent à concourir alors sont assuré d'avoir la vie sauve, mais les plus acharnés ne se départageront que par le combat, souvent jusqu'à la mort. Le vainqueur reçoit le titre honorifique de grand pontife. Contrairement à ce qu'on pourrait penser, il ne dispose d'aucun pouvoir spécifique, hormis le fait que, lors du conseil des pontifes, sa voix compte double, permettant souvent de départager. Le grand pontife est surtout reconnu comme le premier émissaire de Moura, presque son incarnation terrestre. En tant que tel, il est immensément respecté et sa voix révélée peut littéralement bouleverser la société earionne tant le peuple le vénère.
Le clergé de la déesse de la force est bien sûr entouré de groupes directement aux ordres des grands-prêtres et des pontifes :
- - Les chevaliers/magiciens de la lance de corail
Cet ordre militaire forme une véritable armée, vouée à la défense des temples, mais aussi capable de porter la colère du culte contre ses ennemis. Combattants féroces portants des armes et des armures aux motifs inspirés du corail et des créatures marines, les combattants de la lance de corail ne connaissent pas la peur. Montrer leur force et leur courage au combat est la seule chose qui compte et leur dévotion aux autorités du culte est sans égale. Disciplinés, habitués au combat sur terre comme sur mer et disposants de leur propre flotte, ils forment l'un des ordres religieux guerriers les plus redoutés.
- Les tempestaires
Cet ordre un peu particulier voit dans Rana une autre figure de Moura, ces mages exploitent donc à la fois la magie de l'eau et celle de l'air. Ils ont une véritable passion pour l'océan et les forces de la nature et utilisent leur pouvoir comme sils se refusaient obstinément à conserver leurs fluides magiques. À l'origine, ils formaient une petite secte particulièrement dangereuse, dont les membres se plaisaient à déclencher des tempêtes emportant les navires et ravageant les côtes, si bien qu'ils furent bientôt frappés d'anathème et condamné à mort dans la plupart des pays du monde. Le culte de Moura les récupéra finalement et parvint à les réformer. Bien que toujours réputés imprévisibles et détestés dans bon nombre de royaumes, les tempestaires gagnent maintenant leurs vies plus honnêtement, comme prêtres assistants les navires dans leurs voyages.
- La voix des vagues
Cet ordre est le plus récent, créé il y a à peine vingt ans par décision des pontifes pour contrebalancer l'image guerrière parfois un peu trop violente du culte. Ce sont des missionnaires qui parcourent le monde pour enseigner les préceptes de la déesse de manière pacifique. Libres comme l'air, affiliés à aucun temple mais assurés d'un trouver un gîte gratuit, les adeptes de la voix des vagues sont avant tout des aventuriers qui parcourent le monde et aident ceux qui en ont besoin, que ce soit par les armes ou par les conseils. Leur principal credo : ne pas faire de mal aux plus faibles, mais plutôt les protéger et leur apprendre à être plus fort. N'importe quel fidèle peut embrasser la voix des vagues, mais il devra alors passer une épreuve pour montrer qu'il est capable de porter la voix de Moura. Cette épreuve est à la discrétion du grand-prêtre qui la donne mais elle implique souvent de se confronter à la mer et à ses créatures dans un défi mortel...
Fêtes, cérémonies, rituels :
- - La séparation
Un prêtre est presque toujours présent lors d'un accouchement, pour assister le travail ou simplement bénir le nourrisson. Il s'agit du rituel de la séparation : l'enfant quitte les eaux de Moura qui emplissaient le ventre de sa mère pour gagner le monde aérien. Contrairement à la plupart des religions, le culte de Moura y voit un moment mélancolique et solennel. L'enfant se voit souhaiter une bonne vie en attendant le moment où il retournera à Moura.
- L’émergence
Lors d'une date reconnue comme étant celle de la venue de Moura et de l'éveil des earions, des commémorations sont organisés. L'ensemble du peuple est invité à ne pas boire d'eau de la journée et des processions sont organisées. Les prêtres bénissent des bols contenant de l'eau et les distribuent aux participants, qui ne peuvent cependant toujours pas y boire. Finalement, un dirigeant du culte, cela peut être un pontife ou un grand-prêtre, selon l'importance de la cité, vient en armes pour affronter un prisonnier condamné à mort. Sa victoire représente le triomphe de Moura qui établit sa loi sur l'océan et, seulement à partir de cet instant, tous peuvent enfin boire leur bol d'eau bénite.
- La présence mouraïque
Cette cérémonie, menée par un prêtre, accompagne chaque création du navire. Il s'agit de bénir l'embarcation juste avant qu'elle soit mise à l'eau pour lui promettre voyages paisibles, bonnes pêches, riches profits marchands... Les earions accordent tant d'importance à cette cérémonie qu'ils font généralement appel aux prêtres même pour simple barque !
- La journée du dauphin
Cette fête survient tous les étés et elle est très populaire chez de nombreux peuples. Lors de cette fête, des offrandes sont faites à la mer, les parents et leurs enfants vont jouer dans les vagues et on ne consomme que des fruits de mer. C'est une célébration bon enfant, qui salue les bénéfices réciproques entre Moura et ses adorateurs.
- La célébration du triomphe de la tempête
Cette commémoration typique des earions se déroule à la date supposée où Esswan Sessra mena les elfes bleus à la bataille contre les garzok, amorçant la conquête de l'Omyrie. Les earions se déguisent alors en monstres marins et en guerriers des temps anciens, s'organisant en processions qui défilent dans la rue, comme une armée partant à la guerre. Certains combats rituels sont organisés et, s'ils ne sont pas censé être mortel, les blessés sont fréquents car au son des tambours les souvenirs de leurs ancêtres. En cette période, le caractère guerrier de se peuple est plus visible que jamais.
- Le retour aux abysse
À leur mort, les earions sont immergés. Selon leur notoriété, et le prix des funérailles, ils seront envoyés plus ou moins loin en mer. La cérémonie est solennelle, mais pas particulièrement triste. On souhaite au défunt bonne chance face au jugement de Moura, dans l'espoir qu'il se réincarne en une créature glorieuse.
Dogmes religieux :
Pour les earions, les fluides sont importants et, en dehors de la guerre et des démonstrations de force faites pour plaire à Moura, verser le sang est mal vu. De même gâcher l'eau d'une manière ou d'une autre est passible de sanctions. De plus, toute utilisation de l'eau, que ce soit pour l'irrigation, la préparation de boisson ou pour laver des aliments, peut s'accompagner d'une brève prière pour remercier la déesse de son don. Cependant, aujourd'hui, de moins en moins d'earions pratiquent les prières quotidiennes pour plutôt favoriser les grands événements.
Chaque défi de la vie est vu comme une épreuve de force et doit être surmonté avec courage, notamment dans les rudes terres de Nosvéris. Les joutes verbales ou physiques sont des moyens privilégiés pour départager un litige.