Les Mines

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Yuimen
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Les Mines

Message par Yuimen » sam. 21 déc. 2019 12:33

Les Mines

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Nul ne connaît l'étendue exacte des mines de Khaz-Kheral, qui sont le résultat chaotique et labyrinthique de près de 14'000 ans d'excavation par les Rakhaunens. Les filons de minerais intéressants étant rares dans les Montagnes Grises, et les Nains de Cendre peu désireux de s'aventurer à l'air libre afin de conserver le secret de leur existence, d'interminables tunnels parcourent le massif. Si la plupart ont juste la taille suffisante pour qu'un Rakhaunen puisse y marcher debout, certains sont au contraire d'immenses galeries dans lesquelles une armée pourrait sans mal se déplacer. Aucun hasard dans tout cela, s'il existe des passages de telle taille c'est soit parce qu'il y avait suffisamment de minerais contenu dans la roche pour en justifier l'extraction, soit précisément pour permettre à une armée de passer sans encombre. Ils ont également profité de certains des vastes espaces ainsi dégagés, lorsqu'ils sont assez près de la cité proprement dite, pour y cultiver les champignons et lichens qui constituent leur source principale de nourriture.

Il existe de nombreuses sorties à ce gigantesque labyrinthe, toutes soigneusement dissimulées, permettant aux Rakhaunens de sortir de leur massif à peu près n'importe où, ce qu'ils font presque uniquement pour se procurer ce qu'ils ne trouvent pas dans leurs montagnes, notamment le bois nécessaire à la confection de leurs armes. Certaines parties sont complètement abandonnées depuis des millénaires, d'autres au contraire fourmillent d'activité, véritables "noeuds" où peuvent oeuvrer plusieurs centaines de Rakhaunens. Ces dernières zones sont souvent ornées de sculptures, la plupart du temps à connotation martiale, austères mais témoignant pourtant de l'art indiscutable de ce peuple pour la taille de la pierre.

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Gamemaster7
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Re: Les Mines

Message par Gamemaster7 » sam. 21 déc. 2019 12:34

Émergence : màj pour Yurlungur et Jorus


Tandis que l'un des Rakhaunens, puisqu'ils semblaient se dénommer ainsi, allait chercher les affaires de Yurlungur sur ordre de celui qui semblait être le chef de la petite troupe, les autres surveillèrent Jorus avec méfiance jusqu'à ce qu'il ait enfin consenti à déposer ses armes. Si certains des grognons semblèrent presque déçus de cette finalité pacifique, le chef grogna son assentiment et fit signe à l'un de ses compatriotes de ramasser lesdites armes, qui furent promptement empaquetées dans un bout de toile grise sortie du sac de l'un des "nains".

Ceci fait, et sans attendre celui qui avait été chargé de récupérer la tente de Yurlungur, le chef désigna l'entrée du souterrain aux deux compères en grommelant :

"Pas trrraîner, vous entrrrer."

Avec un regard en biais vers Jorus, il ajouta :

"Pas essayer fuirrr, sinon humain chétif se perrrdrrre et êtrrrre dévorrré par mauvaises choses, mmh?"

Une fois la porte franchie, loin de se retrouver dans une forteresse comme ils l'avaient peut-être imaginé, les deux aventuriers ne virent qu'un très modeste couloir, irrégulièrement taillé et au plafond si bas que Jorus aurait tout intérêt à se tenir courbé s'il voulait éviter que son crâne fasse connaissance avec la peu compatissante roche des Montagnes Grises. La porte fut soigneusement refermée derrière eux une fois qu'ils furent entrés, plongeant les lieux dans une totale obscurité qui fut bientôt dissipée par l'éclat très relatif d'une torche. A cet instant, le chef précisa :

"Nous marrrcher vite et longtemps, pas rrrralentir et pas fairrre brrrruit, endrrroits dangerrreux, comprrrendrrre quoi moi dirrrre ?"

Sur ces mots, il fit signe à la petite troupe d'avancer dans le souterrain qui, après une cinquantaine de mètres, déboucha dans une petite salle approximativement carrée d'une dizaine de mètres de côté d'où partaient deux autres galeries. Là se trouvait une dizaine d'autres Rakhaunens armés jusqu'aux dents s'apprêtant visiblement à sortir, sans doute suite à l'appel de celui que Yurlungur avait vu filer dans le couloir un peu plus tôt. Ils se figèrent en découvrant les deux humains, adoptant aussitôt des attitudes agressives qui ne s'estompèrent, et partiellement encore, qu'une fois que le chef leur eut expliqué quelque chose dans sa langue rocailleuse. Il s'ensuivit quelques rapides échanges incompréhensibles, puis le "guide" de Yurlungur et Jorus leur désigna l'un des tunnels quittant la salle et les pressa à nouveau d'avancer d'un grognement inintelligible et d'un petit geste de la main.

Après cela, les deux aventuriers découvriraient que le bourru petit personnage n'avait pas menti : ils allaient marcher vite et longtemps dans ce qui, bientôt, leur apparut comme un infini labyrinthe de galeries et de salles partant en tous sens. Certaines étaient juste assez larges pour avancer à la file indienne, d'autres si vastes que toute une foule aurait pu s'y tenir, bien que les lieux fussent apparemment totalement déserts. Au bout d'un certain nombre d'heures, une halte fut décidée par le chef alors qu'ils se trouvaient sur une corniche surplombant un abime aux profondeurs insondables, naturel selon toute apparence. Peu loquace et assez tendu durant la marche, il sembla se détendre un peu à ce moment et lâcha presque aimablement en leur tendant à chacun une espèce de "steak" mou et blanchâtre de nature inconnue mais sentant vaguement le champignon :

"Humains tout maigrrres manger ça, bon. Ensuite dorrrmir, rrroute encorrre longue."


*****


HRP : l'xp vous sera attribuée à la fin de la présente situation. Possibilité d'aparté avec le chef Rakhaunen si vous le souhaitez, les autres vous renverront vers lui si vous tentez de leur poser des questions.

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Yurlungur
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Re: Les Mines

Message par Yurlungur » mar. 24 déc. 2019 11:43

...

Curieusement, bien que Jorus leur ait obéi, certains Rakhaunens semblaient frustré de n'avoir pas eu l'occasion d'une bonne baston. Yurlungur retenait un sourire. C'était un genre de mentalité qu'elle connaissait, mais qu'elle méprisait aussi. Les Rakhaunens étaient probablement de féroces combattants, qui cherchaient le conflit et l'algarade pour savourer la victoire et l'accomplissement physique ; mais elle redoutait que leur tempérament ne leur joue à l'avenir quelques mauvais tours... Ils avaient intérêt à être bien disciplinés s'ils souhaitaient être en mesure d'affronter les Sindeldi. La colère que le chef Rakhaunen portait à l'encontre des Sindeldi était suffisante pour le rendre nettement influençable, alors même qu'aucun elfe gris ne se trouvait dans les parages - elle constatait par ailleurs que, sans le savoir, l'unique Gris à s'être présenté à Nessima avait eu le nez creux de ne pas se lancer sur cette piste mais de filer vers Tahelta...

Les Rakhaunens obéirent cependant à leur chef lorsque celui-ci s'exprima à eux, toujours dans cette langue inconnue, et empaquetèrent soigneusement les armes de Jorus. Alors même que celui d'entre eux qui était parti récupérer les affaires du campement n'était pas revenu, le capitaine de la troupe désigna l'entrée du souterrain et leur intima d'y entrer, tout en suggérant subtilement à Jorus de ne pas leur fausser compagnie, au risque de se faire dévorer par une bête des profondeurs... Cela signifiait-il que la cité souterraine dans laquelle elle espérait pénétrer ne se situait pas aussi proche qu'elle l'aurait imaginé ? C'était un certain contretemps, mais pas insurmontable a priori. Dans un certain sens, Jorus avait réellement intérêt à rester en leur compagnie, contrairement à elle peut-être : elle savait se défendre, se repérer dans l'obscurité et avait conservé quelques armes à sa disposition ; pour autant, elle comptait rester sagement avec eux jusqu'à avoir suffisamment d'éléments à sa disposition pour trahir entièrement l'un des camps à sa convenance.

Ils entrèrent à l'intérieur et constatèrent que l'édifice, si l'on pouvait appeler cela un édifice, se constituait principalement d'un long couloir grossièrement taillé dans la roche. Il était surprenant que le travail soit si simple alors que l'entrée avait été soigneusement dissimulée et que les Rakhaunens disposaient vraisemblablement de dispositifs permettant de repérer l'arrivée d'un intrus à proximité de cette ouverture à leur royaume hypogéen. En lançant un coup d'œil par-dessus son épaule, elle remarqua d'une part que Jorus était bien contraint de se plier en deux pour pouvoir avancer dans le couloir adapté à des nains, mais aussi qu'un levier se trouvait sur le bord du tunnel, qu'un Rakhaunen abaissa rapidement pour refermer la porte, ce qui plongea immédiatement le couloir dans une forte obscurité.

Elle hésita. Elle savait à peu près avancer dans le noir sans embrouilles, mais elle ne pensait pas que ce soit le cas de Jorus, qui souffrait de plus d'un désavantage de taille. Mais rapidement, une torche fut allumée, au grand soulagement de la jeune fille. C'était une faible lueur dans les ténèbres sous la montagne, mais c'était amplement suffisant pour elle, et il fallait bien que ça suffise pour Jorus. Elle lança un nouveau coup d'œil en arrière pour essayer de repérer à nouveau un genre de système d'observation qui aurait expliqué comment les Rakhaunens leur étaient tombés dessus aussi promptement, mais elle ne put rien repérer de spécial, d'autant plus que l'obscurité s'était faite à présent et baignait les alentours d'une ombre d'incertitude.

Le chef leur adressa à nouveau la parole, annonçant qu'ils avaient une longue marche à faire, qu'ils ne ralentiraient pas pour eux et qu'il leur faudrait être silencieux - encore une allusion aux monstres des profondeurs ? Yurlungur opina du chef pour manifester son assentiment. Elle estimait être capable d'une discrétion suffisante ; quant à la marche, les Rakhaunens disposaient de courtes jambes. Même s'ils pressaient le pas, elle ne serait probablement pas autant désavantagée qu'au milieu d'une troupe d'elfes ou d'humains. La question de l'endurance restait encore entière, puisque les Thorkins au moins étaient réputés pour disposer d'une vigueur supérieure à celle des autres races ; mais elle écartait ce souci en espérant qu'ils auraient pitié d'une jeune fille comme elle... peut-être... Et puis, elle s'était entraînée. Elle avait parcouru pendant de longues semaines les territoires d'Aliaénon, dont les mornes Landes noires, elle avait gagné en solidité ce qu'elle avait perdu en candeur.

Néanmoins, il fallait reconnaître qu'elle avait un peu peur d'être poussée à bout au cours de cette marche. Elle ignorait comment l'illusion se comporterait sur les temps longs, ni si la fatigue qu'elle engrangerait ne risquerait pas de la briser. A priori, elle pouvait essayer de la maintenir aussi longtemps que nécessaire - et c'était ce qu'elle comptait faire - mais les indications d'Arsok avaient été fort sibyllines à propos des pouvoirs d'une Ombre d'Arothiir, d'autant plus qu'il lui semblait que l'expression de ce don dépendait de l'individu... puisqu'elle n'avait jamais vu son maître se métamorphoser. Un autre sujet d'inquiétude était d'être capables, une fois arrivés, de prendre des décisions rapidement, peut-être la fuite et dans les cas les plus désespérés d'entamer un combat. Si jamais cela arrivait, elle aurait nettement préféré se trouver au meilleur de sa forme, après une bonne sieste davantage que suite à une marche effrénée...

Au bout d'une dizaine de mètres seulement en revanche, ils tombèrent sur une salle carrée dans laquelle se trouvaient déjà une dizaine d'autres Rakhaunens, qui les virent arriver avec une méfiance et une agressivité non dissimulées. Ils étaient armés, prêts à leur fondre dessus au moindre mouvement de travers : c'étaient probablement les renforts appelés par celui qu'elle avait laissé s'enfuir tout à l'heure. La salle était quant à elle entièrement dénuée de tout ornement, put-elle constater alors que le chef Rakhaunen apaisait les esprits. Il n'y avait pas, ici non plus, de mécanisme permettant d'observer l'extérieur : en revanche, en sus du passage qu'ils avaient emprunté pour venir jusqu'ici, deux autres conduits en sortaient.

Rapidement, le chef en désigna un et ils entamèrent une longue marche solitaire dans les tréfonds des Montagnes Grises. Pendant cette longue promenade, Yurlungur eut tout le loisir de réfléchir à ce qu'elle avait entrevu de l'installation d'entrée. Ils se trouvaient visiblement fort loin de la cité principale où la troupe les emmenait, et pourtant les renforts étaient arrivés dans un intervalle de temps remarquablement court. Cela ne pouvait signifier qu'une chose : il y avait des postes, peut-être uniquement militaire, ou alors l'équivalent de petits villages, disposés au voisinage des tunnels, ou au moins à proximité des entrées. Elle ignorait toujours comment les Rakhaunens avaient pu détecter leur présence, mais peut-être y avait-il une sortie plus haut dans la montagne qui leur fournissait un poste d'observation plus pratique : on pensait rarement à regarder en haut, elle le savait d'expérience et c'était l'un des enseignements d'Arsok de ne jamais omettre de vérifier par là... Elle avait laissé passer l'occasion de confirmer ce soupçon : tant pis.

Ce qui était étonnant, par ailleurs, c'était l'absence de bois. Dehors, ils avaient pu constater qu'une vaste portion de la jungle avait été défrichée et que les troncs avaient été emportés vers l'entrée, probablement pour être utilisés comme matériau de construction ; pour autant, à l'intérieur, elle n'avait pas remarqué de mobilier ou d'accessoires en bois, si ce n'étaient les armes mêmes des Rakhaunens. Si le seul usage du bois qu'ils faisaient était pour la confection d'armes, ils devaient à présent disposer d'un sacré stock...

Les souterrains qu'ils parcouraient formaient un lacis labyrinthique dans lequel Jorus et elle se seraient probablement égarés s'ils avaient eu la velléité de se débrouiller seuls. Il n'y avait aucune constance apparente dans l'aménagement de ces galeries : tantôt ils étaient forcés d'avancer en file indienne, tantôt le passage était si vaste qu'il semblait destiné à une armée entière. Elle ignorait si tous ces passages avaient été creusés par les Rakhaunens eux-mêmes, avec des intentions bien déterminées, ou si certains correspondaient à des structures naturelles auxquelles ils avaient à peine touché. Dans tous les cas, le doute n'était pas permis : ils étaient ostensiblement les cousins des Thorkins.

Finalement, le Rakhaunen finit par décider d'une halte, juste à côté d'un gouffre profond dont on n'entrevoyait pas le fond. Bien que la présence d'une si menaçante cavité ne rassurait pas la jeune fille, le chef de la troupe semblait au contraire apaisé par sa présence et, après leur avoir fourni un steak à l'allure peu engageante, les informa qu'ils pourraient dormir ici et devraient repartir le lendemain, précisant qu'ils avaient encore une longue route à faire. Yurlungur ignorait combien de kilomètres ils avaient déjà avalés aujourd'hui : elle s'empara goulûment de ce qui ressemblait à un bout de viande et commença à le mâcher, remarquant immédiatement qu'il y avait quelque chose qui clochait.

Ce n'était pas un steak. Ça sentait plutôt le champignon. Ce n'était pas mauvais, pour autant, et un estomac affamé se satisfait de tout. Alors qu'elle mâchait, elle observa un moment le campement se former et le capitaine se montrer visiblement plus détendu qu'auparavant. C'était le moment.
Continuant à déguster son steak, elle s'approcha de lui alors qu'il finissait de donner une tâche à l'un de ses subsides, elle lui sourit aimablement et lui demanda :

« Vous avez eu des ennuis avec les Sindeldi, pour les haïr ainsi ? »

Reconnaissons que le choix du sujet était tout sauf anodin. Le Rakhaunen confirma, expliquant que les Sindeldi étaient arrivés, les avaient massacrés et avaient volé leurs terres. C'était effectivement un sujet de rancune assez sévère. Elle aurait souhaité, juste après sa question, se lamenter également des soucis qu'ils avaient rencontrés, eux humains, au contact de ce peuple si orgueilleux, mais la brutalité de la réponse rendait une telle approche balourde. Tant pis : elle le ferait parler tant qu'elle pourrait. Le plus il se confiait à elle, le plus il lui ferait confiance, paradoxalement : au fur et à mesure que la langue se délie, on en vient fréquemment à apprécier son interlocuteur, son amabilité, son écoute ; et puis, même inconsciemment, le simple fait d'avoir révélé un secret à quelqu'un nous le rendait plus fiable.

« Mais... il y a quatorze mille ans ? Vous avez passé tout ce temps cachés ? ou bloqués ? »

C'était une hypothèse à ne pas écarter : quatorze millénaires, c'était une durée qu'elle était bien incapable d'appréhender, et il lui semblait impossible qu'une civilisation ait besoin d'autant de temps pour revenir se venger. Mais le Rakhaunen confirma qu'ils s'étaient effectivement cachés, qu'ils avaient lentement rassemblé leur peuple, jusqu'à aujourd'hui. Il y avait un autre point à éclaircir, cependant :

« Et vous avez des liens avec les Thorkins de Nirtim ? »

Il lui répondit par de l'incompréhension. Ces mots lui étaient visiblement inconnus et elle se fit un plaisir de lui fournir les informations qui lui faisaient défaut.

« Comme je vous l'ai dit... Jorus et moi venons d'un autre continent. Nous avons traversé la mer pour arriver sur cet archipel, le Naora. »

Elle attendit un instant, guettant la réaction du Nain sombre à cette dénomination. Après tout, il n'était pas impossible que les Sindeldi aient également altéré le nom de l'archipel qu'ils avaient conquis, de la même façon qu'ils en avaient transfiguré l'Histoire... Mais puisqu'il ne réagissait pas, elle continua :

« Chez nous, il existe un peuple qui vous ressemble en tous points. Ils creusent des souterrains, sont plus petits et plus forts que les elfes... Mais ils ont la peau blanche, comme moi. On les appelle les Thorkins. »

Cela plongea le Rakhaunen dans un état de pensivité qu'elle n'aurait pas pensé possible chez lui, puis il confirma que certaines légendes de son peuple suggéraient qu'ils auraient pu avoir la peau blanche, autrefois. De là à croire que les Thorkins n'étaient que les lointains cousins des Rakhaunens, il n'y avait qu'un pas... Il s'abstenait toutefois de conclure si vite, prétextant son ignorance. Mais la jeune fille avait semé une graine d'espoir dans son esprit. Ils n'étaient pas seuls... Et ils avaient des alliés possibles par-delà l'océan. Elle haussa les épaules.

« On ne saura sans doute jamais. Les Sindeldi ont caché énormément de faits au reste du monde... Ils ont altéré la réalité pour leur propre compte et méprisent tous les étrangers... Je suis heureuse qu'on vous ait enfin trouvés : nous avons dû fuir le dernier village Sindel que nous avons abordé, face à l'hostilité de ses habitants. »

Ça, c'était dit. Elle espérait que ce ne soit pas trop grossier comme approche - bien qu'elle n'ait fait qu'exagérer légèrement la réalité des faits - et effectivement le Rakhaunen tomba en plein dedans, grognant à nouveau sa fureur contre le peuple elfique, tout en annonçant qu'ils arrivaient au terme de leur règne. Elle opina docilement du chef en acquiesçant :

« J'espère bien. Au fait, comment vous appelez-vous ? »

Il se présenta comme “Maerg”, où le “r” étaient à prononcer roulé et trois fois plus long. Elle fit mine d'hésiter un peu, alors que sa question était déjà toute prête puis, avec l'air d'appréhension d'être trop curieuse, elle demanda :

« Est-ce que... Est-ce que vous pourriez me raconter ce qu'il s'est passé, il y a quatorze mille ans ? Vous avez dit que les Sindeldi s'étaient alliés à vous, puis qu'ils vous avaient trahis, c'est ça ? »

C'était une histoire compréhensible, mais elle espérait en connaître des détails plus précis. Bien sûr, son interlocuteur n'avait peut-être pas toutes les clés : bien que les nains fussent dotés d'une longévité supérieure à celle des hommes, elle doutait qu'il y ait encore des survivants de cette ère révolue. Malheureusement, Maerg se montra concis, explicitant seulement que leur peuple était autrefois réparti sur le Naora, que les Sindeldi avaient tenté de faire du commerce avec eux, avant de les trahir et les exterminer pour leur dérober leurs mines.

« Et donc... les tunnels que nous parcourons en ce moment, vous les avez creusés dans l'intervalle ? Ou vous avez réussi à conserver certains passages pour vous ? »

Il confirma que les Rakhaunens, par la suite, avaient bâti une nouvelle cité, Khaz-Kherral. Les éléments, peu à peu, s'assemblaient : mais puisque Maerg semblait à présent disposé à répondre à ses questions, elle en profita.

« Tout à l'heure, vous avez parlé de... “Hafiz”. Des humains à la peau noire... Ils ont été trahis par les Sindeldi, eux aussi ? Et vivent sous terre depuis ? »

Le chef Rakhaunen réfuta cette hypothèse. Les Hafiz vivraient au contraire sur une île au Sud, et certains auraient entrepris de nouer des contacts avec les Rakhaunens. De nouvelles hypothèses surgissaient et Yurlungur s'engouffra dans la brèche.

« Et comment vous ont-ils rencontrés ? »

Elle hésita un moment à nouveau, mais cette fois-ci l'embarras était sincère.

« Une île au Sud... Ils vivent sur l'Île Interdite ? »

À nouveau, Maerg nia. Il expliqua que les Rakhaunens avaient bâti une autre cité dans les montagnes du “Dragon”, où ils avaient rencontré des Hafiz et des Eruïons ; quant à l'Île Interdite, elle lui était inconnue. Tant pis. Il aurait été fort pratique de pouvoir y accéder par les réseaux souterrains des Rakhaunens... Elle haussa les épaules.

« Au temps pour moi... Mais vous connaissez les Eruïons ? »

Elle prit la mine pensive un moment.

« Oui, c'est logique. Après tout, les Sindeldi cherchent à les exterminer, eux aussi. »

Les Sindeldi semblaient s'être faits des ennemis nombreux. Les pistes s'éclairaient : la livraison d'armes aux Eruïons du désert, leur agitation, tout cela était en lien direct avec la présence des troupes dans le Nord-Est de l'île, les troupes Rakhaunens. Maerg expliqua que son peuple connaissait les Eruïons depuis toujours, depuis le temps où ceux-ci avaient la peau noire - où c'étaient encore de purs Shaakts, en fait. Elle estimait avoir récupéré une quantité suffisante d'informations pour une soirée, tout en parvenant à apaiser la méfiance de Maerg. Elle n'avait guère plus de questions qui lui venaient à l'esprit, et elle redoutait que se montrer trop insistante sur certains points conduise le Rakhaunen à se défier d'elle à nouveau. Autant s'arrêter dès à présent.

« Je vous remercie pour vos éclaircissements. Au fait, est-ce que je pourrais récupérer de quoi dormir dans mes affaires ? » fit-elle en désignant l'équipement récupéré par l'un des Rakhaunen.

Maerg, après avoir demandé quelque chose au concerné, sans doute concernant la présence d'arme, l'autorisa à récupérer ce qui lui manquait du paquetage, et elle entreprit de dresser un lit de fortune sur le côté de la grotte, assez loin des entrées comme de la corniche au-dessus de l'abîme. Mais en s'installant, une idée lui vint en tête, pour rassurer Jorus. Plus il serait au courant de leurs possibilités réelles, moins ils risqueraient de faire de faux pas : considérant qu'elle l'avait plus ou moins embarqué dans une aventure où il avait dû abandonner toutes ses armes à une troupe armée qui en avait fait plus ou moins un prisonnier, elle lui devait bien quelques explications.

L'air de rien, elle se rapprocha de lui. Aucun Rakhaunen ne sembla vouloir l'en empêcher : ils les surveillaient, bien sûr, mais visiblement les deux humains qu'ils croyaient désarmés leur paraissaient inoffensifs. Leurs oreilles traînaient certes et ils pourraient essayer d'épier leur conversation, mais en parlant suffisamment bas et en comptant sur leur maîtrise approximative de la langue commune, elle comptait bien s'en sortir.

« Tant qu'on peux on reste aminches avec les cendrés, faute de vouloir épouser la camarde, lui souffla-t-elle. J'ai encore sur moi des surins planqués pour les rendre marrons, si besoin, mais on file doux pour le moment. »

Certes, elle n'employait pas l'argot tous les jours - il aurait été fort inconvenant de parler ainsi devant les trois reines d'Arothiir, par exemple -, mais à grandir dans les bas-fonds de Dahràm, à fricoter avec des coupes-jarrets et à être entraînée par un maître-assassin, on apprenait tout de même quelques mots doux et mélodieux du jargon des voleurs. Elle attendit un instant que Jorus lui signifie qu'il avait bien compris ce qu'elle avait dit : mais comme elle s'y attendait, après un moment d'hésitation, le jeune homme lui répondit sur le même ton. Elle hocha de la tête en lui souriant. Sans grande surprise, il venait du même milieu.

Elle retourna se coucher et s'endormit sans tarder, songeant qu'un repos était bien mérité après une telle marche et avant la journée qui les attendait le lendemain.

Mais c'était déjà l'époque de l'année où les rêves se font troubles et où la nuit devient reine : curieusement, des rêves l'assaillirent. Elle frissonnait dans son sommeil : elle se voyait gravissant les monts enneigés de Nosvéris, bataillant contre un blizzard glacial qui lui obscurcissait la vision. Oh, elle ne savait pas réellement pourquoi elle avançait par là : sans doute les Rakhaunens l'avaient-ils abandonnée et avait-elle entamé une autre quête... Elle avait le pressentiment qu'il se trouvait par là-bas un lien vers les reines perdues d'Arothiir, comme si en cherchant à vaincre les forces de la nature qui s'obstinaient à lui barrer chemin, elle pourrait ramener Guigne et Jess du portail qu'elles avaient emprunté. Où comme si les deux reines étaient coincées là-haut, peut-être, dans une cité de glace au plus haut des monts de Nosvéris...

Il ne fallait pas chercher d'explication. Elle avait sur elle tout un tas d'équipements qui, curieusement, lui rappelaient cet endroit où elle ne s'était jamais rendue : une fiole où avait été capturée un fragment de neiges éternelles, un sucre d'orge, une bouteille de vin, la graine d'un arbre qui pulsait d'une magie puissante, une boule à neige... Et elle portait sur la tête une sorte de bonnet rouge à pompon blanc, certes ridicule, mais qu'elle pressentait vital dans cet environnement. Elle ne se demandait pas pourquoi, au milieu de cette tempête, elle n'était pas déjà morte de froid - ce n'était pas une pensée qui venait aisément à un rêveur passionné - mais elle continuait d'avancer, sans être folle au point de retirer l'unique protection au froid qu'elle portait, ce curieux bonnet.

Il y avait dans l'air autre chose que le hurlement bestial du vent, pourtant. Il y avait un son de cloches qui se propulsait de droite à gauche et de gauche à droite, et avec lui une sorte de rire rauque, un “ho ho ho” qui semblait chaleureux mais qui sonnait menaçant en de telles circonstances. Il y avait une bête qui lui tournait autour, un être divin qui l'observait et la jugeait.

Elle détestait ça. Elle ne se battait pas pour eux, les dieux planqués qui ne sortent même pas leur nez une fois par an pour remercier les fidèles : elle se battait pour elle-même, pour sa propre pomme et pour celles qui l'avaient accueillie chez elles, dans leur cité au milieu du désert de thiir, celles qui avaient, indirectement, fait d'elle une Ombre. Elle se battait pour quelque chose de tangible et de palpitant, pour des êtres de chair et de sang - qu'elle avait échoué à protéger...

Et elle continuait. Cela sembla durer une éternité : le temps était allongé par la force suggestive du rêve, distordu, comme si des années de hargne et de rogne s'écoulaient dans le cocon de son songe. Et enfin elle y arriva : devant elle se dressait un chalet de bois cerné de sapins. Le blizzard s'était arrêté : elle se rendit compte que tout son équipement avait disparu. Était-ce ici qu'elles retrouverait Guigne et Jess ? Sable les attendait à Oranan... En s'avançant vers la porte, elle perçut des regards braqués sur elle : sur le côté, une série de huit rennes la fixaient. Des grelots étaient fixés au harnais qui les reliaient à un traîneau rouge, et dans la neige, des empreintes de pas se dirigeaient de l'habitacle vers la maisonnette.

Yurlungur serra les poings et s'avança. Avant qu'elle ne parvienne à la porte, celle-ci s'ouvrit et une silhouette se dessina sur la lumière qui rayonnait de l'intérieur. Elle ne pouvait distinguer les traits de l'imposant bonhomme qui se présentait là : il avait un gros ventre, l'air costaud, comme une masse d'ombre devant l'éclat de l'intérieur.

« Rendez-moi Guigne et Jess ! » lui cria-t-elle.

Il riait, du même “ho ho ho” dans lequel résonnait désormais une certaine condescendance.

Ce fut le moment où elle se réveilla, alors qu'un Rakhaunen lui secouait le bras.

...
Modifié en dernier par Yurlungur le jeu. 2 janv. 2020 08:49, modifié 1 fois.

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Jorus Kayne
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Re: Les Mines

Message par Jorus Kayne » ven. 27 déc. 2019 21:35

Finalement, après avoir ramassé mes armes en grognant de dépit, mon sac et que Yürlüngür revient avec ses affaires ainsi que l’escorte personnelle pour s’assurer de son retour, nous pénétrons à l’intérieur de la montagne. Loin de faire face à une forteresse, nous sommes à l’intérieur d’un long couloir. L’espace est plus bas que je ne le pensais et m’oblige à me baisser, sans quoi je risque au mieux bosselé du crâne ou la tête troué comme un gruyère. Eclairé par une simple torche, le chef des nains nous explique qu’il faudra marcher longtemps, vite et sans bruit car malgré la présence de ces farouches guerriers, les lieux sont des plus dangereux. Nous trouvons un peu plus loin une autre troupe de nains, très certainement des renforts suite à notre rencontre. La surprise de voir des humains les figent sur place.

Je pense que nous avons bien fait de suivre les nains, même s’ils ne nous ont pas vraiment laissé le choix. Ces couloirs sont un vrai labyrinthe et sans leurs présences nous n’aurions jamais été capables de trouver notre chemin. Après une longue marche nous nous arrêtons sur une corniche au-dessus d’un abime sans fond. Le chef semble se détendre après cette longue marche et viens nous proposer un étrange morceau de viande à l’odeur de champignon. Quoi de plus normal ! Et puis nous sommes loin d’arriver à destination.

Alors que je mange avec peu d’appétit cette chose que l’on m’a servie, ma jeune camarade décide d’aller voir le chef de ces Rakhaunens. N’ayant pas grand-chose à faire, je tends l’oreille pour m’intéresser à leur conversation. J’y apprends qu’en arrivant sur le Naora, les Sindeldi les ont massacrés pour prendre possession de leurs terres, expliquant avec logique la rancune qu’ils entretiennent avec les peaux grises. On peut donc oublier l’éventuel quiproquo avec les Shaakts déjà présent. Il vient ensuite confirmer qu’ils ont bien attendu ces quatorze derniers millénaires, cachés dans la montagne. Cet isolement les ont conduit à complètement ignorer leurs cousins Thorkins. Pour eux, un nain à peau blanche pourrait confirmer certaines vieilles légendes, mais notre guide en sait trop peu pour admettre un lien de parenté, même lointain. Yürlüngür oriente la discussion vers l’hostilité que nous avons reçue des Sindeldi, certainement pour amadoué le nain en chef. Elle obtient le nom de ce dernier qui se nomme Maerg. Même si avec leurs prononciations particulières des "r" plus proche du raclement de gorge que d’une vraie lettre, il est possible que je me trompe. La suite est des plus intéressantes. Autrefois, les Rakhaunens étaient répartis sur le Naora. Les Sindeldi ont commencé à faire du commerce avec eux, mais ils ont fini par les trahir pour dérober leurs mines. Aujourd’hui, à l’abri des regards et de la mémoire elfique, ils vivent dans la cité de Khaz-Kherral. Nos homologues humains à la peau noire vivent quant à eux sur une île du sud et certains d’entre eux auraient cherché de nouer contacts avec les nains. A la mention de l’île du sud, ma jeune camarade évoque une Île Interdite. La mention me fait tiquer, mais je passe rapidement à la suite de la conversation, Maerg ne connaissant pas son existence. Les Rakhaunens ont bâti une cité dans les montagnes où ils ont rencontré Hafiz et Eruïons. Notre guide explique qu’ils connaissent les Eruïons depuis très longtemps, même à l’époque où ils étaient des Shaakts au sang pur.

(Je sens que cette discussion te trouble. Pourquoi ?)

(Les Eurions, les Rakhaunens et peut-être même les Hafiz. Les Sindeldi se sont fais un grand nombre d’ennemis à l’extérieur. Si on doit ajouter les conflits internes, ça pourrait bien être la fin de leur règne ici ! Ils luttent depuis longtemps contre un ennemi qu’ils peinent à exterminer. Si on rajoute les Rakhaunens sur l’échiquier ça sent franchement mauvais pour eux !)

(Non, les Sindeldi sont loin d’être inoffensifs et c’est en particulier le désert qui est la source de leur incapacité à éliminer leurs ennemis du sud.)

(Les Sindeldi se voilent clairement la face. Ils ignorent réellement ce qu’ils affrontent. Mais dans l’éventualité où ils l’emporteraient, ils seraient à bout de force contre un ennemi qui n’attend que le meilleur moment pour frapper et frapper fort !)

(Oaxaca ?)

(Elle-même ! Ses forces ont fait mal aux Sindeldi. En plus d’avoir perdu de nombreux territoires, les dirigeants de battent pour une lutte de pouvoir inutile lorsqu’il n’y aura plus personne à gouverner ! Si une guerre majeure éclate avec Eurions épaulés par les Rakhaunens, que restera-t-il pour se protéger lorsque les Garzocks débarqueront ? Ha, Yürlüngür revient !)

La jeune fille s’approche de moi après avoir récupérée ses affaires et me dit à voix basse une chose étrange.

"Tant qu'on peux on reste aminches avec les cendrés, faute de vouloir épouser la camarde. J'ai encore sur moi des surins planqués pour les rendre marrons, si besoin, mais on file doux pour le moment."

(Tu crois qu’elle est malade ? On dirait qu’elle parle en suçant des cailloux !)

(A mon avis, je dirais qu’elle parle de sorte que les Rakhaunens ne comprennent rien !)

(Oui aussi, mais c’est moins drôle à imaginer maintenant.)

Je me remémore ses étranges propos pour les comprendre et ensuite établir une réponse dans le même acabit.

"T'inquiètes la gamine. On a le vent dans le dos donc je suis le cap !"

Elle me sourit en hochant la tête et pars se coucher avec de quoi oublier la dureté du sol. Je jette un œil à mes affaires, mais les nains qui les gardent ne semblent aussi aimables que pour la jeune fille. Ils me regardent espérant avoir une raison valable pour me trancher un membre. Qui a dit qu’être jeune était un problème ? Je me fais finalement une raison et me repose contre la dureté de la roche. Mon repos est aussi désagréable que mon réveil, un bon coup de botte pour me faire lever et reprendre le chemin.

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Gamemaster6
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Re: Les Mines

Message par Gamemaster6 » sam. 28 déc. 2019 00:24

Intervention du Père No-Hell pour Yurlungur

Rien ne semble avoir changé. Tu es toujours au même endroit, sous terre, entourée de ces étranges Rakhaunens. Et pourtant, pourtant tu sens que quelque chose s'est glissé dans ton sac et, lorsque tu l'ouvres, tu les vois. Une fille pellicule de givre les recouvre encore, mais disparaît bien vite lorsque tu les prend en main. Deux plumes. De curieuses plumes pourtant familières. En les tenant, un sentiment t'emplis, tu sais ce que tu dois faire. Elles sont vivantes, tu le sais, mais où ? Trouves les, Yurlungur.

Plume de Jess : En trempant la pointe dans un sang familier, des mots se tracent dans les airs, compréhensibles uniquement par celle à qui ils sont destinés, puis se gravent dans ton esprit, indiquant où retrouver l'être disparu dans les fluides.

"Là où lumière est reine
Bienfaisante, brûlante
Là où le solitaire rencontre la mort
Enseveli par les vents
Là où la pierre s'égraine
Forêt de roche immuable
Là où la lumière se couche
Scintillant sur les mers
"

Plume de Guigne : En trempant la pointe dans un sang familier, des mots se tracent dans les airs compréhensibles uniquement par celle à qui ils sont destinés, puis se gravent dans ton esprit, indiquant où retrouver l'être disparu dans les fluides.

"Là ou l'obscur est roi
Teintant l'esprit et la peau
Là où le mensonge est d'or
Attendant patiemment son heure
Là où la liberté à un prix
Plus cher encore que la vie
Là où par huit, elle observe
Symbole des reines
"
Image

Quand on l'appelle, il apparaît !!
Et il reste, alors gare !

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Re: Les Mines

Message par Gamemaster7 » sam. 28 déc. 2019 14:52

Émergence : màj pour Yurlungur et Jorus


Les heures succédèrent aux heures, à moins que ce ne soit aux jours, comment savoir alors que la notion de temps se diluait faute de repères, dans les impénétrables ténèbres de la montagne, et toujours le petit groupe avançait opiniâtrement dans les souterrains apparemment infinis qui couraient sous son échine. A plusieurs reprises ils s'arrêtèrent pour se reposer et se sustenter au moyen de l'étrange met au parfum de champignon fourni par les Rakhaunens, mais les haltes étaient brèves et la marche souvent harassante sur des sols fréquemment inégaux où chaque pas requérait une certaine attention pour ne pas trébucher. Parfois les galeries plongeaient abruptement dans les entrailles de la terre, parfois elles remontaient, toutes aussi raides, si longuement que les aventuriers auraient pu espérer rejoindre la surface, l'air libre, quelque part dans les sommets des inhospitalières Montagnes Grises. Mais de sortie il n'y avait pas la moindre trace, et toujours les galeries finissaient par redescendre, les ramenant dans les abysses.

Parfois ce n'était qu'un unique couloir durant des heures, parfois les galeries s'entrelaçaient à en donner le tournis tant elles étaient nombreuses, certaines semblaient naturelles et d'autres au contraire avaient indubitablement été creusées, par ce petit peuple que les deux aventuriers venaient de rencontrer sans doute. S'il y avait d'autres Rakhaunens dans ces profondeurs, ils n'en virent aucun, les lieux semblaient déserts, vides de toute vie. Puis, alors qu'ils parvenaient dans une immense cavité d'apparence naturelle, somptueusement décorée de stalagtites et stalagmites géants formant parfois de colossaux piliers pour ce qu'ils pouvaient en voir à la lueur de la torche, Maerg se figea soudain, tous les sens en alerte. Il grogna quelque chose d'incompréhensibles à ses comparses, un ordre à en juger par le ton, puis ajouta à l'attention des deux humains alors que les Rakhaunens se déployaient autour d'eux, armes à la main et scrutant anxieusement les ténèbres :

"Crrréaturrres trrrouver nous…"

Il y eut quelques secondes d'un silence quasiment absolu, pesant comme la montagne au-dessus de leurs têtes, puis un cri effroyablement aigu retentit :

"Hiiiiiiaaaaarrrrrr!"

Les ombres régnant en maîtresses absolues dans l'immense caverne semblèrent soudain prendre vie autour du petit groupe, de partout d'obscures silhouettes, de la taille des Rakhaunens mais étrangement décharnées, jaillirent des ombres et se ruèrent à l'attaque en lâchant leurs hurlements stridents. Yurlungur vit la première de quoi il s'agissait, grâce à sa vision nocturne, Jorus devant quant à lui attendre que le premier assaillant entre dans la vacillante lumière de la torche pour le distinguer, ce qui ne fut l'affaire que d'un instant : les assaillants devaient avoir été Rakhaunens, jadis, certains arboraient encore des vestiges de leur ancienne pilosité, voire des reconnaissables armures noires qu'ils affectionnaient.

Mais ce temps était échu, les créatures qui les attaquaient n'avait plus grand chose d'êtres vivants, si ce n'est qu'elles se déplaçaient. La plupart arboraient d'odieuses traces de mutilations, des blessures terribles d'où, pourtant, aucun sang ne coulait plus. Leurs faciès torturés n'évoquaient plus qu'une haine insondable et une faim qui ne l'était pas moins. Les deux aventuriers reconnaîtraient peut-être les créatures, s'ils avaient déjà eu la malchance d'en croiser ou d'entendre quelque récit les évoquant : ils faisaient face à une meute de goules affamées, si nombreuses que l'issue pouvaient sembler écrite d'avance. Mais les Rakhaunens, quoique visiblement inquiets, firent courageusement front, formant un cercle défensif approximatif autour des deux humains alors même que les premières horreurs se ruaient à la curée, engendrant aussitôt un indescriptible chaos. Les "Nains" étaient indubitablement de rudes combattants, mais combien de temps tiendraient-ils face à la horde avide de chair fraîche? Les aider d'une manière ou d'une autre ? Profiter du chaos ambiant pour tenter de leur fausser compagnie ? Autre chose ? Aux aventuriers d'en décider...


*****


HRP : l'xp vous sera attribuée à la fin de la présente situation.

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Yurlungur
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Re: Les Mines

Message par Yurlungur » jeu. 2 janv. 2020 08:48

...

La marche était longue et épuisante. Yurlungur commençait à en avoir assez de parcourir des paysages qui se ressemblaient tous, alternant entre les vastes galeries, les chemins uniques, les lacis incompréhensibles de tunnels qui se croisaient et s'entrecroisaient. Évidemment, les Rakhaunens ne semblaient éprouver ni fatigue, ni ennui, ni même le moindre sentiment de se perdre. C'était heureux, dans un sens, car Yurlungur aurait été passablement anxieuse à l'idée d'être guidée par des incapables qui se perdaient dans leur propre royaume ; pour autant, elle se sentait toujours anxieuse à présent, considérant qu'ils s'enfonçaient de plus en plus dans un territoire inconnu où elle était incapable de se repérer efficacement. Toute tentative de fuite lui semblait compromise : si jamais elle décidait de trahir les Rakhaunens, elle devrait avoir un plan bien établi, ou les trahir bien tard.

De temps en temps, il y avait ces haltes bienvenues, et ces steaks aux champignons. Cela la satisfaisait un peu. Ce n'était pas particulièrement bon, mais c'était nourrissant : demandait-elle quoi que ce soit de plus ? Elle avait rarement vécu dans un palais. Les ruelles de Dahràm avaient été son palace, autrefois, et la nourriture qu'on y trouvait était autrement plus médiocre d'une part, moins constante d'autre part. C'était autre chose que cette pitance qui tombait toute seule de la part d'un protecteur qui avait des airs de geôlier.

Il y avait aussi ces deux plumes, qu'elle avait trouvées dans son sac au réveil, après cet étrange rêve. Les plumes, ça ne pouvaient être que celles des harpies : pour autant, elle s'était gardée de les examiner immédiatement. Ça viendrait après, lorsqu'elle serait seule et qu'elle pourrait investiguer là-dessus sans être dérangée... Après tout, c'était plutôt intime et personnel. Elle les avait soigneusement cachées dans son sac.

Ils ne croisaient personne, ce qui venait à la faire se questionner sur l'état réel du peuple Rakhaunen. Avait-il vraiment retrouvé sa grandeur passée ? Les Sindeldi étaient probablement plus nombreux : ici, c'étaient des territoires vides à perte de vue, comme si ces nains cendrés n'en occupaient qu'une infime fraction. Bien entendu, la jeune fille ne se rendait pas compte que les choses étaient semblables à la surface, qu'on pouvait marcher pendant des jours sans croiser le moindre hameau, pour peu qu'on se trouvât dans une zone dont les conditions de vie avaient fait fuir les hommes et les colons : mais cet environnement ne lui étant pas habituel et amenant chez elle un certain sentiment d'angoisse, son jugement s'en trouvait faussé.

Soudain, alors qu'ils pénétraient dans une nouvelle grotte, Maerg s'arrêta et sembla humer l'air comme un chiot. Yurlungur haussa un sourcil. Le Rakhaunen était souvent méfiant, mais cette attitude était nouvelle : il donna alors des ordres aux autres, qui se déployèrent autour des deux humains, comme pour les protéger d'une menace approchante, armes à la main. Yurlungur se mit à scruter l'obscurité, tout comme eux. Que se passait-il ? Les Rakhaunens avaient-ils des ennemis ? Il existait peut-être des clans, différentes factions qui se battaient pour le pouvoir ; elle imaginait sans peine que certains soient animés par une profonde envie de vengeance comme Maerg, tandis que d'autres préféraient rester dans l'ombre des montagnes et des souterrains, estimant que la tentative de reprendre le Naora n'apporterait que le coup final à leur race.

Maerg, enfin, leur indiqua la nature de la menace qu'ils avaient repéré : des “créatures”, celles qu'il avait déjà évoquées comme habitant dans les ténèbres... Des monstres, donc ? Yurlungur pesta contre les talents du chef Rakhaunen, qui n'avait pas été capable de les mener sur un chemin qui leur aurait évité une telle confrontation. Elle n'avait aucune envie de dévoiler tout son jeu dès maintenant, ni de briser l'illusion qui, si cela pourrait apporter un avantage certain dans la bataille qui approchait, risquait aussi de lui attirer la défiance inaltérable de Maerg.

Non. Pas maintenant. Ce serait idiot.

Soudain, un cri aigu retentit entre les stalactites, et des silhouettes prirent forme dans les ténèbres. La jeune fille put vite remarquer que ces “créatures” n'étaient autre que... des Rakhaunens. Mais ceux-ci avaient une particularité : ils étaient morts. Elle fronça les sourcils. Y avait-il des nécromanciens dans les environs ? Ils étaient couverts de blessures diverses, qui pourtant ne saignaient pas, comme si le fluide vital s'était déjà entièrement échappé de leurs corps décharnés, se précipitant sur eux avec la vive intention de les bouffer. Ils étaient désarmés, mais ouvraient grand la bouche et agitaient leurs doigts comme des griffes.

Les Rakhaunens de Maerg s'étaient rassemblés en un cercle qui les entouraient, eux deux, Jorus et Yurlungur. La bataille s'engagea, féroce, et il ne fallait pas être très malin pour deviner que les goules avaient l'avantage du nombre, tandis que les Rakhaunens avaient celui de l'organisation, et profitaient d'armes et d'armures en meilleur état. Yurlungur resta songeuse quelques instants, au milieu du chaos qui s'installait. Non, il ne fallait pas briser l'illusion maintenant... mais elle pourrait faire autre chose. Ils pouvaient toujours apporter leur aide, une aide précieuse sans doute : il suffisait que Jorus récupère ses armes... Elle pourrait probablement lui en emprunter une.

Elle attendit quelques instants de plus que les goules fassent pression sur Maerg et ses compagnons, puis lui cria :

« Rendez-nous les armes de Jorus et nous combattrons à vos côtés ! »

Le chef eut l'idée saugrenue, au milieu de la mêlée, de lui accorder tout de même un regard sceptique ; puis, n'y tenant plus, il fit signe à l'un des siens d'obéir. La jeune fille, en s'avançant, récupéra l'une des dagues, laissant celle qui avait l'air de meilleure facture à son camarade.

« Je t'en emprunte un... »

Et elle lui sourit tendrement.

« Ne t'inquiète pas, je te le rendrai plus tard ! »

Et sans attendre sa réaction, elle s'approcha des rangs serrés de la mêlée. Celle-ci n'était pas partout aussi dense : du fait de certaines victoires des Rakhaunens contre leurs ennemis, il y avait parfois des trous, souvent rapidement comblés par de nouveaux assaillants, mais Yurlungur profita aisément de l'un d'eux pour se faufiler à l'extérieur du cercle protecteur, la dague à la main. De ce qu'elle avait vu du combat, la seule force des goules tenait à leur nombre : du reste, elles étaient relativement faibles et auraient probablement du mal à la toucher si elle se débrouillait bien. Elle gardait le cercle des Rakhaunens dans son dos, afin d'éviter d'être attaquée de ce côté, tout en leur accordant un répit.

Elle n'avait pour autant moins l'habitude de ce genre de mêlée que des combats en face-à-face, fût-ce contre un ennemi puissant, comme contre la grosse bête dans la savane du Naora. Elle hésitait encore à utiliser son pouvoir d'ombre : si elle estimait qu'impressionner Maerg serait profitable à leur relation, elle pensait également qu'en montrer trop risquait tout autant d'attiser sa méfiance à l'égard des deux aventuriers... Qu'importe. Elle agirait en fonction de ce qu'il se passerait sur le champ de bataille.

D'ailleurs, elle n'avait plus tellement le temps de réfléchir : trois goules se précipitaient vers elle, visiblement avides de la chair qu'elle leur présentait.

Heureusement, Yurlungur savait être tendre.

Elle contracta ses muscles et fendit l'air devant elle, portant à chacun de ses adversaires une touche dans le torse, l'œil ou le bas du ventre. Ses coups n'étaient pas bien précis, ni particulièrement puissant : c'était pourtant la seule technique efficace qu'elle connût pour affronter des ennemis nombreux, et qu'elle avait déjà maintes fois employée pour se tirer de mauvais pas... Les Rakhaunens en étaient-ils un ?

Elle recula pour reprendre son souffle, constatant avec une certaine satisfaction avoir interrompu dans leur course les trois goules : malheureusement, elle fut sidérée de constater que celles-ci, l'instant d'hébétude passé, hurlèrent à nouveau et se ruèrent à l'attaque. Elle les avait à peine affaiblies : ces blessures, si elles détachaient un peu de chair, n'étaient guère suffisantes pour mettre hors d'état des morts-vivants.

Yurlungur essaya de reculer encore pour éviter les coups qui venaient de trois ennemis à la fois, puis sentit que tout cela devenait chaud : sans réfléchir, elle se fondit dans les ombres, traversa les trois goules et réapparut juste derrière elles. Celles-ci ne semblèrent pas demander leur reste et se mirent à attaquer la formation Rakhaunen sur leur chemin : mais Yurlungur se retrouva nez à nez avec une nouvelle goule. Elle blêmit et évita de justesse un coup de griffe en effectuant un pas de côté. Pour l'heure, celle-ci était à peu près seule à s'intéresser à l'assassine, qui se fit un plaisir de lui porter quelques coups d'estoc, essayant de déterminer ses faiblesses contre un ennemi isolé.

Les coups au tronc ne produisaient aucun effet : un sur le bras eut le mérite de le détacher à moitié, le rendant inutilisable, mais sans rien altérer à la faim de la goule. Finalement, ce fut en lui passant derrière par les ombres puis en lui portant un coup à la nuque que celle-ci se détacha, chutant pitoyablement à terre, et que la goule s'effondra. Elle ne sembla plus bouger et Yurlungur, satisfaite, eut l'occasion de revenir aux trois qui l'avaient agressée en premier lieu. Ce retour était quelque peu opportuniste : de l'ombre surgissait une nouvelle vague d'attaquants, qui ne se trouvaient pas encore à portée mais l'avaient naturellement repérée comme cible isolée. Et elle ne tenait absolument pas à faire face seule à une horde de macchabées.

Les Rakhaunens en avaient déjà abattu une : elle se précipita sur une autre, la frappant à la nuque à nouveau, mais son coup sembla manquer de puissance et la goule gémit, tentant de se retourner. Yurlungur lui sauta sur le dos et la planta fougueusement à de multiples reprises aux alentours du cou, de plus en plus blême, jusqu'à ce qu'enfin la tête se détache et que le corps tombe au sol, définitivement sans vie.

Elle n'avait pas le temps de reprendre son souffle : déjà de nouvelles goules arrivaient et la jeune fille tenta de se défendre tant bien que mal. Elle profitait heureusement de l'aide des Rakhaunens à ses côtés désormais, mais constata sans mal qu'avec une dague, elle avait bien plus de difficulté à porter des coups puissants et fatals aux goules que les nains cendrés avec leurs haches massives, aussi finit-elle par revenir à l'intérieur du cercle pour reprendre son souffle, prenant un instant pour observer comment la bataille évoluait.

(((Utilisation de la CC Les Cent Lames au rang 2. A abattu deux goules pour l'instant.)))

...
Modifié en dernier par Yurlungur le lun. 6 janv. 2020 21:35, modifié 1 fois.

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Re: Les Mines

Message par Jorus Kayne » ven. 3 janv. 2020 17:57

Nous reprenons la route et je focalise toute mon attention à ne pas traîner les pieds, tant ma volonté se rapproche d’un malade en fin de vie. Nous montons au point où je m’attends à sortir de ce lieu sombre, mais en réalité c’est pour mieux redescende. Nous nous enfonçons tellement dans les profondeurs de la montagne que j’en viens à me demander s’il y a une fin quelque part. Non visiblement il n’y a sous terre qu’une quantité infinie de terre et de roche à en faire pâlir un taphophobe. Les couloirs taillés dans la roche se suivent et succède à des galeries naturelles. Certains passages sont larges tandis que d’autres sont tellement étroits que je suis obligé de me baisser. A un moment, l’avancée se ralentit brutalement et je me prends un coup de casque en plein pif du nain qui me fait face.

"Grblbl, fichu nabot !" Fais-je pour moi-même, mais le nain devant moi m’a visiblement entendu et se tourne avec un air menaçant. "Fichu sabot ! Pardon j’ai glissé sur quelque chose !" Dis-je pour éviter une inutile interaction entre mon visage et son poing. Il grogne quelque chose d’incompréhensible et reprends avec soulagement la route.

J’ignore depuis combien de temps nous marchons. La notion de temporalité est complètement désuète lorsqu’on est sous terre. Peut-être Oaxaca a fini par envahir le monde, ou celui-ci a éventuellement fini sous les eaux après une pluie de plusieurs mois. Ce qui est sûr c’est que rien ne nous est arrivé et rien ne risque de nous arriver dans ce lieu sinistre et sans vie, hormis l’ennui mortel du paysage. En tout cas c’est ce que je pensais lorsque Maerg arrête soudainement le cortège et se racle à nouveau la gorge, prêt à évacuer une glaire de la taille d’un poing. C’est ça où il parle à nouveau dans sa langue natale, c’est toujours difficile à déterminer. Alors que les Rakhaunens se placent autours de nous, il prend la peine de nous expliquer que des créatures nous ont trouvés. L’écho se faisant traître, j’entends une cacophonie de tous les côtés. Entre des bruits de pas qui s’accélèrent et le son de plusieurs créatures qui semblent affamées, rien n’est bon signe. Mais Maerg doit avoir les sens affûtés pour les avoir repérés aussi vite et à la vue du déploiement, ils n’en sont pas à leurs premières rixes avec les créatures sous la montagne.

Je finis par apercevoir les choses que lorsqu’elles sont suffisamment proches pour être éclairées par la lumière des torches. Des Rakhaunens ! Du moins ce qu’il en reste. S’ils ont l’apparence et l’armure de leurs semblables, c’est bien là les seuls points communs qu’ils possèdent. Visiblement morts, ces choses n’en sont pas moins douées de l’instinct de vouloir nous taillader en pièce, pour des raisons que je préfère ne pas connaître. Je me tourne rapidement vers le chef des nains, mais Yürlüngür semble m’avoir devancé en réclamant nos armes. Après une brève hésitation, il fait signe à l’un de ses hommes qui nous rend nos armes. La jeune fille prélève une dague et me laisse la plus dangereuse. Même si je suis rassuré de la revoir entre mes mains, je doute que son effet particulier soit applicable sur des créatures déjà mortes.

Sans prendre le temps de tergiverser, ma camarade se rend vers un côté et moi d’un autre. Les Rakhaunens sont des guerriers farouches et de solides gaillards. Aussi expérimentés qu’ils sont, l’ennemi est nombreux et ne voulant pas rompre la formation, je me faufile derrière eux et use de l’allonge plus grande de mon bras pour frapper là où le besoin s’en fait ressentir. La ligne de défense est subitement affaiblie lorsque les assaillants se font trop nombreux et immobilisent les bras d’un Rakhaunen. Malgré sa force et l’aide de ses camarades il se fait lentement attirer à l’extérieur. Une des créatures parvient à monter sur les autres et martèle de coup le malheureux qui ne peut s’extraire de l’emprise de ces choses. Je m’avance jusqu’à la créature en hauteur et use d’une épaule de mes petits camarades d’armes pour y poser ma main afin de m’élancer et de frapper d’un coup de pied aussi fort que possible au niveau de la tête. Si je ne semble pas avoir fait de dégâts sérieux, la créature perd cependant l’équilibre et tombe à la renverse, gênant ses consœurs. Le nain n’est pour autant pas tiré d’affaires et lutte pour ne pas se faire emporter. Après avoir repris ma stabilité au sol, je l’agrippe par le col de son armure pour l’empêcher de s’éloigner davantage et frappe les mains mortes qui font l’exact opposé.

(Bon sang ce qu’il est lourd le pépère ! Faudra penser à un p’tit régime mon gros !)

Mon entreprise n’étant pas concluante, je passe à la vitesse supérieure. J’use de mon énergie pour accélérer mes attaques jusqu’à atteindre la limite physique de mon bras. Heureusement pour moi mes cibles sont immobiles et favorisent mes chances de toucher malgré le manque de précision de la technique. Bien que plusieurs mains soient touchées, elles restent malgré tout encore agrippées au nain. Ma main gauche toujours sur le col du malheureux Rakhaunens, je me laisse attraper mon autre main par la poigne ferme du nain à ma droite, derrière moi, et m’en sert pour tirer de toutes mes forces. Les deux nains sur les côtés parviennent à repousser les créatures devant eux suffisamment pour déblayer un peu de mon côté. Les mains que j’avais touchées quelques instants plus tôt finissent par lâcher et le nain, que je tiens fermement, balance un puissant coup de marteau de bas en haut se libérant totalement de l’étreinte. Dans l’élan je l’emporte avec moi et je finis dos au sol avec la charge d’un nain et de son attirail dépassant le quintal.

(Hooo punaise il est encore plus lourd que je ne le pensais !)

Je fais au mieux pour l’aider à se remettre sur pied et éviter de voir la ligne de défense se faire déborder. Même si ma seule et unique envie pour le moment est de me libérer de l’espace pour respirer !
[Utilisation de la compétence les cents lames au rang max, c'est à dire 2.]

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Re: Les Mines

Message par Gamemaster7 » sam. 4 janv. 2020 18:04

Émergence : màj pour Yurlungur et Jorus


Lorsque que Yurlungur revint prudemment se placer au centre du cercle formé par les Rakhaunens après avoir neutralisé deux goules et examina la situation, elle put découvrir un étrange spectacle dans le chaos ambiant : Jorus était à terre, sur le dos et en train de suffoquer sous le poids sans doute conséquent de l'un de leurs alliés de circonstance visiblement tombé avec lui. Tous deux se débattaient, un peu comme des tortues qu'on aurait mises sur le dos, pour se relever, mais la jeune fille put sans mal réaliser qu'ils n'en auraient sans doute pas le temps : leur chute avait engendré une brèche dans le cercle défensif et déjà la meute hurlante de goules s'y précipitait.

Non seulement Jorus et son "fardeau" allaient être incessamment submergés, déchiquetés et dévorés vivants s'ils ne parvenaient pas très vite à se relever, mais la formation défensive des Rakhaunens vacilla sous cet assaut, menaçant de se disloquer. L'un d'eux était d'ailleurs tombé, deux goules étaient en train de le dépecer vivant malgré les efforts de ses compatriotes pour le protéger. Les Rakhaunens étaient incontestablement de rudes combattants, leurs haches et leurs marteaux faisaient des ravages dans la horde grouillante, mais les goules ne se souciaient nullement de leurs pertes et ne "mourraient" pas aisément ; même à terre, atrocement blessées ou mutilées, les ignobles créatures cherchaient encore à saisir, à mordre ou griffer.

Sans être désespérée, la situation tournait peu à peu au vinaigre et la lutte se faisait de plus en plus acharnée, combien de temps allaient-ils encore tenir face à la meute affamée?


*****


HRP : l'xp vous sera attribuée à la fin de la présente situation. Pour la suite du combat, dites-moi sur discord ce que vous comptez entreprendre et je vous donnerai les indications/consignes nécessaires.

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Yurlungur
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Re: Les Mines

Message par Yurlungur » lun. 6 janv. 2020 21:34

...

Alors qu'elle retournait à l'intérieur du cercle défensif justement pour prendre une courte pause avant de retourner au combat, ce fut le moment que choisit la formation pour commencer à se disloquer. Jorus venait de tomber à terre d'un côté, écrasé par l'un des Rakhaunens qui l'empêchait de se relever immédiatement : il n'en fallait pas plus pour que des goules s'approchent furieusement pour tenter de pénétrer par la brèche ainsi ouverte, mettant en péril toute la ligne de défense des nains cendrés. Ceux-ci, d'ailleurs, enregistraient leur première perte : malgré leurs talents martiaux, l'un d'entre eux avait été éloigné de ses semblables et commençait à être écorché vivant par une meute de goules qui l'assaillaient.

Le sang de Yurlungur ne fit qu'un tour. Elle se précipita vers l'entrée de la brèche ouverte par Jorus, pour tenter d'en contenir le flot, mais elle sentit rapidement qu'avec sa faible corpulence et son style de combat, qui consistait essentiellement à éviter les coups plutôt qu'à les parer et les repousser, la brèche aurait tôt fait d'être rapidement submergée elle-même. Elle commençait déjà à reculer face aux deux goules qui l'assaillaient, et face auxquelles elle était bien forcée de rester sur la défensive au risque de prendre un méchant coup, sans parvenir à déterminer de solution optimale pour les repousser.

Sans réfléchir, alors qu'elle commençait à buter en arrière sur le talon du Rakhaunen, elle sauta dans les ombres pour se reporter derrière les deux goules. Celles-ci furent un instant surprises par cette disparition subite puis se lancèrent à l'assaut de l'adversaire suivant : Jorus. Il pouvait bien se débrouiller tout seul : Yurlungur avait déjà fort à faire avec les goules suivantes qui tentaient d'ouvrir encore un peu la brèche. Elle essayait de parer, mais avec une seule dague et une seule main, c'était difficilement réalisable - quand soudain elle eut une idée en entendant le Rakhaunen enseveli agoniser sous les morsures des goules.

Celles-ci cherchaient à manger. Elles étaient attirées par la chair fraîche.
Et qu'y avait-il de plus frais que la chair d'une jeune fille ? Plus elle y pensait, plus elle songeait que c'était à la fois terriblement dégoûtant et quelque peu satisfaisant, moralement, de se savoir aussi appétissante.

Sans attendre, elle s'écorcha assez profondément l'avant-bras gauche, afin que la blessure reste légère mais qu'un filet de sang conséquent en sorte aussitôt : d'un geste brusque, elle projeta une volée de gouttes de sang aux alentours. L'effet fut immédiat : des goules aspergées à portée se détournèrent de leur cible précédente, décidément bien trop bardée de métal noir et fort peu alléchant pour s'avancer vers elle. Le nombre d'ennemis qui venait vers elle devenait important, sans doute bien trop pour elle seule, mais ça n'avait aucune importance : l'essentiel était d'attirer à elle un grand nombre de goules afin de réduire la pression sur le reste du groupe. Elle avait un plan - un plan suicide, embryon de plan plutôt - et elle estimait qu'il avait de bonnes chances de fonctionner : elle fuirait à allure réduite, laissant toujours les goules la rattraper, de façon à en attirer le maximum loin du combat central. Les Rakhaunens et Jorus pourraient alors bien plus aisément défaire celles qui restaient, puis viendraient à sa rescousse... Du moins fallait-il l'espérer.

Une inconnue cependant subsistait : pour fuir, il fallait s'écarter, mais elle ne parvenait absolument pas à déterminer combien de goules il restait encore. Or, si une vingtaine de goules lui tombait dessus, à elle seule, elle aurait du mal même pour seulement éviter tous leurs coups...

Elle fit le pari qu'il n'y en avait pas beaucoup plus que celles qui se trouvaient à portée de vue et s'approcha dangereusement de la goule face à elle pour se téléporter immédiatement, juste derrière les assaillantes, sur qui elle envoya à nouveau une giclée de sang en pressant un peu sur la plaie afin qu'elles se retournent vers elle. Elle était alors entourée de goules : afin d'éviter les attaques qui venaient de tous les côtés, elle se mit à se mouvoir avec toute l'agilité dont elle était capable, se tordant en deux, se courbant, sautillant d'un côté puis de l'autre, avant de se téléporter encore une fois un peu plus loin, de façon à s'éloigner progressivement du centre des Rakhaunens. Elle se trouvait dans une position fort défavorable : isolée, blessée, avec des ennemis qui se tournaient vers elle devant, à droite, à gauche... Si ça n'attirait pas les goules, elle ne savait plus quoi faire. Et en même temps, elle commençait doucement à regretter la folie qui l'avait prise. Sa ruse ressemblait de plus en plus à une mission suicide et, dans la position où elle était, elle se trouvait incapable de déterminer si elle attirait à elle suffisamment de goules. Il y en avait en tout cas tout un tas qui commençaient à s'amasser autour d'elle, l'écorchant malgré tout ici et là - elle ignorait combien.

Elle se fondit une nouvelle fois dans les ombres pour sortir de sa position, espérant atteindre rapidement un espace plus ouvert en sortant de la mêlée de goules... Et en les attirant plus loin.

(((Se blesse au bras gauche pour envoyer du sang sur les goules, puis quitte les rangs pour essayer d'en attirer à sa suite.
Utilisation de la posture Insaisissable au rang 5 à partir du moment où elle est entourée de goules)))

...
Modifié en dernier par Yurlungur le jeu. 16 janv. 2020 16:30, modifié 1 fois.

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Re: Les Mines

Message par Jorus Kayne » ven. 10 janv. 2020 21:23

Le choc est rude et le poids du nain sur moi est conséquent. Pourtant mon plus grand danger n’est pas de suffoquer sous les fesses d’un Rakhaunen, mais de voir une troupe de créature venir par la brèche que j’ai créée en extirpant le nain. Avec toute la vigueur dont je suis capable, j’arrive à sortir de cet enfer pour faire face à un autre, à l’image des trois choses qui se ruent sur moi et le nain qui peine à se relever sous le poids de son armure. Je me saisis de ma dague tombée au sol dans la chute, ainsi que mon boomerang et accueil les choses avec toute la bienveillance que je peux leurs offrir. Je cible la créature la plus proche et envoie mon arme de jet qui se coince dans une jointure de l’armure au niveau de l’épaule. Une partie de son armure s’enfonce dans sa chair, signe qu’elle a certainement pris cher avant d’arriver à moi. J’enchaîne rapidement avec violent coup dans la gorge, remontant dans la boîte crânienne, pour terrasser la chose et profite de l’occasion pour récupérer mon arme de jet.

Les deux créatures restantes profitent de l’occasion pour me sauter dessus et une parvient à me lacérer le visage, tandis que l’autre me mord méchamment le bras gauche, avant que je puisse m’extirper de son étreinte goulue. Comme si la bête que nous avons croisée avec notre guide Sindel n’avait pas suffi. Ne pouvant jouer la carte de l’esquive, ce qui laisserait le nain au sol démuni, je tâche de bloquer les coups. Ces êtres ou ces créatures étaient d’anciens Rakhaunens, gardant l’armure qu’ils possédaient au moment de trépasser ainsi que leur force prodigieuse. La proximité de l’affrontement m’oblige à un duel de force, mais je suis clairement en dessous de mes opposants qui me font rapidement mettre un genou à terre, balançant leurs griffes et claquant leurs mâchoires dans ma direction.

La pression qu’exerce la créature de gauche prend fin lorsqu’un énorme marteau l’écarte de moi de plusieurs mètres par un coup au torse. Un Rakhaunen est venu à mon aide alors je commençais à croire qu’ils me laisseraient mourir ici. Je profite de l’occasion qui m’est offerte pour renverser la situation. Au lieu d’opposer ma force contre mon assaillant, je me relève en serrant son bras gauche tandis que lui me rend la pareille et enfonce ses griffes dans la chair. Serrant les dents et ignorant la souffrance que me cause la morsure, je saute et tourne autour du bras que je serre de toutes mes forces. Cela entraîne une torsion du membre, un bruit sinistre de son épaule, ainsi qu’une perte de force de mon opposant. Ma pirouette m’offre un élan que j’exploite, en engendrant une rotation qui me sert à envoyer voler la chose au sol, qui roule un peu plus loin, entraînée par son poids.

J’aide le nain, que j’ai emmené au sol avec moi, à se relever et du regard je cherche le chef des Rakhaunens dans la cohue. Celui-ci fait preuve d’un subtil mélange entre fracassage de crânes et gestion de la ligne de défense en beuglant des ordres incompréhensibles pour moi.

"Maerg, ils sont trop nombreux ! Il nous faut nous replier dans les galeries et les faire s’écrouler sur ces choses !"

En moi je sens l’inquiétude de ma faéra grandir. Cet être pourtant d’un optimisme à toute épreuve, semble quelque peu appréhender ma proposition.

(Que ce soit à l’aide de la magie, ou en sabotant des sections porteuses des tunnels, je suis sûr qu’ils ont appris à faire cela efficacement durant les quatorze derniers millénaires ! Du moins je l’espère. Nous n’avons pas vraiment d’autre choix de toute manière !)
Blessure légère au visage et la morsure m'inflige une blessure grave au bras gauche. Saleté !

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Gamemaster7
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Re: Les Mines

Message par Gamemaster7 » dim. 12 janv. 2020 19:50

Émergence : màj pour Yurlungur et Jorus


Tandis que Jorus et les Rakhaunens se démenaient pour contenir la meute affamée, Yurlungur employa une habile ruse et parvint, comme elle le souhaitait, à entraîner à sa suite bon nombre des abjectes créatures. Evidemment ce n'était pas sans risque, mais les goules ne pouvaient vraiment rivaliser avec l'adresse de la jeune Assassine qui pouvait dès lors les emmener un peu où elle voulait dans l'immense salle.

Pour Jorus et les Rakhaunens, cela eut pour effet de réduire passablement le nombre d'assaillantes au moment même où le jeune homme clamait à Maerg qu'il fallait fuir. Ce dernier lui retourna un sourire féroce après avoir éclaté le crâne d'une goule d'un rude coup de marteau :

"Rrrakhaunens pas fuirrr, pas lâches! Nous battrrre et avoirrr victoirrre!"

Et de fait la situation se renversait, maintenant que les goules étaient moins nombreuses les Rakhaunens épaulés par Jorus semblaient capables de reprendre le dessus. Quant à Yurlungur, c'était bien joli d'entraîner à sa suite les créatures, mais comment allait-elle s'en débarrasser?


*****


HRP : l'xp vous sera attribuée à la fin de la présente situation. Vous pouvez rp la fin du combat librement, le fait d'avoir divisé les goules vous assure la victoire, amusez-vous !

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Re: Les Mines

Message par Yurlungur » jeu. 16 janv. 2020 16:29

...

Comme elle s'y attendait, une grande partie des goules la suivait à la trace. L'idée lui semblait de moins en moins adéquate, d'autant plus que la pression commençait monter. Les effets thermodynamiques sont ainsi fait qu'une élévation de pression s'accompagne généralement d'un accroissement proportionnel de la température : et effectivement, Yurlungur commençait à avoir chaud. Il y avait trop de griffes, dans tous les sens : elle pouvait difficilement se repérer, bien qu'elle imaginât être déjà à quelques mètres du groupe central, et quelques écorchures venaient déjà garnir les parties les plus exposées de sa peau. Ces blessures étaient certes bénignes et sans aucune importance, mais elle avait le pressentiment que le moindre faux pas, ainsi entourée d'ennemis, pourrait en amener d'autres, plus profondes et plus sévères, si bien qu'elle se démenait pour s'agiter dans tous les sens, devenant proprement insaisissable, tout en dirigeant son mouvement au loin du groupe central de Rakhaunens.

Il y avait pourtant un avantage à être ainsi cernée. Aucun nain cendré ne pouvait la voir. Elle avait disparu sous la marée de goules, qu'elle entraînait à sa suite, et eux devaient être bien occupés avec leurs propres assaillants qui, bien qu'en nombre réduit depuis le début de l'affrontement, ne devaient pas encore être vaincus. Alors qu'une goule se laissait tomber en avant, droit sur elle et la gueule grande ouverte, elle réalisa une esquive panique sur le côté puis, sans réfléchir, enfonça aussi profondément que possible la dague de Jorus dans la nuque de l'assaillante pour reprendre son équilibre. Un craquement sinistre retentit : lorsque la tête se mit à rouler sur le côté, la jeune fille avait récupéré une apparence plus décente.

Son armure sombre se fondait dans la masse de celles de ses assaillantes qui parurent un (court) moment surprises du changement d'apparence de leur proie pourtant si alléchante l'instant d'avant. Elle en profita pour dégainer une dague, se saisir d'un fumigène accroché à sa ceinture et le jeter au sol, juste devant elle, puis reculer un bon coup en renversant la goule qui se trouvait sur son passage d'une charge à l'élan si faible qu'elle sembla presque inutile. Elle se dirigeait naturellement dans la direction opposée au groupe : les fumigènes, s'ils servaient à étourdir les goules autant que possible, devaient aussi couvrir sa métamorphose le temps qu'elle se débarrasse des morts-vivants. Elle se couvrait le visage de son bras armé en dégainant une seconde dague pour affronter la goule face à elle. Si la fumée la gênait légèrement, bien qu'elle ait réussi à sortir rapidement de la zone couverte, ce n'était absolument pas le cas des macchabées, dont un certain nombre restait encore dans la fumée plus par stupidité que par réelle gêne.

Elle en avait trois devant elle. Une belle brochette : elle admirait le sang séché qui avait dégouliné un temps de leurs mâchoires à moitié brisées et leurs allures patibulaires. Elle laissait une forme de rage sourde croître en elle, et il n'y avait aucune difficulté à cela. L'opposition que ces créatures lui manifestaient était de nature à la foutre en rogne. Elle se glissa autour d'un coup de griffe et, dans un effort poussé, tout en continuant à se mouvoir avec agilité autour des attaques qui lui étaient adressées, elle planta successivement sa dague dans le bras, le torse et la jambe de ses trois ennemies. Elle avait naturellement compris que de telles blessures ne les élimineraient pas, mais elle n'avait pas le temps de viser et y mettait assez de forces pour réaliser tout de même des dégâts assez handicapants : le bras visé tomba, la goule touchée à la jambe faillit s'écrouler et l'autre recula, hébétée, avant de lui foncer dessus en hurlant. Yurlungur lui passa à travers et se retrouva seule face aux ténèbres.

Il n'y avait plus personne de ce côté-là. Elle se retourna vers l'amas de goules qui commençait à sortir du cercle de fumée, un sourire aux lèvres. Les ennemis ne se trouvaient plus que d'un côté. Elle se sentait prise d'une exaltation subite, une certaine envie de meurtre, ou plutôt de purification. Elle ne comptait guère parmi les individus glauques qui faisaient du réveil de ces monstruosités un art : pour elle, la réanimation de cadavres était l'apanage des mages d'ombres incapables de se battre correctement par ailleurs. Cela lui rappelait qu'elle détestait les mages, et les mages sombres à plus forte raison ; dans une autre vie, elle aurait fait une excellente inquisitrice, sans aucun doute. Ce fut un instant exquis pour la jeune fille, qui s'imaginait déjà tous ses adversaires morts, étendus au sol.

Elle sauta sur la goule la plus proche, celle qui avait déjà perdu un bras, lui fit perdre l'équilibre, chuta au sol avec elle et, en se relevant prestement pour faire face aux autres, lui donna quelques coups de botte sauvages et répétés, jusqu'à ce que sa cervelle ne fût plus qu'une bouillie répugnante. Face aux goules qui l'approchaient, elle répéta la même technique que précédemment, mais à une ampleur bien plus vaste : ce furent cinq goules qui furent chacune touchées par un coup de dague, alors qu'elle continuait à se maintenir dans une posture intouchable. L'adrénaline de l'instant la rendait incontrôlable, elle en voulait plus, toujours plus, elle découvrait en son cœur le besoin compulsif d'annihiler cette fausse vie. Deux des blessées s'effondrèrent et, face aux trois qui restaient, toujours aussi voraces, elle esquiva le coup de celle la plus à droite, lui trancha nettement le cou en riposte et se décala pour placer le corps du revenant entre elle et les deux suivantes, qui se gênèrent mutuellement alors que leur comparse s'effondrait.

Les ayant alignées, elle transperça la seconde vers le cœur, puis lui donna un coup de pied dans le torse pour la jeter sur l'autre, alors qu'une énième goule se précipitait sur elle de l'autre côté. Elle se glissa sous l'attaquante et roula sur le sol vers d'autres adversaires. Deux se présentaient face à elle - et il y en avait encore au moins une autre derrière, songea-t-elle - : elle se releva d'un saut carpé puis para une attaque de la lame gauche, transperça la seconde de l'autre. Elle ne parut pas bien désarticulée, aussi fallut-il un second coup vers le menton pour la faire s'effondrer pour de bon. Elle disposait désormais d'un matériel autrement plus dangereux que tantôt ; d'autre part, elle ne retenait plus ses coups et les imprégnait d'une fureur folle. La dague de la Trinité rentrait comme dans du beurre dans ces adversaires ; certaines de ses lames s'étaient brisées, mais se reformaient rapidement, comme par enchantement. Elle n'avait pas tenu le compte, mais ça n'avait aucune importance désormais.

Elle se tourna à temps pour bloquer du brassard l'attaque de la goule qui s'approchait de derrière : sa griffe se logea dans l'une des anfractuosités, alors qu'elle esquivait de justesse un autre coup de griffe de celle qui restait face à elle. D'un mouvement brusque, Yurlungur brisa les os de la main prise au piège, puis se libéra de cette attraction en se fondant dans les ombres, atterrissant à proximité de la fumée. Celle-ci commençait doucement à se dissiper et on percevait quelques bruits de lutte de l'autre côté : considérant qu'il n'y aurait plus aucun ennemi venant de ce côté, elle s'adossa au nuage grisâtre et se prépara à affronter les quelques goules qui continuaient à tenir debout.

La première qui se présenta boitait - c'était celle qu'elle avait déjà blessée une fois, tout au début - et elle s'en débarrassa sans trop de difficulté, jouant du côté où elle manquait d'appui pour esquiver ses attaques sans souci et finir par lui trancher la nuque. Soudain, elle perçut un mouvement à l'extrémité de son champ de vision, du côté de la fumée : il y avait quelque chose qui approchait, à peu près de la taille d'un Rakhaunen. Goule, pas goule ? Elle n'avait de toute façon pas le choix, si elle était vue ainsi... elle se précipita vers la fumée et, face à l'adversaire qui se présentait, pointa sa dague en direction du visage.

L'attaque dut surprendre car elle passa avec facilité la garde du Rakhaunen, qui hurla de douleur alors que l'un de ses yeux était définitivement perdu. Il brandit sa hache et tenta de la tailler en deux. Sans réfléchir, elle laissa l'attaque passer et son armure fit son boulot, la rendant intangible pendant quelques instants le temps que la hache s'abatte au sol. Tirant parti du moment d'hébétude du Rakhaunen, elle se jeta sur lui et lui planta à nouveau la dague, dans l'autre œil, avant de le pousser sauvagement en direction des dernières goules qui restaient debout de son côté.

Sacré massacre. Mais la fumée se faisait de moins en moins dense, et l'arrivée de Rakhaunen ne disait rien qui vaille. Elle rengaina ses dagues, se lécha distraitement la plaie qu'elle s'était ouverte elle-même pour attirer les goules - c'était probablement la moins infectée - et récupéra l'apparence de tantôt en observant avec un certain dédain le Rakhaunen aveugle se faire dépecer vivant par trois goules. Cela occupait celles qu'elle n'avait pas eu l'occasion de tuer elle-même : elle estimait que, si elle passait la fumée, elle tomberait sur des Rakhaunens en armes en train de sécuriser la zone. Elle se recula un peu, attendant que les goules aient fini leur festin. Après tout, elle était désormais désarmée et, lorsqu'elle aperçut les premiers renforts approcher, elle prit un air horrifié, les yeux fixés sur la ripaille des goules, qui furent rapidement éliminées par les compagnons d'arme de l'aveuglé. Celui-ci était heureusement mort, visiblement, et les Rakhaunens l'escortèrent jusqu'au gros des troupes, l'air faussement apeurée.

En croisant Jorus, elle se souvint brusquement qu'elle avait égaré sa dague. Se retournant vers le champ de bataille, elle chercha un moment au milieu des cadavres jusqu'à la retrouver et la ramener à son propriétaire.

« Chose promise, chose due, lui souffla-t-elle avec un sourire. »

(((Récupère son apparence. Lance un fumigène. Tue un certain nombre de goules ; aveugle un Rakhaunen qui l'a surprise sans son masque, puis le jette en pâture aux goules restantes, puis récupère son apparence et attend l'arrivée des renforts. Rend la dague à Jorus à la fin.)))

...
Modifié en dernier par Yurlungur le dim. 19 janv. 2020 12:47, modifié 1 fois.

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Jorus Kayne
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Re: Les Mines

Message par Jorus Kayne » ven. 17 janv. 2020 17:08

Alors que je hurle à Maerg de faire s’effondrer le plafond, celui-ci me rétorque que les Rakhaunens ne sont pas des lâches et qu’ils ne fuiront pas un combat. Dans un sens j’en apprends un peu plus sur eux, mais nous sommes dans une situation où nous ne pouvons pas vraiment nous permettre de privilégier l’égo. Du moins c’est ce que je pense et je ne me cache pas de le faire savoir.

"Vous vous fichez de moi ? Vous refusez la maîtrise du terrain sous ce faux prétexte, mais se terrer pendant quatorze mille ans ça par contre c’est pas un problème !" Je m’arrête un instant pour me saisis de ma gourde pour soigner ma blessure la plus importante, qui arrête de saigner une fois le liquide bu. "Vous voulez voir comment se battent les humains ? Parfait !"

Les goules sont désormais bien moins nombreuses grâce à l’intervention de Yürlüngür, mais de ce fait, elle se met gravement en danger. Malheureusement si je veux l’aider, je suis obligé d’éliminer toutes ces choses qui me barrent la route. L’une d’elle s’approche de moi les griffes bien tendues dans ma direction. J’use de mon boomerang en main gauche pour détourner ses armes naturelles, mais je ne m’arrête pas là. Je tourne sur moi-même, laissant mon adversaire être emporté par sa vitesse et sa masse. Avant que celui-ci ne soit trop loin, je termine ma rotation en frappant la chose de ma dague à l’épaule. Un cri de douleur retentit, mais si le coup fait mal, il ne terrasse pas la créature pour autant. Je me laisse presque tomber et use de mon poids pour déchirer davantage la chaire une première fois, puis une deuxième et met un point final à la vie de cette chose.

Près de moi le nain qui m’a accompagné au sol est aux prises avec deux créatures. J’attrape la plus proche de moi par le col de l’armure et l’envoie au sol un peu plus loin. Dégagé d’un poids, le Rakhaunen porte un coup de manche à décrocher les mâchoires à la créature qui perd une bonne poignée de dents. Elle essaie de se débattre, mais je lui fais perdre l’équilibre en frappant l’arrière du genou droit d’un coup de pied, forçant la chose à poser le genou au sol. Avec une telle position défavorable, le nain de cendre a l’occasion d’armer son coup et pulvérise la tête avec son marteau. Le Rakhaunen recule d’un pas et affiche une mine sévère en regardant vers moi. Il beugle quelque chose d’incompréhensible et s’apprête à me frapper. J’esquive d’une pirouette sur le côté, évitant ainsi la charge dans mon dos de la goule que j’ai écartée un peu plus tôt. Elle poursuit sa route et arrive droit sur le nain qui enfonce son marteau dans la cage thoracique de la créature.

Autour de nous l’espace est quasi dégagé et les autres nains achèvent les dernières goules qui n’ont pas été attirées par Yürlüngür. Celle-ci est d’ailleurs dans une très fâcheuse posture et a besoin d’une aide immédiate. Alors que le nain le plus proche de moi s’échine à extraire son marteau, au sol son bouclier m’interpelle, faisant émerger une idée folle. Je me précipite pour le ramasser déclenchant la stupéfaction et l’incompréhension, voir colère du Rakhaunen. Je le soupèse rapidement. Ovale, il fait à l’œil moins d’un mètre de haut pour presque la moitié de large. Bien qu’il soit en bois dure renforcé par du métal, il semble suffisamment léger pour ce que je compte entreprendre. Toujours sous le regarde circonspect du nain, je ne lui laisse cependant pas le temps d’émettre une objection et m’élance vers la jeune fille, une fois le bouclier bien en main.

J’arrive à la hauteur de la foule amassée autour de Yürlüngür, où une étrange fumée prend naissance et je crains pour elle. Je dévie du chemin le plus court pour trouver sur ma route un corps mort pour la dernière fois et visualise le lieu prévu de l’atterrissage. Tandis que la morsure m'oblige à faire preuve de volonté pour ignorer la douloureuse morsure, je prends mon élan pour sauter, aidé par le corps au sol pour me propulser davantage, ainsi que par les étranges encouragements de ma faéra.

(Vers l’infini et au-delà !)

Prenant de la hauteur, je finis fatalement par amorcer ma descende en dressant le bouclier face à moi. Il serait dommage que j’atterrisse sur une goule ayant conservé son casque. Je percute une créature de mon bouclier et en fait tomber d’autres autour d’elle, créant l’espace d’un instant un trou, qui je l’espère, ne se refermera pas sur moi.

(Fait attention de ne pas te faire attaquer par Yürlüngür !)

(Tu dis ça, mais tu n'as pas peur que je la frappe elle ?)


(Non ! Pas vraiment.)


Je me relève avec la vivacité d’un poisson fraîchement sorti de l’eau et m’éloigne cherchant la jeune fille. Sur ma droite je la vois qui a subitement revêtue l’apparence que je lui connaissais avant de rencontrer les Rakhaunens. Fait étrange mais qui ne me sera d’aucune utilité pour lutter contre ces monstres. La fumée s’étend et au travers d’elle, des créatures déboussolées avancent jusqu’à moi, alors que l’écran de fumée me bloque la vue sur Yürlüngür. Je bloque les créatures de gauche avec le bouclier du nain, tandis que de ma dague, je frappe inlassablement les morceaux de bras déchiquetés qui s’approchent toutes griffes tendues vers moi. La présence du bouclier attise la colère des goules qui savent que de l’autre côté, un corps de chair fraîche les attend. Peu habitué à manier une telle protection, la pression s’intensifie graduellement et des mains déchiquetées apparaissent sur mon côté de ma protection de bois et de métal.

Si les goules veulent voir ce qui se trouve de l’autre côté, tant pis pour elles. Je baisse la protection assez pour voir apparaître une tête immonde et frappe un grand coup dans le crâne, non sans recevoir des coups de griffes qui trouvent sur leurs chemins mon armure. Pas complètement morte, je dégage le bouclier pour placer un coup de pied et faire tomber les créatures qui se trouvaient derrière. Un peu plus loin, j’entends les Rakhaunens qui beuglent et selon moi c’est une charge. Il ne nous reste plus qu’à attendre les renforts et la hargne de ces derniers élimine nos adversaires bien plus rapidement que je ne l’aurais cru.

Le combat se termine lorsque la dernière goule se fait écraser le crâne après avoir perdu l’usage de ses jambes. Yürlüngür arrive à mon niveau avec de nouveau l’apparence qu’elle a affichée lors de notre rencontre avec les nains de cendre. Elle me rend ma dague pour respecter la promesse qu’elle m’a faite. Cela ma rappel que j’ai moi aussi une promesse à respecter. Je rends le bouclier au nain et me dirige vers Maerg et tendant une nouvelle fois mes armes.

"J’ai dit que j’acceptais de vous suivre désarmé, mais je comprendrais que vous changiez d’avis après ça !"
Utilisation d’une grande potion de soin pour stabiliser la morsure.

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Gamemaster7
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Re: Les Mines

Message par Gamemaster7 » sam. 18 janv. 2020 19:40

Émergence : màj pour Yurlungur et Jorus


La réponse de Jorus à Maerg lui valut un regard furieux de la part du Rakhaunen, auraient-ils été seuls que le jeune homme aurait sans doute dû répondre de ses mots apparemment considérés comme fort insultants, mais la bataille faisait rage et le teigneux petit combattant avait plus urgent à faire que de corriger un humain impertinent. Quoi qu'il en soit, la ruse de Yurlungur permit au petit groupe de reprendre le dessus et, quelques minutes plus tard, la plupart des goules gisaient au sol, plus ou moins "mortes", tandis que les dernières survivantes s'enfuyaient précipitamment par l'un des tunnels quittant la salle. La jeune fille avait changé le cours de la bataille et permis la victoire mais, alors qu'elle rendait sa dague à Jorus, elle put sentir sur elle le regard plus soupçonneux que jamais de Maerg. Il scruta Jorus de la même manière, longuement, sans esquisser le moindre geste, lorsque ce dernier s'approcha pour lui redonner ses armes, avant de grogner :

"Toi bien battu, pouvoirrr garrrder arrrmes. Mais plus insulter Rrrrakhaunens, sinon…"

Il brandit férocement sa pesante hache de la plus explicite manière, puis posa les yeux sur Yurlungur et remarqua en fronçant suspicieusement les sourcils :

"Toi tuer beaucoup crrréaturrres… comment ? Fumée venirrr d'où ?"

La jeune femme allait devoir s'expliquer, ou inventer une histoire capable de convaincre le méfiant Rakhaunen, avant qu'ils ne puissent repartir.


*****


HRP : La disscussion peut se faire en aparté, je vous donnerai les indications nécessaires pour la suite en fonction de celle-ci.

Gain d'XP :

Jorus : combat contre les goules : 3XP
Yurlungur : combat contre les goules : 3XP

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Yurlungur
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Re: Les Mines

Message par Yurlungur » dim. 19 janv. 2020 12:46

...

À peine eut-elle rendu l'arme à Jorus que celui-ci demanda la permission au chef Rakhaunen de les garder. C'était un mouvement audacieux, mais c'était aussi le bon moment : s'il n'acceptait pas maintenant, il n'accepterait jamais. Et puis, étant donné l'aide précieuse qu'ils avaient apportée lors de l'affrontement, il aurait été quelque peu agaçant qu'il continue à vouloir leur confisquer leurs armes. Cependant, il y avait tout de même un détail qui clochait, et la jeune fille le savait bien, d'autant plus que le regard de Maerg dirigé sur elle était extrêmement soupçonneux. Elle avait employé un fumigène pour être tranquille mais n'avait pas pensé, sur le coup, que ça pourrait mettre en péril son innocence feinte et que cela lui attirerait des soupçons d'imposture de la part des Rakhaunens. Il était trop tard pour corriger cette bévue, de toute façon - et elle doutait qu'elle aurait pu se sortir d'une situation aussi périlleuse sans utiliser l'intégralité des ressources à sa disposition.

Maerg commença par répondre à Jorus qu'il l'autorisait à rester armé, à condition de ne plus injurier son peuple. Yurlungur haussa un sourcil. Dans le feu de l'action, elle n'avait guère prêté attention aux échanges de son compagnon avec les nains cendrés, mais s'il commençait à se lâcher avec eux, étant donné leur fierté et leur promptitude à se mettre en rogne, cela risquait de faire des étincelles... Il le menaça de sa hache, d'un mouvement qui se voulait brutal et sauvage, quoiqu'arrêté avant de toucher le jeune homme. Puis enfin il se tourna vers elle, méfiant, et l'interrogea sur sa facilité à vaincre les goules, et surtout sur l'origine de la fumée.

Elle lança un rapide coup d'œil aux alentours. Les Rakhaunens se rassemblaient à proximité de leur chef et il ne faisait aucun doute qu'il serait ardu de faire face à toute la troupe si celle-ci décidait de se défier d'elle. Une telle extrémité serait dommageable : elle estimait qu'elle pouvait s'enfuir, mais qu'elle serait rapidement complètement perdue dans les dédales souterrains... Ce n'était pas une fin qui l'attirait particulièrement. Il fallait qu'elle brode quelque chose. Elle commença par hausser des épaules, en adolescente mutine, une moue de contrariété sur le museau.

« Cela vous a bien servi, pourtant, que je sache me servir d'une dague. »

Elle désigna Jorus et expliqua :

« Je lui en ai emprunté une, pour pouvoir me battre. Il faut croire que je suis plus dangereuse armée que vous ne l'auriez cru. Je n'ai pas de dague pour une raison simple : afin que l'on ne me considère pas comme un danger. Et je peux toujours en emprunter une à Jorus si le besoin s'en fait sentir. Et ça marche : les goules m'ont pris pour une cible facile. »

Elle pointait implicitement l'une des faiblesses des Rakhaunens, qui l'avaient probablement jugée inoffensive au premier abord, mais c'était de toute façon une idée qu'ils avaient dû réviser au cours du combat. Elle cherchait encore une façon d'expliquer la fumée, sans trop dévoiler de ses secrets ; il fallait gagner du temps ou trouver une ouverture.

« Bien que votre peuple méprise les voyageurs, l'aventure a un mérite certain : elle forme au combat. J'ai bien dû apprendre à me servir d'une lame pour survivre, tout comme mon compagnon. J'ai grandi, j'ai mûri... J'ai rencontré des maîtres qui m'ont appris certains tours. »

Les choses petit à petit se mettaient en place. Est-ce que l'histoire serait suffisamment crédible, elle l'ignorait, mais elle ne souhaitait absolument pas expliquer qu'elle était armée depuis le début de leur rencontre et qu'il n'y avait vu que du feu. Du reste la surprise ne marche qu'une fois : lorsqu'elle sortirait de son cocon, ce serait probablement pour les trahir une fois pour toutes, les assassiner pour que personne ne sache... Sa supercherie ne marchait que tant qu'on ignorait qu'elle en était capable. Jorus, naturellement, se doutait forcément de quelque chose, mais elle lui faisait confiance ; et pour l'heure, elle n'estimait pas dans son intérêt de trahir les Rakhaunens. Dans le fond, il était donc dans leur intérêt qu'ils ignorent la vérité sur ses facultés.

« L'un de ces tours, vous l'avez vu, consiste en quelque sorte à devenir la brume. »

Elle l'avait déjà employé à tant de reprises au cours du combat qu'elle doutait que Maerg ait pu ne pas le remarquer, aussi ne se gêna-t-elle pas pour en fournir une dernière utilisation : elle fondit sur l'un des Rakhaunens sur le côté qui, surpris sans doute, et encore sur les nerfs après la rencontre avec les goules, leva instinctivement son arme ; mais au moment de se prendre la hache de pleine face, elle disparut dans une volute d'ombres et réapparut derrière lui, un sourire de satisfaction aux lèvres, ralentissant sur quelques pas avant de se rapprocher en continuant son explication :

« Cela m'a probablement sauvé la vie quelques fois rien qu'aujourd'hui. C'est... une faculté, ancrée en moi. Je serais bien incapable, malheureusement, de vous la céder comme Jorus vous a laissé ses armes. »

C'était là tout le fondement de l'argument : si on pouvait se désarmer, on ne pouvait pas oublier aussi aisément une capacité qu'on avait apprise. Il suffisait de jouer sur ce point pour tromper l'ennemi... Après une part de vérité, une part de mensonge : c'était une recette établie qui marchait souvent.

« Mon élément, c'est donc la fumée. »

Petite trouvaille. C'était plutôt les ombres, naturellement, mais elle savait bien qu'on peinait à distinguer la différence lorsqu'elle s'y fondait pour éviter un coup. Et puis, dans un sens, elle aimait bien enfumer les gens. Pas tout à fait faux non plus, ni tout à fait juste... petite trouvaille, mais parfaite. Elle leur disait qu'elle les enfumerait probablement sous des airs de sincérité !

« Une autre de mes ruses, c'est de faire apparaître un nuage de fumée, comme tout à l'heure. Mais c'est... plus compliqué que le précédent. J'ai besoin de me reposer dans un endroit spécifique pour être capable de l'employer à nouveau... Ce n'est pas un don aussi spontané que le précédent. »

S'il lisait entre les lignes, elle lui signifiait qu'elle était devenue incapable de l'employer à nouveau dans l'immédiat - ce qui était naturellement faux. Il lui restait encore une charge... Pour appuyer son propos, elle se tourna vers Jorus et continua :

« Tu m'as déjà vu faire plusieurs fois, tu pourras confirmer que ce que je dis est vrai. »

Mais Jorus, c'était aussi un excellent moyen de tromper l'ennemi.

« Mais... ces choses-là relèvent de secrets bien gardés au sein de mon ordre. Je vous en ai déjà dit beaucoup ; même Jorus n'en sait pas bien davantage. Je n'ai pas l'autorisation de vous en révéler toute l'essence... Et du reste, j'en serais bien incapable. Je ne suis encore qu'une novice... »

Voilà, son histoire était bâtie. Il y avait tout un tas d'éléments qui ne pouvaient être plus justes, et d'autres qui s'y accordaient assez bien. Comme dans tous les mensonges, le vrai et le faux se mêlaient allègrement, de façon à ce qu'on puisse difficilement distinguer l'un de l'autre - on se trouvait véritablement dans la pénombre, ni vraiment dans la lumière, ni vraiment dans l'obscurité totale. En quelque sorte, c'était par ici qu'il était le plus difficile de se repérer, parce que le doute était permis sur tout... Afin de couper court à d'autres revendications du chef, elle leva la main droite et annonça solennellement :

« Mais sachez que mon honneur m'est cher. Je vous promets de ne pas employer mes capacités contre vous et votre peuple, tant que votre cause sera juste. »

La dernière mention ne devrait pas faire peur à Maerg ; pour autant, la justesse d'une cause, c'était elle qui la déterminait, avec des arguments d'honnêteté variable, si bien qu'elle pouvait toujours s'arranger pour respecter son serment et trahir allègrement. La seule cause juste, elle pouvait aussi bien décréter que c'était la sienne propre ; ou encore que son honneur, elle le laissait au placard quand elle partait en aventure ; ou encore qu'un serment, ce ne sont que des mots qui s'envolent au vent... Non, elle n'aurait pas trop de soucis de conscience, mais elle espérait que son monologue conviendrait au Rakhaunen. N'ayant plus rien à rajouter, elle tourna son regard vers Jorus, comme pour l'inciter à la soutenir.

Une fois que celui-ci eût confirmé, elle proposa pour changer de sujet :

« Ne faudrait-il pas brûler les corps ? »

Elle désignait les goules “mortes” aussi bien que les cadavres des Rakhaunens tombés au combat.

...
Modifié en dernier par Yurlungur le ven. 31 janv. 2020 17:58, modifié 2 fois.

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Jorus Kayne
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Re: Les Mines

Message par Jorus Kayne » dim. 19 janv. 2020 13:56

A ma proposition de rendre les armes, Maerg consent à ce que je les garde sur moi, la preuve de mes prouesses martiales au service des Rakhaunens lui a semblé suffisante. Cependant, il émet une certaine objection, quoique menace serait plus adéquate. Je ne dois plus insulter les nains. Il ne termine pas sa menace, mais elle est suffisamment explicite ainsi formulée. Je m’apprête à lui rétorquer quelque chose, mais il arbore une expression soupçonneuse envers Yürlüngür et lui demande des explications concernant cette étrange fumée.

(Aïe ça se corse !)

La jeune fille commence son explication en précisant qu’elle possédait une de mes dagues et bien qu’il soit soupçonneux, ça lui a été bien utile. Elle continue son histoire en évoquant des voyages et des maîtres qui lui ont appris certains tours. L’un d’eux consiste à devenir comme la brume. Elle précise qu’elle est capable de générer un nuage de fumée, même si cette technique lui coûte beaucoup et impose un repos. Elle se tourne vers moi afin que je confirme ses propos. Elle enchaîne sur une explication vague, évoquant les secrets d’un ordre sans donner son nom, qu’elle en a déjà dit beaucoup et dont même moi ignorait les détails. Elle finit en précisant ne pas avoir l’autorisation d’expliquer davantage et novice dans ce domaine, elle pourrait en être d’ailleurs incapable. Enfin, elle lève une main et promet de ne pas user de ses capacités contre le peuple des nains tant que leur cause sera juste.

Beaucoup de choses ont été dites, certaines de petits mensonges, mais je savais déjà que Yürlüngür n’est pas avare sur le sujet. La première fois que je lui ai demandé des explications fut aussi la dernière et sans un pet de réponse. Pour le moment peu importe les faits, je me dois de consentir à son récit.

"Je confirme ce qu’elle dit, ou du moins le peu que j’ai été en mesure de voir et que vous-même avez remarqué. Vous pouvez vous sentir honoré d’autant de détail, j’ai posé la même question que vous la première fois que j’en ai été témoin et je n’ai jamais eu la moindre réponse." Je termine ces mots avec une pointe de déception mêlée à de la jalousie, avant de reprendre. "Quant à ces insultes, je n’ai jamais dit que vous étiez des lâches bien au contraire. De ce que je comprends de votre culture, il a certainement été très dur à vos dirigeants de prendre la décision de se cacher sous terre. J’ignore exactement ce qu’il s’est passé à l’époque, mais de ce que j’en sais, c’était la décision la plus sage et la plus courageuse à prendre. Une telle décision est digne des plus grands chefs, imposant le respect et non la moquerie !"

Je regarde les corps des goules autour de moi et y vois l'occasion de changer de sujet.

"Maerg, parlez-nous de ces choses. Comment les vôtres sont devenues ces...créatures ? Nous avons déjà combattu des morts, mais ceci est...différent !"

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Gamemaster7
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Re: Les Mines

Message par Gamemaster7 » sam. 25 janv. 2020 16:52

Émergence : màj pour Sibelle


Soigneusement encadrée par deux petits guerriers, Sibelle franchit la massive porte de pierre percée dans le flanc de la montagne et pénétra dans une grande et austère galerie, large de plus de cinq mètre et presque aussi haute. Un flot continu de petits êtres équipés pour la guerre continuait à en sortir, rang après rang, dans un ordre remarquable. A l'approche de l'Hinïonne et de ses chaperons, ils serraient simplement les rangs, leur permettant ainsi de s'enfoncer plus avant dans les entrailles du massif sans être bousculés ou même ralentis bien qu'aucun ne puisse apparemment s'empêcher de dévisager l'aventurière avec méfiance et surprise

Après une petite cinquantaine de mètres, une vaste salle approximativement rectangulaire se dévoila, guère plus haute que la galerie que Sibelle venait d'emprunter, elle mesurait quelques vingt mètres de large pour le double de longueur. Mais ces dimensions respectables étaient atténuées par l'encombrement de la salle : des dizaines et des dizaines de combattants attendaient là leur tour pour sortir de la montagne et des piles de matériel, provisions, armes et autres, étaient méticuleusement rangées contre les parois. Sur la droite et la gauche de la salle, plusieurs escaliers étaient visibles, certains montant, d'autres plongeant dans les profondeurs inconnues des Montagnes Grises, mais c'est vers une nouvelle galerie, identique à celle d'entrée et située au fond de la nef, que l'escorte de Sibelle se dirigea.

Les minutes passèrent, puis les heures, tandis que le petit groupe s'aventurait de plus en plus loin sous la montagne, désormais déserte, du moins en apparence. Sibelle put rapidement réaliser que les souterrains qu'elle arpentait formaient un complexe labyrinthe, sucession sans fin de galeries, d'escaliers, de salles, de tailles diverses et variées. Certaines parties semblaient être naturelles, en partie du moins, alors que d'autres avaient visiblement été excavées par ce petit peuple qu'elle découvrait. Si les petits combattants paraissaient s'orienter sans la moindre difficulté, l'Hinïonne fut bientôt totalement perdue, incapable de seulement dire s'ils se dirigeaient vers le sud, le nord, l'est ou l'ouest. Bientôt aussi la notion du temps perdit de son sens pour l'Elfe, privée du repère du soleil elle ne parvenait plus à dire si elle marchait depuis trois ou quatre heures, ou depuis le double de ce temps.

Finalement ses deux accompagnants se décidèrent à faire une halte dans une petite salle au sol plus ou moins plat et tendirent à Sibelle une étrange galette plate, dure et fibreuse, semblant faite d'un végétal inconnu, en lui expliquant très sommairement :

"Manger. Bon."

Les petits guerriers, bien que très endurants pour ce que l'Hinïonne avait pu en voir, avaient néanmoins besoin de bien plus de sommeil qu'elle, aussi eut-elle largement le temps de se reposer avant qu'ils ne se remettent en route. Pendant longtemps, des jours sans doute, la petite compagnie s'enfonça inexorablement dans la montagne sans que rien ne change. Partout régnait un silence sépulcral, troublé ici et là par le chuchotis du ruissellement, par le murmure d'un ruisseau ou, plus inquiétant, le rugissement d'un torrent plus important qui donnait l'impression que toute la montagne vibrait. De temps à autres, de précaires ponts de corde enjambaient d'insondables abysses, mieux valait alors ne pas avoir le vertige mais, bien sûr, pour Sibelle cela ne posa pas le moindre problème. Elle découvrit aussi quelques rares lieux véritablement enchanteurs, salles ou galeries magnifiquement ornées de concrétions plus ou moins translucides. D'immenses draperies décoraient ici et là les plafonds, côtoyant d'innombrables stalactites et des fistuleuses d'une incroyable finesse ; des colonnes imposantes se dressaient, donnant parfois l'impression de se trouver dans quelque antique salle d'un palais déserté, oublié depuis des temps immémoriaux.


*****


HRP : Apartés possibles avec tes "guides", si tu le souhaites.

Gains d'XP : Interactions courtes diverses : 0,5XP ; Interaction avec l'Ancien : 0,5XP ; Gestion de la situation et face à face avec les "Nains" : 3XP ; Total : 4XP

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Sibelle
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Re: Les Mines

Message par Sibelle » ven. 31 janv. 2020 13:02

C’est ainsi que la guerrière de haute stature escortée par deux petits guerriers pénétra dans le flanc de la montagne par la massive porte de pierre. Ils aboutirent dans une grande galerie d’au moins cinq mètres de haut dans laquelle circulait une quantité innombrable de nains gris. Armés jusqu’aux dents, rang par rang, bien disciplinés et organisés, ils allaient dans la direction contraire de l’hinionne. Tout en la croisant, ils se tassèrent suffisamment pour qu’elle et ses guides puissent passer aisément, non sans la dévisager et exprimer une moue à la fois méfiante et surprise.

Une cinquantaine de mètres plus loin, s’ouvrit une salle beaucoup plus vaste encombrée par une centaine de nains, tout aussi bien armés que les précédents, qui attendaient vraisemblablement leur tour pour emprunter la galerie qui les menait à la sortie. En plus des combattants, matériels divers, provisions et armes étaient rangées avec minuties le long des murs de pierre.

Examinant les lieux, Sibelle se rendit compte bien vite qu’il lui serait impossible se repérer si jamais elle prenait la fuite. De cette vaste salle partaient plusieurs escaliers ainsi que de nombreuses galeries. Ils empruntèrent l’une d’entre elles. Ils marchèrent ainsi pendant des heures empruntant tunnel après tunnel, naturel ou artificiel, dessinant un labyrinthe à tel point sinueux que seuls les habitués pouvaient s’y retrouver. N’ayant pas d’étoiles ou de planètes pour se repérer, Sibelle était complètement désorientée.

Arrivés dans une petite salle présentant un sol passablement plat, les deux nains gris prirent une pause. Une fois, tous les trois assis sur le sol de terre, l’un d’eux tendit une galette plate et dure à Sibelle, en lui expliquant d’une manière rudimentaire que ce serait son repas.

Sibelle accepta la galette, la renifla puis questionna ses guides.

« Qui va m'interroger ? Votre chef ? Un conseil de sage ? »

N’ayant aucune idée de ce qu’était un conseil de sage, le nain gris se gratta la tête, et répondit qu’ils avaient un chef. La guerrière enchaîna donc :

« Oui votre chef ... c’est lui qui va m'interroger ? »

Devant le hochement de tête de son vis-à-vis, Sibelle réfléchit. Elle cassa la galette et vit son aspect fibreux. Voyant que ces gardes ne maitrisaient pas la langue, elle s’exprimait avec des phrases les plus simples et courtes possibles.

« Et ensuite ? »

Ils ne savaient pas la suite. Ils pensaient que tout allait dépendre si elle allait leur être utile.
Avant de porter la galette à sa bouche, elle leur demanda de quoi il s’agissait :

« Qu'est-ce que c'est ? »

Tout en souriant, ce fut d’une voix forte, qu’il nomma cette galette barbe grotte et qu’ils les faisaient pousser sous les montagnes.

(Rakhaunens ... Rakhaunens ?)

Elle sentit de nouveau la galette blanche puis en prit une bouchée. Après quoi, elle fouilla dans son sac pour trouver de quoi boire. Surprise, elle tomba sur une belle et longue bouteille pleine d’un liquide inconnu, sans comprendre ce que c'était, ni comment cela s’était retrouvé dans son sac. Méfiante, elle l'ouvrit et sentit son contenu. Elle se rendit aussitôt compte qu'il s'agissait d'une boisson alcoolisée. Avec une idée bien précise en tête, elle en prit une gorgée puis tendit la bouteille à ses guides en disant:

« Buvez, c'est bon. »

Sibelle examina de plus près son reste de galette et déduisit qu’il s’agissait d’une sorte de lichen, sans doute cuit avant d’être pressé. Elle n’en raffolait pas, mais elle s’en contenterait, elle devait manger pour garder ses forces. Pour leur part, les nains goûtèrent prudemment la boisson alcoolisée puis après s’être consultés, ils lui remirent la bouteille, de bonne humeur et demandant de quoi il s’agissait. Ils avaient aimé bien qu’ils trouvaient que cela piquait la gorge.

Sibelle ne pouvant elle-même identifié le liquide avec précision, se contenta de répondre: « Eau de vie. Vous n'avez rien de semblable ? »

Elle prit une gorgée plus petite et leur tendit de nouveau la bouteille.

Ils en burent de nouveau et répondirent qu’ils avaient de l’alcool plus fort qui ne piquait pas la gorge, mais mettait feu au ventre.
Comme l’avait espéré Sibelle, les nains se détendirent quelque peu. Connaissant la réputation des nains quant à la consommation d’alcool, et puisque ceux-ci semblaient aimer autant les boissons fortes, elle se doutait bien qu’elle ne pourrait les enivrer. Elle savait qu’elle ne pourrait boire autant qu’eux sans en ressentir plus fortement les effets. Elle décida alors de leur concéder le reste de la bouteille.

« Je vous l'offre alors, vous pouvez la terminer. »

Souriant de bon cœur, ils remercièrent Sibelle d’un hochement de tête, finissant la bouteille tout en se la partageant.
Les voyant sourire, Sibelle tenta de leur soutirer un peu plus d'information :

« Passez-vous vos journées entières dans ces montagnes, ou y venez-vous seulement pour y travailler ? »

Ils avouèrent vivre essentiellement dans les montagnes, tout en rajoutant qu’il y avait trop de vermines aux oreilles pointues à l’extérieur.

« C'est la seule raison ? »

Mais avant qu'ils n’aient le temps de répondre, elle rajouta, piquée au vif puisqu’ils avaient parlé des oreilles pointues, un attribut qui faisait sa fierté:

« Et je suis une vermine également ? »

Par un haussement d’épaules, l’un précisa qu’il aimait mieux les montagnes. Alors que l’autre, même s’il savait qu’elle n’était pas une sindel, se demandait à quelle race elle appartenait.

« Si vous préférez les montagnes, pourquoi vouloir alors exterminer les sindeldi ? ... Et je suis une elfe blanche, aussi appelé Hinionne. Je suis originaire d'un autre continent nommé Nirtim. »

Les sindeldi avaient massacré ces nains et volé leurs mines. Ils ne pensaient plus qu’à les massacrer et à reprendre leurs montagnes. Bien que Sibelle leur avait expliqué qu’elle était une hinionne, ils ne comprenaient pas pourquoi, elle avait la peau blanche, s’interrogeant de fait, de la présence de soleil sur son continent.

« Je comprends bien que vous vouliez vous venger, ils vous ont traité comme des moins que rien, ils ne sont qu'imbus d'eux-mêmes... Il y a du soleil, nous sommes nés comme ça, avec une peau plus blanche, qui se transmet de parents à enfants. »

Elle prit le temps de prendre une bouchée de la galette sec, puis après l'avoir bien mastiquée et avalée, elle leur fit part de sa réflexion.

« Mais si vous les massacrez ... leurs descendants eux aussi voudront se venger lorsqu'ils auront repris en nombre, et ils voudront vous exterminer à leur tour.... ça n'arrêtera jamais.... vous n'aurez jamais la paix... Il doit y avoir une autre solution, non ? »

Aucunement en accord avec ce que Sibelle avançait, il rétorqua que la guerre serait finie lorsqu’il n’y aurait plus de sindeldi. Ils n’envisageaient aucune autre solution.

« Il en restera sûrement une poignée, qui se reproduira, comme vous l'avez fait... Et ça recommencera. »

Après avoir complètement terminé de manger la galette, elle poursuivit.

« Les sindeldi sont divisés, certains prônent l'égalité entre les peuples... ceux-là pourraient conclure une entente avec vous, en vous redonnant vos terres et en vous rendant ce qui vous a été volés. »

Sans trop comprendre les arguments de la guerrière, ils répétèrent qu’il n’y aurait pas d’entente, la guerre serait leur vengeance, les sindeldi devraient mourir et la guerre commençait maintenant.

Sibelle décida alors de changer de sujet de conversation, elle en avait appris à leur sujet pour trouver d'autres arguments lorsqu'elle rencontrerait leur chef. Elle voulait justement en savoir un peu plus sur ce dernier.

« Et comment est votre chef ? Il est vieux ? Il a une famille ? »

Sibelle crut comprendre que leur chef dénommé Rrakhaunens, n’était pas vieux et il avait beaucoup d’enfants ce qui était profitable pour une armée.

« Et la mère de ses enfants... Elle est chef aussi ? »

Il précisa alors que le chef avait quelques femmes, et que ces dernières n’étaient pas chef. Seulement les grands guerriers pouvaient le devenir.

Sibelle retint une grimace de désapprobation et ne fit aucun commentaire... Après quelques secondes de réflexion, elle leur demanda :

« Rhakhaunens, est le père de tous les nains ? Aucun autre nain n’est papa ? »

Les deux nains s’esclaffèrent de rire et l’un d’eux répondit que Rrakhaunen était le nom d’un peuple. Leur chef se prénommait Harrken et il avait douze enfants. Les Rhakhaunen étaient très nombreux, plusieurs milliers.

Les Rrakheunens ayant besoin davantage de sommeil que Sibelle, elle put amplement se reposer et reprendre des forces. Ils poursuivirent leur marche dans les montagnes pendant plusieurs jours. L’intérieur des montagnes était silencieux, à l’exception de temps à autre du bruit de l’eau qui ruisselle et coule dans les ruisseaux. Ils entendirent même le rugissement inquiétant du torrent qui faisait écho sur les parois de pierre, donnant l’impression que toute la montagne tremblait. Ils ont dû traverser quelques rudimentaires ponts de corde. Si Sibelle souffrait du mal de mer, il n’avait jamais eu aucun souci avec les hauteurs, et encore moins depuis qu’elle avait la possibilité de naviguer dans les airs par ses propres moyens.

Suivant le rythme des nains gris sans problème, elle s’arrêta tout de même dans l’une des galeries naturelles. Non pas qu’elle voulait reprendre son souffle quoique cet espace était d’une beauté naturel avec ses doux tons d’ocre et de blancs parsemés de stalactites et de stalagmites. Elle reprit néanmoins sa marche au bout d’une petite minute d’admiration.

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