Les enfers

[Mathis]

Bien qu’il fût disposé à répondre à toutes les questions, le phénix demeura impuissant face à la mienne puisqu’il n’avait aucune idée l’Identité de ce Krishok. Ce qui ne fut pas totalement le cas du pirate qui précisa que si ce Krishok était son maître, il appartenait sûrement à l’un des treize d’Oaxaca.
Ne pouvant m’apporter de réponse, le phénix se tourna vers Heartless. Il lui recommanda de ne pas sous-estimer la puissance de ce qu’il venait d’accomplir. La magie d’Avissérion n’était non seulement miraculeuse, mais il était presqu’impossible de l’arrêter. Il précisa qu’Avissérion possédait 60 % plus de fluides que Yuimen.

(Trop, c’est comme pas assez)

En effet, la magie d’Avissérion s’avérait très difficile à contrôler. Contrairement à ce que je croyais, il nous apprit qu’aucun magicien de notre monde n’avait réussi à se protéger d’une attaque de la magie d’Avissérion. Ne connaissant pas l’astuce que le Phénix nous avait enseignée par la pensée, ils ne pouvaient l’utiliser.

Après avoir répondu à la question futile de Nessandro à propos de son apparence, il reprit du sérieux pour expliquer ce qui était arrivé à Darion. La famille Marchegris en était une plutôt intolérante. Ils ne supportaient pas que leur fils soit tombé amoureux d’un homme. Voulant lui donner la leçon, non seulement, ils ont exécuté son bien-aimé et ils l’ont forcé à être témoin de sa mort. Ils l’ont ensuite banni et déshérité. En étudiant les anciens textes, il a appris l’existence du phénix. Découvrant les pouvoirs de la magie d’Avissérion, il a fait venir à lui l’âme tourmentée du garde bien-aimé. Il a fait le souhait d’être uni à son amant pour toujours. Mais les vœux devaient être énoncés avec précision afin d’éviter des erreurs d’interprétation. Et son amant n’étant plus qu’une entité invisible et dépourvue de conscience, Darion fut condamné à l’immortalité.

Il était conscient que sa présence apportait le mal. De sa venue, notre monde ne tirait aucun bénéfice. Sachant tout ça, il prenait par contre ce risque, puisque c’était le seul moyen d’empêcher la fin de son monde. Il nous donna le choix, lui permettre de tout recommencer sachant que dans 11 000 ans tout ce qu’on avait vécu serait à recommencer ou le tuer. Empêchant ainsi son monde de mourir pour débarrasser le nôtre de cette folie.

(Il est conscient lui-même du désordre qu’il sème tous les 11 000, il devrait de lui-même renoncer à venir ici.)

Mais je n’eus pas le temps de pousser ma réflexion plus loin, car une violente explosion retentit au sommet de l’escalier.
Le phénix sut ce qu’il s’y passait. Darion était là-haut en compagnie de forces puissantes. Grimpant les marches de pierre noir quatre par quatre, nous atteignime la plateforme pour apercevoir Darion enchainé par des liens magiques ainsi que de fortes chaînes en acier. Ce dernier, les traits déformés par la colère leur supplia de tuer le phénix avant que ces deux servants d’Oaxaca se servent de ses pouvoirs pour mener à bien les desseins de leur maîtresse.

Devant nous, deux adversaires apparemment puissants, un elfe tout de blanc et un humain chauve habillé de noir. Nul besoin de paroles pour que je sente la puissance de ces deux hommes m’écraser. Ne craignant ni aldryde, ni le pirate, pas plus que moi, ils ne s’occupèrent à peine de notre présence, ordonnant au phénix de les suivre.

Nessandro fut le premier à réagir et de belle manière. Ne pouvant s’empêcher de dénigrer les êtres de grandes tailles qu’il appelle dédaigneusement les géants, il s’adressa à Darion mais aussi simultanément à la magie d’Avisserion. Habilement, il glissa à Darion qu’il n’était pas fou afin qu’il réfléchisse et devine le plan qu’il avait en tête. Et puis, je devais l’admettre, cet aldryde était à tel point têtu, et convaincu de ce qu’il croyait que les fluides magiques ne pouvaient que lui obéir. Tout en désignant les deux servants d’Oaxaca comme le double problème, il lui ordonna de se relever et de se libérer de ses chaines.

Au lieu de paraître apeuré devant ses deux sbires, je les regardais tout en souriant, décontracté, je SAVAIS que nous allions remporter la partie.
Heartless prit ensuite part à la danse, lui aussi avait compris la manœuvre de Nessandro et s’était rappelé les conseils du phénix. Le sourire aux lèvres, il pointa d’une manière plutôt condescendante l’elfe de son index, lui expliquant qu’ils n’étaient que des bouffons et ne pourraient rien contre le dieu qui se tenait devant eux.

Mon tour était alors venu. Je n’eus pas à prendre un air décontracté, car je l’étais. Je n’eus pas à prendre un air convaincant, car convaincu, je l’étais. Les paroles que j’allais prononcer étaient tout simplement la vérité dont la magie d’Avisserion allait se nourrir.

D’un ton amusé, je me tournai vers Darion, après avoir jeté un regard de dédain et de supériorité aux deux pantins d’Oaxaca.

« La comédie est terminée cher Darion, faites comme vient de vous le dire Nessandro et relevez-vous. Nous savons tous que ces chaines sont aussi faciles à briser pour vous que s’il s’agissait d’un vulgaire brin de paille. Et puis, ces liens magiques, une petite rigolade, un tour de passe-passe qui ne demandera qu’un souffle de votre part pour être rompu. »

Puis me tournant vers les deux hommes, je leur expliquai ce qui était en train de se passer. Et le plus drôle dans tout ça, c’est que je ne jouais pas la comédie, je SAVAIS que c’est ce qui allait arriver.

« Et bien messieurs, vous avez été bien dupes de penser que vous pourriez ainsi capturer DARION l’immortel, le gardien du phénix qui apparait à tous les 11 000 afin de le protéger et lui permettre une résurrection sans incident. »

Levant les mains tel le brillant orateur que j’étais, je poursuivis :

« Il nous attendait pour se libérer, mais puisque le phénix est là, il peut se mettre à l’action, et briser trop facilement ses chaines et ces piètres liens magiques. Vous êtes faibles messieurs, et il est fort, vous avez désormais devant vous : Darion l’immortel, le gardien du phénix. »
Bien que j’aimais écouter ma somptueuse voix, je m’arrêtai, laissant Darion accomplir sa mission.


((( Par la magie d’Avisserion, Mathis est convaincu de ce qu’il dit… il ne bluffe pas, il y croit dur comme fer)))

[Gamemaster X]

Les deux nécromanciens sont pris par surprise par tant de véhémence ! Les mots de Heartless font plisser les sourcils de Herle, qui déclare :

"Ne soit pas ridicule, humain, nous ne sommes pas présents en personne. Nos corps sont bien en sécurité et Gadory va très bien..."

Mais les mots ont introduit en lui un doute qui laisse une faiblesse dans sa magie. Les volontés de Mathis et de Nessandro s'engouffrent dans cette hésitation et le sortilège d'emprisonnement vacille ! Lorsque les nécromanciens réalisent ce qui se passe, ils tentent de se reprendre, mais déjà, avec un crépitement de feu d'artifice, une multitude de petites explosions font sauter une partie des liens magiques. Ceux de Herle, en particulier, volent en éclat, et une vague d'énergie lumineuse s'échappe de lui pour frapper Darion... avant de repartir vers Tal'Raban. L'homme en noir est projeté au loin avec un hurlement. Il disparaît de votre champ de vision, mais ses liens magiques sont toujours là.

Alors, un grondement sourd s'élève autour de vous. Et vous voyez Darion se relever. Mais est-ce vraiment lui ? Dans les ombres de l'enfer, son visage est animé de ténèbres grandissantes, sa haine et sa colère débordent en une aura que les aurores rendent visible. Mathis, en particulier, est frappé de plein fouet par un contrecoup qui le fait reculer d'un pas : les aurores peuvent libérer l'immortel, ce qu'elle font en partie grâce à lui, mais aucunement changer sa volonté. Il est tout entier dévoué à la destruction du Phénix et, déjà, vous avez un aperçu de ce que voulait dire ce dernier en parlant de sa volonté inébranlable : la magie d'Avissérion, loin des réponses timides qu'elle vous accorde, s'agrège autour de lui comme une meute de chats aimants autour de leur maître apportant à manger. Elles résonnent à l'unisson, avides de se nourrir de cette force d'âme qui leur donne enfin les moyens de s'exprimer, et encore renforcées par Nessandro. Le gris marcheur n'est déjà plus qu'une silhouette noyée dans un nuage de lumière et de couleurs.

Une puissance phénoménale s'assemble, et, enfin, le Phénix se décide à agir : autour de lui, des filins de lumière orangés s'assemble tandis que son visage se fait plus grave :

"Pour Avissérion... pour les millions de vies qui comptent sur moi... je ne dois pas mourir."

La voix qui lui répond n'est qu'une version déformée de celle de son ennemi :

"Pour Yuimen et pour tous les crimes que ton monde as commis envers moi et tant d'autres... tu dois mourir."

Herle pousse alors un cri de rage et, tirant une dague fantôme, se rue avec fureur vers Heartless, qui a osé le faire douter :

"Vous êtes fous ! Vous allez tous nous condamner ! Ce monstre va nous priver de la fontaine de jouvence et de l'accès à un monde débordant de magie ! Une fois qu'il aura atteint son objectif, que croyez-vous qu'il lui restera à faire de son immortalité, à part semer le chaos sur Yuimen ?"

[Mathis]

Surpris par notre assurance légèrement condescendante, les deux nécromanciens ne perdirent tout de même pas leur contenance. Ce fut Herle qui tout en plissant les sourcils remit le pirate à sa place, lui expliquant qu’ils n’avaient pas pris le risque d’être là en personne, leur corps était bien en sécurité et il en était de même pour Gadory.

Malgré son affirmation, un faible doute s’insinuait dans l’esprit du magicien, si bien que sa magie s’affaiblissait malgré lui. Les aurores avaient obéi aux trois aventuriers et ce fut dans une série de petites explosions que les maillons du lien magique explosèrent un à un et une réflexion inattendue des rayons frappèrent Tal’Raban qui fut projeté au loin.

Et puis Darion s’éleva visiblement en colère et non reconnaissant de l’action que nous avions faite en sa faveur. L’aura que dégagea le scélérat me frappa de plein fouet, me faisant reculer bien malgré moi. J’encaissai par contre le coup sans pousser d’hurlement, mon orgueil me forçant à cacher cette faiblesse, qui en fait n’en était pas une, mais simplement l’effet de surprise.

Dans l’urgence d’agir, je n’avais pas pris en compte que les aurores ne pouvaient changer la volonté de Darion. Plus que jamais, il voulait détruire le Phénix, et désormais les aurores l’entouraient comme des servants autour de leur maître. Le gris marcheur n’était plus vraiment visible submergé par ce nuage de lumière et de couleur.

Puis le phénix décida de se mettre à l’action. Il rassembla les aurores autour de lui, et il s’exprima d’une voix grave. Pour Avissérion et les millions de vies qui comptaient sur lui, il ne voulait pas mourir. De son côté, Darion répliqua avec justesse que pour Yuimen et tous les crimes causés par Avissérion, le phénix devait mourir.

Perplexe, je les regardai tout en repassant dans ma tête, les paroles de chacun. J’avais beau croire en ce dieu de lumière qui venait d’un autre monde… mais Yuimen était le mien, je ne voyais plus la légitimité d’en sauver un autre que le mien.

J’en étais là dans mes pensées, lorsque Herle fendit sur Sirius, l’attaquant avec fureur de sa dague fantôme. Il nous insulta, arguant que par notre action, nous allions le priver de la fontaine de jouvence et le priver de la magie de ce monde, argumentant qu’une fois les nécromants neutralisés et le phénix tués, il s’attaquerait à Yuimen et y créerait le chaos.

Bien que certaines de ses paroles soient pertinentes, je ne pouvais laisser ces deux hommes s’emparer de la fontaine de Jouvence.
Sans perdre une seconde, je dégaine ma Dent de liberté et je fonce sur Herle pour arrêter son attaque contre Sirius.

((( Mathis attaque Herle. )))

[Nessandro]

[Précédemment]

-138a-

Les deux imbéciles de grande taille ne devaient pas s'attendre à rencontrer quelqu'un ne courbant pas l'échine face à eux. L'elfe hésite et sa faiblesse suffit à offrir une brèche exploitée par les aurores. Les liens se mettent à éclater autour de l'immortel et la tentative de le garder à genoux au moyen d'une salve magique est contrecarrée, allant frapper l'humain aux ordres de la garce sombre. Si la silhouette disparait, les liens lui appartenant persistent. Jusqu'à ce qu'un grondement sourd se fasse. Le léger sourire en coin que j'ai en voyant Darion se relever s'estompe d'instant en instant. Sa haine et sa colère semblent prendre corps autour de lui, colorées par la magie des aurores. Il ne ressemble plus à une saloperie humaine, mais à une simple silhouette recouverte ou peut-être même constituée par ces foutues lueurs. Je ressens un soupçon d'effroi de percevoir toute la puissance de cette magie folle, mais en même temps... Un brin de fascination, peut-être. Si je n'avais pas rencontré Dae'ron ou si je l'avais perdu, aurais-je été capable de manier cette folie fluidique de cette façon ? Aurais-je pu m'en servir pour me débarrasser définitivement de l'ensemble des géants de ce monde et de toutes ces femelles ignobles ? Peut-être. Avant. Avant aussi que je rencontre Hekell et ces imbéciles de frères elfiques. Je hais toujours les grandes-gens, mais prendre le raccourci de tous les tuer en trichant ? Je vaux mieux que cela ! Ce serait utiliser les mêmes méthodes que cet immortel, ou m'abaisser au niveau de la garce d'Omyre !

Le piaf de feu et l'immortel se font face. Le premier pour défendre un nombre de vies si colossal que cela en parait suspect et l'autre... Pour punir l'oiseau des crimes commis contre lui et tant d'autres. Souffle nasal amusé de ma part. Quel hypocrite ce Darion ! Est-ce le Phénix qui a quasiment réduit en cendres un village d'aldrydes ignorants de tout ce foutoir ? Est-ce lui qui a passé son temps à attaquer sans rien dire ? À envahir le repos des autres ? Je plisse les yeux, ayant l'impression de revoir les volontés de mes deux orbes s'affronter dans cet espace inaccessible pour moi. Cela signifie aussi que ni le dieu de feu ni son opposant n'ont les moyens de prendre le dessus sur l'autre. L'un étant composé des fluides de ce monde étranger, l'autre ayant une volonté suffisante et l'immortalité allant avec pour tenir un combat sans fin. Une vague amère teinte le fond de ma gorge. Quelque chose me dit qu'à un moment où à un autre, il faudra faire pencher la balance.

Mon attention est attirée par l'elfe enragé qui charge le borgne, rappelant son ambition égoïste de mettre la main sur la fontaine de jouvence puis affirmant que Darion cherchera à semer le chaos une fois son objectif atteint. Encore un bien placé pour parler, lui, pantin de la demie-déesse du chaos ! Il doit seulement craindre Marchegris parce que cet imbécile d'animal blessé refuse et refusera toujours de se mettre aux ordres d'une divinité, quelle qu'elle soit !

Voyant que le blond se lance à la charge de l'elfe pour aider le borgne, je n'interviens pas. Que ces géants s'écharpent entre eux si cela leur chante ! J'en ai assez de devoir toujours veiller sur les ingrats dans leur genre ! Avoir deux entités maniant des énergies incroyables à proximité me parait le plus important. Darion possède une volonté de destruction impressionnante, mais il ne perdrait pas son temps à se justifier s'il était totalement possédé par sa soif de vengeance. Le piaf de feu a la même force, destinée à protéger tout un monde. Et moi, je suis contraint de reconnaître avoir des traits similaires à l'immortel. J'ai la même envie de détruire mes bourreaux et la même question en tête : et après ? J'aurai Dae'ron à mes côtés, mais lui ? Il ne pourra pas mettre fin à ses jours pour cesser de souffrir.

À sa place, je voudrais plus que tout voir partir ce fardeau.

Être libre.

Libéré de cette magie qui le sert autant qu'elle se sert de lui. Libéré de ce corps immortel qui le retient et rappelle sans cesse ce qu'il a enduré, comme une plaie béante qu'on n'a de cesse de faire saigner. Séparer son âme et celle de son être aimé de cette prison de chair. Et je l'admets. Aussi détestable qu'il soit, je mets à contribution toute ma volonté, tout mon entêtement et toutes mes pensées pour son bien. Pour le libérer de ces entraves de souffrance. Pour qu'il échappe au pouvoir des aurores. Qu'il se défasse de cette malédiction qu'elles lui ont infligé. Je veux qu'il leur fausse compagnie, qu'il fuit leur influence. Qu'il soit sauvé de ce destin tragique. Parce que ce que je vois n'est pas Darion. Darion est un jeune humain en deuil, pas l'avatar d'une magie folle. Un prisonnier de sa douleur dont je vais briser les chaînes une à une. Séparer son esprit de son corps et le libérer de sa cage immortelle.

Je pose un regard presque serein sur Marchegris. Je veux le voir apaisé, défait de sa souffrance, libre de ce corps modifié par magie. Libéré aussi de son orgueil qui lui fait refuser l'aide du Phénix. Un Darion Marchegris défait de son carcan maudit, dénué de son éternité. Une âme forte mais libre. Un esprit sans liens pour le contraindre à rester dans cette existence.

Darion Marchegris, entends-moi., dis-je sans violence cette fois, décidé à l'aider à s'en sortir. "Les aurores t'entravent, t'utilisent sans honte quand elles sont source de ton état. Elle ne te laisseront pas partir, ni maintenant ni quand tu l'auras envoyé rejoindre ceux d'en bas. Tu en es conscient, n'est-ce pas ? Œuvrons pour te libérer de ton fardeau avant qu'il finisse de t'asservir et prenne le pas sur toi. "

Je tends légèrement la main dans sa direction, me sentant patient en le regardant. Il m'écoutera, parce qu'il veut se libérer de ses souvenirs douloureux, de cette éternité, de la culpabilité qui lui fait éprouver autant de haine envers le Phénix qu'envers lui-même, à cause de ce souhait mal formulé qui a fini de le briser. S'il n'avait pas voulu que je m'intéresse à son cas, jamais il n'aurait fait un premier pas vers moi. Un appel à l'aide dont il n'avait peut-être pas même conscience, un vœu d'être délivré de tout ceci.

Et s'il est une chose que je peux comprendre, c'est vouloir être maître de soi et de son futur. Et je vais l'y aider, quitte à arracher et libérer son essence même de son corps trop grand de mes propres mains.

[Suite]

[Heartless]

Pris de doute, les deux nécromanciens laissèrent leur magie faiblir, et dans une explosion d'énergie, Darion fut libéré. Mais grâce à cela, il pouvait aussi laisser libre cours à sa volonté, et sa sombre détermination pris le dessus. Une manifestation de pure rage et de haine se tenait devant eux, les aurores avaient répondu au désir brûlant de Darion d'en finir avec le Phénix et de se libérer de la magie d'Avissérion. Le Phénix, comprenant la menace qui se tenait devant lui, se prépara pour un combat mortel. Nessandro avait pris la parole pour en appeler à l'humanité de Darion, mais était-ce encore possible à ce stade ?

Heartless n'avait guère le temps de pousser la chansonnette, car Herle, armé d'une dague fantôme, se ruait se lui en hurlant :

- Vous êtes fous ! Vous allez tous nous condamner ! Ce monstre va nous priver de la fontaine de jouvence et de l'accès à un monde débordant de magie ! Une fois qu'il aura atteint son objectif, que croyez-vous qu'il lui restera à faire de son immortalité, à part semer le chaos sur Yuimen ?

Un sourire se dessina sur les lèvres du borgne. Ce pion d'Oaxaca n'avait pas l'air de s'entendre parler.

- Ha ! C'est l'hôpital qui se fout de la charité !

Son trident bien en main, il remarqua Mathis qui se ruait à son aide, et eut un sursaut de confiance. Il se prépara à se défendre contre l'assaut de l'immortel, et si il pouvait lui mettre une torgnole bien sentie en récompense, tant mieux ! Il concentra tout son être vers le combat, dans un souci de survie, mais aussi car il pensait que si il se concentrait sur l'énergie des aurores, il pourrait finir par handicaper le Phénix en danger.

-> Contre imparable au rang 5 contre Herle

[Gamemaster X]

Hertless se prépare à esquiver l'attaque de Herle, mais tout ne se passe pas comme prévu. Le nécromancien à bien anticipé son coup et il parvient à passer sous sa garde, évitant le trident et lui laissant une estafilade rouge sur le bras. Une blessure douloureuse, mais heureusement, sans réelle gravité. Il ne fait cependant guère de doute que, malgré le monde fantasmagorique dans lequel vous évoluez, cette blessure est bien réelle. En revanche, l'attaque de Mathis, agile et fougueuse, amène sa dague dans le flanc de l'elfe sui recule avec un cri de rage :

"Si j'étais en pleine possession de mes moyens, vermine kendrane, j'aurais déjà découpé ta peau en lanières !"

Il recule de quelques pas, et est bientôt rejoint par Tal'Raban. Silencieux, l'homme relève sa capuche d'ombre, révélant un visage qui se trouble et prend un air également elfique, comme si un humain et un elfe étaient superposés. Son regard glacial donne le sentiment que la mort elle-même vous contemple alors qu'il se tient prêt au combat.

Mais vous êtes interrompus par le grondement de Darion qui rugit à Nessandro :

"Et que crois-tu que j'essaie de faire ?! Mon but est depuis le début de nous libérer tous, Yuimen, moi et mon compagnon... enfin libres de mourir en sachant que notre monde pourra suivre sa route en paix, loin du chaos d'Avissérion ! Mais le seul moyen est d'inverser le sortilège qui nous a infligé ça ! Il faut créer une fontaine de jouvence inversée et, pour cela, tuer le Phénix !"

"Et ce faisant, assure ce dernier, tu vas transformer la Ruche du Phénix en un lieu de mort et de souffrance. N'est-ce pas là ce que tu souhaitais éviter pour ton monde ?

"Ce sont des aldrydes ! Ils ne comptent pas ! Et à l'échelle des millénaires, ce sont des milliers de yuiméniens qui seront sauvés si ton cycle maudit est interrompu !"

Déterminé au-delà de toute volonté humaine, Darion se tient prêt pour la bataille. La magie se condense sur lui et son corps disparaît pour laisser place à une véritable aberration magique. Une chose comme jamais Yuimen n'en avait vu, et n'en verrait jamais plus, fallait-il espérer. Une chose aux formes élémentaires et dont la complexité dépassait pourtant l'entendement. Chaque parcelle de son être était un bouillement d'énergies complexe, de forces immatérielles si denses qu'elles en devenaient concrètes.

Les deux nécromanciens, livides, se retournent face à la chose qui vous regarde tous depuis ses cinq mètres de haut. Tal'Raban déclare alors vers vous, d'un ton calme, étonnamment neutre :

"Alors nous y voilà... Je pense qu'il vaut mieux pour tout le monde que cette chose soit détruite d'une manière ou d'une autre, n'est-ce pas héros ?"

Le Phénix, environné de flammes orangées, émet des flux d'énergie qui viennent former une bulle, isolant le reste des enfers et Darion lui-même de la magie d'Avissérion qui se déverse. Il crie :

"Je vais tenter d'endiguer le flux de magie qui l'alimente, je vous soutiendrais autant que possible ! Darion est toujours à l'intérieur de cette chose, mais vous ne pourrez l'atteindre tant que vous ne l'aurez pas affaibli ! Pour la vie d'Avissérion !"

Et, alors qu'il proclame cela, sa propre volonté s'enflamme d'un éclat surnaturel, déterminé à survivre coûte que coûte. Une détermination, qui, bien sûr, en accord avec les règles de son monde, accroît son pouvoir. Face à l'être de flammes oranges, la créature de flammes bleues se déploie avec un hululement inhumain. Mais au fond, est-ce vraiment lui, le monstre ? Le moment de vérité approche, et il va falloir choisir qui aider entre le Gris marcheur et le Phénix...

[Heartless]

Herle passa la défense d'Heartless et entailla son bras, rien de grave heureusement. En attaquant le pirate, Herle s'était ouvert à l'attaque de Mathis, dont la lame transperça le flanc de l'elfe qui recula.

- Si j'étais en pleine possession de mes moyens, vermine kendrane, j'aurais déjà découpé ta peau en lanières ! hurla-t-il de colère.

Pendant ce temps, Darion, enragé, répondait à Nessandro :

- Et que crois-tu que j'essaie de faire ?! Mon but est depuis le début de nous libérer tous, Yuimen, moi et mon compagnon... enfin libres de mourir en sachant que notre monde pourra suivre sa route en paix, loin du chaos d'Avissérion ! Mais le seul moyen est d'inverser le sortilège qui nous a infligé ça ! Il faut créer une fontaine de jouvence inversée et, pour cela, tuer le Phénix !
- Et ce faisant, tu vas transformer la Ruche du Phénix en un lieu de mort et de souffrance. N'est-ce pas là ce que tu souhaitais éviter pour ton monde ?
- Ce sont des aldrydes ! Ils ne comptent pas ! Et à l'échelle des millénaires, ce sont des milliers de yuiméniens qui seront sauvés si ton cycle maudit est interrompu !

Le corps humain de Darion laissa place à un être contre-nature entouré de fluides chaotiques, non, il en était composé, bien qu'il semblait désormais être au-delà des lois physiques de Yuimen. Après avoir toisé l'énorme créature, Tal'Raban se tourna vers les aventuriers, toujours avec le même stoïcisme déconcertant.

- Alors nous y voilà... Je pense qu'il vaut mieux pour tout le monde que cette chose soit détruite d'une manière ou d'une autre, n'est-ce pas héros ?
- Je vais tenter d'endiguer le flux de magie qui l'alimente, je vous soutiendrais autant que possible ! Darion est toujours à l'intérieur de cette chose, mais vous ne pourrez l'atteindre tant que vous ne l'aurez pas affaibli ! Pour la vie d'Avissérion ! fit le Phénix, englobant les alentours de sa magie.

Deux titans surnaturels se dressaient l'un contre l'autre, et de chaque côté, les Yuiméniens devaient choisir un camp. Combattre Darion pour sauver Avissérion, ou attaquer le Phénix pour épargner à Yuimen le cycle de souffrance imposé par les dieux ?

Stopper le cycle... c'était la première motivation du marin. Il avait vu comment les aurores pouvaient gâcher des vies innocentes, abuser la faiblesse des hommes et condamner certains à une éternité de malheur. Depuis Aliaénon, il avait entrevu la possibilité que d'autres mondes se mêlent aux affaires de Yuimen, en bien comme en mal, de gré ou de force. Il craignait intimement qu'un jour, le monde qu'il avait connu soit bouleversé, ravagé, éradiqué à cause d'un pouvoir venant des confins de l'univers, un pouvoir semblable aux fluides qui avaient le pouvoir de rendre Avissérion inhabitable. Ce qu'il pouvait faire dans son intérêt, dans celui de Yuimen, était clair : refuser au Phénix sa résurrection pour que tout rentre dans l'ordre, perturbant par la même occasion les plans des oaxiens. Et pourtant...

- Darion, t'es qu'un hypocrite. Tu serais prêt à sacrifier des millions de vies en quelques minutes pour en sauver quelques milliers sur plusieurs millénaires ? C'est ça que t'appelles "libérer Yuimen" ? Conneries ! La seule personne que tu veux libérer, c'est toi ! Ou alors t'as rien compris ? Si il y a une chose que j'ai appris au cours du dernier mois, c'est que Yuimen est loin d'être le centre du monde. C'est juste un monde, parmi des dizaines d'autres, des centaines, des milliers peut-être !

Il se lança un regard sur Mathis et Nessandro. Les trois aventuriers, à cet endroit, à cet instant, le cycle oublié commencé par les dieux en des temps immémoriaux reposait entièrement sur eux. Peut-être que c'était voulu ainsi, peut-être que les dieux eux-mêmes, au moment de formuler ce plan millénaire, savaient que le choix final appartenait à des gens comme eux, des mortels qui ont écumé Yuimen et entrevu les possibilités d'un univers aux mondes multiples. Ainsi, il s'adressait autant à Darion qu'à ses compagnons de fortune.

- C'est sûrement parce qu'ils savaient ça que les dieux ont aidé le Phénix. Ce sont des yuiméniens qui t'ont arraché l'homme que tu aimais, tu l'as oublié ? Le mal est déjà sur Yuimen, les aurores ne font qu'interpréter nos volontés. C'est pas d'elles dont t'es prisonnier, Darion, c'est de ton esprit tordu !

Il se tourna ensuite vers Tal'Raban. Pour autant qu'il méprisait les oaxiens, sa proposition était sensée, et il avait déjà pu constater que les membres des Treize savaient faire preuve de principes.

- D'accord, on fait une trêve. Si Darion a besoin d'un tabassage en règle pour revenir à la réalité, personne n'est de trop.

Il se retourna ensuite brièvement vers Mathis et Nessandro, sans toutefois trop s'attarder sur eux, car il n'avait aucune envie de laisser une ouverture au Darion transformé...

- Qui est avec moi ?

[Mathis]

Le nécromancien occupé à anticiper la riposte de Sirius afin de l’éviter ne me vit pas arriver sur sa droite. Alors qu’il venait tout juste de blesser légèrement le bras du pirate, j’enfonçai ma dague dans son flanc gauche. Celui-ci s’écria autant de rage que de douleur me menaçant et se promettant de me découper en rondelles s’il avait été en pleine possession de ses moyens.

« Mais justement, vos moyens, vous ne les possédez pas complètement… » lui répliquai-je avec une arrogance bien sentie, prêt à attaquer de nouveau si l’occasion s’y présentait.

Reculant de quelques pas, il fut rejoint de Tal’Raban qui dévoila son visage tentant sûrement de nous intimider. Mais je n’étais point impressionné par ce regard glacial, je disposais du pouvoir des aurores et j’étais prêt à l’utiliser si nécessaire pour sauver ma peau et aussi celle de mes compagnons.

Mais avant qu’un combat commence, le grondement de la voix de Darion me parvint. Libérant sa colère contre Nessandro, il expliqua qu’il essayait tout simplement de nous libérer, de libérer Yuimen, lui et son compagnon. Il proclama qu’il serait ainsi libre de mourir sachant que Yuimen pourrait ensuite suivre sa route en paix, loin du rite cyclique d’Avisserion. Il conclut que le seul moyen était de créer une fontaine de Jouvence inversée et pour cela tuer le Phénix. Mon regard se tourna alors vers ce dernier. Darion n’avait pas tort, nous n’avions que cure d’Avisserion, ce monde d’ailleurs qui n’hésitait pas à se servir du nôtre afin de survivre, ne se préoccupant point du chaos qu’il semait et des vies yuimenienne qu’il enlevait.

Le phénix ne se laissa pas démonter pour autant, il riposta que le projet de Darion impliquait également la destruction de la Ruche du Phénix, c’était à dire une quantité innombrables d’aldrydes. Voilà une affirmation qui pouvait changer la donne, si elle s’avérait vraie. Les sourcils froncés, je tournai mon regard inquisiteur vers le marcheur gris.

(Est-ce vrai ?)

Alors que je m’attendais à ce que Darion nie l’affirmation du Phénix, au contraire, il la confirma en ajoutant que la destruction de la ruche n’avait plus d’importance qu’il ne s’agissait que d’aldrydes.

(Alors quelle race ou quels gens ont de l’importance pour lui ?)

Cela dit, Darion fit une fois de plus appel à la magie d’Avisserion et rendu puissant par notre faute, il se préparait à combattre le Phénix. Pour se faire, il laissa la magie s’emparer de lui et son corps entier disparu pour laisser la place à un monstre élémentaire de plus de cinq mètres, fait entièrement de fluides mystiques prenant des teintes du bleu pâle au violet en passant par un bleu plus soutenu.

Tal'Raban prit la parole nous incitant à détruire la géante créature qu’était devenue Darion.

Le phénix pour sa part s’enveloppa de flammes orangées et nous proposa de tenter de diminuer le flux d’énergie qui alimentait Darion. Il tenterait de nous soutenir dans qu’il le pourrait. Il termina ne proclamant : « … Pour la vie d’Avissérion ! »

(Pour la vie d’Avissérion… mais je n’ai que faire moi d’Avissérion !)

Le phénix s’enflamma à son tour. Créature orangée ou bleutée, laquelle sauver… je ne savais plus quoi penser pour le bien des yuimeniens.

Ce fut alors le pirate qui prit la parole. Considérant Darion comme un être hypocrite, il lui cracha ses quatre vérités en plein figure. Remettant les faits en perspectives, il fit remarquer que le marcheur gris songeait à sacrifier des millions de vie au profit de milliers ou plutôt au profit de la sienne. Il rappela aussi que Yuimen n’était pas le centre du monde, mais un monde parmi tant d’autres.

(Mais Yuimen, c’est Mon monde, voilà la différence.)

Tout en nous lançant un regard à l’aldryde et à moi, il poursuivit son plaidoyer. Il rappela que les dieux de Yuimen avaient aidé le Phénix. Il précisa également que c’était des yuimeniens et non le Phénix qui lui avait enlevé l’amour de sa vie. Il poursuivit en disant que le mal existait bel et bien sur Yuimen, bien avant les aurores. Celles-ci n’avaient que concrétiser la volonté yuimenienne. Il conclut en disant que Darion n’était point prisonnier des aurores, mais bien de son esprit tordu. Puis se tournant vers les nécromants, il accepta de faire une trêve afin de tous se concentrer sur Darion.

Se tournant brièvement vers nous, il nous demanda si on était avec lui.

Le discours de Sirius m’avait permis d’y voir plus clair. Je n’étais pas certain de vouloir laisser le Phénix poursuivre sa résurrection puisque celle-ci avait trop de conséquences néfastes sur notre monde. Par contre, le discours de Sirius m’avait convaincu que Darion n’était pas une meilleure alternative, au contraire, il était pire.

Ma décision prise, j’en fis part à Sirius.

« J’accepte d’être à vos côtés afin de neutraliser Darion. Nous aviserons par la suite, ce que nous ferons pour le bien des Yuimeniens. »

Ma dent de liberté tenue fermement dans ma main gauche, j’étais prêt à me battre contre ce géant de fluides.

Faisant appel à la magie d’Avissérion, je me vis grandir intégralement, c’était à dire, moi, mes habits, mon équipement, mon talent, et ce tout en proportion jusqu’à ce ma taille rejoigne celle du géant, donc aux environs de cinq mètres de haut.

[Nessandro]

[Précédemment]

-139a-

Pendant que les géants font mumuse entre eux de leur côté du pont, Marchegris semble m'entendre. Sauf que la réponse qu'il me fait est... Pompeuse. Il prétend que son but est de libérer tout le monde de l'influence des aurores, pour que Yuimen poursuive son existence en paix. Quelle paix ? Depuis quand Yuimen et paix vont de paire ? Est-ce qu'il a oublié tous les conflits actuels entre les elfes des différentes couleurs ? Les humains déplorables et la garce sombre ? Le chaos qu'il a mis dans une cité aldryde et l'aide qu'il a apporté aux sbires omyriens ? Je plisse les yeux, mon bref élan d'empathie s'amenuisant petit à petit. Si encore il acceptait le fait qu'il agissait égoïstement, comme moi je l'aurais fait, j'aurais compris. Mais se planquer derrière des idéaux auxquels il ne croit même pas ? Sornettes ! Je l'écoute donc à peine expliquer comment il compte créer une Fontaine inversée en tuant le piaf de feu, ce qui causerait la chute de la Ruche en la changeant en un lieu maudit. Je perds définitivement ma parcelle positive à l'égard de l'immortel, lorsqu'il rugit à la ronde que les aldrydes ne comptent pas. Je suis d'accord, ces emplumés piaillant dans mon air ont plus que tendance à m'énerver. Mais Dae'ron est un aldryde. Et il est mon... Il... M'est cher. Très. Trop pour que je le perde maintenant. J'ai mis du temps à m'en apercevoir et plus encore à accepter ce fait. Il m'est autant un fardeau qu'une existence irremplaçable et je suis certain que Darion, à ma place, ferait tout pour protéger l'idiot à la nature héroïque.

Le calme que je ressentais vire à l'amertume tandis que je réalise la finesse de ce point commun avec l'enquiquineur millénaire. Finalement, je suis le seul à raisonner à ma façon. Pourquoi ai-je cru ne serait-ce qu'un instant que cela allait changer ? Je n'ai finalement que Dae'ron qui parvienne à me comprendre, quand bien même cela m'effraie. J'ai hâte d'en finir avec cette histoire. Je veux le revoir, que nous allions régler mes comptes avec mon passé et... Que nous prenions le temps de parler, de cerner ce "nous" que je crains et anticipe en même temps.

Mes dents se dévoilent quand la magie des aurores se met à s'enrouler autour de l'immortel, le gonflant encore et encore, au point de le faire grandir de plusieurs mètres. Mais par mes ailes ! Ces géants seront toujours aussi stupides ! Existera-t-il un jour où ils comprendront que la taille d'un adversaire ne change rien quand il me fait face ?! Cela ne me donne que davantage de points à fracasser ! Peu importe que la chose ressemble à un agglomérat de magie bleutée ! Ce n'est pas la première fois que je suis confronté à une créature de ce genre ! Que croit-il ? Être original ?! Méprise donc les aldrydes comme tu l'entends, enflure, mais sache que c'est un paria de ce même peuple qui a été confronté aux -et est devenu détenteur des- avatars d'entités maitresses de tous les éléments ! J'entends d'ici le Crapaud s'amuser du chaos causé par cette forme magique colossale, et peut-être même s'en vexer ! Après tout, mon détestable ami aime tourmenter et faire connaître sa puissance corruptrice et destructrice à la ronde. Voir cette entité basée sur une puissance étrangère s'amuser dans son monde doit franchement l'irriter !

De leur côté, les géants font une trêve, se retournant contre cet ennemi commun. Le piaf de feu flamboie davantage encore, prévenant tenter de lui couper les vivres magiques et nous incitant à l'affaiblir. Pour la vie d'Avissérion. Sauf que je me fiche de ce monde étranger, comme je n'ai cure de Yuimen. J'ai juste horreur d'éprouver des sentiments d'empathie pour les voir rejetés quand je fais un effort gigantesque pour les accepter. Et le pire, c'est quand le discours non-sollicité d'un adversaire se permet de menacer la vie de mon courageux Protecteur ! Le borgne l'ouvre, rappelant son hypocrisie à Marchegris et après une tirade longue qui me fait rouler des yeux, il propose de tabasser l'imbécile nimbé de magie avec l'aide des sbires de la garce. Le blond accepte, non sans préciser vouloir aviser par la suite pour le bien des yuiméniens. Encore un hypocrite, celui-là !

Je darde mon regard sur l'idiot emmitouflé dans sa magie. Ce couard. Cet imbécile. Ce soi-disant héros prétendant œuvrer pour le bien de tous, mais faisant deux poids deux mesures quant aux peuples ayant le droit de survivre en Yuimen. Ce lâche qui se cache, incapable d'assumer sa soif de vengeance jusqu'au bout. Il prétend vouloir mourir, mais pas seul, semble-t-il. Ce gamin drapé dans un costume qui ne lui sied pas joue les durs quand il n'est qu'un type suicidaire qui ne s'assume pas ! Pire, il va jusqu'à utiliser les armes qui lui ont collé ses plus grosses cicatrices ! Pleutre adorant s'auto-mutiler ! Acteur endossant un rôle trop gros pour lui ! Cesse de te cacher, trouillard ! Accepte d'être un simple humain faiblard et mortel ! Un gamin tremblant et seul, terriblement seul, et qui le restera. Si tu m'avais pensé cruel envers toi, tu vas regretter de m'avoir provoqué. Je vais te débarrasser de ton atour de magie qui ne t'appartient pas ! Te priver de la confiance que ta soi-disant immortalité te donne ! Je vais t'arracher ce que tu as de plus précieux et le donner en pâture à mon orbe sombre ! Je vais te donner la mort que tu souhaites, mais pas avant de t'avoir ôté une à une toutes les justifications que tu te donnes !

"Arrête ton char, imbécile ! Tu n'es pas un héros tragique, Marchegris !", sifflé-je en pointant un doigt accusateur dans sa direction. "Tu n'es qu'un morveux pleurnichard, drapé dans les jupons d'une magie qui se moque de toi ! Se sert de toi ! Et qui t'abandonnera comme tous les autres avant elle !", accusé-je sans ménagement. "Personne ne veut de la protection d'un incapable dans ton genre ! Il n'y a qu'à demander son avis à ton être cher !", piqué-je avec un sourire mesquin.

Je vais le percer de mes mots, constitués de ses propres sentiments, de sa propre peine, de ses tourments infligés par sa propre stupidité ! Je vais lui coller la vérité dans la figure, lui faire perdre pied, lui retirer cet immonde masque de vertu qu'il se donne ! Je vais lui rappeler à quel point il est faible et fragile. Et surtout, coupable de sa propre situation.

"Oh, j'imagine parfaitement la scène., m'esclaffé-je avec un ton moqueur, avant de poursuivre sur un ton infantilisant. Monseigneur Darion s'est entiché d'un garde, mais n'a pas osé défier papa et maman en fuyant avec lui. Non ! Plus simple et qui lui sied davantage. Il a craint de perdre son petit confort de riche héritier à la vision étriquée. Il a préféré sa situation douillette à son lien avec lui, hein ?", le raillé-je sans retenue avant de durcir le ton. "Si tu l'avais fait, si tu avais réellement tenu à lui plus qu'à ton existence insipide, vous seriez tous les deux quelque part, loin de ta famille. Ensemble. À surveiller vos arrières respectifs pendant vos voyages ou à profiter d'une retraite sereine.", perçai-je de mes mots avec cruauté. "Mais tu es un lâche et un égoïste... Tu as dit non. Tu as tourné le dos à cette idée et cherché à gagner un peu de temps, encore un peu plus, toujours un peu, à rester niché dans ton petit confort plutôt que d'assumer ton choix, jusqu'à ce qu'il soit trop tard ! Reconnais-le !", continué-je, décidé à mettre à la vue de tous la petitesse de cet homme à la folie des grandeurs. "Et le résultat ? Je ne peux que t'applaudir, jeunot. Tu as été négligent ou incroyablement calculateur. Tu l'as laissé mourir devant tout le monde... Tu l'as laissé être humilié parce qu'il a eu le malheur de s'attacher à un gamin stupide et candide. Et puis ? Tu es juste... Parti. Tu l'as abandonné sans rien tenter pour lui faire justice. Tu es un faible et un hypocrite depuis le début... À moins que ? Peut-être que c'était justement ce que tu voulais ? Partir, être libre du carcan de ta famille, en sacrifiant au passage un individu sans importance, pas vrai ?"

Je vole davantage en hauteur, persiflant à l'encontre de la forme humaine camouflée sous le nuage de magie sauvage.

"Cesse de blâmer les autres quand tout est de ta faute ! Regarde la vérité en face, Darion ! Veux-tu vraiment périr ? Alors pourquoi t'accroches-tu encore à toutes ces excuses ?! Tu as peur ! Tu trembles, parce que tu sais que si tu y passes, -comme tu le mérites et pas comme tu prétends le souhaiter- tu vas devoir le regarder, lui, dans les yeux ! Mais tu t'en fiches, hein ? Après tout, lui aussi n'est qu'une excuse ! Un simple pantin ! Un jouet qu'on t'a volé avant de te mettre dehors !", accusé-je, emporté par mon propre affront.

Lorsque Dae'ron a failli mourir, je suis devenu comme fou, assoiffé du sang de ceux qui ont manqué de peu me l'arracher. Je me suis vengé sur ses assaillants et ma haine persiste envers tous les géants et ceux qui, prétendant avoir besoin d'aide, le poussent à se mettre en danger pour eux ! Mais cette colère est mienne. Elle n'est pas déguisée par de grands principes stupides ! "Accepte ta bassesse et ta médiocrité ! Accepte la vérité ! Tu n'es que Darion, un humain qui a toujours tout raté !"

Je vais te sortir de ton cocon d'hypocrisie ! Cette réalité que tu t'efforces de ne pas regarder, je vais te forcer à t'y confronter ! Tu n'es qu'un mouflet n'assumant pas ses erreurs passées, un petit garçon jouant les grands ! Tu n'es pas le digne chevalier des contes mais un individu seul et abandonné, juste parce que tu as œuvré à le devenir. Tu es un faible, et le manteau des aurores finira par choir de tes épaules. Que mes mots te frappent encore et encore, t'arrachant les lambeaux de ta puissance comme des pans de ton déguisement et te dévoilent aux yeux de tous ! En particulier des tiens !

[Suite]

[Gamemaster X]

Alors que vous prenez la parole, ce n'est pas pour une simple décision. Les mots de Heartless et Nessandro, en particulier, enflamment leurs esprits et une véritable auréole de feu bleu se forme au-dessus de leurs tête. La conviction et la fureur qui vous animent en cet instant cristallise la formidable magie qui emplit l'air. Le souhait de Mathis, encore partagé et indécis dans ses pensées, est littéralement balayé par la puissance de la volonté de ses compagnons. Le Phénix, lui-même transporté, s'exclame :

(Oui ! C'est ça ! Vous avez compris la magie d'Avissérion ! Soyez pleinement en accord avec vous-même ! Emplissez-vous de vos souhaits jusqu'à ce qu'ils deviennent l'unique moteur de votre esprit ! Portez vos pensées avec conviction et détermination ! Qu'elle aille dans un sens ou dans un autre, c'est votre volonté qui est votre plus grande arme !)

Alors, la créature de magie qu'était Darion pousse un hurlement de fureur. Elle tend une main furieuse et émet un rayon d'énergie étincelant qui va frapper l'homme-oiseau de plein fouet. Mais celui-ci résiste. Les flammes rouges combattent les flammes bleues... et sont bientôt rejointes par de nouvelles forces. Ce sont des flux d'énergies formidables qui se déversent de Heartless et Nessandro, qui semblent maintenant irradier littéralement de magie. Le monstre émet un son impossible, déchirant, strident... avant de se muer en une colonne de feu violet qui s'estompe et disparaît.

Il ne reste plus que Darion. L'humain. À genoux, les yeux fous, il regarde ses mains, avant de lever les yeux vers vous, puis vers le Phénix. Tal'Raban et Herle Krichock sont les premiers à réagir. Aucunement perturbé par le spectacle improbable auquel ils ont assisté (ils en ont vu bien d'autres), ils invoquent des hordes de spectres qui escaladent les falaises de pierre pour se déverser sur le gris-marcheur.

Mais celui-ci se relève déjà, le visage déformé par la souffrance douloureuse de celui qui a compris qu'il allait peut-être vraiment échouer, après tout ce temps. Il n'en est pas moins prêt pour son ultime combat. Il dégaine son épée et pose le front contre elle. Alors que les ombres fondent sur lui, il les ignore totalement et proclame doucement, pour lui seul :

"Kalan... Ensembles... jusqu'à la mort..."

Il semble qu'une autre voix se superpose alors à la sienne, comme un écho du passé murmurant le nom de Darion et le même serment. Et lorsque, d'un geste impérieux et désespéré, il pointe son épée vers vous, vous avez l'impression de voir une autre forme, dorée, symétrique et mêlée à lui, qui ponte également son épée vers vous. Et finalement, il engage le combat. Suffoqués, vous comme les nécromanciens, ne pouvez qu'admirer l'incroyable chorégraphie qui se joue alors devant vos yeux : Darion ne se bat pas, il danse. Il danse avec la mort, une danse si rapide qu'elle devrait être impossible pour un humain. Sa lame virevolte et tranche, taille et décrit des arabesques impossibles... et pas une âme n'arrive jusqu'à lui. C'est comme si le monde se déformait autour de lui : alors que les spectres affluent de toute part, il semble qu'aucun ne puisse approcher sans rencontrer une lame, apparemment par hasard. Le Phénix murmure :

(Alors voici sa dernière carte. Il a écrit une histoire dans laquelle il est le héros tragique, seul contre tous, déterminé à mourir pour enfin retrouver l'être aimé et détruire le mal qu'il croit que nous représentons. Vous allez devoir l'affronter à l'épée, mais ne faites par l'erreur de croire que la science des armes seule vous sauvera. Vous devez écrire vous-même la fin de votre histoire. Cette histoire dont vous êtes les héros et non les antagonistes comme il voudrait le faire croire. Que chacun de vos coups d'épée soit porté avec conviction, que ce soit la conviction dans la justesse de vos actes ou dans la haine qui vous anime. Car en dépit des apparences, lorsque vous croiserez le fer avec lui, ce sont autant vos lames que vos esprits qui s'entrechoqueront.)

Le dernier spectre tombe sous la lame -ou les lames ?- de Darion. Mais sa danse ne s'arrête pas pour autant. Les aurores s'enroulent autour de lui et l'accompagnent dans cette danse macabre. Les nécromanciens d'Oaxaca, stupéfaits de la défaite de leurs sbires mais toujours combattifs, s'élancent déjà à sa rencontre.

(((Félicitation pour ce rush de la première phase de boss^^. Nous entrons dans la combat final et, vous l'aurez compris, il s'agit plus que jamais de travailler vos introspections et les pensées de vos PJ. Cela aura autant d'importance que l'usage de compétences pour gagner ce combat. Bon courage ! )))

[Mathis]

J’avais cru à tort que Heartless avait dit tout ce qui était possible comme insulte à ce marcheur gris. Lorsque l’aldryde ouvrit la bouche et se mit à l’insulter de plus belle je compris que je n’avais rien entendu. Comment un être aussi petit, et pourvu d’ailes pouvant le faire ressembler à un être pacifique et adorable pouvait-il être aussi aigri, hargneux et empli de haine ?

La magie d’Avisserion opérant une fois de plus suite aux paroles convaincantes, mais surtout convaincue de Nesandro et Sirius. Ils avaient compris, plus rapidement que moi cette fois, comment apprivoiser cette mystérieuse magie. Balayé par leur profond désir d’écraser Darion, mon petit souhait de grandir ne fut pas exaucé.

Comme à son habitude, le phénix commenta ce qui venait de se passer afin de nous guider au mieux. Nos pensées devaient être des convictions et l’unique moteur de notre esprit. Notre volonté devenait notre seule arme.

Portée par les paroles de mes compagnons, la magie d’Avisserion opéra. Furieux, Darion poussa un hurlement et tenta d’atteindre le phénix. Un rayon d’énergie émergea de sa main tendue et frappa l’homme oiseau. Heureusement, ce dernier résista. Les flux d’énergie libérés par mes deux compagnons atteignirent le monstre qui disparut sous une colonne de feu violet. Une fois le feu dissipé, il ne resta plus que le marcheur gris, humain, à genou, ses yeux exprimant la folie.

Ce fut au tour de Tal’Raban et Herle de se mettre à l’action. Sans perdre une seconde, ils invoquèrent des hordes de spectres qui marchèrent vers Darion après avoir gravi les falaises de pierre. Ce dernier, ne s’avouant vaincu, se releva sans peine. Il ignora les spectres fonçant sur lui comme s’ils n’étaient pas des menaces. Son épée dégainée et posée sur son front, il proclama de bien étranges paroles à mes oreilles, appelant un dénommé Kalan, et annonçant qu’ils seraient ensemble jusqu’à la mort. Une autre voix se superposa à la sienne prononçant le nom de Darion tout en prêtant le même serment. Après une courte réflexion, j’en conclus qu’il ne pouvait que s’agir de son amant qui lui prêtait main-forte. Il pointa alors son épée vers nous, une silhouette dorée ne faisant qu’un avec lui, fit de même. Il entama alors une danse de combat si rapide qu’aucun des spectres ne put l’éviter et encore moins s’en approcher pour le blesser. Le dernier spectre périt sous les lames de Darion, lames enroulées de la magie des aurores.

Alors que j’essayais de comprendre ce qu’il faisait, ce fut le phénix qui pénétra dans nos esprits pour nous apporter l’explication. Utilisant la magie d’Avisserion, Darion avait créé son histoire dont lui seul était le héros. Nous devions l’affronter à l’épée et user de la même stratégie. Il n’était non seulement question de faire preuve de notre supériorité au combat, mais aussi celle de notre esprit.

Un sourire éclaira alors mon visage. Non seulement je savais me battre, mais j’y excellais. Je pouvais également et avec une adresse surprenante, danser, faire des cabrioles, sauter, amortir les chutes, pour n’énumérer que quelques-uns de mes nombreux talents. En fait, je possédais une souplesse et une agilité que même un chat ne pouvait espérer posséder. Ces derniers, me vénérant presque, étaient honorés de me laisser emprunter leur corps à loisir. Et puisque le phénix avait précisé qu’il s’agissait également d’un combat de l’esprit, Darion n’avait aucune chance en duel contre moi, mon intelligence était largement supérieure à la sienne additionnée à celle de son compagnon. Je n’avais cessé depuis le début de cette aventure de démontrer une intelligence débordante qui nous avait permis d’élucider bien des mystères de cette quête.

Ce fut donc conscient de ma supériorité que je réduisis la distance qui me séparait de lui, ne craignant ses nombreuses lames que je savais pouvoir esquiver sans difficulté. Aucune de ses lames ne pouvait m’atteindre, ma supériorité en agilité et cabriole me permettrait de les éviter sans peine.

Tout en assurance, ne voulant lui cacher ma supériorité, l’humilité étant un bien vilain défaut, je lui dis de ma magnifique voix avec une assurance inébranlable.

« Tu es trop lent et trop mauvais danseur, Darion. Tes lames ne pourront m’atteindre. Mais moi en revanche, je réussirai à te blesser à tout coup, te griffant sans merci et sans pitié. »

Cela dit, joignant le geste aux paroles, tout en marchant vers lui, je laissai mes ongles et mes griffes s’allonger et durcir. Dès que je fus à proximité, je le griffai tel que promis au visage et sur le flanc, de la main gauche et de la droite simultanément.


(Utilisation de la capa héroique de combat : Chastagne)

[Nessandro]

[Précédemment]

-140a-

J'entends la voix extatique du piaf de feu, heureux que ma volonté soit devenue assez forte pour plier la magie des aurores à ma volonté.Sauf que je me contrefiche de ce qui peut bien se passer autour de moi. Je n'ai pas besoin de son approbation alors je l'ignore, me contentant de voir la créature servant de costume à l'immortel lancer un flux d'énergie droit vers le phénix. L'imbécile croit encore avoir une chance, mais la magie du piaf rouge et la réalité de la bassesse de Darion lui sont envoyés si fort dans la figure que le monstre disparait dans une colonne violacée. Exactement comme je l'ai voulu, l'humain apparait sans ses atours magiques illégitimes et à genoux. Il comprend. À voir sa sale trogne qui a osé me faire ressentir un soupçon d'empathie à son égard, il réalise véritablement sa petitesse. Sa faiblesse. Son échec cuisant déjà annoncé. Et les deux sous-fifres de la garce d'Omyre en profitent pour l'agresser sans se salir les pattes, à coup d'ombres déformées, de spectres se lançant à l'assaut de l'immortel.

Et celui-ci les ignore, le temps de murmurer, d'invoquer ce qui semble être un nom et faire le vœu de rester ensemble jusqu'au trépas. Ces paroles ont un écho étrange, précédant son geste de menacer de son épée. Une autre silhouette apparait, presque à travers lui. Et dorée, en plus. Il se met à pourfendre les ombres qui l'attaquent avec une vivacité irritante. Une silhouette sombre parvenant dans son dos est cueillie par l'autre épée spectrale brillante. Il bouge vite, cet imbécile. Mais immortel ou pas, son corps souffre des mêmes défauts que ceux de tous les vivants. Peu importent ses qualités de combattants, ce ne sont pas les adversaires qui manquent. Il finira par fatiguer, mais le temps manque trop pour attendre cette conclusion.

La voix du piaf de feu retentit une nouvelle fois et il explique ce qu'il comprend. Marchegris s'est inventé, et surtout croit de pied ferme, en une histoire dont il est le héros tragique. Son but serait de détruire le mal et mourir pour retrouver son être cher. Je lance un regard courroucé au phénix quand il a l'audace de dire qu'il faut affronter cet imbécile à l'épée. Alors que je viens de percevoir plus intimement la force des aurores ? Il croit vraiment que je vais me jeter avec ma dague contre la lame de cet idiot tournant plus vite sur lui-même qu'une girouette prise dans un ouragan ? Non, je ne renonce pas au combat, mais il y a d'autres moyens de l'arrêter... De le briser...

En le mettant sans pitié devant le fait avéré qu'il n'est pas le justicier qu'il croit être ! Et je vais commencer par le mettre face à ses torts ! Car n'est pas héros qui abandonne les siens ! Il n'est qu'un gamin faible et égoïste ! Et seul ! Oui, seul ! Et c'est entièrement de sa faute ! Et je vais le lui rappeler sans merci ! Que sa culpabilité l'écrase sans retenue ! Que mes mots alourdissent ses bras ! Sapent ses jambes ! Lui causent un poids sur la poitrine si colossal qu'il en perdra son souffle !

"Je te pensais jeune homme, Darion... Mais tu n'es qu'un morveux, puéril, aveugle et criminel !", clamé-je en rassemblant ma magie sombre. "Comment peux-tu appeler cet être à tes côtés ? Crois-tu vraiment en être digne ? Rappelles-toi ceci : c'est de ta faute ! Tu es la cause de sa mort ! Tu l'as laissé à son sort ! Tu ne t'es même pas assuré qu'il ait eu une sépulture décente ! Tu as causé sa perte de son vivant ! Tu lui as donné de faux espoirs dans les Enfers, que tu as brisé sans pitié car tu ne penses qu'à toi ! Tu n'es pas un modèle de vertu, juste un gosse qui s'obstine à faire les mauvais choix et cause la perte des autres ! Tu prétends agir pour le bien d'autrui, mais c'est encore un mensonge auquel tu t'accroches pour rien ! Vois la vérité en face, Darion ! Tu n'as aucun droit de te présenter en héros ! "

Pièce par pièce, je démonte cette noblesse avec laquelle il se présente, trainant cet idéal qu'il s'est forgé dans la boue. Mais ce n'est pas assez ! Non, c'est encore trop gentil ! Pour lui faire réaliser qu'il est seul, se bat en vain et sans raison, je vais m'attaquer à l'autre. Ou plutôt à ce qu'il s'est mis dans le crâne qu'il s'agissait de l'autre. Cette silhouette dorée qui l'accompagne n'est qu'une illusion ! Un effet d'optique ! Un fantasme de son cerveau rongé par la solitude et le remord ! Elle ne représente rien ! N'est rien ! Rien que le fragment d'un songe, d'un souhait que Darion fait constamment. Celui d'être innocent et toujours aimé par cet être qu'il a trahi ! Et je vais le lui arracher ! Le faire disparaitre ! Le réduire en miettes et permettre à cette âme enchainée à lui de se venger ! De recouvrer sa liberté ! De ne plus être lié à cet imbécile qui a ruiné sa vie, son repos éternel et sa chance de rencontrer plus digne de sa personne ! Car cette forme brillante n'est qu'un fantasme ! Une mystification ! Un tour joué par les aurores et aussi éphémère qu'elles ! Elle est intangible, irréelle, sans importance ! Elle n'est pas réellement là.

Cet or n'est qu'un carcan ! Un collier entravant le véritable Kalan et masquant sa rancune sous une poudre étincelante ! Darion croit être épaulé par son être cher, mais c'est faux ! Et je vais le lui démontrer ! Le confronter à ses responsabilités ! Lui prouver sans la moindre difficulté qu'il ne reste rien de positif dans le lien qui les a uni ! Car ce qu'il y a auprès de l'immortel n'est qu'un mirage, causé par les aurores ! Une vulgaire image sans présence ! Guère plus qu'un reflet sur une surface aqueuse et instable, qui va disparaitre ! Parce que le vrai Kalan n'attend qu'une chose : utiliser ma sombre magie pour se manifester réellement ! Pour régler ses comptes avec le traître qui l'a conduit à sa perte et se sert de son souvenir pour justifier les actes les plus répugnants !

"Personne n'a besoin de toi ! Personne ne veut de toi ! Personne ne te voit comme quelqu'un de bien ou digne d'être épaulé ! Et certainement pas celui que tu as brisé, que tu tourmentes sans arrêt et que tu exploites sans vergogne, charogne !", grondé-je, dents dévoilées, tendant une main où ma sombre magie se rassemble. "Cesse de fuir tes crimes ! Affronte la douleur de ta victime en face ! "

Je vais briser l'élan de Marchegris ! Le dépouiller de son illusion de compagnon et lui imposer la vérité ! Seul face à ses victimes ! À ses crimes ! Que ma sombre magie permette d'offrir à l'être cher sacrifié la chance de s'expliquer avec un Darion écrasé de culpabilité et de faiblesse !

[Suite]

- Utilisation rang 2 du sort Silhouette terrifiante.

[Heartless]

Mathis, bien qu'il prêtait toujours plus d'importance au pur intérêt des Yuiméniens qu'à celui d'un peuple qui lui était étranger, se rallia à Heartless. Nessandro le fit aussi, mais à sa manière. L'être ailé approchait la situation sous un angle entièrement personnel, et il fit savoir à Darion à quel point il était dégoûté par son hypocrisie. Il alla plus loin qu'Heartless dans sa critique, allant jusqu'à le proclamer lâche de ne pas s'être échappé avec son amant, car il était plus amoureux de ses privilèges ! Si ce n'était pas assez pour affaiblir Darion, le profond mépris de Nessandro, associée à la conviction d'Heartless, se cristallisèrent en une puissante aura magique qui, avec l'aide du Phénix, brisa l'enveloppe surnaturelle du gris marcheur.

(Oui ! C'est ça ! Vous avez compris la magie d'Avissérion ! Soyez pleinement en accord avec vous-même ! Emplissez-vous de vos souhaits jusqu'à ce qu'ils deviennent l'unique moteur de votre esprit ! Portez vos pensées avec conviction et détermination ! Qu'elle aille dans un sens ou dans un autre, c'est votre volonté qui est votre plus grande arme !)

Il semblait qu'Heartless et Nessandro avaient enfin compris comment maîtriser les aurores, ou plutôt, leur propre compréhension d'eux-même leur avait permis de transformer leur volonté en puissance. Darion était dépouillé de sa protection, abattu, un genou à terre. Les deux lieutenants d'Oaxaca ne perdirent pas une minute pour déchaîner une armée de spectres pour l'achever. Ce n'était cependant pas le dernier mot de l'immortel maudit. Il sortit son épée et la plaça contre son front, en murmurant, d'une voix qui n'était pas que la sienne...

- Kalan... Ensembles... jusqu'à la mort...

Il pointa son épée vers ses adversaires, et Heartless crut voir dans son dos la silhouette d'une autre personne, tenant l'épée avec lui. Les ombres fondirent sur lui, et il commença sa danse. Dans une symphonie de mouvements virtuoses empreints d'un abandon total dont ne pouvait faire preuve qu'un homme ayant retrouvé sa mortalité, il pourfendit chacun de ses ennemis, ses mouvements imperceptibles, son esprit, insondable. En voyant ceci, Heartless ne put s'empêcher de ressentir la tristesse de Darion, prêt à combattre le monde entier au nom d'un souvenir et de sa propre souffrance. Kalan, sa moitié, l'habitait-il vraiment en ce moment-même ? Combattaient-ils un hypocrite trop convaincu de sa propre justice, ou une énième victime de ce monde cruel ?

(Alors voici sa dernière carte. Il a écrit une histoire dans laquelle il est le héros tragique, seul contre tous, déterminé à mourir pour enfin retrouver l'être aimé et détruire le mal qu'il croit que nous représentons. Vous allez devoir l'affronter à l'épée, mais ne faites par l'erreur de croire que la science des armes seule vous sauvera. Vous devez écrire vous-même la fin de votre histoire. Cette histoire dont vous êtes les héros et non les antagonistes comme il voudrait le faire croire. Que chacun de vos coups d'épée soit porté avec conviction, que ce soit la conviction dans la justesse de vos actes ou dans la haine qui vous anime. Car en dépit des apparences, lorsque vous croiserez le fer avec lui, ce sont autant vos lames que vos esprits qui s'entrechoqueront.)

Le dernier sbire mordit la poussière et revint à son néant d'origine. Tal'Raban et Herle, se sentant probablement insultés, se joignirent immédiatement au combat, tandis que les trois aventuriers essayaient encore de comprendre le spectacle auquel ils venaient d'assister. Mathis, dont l'esprit s'alignait peu à celui des aurores, prit cette invitation au combat comme une aubaine, et se joignit avec entrain à la mêlée, convaincu qu'il était de sa propre adresse au combat. Sirius dit alors quelque chose que l'on ne s'attendait guère à entendre de sa bouche :

- Te jette pas sur lui comme ça ! Seul, t'es pas à la hauteur !

Ces mots pouvaient sembler décourageants, lâches même, mais Heartless en était convaincu : dans son état actuel, Darion était un plus grand danger qu'il ne l'avait jamais été. L'approche de la défaite l'avait rendu encore plus déterminé, encore plus impitoyable, il s'abandonnait totalement à son combat. Même l'avantage du nombre ne serait pas suffisant pour mettre fin à sa folie. Il allait falloir se confronter à lui de la manière la plus directe et la plus dangereuse, se confronter non seulement la volonté, mais aussi à l'expérience amassée lors de toute une vie menée à batailler. L'être contre l'être, dans son intégrité. L'ennemi était acculé, mais la victoire incertaine. Mathis, trop certain de sa force, courait au suicide si il pensait pouvoir vaincre son adversaire en duel. Cela allait devoir être un effort de groupe. Alors que Mathis approchait de Darion, Heartless se tourna vers Nessandro, qui continuait d'injurier son ennemi pour créer une faille dans sa défense. Honnêtement, ça commençait à ressembler à de l'acharnement...

- Hé. Je sais que ça te doit pas te plaire, mais on doit y aller ensemble en se couvrant les uns les autres. Tu te bats pas que pour toi-même, j'ai pas raison ?

Sans attendre confirmation de Nessandro, car Heartless avait décidé de faire confiance malgré tout à la décision de l'aldryde impulsif, il fonça à son tour dans la mêlée à la suite de Mathis. Sa priorité n'était cependant pas d'attaquer Darion. L'homme en noir découpait tout ce qui arrivait à portée de sa lame, et les alliés de Sirius, du moins ceux qui ne travaillaient pas pour une déesse du chaos, n'étaient pas à l'abri de sa puissance retrouvée. C'était une manière étrange de penser pour l'homme qui avait tendance à toujours foncer au devant du danger, à défier des adversaires bien plus forts que lui, mais si il voulait devenir le capitaine Heartless menant son équipage vers de nouveaux horizons, il ne pouvait plus se permettre d'agir ainsi quand d'autres vies étaient en jeu. Il avait depuis longtemps maîtrisé l'art des belles paroles vides de sens, mais il était grand temps d'y lier des actes. Si Darion pouvait voir son amant dans son dernier combat, alors Heartless voyait un équipage uni luttant pour se frayer un chemin parmi les vagues à bord du même vaisseau. Mazhui, Plagg, Iguru, Elias, Eliwin, tous les autres... et Gallion. C'était le souvenir de cette camaraderie, fut-elle enterrée, qui l'animait, lui. Hors de question de se laisser aveugler par sa propre soif de gloire. Il fallait prouver à Darion que le nombre peut faire la force si les chiffres se suivent.

Derrière, Nessandro préparait un sort magique, sûrement dans le but de décontenancer Darion, ouvrir sa garde. Ce n'était pas garanti de fonctionner, mais c'était bien pour ça qu'il y allaient à trois. Dès qu'il attaquerait un de ses camarades d'infortune, Heartless s'attaquerait à la lame du tueur. En faisant durer le combat, ils pourraient créer une ouverture suffisante pour porter un coup fatal à Marchegris. Faisant tournoyer son trident, il se hâta vers le cœur de la bataille, concentré à dévier le prochain assaut de Darion et de Kalan.


-> Déviation au rang 5 (AA)

[Gamemaster X]

L'heure de l’ultime bataille a sonné. C'est une véritable ruée contre le gris-marcheur, le chef d'orchestre qui a créé la sororité de l'oubli salvateur, celui qui a jadis exterminé les Phénix de Yuimen et cherche maintenant à détruire leur père, celui qui a mené les forces des kasuris et celles d'Oaxaca ici pour servir ses desseins... Désespéré mais immortel et monstrueusement puissant, il engage sans crainte le combat contre certains des plus grands héros de ce monde qui, malgré leurs différences, s'unissent au terme d'une histoire qui les dépasse contre un adversaire qui les dépasse...

Mais la chorégraphie guerrière de Darion est implacable. Tal'Raban porte une attaque qui semble imparable, se glissant dans le dos de son ennemi pour le transpercer d'une lame d'ombre... Pourtant, il se retrouve face à un visage souriant et une épée noire qui a bloqué son coup avec un mouvement physiquement impossible. Herle, saisissant l'occasion, fond également sur Darion et sa lame d'une précision mortelle trouve le défaut de l'armure pour l'atteindre. Une humeur noire se met à couler alors que le Professeur de l'occulte contemple avec surprise le visage grimaçant de son ennemi : Darion est simultanément face à Tal'Raban et face à lui, bloquant l'attaque du plus grand des nécromants dans le même temps qu'il transperce de part en part l'elfe blanc. Une flamme écarlate et un hurlement... la manifestation de Herle en enfer disparaît sous vos yeux.

Mais vous n'êtes pas en reste. Mathis, porté par la seule conviction de sa perfection, parvient à griffer l'immortel, lui infligeant une deuxième blessure. Ce n'est d'ailleurs qu'à cet instant que le kendran remarque un détail pittoresque, mais heureusement sans conséquence : ses griffes sont plus longues et sa peau couverte de poiles blonds et soyeux. Le charaudeur semble bel et bien en train de devenir un superbe félin !

Entretemps, Heartless se concentre et, pendant un instant, il lui semble sentir comme les embruns de la mer. Des présences en marge de sa conscience... mais le pouvoir peine à se concrétiser. Et, lorsqu'il attaque, Darion fait un pas sur le côté, esquivant presque négligemment l'attaque. Le Phénix murmure au pirate :

(Appliquer la même stratégie que Darion... devenir une multitude... c'est audacieux. Mais tu en as le potentiel. Accorde tes coups à cette pensée : si tu es une armée, frappe mille coups comme une armée, si tu as la force de cent hommes, frappe avec la force de cent hommes.)

Mais alors, Nessandro entre en scène et le combat déjà dantesque prend alors une toute autre proportion : l'aldryde se gonfle, devenant lui-même une ombre gigantesque et intimidante alors qu'il tente de réduire son ennemi par les mots, tenant un discours qui résonne avec des accents effroyables de haine et de moquerie... et le temps sembla ralentir les aurores s'enroulant autour de Darion et de lui... et tous purent voir le sourire de triomphe s'afficher sur le visage du gris-marcheur.

"Tu n'étais pas là, avorton. Tu ne sais rien. J'ai tout fait pour cacher et protéger... j'ai même proposé de partir... Mais mes parents ne voulaient rien entendre, ils ne pensaient qu'au soit-disant honneur de la famille. Et si j'ai involontairement lié son âme à la mienne, le condamnant à une existence de damné, ce sont les actes et non les larmes qui corrigeront cela. Et c'est avec la même sincérité que je me bas aujourd'hui pour le libérer."

Et alors que Nessandro a grossit jusqu'à devenir une immense ombre de désespoir aux ailes noires, semblant emplir le ciel, Darion bondit avec une force inouïe, s'envolant littéralement au-dessus de vous tous pour se précipiter vers l'aldrydes, tout en concluant, triomphant :

"Merci, émanation maléfique d'un autre monde, d'avoir validé mon histoire ! Tu es le menteur, le médisant, l'ombre du désespoir passé... mais moi, je me suis relevé pour enfin corriger mes erreurs !"

Un éclat de lumière, une épée qui siffle, une gerbe de lumière bleue giclant de l'ombre terrifiante... et lorsque Darion atterrit brutalement, c'est une ombre qui part en lambeau qui retombe mollement derrière lui et se désagrège jusqu'à ne laisse qu'un petit corps, celui de Nessandro, le torse barré d'une terrible plaie. L'immortel se retourne face à vous et tend son épée, plus déterminé que jamais à poursuivre le combat.

(((Bilan : Darion a reçu deux blessure. Nessandro à reçu une blessure grave.

[Heartless]

La véritable mêlée commença. Les deux lieutenants d'Oaxaca attaquèrent Darion à l'unissant, usant de leurs arts obscurs pour le cerner en un clin d’œil. Herle arracha un cri de douleur au marchegris lorsqu'il entailla son flanc. Au même moment, Tal'Raban saisit l'occasion pour un assaut frontal. Les lames sonnèrent, et après un spectacle terrifiant, celui d'un Darion dédoublé qui bloquait l'attaque de Tal'Raban tandis qu'il embrochait l'elfe de son épée, Herle Krishok disparut dans une gerbe de flammes. Il n'avait fallu qu'un instant pour que la manifestation d'un des Treize soit pourfendue par l'immortel. Avant qu'il ne puisse continuer sur sa lancée, Darion fut attaqué par Mathis, que le terrible entrain ainsi que le pouvoir accordé par les aurores transformait en créature mi-homme, mi-féline, dotée de griffes et d'une agilité hors du commun.

C'était là un adversaire plus à la taille de Darion. Heartless l'avait-il sous-estimé ? Non. Il avait confiance en Mathis. Il savait que ce fier kendran était un virtuose des duels doté d'un esprit vif et d'une volonté de fer. Il savait tout cela, et il savait aussi que cela ne serait pas assez contre la folie de Darion, même avec l'aide des aurores. En se ruant férocement sur Darion, Mathis parvint à le griffer assez profondément pour le blesser. Heartless tenta d'apporter son aide, mais il fut négligemment balayé par l'adresse inhumaine de son adversaire qui était absorbé par son duel contre le chat rôdeur.

Cependant, il ressentait le pouvoir du feu dans le ciel qui se manifestait en lui, mais il n'y était pas encore. Le Phénix, comprenant son intention, l'encouragea :

(Appliquer la même stratégie que Darion... devenir une multitude... c'est audacieux. Mais tu en as le potentiel. Accorde tes coups à cette pensée : si tu es une armée, frappe mille coups comme une armée, si tu as la force de cent hommes, frappe avec la force de cent hommes.)

Le dieu d'Avissérion avait raison, c'était exactement ce qu'il lui fallait faire pour avoir une chance, mais quelque chose se passa durant le combat qui l'empêcha de se focaliser sur son adversaire. Nessandro, déterminer à détruire la façade de l'homme plus que l'homme lui-même, fut transformé par la force de sa volonté en ombre gigantesque, narguant et insultant Darion Marchegris. Cependant, les choses ne se déroulèrent pas comme il l'avait prévu. L'hostilité de Darion sembla disparaître un moment, mais c'était parce que toutes ses pensées étaient dirigées vers l'aldryde, qu'il fixait en souriant.

- Tu n'étais pas là, avorton. Tu ne sais rien. J'ai tout fait pour cacher et protéger... j'ai même proposé de partir... Mais mes parents ne voulaient rien entendre, ils ne pensaient qu'au soit-disant honneur de la famille. Et si j'ai involontairement lié son âme à la mienne, le condamnant à une existence de damné, ce sont les actes et non les larmes qui corrigeront cela. Et c'est avec la même sincérité que je me bas aujourd'hui pour le libérer.

Puis il bondit si vite qu'Heartless eut du mal à y croire lorsqu'il vit sa silhouette filer vers Nessandro par-dessus lui.

- Merci, émanation maléfique d'un autre monde, d'avoir validé mon histoire ! Tu es le menteur, le médisant, l'ombre du désespoir passé... mais moi, je me suis relevé pour enfin corriger mes erreurs !

Il frappa l'émanation de Nessandro en créant un éclair lumineux. Une seconde plus tard, qui parut en être trente, Darion reposa les pieds au sol, tandis qu'un Nessandro sans vie chutait au sol dans son dos. Heartless ne put pas s'empêcher de crier son nom :

- Nessandro !

Mais il ne pouvait pas se ruer bêtement au combat sans se coordonner avec Mathis. Il chercha le regard de son compagnon d'armes, puis reposa le sien sur Nessandro gisant à terre. L’œil qu'il lui restait comprit rapidement que l'aldryde, bien que gravement blessé, vivait encore, à en juger par les faibles battements de ses ailes, qui bougeaient encore par réflexe nerveux. Que devait-il faire ? Il était clair qu'ils devaient vaincre Darion coûte que coûte, mais sur les cinq combattants du départ, il n'en restait plus que trois en état alors que le combat venait à peine de commencer. Foncer sur Darion aux côtés de Mathis était la chose à faire pour s'assurer la victoire, mais pouvait-il se permettre de laisser Nessandro se débrouiller tout seul pendant qu'il se vidait de son sang ? Mais aider Nessandro reviendrait aussi à laisser Mathis se battre seul contre Darion à nouveau, et si Mathis souffrait du même coup retors en son absence ? Ils ne pouvaient pas se permettre d'agir chacun de leur côté contre une telle menace. Heartless détestait choisir entre deux options... c'était précisément ce qui faisait qu'il était Sirius Heartless.

- Mathis !

Il appela son camarade et fila comme une flèche vers l'adversaire commun, espérant, non, sachant, que Mathis le suivrait pour combattre Darion à ses côtés. Ayant pris l'initiative, il fonça, trident en avant, vers Darion Marchegris, lui adressant un regard empli de fureur. Un regard faux. Ce n'était pas lui, sa cible. Sa charge n'était qu'une feinte. Il allait profiter de sa portée pour faire entrechoquer son arme avec celle de l'immortel tout en restant à une distance confortable, feindre un déséquilibre, et faire une courte roulade pour se redresser. Tout ça pour arriver à portée de main de Nessandro. Il était temps de faire compter toutes ces années à vivre comme un vaurien dans les taudis de l'Imiftil. Feignant l'incompétence, il allait glisser sur le sol et discrètement se saisir de l'aldryde pour le fourrer dans ses vêtements, que ça lui plaise ou non. Ce faisant, il pourrait revenir à la mêlée assez vite pour apporter son aide à Mathis, tout en gardant un œil sur Nessandro. Et de plus, il se doutait bien que ce petit aldryde teigneux n'allait pas rester bien tranquillement allongé bien longtemps. Il était temps de jouer un sale tour à ce faucheur trop sûr de lui. Trois n'étaient pas de trop pour abattre cette parodie de héros tragique.

(Désolé, Phénix. J'aimerais faire ce que tu me dis, mais je peux pas me détourner d'un camarade. J'ai perdu ce droit il y a très, très longtemps...)

Qu'avait abandonné Heartless ce jour-là, lorsqu'il a rejeté les compagnons de voyage qui avaient attendu son retour dans cette auberge nosvérienne ?

-> Lance "Insaisissable" au rang 5 pour éviter la riposte de Darion et tente de chiper discrètement Nessandro dans la mêlée.

[Nessandro]

[Précédemment]

-141a-

Une erreur. J'ai commis une terrible erreur et je m'en rends compte dès l'instant où un sourire s'affiche sur les traits de l'immortel. Il parle sans la moindre trace d'impulsivité, comme pleinement en contrôle. Ma propre magie sombre, cajolée par les aurores, se retourne contre moi, me faisant effroyablement gagner en taille. Brièvement, nos rôles sont inversés. Moi incarnant l'ombre maléfique présente en son cœur et lui le chevalier destiné à l'éliminer. J'ai mésestimé le lien entre Darion et son ombre dorée, joué sur une culpabilité qu'il n'a pas. Je n'ai fait que le conforter dans l'idée que ses actes sont justes et justifiés. Un renouveau de haine m'étreint aux paroles emplies d'une gratitude moqueuse qu'il m'adresse. Mais je suis contraint de contempler plus que de vivre la situation tandis que l'humain déploie une arme ornée de bleuté pâle et l'abat dans ma direction. Je vois, plus que je ne le ressens, ma forme d'ombre gigantesque choir face contre terre, partant en lambeaux avant de toucher le sol. Un sursaut d'orgueil me fait montrer les dents en une grimace animale à la douleur renouvelée dans mon torse. Elle m'étourdit tant que je n'ai pas le réflexe d'amortir ma chute. Je ressens à peine l'impact contre mon profil, momentanément hébété et songeant vaguement à Dae'ron. Une blessure de plus... Encore au torse... Qu'il vient à peine de m'aider à soigner. Il va m'en vouloir à force...

Ma respiration difficile, les spirales auditives vrombissantes, j'entends brièvement un son. Un appel en vérité. La voix du borgne envoyant mon nom comme s'il avait la moindre once d'inquiétude à mon sujet. Un humain ? Se préoccuper de moi ? Ce serait la meilleure... D'autant qu'il m'a fait comprendre me détester, comme tous les autres géants. Il me fournit malgré lui un point d'ancrage dans le présent. J'entends encore sa voix interpeller l'autre humain puis des bruits de course. Le combat se poursuivrait sans moi ? Non... Non ! Je ne vais pas rester vautré là comme je ne sais quel genre de victime ! Mon poing cogne par terre alors que je ramène mes jambes vers moi, prenant appui sur mes quatre membres et donnant de légers mouvements d'ailes pour me stabiliser. Une gorgée de salive amère s'échappe de ma gorge. Je perçois un mouvement près de moi mais ne suis pas en mesure de l'éviter. Mes mains se serrent dans le vide, mon arbalète ayant glissé loin de moi sur le pont.

Ma haine se renouvelle, plus violente et révoltée qu'auparavant !

Marchegris se croit tout-puissant ? Il se permet de me traiter en ultime adversaire avant de me laisser là, sans terminer le travail ? Il se prétend héros, mais il a le cœur d'un lâche ! D'un incapable infoutu de mettre un terme à son histoire ! Parce qu'il n'est rien sans cette fable qu'il se brode et à laquelle il tremble de mettre un terme ! Car sans elle, son existence n'a plus aucune valeur ! Plus le moindre poids ou la plus petite raison de persister ! Au final, son conte n'a aucune importance à mes yeux ! Il n'est même pas digne d'être nommé dans mes pensées ! Ce n'est qu'un humain comme tous les autres ! Il n'est en rien différent de mes geôliers ou de ceux qui m'ont causé toutes ces souffrances depuis mon éclosion ! Une figure anonyme dotée d'une arme, comme j'en ai tué des dizaines par le passé et en abattrai encore ! Ce n'est qu'un ennemi de plus ! Non, même pas ! Une vulgaire épine dans mon flanc ! Une simple péripétie dans l'histoire de ma vie ! Non... Maintenant que j'y songe, c'est pire... Bien plus grave que cela... C'est un obstacle. Un simple pantin se dressant entre moi et Dae'ron ! Une barrière de chair et de sang, mortelle comme tout humain !

J'agrippe ma dague-croc avec fermeté. Ah il veut se confronter à ses adversaires ? Ah il veut se donner le beau rôle dans une bataille où il n'ose même pas voir ses opposants de près, le lâche ?! Je vais lui donner l'occasion de comprendre son erreur ! Il va être au premier rang pour me voir lui rendre la monnaie de son yû ! Mes pensées se tournent vers ce rêve où, emprisonné dans un boyau sanguinolent et vivant, je passais au travers pour retrouver le Protecteur. Mon Protecteur, qui attend mon retour anxieusement. Il doit tellement s'inquiéter et souffrir sans pouvoir m'aider, encore une fois... Et tout ça par la faute de cet homme inutile sur mon chemin ! Je vais lui faire comprendre qu'il n'est rien ! Que je peux passer à travers son existence aussi aisément qu'au centre d'une pitoyable toile d'araignée abandonnée !

Je perçois à peine ce qui entre en contact avec moi et devine tout juste un déplacement qui n'est pas de mon fait. Je ravale la douleur irradiant de mon torse. J'en ai vu bien d'autres ! Broyé par la poigne d'un arctosa et dévoré vif par ce dernier ! Les côtes brisées par les mandibules d'un kasuri ! Corrompu par une puissance obscure que je combats et accepte à la fois depuis des mois ! Ce n'est pas un petit coup d'épée brillante qui va me mettre aussi facilement à bas ! J'ai souffert bien plus que lui qui se prétend personnage d'histoire tragique, et je me suis toujours relevé ! Il n'a jamais vécu l'injustice véritable qui te pousse à continuer jour après jour à lutter et à survivre envers et contre tout ! Il ignore ce qu'est la véritable douleur ! Son histoire n'arrive pas à la cheville de la mienne alors qu'il prétend exister depuis des siècles ! Je canalise ce sentiment alimentant ma soif de revanche et projetant de le faire subir à cette engeance humaine ! Son temps est écoulé depuis longtemps ! Je vais le briser comme le verre d'une simple clepsydre et répandre son fluide au sol ! Lui montrer que le buste où il pense son cœur à l'abri n'est guère qu'une cage de plus dont je vais forcer l'entrée ! Une voie que je vais emprunter en détruisant tout sur mon passage ! Rien n'arrêtera ma charge ! Aucune matière morte ou vivante ne saurait empêcher ma dague de trouver et d'éclater son cœur comme une piètre outre de flotte !

Je suis plus rapide que lui ! Plus fort que son corps et que cette magie dont il se croit maître ! Plus déterminé à cogner que son muscle palpitant que je vais stopper de ma dague, de mes mains, de ma volonté ! Si c'est pour me débarrasser de toute gêne en travers du chemin menant à mon compagnon, je n'ai aucune limite ! Aucun frein ! Nul ne m'arrêtera et surtout pas un minable humain isolé sur le trajet ! Je serai le fer de lance embrochant le torse de cette silhouette ridicule et passant à travers aussi sûrement que le harpon d'un pêcheur le fait avec sa proie !

Je prends à peine appui contre mon support vivant que j'identifie tout juste. Je projette mon corps dague en avant, tout comme mon esprit et mon énergie combattive en un tout ! Comme une lance d'ombre partant plus vite que les yeux peuvent la suivre droit vers mon obstacle, je file dans un silence meurtrier perforer de part en part le buste de cet insignifiant humain !

[Suite]

[Mathis]

Comprenant enfin ma supériorité, je m’élançai dans le combat. L’aldryde, pour sa part, fit ce qu’il savait faire le mieux : Déverser sa hargne et sa mauvaise humeur. Mon compagnon Sirius, dénué de perspicacité, voulut me dissuader d’avancer, croyant que je n’étais pas à la hauteur. Je ne m’inquiétai point de ces paroles, bien que vaillant et fidèle, il n’avait pas mon intelligence supérieure et n’avait pu remarquer toutes mes capacités.

Sans besoin de se consulter au préalable, nous foncions tous sur notre ennemi commun : Le marcheur gris, pauvre être en désespoir de cause, dont les idées brouillées l’empêchaient de voir qu’il n’était pas à la hauteur.

Tal’Raban tenta une attaque dans le dos de Darion, mais celui-ci le déjoua de son épée noire. Profitant de cette petite diversion, Herle fonça à son tour et réussit à toucher notre ennemi. Sa lame s’inséra dans un défaut de l’armure et libéra une humeur noire et visqueuse, mais Darion riposta et sa lame noire transperça la manifestation d’Herle qui s’évanouie dans un hurlement. J’arrivai alors à point nommé, et sans surprise et avec une précision sans pareille, je griffai le vulnérable petit marcheur gris lui infligeant une seconde blessure. Tout en l’attaquant, je constate que ma peau s’était recouverte de poils blonds et soyeux et que mes griffes avaient atteint une longueur idéale. Mais je ne m’occupai pas davantage de ces menus détails, sachant pertinemment que je reprendrai mes merveilleux attributs du Kendran que je suis dès que le combat sera terminé.

S’il n’avait pas vu mon attaque, Darion réussit par contre sans peine à esquiver celle du pirate. Dans le déversement de tout son fiel, Nessandro avait mal estimé la magie des aurores. Il se gonfla de façon disproportionnée, devenant une ombre gigantesque. Le marcheur gris sembla profiter de cette immense cible aux ailes noires pour bondir sur elle et le transpercer de la lumière bleue de son épée. Nessandro, blessé et cloué pour le moment au sol. Connaissant sa détermination légendaire, je savais qu’il se relèverait, que ses blessures se cicatriseraient et qu’il reprendrait le combat. Je n’étais pas homme à m’entourer de gens incompétents, Nessandro et Sirius s’avéraient des combattants presqu’aussi doués que moi, et c’était peu dire.

Croyant avoir gagné une manche, Darion, blessé à deux endroits, se retourna vers nous et tendit son épée. Il était prêt à subir une défaite cuisante. Comme un chat qui joue avec sa proie avant de la tuer, je lui décrochai un sourire meurtrier, savourant à l’avance le plaisir qu’allait me procurer cette petite partie de chasse.

Ce fut alors que le borgne sortit enfin de son immobilisme en criant mon nom. Ma superbe attaque lui avait redonné confiance et il semblait décidé à prendre part au combat. Bien que je puisse sans peine venir seul à bout de ce freluquet et fragile marcheur gris, je respectai la détermination de mon compagnon qui fila comme une flèche vers Darion.

De mon côté, je ne me laissai distraire, je n’avais pas lâché une seconde Darion des yeux. Profitant une fois de plus de mes griffes acérées et ma souplesse légendaire ainsi que de la diversion causée par la feinte de Sirius et de l’attaque surprise de Nessandro, souplement je bondis sur Darion, toutes griffes devant, décidé de lui transpercer les carotides pour l’achever.

(((Utilsation de la Capacité d’archétype du charaudeur : Chastagne. )))

[Gamemaster X]

Heartless et Nessandro s'élancèrent en même temps, mais pas dans le même but. Lorsque le pirate arrive à hauteur de l'aldryde, celui-ci lui glissa entre les mains, son corps soudain semblable à une lame de couteau noir et se déplaçant à une vitesse et avec une précision normalement impossible à un aldryde. Son attaque fut portée en même temps que celles de Mathis et de Tal'Raban qui abattait sa lame d'ombre avec fureur, hurlant :

"J'ai séjourné si longtemps en enfer... tu crois pouvoir me vaincre en mon domaine, minable ?"

Mais la lame de Darion s'éleva en un mouvement incroyablement vif tandis qu'il ricanait :

"Je parcourais déjà la vie et la mort comme bon me semblait en un temps que tu ne peux même pas concevoir !"

Et son épée para la lame du nécromancien, en même temps qu'elle dévia Mathis au moment où il allait l'atteindre dans un mouvement qui l'envoya rouler au sol, sans dommages heureusement. Dans le même temps, toujours emporté par sa danse folle, il fouetta l'air en direction du nécromancien et du pirate qui passaient à porté... heureusement sans effet. Tal'Raban bloqua l'attaque d'un geste net et précis tandis que Heartless sentait le souffle de la lame passer à quelques centimètres de lui.

L'ensemble des actions avait été si rapide que Nessandro avait été perdu de vu un instant, et le pirate pensa ne pas l'avoir rattrapé à temps... C'est alors que vous remarquez une grimace de la part du gris-marcheur. Il lève une main couverte d'une humeur noire et sinistre : Nessandro vient de lui transpercer le flanc. Mais plus étrange encore : une subtile distorsion de l'espace autour de vous se produit... et voilà que l'aldryde est dans la main du pirate ! La volonté de celui-ci a créé comme un lien étrange, une lumière bleutée qui vous relie tous. Vous pouvez tous sentir la douleur et la colère de Nessandro, la conviction narcissique de Mathis et la peine et la détermination de Heartless à ne laisser tomber aucun d'entre-vous. Vous êtes unis, comme une seule entité à trois corps...

En face de vous, Darion éructe :

"Je suis éternel ! Intemporel ! Vous prétendez me blesser, mais chaque coup ne fait que renforcer ma détermination ! Je suis le gris-marcheur, et je sauverais Yuimen !"

Une fois de plus, vous entrevoyez la silhouette dorée autour de lui, mais elle semble plus brillante que jamais. Dans le même temps, l'ombre enveloppe le jeune homme aux cheveux noirs qui irradie littéralement de puissance, tel un vent qui balaye l'enfer, de plus en plus violent. Il est blessé, mais paradoxalement, il n'en est que plus mortellement dangereux ! Mais vous non plus, vous n'êtes pas seuls : le lien de Heartless subsiste dans la tempête, au moins pour un temps. Vous pouvez lire dans les pensées de chacun en un instant, percevoir à la perfection la position de chacun... C'est peut-être l'occasion d'en finir avec le monstre qui vous fait face.

(((Pour votre prochaine action, vous avez le droit d'échanger par MP tout ce que vous voulez pour vous coordonner. Vous pouvez communiquer entre vous à la vitesse de la pensée, donc aucune restriction)))

[Heartless]

Tal'Raban et Mathis se lancèrent à l'assaut au même moment qu'Heartless. La lame de Darion effleura son visage alors qu'il fonçait vers Nessandro. Cette même lame se heurta à l'épée d'un Tal'Raban indigné.

- J'ai séjourné si longtemps en enfer... tu crois pouvoir me vaincre en mon domaine, minable ?
- Je parcourais déjà la vie et la mort comme bon me semblait en un temps que tu ne peux même pas concevoir !

Darion se sentait invincible, l'adresse de trois adversaires attaquant à l'unisson ne lui arrivait pas à la cheville. Mais alors qu'il se préparait à tailler dans une autre victime, un éclair lui passa à travers le corps. Nessandro, impatient, s'était servi de l'élan d'Heartless pour foncer comme une flèche sur son ennemi. Une minute, avait-il vraiment fait ça ? En regardant sa main, Sirius constata que l'aldryde était toujours avec lui. Que s'était-il passé ? Il remarqua une étrange aura bleutée, presque interception, qui le liait à Nessandro, ainsi qu'à Mathis. Il y eut un bref instant de confusion, tandis qu'il entendait des pensées éparses et spontanées qu'il comprit être celles de ses compagnons. S'était-il, sans le savoir, lié à ses alliés par le pouvoir des aurores ? Darion lança, fou de rage :

- Je suis éternel ! Intemporel ! Vous prétendez me blesser, mais chaque coup ne fait que renforcer ma détermination ! Je suis le gris-marcheur, et je sauverais Yuimen !

Son halo de ténèbres et de lumière entremêlées devint plus intense, si bien qu'il semblait entouré d'une véritable tempête. Mais le lien entre les aventuriers subsistait... C'était l'occasion rêvée de rendre à Darion la monnaie de sa pièce. L'attaque de Nessandro en avait été la preuve : une action coordonnée pouvait venir à bout de l'imprenable défense du marchegris. Il fallait répéter la même tactique, pour lui porter enfin le coup fatal.

(Mathis, Nessandro ! Il se bat comme deux hommes. Ça peut sembler basique, mais si on se coordonne parfaitement, notre nombre joue à notre avantage ! Il faut l'assaillir de deux côtés, l'occuper lui et son spectre, et celui d'entre-nous qui le pourra encore essaiera de le toucher là où ça fait mal !)

Conscient que tous ses actes seraient transparents pour ses alliés, Heartless renforça sa poigne sur son trident et fonça le premier vers Darion.

- Éternel ? S'il y a bien une chose que ce voyage m'a fait comprendre, c'est que rien n'est éternel, Darion ! T'es immortel, mais pas invincible !

Ouvrir la garde, ouvrir aux autres le chemin. C'était, à présent, le rôle de Sirius Heartless. Alors qu'il se lançait à corps perdu sur l'immortel, il se rappela du lien étrange qui avait ramené Nessandro à lui. Oui, si telle était leur volonté, les guerriers pouvaient se rapprocher et s'éloigner les uns des autres à l'envi, et à une vitesse surprenante, il en était convaincu. Et ainsi, ils pourraient battre Darion et le spectre qui le hantait à leur propre jeu... En intervertissant deux menaces physiques directe à la vitesse de l'éclair, le groupe serait capable de prendre le sombre bretteur au dépourvu grâce à une technique jamais vue sur Yuimen auparavant.

(Mathis, concentre-toi ! On échange nos places ! Nessandro, attends le bon moment !)

-> Feinte au rang 5

[Mathis]

Heartless, cet homme qui travaillait toujours de concert avec les autres, s'était élancé afin d'attraper le petit être ailé, qui tout au contraire n'avait de cesse que de cracher sa hargne. Malgré sa vaillante tentative, l'aldryde lui glissa entre les mains, le corps de l'aldryde devenu vraisemblablement un poignard projeté vers le marcheur gris. Même si nous étions trois contre lui, Darion para l'attaque du nécromancien et dévia mon mouvement. Sur ma lancée, je ne puis m'arrêter et je roulait agilement sur le sol. Poursuivant sa danse folle, notre ennemi commun rata de justesse la tête du pirate. Puis, contre toute attente, celui-ci grimaça de douleur. Nessandro lui avait traverser le flanc, et son humeur noire et putride gisait de sa plaie béante.

Ce fut à ce moment qu'un phénomène étrange se produisit. Sans raison apparente, Nessandro réapparut dans le creux de la main du pirate. Interloqué, je remarquai une lumière bleutée qui semblait tous nous unir. Je sentis la douleur et la colère de l'aldryde comme si elle était mienne, et je fus pris d'une certaine tristesse mêlée à la détermination de tous nous sauver. N'étant qu'un idiot égoïste, Darion n'avait pas eu conscience des changements qui s'étaient opérés à notre avantage, il se contentait de se gonfler de prétention, se voyant illusoirement comme le sauveur de Yuimen, se clamant immortel, et même pire, éternel. Ce discours prétentieux n'avait pour but que d'ensorceler les aurores et les convaincre de soi-disante supériorité.

Mon intelligence supérieure me permit de comprendre que grâce à la volonté de Heartless, nos esprits s'étaient unis.. malheureusement, cette constatation ne me suffisait pas, je devais découvrir comme tirer profit de cet avantage.

Je décidai donc de foncer sur le prétentieux danseur gris, afin de le griffer de plus belle. Au même moment, Sirius dévoila son plan par la pensée. Il voulait qu'on l'attaque sur deux fronts afin de s'attaquer à lui et à son spectre. Je ne pus m'empêcher d'esquisser un sourire, il n'avait pas à me transmettre ce message, puisque j'en connaissais déjà le contenu puisque nos esprits étaient désormais unis.

Déterminé à vaincre ce marcheur gris et à travailler de concert avec Nessandro et Sirius, je fonçai toutes griffes dehors pour attaquer Darion de plus belle. Je ressentis une colère intense contre ce géant gris, que je ne pouvais que mépriser. Comment un être si abjecte et grand pouvait exister puisque sa respiration elle-seule m'était désagréable.

Je me rappelai qu'il nous était possible de changer de place avec notre compagnon d'esprit si tel était notre désir. Je me concentrai donc sur mon attaque, sachant qu'à la dernière seconde, mon corps s'éclipserait d'ici pour réapparaitre là où se tenait Sirius.


Utilsation de la Capacité d’archétype du charaudeur : Chastagne. )))

[Nessandro]

[Précédemment]

-142a-

Je n'ai d'yeux que pour ma victime, ignorant les coups portés et parés par les autres. Je vois une ouverture et y plonge sans la moindre retenue, visant la poitrine de l'humain gesticulant. Mais ces maudites aurores et cette saloperie de géant me font louper ma vraie cible. Je ne perce que le flanc de la créature trop grande sans savoir si c'est moi qui ai manqué mon assaut ou cette magie étrangère qui n'est vraiment pas aussi fiable que ses utilisateurs le laissent entendre. Ce que je constate, c'est qu'après mon coup, je me retrouve dans la main du borgne. Comme un vulgaire outil ! Par mes ailes, que s'est-il encore passé ?! Et pourquoi j'ai le sentiment d'éprouver des choses sans mon avis ?! L'idée de ne pas laisser tomber les deux autres m'enserre profondément, comme l'idée que le minable humanoïde face à moi ne fait pas le poids, quoi qu'il entreprenne. Je devine un trouble autour de nous, teinté de bleuté, comme une sorte de lien à peine perceptible qui nous lie si étroitement que nous ne semblons former... Qu'un. Je suis si concentré sur la canalisation de ma haine et sur la certitude que, quoi qu'il fasse en face, je suis plus rapide et mortel que lui, que je ne prête guère attention à ce qu'il raconte. Surtout si c'est pour se rassurer bêtement sur son éternité et sur son statut de sauveur alors que les plaies s'accumulent sur sa forme.

Les pensées du borgne me viennent aussi vivement et clairement que si je les avais eu moi-même. Ils sont deux, nous sommes trois. Une attaque simultanée de deux côtés ouvrent la garde au troisième. Ils vont attaquer en même temps et échanger de place pour que les parades tentées contre leurs attaques soient inadaptées et l'obligent soit à réagir en concentrant toute sa pensée sur eux, soit à prendre des coups de part et d'autres. L'idiot à l'ombre dorée se fait provoquer par Heartless, rappelant que rien n'est éternel. Et pas seulement !

Il se prétend immortel, mais même les elfes les plus vieux, passant pour la même chose, se courbent sous le poids des ans ! Et ce type gesticulant n'est pas différent ! Il se dote d'une image de jeune humain, mais il a des siècles sur le dos ! Il n'est qu'un vieux croulant faible et fatigué par la vie, portant un déguisement qui s'effrite d'instant en instant ! Il ne trompe plus personne ! Pas même son propre esprit ! Il va ployer sous les assauts aussi bien physiques que de la réalité ! Ce n'est qu'un être qui prétend être jeune quand tout son corps accuse le poids des ans ! Et que je vais lui rappeler ! Sa vue est si mauvaise qu'il n'est plus capable de voir venir les coups ! Ses réflexes amoindris par les siècles qu'un vulgaire humain n'est pas destiné à vivre ! Il est trop vieux pour se battre avec aisance ! Ses articulations se grippent à vue d’œil, et son épée se fait lourde de seconde en seconde tant les forces lui manquent ! Il n'est plus fait pour le combat ! Ses blessures prouvent qu'il n'a rien du combattant fougueux qu'il se prétend être ! Et je vais le lui prouver !

Aligné par l'esprit avec les deux autres, je vois parfaitement ce qu'ils vont faire. Feinter pour l'un, frapper sans pitié pour l'autre, et quand les coups approcheront leur cible, ils échangeront leurs places, rendant les réponses aux assauts inutiles et ridicules ! Elles ne répondront pas aux attaques et ouvriront magistralement la garde du vieillard rendu poussiéreux par les siècles indûment vécus ! Et alors, ses yeux incapables de suivre le combat ne me verront pas, plus rapide que jamais encore pour le pourfendre droit là où je le veux ! À travers cette poitrine où un cœur lassé du temps passé sera percé par ma lame ! Il ne saura même pas que je l'ai attaqué avant de ressentir mon arme dans son torse ! Cet embaumé vivant aux gestes de plus en plus faibles finira comme un épouvantail sur le pic que je suis ! La tempête dont il s'entoure n'est qu'un effet visuel de plus, destiné à masquer sa condition de ruine aux cheveux blancs et aux traits parcheminés ! Mais il ne me dupe pas ! Je le vois parfaitement ! Tout comme ce palpitant qui se croit à l'abri dans sa cage d'ossements ! Embroché sur ma lame ! Arraché à ce corps trop fatigué pour le protéger ! Un morceau de viande que je m'en vais décrocher de ma dague et afficher à la vue de tous !

Le borgne et le blond bougent de concert. Moi aussi. Trop aveugle et fatigué, l'humain à ombre dorée n'a aucune chance de me voir frapper ! Ah il estime que je n'ai pas d'importance ?! Eh bien il va ressentir la douleur qu'une vie d'injustice est capable de provoquer ! Il ne peut pas se mesurer à l'ombre qui m'habite ! Sa vie ne tiendra pas face au vœu de mort et de souffrance que je vais lui infliger ! Cette vie ne tient qu'à un fil que celui de ma dague va trancher sans pitié !

Sa garde s'ouvre. J'ai le champ libre ! Je m'élance comme un projectile mortel, furtif et plus rapide que tout ce qui existe, pour le cueillir en pleine poitrine !

[Suite]

- Utilisation de la CC "Lame Furtive" rang 2.

[Gamemaster X]

Mis en rage et, sans doute, devinant une part de votre plan. Tal'Raban charge en même temps que vous. Le temps semble se ralentir alors que vous foncez vers votre cible. Affichant un air concentré, Darion se prépare à parer... mais n'était aucunement préparé à ce qui allait suivre. Une étrange déformation se produit, comme une lentille déformante produisant un mouvement impossible dans ce qui aurait dû être une charge droite... et Mathis et Heartless échangent leurs places.

Le visage de Darion se transforme alors de manière inattendue... un calme absolu et résigné s'affiche alors qu'il murmure dans la langue d'un passé oublié :

No hi ha esperança... Il n'y avait aucun espoir.

Et l'étau mortel se referme sur lui. Les griffes de Mathis, la charge de Nessandro et la lame noire de Tal'Raban s'enfoncent profondément. Le monde semble exploser de lumière. Une lumière qui le consume et vous force à fermer les yeux tandis qu'un sifflement mêlé d'un hurlement vous vrille les oreilles. Lorsque tout s'arrête, il ne reste de lui qu'une flaque noir aux reflets dorés qui glisse sur le sol et s'enfonce dans la pierre... puis, plus rien.

Vous vous relevez avec peine. Le Phénix vient se poser à côté de vous :

"Vous l'avez banni... Pour un temps. Maintenant, il ne faut plus perdre une minute ! Je ressens comme des centaines de coups de poignard dans mon corps. Regardez..."

La mine triste, il tend le doigt vers un vol noir qui passe au-dessus de vos têtes, et s'attarde à le regarder de ses yeux vides. Vous reconnaissez alors des aldrydes, rebelles et guerriers de la ruche, toutes ces victimes de la guerre ont rejoint les enfers... mais ce triste spectacle ne déclenche qu'un ricanement. Tal'Raban pointe sa lame noire sur le Phénix :

"Hé bien tout est clair. Tu sais ce qu'il te reste à faire si tu veux sauver ceux qui restent. Rends-toi à moi et rejoint ma maîtresse. Je pourrais faire en sorte que l'invasion d'arrête. La ruche survivra... et vous aussi, aventurier. Sinon... vous serez exterminés."

"Ces choix est ignoble mais évident ! protesta le Phénix. Si je ne rejoins pas Avissérion, c'est tout mon peuple, et non pas seulement une ruche, qui va disparaître ! Je refuse !

"Alors tu viendras par la force..."

Les ombres s'accumulent autour du nécromancien et, soudain, jaillissent du sol les mêmes chaînes noires qui emprisonnaient Darion. Et elles commencent à saisir le Phénix pour le clouer au sol...

[Mathis]

Devinant nos intentions, Tal’Raban se mit de la partie, chargeant le marcheur gris en même temps que nous. J’eus l’impression que la scène se passait au ralenti alors que Darion, concentré, se préparait à riposter. Et ce fut à ce moment que les aurores exécutèrent notre plan, déformant l’espace et le temps, intervertissant spontanément les positions respectives que nous occupions moi et Sirius. Darion, compris, bien que trop tard, qu’il était fichu. Il se résigna alors à accepter sa défaite. De fait, mes griffes les défigurèrent, la lame noire de Tal’Raban le transperça, et Nessandro, tel un projectile acéré, fila à toute allure vers sa poitrine et la perça de bord en bord.

La lumière prit alors tous ses droits dans cet enfer obscur, cette lumière, tel un feu ardent consuma le marcheur gris et nous obligea du coup à fermer nos yeux afin de ne pas être aveuglé. Mais son trépas ne faisait pas de doute. Si on ne pouvait le voir dépérir, son cri d’agonie, ou plutôt son hurlement de douleur, nous transperça les oreilles. Et puis plus rien. J’ouvris alors mes yeux et regardai l’endroit précis où se tenait Darion. Comme seule trace de sa présence, il n’y avait plus qu’une flaque noire présentant quelques effets dorés qui peu à peu se fit absorber par le sol poreux de l’enfer.
Je poussai un soupir de soulagement, pensant à tort que tout était fini et que nous pourrions quitter cet endroit maudit. Le phénix qui venait de se poser à côté de nous me ramena à la réalité, nous expliquant que nous n’avions plus de temps à perdre.

Je levai mon regard vers le haut, suivant ce qu’il nous pointait du doigt pour remarquer un vol d’aldrydes noirs au-dessus de nos têtes. Je compris rapidement qu’il s’agissait des aldrydes morts au combat protégeant la ruche pendant que nous aidions le phénix à accomplir son rituel.

À ce triste spectacle qui embuait mes yeux, Tal’Raban rajouta un rire sardonique tout en pointant sa lame tachée de l’humeur noire du marcheur gris vers le Phénix. Cet envoyé d’Oaxaca qui s’était joint à nous le temps de combattre Darion, avait repris, sans tarder, sa place dans le clan ennemi. S’adressant au Phénix, nous ignorant comme si nous étions que de vulgaires pions, ce serviteur d’Oaxaca déclara qu’il ne lui restait plus qu’un choix au Phénix, rejoindre Oaxaca. Si l’être de feu obtempérait, l’invasion de la ruche cesserait et la survie leur serait assurée ainsi que la nôtre, aventurier.

Le phénix refusa sans délai l’offre qu’il considérait abjecte. Il se devait rejoindre Avissérion afin d’éviter que son peuple ne disparaisse. Certes dernière affirmation, me rendit perplexe quelques secondes, mais ne changea pas mon choix. Je considérais, certes le cycle du phénix, égoïste et handicapant pour notre monde, mais les conséquences d’une alliance entre le phénix et Oaxaca s’avéreraient pire encore.

Voyant le refus catégorique du phénix, Tal’Raban décida alors d’user de force. Ses paroles prononcées, nous vîmes des ombres s’accumuler autour de lui, puis, du sol jaillirent de grosses chaînes noires, les mêmes qui avaient emprisonné Darion.

Tout en m’approchant du prisonnier de lumière, je m’esclaffais de rire et nargua le nécromancien de mon air le plus arrogant, probablement un vestige de mon union avec l’aldryde.

« Et qui penses-tu emprisonner ainsi avec des chaînes rouillées ? Tu te fais vieux Tal’Raban, tout comme toi, ta magie se flétrit, ces chaînes se briseront comme un jouet d’enfant…. Tu es seul à présent, contre nous trois qui ne faisons qu’un. Une trinité invincible, contre un vieux sénile, déjà mort. »

Cela dit, je m’élançai vers le phénix avec l’intention de briser ses chaînes avec mes griffes plus dures que le diamant. Ces griffes pouvaient briser les chaînes ou déchirer la chaire. Ce faisant, non dupe, je me doutais bien que Tal’Raban ne me laisserait pas faire sans agir, mais je n’étais pas seul, nous étions trois, les autres empêcheraient sans peine le nécromancien de me nuire, je me fiais à leur instinct et je me plierais à leur initiative.


(((Mathis en appel aux aurores pour affaiblir et corroder les chaînes qui emprisonne le phénix, ainsi qu'à faire flétrir le nécroman.
Mathis évoque la trinité afin que le lien entre lui et les deux autres persistent.
Mathis utilise la capacité de chastagne pour couper les chaînes.
Mathis est ouvert à toute initiative de ses deux compères, s'ils souhaitent berner une fois de plus leurs adversaires )))

[Heartless]

Les trois volontés inébranlables s'attaquèrent simultanément à Darion et à son double magique. Lorsque Mathis et Heartless échangèrent leurs places, Darion eut comme une instant de clarté, une fraction de seconde lors de laquelle il avait réalisé que sa défaite était devenue inévitable. Il ferma les yeux.

- No hi ha esperança... Il n'y avait aucun espoir.

Transpercé de tous côtés par Mathis, Nessandro et Tal'Raban, il avait été vaincu. Darion Marchegris s'évapora dans une explosion de lumière aveuglante et un hurlement assourdissant. Tout ce qu'il restait de lui, une flaque d'or et de ténèbres, disparut dans les fissures du sol.
Le Phénix, sombre même dans la victoire, se posa près de ceux qui restaient, pointant du doigt le ciel de l'autre vie, noirci par les ailes des nouveaux arrivants, les guerriers tombés de la Ruche.

- Vous l'avez banni... Pour un temps. Maintenant, il ne faut plus perdre une minute ! Je ressens comme des centaines de coups de poignard dans mon corps. Regardez...

La tristesse de ce spectacle était malheureusement entachée par le rire mesquin de Tal'Raban.

- Hé bien tout est clair. Tu sais ce qu'il te reste à faire si tu veux sauver ceux qui restent. Rends-toi à moi et rejoint ma maîtresse. Je pourrais faire en sorte que l'invasion s'arrête. La ruche survivra... et vous aussi, aventurier. Sinon... vous serez exterminés.
- Ce choix est ignoble mais évident ! Si je ne rejoins pas Avissérion, c'est tout mon peuple, et non pas seulement une ruche, qui va disparaître ! Je refuse !
- Alors tu viendras par la force...

Après avoir dit cela, il invoqua les chaînes d'ombres qui avaient entravé Darion quelques minutes auparavant pour immobiliser le Phénix en le drainant sûrement de son pouvoir magique. Mathis fut le premier à donner la réplique au lieutenant d'Oaxaca. Malgré les doutes qu'il avait exprimé sur la cause d'Avissérion, il n'était pas homme à se retourner contre ses engagements.

- Et qui penses-tu emprisonner ainsi avec des chaînes rouillées ? Tu te fais vieux Tal’Raban, tout comme toi, ta magie se flétrit, ces chaînes se briseront comme un jouet d’enfant…. Tu es seul à présent, contre nous trois qui ne faisons qu’un. Une trinité invincible, contre un vieux sénile, déjà mort.

Nul doute que son arrogance aurait de quoi irriter profondément le mage sombre, mais c'était en grande partie du bluff. Heartless ne ressentait déjà plus le lien qui l'unissait aux deux autres. Quoiqu'il en soit, le bretteur ne perdit pas de temps pour s'attaquer aux chaînes retenant le Phénix. Le borgne ne perdit pas de temps non plus, pas besoin de lien spirituel pour voir que Tal'Raban n'était qu'un indésirable à présent. Peut-être qu'ils ne pourraient pas appeler la puissance qui leur a permis de vaincre Darion, mais ça ne voulait pas dire qu'ils étaient démunis pour autant.

- Et comme je l'ai déjà dit... vous, les oaxiens, vous avez rien à foutre là !

Muni du cor magique donné par Moura, Heartless invoqua un serpent aqueux pour renverser Tal'Raban et lui faire perdre sa concentration.

[Nessandro]

[Précédemment]

-143a-

L'attaque multiple et unique à la fois ne laisse aucune chance au soi-disant immortel. Moi-même, je ne suis pas exactement sûr de ce qu'il s'est produit, mais je m'en fiche. Il bredouille quelque chose dans une langue inconnue avant de causer une déflagration lumineuse qui n'a rien à faire dans un lieu aussi sombre, l'accompagnant d'un cri strident. Hurle donc ! Le fragment d'empathie que j'avais pour toi a été réduit en poussière depuis un moment ! Je secoue la tête vivement une fois le silence revenu, pour ne voir qu'une sorte de flaque noire et or s'enfoncer entre les pierres du pont. J'inspire vivement, faisant siffler l'air entre mes dents. J'ai beau être familier de la douleur sous la quasi-totalité de ses formes, triompher de cet olibrius cause un relâchement suffisant pour faire piquer désagréablement la plaie de mon torse. Je ne peux pourtant pas y prêter attention, car le piaf de feu se fait entendre. Il rappelle que la victoire est temporaire et lève la tête vers le plafond, attirant mon attention dessus. Un vol noir de silhouettes passe au-dessus de moi, constitué de formes aldrydes tombées au combat. Je plisse les yeux, m'assurant brièvement que Dae'ron se trouve toujours hors de portée des combats, avant de percevoir un ricanement. L'elfe au service de la garce sombre rappelle qu'il est toujours là et lance des menaces à notre endroit ainsi qu'une promesse vide de faire cesser l'assaut si le phénix se rallie à lui. Au refus du piaf, des chaines déjà vues sur l'autre immortel se jettent contre l'oiseau pour l'immobiliser. Le blondinet est le premier à railler l'imbécile, souhaitant apparemment s'attaquer aux chaînes. Le borgne rugit aussi qu'un oaxien n'a rien à foutre là et je suis, contre mon gré, tout à fait d'accord.

Je reprends mon vol, dardant un regard hautain sur l'imbécile constituant le dernier obstacle sur notre route. Pour qui se prend-il celui-là ? Il vient de nous voir réduire une forme gigantesque épaulée par les aurores à néant puis vaincre un immortel qui l'a jusque-là repoussé sans transpirer. Encore un foutu suicidaire incapable de reconnaître qu'il n'a rien à faire ici ! Un premier immortel est tombé, le faire tomber dans les tréfonds des enfers ne sera pas plus compliqué ! Ce crétin ose me faire perdre mon temps ? Il a l'audace de se dresser sur la voie qui me ramènera à mon Protecteur et jouer les gros vilains alors qu'il n'a servi à rien et n'a aucun appui ?! Alors qu'il n'a aucune puissance ni ne représente la moindre menace ?! Après tout ce que j'ai traversé et subit, il se permet de se poser en adversaire et soi-disant menace ?! L'enflure arrogante et stupide ! Aussi pathétique que la première larve rencontrée ici ! Les chaînes qu'il déploie n'ont aucune force et ne sont pas plus résistantes que de vieux fils usés ! Sa magie pathétique ne fait pas le poids contre celle des aurores ! Le phénix peut les briser lui-même aussi simplement qu'un mouvement casse un fil d'araignée ! Ses petits tours de magie sont éventés et n'ont aucun effet sur qui que ce soit ici !

Toute la haine que j'avais envers l'humain vaincu, je la tourne vers cet individu tremblant de peur sous son masque d'arrogance ! Il sait qu'il n'a aucune chance et son bluff ne prend pas ! Il n'est pas un adversaire digne de moi ! Je vais lui retirer douloureusement son armure morale et lui prouver qu'il n'a pas plus d'autorité sur moi que de contrôle sur l'oiseau de feu ! Il n'est qu'une larve ramollie avec une grande gueule que je vais lui clouer en quelques mots !

"Ta magie d'entrave minable n'a pas ralenti un vulgaire humain, elle ne vaut guère mieux qu'un courant d'air face au Phénix ! Pitoyable elfe ! Réalise ton infériorité ! Tu n'as aucun pouvoir ici, vulgaire marionnette dont personne ne tire les fils ! Si tu t'agenouilles déjà face à une femelle à moitié divine, alors maintenant rampe !", lançai-je férocement en concentrant ma magie sombre et en me rapprochant, veillant à ce que la lueur du dieu flamboyant reste dans mon dos et projette mon ombre sur ma proie. "Rampe, existence inférieure, en présence d'un dieu de l'Avissérion !"

Il s'inclinera ! Il ploiera devant la puissance qui le dépasse ! Il restera à terre, vaincu par ma rage, ma magie et sa propre faiblesse ! Il n'est pas de taille à lutter ! Ses menaces ont aussi peu d'emprise sur moi que ses liens fragiles et cassants sur le Phénix ! Et je vais le lui faire rentrer dans le crâne une bonne fois pour toutes !

[Suite]

- Utilisation du sort d'obscurité "Ombre tueuse" rang 2.