Savane Tanathéenne

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Yuimen
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Savane Tanathéenne

Message par Yuimen » lun. 12 sept. 2022 17:58

Savane Tanathéenne

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Jesuir
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Cromax
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Re: Savane Tanathéenne

Message par Cromax » sam. 15 avr. 2023 15:20

Cauchemar en Aliaénon : Jesuir I



Pour Akihito, Mathis, Silmeria, Dracaena et Jorus, tout devint subitement noir. Aucune souffrance n’était, aucune sensation. Puis la vision revint petit à petit. Une obscurité moins totale, aux lueurs macabres bleutées, dans lesquelles ils semblaient baigner. Assez vite, ces sortes de cuves dans lesquels ils étaient s’ouvrirent sur une sorte de vaste hall dont le plafond était si haut qu’il n’était pas visible. Les cristaux bleus étaient innombrables le long de cette hauteur. Le sol était fait d’alvéoles noires aux pavés arrondis bleutés, inégaux. Vous sortîtes de cristaux bleus, curieuse résurgence de la manière dont plusieurs étaient morts. Un hasard ? Mais à part la vue, aucune sensation n’était : ils étaient des esprits, des fantômes. Ils n’avaient aucun corps physique : tout juste leur apparence sous une forme évanescente.


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Ils étaient des fantômes dans un monde de morts. Jorus et Mathis savaient peut-être où ils se trouvaient. Peu de chance pour le second, cependant. Les autres n’en savaient fichtrement rien, mais ça ne ressemblait pas aux descriptions qu’on pouvait faire des enfers Yuimeniens.

Deux silhouettes vinrent à leur rencontre : un être aussi fantômatique qu’eux, mais couvert d’un masque et d’une longue cape noire, tenant à la main une lance.



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Et un être plus physique, même si ce n’était peut-être qu’apparence, habillé d’une armure noire et or, casque en forme de tête de mort et foulard couvrant toute peau.


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C’est lui qui parla d’une voix aussi sombre que la mort elle-même :

« Des yuimeniens… Et en nombre. Soyez les bienvenus sous la Savane Tanathéenne, à Jésuir. Mes condoléances pour vos vies perdues : vous êtes décédés. Je suis curieux, si vous le permettez : que tentiez-vous d’accomplir pour vous être retrouvés ici aussi nombreux en même temps ? »

Et après une courte pause :

« Je me nomme Akouba, et je dirige cet endroit. »


[HJ : vous pouvez interagir au sein du channel discord "Chez les morts", avec des tours classiques entre vous. Je répondrai après chaque intervention.]

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Mathis
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Re: Savane Tanathéenne

Message par Mathis » mar. 18 avr. 2023 02:43

Mon bras tendu à l’horizontale, je tournai ma clé d’un demi-tour à gauche, puis à droite, mais rien ne se passa, aucune serrure, ne se matérialisa. J’entendis le ricanement de mon double derrière moi, je l’ignorai. J’avais fait une tentative et elle s’était soldée par un échec, soit. Il ne me restait qu’à tenter autre chose puisque j’avais l’éternité devant moi, je finirais par réussir.

Suite à cette réflexion, je me retournai vers mon double, le scrutant intensément, cherchant en vain une autre solution. Puis, cette salle sombre s’obscurcit instantanément… tout devint noir…d'un noir absolu. Je ne sentis plus mes muscles endoloris ni la pesanteur de mon équipement sur mon corps… rien.

(Étrange.)

Puis, peu à peu ma vision revint, l’obscurité faisant place à une lumière bleutée. Une porte s’ouvrit devant moi et je réalisai que j’étais à l’intérieur d’un cristal bleu, et qu’il en était de même pour Silmeria, ainsi que mes compagnons, Dracaena, Jorus et Akihito. Je fus tout de même surpris de voir ces deux derniers à mes côtés, puisqu’ils n’y étaient pas lorsque le cristal rouge m’avait enseveli.

Je sortis donc du réceptacle bleu, descendis les quelques marches menant au sol formé d’étranges et rochesbleutées et plates, jointes ensemble par une sorte de mortier noir. Levant mon regard en hauteur, je vis des arches travaillées ici et là, mais je ne pus distinguer de plafond.

Je touchai mon corps pour me rassurer que j’étais bien là, intact, mais je ne sentis rien. Je jetai un regard aux autres et je constatai que tout comme moi, ils n’étaient que des silhouettes floues, translucides. Je regardai mes mains, songeur… je correspondais à l’image que je m’étais toujours fait des fantômes. Par contre, même si mon corps n’était plus, je me sentais bien là, présent… en ch… en esprit.

Alors que je m'interrogeais à ce qui m'arrivait, je vis deux personnages venir à notre rencontre. Le premier, armé d’une longue lance, portait une robe noire munie d’une capuche. Un masque couvrait l’endroit où aurait dû se trouver un visage. Cependant seule une lumière bleutée, similaire à celle de nos cristaux, en ressortait. Le second était entièrement dissimulé sous une armure or et noire. Son visage ressemblait à celui d’un squelette qui aurait troqué les os pour une substance métallique.

D’une voix caverneuse et obscure, il s’adressa à nous tous, même à Silmeria. Sans préambule, il nous informa que nous étions dans la Savane Tanathéenne et que nous étions décédés.

(DÉCÉDÉ ! Moi ? )

Ce fait expliquait la transparence de mon corps et l’absence de sensation. Mais malgré tout ça, j’arrivais à peine à croire que j’étais mort, car je me sentais là. Malgré mes croyances envers Gaïa et Yuia, j’avais toujours imaginé la mort, comme la fin de tout, la fin du corps et de l’esprit, le néant. Mais mon esprit avait survécu et cela me suffisait… pour le moment. Doté de mon esprit, j’allais tout faire en mon pouvoir pour retrouver mon corps et vivre à nouveau. Je ne lâcherai pas le morceau, je m’accrocherai à tous les espoirs possibles pour arriver à mon but. Lorsque j’abandonnerai, alors là seulement je serai MORT.


Alors que nous digérâmes tous à notre façon la nouvelle de notre mort, le maître de l’endroit dénommé Akouba tentait d’entretenir la conversation et s’interrogeait sur ce que nous tentions de faire pour nous retrouver dans son monde aussi nombreux en même temps.

Ce fut l’assassine qui s’approcha la première du maître des lieux, déblatérant des inepties telle son habitude, tout en posant des questions futiles.

Alors qu’Akouba nous expliqua reconnaitre l’âme des yuimeniens par sa consistance différente, je remarquai qu’Akihito et Jorus n’étaient pas encore aptes à participer à la conversation.

Je me dirigeai à mon tour vers le maître des lieux. Bien que je fusse conscient de ne plus avoir de corps, je pris tout de même bien soin de me tenir loin de l’hinionne. Celle-ci n’existait plus à mes yeux.

Je répondis à la question posée par le maître de lieux, après l'avoir salué d'un signe de tête.

« Je me prénomme Mathis. Notre but premier était de venir en aide à votre monde dont une corruption noire provenant des landes noires s’étendait à une vitesse folle vers d'autres régions, dont Esseroth. La corruption stoppée, nous avons été confrontés à un Dragon noir qui tentait de s'accaparer de toutes les âmes des titans d’Aliaénon dans le but d'augmenter sa puissance et de dominer ce monde et sans doute les autres. Le dragon noir était trop fort pour nous. Nous avons cependant réussi à conserver dans un orbe l'âme d'un titan sombre. Nous étions en train de tenter de trouver comment le contrôler lorsque les événements se sont précipités. Sur Aliaénon, une certaine magie parcourt notre corps de Yuimeniens, même si, comme dans mon cas, nous ne possédions aucun fluide magique sur Yuimen. Malheureusement, nous sommes peu compétents à l'utiliser. Et plus souvent qu'autrement, elle échappe à notre contrôle. C'est ce qui s'est passé et qui explique notre mort.... Mais il manque deux de nos compagnons. Je suppose donc avec soulagement que ceux-là ont survécu. »

L’oudio prit ensuite la parole qui se résumait à une série de questions concernant sa mort, il cherchait comment cela avait pu arriver et ce qui s’était passé.

Je réalisai alors que je ne m’étais pas posé la question du comment, ni du pourquoi, ce qui m’intéressait, c’était de trouver le moyen de retourner dans mon corps.

Akouba me confirma que pour le moment Yliria et Xël étaient toujours en vie. Tentant de convaincre Dracaena d’accepter sa mort, il rajouta qu’il était possible aux morts de s’amuser.

(Il faudra encore me convaincre.)

Reportant son attention sur moi, Akouba me précisa que le dragon noir était arrivé dans les savanes Tanathéenes peu de temps avant nous. Ce qui s’avérait curieux puisqu’aucun être vivant ne pouvait pénétrer les brumes de la savane et y survivre. C’était à peu près les mêmes mots qu’avait employés Simaya lorsqu’elle nous expliquait la géographie d’Aliaénon. Non seulement, la brume ne l’affectait point, mais il semblait s’y reposer.

J'écoutais attentivement le maître des lieux, mon cerveau fonctionnant à plein régime en quête de réponses. Je lui demandai.

« Mais en tant que morts, pouvons-nous nuire aux vivants ? Possédons-nous des facultés qui pourraient nous permettre de neutraliser le dragon noir ? Y aurait-il un moyen quelconque d'entrer en communication avec nous deux compagnons encore vivants ? »

Avant que mon interlocuteur ne me réponde, Jorus prit la parole demandant plutôt si les habitants de Fan-Ming s’y trouvaient.

(Et à quoi cela nous avance-t-il puisqu’ils sont morts aussi ? )

Fan-Ming avait été complètement détruit par le dragon noir.

(En fait, oui, cela pourrait nous aider à comprendre ce qui s’est passé, car c’est bien le dragon noir qui est responsable de la destruction du village.)

La réponse d’Akouba ne tarda point, mais me déçût grandement. Le monde des vivants et des morts ne pouvaient se rejoindre, les morts demeuraient dans la brume et les vivants n’y avaient pas accès. Aucun lien n’était alors possible entre les uns et les autres. Bien qu’il ne connaissait pas le dragon et ne comprenait pas comment les âmes pouvaient lui permettre d’être là, il sentait une aura néfaste autour du saurien. Il nous déconseilla fermement de tenter d’aller à sa rencontre. En ce qui concernait les âmes des habitants de Fan-Ming, ils étaient en effet ici eux aussi.

Alors que je tentais de garder la tête froide, demeurer dans le présent et même me projeter dans le futur où je serai de nouveau vivant, Dracaena, lui, « vivait » dans le passé, cherchant inutilement à comprendre comment notre mort avait pu survenir.

Considérant sûrement lui aussi que les explications s’avéraient utiles, ce fut un Akihito tout frissonnant qui répondit à Dracaena. Il parla de Justice, celui-là même que j’avais invoqué, qui nous avait enfermés dans un cristal rouge, jugé coupable. Le regard hagard, il expliqua avoir tenté de négocier notre liberté, puis en être venu au combat. A l’issu de ce dernier, il était enfermé avec Justice dans un cristal. Il semblait encore voir les murs, les flammes et les rires qui le hantaient. C’en était trop pour lui, il s’accroupit et prit sa tête entre les mains tout en gémissant.

L’histoire qu’il venait de nous raconter ne me surprit guère, je l’imaginais facilement tenter par tous les moyens de nous rendre notre liberté. Akihito était un homme honnête, juste et courageux.

J’eus un frisson lorsque je vis Silmeria tenter de toucher Akihito à la nuque, suivi d’un soupir de soulagement devant son incapacité à le faire.

Pour la première fois depuis notre arrivée dans ces savanes, le garde tout de noir armé d’une lance prit la parole, expliquant qu’Akouba était le chef ici et qu’il s’agissait de notre dernière demeure.

(Ça, c’est pas encore fait.) M’entêtai-je.

Akoubas en bon hôte nous demanda comme il pouvait nous être agréable. J’aurais apprécié cette hospitalité en d’autres lieux.
Je l’observai sérieusement, comprenant le pouvoir qu’il détenait, aussi tentai -je la diplomatie afin de ne pas le froisser.

« J’apprécie votre hospitalité, mais j'avoue me sentir coupable envers les gens pour qui j'ai promis de mener la mission et aussi envers mes compagnons de route... Existe-t-il un moyen de retourner dans le monde des vivants ? Ou bien temporairement le temps de payer ma dette ? »

Je me souciais certes de mes compagnons, mais je me souciais davantage de me retrouver à leur côté, c’est-à-dire, vivant.

Une fois de plus, je reçus une réponse négative à ma requête. Autrefois, il existait des nécromanciens qui auraient pu nous ramener dans le monde des vivants, mais ce n’était désormais plus possible.

L’assassine tenta une manœuvre afin de le faire changer d’idée proclamant que nous pourrions trouver un plan pour détruire le dragon… si nous revenions en vie. Cette idée se serait avérée bonne si prononcée par une autre personne.

Akihito balbutia quelques mots, il était enfin sorti de son état de torpeur. Il semblait prêt à se battre lui aussi, à trouver un moyen de revenir en vie… puisque le dragon y vivait, pourquoi pas n'en serait-il pas de même pour nous.

Apparemment sorti lui aussi de son état de transe, Jorus interrogea l’homme voilé sur les savanes tanathéenne, voulant mieux comprendre son peuple, son histoire, cette brume qui nous sépare des vivants, les lois et les interdits.

Dracaena en était encore à réaliser la non-matérialisation de son corps.

Répondant à Akihito, Akouba répondit que nul mort de sortait des souterrains depuis la présence de la brume. Il rajouta que la plupart des morts préféraient s’isoler dans les cristaux pour un repos éternel. Il mit un terme à la conversation en expliquant qu’il était préférable de se rendre dans un autre lieu pour parler de tout ça. Il en profita pour énoncer la principale loi qui consistait à demeurer dans les souterrains sans jamais avoir accès à la surface. Si nous sortions de Jesuir pour errer dans la brume, il nous serait impossible d’y revenir. Puis j’eus l’impression qu’il s’adressait tout particulièrement à Jorus lorsqu’il lui dit que l’âme de Vallel souhaitait le rencontrer. Jorus semblait très intéressé à rencontrer Vallel et voulut prendre immédiatement la direction pour le rencontrer. Avant de partir, Jorus posa une question des plus pertinentes : comment faisaient-ils pour porter armes et armures si nous étions dans l’impossibilité de toucher quoi que ce soit ?

Attentif à tout ce qui se disait, je tentai par tous les moyens de trouver une solution, de ne pas abandonner la mission, la promesse que j'avais faites à Egregor, il en tenait à ma réputation. Et ça, c'était important pour moi.
Afin de ne pas manquer une opportunité de nous en sortir, je posai de nouveau des questions au maitre Akouba:

« En tout début de la conversation, vous nous avez dit que même mort, nous pouvions nous amuser... pouvez-vous nous en dire plus ?... Et dites-moi pourquoi nul mort ne sort plus des souterrains depuis la présence de la brume ? Est-elle nocive pour les morts ? Qui risque-t-on vu que nous n'avons plus de corps ? Et puis, vous être aimable de nous demander ce que vous pouvez faire pour nous être agréables, mais j'avoue ignorer ce que vous être en mesure de nous proposer ? Pardonnez-moi, mon flot de questions, j'en ai une dernière, je suis très intéressé à rencontrer Vallel... mais ensuite serons-nous condamnés à demeurer là où nous pourrons revenir ici ? »

Ce fut le garde qui répondit à la question de Jorus… Une réponse qui me laissa perplexe : « Ils n’étaient pas nous »

(qu’est-ce que cela signifie ? Ils ont un corps ? Ce qui ne semble pas le cas du garde en tout cas. )

Et puis, il rajouta qu’il fallait bien qu’ils maitrisent les esprits fourbes. Ces derniers mots semèrent quelques doutes dans mon esprit…étions-nous des prisonniers ? Une chose était claire, il nous était interdit d’aller en surface. Pour sa part, Vallel était à Jesuir, nous pouvions aller le voir sans risque d’être banni. Nous les suivîmes hors du couloir de la mort pour apparaitre dans une énorme caverne dont même le plafond semblait être qu’un ciel étoilé, puis nous franchîmes deux immenses colonnes.

A ceux qui voulaient rencontrer Vallel, Akouba leur indiqua une grotte, dont l’intérieur d’où surgissait une lumière bleutée.
Jorus, Silmeria et Akihito prirent la direction les menant à la grotte. Pour ma part, je préférai m’éloigner de Silmeria et trouver des réponses à mes nombreuses questions. Dracaena m’emboîta le pas effectuant une petite pirouette.
*****
Salle du trône


Nous arrivâmes donc dans une salle ne contenant qu’un seul meuble : un immense, sombre et lugubre trône. Alors que le garde demeurait à l’entrée, Akouba prit place sur son siège « royal ». Il nous informa que nous nous trouvions dans le centre des pouvoirs et qu’il était temps de lui poser nos questions. Je regardai de tout côté et je ne vis aucun siège pour les invités… Je réalisai quelques secondes plus tard, que cela aurait été superflu puisque nous ne pouvions sûrement pas prendre place sur une chaise. Dracaena demanda pourquoi il s’était déplacé pour nous accueillir alors qu’il ne le faisait pas d’ordinaire. Comme l’oudio l’avait deviné, c’était notre origine de Yuimen qui l’avait incité à venir nous rencontrer. Silmeria ayant sans doute changé d’idée, nous avait finalement rejoint. À sa question, Akouba expliqua que les Ol’Toga étaient le peuple à qui appartenait Akouba. Autrefois les gardiens de la mort, ils étaient à présent les maîtres du royaume des morts.
Je posai à mon tour quelques questions :

« Quels sont les lois que nous devons respectés ? Pour quelles raisons sont-elles là ? ... par exemple, pourquoi l'interdiction d'aller en surface ? Qu'arrive-t-il si nous ne les respectons pas ? »

Le maître Akouba n’appréciait pas le flot de questions que je lui posais. Il me rappela que nous avions l’éternité pour les poser et qu’il serait plus opportun d’en poser une seule. Il n’avait pas l’intention de nous expliquer la raison des règles, cela ne nous concernait pas, nous n’avions qu’à les respecter. Tant que nous n’importunions pas les autres résidents, nous étions libre d’aller où nous voulions.

(Je ne resterai pas ici une éternité, je ferai tout pour partir le plus tôt possible. )

J'inclinai la tête en guise d'excuse.

« Pardonnez mon impolitesse...Mais puisque j'ai fait ma part de questions, je vais à présent vous donner des réponses et des explications. Je connais assez bien Azra. J'ai participé à la première expédition des yuimeniens sur Aliaénon. Moi et Azra faisions partie de l'équipe qui accompagnait la princesse Honoka...Mais j'avoue ne plus l'avoir revu depuis. »

Je m'arrêtai quelques secondes, puisqu'en gesticulant tout en parlant, je n'ai pu faire autrement que d'observer mes bras désormais translucide. Après quelques secondes d'hésitation, je repris de plus belle.

«Mais si je ne semble pas aussi troublé par ma mort que certains de mes compagnons, c'est que j'ai toujours l'espoir de retrouver mon corps... d'où entre autre ma tendance à poser pleins de questions. Et la raison pour laquelle que je veux rejoindre mon corps, c'est pour honorer ma parole. J'ai promis à Egregor ainsi qu'à Simaya et aux autres d'Aliaénon que je les aiderai à combattre la menace qui s'abat sur Aliaénon. Cette menace n'est nulle autre que le dragon noir qui risque d'anéantir tout Aliaénon, ou du moins l'assouvir. J'avais d'abord pensé venir en aide à mes amis sous ma forme d'esprit, mais vous m'avez expliqué qu'aucune communication n'était possible avec les vivants... Je sais que mes deux compagnons survivants sont courageux, intelligents et vaillants... mais à eux deux, la tâche ne sera que plus ardu. Donc, si nous pouvions leur venir en aide, vous seriez également gagnant... Accepterez-vous de nous aider ? Ça aussi ça peut être amusant, non ? »


Bien qu’il me répéta une fois de plus que nous ne pouvions quitter la savane et qu’il ne pouvait nous rendre la vie. Si lui ne le pouvait pas, je demeurais persuadé qu’il existait un moyen de retrouver la vie. Il était de plus en plus évident qu’il était notre geôlier et nous ses prisonniers. Elle répondit d’ailleurs à Silmeria que la lance du gardien pouvait en effet être assez dissuasive en cas de rébellion.

Les dernières réponses de Akouba me perturbèrent légèrement, l'espoir que j'avais depuis le début commençait à s'étioler... je m'éloignai donc un peu de lui et du trône... sans pour autant quitter la salle, je m'approchai de l'entrée, mais demeurai à une certaine distance du gardien, au moins je l’espérais hors de portée de sa lance.

Je ne voulais pas abandonner, je fermai les yeux, je me concentrai, une idée bien précise en tête. Je savais que Xël avait été déjà victimes d’au moins deux visions. Étant désormais un esprit, je tentai d’entrer en communication avec lui. Je l’imaginai sur les landes noires, une fois fait, je tentai de lui transmettre les images de Jésuir, l’image des autres compagnons.Puis je formulai un message: (Dragon noir dans les brumes des savanes Tanathéennes )

Je me doutai bien, que j’échouerais dans ma tentative, mais je me devais au moins essayer. Lorsque j’ouvris les yeux, j’entendis Jorus demander à Silmeria comment elle avait fait pour arriver avant lui. Elle répondit simplement qu’elle avait concentré son esprit pour arriver là. J’ouvris alors tout grand mes yeux.

(Elle est un génie... mais jamais je ne lui dirai)

« En fait Jorus, nous n'avons plus de corps. Par habitude, nous pensons marcher d'un lieu à l'autre, comme si nous en avions un... mais ça n'a plus de sens et ce n'est plus nécessaire, car de toute façon notre silhouette fantomatique passe au travers des choses et donc ne s'appuie pas sur le sol pour avancer... En théorie peu importe la direction, nous pourrions nous déplacer... juste en y pensant....car il n'y a plus de sol, ni de mur, ni de plafond pour nous. »

(… comme vient de le dire Silmeria )

Cela dit, je regardai vers le haut et je décidai de me déplacer en haut, de m'approcher du plafond, si plafond il y avait. Même si je ne contrôlais pas bien mon ascension au départ, je finis par prendre le contrôle et je volai ainsi jusqu’au plafond.

Satisfait de mon expérience, je redescendis, je saluai d'un signe de tête les gens occupant la salle et je retournai dans l'endroit où nous sommes arrivés et je vais de nouveau monter, monter jusqu'à ce que je trouve le plafond. Ce qui n’arriva point. Plus je montais, et plus j’apercevais des cristaux, ceux-ci s’avéraient innombrables. Comprenant que je n’atteindrai jamais le sommet, je redescendis puis me dirigeai vers la grotte aux trois cristaux.

*****
Grotte des trois cristaux
Lorsque j’arrivai à la grotte de cristaux, Vallel se tourna immédiatement vers moi, me disant qu’il me reconnaissait, qu’il m’avait vu à la bataille de Fan-Ming, dans le camp opposé.

« Oui, c'est bien moi. Je me rappelle de vous avoir vu aussi... »

Bien que je n’avais pas encore l’habitude de voir les gens sous cette forme, je l’avais effectivement vu à la bataille de Fan-Ming, au moment où il s’était fait tué par les gardes noirs.

Je jetai un regard vers les trois cristaux avant de porter mon attention sur lui.

« J'avoue être surpris, je m'attendais à y trouver beaucoup d'âmes ici... Et ces trois cristaux, ils ne sont pas comme les autres ? »

Je m'arrêtai un instant avant de reprendre.

« Cette question vous a surement été posé et vous n'avez sûrement pas demandé à nous voir afin de répondre à nos questions... donc je vais aller droit au but, j'aimerais aller en surface dans la brume. Par quel moyen peut-on s'y rendre ? »

Apparemment très troublé, Akihito quitta la salle des trois cristaux ayant eu vraisemblablement toute l’information qu’il avait demandé.

Vallel plus enclin à répondre à mes questions qu’Akouba, me répondit que ces trois cristaux étaient différents des autres. Et puis les autres morts se rassemblaient dans la nécropole, il était le seul à s’intéresser à ces cristaux en particulier. Sans réticence, il me montra un large passage, me demandant mes intentions, s’assurant que je savais que si je partais, je ne pourrais revenir.

D'autres questions me venaient en tête, mais par politesse, je répondis d'abord à la sienne.

« J'ai l'impression que nous sommes ici prisonniers et que nous ne pouvons rien y faire, encore moins communiquer avec les vivants. Le maître des lieux m'a bien dit que si nous allions dans la brume nous serions bannis. Mais c'est là que le dragon noir se repose...et je me demandais si je pouvais rencontrer d'autres âmes errantes... Je veux communiquer avec nos deux compagnons vivants. Je veux revenir à la vie, j'ai une mission à accomplir, et je dois la mener à bien. »

Jugeant avoir répondu adéquatement à son interrogation, je lui fis part de la mienne.

« Qu'ont-ils en particuliers ces trois-là ? »

Satisfait de ma réponse, il pensait que nous allions bien nous entendre. Il dit posséder la meilleure ou plutôt la seule solution de revenir à la vie. Il avait pour cela besoin de l’intervention des membres de mon petit groupe. Il songeait à monter une expédition à la surface et demanda si j’en serais. Il expliqua ensuite que l’ancienneté de ces trois cristaux étaient bien plus grande que les Ol’Toga.

Son offre était alléchante, mais je devais me méfier.

« Si cette expédition en surface pourrait me permettre à moi et à mes compagnons de retrouver la vie, j’avoue qu’elle m’intéresse. Cependant, j’aimerais savoir pourquoi le maître Akouba nous interdit d’y aller sous peine de bannissement. Qu’arrive-t-il à nos âmes si on va à la surface ? Elles sont altérées, souillées ? »

Je m’arrêtai quelques secondes pour l’observer avant de rajouter.

« Mais comme vous le disiez à mon arrivée, lorsque nous nous sommes rencontrés, nous n’étions pas dans le même camp. Je ne veux pas vous insulter, mais il est normal de penser que vous êtes toujours dans le camp ennemi. Mon retour à la vie n’aura plus de sens, si le vôtre concoure à aider le dragon noir et à détruire Esseroth par exemple. »

Sans le quitter des yeux, toujorus sur le même ton calme, je rajoutai.

« Je voudrais donc en savoir plus sur vos plans avant de m’engager avec vous. »
Modifié en dernier par Mathis le sam. 22 avr. 2023 02:49, modifié 8 fois.

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Jorus Kayne
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Re: Savane Tanathéenne

Message par Jorus Kayne » jeu. 20 avr. 2023 22:01

Perdu, quelque part entre le conscient et l’inconscient, mon esprit commence à refaire surface petit à petit. Mes sens me reviennent ainsi que ma vue. Quelque chose s’ouvre. Je suis dans une étrange cuve, s’ouvrant sur une pièce aux dimensions inimaginable. Autour de moi, une obscurité pesante anime un lieu macabre qui m’est totalement inconnu. A l’image d’une mer sans fond, le plafond est si haut qu’il en est insondable. Le sol lui, est parsemé de nombreux cercles bleutés et de nombreux cristaux assez imposants sont également présents en nombre. Mon corps est différent d’avant. Il me paraît…comment devrais-je le décrire simplement ? Plus fantomatique ! D’ailleurs je ne suis pas le seul. Mathis, Dracaena, SIlméria ainsi que Akihito sont présents avec moi.

(Mais…que s’est-il passé au juste ?)

Je ne suis pas le seul à me poser cette question, au vu des réactions d’incompréhensions des autres. Cependant, nous sommes rapidement approchés par deux êtres. Un premier possédant la même lueur évanescente que nous, mais cependant recouvert d’un masque et d’une longue cape noir, armé d’une lance. Le second paraît plus physique ou plus présent que nous, à cause de son armure noire et or, un casque de mort sur son visage, à moins qu’il ne s’agisse du sien et un foulard couvrant de possibles expositions de sa…peau. Il est celui qui prend la parole.

"Des yuimeniens… Et en nombre. Soyez les bienvenus sous la Savane Tanathéenne, à Jésuir. Mes condoléances pour vos vies perdues : vous êtes décédés. Je suis curieux, si vous le permettez : que tentiez-vous d’accomplir pour vous être retrouvés ici aussi nombreux en même temps ?"

Il se présente sous le nom d’Akouba, dirigeant de ce lieu pour les trépassés.

(La Savane Tanathéenne, Jesuir ? Nous sommes décédés ? Mais bon sang que s’est-il passé je…j’ai du mal à m’en souvenir. Il y avait l’orbe puis…ensuite prison…puis la mort…et…une sensation de…de fin ? Il y avait quelqu’un aussi…un…un être ailé…magnifique ! Je me sentais, si bien près de lui ! Qui était-ce ?)

Trois d’entre nous prennent déjà les devants en lui répondant. Seul Akihito et moi-même semblons être sous le chocs, même si l’Ynorien accuse bien plus le coup. Quant à moi je…j’éprouve une sensation étrange, comme si…même en étant mort, j’étais plus vivant que jamais, ou du moins, plus vivant qu’il y a quelques instants. Revenant d'un monde sans lumière ni vie. Lorsque je reprends le fil de la conversation, il semble que Xël et Yliria soient encore en vie, puisqu’ils ne sont pas ici. Les savoir encore en vie me réconforte un peu, en particulier Yliria. Puis mes craintes s’accroissent lorsque j’apprends que le Dragon Noir est ici et qu’il a passé une brume pourtant infranchissable pour les morts et les vivants. Tandis que Mathis s’inquiète de nos possibilités à affecter les vivants, des chances de nuire à ce maudit dragon ou même de possibles chances de contacter nos compagnons encore en vie, d’autres points m’interpellent.

(Le royaume des morts ? Mais alors, il y a tous les habitant de Fan-Ming ? Et même Honoka et aussi Thensoor Val'Crooh ! L’archi-sorcier est mort depuis peu ici, il a peut-être une idée de comment sortir ou même de comment nous pourrions contacter ceux encore vivant.)

"Nous sommes...au royaume des morts ? Avez-vous vu les habitants de Fan-Ming, et l'archi-sorcier Thensoor de la Lande Noire et Honoka de Fan-Ming, sont-ils là aussi ?"

Expliquant d’abord que le monde des vivants et des morts ne peuvent se rejoindre, la brume séparant des lieux aussi opposés que la vie et la mort, il nous invite de ne pas nous approcher du dragon, une aura de danger planant autour de lui. Puis il me confirme que les trépassés de Fan-Ming sont également présents, de même que l’archi-sorcier qui se reposent. L’oudio perd un peu le fil de sa raison. Ne comprenant pas comment il a pu mourir, alors qu’il luttait contre lui-même.

(Lui-même ? Oui. J’étais moi aussi face à moi-même, mais avec des…des lianes, ou non, des fouets aux mains. Je…comment mon combat s’est terminé ?)

Akihito explique ensuite qu’ils ont tenté depuis l’extérieur de nos prisons de nous libérer. Cependant, il semble avoir des séquelles des suites de sa mort. La régicide s’approche de lui pour…heu…le réconforter je dirais, mais sa main translucide passe au travers de l’Ynorien, de même que lui ne peut appuyer sa tête sur ses propres mains. Le garde précise qu’Akouba est le chef et que ce lieu est notre dernière demeure. Puis celui-ci, avec une attitude pleine de compassion, nous demande comment il peut nous être agréable.

(Voilà bien une charmante personne et un lieu peut être propice pour continuer à vivre après la mort. Cependant, ne je peux m’empêcher de me sentir plus vivant que jamais. Comme si ma situation actuelle est préférable à cette sensation de fin irrémédiable. Nous sommes dans un lieu dont jamais personne n’en est ressorti. Sauf peut-être le dragon lorsqu’il aura terminé de se reposer.)

En moi, l’idée d’être sur une région inexplorée est presque excitante. Dommage qu’il faille être mort pour y venir, mais je ne compte pas rester ici éternellement. A la question de Mathis sur le moyen de retourner dans le royaume des vivants, même temporairement, Akouba répond que non, après avoir expliqué que son peuple était maître dans l’art de la nécromancie autrefois. Venant de Yuimen, tout comme le dragon qui a passé la brume, Akihito pense, ou du moins espère, que nous pourrions également passer la brume. Mais selon les dires d’Akouba, c’est peine perdu. Quant à moi, je n’ai pas de doute sur la possibilité de ressortir d’ici. En tout cas, je compte bien passer cette existence à retrouver le monde des vivants. C’est même une opportunité d’en apprendre plus sur cette région si mystérieuse.


"Parlez-nous de la mystérieuse Savane Tanathéenne, de votre peuple et de son histoire, de cette brume qui nous sépare des vivants, ainsi que de vos lois et vos interdits."

Malheureusement, ce n’est pas maintenant que je vais en apprendre sur cet endroit, si ce n’est que sortir de Jesuir revient à errer à jamais dans cette brume et qu’aucun retour n’est accepté. De plus, ce qui empêche Akouba de prendre le temps de répondre, semble également l’invitation d’une personnalité locale.

"Il est une âme d'ici qui aimerait vous rencontrer, si vous le voulez. Vous le connaissez sous le nom de... Vallel."

Ce nom, rien que l’évocation de ce nom m’impose une grande prudence. Si je ne l’ai croisé que brièvement, j’en ai assez entendu sur lui pour le sentir une menace. Je me calme cependant. Ma nervosité fait de même sachant qu’il est bien mort et qu’il n’a plus de chance de tuer quiconque. Néanmoins, nous pourrions en apprendre plus grâce à lui.

"Vallel ? Si nous sommes attendus alors ne perdons pas de temps ! Je suis curieux de connaître la raison de son invitation."

(Il y a cependant un point qui me titille sur notre incapacité à nous toucher nous-même !)

"Dites-moi, une chose m'interpelle. Nous ne sommes pas en mesure de toucher quoi que ce soit, mais comment faites-vous pour porter ces armes et armures ?"

Tandis que la régicide paraît ravi de voir celui qu’elle nomme « Maître Vallel » et que Mathis s’inquiète de la brume et de ce qui pourrait nous amuser selon les dires d’Akouba, Akihito semble de moins en moins bien prendre sa situation actuelle. J’ai de la peine à le voir se tâter en vain ses propres bras. Puis le seigneur de ces terres répond que ce n’est nullement une invitation, mais un désir qu’il ressent depuis qu’il est ici. De quoi attiser plus encore ma curiosité et autant que cela m’inquiète, oubliant l’état malheureux de l’ynorien. A ma remarque concernant les armes et objets qu’ils portent, c’est le garde qui explique qu’ils ne sont pas nous et que cela permet de maîtriser mes esprits retors.

(Les esprits retors ? Mais on est tous morts et incapables de se toucher soi-même. Comment affecter les autres ?)

Akouba nous invite le suivre, très certainement pour répondre à l’appel de Vallel, avant d’expliquer que nous aurons la possibilité d’en apprendre plus ailleurs, prétextant qu’il n’est pas homme à se déplacer lui-même pour les nouveaux arrivants. Puis il la possibilité d’une existence éternelle sans danger pour le corps peut-être amusant, avant de préciser que Vallel ne se trouve pas dans Jesuir et non dans un lieu interdit, nous permettant de revenir sans problème.

Quelque peu pressés par le garde, nous suivons le seigneur de ces terres, ou plutôt, une caverne aux proportions irréalistes. Le plafond si loin de nous, est comme composé d’une myriade d’étoile, formant un ciel nocturne sans nuage. Une impression apaisante d’un souvenir du vivant. Passant un portique de deux énormes colonnes bleutées, séparant visiblement le lieu d’arrivée des nouveaux résidents, Akouba désigne le lieu de vie de Vallel. Nous pouvons aller à sa rencontre ou rester avec Akouba si nous avons d’autres questions.

(Voyons voir ce que me veut cet homme !)

"Merci de m’avoir guidé." Fais-je simplement, prenant le pas sur les autres et prenant le désir de Vallel pour une invitation personnelle.

Je suis rapidement rejoint par Akihito et la régicide. Nous pénétrons ensemble dans cette grotte par un escalier gravé dans la roche. Au bout de celui-ci, une silhouette nous surplomb, nous dominant de sa hauteur, assise sur un siège de roc, où lévitent des cristaux luisant d’une lumière bleutée spectrale. Nous observant quelques instants, il s’exclame en me désignant du doigt.

"Toi, je te reconnais. Que viens-tu faire ici, me narguer dans la mort, ou t’excuser de tes torts ? De ta réponse dépend beaucoup. Le sort des tiens, par exemple."

Je l’écoute sans un mot ni esquisser la moindre réaction pour l'interrompre.

"Je ne suis ni là par moquerie, ni par désir de regrets, mais par curiosité. Paraît-il que vous vouliez voir des yuiméniens. Nous voici ! Peut-être que les personnes qui ont transmis ce message avaient mal compris votre intention. Mais de qui parlez-vous en désignant le sort des miens ? Les vivants ou les morts ?"

Si l’oranais ne dit rien, la régicide énonce des propos très intéressants. Elle se présente comme étant la remplaçante de Xenair, avant d’évoquer brièvement la défaite d’Oaxaca. Elle s’incline, précisant même avoir travaillée pour Xenair, sous le nom de petite plume de la mort, de même que pour Aerq et Tal’Raban.

Vallel parait intéressé par les nouvelles de yuimen et semble intrigué par le dragon dont la ressemblance avec celui d’Oaxaca est grande, se demandant même s’il est la raison de notre présence.

(Evidemment ! On s’est dit que se tuer et être intangible, c’était la meilleure idée pour abattre un dragon surpuissant !)

Il me répond qu’à défaut de pouvoir se venger des vivants, c’est bien de mes camarades morts dont il menace l’existence. Enfin, il termine sur les propos de l’assassine, la traitant de putain des Treize, sans qu’il soit intéressé par ses services. Chose à laquelle elle prend mal. Moi en revanche, je ne peux réprimer un petit sourire de plaisir, quand bien-même ses propos me hérisse le poil, l’écoutant avec un certain mépris.

"Toujours aussi charmant dans la mort que dans la vie à ce que je vois. Si vous voulez nuire, faites. Je suis curieux de savoir comment vous allez vous y prendre. Tout comme je me demande comment vous êtes parvenu à posséder l’esprit d’Elurien d’Assamoth ! Vous étiez mort pourtant non ?"

J’espère attiser son ego, mais c’est peine perdue. Non seulement, je n’apprends pas ce que je souhaitais de cette rencontre, mais en plus, il démontre de nouvelles capacités. Se vantant d’être le maître de la chair à la surface, il est ici, le maître des esprits et le prouve en déchirant mon âme, comme criblée de milliers d’aiguilles me transperçant l’essence de mon esprit défunt. Une douleur aussi horrible qu’insoutenable. J’ai l’impression que de mon vivant, mon corps était une carapace solide lorsque je recevais des coups. Ici, il n’y a plus rien qui me protège et je me courbe en avant par la blessure. J’ai même du mal à garder mon aspect, mon apparence devenant une forme plus flou qu’avant. Même après, je peine à me relever.

"C’est vous qui y voyez des provocations. Moi, je suis simplement curieux. Une curiosité bien assez assouvie pour le moment d’ailleurs. Vous vouliez des nouvelles d’Aliaénon ? Vous vous rappelez de Xël j’imagine ? Hé bien sachez que s’il est un héros sur Aliaénon, il écrit sa légende sur yuimen !" Dis-je en singeant ses propos précédents. "D’ailleurs il vous passe le bonjour. En tout cas, je suis sûr qu’il apprécierait que je le fasse ! Si j’arrive à le contacter, vous voulez que je lui transmette vos bons souvenirs ?"

"Bon ça va aller oui. T’es pas assez mort pour aujourd’hui ?"

La remarque me surprend plus par la personne qui la prononce qu’autre chose. Silméria se tourne vers Vallel avant de continuer à prendre ma défense. Celui-ci, prétend qu’il est en mesure de lui parler bien avant nous, laissant supposer qu’il connaît un moyen de revenir d’entre les morts. Il affirme même qu’il aurait été une aide, mais que mon comportement a fait fermer les portes.

"Nous fermer des portes ? Venant de quelqu'un qui souhaite me faire vivre un enfer dans la mort, vous m'excuserez si je n'en ressens aucune peine."

Tandis que mes deux camarades s’intéressent à d’autres sujets, il me paraît évident que s’il peut revenir à la vie, il attend une occasion particulière. Cela peut-être notre venue, mais il y a aussi la présence du dragon. Il a la capacité à manier les esprits ainsi que la chair, mais il possède certainement d’autres atouts qu’il ne dévoile pas. Malheureusement, il est peu probable qu’il le dévoile en ma présence. Pourquoi dire à quelqu’un qui vous a tué, ou du moins qui y a participé, comment revenir à la vie ? Jetant un regard à mes compagnons, je me demande si eux, pourront en savoir plus et s’ils transmettraient les informations. J’ai autant de doutes sur l’elfe que sur Akihito. Celui-ci prend assez mal sa mort et je ne vais pas l’en blâmer. Mourir n’est pas une chose agréable et les circonstances de sa mort pourraient ne pas l’aider à aller mieux. J’aimerais prendre le temps de lui parler, lui dire que la mort n’est en rien la fin, bien au contraire. Hélas, si j’espère que nous pourrons en apprendre plus sur Vallel, il faut que je m’éloigne.

"Je voulais savoir ce que vous nous vouliez, c'est chose faite. Je n'ai donc nulle raison de rester !"

Je fais demi-tour, quittant les lieux et le repère de cet homme pour me rendre vers Akouba. J’ai du mal à me situer dans ce nouveau lieu. C’est presque par chance que je parviens à atteindre la salle du trône. A mon arrivée, le garde me fait silencieusement signe d’entrée. J’ai bien dans l’idée de le prévenir que Vallel est un de ces esprits qui pourrait nécessiter l’intervention de cette arme, mais je me demande aussi si le maître des lieux en a connaissance. Toujours est-il que je m’avance à l’intérieur du bâtiment, dont le trône est aussi lugubre que possible. J’aperçois mes compagnons, Dracaena ainsi que Mathis, mais ils sont également en compagnie d’un autre esprit, face à Akouba. Je compte plusieurs fois, juste pour être sûr de ne pas me tromper et lorsque j'arrive à voir leurs visages, je m'arrête devant silmeria, et y fais le tour pour m'assurer qu'il s'agit bien d'elle.

"Mais...mais comment t'as fait pour arriver avant moi ?"

Sobrement, elle clame s’être simplement concentré pour apparaître en ce lieu. Si Dracaena parle d’un sujet dont je n’ai pas connaissance, il contredit l’elfe en précisant qu’elle était là depuis un certain temps. Mathis lui, explique que nous n’avons plus de corps. Nous pensons marcher, mais nos jambes n’ont nul besoin de porter un poids qui n’est plus. Nous pourrions même nous déplacer en y pensant simplement. Joignant le geste à la parole, il s’envole dans les airs. Quant à Akouba, il répond à l’oudio sur la question de livre pour les esprits qu’il n’en existe bien évidemment pas. Seule la mémoire des esprits pour répondre aux questions de Dracaena. Néanmoins, il ajoute que certains ont préféré le sommeil éternel à défaut de trouver cette vie fantomatique à leurs goûts et aucun des elfes mentionnés à mon arrivée, n'y font exception.

Comme si les choses n’étaient pas assez compliquées comme ça, en plus de Mathis qui se met à volet et Silméria qui se déplace aussi rapidement qu’un clin d’œil, ou du moins le prétend, Silméria arrive à ma suite. Une seconde Silméria. Identique en tout point, si ce n’est une attitude différente. Celle-ci affirme que nous avons des doubles et qu’une version de Dracaena se trouve vers Akihito. Si la première ne dit rien, la seconde continue de parler, demandant au seigneur si nous pouvons prêter main-forte à Vallel, ayant besoin de nous pour conduire des âmes égarées. L’oudio s’étonne de voir là une seconde version de la régicide et concernant une copie de lui, il s’en inquiète ou s’étonne. Les expressions d’un arbre sont déjà difficiles à lire, si en plus il faut rajouter l’essence fantomatique, c’est compliqué. Je ne sais où porter mon regard, entre Mathis qui vole et les deux Silméria, mais les propos de l’homme-arbre me ramènent au sujet qui m’interpelle.

"Donc l’une prétend être venue par apparition, rapidement démentie et l’autre affirme qu’il y avait un double alors que moi-même j’étais présent et n’ai rien vu de tel. Comme quoi, même dans la mort, la ou les régicides sont peu digne de confiance !"

(J'ai déjà pas confiance en une, mais deux régicide ? Est-ce qu’au moins ce phénomène a un impact pour notre situation ? En plus, il y a cette histoire avec les pouvoirs de Vallel que je veux mettre au clair.)

Je me tourne vers le maître des lieux, avec la ferme intention d’en savoir plus. L’ignorait-il ? Etait-ce un piège ?

"Vous disiez que Vallel souhaitait voir des yuméniens, mais avez-vous connaissance de ce qu’il a commis à la surface, du contentieux entre lui et certains d’entre nous, ainsi que des pouvoirs qu’il peut présentement exercer sur les esprits ?"

S’il ignore les projets de Vallel et qu’il ajoute concernant le sommeil, qu’il est malvenu de réveiller ceux qui dorment, il en sait plus concernant les pouvoirs de Vallel.

"Tous sont égaux face à la mort, je ne m'intéresse pas à ce qu'il a fait pendant sa vie. Ici, il a toujours été exemplaire, bien que n'acceptant pas le sommeil. Quant à ses pouvoirs... Ils sont des plus intéressants : personne d'autre que les Ol'Toga n'avait réussi à en posséder de tels, jusqu'ici."

Je ne dis rien concernant la connaissance des pouvoirs de Vallel et m’intéresse à ceux que je désire rencontrer et qui pourraient dormir.

"De ce que j’en comprends, il est possible de certaines âmes que je souhaite rencontrer soient en sommeil. Est-ce le cas pour Thensoor Val'Crooh, dame Honoka de Fan-Ming et Elurien d'Assamoth ? S’ils dorment, n’y a-t-il pas une possibilité de ne serait-ce…annoncer notre intention de les rencontrer ?"

La régicide, toujours fidèle à elle-même, c’est-à-dire à personne, explique que Vallel a besoin de nous pour l’assister. Ayant juré allégeance aux Treize, elle compte l’aider et nous invite à la suivre. D’un regard vers moi, elle poursuit.

"Aider quelqu'un dans le besoin, fusse-t-il ennemi un jour, ne veut pas dire tout oublier. "

(Cela vaut également pour l’assassine du roi et celle qui a mis Ybelinor à une marche du pouvoir total ?)

Sa tâche intrigue Akouba qui souhaite en savoir plus, mais elle répond simplement qu’il faut suivre ses préceptes.

(Je ne sais pas si la laisser, même avec Akihito était une bonne idée. Comment puis-je la croire alors qu’elle ne fait que nous mener en bateau depuis le début ?)

Quant à moi, le seigneur des lieux m’explique que ceux que je désire rencontrer sont présents sauf Elurien. Celui-ci n’a pas survécu à la possession de Vallel et son âme a été écrasée ou absorbée par lui. Il indique qu’il peut les convoquer pour nous, mais ils choisiront de venir oui non. Cette remarque vaut certainement pour l’ancien archisorcier, qui a grandement mérité son repos, selon ses dires.

(Donc il sait ! Il sait ce qu’il a commis à la surface, il sait les pouvoirs qu’il détient et il…peut importe ! Comme il le dit, c’est ce qui se passe ici qui a de l’importance à ses yeux. Espérons que je puisse rencontrer Thensoor. Il sera une excellente source d’information s’il consent à nous voir. Espérons-le !)


"Si vous en avez la possibilité oui, j'aimerais m'entretenir brièvement avec eux, s'ils l'acceptent !"

Loin de penser que deux Silméria pourraient apporter plus que le double de problème, il paraît intrigué, pour ne pas dire obnubilé par cette histoire. Akouba rétorque en premier lieu que nous pourrions perdre beaucoup à suivre la voie que propose Vallel. Celui-ci refuse d’accepter la vérité de sa mort. Ensuite, il explique que nous sommes libres de faire ce que bon nous semble, tant que nous respectons les règles et les résidents ici. Enfin, il accède à ma demande et m’invite à sortir de la salle, qu’il puisse communiquer avec eux et nous avertir de leurs réponses.

Je sors, comme le reste du groupe. Je n’aime pas l’idée d’être mis à l’écart. Je ne sais pas ce que cache Akouba, mais je n’arrive pas à voir la raison derrière son désir de nous voir sortir. Il pourrait très bien expliquer que les deux âmes ne souhaitent pas me voir, ou simplement faire venir dame Honoka et, craignant de ce que pourrais donner un échange avec l’archisorcier, ne rien faire pour Thensoor.

(Ha bon sang, je recommence à me faire des histoires ! Pour l’heure, attendons de voir ce que va donner cette convocation et on avisera par la suite si je peux ou non les trouver.)


Bien entendu, Jorus reste en attendant la réponse des âmes convoquées.
Modifié en dernier par Jorus Kayne le ven. 21 avr. 2023 21:22, modifié 3 fois.

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Akihito
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Re: Savane Tanathéenne

Message par Akihito » ven. 21 avr. 2023 19:00

Dans le chapitre précédent...

Evénement : Cauchemar en Aliaénon.

27 : Ainsi vient la fin.

« AAAAAAAAAAAAAH ! »

Je hurlai.

Malgré tous mes efforts, malgré toute la rage que je pouvais mettre dans mes bras, malgré la rune Tev qui avait décuplée ma force au-delà de tout ce qui était possible… Rien, rien ne changea. Et tout, tout empira.

Crp, crp, crpt, Clac, crp.
Le crépitement des étincelles se réverbérant sur les parois de ma prison.

La chaleur, étouffante, commença à brûler ma chair, mes mains, mon bras, puis se propagea à tout mon corps. Les ravages des flammes faisaient fit des runes gravées dans mon manteau. Le feu d’Alossarh n’était pas d’origine fluidique et il attaqua mon torse, réduisant en une fournaise le tissu noir qui s’enflammait, m’emprisonnant dans une étreinte incinérant progressivement ma peau. J’étouffai, les poumons emplis d’une fumée noirâtre au goût de cendre et à l’odeur de chair calcinée.

« Oh oh oh, ahah AH, WAHAHAHAHAH ! »
Le rire, dément, grinçant, de Justice.

La parodie de justice s’accrochait toujours à moi et faisait preuve d’une force insoupçonnable. J’avais beau tirer, taper, l’agonir d’insultes, les flammes et les coups reçus avaient beau avoir affaiblit son corps, il continua de s’agripper à moi. Plongeant dans mes yeux de plus en plus inquiet son unique œil cyclopéen rougeâtre écarquillé. Dans la folie que j’y lus, je compris qu’il se savait condamné et que jusqu’au bout, il allait m’entrainer dans la mort.

(Akihito ! AKIHITO !)
Le cri désespéré de ma Faëra, résonant dans ma tête.

Je la vis pour la première fois aussi paniquée, aussi inquiète. J’aimerai tellement la rassurer, la réprimander, lui dire de me laisser me concentrer. Mais la peur cisaillait déjà mes tripes alors qu’un instinct primaire, brut, courait dans mes veines pour m’inciter à sortir de là. Vite. MAINTENANT. Quitte à user de la magie. Il suffirait juste que je me recule un peu, que j’ai un peu d’espace pour reprendre une goulée d’air non chargée du destin sordide qui m’attendait si je ne partais pas rapidement. Mais mon talon rencontra presque immédiatement une résistance en voulant prendre un pas en arrière.

Crc. Crc. Crac. CRRRRC.
Le craquement inquiétant du cristal, autour de moi.

Je ne rêvai pas : le cristal se résorbait, se refermait sur moi. Le maigre espace que j’avais derrière moi n’était plus. Je sentis les arêtes saillantes des parois cristallines presser contre mon dos à travers les écailles métalliques, sur mes bras rendu à vif par le feu, sur mes mollets et mes cuisses pour me pousser toujours plus vers Justice. Puis sur ma tête. Sur le côté de mon crâne. Un bord entailla ma tempe, et la coupure ne faisait que s’étendre. Progressant inexorablement vers mon œil. Je tentai de tourner la tête, mais… je n’arrivai presque plus à bouger, désormais.

Crac. Crac. Crac.
Le bruit des os de Justice se brisant un à un, alors qu’il se pressait contre moi et que son rire horrifique mourrait dans les flammes, mais emplissait de plus en plus mes oreilles.

« AAAAAAH ! AIDEZ-MOI, PITIE ! »
Mon cri de douleur quand ma vision se trouva subitement amputée de la partie droite, mon œil cruellement lacéré par le cristal.

(AK… ON… ME… J-)
Les hurlements d’Amy dans mon esprit, devenant indistincts dans l’océan de douleur qui me submergeait.

Je voulus que cela cesse. Que la douleur finisse par me faire perdre conscience. Mais Aliaénon est cruelle avec moi. Rappelant ma lucidité à chaque nouvel élancement de douleur, plus terrible que le précédent.

Je mourrai. Dans la cacophonie ardente de mes hurlements et de mes os gémissant avant de rompre un à un.


******


Mon cri continua… longuement. La vue m’avait quitté depuis longtemps et aucune nouvelle ne vint m’assaillir à partir d’un moment. Puis les unes après les autres, elles disparurent. Mais pas les bruits. Pas l’impression atroce d’être comprimé, oppressé par des murs inarrêtables. Pas plus que celle rampante parcourant tout mon corps de ma peau qui fond. Je ne ressentis plus rien. Et pourtant, pourtant…

Amy... ? Xël... ? Hïo ? Brumal, Pétunia, Dracaena, Anthelia, Duval, Andelys Camille Tanaëth Egregor SILMERIA FRANS MAMAN YLIRIA VALYUS ! OU ÊTES VOUS ?! OU SUIS-JE ?! POURQUOI MOI, POURQUOI CETTE DOULEUR ! POURQUOI !

REPONDEZ MOI !

Cette lueur, est ce que c’est vous ?! Ce bleu… Non, c’est de l’eau ? De l’eau ! De l’eau pour le feu, éteindre le feu qui me ronge ! Oui ! OUI !

Non, non non non. Ce n’est pas de l’eau. Ça ne me mouille pas, ça fait pas fuir cette chaleur qui me ronge… Ce n’est que… De la lumière… Qui m’entoure… A quoi bon, à quoi bon… Dans ce noir bleuté…

Oh… La lumière… Elle revient… Et me voilà. Comme ça. Recraché par une sorte de prisme bleuté flottant, sur un sol de dalles vert d’eau. Ou… Bleue ? Turquoise ? Cyan ? Bleu céleste ? Azur ? Cérulé ? Tant de mots me viennent à l’esprit pour décrire ces dalles, mais aucuns ne me semble correct. Car à genoux sur le sol, c’est à travers ce qui devrait être mes mains que je vois ces dalles. Ma peau n’est plus qu’un entrelac vaporeux et brumeux, vaguement beige. Et en dessous, aucune sensation. Je suis un esprit. Un esprit mort. Désincarné. Fantomatique. Ethéré.

Je suis mort.

Et me voilà dans ma non-vie.

Et je ne suis pas seul. Autour de moi, d’autres esprits sont recrachés. Je le sais, car des voix s’élèvent autour de moi. Des voix que je ne connais pas… Puis d’autres. Que je connais. Quels sont leur noms… Oui, cette voix délicieusement horripilante, c’est celle de… Silmeria. Ou Hrist. Silmerist ? Silmerist. Oui, ce nom me dit quelque chose. J’entends maintenant celle de… Mathis. Jorus. Dracaena.

Oh. Alors c’est comme ça. Eux aussi sont morts. Alors, à quoi a servi la mienne… ?

Un frisson me parcourt pendant que je me redresse lentement. L’immensité de la salle dans laquelle je me trouve m’oppresse. Mon regard n’arrive pas à en voir les limites, tout juste que des dizaines, des centaines, des MILLIERS de cristaux m’entourent. Y a-t-il des âmes comme moi là-dedans ? Comme celle des autres qui sont aussi sous leur forme d’esprits et qui discutent de leur mort ? Celle que je n’ai pas pu empêcher ? J’enlace désespérément ma poitrine de mes bras, mais je ne sens rien. Pas la moindre sensation de mon corps. Mais un spasme me fait interrompre mon geste. Non, non non non non. Plus ça. Plus cette emprise, cette tenaille sur moi, sur ce corps si fragile… Mes bras, ils pourraient me briser. Facilement. Si facilement...

Mais c’est plus fort que moi. J’ai besoin de ce réconfort, cette sensation réconfortante… J’en tremble. Et les mots échappent de ma bouche. Ça me pèse sur le cœur. Eux ne savent pas ce qui s’est passé. Eux ne savent pas mon échec. Qu’ils sont morts parce que j’ai échoué à les libérer.

« C'est... C'est Justice... Mathis l'a in-invoqué, et vous étiez tous pri... pri... prisonniers dans un cristal roug- »

Le cristal. Le cristal ! IL Y EN A ICI ! Cette simple idée me fait sursauter et je regarde autour de moi, apeuré, le regard fou sans doute. Rien ne bouge, si ce n’est les regards des autres. Et de ces hommes, fantomatiques comme nous, mais qui portent armes et armures qui ont l’air bien réelles. Les gardiens des Enfers. Sans doute. Ma voix reprend alors, la maigre assurance que j’avais pour la phrase précédente envolée.

« Et vous.. avez été jugés c-coupables. Seul la mort ou la rédemption... pouvait vous libérer. On a essayé de négocier pour vous... de vous... de vous libérer, puis en attaquant Justice. Dans le combat, il s'est enfermé dans un cristal avec moi et il y avait ces flammes, ce rire... ces murs qui se rapprochent, encore, encore, ENCORE ! J'arrive pas à les arrêter ! NON ! »

Ils sont là ! Ils se referment autour de moi ! Je ne peux pas, je ne veux pas ! Je me mets misérablement en boule au sol, protégeant ma tête de mes bras traversables par le moindre courant d’air. Un souffle qui attise aussi les flammes sur mes bras. Si mes yeux ne me le confirmaient pas, j’aurais juré que mon corps était encore léché par des flammes dévorantes. Mais qu’est ce qui me trompe ? Mes yeux ? Ma peau ? Mon esprit ? LES TROIS ?!

Un long gémissement s’échappe de mes lèvres. C’est à peine si j’aperçois des pas menus éthérés s’approcher de moi, et des paroles… réconfortantes ? Ici ? Non, nul réconfort dans la mort. Pas de repos éternel, je ne peux pas. J’ai une mission. Oui, oui voilà. Le… Le Dragon Noir. C’est lui que je dois affronter. Et il vient ici, je crois. C’est ce que ce type en noir et or a dit. Ce lézard n’est pas d’ici, comme nous ? Alors il y a un moyen, il doit bien y avoir un moyen !
De nouveau, je me relève en tremblant et m’approche de lui. Mon regard fou se plante dans le sien, ou du moins dans les orbites creuses de son masque squelettique.

« Je peux pas... je peux pas rester là... J-j'ai tellement de choses à faire... je peux pas rester là, non... ! On... on vient pas de votre monde, hein ? C-comme le dragon ? Il doit y avoir un moyen de sortir alors... !

- Nul mort ne sort de ces souterrains, depuis la présence de la Brume. De notre monde ou du vôtre, cela n'y change rien. »

La sentence est brutale. Irrévocable. Point de salut. Tout est fini. Je vais rester ici, à errer… A tenter vainement d’éteindre des flammes qui n’existent peut-être pas, et à ne pas savoir ce qui est le moins angoissant entre tenter de serrer mes épaules et ne pas le faire. Alors même que c’est inutile.
Autour de moi, les discussions étouffées reprennent. A quoi bon y participer, nous sommes foutus ? Eux ont l’air de bien vivre leur mort. Chanceux qu’ils sont… Et les voilà qui s’aventurent plus loin dans ce monde, cette « Savane Thanathéenne ». J’aurais pu les ignorer, mais me voilà à les suivre. Mécaniquement, un pas devant l’autre. L’habitude, sans doute, d’être dans un groupe. Un groupe réduit à peau de chagrin, chez les vivants. Il ne reste plus que Xël et… Yliria.

Yliria. Si je me doute que je ne vais pas manquer au mage des portails, pour elle… ça doit être dur. Comme pour Amy. Un soupir résigné et abattu s’échappe de mes lèvres tandis que je chasse ces pensées de mon esprit avant qu’elles ne s’implantent dans ma tête. Si j’y pense qu’un tout petit peu plus, je suis foutu. Enfin, ça c’est un discours de quelqu’un qui a peur de perdre quelque chose. Et c’est plus trop mon cas… J’imagine que je peux perdre encore plus la tête, en revanche. Dans ce monde, sous ma forme les conséquences n’ont plus lieu d’être. Tout ce qu’il me reste, c’est ma santé mental…

« Seigneur Vallel ! Un honneur de vous rencontrer. Je suis la sec... oui disons que je remplace Xenair puisqu'il nous a quitté pour une vie plus simple. On a tant à vous dire, avez-vous ressenti quelque chose dernièrement ? Oaxaca a été défaite. J'ai longtemps assisté Maître Xenair sous le nom de la petite plume de la mort. Ainsi que Maître Aerq et Maître Tal'Raban. »

Vallel. Vallel… Mes yeux se relèvent, intrigué malgré moi. Les pieds bottés que j’ai suivis machinalement sont ceux de Jorus, et avec nous se trouve Silmerist. C’est elle qui a interpelé une autre âme qui se trouve dans une caverne naturelle et non pas taillée comme l’autre, à l’exception d’une volée de marches menant à un trône sur lequel est assis le dénommé Vallel. Le lieutenant d’Oaxaca qui avait investi la tête du frère de Bellarien, avant de mourir par Xël. Sa voix finie par pénétrer mes oreilles, léger mélange de suffisance et de mépris.

« Oh, j'ai grande hâte d'avoir des nouvelles de Yuimen, effectivement : Il paraitrait qu'il y a un dragon qui foule ces terres de mort. Ça me fait penser à celui de votre monde, le Dragon Noir d'Oaxaca. Sont-ils liés ? Est-ce la raison de votre présence ? De vous, présents ici, bien entendu. Si je ne peux me venger des vivants, je peux vous faire vivre un Enfer, ici. »

Comme attendu d’un serviteur de la Déesse cinglée, la torture n’a pas mis longtemps à nous être servie. Jorus relève d’ailleurs le point sarcastiquement, avant que ce ne soit Silmerist qui en prenne pour son grade. Littéralement.

« Oaxaca a perdu, vous dites ? Ainsi ils n'ont pu se débrouiller sans moi, ces misérables. Je n'ai que faire de vos accointances avec les Treize : être leur putain vous regarde, ça ne sera pas le cas avec moi. »

Amy aurait ricané, je le sais. Ah, Amy… Tu me manques déjà, tu sais ? Me voilà seul avec mes pensées, sans personne avec qui me disputer ou plaisanter. Rien de plus que les membres de mon groupe morts par ma faute, et qui ont l’air d’échanger des mondanités avec Vallel. Aucune d’elle ne me concerne, et mon regard est bien trop vite capté par la seule chose qui détonne dans cette pièce, à part la présence de quatre âmes : c’est celle des trois cristaux flottants à côté de Vallel. Un frisson morbide me parcoure de nouveau, et voilà que je me dirige vers eux. Pourquoi eux, pourquoi pas les autres ? Et en fait, pourquoi pas ? Ceux là flottent, contrairement aux autres. Contrairement à ceux de Justice. C’est peut-être des gentils cristaux ? Des cristaux qui ne vont pas chercher à me broyer et me transformer en jus d’Ynorien ?

Evidemment, ma main passe à travers quand j’essaye d’en toucher un, ce qui n’a pas l’air de faire broncher plus que ça le Treize. Evidemment, ma magie n’est plus là non plus. Pas plus que mon don inné d’enchanteur.

« Eh dites, ça marche comment ?

- Comment marche quoi ? »

Oh, j’ai l’air d’agacer Vallel. Vallel, Vallou, peut pas me toucher de toute façon. Alors y a qu’à demander.

« Eh bien, ces cristaux. C'est les seuls qui flottent dans le coin. C'est vous qui les faites voler ? J'me pose la question parce que moi, j'ai plus de magie. Et comme vous êtes le seul type dans cette pièce et que je doute que cette brave Silmerist s'amuse à faire flotter des cailloux... son truc c'est plus le chaos, vous savez, je termine en constatant que Jorus est parti sans que j’y prête attention.

- Merci de ne pas parler pour moi. Et franchement, on parle de transférer un esprit dans un corps et toi tu es juste émerveillé de voir des cristaux voler ?

- Laisse les grandes personnes parler, Silmerist. Essaye déjà de savoir comment tu vas trouver deux corps pour toi et ta colocataire, si c'est possible. Ou tiens, je pourrais même venir avec vous ? Si on compte Célès une de plus. Une de moins dans ta caboche, ça fait pas trop de différence ? »

Je décoche un grand sourire rayonnant à l’assassin, que j’agrémente d’un clin d’œil. Pas de conséquence, pas de conséquence ! J’aurais eu peur qu’elle m’étripe sur un coup de tête avant, mais là c’est possible ! Elle ne peut rien me faire ! Et elle le sait ! Elle se contente de pas répondre -vraiment une mauvaise joueuse- et de partir après avoir dit qu’elle allait ressembler les autres personnes volontaires. Volontaires pour… Une tentative de résurrection. Rien de moins ! Rien de plus ! Tout va bien !

« Oh. Hé bien vous le voyez : ils flottent, ils ne marchent pas. »

Mais j’ai touché le gros lot, en plus ? Vallou est un petit plaisantin qui fait des blagues moisies ! Formidable !

« Ils étaient là bien avant moi. Voyez-vous, cet endroit est celui qui est le plus pulsant de magie dans toute la cité de Jesuir. Vous ne pouvez pas le sentir, bien sûr... Il était autrefois habité par un avatar du Sans-Visage : certaines traces résiduelles de souvenirs le confirment.

- Mmhmmh. Le sans visage. Mmhmmh, je vois. Pourquoi j'ai l'impression que tout tourne autour de ce titan ici ? dis-je en jetant un regard dans les alentours. Et elles sont où, vos traces résiduelles ? Quitte à rester là, autant savoir qui était ce type qui rend Xël marteau.

- Ces trois pierres, déjà. Elles portaient les souvenirs de reflets de son être. Le Sans-Visage ne laisse aucun endroit indifférent, il les marque de sa présence. C'est normal que tout tourne autour de lui : il a modelé le monde, les cités, a permis aux peuples de prendre leur essor. Il a endormi les siens et s'est saisi de leurs prérogatives. Sur Yuimen, c'est comme si un dieu avait trahi les siens et, les emprisonnant, avait pris tous leurs pouvoir, ainsi que l'autorisation de venir sur la terre mortelle. Comment ne pourrait-il pas être un peu partout ?

- Mmmh mmmh. Des souvenirs sous formes de cristaux, quoi de plus normal après tout. M'est avis que si c'était des souvenirs, c'aurait au moins pu être à base d'images. Des trucs gravés, à la limite.

- Non, non. Vous m'avez mal écouté : ces pierres contenaient le souvenir de son image. De son reflet, si tant est qu'un être sans-visage puisse en avoir. Mais ils se sont ternis avec le temps, et ont fini par disparaître.

- Oooh. »

Beaucoup de blablas pour pas grand-chose, au final. Juste des cailloux qui flottent. Qui étaient mêmes des sortes de miroir à une époque, vu que y avait un reflet dedans. J’ai beau regardé, je me vois pas dedans, pourtant. Peut-être parce que je suis mort ? Mmmh. Sans doute parce que je suis mort. Me tournant de nouveau vers l’autre âme alors que nous sommes désormais les seuls dans la pièce, je le juge de la tête aux pieds. Celui qui s’est nommé le maître des chairs et des esprits ressemble pas à grand-chose, avec son visage tout effacé et spectral.

« Et sinon, vous êtes quoi exactement ? Maitre des chairs, maitre des esprits, c'est bien gentil tout ça, mais moi ça me dit rien. Sur Yuimen, z'étiez pas le Treize le plus connu en plus.

- Je suis un esprit, comme vous désormais. Et je n'aspire pas à être connu. La puissance me suffit. Maître des chairs et des esprits, voilà qui me définit bien, finalement. Mon passé et mon présent, unis pour mon avenir. Grâce à vous.

- Grâce à nous ?! Oh oh elle est... elle est bien bonne, ahah... »

Là, je peux pas m’empêcher d’éclater de rire. Un rire qui sonne à moitié dément, ce que je suis probablement en train de virer. Faut dire que même dans la mort, j’ai pas le temps de souffler. Du coup, je profite de mon bref élan insouciant avant que la détresse que je sens tapie quelque part, dans un recoin de ma tête, me fasse regretter d’avoir des regrets à grand renforts d’hallucinations et de pensées noires. Alors essuyons les fausses larmes de rire qui n’existent pas et foutu pour foutu, autant ne pas prendre de pincettes avec Vallou.

« M'est avis qu'on va pas vous servir à grand-chose. On aurait encore accès à cette magie à la con, je dis pas, mais... Uno, on est plus que des âmes sans pouvoir, donc ce que vous pouvez faire avec nous, vous auriez pu le faire avec les autres. Deusio, Silmerist est peut-être partante pour vous aider, mais je doute que les autres seront de cet avis. Et avec elle vous avez peut-être la dague la plus effilée du tiroir pour ce qui est d'assassiner un bonhomme ou foutre le bordel, mais en termes de magie on est plus sur le couteau à beurre. Et... euh... troisio, même si on avait notre magie, vous auriez pas des couteaux très affûtés non plus. Je suis le plus calé dessus sur ceux arrivés, alors croyez-moi quand je vous dis que si vous cherchez des types compétents, vous allez être déçu. »

C’est sûr qu’en matière de tentatives et d’échecs spectaculaires ici, je suis dépassé par personne. Xël a sans doute plus d’expérience mais, eh, les absents ont toujours tort.

« Le côté technique, pratique et intellectuel, je m'en charge, ne vous inquiétez pas. Je n'en attendais pas moins d'aventuriers de Yuimen. J'ai juste besoin de votre puissance potentielle, vous n'aurez pas à vous préoccuper du reste.

- Mouais. Dit comme ça, on dirait que vous avez juste besoin de nous comme combustible.

- Précisément. »

Bah alors, Vallou ? On veut nous prendre pour de vulgaires bûches spirituelles ? Tu peux bien te rattraper en disant qu’on va retrouver la vie au passage, ton histoire a l’air sacrément branlante.

« Ohohoh. Là on entre dans la partie qui m'intéresse. La magie, c'est toujours fascinant, dis-je avec un grand sourire. Et il faut combien de combustible pour votre manœuvre ?

- J'ai dit que je m'occupais de la partie technique. Vous verrez, si vous en êtes.

- Oh mais libre à vous de vous taper tout le boulot si ça vous chante. Mais si vous voulez un peu de coopération, va falloir en dire un peu plus. Croyez-moi, vous voulez pas avoir Silmerist en seule assistante.

- De la coopération ? Oh mais vous n'avez que deux choix : moisir ici pour l'éternité, ou tout faire pour en sortir. Et cette deuxième option passe par moi. Je n'ai pas besoin d'assistance : comme vous le disiez si bien, j'ai besoin de combustible.

- Oooh. Je vois. »

Ce cher Vallou avait envie de se montrer généreux, pour la beauté du geste ? Grand prince, grand prince. Mais comme il a pas l’air de vouloir me contredire sur le terme de combustible, j’ai l’impression que ceux qui vont l’aider vont pas avoir qu’un petit coup de fatigue. Mimant un côté pensif, je mets le poing sous mon menton. Enfin, j’essaye. Sans contact entre les deux parties de mon corps, c’est pas évident. Surtout avec la démangeaison qui reprend.

« Du coup, tout dépend de mon choix. Savoir si ma vie vaut le risque de ressusciter un des lieutenants d'Oaxaca. Mmmh. Et il compte faire quoi en sortant, le maître des esprits ?"

- Lieutenant d'Oaxaca. Comme vous êtes limitateur. Quant à ce que je vais faire... Ma foi, semer la violence et la destruction partout autour de moi, traquer les vôtres pour assouvir ma vengeance, détruire une à une les cités de ce monde. C'est ce que vous attendiez comme réponse, non ?

- Eh, c'est tout ce que je sais de vous. Ça, et le fait que vous êtes d'Esseroth dont on vous a chassé parce que vous étiez sans pouvoir. C'est moche. Désolé pour vous. »

Je m’arrête et tout en frottant mon bras gauche, je le pointe de l'index en décrivant des cercles comme pour l’englober, avant de reprendre le sourire que j’ai abandonné pour le plaindre.

« J'osais espérer que quelques années à vous tourner les pouces chez les morts auraient pu vous assagir. Dans les Treize d'Oaxaca, j'ai constaté par moi-même que vous n'étiez pas tous foncièrement des abrutis et des salopards. Pas tous. Donc votre petit programme de pendard tiré du pire lupanar du coin me surprend pas, mais vous avez peut-être une vraie réponse plus surprenante à me donner ?

- Est-ce si surprenant pour quelqu'un dont on a arraché la vie sans consentement de vouloir renaître ? Ma vie, je l'ai consacrée à mes recherches sur la chair, sa transformation, son perfectionnement, son altération. Au point d'avoir été capable de transférer sans peine les esprits d'un corps à l'autre. Quel autre but aurais-je que de poursuivre ces recherches, de les parfaire ? Sinon tous ces sacrifices auront été du gâchis. Et vous, quel but pourrait vous donner envie de vaincre la mort elle-même ?

- Oh vous savez, on choisit rarement de mourir. Donc si on vous a tué, y a peut-être une raison non ? Je sais pas, moi, par exemple les fameux "sacrifices" de vos recherches. Quelque part, vous me rappelez un peu Khynt. »

Deux types près à tout pour leurs recherches et atteindre une sorte de perfection. Ça a de quoi donner des sueurs froides à pas mal de types, moi le premier. Quant à sa question sur vaincre la mort, j’hausse les épaules en souriant.

« On a pas tous envie de devenir immortel. Alors ouais, ça me fait bien chier de... de... D'être là, mais c'est comme ça. »

Non, non, ne pas craquer. Pas maintenant.

« Une raison pour m'avoir tué, vous m'faites rire. »

Il a pas l'air de rire, pourtant. Plutôt amer. Rancunier, même.

« C'est aussi votre cas, du coup. Toujours prompts à juger, à ce que je vois. Ne me confondez pas avec cet arriviste qui ne voulait qu'une chose : se changer en dieu. Je n'ai jamais eu l'objectif de devenir immortel, tout juste de finir mes recherches. Et pas pour ma propre pomme. Mais ça, ça vous dépasse, n'est-ce pas ? Qu'un méchant des "Treize" puisse avoir un but altruiste. Nous sommes le mal incarné, pour vous, chantres du Bien absolu ne remettant pas en question vos propres ignominies.

- Ahah, moi, juger ? C'est marrant que vous disiez ça, alors que je viens de m'entretuer avec la Justice personnifiée. Compressé dans un cristal avec elle, réduit à l'état de PULPE ! Ohoh, j'aurais bien aimé un maître de la chair sous la main, il aurait fallu au moins ça pour RECONSTRUIRE MON CORPS ! Ahahah ! »

Ça y est, je sens que je perds pied. Mon éclat de rire se transforme en rictus alors que mon corps se tend sous un mélange de colère et de frustration. Désolé Vallou, mais c’est toi qui vas prendre pour tout le monde. Je crache alors mon venin.

« Mais vous vous plantez, j'ai jamais prétendu être le parangon ultime de la vertu de mon cul et que ça me donnait le droit de vous désigner le grand méchant qu'il faut abattre. J'ai toujours mis un point d'honneur à juger quelqu'un à ses actes que je vois et pas à ce qu'il est. j'l'ai fait pour Khynt qui comptait me tuer, j'l'ai fait pour Karsinar qui assiégeait ma ville et m'a laissé à moitié mourant. Je l'ai fait pour une semi-Shaakte alors que chez moi, les Shaaktes on leur tire dessus à vue. C'était mon amie. Alors je le ferai aussi avec vous, "Monsieur le Maître des esprits".
Tout ce que je sais de vous, c'est que vous étiez sous les ordres d'une folle furieuse qui voulait raser un continent avec son lézard divin à la con, qu'ici vous étiez pas apprécié pour tout un tas de raisons. Que vous avez eu une enfance de merde. Quant aux seuls "actes" que j'ai pu voir de vous à savoir ce que vous annoncez faire, c'est que vous comptez nous utiliser comme des putains de bûches pour votre magie et qu'une fois ressuscité, vous aller vous venger et raser les villes d'Aliaénon les unes après les autres. Et si je doute pas qu'il y ait de sacrées enflures dans toutes ces villes contre qui vous voulez vous venger, y aura dans le tas des milliers de types qui vous ont rien fait. La pauvresse valétudinaire qui crève la faim a autre chose à foutre que de venir vous emmerder, et elle mérite pas de crever parce que son seul tort est de vivre dans la même cité qu'un trou du cul ! »


Mon regard est fébrile, fou, et je vois dans ses yeux qu’il me prend de haut. De haut ! Bordel, je viens de crever en étant réduit à l’état d’un bouillon sanguinolant, et il faut que je continue d’arrondir les angles ?!

« Alors allez-y, parlez-moi donc de votre but altruiste, de vos recherches, ce que vous comptez faire avec nos âmes. Mais vous étonnez pas que je tire mes propres conclusions si vous me donnez pas de raison de changer d'avis sur vous et si vous continuez à me juger alors que vous savez même pas quel est mon putain de prénom.

- Vous, peuples libres, pas vous âme en peine. C'est pénible qu'il faille préciser ce genre de chose. Et si vous jugez sur les actes, attendez qu'ils soient posés avant de vous emballer. C'est du crétinisme de penser que j'en veux à une vieille conne que j'ai jamais croisé. Et je ne connais pas votre nom, mais ce que je conclus de vous, là, c'est que vous n'êtes pas très malin. Ou pas très à l'écoute. Et je ne vois pas en quoi connaître votre nom changerait à ça. On n'a pas vertu de devenir meilleurs amis, que je sache.

- Ouais, je sais que je suis pas toujours très malin. Mais j'écoute. J'écoute, et je fais que vous recracher ce que vous avez dit. Alors peut être que si vous étiez plus clair et moins sarcastique, ça serait plus simple pour vous faire comprendre des autres. Vous savez, pas juger sur ce qu'on croit comprendre, tout ça. Et pour mon prénom, m'est avis que ça aurait été plus simple pour pas que je confonde "peuples libres" et "âme en peine", je réponds avec un sourire crispé, tout en me désignant de la tête aux pieds. Mais si vous voulez que je réfléchisse et que je théorise sans attendre que vous m'expliquiez, je vais le faire.
Z'avez besoin de nous, de notre âme ou je sais pas quoi pour ressusciter.
Z'avez besoin de plusieurs d'entre nous, parce que sinon vous vous seriez contenté de l'aide de Silmerist ; vous avez pas l'air de faire dans la charité. Ou en tout cas, plus on est mieux c'est.
Z'avez besoin de notre consentement ou de notre coopération, en plus. Vu comment vous avez l'air de détester Jorus, si vous pouviez l'utiliser sans qu'il ait son mot à dire, vous ne vous seriez pas gêné. Ou alors, vous attendez qu'on soit un maximum pour le faire en vous fichant de notre avis.


- J'ai besoin de vous comme vous avez besoin de moi, s'il est question, de résurrection. Et plus vous serez, plus il y aura de chances de réussir. Et plus vous serez à revenir à la vie, forcément. Mais croyez-moi, je pourrai sans peine me passer de la présence de votre ami. Mais voyez-vous, dans cette affaire, je ne pense pas qu'à moi. Alors lui pardonner ses torts, certainement pas, mais le condamner de manière irréversible...

- Eh bah voilà, vous voyez quand vous voulez ! C'était pas compliqué d'être plus clair ! »

Un échange de bon procédé, donc ! On retrouve notre vie, et en échange on libère un des Treize qui va vouloir se venger ! Mais modérément, attention.

« Quant au reste, je n'en ai pas grand-chose à faire. Je vous propose un marché à intérêts partagés, pas de devenir un allié indéfectible. C'est à prendre ou à laisser. »

Je m’approche de nouveau de lui et pencher la tête sur le côté en semblant réfléchir, avant de reprendre avec un grand sourire. Donc j’avais le choix entre me tourner les pouces pour l’éternité ici ou avoir le risque de laisser un potentiel cinglé vengeur dans la nature ? La question est vite répondue.

« Je pense que j'en serai. J'ai pas la capacité de vous arrêter, ni d'empêcher Silmerist de vous aider. Et si votre truc marche, j'ai envie d'être là quand vous reviendrez si vos "recherches" et votre but "altruiste" -que vous gardez toujours pour vous- fout le bordel. »

Les frissons reprennent possession de mon corps alors que je me sens vidé, vidé de toute l’énergie que j’avais. J’ai fait brûler un temps mes peurs et mes angoisses sur l’autel de la colère et de l’insouciance ; mais il faut croire que parler d’un potentiel, éventuel retour à la vie, ce n’est pas une bonne idée pour moi. Revenir sur Aliaénon, c’est de nouveau sentir le poids de mon corps. Le froid, la chaleur. Le feu. Des odeurs de viandes grillées. Et m’exposer de nouveau à la dou.. La doul…

Mathis revient à point nommé, flottant vers nous. J’entend à peine ce qu’il dit que je m’empresse de lui parler.

« Ah bah on peut faire ça aussi ? Super, moi qui ai toujours rêvé de voler. Bon bah je vous laisse, je dois aller chialer dans un coin. Si vous me chercher, j'suis dans la salle avec tous les cristaux. »

Je fais une révérence très exagérée et pas crédible pour un yus et je pars, descendant deux à deux les marches de l’escaliers taillé. Le feu est revenu. Je sens sa chaleur inonder mon bras et j’ai beau essayer d’en disperser les flammes, la douleur reste. Insidieuse. Imaginaire. Dévorante. Les couloirs que j’arpente ont beau être très larges, gigantesques dans leur hauteur ou les deux à la fois, j’ai toujours l’impression qu’ils veulent se refermer sur moi. S’effondrer. M’étouffer sous les milliers de tonnes. Alors quand je déboule finalement dans la pièce par laquelle je suis arrivé dans la savane Thanathéenne, c’est en courant de toutes mes forces sans que je me sois vraiment rendu compte que j’ai commencé à le faire.

Ici, c’est presque pire. Tout ces cristaux, toute cette démesure que je n’arrive pas à percevoir… Me fait pousser un hurlement. Je hurle, encore et encore. Contre ce monde qui m’a vu périr, sans accomplir quoi que ce soit… Contre Justice, qui m’a tué au nom de quelque chose qui m’est cher… Contre Visselion et son imprudence, contre Xël et son obstination, Simaya et ses jugements, Bellarien, Alossarh, le destin, Zewen, les Titans ce putain de Sans-Visage ! Le Dragon Noir !

« PUUUUUTAAAAAAAAAAIN ! »

Pour seul écho, je n’ai que mon propre cri de désespoir. Si les larmes ne peuvent couler, je sens pourtant ma gorge se nouer, étranglant petit à petit ma voix. D’un bond, je m’envole comme l’a fait Mathis. L’idée de toucher le sol sans le sentir m’est insupportable, me rappelle bien trop tout ce que j’ai perdu. Au moins, à flotter dans les airs, je peux croire que je suis plongé dans l’eau. Me mettant en boule et fermant les yeux, j’essaye d’oublier. Avec l’espoir naïf que tout va se résoudre. Une hallucination de Silmeria, un rêve des collines oniriques…

« N’importe quoi… Sortez-moi de là, pitié… »

Seul le silence accueille ma supplique.


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« »
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Silmeria
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Re: Savane Tanathéenne

Message par Silmeria » sam. 22 avr. 2023 02:40

C'est amusant. Toute une vie passée, ces grands souvenirs, ces petits souvenirs, ces sensations d'un après-midi au soleil, une prairie, un pommier, du linge qui flotte accroché à un fil et qui emporte avec lui l'odeur d'un mélange d'herbes fraiches. Le chant agaçant des mouches et des moustiques, le ballet des abeilles, la valse des oiseaux. Un petit bruissement dans un fourré à l'orée d'un bois, un chat sauvage qui attrape sa proie ou un oiseau en quête de ver ?

Le craquement de la neige fraiche sous une botte, le clapotis de l'eau lorsque je descendais de mon cheval après la pluie. L'odeur forte et chaude qu'on a en pleine figure quand on ouvre la porte d'une taverne, le nez encore rouge d'un long voyage dans le froid. La contemplation silencieuse d'un lever de soleil à l'horizon, sur terre ou en mer, qui nous rappelle à tous, avec la douceur d'un petit murmure que nous sommes si peu de chose.
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C'est tellement décevant. Toute cette vie gâchée. Tout ce temps, tout cet investissement, ces efforts, cette colère, ces larmes. Tout ça en vain. A quoi bon ? A quoi bon avoir passé tant de temps et de si précieux efforts à faire ce que je savais faire de mieux. Tuer. Venger. Aurais-je un jour la sensation dans mon poignet ? Ce petit crissement, cette résistance de la chair qui se fait ouvrir. L'odeur du sang qui coule et qui inonde l'air d'un parfum de fer bouillant ? La moiteur de mes mains couvertes de sang, cette sensation poisseuse lorsque le sang d'infiltre sous sa garde et qu'il coagule. La douleur infinie que l'on croit être la dernière à chaque mauvais coup. Aurais-je encore une fois le plaisir d'une traque ? De suivre une silhouette dans la foule, de sentir son parfum, de l'entendre parler, savoir ce qu'elle compte faire l'après-midi, la regarder embrasser ses enfants et au détour d'une petite ruelle sombre, admirer la profondeur que peut prendre la peur dans le regard d'un homme, écouter les hoquets et ses sanglots comme on le ferait avec la plus douce des mélodies. Être là pour cueillir le fruit de la mort, une petite perle précieuse, pas beaucoup plus lourde qu'un souvenir, dernier vestige d'une vie fauchée laissée à croûpir avant de songer déjà à qui sera la prochaine. Pourquoi. Tout ce gâchis. Et mes soeurs. Mes amours. Mes aimées. Même la présence de Silmeria m'est refusée. Je suis... Maudite.

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Je m'avançais aux côtés de notre petit groupe, il y avait Mathis, Akihito, Dracaena et Jorus. Nous étions tous sorti d'un cristal bleuté et accueillis par un être voilé et masqué qui s'était présenté comme Akouba. Si ma petite Cèles avait été là, elle aurait probablement ricané. Mais je ne sentais personne, j'avais la singulière impression d'être... Entière ? Ou vide ? Fractionnée ? Avais-je trouvé ma place ? Et Hrist ? Avait-elle trouvé la sienne ? Je me demande quelle vie elle pourrait vivre sans moi, nous étions ensemble depuis si longtemps que j'en ai oublié la vie d'avant.


" Disons que certains d'entre nous ont eu la brillante idée d'employer une magie qu'ils ne maîtrisent absolument pas. On pourrait leur pardonner si ce n'était pas la quarantième fois mais... "

Avais-je dit en songeant très fort à Mathis. C'était sûr que je lui en voulais mais je n'arrivais pas à articuler ma colère ni ma rancoeur, même s'il était responsable d'avoir employé quelque chose d'incontrôlable. Je désignais les cristaux derrière nous. " J'imagine que vous en avez d'autres en rayon. Je me nomme Silmeria. Comment avez-vous su, Maître Akouba, que nous sommes de Yuimen ? Avez-vous rencontré d'autres aventuriers tels que nous ? "

Tous manifestaient une certaine... Crainte ? De gros regrets ? Du chagrin, c'était ça, du chagrin et de l'incompréhension. Je pense que tôt où tard ils seraient en proie à la détresse et qu'on aurait plus qu'à consoler ceux qui y succomberaient.


" Maître Akouba, êtes-vous comme un Passeur ? Celui chargé de nous conduire dans notre dernière demeure ? "

Face à cette question innocente, Akihito, ou son spectre, s'était affaissé, comme accroupi et sanglotait. J'éprouvais de la compassion pour lui, c'était quand même un triste sort d'être le protecteur et de contempler l'étendue de son échec. Fort heureusement, tous ici semblaient être conciliants et personne ne lui avait reproché quoique ce soit. J'approchais de lui et caressais sa nuque bien que mes doigts passèrent à travers lui, je n'éprouvais aucune sensation, ni de contact ni de chaleur. Je trouvais ça triste également, il ne pouvait être consolé par un geste, il fallait trouver des mots doux et justes et malheureusement, rien ne me vint à part : " Allons, allons, Akichou. "


Le Seigneur de la Mort annonçait la couleur avec un détachement et une habitude certaine, au delà de la brume, il n'y avait qu'une vie d'errance et de solitude.

" C'est regrettable, Maître Akouba. Nous étions sur le point de trouver un plan afin d'occire ce Dragon. "

Je relevais les épaules et tournais le visage.

" Mais s'il n'y a aucun moyen de revenir à la vie... "

Petite provocation, très enfantine bien sûr. Mais que faire si le Seigneur de ces lieux lui même refusait de porter secours, à ses yeux... Nous ne sommes que des ombres de passage, nous n'avons pas de rang, pas de nom, nous sommes...
Ooooh... Je me souviens de ce que disais Hrist. Les splendides héros qui font de grand... Rha je l'ai sur le bout de la langue. C'est tellement frustrant. Mais j'ai l'éternité devant moi, ça finira bien par me revenir. Si ça se trouve, avec tout ce temps, je pourrais même... Relire des livres dans ma tête ? Avec assez de concentration et de mémoire, je pourrais me rappeler de chaque ligne, de chaque passage et les redécouvrir ! Mais le Seigneur de la Mort mentionna un nom qui me rappela immédiatement à ma présence spectrale.

" Maître Vallel ?! Et bien oui, avec plaisir, ne faisons pas attendre Seigneur Vallel. Où est-il ? Allons-y. Akichou ! Allez ! Dracouille ? Sèche tes larmes. Ou ta sève. Peu importe, ramène ton tronc ! "

Il était nécessaire de le rencontrer, c'était quelqu'un d'important tout de même. Qu'il soit dans un camp ou dans l'autre, Vallel ! Je veux dire par là, c'est tout de même une figure emblématique et il doit bien y avoir un intérêt à le rencontrer, à parler avec lui, à l'entendre, ou simplement à être dans la même pièce que lui. Ce fut d'ailleurs bien vite le cas ! Non loin de là où Akouba nous laissa pour accompagner d'autres aventuriers, nous nous trouvions, Jorus Akihito et moi face à Vallel.


"Toi, je te reconnais." "Que viens-tu faire ici, me narguer dans la mort, ou t'excuser de tes torts ? De ta réponse dépend beaucoup. Le sort des tiens, par exemple."

"Je ne suis là ni par moquerie, ni par désir de regrets, mais par curiosité. Paraît-il que vous vouliez voir des yuiméniens. Nous voici ! Peut-être que les personnes qui ont transmis ce message avaient mal compris votre intention. Mais de qui parlez-vous en désignant le sort des miens ? Les vivants ou les morts ?"

Je sentais comme une pointe d'animosité entre eux deux. Mais j'étais étrangère à cette mésentente, ils s'étaient quittés en colère, c'était une chose mais peut-être que de savoir que je suis une partisante de son camp et de ses alliés lui mettrait du baume au coeur.


" Seigneur Vallel ! Un honneur de vous rencontrer. Je suis la sec... oui disons que je remplace Xenair puisqu'il nous a quitté pour une vie plus simple. On a tant à vous dire, avez-vous ressenti quelque chose dernièrement ? Oaxaca a été défaite. "

Je m'avançais et m'inclinais avec dévotion et respect, après tout, c'est un Seigneur des Treize, titre qu'ils arborent même dans la mort.

" J'ai longtemps assisté Maître Xenair sous le nom de la petite plume de la mort. Ainsi que Maître Aerq et Maître Tal'Raban. "

"Oaxaca a perdu, vous dites ? Ainsi ils n'ont pu se débrouiller sans moi, ces misérables. Je n'ai que faire de vos accointances avec les Treize : être leur putain vous regarde, ça ne sera pas le cas avec moi."

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Mais ? Pourquoi était-il vulgaire ? Avais-je dit quelque chose de grossier ? Non, putain est un vilain mot, destiné à des femmes de petite vie et j'ai toujours été très prude et droite, il devait se tromper, il n'avait pas le droit d'être aussi grossier. C'était terrible de faire une telle comparaison, mais je me rappelais bien vite qu'il était dans ce monde vide et silencieux pendant si longtemps, il avait dû en souffrir. Oh par Cèles, j'espère que je ne subirai pas le même sort, que je ne deviendrais pas grimarde après des années d'errance. Mais quelque part... Qui viendrait me voir dans l'au delà ?

" Heuuuuu... je n'étais pas en train de vous proposer mon allégeance, mais puisque c'est si gentiment demandé. " Je pouvais toujours lui proposer ça plus tard, ou simplement l'assister sans qu'on appelle ça une allégeance, après tout il était peut-être très discret et ne voulait pas ressembler à d'autres Généraux qui multipliaient les serviteurs, peut-être était-il humble et voulait simplement rester seul mais s'était montré maladroit dans sa façon de s'exprimer. Je pense que ça lui fera du bien de discuter avec nous, il y a tant à lui apprendre, le monde a bien changé depuis son départ. Mais tandis que je pensais, Jorus se retrouvait torturé par Vallel, son âme, sa forme éthérée semblait chiffonnée comme un vulgaire parchemin raturé avant de reprendre sa forme. Vallel lui avait montré sa puissance, une magie qu'il avait su concevoir ici.

"C'est vous qui y voyez des provocations. Moi, je suis simplement curieux. Une curiosité bien assez assouvie pour le moment d'ailleurs. Vous vouliez des nouvelles d'Aliaenon, vous vous rappelez de Xël j'imagine ? Hé bien sachez que s'il est un héros sur Aliaenon, il écrit sa légende sur yuimen ! D'ailleurs, il vous passe le bonjour. En tout cas, je suis sûr qu'il apprécierait que je le fasse ! Si j'arrive à le contacter vous voulez que je lui transmets vos bons sentiments ?"


" Bon, ça va aller oui. T'es pas assez mort pour aujourd'hui ? " Avais-je demandé à Jorus. Je crois que ma voix était partie trop fort et je ne voulais pas lui donner l'impression de le réprimander, mais je ne voudrais surtout pas qu'emporté par sa colère, Vallel ne lui fasse du mal. Jamais on aurait pu en savoir plus et si ça se trouve, ils sont voués à devenir alliés. Pouvait-on se priver de quelqu'un face à ces éternités de solitude ?

" Excusez ce triste sir, il doit probablement mal vivre la mort. Seigneur Vallel, Akouba nous a fait savoir que vous vouliez nous voir. Puis-je savoir pour quelle raison ? "

"Je ne connais que peu de personnes aptes à bien vivre leur mort : ne le jugez pas si vous-même manquez de sentiments. Et écoutez mes propos, plutôt : j'ai déjà répondu à cette question."

Manquer de sentiment ? Non. Je... Je me sens légère. Un peu... Enivrée. Mal accoutumée de cette... place. De ce vide ? Je suis peut-être un peu triste. Ou guillerette, je ne sais pas trop. J'ai la sensation étrange d'être tout le temps à deux doigts entre éclater de rire ou de sangloter. Un effet de la Mort peut-être. Oh, cette Faucheuse qui a finalement décidé de m'embrasser et de m'arracher mes deux amours, Hrist et Cèles. J'espère que ma petite Faera... J'espère qu'elle est heureuse. Qu'elle a su entrevoir dans mes derniers instants le " Je t'aime " qui lui été offert, car même si je n'ai pu le prononcer, je voudrais le lui dire. Cent fois. Mille fois. Je t'aime, ma petite pelote de fluides.


" Je suis sûre que vous n'étiez pas à vous morfondre quand vous avez trépassé, Seigneur Vallel. Vous auriez en votre possession un pouvoir apte à... Croiser un être vivant ? C'est fascinant. Comment avez-vous pu obtenir un tel pouvoir ? "

"En effet, j'étais prêt à tout pour retrouver ma vie et détruire ceux qui avaient causé ma perte. Je le suis toujours, d'ailleurs... Nul ici ne peut croiser de vivant s'il n'est lui-même en vie. C'est... justement le point. Et avec votre présence, la retrouver pourrait être possible. Suivez mes préceptes, et bientôt vous vivrez à nouveau. Déjà de mon vivant, j'avais percé le secret du transfert de corps par les âmes vivantes. C'eut pu être plus simple, si les vôtres n'avaient pas... tout détruit."

"Eh bien, ces cristaux. C'est les seuls qui flottent dans le coin. C'est vous qui les faites voler ? J'me pose la question parce que moi, j'ai plus de magie. Et comme vous êtes le seul type dans cette pièce et que je doute que cette brave Silmerist s'amuse à faire flotter des cailloux... son truc c'est plus le chaos, vous savez."

Oh non... Encore de la méchanceté. Je ne comprends pas. Pourquoi ? Il était si triste tout à l'heure, j'espère vraiment que ce n'est pas quelqu'un qui trompe sa tristesse par de la méchanceté, si ça se trouve Vallel était content de nous voir et maintenant il doit être déçu. Et c'est dommage qu'il ne me présente que comme étant adepte du chaos, que va penser Vallel, ce portrait est trop triste, trop grossier, pas assez clair. Akihito doit vraiment être submergé de chagrin, il en oublie l'essentiel, Vallel peut effleurer un esprit ? C'est merveilleux, nous avons peut-être là une façon de...



Refaire surface ?

" Merci de ne pas parler pour moi. Et franchement, on parle de transférer un esprit dans un corps et toi tu es juste émerveillé de voir des cristaux voler ? " C'est vrai qu'ils sont beaux ces cristaux, mais si on patiente trop, on ratera peut-être une occasion de nous rendre utile, car telle était notre mission sur le monde des vivants, doit-on vraiment laisser les autres tomber sous prétexte que nous ne sommes plus ?

" En quoi puis-je vous assister, Seigneur Vallel ? "

"Vous le saurez en temps voulu. Pour l'heure, j'aimerais que vous trouviez parmi votre petit groupe de défunts ceux qui seraient prêts à me suivre dans cette expérimentation... Oh. Et cela nécessiterait bien sûr de quitter les souterrains. Un allez simple, donc."

"Laisse les grandes personnes parler, Silmerist. Essaye déjà de savoir comment tu vas trouver deux corps pour toi et ta colocataire, si c'est possible. Ou tiens, je pourrais même venir avec vous ? Si on compte Célès une de plus. Une de moins dans ta caboche, ca fait pas trop de différence ?"

Je... Il parlait de Cèles.. De Hrist. Mais... Pourquoi était-il si rude ? Pourquoi est-ce qu'il pensait que je ne pouvais prendre part à cette conversation ? Je n'avais rien dit de dommageable pour lui, je trouvais ça si dur de parler de ma jumelle. Elle allait me manquer, c'était sûr. Je la regrettais déjà elle et ma petite Cèles. Je me sentais... Triste. Oui, les propos d'Akihito m'avaient donné envie de pleurer. Je trouvais si injuste qu'il soit sur cette position et de me retrouver là, face à lui incapable de lui répondre quelque chose car j'avais la certitude de ne pas atteindre son coeur, que quoique je dise, je ne receverai que des propos hargneux et insultant en retour. Je voudrais pourtant lui prendre la main, lui dire que tout ça n'était pas si grave, qu'il n'était pas question de grande ou de petite personne, qu'il n'y avait pas de Silmehrist, qu'il n'y avait que moi et pleurer sur son épaule pour lui faire comprendre qu'il m'avait fait du mal avec ces propos, mais que je lui pardonnais d'office car j'avais la certitude que mon bien aimé protecteur n'avait pas voulu me faire de mal. Qu'il était maladroit, qu'il était triste, qu'il avait peur. Je comprenais, moi aussi j'avais peur mais je voulais qu'on puisse aller de l'avant avec la légèreté de ne rien porter de plus que ce que nous étions à ce moment même, d'être libre et nouveaux nés.

" Seigneur Vallel, je vais rassembler les personnes volontaires pour cette expérimentation. "

J'ai senti un sanglot venir dans ma voix. Je ne voulais pas qu'Akihito l'entende, je ne voulais pas qu'il sache qu'il m'avait rendue triste, ça aurait pu lui faire de la peine et il avait assez souffert comme ça, il luttait contre son chagrin, malgré toute mon affection, je ne pouvais l'aider à vaincre, c'était un combat qu'il devait mener seul.




Son ombre s'en été allée. Silmeria... Ma petite oie, si douce et attentionnée, j'ai longtemps été un poison qui peu à peu ternissait sa douceur. J'étais à mon tour sortie de ce cristal. Je crois que l'éveil était un peu plus long, peut-être aurais-je mérité de moisir ici pour ces centaines d'éternité. Mais qu'aurait-elle fait ? Elle était si douce et naïve, si délicate et maladroite. Elle avait besoin de moi et j'avais tant besoin d'elle. Je sentais ma haine, ma colère monter comme une éruption incontrôlable. Je devais mordre ces lèvres inexistantes pour tromper mon esprit et lui faire croire que je ne pouvais ouvrir la bouche, j'aurai été capable d'insulter le premier être fantomatique que j'aurai croisé. Je suivais l'esprit de Mathis, ce misérable voleur et celui de Dracaena, cet être maladroit et masochiste. Il... Dansait. La danse... J'avais entendu un jour une idiote finie dire qu'une danseuse dansait car le sang dansait dans ses veines. Cette misérable petite sotte n'avait pas beaucoup dansé lorsque je l'avais saignée à blanc. J'avais longtemps caressé ses petits bras pour en extraire la moindre goutte avant de la laisser exsangue, le regard vide. Ca avait pris du temps et j'avais pataugé un moment dans une flaque de sang tiède mais ça en valait la peine. Elle était si belle, la nuque échouée sur le mur de sa chambre, la bouche entr'ouverte et le regard dans le néant. Il y avait de la poésie dans les morts abjectes, il y avait de la poésie dans ce qu'on pouvait faire de plus misérable et d'odieux à qui aime trop la vie... Nous étions devant le trône gigantesque de ce Seigneur de la Mort qui se présentait comme un Ol'Toga. Il devait parler d'un ancien peuple dont j'ignorais les origines

" Un Ol'Toga ? Qu'est-ce que c'est ? "

Avant de siffler vers le Ficus qui en devenait ridicule et insupportable. " Tu as bientôt terminé de gesticuler comme une anguille ? "

Le Seigneur de la Mort, voilà quelqu'un digne de respect. C'était là un voyage digne de ma rancoeur envers ce monde, un être infini qui règne sur des générations incessantes de fantômes tristes et déchus.


" Maître Akouba, votre confrère est porteur d'une lance qui a su toucher notre compagnon tout à l'heure. En quoi un tel objet est-il nécessaire ? Est-ce pour marquer votre domination sur les esprits tels que les nôtres ou avez-vous eu à faire à des insurrections nécessitant d'employer la force ? "


" J'espérais que les Oudios soient sages et prennent racine en silence. Veux tu libérer ta frustration une bonne fois pour toute ? "

Mais cet être inférieur n'y entendait rien. Il prétextait que ce n'était pas de la frustration. Mais quoi donc ? Se trouver là devant le Seigneur de la Mort et danser comme un vil troubadour... C'était une insulte et j'étais surprise que la Mort elle même n'emploie pas cette lance pour punir cette abominable créature par une souffrance épouvantable qui lui rappellerait le malheur d'être né. Mais ce n'était pas tout, il y avait ce... Ce jeune homme, ce misérable petit imbécile, ce vulgaire chacal, mendiant, voleur, fourbe. Il avait été bien rapide avec Vallel, peut-être celui-ci n'avait pas voulu s'embarrasser de sa présence insignifiante et l'avait congédié. Dommage qu'il ne soit pas resté dans les cristaux pour disparaître parmi les corps en éternel sommeil. Il avait voulu s'opposer à moi et ne devait sa vie qu'à Silmeria qui avait eu la faiblesse de l'apprécier juste assez.. Qu'est-ce qu'elle trouvait à ces horribles personnages ? Mathis... Sa simple présence ici nous couvre tous de honte. Nous devrions être maudits. Damnés. Pour toujours. Et souffrir tous les affres du monde avant de mourir et renaître de nouveau pour subir encore et toujours le même sort. Le. Même. Sort.

" J'ai juste concentré mon esprit pour apparaître ici. " dis-je sobrement. Avec un peu de chance, ce triste imbécile irait se concentrer dans un coin isolé pour s'essayer à cet exercice et me débarrasserait de sa présence désagréable. Même au seuil de ma dernière demeure j'étais entourée d'ennemis. Et pas des moindres, insignifiants en terme de menace mais détestables au possible. Chaque seconde à leur côte me faisait mal. Me rendait hargneuse, je les méprisais ! Je leur voulais du mal ! Je voulais les faire souffrir ! Je voulais punir Mathis de son incroyable incompétence ! Je voulais torturer Jorus pour porter les dagues de Xenair comme s'il en était digne et je voulais écorcher cet Oudio idiot pour se trémousser comme une puterelle à marins en permission dans le pire des rades de port.

La voilà qui arriva enfin. Je sentais... Ma colère se calmer. Comme lorsqu'on plonge son bras irrité d'un coup de soleil dans un cours d'eau fraîche.
En entrant dans la salle du trône, je la vis... Avais-je eu peur ? Non, ce n'était pas de la peur mais ça avait... Quelque chose de singulier.

Elle était mon reflet parfait. De longs cheveux blancs qui flottaient dans l'éther, son regard las, toujours fatigué comme si elle ne pouvait pas ouvrir complètement ses yeux. Les miens au contraire étaient grands ouverts, on dit que les yeux sont la porte vers le monde et la mienne était grande ouverte, on y voyait ma pupille complète. J'étais bien heureuse de la voir, il était normal qu'elle soit là elle aussi. C'était... Notre dest...Je me déteste de la savoir ici. J'ai pris cette femme comme otage toute une vie pour au final la voir ici écrouée dans l'éternel à mes côtés tout en sachant qu'elle était trop douce, trop gentille pour m'en vouloir. C'était une des plus terribles tortures qui m'était destinée. La regarder dans les yeux, la douceur de son regard, une profonde bienveillance, un amour inconditionnel à mon égard, moi qui ne suit que chaos et noirceur. Elle écope de tout ce qui m'est reproché, tout ce qui découle de ma présence, elle aurait pu être tellement plus. Elle ne ressent pas ce liquide qui frappe mes tempes, cette colère qui alimente mon coeur et pourtant... Elle m'est si...
Douce ! Oui, c'était ça que je voyais. Elle est froide, distante mais avec moi... Elle a toujours été douce. Comme une Murène. Un animal froid et qui fait peur mais quand on les connaît assez, ce sont de gentilles créatures. Oh j'ai honte de la comparer à un animal, ça serait presque une insulte mais je suis sûre qu'elle comprend le fond de ma pensée.

" Beh... on a des doubles ? Dracaena, tu étais avec Akihito également. C'est fou ça. " Avais-je lancé pour amuser l'ambiance qui semblait trop terne. Trop triste. Peut-être que ça concentrerait Dracaena sur autre chose, puis que celui-ci était en train de danser. Si je trouvais ça curieux au début, je me disais que c'était assez mal au final, un peu d'activité sportive aide à se concentrer et pimente son esprit. Cet Oudio était plein de ressources, je regrette de ne pas avoir pu discuter davantage avec ce personnage qui me semble être haut en couleurs.

Elle plaisantait... Comme je l'avais fait. Je n'en revenais pas à quel point on se ressemblait. A quel point on était un sorte de... dualité constante. Comme les deux faces d'une même pièce. Toujours ensemble mais jamais dans la même direction.

Je m'avançais vers le Seigneur Akibou et dit : " Maître Akibou, pouvons-nous prêter main fort à Vallel ? A-t-il déjà conduit des âmes à s'égarer ou à disparaître ? Il semble avoir besoin de nous. " Je préférais tout de même prendre une petite sécurité, après tout, qui mieux que Maître Akibou pour nous renseigner. Il était là depuis toujours et ses rares sujets en éveil doivent bien être sous sa bienveillante surveillance. Il n'aurait pas voulu nous mettre dans l'embarras et nous dirait si Vallel avait déjà tenté l'expérience avec d'autres qui en auraient fait les frais. Mais il n'annonça rien de tel. C'était une assez bonne nouvelle. Malheureusement Jorus ternit un peu ma joie en disant que les Régicides n'étaient pas dignes de confiance. Tout ce que je voulais faire, c'était apporter un peu de légèreté dans leurs esprits oppressés par quelque chose d'aussi pesant que la mort. C'était un fardeau lourd et je voulais bien plaisanter pour essayer de leur faire naître un petit sourire. Un petit début de quelque chose, une petite graine qui germerait et leur apporterait un réconfort certain mais malheureusement leur tristesse était le sel qui tuait ce terreau.


" En effet, il s'agit de ma jumelle. Nous partageons le même corps même si tous ici n'avaient eu à faire qu'avec moi. Pour le moment. " Je lui prenais la main, ou du moins, j'essayais. Je voulais tant la serrer contre moi mais je savais que c'était impossible. Quelque part, elle n'était pas loin, on était pas privée l'une de l'autre et rien que ça inondait mon coeur de joie.

" Merci de vos précisions, donc nous sommes les premiers que Vallel demande à voir ? Il a demandé notre aide, à tous afin de l'assister dans sa tâche. J'ai choisi de le faire, mon allégeance avec les Treize, ou ce qu'il en reste est encore fraîche. Je pense que nous aurions tout intérêt à lui porter notre soutien. "

Mon regard se tournait vers Jorus, je savais qu'il avait un lien tendu avec Vallel mais je souhaitais très fort qu'il puisse mettre ça de côté dans son propre intérêt. Après tout, ils avaient bien composé avec moi, ils pourraient bien le faire avec lui.

" Aider quelqu'un dans le besoin, fusse-t-il ennemi un jour, ne veut pas dire tout oublier. "

" Il s'est montré avare en détails. Je ne suis pas complètement sûre. Il a parlé de suivre ses préceptes. "

Cette idée de deux esprits dans un même corps faisait fantasmer cet être de bois, il cessa enfin son insupportable danse pour venir vers moi et... Cherche à me serrer la main ? Mais quelle créature aussi bête puisse-t-elle être ferait ça ? Ce n'était qu'un arbre, un Ficus Fou comme l'appelait ma Jumelle, comme pouvait-il prétendre à me serrer la main, à mettre ma peau délicate dans ses racines noueuses et cendrées ? Comment osait-il ? C'était une incroyable assurance que de mon vivant, j'aurai fait payer pour sûr. J'avançais à travers ce ridicule personnage, le traversant pour lui rappeler que ce n'était rien qu'un nuage de cendre à mes yeux et m'adressais au maître des lieux. " Vous avez parfaitement compris quelle était sa tâche. "

Silmeria à Drac " Meeeeuh non elle est là depuis bien plus longtemps. Et il n'y a pas de doubles maléfiques ici. Et elle te connaît déjà, ce que je vis, elle le ressent également. "


"Si elle m'connait déjà, s'pas une raison pour faire sa Radeuse et m'ignorer... Ou d'me traverser comme ça sans même un premier rancard.
Elle est toujours comme ça ou elle a du mal à s'remettre de sa mort? Bref, dans tout les cas vous m'avez raconté des carabistouille m'dame Silméria avec s'histoire de soit disant double. On est mort, pas d'raison d'essayer m'entourlouper. Qu'est qu'ça changerait de toute façon?"


Il recommençait à danser. C'était curieux de voir un Oudio le faire, je n'ai jamais vu beaucoup de monde danser, d'ailleurs j'ai longtemps cotoyé les Garzoks sans en voir un seul danser. Est-ce que les Treize aussi dansaient parfois ? Et les Faeras ? Cèles avait-elle dansé ?


"'Fin bon, j'ai plein d'question à poser sur cette histoire de "deux femmes un corps", et bien d'autre chose à demander à m'sieur Akouba, s'il veut bien me parler un peu plus de s'monde si intriguant... Mais j'suppose qu'ça coute rien d'aller voir s'que veut le Vallel. Après tout, s'pas tout les jours qu'on peut croiser un des treizes zigotos d'Oaxaca viv... 'fin, non, pas vivant, mais z'avez compris.

Enfin, si ça n'vous pose pas d'soucis, m'sieur Akouba. "


Ma petite Cèles... J'espère que des profondeurs de la terre tu entendra la tristesse que m'évoque ton souvenir. Que tu portes un recueillement pieux aux défunts impérieux, car je rendrai un dernier hommage à toi, partie dans notre sillage. J'ai peur que notre mort ne te condamne dans ce vil monde à rester cloîtrée dans cette prison de chair jusqu'au jour où notre triste enveloppe ne se déchire par les vers et les mouches et ne t'expose à la magie destructrice de ce monde. Je m'en veux de te laisser à mourir, seule dans ma carcasse abandonnée aux quatre vents. Je me doute que Xël, profond égoïste et cette abjecte créature noire ne sauront accorder une sépulture décente à notre personne. Ces prétendus Héros qui doivent déjà récupérer nos biens... Comme je les méprise.

Je trouve quand même dommage d'être morte en ce monde. J'aurai cent fois préféré mourir sur Yuimen, après tout, il y a l'âme de Lily, de Lys. Je suis un peu triste, je crois, Hrist doit y penser, c'est sûr. Elle est si loin de ses soeurs aimées, mais je dois dire que je pense que je les aime au moins autant qu'elle ! Aaaah, comme ça me manque, ces après-midi à cueillir des fleurs dans la nature, il ne faisait pas toujours beau mais au moins, nous étions ensemble. Comme des soeurs.

Mes pauvres soeurs, abandonnées jusque dans les enfers, j'avais tout fait pour les rejoindre mais les Dieux m'ont refusé leur présence. C'était peut-être ça ma sanction divine. Mais il était prétentieux de croire que les Dieux m'accorderaient un tel châtiment, qui étais-je ? Qu'étais-je ? Je regarde Silmeria me prendre les mains, bien sûr je ne sens pas la caresse de sa peau. Elle affiche un sourire alors qu'autour tout le monde se moque d'elle et la croit folle. S'ils savaient que c'était la plus douce et la plus délicate des fleurs mortes qui tapissaient les sous-sols de ce monde. Une raison de plus de les détester. Tout. A jamais. Ils ne la détruiront pas ! Jamais. Jamais ils n'abîmeront quelque chose d'aussi doux. Jamais je ne voudrais voir son visage se ternir d'un reproche lancé à son égard. Je serai pour toujours garante de sa douceur. J'ai fauché leur Roi pour honorer mes aimées, j'en faucherai cent autres si ça devait empêcher une larme de couler le long de ses joues. Je me penchais pour poser ma tête sur son épaule imperceptible et je me sentais...

Rafraîchie par une délicatesse soudaine de la part de ma Jumelle. Elle qui était toujours si froide et distante avec les autres, ça me fait du bien de savoir qu'elle ne l'est pas avec moi, même si parfois j'ai peur qu'elle se désintéresse de moi et ne me trouve trop sotte. C'est vrai que parfois j'ai peine à suivre les conversations complexes que peuvent avoir ces aventuriers, mais j'en connais si peu, à part Akihito, je n'ai pas eu l'occasion de parler à beaucoup de monde. C'est peut-être là une excellente occasion de bavarder avec eux ! Ils ont l'air assez différents mais je suis sûre qu'on aurait tous intérêt à se connaître davantage.

" Nous voilà partis pour aider Vallel... Lui non plus n'avait pas de sépulture. Pourtant les héros étincelants font de splendides mausolées. "

" Vous venez ? Allez, on ne peut pas dire non sans avoir essayé. Et puis, on a quoi de mieux à faire ? "

Son sourire... Si ma présence était le poison qui ternissait sa douceur, son sourire mièvre et niais était le poison qui meurtrissait ma colère.
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Repartira voir Vallel avec les aventuriers qui voudront se joindre à elles.
La petite plume de la Mort.

Alors, j'ai établi ma couche dans les charniers,
Au milieu des cercueils,
Où la Mort Noire tient le registre des trophées qu'elle a conquis.


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Dracaena Paletuv
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Re: Savane Tanathéenne

Message par Dracaena Paletuv » sam. 22 avr. 2023 03:02

"Qu'est ce que... hein? Quoi? C'est encore une espèce d'hallucination ou un schmilblick temporel bizarre?"

J'étais perdu, plus que perdu.

Il y a un instant, se trouvait devant moi "Moi", mon double débile, qui avait réussi à se libérer de ma prise (et du seau que j'avais encastré sur sa tête). Il était prêt à remettre le couvert, à se battre. Mais la... D'un seul coup, il disparait, j'me retrouve dans une drole de salle pleine de brume et de cristaux, et à la place du double j'ai en face de moi cet espèce de grand mec masqué avec une voix d'outre-tombe, qui me balance des trucs du genre "coucou t'es mort désolé poto".

Ouais, bien sur. La, comme ça, sans raison, je serais mort? Kerks, au moins avec le double je sentais clairement la douleur, tout semblait bien réel. La, le changement de décors était trop soudain, trop illogique.
Je regardai rapidement autour de moi, et j'reconnu une partie des bras cassés qui étaient la aussi. Beau-blond, Jorus, m'dame Silmeria, et Akihito le faux cul...Qui... qui semblait pas bien. Genre pas bien du tout.

Pourquoi?

Pourquoi, de toute les personnes présentes, me montrer Akihito qui allait mal? C'était quoi cette illusion pas cohérente? Après, "Moi" ne s'était pas montré non plus super logique... Mais lui ses coups étaient réel... Et il gagnait concrètement... Enfin, plutôt, je pouvais pas gagner contre lui, même si je l'immobilisais, je pouvais pas le bloquer éternellement. Alors pourquoi tout changer d'un coup? Pourquoi le Akihito pas bien? La grande figure? Pourquoi me faire croire que j'étais mort?

J'essayai de me masser les branches, pour m'aider à réfléchir, mais... Rien. Une deuxième fois, une troisième fois, toujours rien. Le cou, le torse, les jambes? Que dalle.
Je ressentais absolument rien.

Non...Non... Quand même pas...Hein? Pas... Pas comme ça pas vrai...


"Oh...

Oh non...

Oh non non non non non!


Non...Pas comme ça... pas comme ça!!! Je...Sérieusement...Je...j'étais... j'étais vraiment...


Mort?!


Mais...le seau... "Moi"... le feu... Pourquoi? Comment?! Qu'est ce qui c'est passé?!"


ça n'avait aucun sens. Aucun FOUTU sens!!! Je... j'étais la, debout, contre l'autre... Comment?! Comment j'avais fait pour mourir?! Le grand masqué, la, il avait surement la réponse? Hein?! Si j'lui demandais, il saurait, pas vrai? PAS VRAI?!


"... J'suis vraiment mort? C'est pas une blague? C'est pas une hallucination?"

"Oui, vous êtes mort. Plus vite vous l'accepterez, plus vite vous pourrez passer à autre chose. Croyez-moi, même dans la mort on peut s'amuser."

Accepter? ACCEPTER?! Mais... MAIS C'ETAIT PAS LA QUESTION LA D'ACCEPTER OU PAS LA MORT!!!
Moi j'voulais savoir comment j'en étais arrivé la! Ce... tout ça m'avait l'air plus vrai que vrai, mais ça... ça collait pas... ça pouvait pas...

""Ce...c'est pas... Accepter la mort s'pas la question... juste...Comment? C'est arrivé pouf, comme ça, sans raison...
Mais ça n'a pas de sens, ça n'a pas de sens! Je ne l'ai pas frappé, qu'est ce qui aurait pu m'arriv..."


Mon regard se posa sur les autres. Pas le grand masqué, ni ses copains équipé de drole de cure-dent: non, les Yuimenien. Jorus et compagnie la. S'ils étaient la, c'est qu'ils avaient claqués eux aussi. Ils devaient savoir s'qui se passait, non?!

"...NOUS arriver? Hey, il s'est passé quoi? Z'êtes mort comment vous? S'quoi cette histoire de sort qui a foiré? Perso j'étais coincé contre un autre moi même qui me renvoyait toutes les blessures qu'il prennait, et j'ai rien fait pour finir comme..."

Je pointai mon corps de haut en bas, me sentant bizarre à la vue de mon écorce presque transparente.
"ça!"

Aucun d'entre eux ne semblait réellement prêter attention, encore coincé dans leur propre confusion... à part Akihito. Akihito dont la voix s'éleva très faiblement. Elle avait quelque chose de... triste. Et pas dans le sens méprisant de la chose. Vraiment, il semblait sous un choc bien plus douloureux que ma panique actuelle.

"C'est... C'est Justice... Mathis l'a in-invoqué, et vous étiez tous pri... pri... prisonniers dans un cristal roug-"

Il sursaute, prenant visiblement des cristaux autour de nous. Me faisant aussi réaliser leur présence. Il y en avait... beaucoup. VRAIMENT beaucoup. Mais ils étaient tous bleus et Akihito parlait d'un cristal rouge...Rouge... Oh. Comme celui dans lequel j'avais été enfermé...
Que... Il avait vu ça? Il avait vu la vrai source de ce foutoir la?

"Et vous.. avez été jugés c-coupables. Seul la mort ou la rédemption... pouvait vous libérer. On a essayé de négocier pour vous... de vous... de vous libérer, puis en attaquant Justice. Dans le combat, il s'est enfermé dans un cristal avec moi et il y avait ces flammes, ce rire... ces murs qui se rapprochent, encore, encore, ENCORE ! J'arrive pas à les arrêter ! NON !"

Tandis qu'Akihito sombrait dans une crise d'un genre qui m'était tristement familier, je me souvenais. Des accusations de "Moi", de ses discours à base de procès et de condamnation. Donc... Akihito avait vu tout ça? Et j'étais pas le seul dans cette situation. Depuis le début, j'étais encore dans ce cristal?

Mais surtout: ce cristal m'aurait donc tué? Ou plutôt, ce Justice nous aurait tué alors qu'on était dans ces cristaux?


Que... Qu'est ce que c'était que cette injustice gigantesque? L'ironie dégoulinait de partout dans cette histoire, et ça ne m'plaisait absolument pas! J'étais donc mort bêtement enfermé dans un cailloux qui brille, achevé par un type dont je n'avais même pas conscience de la présence?!

Vraiment? VRAIMENT?!

Je... Je ne savais pas quoi penser. Ca ressemblait à une mauvaise blague, à une histoire mal écrite, à un jeu d'histoire imaginaire ayant mal tourné!

La mort ne me faisait pas peur. Je savais depuis des années qu'elle m'attendait, que je finirais par courir à ma perte. J'étais prêt à tout, partir dans les flammes, dans une explosion, dans la grandeur. Partir de façon magistrale, ou en tout cas en continuant de croire en ce que je croyais, en étant ce que j'étais, en me battant jusqu'au bout. Partir dans la souffrance et la beauté de l'effort!

Mais... Mais la... Je...J'étais mort... dans un coin... Debout, sans même me rendre compte que je mourais...

Que...Non. Non, ça ne pouvait pas être aussi nul que ça?! Mon existence ne pouvait pas se terminer comme ça, pas vrai?! Je savais, je savais que pour tous mes actes, au moment de la mort, ce fumier de Fearadhach s'assurerait que j'atterrisse en enfer, que je souffre pour l'éternité. Je m'y étais préparé.

Mais la? La un grand monsieur plutôt poli nous accueillait, faisant la causette tranquillement... Non... Vraiment, c'était une blague. Tout ne s'arrêterait pas sur ça ,hein? La, avec m'dame Silméria qui papotait tranquillement, et Mathis et Jorus qui semblait tout tranquille aussi. Y avait qu'Akihito qui semblait avoir une réaction sensé, un rejet de la situation.

Et j'pouvais comprendre... C'était quoi ça? Claquer sans prévenir, sans réfléchir, sans avoir eu la possibilité d'agir?! Il avait l'air bien choqué de sa mort, mais j'aurais bien aimé savoir ce qui m'avait concrètement tué moi!!! Une sensation, un ressenti, n'importe quoi!

Une sensation.

Une sensation......

Oh...Oh non, non non non non non... Me dites pas que...

Il me fallait confirmer, vérifier. Au diable les souffrances du combat contre moi, il n'y avait qu'une chose qui me faisait me sentir réellement vivant dans les situations désespéré et c'était ça! Je plaquai mes mains sur mon torse, et je concentrai toute mon énergie pour me lancer un sort de bucher.

Et rien.

Absolument rien.

J'essayai une seconde fois. Puis, de me frapper, de me gifler, de me casser une branche, de m'arracher un doigt. Mais je n'ressentais rien. Absolument rien.

Le vide.

Je me tournai à nouveau vers le grand masqué, du mal à cacher le sentiment de désespoir qui grimpait en moi.


"Rien... je ne sens rien... ça sera comme ça pour toujours? Plus de sensation, plus rien?"

"La mort, oui. C'est pourquoi la grande majorité préfère s'isoler dans ces cristaux pour un repos éternel. Et il y a trop à dire sur nous et cet endroit pour le faire ici et maintenant. Notre loi principale est de refuser l'accès à la surface à nos résidents. Sortir de Jesuir, c'est errer à jamais dans la brume : nous n'acceptons pas de retour."

C'était vraiment l'enfer en fait? C'était ça? Mon enfer personnel? Condamné à ne plus rien ressentir? Mais si je ne ressentais rien, comment je pourrais savoir si mes recherche sur le feu et les oudios progress...

Progress....sse...sait...Recherche...feu... Mais... Mais sans magie... je...j'avais fait un pas gigantesque en arrière? Non...pire que ça en fait... Je n'avais plus mon cobaye principal pour mes expériences: je n'avais plus mon corps. De bois et sève! Je n'pouvais plus observer la moindre réaction sur le sujet. Mais... mais en fait, il n'y avait pas de feu ici. Il n'y avait rien.... De la brume, des cristaux, mais je ne sentais rien, pas mes bras, pas mes mains, pas mes pieds. Mes cicatrices ne me démangeaient pas comme à leur habitude à la venue de pensées malsaines... Rien. Le feu, les expériences, c'étais une chose mais...

Mais je n'avais rien la.

Je ne pouvais plus rien ressentir, recevoir. De plaisant ou non. Mon touché était parti... Que... Que faire? Qu'est ce qu'il me restait?! Qu'est ce qu...

Dracouille ? Sèche tes larmes. Ou ta sève. Peu importe, ramène ton tronc !"

La voix de m'dame Silmeria venait de me sortir de mes pensées. Elle voulait que je la suive. Pour quoi? Je n'étais pas sur. J'avais entendu le nom de ce rigolo de Vallel prononcé, et visiblement les autres voulaient aller le voir. Mais surtout, Silmeria semblait tranquille, presque... détendue, malgré la situation.

Que... Qu'est ce que c'était que cette femme? Elle qui avait levé un sourcil quand je lui avais parlé d'essayer ses illusions horribles sur moi, semblait "vivre" sa mort particulièrement bien.

Quelque part... Quelque part ça me rassurait. Mathis et Jorus ne semblait pas dérangé non plus. Même Akihito avait arrêté de répéter les même mots en boucle et était devenu silencieux. Bon, d'accord, il semblait toujours assez choqué par sa situation, mais il y avait un semblant de contrôle qui s'installait.

Et moi, dans tout ça, je faisais quoi? J'étais pris par surprise, certes, mais maintenant que je savais ce qui m'avait tué? Je devais continuer à paniquer? Hurler, pleurer?

...N...Ou... Je... Je ne savais pas.

Je ne savais pas quoi faire en fait. Je ne savais pas quoi dire. Quoi penser. Mon habituel optimisme était pas mal chamboulé. Tout ça était allé trop vite pour moi.
Mais... Mais pour l'instant il ne fallait pas que je reste la. Il fallait que je bouge. Que j'aille faire quelque chose. Si mon corps n'était plus la pour ressentir, mes pensées, elles, fonctionnaient toujours. Je... j'étais mort, et l'œuvre de ma vie n'avait plus aucun sens... Hey, j'avais...j'avais juste à trouver quelque chose d'autre à faire hein? Au...au moins le temps de me remettre les idées en place.

Le grand masqué, comment s'app'lait il déjà? Aki...Akou...Hakuna? Akouba! C'était Akouba! Il connaissait l'endroit, non? De ce que j'avais capté en écoutant à moitié, c'est qu'il était le grand chef ici. Et il s'était montré sympa, bien loin de l'image que j'me faisais de mon arrivée en enfer. Peut...Peut être que j'devrais lui en demander plus sur le coin? Il avait parlé de s'amuser même en étant mort, et bien moi ça m'amusait d'apprendre des trucs, de satisfaire ma curiosité. Autant...

Autant se trouver quelque chose à faire! Penser à autre chose pour l'moment. Penser en fait. Ce...c'était mieux. C'était mieux que de sombrer dans un mauvais flot de sentiment! Ouais...? Ouais!


"Vous... prenez tout ça vachement bien m'dame Silmeria..."

Et je devais apprendre à bien le prendre moi aussi! Je ne ressentais plus rien physiquement? Pas grave! J'avais d'autre façon d'utiliser mon non corps pour me détendre. Je commençais à me contorsionner, me bouger jusqu'à trouver un mouvement à répéter satisfaisant. Il fallait que je joue le jeu. Que j'agisse comme si tout allait bien, pour que ça aille bien! Finit ce ton déprimé d'un peu plus tôt: ma voix devait reprendre son dynamisme habituel!


"Bon, bah, autant vous suivre hein... M'sieur Akouba, vous demandiez vous d'mandiez comment nous être agréable? Pour ma part, j'aurais plein de question à vous poser, prévenez moi de quand ça sera l'heure et le lieu pour!
Ah...Et merci d'votre accueil et patience. On est ptet mort, mais ça fait toujours plaisir d'avoir un peu d'sympathie. "



Voila! Répondre à la sympathie par la sympathie! Être reconnaissant envers les gens polis! Ne pas se laisser abattre! Des années que j'me prépare à la mort, qu'elle soit insatisfaisante au possible? Pffffr, on s'en fiche! Ouaaaaaaaais...

.......


Me fallait bouger. J'avais besoin de bouger! Me contorsionner comme tout à l'heure ne suffisait pas. Je bougeai le bras vers le haut, vers le bas, jambe à droite, jambe à gauche. Une petite musique me revint en tête. Oui! C'était ça! Il me fallait bouger en rythme. Il me fallait danser! Un pas en avant, un pas en arrière, tourner sur sois même, puis se courber! C'était... C'était plaisant. C'était pas comme d'habitude, mais c'était plaisant. Pourquoi pas danser après tout? C'était plaisant... plaisant distrayant plaisant...

M'sieur Akouba, le grand masqué, continua a donner des info rapide sur ce monde, notamment que ses gardes pouvaient taper sur les esprits, eux. ça m'am'nait à m'demander de quoi étaient faites leurs lance. Ptet qu'une position de garde pourrait s'ouvrir? Ptet que j'pourrais faire le garde pour m'occuper? Non, plus tard, je m'attarderais sur ce genre d'option plus tard. La, pirouettant sans cesse, je me mis à suivre le groupe, qui se sépara à un certain point: d'un coté, ceux qui allaient voir Vallel, et de l'autre, ceux qui suivait m'sieur Akouba.

Vallel, l'un des treize d'Oaxaca, le type responsable de la mort de pas mal de gens sur Aliaénon. Le super magicien qui était parti en sucette suite à une crise de jalousie sur Simaya... Simaya, je n'l'avais pas vu d'ailleurs, probablement qu'elle allait bien. Qu'elle n'était pas morte elle... Non, pas le temps de s'attarder sur ça! Bref, Vallel, Vallel le ridicule. Simaya avait mal prit que je me moque de lui, mais vraiment, le type me semblait assez pitoyable niveau mentalité. Non, à bien y réfléchir, je n'avais pas particulièrement envie de parler avec un mec comme ça. Essayé d'en apprendre plus sur le coin me semblait plus important. Plus intéressant. Surtout si je...je devais y rester.

Pour...

Pour toujours...

..........

VALLEL EST UN GROS NAZE DONC! Oui! Bien! M'dame Silmeria, Jorus et Akihito décidèrent qu'ça valait quand même l'coup d'aller le voir. Ils prirent donc la direction que l'grand masqué leur indiqua.

"Je vous suis, m'sieur Akouba! A plus tard les autres, mes salutations à", j'eu du mal à retenir un ricanement, "Vallel!"

Seul Mathis décidé de venir avec moi, ce dernier ayant visiblement encore plus de question à poser que moi. Il semblait animé par... quelque chose, je ne savais pas quoi. Une sorte de drôle de motivation. Mais qu'est ce que cela pouvait être? En tout cas, le chef des morts nous accueilli dans ce qui semblait être sa salle du trône, et fallait avouer... Pour des macchabés...

Image

Ils avaient le sens de la déco!


"Vous voici venus dans le Centre de Pouvoir des Ol'Toga. Posez-moi vos questions."

J'admirais encore l'endroit, tout en dansant. Je m'empressai de répondre, voulant confirmer une pensée m'ayant traversée l'esprit un peu plus tôt.


"C'est... impressionnant ici, pour sur...

Bon, l'beau blond il pointe du doigt Mathis. avait déjà d'mandé un flot de truc, j'imagine qu'il va recommencer. Moi j'ai besoin de...m'organiser un peu l'esprit. Mais j'ai tout de même une première chose qui m'vient en tête: z'avez dit qu'vous ne vous déplaciez qu'rarement pour accueillir les... nouveaux morts. Pourquoi v'nir nous voir en particulier du coup? S'parce qu'on est des âmes de Yuimen?"


"Un Ol'Toga ? Qu'est-ce que c'est ? "

Quiquequoi?! M'dame Silméria venait d'apparaitre à coté de moi, comme si elle avait toujours été la? Mais...j'étais persuadé de l'avoir vu partir avec les deux autres en direction de la grotte de Vallel... Elle avait changé d'avis finalement? Peut... peut être pouvait elle se téléporter dans la mort, comme elle l'avait fait à la réunion foireuse? Peut être que c'était pour ça qu'elle était aussi détendue: elle avait ptet toujours ses pouvoirs, elle.

....

Enfin, détendue... Le sifflement qui perça mes oreilles fantomatiques m'amena à me dire que c'n'était ptet pas le mot le plus adapté finalement.

" Tu as bientôt terminé de gesticuler comme une anguille ? "

Quelle mouche l'avait piquée celle la?
En tout cas, Mathis lui, enchaina rapidement les questions en tout genre. Sur les lieux, les endroits interdits, comme cette fameuse brume rapidement mentionnée, où les gens se font bannir, et où j'aurais juré avoir entendu dire que l'dragon noir y était (mais ça n'aurait pas d'sens voyons...).
Akouba se mit à répondre lentement, tranquillement, sans trop d'hésitation, parlant du fait qu'il ne fallait pas déranger les autres morts, qu'il ne fallait pas quitter Jésuir, cette ville, qu'on avait tout le temps pour répondre aux questions et qu'il ne fallait pas se presser.

Oui...l'éternité désormais... L'éternité pour satisfaire une curiosité... peut être pas autant sans limite que ce que j'espérais...

....

Mrhk, bref!
Il parla aussi des Ol'Toga, son peuple, qui visiblement, n'étaient pas vraiment des morts, mais des sorte de..gardien des esprits? Curieux. Intriguant. Il y avait donc des êtres qui contournaient le principe de vie et de mort... Dont la vie et le statut baignait dans la fin des autres... ça piquait ma curiosité... Je n'avais plus que ça de toute façon.

Dans tous les cas, il prit aussi le temps de me répondre:


"Oui, pour votre origine. Je me suis lié d'amitié avec l'un des vôtres, par le passé. Azra, s'appelait-il. Le connaîtriez-vous ?"


Azra... Azra... J'avais entendu ce nom dans tout les racontars autour de la grande guerre... Et j'étais persuadé qu'il y avait une statue de lui dans les plaine dorées, au début de cette avenutre...
En tout cas, il c'était "Lié d'amitié" avec le chef des enfers d'Aliaénon. C'était pas rien comme relation. Mais j'trouvais ça bien! Si les Ol'Toga étaient capable d'accepter de simple gens comme amis, ça les rendaient déjà bien plus agréable et respectables que ces crétins méprisants de dieux et leurs fidèles à la mords moi la tige. En tout cas, avant d'approfondir ce sujet, il me fallait réagir au sifflement de m'dame Silméria. J'la trouvais marrante... mais je n'aimais pas le manque de politesse. Je commençai par interrompre ma danse.


"Woah! M'dame Silmeria, vous... étiez la? Z'étiez pas partie voir Vallel? Z'êtes rapide même dans la mort. Et non, je n'm'arrêterais pas de danser. Je danse pour réfléchir, je danse pour me calmer, je danse parce qu'au fond, on est tous clamsé, alors bon, pourquoi s'priver?"


Tout le monde avait sa façon de gérer la chose. Si elle arrivait à rester calme, elle, qu'elle ne vienne pas m'embêter parce que j'avais envie de bouger. Il me restait encore au moins ça... Il me restait encore au moins ça...


Je redirigeai mon attention sur le chef des lieux.


"Et d'solé m'sieur Akouba , mais Azra s't'un nom que je n'connais que de loin. Pour qu'vous soyez dev'nu pote avec lui j'imagine qu's'est un sacré personnage.
Mais si vous en avez l'envie, si vous l'voulez bien, racontez moi votre histoire, comment vous et votre peuple z'êtes devenu les maitres de cet endroit? Vous l'avez dit, on a tout le temps du monde désormais, et il ne me reste que ma curiosité..."



Une pointe de tristesse c'était glissée dans ma voix sur la fin de ma phrase. Une pointe de tristesse que je n'arrivais pas à retenir. Je devais la retenir. Je ne devais pas céder. Je devais être fort! Je devais tenir le coup, ne pas craquer! C'était comme ça maintenant, je ne pouvais rien y changer, quoi que Mathis semblait penser, ne se montrant pas très subtil concernant son désir de revenir à la vie.
Les morts ça ne revient pas à la vie. J'en avais vu suffisamment pour savoir ça. C'était ça notre vie maintenant. Enfin... notre mort...Notre non vie... Notre existence.
C'était ça. Il fallait l'accepter. Pour le moment. Je devais l'accepter pour le moment. Tout... tout ne s'arrêtais pas la. Mais il me fallait trouver de nouveaux centre d'intérêt, de nouveaux objectifs à chercher à atteindre. Une nouvelle raison d'exister. Et je n'trouverais pas ça en courant après une soit disante possibilité de revenir.
Le chef des morts le disait, le répondait à Mathis: il ne pouvait pas nous permettre de ressusciter. Alors non, je devais rester fort, je devais rester ferme ,je devais rester concentré.

Je...Je devais rester...concentré! Sur... Sur autre chose! Une autre pensée!



"Vous êtes un drôle de personnage. Je ne connais rien des vôtres. Les Ol'Toga sont un peuple ancestral d'Aliaénon, et j'étais leur Roi. Le Premier Mort de la tribu, fondateur de Jésuir, cité souterraine. Elle était secrète, à la base, et ne contenait que nos propres défunts, protégés fermement par les vivants en surface. Nous vivions cachés. Et puis il y a eu l'éveil des Titans : une brume s'est levée sur notre savane ensoleillée, et elle a attiré l'ensemble des âmes de ce monde. Tous les morts. Les règles ont alors changé, et notre statut aussi. Nous avons dû nous adapter, créer de quoi recevoir tous ces esprits. Et voilà Jesuir telle que vous la voyez aujourd'hui."


Haha, oui, voila, c'était intéressant tout ce qu'il disait la: un monde changé entièrement encore par les titans, par delà les terres des vivants! Un peuple ancestral. Il trouvait même que j'étais un "drôle de personnage". Bon, généralement c'était la façon faussement gentille que les gens avaient de me dire que j'étais bizarre et que j'les dérangeaient, mais qu'importe, j'étais prêt à accepter un peu d'hypocrisie pour le moment. Mais une fois de plus, m'dame Silméria s'adressa à moi, me sortant de ce bon début de réflexion. Et cette fois ci, elle était... désagréable.


" J'esperais que les Oudios soient sages et prennent racine en silence. Veux-tu libérer ta frustration une bonne fois pour toute ? "


En entendant ça, j'arrêtai de danser. Ma pirouette se stoppa nette. Il se passait quoi la? Il y a même pas quinze minute, elle était toute pétillante, et la, elle me balançait des piques comme ça sans raison. C'était quoi cette phrase limite sur ce que les oudios étaient ou n'étaient pas sensé être? Déjà, des quelques jours passé ensemble, à quel moment elle avait pas compris que j'étais pas du genre à faire comme les "autres oudios"?! Elle prendrait ça comment si j'lui disais que j'pensais que les sacs d'organes étaient tous polis et pas bipolaires?

Et en quoi ça la dérangeait que je danse? Que je bouge? J'en avais besoin de ça! J'avais besoin de parler. j'avais besoin de bouger. j'avais besoin de réfléchir. J'avais besoin de faire quelque chose qui puisse rendre cette situation de merde supportable. Et si elle était pas contente? Et bien au diable! Elle allait faire quoi de toute façon pour m'empêcher de danser?

Me tuer?!


"S'n'est pas d'la frustration m'dame Silmeria. Et ça n'partira pas comme ça. Vous semblez d'bien moins bonne humeur que tout à l'heure. Il s'est passé kek'chose avec Jorus et Akihito?"

Je repris mes pirouettes et mouvements rythmé, la regardant droit dans les yeux.

"Et croyez moi, s'bien un bon gros cliché qu'vous espériez la. Y a d'tout chez les oudios, vraiment de tout. Comme chez les tas de chair..."

On allait passer l'éternité ensemble, si elle voulait commencer à s'montrer désagréable, elle allait vite comprendre qu'on pouvait être deux à jouer à ce jeu la.
Ne voulant pas provoquer un incident à la Yliria...Yliria... Je n'aurais pas pu lui dire le fond de ma pensée finalement...

...

Ne...Ne voulant pas provoquer un incident à la Yliria, je repris la discussion avec m'sieur Akouba. Il me trouvait intriguant? Alors autant satisfaire sa curiosité!


"Oudios, c'est s'que j'suis...que j'étais d'mon vivant, m'sieur Akouba. Des homme-arbres, ni de chair, ni de sang... Un peu comme les gens ici en fait, à bien y réfléchir. J'imagine que j'suis le premier à venir mourir sur ces terres?

En tout cas cet endroit semblait bien différent avant. S't'incroyable de s'dire qu'un lieu comme celui la, pour les âmes, est aussi sensible au changement que le reste...
On m'a parlé des titans et de comment il ont remodeler le monde, mais j'pensais pas qu'ça avait touché celui des esprits. S'pas... S'cuzez moi, vous m'dites si c'est trop indiscret comme question, mais ça vous a pas... dérangé? Tout ce changement? Ca a du être...compliqué à vivre, à gérer, non? "



"Le premier, oui. Dommage que vous soyez décédé : les elfes de Jollarsyth vous auraient sans doute vénéré comme un dieu.

Les Titans touchent tout le monde, et tout ce qui s'y passe. Peut-être cette savane aurait-elle été telle qu'aujourd'hui plus tôt si le Sans-Visage n'avait pas endormi ses frères, voici des siècles. C'est un grand honneur qui a été fait aux Ol'Toga : gardiens des morts, nous l'étions par nature. Ca n'a fait que rétablir l'ordre, et mener au devant de la scène notre peuple si humble et inconnu des autres."



Je n'arrivais pas à savoir s'il était sérieux ou se moquait de moi. Et ses propos m'avaient fait prendre conscience d'une chose: je n'étais pas mort sur Yuimen. C'était le monde des mort d'Aliaénon. Alors certes, pas de punition des dieux locaux, mais... mais aussi personne que je ne connaissais. De bois ou de chair, aucun des gens que j'avais connu, apprécié, et perdu dans le passé n'était la.

J'avais toujours eu ce petit espoir de revoir certain, certaines... de réentendre des voix... D'amis...D'amour... De simples connaissances, ayant laissé un souvenir agréable... Mais... Mais ici, ça ne pouvait pas arriver. Il n'y avais personne...













































LES JOLLARSYTH, PARLONS DES JOLLARSYTH, Y M'ONT L'AIR INTERESSANT!

"Je vois ,au final ils ont ramené une sorte d'équilibre à votre situation. Et les Jollarsyth vous dites? La, s'moi qui ne sait rien d'eux... ça m'fait réaliser, z'avez un endroit du genre archive ou bibliothèque à Jesuir? Encore que... j'suis pas sur que ça existe des livres pour fantomes. Tourner les pages, tout ça... Après, j'imagine que j'peux toujours aller parler avec un Jollarsyth décédé pour en apprendre plus. "


"Les elfes de ce monde, qui vivent dans la jungle de Jollarsyth. Et vous devinez juste : nous n'avons de livre que la mémoire de nos esprits, ici. Je crains cependant devoir vous annoncer que nombre d'âmes ici ont préféré le sommeil éternel à une vie fantomatique. Vous ne trouverez pas d'elfe éveillé. Pas même Ejude, leur ancien roi."

Tu n'aide pas la, Akouba...

Bon, bah Jorus alors, Jorus qui venait d'arriver et qui racontait n'importe quoi sur Silméria qui était encore la bas mais en fait non, haha, hahaha, HAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHA!!!!


"Qu'est qu'vous racontez la m'sieur Jorus, m'dame Silmeria est avec nous d'puis un moment déjà!

Et oui, m'sieur Akouba, vous en parliez au début de l'option de "dormir pour toujours dans un cristal". C'est impossible de se réveiller une fois dans son cristal d'ailleurs? "



" Beh... on a des doubles ? Dracaena, tu étais avec Akihito également. C'est fou ça. "

Que...Que...Quoi? Une... Une deuxième Silméria? Qui parle du fait qu'on a des double? Que? Quoi?
Je fus tellement surpris que mon cerveau mort court-circuita. Je m'arrêtai de danser, regardant la scène surréaliste (enfin, encore plus surréaliste que de parler d'histoire-géo avec le dieu des morts d'un autre monde) sans trop savoir quoi dire ou penser... Moi qui voulait me changer les idées, et bah j'étais servis.


"... Que...Mais... Comment ça "on a des doubles"? Comment ça vous m'avez vu avec Akihito?!Ce... C'est normal s't'histoire de double m'sieur Akouba?!"

"Oui, l'on peut s'en réveiller. Volontairement ou non. Mais de l'extérieur, il est malvenu de le faire : nous sommes les gardiens de ce sommeil. Et... Je n'ai aucune idée de ce que vous dites avez ces doubles : n'est-ce pas une jumelle ?"

Le grand chef des défunts semblait tout aussi surpris que moi. Par contre, sur le sujet des cristaux, il était plutôt clair... Ce... cette option que beaucoup d'âmes semblaient prendre... Elle... elle était peut être bien bien pour... Peut... peut être pour ne pas avoir à penser... à réfléchir à quoi faire...

Cette fois ci, ce fut Jorus qui me tira de cette réfléxion... cette réflexion. Il confirma qu'il n'y avait pas eu de double de moi du coté de Vallel. J'espérais vraiment qu'il ne se trompe pas. Après tout, un double de moi... je ne voyais qu'ile personne qui pourrait correspondre. "Moi". Le revoir ici serait vraiment le comble de l'agacement après tout ça. En plus du fait que c'était un ptit con, ça n'aurait eu aucun sens. Pas plus que si la prétendue Jumelle de Silméria avait été caché dans son âme ou une bêtise du ge....


" En effet, il s'agit de ma jumelle. Nous partageons le même corps même si tous ici n'avaient eu à faire qu'avec moi. Pour le moment. "


...Oh et puis merde!


"Une...jumelle...dans votre corps...

Ce...c'est...c'est normal ça, chez les êtres de chair? C'est... c'est pas nos double renvoyeur de dégat qui nous ont suivit dans la mort hein?

Euh...en tout cas... enchanté...m'dame...euh...?"



Je tendis la main à la soeur de m'dame Silméria. Elle avait pas été très agréable, mais c'était pas une raison pour moi me montrer malpoli. Tout en gardant la position, je m'adressai à la soeur de la soeur de m'dame Silmeria.... M'dame Silméria en gros.


"On a quoi à y gagner à l'aider, le Vallel? En fait, ça veut dire quoi "l'aider"? Y veut quoi? Qu'on aille hanter Simaya pour lui?"

Cette fois ci je ne retint pas le ricanement. J'avais vraiment besoin de rire avec tout ça. Et la soeur de Silmeria aussi elle avait visiblement bien b'soin rire. Ou en tout cas bien b'soin d'apprendre les bonnes manières. Parce que la, m'ignorant complètement, elle me traversa pour aller s'adresser à Akouba.

" Meeeeuh non elle est là depuis bien plus longtemps. Et il n'y a pas de doubles maléfiques ici. Et elle te connaît déjà, ce que je vis, elle le ressent également. "

-...Très bien, j'vois que la politesse n'est pas d'famille..."

Si elle m'connait déjà, s'pas une raison pour faire sa Radeuse et m'ignorer... Ou d'me traverser comme ça sans même un premier rancard.
Elle est toujours comme ça ou elle a du mal à s'remettre de sa mort? Bref, dans tout les cas vous m'avez raconté des carabistouille m'dame Silméria avec s'histoire de soit disant double. On est mort, pas d'raison d'essayer m'entourlouper. Qu'est qu'ça changerait de toute façon?"


Parce que j'allais pas oublier qu'elle m'avait ouvertement mentit au nez la ptite dame. Sympa ou pas, morte ou pas, j'aimais pas trop qu'on se fiche de moi comme ça. Et puis...A quoi bon magouiller vu la où on était? Incohérent, incohérent... Pour la peine, je me remis à danser, mon corps...mon nom corps avait besoin de bouger.

"'Fin bon, j'ai plein d'question à poser sur cette histoire de "deux femmes un corps", et bien d'autre chose à demander à m'sieur Akouba, s'il veut bien me parler un peu plus de s'monde si intriguant... Mais j'suppose qu'ça coute rien d'aller voir s'que veut le Vallel. Après tout, s'pas tout les jours qu'on peut croiser un des treizes zigotos d'Oaxaca viv... 'fin, non, pas vivant, mais z'avez compris.

Enfin, si ça n'vous pose pas d'soucis, m'sieur Akouba. "



C'était pour l'instant la seule personne qui n'm'avait pas encore fait de sale coup, alors autant lui manifester un peu de sympathie. Je n'avais pas envie d'aller fricoter avec l'esprit d'un des treize bouffons si c'était pour me mettre à dos mon nouveau propriétaire....Pour... Pour la fin des temps. Il parla de Vallel, qu'il "refusait de voir la vérité en face". Comme Mathis? Qui semblait accroché à l'idée de revenir?
C'était pour ça que m'dame Silméria voulait qu'on aille le rencontrer? Pour un plan foireux sensé nous faire "revenir" ou je ne sais pas quoi?


"Vous êtes libres. Enfin... presque. Mais si vous restez ici, vous pouvez faire ce qui vous semble pertinent, du moment que vous respectez les règles et les autres résidents."

Ce fut les derniers mots qu'Akouba nous adressa avant de nous congédier. Nous étions la, devant son entré, devant ses gardes, désormais libre d'aller voir Vallel ou autre.

Libre.

Libre, ou presque.

Ces mots me tournaient encore et encore dans la tête. "Libre, enfin presque". "Faire ce qui vous semble pertinent".

Qu'est ce que c'était la liberté? Qu'est ce qui était pertinent?

Au final... Au final qu'est ce que c'était que tout ça? Il me fallait un objectif pour savoir si mes actions étaient pertinentes. Il me fallait un idéal, un truc à atteindre pour me sentir libre. Il me fallait... Il me fallait beaucoup de chose en fait.

J'avais... J'avais accepté de faire face à la mort. J'étais prêt à beaucoup de chose concernant cette dernière. Mais pourtant, la, cette mort, MA mort... Rien ne c'était passé comme prévu. Rien ne se passait comme prévu. Je... Tout ce à quoi je m'attendais, en bien, en mal. Tout ce que j'espérais ou redoutais...

Il n'y avait rien de tout cela.

Moi qui croyait être décidé, être préparé, je devais repenser à tout, je devais tout revoir, tout recalculer, tout refaire.


C'était... Trop...Beaucoup...Beaucoup trop... La...La comme ça... Tout allait trop vite, tout était trop brusque, rien n'était prévu... Je n'étais pas prêt... Je n'étais pas prêt... Je... Je n'étais... Je n'étais pas... prêt?

J'avais.... J'avais besoin de temps. J'avais besoin de temps! Pour réfléchir. Pour réfléchir à comment réfléchir. Je... Je n'pouvais pas aller voir Vallel pour l'instant. Il... il me fallait... souffler un coup. Du... du repos...



Les... Les cristaux.


Peut...Peut être devrait-je aller les voir... Peut être que je... je devrais les considérer?


Je....J'avais...Je....


"J...Je reviens... J'ai... réalisé... quelque....chose à voir avant...avant de Vallel....Je... plus tard!"


...Je...



[Dracaena va se diriger vers la salle du début où il est apparu avec les autres, la où il y a tous les cristaux et Akihito.]




Jeu de mot: Radeuse

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Re: Savane Tanathéenne

Message par Cromax » sam. 22 avr. 2023 16:10

Cauchemar en Aliaénon : Jesuir II



Alors que Mathis posait ses questions à Vallel, les deux Silmeria vinrent à leur rencontre. L’esprit vallelien les engloba du regard, ce regard imprécis et trouble, avant de répondre au kendran :

« Ce sont les règles de cette cité : quiconque sort ne peut plus rentrer. J’ignore leur raison, et Akouba ne vous la dira pas. Vous êtes décidément bas de front, vous et les vôtres : parler de camp, même là où la mort est passée. Oaxaca a été vaincue sur votre monde, et je n’ai jamais servi de dragon de ma vie, contrairement à vous. Pourquoi me lierais-je avec celui-ci, subitement ? J’ai détruit Esseroth, cette vengeance est passée. Oaxaca n’était qu’un outil pour la réaliser. Quant à savoir mes plans, vous vous leurrez : c’est un marché que je vous propose. Un échange de bons procédés. Accompagnez-moi et je vous offre une chance de survie, ou rester ici à jamais, coincés dans la mort. Je ne vous questionne pas sur vos buts, vous ne vous interrogez pas sur les miens. »

Près de la salle du trône, Akouba revint assez rapidement. Il jaugea Jorus et Dracaena, et précisa :

« Suivez-moi. »

Lui et le gardien à la lance menèrent l’esprit de Jorus et celui de Drac jusque dans la grande salle aux cercueils cristallins. Akihito y était, recroquevillé sur lui-même, flottant dans les airs. Akouba ne lui prêta pas la moindre attention et leva les bras vers les hauteurs de la salle. Trois esprits descendirent. Trois visages spectraux que Jorus reconnut : trois anciens conseillers de la Tour d’Or, tous trois décédés. Honoka de Fan-Ming, Ejude de Jollarsyth, et Thensoor Val’Crooh de la Lande Noire. Ils posèrent un regard sur le sud-imiftilois, attendant qu’il prenne la parole. Celui qui semblait elfe dardait l'oudio d'un curieux regard teinté d'intérêt.



[HJ : Jorus, Drac et Akihito, vous pouvez poster dans le chan « Chez les morts ». Les autres, c’est dans « Grotte des Trois cristaux » que ça se passe.]



[XP :
Mathis : 0,5 (discussion générale), 0,5 (tentatives et autres parlotes courtes), 1 (Découverte de Jesuir)
Jorus : 0,5 (discussion générale), 0,5 (courtes discussions), 1 (découverte de Jesuir)
Akihito : 0,5 (discussion générale), 0,5 (discussion Vallel), 1 (découverte de Jesuir), 2 (traumas)
Silmeria : 0,5 (discussion générale), 0,5 (courtes discussions), 1 (découverte de Jesuir), 1 (trauma)
Dracaena : 0,5 (discussion générale), 0,5 (discussion salle du trône), 1 découverte de Jesuir), 1 (trauma)

[Jeu des mots :
Akihito : 20 points.
Dracaena : 5 points]

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Akihito
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Re: Savane Tanathéenne

Message par Akihito » ven. 28 avr. 2023 16:01

Dans le chapitre précédent...

Evénement : Cauchemar en Aliaénon.

28 : Seul avec soi-même.

Des minutes. Des semaines. Des heures. Des mois ? La perception du temps n’était pas vraiment aisée pour Akihito, errant dans un océan silencieux où le seul son l’accompagnant était celui de ses pensées tourbillonnantes. Passant erratiquement d’un souvenir à l’autre, d’une émotion à la suivante, dans un maelström désorganisé qui se démêlait et se nouait sans cesse.
Qui était-il ? Il était Akihito Yoichi, Ynorien de vingt trois ans. Il avait libéré le mage des portails Xël Almoran d’une mort certaine, prisonnier d’une cage en route pour la bataille de Kochii. Des milliers de pieds avaient piétinés des dizaines de champs et de rizières, dont on tirait notamment le riz qui avait bercé l’enfance d’Akihito. Sa mère lui disait souvent que c’était le sang de leur peuple. Comme les Thorkins qui vivaient dans la montagne et ne juraient que par leur culture et la mine. Que devenaient Brumal et Pétunia, d’ailleurs ? Ces braves marchands devaient, de son avis, avoir les mains bien occupées à gérer l’après-guerre. Déjà qu’ils avaient les mains bien pleines… Et l’Exarque, dans tout ça ? Que devenait-elle ? Savait-elle que Valyus n’avait probablement pas conscience d’elle, pas plus que de la mort de son « Elu » ? En avait-il même jamais eu quelque chose à faire ? Il savait bien entretenir son temple sur l’ile volante, en tout cas. Mais peut être étaient-ce les Ermansi, ces elfes dorés hautains, qui perdaient de leur superbe pour accomplir cette base besogne ? L’enchanteur se le demandait, s’il avait connaissance de cette condition d’esclave, à répondre à leurs maîtres. De l’esclavage comme il en existait si bas. Avec des raclures comme Kisp, qui avait enlevé Yliria.

Ah, Yliria… Akihito n’était pas étranger à son enlèvement. Il avait fallu qu’il s’absente quelques semaines pour partir à la trace d’une personne après avoir été informé par un Thorkin de Mertar et avoir dû faire un détour à l’autre bout du monde pour un mariage d’une personne qu’il ne connaissait même pas pour obtenir les faveurs d’une personne dont il n’avait jamais eu besoin au final ? Et après tout cela, son père avait été assassiné par l’assassin du père de la semi-Shaakte qui s’avérait être une pyromancienne et une enchanteresse comme lui, un pouvoir dont il avait pris conscience dans l’arrière-boutique magique au fin fond d’une cité souterraine, alors qu’il venait acheter simplement des fluides de foudre ? Qu’il avait été fier et heureux de savoir qu’il était quelqu’un de particulier, au don rare, qu’il avait été encoléré par le traitement des salopards de Kisp contre Yli ! Heureusement pour lui, Anthelia n’avait pas été là pour voir ça. Elle aurait pu lui remonter les bretelles, le sermonner comme elle le faisait lorsqu’il ratait ses exercices de tatouage. Puis elle aurait fini par lui pardonner, se blottir contre lui en lui murmurant des mots doux et il l’aurait embrassé, emporté par une fièvre semblable à celle qui l’avait cloué au lit, il y a des années de cela, quand une épidémie avait frappé Oranan. Sa ville natale n’était pas souvent sujette à ce genre de problème, pas depuis que la République avait été proclamée voilà 113 ans de cela… Amy avait sans doute vécue ce changement à travers les yeux du porteur de la Kizoku-Rana de l’époque, bien à l’abri dans la lame de Faerunne qui…

L’esprit fantomatique de celui qui était autrefois un des Héros de Kochii, Akihito Yoichi d’Oranan, divagua pendant un long moment. Bercé par ses souvenirs tristes, heureux, douloureux, tendres, il en oublia momentanément l’angoisse de sa situation. Il oublia qu’il était mort. Il n’était plus qu’une masse sentiente de mémoires et de regrets, d’envies et de désillusions, de tracas et de découvertes. Si bien qu’il ne perçut que vaguement les voix qui finirent par faire écho autour de lui. Des voix qui le tirèrent, à regret, de la torpeur mémorielle dans laquelle il s’était enfermé. Des voix qui appartenaient à Jorus, et à celui qui devait être le maître des lieux. Puis d’autres voix, aux teintes légèrement éthérées comme celles des âmes mortes. De nouveaux venus ? De nouveaux morts ? L’enchanteur ne s’en soucia pas et enfonça plus sa tête dans ses bras, dans ses genoux.

Depuis combien de temps était-il là, à délirer, était la vraie question. Car sa peine, la folie qui le guettait et la douleur fantôme qui électrisait par intermittence son corps n’allaient durer qu’un temps. Au milieu de son désespoir, des braises de volonté tentaient tant bien que mal de rallumer les convictions qui avaient animé son corps de chair et de sang envers et contre tous les obstacles. Un… Devoir. Une mission. Et pour ça, il devait revenir d’entre les morts.

Il pouvait faire confiance à Vallel… Mais c’était prendre un gros risque que de faire confiance à un des Treize. Il n’avait pas vécu ce qu’il avait fait subir aux habitants d’Aliaénon, mais du peu qu’il savait c’était des crimes qui le plaçaient sans problème comme un danger potentiel qu’il fallait éviter de relâcher. Et pourtant, il avait eu l’impression que le maitre des esprits avait été sincère avec lui. Il ne souhaitait pas particulièrement se venger, ni perpétrer un massacre. Comme Khynt, il semblait plus motivé par ses recherches que par la simple volonté de nuire. Khynt… Khynt, la personne dont Akihito se demandait encore si c’était un homme ou une femme. Les deux ? Devait-il dire il ? Elle ? Iel ? C’avait été une troublante discussion à travers les barreaux d’une cage neutralisant la magie…

Il venait de dériver, son esprit errant vers des pensées parasites. Avec peine, il se força à se focaliser sur Vallel, et ce que cela impliquerait de coopérer avec lui. Il ne lui avait révélé aucune information sur ce qu’il comptait faire exactement pour les ressusciter, seulement qu’il avait besoin d’eux pour puiser dans leur magie. Comment ? A quel prix ? Il n’en savait rien. Il s’était peut-être trahi en acquiesçant à la mention de « combustible ». Et l’unique information qu’il avait était que pour tenter son expérience, c’est que plus nombreux ils étaient, plus les chances de réussites étaient grandes. Non, non… Ca c’était évident, pour l’enchanteur. Non, ce qu’il avait appris, c’est que leur retour à la vie nécessiterait de passer dans la Brume, une zone dont on ne revenait pas. Où le Dragon Noir rôdait. Où le SHNINIGAMI rôdait. Dans cette brume, tapis comme un prédateur… Brume… C’était aussi le nom de sa monture, de sa renne. Il l’avait laissée dans les écuries d’Oranan, et il regrettait de ne plus pouvoir sentir ses coups de museau insistants pour réclamer des caresses, ou le couvrir copieusement de bave… Comme elle l’avait fait lors de leur première rencontre, avec Yliria et Theli.

(Yli...)

Il revit la semi-Shaakte, accompagnée de Ssussun, auréolée de lumière, au cœur des collines oniriques. D’un simple geste, elle avait fait revenir parmi les vivants des dizaines de créatures, dont certaines enterrées depuis des années. Têtue comme il la connaissait, elle n’allait pas laisser ses compagnons mourir sans rien essayer. Mais c’était en espérant qu’elle soit encore capable de le faire… Ou en état de. Il ne savait pas comment il aurait réagi à sa place, en constatant leur échec quand lui avait survécu. Enfin, si, lors du Charnier des Âmes… Voir ces milliers de morts là où lui avait survécu avait fait naître une rage incontrôlable chez l’enchanteur, après l’avoir abattu. Il avait rejoint les survivants avec la ferme intention d’en découdre avec la déesse, et certainement de mourir dans le processus. Yliria était peut-être dans cet état d’esprit, elle aussi. Lors du même événement, elle avait aussi été animée par une colère intense... Et une envie de le protéger. Elle avait voulu l’empêcher de rejoindre la Déesse, et il l’avait giflé pour ça. En réponse, elle l’avait… Embrassé.

Il avait pris conscience de ses sentiments à ce moment-là… Mais il n’avait pas pu les accepter. Il n’avait pas pu le concevoir, tout simplement ; il était amoureux d’Anthelia, alors comment aurait-il pu même se poser la question d’avoir des sentiments pour quelqu’un d’autre ? C’est pourquoi il n’avait jamais vu autrement la jeune fille que comme une amie, une amie proche au mieux. Une petite sœur, quand bien même il était plus jeune qu’elle dans les faits. Et… Et maintenant ? Yliria était quelqu’un pour qui il avait une grande estime. Son courage et sa ténacité face à tout ce qu’elle avait pu endurer avait gagné son respect, et il voyait un peu de lui en elle dans sa façon déraisonnable mais bien intentionnée de se sacrifier pour protéger les autres. Ils avaient appris à se connaître, à échanger piques et taquineries, nouer une solide amitié autour d’un événement tragique, mais qui avait donné une confiance solide entre eux deux. Même ici, alors que leur groupe se délitait, lui comme elle partageaient les mêmes avis et opinions, à quelques détails près. Certes, il lui reconnaissait aussi des défauts, son impulsivité et son manque criant de patience. Comme d’humour, par moments. Mais malgré tout, elle restait une jeune femme avec qui il aimait sincèrement passer du temps, qui lui était cher. Et la faire souffrir en la laissant seule avec ses sentiments ne lui plaisait pas… Et il se refusait à les accepter par pitié. Quid d’y répondre sincèrement ? Maintenant que Theli n’était plus, alors la question pouvait se poser plus sérieusement, comme il avait pu le faire quelques heures avant sa mort… Sa mort.

Akihito soupira, lassé de constater qu’il n’était pas capable de se concentrer plus de quelques minutes sur un sujet. Combien de temps avait-il passer à penser à Yliria, justement ? Revoir ses souvenirs, considérer le pour et le contre de leur relation, s’il devait couper les ponts comme elle l’avait voulu, si toutes ces idées n’étaient pas aussi liées à sa transformation physique qui faisait d’elle physiquement une jeune femme… Il pouvait être là depuis des jours, comme depuis quelques minutes. Comme ces nuits où le sommeil ne venait pas, et où il avait l’impression que le temps s’écoulait infiniment plus lentement, seul avec ses pensées. Et si cela faisait effectivement plusieurs jours qu’il flottait là, hagard, à ressasser des souvenirs et des idées, alors Yliria avait sans doute d’or et déjà essayé à plusieurs reprises de les sauver. De les ramener. Et il était toujours là. Seul. Sans corps, sans sensation. A se poser des questions sur quoi faire avec une personne vivante, quand lui était mort. Et qu’il n’avait aucune certitude qu’il allait la revoir.

Akihito se mura dans le silence de ses pensées, essayant de ne réfléchir à rien. Dans l’espoir que la douleur rampante et le chagrin qui venait de refaire surface allait être plus supportable, s’il ne laissait aucune pensée à laquelle s’accrocher. Peine perdue : culpabilité, remords, chaleur irradiant de son bras, tout le frappa avec une violence redoublée. Le semblant de calme qu’il avait voulu retrouver seul vola en éclats, la chute n’étant que plus impitoyable parce qu’il avait fini par essayer de remonter la pente. Brides mémorielles comme hypothèses se tintèrent des miasmes du désespoir d’une réalité qu’il ne connaîtrait plus, d’un avenir qu’il ne pourrait plus rêver, de voix qu’il ne pourrait plus entendre. Un long gémissement s’échappa d’Akihito, quand une voix proche, grave et grinçante, lui parvint.

« M'sieur Akihito, vous savez comment on contrôle ça ? »

(Dracaena.)

L’Oudio insupportable, arrogant, qui avait osé lui faire la morale, qui poussait à l’affrontement, qui donnait des leçons quand lui ne les respectait pas, qui avait ces mots provoquants !... Était en train de flotter non loin de lui, affolé. Levant à peine un œil pour le voir dériver à côté, montant toujours un peu plus vers les hauteurs cristal- vers le plafond de la salle, si tant était qu’il y en avait un. Lui qui était toujours à la recherche d’une nouvelle expérience qu’importe les dangers qu’elle amenait avec elle, était terrifié. La mort ne l’épargnait pas non plus… Et il eu pitié de lui. Pitié de lui-même, aussi, à ne voir l’Oudio que sous le prisme de la colère qu’il avait eu à son égard, et que l’Ynorien avait reconnu être en partie sa faute. Le pétulant et extravaguant Dracaena était réduit à cette âme craintive, apeurée.

« Suffit de le vouloir. Pense à t'arrêter et tu t'arrêteras, dit-il d’une voix atone et le regard éteint dépassant de son bras.

- Y penser ? Krek s'pas le truc le plus simple en s'moment, mais essayons...Ah, ça marche, merci m'sieur Aki... »

L’enchanteur vérifia un temps que l’Oudio parvenait bien à redescendre. Il n’arrivait plus à éprouver quoi que ce soit d’hostile envers lui. La mort avait ça de bien qu’elle rendait les disputes passées futiles. L’être incinéré parvint enfin à sa hauteur, exposant sa chair calcinée à l’Ynorien. Un douloureux rappel qui fit brusquement ressurgir des images devant les yeux de Akihito, qui enfonça sa tête dans ses bras, resserrant encore plus la position fœtale qui était la sienne depuis des mois.

« Vous... vous voulez pas descendre écouter s'qu'ils ont à dire ? Y parles avec des gens de...de...de j'sais pas en fait.

- Non, Dracaena... J'ai... Ce... C'est dur. J’y arrive pas... J'y arrive plus... Laisse-moi... »

Sa voix se brisa petit à petit avant de s'étrangler, pendant que ses épaules se remirent à trembler.

« Le feu... »

Il ressentait de nouveau la chaleur tout autour de lui, infernale, insupportable. Grignotant sa chair comme d’innombrables mâchoires retirant chacune un petit morceau de lui.

« Le feu... C -a a fait mal pas vrai ? S'tait terrifiant, pire que tout. Être... dévoré comme ça. Je... »

La voix rappeuse de Dracaena le sorti de ses pensées affolées. A travers son corps vaporeux, ses yeux ouverts distinguèrent sa silhouette translucide qui s’était arrêté, quelques mètres sous lui.

« J'sais bien qu'vous m'supportez pas. Vous préféreriez m'dame Yliria, ou n'importe qui d'autre, qui r'présente de l'amour, d'l'affection, n'importe quoi d'rassurant, la, à ma place, pour vous savez d'cet enfer... C'est dur. S't'insupportable. On peut essayer de penser à aut' chose... On peut s'voiler la face...Mais ça r'tirera jamais s'qui s’est passé... Z'allez pleurer, hurler, abandonner. Même là, la sensation ne vous quitte pas... C'est s'que les flammes font... J'vous blâmerais pas pour ça. »

(Non Dracaena… Je…)

« Z’avez fait s'que les gens les plus admirable font : z'avez essayé d'aider. De sauver des gens qui vous sortais par les yeux avant... Ca a raté, mais s'pas vot' faute. Personne à l'droit d'vous dire quoi qu'ce soit sur ça. »

(Si, ça l’est… J’aurais pu essayer autre chose, n’importe quoi…)

« J'vous dirais pas d'pas abandonner ou d'pas vous laisser abattre. Personne à l'droit d'vous retirer vot' souffrance. Et z'avez ptet raison en fait. Juste...laisser tomber et vous r'poser, plutôt que d'vous débattre, ou d'essayer d'vous persuader que tout va bien et qu'vous pouvez vous contenter de ça... Maint'nant on est là. Arraché d'not' destin par surprise. Tout s'qu'on voulait faire, foutu. Tous nos objectifs, perdu. »

Silencieux, Akihito entendit la voix de Dracaena craquer. Flancher.

« On peut juste essayer...d's'en trouver d'nouveau...
Mais... Vous, vous pouvez p'tet vous soulager de tout ça. Z'êtes plus fort que moi, z'avez pas peur de...vous arrêter. M'sieur... M'sieur Akouba a parlé d'dormir... Dans... ces... cristaux. Juste...Tout arrêter. Ne...ne pl...plus rien sentir. N'plus souffrir parce qu'on peut plus rien sentir... J'peux d'mander ça pour vous...qu'on vous laisse enfin... profiter du repos qu'vous méritez... Silmeria mag...gouille avec Vellal...Vaell...Truc... si ça peut vous changer les idées d'allez les voir... Et si...v...vous voulez parler de... Si vous voulez en parlez... Hurler... Trouver un responsable... J'suis là. Z'avez...pas méritez vot' mort... Mais vous tuez p..pas une seconde fois Akihito....On a j...jamais été ami. On s'connait à peine. Mais...ptet que dans la mort... on peut essayer de se sout'nir. On... On a plus que ça de toute façon. »


Dracaena, abattu, se mit à redescendre lentement, les épaules voutées. Abattu.

« C'était... C'était horrible. »

Lentement, Akihito se déplia. Se releva. Se remit « debout », et posa son regard attristé sur l’Oudio. Son long, long monologue avait… Avait touché l’Ynorien qui, comme lui, essayait en vain de toucher son propre corps, à la recherche d’une sensation qui n’était plus ; comme lui, n’arrivait pas à comprendre ce qu’il faisait là ; comme lui, ne savait plus où aller. Mais Dracaena avait prit le temps de donner quelques mots de réconforts, d’offrir son aide sincère à l’enchanteur. Il avait ouvert une vanne… Et Akihito s’épancha.

« J'ai... j'ai senti mon corps se compresser. Encore, et encore. Mes os se casser les... les uns après... et le feu... Alossarh avait enflammé Justice, et cette... cette saloperie s'est accrochée à moi. En riant. Comme un possédé. J'ai tout essayé... j'étais terrifié. Et je suis... là.
Ce qui me fait le plus mal... c'est de vous voir. J'étais prêt à tout pour mettre un terme à ça. Cette parodie de Justice. Quitte à perdre mon bras... ma vie. Et j'ai fini par la perdre et vous... vous êtes là. Je me suis acharné pour rien.
Je suis pas plus fort que toi, Dracaena. J'ai peur de revenir à la vie. Peur de ressentir de nouveau la chaleur d'un f... feu de camp, peur de voir la moindre pierre précieuse, peur de sentir la pression de quoi que ce soit sur... m-m-ma peau. Mais j'ai aussi peur pour ceux que j'ai laissé là-haut. Amy... Xël... Aliaénon, Yuimen... Et Yli, j'ose pas imaginer dans quel état elle est... »


Descendant tout doucement, il se mit à son niveau. Les pensées qui avaient maturée dans son esprit, qui avaient fait écho par hasard avec les paroles de son compagnon d’infortune qui le disait en recherche d’affection. Sans le regarder, il avoua ce qu’il n’aurait jamais penser pouvoir avouer quiconque, et encore moins à un Oudio qu’il ne connaissait que depuis trois jours… Ou trois mois.

« Elle... Elle m'aime. Enfin, elle m'a aimé, et c'est sans doute toujours le cas... Je l'ai déjà repoussé une fois, et là... lâ... »

Il n’osait pas imaginer ce que pouvait traverser la jeune femme… Et préféra continuer.

« … Et elle doit s'acharner à trouver un moyen de nous ramener à la vie... combien de temps ça fait, depuis notre... départ... elle a peut-être déjà essayé. Et échoué. Mais maintenant qu'elle sait qu'elle peut ramener à la vie des créatures mortes depuis des dizaines d'années... elle va essayer. Encore et encore. Elle est comme ça. »

Akihito tenta d'avoir un geste vers Dracaena comme pour poser une main sur son écorce, mais en voyant sa main trembler en l'approchant et refuser d'avancer, il la retira. Parler avait fait refluer la douleur imaginaire… Mais la simple vue de voir sa main se rapprocher de quelque chose qui avait brûlé réveillait la douleur.

« T'as tes monologues et ton franc parler, Dracaena, mais t'es quelqu'un de bien. Je te l'ai déjà dit... et moi, j'ai été stupide. J'étais en colère, et j'ai tout déversé sur toi quand t'es venu me parler, dans la Lande... j'ai envie de hurler là, mais je le ferai pas sur toi...
Je peux pas entrer dans un cri... cristal. Pas maintenant. J'en serai incapable... même pas de m'en approcher. Et pour Yli qui doit se désespérer pour nous sauver... je veux pas baisser les bras... pas encore... »


Il resta silencieux un long moment, descendant vers Jorus, le maître des lieux qui devait être Akouba, et trois âmes qu’il ne connaissait pas. Des natifs d’Aliaénon, à en juger leurs accoutrements. L’un d’eux, aux traits vaguement elfiques, jetais d’ailleurs un regard curieux vers Dracaena. Les doigts tressautant, le regard toujours hanté, la voix tremblant un peu moins d’Akihito conclut.

« Merci... d'être venu. Si je peux te soutenir comme tu viens de le faire... Dis le moi... C'est que ce qu'il nous reste, pour l'instant...

- Khé, pour le soutien d'mon côté, j...j'y réfléchis encore… répondit-il avec un petit rire triste. Mais j'manqu'rais pas d'venir vous voir quand j...j'aurais trouvé...

- Ils sont là ! »

La voix enjouée de Silmeria fusa à travers la salle, annonçant l’arrivée de l’Hinïonne accompagnée de son double parfait… A l’exception que ses traits étaient beaucoup plus durs. Akihito mit un temps avant de faire le lien avec la deuxième âme, Hrist.

« On va commencer avec le Seigneur Vallel. Vous venez ? On n’a pas trop de temps à perdre, si ça se trouve le temps passe plus vite en surface.

- Oh... bien sûr, vous êtes deux... Dracaena, voilà Silmeria et Hrist. Deux âmes qui... partageaient le corps de la Silmeria que tu as connu.

- …J'sais pas trop s'qu'il prépare le Vallel... Manquer de temps ? Z'avez une idée de s'qu'il prépare ? Et... Z'avez une idée de pourquoi y m'regarde aussi intensément lui ?

- J'en sais rien... à vrai dire, je ne sais même pas qui c'est... et pour Vallel... Il prétend pouvoir nous ramener à la vie, en nous utilisant comme... combustibles car il a besoin de notre potentiel magique pour ressusciter. Du gagnant, gagnant. Il revient à la vie en ayant besoin de notre force, et nous avec car il serait le seul moyen de sortir d'ici... Silmeria, continua Akihito en se tournant vers l’assassine, faire confiance à Vallel ne me plaît pas trop... Le faire ressusciter me semble pas une bonne idée, et il n'a pas l'air pressé de... de s'étendre sur ce que ça va nous coûter de l'aider... Je suis sûr qu'en ce moment même, Yli et Xël essayent de faire leur possible pour nous ramener à la vie... Yliria l'a déjà prouvé, elle est capable de ramener des créatures... mortes des dizaines d'années auparavant à la vie. Et je... je lui fais plus confiance qu'à Vallel... définitivement. »

De son côté, Jorus était en pleine discussion avec Akouba, parlant des origines de Vallel. L’enchanteur se désintéressa rapidement de la conversation, n’en comprenant qu’à peine la moitié des mots et des termes utilisés. Mais le dirigeant des lieux trouva le temps de tourner son attention vers le duo d’âmes descendantes, pour leur asséner ses remarques et explications. L’âme qui observait Dracaena était Ejude, ancien Roi de Elfes de Jollarsyth. Quant à ce qu’avait dit Akihito…

« Il se leurre. Votre potentiel magique, c'est votre corps qui le possède. Et il n'y a aucune voie pour amener ce dernier ici. Il ment : il n'y a aucun moyen de ressortir d'ici. Le croire, c'est vous condamner à l'errance. Et ne faites pas l'erreur de confondre les âmes des créatures sauvages et les vôtres : votre amie, pas plus que Vallel, ne saura vous sauver.

- Notre magie dépasse votre entendement, sire. Et le nôtre aussi. Nous ne sommes pas soumis aux mêmes... lois... que les natifs d'Aliaénon... vous avez peut-être raison, mais j'ai envie de croire que c'est possible... dit-il en se frottant frénétiquement le bras gauche avant de répéter un ton plus bas. Je crois... »

Mathis, dernier Yuimenien manquant à l’appel, fit alors une entrée remarquée en étant comme menotté les mains dans le dos, escorté par un lancier. S’ensuivit un échange lunaire où Mathis avoua s’être assis sur le trône du maître des lieux, faute d’avoir trouver un autre siège. Ce fut nulle autre que Silmeria qui le défendit en invoquant l’absence de mauvaises intentions du Kendran, ce qui fut acceptée à titre exceptionnelle. Hrist, de son côté, ne mâcha pas sa réponse à l’enchanteur.

« Tu comptes donc rester là à sagement attendre qu'on fasse le travail pour nous ? Vallel n'a pas plus de raison de te faire confiance. Mais si tu préfères que je tente avec Silmeria de rentrer sans vous, soit. Quelles fleurs sur ta tombe ? Un petit mot doux à prononcer à l'oreille de ta charmante Shaakte ? Ooooh, tu ne seras peut-être plus là pour la protéger ? Ce monde est si dangereux, peut-être vous reverrez-vous plus vite que tu ne le crois.

- Exactement, Hrist. Parce que je fais confiance à quelque chose qui a marché par le passé, à une magie qui est capable de tout. Est-ce que tu es à une journée près ? Nous pouvons... attendre... avant de tenter un possible voyage sans retour...

- Seigneur Akouba, avant de croiser Vallel, vous ne pensiez pas qu’un être puisse avoir des pouvoirs similaires aux Ol’Toga. Même mort, il est parvenu à posséder le corps et à broyer l’esprit de celui qui l’habitait. Vallel cache des secrets, c’est certain. Je pense cependant qu’il dit vrai. Du moins, il se sent pleinement capable d’y parvenir. Selon moi, la question n’est pas s’il peut ou non, mais quel prix allons-nous payer pour cela ? Revenir à la vie n’est pas dans vos mœurs, mais comme vous l’avez dit, Vallel n’est pas un des vôtres. Êtes-vous sûr que vous ne voyez aucun moyen pour lui de revenir à la vie ? Avec vos connaissances, envisagez toutes les possibilités, même si pour cela il faut consumer ce royaume ! Vallel est bien capable d’en arriver là !

- Aucun. Ce ne sont que chimères. Et Vallel n'a aucun pouvoir sur ce Royaume. Vous le surestimez grandement. Posséder un corps et en écraser le propriétaire, nombreux ont pu le faire. Y compris des vôtres. Vous vous brûlerez les ailes en essayant, et une errance maudite et éternelle vous attend au lieu du repos que je vous propose, asséna le maître des lieux, avant que son garde n’enfonce le clou.

- Je connais Vallel. Il n'a aucun pouvoir nécromantique d'aucune sorte, quand bien même il joue avec la chair et maintenant les esprits. Le peu de temps qu'il a passé ici n'a pas pu égaler tout ce que j'ai moi-même rassemblé comme informations sur la mort : celle d'avant la Brume et celle d'après. Akouba est maître ici. Vous devriez l'écouter et accepter votre destin. »

Akihito n'avait aucune garantie qu'Yliria puisse les sauver. Il ne pouvait qu'espérer, et compter sur elle. Mais les autres ne l'entendaient pas de cette oreille... Et un à un, ils partirent en direction de Vallel. Silmeria avec son insouciance exacerbée, Mathis dans l'individualité la plus complète, et Jorus... Jorus, qui était arrivé à la même conclusion que lui. Que Vallel malgré ses belles paroles, restait un des Treize et que quitte à le laisser ressusciter, autant le faire avec lui pour l'empêcher de nuire. Dracaena, lui, était toujours engoncé dans sa discussion avec le roi des elfes. Akihito... Soupira. Trembla. La peur de ressusciter et de souffrir de toutes les sensations imaginables, ou d'échouer et d'errer dans la Brume pour l'éternité... Le terrifiait. Mais ce qui le terrifierait encore plus... Ce qu'il ne pourrait pas supporter, ce qui le rendrait fou, ce serait de voir des âmes arriver ici, une à une, par dizaines, tuées par Vallel. La culpabilité le rongerait, comme un puissant acide versé sur sa peau.

Un léger rire remplaça son soupir, supplanta son tremblement craintif.

« Ah... Ahah... Même ici, ils continuent de se jeter la tête en avant. A croire sur parole le premier rufian tranche-montagne à leur vendre monts et merveilles. J'étais débile de croire que la mort et les conneries irréfléchies qui les ont menés là leur enfonceraient un peu de bon sens dans le crâne... »

Il était réduit à poursuivre ses alliés en essayant d'assurer un minimum de pertes. Contrôler les dégâts. C'était...

« Dracaena, je veux pas te laisser là. Tu nous accompagnes ? Nos compagnons se lancent dans une nouvelle folie stupide et si on les rejoint pas repidement, y aura pas de deuxième chance, faudra attendre qu'Yli nous ramène. Si c'est possible. »

Dracaena, maintenant qu'il le regardait de plus près, était toujours aussi secoué. Craintif, comme lui. La résurrection... Peut être qu'elle lui faisait peur, à lui aussi. Peut être qu'il ne voulait pas partir. Pas maintenant. Alors, devait-il le laisser derrière ?

Encore ?

« ... Mais si tu veux rester... Je resterai... Aussi. Je veux pas t'abandonner... Pas encore. »

Sa voix qui avait pris des accents plus forts, plus erratiques dans le rire qui l'avait secoué, redevint calme, un peu abattue. Il oscillait constamment entre folie et dépression... Et celui qui l'avait sorti de la seconde, c'était Dracaena.


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HRP : Reste avec Dracaena pour l'instant, et essaye de le convaincre de le suivre chez Vallou.

Jeu des mots : tranche-montagne, rufian
Modifié en dernier par Akihito le mar. 9 mai 2023 11:50, modifié 4 fois.

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Jorus Kayne
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Re: Savane Tanathéenne

Message par Jorus Kayne » ven. 28 avr. 2023 21:20

Contrairement à mes soupçons, après une brève attente, le seigneur Akouba revient, nous invitant moi et Dracaena à revenir pour nous entretenir avec les esprits, Akihito étant resté sur place. Le maître des lieux et son lancier nous guident à nouveau jusqu’à la grande salle, là où l’oranais s’est replié sur lui-même. Le voir ainsi me peine. Lui qui est un des héros de la bataille de kochii. S’il n’y avait la convocation des esprits, j’aurais pris le temps de lui parler, d’essayer de lui redonner cette lueur de vie dans le regard qu’il a perdu.

(Il sera toujours temps de lui parler après. Il ne risque pas de mourir davantage de toute façon !)

Même si nous sommes des esprits, je suis sûr qu’il y a un chemin qui pourra nous mener à la surface. Nous sommes morts, mais Yliria ne le permettra pas. Elle est aussi têtue que déterminée et avec sa magie de guérison, elle doit certainement tenter de trouver un moyen de nous faire revivre.

(C’est presque étrange qu’elle n’y soit pas encore parvenue. Mais la magie nous est autant salvatrice, qu’elle peut être traîtresse. J’espère qu’il ne lui est rien arrivé de grave !)

Pour le moment, Akouba lève les mains au ciel, comme voulant aspirer le plafond jusqu’à lui. Incrédule, je regarde en hauteur, apercevant finalement trois esprits descendre, convoqué convoqués par le seigneur des trépassés. Des êtres dont les visages me sont plus que familiers, du moins pour deux des trois. Le puissant archisorcier Thensoor Val’Crooh, la belle Honoka de Fan-Ming et le troisième, je crois qu’il s’agit de…

(Edue…non. Eude…non plus. Il n’y avait pas un « J » ? Djeude… Djoule… Jeude… Jeudi… Ejude ! Ejude oui ! Ejude de…bordel, j’ai pas eu l’occasion de lui parler, mais faut que je fasse l’effort de retrouver son nom quand-même ! En plus je crois qu’il commençait par un « J » aussi. Jaja… Juju… Jojo… Jo… Joll… Jollyjumper ? Non. Joll…a…sith ! Ejude de Jollarsyth )

Je fais face aux trois esprits avec un grand respect m’inclinant devant eux. Leurs souvenirs et surtout celui de leurs morts, est une blessure qui m’est restée gravée dans le cœur.

"Archisorcier Thensoor Val’Crooh, dame Honoka de Fan-Ming et…seigneur Ejude de Jollarsyth si je ne me trompe ? Nous n’avons guère eu le temps de nous voir avant…votre…." Je me racle la gorge avant de reprendre. "Je…merci. Merci d’avoir accepté de venir ici. Tout comme moi, vous voir rappelle le jour de votre trépas et c’est un moment auquel vous avez plus souffert que moi. Je tâcherais donc de faire au plus court. Thensoor, dame Honoka, j’ai demandé cette convocation, souhaitant vous parler, car je compte bien ne pas m’éterniser ici. Je ne suis peut-être ni le premier, ni le dernier à vouloir retrouver ma vie, mais j’espère bien y parvenir !"

Je m’arrête un instant, fixant en premier lieu Honoka.

"Dame Honoka, vous avez, probablement eu vent d’un grand nombre d’esprits venant de Fan-Ming. Je m’y suis rendu. Je tenais à vous informer que j’ai réussi à sauver votre frère Teruki de justesse. Lui et sa femme se reposent actuellement…près d’Elscar Olth. Je lui ai appris votre trépas et en plus du choc de l’attaque sur Fan-Ming, cette nouvelle l’a terriblement meurtrie. Si je parviens à mes fins, d’une quelconque manière, à retourner à la surface, avez-vous des paroles à lui transmettre ? Vous, sa sœur, mais aussi la personne à qui il vouait une grande admiration. Plus que jamais, il a besoin d’un soutien. Du vôtre en l'occurrence."

Alors que Dracaena s’élève lui aussi dans les airs, rejoignant l’oranais dans un balais fantomatique boiteux, Les mots d’Honoka me sont un bien que je ne refuse pas. Expliquant que je lui offre plus que je ne le crois, elle me transmet un message pour son frère.

"Dites-lui que je l’aime, dites-lui que je suis en paix : j’ai trouvé la mort en défendant mes valeurs et on peuple. Dites-lui que je crois en lui pour mettre tout en œuvre pour faire revenir des Ynoriens de Yuimen pour reconstruire ce qui a été perdu."

En guise de réponse, je m’incline en premier lieu, avant de prendre à nouveau la parole.

"Je...Dame Honoka, votre trépas a été pour moi une épreuve qui a blessé mon cœur. Vos mots, bien qu'ils soient destinés à votre frère, me permettent d'apaiser cette souffrance. Pour vous, je ferai le nécessaire pour transmettre votre message."

Puis, me relevant, je me tourne vers l'archisorcier, dont la présence est plus que nécessaire à cause de Vallel. Son savoir nous sera très précieux.

"Honorable Thensoor. Votre mort a aussi été une grande perte pour nous. Je vous revois encore, disparaître avec le Sans-Visage et revenir sans vie. La divinité a clamé que vous vous étiez sacrifié contre les créatures de vallel. Nul autre que lui n'en a été témoin et je suis encore indécis quant à la confiance que je peux lui accorder, lui qui a fait venir le Titan de la magie. Thensoor Val’Crooh, que s'est-il exactement passé lorsque vous avez disparu ?"

De sa voix spectrale, aussi profonde que rocailleuse, celui-ci me répond que le Sans-Visage n’a pas menti sur les événements sous la Tour d’Orsan. Thensoor a bien usé de sa vie, ou sa non-vie comme il l’appelle, pour éliminer les créatures de Vallel dans l’effondrement de la Tour. En revanche, il clame que la divinité, sans en connaître la raison derrière ce fait, a caché que bien qu’elles soient enfermées, survivraient à l’effondrement. Toujours présente sous le Comté d’Orsan, elles peuvent se frayer un chemin en creusant la roche, jusqu’à atteindre la surface et menacer l’intégrité de la Lande Noire. Il les définit comme nombreuses, horribles et particulièrement puissantes.

"Les créatures de Vallel..."

(Horribles ? Puissantes ? N’étaient-ce pas ces étranges choses que nous avons pu voir ? Celles qui se sont entretuées. Que va-t-il advenir si Vallel revient à la surface comme il l’a prétendu ?)

L'espace d'un instant je regarde dans le vide, plongeant dans mes pensées, puis je reporte mon regard vers Thensoor.

"Je crois que nous les avons déjà rencontrées ! J'avais pris ces choses pour des changements brutaux liés à la rupture des sceaux. Ha, oui il y a cela aussi ! Un Titan est venu à Elscar'Olth et a ravagé la cité. Il reste des survivants, menés par...Visselion." Une note de contrariété est décelable dans ma voix à ce sujet. "Les choses ont cependant changé. Le Titan a été tué par un dragon natif de notre monde. Le sceau principal a été rétabli et il est si puissant qu'il arrive à contenir et absorber la corruption de la lande à lui seul !"

Puis je reviens au sujet principal, tandis que l’archisorcier porte une main à son cœur, pourtant déjà absent durant sa non-vie. De même, il paraît être affecté lorsque la mention de Visselion a été faite.

"Ces créatures, Vallel était en mesure de les contrôler n'est-ce pas ? Il a évoqué vouloir retrouver Xël, et donc la surface, avant nous. S'il parvient à ses fins, pensez-vous qu'il sera en mesure de faire bien plus, maintenant qu'il possède des pouvoirs sur les esprits ?"

Mes propos l’ont affecté, en particulier la connaissance de la destruction d’Elscar’Olth. Selon lui, Le Titan souhaitait détruire le fluide spatial situé dans la salle du trône. Unique moyen d’accéder à ce monde, après la chute de la Tour d’Or. Il savait les Titans territoriaux, mais pas à l’échelle d’un monde entier. Cependant, il tique sur le sceau principal. Il est inquiet de la puissance qui réside dans un unique sceau. Selon lui, si la Lande Noire n’a pas à vocation de s’étendre, elle ne peut en revanche se résorber. Il y a un risque pouvant perturber toute la magie d’Aliaénon, si le cœur de la Lande venait à être purifié. Malgré ses craintes, il est encore plus inquiet à savoir un possible retour de Vallel parmi les vivants. S’il ignore comment il compte réussir un tel prodige, il estime que tous appartiennent au passé et sans le dire ouvertement, nous aussi par la même occasion.

Les informations de l’archisorciers sont aussi nombreuses que ses inquiétudes et parmi elles, l’existence d’un fluide dans la salle du trône.

"Un fluide spatial ? J'ignorais qu'il y en avait un à Elscar'Olth, mais celui de la Tour d'Or a tenu. Cependant, vos propos concernant le sceau principal sont inquiétants et je ne suis pas apte à y porter un jugement. Même si je parvenais à revenir à la surface, nul ne porterait poids à mes paroles, quand bien même elles ne seraient qu'un passage de vous à eux. De plus, Visselion possède une grande influence sur les rescapés. De ce que je sais du personnage, l'avenir d'Elscar'Olth m'inquiète je dois l'avouer. L'idéal serait d'établir un pont, juste un moyen de communication entre la surface et la lande Tanathéenne !"

Je regarde un instant Akouba dans l'espoir qu'il pourra répondre à cette question muette, avant de poursuivre sur le problème principal.

"Concernant Vallel, je ne saurais l'expliquer. Cependant il dispose de pouvoir sur les esprits dont le seigneur Akouba pourrait plus vous détailler que moi-même. J'en ai eu un avant-goût. On aurait dit que des milliers d'aiguilles transperçaient mon corps fantomatique ! Il prétend connaître d'anciennes lois sur les morts de ce monde. J'espérais que vous en sauriez davantage, mais peut-être que d'autres esprits, plus anciens et présents ici, pourraient répondre sur ce sujet ?"

Thensoor s’étonne de mes inquiétudes, alors que la cité n’est plus. Laissant penser que maintenant qu’Elscar’Olth n’est plus, les sorciers de la Lande Noire n’ont plus d’avenir. Cependant, il rajoute que Visselion aurait gravi les échelons de la caste des sorciers, depuis sa mort de l’ancien archisorcier pour être assez à présent assez influent. Il le décrit comme un arriviste, un opportuniste et un chef de sorciers rebelles désirant passer outre les lois et traditions. Puis Akouba rétorque que seuls les Ol’Toga étaient en mesure d’agir comme il le fait, mais il a étudié énormément les âmes pour parvenir à ce résultat. Autrefois, les âmes n’ont pas toujours été attirées vers la Savane Tanathéenne et c’est peut-être en cela que Vallel faisait référence dans sa connaissance des anciennes lois sur les morts.

Dans un premier temps, je réponds à Thensoor. Même si les sorciers ne sont plus ce qu’ils étaient, tant qu’ils sont en vie, rien n’est perdu, rien n’est fini. Leur histoire ne s’arrêtera pas ici.

"Un lieu n'est pas défini par ses murs, mais par ceux qui les font vivre. Même si Orsan m'a donné une mauvaise impression, j'espère que les sorciers pourront perdurer l'héritage de leurs pairs. Ils auront besoin de quelqu'un pour les guider et Visselion ne cesse d'être un acteur actif, pourtant dangereux par son empressement. Nous voulions prendre le temps d'activer tous les sceaux, il a précipité nos préparatifs alors que nous n'étions pas prêts et à deux autres endroits en plus de la Lande Noire. Mais il est le seul à se porter en meneur des survivants. Notre présence nuit à Bellarien qui nous accuse d'avoir tué son frère. Zacara, dont j'apprécie les échanges, ne me paraît pas intéressé par cette place. Alossarh, lui, semble très fidèle à Visselion. Pour les autres, je n'ai pas eu le temps de converser avec eux. Mais ce n'est pas à moi de décider du destin des sorciers. Je n'ai que mes craintes pour l'avenir !"

(Thensoor était une sommité de son vivant. Ses avis, ses mots, ses conseils avaient poids qui étaient respectés. Les choses pourraient être différentes s’il était encore présent. Mais en même temps il l’est, il n’est juste plus en mesure de quitter ce lieu. En ce sens, nous pourrions tenter d’établir un moyen de communiquer entre ici et la surface.)

Puis je me tourne vers le seigneur de ces lieux, dont les craintes de l’ancien archisorcier m’ont donné une idée.

"Les âmes n'ont pas toujours été guidées vers la savane ? Vous parlez d'un lieu avant que ce royaume des esprits ne soit tel quel n'est-ce pas ? Il y a-t-il des êtres qui pourraient nous en apprendre plus à ce sujet ou nous aider à comprendre comment Vallel se risquerait à partir ? Et... pensez-vous qu'une communication puisse être possible entre la surface et ici ? A notre venue, nous avons eu la présence d'une magie provenant de nos corps. Puissante et étrange, hasardeuse et pleine de potentiel. Grâce à elle, j'ai interverti mon esprit avec celui d'un dragon qui menaçait ma vie ! Avec elle, rien n'est complètement impossible !"

La réaction de Thensoor me peine. Il est accablé par la si maigre liste de sorcier que je lui ai dressée. Si Elurien était selon lui un digne successeur, aucun de ceux que j’ai cité n’est digne de prendre sa place. Il comprend néanmoins comment Visselion parvient à passer pour un chef.

"Je suis désolé d'apporter de si mauvaises nouvelles. J'aurais aimé qu'il en soit autrement." Fais-je peiné.

Puis Akouba explique que seules les âmes des Ol’Toga venaient à Jesuir. De leurs plains grés, elles pouvaient avant l’éveil des Titans, hanter des lieux, ou errer sans pouvoirs d’aucune sorte. Les plus puissants étaient cependant capables d’envahir un corps et pouvaient tenter d’en prendre pleine possession en écrasant l’âme résidente. Akouba continue en expliquant qu’il est celui qui en sait le plus parmi les représentants et qu’aucun moyen de relier cette terre d’esprit et la surface. Pour lui, Vallel ne cherche qu’une chose impossible à atteindre. Il perdra tout ce qu’il a en s’obstinant ainsi.

Je suis interrompu dans mes échanges par la soudaine apparition des deux Silméria. L’une muette et l’autre guillerette, nous invitant joyeusement à joindre Vallel pour la séance de résurrection.

"La possession de corps ? Vallel a usé d'un pouvoir similaire pour prendre le corps d'Elurien. Il possède également des pouvoirs que vous pensiez réservés aux Ol'Toga. Est-il possible que Vallel en soit un descendant, ou qu'il ait appris leurs secrets d'une manière ou d'une autre ? D'ailleurs, Vallel est déjà mort, il a déjà fait un passage ici non ?"

Eh bien non. Akouba m’explique que la brume n’était pas encore présente à ce moment-là et il n’y a aucune chance pour qu’il soit un descendant non plus. Revenir à la vie ne fait pas partie des mœurs des Ol’Toga.

Tandis que Dracaena s’interrogeait sur l’intérêt d'Ejude pour lui, le convocateur explique qu’il pensait bien faire en le faisant venir. Quant à Akihito qui est persuadé, tout comme moi, qu’Yli et Xël cherchent un moyen de nous faire revenir Akouba affirme qu’il ment sur ses capacités à nous faire revenir et que nous confondons nos âmes avec celles de créatures sauvages. Suite à cela, un esprit affublé d’un voile noir de la tête aux pieds, et un peu plus encore, ainsi que d’une lance haute des pieds à la tête, et un peu plus encore aussi, s’avance avec Mathis, tenu comme un prisonnier. Celui-ci s’explique et s’excuse de s’être assis sur le trône du maître des lieux. Si Silmeria demande la clémence du propriétaire du trône, sa…sœur, qui semble se prénommer Hirst, cherche à titiller Akihito, évoquant une menace envers Yliria. Si la remarque ne m’est pas destinée, elle m’affecte pour autant. Imaginer cette femme revenir et s’en prendre à elle m’hérisse le poil spirituel. Mes doigts se referment sur eux-mêmes, incapable de serrer mon propre poing intangible. Parmi toutes ces incertitudes, je suis persuadé que Vallel a une idée bien précise dans sa tête de dégénéré.

"Seigneur Akouba, avant de croiser Vallel, vous ne pensiez pas qu’un être puisse avoir des pouvoirs similaires aux Ol’Toga. Même mort, il est parvenu à posséder le corps et à broyer l’esprit de celui qui l’habitait. Vallel cache des secrets, c’est certain. Je pense cependant qu’il dit vrai. Du moins, il se sent pleinement capable d’y parvenir. Selon moi, la question n’est pas s’il peut ou non, mais quel prix allons-nous payer pour cela ? Revenir à la vie n’est pas dans vos mœurs, mais comme vous l’avez dit, Vallel n’est pas un des vôtres. Est-vous sûr que vous ne voyez aucun moyen pour lui de revenir à la vie ? Avec vos connaissances, envisagez toutes les possibilités, même si pour cela il faut consumer ce royaume ! Vallel est bien capable d’en arriver là !"

Faisant libérer Mathis, à la condition qu’il ne recommence pas de tels actes, il va de nouveau clamer que nous faisons fausse route et que nous paierons le prix de notre sortie. Puis il me répond qu’il n’y a aucun moyen possible de partir et que nous surestimons les capacités de Vallel. Le joindre signifierait renoncer à un repos mérité, pour une errance maudite. Thensoor rajoute lui aussi que Vallel n’a aucun pouvoir nécromantique. Il sait jouer avec la chair et à présent avec les esprits, cependant, le peu de temps qu’il a passé ici ne lui a pas permis d’en savoir plus que Thensoor sur la mort d’avant et d’après la Brume. Puis il m’invite à écouter les propos d’Akouba et d’accepter mon destin et le repos qui va avec.

Ces mots résonnent en moi, au point où je n’écoute pas l’échange botanique entre le seigneur elfe et l’oudio.

(Vallel n’est pas capable ? Il est vrai qu’il est mort il y a peu de temps, en tout cas à la surface. Quelqu’un ou quelque chose serait donc plus ou moins présent et serait en mesure de l’aider ? Ou alors ce n’est qu’une lubie de Vallel pour nous tuer dans d’atroces souffrances ! C’est peut-être même plus probable que tout le reste. Mais…et si ? Et si c’était vrai ? Et s’ils pouvaient tous revenir, Vallel compris ? Il pourrait nuire à tous ceux qui sont à la surface. Yliria, Xël, Simaya, Zacara, Esseroth ! Puis-je prendre ce risque ? Ne serais-je pas tourmenté par le choix de rester, sans savoir, guettant l’apparition de nouveaux esprits ici, dans la Savane Tanathéenne ? Un repos en est-il vraiment un s’il est à jamais tourmenté ?)

Je regarde mes camarades, espérant qu’une autre issue soit possible, mais il ne faut pas s’attendre à un miracle ici-bas. Il n’y a qu’un repos éternel pour moi ici, en espérant que le dragon ne souhaite pas faire un tour et aspirer les âmes présentes pour son hors-d’œuvre. Bientôt, je le sais, ils vont partir rejoindre Vallel et tenter l’impossible. La Savane Tanathéenne est un lieu de mystère. J'aurais bien aimé profiter de cette chance pour l'explorer un peu plus. Connaître sa longue histoire et cele des nombreux anciens esprits qui la composent. Cependant, il faut croire que même mort, je manque de temps pour cela. Je reste avec les esprits encore présents. Je les contemple, une dernière fois, car j’ai moi aussi pris ma décision.

"Merci. Merci de nous avoir accueillis comme vous l'avez fait. Merci d’avoir accepté de répondre à mon appel et d’avoir répondu à mes questions. Je vous remercie, car je pars, moi aussi. Mon choix est fait. Je le fais, en connaissance des risques que je prends et de ce que je perds. Cette existence que vous me proposez, ce repos que vous m’offrez, je ne pourrais m’y résoudre. Je serais assailli de questions et de doutes sur ce qui arrive aux miens. De la possibilité de revoir d’autres visages connus parcourir ce lieu. De ce que j’aurais pu faire pour les protéger. Je vivrais cette existence comme une seconde mort. Je pars, car c’est le meilleur choix pour moi. Si Vallel prouve ses dires d’une manière ou d’une autre, j’espère être présent pour l’empêcher de nuire. Il nous faudra faire preuve de cautèle à défaut de pouvoir lutter contre lui, plus puissant que jamais, car je ne doute pas de sa vengeance si le plan de ce faquin fonctionne. Si vous dites vrai, Vallel sera perdu à jamais et cette simple idée adoucira mon errance, au point de n’être qu’un brimborion. Je pars, avec une dernière question qui guidera mes pas, sans avoir la chance d'avoir de réponse. Si Vallel ne possède ni le savoir, ni le pouvoir de nous faire revenir, de quoi tient-il son assurance, ou de qui ?"

Je m’incline devant tous les esprits et reprends une dernière fois.

"Merci et adieu."

Je quitte à mon tour les esprits et rejoints les autres vers Vallel, prenant le luxe de voler comme l’ont fait Dracaena et Akihito.


Jeut de mot : cautèle, faquin, brimborion
Petite aide car c'est pas évident avec le glow, les trois dont dans la dernière grosse prise de parole. [:bizoo:]

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Dracaena Paletuv
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Re: Savane Tanathéenne

Message par Dracaena Paletuv » ven. 28 avr. 2023 23:36

Je voulais juste être un peu seul. Danser, faire les cent pas, hurler, chanter, n'importe quoi. Souffler un coup surtout. Mais non, non bien sur que non, même dans la
mort fallait qu'on m'dérange. M'sieur Akouba m'avait embarqué avec lui et Jorus, voir des fantomes de Fin-mong ou j'sais plus quoi. Il les avait présenté, mais j'écoutais à peine. On était de retour à notre point de départ, et tout ce que je voyais c'était des cristaux, en veux tu en voila, partout de chez partout.

Et j'repensais à la proposition d'Akouba.

Tout stopper. Tout arrêter, faire une gigantesque pause.

Mais c'était pas ça ma solution. ça m'faisait, concrètement, peur. Peur de sombrer dans la facilité, dans l'abandon. Peur qu'une pause comme ça soit si efficace que je ne veuille pas en voir la fin.

Mais d'un autre coté... J'avais quoi d'autre? Toutes mes recherches autour du feu? Mes objectifs? Morts, comme moi. Tout mon passé, tout ce que j'avais connu? Pas ici. Mon champ d'action dans cet état? Limité à penser sans pouvoir agir. Ca n'était ni des vacances, ni un avenir intéressant: j'étais juste la, condamné à errer en cherchant quelque chose de mieux à faire de ma mort, ou me coller dans un lit en cristal et risquer d'jamais me réveiller.

Tout ça à cause de mon foutu caractère, de mes foutues obsessions, de ma foutue personnalité m'empêchant de passer à autre chose...

KRAAAAAAAAAAAH! Penser me f'sait du mal, mais j'n'avais vraiment plus que ça! J'étais encore conscient, j'étais encore capable de réfléchir, et à un certain degré, d'agir, alors si je laissais tomber... au final, ça serait quoi?

ça serait mourir. Mourir une seconde fois. Tuer mon esprit. Devenir une coquille vide.

Je...je n'voulais pas ça. C'était plus terrifiant que tout le reste.

J'avais ptet tort, mais fallait pas qu'j'abandonne ,pas qu'je lache! Même si j'étais épuisé, même si j'en pouvais plus, fallait que j'm'accroche!!!!
Et si je n'pouvais pas me ressourcer tranquille dans mon coin, alors autant écouter s'que disait les autres zigotos... Histoire de passer ce temps infini à faire autre chose que péter un câble.

Enfin... Enfin c'est s'que j'aurais voulu faire. Mais tendit que m'sieur Jorus discutaillait avec Akouba et ses trois compères fantômes, je remarquai que son regard c'était attardé sur quelque chose. Quelque chose qui se révéla être... m'sieur Akihito. En boule, en train de flotter. De...Flotter.


"Je... j'savais pas que j'pouvais faire ça..."


Bon...visiblement fallait rajouter ça à la liste des actions disponibles. C'est vrai qu'à bien y réfléchir, dans les histoires les fantômes ça flottait. S'pas comme si on avait vraiment un corps pour nous r'tenir sur le sol de toute façon. Ca! C'était le genre de chose sur lequel je pouvais me concentrer, analyser, histoire de penser à aut' chose qu'ma situation pourrie. L'observant quelques instants, encore un peu surpris de cela, j'me mis à réfléchir à comment exactement s'la pouvait marcher. Pas de corps, pas de gravité, mais pas de magie, ni de muscle? Peut être était-ce une histoire de force mentale? Je me mis à essayer de sautiller sur place, mais ne sentant pas vraiment le sol sous mes racines, c'était plutôt compliqué. Pourtant... Le moment où ces dernières furent décollée du sol, je me sentis monter.

Monter, encore et encore.

C'était... Plaisant. Malgré l'absence de sensation, c'était plaisant. Certes, j'aurais adoré sentir le vent sur mes branches et tout l'tintouin, mais rejeter un principe basique de l'existence c'était toujours plaisant. Même dans la mort, ça servait de ptite consolation. Je pouvais encore voir, et je m'voyais monter, encore, encore, m'éloigner du sol, de M'sieur Akouba, m'sieur Jorus, des trois fantômes invoqués dont un qui semblait m'regarder d'ailleurs. En haut, pas de plafond à ce monde, en tout cas je n'en voyais point. Peut être même que s'il y en avait un, je le traverserais, vu que j'étais dépourvu d'corps. C'était... c'était sincèrement amusant. Cette sensation de découvrir un truc nouveau... ça faisait du bien. Mais... ma réflexion, elle, désormais seul vrais "muscle" capable d'agir, susurra une petite remarque, qui ricocha encore et encore dans mon esprit:


"Comment ça s'arrête?"


Oh, non. Non non non et non. Soudainement, le fait de ne pas être arrêté par un plafond devenait terrifiant. Comment je stoppais ça? Peut être que quelqu'un pouvait m'attraper, me faire descendre? Non, non, j'étais immatériel désormais. Fait l'opposé de ce que j'avais fait pour décoller peut être? Mais... non, sautiller dans le vide, ça n'avait pas de sens. Ou peut être que si? Après tout, je n'pouvais pas sentir le sol sous mes pieds, alors ptet que si j'me persuadais qu'il était la, j'pourrais me faire voler en direction du bas? .....Et si je traversais le sol? Et si je n'm'arrêtais pas? Il y avait quoi la dessous? La fameuse brume dangereuse dont parlait m'sieur Akouba? Oh, non, non et non! Un court moment de détente, et v'la que j'le payais déjà au prix fort.


"Hello? A l'aide? Ils m'entendent plus?"

Pas d'réaction. Clairement, ils m'entendait pas... Ou ptet qu'ils s'en fichaient? Après tout, c'était la réaction générale des gens envers ma personne, pourquoi ça aurait changé après ma mort. A bien y réfléchir, y avait encore plus de raison d's'en fiche d'mon cas, vu que techniqu'ment j'risquais pas d'mourir dans cet état. C'était... techniquement pas faux mais...je....Krmmlmlm, pas l'temps d'se faire du mal avec ça. Y avait quoi autour de moi? Akihito! La! Qui f'sait sa meilleure imitation de boule de coton flottant au vent.

"M'sieur Akihito, vous savez comment on controle ça?"

Pas d'réponse... J'espérais quoi v'nant de lui d'toute façon? Krrrrr... Allez Dracaena! Quand t'étais vivant, les expériences risquées sur toi même ça t'arrêtait pas! S'pas parce que t'es tout clamsé que tu devrais changer, hein? Mais... Mais avant j'savais pourquoi je risquais tout ça. Mes objectifs finaux étaient clairs, distinct. La... la pourquoi je f'rais un truc du genre? J'y gagnais quoi? J'y perdais quoi? J'avais quoi comme raison de vivre dans cette non vie?
Non! Non non non! J'devais pas commencer à résonner comme ça, bon sang d'bonne sève! Rah, et l'angoisse qui remontait... Rien à perdre, rien à gagner, le vide, le vide complet, perdu, j'étais paumé, fallait s'ressaisir, tout l'temps du monde mais pas une seconde à perdre, vite, vite, vi« Suffit de le vouloir. Pense à t'arrêter et tu t'arrêteras,


Le vouloir? Le vouloir. LE VOULOIR! Mais oui! J'angoissais tel'ment sur du rien que j'en oubliais le plus basique: ma volonté! Ranafout de si s't'ait faisable ou pas, de si y avait des conséquences ou pas! L'important c'est s'que j'voulais!
Et j'savais plus s'que j'voulais, sauf dans ce cas précis: j'voulais m'arrêter!!!
Et mon corps...mon âme? Mon... Mon moi se stoppa net! Plus de mouvement, plus de flottement, j'étais la, suspendu dans le vide, complètement immobile. Pfiouuuuuuuu, ce coup de stress post mortem, c'était pas bon pour mon non coeur... Et la solution miracle était sorti d'la non bouche de...m'sieur Akihito. Comme quoi... Comme quoi merci à lui. Malgré tous ces défauts, y pouvait s'montrer utile. Et sympathique même. Il avait pas été agressif comme à son habitude, à croire que la mort lui avait mit du plomb dans l'aile, hahaha! Z'avez compris? Pas'qu'on vole et qu'on est mort! ... Bref, j'l'avais trouvé un peu fatigué au tout début, mais il semblait bien la en boule, le regard vide, à flotter sans raison, comme s'il...


"Ah, ça marche, merci m'sieur Aki..."


...Comme s'il avait tout laissé tombé. A bien y réfléchir... Il était... Au moment où on est tous apparu dans l'autre monde de l'autre monde, il était... pas bien. J'étais trop occupé à me r'mettre de ma propre mort (et d'son coté soudain) pour m'attarder d'ssus, mais il était vraiment pas dans un super état. Si ma mort était sorti d'nul part, la sienne avait eu l'air d'être...mouvementée. Pis... il était mort aussi, tout comme moi. Ptet qu'il le vivait pas aussi bien qu'les autres?
Oh, j'étais trop sensible comme gars. S'type m'avait menacé, engueulé, et envoyé boulé quand j'lui avait tendu la main, et pourtant j'avais un peu pitié pour lui.
Non... probablement que sa tristesse apparente, son état "vide" me rappelait juste que c'était s'que j'craignais qu'il m'arrive. La "seconde mort", la pire de toute: la mort de l'âme, du coeur, de l'esprit. La mort de l'égo. La mort de "soit", de s'qu'on est vraiment, sous l'écorce.
Ouais, ça m'faisait d'la peine, plus pour moi que pour lui. Après tout, de s'que j'avais compris, d'son vivant il était du genre à vite se flageller et s'blâmer. Probablement qu'il s'blâmait pour nos morts ou j'sais pas quoi. Mpf. Classique. M'enfin bon, il m'avait filé un coup d'main, j'pouvais au moins m'montrer sympa en retour, avant qu'il me mette encore plus mal à l'aise... J'lui déclarai, tout en engageant ma descente.


"...Vous... vous voulez pas descendre écouter s'qu'ils ont a dire? Y parles avec des gens de...de...de j'sais pas en fait. "


J'avais pas l'énergie d'réfléchir plus que ça. Mais au moins, il s'avait. Allez mon gars, bouge toi d'la, fait comme moi: fuis cette réalité horrible en t'changeant les idées, jusqu'à s'que tu t'rende même pas compte que t'as accepté ton sort!


- Non, Dracaena... J'ai... Ce... C'est dur. J’y arrive pas... J'y arrive plus... Laisse-moi... »


Sa voix se brisa, il commença à trembler un peu. Ouais, définitiv'ment trop secoué pour faire quoi qu'ce soit. L'abandon, encore une fois. Classique du gars. Triste, vraiment, triste.


« Le feu... »


Je me stoppai net. Ce qu'il venait de dire... ça f'sait r'monter dans mon esprit sa réaction à notre arrivé. Il avait parlé d'ses derniers instants. Il avait parlé de flammes.


Oh.


Oh non.


Il... il était mort par le feu? Ce... cette réaction, ce comportement, j'l'avais d'ja vu tellement de fois... Mon esprit chamboulé, mes souv'nirs mélangés, tout ça fit remonter une image qui n'avait jamais disparue, mais que j'essayais trop souvent d'ignorer. La, en boule devant moi, il y avait un être terrifié, désespéré, qui avait tout perdu... Tout perdu par les flammes...
Comme moi.
Il y a plus d'un siècle, c'était moi. Ca aurait été moi. J'aurais pu être la, dans le monde des morts, ayant succombé à ce premier incendie, à cette première immolation... Si je n'avais pas subit, encore et encore cette horreur, pour y devenir résistant, voir mon esprit se tordre de façon malsaine afin d'accepter cette horrible réalité, j'aurais pu être la... Mort, bien avant d'avoir accomplit quoi qu'ce soit... avec juste ce souvenir horrible, cette sensation terrible par dessus tout mon corps.

Cette souffrance... Cette horreur sans fin... Elle est la, sur notre écorce, elle nous marque, et on a beau hurler, pleurer, se la racler afin que ces traces noires disparaissent, ne soient plus la, on ne peut rien y faire. On les sent encore... On les voit encore...

Je les sentais encore... La, même sans être physique, même sans être palpable, sans ma sève, mon bois, mes tiges, mon écorce, je les sentais... Comme la première fois.

Qu'importe la rancœur! Qu'importe le jugement! Qu'importe les mauvais sentiments et les accusations! Je laissais tout cela aux dieux, cruels et ignorants! J'étais un oudio! Tout s'que j'faisais, c'était pour aider les miens! C'était pour aider les autres! C'était pour aider tous ceux passé par les mêmes horreurs que moi! Qu'il m'agace, qu'il me dégoute, qu'il me désolé, non, on s'en fichait de tout ça! J'avais devant moi le genre de personne pour qui au fond, je m'étais toujours battu!
J'étais mort! J'avais tout perdu! Et j'avais encore à perdre! Mais j'n'allais pas, je n'pouvais pas rester la sans rien faire.

OUI, il était mort aussi. NON, je n'pouvais rien faire pour régler ces plus gros problèmes. Mais j'allais au moins dire, faire ce que j'aurais voulu qu'on fasse pour moi à l'époque!



"Le feu..."

Mon ton se voulait rassurant. Ma voix était calme. Mais je savais très bien que c'était surtout la tristesse qui s'en échappait. Pourtant, peut être à cause du fait que je n'avais plus vraiment d'oreille, mais j'avais presque l'impression qu'elle était... claire, comme elle ne l'avait plus été depuis de longues années.


...ça a fait mal pas vrai? S'tait terrifiant, pire que tout. Être... dévoré comme ça. Je...

Je réentendais les cris. Les leurs. Les miens. Je ressentais de nouveau cette sensation... Couvert de la tête au pied, comme plongé dans l'eau. Mais aucune fraicheur, juste de la douleur de et la confusion. Le crépitement assourdissant, le souffle terrifiant, qui s'infiltre à l'intérieur de moi alors que j'hurle, que je supplie que ça s'arrête... Était il coincé lui aussi dans cette boucle infernale, obligé de revivre ce moment, encore et encore?


J'sais bien qu'vous m'supportez pas. Vous préféreriez m'dame Yliria, ou n'importe qui d'autre, qui r'présente de l'amour, d'l'affection, n'importe quoi d'rassurant, la, à ma place, pour vous savez d'cet enfer...
C'est dur. S't'insupportable. On peut essayer de penser à aut' chose... On peut s'voiler la face...Mais ça r'tirera jamais s'qui c'est passé... Z'allez pleurer, hurler, abandonner. Même la, la sensation ne vous quitte pas... C'est s'que les flammes font...



C'est ce qu'elles vous font. Elles vous brisent, elles vous consument, jusqu'à ce qu'il ne reste rien de vous. Et si vous réussissez à les combattre, à les repousser, elle reviennent, encore et encore, vous rappelant que vous leur appartenez désormais, obligé d'accepter cette réalité, au point qu'votre seule fuite, seule option pour pas dev'nir fou c'est d'accepter leurs grandeur... ou d'tuer votre esprit.


J'vous blâmerais pas pour ça.

Jamais j'pourrais.

Z'avez fait s'que les gens les plus admirable font: z'avez essayé d'aider. De sauver des gens qui vous sortais par les yeux avant...

Pour tous mes grands airs, ptet qu'à vot' place, j'vous aurais laissé pourrir dans vot' cristal, que ça vous serve de l'çon.
Ptet pas.
J'sais pas. Et désormais, j'pourrais jamais savoir. Mais la réalité est que quand z'avez été face à cette situation, vous, z'avez fait vot' choix!


Ca a raté, mais s'pas vot' faute. Personne à l'droit d'vous dire quoi qu'ce soit sur ça.

J'vous dirais pas d'pas abandonner ou d'pas vous laisser abattre.
Personne à l'droit d'vous retirer vot' souffrance.

Et z'avez ptet raison en fait. Juste...laisser tomber et vous r'poser, plutôt que d'vous débattre, ou d'essayer d'vous persuader que tout va bien et qu'vous pouvez vous contenter de ça...

Maint'nant on est la. Arraché d'not' destin par surprise. Tout s'qu'on voulait faire, foutu. Tous nos objectifs, perdu.



Bien malgré moi ma voix se cassa en prononçant ces mots. Oui, on avait plus rien. J'n'avais plus rien. J'l'avais déjà dit et redit. Toutes ces années, tout ce temps, perdu, gaché, conclut de façon frustrante. Condamné désormais à errer, à sombrer dans le vide... ou se battre pour essayer...


On peut juste essayer...d's'en trouver d'nouveau...


J'essayai de reprendre un ton normal, plus positif, plus dynamique.


Mais... Vous, vous pouvez p'tet vous soulager de tout ça. Z'êtes plus fort que moi, z'avez pas peur de...vous arrêter.
M'sieur... M'sieur Akouba a parlé d'dormir... Dans... ces... cristaux. Juste...Tout arrêter. Ne...ne pl...plus plus rien sentir.


En vain. Ma voix se craquelait, encore et encore, chaque nous mot prononcé me mettant face à cette perspective, perspective qui me terrifiait. Pour toute ma longue existence, j'étais encore victime de mon immaturité, de la peur infantile de devoir accepter de m'arrêter. Il y avait les lâches, qui abandonnaient, et il y avait les sages, qui savaient reconnaitre quand se stopper. J'avais si peur d'être le premier que j'en étais devenu incapable d'être le second...

N'plus souffrir parce qu'on peut plus rien sentir... J'peux d'mander ça pour vous...qu'on vous laisse enfin... profiter du repos qu'vous méritez...

Une perspective si accueillante, mais si terrifiante... Peut être que lui, saurait en profiter à sa juste valeur...


Silmeria mag...gouille avec Vellal...Vaell...Truc... si ça peut vous changer les idées d'allez les voir...

Et si...v...vous voulez parler de... Si vous voulez en parlez... Hurler... Trouver un responsable... J'suis la.


Personne n'est la pour les gens comme vous, pour les gens comme moi. Personne n'est la pour les victimes, si ce n'est les autres victimes. Quel qu'en soit les actes, quel qu'en soit le prix, si je peux au moins en soulager une, je sais que j'aurais fait ce qu'il faut.


Z'avez...pas méritez vot' mort... Mais vous tuez p..pas une seconde fois Akihito....On a j...jamais été ami. On s'connait à peine. Mais...ptet que dans la mort... on peut essayer de se sout'nir. On... On a plus que ça de toute façon. "


Ma voix s'effondra complètement en prononçant ces derniers mots. Comme si le dire à quelqu'un, le dire à voix haute, comme ça, servait de confirmation ultime à cette terrifiante pensée qui était la, que je pensais avoir acceptée, mais que je fuyais encore: oui, on avait plus que ça. Plus rien pour se frapper, plus rien pour s'en vouloir, plus rien pour avancer. Qui avait vraiment raisons ou torts dans notre accrochage, dans les landes noires? Lui? Moi? Qu'est ce que ça changeait désormais?

On était mort.

Tous les deux.

On avait été arraché injustement au monde. Sans avoir notre mot à dire, en étant juste nous même, jusqu'au bout. Il avait eu une fin atroce, traumatisante, dans les flammes et la douleur. J'avais eu une fin soudaine, subite, frustrante et désespérante.

On était juste deux pauvres gars qui avaient manqué de bol en ce bas monde. Alors... pourquoi chercher encore à s'en vouloir? Il n'avait plus la force d'avancer, et moi, j'me mentais à moi même pour me convaincre que j'avais encore cette force. Seul, on était condamné. Et ensemble, on l'était probablement tout autant... Mais... Mais au moins, on aura essayé. Et quitte à être coincé sur un bateau dévalant le fleuve d'une existence sans but et sans fin, autant passer du bon temps avec les autres passagers.

On avait plus que ça...

On...On...Avait...plus...que...ça....


J'essayai désespérément d'attraper mes branches, de les masser pour me calmer, mais elles n'étaient plus la. Pourtant je n'arrêtais pas, comme si cette action était le dernier pitoyable petit fil d'espoir et de calme auquel je m'accrochais.


« C'était... C'était horrible. »


La voix d'Akihito s'éleva timidement. Tandis que je m'effondrais dans une crise de panique et de tristesse, lui semblait enfin sortir de son état catatonique.


« J'ai... j'ai senti mon corps se compresser. Encore, et encore. Mes os se casser les... les uns après... et le feu... Alossarh avait enflammé Justice, et cette... cette saloperie s'est accrochée à moi. En riant. Comme un possédé. J'ai tout essayé... j'étais terrifié. Et je suis... là.
Ce qui me fait le plus mal... c'est de vous voir. J'étais prêt à tout pour mettre un terme à ça. Cette parodie de Justice. Quitte à perdre mon bras... ma vie. Et j'ai fini par la perdre et vous... vous êtes là. Je me suis acharné pour rien.
Je suis pas plus fort que toi, Dracaena. J'ai peur de revenir à la vie. Peur de ressentir de nouveau la chaleur d'un f... feu de camp, peur de voir la moindre pierre précieuse, peur de sentir la pression de quoi que ce soit sur... m-m-ma peau. Mais j'ai aussi peur pour ceux que j'ai laissé là-haut. Amy... Xël... Aliaénon, Yuimen... Et Yli, j'ose pas imaginer dans quel état elle est... »



Oui, cette peur d'être de nouveau enveloppé par la souffrance... J'avais raclé mon écorce tant de fois à cause d'elle...


« Elle... Elle m'aime. Enfin, elle m'a aimé, et c'est sans doute toujours le cas... Je l'ai déjà repoussé une fois, et là... lâ... »


L'amour hein? Cette chose si rare, si magnifique, et pourtant si destructrice. J'avais bien vu que les deux avaient une relation particulière, mais je n'aurais jamais cru que c'était de l'amour qui flottait par la. En tout cas, dans un sens, de qu'Akihito disait.
L'amour...
De brèves images me repassaient en tête, de gens que j'avais aimé, et qui n'étaient plus la aujourd'hui. Mort, parti, m'ayant fuit, la liste était longue... J'avais toujours du mal à visualiser l'amour et son application chez les êtres de chairs, mais je ne pouvais que croire à sa sincérité et à sa puissance. Plus puissant que le feu lui même...


« … Et elle doit s'acharner à trouver un moyen de nous ramener à la vie... combien de temps ça fait, depuis notre... départ... elle a peut-être déjà essayé. Et échoué. Mais maintenant qu'elle sait qu'elle peut ramener à la vie des créatures mortes depuis des dizaines d'années... elle va essayer. Encore et encore. Elle est comme ça. »


Oui, j'avais cru comprendre que m'dame Yliria était obstiné. C'était clairement sa plus grande force, et ça plus grande faiblesse. Nous nous étions quitté d'une très mauvaise façon... Et d'une très frustrante façon, car mon respect pour elle n'empêchait pas le fait que j'avais très envie de la remettre à sa place.
Mais finalement, la où nous étions, même sans y croire, je ne pouvais qu'admirer sa prétendue détermination.
Quand à cette histoire de ramener des petits animaux à la vie je... je n'voulais pas y penser maintenant. Je n'voulais pas encore considérer ce genre de chose. Mon esprit ne tenais déjà plus debout, alors assimiler ce genre d'information risquait... risquait de me faire me perdre dans les méandres d'une réflexions trop dangereuse, même pour moi...

Akihito commença à approcher sa main de moi, mais la rétracta rapidement. C'était probablement encore trop dur pour lui d'accepter de "toucher" quoi qu'ce soit.
Que je pouvais comprendre ça... J'avais aussi eu cette réaction au début... avant de m'enfoncer dans l'opposé complet, cherchant à me purger de ces sensations fantomatiques en la remplaçant par le plus de nouvelle sensation possible.


« T'as tes monologues et ton franc parler, Dracaena, mais t'es quelqu'un de bien. Je te l'ai déjà dit... et moi, j'ai été stupide. J'étais en colère, et j'ai tout déversé sur toi quand t'es venu me parler, dans la Lande... j'ai envie de hurler là, mais je le ferai pas sur toi...
Je peux pas entrer dans un cri... cristal. Pas maintenant. J'en serai incapable... même pas de m'en approcher. Et pour Yli qui doit se désespérer pour nous sauver... je veux pas baisser les bras... pas encore... »



Encore cette fameuse phrase. "Quelqu'un de bien"... Oui, je l'étais, mais pas comme les gens se l'imaginait. Je n'arrivais pas assez à me mettre à la place des autres, à part si je pouvais projeter leur souffrance sur une que j'avais déjà ressentie. Mais, quelque part, mélangé au désir de ne pas tout lacher d'Akihito, c'était tout de même... tout de même agréable à entendre...Je pu en profiter au cours d'un léger silence qui s'installa, brisé par l'ex-humain.


« Merci... d'être venu. Si je peux te soutenir comme tu viens de le faire... Dis le moi... C'est que ce qu'il nous reste, pour l'instant...


Me...soutenir? Hélas... hélas je ne savais pas moi même quoi faire pour mon propre cas. J'étais encore trop perdu dans cette tempête de pensée et d'émotion au fond de moi, sans mon corps pour m'aider à me calmer comme dans le passé. L'intention était louable, mais je n'avais pas de quoi y répondre pour l'instant. En l'aidant à sortir de sa torpeur, je m'y étais ironiquement enfoncé en me rappelant la réalité de ma condition... Si j'étais content d'avoir pu l'aider, je ne pu retenir un rire un peu triste...


"Khé,pour le soutien d'mon coté, j...j'y réfléchis encore. Mais j'manqu'rais pas d'venir vous voir quand j...j'aurais trouvé..."

Et je finirais par trouver... En attendant, il me fallait toujours m'occuper... Et alors qu'Akihito et moi étions en train de revenir prêt du sol, je pu entendre m'sieur Akouba s'énerver concernant le cas de Vallel et de ses demandes bizarres, vu que Silméria et sa jumelle mal-élevée Saleméria avait visiblement débarqués pour nous ramener auprès de l'ancien 13. Le peu que j'connaissais du gars m'incitait ni à lui faire confiance, ni à le prendre au sérieux ,et l'insistance de m'sieur Akouba sur l'inutilité de ses actions ne f'sait que m'conforter plus dans ces idées. Après tout... c'était le gardien des morts depuis des lustres... Il connaissait probablement plus le sujet qu'un pecnot qui avait fichu la merde dans le monde à cause d'une crise de jalousie...


"J'sais pas trop s'qu'il prépare le Vallel... Manquer de temps? Z'avez une idée de s'qu'il prépare?
Et..."



Je me tournai vers l'un des trois fantômes appelé par l'chef des lieux: celui qui semblait me dévisager depuis mon arrivé.


"Z'avez une idée de pourquoi y m'regarde aussi intensément lui?"

- J'en sais rien... à vrai dire, je ne sais même pas qui c'est... et pour Vallel... Il prétend pouvoir nous ramener à la vie, en nous utilisant comme... combustibles car il a besoin de notre potentiel magique pour ressusciter. Du gagnant, gagnant. Il revient à la vie en ayant besoin de notre force, et nous avec car il serait le seul moyen de sortir d'ici... Silmeria, faire confiance à Vallel ne me plaît pas trop... Le faire ressusciter me semble pas une bonne idée, et il n'a pas l'air pressé de... de s'étendre sur ce que ça va nous coûter de l'aider... Je suis sûr qu'en ce moment même, Yli et Xël essayent de faire leur possible pour nous ramener à la vie... Yliria l'a déjà prouvé, elle est capable de ramener des créatures... mortes des dizaines d'années auparavant à la vie. Et je... je lui fais plus confiance qu'à Vallel... définitivement. »


Oh non... Akihito, pourquoi? Pourquoi pourquoi pourquoi? Pourquoi me parler de chance de revenir à la vie? Non! C'est foutu! Ces histoires d'Yliria qui ressuscite des animaux morts, j'avais déjà du mal à y croire, mais la tu me dis carrément qu'c'était des trucs claqués depuis des années?
Non, pitié, ne me fais pas ça...
Ne me donne pas d'espoir pour ça!
Pour réussir à accepter ma condition, trouver de nouveaux objectifs, il me fallait accepter notre statut. Sa fatalité. On était mort, et c'était tout. En cent-cinquante-ans, je n'avais jamais vu qui que ce soit rev'nir à la vie... Et c'était pas faute d'voir des gens essayer!

Qu'est ce qu'il y avait de différent la? Cet autre monde? Notre magie? Notre magie était coincée dans nos corps... Et on ne les avait plus... Non, c'était trop impossible, même pour moi... Il ne s'agissait pas d'abandonner, mais de se réorganiser... En plus, le ton commençait à monter entre tout ce p'tit monde. Non, ça n'm'aidait pas tout ça, il me fallait penser à autre chose, autre chose, autre ch...

"Il s'agit d'Ejude, ancien Roi de Elfes de Jollarsyth. J'ai cru, vue notre précédente discussion, qu'il vous serait intéressant de le croiser. Mais peut-être... ai-je eu tort de le tirer de sommeil éternel."

Ouais, un truc du genre ça!
Je tentai d'ajouter mon point de vue à la conversation, mais aucun mot d'arrivait à sortir. Alors, je redirigeai toute mon attention sur ce fameux rois des Jollarsysth. Après tout, m'sieur Akouba avait dit qu'son peuple m'aurait vénéré d'mon vivant, y avait probablement des choses intéressantes à apprendre de lui, hein?


Pitié faite qu'il ait des choses intéressante à m'apprendre pitié pitié pitié...


"B...bien mes excuses m'sieur Ejude, not' décès est plutôt récent, je m'suis...on n's'est pas encore complèt'ment remis.
On m'a dit que vous seriez l'genre de personne qui aurait beaucoup aimé croiser quelqu'un comme...moi. Je n'connais pas très bien Aliaénon, et je n'connaissais pas votre peuple d'mon vivant, mais l'végétal était votre domaine? "



Je me mis à faire danser mes doigts de lierres ectoplasmiques dans le vide. S'il ne pouvait les toucher, il pouvait au moins les voir.


"Les miens sont protecteurs des bois et forêts, serviteurs des arbres. Ceux de notre jungle sont... vivants, mais rien de semblable à vous. Ils auraient adoré vous étudier, si vous étiez encore en vie. Avec tout le respect qui est dû à un être tel que vous. Quel dommage que vous soyez décédé."


Des bouts du discours de Jorus viennent parasiter mes oreilles mortes. Non non non non non. Je n'veux pas entendre ça, je n'veux pas y penser, je n'veux pas tomber dans le piège. J'ai foiré ma vie, j'ai pas envie de foirer aussi ma mort. Il me faut plus de temps pour penser à tout ça. Plus de temps...
Concentre toi sur le roi, Drac, concentre toi sur le roi qui n'aide pas beaucoup mais qui est la...



Oui... oui je suis dé...décédé, c'est bien dommage... Oui, on ma fait la r'marque... J'pense aussi... Dommage...Vraiment dommage. Vous... Vous n'imaginez pas s'que j'essayais d'accomplir d'mon vivant. Des choses... Des choses qui impressionnaient même les autres oudios...KRRRRRRRR!


J'essaie de me taper la tête pour ne pas m'enfoncer dans ces pensées mais ma main traverse cette dernière. Au moins, la stupidité de l'action réussit à me reconcentrer.


"Vous... Vous parlez d'arbres "vivants" mais pas comme moi? D...Dites m'en plus..."

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Mathis
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Re: Savane Tanathéenne

Message par Mathis » sam. 29 avr. 2023 03:11

Alors que j’attendais sa réponse, le regard de Vallel se posa quelque part derrière moi. Je vis du coin de l’œil qu’il s’agissait des deux Silmeria. Une était déjà suffisante, voilà que nous devions faire avec deux. Je ne lui accordait aucun regard, me contentant d’écouter avec attention la réponse de Vallel. Il ne savait pas pourquoi l’on ne pouvait retourner dans la cité une fois qu’on l’avait quitté, cela faisait partie des règles et Akouba se gardait bien d’en énoncer la raison. Et puis, il me dit bête de lui parler encore de camp, alors que lui-même en avait fait mention. Après m’avoir insulté, il rajouta que Oaxaca étant vaincue et qu’il n’avait jamais servi de dragon et qu’il ne commencerait pas. Il avait détruit Esseroth par le passé assouvissant alors sa vengeance et c’était servi alors d’Oaxaca pour y arriver. Il n’avait aucunement l’intention de me dévoiler ses plans, ce n’était pour lui qu’un échange mutuel. Il nous offrait une chance de survie et d’échapper à cette prison dans la mort.

Ce fut ce moment que Silmeria choisit pour lui annoncer que les autres aventuriers étaient présentement temporairement occupés, mais qu’elles étaient disposées à l’assister.

Bien que je n'appréciai pas la façon dont me Vallel m'avait traité, je ravalai ma salive et la réplique sanglante qui l'aurait accompagnée, et je répondis d’un ton neutre et calme:

« Je voulais d'abord être rassuré à propos de Esseroth, ce qui est fait. Je ne suis pas contre l'échange de bons procédés. J'ai compris que nous devions nous rendre en surface dans la brume, mais je voudrais en savoir un peu plus par la suite. Et j'aimerais savoir pourquoi, il ne vous est pas possible, de le faire seul ou avec les autres âmes. Vous faut-il des âmes fraîches ou des âmes provenant de Yuimen ? »

Impatient de revenir à la vie, il rajouta qu’il était bien capable d’attendre un peu si l’on pouvait lui assurer leur présence. Se tournant vers moi, il confirma mon hypothèse. C’était la puissance de notre magie sur Aliaénon qu’il convoitait. Il devança ma question en précisant savoir que nous ne la possédions pas dans notre état actuel, mais qu’il était capable d’intervenir pour régler ce problème, ce gardant une fois de plus de nous expliquer les tenants et les aboutissants.

Je jetai un coup d'œil à l'entrée de la grotte pour voir si les autres arrivaient, puis je reportai mon attention sur Vallel:

« Je suis ici que depuis peu de temps, et tout ce que je désire c'est de repartir, retrouver mon corps, retrouver ma vie. Je comprends alors sans peine que vous gardiez le secret du comment afin d'assurer votre place pour le départ. Et puis, il y a plus de chance que vous sachez mieux que nous comment contrôler cette magie. C'est à cause de l'utilisation de celle-ci qu'on se retrouve ici. Je suis donc partant moi aussi ! »

Puis regardant une fois de plus l'entrée dans l'attente de leur arrivée.

« Je vais faire mon possible pour convaincre les récalcitrants, je préfèrerais qu'aucun d'eux ne croupissent ici, errant sans but pour l'éternité. »

Mes mots créèrent une légère confusion, Vallel me disant d’y aller et Silmeria affirmant qu’elle attendrait auprès de Vallel.

Voyant que je ne bougeais pas d’un centimètre, Silmeria me demanda ce qui n’allait pas.

Ne voulant plus avoir à faire avec cette femme, je regardai Vallel et je lui répondis comme si c'était lui qui venait de me poser la question.

« Tout va bien, je réfléchissais en attendant le retour de nos compagnons. »


Après avoir jeté un coup d'œil au passage plus large qui donnait sur une pente ascendante, celui-là même qui menait à la surface brumeuse, j'exprimai l'objet de ma réflexion ainsi que mes interrogations.

« Je me questionne au sujet du dragon noir en surface et de sa capacité à demeurer là... cela vient peut-être du fait qu'il a absorbé l'âme de quelques titans. Pensez-vous qu'il pourrait faire de même avec les nôtres ? »


Puis je balayai mon idée d'un geste de la main.

« Ce n'est certainement pas nos petits âmes de Yuimeniens qui l'intéresse... Il attend ou cherche quelque chose de plus puissant... Avez-vous une idée de sa raison en surface ? »

Vallel s’étonnait de mon ignorance face au dragon noir, me demandant comment je pouvais croire le vaincre dans toute cette ignorance. Je le laissai poursuivre ses explications sans l’interrompre. Il rajouta que ce dragon était né dans les enfers de Phaïtos, la mort était son domaine, et donc bien naturel qu’il se trouve dans la brume des savanes sans peine. Il fut par contre surpris par l’affirmation de l’absorption de l’âme des titans et m’interrogea à ce niveau.

Les deux Silmerias racontèrent une après l’autre ce qui s’était passé lors de la bataille de Kochii qui opposait Oaxaca et le Royaume de Kendra-Kâr. Le dragon noir avait alors absorbé la vie de bien des âmes. La bataille s’était terminée par l’affrontement entre Brytha et le dragon noir. Et je compris enfin comment et où elle avait acquise la dent du dragon.

Même si je ne les regardais pas, j'écoutai attentivement le propos de deux Silmeria. Une fois qu'elles eurent terminés, je répondis à la question de Vallel.

« Vous avez raison, je connais peu le dragon noir, mais les autres yuimeniens le connaissent davantage pour l'avoir combattu sur les plaines de Kochii tel que Silmeria vient de raconter. »

Je m'arrêtai un court moment le temps de rechercher dans ma mémoire les détails au moment où je l'avais vu.

« Lorsqu'e le dragon noir s'est présenté dans les landes noires, il a fait un trou dans le corps d'un titan sombre. Puis il a tenté d'aspirer son âme. En unissant tous nos forces, malgré nos différends et nos conflits, nous avons pu éviter qu'il s'en empare. Lorsqu'il a vu qu'il ne l'aurait pas, il nous a dit qu'il sentait notre magie et la trouver faible et que nous serions incapable de le chasser d'Aliaénon, qu'il y règnerait en maître et puis irait conquérir d'autres monde. Il nous a laissé l'âme du titan sombre en arguant qu'il lui en restait d'autres à récolter. »

Suite aux dires de Silmeria deux, Vallel en déduisit que Brytha, la déesse des brumes était également présente sur Aliaénon. Il parla aussi de Naral Shaam, le dragon mauve qui avait trahi Vallel. Je me souvenais parfaitement de se dragon mauve et j’ai pu l’éviter grâce à Arthès Raisonvive, selon Vallel toujours, le dragon mauve serait l’envoyé de Brytha. Se retournant vers moi, il m’informa que le dragon noir avait toujours fait trembler les dieux, il n’était donc pas si étonné qu’il puisse vaincre les titans. D’après lui, et ce n’était que son opinion, le dragon noir n’avait pas encore assez de puissance pour conquérir le monde. Une chose était sûre, nous devions l’arrêter avant que ce ne soit le cas.

Lorsque Simaya argumenta qu’elle aurait besoin de ses pouvoirs pour convaincre Xël, Vallel rétorqua que nous retrouverons nos pouvoirs à l’intégration de nos corps, qu’il lui suffisait d’y glisser nos âmes.

Après avoir réfléchi à ce qui était dit, je rajoutai.

« Il est donc évident que nous aurons besoin d'aide afin de neutraliser ce dragon. Brytha pourrait être une alliée, si nous réussissons à la contacter... Il ne sera pas facile d'en trouver d'autres... il faut trouver quelqu'un qui puisse communiquer avec les titans encore vivants.... Et en ce qui concerne les dragons de ce monde ci, je me demande quelle serait leur position... avec ou contre le dragon noir. »

Soudainement inquiète, Silmeria craignant que nos compagnons décident d’incinérer nos corps, suggéra que l’on procède au plus vite. Je dus rompre le serment que je m'étais fait, de ne plus lui adresser la parole. Une fois de plus, Silmeria impatiente voulait passer à l'action sans les autres. J'intervins alors:

« Je suis persuadé qu'Yliria et Xël vont d'abord tenter de nous ramener à la vie... Les sorciers de la lande noire vont sans doute leur expliquer que nos âmes sont dans la savane tanathéennne... et j'espère qu'ils n'oublieront pas de leur dire que la surface leur est mortelle. »


Vallel constata qu’il était préférable que nous retrouvions nos puissants corps d’origine, il était donc prêt à commencer dès le retour de nos compagnons. Il nous enjoint alors d’aller les convaincre. Silmeria s’empressa de répondre par l’affirmative et me demanda d’aller chercher Jorus qui était dans la salle du trône et qu’elle s’occuperait de Dracaena et d’Ahkhito.

« D'accord pour Jorus, je m’en charge »
répondis-je

Je fis une salutation à Vallel puis je partis vers la salle du trône. Rendu là, je jetai un coup d'œil, mais je ne vis personne. Piqué par la curiosité, j'y entrai tout de même et me rendis jusqu'au trône, je le regardai de près et j'en fis le tour et puis je m'approchai davantage et après une courte hésitation, je tentai de m’y asseoir, sans que mon corps le traverse.

Je venais à peine de tenter de poser mon postérieur sur cet immense trône de pierre, qu’un gardien, semblable au premier, sortit du sol pour apparaître devant moi au centre de la pièce.

Il portait la même longue robe noire, munie d’un capuchon. Sans masque, son visage se limitait à une lumière bleue, sans forme, floue. Il tenait en ses mains une imposante lance, plus impressionnante encore puisque je doutais qu’il puisse l’utiliser contre moi. Et d’une voiex spectrale à glacer le sang, usant de termes désobligeant me qualifiant, il m’ordonna de me lever, son arme pointée dans ma direction.

Même dépourvu de corps, j’eus l’impression que mon visage blêmit de peur, que mon rythme cardiaque accélérait, que ma gorge se nouait et que mes jambes tremblèrent. J’étais pris à la fois de nausée et d’étourdissement. Je me sentais, pas plus courageux qu’un gamin de dix ans pris sur le fait à voler un portefeuille d’un riche marchand. À ces ordres, je me levai, immédiatement, tout en tentant de demeurer loin de sa lance, je le saluai humblement et modestement, la tête penchée en signe de soumission, n’osant le regarder.

« Je vous prie de m'excuser. »

Puis je tentai de me diriger vers la sortie et atteindre la grotte aux trois cristaux le plus rapidement possible. Je n’eus malheureusement pas le temps de faire le moindre geste. Ce spectre utilisa sa redoutable arme contre moi d’où sortit un rayon bleuté qui m’immobilisa entièrement, me forçant même à porter un genou à terre...sans pour autant toucher le sol.

En colère, il me reprocha une fois de plus mon geste tout en me demandant quelles étaient mes intentions.

(Mes intentions… la curiosité, rien de plus.)


Je me sentis défaillir, perdre courage. Par ce geste stupide et non prémédité, j’allais peut-être perdre ma chance de revenir à la vie… Immobilisé, je tentai de m'en tirer le mieux que je pouvais. Je ne savais ce qu’il pouvait me faire subir, mais je craignais le pire... qu’il m’enferme à jamais dans l’un de ses cristaux. Ce fut d’une voix sincèrement repentante que je m’expliquai.

« Je ne croyais pas que c'était le siège qui était important, mais la personne qui s'y asseyait. J'ai donc tenté de m'y asseoir afin de voir si j'allais y passer au travers.... Pardonnez-moi d'avoir profané ce siège. »

Il rétorqua qu’en tentant d’y prendre place, j’avais défié les règle, c’était comme si j’avais voulu soumettre la mort.

Gouvernant mes moindres gestes, mes mains furent plaqués contre mon dos.. J’étais menottés sans menottes… car je n’avais pas de corps… j’avais l’âme menotté et mal à l’âme. Ma silhouette floue fut remise debout sans ma volonté. Le gardien me conduisit à la première grotte, celle contenant un nombre impressionnant de cristaux.

Akouba se tourna vers moi. Aucune parole ne lui fut nécessaire, je compris qu’il attendait que je m’explique. Je le saluai d'un signe de tête, puis regardant le sol, repentant, je repris mes excuses.

« Je suis désolé, Maitre Akouba. Ayant pris conscience que je pouvais me déplacer en hauteur aussi facilement que vers l'avant, j'ai voulu voir si je pouvais m'assoeir sur une chaise sans passer au travers. Et le seul siège qui se trouvait dans votre salle, c'était votre trône. »

L’une des Silmerias s’interposa alors entre moi et le maître Akouba. Je crus à ce moment-là que la fin de mon âme approchait, que jamais je ne pourrais me rendre dans la brume, que je ne pourrais plus tenter de retrouver mon corps. Cette femme débile allait enfoncer le clou plus profondément dans mes blessures, conseillant au maître des morts la plus cruelle des punitions pour mon acte. Ma surprise fut totale lorsque je l’entendis prendre ma défense. Elle le pria de m’excuser. Il l’informa que je n’étais pas mauvais et aucunement animé de mauvaises intentions. Et lui demanda d’accepter que je me joigne à eux dans les projets de Vallel. Je me sentis revivre à nouveau, l’espoir en moi se ravivait. En femme intelligente, elle lui promit que je serais puni si jamais nous venions à échouer. Elle le pria même en joignant ses mains de répondre positivement à sa requête. Je ne pouvais être autrement que reconnaissant envers cette femme que je ne reconnaissais pas. Mon attention se tourna vers l’autre qui adoptait un comportement provocateur envers Akihito, proférant des menaces envers Yliria. Autant la première avait été douce à mon égard que celle-ci était d’une méchanceté surprenante.

(Deux Silmerias… deux âmes partageant le même corps ! )

Je venais de comprendre, ou du moins le pensai-je, le comportement étrange de cette femme. Elle était habité par deux âmes et c’était sûrement la deuxième qui m’avait affligé cet horrible cauchemar.

Akihito rappela qu’il faisait confiance à Yliria, qu’il se rappelait qu’elle avait pu ressusciter toutes les bêtes décédées et qu’elle saurait sûrement répéter son exploit. Il semblait préférer attendre encore au lieu de risquer un voyage sans retour.

Je saluai sincèrement Akouba, tout en faisant une révérence. Et je me dirigeai hors de cette salle. En chemin vers la grotte des trois cristaux, je rejoins la gentille Silmeria, celle qui avait volé à mon secours.

« Je vous suis très reconnaissant. Je vous remercie d’avoir plaidé en ma faveur. »

Après ces paroles sincère, j’entrai là où nous attendait Vallel.

((( Mathis sort de la salle des cristaux, remercie Silmeria, entre dans la grotte des 3 cristaux, là où se trouve Vallel)))

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Silmeria
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Re: Savane Tanathéenne

Message par Silmeria » sam. 29 avr. 2023 04:28

" Seigneur Vallel, certains aventuriers se sont dispersés pour diverses tâches. Ceci dit, ma Jumelle et moi même sommes disposées à vous assister. "
Avais-je clamé en voyant le fantôme du Seigneur Vallel, il s'entretenait déjà avec Mathis mais j'étais arrivée entre deux conversations et n'avais rien perçu.

"J'avoue être plutôt impatient, après tout ce temps. Mais si vous m'assurez leur présence, j'imagine que je peux bien attendre un peu."

Il fallait comprendre, ça devait faire si longtemps que Vallel attendait patiemment ici que quelqu'un vienne discuter avec lui, il devait vraiment avoir hâte de pouvoir mettre ses sorts en avant et de nous aider ! J'avais très envie de lui porter assistance mais j'étais vraiment déçue de ne pas voir autant d'impatience chez les autres.


" Je resterai ici avec le Seigneur Vallel. " dis-je d'une voix guillerette à Mathis avant de me tenir aux côtés du fantôme toute contente. Hrist quant à elle, reste observer Mathis en silence, j'espère vraiment qu'elle ne dira rien de méchant. Mathis semble encore perturbé de sa mort et je sais à quel point ma jumelle est capable de trouver avec précision les mots qui font mal.

" Quelque chose ne va pas, Mathis ? " Mais il ne me répondit pas, du moins il adressa sa réponse à Vallel, je trouvais ça tout de même grossier, mais c'était compréhensible, après tout, mourir c'est quand même rare, j'étais la plus expérimentée en la matière mais il faut quand même reconnaître que toutes ces fois sont quand même très différente. Quand même. Quand même. Mais j'y pense ! Vallel est ici depuis des lustres et il aurait bien eu besoin d'un petit rafraîchissement quant aux nouvelles de Yuimen, même si c'est un des Treize et que ce ne sont pas des nouvelles très reluisantes...

" Seigneur. Lors de la bataille de Kochii, qui opposait Oaxaca et le Royaume de Kendra Kar et ses alliés, nous avons fait tomber le Roi derrière ses lignes au cours des premières minutes. Malheureusement le coup porté au moral des hommes n'a pas été assez fort pour les pousser à la retraite. Au cours de la bataille, Oaxaca a usé de la magie du Dragon et aspira la vie de bien des âmes. Karsinar, Crean, Cromast se sont alors retournés contre Oaxaca qui semblait avoir perdu la raison. L'armée régulière a préféré cesser les hostilités, vous connaissez l'honneur des Garzoks. Il n'etait plus question d'un affrontement à la force de son courage et de ses bras. Xenair et Peraillon aussi ont fini par se retourner contre elle. Lorsqu'elle fut arrêtée, tous se sont séparés. La ville est aux mains de Crean désormais. Mais Oranan est toujours libre. "


" Tu oublies l'essentiel. L'armée de Brytha venue affronter Oaxaca. La Déesse et le Dragon se sont affrontés et nous avons récupéré un morceau de dent de la bête avant que Brytha ne puisse disparaître avec lui laissant derrière elle une... flaque argentée semblable à de l'argent en fusion. Ma Faera m'a plus tard alerté d'une perturbation dans le monde, à Oranan, sa milice précisément qui aurait implosé. Je suis venue enquêter avec ma jumelle jusqu'à ce que cet homme ici présent n'emploie une magie hasardeuse qui nous plongea tous dans la tombe. " Hrist avait été plutôt correcte, son ton était sec comme un petit matin glacé d'hiver mais elle n'avait pas débordé dans la méchanceté ou quoique ce soit, j'étais grandement rassurée. Vallel nous informa que la présence de la Déesse des brumes était liée à un homme du nom de Naral Sham, qu'il - et c'était là quelque chose de troublant qui attira l'attention de Hrist - pouvait se changer en Gragon. C'était fou ça tout de même ! Cette capacité de pouvoir devenir une créature si majestueuse et si dangereuse à la fois. Je me demande ce que je ferai si je pouvais me transformer en Gragon. Oh, probablement de mauvaises choses si c'est Hrist qui s'en charge.

" Naral ? Un être capable de se changer en Dragon comme Cromast, le Seigneur des Ombres ? Vous dites qu'il est irrémédiablement lié à ceci ou qu'il l'est " peut-être " ? On a rencontré le Dragon il y a peu et n'avons encore personne pour nous renseigner à son sujet. ''

" De toutes façons, ces allégeances c'est de l'histoire ancienne. Maintenant il faut songer à revenir à l'aide de vos pouvoirs, nous sommes toutes deux présentes pour vous assister mais... Xël se montrera sans doute hostile à vous Seigneur. Je pourrais le convaincre de ne pas tenter de s'en prendre à vous, il me faudrait bien sûr mes pouvoirs pour gérer un mage tel que lui. En l'état, je ne pourrais pas tenir tête à beaucoup de monde. "

Et oui, Xël avait quand même raconté qu'il avait tué Vallel en faisant s'effondrer une tour sur lui. C'était un peu difficile de l'imaginer, lui qui a l'air si gentil et aimable, il n'a pas la face d'un brigand ou d'un homme capable de tuer, au contraire, il a des joues roses et jouflue et un visage encore poupon. Comme quoi, le monde ne cesse jamais de me surprendre.

"Je n'ai guère plus d'informations à vous donner sur ce Dragon noir que je ne l'ai fait. Quant à Naral Shaam, il a été révélé qu'il était l'envoyé de Brytha en ce monde : elle préparait sans doute quelque chose. Mais quoi ? Nul n'a cherché à y répondre. Pour vos pouvoirs, il suffira de retrouver votre corps. J'y glisserai votre âme. Vos âmes."


Une interrogation me vint, je l'exprimais à voix haute. Et si jamais ils avaient décidé de nous incinérer, comme je l'avais souvent vu pour les victimes de bataille, les valeureux guerriers étaient allongés sur un grand bûcher et prenaient feu lors d'une cérémonie émouvante tandis que des centaines d'autres étaient charriés et entassés dans des fosses communes, je trouvais ça étrange, à quel point était-il important de célébrer sa mort ? Est-ce que les gens qui croupissent dans des fosses communes sont plus tristes d'être morts que ceux qui partent en fumée ? Je trouve ça curieux, j'aimerai bien rester pour poser la question à quelqu'un qui saurait me répondre, mais malheureusement ça ne sera pas pour tout de suite - je l'espère -.


"D'autres corps seraient possibles, bien sûr. Mais je gage que les vôtres étaient puissants. Et bien équipés. Il serait dommage pour vous de perdre cet avantage, face à l'ennemi que vous prévoyez de combattre. Et nous pourrons commencer lorsque vos pairs seront prêts à le faire : certains ont dit qu'ils viendraient, quant aux autres vous me disiez tous deux vouloir les convaincre. Allez-y, dès lors."

" Tout de suite, Seigneur Vallel. "


Vers Mathis, je dis d'une petite voix timide, en espérant qu'il ne m'ignore pas cette fois-ci. " Nous ne devrions pas attendre trop longtemps, si ça se trouve la notion du temps est biaisée et une heure ici équivaut à des jours sur Alieanon. Il serait sage de commencer sans attendre, ne crois-tu pas ? Je vais chercher Akihito et Dracaena, il me semble que Jorus est resté avec Akouba. Veux tu bien t'en charger ? "

J'avais jugé trop tôt, il ne m'ignorait pas, ça devait être mon imagination. Après tout, mourir c'est un exercice éprouvant même quand on sait comment ça se passe. Je m'étais peut-être surestimée en pensant que ça ne m'affectait pas plus que ça. Je devais être un peu sur les nerfs, j'espère qu'il ne s'en est pas rendu compte. Je m'en voudrais qu'il pense que j'ai pensé qu'il ne voulait pas me parler. C'est ainsi que je partais en expédition pour trouver nos compagnons de voyage. Il n'étaient pas bien loin en fin de compte, j'avais avancé pendant quelques secondes avant de les trouver, Akihito et Dracaena avaient accepté de danser ensemble, ils se tenaient dans les bras et avaient l'air parfaitement en phase tous les deux. J'étais satisfaite de les voir accepter cet amour, bien que curieux, un homme et un Oudio, je n'avais jamais vu ça de ma vie. Mais c'était un amour triste, Drac semblait être un mâle dans son ethnie et Akihito l'était aussi. Jamais ils ne pourraient porter le fruit de cet amour interdit, j'étais un peu triste pour eux mais quelque part je me disais que Yliria ne serait pas jalouse. Si ça se trouve ils pourraient s'aimer tous les trois jusqu'à la fin de leurs courtes vies. Mais ça vit combien de temps un Oudio ?


" Ils sont là ! " Piallais-je !

" On va commencer avec le Seigneur Vallel. Vous venez ? On a pas trop de temps à perdre, si ca se trouve le temps passe plus vite en surface. "

J'espérais me donner tort, je serai triste de savoir que des semaines s'étaient écoulées et que Cèles s'était retrouvée coincée dans un corps de chair destiné à moisir aux quatre vents, ma petite boule de fluide valait mieux que ça.


"Vallel prétend pouvoir nous ramener à la vie, en nous utilisant comme... combustibles car il a besoin de notre potentiel magique pour ressusciter. Du gagnant, gagnant. Il revient à la vie en ayant besoin de notre force, et nous avec car il serait le seul moyen de sortir d'ici... Silmeria, faire confiance à Vallel ne me plaît pas trop... Le faire ressusciter me semble pas une bonne idée, et il n'a pas l'air pressé de... de s'étendre sur ce que ca va nous coûter de l'aider... Je suis sûr qu'en ce moment même, Yli et Xël essayent de faire leur possible pour nous ramener à la vie... Yliria l'a déjà prouvé, elle est capable de ramener des créatures... mortes des dizaines d'années auparavant à la vie. Et je... je lui fait plus confiance qu'à Vallel... définitivement."

Akihito était assez prudent, je devais bien le reconnaître, mais il ne devrait pas se comparer à ces vilaines créatures que Yliria avait ramené à la vie, je sais qu'il a une faible estime de lui même, mais il était tout de même plus gros que ces horribles lézards fous qui courraient partout après leur résurrection. Et si ça se trouve on avait causé la fin de tout un écosystème en rappelant à la vie des prédateurs de l'ancien temps qui ravageaient paisiblement la faune et la flore. Akihito était un assez gros mammifère et il faudrait toute la concentration de la Shaakte pour y parvenir, ça allait grandement la fatiguer, alors qu'une âme c'était plus léger, on était lavé de tout, de nos vies passées, de nos crimes, c'était beau de mourir, c'était comme prendre un bain mais c'est juste que ça rend les gens qui nous aime un peu triste. Mais ils oublient ! Oh.. Parfois non. Yliria allait m'oublier, c'était sûr. Mais elle n'allait pas oublier Akihito, et ça c'était triste. Peut-être qu'elle pleurait, et ça aussi c'était triste. J'espère que Xël avait su la consoler. Si ça se trouve ils se rendraient compte que tous les deux ensemble ils pourraient chasser cette tristesse par un baiser, et qu'ils le feraient devant nos corps morts. Je ne savais pas si c'était beau ou romantique, mais je trouvais ça étrange, le monde dans lequel on vit. Voir la mort de près ça fait aimer, c'est sûr. C'est pour ça que les soldats sont content de retrouver leur femme quand ils rentrent de mission. Ou que Von Klaash était toujours content d'aller dans la Taverne des Trois Chtouilles quand il allait voir ses dames préférées. Il revenait toujours content et le coeur léger.

Si ça se trouve, Xël et Yliria s'étaient découvert un amour fou, inconditionnel car leur coeurs auraient préféré s'aimer plutôt que de pleurer des morts. Peut-être qu'ils auraient pleins d'enfants et qu'ils les appeleraient tous par nos noms. Et même que s'il est assez manuel, il pourrait tailler des jouets en bois dans la dépouille de Dracaena comme ça d'une certaine façon, on serait toujours ensemble, comme l'équipe que malheureusement nous avons pas su être.

Oh. C'est quand même triste.

On s'aime mieux quand on est mort. Je pense que même Yliria qui ne m'aime pas trop je crois ne doit pas avoir beaucoup de colère envers moi maintenant qu'elle peut me voir morte. C'est à la fois beau et triste. La mort c'est quand même compliqué quand ça fait pleurer des gens qui ne voulaient pas le faire. J'espère que si on échoue ils vivront heureux pour toujours.

Mathis arriva dans la pièce escorté par un grand spectre armé d'une lance, il semblait être retenu pour avoir fait une bêtise, je ne sais pas trop comment il a fait pour se faire gronder de la sorte, surtout que ce fantôme n'a pas l'air commode, mais je voulais quand même l'aider. J'avançais vers lui, laissant Akihito avec Hrist en espérant qu'elle ne soit pas trop dure avec lui, elle est souvent contrariée quand on est pas d'accord avec elle.

" Maître Akouba, excusez mon compagnon. Il n'est pas mauvais homme et n'est pas animé de mauvaises intentions. Acceptez qu'il se joigne à nous dans cette entreprise avec Vallel. Si nous venions à échouer, il en serait punis et si contre votre attente nous sommes couronnés de succès, vous n'aurez plus à vous soucier de nous. Acceptez je vous en prie, je vous le demande humble et repentante. " Je joignais les mains pour montrer toute ma dévotion à cette supplique, il ne fallait pas qu'il soit retenu ici quand Vallel nous ramènera à la vie, je m'en voudrais que parmi tous ceux qui pourront se lever de nouveau, il en reste un inanimé.

" Tu comptes donc rester là à sagement attendre qu'on fasse le travail pour nous ? Vallel n'a pas plus de raison de te faire confiance. Mais si tu préfères que je tente avec Silmeria de rentrer sans vous, soit. Quelle fleurs sur ta tombe ? Un petit mot doux à prononcer à l'oreille de ta charmante Shaakte ? Ooooh, tu ne sera peut-être plus là pour la protéger ? Ce monde est si dangereux, peut-être vous reverrez-vous plus vite que tu ne le crois. " J'entendais Hrist qui ne ménageait pas spécialement Akihito, intérieurement, je soupirais. Elle prenait tout ce qui était vil et mesquin, allant de la provocation à la menace comme le ferait un écureuil trop mignon qui saute de branche en branche. Sauf que celui-ci avait la grâce d'un herpès.


"Exactement, Hirst. Parce que je fais confiance à quelque chose qui a marché par le passé, à une magie qui est capable de tout. Est ce que tu es à une journée près ? Nous pouvons... attendre... avant de tenter un possible voyage sans retour..."

Mais c'était quand même dangereux. Si cette magie elle les tuait comme elle nous avait emporté dans la tombe ? Qui resterait pour nous aider ? Falafel ? Certainement pas, il devait brouter bien loin de ces terres froides et arides.

Hrist ne répondit rien, je crois qu'elle avait levé les yeux en l'air comme elle le fait d'ordinaire quand elle est pas contente et qu'elle juge que c'est inutile de raisonner la personne avec qui elle parle. C'est quand même compliqué de parler avec elle.

Mathis quant à lui avait été libéré par Akajou et exprimait sa gratitude. J'étais contente qu'il soit content. C'était bien la moindre des choses après tout.

" C'est normal voyons. Et puis je suis sûre que tu aurais fait pareil pour moi. Allez ! Il faut qu'on y aille. Vallel est bien gentil de nous aider mais il n'a pas l'air patient. " Elle gambadait joyeusement en direction de l'endroit où se trouvait Vallel.

" Merci de votre hospitalité Maître Akabou !... Kouba."






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Direction Vallel-Express
La petite plume de la Mort.

Alors, j'ai établi ma couche dans les charniers,
Au milieu des cercueils,
Où la Mort Noire tient le registre des trophées qu'elle a conquis.


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Re: Savane Tanathéenne

Message par Cromax » sam. 29 avr. 2023 15:08

Cauchemar en Aliaénon : Jesuir III




« Vous faites une erreur. » sanctionna Akouba comme phrase d’adieu à ceux qui s’en allaient rejoindre Vallel.

Ejude prit peu cas de ce départ, tout dédié à Dracaena. Il répondit à sa question.

« Ils vivent ! Comment dire. Ils sont conscients, et s’ils ne peuvent se mouvoir avec votre aisance, ils ont leur propre volonté, leurs aspirations. Et leur protecteur absolu, notre esprit gardien : Iso Karhu. Notre Dieu. Les arbres de Jollarsyth se meuvent lentement, imperceptiblement, n’ont pas de voix propre comme vous, mais savent se défendre. »

Les autres s’en étaient allés vers Vallel, qui avait dénombré d’un aperçu les âmes courageuses ou inconscientes qui l’accompagneraient. Il ne laissa aucun moment passer : sitôt furent-ils là qu’il s’en alla vers la sortie, laissant qui veut le suivre. Il entreprit de grimper un long et large couloir rocheux qui gravissait vers la surface. À un moment, une brume envahit les couloirs, et ils surent qu’ils étaient proches de la sortie.

Ils arrivèrent dans un monde sans vie. Totalement noir et blanc, pétri d’un brouillard épais. La plaine était vaste et des ombres d’arbres morts apparaissaient comme des spectres sombres autour d’eux. Sol, cieux, tout n’était que brume ici. Une brume intense, malsaine au « contact », même s’ils ne pouvaient bien sûr la toucher. Comme si elle était elle-même composées d’âmes fondues les unes dans les autres. D’esprits en détresse éternelle. Vallel trancha :

« Suivez-moi. Ne vous perdez pas dans la brume. »

Il les mena pendant un temps qu’ils ne parvinrent pas à cerner mais qui leur parut une éternité jusqu’à un endroit singulier. Une structure étrange se dressait, haute comme trois hommes, pyramidale avec un trou béant en son centre. Par-dessus flottait des boules dont ils ne surent dire si elles étaient solides ou non.




Image




« Là ! La pyramide de ma vision. Notre moyen de sortie. »

Il s’en approcha, sans la toucher pour autant, et explicita :

« Elle est le cœur de la puissance de la Brume. Ce qui la crée et la maintient ici. Sans elle, les âmes seront de nouveau libérées dans le monde, et aptes à intégrer les corps des vivants grâce à ma puissance. Et voici le but de notre venue : sa destruction. Avec votre accord, je vais utiliser vos esprits pour les insérer dans sa structure comme s’il s’agissait d’un être vivant. De l’intérieur, vous devrez l’annihiler. Plus nombreux vous serez, plus grandes seront vos chances de réussites. Alors, qui en est ? »

La question sonnait comme un glas.



[HJ : Drac et Aki, vous pouvez poursuivre la conversation dans "Jesuir" sur le discord.
Les autres, vous pouvez répondre dans "Savane thanathéenne" sur le discord. Dans les deux cas, ce sont des tours classiques au sein desquels je peux intervenir en "entrefilets".]








[XP :
Akihito : 0,5 (aparté avec Dracou), 0,5 (errance et blabla)
Jorus : 0,5 (aparté)
Dracaena : 0,5 (aparté avec Aki), 0,5 (errance et blabla)
Mathis : 0,5 (papotage avec Vallel), 0,5 (tentatives)
Silmeria : 0,5 (papotage avec Vallel), 0,5 (autres)]



[Jeu des mots :
Akihito : 10 points.
Jorus : 10 points. (Brimborion déjà utilisé par le passé)]

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Re: Savane Tanathéenne

Message par Mathis » mer. 3 mai 2023 03:39

Au moment où je quittais la salle aux innombrables cristaux, j’entendis Akouba nous dire que nous faisions erreur. Je le pensais sincère, mais pour ma part, la plus grande erreur que je pouvais faire était d’accepter mon sort et ne rien faire pour retrouver ma vie.

D’une voix aimable, la bonne Silmeria, répondit que son geste était des plus normal et qu’elle était persuadée que j’aurais fait de même pour elle. Je ne répondis point et me contentai de lui sourire.

(Je n’en étais pas si certain.)

Avant l’événement du cauchemar, je n’aurais certes pas hésité à lui venir en aide, mais depuis, je peinais à endurer sa présence dans la même pièce que moi… jusqu’à présent. Puisque je venais tout juste de comprendre la dualité de sa personnalité et que j’appréciais l’une d’entre elles.

Lorsque nous fîmes les premiers pas dans la salle des cristaux, Vallel se dirigea tout de suite vers le sombre corridor qui nous menait à la sortie, nous enjoignant de le suivre. Sans un mot, nous longeâmes le long et large corridor qui présentait une pente ascendante vers la sortie. Muni de mon corps, j’aurais sûrement ressenti une certaine raideur à mes mollets, ce qui ne fut naturellement pas le cas. Curieusement, je ne me réjouis pas de ce fait. Mon corps me manquait et j’avais hâte de le retrouver même si ça pouvait inclure, les courbatures, les douleurs et les blessures. Dans les derniers mètres de la surface, une brume s’infiltra dans le passage rocheux. La surface de la savane se présentait comme un espace plat sans verdures, sans animaux, pas le moindre insecte. Un brouillard épais envahissait les lieux à tel point qu’on ne pouvait distinguer ou finissait le sol et où commençait le ciel. Je pouvais observer çà et là, les ombres de quelques arbres morts.

D’un ton ferme, Vallel nous sortit de nos réflexions, nous sommant de le suivre. Nous marchâmes dans la brume, un certain temps que je ne saurais estimer avant d’arriver devant une structure en forme de pyramide, creusée en son centre comme le dragon noir l’avait fait au titan, et surmontée par plusieurs sphères de tailles différentes flottant au-dessus.

Nous nous arrêtâmes alors et Vallel nous annonça qu’il s’agissait de la pyramide de la vision. S’en approchant, il nous expliqua que la brume existait grâce à elle. La pyramide détruite, les âmes seraient de nouveau libérées sur Aliaénon et pourraient intégrer les corps des vivants. Notre mission, si toutefois nous l’acceptions, consistait à détruire la pyramide. Une fois que nous l’aurions autorisé, il utiliserait nos esprits pour les faire pénétrer dans la structure, comme s’il nous insérait dans un corps vivant. C’était de l’intérieur que nous devrions la détruire. Évidemment, nous avions plus de chance d’y arriver en grand nombre.

(Est-ce qu’à nous quatre, cela suffira ?)

La bonne Silmeria s’avança rapidement, annonçant qu’elle était prête. Sa jumelle la suivit en silence, se contentant d’un signe de la tête.
Jorus s’insurgea immédiatement, refusant net. Il était contre l’idée de supprimer la brume et de libérer les morts. Alors que je n’y avais pas pensé, il interrogea Vallel de l’origine de sa vision.

Pour ma part, je ne voyais pas d’un mauvais œil la libération des âmes ni la destruction de la brume. Je ne voyais pas pourquoi les âmes devaient se terrer dans des cristaux pour l’éternité.

J'observai d'abord la pyramide sans rien dire, tout en écoutant les commentaires de mes compagnons avant de partager mes réflexions.

« Je ne suis pas contre le fait de libérer les âmes de Jesuir. Cette cité n'est qu'une prison donc Akouba est le geôlier. Ce qui me dérange dans votre plan... c'est lorsque vous dites que les âmes seront aptes à intégrer le corps des vivants. »

Je m'arrêtai un instant, observant encore la pyramide et les sphères qui la surplombaient, et je rajoutai.

« Avant que j'accepte, vous devrez m'assurer que les âmes libérées n'intègrent pas le corps des êtres qui sont encore vivants. »
Je ne voulais surtout pas que par notre faute, des corps soient violés et des âmes écrasées.

Ce fut avec un sourire que Vallel répondit à Jorus. L’un des trois cristaux portait le reflet de l’avatar thanathéen du Sans-visage. A ce que j’ai cru comprendre, cela signifiait que le reflet lui aurait partagé pouvoirs et connaissances. Ce serait ce reflet qui lui aurait expliqué comment échapper à l’emprisonnement éternel. Puis se tournant vers moi, il m’expliqua qu’avant le réveil des titans, les âmes d’Aliaénon étaient libres d’errer partout sur leur monde. Les plus forts, si dotés de pouvoirs et d’une forte volonté, pouvaient s’insérer dans l’esprit des vivants. Ce fut son cas et celui de quelques yuimeniens. Il ne pouvait me garantir que les corps contenant déjà une âme ne se fassent envahir.

Redoutant sans doute que moi et Jorus ne changions d'idée, Silmeria nous rappellera qu’il était un peu tard pour faire volte face, une fois dans la brume sans possibilité de retour. Elle rajouta qu’à quatre, nos chances de mener la mission à bien étaient meilleure qu’à deux.
Je regardai Silmeria, sa jumelle, Jorus et enfin Vallel. J'avais encore d'autres questions.

« Nous quatre, nous avons trois corps qui nous attendent... mais qu'en est-il de vous ? »

Me doutant qu'il refuserait de répondre, j'enchainai:

« Une fois à l'intérieur de cette pyramide, que devrons-nous faire pour la détruire ? Y rester enfermé pour l'éternité revient à la même chose qu'ici... pour l'éternité, en moins d'espace... »

Je m'arrêtai soudainement, croyant avoir tout compris.

« Oh, je pense avoir saisi. Vous dites qu'une fois à l'intérieur, c'est comme si la pyramide était un être vivant... donc, nous serons à nouveau en possession de notre magie, et grâce à cette magie, nous pourrons libérer les âmes... et ensuite nous serons libres de nous rendre ou nous voulons et réintégrer nos propres corps... Est-ce bien ça votre plan ? »

Je me tournai vers Jorus, surpris. Voilà qu’après avoir annoncé à Akouba qu’il s’en allait retrouver Vallel, après avoir quitté le lieu de « repos éternel » après avoir traversé la brume, là seulement, il accusait Vallel. J'étais conscient que Vallel n’était pas un homme sans tache, loin de là. Mais en ce qui nous concernait, moi et mes compagnons, ainsi que Aliaénon, c’était, comme il l’avait si bien dit, notre seule solution.

(Pourquoi est-il encore dans le passé ?)


À mes questions tournées vers l’avenir, Vallel me répond. Il y aurait beaucoup de corps prêt à accueillir des âmes... Mais il n’était pas certain que nos corps avaient survécu à notre décomposition. Il nous conseilla d’en trouver de nouveau, et pour cela écraser un esprit faible. Je ne pensais pas… ou plutôt je savais que cela me serait impossible. Et ce n’était pas une pensée en l’air, je le savais d’expérience. J’avais la faculté d’entrer dans le corps de Praline, et jamais je n’avais osé écraser son esprit, je le respectais et je n’accèdais au contrôle que de brefs moments et avec son accord. En contrepartie, je la nourrissais et m’en occupais bien. Entrer dans un corps où une âme y habite déjà, ce ne serait pas un vol. Je n’avais aucun scrupule à voler. Ce serait plutôt un viol, et ça c’était exclu. Il me dit alors avoir une autre proposition à faire, mais tout en lui étant redevable par la suite. En ce qui concernait la pyramide, mes déductions s’avéraient vraies.

Après avoir insulté Jorus, il expliqua que libérer les âmes ne les obligeait pas à partir, mais les laissait choisir.
L'idée de me retrouver dans un corps qui n’était pas le mien m'arracha une grimace de déception.

« J'ai toujours espoir que nos compagnons survivants font tout pour nous réanimer... Mais j'aime bien connaitre toutes les opportunités qui s'offrent à nous. Donc, dites-moi ce qu'est cette proposition et cette conséquence afin que je fasse un choix éclairé. »


J’ignorai les sarcasmes de Jorus et l’impatience de Silmeria, me concentrant sur les réponses de Vallel. Il m’informa qu’une fois mon âme dans les savanes tanathéennes, il n’était plus possible d’en ressortir, même si mes compagnons faisaient des tentatives de nous ramener, la brume nous tenait à l’écart. Son offre était simple, me proposer un corps vide de toute conscience. Un corps vide contre une faveur. Et si je voulais faire le difficile, alors la faveur serait plus importante.

Considérant qu’il avait suffisamment perdu de temps, il tendit ses mains vers la pyramide faisant tourner les sphères en plus en plus vites. Puis un portail se forma.

Sans perdre une seconde supplémentaire, les Silmeria y pénétrèrent. Je les regardai traverser, puis je jetai un dernier coup d'oeil à Jorus.

« Allez Jorus, je pense qu'on a pas d'autres solutions...tentons l'impossible... »

Puis à Vallel

« Je vais décliner votre offre pour le corps, je vais tenter de récupérer le mien. »

Cela dit, je pris une grande respiration (enfin, je fis comme si j'en prenais une) et je franchis le portail à la suite des deux Silmerias.
Modifié en dernier par Mathis le mer. 10 mai 2023 01:07, modifié 2 fois.

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Akihito
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Re: Savane Tanathéenne

Message par Akihito » ven. 5 mai 2023 11:37

Dans le chapitre précédent...

Evénement : Cauchemar en Aliaénon.

29 : Le destin des âmes.

Le malheureux Dracaena semblait avoir pris toute la détresse d’Akihito, se renfermant à son tour dans une crise existentielle. Bien qu’il ne soit aucunement sûr de sa responsabilité dans l’état de l’Oudio, le mage se sentait quelque part coupable de son état.

« Je...je n'sais pas... Prendre ce risque...perdre encore plus... Attendre...Et accepter... T....Tout à l'air d'indiquer qu'leur plan est foireux... Mais si ça marche...Si ça marche... Mais c'est foireux... Je...J'ai vu plein d'gens mourir Akihito... Plein. Jamais personne est r'venu. Et pourtant j'en ai vu essayer... J'ai...J'ai peur...peur de croire à un truc qui peut pas s'faire... Peur de croire à un truc qui a pas d'sens, qui sert à rien, qui… »

Puis il plongea dans une catatonie, figé. Pour avoir traversé cette même phase juste avant, l’enchanteur ne chercha pas à le tirer de cet état. Pas maintenant, il avait besoin de temps pour lui. Il ne pouvait que lui dire qu’il le comprenait, qu’il avait vu tant de choses, lui aussi…

« Moi aussi j'en ai vu, des morts. Des milliers. Des centaines de milliers. Balayés par le Dragon Noir, en une poignée de secondes. Je veux pas... je veux pas que ça recommence ici aussi. »

Il avait fermé les yeux en disant ça, mais les dizaines de visages terrifiés au-delà de tout alors qu’on arrachait leur âme réapparurent devant lui. Parmi eux… Celui de celle qu’il avait aimé. Rouvrant les yeux, il va soupira, mélancolique : avoir accepté tout ce qui s’était passé durant la bataille de Kochii était une chose, pouvoir y penser sans être affecté en était une autre…

« J'ai la trouille moi aussi. Imaginer de nouveau la chaleur, le poids sur ma peau... mais ça ne servira pas à rien, non… »

Du mieux qu’il put, il essaya de repousser la terreur qui se tapissait toujours au fond de lui. Comme avec Vallel. Focaliser son attention sur le moment présent, sur d’autres choses… Et pour commencer arrêter de toucher ce fichu sol. Sans la moindre impulsion, Akihito ramena ses jambes sous ses fesses et se mit à flotter dans les airs, mais dans la position qu’il aurait eue s’il était assis à même le sol. Akouba, en face de lui, secouait toujours la tête de dépit quand au départ des autres esprits, partis rejoindre Vallel. Il n’était pas sûr pour Mathis, et pas du tout pour Silmeria, mais il savait qu’au moins Jorus partageait son point de vue. Il allait aider l’ex membre des Treize non pas par connivence mais parce qu’à défaut de pouvoir les empêcher de nuire sous forme spectral, il pourrait le faire avec son corps de chair si la résurrection réussissait.

« Faire confiance à Vallel c'est bancal, oui... mais on peut rien faire pour les empêcher de le faire. Tout ce qu'il nous reste... c'est essayer de limiter la casse. Les autres vous ont sans doute appris ce qu'était exactement le dragon noir, j'imagine, lança Akihito à Akouba.

- Non. Ou trop peu. Ils avaient beaucoup de questions, mais n'ont donné que peu d'informations.

- Ça m'aurait étonné... »

A quoi bon avait servi tout son laïus sur l’importance de partager des informations, les mettre en commun, pour faire un choix éclairé ? Certes, il n’avait pas non plus été d’un grand partage d’informations, mais encore aurait-il fallut qu’il soit en état de le faire…

« Je vais commencer par ce qui tient de la légende. Probablement vraie, en partie. Yuimen est régie par des dieux élémentaires, composés de fluides, la base de notre magie. L'un d'eux, Phaïtos, est un dieu qui est non seulement composé de fluides d'obscurité mais est aussi celui en charge des Enfers, de la vie après la mort. Un peu comme vous.
Pour une raison que j'ignore, il a un jour décidé de créer le Dragon Noir, une entité dévoreuse d'âmes. Mais si puissante qu'il a fini par échapper à son créateur et que, selon certaines légendes, plusieurs dieux ont dû unir leurs forces pour ne serait-ce que le sceller. C'était il y a des millénaires.
Il y a 13 ans, le Dragon Noir a été libéré. Je vous passe les détails de comment et pourquoi, mais toujours est-il qu'il y a quelques mois, une bataille décisive à eu lieu sur Yuimen, avec le Dragon Noir dedans. J'ai... j'ai... entendu de mes propres oreilles la mélopée funèbres qu'il a entonnée. Et j'ai vu... des milliers et des milliers de personnes s'effondrer. Fauchées. Ils n'étaient pas seulement... morts... leurs âmes avaient été détruites. Dévorées par le Dragon Noir. »


L’Ynorien s’arrêta de parler, pour laisser un temps à son cœur pour qu’il arrête de tambouriner dans sa poitrine.

(Du… Du calme…)

« A l'issu de la bataille, la déesse Brytha a… disparue en emportant le Dragon avec elle. Dans un autre monde... qui s'est avéré être Aliaénon, mais nous ne le savions pas. Et nous voilà, appelés car des phénomènes étranges sont apparus en Aliaénon. Le Titan de Magie a été tué, et un autre Titan également sous nos yeux. La même blessure, le même trou béant dans leur poitrine, creusé par un unique souffle du Dragon Noir. Il est encore plus monstrueux, plus fort qu'avant. Il a essayé de se nourrir de l'âme du deuxième Titan, mais par miracle nous avons pu l'en empêcher. Et maintenant... maintenant, on apprend qu'il est dans la Brume autour de cette Savane. Qui contient des milliers d'âmes, finit-il en regardant le maître des lieux avec gravité. Ici, ça ne peut être qu'un gigantesque buffet pour le Dragon Noir. »

Akouba n’avait rien dit, pas plus que ses deux gardes lanciers. Malgré son masque, Akihito pouvait sans mal déceler son trouble : il n’était visiblement pas au courant de tout ça… Et en dépit du pragmatisme froid dont il fit preuve, il était peu ravi de la nouvelle.

« Cela va peut-être vous paraitre horrible, mais j'espère que la masse des âmes errant dans la brume lui suffira, et masquera à sa conscience l'existence de Jesuir. Ce que vous venez de décrire est un fléau majeur, et si notre soutien est limité, sachez que contre un tel monstre, nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour vous aider.

« Si la moitié de ce qu'on dit à son sujet est vrai, vous servirez à peine d'hors d'œuvre. Et de ce que j'ai vu de mes yeux... Il bouffe des Titans, merde ! Je ne serais qu'à moitié horrifié s'il absorbait une partie de la puissance des âmes qu'il dévore... »

Brytha, le Titan de Magie, et Valyus savait quoi ou qui d’autre... Akihito ignorait la puissance de la Brume, mais il ne faisait pas grand cas de sa résistance si le dévoreur d’âmes se mettait bille en tête de la traverser.

« Il y a sans doute des lois, des tabous ici qui vous interdisent de nous laisser sortir... mais si le Shinigami vient faire ribote des âmes ici, elles n'auront plus aucun sens... Si vous voulez nous aider, il faut nous donner un moyen de retrouver nos corps : nous faciliter un passage à travers la Brume, nous parler d'une façon de revenir parmi les vivants, n'importe quoi. Sans nos pouvoirs, nous ne servons à rien.

- Vous ne me croyez vraiment pas de bonne volonté, n'est-ce pas ? Il n'y a à ma connaissance aucune manière de revenir parmi les vivants une fois vos âmes ici ou dans la brume. S'il y avait des pistes je vous les aurais données.

- ...Les lances, finit par marmonner Dracaena, sortant de son mutisme. Celle...des gardes. Est ce qu’elles nous atteignent parce que maniée par des Ol'Toga ou est ce qu'elles sont faites d'une matière qui atteint les âmes, quelles qu'elles soient ? »

Akihito ne savait pas vraiment où voulait en venir l’Oudio, mais il comprit qu’on avait dû trop poser la question à Akouba sur la résurrection, et qu’en plus il avait mal interprété sa question. Par contre, il sembla comprendre le sens de celle de Dracaena.

« Ce n'est pas une "matière" à proprement parler. C'est le pouvoir des Ol'Toga condensé sous la forme d'une arme. Comme je le disais, elles sont plus dissuasives que réellement usitées. C'est un symbole de répression plus qu'une arme. Et je crains ne pouvoir vous enseigner ce pouvoir assez rapidement pour que vous puissiez vous en servir contre ce dragon dont on ne sait même pas s'il est vivant ou mort.

- Je vous crois de bonne volonté mais avant que je vous informe de la dangerosité du Dragon, nous n'étions que des âmes parmi d'autres. S'il existait un moyen de revenir à la vie, vous n'aviez pas de raison d'accéder à notre requête et de briser une potentielle règle séculaire,
précisa l’Ynorien avant de pousser un nouveau soupir, visiblement très déçu. Et vous, vous pouvez la traverser, cette brume ? Vous seriez d'une quelconque aide, avez accès à une magie utile ? Vous ou les vôtres ? Si vous nous proposer votre aide, même limitée, c'est que vous avez des moyens d'agir sur le monde des vivants.

- Vous n'étiez avec nous quand ça s’est passé m'sieur Akihito, mais m'sieur Akouba a déjà pas mal répété qu'il ne pouvait rien faire pour nous aider sur le plan résurrection bien malgré lui. Et j'pense que quand il propose son aide ça concerne plus l'monde des morts et des âmes plutôt qu'celui des vivants. Et c'est déjà beaucoup. Donc pour moi, la question est plutôt : même limité, que pouvez-vous faire pour nous aider ? »

Il avait pu déduire la justification de son compagnon seul, mais il était reconnaissant de l’intention de l’informer. Il laissa l’Oudio échanger avec Akouba sur les Lances et ces mystérieux Ol’Toga, sans doute le peuple du dernier, car il doutait qu’elles soient d’une quelconque utilité contre le Dragon Noir. Mort ou non, avec une âme ou plusieurs, il restait une créature divine : son âme ne pouvait pas être aussi facilement contrainte que celle d’un mortel standard.

« Je....n'veux pas vous faire vous répétez si z'en avez déjà parlé m'sieur Akouba, mais c'est l'foutoir la dans ma tête, et j'reconnais qu'j'ai pas tout entendu de s'qui a été dit. Mais...Dans la brume, et la savane, en dehors des mauvais esprits, est qu'vous savez s'il y a.... quelqu'chose qui aurait pu attiser l'intérêt de Vallel ? Son... plan, quel qu'il soit, est...improbable, impossible. Contre-nature... Mais justement... d'mon vivant... j'ai essayé de faire des choses impossibles aussi... Et j'me rappelle à quel point au début, j'étais prêt à tout... A faire le con avec s'qui m'appartenait pas... dont d'aut' dépendait... Divin, scientifique, magique, l'genre de truc auquel personne prêtait attention pasque c'était dans l'décors depuis des siècles... De c'fait, est s'qu'vous savez si y a un truc là-bas d'important qu'il pourrait... voler, casser, ou pire ?

- Comme vous, nous pouvons circuler dans la Brume. Il nous est interdit d'y pénétrer, selon nos lois, mais... J'imagine que la situation exige une exception. Vous ne pouvez porter nos lances, mais si vous pensez que ça puisse être pertinent, mes gardiens peuvent vous y escorter. Si vous voulez aller à la rencontre de ce fléau noir, par exemple. Ou rattraper Vallel. Outre cela, votre ami a raison, nous n'avons aucun moyen de contacter les vivants, ni d'agir hors de la brume. Nous sommes comme vous, à ce niveau : de simples esprits de morts.
Vous disiez ce dragon né du monde des morts, chez vous. Un tel être pourrait vivre sans vie. Mais vous le connaissez mieux que moi. Quant à savoir ce que cherche Vallel là-haut... Il n'y a pas grand-chose dans la Savane. Le dragon lui-même, peut-être ? S'il vit, il pourrait être une porte vers l'extérieur, lui qui semble pouvoir aller et venir librement. Ça ou... La pyramide des titans. Celle qui a créé la Brume et la maintient en place. Mais je doute qu'il puisse interférer avec celle-ci : c'est un artefact puissant, au-delà de sa compréhension. Au-delà de la nôtre, à tous.


- M'étonnerais qu'Vallel prenne le risque de faire mumuse avec le dragon, trop dangereux. Encore que... y z'ont bossé pour la même déesse, non ?

- Vallel n'a pas l'air d'être lié au dragon, de quelque manière que ce soit, approuva d’un ton las l’enchanteur. Quant à aller le voir nous... Je doute qu'il nous fasse la charité du transport et le peu qu'on pourrait apprendre doit pas valoir le risque de se faire oblitérer...

- Par contre, l'autre truc. La...pyramide ? Laissé par les titans ? C'est d'là qu'vient la brume du coup ? Euh... M'aviez dit qu'la brume a attiré les esprits ici si j'me trompe pas ? J'sais pas à quel point ce Vallel est du genre à tester des trucs bizarres, mais s'il a le même genre de mentalité que moi... Y a de forte chance que ça soit là qu'il aille. Il a pas besoin d'comprendre exactement comment ça marche, juste assez pour s'persuadé qu'il peut tout chambouler en trifouillant la chose... Et vu qu'il veut rev'nir à la vie... Autant fouiller autour de puissante divine à la titan. C'est ptet pour ça qu'il était si avare en détail... Ptet que c'est juste un gigantesque test qu'il fait sur la pyramide. Avec les âmes de Yuiméniens et la sienne en cobaye… M'sieur Akouba, la position de cette pyramide, elle est connue ? "Facile" à trouver ? »

Dracaena n’avait pas rencontré Vallel, alors Akihito révéla ce qu’il avait appris lors de sa courte discussion avec lui, surtout sur ce qu’il avait appris de son plan.

« Il a absorbé des fragments de souvenirs du Sans-Visage laissé ici, qui étaient contenus dans des... Attendez... Le Sans-visage était un Titan ? Et cette pyramide qui maintient la Brume et... Et empêche les âmes de sortir d'ici, elle a été construite par des Titans ? Me dites pas qu'il... »

Un potentiel scénario commença à se dessiner dans l’esprit d’Akihito. Un monde où, pour se libérer de la prison que formait la Brume, Vallel utilisait le « combustible » Yuiméniens et son exceptionnel potentiel pour détruire la pyramide et ainsi laisser la libre possibilité aux âmes de rejoindre les vivants. Libérant non seulement Vallel, mais les milliers d’âmes qui erraient dans Jesuir. Cette simple idée le fit trembler.

« On doit les retrouver. Vite, emmenez-nous à cette foutue pyramide avant qu'ils fassent un truc stupide !

- La pyramide est dure à trouver si l'on n'en connait pas l'emplacement : il n'y a aucun point de repère, dans la brume. C'est bien elle qui a créé la brume qui a attiré les esprits. Bakal et Tribar vous y mèneront, répondit Akouba en pointant les deux gardes qui se figèrent un instant, mais sans rien ajouter. Je doute qu'il puisse faire quoique ce soit à cet artefact titanesque, mais... le risque reste réel, si vous avez raison.

- Dracaena, tu viens ?

- Et comment qu'je viens ! On s'serre les coudes on a dit ! »

Akihito eut un maigre sourire à cette réponse franche. Il avait fallu qu’ils meurent pour qu’ils finissent par travailler ensemble… Mais il n’allait pas se plaindre.

« M'sieur Akouba, encore merci ! Et vous, m'sieur Ejude, si on s'revoit, j'vous parlerais des Oudios autant qu'vous voulez !

- Merci Sire. Une dernière question, avant de partir empêcher Vallel de faire une potentielle turlutaine… Vous l’auriez mentionné quand j’ai évoqué leur mort, mais au cas où : ni le Titan de Magie ni la Déesse Brytha ne sont arrivés ici, je suppose ? »


-----------
HRP : Attend la réponse d'Akouba, puis enjoint les gardes à les mener le plus rapidement possible à la pyramide.

Jeu des mots : ribote, turlutaines
Modifié en dernier par Akihito le mer. 10 mai 2023 02:12, modifié 2 fois.

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Jorus Kayne
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Re: Savane Tanathéenne

Message par Jorus Kayne » ven. 5 mai 2023 21:05

Nous quittons la demeure royale pour rejoindre ce dément de Vallel. Je suis presque surpris de voir que ni Dracaena, ni Akihito ne souhaite venir. Ils sont toujours affectés par leur mort, mais j’ignore pourquoi eux plus que les autres. Ou pourquoi les autres moins qu’eux. Moi j’ai eu la chance de ne pas m’en souvenir. Je n’ai que cette étrange impression, et particulièrement sombre, d’avoir connu plus que la mort. Comme s’il y avait la vie, puis la mort, et que j’avais réussi à aller au-delà. Mais que peut-il y avoir de pire que la mort ?

En tout cas, deux membres ne sont pas avec nous et j’ignore encore si leur absence est une bonne ou une mauvaise chose. Seul l’avenir le dira. Pour l’heure, nous sommes trois à nous rendre vers cette étrange mission, ou plutôt quatre, si on prend en compte cet étrange phénomène qui nous oblige à supporter deux Silméria pour le prix d’une. Une offre spéciale, particulièrement intéressante lorsqu’il s’agit d’un arrivage très frais du port, beaucoup moins s’il s’agit d’un duo de femmes instables, imprévisibles, irascibles, incapables de former un groupe de plus de deux et dont la malédiction de ses propres effets personnels ont été la source de la mort de tous. Je commence à peine à saisir l’ampleur de cette dualité, la raison ses brusques changements de personnalités, ainsi que cette histoire de sœur, avant que la « justice » ne vienne nous poser quelques problèmes. Vraiment, que de qualité chez cette...ces femmes !

J’entreprends la route, mes doutes me tenant compagnie. Des doutes sur ce que nous allons faire, mais surtout, des doutes sur les motivations derrière l’esprit tordu de Vallel. Mathis ne semble pas se préoccuper de la résurrection de cet immonde individu. Pourtant, il est celui qui l’a déjà affronté et le connaît mieux que moi. Dans ce groupe si particulier, il est, après moi, celui qui se méfie le plus de Vallel et il s’y rend avec la détermination de revivre à tout prix. Alors que penser des deux régicides ? Je ne la ou les aimaient pas de mon vivant et dans la mort, ce que j’ai vu et entendu ne me laisser rien présager de bon. Il n’y a rien que nous pouvons tirer de cette femme, enfin ces femmes ! Comment Xël a pu se laisser berner par elle pour agir sur le sceau principal d’Elscar’Olth, elle et Vissélion, alors qu’il nous avait demandé de quérir l’aide des dragons et souhaitait le renfort de pierres magiques, comment même la milice d’Oranan a pu lui permettre de passer ? Quand bien même elle a lutté contre Oaxaca ! Même dans ma mort, je ne cesse d’avoir des questions qui me harassent la tête. C’est peut-être ça le problème ! Je reste persuadé d’être vivant, en un sens.

(Que me dirait Zacara en cet instant ?

"-Que pensiez-vous de la mort avant d’être à Jésuir ?
-Eh bien, la fin de tout. Plus de vie, plus de ressenti. Dans le pire des cas, on continue de ressentir son propre corps se faire bouffer lentement par des vers !
-Et à présent, vous vous sentez mort selon votre propre définition ?
-…Non. Pas vraiment !
-Alors selon votre propre définition, vous n'êtes pas mort !
Et pour vous, c’est quoi la mort ?
-Répondre à la question de sa propre nature.
-Et donc ?
-Je n’ai pas envie d’y répondre !"


...Oui, surement un truc du genre !)

C’est peut-être bête, mais cette simple discussion interne, complètement subjective et imaginaire me fait du bien. Un mélange de souvenirs, de positivité, une pointe d’humour et peut-être même l’envie d’échanger avec lui de nouveau. Aurait-il eu des questions sur d’autres sujets ? Non ce n’est pas la bonne question. Il aurait eu des questions sans nul doute, mais quels sujets aurait-il abordé ? Moi qui souhaitais en savoir davantage sur ce lieu de mystère, je n’en ai pas eu l’opportunité, tant mon esprit était tourmenté par Vallel. Pourquoi souhaitait-il nous voir ? Comment compte-t-il nous faire revivre ? Comment a-t-il eu ces pouvoirs, ces connaissances ? Y a-t-il quelqu’un qui l’influence sans qu’Akouba ne le sache ? N’y a-t-il vraiment aucun moyen de revenir autrement que par son biais ?

Même maintenant, je n’ai pas de réponse à la quasi-totalité de ces questions, alors que je suis ce groupe si particulier. Un type qui veut probablement ma mort à la première occasion. Deux femmes qui me provoquent un mépris presque viscéral et finalement le blondinet, qui n’a cure des risques que nous allons prendre juste avec la résurrection de Vallel. Je crois bien que je ne me suis jamais aussi senti seul qu’avec une telle compagnie.

Nous arpentons un chemin, nécessitant de prendre un couloir rocheux où la largeur pourtant grande, n’est en rien comparable à sa profondeur. D’une direction qui ne cesse de monter, je sens qu’il n’y a qu’une issue possible à son terme : la surface. Tout n’est qu’une profondeur obscure, jusqu’à ce qu’une brume vienne s’inviter à notre ascension. En ce lieu, il n’y a qu’un endroit pourvu d’une telle chose, signifiant que notre périple touchait non pas à son but, mais simplement à la surface. Celle-ci est terne, morne, dépourvue de chaleur et de couleur. Un lieu propice à une errance, ne laissant que ses regrets pour compagnie, bien loin du salut proposé par Akouba. Le paysage de la Savane Tanathéenne n’est qu’une brume dense, transformant l’ombre d’un arbre mort en une présence terrifiante. Bien qu’impalpable, la brume pénètre mon être et engendre un sentiment malsain, comme si elle était faite d’esprits d’une quantité incommensurable, fondus les uns avec les autres. Presque une promesse de notre avenir sur ces terres mortes. La voix de Vallel brise un silence morbide et nous intime à le suivre, sans quoi nous nous perdrions dans cette brume.

Nous marchons inlassablement, suivant notre unique guide jusqu’à ce que nous espérons être notre résurrection. Un édifice apparaît lentement, dans la vision brumeuse de la Savane Tanathéenne. Une pyramide de plusieurs mètres de hauts, un trou béant en son centre et des sphères planant au-dessus de son sommet. La structure particulièrement singulière, fait s’arrêter notre guide qui l’évoque comme notre porte vers la sortie, vu au travers d’une vision. Il explique qu’elle est le cœur de la Brume, sa source. Sa disparition libérerait les âmes du royaume des morts, possible uniquement en détruisant l’édifice. Afin de parvenir à ce but, Vallel propose d’envoyer nos esprits à l’intérieur et plus nombreux nous seront et plus nos chances d’aboutir grandiront. Une révélation qui me sidère sur place et ma réponse est aussi ferme que directe.

"Non ! Supprimer la brume ? Libérer les morts ? C'est ça votre plan ? Et le tout venant d'une vision, alors que vous vantiez des connaissances sur des anciennes lois, mais vous n'êtes en rien comparable à Thensoor en ce domaine !" Je m'arrête un instant et fais face à Vallel. "Vous possédez des pouvoirs similaires aux Ol'Toga et vous avez des connaissances que vous ne devriez pas avoir. Vous nous voulez nombreux ? Répondez d'abord à cela ! D'où tirez-vous connaissance et pouvoir Vallel ? De qui vous vient cette vision ?"

Contrairement à moi, Mathis ne voit pas le problème de la même manière. Pour lui, Jesuir est une prison pour les âmes dont Akouba serait le geôlier. Pourtant, il semble contrarié à l’idée de voir des âmes prendre le contrôle d’êtres déjà vivants et demande l’assurance à Vallel que les âmes libres n’en feront rien.

(Si Akouba est un geôlier alors ça ferait de Vallel à valeureux libérateur ? En omettant qu’il a déjà pris le contrôle de quelqu’un et qu’il lui a absorbé son âme !)

Vallel souris lorsqu’il évoque les trois cristaux où nous l’avons rencontré. Ils portent ce qu’il nomme le reflet de l’avatar thanathéen du Sans-Visage et prétend que c’est de lui qu’il détient pouvoirs et connaissance, de même que cette vision de la pyramide. Puis il explique à Mathis qu’avant l’éveil des Titan, les âmes étaient libres d’errer où elles le désiraient et seuls les esprits les plus fort étaient en mesure de posséder un corps déjà occupé. Il termine en expliquant qu’il ne peut en aucun cas empêcher une âme de chercher à déposséder le corps d’une autre.

(Les cristaux du Sans-Visage ? Hahaha la bonne blague !)

Jusque-là, la régicide s’était montré enthousiaste à l’idée de pénétrer la tour, sans même envisager qu’un coup fourré pourrait nous tomber sur le coin du bec. Peut-être est-ce là un effet pervers de s’être fait traiter de putain. Chacun ses petits vices. Cependant sa…son âme jumelle, m’invite froidement à rebrousser chemin si cette proposition me déplaît.

(Oui donc clairement, aucun remords à libérer des âmes qui visiblement se sentent bien ici. En même temps, hormis Vallel, a-t-elle parlé avec d’autres âmes qu’Akouba ?)

Mathis lui s’interroge de la suite des événements. Vallel a-t-il un corps à posséder ? Que devrons-nous faire une fois à l’intérieur ? Mais finalement, il s’arrête en comprenant l’intention du fléau d’Aliaénon. Celui-ci espère qu’une fois à l’intérieur, nous regagnerons notre magie et l’emploierons pour libérer les âmes. Quant à moi, je me gausse de la révélation de Vallel.

"Les cristaux du Sans-Visage ? C'est donc de là que vous avez obtenu tout cela. Et moi qui pensais que cela venait d'études et d'un travail acharné. Hahaha, la belle blague ! Mais ce que vous omettez de dire, c'est que vous vous insérez dans le corps d'un autre et vous le détruisez, comme vous l'avez fait avec Elurien d'Assamoth ! Il n'a même plus d'âme pour pouvoir jouir d'un repos. En plus de libérer les âmes défuntes, leur refusant un repos qu'ils méritent, vous priverez une âme de son existence en possédant son corps, en plus ensuite de permettre au Dragon Noir d'accéder aux cristaux du Sans-Visage. C'est probablement pour eux et leur puissance qu'il est ici !"

En ce qui concerne les corps, Vallel prétend qu’il en existe une multitude prête à servir de réceptacle. A tous les coups, il doit vouloir se servir d’une de ses expériences pour lui. Pour nous, il pense que nos corps sont déjà pourris et donc incapables de servir, nous obligeant donc à prendre nous-même un corps. Il nous propose cependant une alternative qui ne sera pas gratuite et comprenant des conséquences qu’il tait. Il confirme également les propos concernant nos pouvoirs et la pyramide et que nous ne pourrions rien faire à l’extérieur.

Puis il se tourne vers moi. Aussi chaleureux que possible.

"Vous êtes un idéaliste crétin. Nous libérerions les âmes prisonnières de la brume. Celles reposant dans Jesuir pourront choisir d'y rester. Et oui, comme je le disais, revenir à la vie a un coût. Celui d'une autre vie, celui d'une âme. Elle n'est pas détruite, cependant, elle est assimilée. Elurien d'Assamoth continue de vivre en moi. Ses souvenirs et ses affects. Comme Finarfin Seuillée en Xël. Vous voyez en cela des pratiques néfastes, monstrueuses, mais nombre des vôtres y ont eu recours. Quant au Dragon noir, je doute qu'il s'intéresse à des résidus de mémoire que j'ai déjà consommés. Ces pierres ne renferment aucune puissance, même si j'ignore la raison de sa présence ici. Si vous décidez de ne pas aider, vous pourriez aller lui demander, maintenant que vous êtes vous aussi prisonnier de cette brume."

Si Mathis est intrigué par la proposition, même s’il préfère de loin retrouver son corps, ce n’est pas mon cas et je ne me retiens pas de le reprendre les mots de Vallel.

"Suivre vos instructions, c’est effectivement être crétin ! On va devoir risquer le peu de ce qui reste de notre existence pour que VOUS, puissiez revivre et peut-être que nous aussi, avec un peu de chance. Quant au côté idéaliste, vous en auriez grandement besoin !" Je fais semblant de fermer le poing, le rapproche de ma bouche pour un faux baiser et le lui tend. "Tenez ! Prenez-en, ça me fait plaisir !"

Un petit geste qui n’a l’air de rien, mais qui me rappelle des souvenirs en mer, à une époque où je n’avais pas de chance. Un jour, un marin est venu à moi, tout sourire. Il m’avait expliqué que la bonne fortune se travaillait en prenant chaque petit coup de bol comme il vient. S’extasiant d’un rien et délaissant par-dessus l’épaule les tracas qui l’accablaient. Il riait en embrassant son poing en me le tendant pour que je vienne joindre le mien, s’amusant à croire qu’il me transmettait une partie de sa bonne fortune. Cela n’a pas marché, du moins pas sur le moment, mais cela m’a transmis sa bonne humeur du moment, quant au geste, il est resté ancré en moi.

Vallel se targue de n’avoir aucun besoin d’être idéaliste et prétend être simplement optimiste sur nos chances de réussite. Quant à nous, ou moi qui rechigne à franchir la dernière marche, il clame que nous ne risquons rien. Nous le pas a été franchi lorsque nous l’avons suivi ici. Il explique à Mathis qu’il est le maître de la chair et qu’il possède de nombreux corps vides à notre disposition. En échange de quoi, il demande une faveur, mais dont il ignore encore lui-même sa teneur. Il propose même un corps plus à notre convenance, accroissant de même la valeur de ladite faveur. Enfin, poussé par l’enthousiasme, l’excitation, ou la folie joyeuse de la régicide, il s’empresse d’user de ses pouvoirs. Les mains dirigées vers la pyramide, nous voyons les orbes bouger, puis commencer à tourner de plus en plus vite. Un portail spectral se crée, contrastant visuellement avec celui de Xël pour les êtres faits de chair. Il n’en faut pas plus à la régicide pour s’y aventurer, prenant la main de sa jumelle pour l’y accompagner. Je la regarde disparaître avec une certaine contrariété. La voir agir de la sorte, obéissant aveuglément aux instructions du fléau de ce monde. Refusant la proposition d’un nouveau corps, elles sont rejointes par Mathis, qui m’invite à franchir à mon tour le passage, quitte à le faire malgré mes craintes et mes doutes.

(Je n’ai ni crainte ni doute, libérer les âmes c’est…c’est…je ne peux pas le concevoir ! Je n’ai pas vu les esprits qui ont accepté de me voir comme des êtres retenus captifs contre leur gré ! Et eux, ils y vont sans craindre des conséquences à venir ! N’ai-je pas assez averti de nos utilisations de la magie ? Plus encore que cela, nos actes et nos décisions affectent tout Aliaénon et nous nous apprêtons à faire de même ! Je commence à comprendre l’opinion de Bellarien nous concernant. Nous sommes peut-être un fléau similaire à Vallel pour ce monde.)

Je reste muet quelques instants, me murant dans mes pensées, avant de me rappeler que je suis seul à présent avec Vallel.

"Et une fois que vous serez libéré, que ferez-vous ? Je veux dire hormis déposséder le corps d'un malchanceux !"

Il rétorque ne vouloir posséder aucun corps déjà occupé par une âme et qu’il se contentera de reprendre ses recherches, car celles-ci pourraient sauver des vies et peut-être même les nôtres ! Il termine en évoquant le dragon, un problème qui le concerne autant que nous, laissant entendre une union contre lui.

"En cela je vous rejoins. Le dragon est l'ennemi de tous. Mais sauver des vies avec vos recherches ? J'ai vu ce qui restait des ruines d'Orsan. J'ai du mal à le comprendre. En quoi consistent vos recherches ?" Fais-je dont la curiosité sur les recherches est piquée.

"Vous jugez si vite et connaissez si mal. Je travaille la chair, je la crée, je la module, je la répare. Et maintenant que j'ai acquis un contrôle sur les esprits, j'ai bon espoir d'un jour parvenir à devenir la panacée universelle à tous les maux. Blessures, maladie, mort, rien ne sera plus un problème." Clame-t-il d’une voix ferme, grave et plein d’idéal.

"Vous cherchez donc le corps parfait, l'être suprême ! Et puis après ? Vos recherches s'arrêteront ?" Dis-je en résumant ses propos.

"Non, vous ne comprenez pas. Je ne cherche pas l'être parfait, ni même à le devenir. Ne me confondez pas avec ce pédant de Khynt. Je cherche à pouvoir éradiquer les fléaux que je vous ai décrits, mais pas seulement pour ma tronche. Quant aux recherches, il y a toujours moyen d'affiner les choses, de partager, d'enseigner les savoirs." Explique-t-il.

(Mais pourquoi Vallel chercherait-il à atteindre un tel but ? Qu’est-ce qui le pousse à agir dans ce sens, hormis la promesse de la vie éternelle ?)

"Et pourquoi ? Qu'est-ce qui vous motive à atteindre un tel objectif malgré... malgré les innombrables personnes contre vous ?"

S’il se refuse à aider ceux qui lui sont hostile ou l’ayant entravé dans son œuvre. Leur refuser les fruits de ses recherches, telle serait sa vengeance. Cependant, il ne répond pas à ma question et me pousse à la reprendre différemment.

"Ce n'était pas là le sens de la question. Si c'est pour ressembler à ces choses que j'ai vues, je doute en vouloir quand bien même j'aurais été de votre côté. Mais quelle est la source qui vous a orienté sur de telles recherches ?"

"Ces choses ? Vous voyez, vous jugez encore. Coincé dans vos préjugés foireux. En quoi ces choses seraient-elles moins performantes ou essentielles que vous ? Ne pouvez-vous comprendre qu'il s'agit là d'expériences ? De prototypes ? La source qui m'a poussé à ça ? La nature de mon pouvoir sur la chair, bien entendu. L'on ne choisit pas son pouvoir, mais on peut choisir qu'en faire. Le sublimer."

Encore une fois, il répond à côté de ce que j’attends. Je ne vais pas dire que je suis bel homme, mais ce qu’il a engendré, ne me plaît pas vraiment !

"Je n'ai pas dit qu'elles étaient moins performantes, juste pas à mon goût. Comme ce n'est visiblement pas du vôtre de vous étaler sur ce qui vous mène à ces créations. La fin des maladies, des blessures, des morts ? Qu'est-ce que vous cherchez à compenser en vous voyant à cette tâche ?"

"D'accord. Un crétin plus qu'un idéaliste. Tout le monde ne devrait-il pas se vouer à une telle tâche ? Peut-être n'avez-vous appris qu'à agir égoïstement. C'est souvent le cas, sur Yuimen."

(Soit il est idiot, soit il se refuse à répondre à la question ! Je suis curieux de savoir s’il a réfléchi plus profondément à la question de ses travaux ?)

"Vous traitez toujours ceux qui ne sont pas d'accord avec vous de crétin ? Je pense que...que c'est la mort qui rend la vie précieuse. Si nous étions éternels, les joies simples auraient la même saveur que des grains de sable qui s'effritent au vent !" Dis-je en souvenir de mes mots envers Zacara sur le sujet. Je commence à m'approcher moi-même du portail, lentement, pensant que mon approche va le pousser à agir ou à répondre différemment. "Ne pas comprendre que d'autres puissent avoir une opinion différente de la vôtre, ça, c'est crétin ! Je vous pensais plus sage, même dans votre folie. Mais finalement la recherche de la vie éternelle vous est peut-être nécessaire à vous, il vous faudra bien l'éternité pour comprendre votre erreur de jugement ! Qu'il y a autant d'opinion que d'êtres et que malheureusement, vous n'êtes pas seul dans ce monde et les autres !"

"Je traite de crétins ceux qui condamnent les autres à de mauvais desseins quoiqu'ils fassent. Et je n'ai cure de votre avis : si vous voulez laisser les vôtres crever injustement dans la maladie, ou garder vos blessés dans un état lamentable, c'est votre souci. Mais ne venez pas me faire de leçon sur ce qui est bien dans la vie. Maintenant entrez ou partez, qu'on en finisse."

Son ton est ferme et visiblement, notre conversation l’agace au point où je doute qu’il réponde à nouveau. Aurais-je touché un point sensible quelque part ? Je continue de marcher et si mon interlocuteur ne souhaite pas continuer, je ne vais pas me priver d’une dernière tirade avant de disparaître.

"C’est ça le problème avec vous Vallel. Vous pensez que vos opinions sont une vérité absolue et que nous n’aurions d’autres choix que d'être d'accord avec vous, à défaut de vous suivre aveuglément. Cette façon de penser, un peu obsédante, ne vous permet pas de vous ouvrir à autre chose, d'envisager d'autres possibilités." Je m’arrête à un pas du portail, tournant la tête vers le fléau d’Aliaénon. "Même maintenant, vous êtes tellement obnubilé par l’idée de revivre que vous vous servez de ce même désir qui vous anime pour nous manipuler, sans penser une seconde que l’un de nous pourrait agir autrement !" Puis, je franchis le portail, avant que celui qui l’a créé ne le referme devant moi. S’il comprend le sens de mes mots, il serait dommage qu’il m’empêche d’agir à ma guise. Pourrais-je simplement me regarder en face si nous libérons les âmes ?

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Dracaena Paletuv
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Re: Savane Tanathéenne

Message par Dracaena Paletuv » sam. 6 mai 2023 02:59

"Un dieu? J'croyais qu'il n'y avait que des titans en ce monde?"

J'essayais de maintenir la conversation avec m'sieur Ejude, mon salut pour réussir à ne pas m'enfoncer dans le mauvais genre de réflexion... Mais m'sieur Akihito me parle, cherche à me convaincre de rejoindre les autres. De suivre la folle, l'insensée idée de Vallel. Il cherche à me convaincre car lui veut y aller, mais ne souhaite pas me laisser seul une fois de plus.

Je...n'savais pas quoi en penser, comment réagir. Cet... cet soudaine gentillesse dont je me serais méfier en temps normal semblait incroyablement sincère. Je voulais y croire. J'y croyais même. Cette simple marque d'attention de la part de celui qui semblait prêt à m'assommer au moindre mot de travers dans le passé m'atteignait. Et c'était bien ça le problème. Tout était encore trop flou, tout était encore trop rapide, je ne savais pas quoi penser. Je n'voulais pas m'engager dans une action stupide et risquer de perdre le peu que je pouvais avoir dans cet autre monde. Et je n'voulais pas que m'sieur Akihito se perde aussi dans tout ça, à poursuivre les plans foireux d'un type probablement pas de confiance...

Mais...peut être avait il raison? Je...je n'y croyais pas, je ne savais pas...


"Je...je n'sais pas... Prendre ce risque...perdre encore plus... Attendre...Et accepter...
T....Tout à l'air d'indiquer qu'leur plan est foireux... Mais si ça marche...Si ça marche... Mais c'est foireux...
Je...J'ai vu plein d'gens mourir Akihito... Plein. Jamais personne est r'venu. Et pourtant j'en ai vu essayer...
J'ai...J'ai peur...peur de croire à un truc qui peut pas s'faire... Peur de croire à un truc qui a pas d'sens, qui sert à rien, qui..."


Mon corps...non, mon âme s'immobilisa. La fin de ma phrase refusait de sortir. Ce mot composé était coincé au fond de moi, me paralysant.

"Contre-nature".

Peur de croire à un truc qui n'as pas d'sens, qui sert à rien, qui est contre-nature...

Contre le principe même, la loi basique de l'univers qui est que tout peut mourir, et que ce qui est mort le restera.

Tandis que je bouge plus, j'entendis m'sieur Akihito me parler. J'entendais tout, je comprenais tout. Il me parlait de Vallel, de sa méfiance envers lui, mais aussi du fait que même si on ne le suivait pas, il irait quand même accomplir ses desseins, potentiellement sombres. Il me parlait des drame qu'il avait vu, vécu. Des nombreux morts qu'il avait connu. De ses peurs. Puis, il engagea la discussion avec m'sieur Akouba, pour lui parler du Dragon noir, du danger gigantesque que cette horreur représentait. Du fait que ses victimes n'avaient même pas droit à une autre "vie" dans l'au delà. Du fait qu'il était la, dans la savane des âmes, et qu'il allait probablement toutes les dévorer.

J'entendais tout, je comprenais tout.

Mais je ne bougeais pas.

Je continuais de repenser à tous ces mots... Toute cette situation... Vallel, son plan impossible, improbable, stupide même.
Faire revenir quelqu'un à la vie ça ne marchait pas. Je l'avais vu, j'avais même essayé.
Une fois mort, c'était finit. Je m'étais toujours dis que c'était comme ça. C'est la base, c'est comme ça que ça fonctionne, un point c'est tout.
Vouloir ressusciter pleinement une personne c'était aussi débile, aussi insensé que de vouloir... que de vouloir...que de vouloir...




Que de vouloir empêcher le bois de bruler.




C'est mots. Ces phrases. Ces pensées. Elles me tournaient en tête, encore et encore. Parce que je les avais déjà entendu, mainte et mainte fois, chuchotées, répétées, hurlées à mon attention. J'étais... si perturbé par le coté soudain, frustrant de ma mort, si atteint par l'impact émotionnel, que j'en avais oublié quelque chose: dire aux lois de la nature d'aller se faire voir c'était mon objectif. Les trucs impossibles, c'était sensé être mon dada. Et la... la, je me laissais persuadé, par mon passé, par les gens autour de moi, que la résurrection était impossible.

Et... pourquoi le serait elle?

Il y avait...tant de chose que l'on ne savait pas encore, que l'on avait pas encore essayé. Qui sait, peut être même que des gens que l'ont avait rencontré étaient déjà mort et revenu à la vie. M'sieur Akihito parlait du miracle qu'avait accomplie Yliria, avec une masse d'animaux. Je m'étais montré septique en entendant ça.

Septique.

Pour un coup de maitre comme ça, j'aurais du applaudir, demander tous les détails, puis proposer d'essayer sur ma personne!
Mais... Qu'est ce qui m'arrivait moi? Je parlais de ne pas mourir une deuxième fois, mais c'est ce que je me laissais faire à moi même. Pour un coup de maitre comme ça, j'aurais du applaudir, demander tous les détails, puis proposer d'essayer sur ma personne!
J'étais qui? J'étais Dracaena! Dracaena Paletuv! L'oudio qui s'était fait bannir, chassé, moqué parce qu'il avait décidé non pas de vaincre le feu, non pas de le contrôler, mais de vivre en symbiose avec lui.

J'étais l'être de bois qui voulait profiter du feu sans souffrir du feu ,contre toute logique existante. La sève, l'argent de la sève, et les feuilles de l'érables! Et j'avais essayé tout et n'importe quoi, de farfelus, à scientifique, à magique pour atteindre mon objectif. Est ce que je l'avais atteint grace à tout cela?

Non.

Est ce que, avant ma mort, je comptais m'arrêter la, me contenter de ça, et me dire que c'était juste impossible au final?

NON!

J'étais Dracaena Paletuv, le paria, le charbonneux ,le brulé, le cinglé, l'oudio sans bon sens et sans classe. Celui qui, quand on lui dit "j'ai trouvé une façon de nous ressusciter", devrait répondre "Passe tes notes frangins ça m'intéresse"! Ce Vallel, il n'était pas de confiance, il cachait trop de chose sur ses véritables intentions pour être de bonne fois, et il n'avait clairement pas atteint mon degré de sagesse faisant que j'me refusais à utiliser les autres comme simple ressources pour atteindre mes objectifs...

Mais s'il était aussi motivé, préparé, obsédé, déterminé, et prêt à tout que moi...

Alors la question n'était plus de savoir s'il pouvait ramener les morts à la vie. Il n'y avait plus de question en fait. Parce qu'il allait le faire, et puis c'était tout!


Je n'avais pas le temps de rester à avoir peur souffrir dans cette vie post-vie. Une personne à coté de moi ,ayant ravalé sa fierté et ouvert son cœur à mon égard, venait de m'avouer que lui, habituellement prêt à abandonner rapidement, voulait croire à l'impossible... Je me devais de la suivre. Je me devais de prouver qu'elle pouvait avoir raison.

Rester mort ne me dérangeait pas parce que je pensais que c'était la seule optique. Mais si la résurrection est une option... alors l'atteindre me plait tout autant.
Et si ça ne marche pas... Et bien, pas grave, j'avais tout le temps du monde pour essayer de réussir, ou pour me trouver une nouvelle occupation.

Il était grand temps que j'arrête d'avoir peur de moi même, peur de réfléchir, peur de la réalité. Parce que ça n'est qu'en regardant la réalité en face que je pourrais la plier à ma volonté!

Tandis que m'sieur Akihito et faisant prendre conscience à m'sieur Akouba du danger que le monde des mort encourrait, ma réflexion se dirigea vers quelque chose d'enfin utile: comprendre s'que le Vallel voulait, et voir si ça pouvait nous servir ou non. Voir comment gérer ce foutu dragon noir aussi. Il fallait forcément partir dans la brume interdite, à la recherche des autres, et m'sieur Akihito semblait chercher à marchander pour une autorisation (ce qui m'arrangeait énormément: après tout, si on ne revenait pas à la vie, autant profiter du coté cosy de la ville de Jesuir). Mais m'sieur Akouba avait dit que la brume était remplie d'âmes sauvages, dangereuses. Hors, on avait aucun moyen de se défendre contre ces dernières, privé de nos corps et nos pouvoir. Quand au dragon noir, c'était même pas la peine d'y penser, même si on était physique, il faudrait passer ses écailles divines, atteindre sa chair, son coeur, son âme...

Son âme...

Mais bien sur!


"...Les lances. Celle...des gardes. Est ce qu'elle nous atteignent parce que maniée par des Ol'Toga ou est ce qu'elles sont fait d'une matière qui atteint les âmes, qu'elle qu'elles soient?"

J'étais toujours complètement immobile, et en pleine réflexion. Mais si ces lances pouvaient toucher les âmes, alors nous avions la possibilité de faire d'une pierre deux coups.

"Ce n'est pas une "matière" à proprement parler. C'est le pouvoir des Ol'Toga condensé sous la forme d'une arme. Comme je le disais, elle sont plus dissuasives que réellement usitées. C'est un symbole de répression plus qu'une arme. Et je crains ne pouvoir vous enseigner ce pouvoir assez rapidement pour que vous puissiez vous en servir contre ce dragon dont on ne sait même pas s'il est vivant ou mort."

Zut et flute, cette option la tombait à l'eau. C'eu été trop facile bien sur... Mais ça n'allait pas m'arrêter! Hors de question de resombrer dans le doute et l'évitement!
M'sieur Akihito non plus semblait pas vouloir abandonner, mais son insistance sur la question d'aide à la résurrection de la part de m'sieur Akouba semblait agacer de plus en plus ce dernier. Il est vrai que m'sieur Akihito n'était pas avec nous devant le trône quand Mathis avait déjà essayé de demander les mêmes choses. Hors de question de fâcher la seule personne pouvant potentiellement nous aider, j'devais vite intervenir!


"Vous n'étiez avec nous quand ça c'est passé m'sieur Akihito, mais m'sieur Akouba a déjà pas mal répété qu'il ne pouvait rien faire pour nous aider sur le plan résurrection bien malgré lui.
Et j'pense que quand il propose son aide ça concerne plus l'monde des morts et des âmes plutôt qu'celui des vivants. Et c'est déjà beaucoup. Donc pour moi, la question est plutôt: même limité, que pouvez vous faire pour nous aider?

Et merci pour l'explication sur les lances. Vu s'que vous m'dite vous pouvez donc pas juste nous en prêter une paire, faudrait apprendre à les faire nous même via art des Ol'Toga...

Quand au dragon, j'pense qu'il est vivant. En tout cas il est palpable, physique, et a pu laisser des restes derrière lui. J'pense pas qu'il y a de créature "morte" capable de faire ça, hors nécromancie... et ça m'étonn'rais qu'se truc tourne à la nécromancie. Reste à savoir comment il a débarqué dans la savane..."


Enfin, je me remis à bouger, me tournant vers le maitre des morts, essayant d'être le plus respectueux possible.

Je....n'veux pas vous faire vous répétez si z'en avez déjà parlé m'sieur Akouba, mais c'est l'foutoir la dans ma tête, et j'reconnais qu'j'ai pas tout entendu de s'qui a été dit. Mais...Dans la brume, et la savane, en dehors des mauvais esprits, est qu'vous savez s'il y a.... quelqu'chose qui aurait pu attiser l'intérêt de Vallel?

Son...plan, quel qu'il soit, est...improbable, impossible. Contre-nature...
Mais justement...d'mon vivant... j'ai essayé de faire des choses impossibles aussi... Et j'me rappelle à quel point au début, j'étais prêt à tout... A faire le con avec s'qui m'appartenait pas... dont d'aut' dépendait... Divin, scientifique, magique, l'genre de truc auquel personne prêtait attention pasque c'était dans l'décors depuis des sciècles...

De s'fait, est s'qu'vous savez si y a un truc la bas d'important qu'il pourrait... voler, casser, ou pire? "


Encore une fois, si ce type résonnait ne serait-ce qu'un minimum comme moi, il allait probablement faire d'énormes conneries avec des artefacts magiques ou autre. Le temps, l'isolation et les réflexions m'avaient aider à changer à ce niveau, mais dans ma jeunesse, j'avais aussi essayer d'aller trop loin. Quand on se persuade qu'on est prêt à tout pour le bien de tous, mais qu'on oublie de prendre en compte ce fameux "tous" dans l'équation, on s'autorise de faire les pires actions...


"Comme vous, nous pouvons circuler dans la brume. Il nous est interdit d'y pénétrer, selon nos lois, mais... J'imagine que la situation exige une exception. Vous ne pouvez porter nos lances, mais si vous pensez que ça puisse être pertinent, mes gardiens peuvent vous y escorter. Si vous voulez aller à la rencontre de ce fléau noir, par exemple. Ou rattraper Vallel. Outre cela, votre ami a raison, nous n'avons aucun moyen de contacter les vivants, ni d'agir hors de la brume. Nous sommes comme vous, à ce niveau : de simples esprits de morts.

Vous disiez ce dragon né du monde des morts, chez vous. Un tel être pourrait vivre sans vie. Mais vous le connaissez mieux que moi. Quant à savoir ce que cherche Vallel là-haut... Il n'y a pas grand chose dans la Savane. Le dragon lui-même, peut-être ? S'il vit, il pourrait être une porte vers l'extérieur, lui qui semble pouvoir aller et venir librement. Ca ou... La pyramide des titans. Celle qui a créé la Brume et la maintient en place. Mais je doute qu'il puisse interférer avec celle-ci : c'est un artefact puissant, au-delà de sa compréhension. Au delà de la nôtre, à tous."



"M'étonnerais qu'Vallel prenne le risque de faire mumuse avec le dragon, trop dangereux. Encore que... y z'ont bossé pour la même déesse, non?

- Vallel n'a pas l'air d'être lié au dragon, de quelque manière que ce soit, approuva d’un ton las l’enchanteur. Quant à aller le voir nous... Je doute qu'il nous fasse la charité du transport et le peu qu'on pourrait apprendre doit pas valoir le risque de se faire oblitérer...

Ouais, pour continuer à essayer faire l'impossible, fallait éviter d'arrêter d'exister.

-Par contre, l'autre truc. La...pyramide? Laissé par les titans? C'est d'la qu'vient la brume du coup?

L'origine de la brume... brume qui... qui...Oh.

...Euh... M'aviez dit qu'la brume a attiré les esprit ici si j'me trompe pas?

Oh non.

J'sais pas à quel point ce Vallel est du genre à tester des trucs bizarres, mais s'il a le même genre de mentalité que moi... Y a de forte chance que ça soit la qu'il aille. Il a pas besoin d'comprendre exacement comment ça marche, juste assez pour s'persuadé qu'il peut tout chambouler en trifouillant la chose... Et vu qu'il veut rev'nir à la vie... Autant fouiller autour de puissante divine à la titan.

... C'est ptet pour ça qu'il était si avare en détail... Ptet que c'est juste un gigantesque test qu'il fait sur la pyramide. Avec les âmes de yuimeniens et la sienne en cobaye...


Détourner la brume pour en faire un carburant à énergie pour âme, l'utiliser pour se déplacer en temps que fantôme dans des lieux non prévu pour, étendre son influence partout sur Aliaénon pour transformer le monde entier en monde pour mort, la faire disparaitre pour voir les conséquences...
Il y avait tant de possibilités, d'actions, de choses à faire et à essayer avec cette brume!
Et du peu que j'connaissais du Vallel, y avait peu de chance qu'il se contente de juste ramener 5 âmes dans le monde des vivants avec autant de trucs farfelus à tester.
Que ça soit pour admirer l'action, profiter de l'évènement, ou le stopper, fallait qu'on aille à cette pyramide vite!


M'sieur Akouba, la position de cette pyramide, elle est connue? "Facile" à trouver? "


Et visiblement, m'sieur Akihito arrivait au même genre de conclusion que moi.

« Il a absorbé des fragments de souvenirs du Sans-Visage laissé ici, qui étaient contenus dans des... Attendez... Le Sans-visage était un Titan ? Et cette pyramide qui maintient la Brume et... Et empêche les âmes de sortir d'ici, elle a été construite par des Titans ? Me dites pas qu'il...

On doit les retrouver. Vite, emmenez-nous à cette foutue pyramide avant qu'ils fassent un truc stupide !


- La pyramide est dure à trouver si l'on n'en connait pas l'emplacement : il n'y a aucun point de repère, dans la brume. C'est bien elle qui a créé la brume qui a attiré les esprits. Bakal et Tribar vous y mèneront. Je doute qu'il puisse faire quoique ce soit à cet artefact titanesque, mais... le risque reste réel, si vous avez raison.


M'sieur Akouba désigna deux de ses gardes pour nous accompagner. Eux, au moins, pourraient agir sur les âmes et nous aider à progresser dans l'inconnu mortuaire de la brume. Le chef des morts semblait persuadé que la pyramide ne risquait rien, mais ne voulait visiblement prendre aucun risque. Lui aussi avait compris que le mot "impossible" était à bannir du vocabulaire face à quelqu'un de suffisamment déterminé!


- Dracaena, tu viens ?


M'sieur Akihito m'interpela, me demandant si j'étais prêt à les accompagner. Il s'inquiétait probablement de mon état, et s'attendait à ce que je préfère rester au calme derrière. J'avais souvent trouvé son comportement hypocrite, mais la, la sincérité de ses actions me semblait plus qu'évidente.
Oui, concrètement, c'étaient juste de simples petites phrases et attentions, et pour beaucoup, ça aurait semblé négligeable. Mais pas pour moi. Car après tout ça, et une fois mort, alors qu'il aurait pu laisser la rancune prendre le dessus, sans rien pour l'arrêter, il avait décider de choisir d'accepter les problèmes du passé, et de continuer à avancer.

Et je respectais clairement ça.



"Et comment qu'je viens! On s'serre les coudes on a dit!
M'sieur Akouba, encore merci! Et vous, m'sieur Ejude, si on s'revoit, j'vous parlerais des oudios autant qu'vous voulez!"



Je saluai le roi elfe et le chef des morts, ayant, malgré le craquage mental, sincèrement apprécié leur compagnie. Peut être qu'on ne reviendrait pas à Jesuir. Peut être que notre âme allait se faire bouffer. Mais voir un artefact quasi-divin, à l'origine de l'environnement du monde des morts, permettant aux âmes d'exister, c'était quelque chose à ne pas rater.
On était deux fantomes, et deux gardes, faces à l'inconnu de la brume mortuaire, un ancien serviteur d'Oaxaca, et potentiellement nos anciens camarades. Ca pouvait se finir de plein de façons différentes, de la meilleure à la pire de toute, mais quel que soit le résultat, tout ça promettait vraiment, vraiment d'être fascinant!

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Silmeria
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Re: Savane Tanathéenne

Message par Silmeria » sam. 6 mai 2023 04:05

La voix du bon Akibou avait sonné comme une sanction. Mais je ne sais pas, il fallait bien faire quelque chose. On ne pouvait pas rester ici, les autres en haut, ils seraient tristes. Ils seraient séparés. Ils seraient esseulés. Ne valait pas mieux être condamnés à ne pas s'entendre à plusieurs plutôt qu'à deux ? Quel était le fardeau le plus lourd à porter ? Comment Xël allait-il faire, cette Yliria avait crié tant de colère et lui avait avoué tant de frustration, j'étais déçue de savoir qu'il n'y aurait plus personne pour les aider à penser à autre chose. Mais quelque chose d'autre couvait également, il y avait fort à penser que bon nombre des morts étaient tristes et déçus.

Et moi ?

Mais qu'étais-je ? Est-ce que dans ce monde quelqu'un allait me pleurer sincèrement ? Est-ce qu'il y aurait quelqu'un à mes funérailles, si j'ai la chance d'en avoir pour prendre mes mains avec amour et dévotion et y laisser couler larmes et baisers tremblants ? Je ne croyais pas. Je suis une âme maudite, condamnée à l'errance et à une dualité incertaine. Hrist, mon amour de toujours, celle qui fait trembler, et moi, celle qui tremble. Les deux faces d'une même pièce. Les gens n'allaient pas me haïr, ils haïssaient Hrist, mais Hrist était... Moi. Nos âmes sont liées. Liées par un fil invisible et indestructible, le même qui fait que même lorsqu'elle flotte à côté de moi, j'essaie de saisir une main que je ne peux caresser. Je regarde son visage, froid, déterminé, imperturbable.

Je me suis toujours préparée à l'éventualité de la perdre un jour, mais je ne veux pas que ça arrive. Je sais qu'elle est responsable de la corruption de l'Ombre qui nous fait souffrir, mais en dépit de ça je l'aime toujours. Je suis Silmeria, la douce, celle qui aime ceux qui lui font du tort, vivant étroitement avec la Frémissante, celle qui incarne ce tort qui me suit comme un fardeau. Et au milieu de ce duo improbable se tient une petite boulette de fluides d'ombre et de foudre du nom de Cèles. Oh, je me souviens toujours avec émotion de ce jour qui nous a liées. Hrist lui a donné ce nom par rapport à sa beauté céleste. Assise sur le bord d'une feuille, elle s'était manifestée sous la forme d'une petite fée d'un noir intense grêlé de petites étincelles électriques, une nébuleuse à l'humour caustique... Aujourd'hui elle est prisonnière de mon enveloppe de chair et encore une fois, je n'ai aucune idée de ce qui nous attend là haut. Est-ce qu'une poignée de minutes se sont écoulées ou sont-ce des semaines, des mois ?

Traversant la brume en formation serrée sous les conseils de Vallel pour ne pas nous perdre, nous avancions en silence, longuement sans entendre le bruit de nos pas. C'était la seule chose qui me troublait. Pas de bruit de pas. Rien de tel pour nous rappeler notre triste condition de spectres. Oh, je deviens triste et amère. Est-ce la Mort ?

A travers cette brume épaisse, aucun rayon de soleil pour réchauffer nos peaux inexistantes. Pas de sensation de chaleur qui viendrait nous accueillir avec la douceur d'un baiser volé lorsque nous étions sortis de ces grottes froides et sombres. Ce repos éternel... Ces grands cristaux où flottent les âmes tels des poissons morts, échoués dans la vie, échoués dans la mort, ils dorment en attendant un réveil qui ne viendrait jamais. Etait-ce une malédiction ? Une bénédiction ? Pourquoi les Dieux nous ont ils infligé un tel sort ? Je me demandais...

Si un jour on aurait l'occasion de rencontrer ces Dieux pour les tuer.

Notre chemin nous conduisit jusqu'à une structure pyramidale au dessus de laquelle flottaient des orbes sans que l'on puisse comprendre leur usage ou même... Son origine. Si la forme était connue, sa matière semblait différente, son relief, des... courbes. Quelque chose que je n'avais jamais vu jusqu'à présent, que ça soit chez les hommes, les elfes, les nains ou encore les Dieux à Nyr.


" Je suis prête. "

Avais-je dit sans attendre, mais Jorus et Mathis avaient de leur côté quelques réserves, on avait pourtant eu le temps de se faire à l'idée, on avait quitté Akoumou et traversé la brume, bravant son interdiction, ce n'était pas le moment de se dégonfler et de faire marche arrière.

" Mais, on a fait tout ce chemin, pourquoi retourner en arrière ? Il faut plusieurs âmes pour venir à bout de cette chose, quatre valent sûrement mieux que deux. " Car comme Vallel l'avait dit, plus nombreuses sont les âmes, plus grandes sont les chances de succès !

" Si vous n'êtes pas content, le retour se fera par la bas. "

Hrist sentenca à sa façon le doute qu'elle ne permettait pas chez nos amis aventuriers, ils n'avaient aucun moyen de retourner à la grotte et elle le savait, ils étaient pris en otage dans cette situation qui était maintenant la leur. J'avais quand même quelques regrets, Akihito ? Dracaena ? Et si on revenait à la vie mais que leurs corps à eux... Restaient inertes.

" Allez, j'ai hâte de regagner mon corps et de retrouver ma Faera. Elle me manque déjà ! " J'essayais de chasser l'éventualité de ne pas les voir revenir, même si j'aurai dû l'accepter depuis que nous sommes entrés dans la brume sans eux.

Vallel défendait son point de vue et son choix face aux assauts répétés de Mathis et Jorus qui avaient beaucoup de doutes, il fallait dire que retirer la brume était une chose, mais quand même, aller chasser le dragon était peut-être une raison valable pour faire ce genre d'acte. De toutes façons, je n'avais pas saisi ni écouté avec assez d'attention pour savoir à quoi servait vraiment cette brume. Manifestement, Vallel avait su trouver son chemin au travers de celle-ci et uniquement en se basant sur une vision. Mais nous nous pouvions pas douter de Vallel, il avait rempli son rôle, à nous de remplir le nôtre en rentrant dans la pyramide. Je ne savais pas trop à quoi m'attendre, mais j'insistais auprès du Seigneur des Treize pour capter son attention sur le but de notre expédition et l'arracher à cette explication forcée.

" Allez Seigneur Vallel, on y va ? "


D'un geste, il fit ouvrir un passage. Voyant mon entrée pour la pyramide s'offrir ainsi, je ne pouvais retenir un doute, une crainte. Mon âme était certes... Intouchable mais... Pouvait-elle disparaître ? Je dis tout haut, comme pour me donner de l'aplomb :
" Allons-y. "

Hrist s'était exécutée juste après moi.
La petite plume de la Mort.

Alors, j'ai établi ma couche dans les charniers,
Au milieu des cercueils,
Où la Mort Noire tient le registre des trophées qu'elle a conquis.


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Cromax
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Re: Savane Tanathéenne

Message par Cromax » sam. 6 mai 2023 15:45

Cauchemar en Aliaénon : Jesuir IV



À son tour, après les autres, Jorus pénétra le portail que Vallel avait creusé dans la pyramide tanathéenne des Titans. Ils se rejoignirent tous dans un monde de brume aux contours imprécis se perdant dans l’infini, sur un sol gris assez plane, garni de rocs de diverses tailles. Si la pyramide, aux dimensions humaines, présentait des formes triangulaires avec une sphère en son sein, c’était face à un cube qu’ils étaient désormais. Le cœur de la Pyramide. Un cube immense reposant sur l’un de ses coins. Ils semblaient des fourmis à côté de l’édifice gravé de symboles circulaires ou linéaires.


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Curieusement, ils n’avaient plus l’air de spectres : ils avaient retrouvé une apparence vivante, physique, et sentaient en eux la magie pulser, plus puissante que jamais. Hrist et Silmeria demeuraient des entités distinctes, indice éventuel sur la "réalité" de ce monde fantasque. Leur épreuve se présentait comme une énigme à résoudre. Vallel avait parlé de suicide, mais il avait aussi précisé qu’ils seraient littéralement la pyramide. Une incohérence avec ce qui semblait se passer là. Comment gérer cela ?


***


Dracaena et Akihito, quittant les âmes légendaires de cette planète pour rejoindre la néfaste surface embrumée, débarquèrent des souterrains de Jésuir à la surface de la Savane Tanathéenne. La sortie de la grotte immense où ils étaient accueillait les derniers émois d’une brume qui ne semblait pas pouvoir pénétrer plus profond dans les entrailles de la terre. Ils se retrouvèrent dans un paysage envahi d’une brume épaisse qui ne laissait en rien passer les rayons du soleil pourtant visible au loin. La lande était sèche, les arbres morts, et aucune vie ne semblait flotter ici. La sensation oppressante de faire presque « partie » de la brume les étreignait.


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Ils étaient accompagnés de Bakal et de Tribar, tous deux armés d’une lance éthérée et drapés de capes sombres. Ces deux-là restaient silencieux, guides fantomatiques dans un monde de mort. Mais alors qu’ils progressaient vers la Pyramide, sans l’atteindre jusqu’ici, ni même l’apercevoir dans le brouillard, une ombre masqua toute lumière, comme si la nuit venait de tomber subitement. Et ils en surent bien vite l’origine : une monstruosité gigantesque, démesurée, se posa sur leur chemin. Les couleurs vives émanant de la Terreur incarnée aux écailles noires tranchaient violemment avec le terne ambiant, rendant au Dragon une apparence encore plus terrible, enfoncée dans une folie personnifiée.



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Sa voix gronda, emplissant tout l’air pourtant si pesant alentours.

« Formes précise dans la Brume d’Âmes. Votre périple ici aura été de courte durée, yuimeniens. Quelle plaie que nous n’ayons pas pu nous-mêmes arracher vos vies. Où vous mène cette errance gardée ? Vers quel objectif vain vos âmes pourraient bien se diriger ? Parlez, avant que nous absorbions votre essence éteinte. »

Était-ce de la curiosité, ou une torture malsaine ?



[HJ : Les pyramideux : Ouverture du channel "Pyramide" sur le discord pour vos réactions visibles et orales, et potentielles tentatives. LEs brumeux : vous pouvez poster vos réponses au Gongon dans la partie "Savane Tanathéenne" du discord.]




[Mathis : 0,5 (discussion)
Akihito : 0,5 (discussion)
Jorus : 0,5 (discussion)
Dracaena : 0,5 (discussion)
Silmeria : rien de spécifique.]



[Jeu des mots :
Akihito : 10 points.]

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Akihito
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Re: Savane Tanathéenne

Message par Akihito » mer. 10 mai 2023 02:11

Dans le chapitre précédent...

Evénement : Cauchemar en Aliaénon.

30 : Pour l'Ynorie, souvent ; pour les Innocents, toujours.

La Brume… La Brume qui entoure Jesuir est une terre morte, sans vie. Desséchée un peu comme la Lande Noire, mais d’une façon… Différente. Si les alentours d’Elscar’Olth ont cet aspect brûlé, rendu aride par l’activité volcanique et les nombreuses crevasses remplies de magma, ici… Le manque de vie n’est pas une conséquence de l’environnement, C’EST l’environnement. Tout est délavé, blanchi et grisâtre. De la poussière que les pieds de nos deux gardes soulèvent à cet arbre mort que nous dépassons. Ça, en plus de ce brouillard qui nous entoure et nous… Complète ? Comme si mon corps vaporeux se fondait dans les volutes étrangement semblables qui nous entourent.

Ça ne me plait pas… Pas du tout. Je comprends pourquoi les âmes ne peuvent qu’errer ici : si ce n’était sans mes guides, il y aurait longtemps que mes sources engourdis auraient perdus tout repère dans cette zone. Mais ce n’est pas comme si j’avais le choix, si ? Jorus, Mathis, Silmeria, Hrist ; même si j’ai peu d’espoir, je n’ai qu’une seule envie : ne pas les trouver près de la pyramide, pas plus que Vallel. Toucher à la balise qui permet de contenir les âmes ne peut qu’être une mauvaise idée. Surtout que l’autre chercheur a pas vraiment l’air de se soucier des conséquences de ses actes, si ça peut aider ses recherches. Alors libérer des milliers et des milliers d’âmes, ou attirer la haine des Titans, ou même les deux, ça ne doit pas être quelque chose qui le fait se sentir concerné.

La sensation oppressante qui m’entoure n’aide pas à rassurer mon inquiétude. D’autant plus que la nuit se couche déjà, ici. L’ombre a rapidement avalé le monde tout autour de nous. Presque… Trop vite. Trop vite pour que ce soit naturel. Alors évidemment, je lève la tête.

« Par les dieux... v'là autre chose... Ahah... »

Evidemment… Evidemment ! Dans l’immensité de cette Brume, il fallait tomber sur le seul danger qui pouvait nous menacer ! J’ai même pas eu besoin de jeter de fiole de fluide, cette fois, c’est dire. Et Valyus sait que j’aurais dix, cent fois préféré me retrouver face aux Corneraures seul plutôt que le Shinigami. Il est toujours aussi puissant, aussi imposant, aussi… Absolu. Absolu, c’est le mot. Aucun autre mot ne peut qualifier un être si puissant, si menaçant. Alors que ses ailes couvrent le ciel au-dessus de nous, je prends de nouveau conscience de sa taille démesurée : plus grand que le Nidhogg de mon Ordalie, et lui aussi j’aurais préféré me retrouver face à lui.
Toute résistance me parait désormais futile. Tout est fini, non ? J’ai beau trembler par pur instinct, je me sens étrangement calme désormais. La peur, c’est quand on ne veut pas perdre quelque chose, qu’on craint de ne plus y avoir accès. A un plaisir, une sensation… Une personne. Mais là ? Pourquoi avoir peur ? Revenir à la vie ? C’est désormais un doux rêve qui se dissout dans mon esprit. Face à l’inéluctable de mon sort, je ne peux qu’accepter que mon avenir dépende du bon vouloir du Dévoreur d’âmes. Pas d’artefact, pas de magie pour me laisser un espoir fou de fuite ou de riposte, rien. Seul mon esprit fragile et insignifiant engoncé dans une âme que mon adversaire peut souffler sans même s’en rendre compte.

« Formes précise dans la Brume d’Âmes. Votre périple ici aura été de courte durée, Yuiméniens. Quelle plaie que nous n’ayons pas pu nous-mêmes arracher vos vies. Où vous mène cette errance gardée ? Vers quel objectif vain vos âmes pourraient bien se diriger ? Parlez, avant que nous absorbions votre essence éteinte. »

Qu’est ce qu’on fait ici, je me pose moi aussi la question… Ma voix n’est pas très assurée, et je me raccroche à une des convictions qui m’avait fait tenir de mon vivant. Si je suis condamné, alors les autres n’ont pas à subir le même sort que moi.

« Nous... nous venions vous voir. Vous... vous regrettez de ne pas nous avoir tué, mais vous pouviez le faire à Elscar'Olth. Pourquoi ne pas l'avoir fait ?

- Ek...Ke....Kre.... V...vous voulez vraiment savoir...Vous... Oh bon sang d'bonne sève l'est encore plus impressionnant en vrai... murmure Dracaena à mes côtés, avant de se parler à nouveau plus distinctement. S'qu'on a à faire... concerne du titan... j'imagine que ça vous...intéresse ? »

Je lui jette un regard incrédule, avant qu’il ne s’adoucisse de pitié. L’esprit de l’Oudio semble complètement avoir lâché. Il panique, face à ce qu’il découvre pour la première fois… Moi, je l’ai vu en action à deux reprises, déjà. Est-ce que ça m’aide vraiment à ne pas être affecté par le cauchemar personnifié ? Difficile d’y croire… Je dois être fou, moi aussi…

« Parce que nous nous amusons de vous voir vainement vouloir vaincre, vermisseaux. Quant aux Titans, hmmmmm. Il n'y en a guère ici : que des âmes délicieuses à dévorer. Comme en Ynorie, vous vous souvenez ?

- L'Ynorie, hein... ? »

Fou… Peut être que je le suis, en fin de compte. Parce que je sens une profonde colère monter en moi. L’entendre évoquer le destin tragique de milliers des miens, de dizaines de milliers d’innocents, avec… Moquerie ? Dédain ? Comme si c’était un simple événement auquel on avait tout deux participé ? Je pointe un doigt rageur vers le Dragon Noir. Tremblant de rage, mais aussi de peur. Et je ravale la réplique cinglante qui me brûle la gorge.

(Laissez-moi le temps de sortir d'ici, et je ferai en sorte que vous gardiez du "vermisseau" plus que les quelques écailles brûlées sur votre gueule cauchemardesque. La foudre vous rappelle de mauvais souvenirs, peut-être ?)

« Je me souviens de l'Ynorie, et vous avez l'air de vous rappeler du "vermisseau" qui y a participé. Je me souviens aussi vous avoir vu disparaître, emmené par la déesse Brytha. Elle fait partie du "nous", c'est ça ? »

Comment le Dragon peut-il savoir que j’étais là ? Est-ce qu’il m’a vu ? Alors que j’étais aussi insignifiant, et que Brytha venait d’arriver ? Le Dévoreur d’Âmes… Peut-il avoir accès aux souvenirs de ceux qu’il absorbe ? Une idée terrifiante qui pourrait expliquer pourquoi il sait que j’étais présent. Certaines personnes me connaissaient. Et parmi elles, Theli. Rien que l’idée qu’il utilise son âme pour en apprendre sur moi faisait monter une fureur et un profond sentiment d’horreur dans mon estomac.

« Oh...Ohoho... Pas de titan ici ? Peut-être que... vous regardez les choses sous le mauvais angle ! Après tout, c'est quoi un titan ?

- Hmmmm, petite pousse, la flatterie ne te mènera à rien, mais au moins reconnais-tu la mort, quand tu la vois, souffle le Shinigami en exhalant le froid glacial et putride de la mort, que même mon corps spectral pourtant privé de sens parvient à sentir avec une trop grande clarté. Nous ne sommes pas Brytha, pas même le Dragon Noir que vous connaissiez. Jusqu'à notre nature, nous avons transcendé.

- Okay, je...ça f'sait un moment qu'j'avais rien ressentit, ça fait bizarre... Euh, et oui, non, vous... m'avez mal compris. J'voulais pas dire que vous étiez un titan, juste que les titans ont plus d'apparence qu'vous imaginez... Sans vous...manquer d'respect hein ! M'sieur Dragon...M'dame Brytha... Brythagon ? Je... heu...Hrm... Vous... Avez transcendé ? Et... vous êtes dev'nu quoi ? Au-dessus de dieu j'veux dire ? »

Ça y est. Dracaena a complètement craqué. Brythagon ? C’était un surnom digne de Silmeria. Il essaye même de lui faire un peu de lèche ? Je comprends bien qu’il perd les pédales devant ce danger au-delà de tout ce qu’il a jamais connu, mais ça me fait mal de le voir comme ça.

« Eh, oh Drac. EH ! Réveille-toi ! Tu nous fais quoi là ? Reprends-toi un peu ! »

Le malheureux ne m’entend qu’à peine. J’ai beau essayer d’attirer son attention, son regard fou n’attrape pas le mien. Il risque d’attirer l’ire de ce foutu lézard à ce rythme !

« Plus important que votre état transcendé, éveillé ou je ne sais quoi, dis-je en me tournant vers le Dragon Noir, c'est quoi votre but maintenant ? Tout détruire comme le Dragon noir ? Maintenir l'équilibre comme Brytha ? Rétablir l'équilibre en détruisant tout ?

- Hmmmmmmmmmm, vous commencez déjà à m'ennuyer. Donnez-moi une bonne raison de ne pas vous croquer.

- Parce que vous prendrez bien plus de plaisir à nous pulvériser en pleine possession de nos moyens plutôt qu'ici, alors que nous sommes faibles et sans défense. »

Est-ce qu’il sera même sensible à une provocation, une dernière bravade ? Ou bien…

« Parce qu'on peut vous dire où trouver deux âmes de titans qui vous ont échappé. »

… Va-t-il écouter les précieuses informations de Dracaena, et apporter la ruine sur Yli et Xël ?

« Faibles et sans défense, vous l'êtes ici comme ailleurs. Vous surestimez grandement votre pouvoir récréatif. »

Récréatif… C’est vrai, je ne suis pas plus important ou menaçant qu’une fourmi dansant dans sa paume griffue. Je ne peux qu’être une distraction. Je constate à peine que nos guides ont abaissé leurs lances en direction du Dragon Noir. Sans doute pour la forme, et sauver les apparences. Un peu comme moi…

« Que sont deux âmes, face à la multitude qui reste encore à faucher ? Mais nous sentons en toi, petite pousse, une volonté de nous servir. Prête-noms allégeance, et tu vivras pour nous satisfaire. »

… Ah.

L’âme des Titans ne l’intéresse pas. Mais il veut pactiser avec Dracaena. Moi… moi, je n’ai pas le droit à cette option. Ça… Quelque part, ça me rassure. J’ai beau assurer que je n’aurais jamais accepté un tel contrat avec le massacreur de mon peuple, à… A quel point est-ce que j’aurais été faible si j’avais eu le choix ? Comme Dracaena, qui tente vainement de négocier mon âme en plus de la sienne ?

… Non.

Non.

NON.

« Vous sous-estimer grandement notre potentiel. J'ai réussi à vous toucher. Et à vous blesser, même si c'est dérisoire ; croyez-moi quand je vous dis que si tout seul je peux pas faire plus, j'ai encore quelques idées pour frapper encore plus fort. Surtout si on s'y met tous ensemble. Ça sera peut-être pas assez pour vous faire payer ce que vous avez fait aux miens, mais ça sera autrement plus divertissant que de raser une ville qui ne parvient pas à riposter. »

Devenir le pantin du Shinigami ? Sa chose ? Servir ses plans, propager la ruine au nom de ce monstre ? Être obligé de m’opposer à Xël ? A… Yliria ? Participer à mettre Oranan et Yuimen en danger ? Non. Non ! Mon âme peut bien être détruite, réduite à rien de moins qu’un souvenir, mais ce dernier ne sera pas sali par une trahison aussi infâmante !

Premier Précepte de Valyus : "Tu protégeras les tiens des périls et des offenses."

« Ridicule : vous êtes morts avant même d'avoir essayé de vous mesurer à nous. Il me tarde de savoir comment ceux qui ont survécu viendront nous défier. Quant à toi... Ma proposition te concernait toi, pas ces trois autres inutiles. Et elle ne durera pas, ni ne souffrira du moindre marchandage. Alors réponds, que nous soyons tous quitte de cette ennuyante conversation.

- Alors attendez que je revienne à la vie pour vous coller la même branlée que Valyus vous a mise par le passé. A moins que vous ayez peur de ce dont le vermisseau inutile serait capable ? »

Valyus, le dieu de la foudre, de la Protection ! Le seul qui a, selon les légendes, fait douter ce foutu lézard de son immortalité ! Je n’ai pas la moitié du quart du dixième de sa puissance. Mais j’ai cru toute ma vie en ses enseignements. Ce n’est pas aujourd’hui que je m’abaisserai à les bafouer. Pas comme…

Dracaena. Le regarder éteint un temps la fureur de mon baroud d’honneur. Lui compte accepter ce marché. Lui va s’allier au Dévoreur d’Âmes. Mais est ce que je peux seulement lui en vouloir ? Face à un tel danger, aussi insurmontable… Comment lui reprocher de vouloir sauver le peu qu’il lui reste ? Lui n’a pas été victime, comme moi, du Dragon Noir. Résignation, tristesse, déception, compréhension… Beaucoup de choses doivent passer à travers mes yeux.

« Le monde s'écroulera trois fois avant que j'accepte de pactiser avec ce foutu monstre. Je n'approuverai pas si tu acceptes... mais je comprendrai que tu le veuilles.

- Mourrez pas une seconde fois m'sieur Akihito. Vous laissez disparaitre de l'existence aid'ra personne ! ...J'suis sincèrement désolé. »

Ma disparition n’aidera personne, oui… Mais elle n’apportera le malheur sur personne. Le ton de l’Oudio redevient brièvement plus dynamique, alors qu’il accepte le marché. Sans doute essaye-t-il de se convaincre qu’il fait le bon choix.

« Ma foi vot' perspective d'av'nir me semble...pas mal, j'accepte vot' proposition! J'suis à votre... service...patron.

- Bien. »

Son regard se tourne alors vers moi, et un tonitruant bruit de succion se fait entendre alors que le dragon prend une inspiration. La Mort… La Mort n’a jamais été si proche.

« Dracaena… »

Ma voix semble si lointaine. Comme si je m’entendais, spectateur de mon acte final. M’adressant à celui qui assistera à ma fin. Comment résumer mes dernières paroles ? Les regrets surgissent un temps, font vaciller ma conviction. Il y a tant de choses que j’ai encore à faire, dire, voir, aimer, vivre, tester, regretter et réessayer.

« Je t’en veux pas. Si tu vois les autres, Dis-leur que je suis désolé. Dis à Amy et à Yli que… Que je regrette. »

Mais le Dragon Noir ne m’en laissera plus jamais l’occasion. Sans moyen de me défendre, sans moyen de riposter, tout ce qu’il me reste, c’est le souvenir que je laisserai. Un ego futile.

« Bakal, Tribar, barrez-vous. »

Premier Interdit de Valyus : "Tu ne laisseras point le faible sans protection."

Une dernière tentative, sans doute tout aussi futile, de protéger des innocents. Des pauvres gardes qui n’ont rien demandé… Et que je ne veux pas emmener avec moi. D’un bond, je m’élève dans les airs, faisant face au Dragon Noir. Jamais il n’a été aussi près, jamais il n’a été aussi terrifiant, avec ses écailles d’obsidiennes autour de sa gueule vibrant d’une énergie orange sombre, n’appelant que la mort. Ses rangées de crocs plus grandes que moi… Ce regard pétrifiant d’effroi. Et moi, face à l’inéluctabilité de mon destin, je suis enfin en paix.

Ma main dresse ultimement un majeur provocateur. Sur son dos, la Kizoku-Hana.

(Force, Sagesse... Courage.)

« Va te faire foutre, lézard de merde. »

Puis je fonds sur lui, un dernier sourire ornant mes lèvres. Si c’est la dernière image que je peux laisser, alors je veux que ce soit celle d’Akihito Yoichi, le protecteur qui n’a jamais fuis et jusqu’à la fin, a tenté de protéger les autres.

Dernier Interdit de Valyus : "Tu ne vivras point sans honneur."


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HRP : Va essayer de passer derrière la Tête du Dragon pour être plus difficile à toucher et gagner du temps.
Modifié en dernier par Akihito le mer. 17 mai 2023 16:47, modifié 1 fois.

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Mathis
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Re: Savane Tanathéenne

Message par Mathis » jeu. 11 mai 2023 02:38

L’intérieur de la pyramide se révélait être un monde de brume dans lequel il m’était impossible d’en définir les limites. Cependant, face à nous se trouvait un objet bien distinct par sa forme cubique tenant sur un seul coin. Sur cet immense cube qui nous surplombait était gravé des symboles linéaires et circulaires.

En posant mon regard sur les autres, je constatai que les âmes de mes compagnons étaient tangibles. Je portai alors mon regard sur mon âme, intrigué. Après avoir touché mon visage, et constaté que je n'étais plus une âme translucide, je reportai mon attention sur mes compagnons, et répondis à Silmeria nous demandant si nous percevions également la magie.

« Oui je la sens bien...jusqu'à présent Vallel avait dit vrai. »

Puis regardant le cube

« Approchons du cube, il est sûrement au cœur de la solution »

Cela dit je joignis le geste à la parole, les autres me rejoignant aussitôt. Nous l’examinâmes d’abord en silence. Ce fut les deux femmes qui mirent fin à notre silence. Tout comme moi, Hrist supposait que le cube était le cœur de la pyramide. Elle proposa donc de le détruire en utilisant cette intense magie qui nous envahissait.

« Je suis du même avis que vous...c’est le cœur qu’il faut viser et tous ensemble. Pour ça, je suggère qu’on unisse notre magie en se tenant les mains....mais il ne faut cependant pas agir trop vite, il faut d’abord trouver comment le détruire et s’il a une faiblesse. »

Cela dit je m'approchai plus du cube, l’examinai de plus près, cherchant autre symbole, fissure, caractéristique distincte. Je n’y vis aucun signe supplémentaire si ce n’était une forte et puissante magie.

Demeurant étrangement silencieux, Jorus ne participa pas à nos échanges, se contentant de s’approcher du cube et d’y apposer sa main
Je posai alors calmement et sans agressivité, ma main sur l'épaule de Jorus et je lui demandai sur le même ton calme:

« Jorus pourquoi ignores-tu mes paroles et celle de Silmeria ? Dis-moi ce que tu as en tête. »

Après un court moment, Jorus me répondit agressivement, me demandant si je comptais tuer nos âmes comme je l’avais fait avec nos corps. Ces remarques étaient injustes. Il avait été témoin de la scène entière, il savait dans quel état j’étais lorsque j’avais invoqué la magie, sa remarque était mesquine et cela me contrariait. Il allait être impossible de détruire la pyramide avec Jorus dans nos pattes. Cela me semblait de plus en plus clair, il était venu saboter notre mission, sans penser aux conséquences.
Je lui répondis d’un ton contrarié et ferme.

« N'essaie pas de me culpabiliser davantage que je le suis... tu sais très bien ce qui s'est passé et tu en connais les circonstances. »

Continuant son analyse, Silmeria avait elle aussi ressenti la magie intense, mais n’avait pas vu de faille.

(Mais le cube est immense, nous sommes des insectes à ses côtés…)

Prenant rapidement la main de sa jumelle, Silmeria nous proposa de tous canaliser la magie dans le but de détruire le cube, espérant que le cube détruit, la pyramide le serait aussi.

Trouvant l’idée de Silmeria intéressante, je rajoutai :
« Si comme nous le pensons, ce cube est le cœur de cette pyramide... au lieu de canaliser notre énergie vers lui pour le détruire... je propose plutôt qu'on tente à quatre d'absorber toute la sienne... afin de l'en déposséder... sans énergie, il sera comme si son cœur cessait de battre. Qu'en pensez-vous ? »

Toujours agressif, il retira ma main de son épaule. Puisqu’il avait rompu le lien que j’avais avec le cube, je m’empressai d’y toucher directement de ma main gauche.

Jorus me répondit qu’il connaissait surtout les conséquences de mes actes. Il mit même en doute la sincérité de ma culpabilité en disant que j’étais trop pressé d’agir. Il ne doutait pas tant de la solution trouvée, mais de la personne qui l’avait proposé. Il semblait persuadé que la brume devait rester là où elle était.
(Tu ne vois pas plus loin que ton nez, espèce d’idiot prétentieux !)

Alors que je ne m’attendais qu’il ne sorte que du mépris de sa bouche, il espérait une autre solution que celle de libérer les âmes et surtout de libérer Vallel.
Tout comme moi, Silmeria tenta de convaincre Jorus. Lui demandant pourquoi ce revirement soudain. De mon côté, j’avais finalement compris, qu’il avait toujours été contre et qu’il n’était pas entré dans la pyramide pour nous venir en aide. Plus directe, Hrist lui dit qu’il n’avait plus d’autre solution et lui donna le choix de se joindre à nous, ou de rester derrière en silence.

Les Silmeria avaient raison, il était plus que temps d’agir.

« Assez parlé, touchez le cube ! »

Ma main droite sur le cube, je pris une grande respiration avant de reprendre

«Magie d'Aliaenon retire l'énergie de ce cube pour nous la partager une quantité maximale sans nuire à notre survie. »

Jorus soupira bruyamment et implora la magie à son tour. Sauf qu’au lieu d’aller dans notre sens, ou se contenter d’annuler mon sort, il souhaita que toutes nos enveloppes ne forment qu’un corps, qu’un homoncule difforme. À l’écoute de ces paroles de mon ex-compagnon, j’ouvris grand les yeux et la bouche, horrifié. Silmeria pour sa part semblait concentré sur le cube alors que Hrist tendait ses bras vers Jorus.

Depuis ma dernière bévue avec la magie, je sentais une certaine nervosité en l’invoquant. Heureusement, tout se passa pour le mieux, je sentis une puissante magie pénétrer mon âme tangible et j’espérais qu’il en était de même pour mes compagnons... Mon sort avait réussi. Je fixai cependant mes mains, inquiet, craignant que le mauvais sortilège que Jorus nous avait méchamment lancé réussisse à son tour. Heureusement, mon visage, mes mains, mes jambes, bref mon corps tout entier demeura intact, tout en proportion agréable. Mais lorsque je levai la tête, je vis que Jorus avait disparu laissant la place à une créature difforme se résumant à un gros tronc central fait de plaque rosâtre et autour duquel s’étaient greffés de nombreux appendices difformes lui servant de membres. Pour ce qui était de la tête, elle était chauve. Le visage se résumait à deux petits yeux noirs et une très grande bouche remplie de petites dents pointues. J’eus d’abord un haut-le-cœur en le voyant, suivi d’un soulagement que son sort soit retourné contre lui. En détournant mon regard de l’être immonde qu’il était devenu, je vis que Hrist se retrouvait contre le sol.

Le cube se fissura, laissant échapper une aveuglante lumière blanche qui se dirigea droit sur Silmeria. Cette dernière ressemblait désormais à une énorme sphère de lumière. Le cube, terne, semblait éteint et par conséquent je ne ressentais plus sa magie. La petite faille s’élargissait, et il était évident qu’il allait s’effondrer… sur nous.

Tout se passait si vite, tout en regardant le cube tomber sur nous, j’entendis la chose prononcer trois mots : esprits, yuimeniens, corps. Je devinai ses intentions et je formulai à mon tour un sort afin d'augmenter nos chances de survie. Je souhaite donc la même chose que… Jorus métamorphosé.

« Magie d Aliaénon, fait que Akihito, Dracaena, Jorus, Silmeria et Hrist, et moi, retournons vers nos corps d'origine, et que ceux-ci soient en excellents états. »

La magie opéra…une fraîche odeur de lavande envahit mes narines et je me sentis tout propre, mais nous restâmes tous au même endroit à la merci du cube. Horrifié, je vis des aiguilles par milliers transpercer le corps de Jorus et j’entendis celui-ci s’écrier de douleur. Nul doute sur la responsable d’un tel sort, il n’y avait pas de limite à la vengeance de Hrist. Malgré toute la méchanceté de Jorus en nous lançant ce sort, je ne pouvais m’empêcher d’avoir pitié de lui.

Nous étions encore là, et le cube aussi de plus en plus près:

« Magie d'Aliéanon, fait dévier la direction de chute du cube afin que nous soyons tous épargnés. »

J’en voulais à Jorus, mais le temps n’était pas à la rancune, je m’occuperais de lui plus tard, si jamais nous nous en sortions.
Puis à l’intention de Silmeria, Hrist, et même à Jorus, je criai:

« Tous vers la gauche. » Dis-je tout en m'exécutant.

Alors que je souhaitais que le cube dévie de sa trajectoire, il ne fit qu’un léger mouvement qui me propulsa de la poussière et des gravats en plein visage.
« Aaa…. Aaa…. Aaa…tchoum ! »

Alors que je me frottais les yeux pour y dégager la poussière qui m’aveuglait, des aiguilles brûlantes me traversèrent le corps à plusieurs endroits.

« AAAAAiiiiiiiieeeeee! »

Immobilisé par la douleur, je vis Silmeria se dégonfler et s’éloigner de nous dans une trajectoire erratique… alors qu’impuissant je vis le cube, puis ses symboles de près.. Et puis…
Modifié en dernier par Mathis le dim. 14 mai 2023 17:25, modifié 1 fois.

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Jorus Kayne
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Re: Savane Tanathéenne

Message par Jorus Kayne » ven. 12 mai 2023 16:00

Je pénètre dans le portail de Vallel à la suite de Mathis, Silméria et Hirst. Tous trois semblent bien décidés à mettre fin à cette brume, qu’importent les conséquences que cela aura, contrairement à moi. L’idée de libérer les esprits est peut-être une chose acceptable pour ces derniers, préférable si c’est cela leur souhait, cependant, je n’ai pas vu cette envie auprès des trois esprits qui ont accepté de venir me parler. En revanche, je sais que la libération de Vallel n’est en rien une bonne chose. Lui, fléau de ce monde. Il est déjà mort deux fois et il y a très certainement une bonne raison derrière cela. Si je veux les empêcher de briser la brume, cela va être très compliqué face à eux trois.

A l’intérieur de la pyramide est bien différent de son extérieur. Un cube, posé en équilibre sur un de ses coins, se présente devant nous. Si nous pouvons apercevoir des marques, symboles inconnus et autres formes gravées sur une matière semblable à de la roche, il nous faut être assez loin pour le contempler dans son ensemble. Par réflexe, je serre le poing pour palier à ma tension et la surprise est totale lorsque je me rends compte qu’elle se referme tout naturellement, loin de l’intangibilité de mon corps spirituel. Je porte mon attention sur le reste de mon corps qui est lui aussi a retrouvé de sa solidité et la magie qui accompagne mon être. Mon corps est redevenu aussi palpable que de mon vivant, mais ce n’est qu’un effet sur l’esprit. En effet, si les deux régicides ne formaient qu’une durant leur existence physique, leur esprit se sont séparés en deux à leur mort et c’est bien deux êtres distincts qui se trouvent avec nous, prouvant ainsi que nous sommes toujours dans l’étape de notre mort.

C’est d’ailleurs l’une des deux qui en fait la déclaration ouverte en première, clamant ensuite qu’en la présence de Vissélion, celui-ci nous aurait permis de faire réintégrer nos esprits dans nos corps sans passer par ce besoin de détruire la pyramide. Elle est rejointe par Mathis qui s’en va confirmer les propos de Vallel, poussant l’idée de base qu’il nous faut détruire le cube, avant de nous inviter à nous en approcher.

(Bon sang ! Ils semblent vraiment déterminés à mettre fin à cette brume. Comment pourrais-je trouver la solution pour les en empêcher ? Leur faire entendre raison me semble particulièrement compliqué. Ils ont bu les propos de Vallel jusqu’à la lie et ne se détournent pas du but que cet homme a instillé dans leurs têtes !)

Pour l’heure, je ne dis mot. J’ai clairement ma propre opinion et l’exposer ne ferait que me donner une cible, entravant une lutte que je sais déjà très compliquée. Si j’ai beau avoir le retour de la magie, il n’en reste pas moins qu’ils sont trois et moi seul. Je me contente donc de les suivre, jusqu’à ce que les Silmérias jouent au jeu des questions réponses. L’une demandant quoi faire et l’autre reprenant les propos de Vallel, selon quoi nous serions la pyramide, le cube en est le cœur et que nous avons besoin du concert de tous ici présent pour la détruire. Une affirmation rapidement soutenue par Mathis qui cherche à trouver une faille à l’intérieur et s’en approche.

(Que faire, que faire, que faire ? Je n’ai pas la moindre idée en tête ! Et si nous libérons les esprits ainsi que Vallel, je ne pourrais pas la regarder en face ! Il faut que je trouve quelque chose et vite.)

Ne sachant comment agir, je me contente de m’approcher du cube et pose une main sur celui-ci.

(Aide-moi à te protéger !)

Au contact avec le cube, la magie en moi reçoit un afflux majeur. Ne m’affligeant d’aucune blessure, celle-ci devient juste plus puissante, plus dense et envahit tout mon être. Je suis rejoint par Mathis qui pose une main sur moi et demande la raison de mon mutisme et ce que j’ai en tête. C’est presque risible de savoir que les deux personnes qui sont responsables de notre mort à tous, œuvre visiblement main dans la main pour déclencher un cataclysme, suivant les conseils du fléau de ce monde. Une pensée qui me rappelle à mon côté humain et fait remonter des émotions mauvaises qui influence ma réponse. Je tourne brièvement la tête vers la main et reviens observer l'étrange édifice.

(Faut que je gagne du temps !)

Puis, cherchant à détourner l’attention sur un autre sujet je réponds.

"Je réfléchis. Et toi ? Après avoir tué nos corps, tu comptes faire de même avec nos âmes ?"

Je sens sa contrariété lorsqu’il me répond qu’il se sent déjà coupable et que j’en connais les circonstances. Hélas, c’est tout le temps que mon intervention me fait gagner, car déjà la conversation revient sur la destruction de l’édifice. Si l’une des jumelles propose de canaliser une magie pour détruire le cœur de l’intérieur, Mathis lui opte pour une absorption de la magie qui anime ce même cœur et donc n’alimenterais plus la brume. Alors qu’il nous demande ce que nous en pensons, je cherche, à défaut de pouvoir manipuler les deux elfes, à l’utiliser lui pour parvenir à mes fins.

"J'en connais les circonstances, mais plus particulièrement la conséquence !" Puis j'enlève la main de Mathis de mon épaule, avec celle encore libre et tourne mon regard vers lui. "Toi, si vraiment cette culpabilité est sincère, tu ne chercherais pas à agir si promptement. Nos actes ont des conséquences et c'est bien là le cœur du problème ! Vous voulez qu'on brise ceci, ce qui libérera les esprits. Mais celui qui l'a proposé n'est autre que Vallel, un fléau de ce monde ! Que penses-tu qu'il arrivera une fois la brume dissipée ? Aliaenon refleurira de partout ? La joie et la paix seront aussi facilement ramassées qu'un brun d'herbe ?"

Puis je m'en retourne vers l'édifice.

(Je crains de ne pouvoir les empêcher d’agir. Ils restent obnubilés par l’idée de revivre, ce que je peux facilement concevoir. Mais eux ne voient pas le prix que nous allons payer pour cela. Peut-être qu’au lieu de les empêcher d’agir, je pourrais les guider vers une autre solution ? La magie est en nous, nous pourrions ramener nous âmes autrement !)

"Il y a peut-être une autre solution que de répandre les esprits sur Aliaenon. Une autre solution que de libérer Vallel de l'isolement qu'il mérite."

J’attire l’attention des jumelles dont l’une, Silméria sûrement, s’obstine à trouver la solution la plus facile pour revenir et s’occuper du dragon. Sauf que le chemin le plus facile n’est pas forcément le meilleur. Quant à Hirst, elle est plus directe, plus franche, plus froide et à défaut de me joindre au groupe, m’invite à sa façon, à rester en retrait pour ne pas les déranger.

(Non je suis sûr que nous pouvons faire quelque chose ! Nous avons notre magie avec nous. Nous pourrions déjà faire venir de force Akihito et Dracena. Leurs présences en étant vivant pourrait les aider à y voir plus clair, à se sentir moins mort. Akihito est un mage, peut-être pas aussi puissant que Xël, mais il est celui qui possède la meilleure connaissance sur le sujet, ce que nous trois n’avons pas. Notre magie ne s’arrête pas à nos capacités sur Yuimen. Nous pourrions essayer de contacter Yliria et Xël, qui pourraient nous aider à guider nos esprits jusqu'à...)

Je suis tiré de mes pensées par la précipitation de l’un de nous. Contrairement à ce que je croyais, la menace du cube ne venait pas des régicides, élément du groupe aussi libre qu'imprévisible, mais du blondinet. J’ignore ce qu’il le pousse à agir sans la moindre réserve pour les conséquences à venir, mais il est déjà trop tard. Je soupire face à son acte irréfléchi, avant de me demander s’il n’est pas possible de gager encore un peu de temps. Mimant sa façon d’utiliser la magie oralement, je me demande si de cette façon, elle n’est pas plus précise dans sa manière d’opérer. Comme si prononcer oralement aider l’esprit à atteindre le but fixé. Alors quitte à parler, essayons une autre approche.

"Vous, désirant briser la brume sans remords.
Que vos enveloppes ne forment plus qu'un corps.
Homonculus difforme conservant ses membres.
Magie vient, atteint ces trois êtres sans attendre."


De leurs côtés, les jumelles œuvrent également, mais à des buts différents, si j’en crois le regard que m’adresse la plus froide des deux. La magie opère, plus ou moins selon les individus. Si je sens un afflux de magie, je suis incapable de contrôler ce pouvoir soudain qui m’échappe totalement. Mon corps se met à se renfermer sur lui-même. Loin de penser que mon être se replie comme un nourrisson dans le ventre de sa mère, j’aurais préféré d’ailleurs, il se replie totalement. Mes bras s’enfoncent dans mon corps, se fondant en lui. De même pour mes jambes dont les genoux auraient encerclé ma tête s’ils n’avaient pas subi le même sort. Ma tête elle, se replie également en tournant sur elle-même, réussissant l’exploit de me voir de dos à plusieurs reprises, jusqu’à ce que ce dernier membre disparaisse aussi. J’ai cependant le temps de voir mon corps se transformer, formant par moment des boules de chair prêtes à exploser, corps difforme qui n’a plus rien d’humain. Lorsque je parviens de nouveau à voir, ma tête, ou ce qui s’en approche ressortant de mon être, je vois que je ne suis plus qu’une boule de graisse difforme, possédant toujours deux bras, mais énormes avec de trop nombreux doigts crochus. Sur les côtés, je sens, avant de finalement les voir, plusieurs tentacules sur les côtés, me rappelant mon combat contre moi-même et ses fouets dans les mains.

(Mais c’est quoi cette manie des trucs qui bouge comme ça ?)

Ma magie m’avait échappée, encore une fois, mais au pire moment cette fois-ci. L’une des elfes jumelles avait réussi à siphonner l’entièreté de la magie du cube, devenant une boule de chair, lorsque moi je suis devenu une boule de graisse. Dans mon malheur, j’ai la chance que la seconde régicide subit le même sort que moi. Sa magie semble lui avoir échappé, car elle se voit plaquer au sol par une force invisible.

Moi qui espérais trouver une alternative à la proposition de Vallel, c’est la désillusion totale, lorsque en bougeant une bonne partie de mon corps pour simplement regarder ailleurs, je vois le cube, dénué de magie, commencer à tomber sur nous. Non loin de moi, celle qui voulait me nuire est complètement à ma merci. Je pourrais planter mes nouveaux membres puissants et acérés dans son corps, mais à quoi bon. Cela ne changera pas la situation qu’ils ont commis. Il ne nous reste plus qu’à se sortir de la menace et faire face aux conséquences de leurs actes. Pour cela, nous allons devoir retrouver nos corps. J'utilise la magie, bien qu’elle m’a fait particulièrement défaut il y a peu, usant de la puissance de l'orbe de magie qu'est devenu Silméria, pour lier tous les esprits yuiméniens venu avec moi sur Aliaenon et les renvoyer à leur corps d'origine. Je me concentre sur une image simple pour cela, celle de tous les yuiméniens qui ont traversé le fluide et qui ont péris, comprenant ainsi ceux qui ont commis le pire, mais également nos compagnons qui sont restés en retrait. Nous aurons besoin de leur présence pour affronter le mal à venir.

"Espriiits...yuiiimeniiiens....cooorps." Je prononce ces mots pour m'aider à canaliser ma magie avec ce qui me sert actuellement de bouche, même si dans son état actuel, je peine à parler correctement.

Quand bien même je suis aidé par l’impatient de service, notre magie n’obéi pas à notre volonté, pour changer. Contrairement à celle qui n’a de cesse de vouloir ma mort, malgré notre situation actuelle assez préocupante. En plus du regard haineux d’Hirst, je suis transpercé d’une multitude d’aiguilles sur le gros tas de viande que je suis devenu. Il est dommage que ma nouvelle forme ne soit pas dénuée de capacité à ressentir la souffrance, car sa magie me fait hurler d’une douleur dont je me serais bien passée et la soudaine odeur de lavande qui apparaît ne m’est d’aucune aide pour lutter contre cela. Notre situation est toujours la même qu’il y a quelques instants : sous la menace de ce monstrueux cube. A ceci près que j’arbore l’apparence d’un hérisson particulièrement dégueulasse. J’entends la voix de Mathis qui nous dirige à aller sur notre gauche. Doutant fortement qu’il cherche à nous tuer tous à nouveau, je m’exécute plutôt que de faire appel à la magie visiblement foireuse en ce moment et roule dans la direction indiquée. Cependant, mon mouvement est accompagné par une intense douleur de brûlure, là où se trouvent mes aiguilles. Inutile de chercher d’où se situe la raison de ce brusque changement thermique, qui me provoque un hurlement à damner les morts. J’hurle si fort que je me demande si je n'aurais pas gagné trois ou quatre poumons dans ma métamorphose. Puis la douleur cesse, enfin elle laisse toute de même un souvenir qui me colle assez bien à la peau.

Je me retrouve un peu plus loin, finissant sur le dos et contemplant le cube, toujours présent au-dessus de nos têtes, loin de la sécurité promise par Mathis. Dans le ciel, je vois une sphère, emportée par ce qui ressemble être une tempête localisée sur lui, mais l’éloignant de la zone de danger. Le cube, continue sa course si vite que je sais qu’il me sera impossible d’utiliser la magie à temps.

(J’aurais préféré mourir dévoré par le dragon rouge que de finir dans l’état où je suis. Vraiment, quelle journée de merde !)

Ne désirant pas voir ma propre mort, je ferme mes bras autour de moi, cachant mon visage par mes gros membres et mes tentacules bizarres.
Modifié en dernier par Jorus Kayne le sam. 13 mai 2023 08:13, modifié 1 fois.

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Dracaena Paletuv
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Re: Savane Tanathéenne

Message par Dracaena Paletuv » sam. 13 mai 2023 01:33

Dr...Dr...Dr...Dr...Dr...Dr...Dr...Dr...Dr...Dr...Dr...Dr...Dr...Dr...Dr...Dr...Dr...Dr...Dr...Dr...Dr...Dr...Dr...Dr...Dr...Dr...Dr...Dr...Dr...Dr...Dr...Dr...Dr...Dr...Dr...Dr...Dr...Dr...Dr...Dr...Dr...Dr...Dr...Dr...Dr...Dr...Dr...Dr...Dr...Dr...Dr...Dr...Dr...Dr...Dr...Dr...Dr...Dr...Dr...Dr...Dr...Dr...Dr...Dr...Dr...Dr...Dr...Dr...Dr...Dr...Dr...Dr...Dr...Dr...Dr...Dr...Dr...Dr...Dr...Dr...Dr...Dr...Dr...Dr...Dr...Dr...Dr...Dr...Dr...Dr...Dr...Dr...Dr...Dr...Dr...Dr...Dr...Dr...Dr...Dr...Dr...Dr...Dr...Dr...Dr...Dr...Dr...Dr...Dr...Dr...

« Par les dieux... v'là autre chose... Ahah... »


Dr...Dr...Dr...Dr...Dr...Dr...Dr...Dr...Dr...Dr...Dr...Dr...Dr...Dr...Dr...Dr...Dr...Dr...Dr...Dr...Dr...Dr...Dr...Dr...Dr...Dr...Dr...Dr...Dr...Dr...Dr...Dr...Dr...Dr...Dr...Dr...Dr...Dr...Dr...Dr...Dr...Dr...Dr...Dr...Dr...Dr...Dr...Dr...Dr...Dr...Dr...Dr...Dr...Dr...Dr...Dr...Dr...Dr...Dr...Dr...Dr...Dr...Dr...Dr...Dr...Dr...Dr...Dr...Dr...Dr...Dr...Dr...Dr...Dr...Dr...Dr...Dr...Dr...Dr...Dr...Dr...Dr...Dr...Dr...Dr...Dr...Dr...Dr...Dr...Dr...Dr...Dr...Dr...Dr...Dr...Dr...Dr...Dr...Dr...Dr...Dr...Dr...Dr...Dr...Dr...Dr...Dr...Dr...Dr...Dr...


« Nous... nous venions vous voir. Vous... vous regrettez de ne pas nous avoir tué, mais vous pouviez le faire à Elscar'Olth. Pourquoi ne pas l'avoir fait ?


Dr...Dra...Dragon. Noir. Dragon noir. Mangeur d'âme. Effaceur d'existence. La... La, devant moi. Devant nous.

Pourquoi?

Pourquoi? Pourquoi? Pourquoi? Pourquoi? Pourquoi? Pourquoi? Pourquoi? Pourquoi? Pourquoi? Pourquoi? Pourquoi? Pourquoi? Pourquoi? Pourquoi? Pourquoi? Pourquoi? Pourquoi? Pourquoi? Pourquoi? Pourquoi? Pourquoi? Pourquoi? Pourquoi? Pourquoi? Pourquoi? Pourquoi? Pourquoi? Pourquoi? Pourquoi? Pourquoi? Pourquoi? Pourquoi? Pourquoi? Pourquoi? Pourquoi? Pourquoi? Pourquoi? Pourquoi? Pourquoi? Pourquoi? Pourquoi? Pourquoi? Pourquoi? Pourquoi? Pourquoi? Pourquoi? Pourquoi? Pourquoi? Pourquoi? Pourquoi? Pourquoi? Pourquoi? Pourquoi? Pourquoi? Pourquoi? Pourquoi? Pourquoi? Pourquoi? Pourquoi? Pourquoi?


Pourquoi ça nous arrivait? Pourquoi la? Pourquoi maintenant? Qu'est s'qu'il fichait la? Peut être qu'il avait déjà trouvé les autres? Peut être les avait il déjà bouffé? Envoyé dans le néant.

La mort ne me faisait pas peur. Elle m'avait frustrée, attristée, mais pas fait peur.

Cette... Cette chose oui. Elle me terrifiait. La fin de tout. Pas de calme, pas de tranquillité, pas de souffrance, pas de sensation, pas de pensée. Juste... avalé et digéré, désagrégé. Rayé de la liste des choses qui existent.

Le néant.

Le rien.

J'avais peur.

Pas comme le premier incendie que j'avais vécu. Pas comme quand j'avais été attaché à un bucher pour la première fois. Pas quand j'ai réalisé que mon existence allait se résumer à devoir penser et non plus vraiment agir.

Non...

C'était pire. C'était tellement, tellement pire.



"Ek...Ke....Kre....

Tandis qu'Akihito essayait de maintenir une facade, essayait de parler avec le dragon, de mon coté, les mots ne sortaient pas. Je ne pouvais rien dire. Je n'arrivais pas à penser clairement. Un simple bruit de fond résonnait dans le creux de ma tête, et ça ne semblait pas être une pensée bien constructrice. C'était plus... Un cri. Un cri qui représentait toute ma terreur, et qui, par je ne savais quel miracle, n'avait pas encore prit totalement le dessus dans mon esprit.

Il fallait que je réagisse. La... monstruosité face à nous nous laissait parler, nous laissait une chance de ne pas se faire bouffer. Les deux gardes semblaient aussi apeuré que moi, serrant leur lance, mais Akihito, lui, avait déjà commencé à réagir. Je ne devais pas le laisser tout seul. Je n'allais pas le laisser tout seul. J'allais parler! J'allais convaincre cette horreur existentielle de nous foutre la paix! J'allais lui faire un magnifique discours, j'allais, j'allais....


V...vous voulez vraiment savoir...Vous... Oh bon sang d'bonne sève l'est encore plus impressionnant en vrai...
S'qu'on a à faire... concerne du titan... j'imagine que ça vous...intéresse?"



Trébucher sur mes mots et lancer un sujet au pif dans l'espoir que ça l'intéresse.
...Je... J'avais fait une erreur d'estimation.

Je n'étais pas terrifié.

J'étais tétanisé.


"Parce que nous nous amusons de vous voir vainement vouloir vaincre, vermisseaux. Quant aux titans, hmmmmm. Il n'y en a guère ici : que des âmes délicieuse à dévorer. Comme en Ynorie, vous vous souvenez ?"


Sa voix était terrifiante. Elle résonnait en moi, elle faisait vibrer ce qui n'était pourtant plus la.
Mais si je me noyais dans la peur, du coté d'Akihito, je ressentais une autre émotion. Une sorte de...colère. Colère contenue.

- L'Ynorie, hein... ?

Je me souviens de l'Ynorie, et vous avez l'air de vous rappeler du "vermisseau" qui y a participé. Je me souviens aussi vous avoir vu disparaître, emmené par la déesse Brytha. Elle fait partie du "nous", c'est ça ? »



Il arrivait... a s'énerver... face à cette chose. Ce... C'était...clairement un type vachement plus investit dans ses convictions que je n'le pensais...J'aurais applaudit si j'arrivais à penser correctement. Je...je me devais de réagir. Je devais réagir... Ce... truc aime les titans non? Alors... Si on pouvait le faire se diriger vers un titan plutôt que nous... voir... soyons fou, vers cette fameuse pyramide et bouffer Vallel avant qu'il fasse une conn'rie... Ouais... Ouais essayons ça... C'était un bon plan... Totalement réfléchit et pas du tout le résultat d'un stress insuportable!


"Oh...Ohoho... Pas de titan ici? Peut être que... vous regardez les choses sous le mauvais angle! Après tout, c'est quoi un titan?"


"Hmmmm, petite pousse, la flatterie ne te mènera à rien, mais au moins reconnais-tu la mort, quand tu la vois."


Oh bon sang de bordel de bonne sève, il me donnait un surnom. "Petite pousse". Il allait me bouffer. Il allait me bouffer pour son régime végétarien. J'allais servir de salade digestive. Pourquoi oh pourquoi?!

Et comme si ça ne pouvait pas être pire, il...

Soupira.

Alors, soyons d'accord: le fait de le voir soupirer sous entendait qu'il se lassait de nous parler, et donc qu'il allait bientôt passer à table, donc, PAS BON DU TOUT! Mais avec ce soupir vint un souffle. Un souffle glacé. Et il était la le vrai problème: glacé. J'arrivais à sentir le froid de son air. J'arrivais à ressentir.
Depuis ma mort c'était la première fois que j'avais droit à une sensation physique. Et... Je me détestais pour ça mais c'était presque... agréable. J'aurais voulu sentir plus ça. Mais ça confirmait surtout une chose, ça supprimait le dernier brin et semblant d'espoir que j'aurais pu avoir: ça confirmait que ce dragon pouvait agir sur les âme.


Et à la réalisation de tout ça, de ce plaisir honteux de sensation, de la prise de conscience que ce truc allait nous bouffer qu'on allait le sentir passer, le petit vrombissement prit enfin le dessus.

De ce fait, si vous voulez bien m'excusez:


AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAA


Nous ne sommes pas Brytha, pas même le Dragon Noir que vous connaissiez. Jusqu'à notre nature, nous avons transcendé.


AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAH!!!!!

Je...J'étais mort, tout ça se passait dans ma tête, mais j'avais quand même l'impression d'être essouflé. Et donc, la chose devant moi n'était finalement même pas juste un bon gros dragon des enfers, mais carrément une fusion Dragon/Divine Brytha, comme l'avait théorisée Silméria.

C'était super intéressant en vrai comme information. Quel dommage que le monde était en train de s'effondrer devant moi, j'n'avais pas trop l'occasion d'en profiter. Enfin, j'pouvais essayer....


"Okay, je...ça f'sait un moment qu'j'avais rien ressentit, ça fait bizarre... Euh, et oui, non, vous... m'avez mal compris. J'voulais pas dire que vous étiez un titan, juste que les titans ont plus d'apparence qu'vous imaginez... Sans vous...manquer d'respect hein! M'sieur Dragon...M'dmaes Brytha... Brythagon? Je... heu...

Serait-ce malvenu de leur demander leurs pronoms?


"Hrm... Vous... Avez transcendé? Et... vous êtes dev'nu quoi? Au dessus de dieu j'veux dire?"


Pas'que bon, quitte à bientôt cesser d'exister, autant au moins savoir le nom concret de l'espèce qui m'aura ultimement bousillé hein? Et les deux aut' gardes qui faisaient toujours rien... Y avait pas un endroit où s'barrer la? Un angle mort, derrière le dragon? J'agitais aussi discrètement que possible (s't'à dire probablement pas du tout) la tête pour essayer d'voir les options d'fuites derrière s'gros double truc.
Et avec d'la chance, ptet qu'il se sentira l'envie de m'parler son nouveau statut en détail, me faire un ptit cours d'anatomie, me proposer d'trouver un nom à sa nouvelle espèce? Hein? Brythagon finalement s'pas mal du tout comme sobriquet? Ou ptet qu'ils préféreraient Dragytha, ou enco« Eh, oh Drac. EH ! Réveille-toi ! Tu nous fais quoi là ? Reprends-toi un peu ! »

Hein? Que? Quoi? A...Akihito v'nait d'me gueuler un peu d'ssus... Il...Je...
Oh.
Il... Il avait raison, j'étais en train de perdre les pédales. Qu'est s'qui m'prenait? Brythagon? Mais bien sur qu'ils auraient préféré Dragytha! Où avait-je la tête?
En tout cas, lui, essayait encore de questionner l'amalgame des enfers en face de nous, courageux jusqu'au bout le type.



« Plus important que votre état transcendé, éveillé ou je ne sais quoi, c'est quoi votre but maintenant ? Tout détruire comme le Dragon noir ? Maintenir l'équilibre comme Brytha ? Rétablir l'équilibre en détruisant tout ?

- Hmmmmmmmmmm, vous commencez déjà à m'ennuyer. Donnez-moi une bonne raison de ne pas vous croquer.


Et visiblement on venait d'l'atteindre le bout.
L'amalgame en avait visiblement marre d'attendre, et marre de nous, son coté dragon mangeur d'âme affamé reprenant le dessus. Les deux zigoto'ltogas (Timon et Pumba, ou je sais plus quoi) réagissaient enfin, se préparant à attaquer avec leur lance, tandis qu'Akihito lui, tenta un ultime coup de bluff. Et je devais faire pareil. Le connaissant, il allait surement dire quelque chose d'héroïque, pour persuader l'amalgame qu'nous étions digne de rester en vie, qu'nos âme pouvaient encore grossir et progresser pour lui donner plus d'intérêt.


- Parce que vous prendrez bien plus de plaisir à nous pulvériser en pleine possession de nos moyens plutôt qu'ici, alors que nous sommes faibles et sans défense. »


Ouais, voila, quel'qu'chose comme ça. Titiller les instincts honorables, guerriers ou chasseur de la bête. Lui promettre un combat d'anthologie s'il nous laissait une chance de progresser.

Je... Je n'étais pas ce genre de personne. Je n'étais pas "honorable" ou "digne". Je n'étais pas un héros. Et je cherchais pas à l'être. J'voulais aider pour sur, mais j'connaissais suffisamment l'fonction'ment d'la réalité pour savoir qu'ce genre de chose marchait pas avec moi. Et surtout, surtout... Je connaissais les dieux. Je connaissais suffisamment les dieux pour savoir. Savoir qu'ils s'en foutaient de ce genre de chose. Ils ne voulaient pas un combat digne, ou une proie capable de se défendre un minimum. Ils voulaient juste qu'on fasse ce qui les intéressent, qu'on suive leur vision. Ils ne voulaient pas un défi.

Parce que le truc avec les défis, c'est qu'on prend le risque de perdre.
Et les dieux étaient des créatures bien trop lâche pour prendre ce risque.
Après tout, une fois qu'on est le numéro 1, la meilleure façon de le rester, c'est de soudainement ne plus avoir envie de jouer...

Cette créature, face à nous était à moitié un dieu. Et l'autre moitié était aussi bien divine. Elle aurait le même raisonnement. Tourné autour de son gigantesque nombril. Elle ne voulait pas des proies intéressantes à chasser, elle en voulait des intéressantes à manger. Et je n'voyais qu'un seul truc qui pourrait correspondre à ses fringales.


"Parce qu'on peut vous dire où trouver deux âmes de titans qui vous ont échappé."

J'avais prit une grande inspiration avant de dire ça. Je sentais le regard d'Akihito posé sur moi, mais je n'arrivais pas à en déceler l'émotion. Du choc? De la colère? De la déception?
Après tout, d'un point de vue extérieur, je venais d'proposer de sacrifier nos derniers compagnons encore en vie...
Mais ça... C'était d'un point d'vue extérieur.
Comme j'avais dis plus tôt: c'était quoi un titan au final? Tout pouvait être un titan quelque part. Cette pyramide, une bestiole au fond de lot, et j'en passe.
Je n'avais pas mentis. Après tout, le meilleur des mensonges, c'était la vérité. Car l'important n'était pas la véracité des faits, mais quand et comment est ce qu'on les présentait.

Tout ce dont j'avais besoin, c'était de gagner du temps. Pour réfléchir, pour qu'un élément perturbateur arrive, qu'une nouvelle info nous tombe dessus, voir que les autres Yumornient et Vallel débarquent soudainement nous sauver.

Il me fallait gagner du temps, parce que contrairement à s'que m'sieur Akouba m'avait répété en boucle: la, on en avait clairement pas beaucoup.


« Faibles et sans défense, vous l'êtes ici comme ailleurs. Vous surestimez grandement votre pouvoir récréatif. »


Comme je m'y attendais. Le plus gros problème avec l'égo des mortels, c'est qu'ils pensent que l'égo des dieux n'est pas si haut qu'ils arrivent encore à les remarquer...
Il fallait qu'm'sieur Akihito change de stratégie et vite! Quand à moi, est s'que j'avais fait mouche avec mes histoires est s'que ce Brythagon allait mordre à l'hameç...


« Que sont deux âmes, face à la multitude qui reste encore à faucher ? Mais nous sentons en toi, petite pousse, une volonté de nous servir. Prête-noms allégeance, et tu vivras pour nous satisfaire. »


Oh.


Oh non.


Mais...quel...enfoiré!


De toutes les choses qu'il aurait pu m'dire, de toutes les réactions qu'il aurait pu avoir... La cochonnerie d'la fin des temps me proposait... De bosser pour lui? D'lui prêter allégeance?

Parce s'qu'il "sentait en moi le désir d'le servir"?

Je n'osais pas regarder dans la direction d'Akihito, qui devait être plein de colère et de dégout. J'pourrais pas l'lui r"procher. Moi aussi si une grosse saleté qui a bousillée ma vie commençait à sortir que les gens autour de moi voulaient bosser avec, j's'rais un peu vénère.
Moi qui parlait d'égo juste avant, j'étais tombé dans le piège dont j'faisais la prévention: évidemment qu'un amalgame divin comme ça saurait lui aussi bluffer un bon coup, et d'la pire façon possible...

Si elle disait vrai, qu'est s'qu'elle aurait sentie en moi d'toute façon le deux-pour-le-prix-d'un de l'apocalypse? Mais haine du divin? S'pour ça qu'elle me proposait d'bosser pour elle? Pars'qu'elle allait mâchonner tout l'divin qui lui pas'rait à portée? Et au passage, me frustrer un bon coup pars'qu'au final, j'bossais quand même pour un truc plus que divin?

Ou alors elle avait sentie ma peur? Mon désir de vivre à tout prix? A tout prix, vraiment?
...Vraiment? A tout prix?
...Krm...

Jusqu'où j'étais prêt à aller pour pas disparaitre? On parlait pas de vivre la, on parlait carrément d'exister. Jusqu'où j'étais prêt à m'abaisser pour pas que l'histoire de Dracaena Paletuv disparaisse juste de l'histoire du monde, comme une page de livre qu'on aurait arrachée?

Jusqu'où j'étais prêt à m'humilier, me déshonorer pour ça?

....

............................................

...........Foutrement loin visiblement.

Mais quitte à subir tout ça, autant qu'ça serve pas qu'à moi. Akihito était un gars avec des principes. Il aurait... mal. C'est sur. Mais au fond, il était comme moi, il voulait juste aider. Et il était hors de question de laisser sa page à lui se faire arracher. Pareil pour ces deux Ol'Toga! Ils étaient la à cause de moi à la base, j'allais pas les laisser dans cette situation!

Pour la première fois depuis le tête à tête avec l'incarnation d'une de mes plus grande peur, j'allais ettouffer cette terreur et faire preuve de courage. De courage pour faire s'qui était pas le plus classe ni le plus louable, mais qui pourrait peut être sauver des vie: j'allais marchander avec le néant.


"Que diriez vous... d'un prix de groupe? Un oudio servile, et un humain qui devrait vous servir. Humain qui clairement vous en veut! ça serait plus intéressant qu'il vous serve comme moi que de juste le manger, non? Ah, et deux Ol'toga en bonus pour votre collection! "


Et si ça marchait pas... Il me restait l'option de le charmer. Même un gros dragon/déesse comme ça ne saurait résister à mes massages merveilleux!


« Vous sous-estimer grandement notre potentiel. J'ai réussi à vous toucher. Et à vous blesser, même si c'est dérisoire ; croyez-moi quand je vous dis que si tout seul je peux pas faire plus, j'ai encore quelques idées pour frapper encore plus fort. Surtout si on s'y met tous ensemble. Ça sera peut-être pas assez pour vous faire payer ce que vous avez fait aux miens, mais ça sera autrement plus divertissant que de raser une ville qui ne parvient pas à riposter. »

Non. Non non non non NON! Akihito, m'sieur Akihito, fallait arrêter ça! Provoquer cette chose allait rien amener de bon! Clairement, on n'l'intéressait pas niveau combat! Charmez le, acclamez le, détournez son attention, mais surtout, n'agissez pas comme si vous aviez réellement une chance de le vaincre. Parce que ça, à ce moment précis, cette créature avait toutes les raisons de nous rire au nez si on prétendait pouvoir lui faire quoi qu'ce soit de dang'reux pour elle!

Le nouveau soupir, encore plus glacial que le précédent, s'échappant des narines de l'amalgame ne faisait que me donner raison. Et cette fois ci, je n'eux pas le temps de "profiter" de cette sensation: notre interlocuteur avait visiblement perdu patience.


« Ridicule : vous êtes morts avant même d'avoir essayé de vous mesurer à nous. Il me tarde de savoir comment ceux qui ont survécu viendront nous défier..

Puis, son regard se tourna vers moi, l'agacement toujours présent dans sa voix.

« Quant à toi... Ma proposition te concernait toi, pas ces trois autres inutiles. Et elle ne durera pas, ni ne souffrira du moindre marchandage. Alors réponds, que nous soyons tous quitte de cette ennuyante conversation.


KRERK! Grillé, brulé, fumé dès de début. Abattu avoir même d'avoir décollé. Il voyait les trois autres comme "inutile", alors c'était ça la seule chance qu'on avait encore. Ils devaient se montrer utile! Devaient faire comprendre à ce monstre qu'ils en valaient le coup! Bluff, vérité, n'importe quoi pour le persuader de les laisser. N'importe quoi sauf...


- Alors attendez que je revienne à la vie pour vous coller la même branlée que Valyus vous a mise par le passé. A moins que vous ayez peur de ce dont le vermisseau inutile serait capable ? »


...ça. Je m'apprétais à l'intérompre, à lui glisser quelque mot, car ptet qu'il avait pas vraiment prit conscience de la situation.

Malheureusement...

Malheureusement... Il prit la parole le premier. Il me regarda, secouant la tête, triste, déçu. De moi? De lui? Je n'savais pas. En tout cas, derrière ces fumeroles mortuaires qui composaient désormais nos corps, je pu sentir la résignation dans sa voix. Pas l'abandon comme d'habitude. La...résignation.


« Le monde s'écroulera trois fois avant que j'accepte de pactiser avec ce foutu monstre. Je n'approuverai pas si tu acceptes... mais je comprendrai que tu le veuilles.


Le monde s'écroulera trois fois... Non Akihito non... Même à votre plus bas, fallait pas résonner comme ça. L'honneur, l'égo, tous ces trucs la, c'est important tant qu'ça nous sert,mais la... La on a dépassé le stade du pragmatisme. C'est juste une question de bon sens:

Si vous acceptez pas d'vous couper la branche pour qu'elle repousse plus tard, alors le monde s'écroulera de toute façon.
Je... N'arrivais pas à croire ce que je voyais. Je... ne comprenais plus. Tant de motivation, pour finalement tomber encore plus bas qu'autrefois.
C'était clairement le désespoir qui parlait, en tout cas je priais de tout cœur pour que ça soit l'cas. Ne pas vouloir travailler avec quelque chose que l'on hait du plus profond de son être, je pouvais le comprendre, mais il y avait des moyens d'y accéder. Mentir, tromper, persuader, ou juste souffrir de notre décision. Tout ça, c'était des options, des options à appliquer... Si c'était pour mieux se redresser, mieux s'émanciper, aller plus loin encore que ces choses que nous haïssons.


Laissez votre haine, laissez votre égo, laissez vos principes derrière m'sieur Akihito. La douleur, la honte, elles sont temporaires, elles sont subjectives.

L'inaction, elle, sera définitive.


Encore choqué, j'essayai de murmurer, un peu tristement, ce dernier conseil à l'humain.


"Mourrez pas une seconde fois m'sieur Akihito. Vous laisser disparaitre de l'existence aid'ra personne!





...J'suis sincèrement désolé."




C'était... Surement la dernière fois que j'le verrais. Que j'lui parlerais. C'était... dommage. Entre nous, une tige avait réussi à pousser à travers le sol dur et aride de nos caractère, et alors qu'elle bourgeonnait enfin, elle allait se faire arracher.
A moins d'un miracle...
A moins d'un miracle...

Mais je n'avais pas l'temps d'espérer, pas l'temps d'pleurer, pas l'temps de prier. On m'avait donner une chance de continuer à m'en sortir, et j'allais la saisir à pleine main.

Comme toujours.


Comme toujours.


Je me tournai vers l'amalgame divin-draconien, reprenant mon ton dynamique habituel. Elle voulait m'avoir à son service? Alors elle allait avoir le meilleur de Drac, l'expérience authentique!


"Ma foi vot' perspective d'av'nir me semble...pas mal, j'accepte vot' proposition! J'suis à votre... service...patron."


J'n'avais pas l'temps de me sentir honteux, ou énervé, ou sale. J'aurais tout le temps de regretter mes actions quand je m'en s'rais sorti...


- Bien. »


J'entendais presque un sourire dans la voix de mon nouveau "maitre". Et à l'inverse, derrière moi, j'entendis de la tristesse...


« Je t’en veux pas. Si tu vois les autres, Dis-leur que je suis désolé. Dis à Amy et à Yli que… Que je regrette. »

Et soudainement, de la détermination.

« Bakal, Tribar, barrez-vous. »


Si j'réussissais à m'en sortir, j'transmettrais son dernier message. Et face à la fin, la vraie, cet humain resta fidèle à lui même, fidèle à ce qu'il voulait être, et pas ce qu'il était: en dernière action, il agit pour les autres, et pas pour lui, hurlant aux deux Ol'Toga se s'enfuir pour leur vie, avant de se retourner vers Brythagon, et lacher ce qui serait peut être ses derniers mots.



« Va te faire foutre, lézard de merde. »



Ké...Kéhé.....Khéhéhéhéhéhéhéhéhéhéhéhéhéhéhéhé! Quoi que j'ai pu dire, quoi que j'ai pu penser de lui jusqu'à présent, sur ce dernier moment, j'devais bien l'admettre: ce mec avait un certain panache, et ça m'plaisait.


Brythagon, elle, ouvrit grand la bouche et commença à aspirer. Je me mis à reculer, afin d'être sur de ne pas être prit dans ce siphon du néant. Mais je ne détournais pas les yeux de la scène.

Pour un final comme ça, le moindre que je pouvais faire, c'était de tout regarder, jusqu'au bout. Pars'que je serais surement le seul témoin de d's't'acte final d'égo, de bêtise et de courage.



Le seul témoin de quelque chose de grandiose.

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Silmeria
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Re: Savane Tanathéenne

Message par Silmeria » sam. 13 mai 2023 04:56

Alors nous traversions le portail de Vallel, le monde semblait changer de nouveau. La Mort était un lieu magnifique, elle semblait modeler les mondes avec des formes oniriques absolument magnifiques. D'abord une pyramide couronnée de sphères en lévitation dans laquelle nos âmes trouvèrent un monument cubique si haut qu'on se demandait par quelle main il aurait pu être confectionné. Modelé par la Mort, pensais-je. Ce monde était une source incommensurable de surprises et de beauté.

Comme la mort est belle.

Mathis, Jorus, Hrist et moi même semblions... Hypnotisés. Ce cube était le seul monument présent. Il était inutile pour nous d'errer des heures durant dans l'inconnu, car il était là, devant nous. L'objet de nos désirs, celui que nous avions désigné comme étant le coeur de cette pyramide. Et il nous fallait le détruire. Vallel avait dit que nous étions la pyramide. Qu'il faudrait en venir à bout et le coeur de quelque chose représente souvent un excellent moyen de détruire quelque chose. Mathis apporterait, j'en étais sûre, un excellent soutien. Jorus quant à lui était muré dans un profond silence depuis qu'il était venu, un peu à la traîne dans cet environnement.

Mathis proposait qu'on se joigne les mains pour alimenter la magie ou la canaliser, à dire vrai, on ne comprenait pas exactement comment elle fonctionnait, cette magie. Et il fallait reconnaître que jusqu'à présent, elle s'était montrée très capricieuse et que lancer un sort en usant la magie de ce monde était comme tenter de rattraper un couteau qui tombe, on risquait de se couper. Mathis en avait payé les frais, emportant avec lui de nombreuses personnes. Maintenant, le voir essayer de se racheter en faisant son possible pour nous ramener à la vie m'emplissait de joie, c'était là un excellent chemin à suivre, celui de la rédemption.

Mais j'avais sous-estimé quelque chose.

Le poids de la tristesse, de la peine, de la peur peut-être ?

Jorus était... Amer. Il s'en prenait verbalement à Mathis, lui reprochant de d'abord les tuer et maintenant de s'en prendre à leurs âmes. A nos âmes. Il cherchait une solution pour détourner notre moyen de sorti. Je reconnaissais là une certaine faiblesse, la peur avait aveuglé Jorus et il n'admettait pas qu'il s'agissait là d'un chemin simple à emprunter. Et maintenant que nous étions là, dans la pyramide sans moyen clair de pouvoir en sortir, il ne restait plus qu'une solution, la seule envisageable et celle pour laquelle nous sommes entrés ici : la détruire.

Ou comme avait dit Vallel, la suicider.

Mathis posait les mains sur le cube, nous encourageant à faire de même mais... Jorus venait de se retourner contre nous. Il profitait de cet éveil de magie pour l'employer comme une arme, nous narguant en même temps de prononcer son sort à voix haute, voulant délibérément nous agglomérer tous les trois en un seul être de chair. Je...

Non.

Non non non et non. Je... Je ressentais l'emprunte de Hrist. J'avais... Comme sa voix qui sifflait dans ma tête de prendre garde, comme si ces années passées à ses côté avaient laissé en moi un petit fragment de son esprit. Cette menace de Jorus... Elle me donnait mal au ventre. Elle me donnait...

J'avais clairement envie de vomir de voir cette petite saloperie, cet immonde imbécile OSER se retourner contre nous ? Mais était-il attardé à ce point ? Comment ce misérable furoncle osait s'en prendre à nous, il voulait modeler nos chairs comme le faisait Vallel après avoir copieusement craché sur le dos de ce Seigneur des Treize ? Ce misérable charognard, cette immonde raclure !

Non.. C'était un acte abjecte, je... Je ressentais de la colère, comme un tremblement envahissant mon corps. D'une main frêle, je joignais Mathis trop concentré dans son sort pour s'en détourner et empêcher Jorus de commettre son crime odieux. Hrist quant à elle, je la connaissais assez pour savoir qu'elle règlerait le problème, ou du moins elle ferait de son mieux pour neutraliser la menace.

Je sentais la magie trembler le long de mon corps et...

Ce misérable crapaud ! Je vais l'empaler ! L'empaler comme un animal qu'on laisse saigner ! Je veux la corruption, je veux des lames noires ! Je veux entendre la terre crever sous l'émergence de pics cruels pour le pourfendre par en dessous ! Je veux l'observer traversé de part en part avec l'allure d'un moucheron pris dans une toile d'araignée, je veux que son propre poids soit une affreuse torture, je veux voir son visage en larmes, la morve au nez et la bave aux lèvres me supplier, je veux qu'il pleure sa mère, son père, qu'il m'implore d'achever sa misérable existence et qu'à ses oreilles résonnent nos rires combinés qui sonneraient comme une perpétuelle sentence car il resterait là, empalé dans cette éternelle prison.
Mais la magie est capricieuse, elle refusa de m'entendre en me plaqua au sol, comme si un poids dont je ne pouvais me défaire écrasait mon dos, me faisant mordre la poussière. Mais je vis l'ombre, son ombre se muer en quelque chose de grossier, de gras, de pathétique.

Ooooh... Jorus. Comme cette apparence te convient bien mieux que la précédente.

J'observais cette boule informe et grossière tanguer de gauche à droite. La magie lui avait craché à la gueule à ce misérable traître. J'étais à terre ? La belle affaire, je voulais... Qu'il souffre. Seul son égo était froissé actuellement. Sa forme était ridicule, même Vallel en aurait rigolé... Maintenant, je visualisais autour de lui des dizaines, non ! Des centaines d'aiguilles acérées comme des hameçons apparaître et attiré par sa chair comme des mouches sur du miel, toutes viendraient s'empaler en lui.

Ooooh. La douce mélodie. Son cri ! Ses larmes... Elles me sont si délicieuses qu'elles auraient un goût de sucre. Mais ce n'était pas tout. Il fallait lui faire pousser d'autre cris à ce goret, ce pourceau, ce monstre ! Je voulais maintenant que ces magnifiques aiguilles chauffent, brûlent ! Je veux de nouveau sentir l'odeur de la chaire brûlée ! L'odeur d'un corps qui se transforme en cendre, je veux voir sa peau devenir luisante, perdre de son mat, je veux voir l'incandescence d'un poil et d'un cheveux qui rougit face à la flamme, je veux sentir l'humidité de sa peau bouillir sous la chaleur ardente. Et quelle ne fut ma surprise lorsque la magie accepta de m'aider à me venger ? On entendrait presque le crépitement de ses chairs sous l'action brûlante du métal. Mais capricieuse et rancunière, la magie envoya les aiguilles chauffées dans toutes les directions.

Je n'avais presque rien senti, comme des picotements partout, comme si on m'avait jeté mollement une poignée de graviers. Mais... Le sol était grêlé d'aiguilles, Mathis criait de douleur, je sentais comme une brûlure monter en moi, je pense que j'étais plus épargnée que Mathis, était-il resté debout ? Ainsi allongée, j'avais dû éviter une bonne volée de ces traits incandescents, mais Mathis... Et le cube ?

Oh... Par mon avidité de vengeance... Silmeria ? Le cube tombait sur nous, c'était ça ce grondement ? Ce bruit ? Cette poussière qui s'élève ? Je ne voyais qu'une immense boule de lumière qui se muait en quelque chose d'imperceptible qui volait de façon chaotique en poussant de petits pets flûtés. Où était Silmeria ?

Etait-elle vivante ? Avait-elle pu se mettre à l'abris ? Est-ce que les aiguilles lui avaient fait du mal ? Je... Je voulais me relever mais... Mes blessures m'en empêchaient. Je devais souffrir de ma propre torture, mais... C'était la perspective de mourir sans avoir pu lui accorder un sourire et un je t'aime qui au final, m'aurait tué de chagrin avant que le cube ne profane mon apparence....







Qu'avais-je ?


Je... Ne sentais plus cette enveloppe de chair. Cette... Apparence me déplaisait quelque peu. Mais je sentais en moi comme... Pulser la magie. Comme si elle était la source de mon existence. Comme si nous étions dans une heureuse harmonie. J'avais connu la corruption de l'orbe des Titans et maintenant je ressentais son exact opposé. Comme si une caresse tiède avait soulagé tout ce qui m'accablait. Je flottais, émanant une lueur et observant mes compagnons.

Jorus avait été frappé d'un maléfice, celui-là même qu'il souhaitait nous infliger. C'était regrettable, mais il avait trouvé là une sanction tout à fait adaptée à son crime. Ainsi sous cette forme, il pourrait comprendre que son geste était dangereux et un affront insupportable à ses compagnons. L'ignorance était ce qui nous avait trop longtemps fait perdre notre objectif de vue. Je me sentais...

Pure.

Je n'avais plus de corps, j'étais un astre de lueur, l'âme d'un Titan ? Etait-ce ceci ? J'avais en moi la sensation de pouvoir soulager la terre entière. Mais que fallait-il faire ? Je voulais bien laver les aventuriers de ce mal qui les accablait, mais la magie était dure d'oreille, elle n'avait pas voulu. Là où se dégageait comme un délicat parfum de fleur dans ce monde dévasté, je n'avais rien fait de mieux que préparer leurs corps à des funérailles qui prenaient forme à mesure que le monument en déliquescence nous tombait dessus. Je n'avais pas de quoi pouvoir nous déplacer, je n'avais pas de bras pour les saisir avec douceur comme une chatte le ferait avec ses chatons, je n'avais pas non plus de jambes pour pouvoir m'éloigner. Non, rien de tout ça. Que me restait-il ? La magie, bien sûr. Mais elle refusa. Elle n'acceptait pas. Avais-je trop demandé ? Aussi, comme Jorus, elle punissait mon excès de confiance par une forme disgracieuse, je... Sentais toute la magie quitter mon corps, comme un vulgaire Ustanak qui se dégonflait, je... Perdais. Non pas du sang. Non pas de la magie. Mais juste...

Une essence différente. Etait-ce là le sang de l'âme ? L'Ether ? Un fluide ?

Alors que le cube s'écrasait mollement sur ce qui restait de mes compagnons... Je ressentais de la tristesse. Mon amour perdu. Hrist. Enterrée dans un monde où une sépulture lui serait refusée. Akouba ne veillerait pas sur elle. Gisante sous ce cube...
Son cadavre en lambeaux.

Emportée par cet éther qui fusait hors de ma triste enveloppe... Je voulais pleurer. Mais aucune larme ne venait. Je voulais crier, mais rien. Aucun son. Une prison de chair qui déféquait son essence divine, la pureté se transformait en horreur.

Ayant perdu sa main,
je souffle mon fardeau,
affrontant le chaos,
Sisyphe du chagrin.
Notre bel Amour à trouvé un fin,
aujourd'hui enterré dans cet odieux jardin.

Sont-ce là mes dernières paroles ? Avais-je prononcé ces mots à voix haute ? Y avait-il un Dieu, ici ? Quelque part pour m'écouter ? Y avait-il une oreille à laquelle accrocher cette dernière plainte ?

Je voudrais...

Que tout recommence. Je voudrais que toute cette magie ici présente... Oui... Celle là même qui me chatie. Qui se moque de moi. Qui m'empêche de pleurer toute cette détresse. Tout ce chagrin. Je voudrais qu'elle puisse entendre cette douleur. Comprendre que son geste était démesuré. Qu'il était mauvais. Comment quelque chose pouvait inspirer tant de bonne volonté se muait en un crime abominable ? Comment la vertu pouvait devenir un poison. Comme je savais trop bien que la pitié et la tristesse sont plus tranchante que les lames... Mais Hrist.

Oh... Ma Frémissante. Elle était enterrée dans cet odieux jardin.

Comme je le détestais, ce monde, cette Mort ? Ce jardin. Ce cube. Mes émotions fusaient comme une nuée de guêpes en pleine panique mais toutes ces pensées ne me rappelaient qu'une chose. Hrist.

Je voudrais tellement que la poussière retombe. Que toute cette situation chaotique ne soit qu'un mauvais rêve, un cauchemar que nous nous serions infligé nous même. Je voudrais tellement que lorsque la poussière retombe, pouvoir voir la silhouette de Mathis, de Hrist. Savoir qu'ils allaient bien, qu'ils étaient là, vivants... Ma douceur reprenait le dessus, j'avais... Une sensation de... Comment formuler ? Même Jorus, je crois que...

Dans ma triste condition, j'étais bien obligée de le pardonner, mais pas de croire aux excuses qu'il aurait voulu prononcer. Oh, j'étais si naïve. Les morts ne parlent pas mais je voudrais qu'il s'excuse, encore une fois la magie avait frappé et nous tuait jusque dans la mort. Aurions-nous un peu de répit ?

Je sentais, la fin arriver. Je voudrais fermer des yeux que je n'ai pas, l'éther ou quoique ça puisse être me propulsait avec de moins en moins d'énergie, j'approchais du sol, j'allais m'échouer. J'allais mourir.

Et si... Dans un dernier souhait. Un ultime souffle je parvenais à me faire comprendre, si j'arrivais à articuler quelques mots, un souhait insignifiant, ça serait celui-ci.

Je voudrais prendre Jorus, Mathis et Hrist dans mes bras. Je sais que ma jumelle refusera catégoriquement. Mais j'ai raté l'occasion de leur dire que... Ce n'était pas grave. Qu'on aurait pu être au dessus de ça. Au dessus des rancœurs qui ont été trop longtemps couvées. Qu'on pouvait se parler sans se menacer, qu'on était pas toujours obligés de se comprendre, mais qu'au moins, on était ensemble.

Car il ne nous restait plus que cette seule richesse dans ce monde.

Je poussais là... Mon dernier souffle.
La petite plume de la Mort.

Alors, j'ai établi ma couche dans les charniers,
Au milieu des cercueils,
Où la Mort Noire tient le registre des trophées qu'elle a conquis.


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