Re: Désert du Raa'ska
Posté : ven. 27 oct. 2023 22:59
L’accès pour nous mener à cette pièce est un portail magique qu’Ibn sera en mesure de rouvrir. Un lieu dans lequel lui-même assure que nous sommes en sécurité. Zaria en revanche, interprète mal mes propos, pensant que je l’empêche d’aller où elle le désire, comprenant les répercussions d’un tel acte et malgré son désir de foutre le camp de cette tour immédiatement. En revanche, elle précise bien que si elle compte agir, ce n’est pas moi qui serais en mesure de l’en empêcher. Si j’ignore effectivement ce dont elle est capable, il en est de même la concernant. Qu’importent les faits, l’important c’est qu’elle ne soit en aucune façon une gêne pour Maïssa. Les deux sorciers du désert s’en vont s’asseoir sur le canapé, observant le paysage ou se laissant dans leurs pensées.
Xël fait officiellement les présentations. Il a rencontré la sorcière de feu et de vision à Messaliah. Là-bas, ils ont fait équipe avec des Sans-Bannières pour explorer les tréfonds de la cité en quête de l’arme antique pour les chevaliers et la pierre de vision pour lui et Zaria. Puis il s’inquiète de la possible vision que nous offre le paysage distrayant du désert de nuit, une réponse donnée à Ibn qui rajoute l’honneur qui nous est fait de résider ici pour la nuit, avant de rajouter que cela leur pèse en ce qui concerne la présence de femme libre.
(Qu’elle étrange alliance que sont des Sans-Bannières et des Cadi Yangins ! Est-ce parce que la pierre était éteinte qu’ils la cherchaient au point de faire cette alliance ?)
"Enchanté !" Fais-je à la présentation avant d'enchaîner. "En effet, la pierre de vision semble éteinte, même si elle m'a donné l'impression d'une étincelle tout à l'heure ! Nous souhaitions user du pouvoir des pierres de communication pour parler entre-nous. Ibn a déclaré que vous seriez en mesure de savoir pourquoi la pierre s'est éteinte. Je sais que vous n'avez pas eu la possibilité d'user de vos pouvoirs, mais avez-vous une idée sur le sujet ?"
C’est en tout cas à ce moment qu’elle a été capturée et concernant l’état de la pierre, elle pense que c’est à cause de l’usage qu’ils en font qu’elle est ainsi, puisant son pouvoir jusqu’à la lie, sans lui permettre de recouvrer ses pouvoirs. Une régénération qui demande des ressources inconnues. Ibn répond à Xël en précisant que ce que nous voyons n’est en rien une illusion, que ce soit la tour, la magie des portails ou même ce paysage du désert de nuit. Il insiste sur l’honneur que nous font les Cadi Yangins à nous permettre de loger ici pour la nuit, ajoutant leur vision de la femme et le fait que deux d’entre elles soient libres. Des propos que je préfère relever rapidement.
"Il s'agit de leurs visions et même si je n'adhère pas, je n'ai ni l'envie ni le devoir de les faire changer d'avis. Cependant, ils doivent bien comprendre qu'en agissant avec nous, ils lutteront en compagnie de femmes de caractères, bien plus enclines à expliquer leur point de vue à base de phalanges dans le pif ! Au mieux."
Silméria aurait déjà tué tout le monde à coup de dague, quant à Yliria, je pencherais plus sur une destruction purement et simplement de la tour. Simple et efficace. Une vision semblable à des chaînes pour notre objectif final. Un détail qui pourrait s’avérer important dans le futur selon Ibn. Puis me tournant vers Zaria, je poursuis.
"Il s'agit de leur pierre, nous ne tenterons rien qui pourrait nuire à notre alliance si fragile, même si cela inclut la perte de leurs pouvoirs hélas. Ibn a perdu ses pouvoirs, vous seriez en mesure d'en comprendre la raison et si une fois partie, vous pourriez les lui rendre ?" Fais-je en désignant Ibn.
Xël lui redoute la capacité des sorciers à protéger la pierre du Dragon Noir. S’il propose d’envoyer ceux qui le désir à Elscar’Olth, il compte tenir sa promesse de sauver les sorciers qui peuvent l’être à Messaliah. Zaria a bien le sang du désert en elle. Bouillant le temps de parole de Xël, elle rétorque vindicative qu’il ne s’agit en rien de leur pierre. Ils l’ont accaparée, mais elle appartient à tout Aliaénon et plus précisément aux Cadi Yangins qui connaissent particulièrement son pouvoir. Ils l’utilisent à tort en puisant profondément dans ses ressources magiques, concluant finalement que c’est peut-être là, la raison de la perte des pouvoirs légendaires de son mentor. Celui-ci rétorque qu’il en a seulement abusé pour aider un des nôtres jusqu’à ne plus les sentir. Il termine sur le sort des Cadi Yangins massacrés en grande majorité dans le meilleur des cas. Une déclaration qui a de quoi stupéfier Zaria et moi-même. Il poursuit en évoquant le Dragon Noir et ses intentions, se demandant s’il était présent pour la pierre ou pour aider ses alliés. Puis enfin et parle de l’inutilité de sa présence par son absence de magie et se refusant à user du pouvoir de la pierre via le même procédé qu’Eleb. Il préfère retourner à Elscar’Olth en quête de Simaya. Son intervention à Messaliah, l’absence de son enveloppe physique et enfin le déploiement de puissance sont des mystères qu’il désire percer.
"User de la même méthode qu’Eleb pourrait vous faire retrouver vos pouvoirs, mais étant considéré comme un traître, je doute qu’ils accèdent à cette demande. Peut-être que nous pourrions essayer d’user de nos pouvoirs pour faire ressurgir les vôtres. Cependant, notre magie semble n’avoir d’effet que sur une certaine durée. Nous en parlerons avec les nôtres pour une solution à long terme à notre retour. La présence de Zaria pourrait être l’étincelle pour rallumer le brasier de votre magie. Mais pas en ce lieu ! Merci en tout cas de vous inquiéter pour Simaya. Rares sont ceux qui comme moi prennent sa disparition au sérieux !" Dis-je calmement à Ibn avant de répondre à Zaria. "Je comprends votre point de vue. Leur vision des femmes et l’usage qu’ils font de la pierre. Cependant, je ne compte pas interférer de la sorte avec nos alliés. Dans le combat qui nous oppose au Dragon Noir, toute l’aide est bonne à prendre, surtout lorsqu’ils sont ciblés par notre ennemi. A l’origine, nous sommes venus pour récupérer les pierres de visions, pour nous permettre de communiquer sur de longues distances, ainsi que de retrouver la trace de Simaya si possible." Je m’arrête un bref instant pour reprendre. "Du reste, je suis désolé pour les vôtres ! Mais comme nous espérons retrouver des survivants à Messaliah, d’autres auraient pu trouver la fuite à Methbe-El. Ne perdez pas espoir !"
En tout cas Xël semble satisfait de les savoir loin de Néo-Messaliah et compte bien les envoyer à Elscar’Olth, avant d’évoquer l’incroyable puissance de Simaya et les nombreuses pertes des Sans-Bannières. Un coup dur qui nous sera profitable pour mettre un terme à ce groupe sectaire.
Alors qu’Ibn explique simplement que Simaya est une de ses vieilles amies et un atout indéniable de ce monde, Zaria reste catégorique : nous regretterons de nous être alliés à Eleb et aux siens plutôt qu’aux chevaliers. L’alliance avec le Dragon n’est peut-être qu’une façon de s’opposer à nous, laissant entendre que l’inverse se serait produit si nous avions choisi l’autre camp. Elle clame de vouloir tout faire pour permettre à Ibn de retrouver ses pouvoirs, avant de m’interroger sur l’absence de survivant à Methbe-El, m’obligeant à citer ses mots.
"Il a également précisé : pour la plupart ou la totalité." Avant de poursuivre. "Nous avons fait le choix de nous tourner vers les Cadi Yangins, car eux portent du respect pour celui que vous nommez Vakkar Ti, seule entité à être capable de s'opposer face au Dragon Noir en ce monde. Vous comprendrez ainsi que nous rapprocher des Sans-Bannières auraient été bien moins productifs, en plus de devoir retenir sans cesse l'envie de leur mettre une mandale. Mais cela porte une question qui m'interpelle : pourquoi et surtout comment avez-vous convaincu les Sans-Bannières de vous épauler dans votre quête de la pierre ? Elle est source de pouvoir pour les Cadi Yangins et donc potentiellement un lien avec Vakkar Ti. Une bonne raison de la détruire si j'avais été un de ces chevaliers ?"
Tandis que Xël prend ses aises en se délestant de son armure lourde, Zaria explique qu’ils n’ont été que de simples outils sous sa coupe. En laissant entendre qu’il y avait une arme antique capable de tuer le Sans-Visage, elle comptait reprendre la main sur la pierre détenue par Eleb. Obnubilés par leur but d’exterminer le Sans-Visage, ils sont bien plus manipulables que les Cadi Yangins. Ibn rajoute qu’il existe nombre de choses lié à Vakkar Ti et que les Sans-Bannières n’auraient pas été en mesure de tout effacer, de même, ils ne font que chasser les adeptes de la divinité, jusqu’à ce qu’ils se repentent.
(Se repentir ? De ce que j’ai compris à Esseroth, la repentance semble avoir une autre définition, ou alors je ne sais pas tout !)
Je crois cependant que Zaria se méprend sur un point important concernant notre attitude avec Eleb. Mieux vaut préciser les choses pour éviter les problèmes.
"Je crois que vous vous méprenez sur un point, nous ne cherchons pas à manipuler les Cadi Yangins. Notre principal intérêt réside dans les pierres de vision. Ça et le don de vision des sorciers du désert. Pour ce qui est de l'alliance que Xël a convenu avec Eleb, j'ai dû m'occuper d'une camarade souffrante lorsque nous avons tenu la réunion sur nos prochaines actions, donc je ne peux dire exactement ce qu'il en est, mais j'ai confiance dans les miens et en Xël !" Je m'arrête avant de reprendre sur un autre sujet. "Vous avez évoqué les pouvoirs légendaires d'Ibn, mais quels sont-ils ? De même que les vôtres Zaria, si tant est que vous acceptez d'en parler bien entendu !"
J’apprends qu’Ibn n’est pas un membre important des Cadi Yangins, mais le premier de leur ordre, l’originel et le plus puissant. Il a reçu la pierre de vision et c’est donc à lui qu’elle doit revenir. Zaria partage les mêmes pouvoirs de feu que les sorciers et partage également le don de vision. Espérons qu’elle soit plus puissante qu’Eleb dans ce dernier domaine. Ibn a découvert son potentiel et a décidé de la former à son art magique, provoquant par cet acte un schisme dans l’ordre des Cadi Yangins. De leur groupe qui tolèrent les femmes, ils seraient les derniers encore en vie, si aucun des leur n’a survécu au massacre de Methbe-El. D’un souffle triste, elle évoque cette terrible perte qu’ils représentent pour elle. Ibn lui précise que c’est la Pierre Originelle que vient la capacité des pierres de vision. Sans son pouvoir, elles sont totalement inutiles.
(Bien, merveilleux ! On est venu exprès pour ça et on n’a aucune chance d’obtenir ce qu’on est venu chercher ! Le moyen le plus simple serait d’arracher la pierre et de la laisser de restaurer d’elle-même, comme le faisaient Ibn et ses adeptes. On perdrait alors des alliés misogynes mais précieux ! Ou alors on arrive pour une raison ou une autre à restaurer son pouvoir, sans qu’Eleb et les siens ne le vide à nouveau !)
"Voilà qui est... particulièrement fâcheux ! Nous verrons ce qu'Eleb en dira, ce qu'il est encore possible de réaliser. Je sais que cela ne vous plaît pas, mais je ne compte pas retrouver les miens avec plus d'ennemis qu'à notre départ ! Quant à la pierre, je présume qu'elle a été confiée par le Vakkar Ti ? Il est l'être le plus à même de changer les mentalités !" Je me tourne vers Zaria afin de poursuivre. "Vous voulez prouver que ces arriérés ont tort ? Venez nous prêter main forte pour les sauver à Messaliah. Qui sait si la démonstration du pouvoir d'une femme venant à leur secours ne sera pas la graine nécessaire pour faire germer un changement de pensée !"
Selon Ibn, la divinité ne fera rien car elle n’a jamais rien fait pour prendre part aux décisions des peuples, même si cela provoque un conflit comme celui qui oppose les Sans-Bannière et les Cadi Yangins. Zaria accepte ma proposition, même si elle doute du résultat que j’ai évoqué. Un avis non partagé par le maître des portails qui préfère les voir loin du danger que représentent les partisans d’Eleb, une fois qu’ils seront plus nombreux que nous.
"Nous verrons ce que l'avenir nous réserve et si Eleb et les siens s'en prennent à vous, ils perdront davantage que notre alliance !" Dis-je autant à Ibn qu’à Xël. Puis je porte mon attention sur Zaria. "Tous les plus grands chênes n'étaient qu'une graine à l'origine. Qui sait ce qu'une main secourable peut engendrer !"
Zaria nous apprend qu’il y a plus de sorciers en ce lieu qu’Eleb et les anciens. Et alors qu’il estime que malgré la malice dont peut faire preuve Eleb, jugeant l’alliance que nous avons convenu d’authentique, Zaria réplique à mon attention.
"Je ne saisis pas bien votre analogie aux chênes, mais ce dont je suis certaine, c'est que j'aimerais m'éloigner au plus vite de leur tête de gland."
Une déclaration qui a de quoi me lâcher un rire franc avant de répondre.
"Vous je vous aime bien ! J’aurais aimé vous rencontrer dans d’autres circonstances !" Une déclaration qui provoque un sourire gêné. Je poursuis, me tournant vers Ibn. "Vous qui le connaissez mieux que nous, que pensez-vous qu’il fera s’il est aussi mesquin et manipulateur que vous le dites ? Pensez-vous que cette alliance, même si elle est authentique, est comme un cadeau empoisonné ?"
Hélas, je n’ai pas de réponse à cette question. Eleb est particulièrement imprévisible. Nul n’est en capacité de dire ce qu’il a en tête, que ses intentions soient bonnes ou mauvaises. Pas vraiment des nouvelles réjouissantes, mais nous devrons faire avec.
"Nous étions venus ici pour les pierres de visions, peut-être aussi permettre à Ibn de retrouver ses pouvoirs. Cela m’a l’air compliqué à présent, mais peut-être pas impossible ! Au moins, vous êtes libre et capable de dormir sans chaînes à vos poignets, Zaria. Une victoire que je me contenterai pour cette nuit !" Puis je me tourne vers Xël pour une question plus personnelle. Il y a des informations que j’ai promis d’obtenir. "Xël, j’avais une chose à te demander. Toi qui a en toi l’âme Finarfin Seuillée, qu’est-ce qui implique l’absorption d’une âme ? Comme l’a fait Vallel avec Elurien d’Assamoth !"
Vu l’agrandissement soudain de ses yeux, j’en conclus que ma question le surprend particulièrement. Il déclare avoir fusionné avec l’âme de Finarfin, qu’il voit ses souvenirs comment si c’étaient les siens, mais ignore s’il vit encore, d’une façon ou d’une autre. Il évoque l’usage des pouvoirs du disparu, des sentiments qu’il a ressenti, qu’à travers eux il vit encore, et même s’il a parfois l’impression de l’entendre, cela ne va jamais au-delà. Il me confirme qu’il ne reviendra pas comme nous, nous sommes revenus. Une déclaration qui pose un silence lourd et me laisse dans un questionnement sur ce qui pourra advenir des réponses que je vais transmettre.
"Je vois !" Fais-je en brisant ce silence pesant. Par habitude lorsque je réfléchis, mes mains viennent chercher ma chevelure. Cette fois, ce sont des tentacules qui caresse le haut de mon crâne chauve, m’offrant une unique déception quant à ma forme actuelle. Finalement, je lâche un "Merci !" en guise de réponse.
Je pensais en avoir fini, mais il me demande étrangement si j’ai fusionné avec un poulpe.
(Mais de quoi il me parle au juste ?)
Je le regarde incrédule en penchant la tête sur le côté avant de finalement comprendre.
"Ha ça ?" Dis-je en levant mes bras-tentacules. "Non rien à voir, c'est un sort que j'ai usé sur moi et qui a fonctionné plus que je ne l'espérais ! D'ailleurs, je compte faire exactement de même pour toi demain, car cela augmentera certainement tes capacités à user de tes portails !" Je marque une pause. "N'oublie pas que tu n'as pu déplacer que quatre personnes jusqu'à Messaliah et que nous sommes cinq à devoir partir à Elscar'Olth !"
"Je me servirai de la pierre." Dit-il en fermant les yeux. "Et sans moi ça fait quatre."
(Hein ? Quoi ? Comment ça quatre ? Comment ça sans lui ? Comment ça se servir de la pierre ?)
Plutôt que de lâcher mes questionnements intérieurs comme une rafale de coup, je préfère résumer ma pensée.
"Et c'est censé vouloir dire quoi ?"
Il calme préférer voir Ibn et Zaria loin d’ici et que moi je veux chercher Simaya en compagnie du sorcier de feu. Lui compte bien honorer son accord de sauver ceux qui peuvent l’être à Messaliah, oubliant visiblement que j’ai fait de même lorsqu’il affirme qu’il n’y a pas besoin de tous être présent pour cela. La présence de la pierre de vision, il y a peu de limites à notre magie.
(Se rend-il compte qu’il risque d’arriver dans une potentielle fournaise, sans pierre pour ses pouvoirs, sans le dôme de Simaya et sans moi pour éviter un carnage avec sa magie ?)
"Très bien, mais aux dernières nouvelles elle et moi voulions être présent pour aider à Messaliah. Avant de la vouloir loin, commence déjà par lui demander son avis ! Oublie pas que si la pierre peut nous permettre de repousser nos limites, elle n'est pas à Messaliah, qu'on ignore si le dôme de Simaya est encore présent, qu'il faudra non seulement l'accord d'Eleb pour l'utiliser, la possibilité qu'il reste assez d'énergie et surtout que tu puisses utiliser son pouvoir surtout !"
Après une intense réflexion de moins d’une seconde, il finit par râler, soufflant d’exaspération que nous rendons les choses compliquées. Il se tourne sur le côté, refusant toute poursuite de la conversation. Je le laisse dormir et il est temps de faire de même pour les autres. J’ai choisi de monter la garde, pas de les tenir éveiller. Pour le reste de la nuit, je tâche d’être aux petits soins avec Maïssa, tâchant de répondre à tous ses besoins, tant que cela lui fera plaisir, afin de rendre cette nuit dans cette tour aussi confortable que possible. Les laissant à des rêves qui n’appartiennent qu’à eux, je reste ici à guetter les environs, même si je ne peux m’empêcher d’observer l’éblouissante Maïssa, si parfaite en dormant, si divine à mes yeux. Au bout d’un moment, le souvenir de la chanson avec ma faëra refait surface, ainsi que l’étrange besoin d’extérioriser ces puissants sentiments qui m’animent actuellement. J’ai conscience du charme de sa voix, comme je sais ce qui arrivera lorsque celui-ci se rompra. Cette perte cruelle de ce lien que je sens pour elle. Lorsque je les sais bien endormi, je m’éloigne sur la terrasse et me laisse aller.
Le vois-tu venir ma déesse
Ce soleil avec ses promesses
Ces futurs rayons en arme
M’ôtant finalement à ton charme
La fatigue m’est cruelle
Echappant à mes mains
Quand à mes yeux tu es si belle
Je ne t’aurai plus en moi demain
Perçois-tu en moi ce méchef
De ce jour qui se lève
Ultime désir en moi
Une dernière fois entendre ta voix
Envoûte-moi, enivre-moi
Ton absence me sera infâme
Sans toi ma vie est un drame
Envoûte-moi, enivre-moi
Envoûte-moi, enivre-moi
Ne laissons pas la nuit nous fuir
S’envoler et me faire souffrir
Mon cœur pour toi envoûtes-moi
Je suis aux bords de tes lèvres
Toi qui te refuses à parler
Ton mutisme nous préserve
Moi je t’écouterais pour l’éternité
Les sourds sont ignorants
De ce silence assourdissant
Moi qui attends comme un forçat
De ce qui me donne tant de joie
Et toujours en moi ce méchef
A ce jour qui se lève
Ultime désir en moi
Une dernière fois entendre ta voix
Envoûtes-moi, enivres-moi
Ton absence me sera infâme
Sans toi ma vie est un drame
Envoûtes-moi, enivres-moi
Envoûtes-moi, enivres-moi
Ne laissons pas la nuit nous fuir
S’envoler et me faire souffrir
Mon cœur pour toi envoûtes-moi
Et toujours en moi ce méchef
A ce jour qui se lève
Ultime désir en moi
Une dernière fois entendre ta voix
Envoûtes-moi, enivres-moi
Ton absence me sera infâme
Sans toi ma vie est un drame
Envoûtes-moi, enivres-moi
Envoûtes-moi, enivres-moi
Ne laissons pas la nuit nous fuir
S’envoler et me faire souffrir
Mon cœur pour toi envoûtes-moi
Les larmes me coulent sur mon visage. Tout comme moi elles sont seules, pas même un sanglot n’est présent pour les porter le long de mon visage. J’ai déjà accepté cette perte, comme je chéris ces instants et ce lien qui m’attire à elle.
(Je ne dois pas perdre espoir, si je reste près d’elle, j’aurais encore la chance d’entendre de nouveau sa voix et qui sait, peut-être que cette fois-ci, elle me permettra de l’écouter à jamais. Mais pour cela, je dois être capable de vaincre nos adversaires. Demain, je perdrai cette forme et surtout, cette maîtrise si parfaite de mon corps et de ses exceptionnelles facultés. Alors, le temps qu’il me reste, tâchons de conserver un maximum de cette aptitude. Aussi insignifiante puisse-t-elle être, tout gain me sera bénéfique !)
Dès à présent et pour le reste de la nuit, j’use sans relâche de mes tentacules, repoussant tellement loin les limites qui me brident que lorsque j’ai découvert cette capacité à faire sortir des fouets de mes mains. Je prends des objets avec moi, jouant à les faire jongler au-dessus de moi si haut, si facilement d’un bras-tentacule à un autre et même des tentacules d’un bras seul entre eux. Ces extensions sont encore plus utiles que mes vulgaires doigts. Je prends bien d’autres objets avec moi, qu’importent leurs tailles, j’évite simplement de jouer avec le mobilier lourd. Lorsque je commence à en avoir assez, ce sont mes armes qui prennent la place. Je frappe, entaillant l’air avec une force, une habileté et une vitesse inouïe. Hélas, la sensation n’est pas au rendez-vous. J’aimerais bien sentir quelque chose de lourde et solide, me permettant de garder en mémoire, ce souvenir tactile avec mes fouets dans leur forme normale, me permettant ainsi de me battre comme le faisait mon double dans le cristal. Il n’y a cependant rien qui attire mon regard, si ce n’est un des piliers qui nous entourent. N’usant que d’un unique tentacule pour minimiser ma force, m’orientant davantage sur cette sensation de saisir quelque chose avec force, je fais le tour du pilier avec un seul de mes nombreux membres et presse avec force, tâchant de graver en moi cette capacité à saisir avec fermeté.
Je garde cet unique tentacule, regardant Maïssa avec autant de plaisir que j’ai de regret de perdre ce que je ressens à mon réveil. Rester éveiller serait probablement futile et l’intense fatigue ne me transformera qu’en un boulet à ses yeux. Dormir et ne plus être celui que je suis à présent, celui qui porte en Maïssa une passion si intense qu’elle m’en consumerait de l’intérieur. Un destin que je sais inéluctable, mais même si cette perte me terrifie, je dois croire en la chance de pouvoir de nouveau l’entendre. Lorsqu’il est temps, c’est avec le cœur lourd que je vais jusqu’à Xël pour le réveiller, afin de garder le groupe à son tour. Je m’en vais m’installer sur une surface moelleuse, mais surtout optimale pour garder jusqu’au dernier instant Maïssa dormir, attendant que le sommeil ne vienne m’étreindre comme une faucheuse. Un dicton m’accompagne et au lieu du message d’espoir qu’il est censé apporté, c’est une peine qui naît avant de se faner dans le sommeil.
(Demain est un jour nouveau !)
Xël fait officiellement les présentations. Il a rencontré la sorcière de feu et de vision à Messaliah. Là-bas, ils ont fait équipe avec des Sans-Bannières pour explorer les tréfonds de la cité en quête de l’arme antique pour les chevaliers et la pierre de vision pour lui et Zaria. Puis il s’inquiète de la possible vision que nous offre le paysage distrayant du désert de nuit, une réponse donnée à Ibn qui rajoute l’honneur qui nous est fait de résider ici pour la nuit, avant de rajouter que cela leur pèse en ce qui concerne la présence de femme libre.
(Qu’elle étrange alliance que sont des Sans-Bannières et des Cadi Yangins ! Est-ce parce que la pierre était éteinte qu’ils la cherchaient au point de faire cette alliance ?)
"Enchanté !" Fais-je à la présentation avant d'enchaîner. "En effet, la pierre de vision semble éteinte, même si elle m'a donné l'impression d'une étincelle tout à l'heure ! Nous souhaitions user du pouvoir des pierres de communication pour parler entre-nous. Ibn a déclaré que vous seriez en mesure de savoir pourquoi la pierre s'est éteinte. Je sais que vous n'avez pas eu la possibilité d'user de vos pouvoirs, mais avez-vous une idée sur le sujet ?"
C’est en tout cas à ce moment qu’elle a été capturée et concernant l’état de la pierre, elle pense que c’est à cause de l’usage qu’ils en font qu’elle est ainsi, puisant son pouvoir jusqu’à la lie, sans lui permettre de recouvrer ses pouvoirs. Une régénération qui demande des ressources inconnues. Ibn répond à Xël en précisant que ce que nous voyons n’est en rien une illusion, que ce soit la tour, la magie des portails ou même ce paysage du désert de nuit. Il insiste sur l’honneur que nous font les Cadi Yangins à nous permettre de loger ici pour la nuit, ajoutant leur vision de la femme et le fait que deux d’entre elles soient libres. Des propos que je préfère relever rapidement.
"Il s'agit de leurs visions et même si je n'adhère pas, je n'ai ni l'envie ni le devoir de les faire changer d'avis. Cependant, ils doivent bien comprendre qu'en agissant avec nous, ils lutteront en compagnie de femmes de caractères, bien plus enclines à expliquer leur point de vue à base de phalanges dans le pif ! Au mieux."
Silméria aurait déjà tué tout le monde à coup de dague, quant à Yliria, je pencherais plus sur une destruction purement et simplement de la tour. Simple et efficace. Une vision semblable à des chaînes pour notre objectif final. Un détail qui pourrait s’avérer important dans le futur selon Ibn. Puis me tournant vers Zaria, je poursuis.
"Il s'agit de leur pierre, nous ne tenterons rien qui pourrait nuire à notre alliance si fragile, même si cela inclut la perte de leurs pouvoirs hélas. Ibn a perdu ses pouvoirs, vous seriez en mesure d'en comprendre la raison et si une fois partie, vous pourriez les lui rendre ?" Fais-je en désignant Ibn.
Xël lui redoute la capacité des sorciers à protéger la pierre du Dragon Noir. S’il propose d’envoyer ceux qui le désir à Elscar’Olth, il compte tenir sa promesse de sauver les sorciers qui peuvent l’être à Messaliah. Zaria a bien le sang du désert en elle. Bouillant le temps de parole de Xël, elle rétorque vindicative qu’il ne s’agit en rien de leur pierre. Ils l’ont accaparée, mais elle appartient à tout Aliaénon et plus précisément aux Cadi Yangins qui connaissent particulièrement son pouvoir. Ils l’utilisent à tort en puisant profondément dans ses ressources magiques, concluant finalement que c’est peut-être là, la raison de la perte des pouvoirs légendaires de son mentor. Celui-ci rétorque qu’il en a seulement abusé pour aider un des nôtres jusqu’à ne plus les sentir. Il termine sur le sort des Cadi Yangins massacrés en grande majorité dans le meilleur des cas. Une déclaration qui a de quoi stupéfier Zaria et moi-même. Il poursuit en évoquant le Dragon Noir et ses intentions, se demandant s’il était présent pour la pierre ou pour aider ses alliés. Puis enfin et parle de l’inutilité de sa présence par son absence de magie et se refusant à user du pouvoir de la pierre via le même procédé qu’Eleb. Il préfère retourner à Elscar’Olth en quête de Simaya. Son intervention à Messaliah, l’absence de son enveloppe physique et enfin le déploiement de puissance sont des mystères qu’il désire percer.
"User de la même méthode qu’Eleb pourrait vous faire retrouver vos pouvoirs, mais étant considéré comme un traître, je doute qu’ils accèdent à cette demande. Peut-être que nous pourrions essayer d’user de nos pouvoirs pour faire ressurgir les vôtres. Cependant, notre magie semble n’avoir d’effet que sur une certaine durée. Nous en parlerons avec les nôtres pour une solution à long terme à notre retour. La présence de Zaria pourrait être l’étincelle pour rallumer le brasier de votre magie. Mais pas en ce lieu ! Merci en tout cas de vous inquiéter pour Simaya. Rares sont ceux qui comme moi prennent sa disparition au sérieux !" Dis-je calmement à Ibn avant de répondre à Zaria. "Je comprends votre point de vue. Leur vision des femmes et l’usage qu’ils font de la pierre. Cependant, je ne compte pas interférer de la sorte avec nos alliés. Dans le combat qui nous oppose au Dragon Noir, toute l’aide est bonne à prendre, surtout lorsqu’ils sont ciblés par notre ennemi. A l’origine, nous sommes venus pour récupérer les pierres de visions, pour nous permettre de communiquer sur de longues distances, ainsi que de retrouver la trace de Simaya si possible." Je m’arrête un bref instant pour reprendre. "Du reste, je suis désolé pour les vôtres ! Mais comme nous espérons retrouver des survivants à Messaliah, d’autres auraient pu trouver la fuite à Methbe-El. Ne perdez pas espoir !"
En tout cas Xël semble satisfait de les savoir loin de Néo-Messaliah et compte bien les envoyer à Elscar’Olth, avant d’évoquer l’incroyable puissance de Simaya et les nombreuses pertes des Sans-Bannières. Un coup dur qui nous sera profitable pour mettre un terme à ce groupe sectaire.
Alors qu’Ibn explique simplement que Simaya est une de ses vieilles amies et un atout indéniable de ce monde, Zaria reste catégorique : nous regretterons de nous être alliés à Eleb et aux siens plutôt qu’aux chevaliers. L’alliance avec le Dragon n’est peut-être qu’une façon de s’opposer à nous, laissant entendre que l’inverse se serait produit si nous avions choisi l’autre camp. Elle clame de vouloir tout faire pour permettre à Ibn de retrouver ses pouvoirs, avant de m’interroger sur l’absence de survivant à Methbe-El, m’obligeant à citer ses mots.
"Il a également précisé : pour la plupart ou la totalité." Avant de poursuivre. "Nous avons fait le choix de nous tourner vers les Cadi Yangins, car eux portent du respect pour celui que vous nommez Vakkar Ti, seule entité à être capable de s'opposer face au Dragon Noir en ce monde. Vous comprendrez ainsi que nous rapprocher des Sans-Bannières auraient été bien moins productifs, en plus de devoir retenir sans cesse l'envie de leur mettre une mandale. Mais cela porte une question qui m'interpelle : pourquoi et surtout comment avez-vous convaincu les Sans-Bannières de vous épauler dans votre quête de la pierre ? Elle est source de pouvoir pour les Cadi Yangins et donc potentiellement un lien avec Vakkar Ti. Une bonne raison de la détruire si j'avais été un de ces chevaliers ?"
Tandis que Xël prend ses aises en se délestant de son armure lourde, Zaria explique qu’ils n’ont été que de simples outils sous sa coupe. En laissant entendre qu’il y avait une arme antique capable de tuer le Sans-Visage, elle comptait reprendre la main sur la pierre détenue par Eleb. Obnubilés par leur but d’exterminer le Sans-Visage, ils sont bien plus manipulables que les Cadi Yangins. Ibn rajoute qu’il existe nombre de choses lié à Vakkar Ti et que les Sans-Bannières n’auraient pas été en mesure de tout effacer, de même, ils ne font que chasser les adeptes de la divinité, jusqu’à ce qu’ils se repentent.
(Se repentir ? De ce que j’ai compris à Esseroth, la repentance semble avoir une autre définition, ou alors je ne sais pas tout !)
Je crois cependant que Zaria se méprend sur un point important concernant notre attitude avec Eleb. Mieux vaut préciser les choses pour éviter les problèmes.
"Je crois que vous vous méprenez sur un point, nous ne cherchons pas à manipuler les Cadi Yangins. Notre principal intérêt réside dans les pierres de vision. Ça et le don de vision des sorciers du désert. Pour ce qui est de l'alliance que Xël a convenu avec Eleb, j'ai dû m'occuper d'une camarade souffrante lorsque nous avons tenu la réunion sur nos prochaines actions, donc je ne peux dire exactement ce qu'il en est, mais j'ai confiance dans les miens et en Xël !" Je m'arrête avant de reprendre sur un autre sujet. "Vous avez évoqué les pouvoirs légendaires d'Ibn, mais quels sont-ils ? De même que les vôtres Zaria, si tant est que vous acceptez d'en parler bien entendu !"
J’apprends qu’Ibn n’est pas un membre important des Cadi Yangins, mais le premier de leur ordre, l’originel et le plus puissant. Il a reçu la pierre de vision et c’est donc à lui qu’elle doit revenir. Zaria partage les mêmes pouvoirs de feu que les sorciers et partage également le don de vision. Espérons qu’elle soit plus puissante qu’Eleb dans ce dernier domaine. Ibn a découvert son potentiel et a décidé de la former à son art magique, provoquant par cet acte un schisme dans l’ordre des Cadi Yangins. De leur groupe qui tolèrent les femmes, ils seraient les derniers encore en vie, si aucun des leur n’a survécu au massacre de Methbe-El. D’un souffle triste, elle évoque cette terrible perte qu’ils représentent pour elle. Ibn lui précise que c’est la Pierre Originelle que vient la capacité des pierres de vision. Sans son pouvoir, elles sont totalement inutiles.
(Bien, merveilleux ! On est venu exprès pour ça et on n’a aucune chance d’obtenir ce qu’on est venu chercher ! Le moyen le plus simple serait d’arracher la pierre et de la laisser de restaurer d’elle-même, comme le faisaient Ibn et ses adeptes. On perdrait alors des alliés misogynes mais précieux ! Ou alors on arrive pour une raison ou une autre à restaurer son pouvoir, sans qu’Eleb et les siens ne le vide à nouveau !)
"Voilà qui est... particulièrement fâcheux ! Nous verrons ce qu'Eleb en dira, ce qu'il est encore possible de réaliser. Je sais que cela ne vous plaît pas, mais je ne compte pas retrouver les miens avec plus d'ennemis qu'à notre départ ! Quant à la pierre, je présume qu'elle a été confiée par le Vakkar Ti ? Il est l'être le plus à même de changer les mentalités !" Je me tourne vers Zaria afin de poursuivre. "Vous voulez prouver que ces arriérés ont tort ? Venez nous prêter main forte pour les sauver à Messaliah. Qui sait si la démonstration du pouvoir d'une femme venant à leur secours ne sera pas la graine nécessaire pour faire germer un changement de pensée !"
Selon Ibn, la divinité ne fera rien car elle n’a jamais rien fait pour prendre part aux décisions des peuples, même si cela provoque un conflit comme celui qui oppose les Sans-Bannière et les Cadi Yangins. Zaria accepte ma proposition, même si elle doute du résultat que j’ai évoqué. Un avis non partagé par le maître des portails qui préfère les voir loin du danger que représentent les partisans d’Eleb, une fois qu’ils seront plus nombreux que nous.
"Nous verrons ce que l'avenir nous réserve et si Eleb et les siens s'en prennent à vous, ils perdront davantage que notre alliance !" Dis-je autant à Ibn qu’à Xël. Puis je porte mon attention sur Zaria. "Tous les plus grands chênes n'étaient qu'une graine à l'origine. Qui sait ce qu'une main secourable peut engendrer !"
Zaria nous apprend qu’il y a plus de sorciers en ce lieu qu’Eleb et les anciens. Et alors qu’il estime que malgré la malice dont peut faire preuve Eleb, jugeant l’alliance que nous avons convenu d’authentique, Zaria réplique à mon attention.
"Je ne saisis pas bien votre analogie aux chênes, mais ce dont je suis certaine, c'est que j'aimerais m'éloigner au plus vite de leur tête de gland."
Une déclaration qui a de quoi me lâcher un rire franc avant de répondre.
"Vous je vous aime bien ! J’aurais aimé vous rencontrer dans d’autres circonstances !" Une déclaration qui provoque un sourire gêné. Je poursuis, me tournant vers Ibn. "Vous qui le connaissez mieux que nous, que pensez-vous qu’il fera s’il est aussi mesquin et manipulateur que vous le dites ? Pensez-vous que cette alliance, même si elle est authentique, est comme un cadeau empoisonné ?"
Hélas, je n’ai pas de réponse à cette question. Eleb est particulièrement imprévisible. Nul n’est en capacité de dire ce qu’il a en tête, que ses intentions soient bonnes ou mauvaises. Pas vraiment des nouvelles réjouissantes, mais nous devrons faire avec.
"Nous étions venus ici pour les pierres de visions, peut-être aussi permettre à Ibn de retrouver ses pouvoirs. Cela m’a l’air compliqué à présent, mais peut-être pas impossible ! Au moins, vous êtes libre et capable de dormir sans chaînes à vos poignets, Zaria. Une victoire que je me contenterai pour cette nuit !" Puis je me tourne vers Xël pour une question plus personnelle. Il y a des informations que j’ai promis d’obtenir. "Xël, j’avais une chose à te demander. Toi qui a en toi l’âme Finarfin Seuillée, qu’est-ce qui implique l’absorption d’une âme ? Comme l’a fait Vallel avec Elurien d’Assamoth !"
Vu l’agrandissement soudain de ses yeux, j’en conclus que ma question le surprend particulièrement. Il déclare avoir fusionné avec l’âme de Finarfin, qu’il voit ses souvenirs comment si c’étaient les siens, mais ignore s’il vit encore, d’une façon ou d’une autre. Il évoque l’usage des pouvoirs du disparu, des sentiments qu’il a ressenti, qu’à travers eux il vit encore, et même s’il a parfois l’impression de l’entendre, cela ne va jamais au-delà. Il me confirme qu’il ne reviendra pas comme nous, nous sommes revenus. Une déclaration qui pose un silence lourd et me laisse dans un questionnement sur ce qui pourra advenir des réponses que je vais transmettre.
"Je vois !" Fais-je en brisant ce silence pesant. Par habitude lorsque je réfléchis, mes mains viennent chercher ma chevelure. Cette fois, ce sont des tentacules qui caresse le haut de mon crâne chauve, m’offrant une unique déception quant à ma forme actuelle. Finalement, je lâche un "Merci !" en guise de réponse.
Je pensais en avoir fini, mais il me demande étrangement si j’ai fusionné avec un poulpe.
(Mais de quoi il me parle au juste ?)
Je le regarde incrédule en penchant la tête sur le côté avant de finalement comprendre.
"Ha ça ?" Dis-je en levant mes bras-tentacules. "Non rien à voir, c'est un sort que j'ai usé sur moi et qui a fonctionné plus que je ne l'espérais ! D'ailleurs, je compte faire exactement de même pour toi demain, car cela augmentera certainement tes capacités à user de tes portails !" Je marque une pause. "N'oublie pas que tu n'as pu déplacer que quatre personnes jusqu'à Messaliah et que nous sommes cinq à devoir partir à Elscar'Olth !"
"Je me servirai de la pierre." Dit-il en fermant les yeux. "Et sans moi ça fait quatre."
(Hein ? Quoi ? Comment ça quatre ? Comment ça sans lui ? Comment ça se servir de la pierre ?)
Plutôt que de lâcher mes questionnements intérieurs comme une rafale de coup, je préfère résumer ma pensée.
"Et c'est censé vouloir dire quoi ?"
Il calme préférer voir Ibn et Zaria loin d’ici et que moi je veux chercher Simaya en compagnie du sorcier de feu. Lui compte bien honorer son accord de sauver ceux qui peuvent l’être à Messaliah, oubliant visiblement que j’ai fait de même lorsqu’il affirme qu’il n’y a pas besoin de tous être présent pour cela. La présence de la pierre de vision, il y a peu de limites à notre magie.
(Se rend-il compte qu’il risque d’arriver dans une potentielle fournaise, sans pierre pour ses pouvoirs, sans le dôme de Simaya et sans moi pour éviter un carnage avec sa magie ?)
"Très bien, mais aux dernières nouvelles elle et moi voulions être présent pour aider à Messaliah. Avant de la vouloir loin, commence déjà par lui demander son avis ! Oublie pas que si la pierre peut nous permettre de repousser nos limites, elle n'est pas à Messaliah, qu'on ignore si le dôme de Simaya est encore présent, qu'il faudra non seulement l'accord d'Eleb pour l'utiliser, la possibilité qu'il reste assez d'énergie et surtout que tu puisses utiliser son pouvoir surtout !"
Après une intense réflexion de moins d’une seconde, il finit par râler, soufflant d’exaspération que nous rendons les choses compliquées. Il se tourne sur le côté, refusant toute poursuite de la conversation. Je le laisse dormir et il est temps de faire de même pour les autres. J’ai choisi de monter la garde, pas de les tenir éveiller. Pour le reste de la nuit, je tâche d’être aux petits soins avec Maïssa, tâchant de répondre à tous ses besoins, tant que cela lui fera plaisir, afin de rendre cette nuit dans cette tour aussi confortable que possible. Les laissant à des rêves qui n’appartiennent qu’à eux, je reste ici à guetter les environs, même si je ne peux m’empêcher d’observer l’éblouissante Maïssa, si parfaite en dormant, si divine à mes yeux. Au bout d’un moment, le souvenir de la chanson avec ma faëra refait surface, ainsi que l’étrange besoin d’extérioriser ces puissants sentiments qui m’animent actuellement. J’ai conscience du charme de sa voix, comme je sais ce qui arrivera lorsque celui-ci se rompra. Cette perte cruelle de ce lien que je sens pour elle. Lorsque je les sais bien endormi, je m’éloigne sur la terrasse et me laisse aller.
Le vois-tu venir ma déesse
Ce soleil avec ses promesses
Ces futurs rayons en arme
M’ôtant finalement à ton charme
La fatigue m’est cruelle
Echappant à mes mains
Quand à mes yeux tu es si belle
Je ne t’aurai plus en moi demain
Perçois-tu en moi ce méchef
De ce jour qui se lève
Ultime désir en moi
Une dernière fois entendre ta voix
Envoûte-moi, enivre-moi
Ton absence me sera infâme
Sans toi ma vie est un drame
Envoûte-moi, enivre-moi
Envoûte-moi, enivre-moi
Ne laissons pas la nuit nous fuir
S’envoler et me faire souffrir
Mon cœur pour toi envoûtes-moi
Je suis aux bords de tes lèvres
Toi qui te refuses à parler
Ton mutisme nous préserve
Moi je t’écouterais pour l’éternité
Les sourds sont ignorants
De ce silence assourdissant
Moi qui attends comme un forçat
De ce qui me donne tant de joie
Et toujours en moi ce méchef
A ce jour qui se lève
Ultime désir en moi
Une dernière fois entendre ta voix
Envoûtes-moi, enivres-moi
Ton absence me sera infâme
Sans toi ma vie est un drame
Envoûtes-moi, enivres-moi
Envoûtes-moi, enivres-moi
Ne laissons pas la nuit nous fuir
S’envoler et me faire souffrir
Mon cœur pour toi envoûtes-moi
Et toujours en moi ce méchef
A ce jour qui se lève
Ultime désir en moi
Une dernière fois entendre ta voix
Envoûtes-moi, enivres-moi
Ton absence me sera infâme
Sans toi ma vie est un drame
Envoûtes-moi, enivres-moi
Envoûtes-moi, enivres-moi
Ne laissons pas la nuit nous fuir
S’envoler et me faire souffrir
Mon cœur pour toi envoûtes-moi
Les larmes me coulent sur mon visage. Tout comme moi elles sont seules, pas même un sanglot n’est présent pour les porter le long de mon visage. J’ai déjà accepté cette perte, comme je chéris ces instants et ce lien qui m’attire à elle.
(Je ne dois pas perdre espoir, si je reste près d’elle, j’aurais encore la chance d’entendre de nouveau sa voix et qui sait, peut-être que cette fois-ci, elle me permettra de l’écouter à jamais. Mais pour cela, je dois être capable de vaincre nos adversaires. Demain, je perdrai cette forme et surtout, cette maîtrise si parfaite de mon corps et de ses exceptionnelles facultés. Alors, le temps qu’il me reste, tâchons de conserver un maximum de cette aptitude. Aussi insignifiante puisse-t-elle être, tout gain me sera bénéfique !)
Dès à présent et pour le reste de la nuit, j’use sans relâche de mes tentacules, repoussant tellement loin les limites qui me brident que lorsque j’ai découvert cette capacité à faire sortir des fouets de mes mains. Je prends des objets avec moi, jouant à les faire jongler au-dessus de moi si haut, si facilement d’un bras-tentacule à un autre et même des tentacules d’un bras seul entre eux. Ces extensions sont encore plus utiles que mes vulgaires doigts. Je prends bien d’autres objets avec moi, qu’importent leurs tailles, j’évite simplement de jouer avec le mobilier lourd. Lorsque je commence à en avoir assez, ce sont mes armes qui prennent la place. Je frappe, entaillant l’air avec une force, une habileté et une vitesse inouïe. Hélas, la sensation n’est pas au rendez-vous. J’aimerais bien sentir quelque chose de lourde et solide, me permettant de garder en mémoire, ce souvenir tactile avec mes fouets dans leur forme normale, me permettant ainsi de me battre comme le faisait mon double dans le cristal. Il n’y a cependant rien qui attire mon regard, si ce n’est un des piliers qui nous entourent. N’usant que d’un unique tentacule pour minimiser ma force, m’orientant davantage sur cette sensation de saisir quelque chose avec force, je fais le tour du pilier avec un seul de mes nombreux membres et presse avec force, tâchant de graver en moi cette capacité à saisir avec fermeté.
Je garde cet unique tentacule, regardant Maïssa avec autant de plaisir que j’ai de regret de perdre ce que je ressens à mon réveil. Rester éveiller serait probablement futile et l’intense fatigue ne me transformera qu’en un boulet à ses yeux. Dormir et ne plus être celui que je suis à présent, celui qui porte en Maïssa une passion si intense qu’elle m’en consumerait de l’intérieur. Un destin que je sais inéluctable, mais même si cette perte me terrifie, je dois croire en la chance de pouvoir de nouveau l’entendre. Lorsqu’il est temps, c’est avec le cœur lourd que je vais jusqu’à Xël pour le réveiller, afin de garder le groupe à son tour. Je m’en vais m’installer sur une surface moelleuse, mais surtout optimale pour garder jusqu’au dernier instant Maïssa dormir, attendant que le sommeil ne vienne m’étreindre comme une faucheuse. Un dicton m’accompagne et au lieu du message d’espoir qu’il est censé apporté, c’est une peine qui naît avant de se faner dans le sommeil.
(Demain est un jour nouveau !)