Lac Andel et Andel'Ys

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Yuimen
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Lac Andel et Andel'Ys

Message par Yuimen » lun. 12 sept. 2022 17:44

Lac Andel


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Andel'Ys
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Cromax
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Re: Lac Andel et Andel'Ys

Message par Cromax » sam. 20 janv. 2024 14:56

Cauchemar en Aliaénon : Andel’Ys I




Le petit groupe se réveilla sous le couvert d’une vieille grange de bois vide à moitié en ruine, aux murs troués, au toit percé laissant filtrer de-ci de-là une pluie fraiche. La porte de la grange, grande ouverte, donnait sur un paysage des moins plaisants : ils semblaient être dans les faubourgs d’une cité fortifiée comme on pourrait en trouver sur Yuimen. Ceux qui s’étaient déjà rendus à Exech pouvaient y retrouver un certain style commun, si ce n’était la température bien plus proche des mauvaises saisons automnales du Royaume Kendran. Hors des lourds remparts de pierre, où ils se trouvaient, les barraques étaient de pierre et de lourdes poutres de bois, aux toits en noires ardoises. Le sol était boueux, les rues désertes. Une pluie drue tombait, ne parvenant pas à annihiler totalement un brouillard qui semblait coller au lieu.



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Mathis n’eut guère de mal à reconnaître la cité : Andel’Ys. La ville la moins « étrange » du Royaume Pâle. Où ils avaient fait alors la connaissance d’Astidenix et de son fils. Qu’ils avaient dûment défendue contre les armées orques de Vallel. L’endroit, s’il n’avait pas vraiment changé, faisait davantage froid dans le dos. Comme si une horreur dormait en ces lieux.

Il y avait cependant un léger détail qu’ils ne tardèrent pas tous à remarquer : Au centre de l’énorme Lac bordant la cité, une masse gigantesque et sombre était immobile. Ses yeux luisants sur la ville, comme s’il attendait, comme s’il l’observait. Deux ailes immenses, une tête chauve finie par de redoutables tentacules… Un titan, à en juger par sa taille, semblable au quatuor du Cratère d’Apocalypse. Mais si proche d’habitations humaines ? Et ne tentant visiblement pas de les détruire ? Il ressemblait même, plutôt curieusement, à un immense gardien, silencieux et attentif. Il était terrifiant, monstrueux.



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Ils n’eurent cependant guère le temps de l’admirer : approchant de la grange d’un pas lourd, exhalant une respiration rauque et métallique ressemblant presque à un grognement, un être singulier, non moins effrayant, approchait. Et il n’avait pas l’air des plus accueillants ou sympahiques…



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Ah. Et Maïssa manquait au compte. Ainsi que Silmeria.




[On fait ça en tours réguliers sur Discord.]

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Mathis
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Re: Lac Andel et Andel'Ys

Message par Mathis » ven. 2 févr. 2024 02:38

Un sommeil profond, reposant, sans rêve… du moins sans souvenir de rêve à mon réveil. Tout comme mon sommeil, mon réveil se fit en douceur, le bruit de la pluie tombant sur le toit camouflait temporairement les autres sons et contribuait à l’atmosphère feutrée dans laquelle je me trouvais.

Je m’étirai lentement, repoussant sans le vouloir Praline, qui me fit savoir par un léger miaulement que je la dérangeais. Les yeux à présent ouverts, je constatai que nous avions été déplacés dans une vieille grange délabrée. Cela ne pouvait être que l'œuvre du Sans-visage, à moins que l’un de nos compagnons d’Aliaénon possédait un pouvoir que nous ne connaissions pas encore. Je me levai, époussetant machinalement mon pantalon afin d’en retirer les débris de paille qui s’y étaient collés. Du regard, je fis le tour de l’abri décrépi dans lequel nous nous trouvions tous…sous la pluie…. Tous non, il manquait Maïssa et Silmeria à l’appel. A condition qu’elle ne soit pas en danger, l’absence de Silmeria n’était pas une mauvaise chose. Son comportement chaotique au sein de l’équipe avait causé bien des remous. Et j’en étais moi même une victime. Mais au fond la connaissons nous vraiment ?

(Qui sommes-nous pour juger de la vie des gens? Reste à savoir si on se juge aussi sévèrement )

Je ne m’en préoccupai pas pour l’instant, je me devais de songer à mon sort en premier, vérifier si nous étions en danger. Une goutte d’eau tombée sur mon épaule, fit dévier mon regard vers le plafond troué. Encore chanceux que ce dernier ne me soit pas tombé sur la tête.

Par la porte grande ouverte de la grange, malgré une pluie forte, je vis que nous étions dans les abords d’une ville fortifiée… une ville qui m’était familière. Au bout d’un petit moment, je reconnus l’endroit: Andel’Ys. Une cité dirigée par Astidenix. De là où je me trouvais, je ne pouvais voir les gardiens qui devaient garder les portes de la cité. Par contre, malgré la brume qui y siégeait, dans le lac se tenait une immense créature des mers, munie bizarrement de d’ailes membraneuses comparables à celle des chauves souris. Par son immobilité apparente, j’aurais pu croire qu’il s’agissait d’une statue, si ce n’était de ses yeux en mouvement. Elle nous observait.

(Un autre titan ? )

Je dus laisser mon questionnement en suspens, pour porter mon attention sur l’humanoïde armé d’un immense couteau qui s’approchait pesamment vers nous. S’il avait tout d’un humanoïde, il n’avait pas moins une allure inquiétante. Ses grosses mains ensanglantées, son ventre proéminent, ses vêtements déchirés, le bâillon sur le bas de son visage, nous épargnait peut-être d’un spectacle dégoûtant.

Étant probablement le seul à connaître et reconnaitre les lieux, j’annonçai au groupe:

“ Je reconnais cette ville, c'est Andel’ Ys"

Puis jetant un coup d' œil au colosse.

" J’ aimerais que vous me laissiez prendre le premier contact avec lui en premier. Je connaissais le dirigeant de cette cité et j'ai oeuvré pour sa défense...Une fois présenté, sils me reconnaissent nous devrons bien etre accueilli "

Bien qu’il ne ressemblait en rien aux gardiens qui nous avaient accueilli jadis, il n’était pas impossible qu’il s’agisse de l’un deux… Le temps passe, et les choses changent, certains n’ont pas su ou n’ont pas pu se conserver aussi bien que d’autres. J’étais certain de ne pas être au bout de mes surprises.

(Et le temps qui passe, et le temps qui casse, souvent c'qu'on essayait d'bâtir
Et le temps qui passe et le temps qui casse, les illusions qui se laissent mourir )


Je jetai un coup d’oeil afin de voir ce que mes compagnons en pensaient. Jorus demanda si l’un de nous avaient vu Maïssa et Silmeria. Il était vrai qu’elle aurait pu décider d’explorer les les lieux sans nous informer. Ce ne serait pas la première fois, surtout Silmeria, qu’elle prendrait des décisions sans nous consulter… l’esprit d’équipe n’étant pas l’un de ses atouts.

(Qui sommes-nous pour juger de la vie des gens? Reste à savoir si on se juge aussi sévèrement )

Yliria pour sa part se contenta de commenter le temps pluvieux avant de sortir sa carte et de s’y plonger.
Une fois réveillé Akihito nous fit part de son inquiétude face au colosse qui s’approchait de nous.
Draceana pensait que les deux dames manquantes étaient en compagnie du Sans-Visage.

A la demande d’Akihito, Zaria, Glanaë et Visselion se préparèrent à intervenir si besoin.

Puisque personne n’émit d’objection à ce que j’ouvre la conversation, je considérai ça comme un consentement unanime.

Je pris un bonne respiration, puis comme je l'avais annoncé, je sortis de la grange, faisant fi de la pluie. Je me dirigeai le plus calmement possible vers l'être singulier plutôt impressionnant. Cachant ma nervosité, je m'adressai à lui, sur un ton aimable mais d'une voix assez forte pour couvrir le bruit de la pluie.

"Bonjour, je suis Mathis de Yuimen. J'ai déjà, par le passé, aidé votre cité et votre monde. Ce que nous avons encore une fois l'intention de faire, mes compagnons et moi. Êtes-vous le chef de cette cité ? Sinon, pouvez-vous nous conduire jusqu'à lui ? "

Je savais pertinemment qu’il n’avait rien d’un membre important d’une ville… à moins que ce ne soit Seok, le fils du chef de la cité qui se soit négligés au cours des années et que ce gros tas de musclues ne soit plus qu’un tas de chairs molles. Bref, mon approche avait pour but de l’amadouer tant soit peu. Praline pour sa part ne me suivit pas, n'aimant pas la pluie, elle était restée dans la grange, face à l'ouverture, se contentant de me suivre du regard.
(Oh sous la pluie, on voit jamais son chemin
Oh sous la pluie, on a peur du destin
Sauf qu'on a froid quand on est sous la pluie )


Dès qu’il me fit, le colosse au hachoir s’immobilisa, contrairement à ce que j’avais pensé, il ne venait pas à notre rencontre, il se rendait simplement à la grange. Il fut d’abord silencieux, puis dès que j’eus terminé de parler, il se mit à hurler, une panique bien présente dans sa voix… Et pourtant, s’il l’un des deux devait avoir peur de l’autre, c’était bien moi.

Aussi paniqué que le colosse baillonné Akihito sortit à la course et à moitié nue de la grange et se dirigea sur l’homme paniqué. Bien qu’il ne voulait que celui-ci cesse de crier, son attitude ne laissait pas prédire qu’il ne lui voulait pas de mal. Mais au lieu de plaquer le colosse contre le sol, il glissa sur la boue. Je décrochai le sabre dentelé de la ceinture médiane de mon flanc gauche. Et je la tendis à Akihito.

"Prends ça pour te défendre en attendant ton équipement."

Mais ce dernier ne fut pas capable de s’arrêter et il me percuta de sorte que nous atterrimes tous les deux dans un sol trempé et boueux.

Yliria décida à son tour d’attaquer le géant avec son bouclier. Bizarrement, elle demanda à Draceana de veiller sur Glanaë et Zaria, alors que pour moi il était évident que ces dernières n’avaient pas besoin de protection, et au contraire, elles étaient aptes à protéger Dracaena ainsi que nous. Dans son empressement à se mettre à l’action, Yliria avait manqué de jugement à ce niveau.

(Qui sommes-nous pour juger de la vie des gens? Reste à savoir si on se juge aussi sévèrement )

Elle me demanda ensuite de trouver une route sure afin qu’on puisse s’éloigner de l’endroit avant que d’autres colosses arrivent au secours du dernier.

Puis j'acquiesçai d'un signe de tête à la demande d'Yliria.

"Entrer dans la ville et traverser les remparts, me semble la meilleure solution... Je reviens sitôt que je l'ai trouvé."

Dis-je pressé ayant l’intention de me diriger vers les portes de la cité, mais j’en eus pas le temps.
Tout d’abord, l’homme au hachoir évita l’attaque de bouclier d’Yliria en l’écartant d’un simple mouvement latéral de son hachoir. Il demeura ensuite immobile et… muet.

Mais l’alarme avait été sonné et de tout côté arrivaient des êtres les plus bizarres et mutilés les uns des autres… j’avais presque l’impression d’être en compagnie des créatures de Vallel.
À la hâte, je me relevai, tentant de retirer la boue de mes vêtements, tout en disant à mes camarades.

"Je ne crois pas qu'il cherche à nous tuer. S'ils nous avaient voulu du mal, il ne se serait pas contenté de parer le bouclier, il nous aurait attaqué. Puisque désormais, ils ont appelés les renforts, attendons la suite et restons pacifique."

Cela dit, je levai les mains dans les airs, présentant mains blanches (avec peut-être un petit peu de boue dessus) pour leur montrer que je ne leur veux pas de mal.

A l’aide de signes et de mots rudimentaires, Aki tenta d’entrer en relation avec l’homme hurleur.
Jorus et Draceana nous rejoignirent. Jorus pris place à côté d’Yliria armes en main, alors que Draceana planta ses racines non loin d’Akihito.

De peur, devant mes compagnons armés, les colosse levèrent leur bras armés dans les airs, mais n’attaquèrent point.

Akihito compris enfin ce que je leur avais dit plutôt et demanda à nos compagnons de baisser leur armes. Il suggéra un plan d’urgence. Si nous étions attaqués, nous n’aurions qu’à utiliser la magie pour nous téléporter quelques kilomètres plus loin à l’endroit pointé.

Paume de mes mains toujours en l'air pour montrer que je n'avais aucune intention malveillante, je répondis à Akihito.

"S'ils nous attaquent, nous devrions plutôt nous rendre à l'intérieur de la cité, de l'autre côté de ces remparts.... en utilisant la magie que si nous n'avons pas d'autres choix."

Dis-je en montrant les remparts du menton.

Cela dit, j'utilisai mes talents de pisteur en regardant au sol afin d'y discerner quelque chose qui pourrait nous indiquer la présence d'être qui nous ressemble davantage... des traces de pieds chaussés ou non, des traces de combat, des traces de pas d'animaux. Je ne négligeai aucun indice. Mais je n’y vis que des traces étranges, déformées, trop grandes et rarement chaussées. Rien

Baissant ses armes, Jorus comprit à son tour, que les êtres difformes avaient peur de nous. Face à ma proposition, il suggéra plutôt de nous éloigner de la ville. Non convaincu, Yliria baissa enfin ses armes. Elle rejoint l’idée de Jorus quant au lieu de téléportation.
Plus naïf, Dracaena tenta d’entrer en relation avec les créatures qui nous encerclaient. Celles-ci s’approchaient certes, mais j’avais plus l’impression de lire de la curiosité, de la peur que de l’agressivité dans leur regard.

Puis derrière nous, une petite voix féminine se fit entendre, nous expliquant que les créatures ne comprenaient pas notre langage et qu’elles étaient dans l’impossibilité de nous parler. Et tout comme je l’avais pressenti, ils avaient peur de nous. En fait, c’était plutôt notre équipement qu’ils avaient associés aux chevaliers du Royaume à proximité. Ces derniers ne connaissant pas l’âme des déchus d’Andel’Ys.

(L’âme des déchus d’Andel’Ys ???)

Me retournant pour voir l’origine de la voix, je la vis couché au sommet de la grange, accoudée: une jeune femme-oiseau tout juste sortie de l’adolescence. Souplement et avec agilité, elle fit une élégante pirouette pour atterrir devant nous sur le sol boueux, ne semblant pas se préoccuper de la pluie. Du geste de la main, elle repoussa ceux qu’elle appelait les âmes déchues, puis se tournant vers nous, elle se présenta: Aleriia !.

Akihito fut le premier à lui répondre, précisant qu’elle appartenait à la race des harpies. J’avais vaguement entendu parler d’elles, mais sans plus, croyant même qu’il s’agissait là d’une légende. Il suggéra ensuite de poursuivre la conversation à l’abri de la pluie et enfin, il demanda à moi et Jorus si nous pouvions lui prêter des vêtements.
Ce fut juste à ce moment là que je réalisai qu’il était bizarrement accoutré. sous une couverture faisant office de cape lui couvrant les épaules, un pantalon lui servait d’écharpe. Puis une tunique entourait sa taille afin de cacher ses bijoux de famille. Enfin, seules ses bottes emplissaient la fonction qui lui était destinée.

Je regardai la harpie tout sourire

"Enchanté Aleriia, je me prénomme Mathis...Akihito a raison, nous pourrions continuer la conversation dans un lieu plus sec. Je suis déjà venu ici par le passé à l'époque ou Astidenix était le chef de cette cité, j'aimerais bien savoir ce qui s'est passée... "


Ce disant je fouillai dans mon sac et je sortis ma tunique et des braies de rechange.


" Voila pour toi Akihito. Tu est plus costaud que moi, mais cette tunique est assez ample, elle devrait t 'aller.. "

Je me dirigeai ensuite vers la grange, puis qu’il avait été question de se mettre à l’abri. Lorsque j’entendis Alleriia faire une remarque à mon sujet, je réalisai que personne ne m’avait suivi. Elle me reprochait, et avec raison l’impolitesse d’être partie avant même d’avoir entendu sa réponse. Pour ce qui était d’Astidenix, cela faisait belle lurette qu’il n’était plus là, il était très vieux. En ce qui concernait le titan poulpe, elle l’avait surnommé Andie, il les observait, attentif. Elle le considérait comme leur protecteur. Puis sans attendre davantage, elle se dirigea vers les murs de la ville souhaitant qu’on l’a suive.

Je rebroussai alors chemin et je me dépêchai de rejoindre, la harpie et les autres.

" Je suis désolée, je croyais que nous allions nous abriter dans la grange. "

Pour toute réponse, elle se contenta de m’offrir son sourire, ce qui me satisfit.

Elle expliqua que depuis son retour sur Aliaénon, Guigne, une autre harpie qu’elle surnommait la cinglé, s’était autoproclamé reine et régnait en tant que telle sur la cité. Seok était devenu fou… encore pire que ce dont nous avions été témoin en dehors de la cité.


Yliria demanda donc si nous pouvions être reçu chez la reine. Alleriia répondit qu’il était possible pour elle oui, mais qu’il en serait autrement pour les mâles.. Cette phrase me fit grandement réfléchir… Dehors, les âmes déchus… il n’y avait que des hommes.. et puis à l’intérieur, Alleriia semblait dire que c’était pareil, mais un peu moins pire… et la reine n’aimait pas les hommes. Astidenix n’était plus de ce monde et son fils était devenu fou…Andel’Ys que j’avais connu n’était plus qu’un lointain souvenir.

(Et le temps qui passe, et le temps qui casse
Mais il faut vivre avec ses souvenirs)


Après un court temps de réflexion, Jorus se souvint de Guigne… Présente avec eux à la tour d’Or, elle s’était enfui en empruntant le fluide. Ils l’a pensaient perdu.

Dracaena questionna alors si sa présence serait approprié ou pas auprès de la reine. A cette remarque, je me tournai vers lui, affichant une mine réflexive. J’avais toujours supposé qu’il s’agissait d’un homme… ou d’un arbre-homme, de sexe masculin… mais s’il tenait plus plus de l’arbre que de l’homme alors cela devenait plus complexe… Des minces connaissance que j’avais des plantes, je savais que certaines plantes pouvaient porter à la fois des fleurs mâles et des fleurs femelles,

A la question innocente de la ravissante jeune harpie, Jorus et Yliria lui répondit qu’Andie était en danger, comme tous les titans d’ailleurs.

Alliiria nous conduisit donc jusqu’aux hautes portes de la cité. Aucun des gardiens que j’avais connus ne s’y trouvait… en fait, il n’y avait pas de gardien du tout. Une fois là, elle s’arrêta et nous demanda si nous avions encore des questions avant de pénétrer dans la ville fortifiée. Akihito souhaitait avoir des conseils sur la façon d’aborder la reine. Et inquiet, il demanda à Yliria si elle était certaine de vouloir y aller, accompagnée de Glanaë et Zaria. Elle répondit que la reine n’aimait pas être contrarié, mais plutôt vénéré. Respecté, oui, mais avec vénération. Si cela devenait disproportionné, elle ne serait pas dupe et en serait vexée.

Lorsqu'elle vit que l'on s'éloignait, Praline brava la pluie et me rejoint. Je la pris dans mes bras et je la protégeai de la pluie en la camouflant en partie sous ma cape.

(Oh sous la pluie, on voit jamais son chemin
Oh sous la pluie, on a peur du destin
Sauf qu'on a froid quand on est sous la pluie)


Puis je commentai à mon tour.

" Je pense que l'on doit mettre toutes nos chances de notre côté. S'il est préférable que les hommes ne la rencontrent et bien soit. Notre présence n'est pas nécessaire."

Je jetai un coup d'œil aux portes de la ville.

" Je me souviens que le temps s'écoule beaucoup plus vite ici que sur Yuimen.... Et j'ai effectivement remarqué quelques changements.... A quoi devons nous nous attendre ? Ou de quoi devons nous nous méfier ? Avez-vous des conseils à nous donner sur la façon de nous comporter ? "

Mon ton était sur le ton de la conversation, dévoilant une certaine curiosité.
Taquine, elle me demanda d’abord si j’allais attendre sa réponse avant de partir. Puis de bon coeur, elle m’expliqua que j’aurais bientôt réponses à mes questions. Elle précisa qu’il y avait des types plus ou moins louches à l’intérieur et qu’il serait préférable de ne pas les froisser. Ils ont un tempérament calme, mais il peut arriver que la bête en eux se réveille.

Yliria expliqua la gravité de la menace contre le titan et puis rassure Akihito. Elle se sentait prête de rendre visite à la reine, elle avait vu pire.

Jorus prévint Zaria que Guigne pourrait en vouloir au sans-visage et donc de faire profil bas à ce niveau.

J'offris un sourire aimable et sincère lorsque la harpie me taquina au sujet de mon départ soudain. J'écoutai attentivement la réponse de la jolie dame à plume ainsi que ceux de tous les autres.
Après avoir fouillé quelques secondes dans ma mémoire, je commentai les propos de Jorus m 'adressant à la harpie.

"Lorsque jai navigué sur le lac Andelys en compagnie de la Capitaine Charkere, nous avons eu connaissance d important remous dans l eau...je ne sais pas si ca a un lien avec votre protecteur Andie, mais peut-être que la capitaine en saurait plus s'il est possible de la rencontrer pendant que nos compagnes s entretiendront avec la reine de cet endroit "

"Un sujet à la fois, par Valyus..."

A la demande d’Akihito, Alliriia nous suggéra de se rendre à l’auberge de la grosse Sally… (un nom complètement différent de lors de ma dernière visite )tout en nous prévenant de ne pas parler contre Guigne dans cette endroit, puisque Sally la portait en haute estime.

Alliria ne pouvait en dire plus sur Andie. Le nom de la capitaine lui disait vaguement quelque chose, mais elle ne l’avait pas vu depuis nombre d'années. Le paiement à l’auberge se ferait par troc.. Au moins une chose qui n’avait pas changé.

J'opinai tout de même du chef.

" C'est très gentil à vous de nous avoir accueilli ainsi et de nous accompagner jusqu'à l'auberge. C'est très appréciée, merci à vous."

Puis je ressortis la tête Praline qui s'était réfugiée sous ma cape.
"La présence de cette chatte va-t-elle posé un problème ? "

Affichant un air espiègle, elle me répondit que personne n’aurait peur de Praline… mais il aurait peut-être plutôt l’envie de la goûter.

Sans commenter, je me contentai de replacer ma chatte sous la cape. C’était encore sous la pluie que nous pénétrâmes dans la ville.


((( Les pensées de Mathis bien que pertinente au contexte du rp, elles sont influencées par la trame sonore que vous avez en lien.... )))

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Jorus Kayne
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Re: Lac Andel et Andel'Ys

Message par Jorus Kayne » ven. 2 févr. 2024 15:37

Malgré la présence de ma couche, malgré la chaleur apportée par ma broche, mon sommeil est agité. A mesure que le charme de Maïssa décroît, mes pensées portent toujours vers elle, mais l’intensité décroît. Ce n’est que lorsque je me réveille, que je me retrouve enfin avec moi-même, loin de cet individu que je suis, obnubilé par Maïssa lorsqu’elle parle. Je crains comprendre à présent ce qu’a pu ressentir Akihito lorsqu’il a discuté avec elle. Plus elle parle et plus l’envoûtement prend de l’ampleur. J’ai encore en mémoire ce désir pour elle, au point d’avoir été près d’elle pour l’enlacer, sentir sa peau contre moi, son odeur apaisant mon être.

Ouvrant les yeux, je constate que nous sommes dans une étrange grange, la conception trouée du toit nous permet avec plaisir de voir qu’il y a une importante pluie à l’extérieur, ainsi qu’un froid palpable. Sauf que ce n’est pas tout. Au loin, une importante masse est présente au-dessus d’un lac. Une gueule de poule, des ailes de chaque côté décorant le visage comme une moustache disproportionnée, sa taille laisse entrevoir son appartenance à la famille des Titans. Pourtant, jamais ils ne sont si proches de la civilisation et surtout, aussi intact qu’elle semble l’être. Un pas lourd me tire de mes réflexions. Un être humain vraisemblablement, à la carrure aussi forte que l’est sa bedaine, quelques vêtements pour cacher une peau grise, un voile dissimulant son visage, un tablier pour faire fort heureusement de même à l’entrejambe, des mains tachées de sang et se promenant avec une sorte d’encensoir et une lame assez grande pour couper plusieurs têtes rangées en file indienne. Un être humanoïde tout ce qu’il y a de plus charmant en somme.

Mathis prend les devants et annonçant connaître la cité qui se nomme Andelys, il se propose d’entamer les salutations avec ce charmant individu. Je le laisse faire car j’ai, en observant les alentours, remarqué un petit détail.

"Quelqu'un voit Maïssa ?" Puis un autre secondaire, mais non moins problématique. "Bordel l'autre timbrée aussi est absente ! Je sais pas si on doit s'en réjouir ou s'inquiéter !" Puis je porte mon monocle à l'œil avant de lui commander de me montrer Maïssa.

Tandis que les autres s’émerveillent à leurs tours des charmes du climat et de notre premier interlocuteur, je vois Maïssa debout, immobile et fière visiblement. Elle semble parler à quelqu’un, ou du moins écouter, car ses lèvres ne bougent pas. Des reflets pâles sur sa peau reflètent son environnement flou et impossible à deviner. Qu’importe, au moins, elle est sauve.

Alors que Mathis se présente, tous comme les autres je regarde dans la grange où nous sommes. On n’est pas à l’abri que la situation dégénère, nous obligeant à un repli expéditif. Une porte secondaire attire mon regard. Fermée, gonds rouillés, elle paraît fragile et facilement transformable en un tas de bois. Je ne vois rien de plus, car le charmant autochtone se met à hurler un cri, ou plutôt un bruit métallique d’un forgeron franchement pas doué, ou d’un barde tout aussi talentueux. Quand je parlais d’une situation pouvant dégénéré, je ne pensais pas que ça irait aussi vite. Je me dirige donc vers Glanaë en ôtant ma cape et désignant l’issue de secours.

"Il y a une autre porte vétuste, on devrait pouvoir…trancher dans le vif, si la situation devient critique !" Dis-je en portant mon regard vers Vissélion caché, ses mains transformées en lames et indiquant du doigt la porte à tous. "Nous pourrions avoir recours à vos dons. Avec cette cape vous serez occultée du regard de tous par la simple pensée !"

Hésitante un instant, Glanaë s’équipe de la cape en hochant de la tête. De leurs côtés, Yliria et Akihito s’élancent à la rescousse de Mathis devant le chanteur pas doué. C’est précisément en ces termes que je commenterais l’aide de l’Oranais, glissant de toute sa superbe sur le sol et entraînant Mathis à rejoindre le sol dans une chute boueuse. Seule Yliria reste de front face à l’individu et m’appelant pour venir lui prêter main forte, ordonne à l’artiste de la glissade de reculer, faisant remarqué qu’il n’est pas équipé pour se battre, que ce soit d’un bouclier, d’une lame ou même d’un froc. Comme elle le souligne si bien, il pourrait perdre ou bras ou toute autre chose qui pendouille. Un trait d’humour qui tombe au poil. Mathis se ressaisit vite et offre une lame à Akihito pour se défendre un minimum. Vissélion ne s’inquiète pas de notre capacité à nous occuper du beuglant et de ses renforts. A-t-il une telle confiance en ses capacités ou en les nôtres ? Pourtant, il suffirait qu’une seule personne, ayant des pouvoir similaire à Simaya pour nous empêcher d’user de notre magie et de rabattre toutes les cartes en mains. Zaria elle rétorque que Vakkar Ti nous auraient tué s’il l’avait voulu. Selon elle, nous sommes envoyés ici dans un but connu de lui seul. Une information, une leçon, un objectif à définir ?

"La prochaine fois, j'espère qu'on devra ouvrir des noix de coco sur une plage ensoleillée !" Fais-je en me précipitant vers Yliria, arme en main et tâchant de ne pas glisser à mon tour et d'emporter tout le monde comme un jeu de quilles.

Là-bas, la situation se complique. Un autre gros molosse s’est pointé avec une hache à craindre davantage une plaie infectée qu’un membre sectionné et plus loin, j’entends des bruits de pas en masse qui approchent. Insistant pour entamer un dialogue avec ces individus, Akihito fini par se faire rembarrer par Yliria, qui s’agace de le voir si près du danger et si loin d’une protection décente, en plus de douter du côté pacifique de types avec les mains et des hachoirs plein de sang.

Se relevant et avec le sabre de Mathis en main, Akihito, Yilira et moi-même formons une avant-garde armée qui fait douter et reculer l’étrange individu en face. Alors que l’oranais cherche un dialogue, privilégiant l’hypothèse d’une transformation à cause du Titan, notre unique interlocuteur ne répond qu’en levant son bras armé. Son geste fait accélérer son camarade à la hache et d’autres nombreuses créatures arrivent tout aussi vite, nombreuses et difformes. Un espère de ventre sur patte avec des membres rachitiques et une gueule juste au-dessus des côtes. Un autre plus proche de l’être humain, mais dont la frayeur n’a d’égale que le nombre de dents acérées qu’il dispose. Un autre encore plus humain que le précédent, mais dont le masque si c’en est bien un, repousse les envies d’une discussion au coin du feu. Ca et ses cloches greffées sur la peau comme des piercings décoratifs. Un autre encore tout blanc, me fait presque penser à mon corps lorsque j’étais sous l’influence de mon sort, celui avec toutes des tentacules à la place des bras. Bon là, il est bien question de bras, mais il en a tout de même deux paires, ainsi qu’une gueule à la place de la gorge et un visage inexpressif doté d’un unique trou pour respirer probablement et peut-être aussi voir à défaut d’œil. Un dernier encore au corps maigre dont on pourrait dire : Pas de bras, pas de chocolat ? Pas d’œil, pas de…chevreuil ? Ecureuil ? Ha ! Au temps pour moi, il en a dans la paume de ses mains. Pratique pour se serrer la paluche !

S’entend le massacre arriver, Akihito propose de baisser les armes et d’user de magie pour s’éloigner d’ici, à cinq kilomètres d’ici dans une direction qu’il indique du doigt. Se faisant, il plante la lame dans le sol et expose ses mains bien ouvertes. Mathis lui propose au contraire de se rendre dans la cité. Si effectivement le Sans-Visage nous a envoyés ici pour une raison, je doute que ce soit pour répandre le sang, d’autant plus qu’ils semblent avoir peur.

"J’ai l’impression qu’ils ont plus peur de nous que nous d’eux et si je préfère m’éloigner de la ville dont on ne sait rien de ce qui s’y est passé, quitte à partir plus loin il faut que ce soit une zone dégagée et de préférence au sol ferme. J’ai pas envie de me retrouver avec une branche dans le fion ou d’arriver en plein marais boueux s’il faut encore défendre nos vies la tête dans le sol !"

Puis d’un geste lent, j’avance d’un pas et laisse mes lames tomber à un bon mètre de moi, lame plantées dans le sol pour les saisir plus facilement, avant de reculer. Loin d’être stupide, je reste tout de même assez près de mes armes pour que celle-ci soit à portée de mes fouets. Je singe les manières d’Akihito, espérant qu’un signe commun du groupe se comprenne en une signification pacifique de nos intentions. La croix de mes mains visibles, j’espère cependant ne pas avoir à utiliser mes fouets à la vue de tous.

Sans lâcher son arme, Yliria la baisse pour montrer notre accord commun de ne pas faire couler le sang et se range de mon avis concernant l’intérieur de la ville. En revanche, elle préfère éviter d’user de magie, préférant prendre la tangente, tandis qu’elle tâchera de les retenir.

(Désolé ma belle, mais si on décampe je ne pars pas sans toi !)

Dracaéna tente lui aussi d’engager la conversation, mais n’obtient pas de réponse. Les êtres qui sont présents se rapprochent et si l’on ressent une certaine oppression de leur part, aucun signe d’attaque imminente ou de volonté de nous nuire. Ils nous observent comme des créatures étranges, pas capables de nous voir pour ceux qui ont des yeux, comprendre pour ceux qui ont des oreilles et de parler. Parce que contrairement au reste, des gueules avec des crocs il y en a foison ! Derrière, Vissélion répond à Dracaéna que les hommes de cette région n’aiment pas la magie et la rejette même. Youpis joie ! Cependant, il précise que les natifs d’ici, les Hommes Pâles, ne devraient pas ressembler à ça.

Il ne faudrait d’un rien pour que les armes frappent, semant la mort et répandant le sang, mais c’est une petite voix fluette qui nous surprend tous. Expliquant qu’ils ne nous comprennent pas, nous leur faisons également peur avec nos équipements pour le combat, comme le sont les chevaliers du royaume d’à côté. D’une pirouette, une créature ailée saute du sommet de la grange pour venir nous rejoindre au sol. Un visage aux traits jeunes et agréables, des bras dotés d’ailes violettes et des cheveux munis de plumes, sa seule présence colore une atmosphère morose et tendue. A part Mathis et Xël, je suis probablement le seul à avoir déjà vu une Harpie. Part de petits gestes, elle fait reculer ce qu’elle appelle les déchus d’Andel’Ys, avant de se présenter sous le nous d’Aleriia et nous inviter à faire de même.

Akihito fait présente notre groupe comme Yuiméniens, avec un tutoiement dont je ne lui connaissais pas avec une parfaite inconnue, puis s’inquiète de vêtement auprès de moi et Mathis. Heureusement que le blondinet accepte, car je n’ai même pas un vêtement de rechange pour moi.

"Yliria Varnaan'tha, Danseuse. Merci pour votre intervention." Déclare Yliria et tandis que je me rapproche d’elle pour lui faire bénéficier de la chaleur de ma broche, elle nous quitte pour retourner dans la grange.

"Jorus Kayne, Dans…" Fais je une main sur la poitrine avant de me raviser. "…dans quel endroit on est encore tombé ? Si notre présence pose problème nous ne resterons pas, mais j’aimerais pour ma part en savoir davantage sur le grand poulpe ailé !"

Tous se présentent et la première réaction de la Harpie est de nous demander si c’est de notre faute si "l’autre cinglée" est de retour. Silméria nous aurait-elle déjà précédé ? Non, il faudrait qu’elles se connaissent déjà pour cela. Mathis ayant évoqué un certain Astidenix, Aleriia s’étonne de l’âge du blondinet car l’individu mentionné n’a plus été vu depuis très longtemps, puis elle se tourne vers moi.

"Lui ? C'est notre protecteur. Le Titan du Lac Andel. J'l'appelle Andie. Depuis son réveil, il nous regarde, attentif et passif. Comme s'il nous étudiait. J'crois qu'il nous aime bien. Il est même pas parti dans les Landes à titans, comme les autres." Après un bref regard vers la source du sujet, elle se retourne vers moi. "Non, vous dérangez pas. Et de fait, z'avez pas l'air d'être imperméables. Suivez-moi."

Nous conduisant dans un lieu plus propice qu’une ruelle sous la pluie, une question m’interpelle parmi d’autres.

"Cette cinglée que vous avez mentionnée, c’est qui au juste ?"

"Bah Guigne. La Reine autoproclamée de la cité. Apparemment. Sitôt couronnée, sitôt disparue chez les vôtres. Et de retour pour imposer ses dingueries à la ville. On se débrouillait mieux sans chef, depuis que Seok a viré cinglé. Genre pire que ceux que vous avez vus."

(Guigne ? Ce nom me dit quelque chose !)

Alors que la question d’un échange avec la reine et la présence de mâles indésirables est débattue, laissant Yliria, Zaria et Glanaë partir rencontrer la reine, je finis par remettre un visage sur le nom de la reine.

"Guigne ! Ça y est je me souviens ! Elle était présente avec nous à la Tour d'Or lorsque celle-ci a été détruite par le Titan de la magie. Elle avait pris le fluide pour s'échapper, mais sans présence d'un guide, on l'a pensait perdu...on les pensait perdues, elle et Jess. Des trois, seule...heu...Sable a traversé le chemin avec nous en sécurité. Du coup, il se peut qu'elle ait quelques reproches à faire au Sans-Visage !"

Alors que nous pénétrons devant les portes closes d’un haut mur, aussi gris que l’atmosphère locale, Aleriia demande pourquoi nous souhaitons rencontrer la reine. Nul n’ayant daigné lui répondre, je me permets de lui donner satisfaction, elle qui nous a permis de pénétrer dans la cité sans heurt.

"Une menace sérieuse plane sur tous les Titans !"

La Harpie nous fait une description peu flatteuse de la reine en place. Tandis qu’elle clame que personne ne fera de mal à Andie le Titan, tant qu’il y aura quelqu’un à Andel’Ys, Zaria elle évoque le commerce du Thiir entre Arothiir, une cité dirigée par le trio Harpie et Methbe-El, justifiant qu’un visage connu pourrait la rassurer. Mais je perçois l’ombre d’une crainte planer. Comme le dit Yliria, la menace sur le Titan pourrait raser la ville, nous écouter serait dans l’intérêt de la reine. Reste à ce que l’échange se passe bien.

"Si c'est un habitant de Methbe-El les choses pourraient bien se passer, mais gardez en mémoire mon avertissement concernant le Sans-Visage. Si comme je le crains elle est hostile envers lui, il faudra s'attendre à un outrage à Vakar Ti...et ne pas y réagir et rester neutre, tout comme lui !" Dis-je en regardant Zaria. Puis je porte mon attention sur notre guide. "Nous cherchons également à protéger le Tit..Andie. Mais je vous avoue que sa présence aussi proche d'une cité habitée m'intrigue beaucoup. Avez-vous connaissance de quelqu'un qui en sache sur lui ? Nous pourrions aller le ou la voir pendant que vous irez rencontrer Guigne."

Mathis évoque une certaine Capitaine Charkere, avec qui il aurait eu connaissance d’important remous dans l’eau. Il ne le précise pas, mais s’il y fait référence, je pense que c’était avant l’apparition du Titan. Préférant centrer les échanges sur un sujet à la fois, Akihito demande à avoir un point de chute pour se rassembler. Si malheureusement personne ne semble avoir porté plus d’attention au sujet du Titan, Zaria ne perd pas plus de temps avant de me rappeler qu’elle a berné les Sans-Bannière. Une reine n’est donc rien pour elle.

(Oui en effet, j’avais oublié ceci ! Si Zaria est parvenue à un tel résultat, il est certain qu’elle parviendra à prendre sur elle face à Guigne.)

Notre guide à plume nous propose d’aller à l'auberge de la Grosse Sally, mais nous défend de parler de Guigne en de mauvais terme. Ici nulle monnaie, tout se fait au troc et à l’intérieur des murs, nous pourrons nous faire comprendre, contrairement aux individus que nous avons rencontrés, à condition qu’ils soient dotés d’oreilles et de bouches. De quoi me rassurer et quant à moi, je regarde Zaria en souriant et hochant de la tête.

"Je vous le concède, vous avez été habile avec les Sans-Bannière. Nous n'aurons en effet nulle crainte avec la reine !" Puis j'enchaîne à la proposition d'aller dans l'auberge. "Allons à l'auberge, j'avais justement quelque chose à voir...avec vous Visselion !" Dis-je en me tournant vers l'intéressé. "Zacara m'a fait comprendre que vous seriez intéressé par un... étrange mystère !"

Chacun se prépare à sa façon de la brève séparation du groupe, s’inquiétant de la présence d’une chatte, de mettre des marques magiques sur des pendentifs ou de danser gaiement dans la rue. Pour l’heure, j’ai l’occasion de présenter mon "problème" à Vissélion. J’avoue craindre la réponse qu’il va me donner, ni même si l’absence de réponse pourrait me satisfaire. Je regrette bien entendu l’absence d’Yliria, sa présence m'aurait rassuré maintenant que les craintes de sa réaction se sont éloignées. Je me tourne vers Glanaë lui proposant de garder ma cape le temps de la rencontre avec la reine. Sait-on jamais, ce qu’il pourrait arriver. Quant à moi, je suis le groupe, sous le regard curieux de Vissélion, surpris de ma demande.
Jorus suis le groupe j'usqu'à l'auberge de la Grosse Sally et laisse sa cape à Glanaë.

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Akihito
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Re: Lac Andel et Andel'Ys

Message par Akihito » ven. 2 févr. 2024 19:48

Dans le chapitre précédent...

Evénement : Cauchemar en Aliaénon.

60 : La jeune fille à plumes.

Le réveil fut… Très différent de ce qu’Akihito avait pu imaginer. Déjà, la bise glacée avait laissé place à l’humidité d’un matin pluvieux, le son du vent était remplacé par le clapotis de la pluie touchant boue et bois, la pierre était un matelas un peu plus confortable de terre battue. Mais il n’avait pas froid, il ne sentait aucun inconfort. Dans la semi-torpeur qui l’habitait, il serra contre lui la source de chaleur qui rendait son sommeil si tranquille. Tout comme ce parfum qui chatouillait son nez et légèrement gâché par l’odeur de bois humide.

(Ne prend pas trop tes aises, quand même.)

(…Mmmhgnmngn…)

(Enfin je dis ça, mais Yliria doit être aussi gênée que contente. Ou l’inverse.)

(…GnnnYlignia ?)

(Décolle tes paupières, tu vas vite comprendre.)

Sous l’instance de sa Faëra, l’Ynorien ouvrit les yeux et ne vit pas grand choses, si ce n’est un entrelacement de blanc terne et d’obscurité. Reculer la tête lui permit de prendre la distance suffisante pour réaliser qu’il s’agissait en fait des cheveux d’Yliria. Que la source de chaleur qu’il serrait contre lui avec contentement était la jeune femme. Qu’ils étaient tous deux allongés, elle lovée dos à son torse.
Le cœur d’Akihito s’emballa tout naturellement et il se mit chaotiquement à essayer de savoir ce qu’il devait désormais faire : s’écarter sans rien dire ? Le faire en s’excusant ? Profiter de la situation ? Simuler son sommeil ? La priorité absolue s’avéra tout de même de serrer les cuisses avec insistances pour empêcher ses attributs masculins de démontrer ostensiblement ce qu’il pensait de cette proximité. Les sentiments d’Yliria pour lui n’allait pas lui permettre de passer outre la gêne d’une situation pareille.

(… Le mieux, c’est de ne rien faire.)

Il devait se rendre à l’évidence que serrer Yliria dans ses bras n’était pas pour lui déplaire. Et tant que rien ne venait perturber cette situation… Il voulait en profiter. Et réfléchir à ce que cela impliquait. On pouvait être attiré physiquement par quelqu’un, comme on pouvait avoir beaucoup d’affection pour quelqu’un. Eprouver les deux en même temps, est ce que cela voulait forcément dire qu’on aimait cette personne ? En repensant aux moments qu’il avait vécu avec Anthelia, l’enchanteur repoussa cette idée. Non. Il y avait eu quelque chose en plus, il ne pouvait pas résumer sa relation avec la tatoueuse simplement à un désir charnel et de l’affection combinée. Quant était-il de la semi-shaakte ?

Comme trop souvent, un événement indésirable vint perturber le fil de ses pensées. Le bruit, typique, d’un pas lourd dans la boue. A contre-cœur, Akihito s’arracha à sa contemplation et jeta un œil aux alentours. Ils étaient dans une grange, ou une quelconque bâtisse en bois à mille lieux de la salle majestueuse du Sans-Visage nichée dans les montagnes. Le toit délabré laissait filtrer ça et là une pluie insistante, condensant ses gouttes en de grosses larmes tombant irrégulièrement à travers les planches mal agencées ou abimées. La porte donnait sur une petite pente menant à une ville, au dela de faubourgs. Plus loin encore, il discernait le miroitement d’une large étendue d’eau. La mer, un lac ? La baignoire privée du gigantesque Titan à tête de poulpe qui trônait en son centre, immobile mais scrutateur de la ville à ses pieds ?

Ca, plus la vue à travers les planches d’une créature humanoïde très massive rôdant près du bâtiment acheva de réveiller Akihito qui se releva en étouffant un juron. Un bref coup d’œil autour de lui le convainquit qu’il n’avait aucune de ses affaires avec lui. Parce qu’elles n’étaient pas à côté de lui quand le Sans-Visage ou qui que pouvait être l’entité les ayant transporté ici l’avait fait pendant leur sommeil ? C’était dans tous les cas une mauvaise nouvelle car même s’il avait toujours le sifflet du père No-Hell, l’arrivée de l’individu et de son imposant fendoir était imminente. Il ne savait pas s’il allait avoir le temps de récupérer quoi que ce soit.

« Je reconnais cette ville, c'est Andelys. »

Au moins, Mathis savait où ils étaient. Mais l’ambiance ni l’aspect peu accueillant du colosse ne semblait pas l’inquiéter puisqu’il comptait aller s’adresser à lui.

« Quelqu'un voit Maïssa ? Bordel l'autre timbrée aussi est absente ! Je sais pas si on doit s'en réjouir ou s'inquiéter ! »

Jorus, lui aussi debout, constata l’absence de deux des leurs. Et c’était deux personnes manquantes qui n’allaient pas manquer à Akihito, vu comment cela c’était passer la veille. En tout cas, si Mathis était optimiste, Jorus n’avait visiblement pas prévu de s’inquiéter de la situation puisqu’il ordonna à un monocle de lui montrer Maïssa.

(J’espère vraiment que c’est un artefact…) pensa l’Ynorien tandis que Dracaena, debout à son tour, évoquait qu’elle avait des choses à dire au Sans Visage.

« Pourquoi il fait un temps pourri partout où on va ? Charmante bourgade en tout cas, ça me rappelle Exech... le poulpe géant en plus. »

L’Ynorien jeta un regard en biais à la jeune femme, qui s’était relevée l’air de rien avant de jeter un œil à une carte qu’elle avait tiré d’il ne savait où. Aucun commentaire quant à leur nuit… Particulière, ce qui était une bonne chose. Ou pas. Ce qui l’était évidemment moins, c’était son absence à elle aussi d’inquiétude concernant le colosse.

« Y a que moi qui m'inquiète du type qui a pas une gueule de porte bonheur, ou bien ? dit-il comme à lui même avant de se tourner vers Zaria, Glanaë et Visselion pour continuer à voix basse. Je connais pas les locaux du coin, mais je me préparerai à votre place. »

Les natifs d’Aliaénon répondirent à sa sollicitation promptement. Des précautions qu’il espérait inutile, comme le disait l’adage, mieux valait prévenir que guérir. Et tandis que Mathis sortait de la grange pour se montrer au colosse, Akihito se rapprocha des planches pour vérifier qu’aucune autre mauvaise surprise ne les attendait hors de leur champ de vision.

« On ne juge pas les gens sur leur apparence, mais sur leurs actes, Aki... »

Yliria lui fit la remarque qu’il avait répété un grand nombre de fois et qu’il pouvait presque considérer comme sa maxime. Il grimaça, dans son coin. Même motiver par la prudence, sa réponse était-elle la bonne ?

(Tu débarques au milieu de nulle part sans savoir pourquoi avec un type qui n’a objectivement pas l’air commode, Aki. Avoir des principes c’est bien, mais on ne peut pas les appliquer tout le temps.)

(C’est… Vrai. Ca a l’air d’aller mieux, toi.)

(Mmh. J’ai paniqué hier parce que je ne m’étais jamais vu mourir, mais j’ai eu la nuit pour y réfléchir. Et sa va mieux. Enfin, je crois. Et toi, plus en colère ?) demanda la Faëra en changeant de sujet.

(J’ai euh, passé une bonne nuit. Et Silmeria n’est plus là. Et on a plus urgent à faire maintenant.)

(Donc tu repousses ça à plus tard.)

(Voilà. En quelque sorte.)

(Une bonne nuit de sommeil, hein. C’est Alyah que ça va intéres-)


« BWWWAAAAARHHH »


Le beuglement du colosse arracha l’enchanteur à sa discussion et à son observation infructueuse. Pour une raison inconnue, l’être au hachoir c’était mit à hurler un son rendu métallique par son masque. Un cri guttural qui aurait pu être de panique si le son n’était pas aussi altéré. Ca pouvait aussi bien être un cri d’alarme, comme un cri de guerre ou un appel à l’aide. Sans perdre un instant, l’Ynorien bondit hors de la grange et se rua vers la créature. Le but de sa manœuvre était simple : profiter de l’élan conféré par ses bottes pour percuter l’individu et le maîtriser en le bâillonnant. La résolution fut tout autre et pour ne pas dire, aussi catastrophique que pitoyable. La boue trop meuble et détrempée ne fournit pas un appui suffisamment solide pour qu’il bondisse sur son adversaire et il glissa lamentablement, entrainant dans sa chute Mathis qui dégainait une lame pour la lui tendre. Par miracle, il ne s’empalèrent pas dessus et finir simplement par rouler dans la boue, ruinant les affaires prêtées par Yliria. Il entendit la semi-shaakte donner des ordres derrière lui, mais ne put pas vraiment y prêter attention : il devait se dépêcher de se relever pour ne pas offrir une cible découverte et facile à toucher en restant au sol. Tout juste eut-il le temps de voir Yliria bondir par-dessus lui qu’il roulait sur le côté pour se relever aussi promptement que possible.

Sauf qu’un autre être immonde apparu, tête engoncée dans une cagoule de fer, à moitié nu et la peau boursouflée de pustules immondes, une hache abimée à la main. A son tour, il hurla et commença à courir dans leur direction, tandis que d’autres bruits de pas et de nouveaux cris résonnaient. L’alerte avait été donné, et il y allait y avoir beaucoup de grabuge… Si combat il y avait lieu. Car le premier colosse n’avait pas l’air de vouloir les attaquer, s’étant contenté de les fixer avec des yeux torves.

« Je ne crois pas qu'il cherche à nous tuer. S'ils nous avaient voulu du mal, il ne se serait pas contenter de faire un pas de côté, il nous aurait attaqué. Puisque désormais, ils ont appelés les renforts, attendons la suite et restons pacifique. »

Levant les mains, Mathis pensait à la même chose. Akihito n’était cependant pas du même avis sur la manière de gérer l’affaire : il faisait preuve d’une candeur -ou d’une naïveté- confondante, et l’enchanteur n’avait pas l’intention de se montrer aussi confiant. Sabre à la main dans une prise vigilante sans être menaçante, il regarda tour à tour les deux créatures. il pointa alors la première silencieuse.

« Vous. »

Puis il désigna d'un grand geste de la main libre leurs corps.

« Vous êtes comme ça... »

Et termina en pointant le titan au loin.

« ... à cause de lui ?

- Aki ! Ton armure, par tous les dieux ! Tu papoteras après ! Si tant est qu'on le puisse encore si d'autres se pointent... »

(Tu es bien gentille Yli, mais s’ils veulent nous faire la peau, ils vont pas attendre gentiment que je mette mon armure.)

« Dans quel monde ces trucs sont pacifistes avec des armes tachés de sang et des crânes en guise de pagne ? y'a que moi qui trouve ça légèrement tiré par les cheveux ? »

Si la situation n’était pas aussi délicate, il l’aurait bien taquiné en lui renvoyant sa phrase sur le jugement à l’apparence qu’elle avait prononcé quelque minutes plus tôt. Mais il se contenta d’attendre une hypothétique réponse tandis que les autres sortaient pour se placer à ses côtés, prêt au combat. Dracaena avait l’air particulièrement agacé par quelque chose ; là aussi, il n’avait pas le temps pour s’en enquérir.

La réaction ne fut pas celle qu’il espérait. Un grondement naquit dans la gorge de l’être au hachoir, quand le second se mettait à courir d’une vitesse redoublée. Et c’était sans compter les êtres tous plus difformes les uns que les autres qui apparaissaient tout autour d’eux. Aucun n’était visiblement agressif, pourtant. Ils avaient une approche… Craintive. Défensive.

« Et merde ! jura Akihito à voix basse en plantant le sabre dans la terre. On court droit au massacre -le notre ou le leur- si on continue alors baissez vos armes. S'ils attaquent, on perd pas de temps et on utilise la magie pour téléporter notre groupe cinq km dans cette direction, dit-il en insistant sur son instruction et en pointant une direction perpendiculaire au lac. Pas de question : vous m'engueulerez plus tard. »

Evidemment, tout le monde alla de son petit commentaire sur ce qui était le meilleur choix à faire ou non. Yliria proposait même de la laisser derrière pour qu’elle les retienne seule le temps que le groupe fuit -une idée qui lui aurait valu une beuglante incendiaire s’il avait eu l’audace de la formuler lui-même.

(Ce groupe n’arrive toujours pas à comprendre que parfois, on agit et on discute après.) s’agaça l’enchanteur tandis qu’il s'avancait de quelques pas, quasi nu et les mains en l'air, en direction des deux colosses.

« Stop ! Calmons nous, » dit-il d'une voix forte sans être menaçante avant d'abaisser les mains, paumes vers le bas, en un signe d'apaisement.

La petite troupe se faisait rapidement encerclé, et la tension était palpable. S’ils n’étaient pas belliqueux d’apparence, la situation ne mettait pas vraiment en confiance et ils restaient sur leurs gardes. Et d’après Visselion, leur apparence n’avait rien de normal : les habitants d’Andel’Ys, appelés les Hommes Pâles, ne ressemblaient pas à ça.

« Ils ne vous comprennent pas. Ils ne peuvent vous parler. Et vous leur faites peur : les gens ainsi équipés le sont pour les détruire. Ces chevaliers du Royaume d'à côté. Ils ne savent pas. Ils ne connaissent pas l'âme des déchus d'Andel'Ys. »

Relevant vivement la tête, l’enchanteur vit une jeune fille allongée nonchalamment sur le faîte de la grange dans laquelle ils s’étaient réveillés, le menton dans les mains. Violets étaient ses cheveux, comme les plumes qui les agrémentaient ou qui étaient le long de ses bras. Cette particularité bestiale n’était pas la seule, puisqu’elle sauta sans problème du haut du bâtiment et atterris sans aucun mal sur le sol de ses pattes avines. Une touche de couleur dans le paysage déprimant et gris d’Andel’Ys, et Akihito la regarda chasser d’une manière enfantine mais efficace les créatures tout autour d’eux.

(Si je me trompe pas, c’est…)

(… Une harpie. Comme la femme de Ser Kiyoheiki.)

« Aleriia, enchantée. Vous êtes qui ?

- Merci, Aleriia, répondit rapidement l’enchanteur en poussant un soupir manifeste de soulagement : pas de carnage en vue. Tu es... Une harpie, si je ne me trompe pas ? Je suis Akihito, et quant à qui on est... Pour faire simple, des aventuriers qui venons d'un autre monde, Yuimen. Enfin, pour la plupart. Nous avons été transportés ici sans savoir pourquoi, mais nous ne voulons de mal à personne. Mais pourquoi ne pas parler de notre présence et de ce qui se passe ici dans un endroit plus... Abrité ? »

La pluie devenait franchement agaçante, et il était en plus de ça très peu couvert. Et comme aucun de ses compagnons ne semblaient se soucier de sa quasi nudité, il jeta un rapide coup d'oeil vers Mathis et Jorus pour attirer leur attention.

« Si l'un de vous à des vêtements à me prêter, je suis preneur.

- Enchanté Aleriia, je me prénomme Mathis...Akihito a raison, nous pourrions continuer la conversation dans un lieu plus sec. Je suis déjà venu ici par le passé à l'époque ou Astidenix était le chef de cette cité, jaimerais bien savoir ce qui s'est passée... »

Le Kendran se présenta tout en donnant une tunique et des braies à l’enchanteur, qui s’écarta temporairement du groupe pour les enfiler. Le tissu était à n’en pas douter de bonne facture et si les bas étaient effectivement un peu serrés, c’était toujours mieux de l’être dans des vêtements confortables. Akihito plaça les habits sales dans la couverture tout aussi sale, et plaça le balluchon sur son épaule. Il comptait les laver avant de les rendre à Yliria, ce qu’il estimait comme le minimum à faire. Pendant son absence, tous c’étaient présentés, tous à leur manière. Yliria dans sa sobriété habituelle, les cheveux relevés en un chignon dégageant son visage pour ne pas les avoir collés à la peau. Jorus cherchant d’ors et déjà à savoir ce que faisait le Titan au milieu du lac, et Dracaena avec la curiosité exubérante qui le caractérisait. Mais la harpie entra dans son jeu, tapant même dans la main végétale tendue par l’Oudio en un salut assez inhabituel.

Pas décontenancée par l’avalanche de questions qui lui tombait dessus, Aleriia répondit patiemment à chacune d’entre elle. Astidenix n’avait pas été vu depuis des lustres, le Titan surnommé Andie était réveillé mais se contentait de regarder sans rien faire, et leur arrivée de Yuimen semblait expliquer le retour d’une « cinglée. » Finalement, elle se tourna vers Akihito et Jorus et leur décocha un sourire satisfait.

« Non, vous dérangez pas. Et de fait, z'avez pas l'air d'être imperméables. Suivez-moi. Vous verrez : dedans ils sont aussi bizarres, mais un peu plus civilisés, » commenta Aleriia en les guidant à travers la ville. Après avoir rendu le sabre de Mathis à son propriétaire agrémenté d’un hochement de tête reconnaissant, Akihito répondit à la réflexion de la harpie concernant le fameux Astidenix.

« Le temps sur Yuimen et ici s'écoule différemment. Ça peut expliquer la différence d'époque avec ce Astidenix, éluda-t-il avant de s’adresser à l’ensemble du groupe. On voulait de la coopération ? Alors abordons un sujet à le fois. Si on parle de tout en même temps, on va se perdre. On commence par cette fameuse cinglée, on verra pour la suite après.

- Guigne. La Reine autoproclamée de la cité. Apparemment. Sitôt couronnée, sitôt disparue chez les vôtres. Et de retour pour imposer ses dingueries à la ville. On se débrouillait mieux sans chef, depuis que Seok a viré cinglé. Genre pire que ceux que vous avez vus.

- Guigne ? Elle accepterait de nous recevoir ? on aurait sans doute des choses à apprendre... et d'autres à lui communiquer. Des choses importantes et urgentes, notamment concernant votre Gardien titanesque qui fait trempette.

- Vous recevoir ? Vous peut-être. Vos potes mâles... elle a tendance à moins les tolérer, cette vieille misandre. M'enfin. Ca ne coûte rien d'essayer quand même. Gardez juste ça en tête. »

La traversée des faubourgs de la ville se fit sous une pluie insistante, quand ils finirent par atteindre les murailles de la ville. D’épaisses murailles de pierre, semblables à celles d’Oranan ou de Kendra-Kâr. Une vue aussi familière, après les architectures toutes plus exotiques que les autres, fut étrangement réconfortante. La sensation de nouveau évoluer dans un espace connu… Avec ses reines cinglées misandres. Yliria n’était pas la plus diplomate d’entre eux, mais elle allait devoir porter leur voix.

« D'autres remarques ou questions, avant qu'on entre ?

- S’il faut s'entretenir avec cette Guigne, tu as des conseils à nous donner ? Comment l'appeler, ce qu'il faut faire ou ne pas faire... Histoire de mettre toutes les chances de notre côté.

- Ne pas la contredire. Elle aime qu'on la respecte avec déférence, mais pas d'exagération sinon elle pense qu'on se moque d'elle. A part ça... elle est complètement chaotique, donc... ben faut avoir une bonne dose de chance, j'dirais.

- J'en connais d'autres, des misandres, répondit la semi-shaakte en grimaçant. J'espère qu'elle n'est pas aussi extrême qu'eux. »

Akihito jeta un regard à son amie en fouillant dans sa mémoire s’il avait pu savoir à qui elle faisait référence.

(Considérant le fait qu’elle n’a jamais évoqué sa mère et les coutumes Shaaktes qui me sont venues aux oreilles… Elle semble être une potentielle candidate.)

Pas la nouvelle la plus réjouissante s’il avait raison. Et c’était un sujet qu’il estimait être au mieux glissant, si ce n’était carrément dangereux à aborder, aussi préféra-t-il garder ses interrogations et suppositions pour lui.

« Du genre à bouffer les couilles d'un type au p'tit déj devant ses propres yeux parce qu'il l'a froissée ?

- Je vois...les Shaaktes de Gwadh ont rien à lui envier, donc... même si elle est moins subtile. J'imagine que les "Majesté" et autre titre honorifique seront de rigueur.

- Oui, voilà. Majesté. Votre Grâce. Mais pas de zèle, attention. »

… Et il commençait très fort à penser que moins il en savait, mieux il se porterait.

« Tu te sens d'y aller seule avec Zaria et Glanaë -si vous voulez l'accompagner, bien sûr- ?

- Je peux me débrouiller, répondit-elle en même temps que les deux concernées opinait du chef. J'aurais juste à me dire que c'est comme une bonne vieille histoire de famille... »

(Belle-maman va être charmante à rencontrer.)

(Arrête de t’enflammer, toi.)

(Je suis dans ta tête, cher Porteur. Je sais exactement ce que tu penses.)

Ce titre qu’elle seule utilisait pour s’adresser à l’Ynorien lui rappela qu’il n’avait toujours pas remis la main sur son matériel. Il avait hésité à l’utiliser en se rhabillant, mais avait préféré attendre un moment plus propice avant de souffler dans son sifflet. Ce qu’il fit, ce qui fit apparaître ce qu’il restait de son équipement. Heureusement qu’il avait la couverture d’Yliria pour lui servir de baluchon, sinon…

« Va me falloir une nouvelle besace pour transporter tout ça... lâcha-t-il en soupirant et en commençant à enfiler ce qu’il pouvait mettre. Et j’imagine que dois pas y avoir de magasin ouvert dans le coin.

- Pourquoi s'en encombrer, si vous pouvez l'appeler à vous ? Mais... oui, vous trouverez sans peine des sacs solides à l'intérieur. Ne vous fiez pas aux apparences : Andel'Ys est une cité vive. Juste... pas comme vous auriez l'habitude de le considérer.

- Question d'habitude, répondit l’enchanteur en haussant des épaules. Et l'endroit où elles étaient ne m'inspirait pas confiance. »

Tandis qu’il s’équipait, il écoutait sans intervenir ses compagnons faire ce qu’il savait faire de mieux : lancer tout un tas d’idées sans aucune coordination, rendant la conversation dure à suivre. La Harpie répondit à toutes les questions cependant, sans se démonter. Jorus connaissait Guigne de nom apparemment. Une autre membre de la Tour d’Or. Andie le Titan semblait très appréciés des habitants de la ville, et Dracaena de par son genre plus qu’indéfini, pouvait sans doute participer à la réunion. L’enchanteur, tout en coinçant la Kizoku-Rana dans la ceinture de ses braies, se faisait la réflexion que laisser quelqu’un comme Dracaena s’entretenir avec une cinglée imbue d’elle-même ne lui paraissait pas être la meilleure idée du monde. Surtout qu’après avoir vu la mini passe d’armes verbale entre Jorus et Zaria sur un possible blasphème du Sans-Visage, ce dernier semblait étrangement très secoué. Et quant à Mathis qui voulait rencontrer un capitaine qu’il avait connu lors de ses voyages précédents…

« Un sujet à la fois, par Valyus... marmonna Akihito avant de reprendre d’une voix plus forte : Stop. On se disperse trop, et vous partez tous du principe qu'on va pouvoir communiquer avec qui que ce soit alors que ces Déchus nous comprenaient pas. La nuit a pas été reposante pour tout le monde, on doit plus avoir grand-chose à manger donc la priorité, c'est d'avoir un point de chute. Un endroit d'où on pourra partir pour enquêter sur la raison de notre présence ici, la capitaine, Andie, et le reste ; un endroit où on pourra se retrouver ; un endroit où on va pouvoir se restaurer.
Donc pendant que ces dames iront voir Guigne, on va à la recherche de cet endroit. Aleriia, il y a une auberge en ville avec quelqu'un qui pourra nous comprendre ? Et avec qui on pourra échanger, payer notre presence ?


- J'peux vous emmener à l'auberge de la Grosse Sally. C't'un bon point de chute, et elle sera contente d'avoir de la clientèle. Arrangez-vous juste pour pas trop médire de Guigne chez elle : elle la vénère comme une déesse. Pour payer, on marche au troc, ici. Trouvez quelque chose qui pourrait l'intéresser, et elle vous laissera faire. Et tout le monde vous comprendra, dedans. Enfin. Sauf ceux qu'ont plus d'oreilles. Et tous pourrons vous répondre. Sauf ceux qu'ont plus d'bouche. Z'inquiétez pas, les plus bizarres c'est ceux qu'on accepte pas en ville. Mais ils n'en sont pas méchants pour autant. Juste... plus sauvages et imprévisibles.

- Parfait. On y va, puis tu accompagnes -ou guide- Yliria, Zaria et Glanaë jusqu'au palais de Guigne. On vous fait confiance pour gérer ça, vous avez bien conscience qu'on a tout à perdre à se la mettre à dos. Et si ça tourne au vinaigre... Yli, t'acceptes que je place une de mes marques sur un de tes objets ? Un truc qu'on te retirera pas en entrant dans une salle d'audience royale.

- J'ai envie de te demander comment tu sauras que ça tourne au vinaigre alors que tu seras pas là. Ou encore pourquoi t'as autant de mal à croire que je peux gérer la situation... m'enfin, tiens. »

Akihito réprima un roulement de ses yeux. Yliria avait bien des qualités, mais ne pas accepter qu’on puisse s’inquiéter ou être prévenant envers elle était parfois agaçant. Il préféra donc prendre le tout avec un ton léger en saisissant le médaillon des Danseurs qu’elle lui tendait et sur lequel il se mit à tracer sa Marque.

« Oh, je te fais confiance. Mais tu vas t'entretenir avec une cinglée, mégalomane et misandre. Sur Aliaénon. Ça fait quatre bonnes raisons pour que quelque chose parte en vrille. Et pour savoir si j'ai besoin d'intervenir, rappelle-toi que j'ai ça. »

Il lui rendit son médaillon tout en agitant la fiole de surveillance, ce qui la fit hausser les yeux au ciel et tressauter le coin de sa bouche délicate. Un tic agacé ou un sourire réprimé ? Il préférait sérieusement la deuxième option. Surtout qu’avec son visage dégagé, cela serait…

(Oh oh…)

(Ferme la, Amy.)

Ignorant les gloussements moqueurs de sa Faëra, il jeta un regard à l'ensemble du groupe.

« Nous, on se renseignera chez la Grosse Sally. Les auberges sont toujours au courant de ce qui se passe dans une ville, ça sera un bon départ, déclara-t-il avant d’adresser un léger sourire à la Harpie. Et merci du coup de main, Aleriia. On essayera de te rendre la pareille. »

Yliria et Dracaena la remercièrent à son tour, tandis que tout le monde semblait adopter son initiative d’auberge. Aleriia répondit à leur remerciements d’une bien étrange manière.

« Vous en aurez l'occasion. Un peu moins vous, ajouta-t-elle à l’intention d’Yliria, avant de se tourner vers l’Oudio. Et vous... heu. Pas de la même manière, sans doute.

- Eh bien… Tant mieux ? »

Cette distinction le décontenança. Pourquoi lui pouvait, mais pas Yliria ? Et cela lui fit se poser une nouvelle question : pourquoi Aleriia les aidaient autant, au final ? Ils pouvaient avoir eu la chance de tomber sur une jeune fille bien informée, aidante et aimable. Mais cette dernière phrase avait fait germer le doute chez lui. Il n’était pas resté en vie jusque là en croyant sur parole toutes les personnes qui l’avaient aidé par altruisme apparent. Akihito allait garder un œil sur la Harpie.

(On ne perd rien à être trop prudent.)


Pose sa dernière Marque sur le médaillon d’Yliria, suis Aleriia.

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Yliria
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Re: Lac Andel et Andel'Ys

Message par Yliria » sam. 3 févr. 2024 08:44

post squelette
- réaction face aux trucs chelous
- papotage avec la harpie
- accompagne la harpie chez Guigne

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Dracaena Paletuv
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Re: Lac Andel et Andel'Ys

Message par Dracaena Paletuv » sam. 3 févr. 2024 12:46

Post squelette:
-Drac se réveille après avoir peu dormi
-Drac se méfie de Zaria
-Drac essaie de communiquer avec les gens bizarres
-Drac salut et complimente la harpie
-Drac panique à cause de Zaria² et observe attentivement l'endroit pour repérer des chemins de fuite
-Drac suis les autres à l'auberge

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Cromax
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Re: Lac Andel et Andel'Ys

Message par Cromax » sam. 3 févr. 2024 14:56

Cauchemar en Aliaénon : Andel’Ys II



La jeune harpie aux teintes violacées sautilla jusqu’à la lourde porte, qu’elle ouvrit sans effort. Elle vous invita à la suivre à l’intérieur. Une fois dans la ville, elle vous mena à travers les rues et ruelles de la cité, dans des quartiers auxquels Mathis n’était pas habitué. Des ruelles serrées ou plus vastes, aux maisons de pierre ou à colombages, enduites de chaux. Ils s’arrêtèrent dans une petite ruelle sans avoir croisé quiconque. Pas âme qui vive. La pluie, peut-être. Face à eux, une porte entrouverte sur une salle illuminée d’une aura chaleureuse, une enseigne sur son porche. Le nom de l’auberge n’était guère lisible, comme d’une langue totalement inconnue, si ça n’était pas juste des signes aléatoires.



Image



Aleriia les mena à l’intérieur. Une auberge assez classique, en somme, même si le ménage n’était clairement pas la priorité. Il ferait bon s’y installer, en ne prenant pas en compte les toiles d’araignées dans les coins, la poussière ou les miettes grasses au sol. Il n’y avait que le groupe, comme clients. Ils aperçurent vite celle qui leur avait été indiquée comme la Grosse Sally. Et elle portait bien son nom. Elle était énorme : une femme de près de deux mètres de haut, et à la circonférence notable. Tant et si bien que les coutures de sa robe tachée semblaient sur le point de craquer. Des cheveux gras et blonds plaqués en arrière, une peau cadavériques, des yeux entièrement blancs et globuleux… Il ne restait plus qu’à évoquer des dents acérées, semblables à celles d’un requin, pour parfaite le tableau.



Image



Elle dégustait avec fort bruit un plat de… trucs indescriptibles dans lesquels rampaient des vers blanchâtres. Sitôt que vous fûtes entrés, elle gueula :

« QUI QUE V’LA ? »

La jeune harpie, dont la beauté juvénile contrastait sacrément avec la laideur de la propriétaire des lieux, répondit d’une voix chantante.

« Des visiteurs et invités de notre belle cité ! Ils sont là pour rencontrer Guigne, alors il va falloir les chouchouter. »

Tonitruante, elle répondit :

« SA MAJESTE GUIGNE, JEUNE INSOLENTE. »

Elle chercha d’un regard aveugle les autres, et sans fixer personne (elle aurait eu du mal), poursuivit :

« BIENVENUE CHEZ SALLY. INSTALLEZ-VOUS ET DITES MOI VOS BESOINS : BOISSONS, NOURRITURES OU CHAMBREES. CONTRE PAIEMENT, JE METTRAI TOUT A VOTRE DISPOSITION. »

Contente d’elle, Aleriia arborait un sourire satisfait, et souffla à l’attention de Glanaë, Zaria et Yliria :

« On y va quand vous voulez. »

Et Zaria de rétorquer d’un murmure écœuré :

« Le plus tôt sera le mieux… »







Maison du Dirigeant d'Andel'Ys


Sans tarder, la jeune harpie sortit de l'auberge avec les trois drôles de dames du groupe. Elles traversèrent à nouveau des rues humides de la pluie qui tombait toujours, et arrivèrent sur une place dégagée et totalement vide. La harpie n'y traina guère, emmenant les invitées jusqu'à la seule maison de pierre, plus haute et cossue que les autres.


Image


Elle y pénétra sans s'annoncer, ouvrant la porte d'entrée comme celle d'un moulin. L'intérieur était sobre, bien que plus richement meublé que ne devait l'être le reste de la ville. Sans traîner, ils grimpèrent des escaliers de pierres. Yliria se sentait comme... observée, sans parvenir à déterminer d'où ça pouvait venir. Une fois à l'étage, délaissant l'escalier qui continuait de grimper plus haut, ils arrivèrent face à une unique double porte gardée d'un être... particulier. Et dérangeant. Yliria ne put dire si son armure était artificielle ou si elle faisait partie intégrante de son corps, comme l'attestaient les écailles éparses sur ses avant-bras. L'être n'avait pas d'yeux, et sa tête blanche allongée prêtait à la répugnance. Il était armé d'une épée courbe.


Image


Sans même demander quoique ce soit, suivant un toussotement de la jeune harpie, il ouvrit la porte et les laissa entrer. Ils pénétrèrent un environnement... tout autre. Riche, foisonnant d'or, de fresques, de meubles dorés. Au centre du mur du fond, un lit-siège trônait. Rond, muni d'un voile refermable. Sur celui-ci, une créature cornue respirant la luxure. A moitié nue, cornue, une coupe d'argent finement forgée à la main, elle regarda les demoiselles entrer en son fief. Elle semblait aussi suave que dangereuse. Une prédatrice.


Image


Aleriia n'eut guère le besoin de présenter le trio, la dame harpie cornue parla d'une voix lascive.


"Que font une yuimenienne, une Methbe-ellienne et une esserothéenne dans ma demeure ?"






[HJ : Les gars : j’ouvre un sujet pour l’aparté de la scène.]


[XP :
Mathis : 0,5 (papote), 2 (situation)
Jorus : 0,5 (papote), 2 (situation)
Akihito : 0,5 (papote), 2 (situation)
GM6 (lul) : noté quand complété
Dracaena : noté quand complété]

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Jorus Kayne
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Re: Lac Andel et Andel'Ys

Message par Jorus Kayne » ven. 9 févr. 2024 15:51

Notre guide nous fait pénétrer à l’intérieur en ouvrant avec aisance des portes pourtant solides visuellement. Je m’assure de rester près du groupe, je ne souhaite pas me perdre dans cette ville et faire de nouveau un face-à-face peu agréable comme celui de la grange. Le brouillard me donne un aspect sinistre de cet endroit : les ruelles étroites ressemblent à des coupe-gorges à côtés de celles plus vastes et si je suis content de n’avoir croisé personne, le charme lugubre qui règne prend davantage de splendeur. Nous débouchons enfin sur une auberge illuminée, une chaleur qui dénote avec le paysage et dont l’écriteau est illisible pour des étrangers. Si l’aura chaleureuse qui s’en dégage contraste avec l’impression de la ville, c’est bien le seul côté positif de heu…l’auberge ? Ici le ménage semble être une notion inexistante au vu de la poussière, des miettes grasses si nombreuses qu’elles font office de décoration et on pourrait faire toute une garde-robe en soie à Akihito avec les nombreuses toiles d’araignées. Puis mon regard porte ensuite vers la fameuse "Grosse Sally". S’il y avait, un être qui me faisait penser à ma version tentaculaire, avec ses nombreux bras, la "Grosse Sally" rappelle à mon bon souvenir mon retour de sort dans la pyramide de la Savane Tanathéenne, les vêtements déchirés, au mieux simplement troués, en plus. Bon peut-être que la qualité des vêtements vient probablement que ceux-ci sont plusieurs tailles en dessous du minimum requis.

Sally est ce qu’on peut appeler "Un bon bestiau". Deux mètres de haut et presque autant de large, une chevelure blonde élégamment plaquée en arrière par un gras accumulé au fil des ans, une peau d’un corps sans vie, le regard charismatique d’un blanc absolu et globuleux, dont les yeux laissent cependant entendre qu’ils s’affairent tous deux à des tâches différentes de l’autre et enfin, un sourire qui accentue avec grâce une rangée de dents d’un carnassier de mauvais augure. Rien d’autre ne serait aussi bien présenter la "Grosse Sally". Quoique…

"QUI QUE V’LA ?" Beugle-t-elle, en ajoutant au tableau un talent oratoire hors norme.

Aleriia nous désignant comme des personnes voulant rencontrer Guigne, la "Grosse Sally" la reprend en ajoutant le titre de majesté à Guigne et qualifiant la harpie de jeune insolente. Clamant que nous sommes les bienvenus elle promet de mettre nombre de choses pour nous contre paiement. De son côté, Aleriia invite les femmes à rencontrer Guigne et Zaria ne se fait pas prier pour partir d’ici.

Nous entamons le marchandage, Mathis en premier avec son médaillon pour payer les besoins entiers du groupe. Jaugeant la qualité du service, j'estime que son bijou devrait couvrir les frais de logement et repas pour plusieurs mois. J'attends tout de même de voir ce qu'en dit la "Grosse Sally", avant de devoir sortir mes propres affaires. Je ne souhaite pas payer plus que ce que nécessaire, surtout ici. Se faisant, je me tourne pour m’adresser à Visselion.

"Vous me direz lorsque vous aurez quelques minutes à m'accorder. Peut-être avez-vous besoin d'un peu de temps pour digérer les derniers événements !"

Visiblement, il n’apprécie guère notre hôte et m’offre tout son temps tant que nous sommes loin de celle qu’il qualifie de créature. D’ailleurs, elle examine l’objet de Mathis avec une déception non feinte. A défaut de ne pouvoir le manger, elle espère pouvoir l’échanger lors d’une autre transaction. Confirmant du paiement du blondinet, elle s’enquiert de celui des autres clients. Ainsi donc cela ne suffira pas pour tout le monde. Peut-être que la qualité du service est plus importante qu'on le pense, ou juste plus élevée que la moyenne locale. Toujours est-il que je ne réponds pas à la remarque de Vissélion, de peur qu'on nous entende et fouille dans mes affaires, cherchant de quoi pouvoir troquer.

"Je n'ai hélas, rien à manger sur moi. Si cela vous convient, acceptez-vous cette cape en guise de paiement ?" Dis-je en retirant de mes affaires mon ancienne cape.

Akihito lui offre un morceau de métal qui brille de lui-même. Sans donner l’impression de réfléchir quoi que ce soit, c’est comme s’il était sa propre source de lumière. Le portant à son nez ou sa truffe, Sally le jette violemment au sol, rejetant la magie dont il tire sa source. Elle empoigne également ma cape et à défaut de pouvoir s’en faire une robe, cela permet de payer ma part et celle de Vissélion dont les critiques qu’il a émises ont été entendues. Tandis qu’une partie du groupe part à la recherche d’une table, je reste avec Akihito qui peine à payer son dû. Il finit par offrir deux pièces d’argent qui permettent de remplacer une dent. Une dent qu’elle extrait d’elle-même, fourrant sa grosse paluche dans la gueule à se frotter la glotte avec le poignet et arrachant, sans aucune forme d’anesthésie et dans un bruit tout simplement immonde, une dent pourrie jusqu’à la racine. Dent qu’elle jette au sol nous permettant de bien la contempler de toute son horreur. Nous invitant à nous mettre à table, nous rejoignons tout deux le reste du groupe.

"Vu la qualité de l'établissement, je crains déjà les spécialités culinaires !" Puis je me tourne vers Visselion, surpris par la réaction de la Grosse Sally. "Curieuse réaction à la magie néanmoins. Que savez-vous de cette cité et de la région ?"

Rien malheureusement. Avachie sur ma chaise, Visselion me confirme ce que je craignais, à savoir que la cité est loin d’Elscar’Olth et qu’ils connaissent déjà mal leurs voisins. Avant la présence du Conseil d’Or et l’atout considérable que représentaient les dragons pour Yuimen, les cités n’avaient que peu voir aucun échange avec les cités aux alentours. Et même alors, Elscar’Olth se trouve fort loin des autres cités. Ne reste à Vissélion que des suppositions à faire et s’ils ne doivent pas leurs transformations par la magie, vu leurs réactions, il ignore ce qui a pu se passer ici. Répondant à la question de Mathis sur le côté désert de la ville, il suppose que ses habitants préfèrent sortir le jour, puisque lui aussi préférerait se cacher avec des têtes pareilles. Akihito explique que les auberges sont fréquentées par les voyageurs et ceux qui ne désirent pas rester plus de quelques jours. Pointant le charme local, il doute fortement que d’autres clients potentiels soient présents. Faisant jouer une étrange fiole entre ses doigts, il aborde le besoin d’un meneur. Quelqu’un qui prendrait des décisions pour tous sans oppositions, ni blablas et pas de "moi je pense". Dans le cas où l’idée foire, il prendra la responsabilité.

Je vois rouge. Qu’on est une sorte de meneur qui dirige le groupe comme des pantins, je comprends sans être totalement d’accord sur le pouvoir absolu qu’aurait le dit meneur, mais parfois l’urgence nous oblige à cette extrémité, comme face aux Titans et au Dragon. Qu’il énonce que le chef devra prendre la responsabilité de ses actes en revanche, m’agace au plus au poing. Pourtant, nous avons besoin d’une cohésion forte et soudée après le comportement de Silméria. Je tourne le visage pour serrer la mâchoire, contenant la colère qui monte, cachant le rictus facial en faisant mine de me gratter. Car justement, c’est bien cette folle qui me retourne le cœur.

(Prendre la responsabilité ? PRENDRE LA RESPONSABILITE ? Mais compte prendre sa responsabilité envers l’autre décérébrée ? Lui qui n’a cessé de la défendre, prônant qu’on devait faire un effort pour le bien commun ! Lui qui a ouvertement critiqué mon incapacité à gérer la situation à la Pyramide avec elle ! Lui qui m’a fait comprendre qu’il fallait qu’on prenne le temps de la comprendre. Lui qui nous accuse de nous méfier d’elle, maintenant qu’elle a montré ce qu’elle pouvait faire, il va simplement laisser couler alors qu’en agissant ainsi il a une part de responsabilité ?)

(Tu devrais le lui dire et lui clouer le bec !)

(…non !)

(Mais pourquoi ? C’est le moment rêvé lui qui parle de prendre la responsabilité de ses échecs !)

(On a besoin avant tout de cohésion ! A chaque fois c’est ce qui nous fait défaut. Si on est parvenu à interagir avec les Titans et à repousser le Dragon c’est uniquement parce qu’on a agi à plusieurs. Frapper dans l’égo des uns et des autres ne mènera à rien de bon !)

(Tu t'assagis mon Jojo ! Tu es malades ?)

(Non, j'ai...juste envie d'en finir avec toute cette histoire !)

Vissélion évoque une discussion chez le Sans-Visage, que ce chef serait issus de ce monde et que son propre nom a été cité, même s’il ajoute que Zaria ou Glanaë serait apte pour ce poste. Des noms qui me font réfléchir.

(Glanaë, je ne sais pas, j’en doute. Elle nous en veut déjà pour la mort d’Arthès alors s’occuper de notre groupe… Zaria en revanche, m’a rappelé qu’elle était en mesure de manipuler avec aisance ses propres ennemis. Il reste cependant l’alliance faite avec les Cadi Yangins, qui ne la verront pas d’un très bon œil. Mais il s’agit de notre décision pas la leur et ils ont un devoir de répondre à l’alliance qu’ils ont approuvée. Il y aurait bien eu quelqu’un de parfait pour ce rôle clef. Quelqu’un qui connaissait davantage ce monde que Vissélion et qui savait comment gérer le comportement et les caractères des Yuiméniens.)

(Oui je sais. Courage mon Jojo !)

Ce que j'aime avec ma faéra, c'est qu'elle me comprend mieux que personne. Mathis décrit le meneur d’Akihito comme un dictateur, précisant qu’un bon meneur sait écouter les autres et que Vissélion à sa confiance. Pourtant malgré le tableau peu enviable qu’en a fait le blondinet, c’est bien ce que défend Akihito, car il faudra quelqu’un pour trancher les décisions lorsqu’on en aura plus le temps. Donnant plusieurs noms pour le rôle dont lui bien entendu, Xël, Vissélion, il me surprend même en me citant dans le lot. Tout ça parce qu’il en a marre du manque de cohésion, lorsque chacun à son avis sur la question. Je serre encore plus les dents lorsqu’il prend pour exemple la situation de grange où chacun a émis ses idées, notamment la mienne pour éviter qu’on finisse la moitié du corps dans un rocher ou une branche dans le fion. Non c’est vrai, pas la peine de préciser pour éviter un léger désagrément de ce genre.

Cependant, au vu de l’attitude de la "Grosse Sally", une précision est à mettre en évidence.

"Je pense que ce n'est pas l'endroit le plus propice pour parler de nos "aptitudes" au vu de la réaction locale. Je doute être la meilleure personne pour ce rôle, contrairement à Visselion qui a effectivement été cité. Mon incapacité à gérer correctement mes émotions par moment nous serait préjudiciable. Il faudra cependant évoquer le désir de ne pas user de nos "aptitudes" chez certains du groupe. Ce qui est dommage car renforcer les "capacités" d'Arthès et Glanaë auraient pu conduire à un autre résultat, même avec l'intervention de l'autre timbrée !"

(C’est moi ou tu te sens coupable ?)

(Un peu oui. Si j’étais parvenue à orienter le groupe à agir ainsi, les résultats auraient peut-être été différents.)

(Alors pourquoi ne pas prendre la place de chef ?)

(Parce que ce n’est pas mon genre de gérer des types, j’aime déjà pas l’idée d’être commandé, mais surtout, quoique je dise, mes avis semblent passer systématiquement aux oubliettes. Rappelle-toi quand j’ai posé le sujet de comment on ferait pour communiquer avec les Titans. Personne n’a relevé et au final on a dû improviser sur le moment !)

(Alors il ne tient qu’à toi de les forcer à écouter !)

(Non désolé, forcer les gens contre leurs grés c’est…pas moi ! Comme je l’ai dit je suis pas en mesure de gérer mes propres émotions donc dans le feu de l’action. Et quel groupe ! Je vais dans le sens du groupe même si je suis pas d’accord, je suis les ordres qu’on donne même si ça me déplaît et on me balance encore un manque de cohésion dans les dents !)

Vissélion réplique qu’il acceptera le rôle qu’on lui donnera, mais précise que cela devrait être confirmé par notre groupe dans son entièreté. Il ne souhaite pas devenir un tyran, mais bien un médiateur et un décisionnaire pour les choix. Ce qui est un peu différent de ce que préconise Akihito. Ce dernier a visiblement remarqué mon changement d’attitude, vu que je ne lui parais pas "ravis" du sujet. Il joue même avec mon affiliation aux Danseurs d’Opale, mais il semble en savoir qu’une partie de ce que cet ordre est. "C'est par ma seule volonté que mes armes se meuvent." Cette simple phrase, mot d’ordre des danseurs, met à mal l’idée de diriger un groupe selon une volonté unique. Et s’il comprend l’intérêt de ne pas évoquer la magie qui nous anime, il est dans l’ignorance totale en ce qui concerne "mon air pas ravi". Je ne sais pas quoi lui répondre et pour tout dire, je n’en ai pas le temps. La "Grosse Sally" arrive accompagnée d’un plateau d’assiettes fumantes et avec, l’angoisse de voir une spécialité culinaire abjecte nous être présentée.

Troc sa cape
Cape Elfique moirée (qualité Artisan, aide à la dissimulation)
Modifié en dernier par Jorus Kayne le dim. 11 févr. 2024 14:40, modifié 1 fois.

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Re: Lac Andel et Andel'Ys

Message par Mathis » ven. 9 févr. 2024 19:17

Ce fut avec une curiosité et une certaine inquiétude que je suivis la harpie jusqu’aux lourdes portes jadis gardées par de vaillants soldats bien habillés et proportionnés. La vision de ces pauvres ères à l’extérieur de la cité m’avait quelque peu troublé et j'espérais qu’il en soit autrement une fois que j’aurais pénétré dans l’enceinte de la ville.

Dotée d’une force surprenante pour une créature d’apparence si frêle, Aleriia ouvrit sans difficulté la massive porte, tout en nous invitant à la suivre.

Je ne pus dire si la pluie était en totalité ou en partie du sentiment qui m’envahit, mais je ressentais une certaine nostalgie de retourner dans un lieu après les années passées et constater la détérioration des lieux. Nous déambulâmes dans des rues désertes, accompagnée seulement par la pluie qui ne cessait de tomber…

(La pluie doit en être la cause…cette cité ne peut être une ville fantôme.)

Cette pensée s’avérait en fait plus un souhait qu’une constatation. Je suivis la harpie en silence, n’osant poser de questions, craignant la réponse qui suivrait. Après avoir traversé des ruelles qui m’étaient inconnues, nous arrivâmes à un bâtiment qui semblait habité, la porte entrouverte laissa passer une lumière qui me semblait bienveillante. Une fois à l’intérieur, je sentis un certain soulagement d’y retrouver le décor d’une auberge classique, certes, les miettes graisseuses sur le sol, la poussière sur les tables et les toiles d’araignée dans les coins démontraient un certain laisser aller dans l’entretien quotidien de l’établissement. Cependant, une fois de plus, quelque chose manquait à l’environnement : des gens ! Cet auberge était presque vide… presque, car attablée un peu à notre gauche, nous vîmes une “femme” qui ne pouvait être autre que celle répondant au nom de: La grosse Sally.

Bien que cette créature s’avérait immense, ce n’était pas ce fait qui me perturbait. Je n’avais aucun ressentiment envers les gens, hommes ou femmes, corpulent ou bien enrobés. En revanche, le manque d’hygiène sur sa personne me dérangeait. Ses vêtements déchirés, ses cheveux gras plaqués contre sa tête. Mais ce qui me révulsait le plus était ses yeux blanc globuleux et poissons ainsi que sa dentition anormale constituée de dents pointues et aiguisées. Dépourvue d’ailes, cette monstruosité n’avait rien d’une harpie. Sans aucune bonnes manières cette Sally portrait bien son nom, sa peau, ses cheveux, ses vêtements conservaient les traces de ses derniers repas. Ce fut d’une voix forte et d’une impolitesse marquée qu’elle demanda ce que l’on venait faire là. Aleriia nous présenta comme des visiteurs et invités de leur cité désirant rencontrer Guigne. Intentionnellement ou non, elle avait omis de mentionner: sa majesté avant de nommé Guigne. Et tout comme la jeune violacé nous l’avait annoncé, Sally en fut offusqué et la réprimanda sévèrement.

(Elle a fait exprès pour la provoquer, j’en suis presque certain. )

Après quoi, Alleriia accompagna Yliria, Glanae et Zaria vers le demeure de sa “majesté” La guigne.

Se tournant alors vers nous, la sale Sally nous souhaita la bienvenue et s’enquit de nos besoins qu’elle fournirait moyennent paiement.


Une fois de plus ce fut Akihito qui prit la parole au nom du groupe, s’adressant à la chose au cheveux gras lui expliquant ce que nous étions et que nous voulions manger, boire et dormir. Lorsqu’il s’enquit du paiement, sourire aux lèvres, je m'adressai à Sally

"De mémoire, on paie par troc. Si c'est toujours la coutume, voici ce que je vous propose en paiement pour tous mes compagnons et moi "

Ce disant, je sortis mon médaillon que je lui tendis.

Fortement déçue que mon bijou ne sois pas comestible, elle l’empocha tout de même et demanda aux autres ce qu’ils avaient à offrir. J’en fus fortement surpris, à mon avis, ce médaillon valait amplement le repas et le gites pour plusieurs personnes pour plusieurs jours. Mais nous n’étions pas en situation de négocier, il n’était pas question de passer la nuit à l’extérieur sous la pluie et affamé.

Reculant poliment d'un pas, je laisse les autres marchander. Puis discrètement, sans même jeter un coup d'oeil sur Praline de peur de la dévoiler, de ma main, je referme ma cape d’un air naturel, m’assurant de bien la camoufler.

Jorus offrit une cape et je ne pus voir ce que présenta Akihito, mais cela s’avérait magique et la chose aux yeux blanc le repoussa violemment. L’ynorien lui présenta alors des pièces d’or qu’elle pourrait faire fondre. Elle accepta finalement après avoir protesté et fait sa difficile.

Je partis m'installer à la table en compagnie de Visselion et Jorus nous y rejoint. Il craignait avec raison la qualité du repas qui allait nous être servi. Trouvant curieux la réaction de Sally face à la magie, il questionna Visselion sur ce qu’il savait de cette région. Visselion avoua ne rien connaître de Andel’Ys. Tout commen nous, il ne voyait pas de bon oeil, la transformation des hommes pâles.
Après avoir jeté un coup d'oeil a la pièce vide, je commentai :

"Tout de même bizarre que l' auberge soit vide...que la ville semble assez déserte...je me demande ce qui s' est passé pour que les habitants de cette cité se soient transformés ainsi....criaient-ils pour nous prévenir de ce qui nous attend si on reste ici trop longtemps ? "

Il suggéra que les hommes pâles attendaient peut-être la nuit pour se montrer.

Ce fut à ce moment qu’Akihito nous rejoignit. Sans perdre une seconde , il dévoila le fond de sa pensée, il voulait que nous nommions un meneur à la tête de notre groupe, pour éviter la perte de temps et les longues discussions.

(Nous avons déjà aborder le sujet et choisis Visselion… j’ai ma petite idée qu’il aimerait qu’on le nomme lui. )

Visselion prit alors la parole pour rappeler qu’on en avait discuter chez le sans-visage et qu’il avait été suggéré que le meneur devrait être quelqu’un de ce monde et que son nom avait été proposé.
J’intervins alors

“S'il faut un meneur je souhaite que ce soit vous Visselion"
Puis vers Akihito

"Ce que vous décrivez' Akihito ressemble plus à un dictateur. Un bon meneur prend des décisions rapidement lorsque la situation l'exige, mais il peut aussi consulter son monde...Et pour ma part j'ai toute ma confiance en Visselion"

Il rétorqua que c’était justement ce qu’il avait décrit. J’en étais pas du tout convaincu. Comme je l’avais deviné, il se nomma comme l’un des potentiels meneur, en rajoutant tout de même que peu lui importait qui serait choisi, il souhaitait juste un peu plus de cohésion au sein de notre groupe.

Visiblement contrarié, Jorus expliqua qu’il n’était pas apte à mener le groupe et semblait en faveur de la nomination de Visselion.

Visselion déclara qu’il assumerait le rôle si celui-ci lui était attribué, mais il préférait attendre la confirmation des autres. Et tout comme moi, il ne voyait pas son rôle comme celui d’un tyran, mais d’un médiateur et d’un droit de veto en cas de doute et de choix délicat.

J'acquiesçai d’un signe de tête aux dires de Visselion.

Levant la tête, je vis Sally s’approcher de nous, plats fumants en main.

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Akihito
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Re: Lac Andel et Andel'Ys

Message par Akihito » ven. 9 févr. 2024 23:43

Dans le chapitre précédent...

Evénement : Cauchemar en Aliaénon.

61 : Dirty Sally.

(On en juge pas quelqu’un à son apparence, Aki…)

Jetant un œil à son amie, Akihito se demanda si la jeune femme pouvait encore tenir ce genre de propos. Car même avec la meilleure volonté du monde, il aurait été mensonger de trouver l’auberge de la Grosse Sally accueillante. Après avoir traversé la ville vide de toute présence apparente, c’était dans un établissement qui avait vu des jours bien plus fastueux que la Harpie les avait guidés. Si le bâtiment en lui-même avait l’air d’avoir du charme, c’était sa saleté et son manque flagrant d’entretien qui sautait aux yeux. Miettes ça et là, moutons de poussière, crasse… Personne n’avait l’air d’avoir envie de faire le ménage.
La tenancière n’était pas dans un état plus accueillant. Immensément grosse, sans manières, des yeux blancs laiteux et les dents en pointes qui aboyèrent de savoir qui venait d’entrer chez elle.

« QUI QUE V’LA ?

- Des visiteurs et invités de notre belle cité ! Ils sont là pour rencontrer Guigne, alors il va falloir les chouchouter.

- SA MAJESTE GUIGNE, JEUNE INSOLENTE. »

(J’hésite presque à rester dehors sous le crachin, à ce niveau.)

(Comme je te comprend.)

Au moins eut-elle le sens du commerce de proposer le gîte et le couvert, moyennant paiement. Les autres -les dames en tête- n’avaient pas l’air plus emballées que ça, puisqu’elles partirent rapidement rejoindre la reine Guigne. L’enchanteur leur aurait bien emboité le pas quand son estomac grogna discrètement, mais douloureusement. Quoi que pouvait être l’espèce de ragoût peu appétissant que Sally avalait à grandes lampées, il allait peut-être devoir en manger aussi. Affamé comme il était il n’allait pas pouvoir être très utile bien longtemps.

« Bonjour Dame Sally, comme l'a dit Aleriia nous sommes des voyageurs venus pour nous entretenir avec sa Majesté Guigne et nous avons aussi à faire dans la ville. Nous voulons vous prendre plusieurs chambres et de quoi boire et manger, mais n'étant pas d'ici nous ignorons ce que vous accepterez comme paiement ? »

Le troc avait l’air d’être le principal moyen de transaction sur Aliaénon, peu importait la ville. Mathis le lui confirma en tendant un médaillon d’assez bonne qualité, tandis que Jorus fit de même en offrant une belle cape quand la tenancière empocha le bijou sans politesse.

« QU'EST-CE QUE VOUS VOULEZ QUE JE FOUTE AVEC CA, CHER CLIENT ? CA SE MANGE MÊME PAS. JE POURRAI TOUJOURS LE REFOURGUER. C'EST BON POUR VOUS. LES AUTRES ? »

La cape allant payer pour Jorus et Visselion seulement, Akihito devait trouver quoi échanger pour sa part. Le soucis, c’était que ce qu’il lui restait était souvent bien trop précieux pour simplement payer une auberge, ou il y attachait une valeur particulière. Une rune ? C’était une possibilité, mais il préférait les garder de côté. Il finit par sortir du baluchon détrempé et sale un fragment lumineux, l’éclat de San-dyvina. En le faisant rouler entre ses doigts, il se rappela cette infiltration improbable dans la maison de comtesse Cédure, à Mertar. L’époque où il n’avait pas la survie d’un royaume ou d’un monde sur les épaules, mais la simple volonté de ramener de la Faerunne au temple de Rana. Le morceau de lustre lui était d’une quelconque utilité, mais peut être que cet objet de curiosité allait intéresser la tenancière.

« Ça, ça vous irait ? Si vous pouvez me dire aussi les commerces qu'il y a d'ouvert en ville, vous seriez charmante.

- POUAH. CA PUE LA MAGIE A PLEIN NEZ. ELOIGNEZ-CA DE CHEZ MOI ! » beugla-t-elle en jetant violemment le fragment au sol après l’avoir reniflé, ce qui prit de court le jeune homme. Comment avait-elle pu sentir une quelconque forme de magie élémentaire, dans un monde qui n’en comportait pas ? Et puis, s’il ne pouvait rien échanger de magie, ça allait commencer à limiter sérieusement ses options.

(Et ne parlons même pas des runes,) ajouta la Faëra tandis que ses compagnons s’installaient à une table, Jorus et Visselion discutant d’un sujet qui devait apparemment plaire au second. Akihito poussa un léger soupir et défit sa bourse, en sortant deux pièces d’argent. Deux cents yus, une sommes non négligeable chez lui, mais de simples morceaux d’argent ici. Peut être que le métal en lui-même aurait de la valeur ?

« Ca, ça vous irait ? De quoi faire fondre une belle bague.

- J'AI LA TETE A PORTER DES BIJOUX ?

- A l'évidence, non... »

L’Ynorien serra les dents. Il essayait de rentrer dans ses bonnes grâces en se montrant polis et en la brossant dans le sens du poil, mais elle n’était ni réceptive a ses beaux mots, ni à ses questions. Il se résignait à donner le Cœur de Golem quand Sally empocha les pièces, enfonça deux doigts boudinés dans sa bouche et dans un bruit répugnant, arracha une dent noirâtre qu’elle jeta au sol.

« CA SERVIRA A ME FAIRE UNE DENT EN ARGENT POUR REMPLACER CELLE-LA. ATTABLEZ-VOUS. »

Ayant enfin pu payer sa présence, Akihito rejoignit les autres en se frottant les tempes, maugréant.

« Je commence à sérieusement douter de mon idée d’auberge...

- Vu la qualité de l'établissement, je crains déjà les spécialités culinaires ! vocalisa l’Humain de Wiehl à raison. Curieuse réaction à la magie néanmoins. Que savez-vous de cette cité et de la région ?

- Absolument rien. C'est fort loin de chez moi, et nous ne connaissons que peu nos voisins proches. Alors ici... mais ça ne me dit rien qui vaille : si ce n'est pas la magie, je ne sais ce qui a pu faire d'eux ce qu'ils sont...

- Tout de même bizarre que l auberge soit vide... Que la ville semble assez déserte... Je me demande ce qui s’est passé pour que les habitants de cette cité ce soient transformé ainsi....criaient-ils pour nous prévenir de ce qui nous attend si on reste ici trop longtemps ?

- Les auberges sont surtout fréquentée par les gens de passage, les voyageurs. Et vu la population des faubourgs, c'est deux types de clients qui ne doivent pas courir les rues en ce moment. »

Akihito faisait rouler entre ses doigts la fiole de surveillance, toujours illuminée de son bleu paisible. Yliria était peut-être déjà en compagnie de la reine cinglée, alors il préférait garder un œil attentif sur le liquide, prêt à agir à la première teinte de rouge. Dans le même temps, il regarda la tablée, discutant tranquillement. Sans Yliria, qui comptait partir du groupe. Sans Silmeria, dont la place était plus qu’à remettre en doute. Sans Xël, qui évoluait de son côté et, il l’espérait, ne lui était rien arrivé de grave. L’Ynorien se décida donc à aborder un sujet délicat, mais qu’il fallait pourtant évoquer un jour ou l’autre. Et le plus tôt était le mieux.

« Et il va aussi falloir que quelqu'un dans notre groupe prenne la place de meneur. Et pas un pour faire joli : notamment à qui tout le monde obéit dans les moments tendus. Pas de blablas, pas de "moi je pense". On lui fait confiance et si ça foire, il prendra la responsabilité après. »

Comme il regardait chacune des personnes attablées, il vit bien Jorus détourner le regard et la tête. Le sujet ne le mettais pas à l’aise ; malheureusement pour lui, l’enchanteur s’en fichait.

« Chez le Sans-Visage, ils évoquaient un chef issu de ce monde, qui saurait faire la part des choses de vos méconnaissances. Mon nom a été prononcé, mais Dames Zaria ou Glanaë pourraient bien faire l'affaire également.

- S'il faut un meneur je souhaite que ce soit vous Visselion. Ce que vous decrivé Akihito ressemble plus à un dictateur. Un bon meneur prend des décisions rapidement lorsque la situation l'exige, mais il peut aussi consulter son monde...Et pour ma part j’ai toute ma confiance en Visselion. »

(Il est bouché ou quoi ?)

Il venait de répéter la même chose qu’il avait proposé, en le taxant au passage de souhaiter avoir un dictateur à la tête du groupe. Et il n’y avait qu’un pas à franchir pour prendre l’accusation personnellement. Heureusement qu’il avait eu la nuit pour redescendre en pression…

« Et c'est exactement ce que j'ai décris. Une personne que le groupe suivra lorsqu'il n'y aura pas de place pour les discussions et que des décisions doivent rapidement être prise. Bien sûr qu'il devra écouter les autres, mais quand la situation le permettra. Moi, Visselion, Jorus ou Xël, peu m'importe. J'en ai simplement plus qu'assez que cette expédition dégénère à cause d'un manque de cohésion parce que tout le monde veut avoir son mot à dire, en toute circonstances. Devant la grange, par exemple. Nous transporter un peu plus à gauche ? Un plus à droite ? Pas dans la ville, dans la ville ? On était entouré d'un groupe franchement pas commode, on aurait pas eu le temps d'accorder nos magies s'ils avaient décidé de nous attaquer. Et vous savez ce qui se passe quand nos souhaits en matière de sorts sont ne serait-ce que ça différent, illustra-t-il en mimant un écart minuscule entre ses doigts, puis secoua la tête de dépit en soupirant. Dictateur... c'est bien mon genre de vouloir un truc pareil. »

Et c’était d’autant plus risible de la part d’un nobliau issu d’un royaume comme Kendra-Kâr s’adressant à un Ynorien. Akihito se tourna ensuite vers l’archi-sorcier. On lui aurait proposé Visselion à ce poste quelques jours plus tôt qu’il aurait refusé immédiatement. Mais si on passait outre son intérêt pour les expériences magiques en dépit de leur dangerosité, c’était au final quelqu’un de raisonnable et sensé sur tout le reste. Sur tout ce qu’il avait vu, du moins.

« Mais bon si les autres vous ont choisi, Visselion, je n'y vois pas de problème. Dame Glanaë et Zaria pourraient peut-être faire l'affaire, mais je les connais moins. Et la première vient de perdre son compagnon en partie par notre faute, donc je ne la vois pas nous guider de gaieté de cœur.

- Je pense que ce n'est pas l'endroit le plus propice pour parler de nos "aptitudes" au vu de la réaction locale. Je doute être la meilleure personne pour ce rôle, contrairement à Visselion qui a effectivement été cité. Mon incapacité à gérer correctement mes émotions par moment nous serait préjudiciable. Il faudra cependant évoquer le désir de ne pas user de nos "aptitudes" chez certains du groupe. Ce qui est dommage car renforcer les "capacités" d'Arthès et Glanaë auraient pu conduire à un autre résultat, même avec l'intervention de l'autre timbrée !

- J'ai dit que j'assumerai le rôle que vous me donnerez. Mais peut-être devrions-nous confirmer cela avec les trois dames qui nous accompagnent. Elles aussi auront leur mot à dire. Et le but n'est pas de devenir une sorte de tyran, juste un médiateur et une voix à suivre en cas de doute, de choix délicat.

- Aborder le sujet n'a pas l'air de te plaire, Jorus, mais ce groupe a besoin de cohésion et d'organisation si on veut arriver à nos objectifs. Tu viens des Danseurs d'Opale, ça devrait pas t'être étranger. Mais t'as raison sur un point : évitons d'évoquer nos "aptitudes". »

Il acquiesca finalement à l'intention de Visselion, visiblement un peu mitigé, puis se tourna en cachant son appréhension vers Sally. La tavernière arrivait avec un plateau relativement chargé : ne restait plus qu'à prier que le tout soit bon...


Garde un oeil sur la fiole qu'il garde dans sa manche pour ne pas que Sally la voit.
Modifié en dernier par Akihito le jeu. 15 févr. 2024 15:26, modifié 1 fois.

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Yliria
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Re: Lac Andel et Andel'Ys

Message par Yliria » sam. 10 févr. 2024 00:46

La ville ressemblait de plus en plus à Exech avec ces rues sombres et ses rues sales. La pluie n’arrangeait rien et l’ensemble ne donnait pas envie d’y rester plus longtemps que nécessaire. Surtout en entrant dans « l’auberge » en suivant la harpie. Une espèce d’ogre déguisée en femme nous interpela avec tant de virulence que je crus qu’elle hurlait au meurtre. L’endroit était sale, évidemment et à choisir, je préférai encore dormir dehors, n’ayant aucune confiance en la literie d’un endroit pareil. Quant à y manger… je réprimai difficilement un frisson de dégoût et fus bien trop heureuse quand Aleriia proposa d’aller rencontrer la reine dans l’instant. Zaria semblait plus que partante et je l’étais aussi, alors nous sortîmes toutes les quatre pour nous rendre jusqu’à une place aussi vide que le reste de la ville. Où étaient donc passés les habitants ? 2taient-ils tous devenus des espèces de créatures difformes comme ceux que nous avions vu ? Mais Aleriia alors ? Tout cela était étrange… et pas vraiment très rassurant.

Au moins l’endroit où nous entrâmes était sec. Une haute maison de pierre, la seule du coin, et plutôt cossue avec ça. Une Reine certes, mais ne vivant pas dans un palais rutilant et débordant de richesse. Soit une marque de modestie, soit un manque de ressources. Dans les deux cas, c’était moins intimidant. Ce qui l’était davantage, en revanche, c’était la désagréable impression d’être observée dès que je posais un pied sur la première marche de l’escalier. Ce n’était pas la première fois que cela m’arrivait, mais c’était toujours aussi désagréable. Surtout quand on tomba nez à nez avec … je ne sais trop quoi. Un être sans aucun faciès et aux longs doigts griffus. Il était élancé et s’il n’était pas aussi étrange, j’aurai pu imaginer un hinion avoir cette carrure. Mais tout en lui me dérangeait, de son armure à moitié intégrée à son corps, ou bien ses membres trop longs. Par chance, il ne nous suivit pas dans la pièce suivante, mais j’eus tout de même le sentiment que c’était lui, le regard qui m’avait suivi dans les escaliers…

Quant à la pièce suivant…. J’annulai ma précédente pensée concernant la modestie ou la retenue. Tout n’était que richesse ; Des fresques sur les murs, des dorures sur les rideaux et le tapis, des meubles dorés et un … lit ? Trône ? Un mélange des deux, avec dessus nulle autre que la Reine, si je devais deviner. Le moins qu’on pouvait dire c’est qu’elle était… à l’aise. Sa tenue, si on pouvait appeler ça comme ça, ne laissait guère à l’imagination, et son regard avait quelque chose de... prédateur. Et rien dans son attitude ne me rassura, surtout pas lorsque, sans même qu’on ne se présente, elle sut qui nous étions et d’où nous venions. Une magie de divination devait être à l’œuvre. Ou du moins c’était la solution la plus logique. Si elle pouvait éventuellement connaître Glanaë, ou même Zaria, elle n’avait pas pu deviner d’où je venais d’un coup d’œil… pas vrai ?

(On ne sait rien des elfes de ce monde, les shaakts n’existent peut-être pas, pas même une version proche.)

(Possible… et puisqu’Oaxaca a déjà envahie ces terres, peut-être que des shaakts l’ont rejoint. Ça ne me surprendrait pas vraiment.)

(Ou alors ta théorie est vrai et il vaut mieux se méfier…)

Il y avait plus de méfiance dans la voix d’Alyah que d’habitude. Je fronçai le sourcils un instant avant d’inspirer lentement et de faire la chose que je détestai le plus : me souvenir des leçons de ma génitrice. Les négociations étaient un subtil mélange d’intimidation, de vérité, de mensonge par omission et de fausse informations saupoudrés de faux semblant et d’amabilité juste assez présente pour cacher le venin qui sortait de la bouche de chacun. D’après Mère, en tout cas. Elle n’a jamais vraiment réussi à m’inculquer pleinement ce qu’elle voulait, grâce à Père et notre fuite, mais j’avais assez de base pour au moins essayer. Si ça marchait… bordel ils allaient me payer un verre, et pas du jus de chaussette servie dans cette auberge miteuse…

La discussion avec Guigne fut plutôt fructueuse, tout chose considérée. La menace du Dragon n’avait pas vraiment l’air de l’inquiéter outre mesure malgré mes mises en garde, mais elle n’était pas contre un échange de bons procédés et une alliance profitable aux deux parties. J’eus envie de l’étrangler une fois ou deux, mais l’ensemble se déroula plutôt bien. Zaria et Glanaë furent étonnamment silencieuse, à part une brève intervention au début. Je ne savais pas si elles avaient juste décidé de me laisser faire parce qu’elles avaient confiance ou bien si c’était simplement parce qu’elle n’avait vraiment rien à ajouter… enfin si cela n’avait tenu qu’à moi, elles ne seraient pas venues. Akihito avait l’art et la manière de me faire douter de mes décisions dès qu’il ouvrait la bouche parfois.

Je pus apprendre certaines choses intéressantes, comme les hommes pâles transformés, mais d’autres méritaient un approfondissement ultérieur. Guigne avait parlé de ses sœurs et d’une magie ancienne qu’elles possédaient toutes les trois. Un sujet à creuser. Ce que je m’apprêtais à faire avant qu’elle ne fasse une proposition… inattendue. Plus qu’une proposition, cela semblait même une obligation pour sceller cette alliance. Et là, je séchai complètement. Comment ça partager sa couche ?

(Bah tu sais, le sex…)

(Sans blague ?!)

Et Glanaê et Zaria qui me fixaient maintenant comme si je pouvais y faire quelque chose, moi ! Je n’avais pas prévu ça dans mon plan, moi ! ce n’était pas du tout à l’ordre du jour et vu leurs regards horrifiés, c’était plutôt inquiétant. Je devais trouver un moyen de décourager notre chère Reine…

- Vous nous honorez, Majesté... mais mes compagnons devraient sans plus tarder se mettre à la recherche de ceux pouvant faire une différence. Permettez que mes camarades ici présentes aillent sans attendre les tenir au courant de notre entente...

On ne pourra pas dire que je n’ai pas essayé d’éviter cette situation, mais la Reine n’a visiblement pas d’autre idée en tête. Et Si Glanaë essaie de se sacrifier pour Zaria et moi, je refuse catégoriquement qu’elle le fasse, elle qui vient déjà de sacrifier bien trop à cause de nous. Tout ce que j’arrive à faire, en dévoilant bien trop, c’est de permettre à Zaria d’éviter ça. Me voilà dans une situation délicate et que je n’avais pas prévue, ni envie de voir ou de vivre.

(Rien ne t’y oblige, Yli, tu peux encore dire non et claquer la porte.)

(Et perdre le soutien de Guigne et risquer qu’elle s’en prenne à nous et aux autres ? Merde… comment je pouvais deviner… ?)

(Si ça peut te consoler… Si tu es volontaire, ça peut être un bon moment…)

Rien qui ne me rassurait vraiment. Guigne était lascivement allongée sur sa couche, Glanaë l’avait rejoint et Zaria restait à l’écart, visiblement aussi enchantée de regarder que de participer. J’inspirai lentement, déglutis et défis mon chignon pour laisser mes cheveux cascader dans mon dos avant de commencer à retirer mon armure. Le tintement du métal tombant sur le sol avait un air d’ultimatum. Quand je terminai enfin par ne plus avoir que mes braies et ma chemise sur moi, l’invitation de Guigne ne se fit pas attendre et, après une longue inspiration, je la rejoignis à mon tour . Ses lèvres se plaquèrent sur les miennes avant que je ne puisse réagir. Il y avait un arrière-goût métallique à son baiser agressif. Elle me laissa interdite, el souffle court et el visage en feu alors qu’elle faisait de même avec Glanaë. Mon corps semblait en feu et je crus que rien ne pouvait être pire, mais quand Guigne passa sa main dans mon dos et me colla presque nez à nez avec Glanaë, je me dis que j’étais loin du compte. Il y eut un instant de flottement et d’indécision avant que Glanaë ne m’embrasse à son tour. C’était plus doux que Guigne, mais aussi plus… étrange. Une retenue que la harpie n’avait pas. Pas du tout même.

Complètement nue lorsque je m’écartai de Glanaë, elle attrapa mon haut et el retira d’un coup avant de foncer les sourcils en découvrant les bandes de tissus dissimulant et compressant ma poitrine. C’était devenu une habitude. C’était plus pratique pour porter mon armure et me battre tout en évitant que des regards un peu trop appuyés ne se pose sur mes seins dès que je ne la portai plus. Et dans le cas présent, ça n’avait pas l’air d’enchanter la Reine qui me fit vite comprendre de retirer tout ça. Dès que le tissu glissa sur le lit, une de ses mains attrapa ma poitrine, me tira un souffle surpris, autant par le toucher que par la soudaineté et la facilité avec laquelle elle se permettait de le faire. Elle me fixait avec un regard à mi-chemin entre l’autorité et le désir.

- Les femmes n’ont pas à cacher leur corps. Embrasse-le et laisse les autres rêver de l’embrasser.

Ce qu’elle fit, immédiatement. Elle me poussa et se jeta sur moi dès que mon dos toucha le lit. Jamais je n’avais connu ce genre de sensation. Ses lèvres et ses mains parcouraient mon corps, envoyant des vagues de frissons les unes après les autres. Je ne savais pas quoi faire de toutes ses sensations, ni de ce que je ressentais quand elle me touchai. C’était… c’était agréable, et ça me perturbait. Ses lèvres passèrent dans mon cou, sur ma poitrine sur laquelle elle s’attarda suffisamment longtemps pour que des sons que je n’avais jamais émis quittent ma bouche, lui tirant un sourire carnassier. Puis elle descendit, encore et encore, jusqu’à ce que mes braies la gêne. Elle se tourna alors vers Glanaë, qui s’était déshabillée d’elle-même, et l’allongea à côté de moi. Je n’osai par tourner la tête, mais Guigne ne m’en laissa pas le choix. La seconde d’après, les lèvres de Glanae trouvaient les miennes alors que Guigne s’attardai sur elle. Je fermai les yeux, ne laissant que les sons me parvenir, ce qui était peut-être plus dérangeant. Je la sentais frissonner et bouger alors que des gémissements s’échouaient sur mes lèvres. Trop curieuse, je rouvris les yeux pour ne voir que le haut de la tête de Guigne, bien plus bas, entre les jambes de Glanaë et mon cœur déjà brulant s’enflamma encore plus.

Une main se posa alors sur ma cuisse, puis se décala pour tirer sur mes braies. Guigne était claire dans ses gestes et ses envies, c’était indéniable, mais Glanaë était visiblement en train de succomber à son tour, vu les bruits qu’elle poussait. Je m’écartai un peu d’elle, faisant de mon mieux pour en pas fixer sa peau de trop près et entrepris de défaire mes braies après une longue, et franchement nécessaire, inspiration. Ce n’était pas la première fois que j’étais nue devant une autre femme. Je partageai mes bains avec Nyllyn et mon apprentissage avec Lichia ne s’était pas passé sans des ablutions communes. Mais le contexte était complètement différent. Il n’y avait aucune tension comme celle que je sentais dans l’air au point de presque pouvoir la goûter du bout de la langue. Alors quand guigne s’écarta d’une Glanaë au souffle court et au visage rouge, je ne pus m’empêcher de déglutir. Elle avait à nouveau ce sourire carnassier et quelque chose pétillait dans son regard. Quelque chose qui s’était allumé quand j’avais parlé de mon manque total d’expérience. Et elle ne l’avait pas oublié.

Elle approcha lascivement, tel un prédateur et je déglutis de nouveau alors qu’elle posa mes mains sur mes cuisses pour les glisser lentement vers le cœur de ma féminité. Au denier moment, elle les écarta et je la fixai, indécise alors qu’elle souriait toujours. Puis sa bouche se posa sur ma peau et pris le même chemin que ses mains quelques instants plus tôt. Mais elle ne s’arrêta pas cette fois. Je ne sus pas trop ce qu’il se passait sur le moment. La sensation me pris de court. Un feu gonflant dans mon bas ventre et une agréable sensation de gêne devenant rapidement un plaisir inconnu et impossible à endiguer. Quelque chose enflait encore et encore alors que sa langue s’activait et que je perdais peu à peu pied sur tout le reste. Il y eu un déclic, une explosion de sensation suivi d’un rire de la part de la harpie avant que je ne rouvre les yeux, le souffle erratique, le visage en sueur et en feu, et lel visage satisfait de Guigne au-dessus du mien.

- Voilà une voix que j’aime entendre… encore.

Et ça recommença, en même temps que Glanae. Guigne se jouait de nous en même temps, seule sa langue allant de l’un à l’autre. Puis elle arrêta soudainement et les rôles s’échangèrent. Glanae se mit à caresser Guigne, à l’embrasser alors que, encore groggy et incertaine de ce qu’il venait de se passer et de ce que je devais faire, je fixai la Reine avec incertitude. Elle trouva la solution elle-même en me tirant à elle pour que je l’embrasse. Une main se glissa entre mes jambes, me tirant un gémissement surpris alors qu’un autre dirigea ma propre main vers l’intimité de la Reine. C’était humide, chaud, moite, comme ce que je ressentais moi-même et, incapable de réfléchir correctement avec les sensations qui s’affolaient en moi, je fis la même chose que ce qu’on me faisait. Puis les roles changèrent. Puis une fois encore. Et encore. Je découvrais des saveurs que je n’étais pas prête de retrouver ailleurs et Glanae et moi partageâmes bien plus qu’un baiser alors que Guigne nous regardait, son verre à la main, avant de reprendre les rênes à nouveau, pour la énième fois.

Je n’avais plus la notion du temps depuis un moment quand Guigne s’estima enfin satisfaite. Allongée sur le lit, le corps en sueur et d’autre fluides plus intimes, je fixai el plafond sans vraiment le voir, plus du tout inquiète à sentir la main de Guigne caresser ma peau ou le souffle chaud de Glanae s’échouer sur mon cou. Je venais littéralement d’offrir mon corps pour le plaisir d’une Reine dans le but de sauver ce monde et je n’arrivais pas à savoir si j’avais fait le bon choix. Ni si j’avais été à la hauteur de ses attentes. J’avais joui tant de fois que j’avais arrêté de compter et Glanae avait apparemment ressenti la même chose. Elle s’était laissée emporter, moi je ne savais toujours pas si j’avais vraiment compris ce que je faisais. Tout ce que je savais, c’est qu’au final, j’avais aimé ça.

Alors quand le visage de Guigne apparu à nouveau dans mon champ de vision alors qu’elle s’installai à côté de moi. Je ne pus m’empêcher d’essayer de savoir si j’avais vendu ma dignité pour quelque chose ou non.

- Votre Majesté est-elle... satisfaite ?

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Cromax
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Re: Lac Andel et Andel'Ys

Message par Cromax » sam. 10 févr. 2024 13:55

Cauchemar en Aliaénon : Andel’Ys III



Auberge de la Grosse Sally



Les mâles du groupe devisaient, attablés, à l’auberge qui leur avait été conseillée. La réapparition de la propriétaire des lieux, se déplaçant lourdement un grand plateau à la main. Sa graisse remuait à chaque pas, sur son ventre difforme, ses cuisses larges sous une robe déchirée moulant ses jambons grumeleux. Sans un mot, elle posa le plat à table, sans délicatesse. Cinq écuelles fumantes au contenu peu ragoutant à première vue : une sorte de soupe grasse et épaisse contenant des morceaux fermes de chair blanche. Du poisson, vraisemblablement. Et quelques légumes frais. Un pichet de céramique et cinq godets. La grosse Sally s’éloigna sans demander son reste ni annoncer le plat qui, surprenamment, sentait drôlement bon.

Ceux qui s’y oseraient les premiers seraient surpris de la qualité du met, malgré son apparence. Une soupe/potée bien chaude, tenant au corps. Le poisson était des plus frais, ferme et bien cuit, et les légumes avaient gardé à la cuisson leur belle couleur : carottes, navets, patates et poireaux. La graisse naturelle sans doute tirée de la peau du poisson donnait au tout un côté rassurant, nourrissant. Presque régressif, pour ceux qui purent gouter dans leur enfance la soupe maternelle.

Le pichet contenait une bière blonde localement brassée, à l’amertume présente, à l’alcool assez élevé. Une bière de qualité, d’un houblon élevé avec sérieux et savamment brassé. Le repas était à l’exact opposé de l’apparence de l’auberge et de sa propriétaire. Alors que le repas avançait, la porte de l’endroit s’ouvrit et laissa place à la jeune harpie violette, qui trottina jusqu’à votre table avec un sourire mystérieux.

« Alors, vous en dites quoi ? Bonnes nouvelles de mon côté : les négociations se passent à merveille. Yliria m’envoie vous dire de partir à la recherche d’êtres qui pourraient faire la différence, au sein de la cité. Et je peux vous y aider. Une alliance est en train d’être concrétisée : votre protection de la ville et de Andie, contre toute ressource qui serait nécessaire dans votre chasse au dragon. »

Elle regarda chacun avec un air un peu mutin.

« Vous reverrez bientôt vos belles, messieurs. Guigne est en train… d’en prendre soin. »

Sur la fiole d'Akihito, aucun signe de danger.



Chambre de Guigne


La harpie, lascive, laissa une caresse flatter la peau d’Yliria alors qu’elle lui répondait :

« Plus de ça entre nous, jeune beauté. Nos chairs sont liées, nous sommes intimes. Et il sera naturel désormais de nous apporter entre nous aide mutuelle et soutien. Je pourrai convaincre mes sœurs de reformer, le temps de votre chasse, la Trinité. Notre union sororale surpuissante. Et qui sait si la d’Argentar ne se mêlera pas à nous. Peste soit que la d’Omble soit partie suivre sur votre monde l’un de vos mâles… »

Zaria restait figée, yeux fixés sur la couche, le visage fermé, la mâchoire serrée. En croisant son regard, la semi pouvait y lire un sentiment de culpabilité extrême. Et sur ses lèvres, une intention de s’excuser, même si sa seule respiration en sortait. Glanaë, elle, restait lovée, au chaud, contre le corps nu de la harpie. Abandonnée à l’instant. Comme si elle en avait besoin. Réellement besoin.


[HJ : Go discord.]


[XP :
Mathis : Noté quand complété.
Jorus : Noté quand complété.
Akihito : Noté quand complété.
Yliria : 0,5 (discussion), 2 (ébats), 0,5 (allez chez Guigne). + 1 rune « Vu » que tu trouveras en ramassant tes vêtements.]

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Mathis
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Re: Lac Andel et Andel'Ys

Message par Mathis » jeu. 22 févr. 2024 15:11

Heureusement la désagréable Sally ne dit mot lorsqu’elle déposa nos écuelles fumantes sur la table. Le repas me semblait similaire à ma dernière visite, une soupe épaisse contenant de gros morceaux de légumes et de chair de poisson. Si l’apparence n’était pas invitante, l’odeur l’était. Et puis, la faim étant au rendez-vous, il était hors de question de lever le nez sur un repas si cher payé. Le tout accompagné d’un pichet d’un liquide jaunâtre s’apparentant à la bière.

Une fois que “l’aubergiste” eut quitté les lieux, alléché par l’odeur, je pris, un peu hésitant, une première bouchée. Un sourire se dessina aussitôt sur mon visage, cette soupe chaude consistante et nourrissante s’avérait délicieuse. Je dégustai alors chaque bouchée, savourant tantôt les carottes, les navets, les patates, les poirots et le poisson, chacun de ses éléments cuits à point dévoilaient sa saveur entière. Il y avait en cuisine un excellent cuisinier et il ne portait pas le nom de Sally. J’entrecoupais mes bouchées par des gorgées d’une excellente bière blonde à l’amertume présente et le houblon équilibré.

Praline sortit de sa cachette et quémanda sa part. Lorsque je déposai un morceau de poisson sur le sol, elle s’empressa de quitter mes genoux pour manger la part que je lui avais donnée.

J’en étais à ma dernière bouchée lorsque Aleriia fit son entrée dans l’auberge, nous demandant ce que l’on pensait du repas.

« C’est délicieux. » répondis-je

Sans tarder, elle nous donna un bref résumé des négociations, une alliance était en train de se former, des ressources pour chasser le dragon nous seraient fournies en échange de la protection de la cité et de Andie.

(Je ne pense pas que cette créature marine ait besoin d’une quelconque aide.)

En tant que messagère, elle nous indiqua qu’Yliria ne voulait pas qu’on l’attende et qu’on parte, en compagnie d’Aleriia à la recherche d’êtres qui pourraient nous être utiles.

Avouant sa surprise sur le dénouement de la situation, Akihito semblait curieux de savoir en quoi Guigne prenait soin de nos compagnes de route. Énigmatique, elle se contenta de dire qu’elles étaient de fines diplomates, que l’ambiance autour de Guigne était appropriée et qu’elle reviendrait plutôt décontractée. Je sourcillai légèrement aux explications d Aleriia concernant les négociations avec la reine harpie, mais je ne fis aucun commentaire.

Jorus se réjouit du dénouement de la situation et invita la harpie à manger avec nous. Elle refusa l’offre expliquant que cette nourriture ne faisait pas partie de leur menu.

Puis lorsque la jeune harpie nous parla d’arpenter la ville, je lui répondis :

« Votre aide sera très appréciée pour circuler dans cette cité... Avez-vous déjà votre petite idée de qui pourrait nous aider.. ou dans quel endroit on pourrait les trouver ? »

Guigne lui avait seulement dit qu’il serait possible d’en trouver et qu’elle nous aiderait à les trouver. Ce qui signifiait en fait, qu’en tant que “reine”, elle avait délégué la jeune harpie pour nous aider à cette tâche.

Malgré la demande d’Yliria, Akihito préféra attendre nos compagnes, mais désirait par contre faire les boutiques afin de s’équiper adéquatement. Jorus était également de l’avis d’attendre et il semblait vouloir s’entretenir d’un sujet particulier avec Visselion.

Par curiosité, je demandai à Aleriia.

" J'aurais pensé les attendre aussi, mais pourquoi Yliria vous a demandé de nous transmettre le message de partir à la recherche d'aide alors ? ... Et par simple curiosité, dites-moi quel type d' aliments fait partie de votre menu ?"

Aleriia accepta de conduire Akihito vers les artisans, puis se tournant vers moi, elle me sourit largement. En l’espace d’un instant, je crus voir ses canines s’allonger pour se rétracter ensuite.

(Je n’ai pas la berlu, ce sont des dents de carnivores…)

Si elle avait refusé la soupe, ce n’était probablement pas parce qu’elle levait le nez sur la viande,... mais plutôt parce qu’elle l’a préférait crue. Puis elle me répondit sur un ton que je jugeais provocateur qu’elle pourrait me montrer de quoi elle se nourrissait. Je jetai alors un regard discret vers Praline, je me devais la protéger de cette harpie qui sous ses airs de jeunes innocentes pouvait s’avérer être une redoutable prédatrice.

Voulant en savoir plus sur cette harpie et aussi sur ce qui était arrivé aux hommes pâles, je commentai:

" Je vais avec vous, Akihito et Aleriia peut être allons nous rencontrer des gens qui nous seront utiles "

Aleriia acquiesça et nous la suivîmes vers la sortie, Praline sur mes talons. La pluie n’ayant cessé, Praline sauta dans mes bras reprenant sa place bien au chaud sous ma cape. Après avoir longé et traversé des rues sombres et vides, nous arrivâmes à une boutique peut invitante aux fenêtres sales et dont la porte était abîmée. L’obscurité qui semblait régner à l’intérieur n’était pas rassurante. Celui que je supposai être le maroquinier possédait des épaulettes de chair et semblait habillé principalement de cage de métal, se terminant par une jupe que je supposai être de cuir. Alleriia nous affirma qu’il étiat le meilleur dans son domaine. S’il ne pouvait parler, son ouïe était intacte, malgré l’absence d’oreille apparente.

Je laissai Akihito faire ses demandes au commerçants et j'observai attentivement les lieux, les murs, le plafond et même le plancher...afin de deviner si ce lieu est souvent visité.

Puis je m'accrochai de Akihito pour lui chuchoter à l'oreille:

“Ici, le troc fait loi, as-tu quelque chose à lui offrir en échange... sinon, je veux bien regarder dans ma besace si je peux t'aider.”

Exécutant ses mouvements avec lenteur, le forgeron tendit à Akihito les objets demandés qui semblaient de grandes qualités. Puis, la main tendue, il attendit son dû. Aleriia nous expliqua alors que nous n’avions pas ce qu’il désirait. Elle sortit donc une petite bourse qu’elle déposa dans la main du commerçant. Il ferma avidement sa main et l’approcha de son nez, semblant craindre qu’on lui vole son butin.

Akihito semblait mal à l’aise que Aleriia paie à sa place et demanda le moyen de la rembourser.
Sachant que la dite bourse ne pouvait contenir de monnaie, curieux, je demandai à Aleriia,

"Cette petite bourse contiendrait-elle du Thiirr ?"

La jeune harpie m’affirma que c’était bien le cas. Puis, après avoir fait un clin d'œil à Akihito, elle lui confirma qu’il pourrait la rembourser une fois la nuit venue.

Devant le regard interrogateur d’Akihito lorsque j’évoquai le thiir, je fournis quelques explications.

"Le Thiir est une substance qui altère le jugement. Les gens sous l'effet de cette substance en perdaient en quelque sorte la tête. Et puis, les consommateurs en deviennent rapidement dépendants."

Puis vers Aleriia.

"Pardonnez ma curiosité, mais l'état des créatures que nous avons vu à l'extérieur des portes, ainsi que cet homme dans la boutique était-elle une conséquence à long terme de l'usage du Thiirr....Et puis, pourquoi cette ville est si déserte et semble à l'abandon ? "

Aleriia nuança mes affirmations en apportant des précisions. En fait, la poudre tant convoitée par les hommes pâles permettait de multiplier par dix les capacités physiques du consommateur. Malgré ses conséquences néfastes, le Thiir était très consommé dans la localité. Par contre, la consommation du thirr n’était pas responsable de l’affreuse transformation des hommes de la cité, Aleriia l’associait plutôt au réveil d’Andie. Il leur aurait révélé leur nature profonde. Elle justifia ensuite les rues désertes au mode de vie des hommes pâles, ils évitaient la lumière du jour et se montraient donc principalement la nuit.

Akihito demanda s’il y avait des forgerons sur Andel’Ys et Aleria répondit avec aplomb qu’ils avaient les meilleurs de tout Aliaénon et de la forge authentique, sans aucune artifice magique.

Akihito s’interrogeait sur la transformation des hommes pâles, tout comme moi, il éprouvait une certaine crainte à être transformé lui aussi s’il passait un certain temps non loin de Andie. Il interrogea donc Aleriia à ce sujet. J’écoutai attentivement Akihito et Aleriia puis je commentai à mon tour.

"Leur nature profonde... mais personne n'a été épargné à l'exception des harpies ? Et les personnes qui seraient aptes à nous aider contre le dragon noir sont aussi des gens transformés ?”

Innocemment et fière de sa nature, elle affirma que les harpies avaient beaucoup plus de valeurs que des simples humains… d’ici.

(A-t-elle ajouté ici pour nous faire plaisir… pour nous amadouer… )

Les harpies sont les descendantes du Sang Ancien, et ces hommes pâles que du bétail à leur yeux. Des bêtes domestiques qu’elle appréciait.

(Je considérais les elfes majoritairement imbus d’eux-mêmes.. mais ce n’est rien à côté des harpies. )

Elle suggéra de ne pas trop parler de magie au forgeron qu’il n’y verrait sans doute rien, tout en s’assurant de ne pas les blesser.

Elle me répondit enfin que l’aide que nous allions chercher s’avérait en effet des êtres très transformés. Puis elle expliqua que ceux de l’interieur géraient en général leur état, ceux de l’extérieur avait été victimes de crise ne leur permettant plus l’accès à la cité, les rendant trop dangereux. Et puis, dans les environs, il y avait ceux qui avaient vraiment succombé à leur bête intérieures. Déraisonnés, ils étaient puissants, mais dangereux.

Akihito précisa que Sally avait détecté un simple fragment magique, alors il pensait que les forgerons ressentirait la magie dans des morceaux entiers de bouclier. Tout comme moi, il se demandait pourquoi seul les hommes pâles avaient été ciblés.

La question de Akihito m'intéressant vraiment, je demandai à mon tour.

“Donc la ville est habitée par les hommes pâles transformés et les harpies... êtes vous nombreuses ?”

Sans doute pas consciente que le sujet pouvait nous être sensible, elle explique que Sally avait bien senti la magie, puisqu’elle était une femelle et pas un simple mâle de bas étage.

(Mâle de bas étage… nous considère-t-elle ainsi… ou bien, elle fait la différence car nous venons d’un autre monde ? )

Je ne pus réprimer un petit froncement de sourcils, lorsqu'elle évoqua l'infériorité des mâles

Elle se moqua un peu de notre inquiétude à subir des transformations corporelles puis poursuivit sa marche nous rassurant qu’elle ne pensait pas qu’il y avait des risques pour nous, elle pensait que les hommes pâles avaient toujours eu leur bêtes dans leur sang. Et en ce qui concernait les harpies, elles étaient quelques dizaines sur tout le territoire du royaume.

Puis tout en marchant, je commentai la dernière remarque d'Akihito, concernant son désir de rester tel qu’il était.

"Moi de même, mon apparence me convient telle qu'elle est... Tout en se rendant à la forge, pouvez-vous nous parler des êtres d'ici qui pourraient nous aider, je curieux d'en savoir plus sur eux et de les rencontrer."

En fait, elle allait se contenter de nous montrer des types qui allaient s’avérer de précieux alliés dans une bagarre.

La forge ne faisait pas exception aux autres bâtiments de la cité, elle était en mauvais état. Seule la lueur à l’intérieur ainsi que l’épaisse fumée sortant de la cheminée, nous indiquaient qu’il y avait de l’activité à l’intérieur.

Une sonnette retentit lorsque la jeune harpie poussa la porte. Le propriétaire des lieux, un être pâle transformé se tenait là, outils en main. Bien que ce n’était pas le premier que je voyais dans cet état, je ne pouvais m’empêcher de ressentir une certaine pitié à son égard. Je n’en laissai pourtant rien paraître, préservant le soupçon de fierté que possédait sans doute le forgeron qui nous faisait face. Lui aussi dépourvu de visage, il semblait avoir été transpercé par une immense enclume

Entré à la suite d Akihito, je fis un signe de tête en guise de salutation et je laissai l’ynorien vaquer à ses achats

Pendant ce temps-la je poursuivis ma conversation avec Aleriia ménageant la hauteur de mon ton afin de ne pas déranger Akihito et le forgeron.

" Après les achats de mon compagnon, j'aimerais bien que vous me conduisiez vers ces types qui pourraient être nos alliées... mais en attendant, si cela ne vous offense pas, j'aurais des questions à vous poser sur vous en tant que harpie. Vous êtes fascinante, et je suis curieux d'en savoir plus sur vos moeurs et coutumes "

Je souris au manque d'humilité de la harpie, et puisque j'y étais invité, je la questionnai:

" Je me demandais comment pouvait être la naissance, l'enfance d'une harpie. Qui vous élève et quand vous avez la liberté de voler de vos propres ailes ? "

Alors que le forgeron posait des objets sur le comptoir poussiéreux, Alleriia me répondit. En fait, ma question s’était avérée trop indiscrète. Elle expliqua que jadis, elles dissimulaient leur apparence, seuls les hommes pâles connaissaient leur existence. Elle préféra donc garder cette partie de sa vie secrète, rétorquant que cette information ne me serait pas utile pour combattre le dragon noir. Elle termina sa réponse par un joli sourire.

Laissant Akihito poursuivre ses achats, je souris aimablement à la réponse de la petite harpie.

"Ma question était plus pour satisfaire ma curiosité en attendant qu'Akihito termine ses achats. Alors vous étiez déjà à Andel'Ys et les alentours bien avant que Guigne devienne la régente de cette cité ? Et si vous permettez une autre question, moins personnelle cette fois. J'ai cru entendre que Seok (le fils d'Astidenix) est devenu fou, en savez vous la cause ? À mon souvenir, il était assez costaud pour nous aider dans un combat, est-ce toujours le cas ? "

Ayant fait ses choix d’équipement, Akihito s’enquit pour le paiement, refusant cette fois d’accumuler une dette supplémentaire envers la harpie. Cette dernière précisa qu’il n’avait rien sur lui qui pourrait intéresser le forgeron. Mais qu’il lui ferait crédit en attendant qu’il trouve quelque chose pour le payer, la harpie se tenant garante de l’ynorien.

Cette fois, ma question ne s’avérait pas trop indiscrète puisqu’Aleriia y répondit. Elle avait en fait toujours habité Andel’Ys, affirmant que Seok était une brute.
(Je confirme que nous parlons du même Seok)

Il fut l’un des premiers à succomber à sa bête, violent et meurtrier, il devait sans doute errer dans le royaume.

Je répondis à la harpie.

"De ce que je me souviens de Seok, je ne suis pas vraiment étonné de ce qu'il est devenu...Et côté température,... est-ce qu'il plut toujours ici ou nous sommes tout simplement mal tombés ? "

Il y eut un échange de regard entre la harpie et le marchand qui se termina par un clin d'œil de celle-ci. Mais je ne m’attardai pas davantage sur ce détail, me disant qu’il s’assurait silencieusement qu’il serait payer un jour pour ses achats.

La jeune harpie me répondit avec un brin d’insolence qu’il ne pleuvait pas tout le temps et me demandait d’où je venais pour avoir posé une telle question.

"Je viens de Yuimen... Mon monde est différent du vôtre, et cette ville est très différente de ce qu'elle était lors de ma dernière visite. Alors je garde l'esprit ouvert à toutes les possibilités, ne prenant pas pour acquis que ce qui se passe chez nous, se passe automatiquement ailleurs."

Alleriia se contenta de riposter que je faisais bien de garder l’esprit ouvert.
Ses achats terminés, Akihito s’équipa et demanda à la harpie si nous pouvions aller tout de suite quérir l’aide ou bien devions nous attendre la nuit. Celle-ci répondit que c’était comme il voulait. Pour ma part, je souhaitais y aller immédiatement.

Ce fut à ce moment que la clochette d’entrée se fit entendre de nouveau annonçant l’arrivée d’un homme pâle. Ce dernier s’avérait le moins transformé de tous ceux rencontrés jusqu’ici. Bien que son visage était absent de trait, on pouvait tout de même voir une bouche et sa tête n’était pas dégarnie. Le reste de son corps demeurait bien proportionné. Une autre silhouette, plus petite le suivait… Yliria.

Akihito hésitant, lui demanda aussitôt comment s’était passé l’entretien avec Guigne. A la place de la jeune femme, j’aurais été insulté de ce manque de confiance. De plus, d’après les remarques d’Alleriia depuis le début de notre rencontre, il était facile de remarquer que les harpies avaient très peu d’estime pour la gent masculine. Il n’y avait alors pas de doute, nos trois compagnes d’aventures étaient les plus appropriées pour s’entretenir avec la reine auto proclamée.

Après avoir souri à l’Ynorien, elle répondit que sa rencontre s’était bien déroulée, elle souhaitait attendre que nous soyions tous réunis avant de nous faire un compte rendu, expliquant que Zaria et Glanaë étaient déjà retournées à l’auberge. Elle se tourna ensuite vers le forgeron lui montrant un brassard endommagé.

Je répondis aussi à Yliria

"Et bien, j'ai bien hâte d'entendre votre compte rendu. ...Mais après l'achat d'Akihito, j'avais l'intention de me faire conduire par Alleriia vers des gens qui pourraient nous soutenir... Vous pourrez vous restaurer à l'auberge pendant ce temps là...Le repas est excellent. "

Le forgeron annonça de ses longs doigts que’équipement d’Yliria serait près dans deux jours, tout comme celui d’Akihito.

Yliria avoua être surprise de l’excellence du repas servie vu l’état de l’auberge. Puis, elle consentit à ne faire que le compte rendu en soirée. Elle répondit ensuite à la question d’Akihito, l’homme qui l’accompagnait s’avérait être le garde de Guigne.

Je répondis à Yliria :

"Nous étions surpris également... Ce délicieux repas n'est sans doute pas cuisiné par Sally"

Puis vers Akihito:

" Vous retournez à l'auberge avec Yliria, ou bien vous nous accompagnez moi et Aleriia ? "

Insultée de ma remarque, Alleriia précisa que le délicieux repas avait bel et bien été préparé par Sally, qu’elle n’avait pas les moyens de se payer un employé.

Akihito confirma son désir de nous accompagner moi et Alleriia.

Conservant mon sourire et mon calme, je répondis à Aleriia:

"Ne vous offusquez pas. Il aurait été possible que Sally emploie un homme pâle. Quant à la façon de le rémunérer, je ne connais pas suffisamment les us et coutumes de votre cité pour savoir comment elle aurait fait. "

Puis à Akihito,

"C'est parfait alors. Nous partirons quand vous aurez terminé ici, si ça vous convient."


Alleriia se contenta de me regarder longuement sans me répondre. Impossible pour moi de deviner ce qu’elle avait en tête.

C’était décidé, Yliria et le garde regagnaient l’auberge, alors qu’Akihito, Alleriia et moi sortîmes du commerce afin de partir à la recherche d’alliés.


((( Voici le lien vers mon dernier rp complété )))

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Jorus Kayne
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Re: Lac Andel et Andel'Ys

Message par Jorus Kayne » ven. 23 févr. 2024 22:10

Avec la grâce d’un éléphant dodu, ficelé dans des vêtements en dessous de ses besoins, Sally nous dépose un plant fumant, où baignent dans une sorte de soupe grasse des morceaux de chairs blanches, vraisemblablement du poisson. Le tout est un aspect franchement peu ragoûtant du plat et j’en aurais invité Vissélion à examiner mon problème dans l’instant, si les effluves du plat n’avaient pas aguiché mon nez. Car oui, il est bien question d’odeurs alléchantes qui invitent mon palais dans ce balai de senteur. Le poisson est frais, bien plus que celle qui l’a cuisiné. Les nombreux légumes qui composent la soupe ont gardé la couleur et la saveur qu’on attend d’un plat succulent. Carottes, navets, pomme de terre et poireaux ont un goût succulent mangés individuellement, mais la prouesse culinaire se révèle lorsque l’on mange tous les mets d’une seule bouchée. Une cascade de saveur emporte les papilles, faisant frétiller la langue de plaisir. Les arômes sont dosés avec précision et tout dans ce plat, absolument tout, s’oppose à l’aspect visuel et désastreux de l’auberge. Il en est de même pour la boisson. Une bière assez forte, mais à l’amertume qui se marie plutôt bien avec le plat. Finalement, à défaut de l’accueil, il faut avouer que le plat est à la hauteur du troc, plus élevé que le maigre médaillon que Mathis avait proposé pour l’ensemble du groupe.

Je mange avec appétit, me délectant de ce met, quand la porte s’ouvre. Jusqu’ici, nous avons été les seuls à franchir le seuil et forcément, ça attire l’attention de tout le monde. C’est Alériia qui revient. Apparemment, les négociations se passent à merveille. Yliria a envoyé la harpie pour que nous partions en quête d’individus pouvant faire la différence. Je suppose qu’elle fait référence au Dragon Noir en disant cela. Notre guide propose de nouveau ses services dans cette tâche tandis qu’Yliria finalise l’alliance : la protection de la cité et de son Titan, contre toutes les ressources possibles dans notre chasse au dragon. Précisant que nous reverrons nos ambassadrices bientôt, elle termine en disant que Guigne prend soin d’elles.

(Prendre soin, c’est-à-dire ?)


Je ne suis pas le seul à me poser la question, Akihito semble penser comme moi, mais visiblement il n’y a rien à craindre. D’après Aleriia, elles ont trouvé la façon d’aborder la reine en place, s’acclimatant rapidement à l’entourage de sa majesté. Elle précise en se mordant les lèvres, être jalouse d’elles et reviendront décontractée. Si l’entretient se déroule bien, une solide alliée sera à nos côtés.

(Décontractée ? Parlementer avec la reine est si stressant que cela ?)

(La dernière fois que tu as vu la royauté, tu as passé une partie de ton temps la main à tâter ton entrejambe. Tu n’as pas vraiment mis la barre très haute !)


(Merci pour ce rappel, j’avais oblitéré ces souvenirs de ma mémoire !)

"Je savais qu’on pouvait compter sur Yliria ! Bien, il était question de personne pouvant faire la différence, tu peux nous en dire plus ? Serre-toi si tu en veux !" Dis-je en désignant le plat et pensant que son mordillage vient d’un soudain appétit à cause du plat de Sally.

Si l’odeur est alléchante, cela ne satisfait pas à la harpie qui semble avoir une alimentation différente. Concernant ces fameux individus, elle précise à Mathis que c’est Guigne qui les a évoqués et pensant savoir de qui il s’agit, elle se propose d’aller voir avec nous des gueules cassées, plutôt énervés niveaux force, avant de finalement soumettre l’idée d’attendre les filles. Une déclaration qu’Akihito approuve, lui voulant au préalable trouver une nouvelle besace pour remplacer l’ancienne.

"Les attendre serait plus sage, surtout s'ils sont plutôt énervés. Reste à savoir quand la reine aura fini avec nos ambassadrices. Mais il y en a peut-être d'autres que nous pourrions contacter, d'autres plus...pacifiques. Néanmoins, je dois toujours m'entretenir avec Visselion." Fais-je en me tournant vers l'intéressé. "On peut le faire après le repas si cela vous va toujours."

Vissélion est prêt pour l’examen. Est-ce la promesse d’une énigme dont il aimerait percer le mystère qui l’a fait manger rapidement ? Toujours est-il que mes craintes concernant mes fouets refont surface. Sont-ils issus de la magie de la Lande Noire ? Ai-je été transformé par le rayon du sceau principal ? Ai-je subi une forme de corruption qui pourrait se répercuter sur mon esprit, un peu comme cette étrange impression lorsque nous avons foulé le sol de la Lande Noire après notre départ d’Esseroth ? J’ai des peurs quant à ce que je vais apprendre, mais ces fouets sont là et savoir le risque que j’encoure ne les fera pas disparaître ni tomber. J’ai besoin de réponse, si réponse il y a. Je termine de manger et croise son regard.

"Soit ! Battons le fer tant qu’il est chaud !" Puis m’enquière des autres. "J’ignore combien de temps cela va nous prendre, vous comptez faire quoi ? Rester ici ou chercher ces fameuses personnes ?"

Visiblement, ils comptent faire le tour des magasins pour s’équiper, avant de rencontrer les moins énervés du lot. Ils quittent l’auberge et ce n’est que lorsqu’ils sont hors de portée de voix que Vissélion lui, s’enquiert du sujet que je voulais aborder. Cependant, bien que les autres soient partis, je ne compte pas me dévoiler devant Sally. J'invite donc Visselion à me suivre et m'en vais quérir notre hôtesse.

"Sally le repas était délicieux ! Pouvez-vous nous dire où se trouvent nos chambres ?"

"A PEINE SEPARES, ET VOUS ALLEZ DEJA BAISER ?" Balance-t-elle avec un sourire carnassier.

(…)

(Pfff hahaha ! Toi et Vissélion, quelle blague ! Hahaha !)

(…)

Je suis sur le cul. Incapable de répliquer, je vois Sally et son sourire, tendant une clef et précisant que c’est la chambre trois en haut, pointant l’escalier pour s’y rendre. A mes côtés, Vissélion ne pipe mot. Focalisé sur la grosse Sally, je ne peux qu’imaginer sa stupéfaction devant la pensée de notre interlocutrice. Elle me tend d’ailleurs une clef grasse que je prends par deux doigts, même s’il me faut un peu de temps avant de baisser le bras et encore plus pour digérer cette absurdité. Je finis par me rendre dans la chambre en question, suivi de près par Vissélion. Je m’attendais à voir ressurgir mes craintes concernant mes fouets et l’origine dont ils sont issus. Les choses sont déjà faites, les fouets sont déjà présents en moi, mais surtout, l'allusion de Sally chasse toutes formes de craintes. Je me tourne vers Visselion, paumes orientées vers le plafond dévoilant une cicatrice en forme de croix au creux de chaque main.

"Je...voyez vous-même !" Je laisse sortir deux fouets d'un mètre de long. Cette fois-ci, ils ne gigotent pas autant que lors de la présentation pour Yliria, mais ils laissent l'impression d'être ballottés par un vent inexistant.

La vue de mes fouets sortant de mes mains surprend le sorcier de la Lande. En même temps, le contraire aurait été surprenant. On ne s’attend pas à voir pousser un aussi grand poil dans la paume de la main. Une fois la surprise passée, Vissélion s’approche pour étudier à distance, me demandant si j’ai toujours été pourvu de ceci. Il les scrute attentivement avant de finalement me demander s’il peut les toucher. C’est pour avoir des réponses que j’ai voulu m’entretenir et m’isoler avec lui. Je lui laisse donc la possibilité d’y toucher, précisant un peu plus ce qui m’est arrivé.

"C'est apparu au lendemain de notre résurrection. J'ai fait un étrange rêve dans lequel j'ai vu le rayon de la Lande, mais Zacara pense qu'il n'y a pas de lien. La toute première fois que je les ai vus, c'était mon double dans le cristal qui les possédait !"

Me demandant si j’en ai le contrôle, il évoque la puissance de la Lande, capable de provoquer des mutations. Puis c’est mon double du cristal qui l’intrigue, laissant entendre que la magie du juge serait responsable de mon état. Enfin, la dernière possibilité qu’il émet, étrange, folle, curieuse, serait que ces fouets étaient déjà là, présent en moi, éveillés par les derniers événements.

"Les maîtriser ? Oui je m'y attelle, j'apprends encore. Zacara m'a encouragé à les contrôler avant que eux ne me contrôlent ! J'y arrive dans une certaine mesure et si... j'arrive à dompter mes émotions !" Ce faisant, je les déploie davantage, les poussant jusqu'à atteindre la limite de trois mètres chacun et le contrôle s'en fait plus compliqué. "J'ignore tout de leur origine. Une mutation de la Lande ? Un effet provenant de ma première venue dans la Lande Noire il y a de cela un petit moment ? Je n'en sais rien. Vous...vous avez évoqué avec Yliria une forme de corruption du rayon, vous...vous pensez que j'en suis atteint ?"

La question est posée et parmi toutes mes craintes, c’est celle qui prend le plus d’ampleur en moi. La possibilité qu’une forme de corruption puisse m’avoir atteint, change mon être et pouvant même influencer mon esprit m’effraie. Je commence à prendre l’habitude de changer de corps ou de le voir se modifier à force d’user de notre magie : dragon, essérothéen, homme-bête et j’en passe. Cependant être changé en profondeur est une tout autre histoire. Est-ce que je risque de changer de mentalité, de façon de penser ou d’agir, devenant une version plus sombre, plus froide, plus cruelle, comme mon double de cristal ? Cependant, si Vissélion ignore où se situe l'origine de mes fouets, il exclue assez rapidement toute forme de corruption. Je n’y ai pas été exposé de manière directe et si tel était le cas, je ressemblerais davantage aux pauvres hères des profondeurs d’Elscar’Olth et non à un être humain doté de tentacules.

"Un humain tentaculaire hein !" Dis-je en esquissant un sourire amère.

(S’il m’avait vu à Messaliah !)

(Ha ça, il est pas loin de la vérité avec ta transformation dans le désert !)

(Oui et d’ailleurs, c’est une chose à laquelle je voulais aussi lui parler.)

"Cela me fait penser, j'ai usé d'un sort pour accroître les capacités de mon propre corps. J'y ai obtenu une vigueur stupéfiante et une maîtrise absolue de mon corps. Quand j'y pense, je me dis que nous devrions user d'un tel sort sur nous tous et vous en particulier. Vos capacités à canaliser nos débordements magiques et à les endurer seraient de loin supérieures à ce que vous êtes capable actuellement !"

Il réfléchit, mais plus encore, un voile d’hésitation apparaît sur son visage. Vissélion, hésiter ? Voilà bien une chose à laquelle je ne m’attendais pas sur le sujet de la magie et le concernant directement. Il est effectivement intrigué par la possibilité de canaliser avec une meilleure efficacité nos débordements magiques, il craint de ne pouvoir contrôler les effets d’un sort qui le ciblerait directement. Une réponse qui me déçoit beaucoup car j’avais des espoirs à ce sujet. Nos usages répétés de la magie ont montré que nous ne pouvons trop en demander au sorcier. Lui-même finira par être éprouvé par ces débordements et ce sort nous aurait permis d’avoir une plus grande aisance dans nos usages à venir. Néanmoins, les arguments ont du sens et sont particulièrement imparables. Mes fouets n’étant plus le sujet actuel, je préfère les rentrer dans mes bras. S’il peut être normal de les montrer à la vue de tous, j’ai cette étrange sensation de me dévoiler presque intimement, comme une mise à nu. Jusque-là, seule Yliria en a été une observatrice privilégiée. Je n’avais pour Zacara et Vissélion qu’un besoin d’analyse et de compréhension de leur part.

"Je vois ce que vous voulez dire. Il faudrait dans ce cas trouver quelqu'un disposant de capacités similaires aux vôtres... à moins qu'on le puisse nous ! Vous pensez que c'est possible ? Un groupe qui lance le sort et un autre qui tâche d'en contenir les débordements ?"

Si l’idée peut paraître étrange, elle est à tester selon lui et réitérant ce qu’il avait déjà mentionné, tout sorciers de la Lande serait en mesure d’agir comme lui et il y a certainement quelqu’un à Elscar’Olth avec le cran d’assumer le risque encouru.

(Le risque ? Quel risque ?)

"De quel risque parlez-vous exactement ? Une sorte de contrecoups similaire aux pouvoirs de Zacara ?" Fais-je poussé par la curiosité.

"Le risque de se retrouver au milieu de l'une de vos catastrophes magiques."


"Ha oui...ce risque-là ! Mais si effectivement vous ne pouvez canaliser un sort qui vous cible, dans la mesure où l'on souhaite accroître vos capacités, il faudra qu'un autre sorcier de la Lande nous rejoigne comme vous l'avez fait pour éviter les débordements qui vous ciblent !" Je me mets à soupirer avant de poursuivre. "Pas la peine de se lancer dans des suppositions, il faudrait rejoindre la Lande Noire et pour l'heure, je me demande encore pourquoi, parmi tous les endroits d'Aliaénon, le Sans-Visage nous a fait venir ici ! Pas vous ?"

"Les voies du Marcheurs sont impénétrables." Commence-t-il, avant de supposer qu’il s’agit-là d’une démonstration à ceux qui l’insulte.

(L’insulter ? C’est vrai qu’il y a eu une grosse dissension dans sa propre demeure et qu’il n’a pas eu l’occasion de révéler ce qu’il souhaitait, mais de là à évoquer une insulte et une conséquence grave…)

"Une sorte de punition ? J'en doute. Il est neutre et agir ainsi irait à l'encontre de cette neutralité. Je suis plus de l'avis de Zaria." Je m'approche d'une fenêtre pour regarder la cité au-dehors. Celle-ci souillée par la suie, provenant d’une notion de ménage qui n’a pas la chance de simplement passer furtivement dans l’esprit de Sally. Je regarde la ville qui paraît encore plus sombre et glauque au travers de ce filtre. "Quelque chose va se dérouler en ce lieu et il a besoin que nous soyons présents. Il voudrait agir, mais ne le peut pour conserver sa neutralité. Nous envoyer ici, sans rien savoir, nous force à nous faire nos propres opinions et à agir en conséquence loin de son influence. Reste à savoir quoi."

Plus qu’une punition, Vissélion évoque un avertissement. Le Sans-Visage, ou le Marcheur pour lui, est un être vivant comme les autres. Il est certes puissant, mais sa patience n’est pas infinie. Les Hommes Pâles sont connus pour leurs parjures envers lui. Est-ce une promesse muette si nous continuons à agir sans le prendre en considération, comme il a été question dans sa propre demeure ? Il reste encore la présence du Titan, isolé et donc une proie de choix pour le Dragon Noir.

"Dans le cas du Titan, nous devrions demander à Zaria si elle peut repérer l'emplacement du Dragon...quoique...avec sa capacité à apparaître et disparaître à volonté dans un nuage cela n'aurait pas de sens." Dis-je en regardant au travers de la fenêtre, avant de tourner la tête vers Visselion. "Leurs parjures envers le Marcheur ? C'est-à-dire ? Que s'est-il passé ?"

"Elle pourrait servir à cela, oui. Au moins pour savoir ce qu'il trafique." Commence-t-il tandis que je tique à sa réplique, laissant croire que Zaria est un simple outil à notre service. Poursuivant que cela nous donnerais cependant un coup d’avance sur ses attaques à venir, il soupire et enchaîne au sujet des Hommes Pâles. Ces derniers ont vénéré l’esprit du lac depuis toujours et rejette toute forme de magie. Pour eux, le Sans-Visage en est le symbole, mais comble de l’ironie, c’est lui-même qui leur a fait don de cette cité. Il aurait pu mal percevoir un tel mépris de leur part. Pourtant, je le sens mal agir ainsi. Qu’il puisse être déçu est concevable, mais les châtier pour cela ? J’en doute.

"Du coup, vous êtes à votre aise dans cette cité !" Fais-je avec ironie concernant le rejet de la magie. "Ils la rejettent, mais savez-vous s'il y a un traitement particulier pour ceux qui la manipulent ?"

Il est vrai que si Sally n’a clairement pas aimé le métal brillant d’Akihito, comment réagirait-elle en voyant des êtres doués de magie ou usant de la magie devant elle et comment réagirait toute la cité ? Vissélion pourtant un esprit curieux pour ce qui concerne la magie et ce qui l’entoure, ne paraît pas intéressé par cela et pour cause, on y passera tous ! De toute façon, on ne gagnera rien de bon s’ils apprennent pour nous, alors autant faire profil bas. Cependant je perçois les choses différemment. On en apprendrait plus en creusant le sujet. Le Sans-Visage a créé cette cité pour eux, il est le symbole de la magie alors pourquoi un tel rejet ?

"Si nous en avons fini ici, je serai curieux de savoir ce que l'on peut apprendre de Sally ! Déjà, d'où vient ce rejet de la magie en premier lieu !"

Le sorcier clame qu’il n’est pas un expert de la région ou de son histoire. Il ne fait que des suppositions en se basant sur un fait connu de tous : à savoir le rejet de la magie.

"Raison de plus pour demander à une créature autochtone, sauf si vous-même avez des questions ou des sujets que voudriez aborder !" Lui dis-je. Nous avons tous été le voir, cherchant conseils ou réponses, mais il n’a pas exprimé de curiosité nous concernant ou posé des questions auxquelles nous, yuiméniens, aurions des réponses.

"Aucunement, je suis... un peu las de cette ville, je vous avoue."

Vissélion, las ? Est-ce la première fois que je le vois exprimer son ressenti ? Moi qui voulais percer le mystère derrière le rejet de la magie des Hommes Pâles, j’ai un autre mystère à creuser.

"Las ? Qu'entendez-vous par là ? L'ambiance assez morbide de la cité, leurs refus de la magie, ou est-ce d'être loin de chez vous ?"

Avec une expression triste, il explique que c’est un peu tout à la fois, du moins, c’est ce qu’il présume. Visiblement, il paraît incapable de définir correctement ce qui l’étreint actuellement.

"C'est la première fois que vous quittez votre cité aussi longtemps n'est-ce pas ? Vous souhaitez m'en parler ?" Dis-je avec empathie.

En réalité, ce n’est pas le mal du pays dont il souffre, mais que la cité aurait grandement à gagner de la magie des sorciers de la Lande. Cependant, cela est resté impossible par l’isolation dont Vissélion et les siens ont fait preuve.

"Vous n'êtes pas à blâmer ! Il est difficile pour les cités d'échanger les unes avec les autres. Vous avez toujours vécu isolé en effet, votre réputation n'aidant pas, cependant je l'ai vu à maintes reprises, arpenter vos territoires n'est pas non plus une chose aisée. Elscar'Olth a beaucoup à apprendre aux peuples d'Aliaénon et peut-être même qu'elle a à apprendre de son propre monde ! Je ne peux qu'encourager vos sentiments dans tous les cas." Dis-je en inclinant légèrement la tête en avant en signe de respect.

"A quoi songez-vous ?" Dis-je en voyant Vissélion se murer dans un mutisme troublé par ses seules pensées.

Il est très évasif, désignant tout mais rien de réellement définit, avant de me demander de le laisser seul. Ce dont je m’exécute.

"Aucun problème ! Je redescends, mais je ne pars pas sans vous et si vous ressentez le besoin de parler, je suis à votre disposition !"

Je quitte la chambre avec une inquiétude concernant Vissélion, mêlée au regret de ne pas être capable de l’aider. Descendant les marches de l’escalier, je vois Sally se goinfrer d’une bonne pièce de viande et ma curiosité concernant l’attitude vis-à-vis de la magie refait surface. A ma venue vers elle, celle-ci lève la tête, sans pour autant pointer son regard vers moi. Sauf si de sa position en biais, elle aurait déjà un œil sur deux, pointé vers moi.

"Puis-je vous déranger un instant Sally ?"

Prétextant ne pas aimer être dérangée durant son repas, si on peut appeler se bâfrer d’un morceau de viande un repas, morceau qui paraît avarié vu de plus près. Je tente tout de même l’approche, après m’être fait appeler mon canard.

"Mon can...?" Dis-je à moi-même dans un murmure, avant de parler plus fort et distinctement. "Je suis curieux de votre refus de la magie. Je voulais comprendre pourquoi un tel rejet, mais je peux repasser plus tard si je dérange !"

"SI C'EST POUR ME PARLER DE SALE MAGIE, REVIENS PAS, SURTOUT. POUR TOUT LE RESTE, IL Y A MASTERCA... SALLY !"

(C’est bizarre, j’ai cru qu’elle avait dit quelque chose !)

(Oui j’ai eu aussi cette impression. Etrange !)


"Entendu !" Fais-je, voyant que c’est un sujet trop sensible, repas ou pas. "Pouvez-vous m'en dire plus au sujet de sa majesté ? J'ai eu la chance de la croiser et la dernière fois que nous nous sommes vus, c'était lors de la destruction de la Tour d'Or. La reine avait emprunté un passage, mais sans guide, tous la pensaient perdue. Je suis heureux d'apprendre qu'elle en soit ressortie indemne. Je m'interrogeais juste sur ce qu'il lui était arrivé et ce qui était advenu de la seconde harpie à ses côtés...heu...Jess si je ne me trompe."

Ma curiosité court à vive allure et se paye le luxe d’un bon mur en pleine poire. Sally n’en sait rien et visiblement le fait qu’elle soit déjà revenue est suffisant. Je commence à perdre espoir d’apprendre quoi que ce soit avec notre si charmante hôtesse, que toutes nos diplomates reviennent de l’entrevue avec Guigne. Toutes non, car notre irréductible diplomate au charme fou et au caractère bien trempé, résiste encore et toujours à l’envie de se reposer dans l’auberge. Autant je suis content de croiser quelqu’un qui me tire de l’échange si agréable avec Sally, autant je tique face à l’absence de l’enchanteresse de mon cœur.

"Yliria n'est pas avec vous, il y a eu un problème avec g... la reine ?"

(C’est pas passé loin…mon canard !)

(Hahaha !)

Glanaë explique qu’elles ont passé un accord avec la reine et que justement celle qui manque nous l’expliquera. Mais elle s’étonne de me voir présent, alors que justement, il avait été demandé de chercher des renforts en ville. Bien qu’elle soit la seule à répondre, je regarde en grande partie Zaria qui affiche une mine sombre.

"Ils sont partis rencontrer les artisans du coin pour Akihito, quant à moi, devais m'entretenir avec Vissélion sur un sujet... important. Je ne doute pas qu'Yliria comprenne. Cependant...vous êtes sûr que tout va bien ? Zaria ?"

Dans un soupir, elle explique être simplement fatiguée. Je me rapproche d’elle, pas plus rassuré pour autant, mais si se reposer lui fera du bien, peut-être que manger aussi.

"Je vais vous accompagner dans votre chambre, mais si vous avez faim, Sally réalise des plats merveilleux !" Dis-je en désignant la susnommée.

Malheureusement, si elle avait faim, voir Sally lui ôte tout appétit. C’est bien dommage en sachant ce dont elle est capable et préfère me suivre jusqu’à sa chambre.

"Sally, la chambre que nous avons est la même pour tout le monde, où il y en a une autre pour les femmes ?" Fais-je à l’intéressée.

"C'EST DES CHAMBRES DOUBLES, ANDOUILLE. ALORS SAUF SI VOUS VOULEZ DORMIR A SIX DANS LE MÊME LIT, Z'AVEZ ACCES A TOUTES LES CHAMBRES." Déclare-t-elle en déposant sur le comptoir les différentes clefs à notre disposition.

Préférant ne pas répondre à l’insulte, je me saisis d’une de la clef d’une chambre située proche de la mienne. Des fois que j’ai à me rendre vers elle au besoin.

"Désolé, je n'ai pas porté beaucoup d'attention lorsque nous sommes montés, j'avais...fort à faire !" Dis-je en souriant.

(Ho ho, petit filou ! Elle va se faire des idées sur ton compte !)

(Je me moque royalement de ce qu’elle pense à mon sujet ! Même si ça m'amuse de le lui faire croire. )

J’invite Zaria et Glanaë à me suivre et nous pénétrons dans une chambre aussi délabré que le reste de l’établissement. Visiblement, les repas restent le seul point fort de Sally. Ce n’est peut-être pas plus mal, aucun de nous ne se serait satisfait le ventre avec la poussière présente. Quoiqu’il n’y a pas tant de poussière que cela, les meubles sont rongés par le temps, donnant un charme particulièrement miteux à l’ensemble. Je ferme la porte pour parler sans crainte de représailles de Sally.

"Pas le meilleur endroit pour dormir, mais c'est toujours mieux qu'à Néo Messaliah ! Ne vous fiez pas à Sally, contrairement au reste, ses plats sont particulièrement bons. J'ai eu les mêmes craintes que vous, mais j'ai mangé avec plaisir !" Puis je m’intéresse à Zaria dont l’état m’inquiète assez. "Vous êtes sûr que ce n'est que de la fatigue ? Vous n'étiez pas dans un tel état tout à l'heure ! Vous avez usé de..." Je jette un regard à la porte avant de reprendre. "...de vos dons ?"

Si Glanaë ne comprend pas mes propos, expliquant qu’on peut se fier à Sally et ensuite pas, Zaria explique qu’elle n’a usé de magie, mal vue ici. Puis elle lance que je devrais apprendre à reconnaître lorsqu’une femme ne souhaite pas parler.

(Ouch, elle fait mal celle-là !)

Glanaë intervient, précisant qu’il s’est produit quelque chose, mais qu’elles ne souhaitent pas évoquer. Si vraiment j’y tiens, je devrai quérir Yliria à son retour, si elle consent à parler.

(Bordel, mais c’est quoi cette histoire ?)

Je commence par clarifier les choses avec Glanaë, avant de revenir sur le sujet inquiétant.

"Je disais de ne pas vous fier à l'apparence de Sally, ou encore à ce...cet endroit, pas qu'elle était quelqu'un dont il faut se méfier. Je pousserais même à dire qu'il ne faut pas non plus prendre ce qu'elle dit pour argent comptant. Nous sommes montés avec Vissélion et elle a braillé comme un âne qu'on allait baiser !" Dis-je en levant les yeux au ciel.

Enfin je me tourne vers Zaria. Elle qui a su tromper les Sans-Bannière, celle dont l’existence est une insulte pour les Cadi Yangins, flanche. Et ça, ce n’est pas normal.

"Bref ! Je possède beaucoup de qualités...bon d'accord beaucoup de défauts et quelques qualités, mais non rien qui ne me permette une telle compréhension des femmes. En revanche, si vous ne souhaitez pas évoquer un sujet je n'insisterai pas. Je n'aurais cependant qu'une question : ai-je une pour une raison ou une autre, un motif de m'inquiéter pour vous ? Vous avez une personnalité unique et forte. Vous voir ainsi est... préoccupant !"

"J'ai le sentiment d'avoir trahi des sœurs..." Lâche finalement Zaria, avant de se faire couper par Glanaë.

Celle-ci explique que nous avons tous nos limites et que le marché a été conclu. Rien qui ne réponde à ma question ou ne soulage mes craintes. Je regarde Glanaë et Zaria mais je comprends qu’il va falloir me contenter de cette maigre déclaration.

"Bon je vais vous laisser vous reposer. Cependant..." Je continue de parler à Zaria mais regarde Glanaë "... essayez d'en parler !"

Zaria ne souhaite pas me parler, mais j’espère qu’elle le fera avec Glanaë lorsque je serais parti. Une fois la porte refermée, je me sens un peu seul. Avec nos ambassadrices qui évoquent quelque chose durant l’entretien avec la reine, mais ne souhaitent pas l’évoquer en ma présence et Vissélion qui désire méditer seul, ça fait chaud au cœur. Quoi qu’en y repensant, j’ai l’opportunité d’user de mes fouets en toute tranquillité. Alors en attendant les autres, reprenons là où je m’étais arrêté. Je redescends chercher une clef de chambre, à côté de Vissélion, croisant un des deux regards de Sally, avant de remonter.

Je pénètre dans la chambre, seul.

(Pardon ?)

Même si effectivement c’est un sentiment que je ne ressens plus depuis que Ysolde est à mes côtés. Disons plutôt que je compte sortir mes fouets et qu’hormis la présence de ma faéra, je préfère être seul dans ces moment-là.

(Je préfère oui !)


Reste à savoir ce que je peux faire avec mes fouets. Je les laisse sortir tous deux de mes mains, jusqu’à atteindre le maximum atteignable. Cette limite qui ne peut se dépasser que lorsque j’en n’en déploie qu’un sur une main.

(J’y pense, on n’a jamais essayé d’en faire sortir d’autres d’une seule main ! Tu pourrais frapper de tes deux dagues à la fois !)

L’idée est étrange, saugrenue, mais pas plus que d’apprendre qu’un type fait sortir des fouets du creux de ses mains, alors pourquoi pas. D’autant plus que dans ma version améliorée, c’est presque naturel. Je rentre donc mes fouets et assis sur le lit, pointe la paume de ma main droite vers le haut et tâche de faire sortir plus d’un fouet. Je focalise toute ma concentration sur ce qui loge dans mon avant-bras et cherche à visualiser non pas un, mais deux fouets à faire sortir. La sensation est similaire et je sens quelque chose bouger au creux de ma main. L’ouverture en croix qui y réside, palpite sous l’effort interne qui se joue dans mon membre. L’extrémité d’un fouet sort par à-coups, comme saccadée. Hélas, nul autre fouet ne réapparaît dans ma main. Je réitère l’opération plusieurs fois, mais le résultat reste identique.

Je tente une autre approche, celle de faire sortir un fouet de ma main et d’en faire émerger un second. Cette fois-ci, nulle sensation nouvelle n’apparaît, mon fouet déjà présent ne paraît pas être perturbé dans ses mouvements, du moins pas plus que d’habitude et bien entendu, aucune présence d’un autre fouet.

(Peut-être que tu es en mesure de faire sortir tes fouets ailleurs ?)

(Et à quoi tu penses ?)


(Je sais pas ! Tu as examiné ton corps, voir s’il y avait d’autres cicatrices ?)

La question me paraît tellement dingue et en même temps tellement inquiétante que j’enlève une partie de mes vêtements pour examiner mon corps. Je ne garde que mon pantalon pour me couvrir, bien que si je le baisse quelques instants pour m’assurer qu’aucun orifice similaire à la cicatrice de mes mains ne soit présente.

(Mais j’y penses, tu as essayé de…tu sais…faire sortir un fouet par le…derrière ?)

(… ! D’accord en fait tu te paies ma tête !)

(Hahaha ! Avoue que ça aurait été drôle !)


(Oui tout à fait ! J’imagine tellement un étron de six mètres me sortant du fondement que je pourrais manipuler à ma guise !)

(Pffffhahaha ! J’imagine tellement la scène : toi te balançant à une branche par un fouet, tenant son origine du plus profond de toi-même ! Hahaha !)


(Merveilleux ! Maintenant moi aussi j’ai l’image en tête !)

Laissant de côté les élucubrations de ma faéra, j’ai l’occasion de m’exercer à nouveau en toute tranquillité. La maîtrise de mes fouets n’est pas parfaite, il me faut encore du travail avant d’envisager de me battre avec, tout comme l’a fait mon double de cristal. Bien, que puis-je faire à présent ?

(Je pense que tu manques de précision selon moi !)

(De précision, c'est-à-dire ?)

(Sans vouloir que tu prennes le melon, tu es assez habile de ton corps, mais aussi de tes mains. Ta capacité à attraper un peu tout ce qui se trouve à portée de main, comme le jeu de corde sur le bateau, en est un bon exemple. Ton double avait une maîtrise parfaite de ses fouets. A toi de faire en sorte d’être aussi habile avec tes fouets qu’avec tes mains !)

(Oui pourquoi pas ! Tu proposes quoi du coup pour ça ?)

(Hé bien, pourquoi ne pas lancer des objets et essayer de les rattraper avant qu’ils ne retombent au sol. Dans la mesure où tu veux, à terme, te battre avec tes armes, autant lancer tes dagues et essayer de les rattraper. Imagine-toi les rattraper et pouvoir frapper juste après !)

(Très bien faisons cela !)

Je dégaine ma lame la plus ancienne que je possède, celle que je connais presque pas cœur, celle qui m’a guidé pratiquement depuis ma fuite d’Eniod, là où tout à commencé, à peine moins ancienne que ma faéra. Mon sourire pincé scintille toujours avec sa teinte de sang. Néanmoins, je préfère la garder au chaud dans son fourreau. Ironique pour une dague de glace. Je la lance en l’air et éjecte le fouet de ma main droite. Autant commencer par ma main directrice. Avec aisance, j’arrive à entourer mon fouet tout autour de mon arme. Heureusement que j’ai eu l’idée de la conserver dans son fourreau car ce n’est pas le manche qui est attrapé.

(Bon, hé bien on va monter la difficulté ! Il serait bien d’attraper l’arme par le manche et puis tant qu’à faire, essaye de le lancer l’arme plus loin que le bout de ton nez, hein !)

(Oui, bon ça va !)

Forcé par ma faéra, je monte effectivement la difficulté et lance ma dague hors de portée de ma main. Bien entendu, je tâche d’attraper mon arme par le manche. La tâche est soudain bien plus ardue et étrangement, je foire. Mon fouet frappe mon arme au lieu de l’attraper, provoquant un choc en retombant sur le sol.

(Ce serait peut-être une bonne idée d’envoyer l’arme au-dessus du lit !)

(Tu réfléchis, je suis si fière de toi ! Ha ! Ils grandissent si vite !)

(Je sais pas si je préfère ça ou d’entendre mettre la charrue avant la peau de l’ours ?)

(Je te flûte !)

Ainsi je recommence l’opération. L’arme tournoie dans les airs, faisant des tours sur elle-même rapidement. Mon fouet s’élance de ma main jusqu’à elle et incroyable, la dague ne fait plus de bruit en retombant sur le matelas.

(Plus de bruit, c’est dingue !)

Avoir des fouets sortant des mains est, outre le caractère saugrenu de la chose, est satisfaisant à avoir, car je n’ai pas à faire d’incessant aller et retour jusqu’au lit pour ramasser l’arme. Avec ma maîtrise actuelle, je peux le faire sans bouger de ma position. Je recommence encore et encore mes essais, mais rien n’y fait, je manque constamment ma cible. Au mieux, j’arrive à rattraper l’ensemble, mais force est de constater que la difficulté est au-dessus de mes capacités actuelles.

(Ca ou tu t’y prends mal !)

(Tu veux dire que je dois baisser mon froc pour essayer mon troisième fouet ?)

(Hahaha ! Pourquoi pas ! Mais non je me demandais juste comment tu y arrivais normalement, sans tes fouets. C’est pas comme si tu l’avais déjà réalisé.)

(Hé bien je…j’y arrive ! C’est tout.)

(Ha oui ? Tu en es capable ?)

(Tu vas voir !)

Je me saisis de mon arme et la faisant tournoyer rapidement, je prends un bref instant pour jauger la rotation et avant qu’elle n’atteigne le niveau de ma hanche, je l’attrape par le manche.

(Ha ! Tu vois, un jeu d’enfant !)

(Oui ou c’est juste un gros coup de chance !)

(Un coup de chance hein ?)

Je réitère l’opération plusieurs fois, réussissant systématiquement le défi et prouvant mes capacités.

(Alors ?)

(A toi de me dire comment tu fais ?)

(Je sais pas c’est…je vais pas dire naturel, mais c’est instinctif !)

(Et c’est avec l’instinct que tu essayais t’attraper en usant tes fouets ?)

(Heu…)

(Je pense que tu t’y prenais mal de base. Tu ne le faisais pas parce que tu n’as pas confiance en toi, pas confiance en ta capacité à manier tes fouets. Ils sont en toi, ils font partie de toi. Comprends-le, admets-le et lance-toi. Agis comme tu le fais avec ton propre corps et non comme un outil dans ta main !)

L’agaçante petite voix a raison, comme souvent d’ailleurs. Je n’use des fouets que comme un outil et non une extension de moi-même, ce qui est je dois le reconnaître, le cas. Que ce soit la façon dont je les manipule ou même là où ils résident, ils semblent vraiment ne faire qu’un avec mon corps. Je ne sais toujours pas d’où ils proviennent. J’ignore s’il s’agit d’une manifestation d’une des nombreuses formes de magies de ce monde, auxquelles j’aurais été exposées. S’il s’agit de l’une d’entre elle ou un tout cumulé. Mais le fait est qu’ils sont là, en moi. Il ne tient qu’à moi d’en faire un atout plutôt qu’un fardeau. Au moins, je sais qu’il n’y a pas de forme de corruption associée. L’apparition de justice était imprévisible, mais qui sait, je serais peut-être encore amené à devoir lutter face à un double doté des mêmes caractéristiques. Pire encore, s’il le faut, vais-je être en mesure de sortir mes fouets à la vue de tous ? Cette question, une simple question et pourtant, derrière se cache en réalité le véritable problème qui me retient. J’ai peur du regard des autres, face à cet événement qui m’a atteint, tout comme je sens une gêne en les dévoilant. Faire sortir mes fouets me donne toujours l’impression de me mettre à nu, de dévoiler mon moi profond. Zacara les a vus, Vissélion à présent et Yliria, surtout Yliria. De tous, c’est de son opinion que j’ai craint et au final, c’est celle qui m’a le plus surpris par l’acceptation. Elle les a vus. Elle les a acceptés et moi avec. Alors au final, qu’importe s’ils me voient autrement. Qu’importe si l’opinion de moi se dégrade et qu’ils aillent se faire foutre si tel est le cas.

Je suis désormais ainsi, avec des fouets sortant des mains et je compte bien m’accepter tel quel !

Fort de cette nouvelle conviction, le lance à nouveau mon arme sur le lit. J’observe le mouvement de la dague. Je le fais miens et l’imprime dans mon esprit avant de vouloir l’attraper. Guidé par le geste de la main, comme si j’essayais de l’attraper d’aussi loin, je ne lance pas un fouet. Dans mon esprit, c’est une extension de ma main, de mon bras, de mon corps. La dague s’immobilise à quelques centimètres du matelas, tenu fermement par le pommeau de ma lame. Cette fois-ci, il n’y a pas eu de trouble dans le geste et la précision était proche de ce qu’aurait fait ma propre main. Ce n’était pas parfait loin de là, mais très clairement, un pas de géant a été franchi.

Ramenant la dague à moi, je recommence une nouvelle fois et encore la lame s’arrête, confirmant que ce n’était pas une simple chance. Je réitère les tentatives et chacune me confirme l’adresse de la maîtrise actuelle que j’ai de mes fouets. Finalement, ce qui retenait le plus, n’était autre que ma propre acceptation. Admettre que mes fouets n’étaient pas une malédiction, mais bien l’inverse comme le suggérait Zacara.

Jouant un peu avec mon fouet dont l’extrémité s’est enroulée autour du manche de ma lame, je fais de petits aller et retour de ma dague devant moi, avant de finalement la brandir face à un adversaire imaginaire, quelques mètres plus loin dans le vide. Mon fouet m’obéi et mon arme est pointée en avant, tenant en respect le fantôme né mon esprit.

(Jorus, je crois que tu es prêt pour te battre avec tes armes à présent !)

La déclaration me ramène à ma première tentative à Elscar’Olth. Après avoir découvert deux ou trois choses au sujet de mes fouets, je m’étais essayé à reproduire les mêmes coups que mon double de cristal. Pour tout résultat, j’ai perdu une petite touffe de cheveux et j’ai été blessé dans mon égo en manquant de me tuer moi-même. A présent, la maîtrise que j’ai de mes fouets n’est plus la même, elle n’est même pas comparable. Accepter mes fouets m’a fait réaliser une chose : mon véritable apprentissage ne fait que commencer. Dégainant ma Pourfen’dent à l’aide de mon second fouet, je brandis mes deux armes devant moi avec facilité. Je frappe avec mes lames, des adversaires loin de moi, plus loin que ce dont j’étais capable il y a peu. Mes coups ne sont pas aussi fluides que je le voudrais, mais je suis en mesure de me battre à présent et de défendre chèrement ma vie et celle des autres.

Je revois mon combat avec le Garzock lors de la bataille de Kochii. Il m’avait tenu en respect avec la longueur de son arme. Seul mon premier coup avait été ma véritable réussite dans ce duel. Une blessure qui s’accentuait grâce au pouvoir de ma dague de glace. A présent, ma portée d’action dépasse les limites humaines, pouvant frapper plus loin que n’importe quel guerrier. Seuls ceux en mesure de frapper à distance sont une menace qui ne faiblit pas. Mais contre ces adversaires, j’ai d’autres moyens de l’emporter. Il me faut encore apprendre, m’entraîner, m’acharner, suer sang et eau jusqu’à ce que je ne fasse plus qu’un avec mes fouets en plein cœur du combat.

Je revois également mon ascension des ruines de Fan-Ming. J’ai pu atteindre le sommet au prix d’un grand effort et je revois encore les nombreux lancers pour accrocher mon grappin et atteindre le palais. Les choses auraient été, non pas différentes, mais plus faciles si j’avais eu mes fouets à ce moment-là. Cependant, durant les quelques mètres qui me séparaient de mon but, j’avais la hantise que le grappin soit mal accroché et ne glisse, m’entraînant dans une chute mortelle. Etre capable d’accrocher mon grappin à plusieurs mètres de moi, en toute sécurité et ensuite gravir la corde offre une tranquillité d’esprit.

(Gravir la corde ? En aurais-tu eu besoin ?)

(Hé bien oui, je comprends pas la question !)

(C’est pas facile à expliquer alors…Prends ton grappin et accroche-le à une poutre au-dessus de toi avec un de tes fouets.)

Ayant confiance en ma faéra, je m’exécute et me voilà avec le grappin planté au-dessus de ma tête. Sauf que le plafond est assez bas et il ne me faut pas grand-chose pour l’atteindre. Puis les autres instructions viennent.

(Parfait ! Bon comme tu le vois, tu touches presque le plafond donc allonge-toi au sol. T’occupe pas du grappin pour le moment. Bien, maintenant attrape le grappin par un fouet et entoure tes jambes autour !)

La position est étrange. J’ai le bras droit en l’air, les jambes qui s’entourent autour et soulevant mes jambes, seules mes épaules touche le sol à présent.

(Très bien et maintenant que j’ai l’air bien ridicule je fais quoi ?)

(Maintient fermement le grappin et tire sur ton fouet comme si tu le rentrais dans ton bras, mais pour te faire remonter !)

Je m’arrête un instant face à l’ingéniosité de ma faéra. En agissant ainsi, je n’aurais même plus besoin de corde, tant que c’est à portée de…fouet. Passé cet effet, je fais rentrer mon fouet. Visiblement, il y a une différence entre faire rentrer ses fouets nus ou avec une charge liée. Je n’arrive à les rentrer que grâce à la poussée que j’exerce avec mes épaules et ensuite ma tête. Me voilà à balancer légèrement la tête en bas les jambes en l’air et cette désagréable impression d’avoir le…

(…fouet qui te sorts du…)

(Ne t’avise pas de finir ta phrase !)

(…)

(Merci !)

Je continue mes efforts et accentue ma capacité à tirer. Je monte progressivement, mais trop lentement à mon goût. Une fois en haut, je redescends et recommence à monter. Je m’arrête assez rapidement car rester la tête en bas est assez désagréable. Je me laisse donc quelques minutes assis sur le sol, avant de recommencer. Je focalise mon attention sur cette forme de tirage que j’ai sur le fouet. J’ai l’habitude de faire sortir mes fouets en imaginant une poussée invisible et fais l’inverse pour les faire rentrer. Cependant, la charge supplémentaire ajoute une difficulté notable. Néanmoins, plus je m’exerce et plus la progression se fait rapide.

(En général, tu as recours à une image pour te stimuler, tu veux tenter quelque chose ?)

(Je suis toute ouïe.)

(Très bien. Laisse ton esprit être porté par ma voix…)

(Oui parce que visuellement c’est compliqué !)

(Dès que je peux sortir du médaillon, rappelle-moi de te botter les fesses !)

(Oulà, j’ai peur !)

(Est-ce que mon p’tit cochon pendu veut bien me laisser l’aider ?)

(Gngngn !)

(Imagine-toi être sur un navire. La mer est déchaînée, la tempête fais rage et vous êtes ballotés par les flots.)

(Vous ? Qui ?)

(Tais-toi bon sang ! Yliria est là, dans son armure de combat ! Votre navire est percuté par quelque chose sous l’eau et de gros. Une nouvelle frappe vous déstabilise. Tu finis sur les fesses tandis qu’Yliria se retient de justesse à la rambarde. Mais une nouvelle charge aquatique surprend le navire par en dessous. Si rien ne t’arrive au milieu du navire, ce n’est pas le cas d’Yliria qui passe par-dessus bord. Seule sa main encore visible l’empêche de tomber. Avec son armure sur elle et dans une telle tempête, la mort l’attend si elle ne remonte pas rapidement. Tu le sais et tu te précipites jusqu’à elle, mais sa main glisse avant que tu n’arrives. D’instinct, tu lances tes fouets pour la rattraper et c’est de peu que tu la sauves de la noyade. Tu essayes de tirer en rentrant tes fouets, mais la tâche est rude. Alors tu cherches à tirer sur ton fouet avec ton autre main comme une corde, mais l’eau t’empêche d’avoir une prise ferme pour la hisser. Ton effroi te glace le sang lorsque tu vois quelque chose dans l’eau. Quelque chose qui approche et tu perçois même une gueule ouverte, s’apprêtant à dévorer Yliria. Tu le sais, ta seule chance pour la sauver est de faire rentrer ton fouet, quand-bien même c’est lourd, quand bien-même c’est dur, quand bien-même cela te paraît impossible. La bête s’approche et tu commences à discerner les dents. Il ne te reste plus qu’à tirer de toutes tes forces, de tout ton être. Tire. Tire ! TIRE !)

Soudain, la force qui me lie à mon fouet se fait plus grande, beaucoup plus grande. Je me fais littéralement soulever du sol, projeté jusqu’au grappin à vive allure. Trop soudain, trop rapide, je ne parviens pas à arrêter ma progression à temps et je percute le plafond dans un bruit qui ne jalouse en rien, celui de ma chute devenu possible après avoir lâché la prise sur le grappin. Je suis sonné et mon dos n’a pas apprécié ce choc. Reste que je ne souhaite pas qu’on vienne me voir ainsi.

"TOUT VA BIEN ! C’EST LES MEUBLES !" Fais-je à ceux qui m’auraient entendu tomber, espérant qu’ils mettent le bruit sur la vétusté du mobilier.

Bien que dans la chambre d’à côté, Vissélion souhaite être tranquille et j’espère que cette déclaration suffira à le pousser à rester. Les filles, plus loin quant à elles, semblent avoir d’autres chats à fouetter.

(N’empêche, tu y es arrivé et grâce à qui ?)

(Oui, mon dos te remercie Ysolde !)

(Pfff rabat-joie ! Et puis moi je n’y suis pour rien si tu contrôles pas tes fouets ou si tu lâches comme ça sans prévenir hein !)


(…)

(Un problème ?)

(Non je…j’étais en train de me demander si…en fait je visualisais une scène où j’étais accroché à mes fouets et que je tombais parce qu’ils avaient été tranchés. Alors oui je chute, mais…que se passe-t-il si je perds mes fouets en les coupant ?)

(Les perdre ? Outre le fait que tu parles de perdre et non de te débarrasser, comment tu veux réussir une chose pareille ? Je veux dire, ils sont encrés en toi, littéralement ! Tu ne peux pas les perdre.)

(Non je veux dire...Zacara a émis la possibilité de les couper. J’étais en train de me demander ce qu’il va se passer si l’un deux ou les deux se font couper !)

(Ha ! Oui effectivement. Si tu tiens tant à le savoir, il n’y a qu’un moyen ! Mais du coup, tu n’as pas peur de les perdre définitivement ? Tu as fait des efforts pour les accepter et tu veux prendre le risque que tout cela ne serve à rien ?)

(Tu n’as pas complètement tord mais…je…j’ignore ce qui va se passer si ça devait m’arriver en plein combat. Je ne peux me permettre de flancher si ma vie ou celle des autres sont en danger. Je n’ai qu’à essayer avec un seul fouet et si jamais je le perds définitivement, j’en aurais toujours un autre !)

(Mmm, je suis moyennement convaincu. Je pense que tu perdrais davantage si ton fouet n’est plus là, surtout après avoir fait tant d’effort pour les accepter, mais…c’est toi qui vois !)

Je regarde mes fouets s’agiter devant moi, mus par ma simple volonté. Les craintes de ma faéra sont fondées, mais si vraiment je les perds une fois qu’ils se font couper, est-ce vraiment utile d’insister à maîtriser mes fouets ? Au moins je serais fixé. Je ne laisse que le fouet de ma main gauche sorti et dégaine ma lame à dent de dragon. Un bon petit mètre environ sera suffisant. Je lève ma main et une sorte d’appréhension m’étreint avant que je n’abatte ma lame sectionnant le fouet.

Et ça fait un mal de chien.

La sensation est…singulière. Si je devais la décrire, cela commence par une décharge électrique. Une douleur puissante et violente sur tout le bras. Ensuite, il faut imaginer que l’os à l’intérieur s’est scindé en une multitude de petit os tranchant, doté d’une forme de vie propre, ainsi que la volonté de danser la lambada à l’intérieur même de mon bras, déchirant chaque parcelle de chair présente. Visuellement, mon bras n’est pas beau à regarder. De nombreux vaisseaux sanguins semblent avoir explosé et tout mon avant-bras est constellé de multiples lacérations. Ma main meurtrie, peut encore se mouvoir et si mon fouet coupé est immédiatement rentré dans sa niche comme un cabot apeuré, l’autre partie est inerte au sol. Seul le sang à section et celui dans le creux de ma main permet de faire le rapprochement.

Je suis habitué à présent à devoir agir tout en recevant des blessures de ce genre. Serrer les dents en se faisant trancher un bon bout de gras est une chose que je sais faire. Apprendre à tenir malgré la douleur est vital pour assurer sa survie. Cependant, la singularité de la blessure rend la chose plus difficile. Comme je reste un être humain parmi tant d’autre, le besoin d’exprimer mon ressenti me dépasse et mes cordes vocales me donnent la puissance d'exprimer ma douleur en hurlant à pleins poumons.

"HAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAA !"
Utilisation d'un bon émotion et lien du RP précédent.

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Akihito
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Re: Lac Andel et Andel'Ys

Message par Akihito » sam. 24 févr. 2024 02:49

Dans le chapitre précédent...

Evénement : Cauchemar en Aliaénon.

62 : Des artisans inattendus.

Le repas qu’apporta Sally était à mille lieux de ce qu’on aurait pu attendre de son aspect ou de celui de son auberge. Le bouillon, non content de sentir délicieusement bon en dépit de son apparence, l’était tout autant en bouche. L’estomac d’Akihito n’eut pas à crier famine très longtemps pour qu’il se jette sur son écuelle, mâchant viandes et légumes avec appétit. Il ne prit même pas la peine de vérifier la qualité de la bière qui avait été servit avec et se délecta du houblon coulant dans sa gorge. Cela faisait longtemps qu’il n’avait pas bu une bière aussi bonne, aussi ne fit-il qu’enchaîner cuillérée sur gorgée sans décrocher un mot. Jusqu’au retour de la Harpie, revenue seule.
Un coup d’œil à sa fiole l’informa que sa couleur n’avait pas été altéré d’une quelconque nuance de rouge ; il écouta donc ce que la jeune fille avait à dire.
Akihito, pas le dernier à se restauré car n'ayant pas mangé de repas consistant depuis des lustres, fronça légèrement les sourcils à l'arrivée d'Aleriia.

« Alors, vous en dites quoi ? Bonnes nouvelles de mon côté : les négociations se passent à merveille. Yliria m’envoie vous dire de partir à la recherche d’êtres qui pourraient faire la différence, au sein de la cité. Et je peux vous y aider. Une alliance est en train d’être concrétisée : votre protection de la ville et de Andie, contre toute ressource qui serait nécessaire dans votre chasse au dragon. »

C’était une bonne nouvelle, évidemment. La jeune fille lui avait donné l’image d’une régente très caractérielle avec qui traiter s’avérait tout sauf simple. Soit elle avait exagérée, soit Yliria s’en était remarquablement bien sorti.

(Ou peut être un peu des deux.)

« Vous reverrez bientôt vos belles, messieurs. Guigne est en train… d’en prendre soin.

- Ah bon ? Je pensais que ce serait plus compliqué, étant donné le caractère assez... fort que tu nous as brossé de la reine Guigne. Tant mieux quelque part, mais... qu'est-ce que tu entends par "prendre soin d'elles" ? demanda Akihito en fronçant légèrement les sourcils, intrigué par la formulation.

- Oh, disons qu'elles ont su la prendre avec doigté, et que ça lui a plu. De fines diplomates, c'est certain. Je n'ai jamais vu personne s'acclimater si vite à l'ambiance des alentours de Guigne. Rien de néfaste, si vous vous en inquiétez. Je suis presque jalouse de leur position. Elles vous reviendront décontractées, sans aucun doute. Et si tout se passe bien, vous aurez une solide alliée. »

Le froncement de sourcils s’accentua, tandis que Jorus se réjouissait candidement de la réussite d’Yliria. Le regard d’Aleriia, sa façon de se mordre les lèvres sensuellement les lèvres, et l’emphase qu’elle avait mis sur les mots doigté, ambiance et position… C’était comme si elle insinuait que l’entrevue s’était finie -ou déroulée- d’une façon très… Charnelle. Intime. Ce qui perturbait grandement l’Ynorien.

(Yliria, se retrouver dans une situation pareille ? Impossible.)

(C’est une jeune femme, Aki. Avoir des relations…)

(C’est pas ce que je dis. C’est juste que…)

C’était pas elle. La Yliria qu’il connaissait avait trop de fierté pour se laisser embarquer dans quelque chose de pareil. Mais elle était aussi du genre à se sacrifier pour faire avancer les choses, comme devant la grange où elle était prête à rester derrière pour couvrir leur fuite. Et il y avait encore la possibilité qu’il ait mal compris ce qu’insinuait la harpie. Ce qui était sûr, c’était que l’idée ne lui plaisait pas.

« Erm... J'espère que ça va aller pour Yli. »

Pendant qu’Aleriia déclinait l’invitation de Mathis à manger, indiquant que les harpies ne se nourrissaient pas comme ça, elle précisait ce qu’elle entendait sur l’aide qu’ils pourraient trouver dans la ville.

« Guigne a seulement dit qu'il en existait. Et qu'elle vous aiderait à les trouver. Je connais quelques gueules cassées du lieu, certains sont plutôt énervés niveau force. Peut-être est-ce d'eux qu'elle parle. Mais... rien ne vaut Andie. C'est lui, le boss. Vous préférez pas les attendre ?

- Les attendre sera peut-être plus sage, répondit-il en consultant sa fiole une dernière fois tandis que Jorus approuvait son choix. Surtout si la reine les accompagne. Mais tu parlais de magasins, avant de rentrer dans la ville. Ou de quoi trouver une besace du moins. Sally n'a pas voulu me répondre, mais tu pourras me guider plus tard ?

- Oui, j'connais pas mal d'artisans dans le coin. J'peux vous y mener, si vous me promettez de pas leur abimer la tronche plus qu'ils ne l'ont déjà.

- Tant qu'eux essaye pas d'abîmer la mienne ou la tienne... J'aurais pas de raison de le faire. »

Les gens d’ici avait vraiment l’air de vivre sous la menace perpétuelle de se faire agresser sous le seul prétexte de leur apparence. Tout tolérant que pouvait être l’enchanteur, il ne pouvait pas non plus blâmer complètement ceux qui avaient pu penser de cette façon. C’était malheureux, mais l’apparence des habitants de la ville était loin d’être accueillante.

« J'aurais pensé les attendre aussi, mais pourquoi Yliria vous a demandé de nous transmettre le message de partir à la recherche d'aide alors ? ... Et par simple curiosité, dites-moi quel type d'aliments fait partie de votre menu ?

- Hm. Sans doute parce qu'elle avait mieux à faire avec Guigne pour le moment. Il s'agissait apparemment de ne pas perdre de temps. Peut-être ne souhaitait-elle pas que vous attendiez l'aide de la Reine... J'sais pas.

- J’ignore combien de temps cela va nous prendre, intervint Jorus après avoir convenu d’une entrevue avec Visselion, vous comptez faire quoi ? Rester ici ou chercher ces fameuses personnes ? »

L’Ynorien termina son écuelle et sa choppe en poussant un petit soupir de satisfaction, puis répondit à Jorus.

« Sally n'a pas l'air très bavarde, alors je vais aller prendre la température du côté des artisans sur ces fameuses gueules cassées en refaisant une partie de mon équipement. Peut-être en rencontrer une ou deux pas trop énervées. Si ça te va, Aleriia.

- Je vais avec Akihito et Aleriia peut etre allons nous rencontrer des gens qui nous serons utiles.

- Bien, allons-y alors, » conclut la Harpie en invitant les deux Yuiméniens à sortir. Akihito la suivit après un bref salut à l’archi-sorcier et l’humain de Wiehl, et sortit avec ses possessions dans le petit baluchon. Hors de l'auberge le temps maussade ne s’était pas amélioré. Il regrettait déjà son manteau, qui l’avait protégé de bien des intempéries… et de quelques attaques de feu bien senties. C’était peut-être l’une des choses qui lui laissait le plus un goût amer dans la bouche avec la destruction d’une partie de ses affaires : la perte des incrustations runiques. Il pouvait toujours se racheter des protections identiques, voir de meilleure qualité ; mais remplacer les effets qu’il avait engravé dans ses objets était bien plus compliqué : les runes étaient rares, surtout certaines comme la rune « Toujours ». Il poussa un discret soupir sous la pluie : se lamenter n’allait pas l’aider à en trouver miraculeusement une nouvelle sous un des pavés de cette ville sordide.

Sordide, la boutique dans laquelle la jeune fille violette les mena l’était aussi. Porte défoncée battant faiblement sous le vent, fenêtres poussiéreuses, étagères remplies d’un bric à brac de pièces de cuir… L’absence de client rendait visiblement le rangement et le ménage comme une préoccupation secondaire, voir tertiaire pour le propriétaire. Un être qui ne tarda pas à se révéler, émergeant d’un des rayonnages telle une apparition cauchemardesque. Des membres très, trop longs, une peau pâle comme la mort à peine couverte par une robe-pagne-cage du plus mauvais goût, et un visage rendu à peine humain par une mosaïque de croûtes de peau épaisses et de parties plus fripées. Il pouvait à peine reconnaître l’emplacement des yeux derrière ces plaques de peau.

« Ouiiii, c'est lui le meilleur maroquinier de la cité. Ceintures, besaces et autres armures, demandez-lui ce que vous voulez. Il ne peut parler, mais il entend bien ! Enfin... Je crois. »

Sa voix guillerette tranchait nettement avec le grotesque de la situation. Il ne put s’empêcher d’être un peu circonspect, mais devait dans le même temps bien admettre que certaines pièces avaient l’air d’être de belle qualité. Détachant son regard d’un plastron de cuir, Akihito décida de faire confiance à la Harpie, même sur son affirmation d’ouïe quand le fameux artisan n’en avait visiblement aucune.

« Bonjour, je suis à la recherche d'une ceinture garnie de poches, d'un baudrier de torse avec des accroches dans le dos et une besace... vous pouvez m'en fournir ?

- Ici, le troc fait loi, as-tu quelque chose à lui offrir en échange... sinon, je veux bien regarder dans ma besace si je peux t'aider. »

(Il a visiblement oublié que je viens tout juste de troquer mon repas.)

(Peut-être, mais soit pas agacé et accepte sa proposition. T’as pas grand-chose à troquer en échange, c’est un fait.)

(Je sais bien…)

Il avait bien quelque chose de non magique, le cœur de Golem. Mais il rechignait à se séparer d’une telle gemme, pas après ce qu’il avait vécu à Kendra-Kâr pour mettre la main dessus. Quant le maroquinier revint avec ce qu’il avait demandé, cependant, il fut obligé de se dire qu’il n’allait pas s’en tirer avec quelques pièces cette fois-ci. Le baudrier, la sacoche comme la ceinture étaient toutes faites d’un cuir robuste, parfaitement cousu et rembourrés au niveau des sangles qui allaient faire peser le poids de son équipement. Aucune élégance particulière, aucune fioriture : des articles pensés pour être fonctionnels, tout simplement. Et c’était tout ce que demandait l’Ynorien.

Alors qu’Akihito regardait en grimaçant la main tendue attendant un paiement, Aleriia le devança et y posa une petite bourse, qui disparu avidement entre les doigts longs et maigre de l’artisan après qu’il l’eut portée à son nez – ou du moins, à l’endroit où il aurait dû se trouver.

« Z'avez rien qui pourra l'intéresser, les gars. C'est pour moi. Vous... me le revaudrez.

- C'est... très gentil de ta part, Aleriia. Mais tu peux m'en dire plus sur le moyen de te rembourser ? Ça me gênerait de ne pas en être capable.

- Vous en êtes capable, croyez-moi, rétorqua-t-elle avec un clin d’œil amusé. Attendons la nuit, voulez-vous ?

- Ça m'intrigue. Mais t'as pas l'air de vouloir m'en dire plus, hein ? »

(Cette histoire craint,) pensa l’enchanteur alors qu’il enfilait ses acquisitions nouvellement acquises.

(Ses réponses sont presque… Sensuelles. C’est quand même pas ce que je pense ?)

(J’espère pas. Même si ca commence à y ressembler,) répondit l’enchanteur en ajustant les sangles les unes après les autres, puis défit son baluchon de fortune pour ranger le tout dans la besace. Il ne put empêcher de laisser un léger sourire flotter sur ses lèvres en retrouvant de nouveau la sensation familière de porter ses affaires comme il en avait l’habitude. Ne manquait plus que son bouclier…

« Cette petite bourse contiendrait-elle du Thiirr ? demanda le Kendran, attirant un regard curieux de l’enchanteur qui obtint donc une explication. Le Thiir est une substance qui altère le jugement. Les gens sous l'effet de cette substance en perdaient en quelques sorte la tête. Et puis, les consommateurs en deviennent rapidement dépendants.

- C'en est, vous êtes perspicace. Le Thiir est surtout une poudre permettant de décupler ses capacités physiques. Ouiiiii, on en devient accro et ça a tendance à exacerber la violence chez celui qui en absorbe, mais... C'est un peu comme notre bibine locale. Enfin sauf que c'est pas de la bibine, et que c'est pas local.

- Tant que nous y sommes, il y a un forgeron dans le coin ? »

Le tintement des bris de son pavois dans sa besace lui rappela qu’il lui manquait une partie essentielle de son équipement. Aleriia acquiesça, arguant que c’était sans doute le forgeron le plus compétent de tout Aliaénon, et un qui ne recourait à « aucun artifice ».

(Moi, j’entends « aucune magie ».)

(Oh, comme c’est bizarre ! Moi aussi.)

« Tes forgerons accepteront de retravailler des métaux plus ou moins magiques ? Il n'y a aucun enchantement dessus ou quoi que ce soit de vraiment actif, ce que j'ai est simplement naturellement et faiblement imbibé d'une partie de la magie de mon monde natal.

- Hm. Faudrait éviter de leur dire que c'est de la magie, p't'être ils tomberont dans le panneau. Enfin, si ça risque de leur péter à la tronche, prévenez quand même.

- Sally a su détecter qu'un fragment était "magique", alors des morceaux entier de bouclier... sauf si c'est elle qui est particulièrement sensible à ça, je sais pas si ça vaut le coup de risquer de se les mettre à dos.

[color=#darkmagenta]- C'est une femelle, pas un simple mâle de bas étage. Pour sûr qu'elle a déniché la magie dans vos trucs. Ca risque pas grand chose, avec les pâlots mâles. »[/color]

Andel’Ys se dessinait de plus en plus comme une société matriarcale. Ne vivant pas sur place, Akihito pensait que ses habitants pouvaient bien penser comme ils le voulaient, mais ça commençait à annoncer des négociations difficiles pour eux sans la présence d’Yliria… Ou d’Aleriia. Mathis, de son côté, essayait de trouver un rapport entre le Thiirr et l’apparence des habitants des Hommes Pâles. La Harpie dénia ce fait, tout en supposant que comme leurs transformations étaient apparue en même temps que le réveil d’Andie, il y avait forcément un lien. Elle ajouta ensuite que si les rues étaient désertes comme s’en étonnait le Kendran, c’était parce que les habitants étaient actifs de nuit.

« J'avais donc raison en pensant que c'était à cause d'Andie, pensa à voix haute Akihito. Mais tu n'as pas l'air d'avoir été changée, toi. C'est parce que tu es une harpie ? Ou une question de temps passer près de lui ? J'ai pas vraiment prévu de changer d'apparence.

- Leur nature profonde... mais personne n'a été épargné a l 'exception des harpies ? Et les personnes qui seraient aptes à nous aider contre le Dragon Noir sont aussi des gens transformés ?

- Evidemment, les harpies ont toujours eu plus de valeur que les simples humains d'ici. Nous sommes les descendantes du Sang Ancien. Eux, ça n'est que... du bétail. Enfin. C'est comme ça que certaines les voient. Moi, j'les aime bien. »

(Super.)

« Ouais, transformés, et sans doute pas qu'un peu. En fait, j'vais vous dire : y'a ceux de l'intérieur qui gèrent plus ou moins leur état. Les plus civilisés. Ceux des faubourgs sont ceux qui ont déjà eu des... crises. On peut plus les accepter parmi nous, ils pourraient vriller d'un moment à l'autre. Et dans les contrées nous entourant... y'a ceux qui ont succombé à leur bête intérieure. Dangereux et puissants, mais totalement déraisonnés.

- Pourquoi ces transformations ciblent les hommes pâles ? On risque quelque chose nous ?

- Non, vous risquez rien. C'dans leur sang. Enfin... que je sache en tout cas. C'pas comme si on avait pu faire l'expérience : on reçoit pas tant de visite, ces derniers temps. Ca vous dérangerait à ce point d'être comme eux ? Pourquoi, vous n'aimez pas ? »

Son ton faussement dramatique, la rythme de ses pas légers et bondissants, presque insouciants… Qui avait-il avec lui, une jeune fille à l’esprit libre ou une Harpie sociopathe ? Il décida d’entrer prudemment dans son jeu, tout en évitant la question.

« Esthétiquement, je préfère de loin mon apparence. Si en plus je dois perdre la vue, l'ouïe ou la parole ou les trois en même temps, merci mais non merci.

- Donc la ville est habitée par les hommes pâles transformées et les harpies... êtes vous nombreuses ?

- Trop peu, selon certaines. Trop selon d'autres. Quelques dizaines, je dirais. Et sur tout le territoire du Royaume, pas juste ici. »

Il laissa Mathis creuser un peu plus les informations sur les locaux, les fameuses gueules cassées, les relations entre les différentes factions : mieux valait qu’ils ne soient pas deux à poser des questions en même temps, et Mathis avait pour lui une connaissance bien plus poussée d’Aliaénon et de ce qu’avait été la ville. Il allait poser des questions pertinentes pendant qu’Akihito allait s’occuper de ses emplettes dans la forge qui finit par apparaitre derrière le rideau de pluie. La barraque faisait peine à voir, tout comme le reste des bâtisses de la ville. Les seules choses qui permettait de l’identifier comme une forge étaient la cheminée en pierre d’où s’échappait de la fumée noire, et l’éclat flamboyant de la forge qui illuminait de l’intérieur. Une flambée trop forte pour être celle d’un feu de cuisson, à moins qu’on aime sa viande carbonisée.

Sur les pas de la Harpie, l’épéiste rencontra le propriétaire des lieux. Sa découverte se passa sans qu’une ombre de dégoût ne déforme ses traits, puisqu’il s’était préparé à trouver un artisan grotesque à l’instar des autres habitants. Au moins, lui avait des yeux, bien que présents en une douzaine d’exemplaires sur des ailes de chair. Si on pouvait appeler « ailes » les excroissances dorsales qui perçait sa capeline noire. Sous l’invitation de la Harpie, Akihito déposa les fragments de son bouclier sur l’établis proche de l’artisan.

« Bonjour ser, je cherche un forgeron capable de réparer mon bouclier qui a... explosé. Vu son état, je serai pas étonné que vous me disiez qu'il est irrécupérable... Mais j'y tiens. »

Un triple claquements de langue répondit à sa question, ou du moins c’était à ça que ressemblait le son qui sortit du forgeron pendant qu’il tâtait les morceaux brisés de ses doigts. Il les soupesa, les déplaça pour reformer le bouclier tel qu’il devait être, passa un doigt osseux le long des bords déchiquetés… puis finit par dresser deux de ses doigts.

« Il peut l'avoir prêt dans deux jours.

- Deux jours... j'espère qu'on restera autant de temps ici. Et j'ai également perdu mes protections des bras, vous en avez à me proposer ?

- Il... se questionne sur quel type de protection de bras vous avez envie, traduisit de nouveau la Harpie en voyant le forgeron pencher la tête sur le côté à l’intention de l’Ynorien. Hem. Si j'peux me permettre, c'vrai que le sujet est vaste.

- Sur Yuimen, les forgerons ont des préférences sur les types de protections qu'ils forgent. Mais soit.

- Quoi, y'en a qui forgent que des gantelets, d'autres des canons, pis les troisièmes des coudières ? Et ainsi de suite ? Ou que en fer, en acier, en mailles ? Ca a pas de bon sens, par chez vous.

- Ce n'est pas ce que je dis, Aleriia. Je parle plutôt de préférence, de traditions, de savoir faire. Si on prend ce sabre, par exemple, dit-il en dénudant en partie le fil de la Kizoku. Sur mon monde, la majorité des forgerons peuvent faire des armes de cette forme. Mais les meilleures lames comme celle-ci viennent de ma ville natale, car nous avons un savoir-faire particulier pour les forger. Et peut-être que cette forge a un type d'armure, de trempe ou de matériau dans lequel il excelle.

- Gngngn. N'empêche, c'quand même pas bien malin de juste dire 'je veux protéger mes braaaas'. »

L’enchanteur aurait pu rétorquer que c’était une façon un peu détourné de demander au forgeron de lui montrer ce qu’il avait, mais il n’en prit pas la peine. Elle avait un peu raison au fond, et de ce qu’il avait vu elle prendrait un malin plaisir à le titiller s’il reconnaissait s’être trompé. Il se concentra donc sur sa demande et réfléchit un instant, puis parla lentement, formalisant son souhait au fur et à mesure.

« Je combat habituellement avec ce bouclier au bras droit, alors il est naturellement mieux protégé. J'aurais plutôt besoin d'une protection sur les épaules et le bras gauche. Des spalières et quelques plates recouvrant le bras gauche ? Ou du cuir lamellé ? Bref, une défense correcte sans trop alourdir mon bras. »

Des informations plus précises en tête, le forgeron put lui ramener deux paires de spalières. La première était simple mais parlante, un assemblage de plates sanglées dans l’intérieur du bras et articulées sur toute l’épaule. La seconde descendait un peu plus bas et remontait jusqu’au cou, et était composée de trois plaques de cuir épaisses doublée de mailles. Akihito ne se serait jamais déclaré comme étant un forgeron, mais il avait grandit avec fils de forgeron désormais forgeron à son tour, en plus d’être le vainqueur de l’Erementarifoji : il avait donc une certaine connaissance de l’art de la forge. Et ce qu’il avait sous les yeux était des pièces d’excellente qualité. La plupart des forges qu’il avait visité sur Yuimen ne pouvaient pas se targuer d’avoir des armures de ce calibre à proposer… Aleriia n’avait pas menti en vantant le talent du forgeron.

« En tout cas, vos pièces sont vraiment exceptionnelles. Si ça ne tenait qu'à moi, je prendrai cette spalière en plate pour mon bras gauche et l'autre plus légère pour mon bras droit, mais... »

il jeta un œil à la Harpie. Est-ce qu’il voulait vraiment être plus redevable qu’il ne l’était déjà ?

« … Je ne sais pas si j'ai de quoi vous échanger quelque chose d'une valeur équivalente à ces pièces remarquables. Et je veux pas m'endetter beaucoup plus auprès de la dame. Qu'est-ce qui vous intéresserait, pour le troc ? Je peux peut-être vous rendre service en guise de paiement.

- Vous n'avez guère de quoi troquer sur vous, c'est certain. Mais notre ami fonctionnera bien à crédit pendant un certain temps. Vous trouverez bien de quoi le gratifier. je m'en porte garante. J'espère qu'il en prendra la mesure. »

(Oooooh, j’aime pas la façon dont elle te regarde…)

La Harpie s’était campé devant lui et le fixait de ses yeux d’améthystes, intensément. La manière dont elle comptait se faire rembourser l’inquiétait de plus en plus.

(… Si la coucherie est son moyen de négocier ou de se rembourser, comme Guigne…)

(En admettant qu’on ait raison…)

(… Je verrai le moment venu. Et au pire, je peux toujours retourner ce qu’elle m’a avancé. C’est pas l’idéal, mais je me garde ça sous le coude.)

L’Ynorien soutint le regard de la Harpie, puis se tourna vers le forgeron.

« Si vous accepter de me faire crédit, je prendrai les deux spalières que je vous ai indiqué. »

Prenant le fait de le voir pousser les deux spalières dans sa direction comme un oui, Akihito s’inclina à s’en encontre pour le remercier, puis se délesta de ses affaires pour enfiler et ajuster les deux spalières. Sanglées et tenue en passant sous l’aisselle opposée, les deux protections se moulèrent étonnamment bien à sa morphologie, bien que le cuir allait devoir inévitablement un peu travailler pour que l’ensemble deviennent vraiment confortable à porter. Il écouta d’une oreille Mathis questionner la Harpie sur les origines, les mœurs des harpies, sans qu’il en tire quoi que ce soit de très intéressant – du moins, intéressant pour l’instant.

Une fois fini, il fit plusieurs moulinet pour éprouver la souplesse dont il disposait désormais. La différence avec ses anciennes protections fut une surprise teintée d’une légère pointe d’amer regret : ses cottes d’écailles de Drakarn n’étaient objectivement pas aussi bien ajustées et forgées, mais… C’avait été les siennes. Celles qu’ils portaient désormais n’étaient rien d’autre que des spallières qu’il avait acquises parmi d’autres. De grande facture, oui ; mais également… Plus impersonnelles. Il cacha son dépit et termina de se repréparer à se mettre en route.

« Très bien. On va voir une de ces personnes à laquelle tu pensais, Aleriia, ou on attend la nuit pour ça ?

- C'vous qui voyez, chef. »

(Chef, haha...)

Il aurait bien aimé que ce soit le cas, mais Jorus comme Mathis attribuaient plus ce rôle à Visselion. Akihito regarda par la porte de la forge, essayant d’estimer l’heure qui les séparaient de la nuit. Difficile de s’en rendre compte avec les lourds nuages de pluie, mais la journée était apparemment passé plus vite que prévue. La pluie se calmait en même temps que le jour commençait lui aussi à s’estomper, plongeant l’extérieur de la forge dans une obscurité encore aisément perçable, mais indéniable marqueur de la nuit tombante. Et de cette obscurité naissante jaillirent deux silhouettes, dont l’une aisément reconnaissable par l’enchanteur : Yliria.

A ce moment, un visage familier arrive à vous, accompagnée d'un type étrange et armé : Yliria.

« Yli...? »

Une bouffée de soulagement et de joie l’envahit en la voyant de nouveau, puis il fut tiraillé par la foule de questions qui lui passaient par la tête. Certaines n’étaient basées que sur des suppositions qu’il basait sur les sous-entendus peu chastes de la Harpie -laquelle se mordit sensuellement les lèvres quand il la regarda du coin de l’œil-, d’autres plus légitimes. Il mit plusieurs secondes à tout encapsuler en une seule interrogation, formulée suffisamment poliement pour éviter de froisser la deuxième personne qui accompagnait la semi-shaakte. Garde ? Soldat ? Simple guide ? Quel qu’était son rôle, il était sûrement au service de la reine locale.

« … Comment s'est passé l'entretien avec sa Majesté Guigne ?

- Plutôt bien. Je ferai un compte rendu quand on sera tous réunis. Zaria et Glanaë sont déjà retournées à l'auberge. Je t'avais dit qu'il ne fallait pas s'inquiéter. »

Brandir le pouce en souriant sonnait faux chez la jeune femme. Son esprit imagina plusieurs scénarios pour expliquer ce sentiment -la simple sur-interprétation de sa part en faisait partie-, et il finit là aussi par choisir une réponse plus neutre, dans l’espoir d’en avoir le cœur net plus tard quand les conditions seront meilleures pour en parler.

« On perd rien à être trop prudent, mais tant mieux si ça s'est bien passé, répondit-il en lui rendant son sourire. Et la personne qui t'accompagnes, c'est qui ? Un garde de Guigne ?

- Et bien, j'ai bien hâte d'entendre votre compte rendu. ...Mais après l'achat d'Akihito, j'avais l'intention de me faire conduire par Alleriia vers des gens qui pourraient nous soutenir... Vous pourrez vous restaurer à l'auberge pendant ce temps là...Le repas est excellent.


- Je suis surprise que le repas soit bon vu l'état de l'auberge, mais d'accord. J'imagine que le compte rendu peut attendre ce soir. Et oui, Aki, c'est un garde de Guigne. Pas très bavard le bougre, mais j'aurai eu du mal à trouver cet endroit sans lui. »

Rassuré, l’Ynorien regarda la semi-shaakte marchander la réparation de son armure de bras contre un shuriken, une des étoiles de jet en olath qu’elle avait fait faire à Oranan. Cela le replongea un temps dans des souvenirs nostalgiques… Jusqu’à ce que la question de Mathis sur ce qu’il comptait faire désormais ne l’interrompe.

« J'ai pas de raison d'accompagner Yli ou de retourner à l'auberge maintenant, donc je vais vous suivre. »

(Vile menteur.)

(Pardon ?)

(T’en as des raisons de suivre Yli.)

(Que…)

(Juste plus personnelles que pertinentes.)

(Rah non mais !)

(Uhuh.)

« C'est parfait alors. Nous partirons quand vous aurez terminé ici, si ca vous convient.

- Je vais y aller dans ce cas. On se retrouve plus tard.

- Oui, à tout à l’heure, » répondit l’enchanteur en se battant mentalement avec sa Faëra, tout en suivant Mathis et la harpie vers ces fameuses « Gueules cassées ».


"Achat" de ceinture de consommable (expert), "achat" de Spalières articulées mixtes (protections de bras intermédiaires, qualité Expert), réparation du Rempart des Innocents

suit Aleriia.
Modifié en dernier par Akihito le sam. 9 mars 2024 14:47, modifié 5 fois.

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Yliria
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Re: Lac Andel et Andel'Ys

Message par Yliria » sam. 2 mars 2024 00:51

C’était étrange d’être là, allongée nue dans un lit qui n’était pas le mien, sur un monde qui n’était pas celui dont je venais, avec deux étrangères dont je ne savais rien mais ave lesquelles je venais de passer le premier moment le plus intime de toute ma vie… et de ne pas vraiment avoir de regrets. Quelque chose ne devait pas tourner rond chez moi. Je ne pouvais pas me dire que tout ça c’était parfaitement normal, pas vrai ? Et pourtant … J’aurai du me presser de me rhabiller, me hâter de sortir d’ici et essayer de taire remords et regrets en me disant que je l’avais fait pour le groupe, pour le salut de ce monde et que c’était un sacrifice tragique mais nécessaire. Mais non. Rien de tout ça ne me traversai l’esprit. Les seules choses que je ressentais, c’étaient la caresse des doigts de Guigne la douceur des draps et le calme qui me paraissaient surréel. Ça et la chaleur qui enfla sur mon visage aux paroles de la Reine et de son sourire lascif.

impossible de dire que je regrettai et, malgré le fait que je mettais toute ma concentration en place pour discuter de choses importantes et de ce qui allait suivre, sentir son souffle et ses doigts sur ma peau était distrayant. Bien trop distrayant. Je fis de mon mieux pour refocaliser mon esprit en même temps que mes paroles pour en pas juste m’allonger à nouveau et faire ce dont j’avais le plus envie : dormir. Mieux valait faire le nécessaire dès maintenant, j’aurais tout le loisir de dormir ensuite. La suite du séjour et du possible voyage était plus important qu’une envie passagère sûrement dû à… ce qu’il s’était passé avant. Guigne n’était pas difficile à convaincre. Je n’eus rien à faire, à vrai dire. Tout semblait déjà décidé. Reformer la Trinité, nous aider face au Dragon, former une alliance. Tout ça en échange de bien peu, en vérité. Elle accepta même de nous laisser nous laver et j’en fus soulagée. Ce que je reniflais était tenace et si le sexe avait une odeur, ce devait être celle-ci. Je ramassais mes affaires après m’être assurée que Glanae et Saria me suivraient et écarquillai les yeux en trouvant une rune. Comment était-elle parvenue sur Aliaénon ? je ne l’avais jamais vu… je la rangeais discrètement avec les autres et, guidée par l’homme pâle sans visage, j’entrai dans une salle avec mes deux compagnons, avant ‘y être laissées seules. Je m’étirai, le corps étonnamment relaxé et pourtant un peu rigide, comme après un effort intense.

- Vous... Allez bien ?

Se laver avec Glanae et Zaria eut le mérite de nous rapprocher un peu. Zaria s’en voulait, Glanae pensait avoir besoin de ça et moi je ne savais pas trop quoi penser de toute cette histoire. Au moins, une chose était claire entre nous : personne ne devait être au courant. Je n’osais pas leur demander de ne pas en parler spécifiquement à quelqu’un en particulier, mais l’envie était là. Mieux valait que je me taise, je n’avais pas envie de remuer le couteau dans la plaie. Entre temps, ma décision était prise et au moins j’aurai l’impression de faire quelque chose sur ce monde. Partir avec Guigne me donnait un objectif et une route clairs ; Rien n’empêchait des aléas inhérents aux aventures, mais au moins je cessai d’être sans cesse dans el brouillard sans direction ni idée de quoi faire pour concrètement être utile. Et c’était ça ou rentrer chez moi. Tenter le coup était la meilleure chose à faire. Les deux autres semblaient d’accord et tout ce que j’avais à faire, c’était annoncer ça à Guigne, puis au groupe au complet. Guigne se montra plus que réceptive à l’idée. Le seul bémol étant le transport qui, avec un peu de chance et l’aide de Visselion, ne serait qu’un léger détail réglé en quelques minutes. Je quittai la demeure de Guigne avec son garde avec la certitude d’avoir gagné une alliée… et peut-être un peu plus que ça. Ce dernier point en particulier me laissait perplexe et un peu hésitante sur la manière d’aborder ce voyage, mais caque chose viendrait en son temps…. Du moment qu’elle ne me demandait pas de partager sa couche durant tout le voyage…

(Ça te ferait du bien pourtant)

(Ne commence pas… tu as été très silencieuse jusque-là)

(je ne vais certainement pas me mêler des ébats charnels de ma protégée. C’est une affaire entre ton corps, ton esprit et ceux de ton, ta ou tes partenaires. Tant que c’est consentant, tu fais bien ce que tu veux.)

(Je m’attendais à des remarques, au moins.)

(Moi ? faire des remarques ? Allons… Je n’ai pas la langue aussi bien pendue que toi.)

Je sentais mon visage s’embraser dans l’instant alors qu’elle ricanait. Je le savais…)

(Quoique Guigne a la meilleure d’entre vous trois, si j’en crois les bruits que tu laissais échapper… « oh Guigne, oooh »)

(ALYAH !)

Le visage en feu, je fis de mon mieux pour ignorer le fou rire de ma satanée faera alors que je suivais le garde de Guigne à travers la ville, sous une pluie fine et fraîche qui me fit regretter le confort de la chambre de la Reine. Demander à cette dernière où trouer un forgeron digne de ce nom avait été une pensée de dernière minute qui allait être des plus utiles. Impossible que je puisse réparer mon arure endommagée. J’avais assez de compétences pour l’entretenir et faire des réparations minimes, mais vu la tache à accomplir… mieux valait laisser ça à un professionnel. J’étais surprise qu’il y en ait un dans cette ville décrépite, mais je n’allais certainement pas passer à côté. Même si, pour être parfaitement honnête,n en voyant l’état de la masure qui servait apparemment au forgeron, j’eus un moment de doute et un mouvement d’arrêt. Difficile de juger un artisan sur l’extérieur de sa demeure mais, par les Dieux, s’il entretenait autant bien sa bicoque qu’il forgeait des armes, j’allais au-devant de sacrés ennuis… J’entrai tout de même et me retrouvai nez à nez avec la dernière personne que j’avais besoin de voir dans l’immédiat.

- Yli...? ... Comment s'est passé l'entretien avec sa Majesté Guigne ?

Je haussai un sourcil face à son air hésitant et suivis son regard vers Aleriia… merde… je l’avais oublié celle-là. Elle devait en avoir trop dit. Merde. Merde, merde, merde. J’inspirai doucement et forçai un sourire et un signe du pouce pour assurer que tout allait bien dans le meilleur des mondes. Et que je n’avais pas du tout de traces de griffure en dessous de mon armure ni couché avec la Reine et Glanae en même temps. Au leu de ça, je résumai brièvement la situation avant de me hâter de faire ce pour quoi j’étais venue : faire réparer mon armure. Et ce pour seulement un shuriken en olath. C’était donné. Akihito soupçonnait visiblement quelque chose, mais il n’insista pas, comme je l’espérai et Mathis, qui était là aussi, vanta la cuisine de Sally. J’eus un peu de mal à y croire, mais, après tout, pourquoi pas. Tout ça fut très bref et ils repartirent assez vite faire ce que je leur avais demander via le message donné par Aleriia. Je fixai le dos d’Akihito alors qu’il repartait en ville et soupirai. Comment j’allais lui faire face au quotidien après tout ça… cela restait un mystère. Au moins cela ne durerai pas longtemps vu que je partais sitôt mon armure réparée, c’est à dire dans deux jours selon Aleriia. Il ne restait qu’à éviter le sujet en étant seule ave celui d’ici là. Faisable… probablement.

(Par les Dieux… Rejoins le la nuit dans sa chambre, enlève tes fringues et je t’assure qu’au petit matin il n’aura plus vraiment de doute sur la nature de votre relation !)

(Alors, Alyah, je t’adore, mais ferme-la.)

(Tu viens de le faire avec de parfaites inconnues je te rappelle.)

(Ce n’est pas… c’est différent, je n’ai pas… Je refuse de baser ma relation avec Aki sur un coup de tête, aussi plaisant soit-il. Et j’ai envie que ce soit lui qui fasse le premier pas. Il sait ce que je ressens, c’est à lui de prendre une décision. Il a dit qu’il avait besoin d’y réfléchir et je vais lui laisser le temps de la faire.)

(Combien de temps ?)

(Ce que je juge nécessaire. Après ça… J’ai survécu jusqu’ici sans goûter à ce que ça pourrait être de vivre une relation comme ça… je m’en remettrai.)

Alyah ne semblait pas convaincue et, alors que je poussai la porte de l’auberge après avoir remercié le garde et lui avoir dit qu’il pouvait retourner auprès de Guigne, je me disais que je ne l’étais pas non plus. Il allait falloir un bon nombre d’années pour que je parvienne un jour à me persuader du contraire.

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Cromax
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Re: Lac Andel et Andel'Ys

Message par Cromax » sam. 2 mars 2024 15:35

Cauchemar en Aliaénon : Andel’Ys IV



Auberge de la Grosse Sally

Alors qu’Yliria entrait dans l’Auberge sous le regard vide de l’énorme tenancière, congédiant le garde de Guigne qui s’en alla sans faire d’histoire, un cri retentit dans l’auberge, à l’étage. C’était la voix de Jorus, à n’en pas douter.

Dans sa chambre, il avait crié. Ceux de l’étage furent les premiers à réagir : Visselion débarqua au plus vite, suivi peu après de Zaria et Glanaë. Ils avaient l’air inquiet, prêts à intervenir au moindre débordement. Ils cherchaient des yeux la raison de sa panique, de sa douleur…



Rues d’Andel’Ys



Le soir était tombé sur les rues de la ville, rendant à l’endroit une ambiance un peu plus macabre encore qu’elle ne l’avait été en journée. La pluie s’était calmée, et il ne tombait plus que quelques gouttes des épais nuages gris. Aleriia les menait d’un bon pas. Si Mathis et Akihito prêtaient attention, ils croiseraient quelques regards inquiétants planqués dans les ombres des ruelles. Des créatures difformes, pâles, monstrueuses.



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Mais la harpie, elle, n’y prêtaient aucune attention. D’autant qu’ils avaient l’air plus effrayés qu’agressifs. Ils finirent par arriver sur une petite place. Deux silhouettes semblaient y deviser à bas mot. Sitôt qu’ils arrivèrent, et malgré l’absence évidente d’yeux sur les deux créatures, ils se tournèrent dans leur direction. Le premier était grand, un mastodonte de près de 2m50. Sa peau blanche et nue dévoilait un corps puissamment musclé. Il avait deux paires de bras : l’une énorme, avec des mains gigantesques et griffue, et l’autre plus classique, bandée sur son torse. Sa tête étrange portait un sourire malsain, rempli de dents acérées.



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Le second n’était pas bien plus beau. Une peau grisâtre, des cornes sur la tête et des ailes noires dans le dos. Il portait des jupes de cuir noir et une épée effilée à la main. Il était de taille plus classique, comme un humain lambda, quoique fort maigre.



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Aleriia sautilla jusqu’à eux et les présenta :

« Coucouuu ! J’vous amène des copains d’ailleurs : Mathis et Akihito. Ils ont besoin d’aide. »

Puis, vers les Yuimeniens.

« Eux, z’ont pas vraiment de nom. Lui, c’est Requin-Blanc. Et son pote, Cornebac. Oh, et puis elle c’est la Reine Carmin. Elle est pas reine, mais quand il s’agit de répandre du sang, elle n’a pas son pareil. »

Elle pointa du doigt le dessus d’un mur, sur lequel était assise une troisième personne, pâle elle aussi. Des cheveux noirs se terminant en mèches rouges, des pattes de harpies mais curieusement, ses ailes étaient remplacées par des piques carmin. Du sang semblait lui couler des lèvres, et son regard clair était tel celui des félins dans l’obscurité, luisant.



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La harpie violette enfantine s’exclama, rieuse :



« Et voilà, vous trouverez pas meilleur trio de bourrins dans le coin. Enfin. J’crois. »



[HJ : Sujets de discussions ouverts sur Discord. Jusqu'à son retour, Drac est considéré comme dans sa chambre de l'auberge.]


[XP :
Mathis :
Post 1 : 0,5 (discussion), 0,5 (découverte de Sally)
Post 2 : 0,5 (discussion), 0,5 (repas, emplettes)
Jorus :
Post 1 : 0,5 (discussion), 0,5 (découverte de Sally)µ
Post 2 : 1 (discussions), 0,5 (repas), 2 (apprentissage d’utilisation des lianes) X2 (Bon de l’Emotif) = 7XP !
Akihito : Noté quand complété.
Yliria : 1,5 (discussions), 0,5 (emplettes)]



[Bons :
Mathis : Le Ponctuel !]

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Akihito
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Re: Lac Andel et Andel'Ys

Message par Akihito » lun. 4 mars 2024 18:16

Dans le chapitre précédent...

Evénement : Cauchemar en Aliaénon.

63 : Montrer les crocs.

La pluie avait fini par se calmer quand Akihito, Mathis et Aleriia débouchèrent finalement sur une petite place. La nuit était tombée également et comme l’avait annoncé la Harpie, la ville s’était éveillée. Et avec elle, ses habitants difformes, dominés par la stature monolithique et écrasante du Titant Andie. Des enfants aux multiples yeux déformants leur visage, des femmes et des hommes avec des visages défigurés ou des membres en trop. Ou en moins. Ou placés à des endroits qui ne semblaient pas vraiment naturels. Un carnaval de l’horreur en somme, et s’y habituer ne rendait pas l’expérience moins déplaisante.

(J’ai pitié de ces pauvres gens.)

Selon Aleriia, ils étaient en plus de tout ça doucement poussé vers de bas instincts qui les rendaient progressivement fous pour les plus faibles d’entre eux. Un destin qu’il n’était pas prêt d’envier.

Sur la petite place, trois silhouettes se détachaient. Un duo discutant, et une troisième personne juchée sur un muret et les regardant avancer vers eux. Aleriia les présenta à eux, puis les désigna comme le trio le plus efficace lorsqu’il s’agissait d’entrer dans une rixe. Attendant que Mathis ou lui prenne la parole, Akihito s'avança et s'inclina légèrement en guise de salutation.

« Bonsoir à vous. Comme Aleriia l'a dit, nous avons besoin d'aide. Pour faire bref, un dragon extrêmement dangereux rôde sur Aliaénon, et il chasse les Titans. Il en a déjà abattu deux et a rasé une ville : Andie comme cette cité peuvent donc être des cibles pour lui. Notre groupe a pour but de l'arrêter, alors on cherche tout le soutien possible, des gens comme vous peut être.

- Votre présence à nos côtés serait très appréciée afin de mettre fin à la menace dragonienne qui pèse sur tout Aliaénon. »

Une entrée en matière polie, concise. La réponse n’était pas vraiment à la hauteur de ce qu’ils avaient proposés.

« Oh, de l'aide. Ainsi vous n'êtes pas venus observer les bêtes de foire que nous sommes ? Hmhmhmhm. Et de quel genre d'aide souhaiteriez-vous profiter, hm ? Lustrer vos pompes ? Nous sacrifier pour que vous puissiez récolter les lauriers ? »

Le premier à répondre fut celui qui répondait au nom de Requin-Blanc. Blanche était sa peau, effectivement ; pour la partie « requin » de son nom, Akihito n’avait pas vraiment eu le plaisir d’en voir de ses yeux aussi se referrait-il à ce qu’il avait entendu des marins du port d’Oranan. Et il était à peu près sûr que les requins Yuiméniens n’avaient pas une tête aussi aplatie, ni une deuxième paire de bras musculeux et deux fois plus longs que ceux croisés déjà croisé sur le torse de Requin-Blanc.

(En revanche, ils partagent sans doute la bouche pleine de crocs.)

Son compère, Cornebac d’après Aleriia, ricana. De taille classique comparé à son comparse plus haut qu’un Garzok, il avait la particularité d’avoir une peau plus grisâtre et des ailes de corbeau noirâtre. Pas d’yeux pour lui non plus, seulement une robe et une épée assortie à ses ailes pour rendre le tableau plus sinistre.

« Vous devriez montrer un peu plus de respect pour notre protecteur, mâle. C'est de son aide que vous pourriez avoir besoin, plus que la nôtre. »

La Reine Carmin prit finalement la parole. Sa peau nue et cendrée était pourvue aux articulations d’excroissance osseuses rouges, effilées, comme les ergots au bout de ses jambes (pattes ?) écailleuses et rouge aussi, arquées comme celles des tatous raptors. Son visage encadré par des cheveux noirs à mèches carmin était aussi chaleureux que le mépris qu’elle avait mit derrière le mot « mâle ».

« Combien de fois t'ai-je dit de ne pas jouer avec la nourriture ? dit-elle à Aleriia. C'est cruel de ta part de leur faire croire qu'ils quitteront la ville vivants. »

(Ah, c’est donc comme ça.) dit-il en faisant passer son regard d’une Harpie à l’autre, puisque c’en était sans doute une aussi. Il n’allait pas mentir, il était un peu vexé et blessé d’être de nouveau pris pour le dindon de la farce. Au sens propre comme au sens figuré. Ses sourires sensuels étaient peut-être des sourires gourmands, en fin de compte : elle observait juste son repas.

Mathis tenta de prouver leur bonne foi, évoquant son dernier passage.

« Je suis déjà venus dans votre cité il y a de ça plusieurs années à l'époque ou Astidenix était le chef. J'avoue avoir été très surpris de voir les hommes pâles ainsi transformé... Et je vous assure que nous cherchons de l'aide dans toutes les cités. Je comprends votre méfiance envers nous, mais je vous assure que c'est comme guerrier que nous requerrons votre aide, et que nous n'avons aucunement l'intention de vous sacrifier ou de récolter les lauriers à votre place. »

Puis il eut des paroles très… Etranges.

« Nous étions au départ un groupe d'aventuriers provenant de Yuimen. Bien que nous sommes très différents entre nous, et qu'il nous est difficile de faire l'unanimité lorsque nous avons des décisions à prendre. Je vous assure que nous sommes loyaux et reconnaissants envers tous ceux qui nous rejoignent, peu importe leur apparence. »

Akihito se faisait la réflexion qu’il n’aurait pas pensé à essayer de convaincre son auditoire en avouant que leur groupe était désuni, mais il jeta plutôt un regard à la Harpie, tout en écoutant Mathis lui enfoncer une porte ouverte : il savait désormais comment il allait devoir rembourser ses dettes.

« Je suis un buffet vivant, donc. Fabuleux. Mais je compte bien quitter cette ville vivant.

- Ne soyez pas bête. Je ne vous aurais prélevé qu'un peu de sang. Même pas de quoi vous affaiblir. »

Elle semblait sincèrement vexée, mais il se garda bien de la croire sur parole pour le moment. Soupirant, l’enchanteur se focalisa sur la femme. La ville semblait définitivement suivre une politique matriarcale, c’était donc à elle qu’il devait s’adresser plutôt qu’à ses deux hommes de main, dont il ignora la réponse à Mathis qui se faisait plus moqueuse et provocatrice qu’autre chose.

(Y en a même un qui en a le double, de mains.)

(Pas sûr que ce soit pertinent ni le moment, mais je salue ton intervention.)

« Le Dragon noir a aussi des sbires, qui seront plus à votre portée. Quant à votre protecteur, je le respecte, sinon je ne prendrai pas la peine dessayer d'empêcher un désastre pouvant entrainer sa mort. Nous lui demanderons avec plaisir son aide si vous connaissez un moyen de communiquer avec lui.

- Communiquer avec lui ? Nul ici n'en est digne. Et les vôtres moins que quiconque, asséna-t-elle en sautant de son perchoir, ses sbires ricanant méchamment. Vous cherchiez des êtres violents, avides de sang et de batailles. Vous les avez devant vous. Et si la petite semble vous prendre en pitié, il n'en est rien de moi. Après tout, nous aussi devons manger... »

La menace était claire, et être conciliant et raisonnable n’allait vraiment pas marcher avec eux : ils prenaient sans doute cela pour des marques de faiblesses. Faisaient d’eux des proies. C’est pourquoi Akihito sourit de toutes ses dents, carnassier.

« Je respecterai les coutumes d'Andel'Ys, et que vous traitiez les Hommes pâles comme du bétail ne me concerne pas. Mais si vous vous attendez à ce que je serve de gibier docilement, vous allez être déçue, Reine Carmin. »

il indiqua d'un signe de tête le Titan se découpant dans la nuit de par sa seule taille.

« Si vous ne voulez pas nous aider à sauver votre Dieu, très bien : je demanderai à mon amie de le demander à sa Majesté Guigne, avec qui elle s'est alliée aujourd'hui même. Et là où vous vous trompez, c'est que je me fous un peu de savoir si quelqu'un est digne ou non de lui parler, car Andie doit être prévenu d'une manière ou d'une autre. Sa survie est en jeu. Sa mort rendra plus puissant et moins arrêtable le Dragon Noir. Ce sont des faits, et savoir qui a le droit de lui parler ne servira plus à rien si son âme se fait arracher comme l'a été celle du Titan de la Magie.

- Je pense tout comme mon compagnon que la question n'est pas de savoir qui est digne de s'adresser au titan... mais de le sauver, ajouta Mathis avant de continuer : En fait, il s'agit plutôt de savoir qui est capable de communiquer avec Andie... et de ce côté, nous connaissons quelqu'un qui est capable de le faire, si ce n'est pas possible pour vous. »

(Il parle de Simaya ? Mais… Elle est morte, non ? Et pourquoi dire qu’on a pas besoin d’eux, en fin de compte, si on peut parler avec Andie sans son aide ?)

Akihito était parfois sincèrement perdu par les interventions du Kendran. Mais il n'eut pas le temps de s'interroger plus que ça puisque la tension monta subitement d'un cran. D'un côté, c'était Requin-Blanc qui se mit à toiser arrogamment Mathis.

« De la chair de naïf, j'me demande ce que ça goûte. Moi j'suis prêt à m'battre, le gringalet. Pour sauver ma ville, pas pour suivre vos plans débiles. On a trop perdu à cause de ça. Prépare toi à crever, maintenant, brindille. »

Le tout en clamant haut et fort que se faire ponctionner son sang était sa fierté par les Harpies. Et en frappant au ventre son comparse qui ricanait un peu trop à son goût. Akihito avait pour lui toute l'attention de la Reine Carmin, qui se montrait de plus en plus hostile.

« Je n'aime rien de moins que la docilité, étranger. Appelez-le encore une fois Andie et la pique que vous voyez sur mon épaule va transpercer votre bouche de haut en bas pour vous clouer le bec.

- Je vous déconseille d'essayer, Reine Carmin. Votre tête pourrait bien voler avant. »

Malgré le rictus froid qui ornait toujours ses lèvres, l'Ynorien appuyait sa mise en garde en prenant une posture de combat : il fléchit légèrement les genoux et posa sa main gauche sur la Kizoku-Rana et son autre main sur le fourreau, prêt à dégainer. Affronter un gaucher naturel avait déstabilisé la plupart de ses adversaires, lui donnant une fraction de seconde d'avance qui faisait parfois la différence. Est-ce qu'il allait en être de même pour la Reine Carmin ? Aleriia décida qu'elle n'avait pas envie de le savoir.

« Non mais ça suffit, oui ? Lui, c'est MON repas de ce soir. »

Elle s'interposa donc entre sa compatriote et son... Dîner. Être qualifié de la sorte n'était pas pour lui plaire, mais ça attendrait.

« Et ils sont tous deux sous ma protection. Ils ont prévenus d'un danger pour Andie, et veulent l'aider. Alors vous ravalez vos stupidités ou... ou vous savez ce qui va se passer ! »

La menace d'Aleria était visiblement autrement plus convaincante que celle d'Akihito, car le trio recula, prestement pour les hommes Pâles et presque à regret pour la Reine Carmin. Cette retraite rassura l'Ynorien qui détendit sa posture, tout en gardant quand même la main sur la garde de la Kizoku. La Harpie tenta bien de relancer Mathis sur Samaya, mais Akihito coupa court.

« Ça ne sert à rien de continuer à leur parler, Mathis. Ils n'ont pas envie de coopérer avec nous pour protéger leur Titan, ni pour que l'on puisse le prévenir. On perd notre temps ici.

- Tu as raison, retournons à l'auberge, acquiesça le Kendran avant de répondre à Aleriia. Je vous en dirai plus, une fois en chemin vers l'auberge.

- Mais non, allez ! Apprenez à les connaître, vous verrez ils sont sympas quand ils veulent...

- Que je sache, Aleriia, c'est eux qui n'ont pas cherché à apprendre à nous connaitre, répliqua Akihito. Ils ont voulus nous bouffer et nous démolir, dans l'ordre de ton choix. »

Mathis partageait son avis, appuyant sur le fait qu'ils agissaient en plus dans leur intérêt pour sauver leur monde, pas le leur. Même si, quelque part, se débarrasser du Dragon Noir allait sauver de manière indirecte Yuimen.

« Vous cherchiez des bons combattants, pas des mauviettes soumises. Et puis j'avais la situation complètement en main ! rétorqua la Harpie avant d'enchainer. Ils reprochent aux vôtres de penser solutionner les soucis de se monde sans vous soucier des dégâts collatéraux. Enfin... Le grand Blanc en tout cas. Carmin, elle, elle voulait vraiment vous bouffer. »

- Je... ce... Par les dieux... »

Elle avait les choses en main ? Avoir l'ascendant sur l'autre parti était une bonne chose, mais s'il ne répondait pas à leurs sollicitations ça ne servait à rien. Surtout qu'elle admettait ouvertement que la Reine Carmin voulait les dévorer. Sentant l'exaspération monter, Akihito se frotta l'arête du nez et expira longuement.

(Diplomatie, on a dit.)

« Booooon... On reprend depuis le début. On vient ici pour trois choses.
Premièrement, vous prévenir du danger qui pèse sur votre ville. Vous êtes sans doute de bons combattants, mais vous ne pourrez rien contre le Dragon Noir qui est aussi grand qu'un Titan avec votre seule force physique. Par contre, vous pourrez vous défendre contre les peuples qui auront décidé de le suivre : maintenant que vous êtes prévenus, vous pourrez gérer la défense d'Andel'Ys comme bon vous semble. Si on est là à ce moment là, on vous prêtera main forte.
Deuxièmement, on vient empêcher votre gardien protecteur de se faire attaquer par surprise et le prévenir du danger qui plane sur lui. Si vous tenez tant que ça à lui et que vous connaissez un moyen, une personne qui peut communiquer avec lui, c'est dans votre intérêt de nous le dire, ou de vous assurer que votre Titan en soit informé.
Enfin, on cherche un moyen d'abattre le Dragon Noir. On va voyager dans tout Aliaénon dans ce but et si certains veulent prendre le risque, ont les moyens de nous accompagner et de nous aider, ils sont les bienvenues.
Donc non, on veut pas de soumis et on veut pas décider à votre place. Alors maintenant, est ce que l'on peut avoir des réponses...


(Autres que "sales mâles blasphématoires, je vais vous sucer la moëlle des os" ?)

- ... Constructives ?

- Comme je vous disais Aleriia, je pense savoir qui peut communiquer avec le titan de votre cité, poursuivit Mathis en se tournant vers l'enchanteur. Je crois que le sans-visage est capable d'entrer en relation avec les titans... ou du moins de comprendre, de lire leur sentiments, ce serait déjà un début. Il n'est pas avec nous en ce moment, mais nous avons le moyen de faire appel à lui si besoin. »

Akihito se retint de lever les yeux au ciel. Bien sûr que le Sans-Visage pouvait communiquer avec les Titans, ils l'avaient tous constaté puisque c'en était un. Mais aux dernières nouvelles, il n'avait pas été d'une grande aide avec les cinq Titans du cratère et était de son propre aveux pas très bien vu de ses frères.

(Et décidément, le Sans-Visage n’a pas l’air d’être aussi populaire que je le pensais,) regretta l’enchanteur en écoutant la Harpie dire que le Titan, tout comme la magie, était un sujet tabou dans le coin.

« Je vous l'ai déjà dit que personne ici pouvait communiquer avec Andie, ajouta-t-elle ensuite avant de désigner le trio. J'croyais que c'était pour buter du dragon que vous aviez besoin d'eux. J'me suis gourrée ? Z'ont pas l'air chaud-chaud, mais si vous leur trouvez une bonne raison pour qu'ils abandonnent la cité...

- Ils savaient peut être quelque chose que tu ignorais.

- Eux, savoir quelque chose que j'ignore ? Pffrrr.

- … Et abattre le Dragon noir est bien notre objectif, poursuivit l’enchanteur, mais la magie n'est pas très appréciée ici, de ce que je sais. S'attaquer à un être de cette taille à la seule force de ses bras... Autant oublier. Après, si tu connais un moyen ou une personne capable de réaliser un exploit pareil... je suis tout ouïe.

- Tu n'as pas tort Akihito... mais d'un autre côté, on a besoin de toute l'aide.

- Ben. Nan j'connais pas de mage en ville, comme vous dites c'pas super apprécié ici. Après, eux z'ont des sacrés bras. Comme vous disiez, les sbires du dragon, z'auront qu'à bien s'tenir. Mais... Les péquenauds aussi ils vont attaquer Andie ? »

C’était une question sensée, et Akihito n’avait pas vraiment de réponse à lui donner. Tout juste des suppositions, qu’il partagea en haussant les épaules.

« Ce foutu squamate a pris la peine de rallier des peuples et des villes à sa cause, comme Nagorin ou les chevaliers Sans-Bannieres. Peut être juste pour s'amuser, mais il est loin d'être stupide : je serai prêt à parier qu'il a un but en tête. Donc que votre Titan soit une cible de "péquenauds", surtout avec des mages ou des artefacts puissants dans leurs rangs, ça me semble pas improbable. »

il passa une main dans ses cheveux mouillés pour remettre en place une mèche tombant devant ses yeux, et jeta un dernier regard aux gros bras d’Aleriia, décidément bien silencieux.

« ... T'as l'air d'être quelqu'un, ici.

- Nan, j'suis personne. Enfin. Une harpie quoi. C'mieux que leurs tronches de cake, déjà. J'imagine.

- Maintenant qu'ils sont prévenus, y a plus rien à faire ici, je crois. On rentre à l'auberge ? »

Après que Mathis leur ai signalé qu’ils pouvaient les retrouver à l’auberge de Sally, leur propre trio reparti en direction de leur lieu de repos. Akihito se fit la réflexion qu’avec l’influence d’Aleriia sur eux, il était à peu près sûr qu’il n’allait pas avoir leur visite silencieuse cette nuit pour se venger de leur accrochage. Toujours aussi insouciante que la jeune « noble » qu’elle était dans cette ville, Aleriia continua sa discussion, curieuse.

« S'il a besoin d'une armée, c'qu'il est peut-être pas aussi puissant qu'vous le dites.

- Ooooh si, crois moi. Sa version sur Yuimen était 10 fois plus petite, et je l'ai vu aspirer les âmes de centaines de milliers de personnes en quelques secondes. Mais il doit pas pouvoir utiliser sa pleine puissance comme il le veut. Ou nous en estimes pas digne... bref, voyons ce qu'Yliria et les autres auront à nous dire. »

Il lui tardait d’écouter ce qu’avait donné la rencontre avec Guigne. Tout comme il appréhendait de savoir ce qu’il allait apprendre sur les conditions de leur échange. Et le départ possible de la semi-shaakte. Ou sa réaction quand il allait devoir, visiblement, passer une partie de la nuit avec Aleriia pour la nourrir.

Un nouveau soupir s’échappa de ses lèvres.

(C’est pas cette nuit que je vais bien dormir, encore…)


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Deuxième post à noter
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Modifié en dernier par Akihito le ven. 8 mars 2024 19:53, modifié 2 fois.

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Mathis
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Re: Lac Andel et Andel'Ys

Message par Mathis » mer. 6 mars 2024 14:22

Le soir arrivant, la ville s’assombrit davantage, n'améliorant pas du tout l’ambiance qui y régnait. La pluie n’était plus aussi drue, quelques gouttes seulement nous atteignaient, ce qui sembla suffire à Praline pour sortir sa tête féline pour observer les ruelles sombres dans lesquelles nous déambulions. Nous suivimes Alleriia, silencieux, lorsque Praline sauta au sol et fit quelques pas vers la droite. Je regardai alors dans cette direction et je vis une créature apeurée à l’épaisse chevelure et aux jolis yeux verts. S’ils n’avaient pas été au nombre de quatre, elle aurait été tout à fait normale. Mon regard s’abaissa légèrement et je vis ce qui avait attiré Praline. Dans ses bras, la dame tenait un chat noir qui avait la même particularité qu’elle. Ce qui, je crois, fut suffisant pour convaincre Praline de marcher à mes côtés sans s’éloigner. Puis dans la pénombre, je crus discerner une paire de yeux rouge lumineux, mais je ne pus en voir davantage.

Notre marche nous amena jusqu’à une petite place où semblaient discuter à voix basse deux habitants de la cité. Lorsqu’ils perçurent notre présence, ils se tournèrent dans notre direction. Complètement dénudé et asexué, l’un d’eux exposait ses puissants muscles. A part sa tête singulière triangulaire, dépourvue d' yeux et dont le sommet se terminait par des cornes, il possédait deux paires de bras. La première, démesurée, atteignait presque le sol, alors que la deuxième, de taille standard étaient attachées à son torse par un bandage qui se trouvait à être l’unique pièce de tissu qui le recouvrait. Le second, muni de grandes ailes noires aurait pu appartenir à la race des harpies, s’il y avait eu des mâles chez de peuples de femelles. Portant un chapeau sur sa tête, on pouvait voir ses longs cheveux descendant sur les épaules. De son visage, on ne pouvait distinguer que sa bouche. Le haut de son visage semblait…effacé. Son torse bien musclée mettait en évidence une croix argent. Le bas de son corps, ceint par une ceinture dont la boucle avait la forme d’un crâne, se terminait par une longue jupe de cuir noir. Armée d’une longue épée, il était immobile depuis notre arrivée.

Notre guide enjouée sautillait sur place et sans tarder nous présenta à eux comme étant des copains d’ailleurs, je les saluai alors d’une petite inclinaison de la tête. Puis, vers nous, elle nous expliqua qu’ils n’avaient pas vraiment de nom, mais elle les surnommait Requin-Blanc et Cornebac. Et puis, elle leva son regard vers le dessus du muret et nous pointa une femelle répondant au nom de Reine Carmin, spécifiant toutefois qu’elle n’avait rien d’une reine, mais qu’elle était très douée pour répandre le sang. En effet, le rouge lui allait à merveille et était très présent sur sa personne, du bout des ses griffes, longeant son corps magnifiquement sculpté, avec un accent plus prononcé sur les épaules. Même le bout de ses cheveux, ses lèvres et ses yeux étaient teintés de rouges. Elle avait tout de la harpie… enfin, presque tout. A la place des ailes, son dos arborait de longs pics.. rouges eux aussi.

Fière de nous avoir déniché ces trois personnages, la jeune harpie nous affirma qu’on ne pouvait trouver mieux dans les environs pour nous aider dans notre mission.

Comme à son habitude, Akihito ne perdit pas de temps à prendre la parole. Il les informa de notre situation, expliquant qu’un dangereux dragon rôdait sur Aliaénon et en chassait les titans. Il en avait d’ailleur tué deux et détruit une cité. Il précisa qu’Andie ainsi qu’AndelY’s présentaient des cibles de choix. Il termina en disant que nous cherchions du soutien pour détruire cette menace ailée.

Comme Akihito avait bien résumé la situation, je me contentai d'insister sur l'importance de leur contribution.
" Votre présence à nos côtés serait très appréciée afin de mettre fin à la menace dragonienne qui pèse sur tout Aliaénon."

Ce fut l’homme surmembré qui me répondit. Agressif dans ses propos, il semblait douter de nos intentions, nous accusant de les considérer comme des bêtes de foire ou encore de se faire une belle réputation à leurs dépens. L’autre individu se contenter de ricaner, apparemment plus lent d’esprit.

Ce fut respectueusement que je répondis à l'être que Alleriia avait affublé du surnom de requin blanc.

" Je suis déjà venu dans votre cité il y a de ça plusieurs années à l'époque ou Astidenix était le chef. J'avoue avoir été très surpris de voir les hommes pâles ainsi transformé... Et je vous assure que nous cherchons de l'aide dans toutes les cités. Je comprends votre méfiance envers nous, mais je vous assure que c'est comme guerrier que nous requerrons votre aide, et que nous n'avons aucunement l'intention de vous sacrifier ou de récolter les lauriers à votre place. "

Je jetai un coup d'oeil à Akihito avant de poursuivre.

" Nous étions au départ un groupe d'aventuriers provenant de Yuimen. Bien que nous sommes très différents entre nous, et qu'il nous est difficile de faire l'unanimité lorsque nous avons des décisions à prendre. Je vous assure que nous sommes loyaux et reconnaissants envers tous ceux qui nous rejoignent, peu importe leur apparence. "

La rouge femme n’appréciait pas qu’on nomme le titan par le prénom auquel ils les avaient affublés, tout en précisant que c’était l’aide du titan qui nous serait profitable. Elle se tourna vers Alleriia et ce fut alors que le chat sortit du sac. Elle la disputait de jouer avec la… nourriture.

( Je n’avais pas la berlue,... ses dents sorties quelques instants, ses réponses vagues à propos de son alimentation, ainsi que le secret qu’elle conservait par rapport au mode de paiement d’Akihito. )

Bien que je m’en doutais, je fus tout de même surpris de la façon impudique prise par la reine Carmin pour dévoiler la vérité sur leur nature. Mais ce n’était pas tout, elle ajouta que l’on aurait dû savoir que nous ne sortirions pas vivants de cette cité. Je ne peux m'empêcher de grimacer aux paroles de celles appelée la reine Carmin. Au lieu de m'adresser à celle-ci, je parlai plutôt à Akihito d'un ton sérieux, non provocateur.

"Tu sais maintenant de quelle façon, Alleriia comptait te faire rembourser tes dettes envers elle."

Akihito affirma aux deux femmes qu’il avait bien l’intention de sortir vivant et probablement en un seul morceau de cette cité. L’Ynorien expliqua qu’il ne manquait pas de respect envers le titan de leur cité, et il accepterait bien son aide, si ils voulait communiquer avec lui.

Insulté, l’odieux tête de requin, nous reprocha la guerre contre Vallel terminant en me demandant si je les pensais si naïfs. Quant à Alleriia, elle précisant qu’elle ne lui aurait pris qu’un peu de sang, nuançant ainsi les propos de la dame Carmin. Cette dernière affirma que nul s’avéraient digne de communiquer avec le titan et encore moins nous. Descendant agilement de son perchoir, elle dit qu’ils étaient tous les trois avides de bataille et que contrairement à Aleriia, elle ne nous prenait pas en pitié, elle avait besoin de manger elle aussi.

Je ne commentai pas ses propos. J’avais bien remarqué la force d’Aleriia, mais j’étais persuadé être moins faible qu’elles le supposaient. Et puis, je préférais qu’elle ne connaisse pas mes aptitudes, la surprise sera d’autant plus grande, si j’ai à me défendre.

Akihito eut une toute autre approche, leur expliquant qu’il ne serait pas si facile à abattre. Et puis, il leur parla d’Yliria et de l’alliance qu’elle avait conclu avec leur reine.

Je regardai l'homme au faciès de requin et je lui répondis sincèrement d'un ton calme teinté d'une certaine déception.

"Le naïf ici, c'est plutôt moi. Je pensais que tous les peuples de ce monde seraient prêts à se retrousser les manches afin de sauver leur propre monde."

Puis vers Alleriia esquissant un léger sourire.

" Je comprends mieux pourquoi vous hésitiez à répondre à mes questions concernant vos habitudes alimentaires."

Puis m'adressant à la dame de rouge, je rajoutai aux propos de Akihito.

" Je pense tout comme mon compagnon que la question n'est pas de savoir qui est digne de s'adresser au titan... mais de le sauver. "

Je m'arrêtai un instant en réflexion, puis je repris :

"En fait, il s'agit plutôt de savoir qui est capable de communiquer avec Andie... et de ce côté, nous connaissons quelqu'un qui pourrait le faire, si ce n'est pas possible pour vous."

S’approchant d’Akihito, la harpie dépourvue d’ailes lui dit préférer la docilité à son comportement actuel. La face de requin pour sa part expliqua qu’il ne se considèrait pas comme du bétail, que c’est plutôt une fierté pour son peuple que de fournir son sang aux harpies, et qu’il n’était pas possible pour nous de comprendre.

Nous voir prénommer leur titan mit Carmin dans une colère telle qu’elle nous menaça de nous embrocher à l’aide de l’un de ses pics afin de nous clouer le bec. Alors que j'ignorai sa menace, Akihito lui promis une décapitation si elle s'essayait de l'embrocher. D’une attitude semblable à sa compagne, la face de requin se planta devant moi me défiant au combat. Nullement intimidé, je ne reculai pas d'un pas, le regardant dans les yeux, les bras croisés, attendant la suite.

La vraie harpie s'interposa alors entre nous. Contrariée, elle disputa les trois bourrins. Rappelant à Carmin que Akihito était son repas du soir. Rajoutant que l'ynorien et moi étions sous sa protection. Elle tenta ensuite de les raisonner leur rappelant le but de notre visite: les aider.

Bien que menue et très jeune, l'autorité d'Aleriia n'était pas à discuter. Les trois compères prirent la position d'enfants que le maître vient de disputer.
Puis se tournant vers moi, surprise, Aleriia me demanda si je connaissais vraiment quelqu'un qui pourrait entrer en communication avec Andie.

Comme moi, Akihito constata qu'on arriverait à rien avec ces trois là. Ils se semblaient pas vouloir coopérer. Il en conclut que nous perdions notre temps ici. Ce à quoi je lui répondis:

"Tu as raison, retournons à l'auberge."

Puis de nouveau à Alleriia,

"Je vous en dirai plus, une fois en chemin vers l'auberge"

La petite harpie n'avait pas dit son dernier mot, et nous incita à les connaître davantage, affirmant qu'ils pouvaient être sympathique lorsqu'ils s'en donnaient la peine. Akihito rétorqua alors qu'ils n'avaient pas plus que nous tenter de nous connaître, cherchant seulement à nous combattre ou à nous manger.
J'enchéris aux propos de Akihito.

"Ce qui est plutôt particulier en fait, c'est que nous devons les convaincre de nous aider à les aider, car après tout, c'est de LEUR monde qu'il s'agit."

Après avoir écouté attentivement mon compagnon, je répondis enfin à la question d'Aleriia.

" Comme je vous disais Aleriia, je pense savoir qui peut communiquer avec le titan de votre cité."

Je m'adressai ensuite également à Akihito.

" Je crois que le sans-visage est capable d'entrer en relation avec les titans... ou du moins de comprendre, de lire leur sentiments, ce serait déjà un début. Il n'est pas avec nous en ce moment, mais nous avons le moyen de faire appel à lui si besoin."


Je jetai un coup d'oeil aux trois derrière puis je commentai :

"Tu n'as pas tort Akihito... mais d'un autre côté, on a besoin de toute l'aide possible."

Je fis un signe affirmatif a Akihito et avant de partir, je m'adressai au trio

" Si vous décidez d'etre des nôtres nous serons à l'auberge de la grosse Sally ..jusqu'à demain au moins. "

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Jorus Kayne
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Re: Lac Andel et Andel'Ys

Message par Jorus Kayne » ven. 8 mars 2024 21:57

La douleur est horrible et je hurle à m’en faire mal à la gorge. J’ai ployé les genoux au sol, tandis que ma respiration se fait haletante. Il ne faut que peu de temps avant qu’on ne vienne dans ma chambre. Vissélion le premier suivi de Zaria et Glanaë, tous cherchant du regard la raison de mon drame. Mon premier réflexe est de cacher mon bras meurtri, même s’il aurait mieux valu que je cache également la partie de mon fouet gisant au sol. Je ne perds pas plus de temps et prends la gourde contenant mes potions de soins les plus fortes et déverse le contenu d'une grande potion de soin sur mon bras. Cela ne résout qu’une partie de mon problème. Si mes blessures s’amenuisent, j’ai toujours la respiration haletante et la preuve de mon acte est toujours visible de tous. Bien entendu, Yliria est présente pour assister à ce spectacle et s’inquiète à son tour de ce qui s’est déroulé.

Vissélion vient à moi s’agenouillant à mes côtés. Il ne lui faut guère de temps avant de comprendre ce qu’il s’est passé et tournant la tête vers les trois femmes, il explique mon brièvement mon acte avant d’observer ce qui reste du fouet au sol et de m’en demander la raison. Je le regarde avec un petit sourire en coin, bien que grimaçant au souvenir de la douleur initiale.

"Quoi ? Vous êtes déçu de n'avoir pas été convié ?"

Mon regard se porte brièvement sur Yliria, laissant naître en moi la culpabilité de l'avoir inquiétée et la crainte de l'avoir déçu. Puis je regarde mon fouet étalé au sol, avant d’expliquer le pourquoi du comment.

"Lorsque j'ai vu Zacara pour la première fois, j'ai cherché un moyen de les enlever. Parmi ses suggestions, celle de les trancher est restée gravée dans mon esprit. Cependant, maintenant que je commence à les accepter, c'est davantage la curiosité qui a poussé mon geste." Je pose mes yeux sur la petite troupe avec un regard honteux. "Je suis désolé ! Vous vouliez tous être seul pour des raisons différentes et mon acte vous a arraché au repos que vous désiriez. Néanmoins...je n'ai jamais connu une douleur de ce genre et dans d'autres circonstances, faire cette première expérience aurait pu m'être préjudiciable !"

Il est vrai que cette douleur est…particulière et la surprise m’a complètement déboussolé. Je continue d’en apprendre encore et encore sur cette étrange aptitude qui fait partie de moi, qui est en moi. Pourtant, je n’en connais toujours pas l’origine. Et si la douleur ressentie en coupant mon fouet m’a pris de court, au fil du temps j’ai appris à agir en serrant les dents. A repousser mes limites quitte à accentuer la douleur du moment. Je sais que j’arriverai à faire de même avec ceci.

La première réaction d’Yliria est de venir me frapper légèrement sur la tête. Si elle ne me fait pas mal ainsi, ce n’est pas le cas de ses mots, critiquant mes méthodes qu’elle qualifie de mutilation, au lieu de juste entailler mes fouets, avant de m’asséner le coup de grâce.

"Je peux plus gérer ce genre de connerie... Je vais me reposer, réveillez-moi quand tout le monde sera revenu."

La remarque touche au but et m'atteint en plein cœur. Une blessure aussi profonde que douloureuse. Si ma faéra perçoit ce que je ressent, elle y réagit différemment et à sa manière bien à elle.

(Nan mais elle est sérieuse ? Mais quelle pimbêche celle-là !)

(Non Ysolde elle a raison. Je n’aurais pas dû…)

(Mais que d’chie oui ! Tu l’as mise en garde contre l’utilisation de la magie et ses effets et elle en a rien eu à foutre. Si ton acte t’a blessé, ça n’a affecté que toi et toi seul ! C’est l’hôpital qui se fout de la karité !)

(S’il te plaît ne la…)

(Ha ça suffit toi aussi ! Arrête de la mettre sur un piédestal systématiquement ! Oui tu as des sentiments pour elle, mais en aucune manière ça n’est un argument pour justifier tout ce qu’elle fait ! Elle reste un être humain avec ses qualités et surtout, surtout ses défauts !)

(Je…)

Vissélion m'arrache à cet échange privé en se relèvant sans un mot. Zaria et Yliria discutent entre elles en quittant la chambre. Au final, il n’y a que Glanaë qui s’inquiète véritablement de mon état, cherchant à ce qu’elle pourrait faire pour m’aider. Une attitude qui contraste avec la réaction des autres et qui est un vent de fraîcheur soufflant sur moi. Ai-je mérité un tel dédain ? Des critiques aussi ouvertes comme le prétend ma faéra ? Même si je n’ai que peu échangé avec Glanaë, je m’accroche à sa présence comme un canot de sauvetage, seul en pleine mer.

"J'ai pu soigner mon bras meurtri, ça va mieux !" Je regarde un instant Yliria s’en aller avant de porter mon attention sur Glanaë, me relevant à mon tour. "Merci. Votre inquiétude me touche, plus que vous ne croyez !" Dis-je en me massant la paume de la main.

Prétextant qu’elle ne veut voir personne blessée, pour elle c’est un acte tout à fait naturel. Alors qu’une brume triste prend naissance dans ses yeux, je me demande ce qui est arrivé à la Glanaë d’hier, celle qui semblait se maudire d’avoir porté sa confiance en nous. Cependant, ce n’est guère le moment de ressasser ce moment particulièrement douloureux.

"Et moi je veux qu'on ne perde personne !" Dis-je tristement avant de poursuivre sur le sujet délicat. "Vous savez, le corps d'Arthès ne vit plus, mais son esprit demeure en ce monde. Lothren à Esseroth est capable de converser avec de tels êtres. Il pourrait être un lien entre vous ! Et si vous en ressentez le besoin, je peux vous prêter ma boule magique ! Au fait, ma cape vous a-t-elle été utile ?"

Apparemment, elle n’a nul besoin de les revoir. Au contraire, ceux-ci sont gravés dans son esprit et les revivre ainsi les rend trop vivants et peut-être plus douloureux. Je ne sais pas ce que signifie éprouver de la douleur face à un souvenir heureux, et j’espère ne jamais en faire l’expérience. Elle me tend finalement ma cape, qui au final ne lui aura que protégée du froid.

"Ho, désolé ! J'avais espéré que cela vous procure un tout autre résultat !" Dis-je faiblement, un peu déçu de la réponse, avant de reporter mon attention sur la cape. "Tant mieux si vous n'avez pas eu à recourir à son pouvoir !"

(Au moins cela prouve qu’elles n’ont pas été en danger !)

Me souriant, je me demande si elle ne reste pas de peu que je ne tente quelque chose ou juste pour s’assurer que je vais bien. Cependant, après cette…expérience, je préfère éviter d’en faire trop.

"Vous devriez vous reposer également. Je pense comme Zaria que notre présence ici n'est pas anodine. Mieux vaut être prêt lorsque cela arrivera !"

Opinant de la tête, elle propose d’attendre le retour des autres et quitte la chambre. Une fois seul, je profite de cet instant pour regarder mon bras blessé. Certes, les blessures ont guéri, du moins, les blessures visibles se sont réduites et surtout la douleur à l’intérieur du bras qui n’est plus aussi forte. Je tends mes deux bras en avant et tandis que je fais sortir mes fouets de mon bras, seul celui de ma main intacte m’obéis. J’ai beau forcé encore et encore, c’est comme s’il n’y avait plus rien, comme s’il n’avait jamais été présent. Ce qui n’est pas le cas de mon autre main. Un seul fouet émerge de ma paume et bien que seul, il ne dépasse pas la longueur maximale qu’il devrait atteindre.

(Tu as été gravement blessé au bras. Tu as perdu un de tes fouets et celui qu’il te reste ne possède plus tout son potentiel...)

(...ajoute à ça la réaction d’Yliria et cette expérience est…)

(...un véritable désastre ! J’ai pas l’impression que tu aies tiré quoi que ce soit d’utile au final !)

(…Je crois que seul le temps nous le dira !)

Il ne me reste plus qu’à nettoyer ma lame et à regarder mon fouet au sol, me demandant ce que je pourrais bien en faire.
Consommation d'une grande potion de soin.

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Re: Lac Andel et Andel'Ys

Message par Yliria » sam. 9 mars 2024 10:26

post squelette

Rentre à l'auberge
est lassée des actes de Jorus
Se repose dans sa chambre jusqu'au retour des autres

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Cromax
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Re: Lac Andel et Andel'Ys

Message par Cromax » sam. 9 mars 2024 15:09

Cauchemar en Aliaénon : Andel’Ys V




Mathis et Akihito ne tardent pas à rentrer dans l’auberge, accompagnés de la harpie violette, enjouée, qui crie à la cantonade :

« On est rentrééééés ! »

Et, pour être certain que nul ne loupe l’appel, la Grosse tenancière hurle, plus fort encore :

« CA VA, PAS BESOIN DE GUEULER BORDEL ! »

Zaria, Glanaë et Visselion ne tardent pas à descendre à la rencontre des revenants. Ce dernier présente une table au nombre suffisant de chaises pour tous les contenir, et fait un geste vers la propriétaire :

« Amenez-nous du vin, je vous prie. »

Les personnes présentes s’installent.


[HJ : Discussion sur Discord, babies.]


[XP :
Akihito :
Post 1 : noté quand complété.
Post 2 : 1 (discussions)
Post 3 : 0,5 (repas, achats), 2 (discussions) *2 (L’Emotif) = 5XP.
Post 4 : 1 (discussions), 0,5 (voyages dans la ville)
Mathis : 1 (discussions), 0,5 (voyages dans la ville)
Jorus : 0,5 (discussion), 0,5 (soins)
Yliria : noté quand complété.]


[Bons :
Akihito : Le Ponctuel !
Mathis : Le Ponctuel !]

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Akihito
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Re: Lac Andel et Andel'Ys

Message par Akihito » jeu. 14 mars 2024 15:52

Dans le chapitre précédent...

Evénement : Cauchemar en Aliaénon.

64 : Nouveau tour de table.

L’auberge était aussi déserte qu’ils l’avaient quitté. Malgré la vie nocturne des habitants, aucun n’avait apparemment le besoin ou l’envie de se retrouver chez Sally. Cette dernière ne donnait pas vraiment envie de profiter de son hospitalité, il fallait dire.

« On est rentrééééés !

- CA VA, PAS BESOIN DE GUEULER BORDEL !

- Toujours aussi aimable, la tenancière mafflue... »

Cela avait au moins pu avertir tout le monde de leur retour, qui descendirent un à un dans la salle principale. Glanaë, Zaria et Visselion furent les premiers, l’archi-sorcier commandant un peu de vin au passage à la grosse tenancière. Puis arriva Jorus, étrangement un peu pâle. Il l’observa un instant, et constata qu’une de ses mains était bandée. Une brûlure, peut-être ?

(Mais comment est-ce qu’il a pu se faire ça dans une auberge ?)

Gardant ça dans un coin de la tête, l’enchanteur assista à l’arrivée de la semi-shaakte. Ses yeux un peu lourd, l’absence de son armure et ses cheveux un peu en bataille attestait qu’elle avait un peu dormi en attendant leur retour. Réprimant le petit sourire que cette vue faisait monter en lui, il s’installa comme tous les autres à la table qu’ils avaient partagés pour faire le point sur leur journée, et c’est lui qui ouvrit le bal.

« Bon. Bah si on commence par nous, on a pas beaucoup avancé. Personne ne maîtrise la magie ou ne semble capable de communiquer avec Andie. Les types qu'on a rencontré seront sans doute capable défendre cet endroit si des suivants du Dragon les attaquent, et ils ont été prévenus. Ah, à noter, ajoute-t-ii en baissant la voix et en se penchant, le Sans-Visage a l'air aussi apprécié ici que la magie.

- Je ne m'attendais pas à grand chose, mais vous n'avez pas dû rencontrer beaucoup de monde durant ce laps de temps. On aura plus de temps demain... j'espère.

- Et vous de votre côté ? demanda-t-il après que la semi-shaakte se soit brièvement étirée.

- De notre côté, nous avons convenu d'un marché avec Guigne. Elle nous aidera contre le dragon en échange de la protection de la cité et du Titan. C'était déjà nos objectifs donc rien qui demande de changer nos plans. La subtilité, c'est qu'elle fait partie d'une Triade avec deux de ses sœurs et qu'apparemment leur pouvoir rivaliserait avec celui d'un Titan, lorsqu'elles sont réunies. C'est pour ça que je l'escorterai pour retrouver ses deux sœurs dès que mes équipements seront prêts, d'ici deux jours. Elle a parlé d'Arothiir et de Treeof et c'est là que je l'escorterai en premier, la localisation exacte de ses sœurs n'étant pas absolument certaine. Voilà dans les grandes lignes. Des questions ? »

Des questions, oui il en avait.

(Comment ça, « JE l’escorterai » ?)
(Tu ne pars plus d’Aliaénon, du coup ?)
(Elle est digne de confiance, Guigne ?)


Mais il garda ça pour lui et préféra d’abord le tour de table se finir.

« Oui j’ai une question. Il se passera quoi si on n'arrive pas à retrouver ses sœurs ? Si je ne me trompe pas, il y avait trois harpies lors de la destruction de la Tour d’Or. Deux ont emprunté le fluide sans guide. La dernière, Sable je crois, elle l’a passé avec nous et aux dernières nouvelles elle devrait être encore présente sur Yuimen. Je crois bien qu’elle avait mentionné les deux autres Harpies comme ses sœurs. Ca va rendre les choses plus compliquées du coup. Mais peut-être arrivera-t-on au moins à retrouver la dernière. A-t-elle évoqué ce qui lui est arrivé après avoir pris le fluide ? Ca pourrait nous aider à retrouver la dernière disparue. »

Si l’une d’elle avait disparu sur Yuimen, rassembler leur trio allait être compliqué. Il espérait qu’être seulement deux n’allait pas trop les affaiblir car même si elles n’étaient pas aussi puissante qu’un Titan, elles pourraient sans doute fournir une puissance décente contre le Dragon Noir. Voir plus, s’ils les soutenaient avec leur magie.
Mathis se lança ensuite dans l’ajout de « quelques » détails qui s’accumulèrent très rapidement, et dont l’utilité de certains n’étaient pas pour convaincre l’Ynorien. Le Kendran raconta basiquement tout ce qui s’était passé dans leur entretien avec la Reine Carmin. Zaria voulut prendre la parole après le monologue du Kendran, mais fut interrompu par Guigne et son pichet de vin.

« Guigne ne devait...

- MAJESTE GUIGNE, BORDEL DE MERDE !

- Oui. Sa... sa majeste Guigne ne devait-elle pas aussi nous aider à trouver quelqu'un capable de nous venir en aide au sein de la ville ? C'était l'accord initial, non ?

- C'est un accord que j'ai passé avec elle en plus du reste et qui n'engage que moi, répondit Yliria. Elle veut retrouver ses sœurs et je vais l'y aider. Si on ne les retrouve pas, je verrai cela avec elle, vous n'avez pas à vous inquiéter là-dessus. Elle n'a rien évoqué de particulier concernant le fluide, mais je lui demanderai à l'occasion, l'idée de retrouver ses sœurs devrait lui donner envie de raconter le maximum de choses. J'aviserai selon ce qu'on trouve en chemin.Difficile d'avoir de réelles certitudes. Certes, mais il me semble qu'Aleriia a conduit nos compagnons auprès d'alliés potentiels... après, ce n'est pas vraiment de force physique dont nous avons besoin, le dragon ne se vaincra pas avec des poings et des muscles. S'il n'y a aucun mage ici, je vois mal qui pourrait nous aider réellement.. »

Pas très amateur de vin -surtout ceux qui n’étaient pas franchement bon, comme semblait l’attester Jorus-, Akihito passa son tour lorsqu’une tournée de verre fut initié. Il eut bien raison, en voyant l’expression d’Yliria qui s’était aventurée à boire le vin, car il préféra se concentrer sur le reste de la conversation. Qui, à sa grande non-surprise, reparti dans une tempête d’idées et de propositions qui partaient dans tous les sens. Qu’est-ce qu’ils pouvaient faire autre part qu’en ville, où ils pouvaient aller, qui ils pouvaient contacter… Sentant l’agacement le gagner, l’Ynorien attendit que tout le monde ailles de sa petite digression pour recentrer la conversation. Il avait ainsi laissé à tous la chance de faire ce qu’il faisait depuis le début, à savoir recentrer le débat. Tout le monde était toujours d’accord pour le faire… Mais personne ne l’était pour l’initier.

« Ah par les Dieux, je vais ENCORE me répéter, mais parlez d'un sujet à la fois ! Vous pensez qu'on peut réfléchir correctement si on parle des Titans qui sont quelque part dehors, de celui présent, de la Reine Guigne et d'Yliria, de Zaria, de Xël et Silmeria ?! Donc si vous le voulez bien, avant de savoir ce qu'on POURRAIT faire ailleurs, on peut terminer de statuer ce qu'il nous reste à faire ici ?

- Disserter de la forme que prend la conversation en en interrompant les sujets n'aide pas non plus à ce qu'elle avance. Mais effectivement, procédons par thème : ce que nous pourrions faire ici en premier. Zaria, pourriez-vous déterminer quelles sont vos aptitudes par rapport à ce qui a été dit ?

- Ca permettra qu'elle avance de manière efficace, pas chaotique, rétorqua l’enchanteur avant de continuer dans ce qu’il préconisait lui-même. Moi aussi, j'ai mon bouclier qui va demander 2 jours à être réparé. Mais mes marques ou le sifflet pourront me permettre de me déplacer rapidement en cas de besoin. Dans tous les cas, nos options ici sont limitées. Soit on essaye de communiquer par nous même avec Andie, soit on prie pour trouver quelqu'un qui en a la capacité et qu'Aleriia ne connait pas. La Reine aura peut-être des idées à ce sujet. Si vous avez d'autres idées, faites les savoir. »

Zaria annonça la désagréable nouvelle de l’épuisement de ses ressources pour employer la magie de vision, ce qui fit grimacer l’enchanteur. Il pensait lui demander d’envoyer une image d’Andel’Ys à Xël pour que ce dernier les y rejoignent avec un portail, mais ils allaient devoir trouver un autre moyen de le contacter.

(Avec votre magie ?)

(Je crois qu’on a pas le choix… Et si on doit s’aventurer dans ces dangereux « Pays de titans » avec des lois de la nature complètement différente, l’avoir sera pas de trop.)

(Landes Arcaniques, Chaos d’Ethel’Ar… Les gens d’ici ont le chic pour nommer leurs contrées de façon charmante.)

« Et d'ailleurs, pourquoi c'est uniquement de puissance magique que vous auriez besoin contre ce dragon à la con ? Parce que c'est clairement pas ici que vous trouverez un mage.

- Imagine devoir affronter une créature aussi grande, massive et puissante qu'Andie. Qui peut voler, a des écailles épaisses comme des remparts et plus durs que l'acier. C'est pas quelque chose contre laquelle la force pure peut faire grand chose.

- Autant cogner le sol à mains nues en espérer créer un océan. A part la magie je vois mal ce qui pourrait l'affecter réellement. Peut-être avec un métal spécifique ou bien si quelqu'un peut le forcer à se suicider, mais en dehors de ça...

- Ouais, ben moi j'suis sûr qu'il n'y a rien de mieux qu'une lame au travers du cœur pour buter un dragon. Pis pour le suicide, j'pourrais le faire pleurer avec une histoire. Parait que j'suis forte pour ça. »

La mention du métal spécifique fit penser l’enchanteur à l’argent noir, faisant remonter de très mauvais souvenirs. En tout cas, à part sa petite bravade qui venait de nulle part, il n’y avait plus rien à tirer de cette piste, visiblement. Il jeta ensuite un œil à Mathis, qui avait sous-entendu que passer par le Sans-Visage était une option viable. Son inaction avec les Titans du cratère ne semblait pas l’avoir convaincu, et Visselion comme Yliria semblait partager son avis.

« Quant au Marcheur de Mort, je doute, après le traitement que nous lui avons infligé chez lui, qu'il veuille nous revoir de sitôt. Il doit cependant bien y avoir une raison du choix de notre destination : cette équidistance des pays des siens ? Ou un intérêt pour des puissances locales ? C'est aussi ce que nous devons découvrir.

- Il est clair que Pas-de-Face nous a envoyé là pour une raison, mais ses choix et raisons sont aussi cryptiques que ses objectifs. Je pense qu'on perd rien à explorer un peu la ville. Peut-être qu'il y a quelqu'un de particulier dans le coin ou que c'est une occasion d'essayer de contacter un Titan dans de meilleures conditions. »

Yliria marquait un point. Le Sans-Visage ne les avaient sans doute pas envoyer ici par hasard. Mais pour quoi ? Prévenir Andie ? Il avait le sentiment que ce n’était pas le cas, sans pouvoir l’expliquer. L’enchanteur regarda avec circonspection Mathis se retrousser les manches comme s’il allait se lancer dans une tâche manuelle ou un combat à mains nues, bien qu’il ne fit que continuer à parler.

« Puisque mes suggestions ne sont pas valables, il faut en trouver d'autres... Yliria, vous avez raison, nous ne sommes pas là pour rien. Pour ma part, je pense que nous avons deux choses à faire... Premièrement, Dis-moi, Alerria, connaitrais tu un être particulier, étrange,....peut être que sans que tu le saches, il possède peut-être des pouvoirs intéressants, mais les cache... il faut le dénicher. Tu sembles connaitre cette ville plus que quiconque, ton aide nous serait précieuse et nous éviterait de errer au hasard des rues. Deuxièmement, Andie le titan. Le Marcheur des morts nous a dit que nous étions des êtres trop inférieurs pour eux et qu'il était inutile d'entrer en contact avec lui. Mais je pense qu'on ne perd rien d'essayer... Mais surtout se rendre près de lui. Et tenter de le protéger, en nous unissant et en utilisant cette magie que Visselion tentera de contrôler. »

Il finit par ajouter en regardant Akihito, lui adressant personnellement la suite de ses paroles.

« Je ne pense pas m'être éparpillé. En résumé, on aurait deux choses à faire : un, chercher encore de l'aide avec le soutien d'Alerria; Deux, s'approcher et protéger le titan à l'aide de notre magie. Qu'en pensez-vous ? N'hésites pas, toutes les idées ou nuances ou les objections à celles proposées pourrait nous servir pour réussir. »

(Protéger le titan avec notre magie ? J’espère qu’il considère que le prévenir est une forme de protection, parce que sinon on va ramer sévère.)

(Parce qu’il est au centre d’un lac ?)

(Parce qu’il est au cen- Ah merde, Amy !)

(Eheh.)

Les facéties de sa Faëra étaient très nombreuses, depuis la veille. Sachant qu’elle partageait ses pensées, il repoussa loin dans son esprit l’idée que c’était de près ou de loin lié à l’événement qui a faillit mener à sa disparition pure et simple. Il écouta plutôt Jorus essayer de savoir si des habitants d’Andel’Ys paraissaient suspects, ce qui pouvait indiquer qu’il cachait des pouvoirs. Ce qui n’était pas un comportement insensée, vu comment les gens abhorrait la magie ici. Akihito pensait quand même qu’Aleriia en aurait déjà entendu parlé et parlé, vu sa curiosité plutôt indiscrète. Elle commença à évoquer son frère, comme s’il pouvait avoir des pouvoirs intéressants à exploiter. Mais dominé par ses pulsions apparues avec l’émergence d’Andie, il errait apparemment dans les terres autour de la ville. Complètement cinglé. Mathis chercha bien à creuser le point, mais Aleriia chercha à écarter le sujet. Elle accepta néanmoins avec un certains enthousiasme de les accompagner si cela permettait de sauver le Titan.

« Je crois aussi que le plus direct, intervint alors l’archisorcier, ça serait de tenter de prendre contact avec le Titan du Lac. On l'a sous la main, on a votre magie, vous m'avez moi... Ca me semble pertinent.

- Bon, eh bien on a apparemment qu'une seule vraie option pour Andie : nos capacités de Yuiméniens. Ce qui nous mène à notre point suivant... Xël. Ça serait bien qu'on se réunisse, et il sera pas de trop pour communiquer avec Andie. On peut utiliser aussi nos capacités, mais quelqu'un a peut-être un autre moyen ou un artefact pour lui faire savoir qu'on est ici et qu'il nous rejoigne ?

- Le véritable problème n'est pas de savoir si on sera assez nombreux, mais comment on va procéder.

- Je comprends qu'avec Xël on augmenterait nos chances de réussite... mais pour le moment, à défaut de pouvoir le faire revenir, il faut faire sans lui. »

Les yeux d’Akihito papillonnèrent sous la surprise. Personne ne s’inquiétait, ou au moins s’interrogeait sur ce que faisait le sorcier ? Ou sur le moyen que le groupe allait utiliser pour traverser de longues distances rapidement ? Tandis qu’il essayait de savoir si c’était lui qui était s’inquiétait pour rien ou si c’était ses alliés qui étaient inconscients, ces derniers débattirent sur la façon de procéder pour communiquer avec le Titan.

« On ne communiquera pas si on pense comme nous. Ils sont...les éléments eux-mêmes ! Si Simaya est parvenue à communiquer avec le Titan de la magie c'est peut-être parce qu'il était question de magie. Je l'ai vu au travers du Titan des tempêtes, ils perçoivent le monde autrement. J'ai vu les vents, les courants d'air chaud et froid, j'ai perçu...j'ai perçu tes fluides ! »

(Il a perçu mes fluides ?)

(C’est un Titan avec un contrôle quasi divin sur la foudre… Ca ne me semble pas insensé qu’il ressente une énergie similaire chez toi, même si elle lui est complètement étrangère.)

« Faut se poser la question de comment... comment on parle à une tempête ? On projette notre esprit au risque de se le mettre à dos comme les autres ? Et on ne sait pas de quel élément est lié Andie. Vous étiez dans l'un d'eux, continue-t-il en s’adressant à Visselion. Qu'en pensez-vous ?

- Je pense que vous complexifiez beaucoup la tâche pour pas grand chose : en usant de votre magie avec pour objectif que le titan vous comprenne et vice versa, par télépathie ou autre, ça suffira amplement.

- Un genre de sort de traduction pour qu'on s'entende et se comprenne, en somme ? De fait c'est plus simple que ce qui a été proposé.

- On essayera demain, alors. Les habitants de cette ville sont moins actifs de jour. »

L’Ynorien intervint après avoir finalement décidé qu’il n’avait pas la force d’argumenter plus loin au sujet de l’aéromancien.

« Euh... bon bah... J'espère que Xël a pas de problèmes, alors.

- Xël peut parfaitement se débrouiller seul. Il connait ce monde mieux que nous, cesse de t'en faire, Aki. »

(On parle du même Xël mourant que j’ai dû apporter aux guérisseurs d’Elscar’Olth après une tentative ratée de magie ?)

Xël était celui qui pouvait le mieux s’en sortir tout seul sur Aliaénon, il n'y avait pas de débat là dessus. Mais "mieux" s’en sortir ne voulait pas forcément dire "bien" s’en sortir… Surtout dans un monde où user de la magie seul était très dangereux. Et la jeune femme qui haussa son charmant sourcil à sa question s’apprêtait à se plonger dans une situation similaire.

« J'imagine que la Reine n'acceptera pas la présence d'hommes dans votre recherche de ses sœurs ?

- Ce n'est pas... c'est moi qui refuse que vous veniez. Elle n'aime pas les hommes, certes, mais elle les apprécie tout de même d'une certaine manière... crue, pour être exacte. Donc non, aucun d'entre vous ne vient et ce n'est pas négociable.

- C'est gentil de votre part de penser à nous garder en un morceau. Et ne vous inquiétez pas, je n'avais pas l'intention de vous accompagner, inutile d'être trop nombreux.

- Gentil ? C'est le minimum, Mathis, rétorqua Yliria. Ce que je m'efforce de faire depuis le début et les dieux savent que vous ne m'aidez guère... Enfin, j'apprécie que vous le reconnaissiez.

- Ha ! Charmant tout ça ! »

Pour avoir été menacé d’être dévoré par la Reine Carmin, il n’avait aucun mal à croire les paroles de la jeune femme. Ca ne rendait pas la chose plus facile à accepter. D’autant qu’il tenait bien plus à elle qu’à Xël, désormais.

« Fichtre, j'ai laissé mon monocle dans la chambre. J'irais voir comment se porte Xël une fois en haut !

- Puisque nous sommes appelés à se séparer, il serait utile que vous acceptiez d'être marqué de cet anneau afin que l'on puisse communiquer ensemble si nécessaire.

- Mauvaise idée, Mathis. Il m'a clairement précisé que ce devait être un moyen de communication exceptionnel et qu'il le reprendrait si on l'utilisait d'une manière qui lui plait pas. Surtout qu'apparemment il nous apprécie pas en ce moment : donc pas d'échanges d'infos avec l'anneau. Pour des urgences à la limite, et encore faut-il que ce qu'on considère urgent le soit pour lui aussi.

- Marquez-vous si ça vous chante, mais très peu pour moi.

- Que je sache, la bague devait servir à communiquer d'un marqué au porteur et inversement, ainsi qu'au Sans visage. Tant qu'on ne le dérange pas, c'est notre meilleur moyen de communication pour des groupes séparés. Néanmoins, je n'aime guère l'idée d'être marqué ainsi ! Peut-être que la nécessité s'imposera à moi, mais pour l'heure, ce n'est pas nécessaire. »

Yliria et Jorus refusant catégoriquement la marque mit un terme au débat. De l’avis d’Akihito, le Sans-Visage n’avait de toute façon pas semblé faire grand cas du danger qui avait menacé ses frères Titans au cratère, et il avait clairement ses propres desseins. Il n’en restait pas moins qu’ils devaient garder un moyen de contact pour ne pas répéter la même erreur qu’avec Xël et se retrouver sans nouvelle de lui. Sans pierre de vision, sans artefact quelconque, il ne restait que deux options qu’envisageait l’enchanteur.

« Je peux toujours utiliser mes marques pour faire le messager entre les deux groupes, mais il faut que la Reine accepte. Le faire dans son dos sera pas possible vu comment je me déplace. Sinon... Il marche comment ton monocle, Jorus ? »

La première avait le mérite d’être simple et efficace, mais le temps de repos entre deux utilisations ne la rendait pas très pratique. La seconde se révéla être une fausse piste, bien que l'enchanteur avait deviné juste en se rappelant les quelques fois où il avait aperçut l'homme de Wiehl jouer avec son monocle.

« La proposition d'Akihito me convient pour communiquer. J'en parlerai à la Reine, mais je ne vois pas pourquoi elle refuserait qu'on se transmette des informations.

- Ben...je le mets, je demande à voir quelqu'un et je vois la personne. C'est tout ! Après ça ne devrait marcher que sur les personnes que je considère comme proches. J'ai ainsi pu voir Maïssa et Sim...Simaya.

- Simaya ? Où est-elle ? Va-t-elle bien ? intervint finalement Glanaë, jusque là silencieuse.

- Honnêtement, je ne sais pas vraiment. Un... incident magique l'a doté d'un double à Elscar'Olth, et après ça elle a disparu dans la Lande noire. Puis Zaria a pu avoir une vision étrange d'un lieu en essayant de la localiser. Elle est aussi intervenue à Néo-Messaliah en usant de ses pouvoirs dans des proportions démesurée alors qu'elle était sensée les avoir perdus avec l'arrivée de son double -et pas du tout proche de Néo-Messaliah. Alors même si le Sans-Visage a affirmé qu'elle était décédée... Il s'est aussi montré très vague à ce sujet. Donc j'ai vraiment aucune idée de sa situation actuelle... répondit à regret l’Ynorien avant de réfléchir à voix haute les paroles de Jorus, les yeux un peu dans le vague. Mmmh... j'imagine que ça permet pas d'entendre, non plus. Yli pourrait essayer d'avoir un message sur lequel elle écrit et "montre" à une moment fixé à l'avance... mais... non. Trop contraignant, pas assez précis, et ça marcherait que dans un sens... mes marques restent plus simples pour l'instant. »


Les Mots, c'est la Puissance ! : Mafflue
Modifié en dernier par Akihito le ven. 15 mars 2024 15:32, modifié 5 fois.

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Mathis
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Re: Lac Andel et Andel'Ys

Message par Mathis » ven. 15 mars 2024 13:11

Ce fut bredouille que nous rentrâmes à l’auberge. N’’ayant pas conscience de notre échec, la sympathique harpie violette annonça notre retour en criant, comme le ferait un enfant de retour d’une petite randonnée. Cet excès de joie ne plut aucunement à la tenancière de l’établissement, qui hurla de ne pas hausser la voix. Décidément, cette chose hideux m’était vraiment antipathique. Alertés sans doute par l’un des cris, Glanaë, Zaria et Visselion descendirent à notre rencontre, demanda qu’on nous apporte du vin puis désigna une table afin que nous puissions discuter. Je pris place à la droite de Visselion.

Akihito prit la parole en premier, expliquant que les personnes rencontrées ne maitrisaient pas la magie, que personne ne pouvait communiquer avec le titan, et que le Sans visage n’était pas apprécié dans cette région.

Yliria, venant vraisemblablement de se réveiller d’une petite sieste, prit la suite. Elles avaient conclus un marché avec Guigne. Cette dernière nous aidera contre le dragon contre la protection de leur titan. Pour ce faire, elle a besoin de ses deux soeurs. A elles trois, leur force valent celle d’un titan. C’est ainsi qu’Yliria va les accompagner à Arothiir et Treeof lorsque son équipement sera prêt… c’est à dire dans deux jours, tout comme celui d’Akihito. Elle termina en demandant si nous voulions plus d’information. Jorus demanda alors qu’est ce qui se passerait si nous ne les trouvions pas. Étant présent lors de la destruction de la tour d’Or, il précisa qu’il y avait trois harpies, donc deux d’entres elles avaient emprunté le fluide sans guide. La dernière prénommée Sable s’était rendu sur Yuimen en leur compagnie. Peut-être que Guigne s’était confié à Yliria. Cette dernière répéta qu’elle accompagnerait Guigne à la recherche de ses soeurs et qu’elles aviseront le cas échéants si elles ne le trouvent pas. Lors de leur entretien, le fluide n’avait pas été mentionné.

Je m'adressai d'abord à Yliria :

"Pas de question pour ma part."

Puis je rajoutai à l'intention de tous.

"Akihito a bien résumé la situation, mais je vais rajouter quelques détails qui risquent de nous être utiles à tous. Tout d'abord, en ce qui concerne le titan, malgré le fait que les habitants l'on prénommé Andie et qu'ils le considèrent comme leur protecteur, il n'a jamais eu de communication. Et corrigez-moi si je me trompe Aleriia, mais il m'a semblé que de protecteur, il n'avait que le nom. Il n'a jamais rien fait concrètement en ce sens... Les rues étaient en effet assez désertes surtout plus tôt dans la journée, mais nous en avons croisé quelques uns en soirée. "

Après avoir souri à Alleriia, je rajoutai au groupe.

" La compagnie d'Alleriia nous a fait sauver beaucoup de temps et elle nous a conduit directement vers trois habitants les plus aptes au combat physique, comme l'a mentionné Akihito.. Par contre, les deux mâles transformés eux aussi, se méfient de nous, de nos intentions, et surtout des conséquences collatérales de nos actions. La troisième avait tout d'une harpie, mais dépourvue d'ailes. "

Je m'arrêtai là mes explications au groupe pour m'adresser à Aleriia.

"Ne vous offensez pas Aleriia, même si j'apprécie l'accueil que vous nous avez fait, et votre comportement à notre égard, je me dois de donner à mes compagnons toutes les informations que nous avons recueillies."

M'adressant de nouveau au groupe, je poursuivis.

" La troisième, donc la dame du groupe, nous avoua sans détour qu'elle avait plutôt l'intention de manger tout cru les mâles du groupe tout en affirmant que nous ne pouvions espérer en sortir vivant de cette cité. Notre hôte Aleriia est alors intervenue et lui a affirmé qu'Akihito et moi étions sous sa protection. Il y a comme une entente entre les harpies et les hommes pâles. Ces derniers offrant volontairement leur sang afin de nourrir ces dames ailées."

Après s’être fait rabrouer par la sale Sally, Zaria n’oublia pas cette fois de précéder de reine le prénom de la harpie qui régnait sur la cité. La jeune femme aux yeux splendide avait cru que Guigne devait nous aider à trouver quelqu’un. Ce qu’Yliria confirma, tout en rajoutant que ce n’était plus forcément nécessaire puisqu’ Alleriia avait déjà fait ce petit bout de chemin.

A mon soulagement, Alleriia ne s’offusqua point que je dévoile son régime alimentaire. Au contraire, elle en rajouta une couche en disant que sans elle, le sang d’Akihito et le mien tapisserait les rues de la cité.

Visselion qui jouait à merveille son rôle de leader, nous demanda quels étaient nos objectifs et si Yliria souhaitait être accompagné. Il se demandait également s’il était nécessaire d’attendre deux jours. Ce à quoi, Yliria répondit qu’elle ne partirait pas sans ses équipements et qu’elle considérait que notre objectif demeurait le même: trouver des alliées.


Répondant à la fois à Visselion et à Yliria je commentai.

"En effet, je n'ai pas pour ma part le besoin d'attendre deux jours, n'ayant pas d'équipement à faire réparer. Par contre, je ne veux pas partir n'importe où sans but précis et pas immédiatement, il reste peut-être encore à faire ici."

Puis me tournant vers Zaria, je lui dis :

"J'aurais une requête à vous faire. Pouvez-voir où en sont Xël et Silmeria ? S'ils ont déjà trouvé des alliées dans une région donnée, inutile de se rendre au même endroit.... Et puis, au sujet du titan qui borde la cité, êtes vous capable de voir à son sujet, ne serait-ce son passé, son futur ? ... Si cela n'est pas possible, je suggère qu'on entre en contact avec le sans visage afin qu'il puisse nous dire ce qu'il sait de ce titan et s'il peut entrer en contact avec lui"

J’avais pris soin de baisser le ton lorsque j’avais mentionné le sans visage. J’avais bien compris qu’il n’était pas bien perçu dans la cité, et je n’avais pas envie que la voix de Sally transperce mes tympans.

Jorus ne semblait avoir de doute sur les capacités du sans visage à communiquer avec le titan pieuvre. Il se demandait plutôt s’il accepterait de le faire. Et puisque j’avais fait des demandes à Zaria, Jorus en profita pour y rajouter les siennes. Il se demandait si elle pouvait retrouver Maïssa et le dragon ailé.

Mécontent du déroulement de la discussion, Akihito, apparemment pas capable de traiter plusieurs idées à la fois, s’énerva. Je ne réagis pas à sa subite montée de lait. Une fois qu’il eut terminé, il en vint au principal, notre objectif, communiquer avec “Andie.

Visselion reprit la parole, notant avec justesse que l’intervention d’Akihito concernant notre discussion n’avait pas été utile. Il proposa de réfléchir à ce que nous pourrions faire ici en premier. Puis demanda à Zaria de nous préciser qu’elles étaient ses aptitudes. Cette dernière répondit que ces pouvoirs de vision lui permettaient de voir le passé et le futur, du titan notamment. Alors que retrouver des gens dans un monde aussi vaste qu’Aliéanon s’avérait très difficile, voire impossible. Je n’eus pas le temps d’esquisser un sourire, qu’elle nous rappela que malheureusement, elle n’avait pas accès à ses pouvoirs puisque ceux-ci étaient liés à la pierre de vision et que cette dernier était en possession de Cadi Yangin qui la gardaient jalousement pour eux seuls. Une mine déçue s’afficha alors sur mon visage.

Après le manque d’égard que nous avions eu envers le sans-visage, Visselion doutait que ce dernier accepte de nous aider. Affirmation qui me fit lâcher un soupir de déception.Cependant, il croyait fermement que nos destinations et la séparation de notre groupe n'avaient pas été faites au hasard, qu’il y avait des raisons bien précise.. soit lié à la géographie des lieux ou bien à la puissance des locaux.

Alleriia semblait contrarié du fait que seuls les alliés dotés de pouvoir magiques semblaient nous intéresser, tout en précisant que nous ne retrouverions pas de mages sur Andel’Ys.
Ce à quoi Yliria répondit qu’elle croyait que seule la magie pourrait venir à bout d’un être aussi puissant que le dragon noir. Tout comme Visselion, elle croyait que nous n’étions pas à cet endroit par hasard, elle suggéra ensuite de tenter de communiquer avec le titan.

Je retroussai mes manches, il fallait trouver une solution.


" Puisque mes suggestions ne sont pas valables, il faut en trouver d'autres,... Yliria, vous avez raison, nous ne sommes pas là pour rien. Pour ma part, je pense que nous avons deux choses à faire... Premièrement, Dites-moi, Alerria, connaitriez-vous un être particulier, étrange ? Peut-être que sans que vous le sachiez, il possède des pouvoirs intéressants, mais les cache... il faut le dénicher. Vous semblez connaitre cette ville plus que quiconque, votre aide nous serait précieuse et nous éviterait de errer au hasard des rues. "


Je m'arretai quelques secondes puis je repris.


"Deuxièment, Andie le titan. Le Marcheur des morts nous a dit que nous étions des êtres trop inférieurs pour eux et qu'il était inutile d'entrer en contact avec eux. Mais je pense qu'on ne perd rien d'essayer... Mais surtout se rendre près de lui. Et tenter de le protéger, en nous unissant et en utilisant cette magie que Visselion tentera de contrôler. "

Je regardai Akihito et tout en terminant.

"Je ne pense pas m'être éparpillé. En résumé, on aurait deux choses à faire.: Un: Chercher encore de l'aide avec le soutien d'Alerriia, Deux : s'approcher et protéger le titan à l'aide de notre magie. Qu'en pensez-vous ? N'hésites pas, toutes les idées ou nuances ou les objections à celles proposées pourrait nous servir pour réussir."

À la contrariété d’Alleria, Jorus lui expliqua qu’il fallait nuancer mage et quelqu’un utilisant de la magie. Il pensait, tout comme moi, que cela pourrait être quelqu’un possédant des dons sans forcément les utiliser publiquement. Puis il parla de Maïssa, ce qui s’appliquait aussi au Roi des cauchemars.

Tout de même vexée, elle réaffirma que rien de tel qu’une lame planté dans le coeur pour tuer le dragon. Elle affirma ne pas connaître de gens tel que décrit par moi ou Jorus… puis elle fit brièvement mention de son frère, tout en précisant qu’il avait perdu la raison et rôdait quelque part dans le Royaume.

Visselion abonda dans mon sens au sujet du titan d’Andel’Ys, précisant notre magie et son pouvoir de contrôle.

Akihito se rallia alors à notre idée. Par contre, il semblait penser que la présence de Xël serait nécessaire.

(ou bien Silmeria… elle est puissante aussi… quoiqu’imprévisible. )

Il demanda si quelqu’un d’entre nous possédait un moyen de communiquer avec Xël.

Alors qu’Akihito s’interrogeait sur notre nombre, Jorus s’attardait plutôt sur le comment. Il parla ensuite de son expérience dans la tête du titan des tempêtes avant de se tourner vers Visselion qui avait lui aussi pénétrer l’esprit d’un titan.

Pendant la discussion, j’avais remarqué une grimace de la part d’Yliria après avoir goûter le vin. Je reniflai alors mon verre, et le redéposai sans y goûter et sans faire le moindre commentaire.

"Je comprends qu'avec Xël on augmenterait nos chances de réussite,... mais pour le moment, à défaut de pouvoir le faire revenir, il faut faire sans lui. Pour ce qui est de l'esprit des titans, vous êtes meilleurs juges que moi. Je vous fais confiance. "

Puis levant mon index en l'air :

"J'aimerais revenir sur un point."

Puis regardant Alleriia :

"Parlez-nous davantage de votre frère... Quelles sont ses capacités qui pourraient nous être utiles ? Et en quoi est-il taré ? Il ne sait pas se contrôler ? Il confond rêve et réalité ? autre chose ?"

Au questionnement de Jorus, Visselion répondit qu’il fallait simplifier la chose, en ayant comme seul objectif de comprendre et se faire comprendre par le titan, par télépathie par exemple.

Alleriia n’était pas enthousiaste à mon idée de faire appel à son frère, précisant que la bête intérieure de son frère avait pris le dessus sur lui. Il était désormais, sauvage et violent et il se pourrait même qu’il nous considère comme des proies potentielles. Mais Jorus insista, précisant que notre magie pourrait peut-être contrôler ses pulsions animales. Alleriia répondit qu’elle ne savait pas où il se trouvait. Elle lui conseilla d’oublier cette idée et regrettait d’avoir parlé de lui.

Yliria rassura Akihito en précisant que Xël pouvait se débrouiller seul sans souci. Puis rajouta que c’était elle et non Guigne qui s’opposait à la présence des mâles, précisant que Guigne aimait les hommes en tartare dans son assiette.

Je souris à Aleriia et lui répondis

"Oublions votre frère alors... Mais vous, seriez-vous prête à vous battre à nos côtés ? "

Enthousiaste, sans réfléchir, elle répondit par l’affirmative, toute fière de venir en aide à son “Andy”.

Puis je rajoutai après avoir écouté l'opinion de chacun.

"Demain, ça me va pour tenter de communiquer avec le titan."

Machinalement, sans y penser, je ramassai la coupe de vin et la portai à mes lèvres, mais l'odeur me saisit aussitôt et je le reposai sur la table sans y goûter.

Puis à Yliria tout en souriant:

"C'est gentil de votre part de penser à nous garder en un morceau. Et ne vous inquiétez pas, je n'avais pas l'intention de vous accompagner, inutile d'être trop nombreux."

Ce à quoi l’interpellée répondit qu’il ne s’agissait pas de gentillesse, mais la moindre des chose et nous garder en un seul morceau c’était ce qu’elle tentait de faire depuis le début de notre aventure et semblait croire que nous ne l’aidions guère à ce niveau. Mais elle apprécia tout de même que je reconnaissais ses efforts.

Jorus s’exclama soudainement précisant qu’il avait oublié son monocle et qu’il pourrait savoir où se trouvait Xël. Ce qui me surprit agréablement, je ne savais pas qu’il possédait un tel objet.

Après que Dracaena m'eut prêté son anneau, je le présentai aux autres et je leur demandai:

"Puisque nous sommes appelés à nous séparer, il serait utile que vous acceptiez d'être marqué de cet anneau afin que l'on puisse communiquer ensemble si nécessaire."

Cela dit je tendis l'anneau à mes compagnons.

Jorus comprenait le fonctionnement de l’anneau,mais ne souhaitait pas être marqué par l’anneau, il se raviserait peut-être si cela s’avérait absolument nécessaire. mais Akihito n’approuva pas mon idée, précisant qu’il s’agissait d’un moyen de communication exceptionnel. Apparemment, Akihito ne m’avait pas bien compris, j’avais bien parlé de l’utiliser en cas de nécessité. La journée avait été longue et j’étais plutôt fatigué, je laissai donc tomber l’idée de lui expliquer en longueur mon avis, ne souhaitant pas tomber dans une discussion à rallonge. Il parla ensuite de ses marques et questionna Jorus sur ce monocle. Ce dernier répondit qu’il n’avait qu’à le placer dans son oeil et à demander de voir la personne désirée. Cela ne fonctionnait que si la personne mentionnée avait de l’importance à ses yeux. Yliria ne souhaita pas être marqué, mais trouvait intéressante l’idée des marques de l’Ynorien.

Jorus précisa qu’il avait pu voir Maïssa et Simaya. L’énoncé de belle dame blonde fit réagir immédiatement Glanaë qui voulut en savoir plus. Akhito lui résuma alors la situation, précisant que même si elle était intervenu à Néo-Messaliah, le sans visage nous avait confirmé son décès.

Puisque personne ne semblait vouloir se faire marquer par l'anneau, je le rangeai dans mes poches avec l'intention de le remettre à Dracaena lorsque je monterai à l'étage me coucher.

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