Lande Noire

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Xël
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Re: Lande Noire

Message par Xël » ven. 14 avr. 2023 22:50

Il se présente comme étant la Justice et observe avec insistance Mathis pour l’encourager d’un ton menaçant à avouer ses crimes. Je reste silencieux tandis qu’Akihito demande des explications et que Mathis se justifie, arguant qu’il a demandé un jugement uniquement pour Silmeria et que les autres peuvent être libérés. Mais Justice ne l’entends pas de cette oreille et selon lui tous méritent un jugement. Evidemment, au fond personne n’est innocent et je comprends qu’essayer de prouver le contraire est une perte de temps. Je ne le quitte pas du regard, réfléchissant à un moyen de prendre le juge à son propre jeu, à son propre sens aigüe de justice.

Pendant ce temps, je distingue Yliria qui retourne vers la grotte tandis que Mathis donne plus d’explications sur les raisons de son invocation et j’apprends que ce serait un cauchemar dont la Régicide serait à l’origine. Mon esprit fait un lien avec ce qui s’est passé dans la salle du trône quand Akihito est soudain devenu amorphe. Elle aurait ce genre de pouvoir ou est-ce un don d’Aliaénon ?

Ce n’est pas le moment d’y réfléchir car pour l’heure il faut sortir les autres de leurs geôles et leur éviter une sentence éternelle comme la décrit Justice. Je me demande alors quel est l’étendue de sa puissance ? Est-il capable d’enfermer n’importe qui et de le juger ? Alors j’ai peut-être une idée et prends la parole à la suite de l’Ynorien qui persiste dans ses négociations.

« J’ai également une question. Jugez vous seulement les humains ou considérez vous que toutes les créatures méritent de se plier à la justice ? »

Mathis à ma suite se confesse sur son passé de voleur, de menteur, d’orgueilleux et prétentieux ainsi que des quelques morts qu’il a semé. La réaction du juge est immédiate et le voleur sincère est déclaré coupable, enfermé immédiatement dans un cristal. Akihito est accusé d’être trop présomptueux et menacé de devoir passé au jugement. Quant à moi il me répond ce que j’attendais, il juge tout ceux qui doivent être jugés. Une faille dans laquelle je m’infiltre prudemment pour ne pas finir enfermé à mon tour.

« Et pouvons nous savoir pour quels crimes ils sont jugés ? Après tout je connais une créature qui a commis bien plus de méfait que cette troupe là. Je peux en témoigner. »

Justice m’encourage à témoigner et Akihito à comprit où je voulais en venir car il propose une libération en échange d’une mission périlleuse pour le bien des innocents. Je renchéris:

« Vous devriez également prendre en compte que nous tous désirons arrêter un dragon noir qui tue, détruit et vole la puissance qui ne lui appartient pas. Venant d’un autre monde où il a déjà commis l’innommable. Si vous enfermez ces gens de façon éternelle, il nous sera plus difficile de traquer ce criminel. »

Mais il ne se laisse pas berner facilement et même si on avance il nous accuse d’être des justiciers sauvages et m’invite à formuler une plainte avant de nous encourager à nouveau à nous confesser. Je devine qu’il ne peut rien contre nous tant que nous n’avouons pas nos crimes. Malgré le sentiment oppressant que provoque son regard le mot d’ordre est simple: ne rien avouer. Je poursuis avec l’Ynorien, voulant tous les deux le mener sur le même chemin et formule une plainte à l’encontre du Dragon Noir. Le mieux serait qu’il parte le traquer lui même pour l’enfermer éternellement dans un titanesque cristal mais mon espoir est vite piétiné car pour pouvoir le juger c’est à nous de devoir l’amener devant Justice. Mais… il me prend pour un jambon ? D’un côté nous ne devons pas faire les justiciers et de l’autre nous devons lui ramener les criminels ? Je ne me laisse pas abattre et cherche à user de ses règles idiotes pour libérer les autres.

« Nous ne parlons pas d’un lézard innofencif, c’est une bestiole capable de vaincre les Titans de ce monde. Sans ces personnes, aucune chance de l’amener jusqu’à vous. Alors à moins d’avoir une façon facile de vous contacter quand nous l’aurons retrouvé, nous aurons besoin d’eux pour amener le dragon devant la justice. »

Mais il avoue qu’il s’en tape des moyens mais que je ne dois pas m’inquiéter car la justice triomphe toujours. Je comprends alors que ce n’est qu’un trouduc’ et qu’il est autant la justice que je suis le raffinement et l’élégance.

C’est à ce moment que débarque le rageux du village, ordonnant la libération des prisonniers. Le juge se tourne vers lui avec un sourire carnassier pendant qu’Akihito cherche encore l’apaisement. Je décide pour ma part d’arrêter de prendre des pincettes avec ce sac à merde.

« C’est vrai que si vous n’aidez pas à l’attraper et si vous ne libérez pas, même de façon temporaire, les personnes aptes à arrêter ce criminel de grande envergure alors c’est que vous cautionnez qu’il y ait d’autres victimes. Je me vois donc forcé de formuler une nouvelle plainte contre vous pour obstruction à la justice. Si je disposais de quelques preuves je vous soupçonnerai même de complicité voir de corruption. N’avez vous vous même rien à confesser ?
Dans tous les cas nous ne pouvons faire un procès équitable sans la présence de tous les témoins. »


Je désigne les cristaux d’un geste large.

« Et de vos propres mots vous ne pouvez vous soustraire à la Justice. Ce serait vraiment… Injuste. »

(Maintenant libères les ou je te fume.)

Ai-je envie d’ajouter. Justice réagit en proclamant qu’il jouit d’une immunité totale. Bah voyons ! Et en plus il me menace ! C’est décidé il sera le premier juge à aller sur la lune. Et Bellarien semble avoir une volonté similaire mais quelque chose d’inattendu se produit et surprend même Justice qui demande comment Jorus a pu se sortir seul de sa cage.

Yliria se précipite vers lui et se montre cinglant à l’égard du juge.

« Visiblement votre justice est soit faillible, soit au-delà de votre propre compréhension, alors libérez les autres, puisque ça n'a pas lieu d'être si le traitement n'est pas juste pour tout le monde. »

"Libérez les prisonniers Justice. Vous n'êtes plus en mesure d'appliquer votre jugement impartial."

"Oui franchement là. C'est pas très sérieux."

Justice s’énerve et ce qui devait arriver arriva. Par sa magie des cristaux rouges apparaissent au sol pour agripper nos pieds et je riposte d’un sort venteux tandis qu’Akihito parvient à détruire la magie qui cherchait à nous immobiliser. Mais mon sort ne se passe pas comme prévu et un autre vent se lève à l’odeur insupportable. Je lève la visière de mon casque sentant le pire arriver, j’ouvre la bouche et me penche en avant pour laisser sortir ce qui remonte de l’estomac.

« BLEUAAAAAAARGLLLL ! »

Je prends une inspiration. Erreur. L’odeur est toujours présente et une nouvelle salve de gerbe remonte dans ma gorge.

« GLRG ! GLRG ! GRLAAAAAAAEUUURG ! »

Je sens les morceaux de mon dernier repas rouler sur ma langue avant de s’écraser au sol dans un bruit distinctif. Je vide mon estomac avec plusieurs jets avant d’en lâcher un dernier suivi d'un crachat qui me dégouline sur le menton. Je baisse ensuite ma visière puis utilise ma magie pour tenter de faire s’envoler le chapeau du Juge en me disant que son pouvoir réside peut-être dans son étrange chapeau, sans effet. Je cherche alors à détruire un cristal avec ma magie mais rien ne se passe. J’essaie encore de subtiliser le chapeau du juge à travers un portail mais là encore c’est un échec. Agacé j’utilise le sort contenu dans mon tatouage.

« Prends ça faquin ! »

Cette fois ça fonctionne. Le juge est emporté par le vent et traîné sur le sol rocailleux en laissant une trace de sang. Les coups répétés des autres l’ont mit dans un sale état mais les cristaux sont toujours présents. Bellarien nous crie de l’achever mais ma magie me trahit encore, m’empêchant de renforcer l’attaque de la bretteuse. Conscient de sa mort proche il compte bien emporter les autres avec lui et les cristaux se couvrent de veines noires menaçantes. Je pose un regard inquiet sur la cage de Simaya tandis que l’Ynorien me demande si ma rune fonctionnerait. L’idée est bonne et je cours vers la prison de l’Esserothéenne pour y apposer la rune porte, espérant pouvoir la faire sortir de là.

« Xegu ! »

Prononçais-je avec espoir. Une porte apparaît alors, donnant sur ce qu’est entrain de subir Sim’. Une pièce infinie d'ombres où deux Simaya identiques se font face. L'une d'elle est au centre d'un dôme lumineux, l'autre dans un dôme d'ombres. Décontenancé par la vision des deux femmes, j’entends tout de même Akihito me demander un portail. Je tourne la tête vers lui et m’exécute, lui ouvrant un portail vers le dos du juge avant de me préoccuper à nouveau des Simayas.

« Hey ! Sortez d’ici ! »

Je tends mes mains vers elles pour les tirer vers l’extérieur tout en y jetant un regard et constater l’état des cristaux restants, me laissant présager le pire pour ceux qui y sont enfermés. J’entends également une voix étouffé me demander de fermer mon portail. Akihito ? Je comprends ce qu’il veut faire, seulement je ne le vois plus à travers ce cristal rouge duquel dépasse le haut de mon portail.

Mais … Oui je pourrais. Je pourrais essayer ça !

« Simaya ! J’ai besoin que tu augmentes ma magie pour pouvoir sauver les autres. »

Sans même attendre son action je me concentre et tant pis si ça me plonge dans l’inconscience, au moins je pourrais sauver les autres ! Je me concentre sur les cristaux, les visualisant comme des bouteilles auxquelles je voudrais couper le goulot. Je ferme les yeux, visualisant mon sort dans mon esprit. Je veux faire apparaître plusieurs portails, l’espace d’une simple courte seconde avant de les refermer et ainsi espérer couper le haut des cages.

Une fois que ce que je veux faire est bien visualisé dans mon esprit je prends une profonde inspiration, ouvre les yeux, coupe ma magie avec le portail ouvert pour en avoir un de moins sur lequel me concentrer puis libère ma magie pour en former trois autres sur les cristaux restants. Comme dans mon esprit, je me concentre pour les former vers le haut de la cage et une fois parvenu je couperai ma magie pour en couper le haut.


((Demande l'aide de Simaya pour booster sa magie. Ferme le portail d’Akihito pour en ouvrir trois autres au sommet des cages restantes pour tenter de les ouvrir en refermant les portails.))

Mot: faquin

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Yliria
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Re: Lande Noire

Message par Yliria » sam. 15 avr. 2023 00:23

Et mon pressentiment était justifié. Cette… chose avait été appelée par Mathis et avait enfermé tout le monde dans des cristaux. Et il se présentait comme la Justice. Je laissais de côté les raisons d’une telle apparition, l’important, dans l’immédiat, était de faire sortir tout ce beau monde des cristaux. Les baffes viendraient plus tard. Je gardai mes armes en main, prêt à lui sauter dessus au moindre geste suspect, me fichant pas mal de ce que ce truc pouvait en penser. La justice était aveugle et inégale, j’en avais eu tellement de preuves que je n’essayais même pas de trouver une excuse pour ne pas être méfiante. Cela ne me disait vraiment rien qui vaille… Je rangeais tout de même mes armes. Si ce… Justice avait dans l’idée de tuer tout le monde, mieux valait ne pas l’énerver.

- Mathis peut pas partir visiblement, tu veux bien aller prévenir Bellarien ? J'essayerai de gagner du temps ici.

je jetai un œil à Akihito, puis à Mathis qui était prostré. J’eus envie de lui botter le cul à cet inconscient irresponsable, mais je me retins. Il y avait plus urgent. Je hochai la tête. Même si ça ne me plaisait pas, je n’étais pas la mieux placée pour discuter calmement. J’espérais vraiment qu’ils réussiraient à s’en tirer avant que je ne revienne.

- J'y vais, mais au moindre problème, tu cries. Je fais vite.

Et je fis vite. Courant dans la grotte en cherchant le fameux Bellarien que je finis par repérer. Pas trop tôt. Il était visiblement occupé mais leva la tête vers moi quand je freinai non loin de lui, le souffle un peu court.

- Monsieur Bellarien ! On m'a dit que vous évacuiez tout le monde. Y a -t-il une autre sortie que celle où se situe l'âme ?

- Non. Qu'avez-vous tous à me demander ça ? Il faut nous presser avant que vous commettiez d'autres méfaits. C'est votre compagnon qui l'a dit.

D’accord… Question enthousiasme et amabilité j’avais connu mieux. Et ses paroles me laissai perplexe.

- Comment ça d'autres méfaits ? Enfin bref, je suis pas là pour ça. Il y une créature qui est apparue à l'entrée, qui se prétend être la justice incarnée ou je ne sais quoi. C'est sans doute dangereux pour les habitants de sortir tout de suite, on se sait pas trop ce dont elle est capable.

Visiblement Silmeria avait réussi l’exploit d’énerver Bellarien. Rien d’étonnant en s, je ne l’imaginais pas être particulièrement patient, vu ce qu’il disait et la façon qu’il avait de soupirer comme si je l’emmerdais.

- La folle ? Ah, Silmeria? Elle risque pas de toucher l'orbe pour le moment. Pas plus mal...

A cause de la nouvelle menace que Mathis avait si généreusement amené, mais ça je me gardai bien de le dire. Même si visiblement Bellarien avait déjà son avis sur la question.

- La justice incarnée ? Je dois faire quoi du coup ? Evacuer, pas évacuer ? Vous assurez le coup avec l'orbe ? Vous avez besoin d'aide pour cette créature ? Jamais entendu parler en tout cas... Encore un truc que vous avez ramené avec vous ?

- On n'a rien ramené du tout, je sais pas trop d'où vient cette chose, ni ce qu'elle veut vraiment . Je venais juste vous avertir au cas où c'est dangereux pour vous et les autres habitants. Mieux vaut sans doute les tenir à l'écart tant qu'on n'est pas sûr de ce dont elle est capable ou si elle peut s'en prendre à eux. Enfin sauf si vous avez une meilleure idée.

- Et quel est le danger ? Je peux aider ? Qu'en est-il d'Alossarh ? De Visselion ?

- La créature a un espèce de chapeau avec un oeil et une balance et tous ceux qui étaient dehors sont enfermés dans des espèces de cristaux rouge sang. Akihito essaie de négocier, mais je ne sais pas ce que ça donne. ça vous dit quelque chose ?

Visiblement personne n’avait entendu parlé d’une telle chose, donc il était possible que Mathis ait littéralement créé un être de toute pièce. Que la magie d’Aliaénon soit puissante, d’accord, mais de l à créer la vie ? et une vie sacrément puissante vu ce qu’elle avait été capable de faire… Et voilà que Bellarien décide d’aller sur place alors que c’était précisément l’inverse qu’on aurait préféré. Et en plus il demanda à deux autre humains de venir. Vraiment ça ne me plaisait pas beaucoup, surtout vu le regard de l’un des deux.

- Vous êtes sûr ? Je préfèrerais qu'on évite d'attaquer ce truc tant qu'il y a des gens enfermés. Qui sait ce qui peut leur arriver si leur geôlier meurt ou décide de détruire les cristaux si on s'en prend à lui.

Je ne récoltais qu’un reniflement dédaigneux qui me hérissa le poil aussitôt. J’inspirai pour ne pas lui remettre les idées en place et demandait aux deux autres qui ils étaient alors que je leur emboîtai le pas. Le « Frères » craché par l’un des deux me fit presque m’arrêter. Il y avait une véritable haine dans son regard et sa voix. Qu’est-ce que j’avais fait ? le us âgé des deux, en revanche, s’approcha et répondit plus cordialement. Visiblement tout el monde n’était pas d’infâme trou du cul, c’était déjà ça.

- Lui, c'est Bragan. Moi, c'est Bérel. On nous a jamais dit du bien des vôtres... M'enfin, ça a pas l'air si pire.

Merveilleux, voilà que je payais encore les ts cassés d’autres alors que je n’étais pour rien dans ce qui pouvait bien les diviser. Absolument parfait, tout ce qu’il me manquait. On se serait cru sur Yuimen… Enfin, vu les membres du groupe, je ne pouvais pas vraiment leur en tenir rigueur.

- Tous les Yuimeniens ne sont pas semblables, mais je ne peux pas en vouloir à votre frère, j'ai moi-même des problèmes avec des gens dans ce groupe... Pardon, je ne me suis pas présentée, Yliria. Il y a une raison particulière pour que Bellarien vous demande de venir ?

Et ce n’était vsiblement pas le cas, lui-même ne sachant pas pourquoi il était supposé venir. Bien… encore une fois le partage d’information c’était en option sur ce monde. A croire qu’antagoniser son voisin était plus important qu’expliquer clairement ce qu’on pensait et voulait faire. J’apostrophait Bellarien, histoire d’en savoir plus. Cela commençait déjà à m’emmerder.

- C'est quoi votre plan exactement ? Ramener plus de monde va servir à rien si on sait pas gérer ce truc. Ça va juste augmenter les risques pour eux.

- Mêlez-vous des vôtres, je me mêle des miens. Ces deux-là ensemble offrent plus de possibilités que nous tous réunis.

Bien, il voulait jouer aux cons, il était tombé sur la mauvaise pioche. Même s’il avait accéléré le pas, je le rattrapai et lui barrait la route. Ça commençait sérieusement à me courir tous ces cons incapables de mettre leurs foutus problèmes personnels de côté pour le bien commun.

- Hey, je sais pas quelle dent vous avez contre nous, mais je commence à en avoir marre des attitudes égoïste de chacun. Je vais pas risquer la vie de tous ceux sur place juste parce que vous avez peut-être une idée que vous ne partagez pas. Si vous pouviez prendre une minute juste pour expliquer ce que vous avez en tête, parce que visiblement vous êtes le seul à en avoir une, ce serait quand même plus utile que juste foncer là-bas sans qu'on sache quoi faire une fois sur place.

J’essayai, vraiment j’essayai d’être diplomate et de ne pas directement lui hurler dessus en lui disant qu’il était clairement un con, mais il ne m’aidait vraiment pas.

- Vous dites qu'il y a un danger, je vous amène deux sorciers puissants pour aider. Y'a aucun plan. Et c'est pas de gaieté de cœur que je le fais. Et certainement pas pour vous et les vôtres.

Et voilà qu’il me bouscule pour passer. Ça y’est, j’en ai marre là. Je lui attrape le bras au passage, l’arrêtant net et le fixant droit dans les yeux. Restez diplomate…

- Hey, on n'est pas vos ennemis. Je débarque ici en essayant de vous aider, alors ayez au moins l'amabilité de pas me traiter comme la crasse que vous avez sous vos bottes. Vous pouvez faire ça ?

- Pas nos ennemis, ça reste à voir. De ce que je sais, les vôtres n'aidez que vous, sans vous soucier des conséquences que vous laissez derrière votre passage chaotique. Alors lâchez moi et réglons cette histoire. Plus vite vous serez loin d'ici, mieux je me porterai.

Il essaya de se dégager, mais je resserrai ma prise, soutenant son regard incendiait sans ciller. Il était vraiment mal tombé s’il pensait que son petit numéro allait prendre avec moi. Bérel chercha à calmer la situation, mais j’allais mettre les choses au clair dès maintenant.

- Je ne sais pas ce qui vous oppose aux autres, mais laissez-moi être claire. J'ai laissé derrière moi beaucoup de gens auquel je tiens pour venir ici et aider les vôtres, quitte à y laisser ma peau. Je ne suis pas responsables des actes des autres et je n'ai certainement pas l'intention d'être traitée comme de la merde parce que vous avez une rancune qui ne me concerne pas. Vous ne me voulez pas comme ennemi et vous n'avez certainement pas envie de me foutre en rogne à cause de quelque chose dont je ne suis pas responsable. Donc soit vous agissez en personne saine d'esprit et responsable et on trouve une solution conjointe pour régler les problèmes de manière durable comme je m'efforce depuis le début, soit ça se passe mal et on n'ira nulle part.

- C'est ce que je fais. Et ça ne nécessite aucune courbette, ni de votre côté, ni du mien.

Je plissai les yeux, mais le lâchai. Je n’avais pas envie qu’on en vienne aux mains, mais il fallait que certaines choses soient dites dès maintenant.

- Dans ce cas allons trouver une solution pour sauver les vôtres ET les "miens", comme vous dites. Et si vous avez des choses à dire, dites-les aux concernés. J'en connais qui mériteraient de redescendre du foutu piédestal qu'on leur a érigé dans le coin.

- Ce Xël ne mérite en rien son élévation...

Il marmonna et me passa devant sans rien ajouter, suivi de Bragan. Je les observai un instant avant d’emboiter le pas à Bérel qui m’incitait à les suivre.

- Navrée, mais j'ai assez vécu toute ma vie en étant traitée comme une moins que rien, il fallait mettre les choses au clair. Pourquoi a-t-il une telle dent contre nous ?

J’avais l’impression de lui demander la pire chose au monde, au vu de sa réaction. Il se mit à murmurer, me forçant à approcher mon oreille pour pouvoir percevoir ce qu’il disait. J’avais les oreilles pointues, mais je n’avais pas une ouïe surhumaine, par Gaïa !

- Par ici, on dit que les gens de Yuimen sont la cause de tous les maux de ce monde, depuis qu'ils sont venus. Bellarien, c'personnel, en plus du reste. Vot' collègue a tué son frère.

Ah… Voilà une information que le concerné et le responsable avaient apparemment « omis » de mentionner. Sans doute un bête oubli… Ce que ça m’énervait…

- Ceci explique cela. Vous seriez d'accord pour m'en dire plus, plus tard ? j'aimerais vraiment comprendre et c'est pas évident d'obtenir des informations auprès de certains...

- Ouais, j'peux. Mais évitez mon frère, il apprécierait pas que je... pactise.

- Merci, je reviendrai vers vous quand... on aura réglé le problème.

C’était plus facile à dire qu’à faire et, visiblement, ils en étaient au même point. A ceci près que Mathis avait apparemment rejoint le panthéon des cristaux. Et Bellarien indiqua subtilement notre arrivée.

- Qui que vous soyez, libérez ces êtres sur le champs, et quittez ces terres qui sont les nôtres !

Je soupirai et m’appuyai sur un rocher non loin. Visiblement, il n’avait vraiment aucun plan, ça en devenait risible. Pendant ce temps, Akihito et Xël continuaient apparemment de trouver une faile dans l’argumentaire de Justice, qui se contentait globalement de dire que la Justice était au-dessus de tout et impartiale. Ça me faisait doucement rigoler, tout ça. je rigolai beaucoup moins, par contre, quand un cristal s’ouvrit et que Jorus en sortit, visiblement mal en point. Je n’hésitai pas et me précipitai vers lui. Si ce Justice l’avait tué, je me chargerais moi-même de le lui faire payer au centuple !

- Jorus ?! Jorus ?! Est-ce que ça va ?

Je m’agenouillai près de lui et lui redressai la tête. Meno soit loué, il était vivant, même si je l’avais vu dans de meilleures dispositions. Il ressemblait globalement à un cadavre, et ça n’était pas qu’à cause du teint pâle qui tranchait avec sa peau d’habitude plus mat. Je jetai un regard haineux au « Juge » qui semblait trouver cette situation impensable. Comme quoi, la justice…

- Visiblement votre justice est soit faillible, soit au-delà de votre propre compréhension, alors libérez les autres, puisque ça n'a pas lieu d'être si le traitement n'est pas juste pour tout le monde.

Je sentis la main de Jorus agripper faiblement mon poignet et serrai sa main. Je détestai vraiment voir des compagnons blessés, mais Jorus était un frère d’armes et ça me foutait salement en rogne de le voir dans un tel état. Si on survivait, Mathis allait m’entendre, et pas qu’un peu. Restait qu’il fallait se débarraser du Juge et de ses cristaux, mais il n’avait apparemment pas beaucoup apprécié notre « insolence » et d’autres cristaux commençaient à se former autour de nous. Jurant, je tirai mon bouclier et frappai ceux qui retenait mes pieds, sans grand succès. Je n e sus trop comment, mais ce fut Akihito qui nous en débarrassa. Sans attendre, j’agrippai Jorus, le collai conte ma poitrine et décollai en toute hâte, voulant à tout prix l’éloigner du combat qui se préparait.

- Me claque pas dans les bras, Jorus…

Je repérai un rocher et y atterrit, le déposant délicatement sur le sol, m’assurant que le juge ne pouvait le voir. Face à son état, j’hésitai à le laisser seul là, mais j’entendis Xël pousser de drôle de bruit et tirai ma rapière. Plus vite on se débarrassait du Juge, plus vite on pourrait s’occuper l‘état de Jorus. Après une dernière brève hésitation, je décollai pour foncer directement sur l’enfoiré avec son casque stupide, bien décidée à lui faire passer l’envie d’enfermer des gens. Casque qui bougea si vite que je faillis m’encastrer dans une de ses balances et je n’esquivai que de justesse. Résultat, ma rapière, au lieu de lui arracher la tête, ne fit que lui égratigner le visage. Je fis volte-face, ignorant complètement le fait qu’Akihito essayait encore de raisonner cette chose. C’était trop tard là. Un coup de rapière bien placé ferait l’affaire. Mais cette chose avait de la ressource et je sentis mon bras s’arrêter net et ne plus me répondre, soudainement recouvert de cristaux. J’eus beau forcer, rien ne bougeait.

- Tente quoique ce soit, et elle perdra son bras.

Il s’adressait à Akhito et ça m’enragea encore un peu plus. Il se servait de moi comme otage ? Et puis quoi encore ?!

- Mauvaise cible, tête de vit !

- Mauvaise cible, radeuse de bas étage !

Cela me fit presque sourire d’entendre Akihito répondre de la même manière que moi. Je levai mon pied et l’enfonçai dans l’œil situé sur le chapeau, avec un effet tout relatif, juste avant de sentir mon bras se libérer et les cristaux filer droit vers le juge pour l’embrocher. L’espoir se transforma vite en horreur en voyant la pointe ricocher contre une barrière invisible et s’enfoncer dans el torse d’Akihito, le perforant brutalement.

- Aki !

Il n’était pas mort, juste salement amoché... "juste"… je tournai la tête vers le juge, folle de rage, et me ruai sur lui alors qu’il avait été projeté plus loin, sans doute par Xël. Il n’aidait pas vraiment sur ce coup, l’aéromancien… Je fondis sur le juge qui se releva de manière bizarre, comme s’il était porté par quelque chose, et une barrière de cristal se forma devant lui. Jurant, je la détruisis sur le coup, mais je n’avais pas réussi à toucher cette ordure qui décida de prendre tout le monde en otage. Les cristaux se teintèrent de veines noirâtres. Il n’y avait vraiment que les lâches pour user de telles méthodes. Il ne voulait pas qu’on use de nos armes ? très bien. J’inspirai et imaginais une bulle d’anti-magie, similaire à celle de Simaya.

- Ah…

J’avais eu ma bulle… en quelque sorte. Elle m’entourait, me coupant totalement du reste. Ej pouvais voir les criatux noircir, mais j’étais incapable de faire quoi que ce soit. Je vis même Visselion, libéré plus tôt par les jumeaux au talent insoupçonné, mais réel, tenté de frapper la bulle avec une dague, sans succès. Je tapotai la paroi qui semblait solide et, plutôt que d’essayer de détruire ce qui pouvait être une bulle fort utile plus tard, je décidai d’essayer de juste… aller ailleurs. Je visai un point au-dessus du juge et, l’instant d’après, je retrouvai l’extérieur, le son et le vent. Je déployai mes ailes et observai un instant la tentative d’Akihito et Xël qui cherchaient sans doute à couper le juge en deux grâce au portail. Et pendant ce temps, les cristaux noircissaient encore plus et l’un des deux jumeaux étaient apparemment épuisés et incapables de sortir les autres de là. Je filai vers Bérel, atterrissant à ses côtés.

- Je vais essayer de vous aider, il faut sortir tout le monde de là au plus vite.

Je me concentrai et tentai de transférer mon énergie vers lui, dans l’espoir de contrer sa fatigue et lui permettre de continuer d’envoyer son sort sur son frère. Si le plan d’Akihito et Xël ne fonctionnait pas, c’était le seul moyen de sortir nos compagnons de leurs cristaux, le juge étant impossible à atteindre avec cette foutue barrière de cristaux.

(Meno, faites que ça marche.)


***

Tente de donner de l'énergie à Bérel pour qu'il continue de transformer son frère et sauver les autres des cristaux.

jeu des mots : Vit

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Dracaena Paletuv
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Re: Lande Noire

Message par Dracaena Paletuv » sam. 15 avr. 2023 00:50

"Coupable. La condamnation prend lieu dès maintenant, et la sentence est irrévocable."

Cette voix bizarre résonna de nouveau, et soudainement, tout autour de moi, le noir s'installa. Un noir pur, profond, plus noir que le charbon de mes blessures, plus noir que le fond des grottes dans lesquelles j'avais passé du temps enfermés, plus noir que le vide dans la tête de certaines personne que j'avais pu rencontrer.

Sombre, sombre pourtant plus sombre.

En tout cas, je n'étais plus enfermé dans ce cristal. J'étais désormais libre de mes mouvements, et je pris le temps de souffler un peu pour me remettre de ce qui venait de se passer. Je n'avais pas fait de "crise" comme ça depuis un moment, et ça ne m'avait guère manqué, même si je mentirais si j'disais qu'y étais pas habitué à force. Rien de plus que le souvenir de mon premier procès après la prise de mes fluides de feu.

Kerk. Rien de plus que le jour où j'ai pu voir de très près à quel point la plupart de mes pairs étaient des abrutis fermés d'esprit... Et en parlant de pairs...

Devant moi, au milieu de cette pénombre, une forme commençait à apparaitre. Une sorte de silhouette, d'ombre pourtant visible dans le noir, et je compris tout de suite à quoi cette forme me faisait penser: c'était un oudio. Mais, si je m'attendais à voir apparait une version hallucinée d'un de mes anciens amis de bois, m'ayant lâchement abandonné autrefois, je réalisai très vite que j'étais face à une tête que je ne connaissais que trop bien:

La mienne.

Quand Silméria avait parlée de vision d'horreur et de mort, je m'attendais à voir quelque chose de plus...impressionnant, il fallait bien l'avouer. Des visions de moi même, me gueulant dessus, me reprochant tout mes actes, et essayant de me faire comprendre encore et encore que je faisais fausse route sur toute la ligne, que j'avais tort depuis le début, et que tout ce que j'avais accomplis jusqu'à présent ne servait à rien, baaaaah... J'étais pas mal habitué à les voir. Rendons au cauchemar ce qui est au cauchemar, il y avait bien une petite nouveauté: cette hallucination était... calme. Très calme. Bien plus que d'habitude. En temps normal quand je la voyais, elle me sautait presque à la gorge en beuglant des trucs du styles "REGARDE CE QUE TU NOUS A FAIS!" "TOUT CE QUE TU FAIS NE SERT A RIEN!" TU TE MENT A TOI MÊME!!!", etc, etc...


"Khe, ça faisait un moment que j'avais pas fait un rêve comme ça... D'habitude t'es plus bavard toi! Et moins armée aus... Attends une seconde..."

Alors que je réalisai que mon hallucination avait sa propre version de ma lance (chose surprenante, vu qu'en temps normal elle se contentait d'être juste...moi avant mes brûlures), une autre chose me frappa. Me traversa l'esprit et le corps. Quelque chose était...Différent.
J'étais tellement occupé à ressasser tous ces vieux souvenirs que je n'avais pas pris le temps de m'attarder sur...ça. Ce truc bizarre au fond de moi. Quelque chose qui n'était pas nouveau... Une sensation familière, pas si vieille que ça...

Je regardai ma main, l'air surpris, perdu... Puis, décidant de confirmer mon impression je la pointai en direction de mon adversaire, me concentrant un peu, et repensant à ce seul sort que j'avais réussi à maitriser: "Bucher".

Et un jet de flamme, classique, habituel, pas altéré ou modifié par la magie d'Aliaénon, jaillit de ma main comme il l'avait fait tant de fois quand je m'entrainais dans mon coin, pour s'écraser contre le corps de mon hallucination.

J'avais récupéré le bon fonctionnement de mes fluides! Ma magie marchait comme avant!

...

Et merde...

Déjà? Si tôt? Mais... J'avais à peine eu le temps de tester toutes les possibilités d'Aliaénon! Mince quoi! J'avais tellement d'idée à essayer avant de...Une seconde. C'était quoi cette sensation? Pas bizarre et à l'intérieur de moi, mais familière, très familière, sur mon corps, mon écorce. Un étrange coté agréable et ...Oh non.
Oh non non non non non non non!

J'étais en feu. J'étais en feu. J'ETAIS EN FEU!!!!!

Que? Quoi? Comment? AAAAAAAAAAAAARK! L'HALLUCINATION! SA LANCE! DANS MON TORSE! LA DOULEUR! LA SENSATION! PAS UNE HALLUCINATION! REELLE! REELLE! REELLE!!!!



"KREAAAAAAAAAAAAAARKH!!!"

J'ai mal. J'ai chaud! C'est pas bien! Mauvaise chaleur, méchante chaleur, pas bon, pas bon pas bon pas bon! Stop stop stop stop stop! Doit arrêter ça! DOIT ARRÊTER CA! Eteindre! Eau! Seau! Le seau! Vite! Vite vite vite vite vite vite vite vite vite vite vite vite vite vite vite vite vite vite vite vite vite vite vite vite vite vite vite vite vite vite vite vite vite vite vite vite vite vite vite vite vite vite vite vite vite vite vite vite vite vite vite vite vite vite vite vite vite vite vite vite vite vite vite !!!!!


Je bondis vers l'arrière, m'éloignant de la lance de l'autre, puis, je saisi mon seau d'eau, encore suffisamment remplis , et je le vide complètement sur moi, éteignant les flammes. La sensation du liquide s'écoulant sur mon corps me provoque un étrange mélange de plaisir, soulagement et déception. Mais, heureusement, je me suis éteint, et vite.

Complètement trempé, je regardai cet autre moi me faisant face, lance en main, prêt à remettre le couvert... Il se mit à me regarder, droit dans les yeux, penchants la tête. Est ce que je décelai de cette silhouette de la...moquerie?


"Je brûlais d'envie de te voir. Allez. Défends-toi."


C'était... Un trait d'humour? De la provocation avec une pointe d'humour?... Okay, je connaissais suffisament mes hallucinations pour savoir que ça, c'était pas dans leurs habitudes...

"T'es pas... mon hallucination habituelle... Elle aurais jamais dis ça!

...T'es pas une hallucination tout court..."


Ce truc... la douleur que je venais de ressentir de sa lance était réelle. Non, qu'on ne me parle pas d'avoir le sentiment de, d'illusion plus vraie que nature, ou je sais pas quoi: j'avais brulé suffisamment de fois pour savoir quand c'était dans ma tête ou pas. Et la, c'était pas dans ma tête! Et comment j'avais brulé d'ailleurs?! Je ne l'avais pas vu faire le moindre mouvement, et ça a commencé lorsque mon sort... le... toucha.

...

Oh non vous vous foutez de moi? J'avais brulé parce que ce qui le blesse... me blesse à la place?

Non non non non non, pas de conclusion hâtive, il me fallait en être sur. Je fixez la... chose devant moi qui essayait de se faire passer pour moi, plongeant ma main dans mon baluchon à la recherche d'un truc à lui envoyé pour être sur. Je sortis un simple caillou, ramené des collines oniriques corrompues.

"...T'es quoi? "

Je visai son torse, et d'un coup sec, j'envoyai le caillou sur lui. Si je le sentais me frapper au même endroit, ça confirmerait ma théorie. Le projectile de fortune fila à travers l'air et l'atteignit en plein dans le mille. Ptet... un peu trop en plein dans le mille. Je vis le ptit bout de roche transpercer un bout du torse de la silhouette... Et je sentis ce même endroit me faire extrêmement mal, comme si un abruti venait d'y planter un caillou!

"KRERK!"

...Ouille... Ma théorie se confirmait...OUILLE! Je plaquai ma main contre la zone me faisant mal.

"Ouais.... Bien s'que j'me disais... Donc t'es moi... Ou en tout cas un truc qui retourne les dégâts sur moi...

C'est....Kréhéhéhé...Fascinant! Alors beauté fatale,
parce que même en silhouette, j'étais tout de même foutrement sexy répond moi: t'es quoi? Mon ombre?"

Qu'est ce que c'était que ce foutoir? J'avais vu débarquer une sorte de démon tout blanc avec un chapeau à la con juste avant d'être enfermé dans ce drôle de cristal, mais j'pensais que ça f'sait parti de l'hallucination de m'dame Silmeria, moi... Sauf que la... c'était pas une hallucination. Qu'est s'que c'était que ce foutoir?!


"Je suis toi, tu es moi, nous ne sommes qu'un ! Alors tue-moi, avant que ce soit moi qui le fasse !" me sorti l'autre moi en se marrant.

Sérieusement? Un discours à base de "je suis toi, oOoOoOoOouUuUuUuUuUh!!!" ?! Mais je n'eu pas le temps de juger intérieurement le manque d'originalité de ses répliques, car cette fois ci, c'est lui qui pointa sa main dans ma direction, et une gerbe de flamme que je ne connaissais que trop bien en jaillit, me recouvrant de nouveau de flamme, m'embraser une nouvelle fois.

Cette... Douleur... ERK... Je... Je la connaissais si bien... Cette douleur... Cette HORRIBLE souffrance... Ce que je voulais... éviter... à tous... a tout prix...
J'avais mal... Si mal... Je sentais la panique monter en moi. Toutes les horribles pensées habituelles.... la peur... les mauvais souvenirs... la douleur... et la pire de toute... cette honteuse, ineffaçable fascination pour ce que je ressentais...

Je voulais stopper, rouler, m'éteindre... Et de l'autre coté, je voulais voir... voir ce qui se passerait, ce que je ressentirais en allant jusqu'au bout, en me faisant totalement consumer. Je...ne devais...pas...penser... comme...ça. Non...Non.Non!NON!NON!!!

Une de mes jambes lacha. Je commençais à m'effondrer, incapable de soutenir mon poids, trop occupé à utiliser toute mon énergie pour me convaincre d'arrêter mes bêtises... Non!...Je devais... réagir... Répondre...S'il...Me blessait quand je le blessais...Alors...


"KRRRRR...TU...N'EST PAS...MOI! Si...Je te tue....Je me tue...Ta...Demande...A pas de sens... Si t'étais...Moi...Tu le saurais!"

En me blessant! Je le blesserais LUI! Puisant dans mes dernière forces, je frappai ma main avec violence, choisissant celle qui, pour ce maudit double, tenait la lance. En lui faisant assez mal, je la lui ferais lâcher, et moi... je souffrais déjà... bien assez...ça f'rait pas d'dif'!

Mais tout ce que j'entendis... ce fut un rire. Un rire que je connaissais bien: le mien. Une version tordu de mes esclaffements habituels. Il était toujours la, au dessus de moi, lance bien en main. Je ne lui avais... visiblement rien fait. Il se moquait de moi. C'était... insupportable. Au milieu de toute cette douleur, toute cette bataille mentale, voir ça... me voir moi même... me moquer de ma propre situation... C'était... Insupportable!

Il brandit sa lance au dessus de ma gorge. Il... il allait le faire... M'avoir... me tuer... Non... Pas comme ça... Je n'avais pas...peur de...mourir de ma...propre...main...mais... pas comme ça... Vraiment? Après...tout ça? J'avais encore... fait si peu...Arkh... J'avais encore... tant à faire... à prouver... A aider... Je...voulais...juste...aider...

La lance se rapprochait, à toute vitesse...

Je...voulais...juste...ai..der.....



CRACK!



Image



































Ce rire insupportable résonna, et soudainement, tout autour de moi, le noir s'installa. Un noir pur, profond, plus noir que le charbon de mes blessures, plus noir que le fond des grottes dans lesquelles j'avais passé du temps enfermés, plus noir que le vide dans la tête de certaines personne que j'avais pu rencontrer.

Sombre, sombre pourtant plus sombre.

Devant moi, au milieu de cette pénombre, une forme commençait à apparaitre. Une sorte de silhouette, d'ombre pourtant visible dans le noir, et je compris tout de suite à quoi cette forme me faisait penser: c'était un oudio. Mais, si je m'attendais à voir apparait une version hallucinée d'un de mes anciens amis de bois, m'ayant lâchement abandonné autrefois, je réalisai très vite que j'étais face à une tête que je ne connaissais que trop bien...

.........................

Quoi?

Non, sérieusement: Quoi?!

J'étais de nouveau debout, dans la pièce noire, ma silhouette en face, lance en main. J'avais mon seau. J'étais debout. Je n'avais plus mal. Du tout. Je me mis à me tater, à regarder mes mains, mes racines, tout ce que je pouvais observer sur mon corps. J'étais couvert de brûlure, du coup, j'avais bien subit les flammes et...Ah... Ah, non, attendez, c'était normal ça. C'était les brûlures habituelles. Sept...Huit... Non, c'était bien ça, les brûlures habituelles, rien de nouveau.

...

Mais c'était quoi ce foutoir?!


"... Peut être bien une hallucination du coup..."

Je me mis à me masser la gorge. J'avais bien senti sa lance me pénétrer... Je me massai les bras, les jambes, le torses... C'était la... je n'avais pas rêvé... Il n'y avait pas de trace, mais j'avais bien souffert, à ces endroits précis!

"....Ou pas...."


Le temps... c'était réinitialisé? Jorus avait bien eu son passage bizarre ou il était décalé rapport à nous, est ce que c'était un truc du genre? Pourtant, je ne sentais plus la magie d'Aliaénon. Mais... je ne la sentais plus en moi. ça voulait pas dire qu'elle n'existait plus, qu'elle n'influait plus. J'étais mort. J'aurais du mourir. Mais pourtant, la, j'allais clairement bien. Enfin, "bien", honnêtement, la journée avait été très fatigante mentalement et je devrais régler mes comptes avec Yliria plus tard, mais... Ouais, j'étais vivant. Alors que je devrais pas.

J'étais en enfer? C'était ça la mort: obligé de revivre la dernière chose qu'on avait vécu, encore et encore?

...

Nan, c'était pas cohérent, j'aurais du déjà être à terre, en feu, et à la merci de mon double débile.

Il était la, lance en main, avec sa tête d'abruti (très sexy quand même), à me regarder, prêt à en découdre... Si c'était comme tout à l'heure, c'est sur qu'lui avait toutes les raisons de vouloir s'bagarrer: il prenait pas les coups, tout me revenait dans la tronche!


...Bon... Il ne restait plus qu'une chose à essayer:

La fuite!

Sans perdre un instant, je tournai les racines et me mis à courir le plus vite possible loin de cette infernale situation, et je me retrouvai... face à mon double. Qui m'attendait tranquillement, comme s'il savait que ça allait se passer comme ça...

"...Bien sur...."

ça aurait été trop facile hein? Bon ,s'il fallait se taper, j'allais pas rester à ne rien faire et prendre les coups. Je dégainai ma lance, histoire d'avoir quelque chose pour parer l'autre et son air narquois. Kerk, le jeu étais truqué en sa faveur: impossible de le frapper sans que je prenne les coups à sa place, lui pouvait me taper et n'étais pas blessé en retour, impossible de s'éloigner trop, ça me ramenait jusqu'à lui...

C'est sur que moi aussi avec des conditions comme ça en ma faveur j'aurais un sourire de mange merde...


"Dit moi..."Moi": s'quoi ma sentence concrètement? J'suis condamner à me tuer pour l'éternité?"

"Te tuer ? Kréhéhé. Quel orgueil ! Tu es condamné à mourir de ma main pour toujours !"

Ta... ta réponse à pas vraiment de sens champion, tu viens globalement de dire la même chose que moi.
...Bon, pour sur il a ma sensuelle apparence, mais clairement pas mon superbe intellect.

Grand dieu débile, je suis coincé face à une version bimbo meurtrière de moi même qui s'y croit trop...
Tu parles d'un enfer.


"C'est siiiiiiii original... Bien la preuve que t'es pas vraiment moi, "Moi": j'ai bien plus d'imagination et de classe que ça."

Mais vous savez quoi? S'il est débile, alors j'ai bien l'intention d'en profiter! Il est tellement dans son ptit délire de "condamnation mortelle gnagnagna" qu'il va oublier un truc tout bête: j'suis pas obligé de le tuer. Je peux juste l'immobiliser.

Sans plus attendre, je me met à balayer d'un mouvement vif ses jambes grâce à mon bâton pointu!

"Weulah !"

N'ayant pas envisagé ça, il se prends le coup de plein fouet, et se ramasse magistralement sur le sol. Si je sens le choc dans mes propres jambes, ça n'est clairement pas assez douloureux pour me faire choir. Comme quoi, il me renvoi ptet la douleur, mais les principes de poussé et de gravité, ça, il les transfert pas!


"Un adversaire que je ne peux blesser, que je ne peux fuir, comme châtiment pour un non crime, il n'y a aucune justice dans ça, "Moi"! "


Profitant qu'il soit étalé sur le sol, je me jette sur lui, le plaquant dans sa position, et cherchant à immobiliser les mains: s'il tente de me frapper, je peux encaisser. Ce qu'il faut s'assurer, c'est qu'il ne me tire pas un bucher à bout portant.
Mais sinon, il était temps de le faire redescendre de son petit nuage: vu la situation dans laquelle j'étais, il n'y avais pas de question de justice: un condamné à mort à au moins droit à un procès, ça je n'le savais que trop bien. La ,me coincer dans un combat ingagnable, avec une couche de sadisme par dessus tout (nan parce qu'il aurait juste pu se contenter de se planter ou se cramer lui même en boucle s'il voulait tant me tuer que ça), c'était pas d'la justice! C'était juste un trip malsain et sadique de quelqu'un persuadé d'être plus saint et béni que les gens autour de lui.

Et bon sang de bonne sève, ce que je ne me reconnaissais pas dans une description comme ça!


"TON EXISTENCE EST UN MENSONGE! TU ES L'INCARNATION MÊME DE L'INJUSTICE! "

-T'avais qu'à pas !"

-TU N'CONNAIS MÊME PAS LES RAISONS! TU N'SAIS MÊME PAS SI C'EST VRAIMENT UN CRIME!"

Il fallait que je m'assure de le limiter le plus possible. Il était temps de tester sur le tas! Attrapant mon seau d'eau, je lui encastrai ce dernier sur la tête: comme avec la chute, si j'avais bien senti l'impact, ma vue n'était pas obstruée, comparée à la sienne. J'aurais pu y aller moins fort, mais fallait bien avouer qu'entendre ce "Moi" prétendre être moi, tout savoir de moi, et raconter autant d'ânerie en parallèle, ça commençait sérieusement à m'échauffer les tiges!

"EN QUOI C'ETAIT UN CRIME D'ABORD?!"

J'entendis sa voix résonner dans le seau, à moitié étouffée, et avec une légère pointe d'hésitation.

"Ah ! Je ne connais pas les raisons, tu as raison..."

Il y eu un petit silence. Peut être avait il réalisé? Qu'il était juste le bras armée d'une justice aveugle et illogique? Peut être que je pourrais discuter avec lui? Peut être qu'il y avait une façon diplomatique de régler tout ça?

"Bref. Je suis là pour te punir, pas pour te juger !"

Ou pas... Punaise, c'est vrai ce qu'on dit: on a tendance à trop facilement donner du crédit aux gens séduisants...
Il se mit à remuer, remuer, agiter ses mains et ses branches, mais rien n'y faisait, j'avais réussi à complètement le bloquer. S'il pensait que la conversation allait s'arrêter la, c'est que définitivement, il ne me connaissait pas du tout!


"DONC, c'est LITERALLEMENT de l'injustice! Réfléchis deux minutes, "Moi", t'es en train de punir un innocent! C'est ça ton but?"

Je ne savais pas si c'était ma phrase qui l'avait fait autant réagir, ou juste la situation, mais il se débâti encore plus intensément... au point qu'il finit par faire des nœuds avec ses doigts... Sérieusement... Les petits oudios arrêtent de se faire avoir par ça à leur 50 ans...

"Rhaaa ! Mais laisse-moi te tuer ! T'as avoué, t'es coupable, c'est tout ! Erk"


La comparaison avec un petit oudio était ptet plus pertinente que prévue, vu que ce "Moi" avait visiblement la maturité d'un petit oudio... Et gnagnagna que t'es coupable, gnagnagna que je vais te punir... Mais réfléchit, "Moi", réfléchit!


"J'ai avoué avoir fait un truc qui a énervé d'autre gens. Les autres me disent coupable, mais moi j'ai toujours su que j'étais innocent!"

Sans trop changer de position, je mis un coup de racine dans sa lance pour l'éloigner. Autant s'montrer prudent.


"Krr. Donc tu nie ta culpabilité ! Ah !"


Mais par les fesses de Fearadhach, qu'il était stupide!


"Je ne nie pas ma "culpabilité"! J'ai pris ces fluides de feu! Je l'ai ai absorbé volontairement! Ce que je renie, c'est de traiter ça comme un crime! On me l'a fait payer toute ma vie alors que j'ai fais ce que tous les autres Yuimenien font sans qu'on leur dise quoi que ce soit! Pourquoi ça devrait être différent pour moi?! "

Vraiment! Des années à m'en prendre plein la tronche. A être trainé, humilié, moqué, jugé! Tout ça parce que j'ai voulu faire une action simple! Une action qui n'aurait rien changée si je n'étais pas né oudio! J'avais eu mes procès, j'avais eu mes condamnations! J'avais vu la haine et la bêtises des autres, pointé vers moi, motivé par leurs peurs et le croyances débiles! Leur foutue incapacité à accepter la réalité, que l'on ne se protège pas d'un prédateur en faisant comme s'il n'existait pas!

Tous ces oudios qui n'avaient pas choisi de naitre avec des fluides de feu, tous ces parias, tous ces maudits, pourquoi devaient il subir autant alors qu'il n'avaient pas demandé leur existence? Et pourquoi est ce que j'avais du subir autant pour avoir essayé de comprendre ce qu'ils ressentaient?!

Justice?! Justice?! Ca ne sait réellement rien de ma vie, de mon passé, et ça débarque avec ses grands airs pour me faire la morale?!

"Coupable? Laisse moi rire... C'est moi la victime dans tout ça!"

-Et... Et le reste, alors ? Tout le reste de tes crimes, non avoués ? Ahah, hein ?"

Oh mais sérieux, on en était à la? Après ça, c'était quoi la suite? Il allait joué sur la sémantique pour trouver une raison de me blâmer? Je fu tellement blasé par sa réaction que je ne réalisai pas que mon emprise sur lui avait diminué. Il réussi à se dégager d'un brusque mouvement, sautant vers l'arrière pour se remettre sur pied, démêlant ses doigts au passage. Sans perdre de temps, je me jetai sur sa lance que j'avais repoussé: hors de question de laisser ré-essayer de m'aérer l'écorce.
Et une chance pour moi: il portait toujours fièrement le couvre chef de fortune dont j'l'avais affublé.

"Et le reste? J'ai mentis, comme tout le monde. J'ai triché, comme tout le monde. Et sérieux, qui n'a jamais rien volé au moins une fois? Tu m'pique bien mon style la!

J'ai fait tout ça pour survivre, coincé entre les guerres, les attaques de bandits et tout le reste!

Tu vas m'dire que c'est crime d'essayer d'pas mourir, ptet?!"


On croirait entendre ces riches humains qui passaient parfois en calèche par la forêt, et qui semblaient persuadé que tout tombait normalement dans la bouche de tout le monde. Stupides sacs d'organes...

"Ahah ! le Juge t'a dit de pas tenter de le berner ! Tu mérite ce qui t'arrive, c'tout !"

Mérite? Mérite?! MERITE?!
Je n'avais jamais rien fait dans ma vie pour mériter de me retrouver dans un combat injuste, par une parodie de justice qui prétendait tout savoir de moi! Je n'avais jamais mérité toute la merde qui m'était tombé dessus parce que j'avais juste décidé, un jour, de trouver une façon de permettre aux oudios de conquérir le feu!
J'avais mérité beaucoup de chose, pour sur! Insulte, blessure, et j'en passe. Mais clairement, je n'avais pas mérité ça!

Si frapper ce "Moi" ne me blessait pas, je lui aurais déjà collé un coup dans l'étamine!

Il était la, avec son seau sur la tête, à essayer de me trouver, visiblement cherchant à me repérer au son. C'était... pitoyable. Et ça me faisait mal de voir une sorte de double de moi dans un état comme ça.

Pas le seau sur la tête hein: ses propos. Son manque de recul, de réflexion, ses jugements hâtifs, le fait d'obéir à un "juge" sans penser par lui même...
Je savais pas qui m'avais mis dans cette situation, mais si son but c'était de me faire regretter mes actions passé, me repentir ou j'sais pas quoi: il avait plus réussi à me conforter dans le fait que j'avais rien à me reprocher


"....Mais t'es sérieux la, "Moi"?!"

Et s'il espérait juste me faire parler le temps qu'il se remette...une nouvelle balayette lui rappellerait que j'étais pas débile, moi.

"Si j'essayais de te mentir, j'aurais pas AVOUÉ avoir fait le truc qu'on me reproche!"

Il se ramassa tête la première sur le sol. Plutôt violemment, vu le choc que je venais de ressentir. Le seau se déforma avec l'impact, se resserrant vers la base: il n'allait pas le retirer de si tôt, pour sur!


"Aïe ! Mais... mais... Et puis l'omission, c'est du mensonge ! T'es coupable, coupable !"


-Qu'est s'que tu veux qu'j'te dise, "Moi"? J'ai rien "omis", t'as pas posé les bonnes questions. Parce qu'y a pas eu un vrai jugement. Tout ça, s'pas d'la justice, c'est chercher un coupable pour chercher un coupable. Tu veux que j'fasse quoi? Qu'j'avoue des trucs que j'ai pas fait pour te faire plaisir? Parce je l'répète: tu fais le vétilleux , mais les choses dont tu m'accuse: je les avoue. Je les nies pas! J'ai fait ce que j'ai fait! Qu'est ce qu'il te faut de plus?

Parce que la, si j'applique ton raisonnement, ta méthode... je peux te juger aussi. T'accuser de suivre aveuglément des ordres, d'attaquer un innocent, de chercher à le torturer, et sans bonnes raisons! Tu es coupable, "Moi"!"



Je me plaçai de nouveau sur lui, le plaquant au sol, bloquant ses bras à l'aide de la lance.


"Tu es coupable de suivre une fausse justice! Es-tu prêt à avouer?"




Jeu de mot: vétilleux

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Silmeria
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Re: Lande Noire

Message par Silmeria » sam. 15 avr. 2023 03:07

"Coupable. La condamnation prend lieu dès maintenant, et la sentence est irrévocable."


Autour de moi, comme emporté par le vent après cette condamnation, le monde changeait, se modelait en un univers froid et obscur, comme si je me trouvais dans d'insondables profondeurs droite sur une dalle de marbre luisant. Mais la sentence prit bien vite forme et ce fut celle d'une jeune femme aux longs cheveux blancs, habillée en noir. Puis d'une seconde. Un visage jovial, un autre fermé, des yeux fins, des yeux rieurs, une bouche ronde et amusée, des lèvres pincées et ennuyées. C'était moi, c'était un homoncule, une doublure, un doppelganger, comme l'avait créée jadis le Dieu du vent sur Elysian. Mais elles n'étaient pas là pour m'accueillir ou quoique ce soit, elles venaient de tirer leurs lames au clair de concert.

Sans trop comprendre, je les imitais pour dégainer la Vieille Rengaine et la Tueuse de Mage, je ne savais trop quoi faire, ce fut vers la doublure de Hrist que mon choix se portait, j'avais l'impression d'être en face d'un miroir, allaient-elles vraiment m'attaquer ? Déboussolée, j'attaquais la première, Hrist s'était dérobée à cet assaut et d'un coup vif avait contre-attaqué d'un coup porté à mon visage. Le poison de la Vieille Rengaine n'avait pas d'effet sur moi, mais son fil affûté avait tranché ma joue jusqu'au nez, laissant couler un filet de sang chaud.


" C'est bien, comme je t'ai appris surtout. "

Du coin de l'oeil, je voyais Silmeria disparaître dans une volute d'ombre, je l'imitais pour l'empêcher d'apparaître derrière moi et me planter comme une sardine. Lorsque toutes deux sorties des ombres nous faisions face, ce fut au tour de Hrist de disparaître.

" On va se charcuter comme ça sans même prendre le thé ? " Disais-je en reculant de quelques pas. Je me demandais si elles parlaient ?

"Bouh." Glissait Hrist, aussi discrète qu'un serpent à mon oreille. Oui, manifestement elles étaient capables de parler. Je voulais accueillir ce petit train d'humour par un coup de coude en plein dans son nez délicat mais je ne rencontrais que du vide, sa Tueuse de Mage par contre elle rencontra mes côtelettes sans la moindre hésitation.

" Eeeirg. Même pas mal. "

J'avançais vers Silmeria qui boudait pour je ne sais quelle raison, peut-être mon manque de combativité ? Quoiqu'il en soit, elle ne semblait pas aussi hostile que Hrist.

" Vous vous débrouillez bien, mais rendez-vous maintenant. Me forcez pas à appeler Duval hein. "

Je tenais ma côte douloureuse, je ne savais pas jusqu'où était rentrée la lame, mais c'était clair que ça saignait de l'intérieur.

" Parce que si Duval se pointe il serait trop contente de faire une brochette. Suffirait de lui dire que l'une de nous a insulté sa mère. Ou son chien. Ou son chapeau. "

Devant Silmeria, je restais un instant idiote. Je n'avais jamais réalisé ce que ça faisait de se trouver face à moi. Une petite bouille amusée, à peine entrée dans l'âge adulte, encore la douceur des traits d'une poupée au teint clair, ses yeux sur lesquels battaient de longs cils noirs étaient d'un vert si clair... Ca avait quelque chose d'hypnotique, rien à voir avec le violet du regard de Hrist.

" J'ai vraiment de beaux yeux hein. "

Je tournais la tête pour souffler à Hrist, toujours dangereusement placée derrière moi.

" Sois pas jalouse. "

" Rose..." Soufflait Silmeria tout en me caressant la joue. Manifestement ces homoncules avaient de la ressource et une assez bonne connaissance de ma personne et de mon passé. Je sentais Hrist réagir à ce nom, il fallait être franc, c'était pas un bon souvenir pour elle.

" Toi-même "

M'enveloppant d'ombres, je disparaissais pour... Ne pas bouger, rester au même endroit et y réapparaître pour frapper la jumelle Silmeria en plein coeur. Elle se laissait faire, venait de couler ses premières larmes de corruption. Je ne comprenais pas, mon souffle avait été coupé par un éclair métallique glacé. Aucune lame sur ma poitrine, je ressentais le coup mortel que j'avais asséné à ma jumelle. Toutes deux nous tombions, derrière moi, Hrist amortissait ma chute tout en glissant la Rengaine sur ma gorge, laissant couler un torrent de sang.

Je voyais Silmeria à terre, auréolée de miasmes noirs, des larmes coulant des joues, la corruption venait de la prendre, à mon tour, elle m'embrassa.

MORTE

Et de l'onde, tout se féconde. Je venais d'ouvrir les yeux pour témoigner de ce même spectacle, comme si mon entrée dans ce cristal était une naissance à laquelle je ne pouvais m'échapper. Mais joviale de ne pas avoir claqué si loin de chez moi, je m'avançais vers une Silmeria hostile et l'arme à la main pour lui saisir le bras et l'entraîner avec moi en gambadant.

" Ma Sissi. Sixième mort consécutive ça se fête. Viens on se promène un peu, avec un peu de chance on trouvera des fraises ! "

Mais Hrist ne le voyait pas de cet oeil, elle attaqua et d'un coup profond, avait entaillé mon bras.

" Tu fais moins la maligne quand tu es coincée dans ma tête. ' Scandais-je !

" tu veux pas qu'on lui pète la gueule à deux ? " Avais-je demandé à Silmeria qui me regardait avec de grands yeux, visiblement surprise de me voir aussi " légère ".


"Tu feras moins la maligne quand ta tête roulera à mes pieds."

" Jamais eu grand chose dedans de toutes façons. " Avec un soupçon d'hostilité dans la voix, j'amorçais la magie de l'Ombre, voyant un point juste devant Hrist, assez proche d'elle pour qu'elle ne puisse se soustraire à mon assaut. En une fraction de seconde, l'Ombre m'avait conduite jusqu'à ma jumelle, ma Tueuse de Mage frappait en pleine poitrine jusqu'à ce que la garde d'argent ne cogne violement contre sa cage thoracique. Des picotements dans mon bras ainsi qu'un vertige immédiat confirma mon hypothèse, je ne pouvais pas venir à bout de mes jumelles. Mes yeux roulaient dans le vide, je sentais un vertige, le grand vide m'appeler, je me sentais tomber, tomber, tomber, tomber, comme prise dans une chute sans jamais m'écraser au sol.

MORTE

Cette fois-ci, je ne sortais aucune arme, je me contentais de m'assoir et de questionner ma Faera.

" Cèles, tu arriverais à me dire si elles aussi ont une Cèles ? "

"Je ne détecte rien en elles. Ni faera ni même... vie. Comme si elles n'existaient pas. je ne comprends pas."

Toutes deux s'approchèrent de moi, Silmeria brandissant fièrement la dent de Gragon.

"Nous pouvons en finir. A jamais."

Quant à Hrist, elle envoya un coup de botte pour manifestement son désaccord.

" Non ! Tu dois te battre. Tu dois gagner. Pour nous !" Qu'est-ce qu'elle me chantait, cette mésange ? Elle n'avait pas compris que je ne pouvais rien faire ? Il était clairement question d'une sanction, et faute de pouvoir mourir, c'était plus l'éternité qui s'offrait à moi. Au moins je n'aurai plus à croiser la route d'une saloperie de Shaakt. C'était le paradis.

"Mais si je tue l'une d'entre vous, je meurs. On a toujours été ensemble et c'est bien ce qui a fait notre force. Notre amour inconditionnel pour toi, froide comme la Mort et Silmeria.. enfin. Moi quoi. De plus, je vois pas en quoi te battre changerait quoique ce soit. "

Avant de targuer Sissi d'un regard circonspect, elle avait un morceau de dent si gros et si brut que je ne vois pas à quel moment elle arriverait à me poignarder avec.

" Et tu sais comme moi qu'elle n'est pas affûtée. Autant me poignarder avec une botte. "

" Ca passera, si on force un peu. Et ça ferait tout s'arrêter. A jamais."

" Si tu nous tue pas, nous on te bute quand même." Hrist continuait à frapper de sa botte pour me faire relever.

" Mais ça passera également si tu te l'enfonce dans le cul. Et ça serait tout aussi con. Si tu veux te suicider va le faire plus loin, t'es gentille. "

Je ressentais la colère de Hrist, plutôt, la mienne. Comme si elle ne supportait pas de voir sa copie se comporter ainsi.

" T'es bien trop idiote pour être ma Jumelle. D'ailleurs... "

" Une bien triste imitation. Vous n'êtes que des chimères ici bas pour me tourmenter. Je veux m'adresser à cette Justice qui nous sentence. " Dit-elle en se relevant pour mieux faire face à son double.

" T'as eu l'occasion de le faire. Qu'est-ce que tu voudrais lui dire de plus ? " De nouveau, elle repoussa Hrist d'un coup sur l'épaule mais ma jumelle - la véritable - ne bronchait pas.

" Tu peux continuer à me bousculer comme une attardée. Je ne veux pas m'adresser à une copie aussi grossière. Si c'est la une imitation de moi, alors ton maître soit disant Justice qui se voudrait impartial s'est trompé. "

Elle tourna le dos pour s'éloigner de quelques pas en soufflant un caustique :

" J'attendrai. Si c'est un duel que tu veux, va voir l'autre copie. "

" Je n'ai aucun maître !" Visiblement piquée au vif, la doublure envoya un profond coup de lame dans sa côte, Hrist ne pu contenir la douleur et ploya le genou pour finalement sombrer et s'étaler de tout son long. Elle serrait les dents, profondément touchée, je ne pensais pas qu'elle serait capable de continuer mais à ma grande surprise, elle se redressa doucement pour finalement réussir à se retourner et faire face à sa jumelle maléfique.

" Aucun maître ? Comme si on été ici de ta propre volonté. Tu n'es qu'un pâle reflet de ma véritable personnalité. Tout juste bon à bousculer ou attaquer ta jumelle dans le dos. "


Les deux s'envoyaient deux tonnes de mépris par le regard - une dans chaque oeil.

" En fait... je ne peux pas t'en vouloir. Tu viens tout juste d'être créée. Modelée par une Justice qui ne se base que sur des aveux sans chercher à comprendre les tenants et les aboutissants de nos actions. Une justice biaisée. Approximative. "

Mais la blessure reprit le dessus, ses muscles se paralysaient et elle s'écroula de nouveau.

" Pas étonnant que tu sois aussi à chier comme doublure. "

"Je ne t'attaque dans le dos que parce que tu me fuis, lâche. Et je n'ai que faire de la justice."

" Te fuir pour aller où, sombre cruche ? On est toutes les trois ici. Et tu n'as que faire de la justice ? Drôle de concept pour un loufiat de ce juge qui m'a envoyé ici. "

"Je suis là pour te punir, pas pour réfléchir à ce que pense le Juge."

Elle farfouillait dans ses affaires avant de sortir une petite cuillère à agrumes, une face de cette cuillère en argent oxydé était bien lisse, l'autre légèrement dentelée pour mieux détacher les suprêmes d'un agrume afin d'en déguster la pulpe, chose qui s'avérait également très efficace sur un oeil, j'ai eu l'occasion de le tester moi même sur une Shaakt par le passé, j'avais même oublié que je portais toujours ce souvenir avec moi.

"Ca te rappelle quelque chose ?"

Hrist fit semblant de farfouiller dans ses affaires avant de lui lever le doigt à la manière d'un geste obscène et envoya à un cauchemar à sa double. J'avais compris qu'elle lui faisait voir Silmeria l'attaquer par derrière tout en brisant une arrête de cette fameuse dent de Gragon pour la lui enfoncer dans la poitrine, chose pouvant détruire son âme et l'envoyer au plus profond de l'enfer. Si cette ombre n'avait plus conscience d'être vivante, peut-être allait-elle disparaître ? Et puisqu'il s'agit de quelque chose de non létal, au moins elle ne risquait pas d'en subir un quelconque effet.

"Pitoyable." Venait de cracher la doublure, ce cauchemar n'avait aucun effet sur elle ? Je n'avais jamais vu quelqu'un y résister, elle s'approchait dangereusement avec sa satanée cuillère.

"Supplie-moi, maintenant."

" Hm, manifestement il faut un cerveau. Tu es plus méduse que Murène, reconnais le. Une vulgaire marionnette avec la main de ton maitre dans le fondement pour t'actionner. Quant à te supplier, tu peux toujours rêver. "

"A ta guise"

J'aime autant passer ce détail, à dire vrai, Hrist était quand même très têtue mais n'était pas non plus particulièrement masochiste, quand elle avait fini de perdre son oeil droit sous la pression de la cuillère qui au passage avait fendu sa paupière, Hrist se frappa à la gorge de la Vieille Rengaine qu'elle avait sorti de son fourreau. Personnellement je pensais qu'elle allait tuer cette saloperie mais il fallait croi...

MORTE


De nouveau en scène, je claquais des mains comme pour me donner de l'aplomb.

" Au final, c'est une excellente salle d'entraînement que voilà. "

Aucun intérêt à cacher le serpent de Kiraes, elles l'avaient elles aussi, je voyais la tête du serpent au niveau de leur poitrine, je saisis le mien et le brandit en l'air, fièrement.

" Alors mes poulettes, qui commence ? "

Visant Silmeria qui s'approchait de moi, je ruais l'ombre sur ma Jumelle et frappa un coup net au niveau de la gorge, sans surprise, la douleur fut mienne mais visiblement, elle avait été ébranlée par cette attaque éclair et fit tomber sa Tueuse de Mage à terre, à son tour Hrist apparut sur moi, frappant de la Tueuse dans mon épaule mais manqua, n'entaillant que légèrement ma peau. "Merde !"
Je tentais une vilaine gifle mais mon manque de prudence se retourna contre moi, elle esquiva bien vite et frappa tout aussi vite, enfonçant sa lame en moi. Elle lâcha prise en recula, satisfaite de son coup, la dague toujours plantée dans ma poitrine. J'observais tour à tour la lame et ma jumelle.

Prenant une grande inspiration, je retirais la lame qui crachait un flot de sang bouillant en s'extirpant de ma plaie.

" Tu me l'offre ? Trop aimable "

"Ce n'est que temporaire, tu as l'air dépourvue de toute combativité."

Silmeria avait de son côté eu le temps de ramasser son arme et s'était glissée derrière moi. Aaaah, ces assassins. Insupportables.

"Où tu la veux, cette fois ?"
" Ça me gratte un peu derrière l'omoplate, tu veux bien ma Sissi ? "
"Plaisir."

Mais un plis de la robe avait dû retenir son mouvement et elle rata complètement son coup, pourtant je n'avais pas bougé, je m'étais clairement laissée faire et elle avait manqué d'adresse. Elle n'avait quand même pas retenu son coup ?

"Insupportable. J'te laisse saigner à mort."

" T'es vraiment maladroite "

D'un coup descendant, j'attaquais ma jumelle, enfonçant la lame dans sa poitrine.

"Comme çaaaaa !" Disait Silmeria en regardant le coup porté sous son sein tandis que le malaise étreignait mes sens. A son tour, elle chercha à frapper mais manqua de nouveau, avec une maladresse folle, perdant complètement son arme qui termina dans la tronche de Hrist, lacérant son mon visage.

"Idiote !"
" Punaise mais tu picoles en cachette ?! Franch'ment... t'es pas douée aujourd'hui ma Sissi. " Puis à Hrist " Et de quoi tu te plains, t'as un rendez-vous galant peut-être ? Et puis c'est moi qui douille. "

Une question traversa mon esprit. Que se passerait-il si une de mes jumelles se suicidait ? Après tout, on pouvait faire quelques petites expériences.

" Et si Sissi se suicide ? C'est moi qui meurt quand même ? "

"J'en sais rien, j'préfère te tuer toi." Dit-elle en envoyant un méchant coup de genou sur ma joue, éclatant ma pommette au passage.

" T'es vraiment aussi distinguée qu'une fermière. La justice pourrait pas avoir un peu d'humour et prendre la forme de Duval ? J'ai une revanche à prendre. "

Voyant Silmeria décontenancée par cette proposition de suicide, je lui lançais un :

" Bah... qu'est ce que tu risques. Ce que tu ressens je le ressens. Et quand on meurt, on recommence. "

" Hé, j'suis pas aussi folle qu'on le dit !"

"Aucune chance, t'es du passé pour lui. Tu représentes aucun défi."

Hrist se jeta sur moi et encore une fois, sa lame passa sur ma gorge, cette fois-ci avec beaucoup plus de cruauté, en prenant biiiiien son temps.


MORTE



" Pas aussi folle, pas aussi folle... " Me remémorais-je avant de lever un regard interrogateur vers mes jumelles.

" Mais au fait, vous vous souvenez qu'on se trucide depuis des plombes ou pas ? "

"Tu nous prends pour qui ? C'est pour ça qu'on est là. Allez, viens prendre ta raclée."

Je jetais à terre mes deux lames, serrant mes poings pour espérer rendre ce combat plus amusant et dit :

" Allez ma grosse pintade, invoque nous une petite taverne qu'on se batte comme des pochardes à coup de cruche. "

Avant de regarder Silmeria avec compassion.

" J'parle pas de toi mon chou. ''

"C'est toi la cruche."

Hrist venait de cligner, visiblement elle ne voulait pas jouer à mains nues et préférait les lames qui toutes deux s'échouaient dans les plis de ma robe. Je commence à croire qu'elles cherchaient à me déshabiller.

" T'es qu'une tricheuse ! "

Voulant lui montrer qu'on pouvait aussi tuer à main nue, je ruais derrière elle pour lui briser la nuque, mais sa lame m'attendait et alla directement inspecter mon repas de la veille au fond de mon estomac. Un mouvement derrière moi, sobre comme un froissement de velours, Silmeria sortait de l'ombre sans un bruit et attaqua à son tour.

MORTE


" J'ai une super idée les filles ! On invoque trois Solennel ! Et on en prend un chacune. " Disais-je tandis qu'elles s'armaient. C'était évident qu'on ne pourrait pas assouvir ce petit caprice, mais au moins je proposais quelques idées afin d'agrémenter notre petite routine.

"Vas-y, on te regarde." Elle me lançait ça aplomb, comme si elle savait qu'elle témoignerait d'un cuisant échec.

Je ne ressentais pas de magie ici, peut-être étais-je déjà loin d'Aliéanon ? Peut-être que c'était ma magie qui alimentait ces doublures, il était difficile de diagnostiquer cette absence de magie en cet endroit précis alors même que j'ignorais totalement où je me trouvais. Dans le cristal ? Un autre monde ? Un autre univers ? Nul part ?

"C'est bon, on peut se tuer ?" Disait Hrist en roulant les yeux, fatiguée par tant de sottise. Non, mon coup n'avait pas fonctionné, j'avais pourtant bien imaginer le Roi et ce en triple pour espérer le faire apparaître mais résultat : un gros que dalle. Silmeria arrivait toute joyeuse en gambadant vers moi, son air était si choupi que je ne pouvais retenir un :

" On s'fait un bisou ma Sissi ? "

" Nooooooooon "

(" Bon bon bon. C'est la Faera qui mentionnera les propos suivant, Silmeria d'ombre a frappé le visage, fendant la face de ma Sissi et surtout perforant son cerveau, pas assez profondément pour la tuer, juste assez pour la rendre aussi... Enfin bref, elle se vide de son sang en bavant à terre. Nez fendu, langue tranchée, cerveau entaillé, les deux jumelles nous toisent un peu désabusée d'un tel spectacle, seule Hrist semble contente d'avoir enfin un peu de silence. ")
"Bieeeen bien. Tu lui as cloué le bec."
MORTE ?
La petite plume de la Mort.

Alors, j'ai établi ma couche dans les charniers,
Au milieu des cercueils,
Où la Mort Noire tient le registre des trophées qu'elle a conquis.


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Cromax
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Re: Lande Noire

Message par Cromax » sam. 15 avr. 2023 14:38

Cauchemar en Aliaénon : Elscar’Olth IV


Dans les cristaux, les prisonniers tentaient de s’échapper. Mathis tenta d’ouvrir une porte qui n’existait pas. Dommage que sa clé ne fonctionnait que sur les serrures, et non le vide. Son action fut vaine, et son double ricana dans son dos, prêt à reprendre le combat. Silmeria ne pouvait pas vraiment, se vidant de son sang en perdant toute possibilité de réflexion. Dracaena tentait de manipuler son double, de le confondre, de l’embobiner. Mais celui-ci n’était pas aussi chatouilleux que le Juge sur les principes de justice, et ricana à son tour, tentant de retirer le casque tordu sur sa tête en se libérant de l’emprise de l’oudio original. Avec succès cette fois, même s’il était toujours sur le dos sous Dracou.

La situation, à l’extérieur, allait de mal en pis. Elle avait sombré dans une violence atroce, fanatique, surtout de la part de celui qui se disait « juste ». La force seule n’aida pas beaucoup Akihito dans sa situation : le Juge riait de façon terrifiante, complètement folle, comme s’il avait perdu toute raison alors que son corps se consumait. L’ynorien parvint à le mettre au sol, à genoux, mais… quelque chose clochait au niveau du portail. Les cristaux rouges semblaient… empêcher sa fermeture, résistant à celle-ci. Et pas de manière sympa : ils se racrapotaient sur eux-mêmes, de plus en plus oppressants. Au point d’écraser à l’intérieur les deux êtres qui fusionnèrent presque alors que la vie les abandonnait. Lorsque le cristal ne fut plus de la taille que d’une Silmeria, renfermant deux corps brisés, il tomba sur le côté et le portail termina de se fermer sur le vide. Akihito et le Juge venaient de trépasser de la plus horrible des manières.

Yliria tenta de donner de la puissance aux frères, et puisa dans sa magie pour se faire. Hélas, ce monde ne semblait pas de leur côté pour le moment : au lieu d’en donner, cela sembla leur en prendre. Ils tombèrent tous deux inconscients sur le sol. Rien de trop inquiétant, apparemment : ils semblaient dormir. Mais du coup ils ne purent agir.

Et Xël, enfin. Sa demande aux Simayas qui venaient de sortir de leur cristal par la faille qu’il y avait ouverte fut déçue dans son exécution : l’occurrence d’une double identité, de deux corps identiques, semblait avoir ôté toute magie de celle qu’il connaissait désormais bien. Elles ne purent agir. Pire : à l’instant où elles sortirent, l’orbe, l’âme rouge du Titan, fut libérée de sa protection anti-magique, répandant un flux de haine sur l’assemblée survivante. Une haine terrible, irrémédiable, mais qui n’allait pas jusqu’à ce désir fou d’attaquer comme Silmeria en avait fait les frais. Et la tentative de magie de l’aéromancien ne donna pas grand-chose non plus. Si : les cristaux prirent la forme ubuesque de bouteilles, mais en rien elles ne se décapsulèrent. Et les veines y progressaient toujours plus. Bellarien était démuni, impuissant. Visselion tenta une fois encore de se ruer sur un des cristaux, celui de Silmeria, pour le trancher de sa lame d’Argent noir… mais en vain. Cela ne fit que crisser en laissant une marque de griffe sur le minéral carmin.

Les veines noires finirent par recouvrir l’intégralité du rouge, et alors les cristaux se désintégrèrent, laissant choir sur le sol les corps sans vie de Dracaena, Silmeria et Mathis. Morts tous trois. Quant à Jorus, abandonné là entre la vie et la mort derrière son rocher, la mort vint également le chercher, finalement, le libérant de sa fièvre. Deux aventuriers uniquement survécurent : Yliria et Xël. Le Juge n’était plus, certes, mais à quel prix ? Et les cadavres recouvraient la plaine. La tension était palpable, chacun se mutant dans un silence oppressant. Alossarh hurla de rage, et envoya un coup de pied dans un caillou qui alla rouler plus loin. Pour arranger tout ça, il leur faudrait d’abord retrouver la raison.


[HJ : Xël et Yliria, vous pouvez poursuivre la situation dans la Discussion générale : indiquez en premier un résumé de vos réactions visibles, puis vos actions éventuelles. Mes amis les décédés, je vous prépare une suite à la màj… ailleurs.]



[XP :
Mathis : 0,5 (discussion de groupe), 4 (combat contre le double), 3 (situation avec le double/cristal)
Jorus : 4 (combat contre le double), 4 (situation avec le double/cristal)
Akihito : 0,5 (discussion de groupe), 3 (combat contre Juge), 3 (situation avec Juge)
Xël : 0,5 (discussion de groupe), 3 (combat contre Jugeà, 3 (situation avec Juge)
Yliria : 0,5 (discussion avec les sorciers), 3 (combat contre Juge), 3 (situation avec Juge)
Dracaena : 4 (combat contre le double), 3 (Situation avec le double/cristal)
Silmeria : 4 (combat contre les doubles), 3 (situation avec le double/cristal)]




[Jeu des mots :
Akihito : 20 points.
Xël : 5 points.
Yliria : 5 points
Dracaena : 5 points]

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Xël
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Re: Lande Noire

Message par Xël » ven. 21 avr. 2023 22:43

J’ai du mal à y croire et pourtant. Un court silence s’installe avant que le hurlement déchirant d’Yliria atteigne mes oreilles. Je me rends peu à peu compte que du groupe d’aventuriers nous ne sommes plus que deux debout. Je retire mon casque à l’aide de mes mains tremblantes, espérant effacer un voile de mensonges qui me fait voir les corps des autres allongés au sol. Mais il n’en est rien, tout ça est bien réel et le réaliser me plonge dans un étrange sentiment entre la tristesse et une rage profonde, brûlante, presque incontrôlable. Je me défoule en jetant mon casque au sol.

« Fait chier ! Merde ! Fils de gourgandine ! »

Je me défoule en donnant un coup de pied dans le heaume avant que mes jambes se dérobent et que je tombe à genoux. Mais une Simaya se rue sur moi pour me secouer et m’incite à me débarrasser de sa semblable d’un ton rageur. Ce à quoi l’autre rétorque vivement que c’est de l’autre qu’il faut se débarrasser. Si ça avait été quelqu’un d’autre je n’aurais pas pu retenir mes poings. Je me contente de saisir durement les poignets de la Simaya qui me secoue avant de rétorquer avec une détermination proche de la rage.

« Je préfère vous voir deux sans magie et en vie qu’une seule d’entre vous allongée là comme les autres. »

Je me redresse en chassant de mon esprit cette idée qui me fait broyer encore plus de noir et pourrait me faire basculer dans une rage frénétique. Je n’ai pas de doute sur la provenance de cette colère. C’est l’orbe du Titan, c’est certain. Et si ça pèse sur moi alors sur les autres également. Sans lâcher les poignets de l’Esserothéenne je lui explique d’un ton toujours dur que j’aimerais essayer de sauver une autre vie et que nous parlerons toutes les trois plus tard. Simaya et Simaya me jettent des regards frustrés par ma réaction et celle d’Yliria qui est partagée entre la rage et le désespoir, au point d’attaquer le cristal qui a écraser l’Ynorien. Tout s’est passé si vite d’un coup, mon sort n’a pas fonctionné comme je l’escomptais et les cristaux se sont brisés le libérant les corps sans vies des aventuriers mais le pire reste le cristal qui emprisonnait la justice et Akihito, s’écrasant doucement en laissant échapper le rire dément du Juge et les cris de douleurs du Fulguromancien, à peine étouffé par l’épaisseur de sa cage.

Je me dirige vers le rocher derrière lequel Yliria à déposer un Jorus faible mais encore en vie pour constater que lui aussi est mort. Je pousse un long soupire pour retenir mes larmes. Je me souviens du conseil que je lui ai donné lors de notre premier échange sur Aliaénon: se faire à l’idée qu’on ne peut pas sauver tout le monde. Un conseil que je n’ai jamais réussi à appliquer. Là encore je peine à l’accepter. Alors que lui m’a sauvé dans la Tour d’Or, je n’ai pas pu l’aider ici. Je sors une rune vie de ma besace pour l’observer longuement. Ça pourrait le ramener à la vie mais est-ce vraiment une bonne chose ? Et plus j’observe la rune divine plus une idée se creuse un passage dans mon crâne. Les mots divins peuvent t-ils arrêter l’orbe ? La lueur d’espoir au fond de mon esprit se transforme en brasier d’alerte en entendant le hurlement de Visselion.

J’accoure pour avoir à nouveau le sorcier et l’orbe en vue et hurle:

« VISSELION ! NON ! ARRETEZ ! »

Puis je créer un portail derrière le sorcier pour le saisir et le ramener de mon côté afin de l’éloigner de l’orbe.

« Je sais comment faire avec l’orbe ! Et d’une manière bien moins risqué ! Je sais comment faire ! Vous m’entendez ?! »

Criais-je avec une certaine hargne dû à la présence de l’âme du Titan. Mais l’orbe a aussi une influence sur lui et il se dégage vivement en éructant qu’il en a assez d’attendre et que la prudence nous a menés où nous en sommes. Il me repousse et il en faut de peu pour que je réplique avec violence mais Yliria interromps ce désir de faire mal au sorcier en nous hurlant de nous arrêter puis en me demandant de l’aide pour rassembler les corps. Je l’observe avec un drôle d’air, va t-elle vraiment ramener des morts à la vie ? Je ne sais pas quoi en penser. Des personnes qui reviennent du monde des morts, ça n’a jamais été un cadeau. Je pense aux Treize d’Oaxaca biensûr mais aussi à ce qui s’est passé ici avec la machine au sommet de la Tour d’Orsan, permettant à une âme de prendre le contrôle d’un corps. J’en reviens à Visselion, voulant l’empêcher de tenter quelque chose seul.

« Nous pouvons utiliser des runes. Ce sont des mots divins, c’est ce qui m’a permis d’ouvrir une porte dans le cristal de Simaya. Avec la bonne composition de runes nous pouvons sans aucun doute réduire la taille de l’orbe ou diminuer sa magie. Seulement j’ai besoin des bonnes runes et de plusieurs minutes pour les activer calmement. L’orbe vous appelle ? Occupez vous l’esprit en rassemblant les corps et en me ramenant la besace de runes qu’ils ont à la ceinture. »

Je montre la rune que j’ai en main pour être certain qu’il ne se trompe pas avant de poursuivre:

« Ensuite je vous assure que je vous aiderai à faire quelque chose de cette orbe. »

Mais il n’est pas convaincu et sa façon de me parler côtoie de très près l’avis de tempête dans sa face de métal. C’est encore une tierce personne qui nous sauve du pire, Alossarh qui accepte de m’aider à condition de faire vite. Je lui indique le corps de l’Oudyo tandis que je m’occupe de Jorus tout en répondant sèchement à Visselion:

« C’est la magie incontrôlable de l’un de nous qui a causé cette catastrophe alors laissez moi réparer ça ou alors tentez dans votre coin de gérer une telle puissance sans y perdre la raison ! »

Nous rassemblons les corps et les runes qui sont décidément nombreuses. J’en connais beaucoup et en découvre beaucoup de nouvelles tandis que certaines restent indéchiffrables à mes yeux. J’accélère le mouvement alors que la situation s’envenime à chaque minute et que moi compris peine à garder mon calme. Je réponds à Yliria qui me demande si j’ai un plan d’un ton plus sec que je le voudrais.

« J’ai une idée plus ou moins précise. Je dois juste trouver les bons mots. »

Je dépose devant elle trois runes tout en expliquant.

« Renforcer, magie, vie. Je compte l’utiliser sur toi. Peut être qu’une rune lumière fonctionnerait mais je n’en ai pas trouvé. »

Dis-je agacé tout en montrant d’autres runes.

« Diminuer et magie. Je pense que je peux diminuer l’influence de l’orbe avant que nous perdions tous patience. »

J’observe tour à tour Bellarien, Visselion et les deux Simayas.

« Ensuite j’aimerais trouver une rune réduire ou j’utiliserai une rune transformer pour faire de l’orbe un objet plus petit. J’ai une rune casque ou armure, ça devrait fonctionner. »

Hésitant je demande:

« Tu veux bien regarder si il possède une rune qui pourrait nous servir ? Je vais m’occuper de l’orbe puis je reviens t’aider. Je pense qu’il me faut un peu de temps pour activer trois runes. »

Le plan est accepté et les cris énervés aux alentours m’indiquent que je n’ai plus de temps à perdre. J’incline la tête à l’attention d’yliria et me dirige vers l’orbe avec les runes diminuer et magie, esperant en diminuer l’influence

« OUAIS C’EST BON J’ARRIVE ! »

Eructais-je d’un ton rageur à l’attention de Visselion avant de dresser les runes vers l’orbe.

« Xi Tao ! »

Mes runes s’activent mais rien ne se passe. Rien de rien, et derrière moi on continue de me pousser à la précipitation pour faire cesser ceci.

« OUI BAH J’ESSAIE ! »

J’aimerai bien les y voir ! Trouducs ! Je saisis deux nouvelles runes que je brandis vers l’orbe.

« Aojy Wu ! »

Toujours rien ! Bordel de merde !

« Mais purée, vous foutez quoi là ? »

Je fais des gaufres sombre connard ! Je n’arrive pas à le croire ! Les rune sont inefficaces ! Salauds de Titans ! J’en ai plein le cul ! Pourquoi Naral s’est-il tant acharné à les réveiller ?! Ce salopard de dragon rose de MERDE ! Je peste intérieurement tandis qu’Yliria s’approche, voulant adopter une autre technique.

« Je songeais aussi à changer de stratégie. Les runes ne semblent pas fonctionner. Je vais canaliser ma magie avec toi. Vous êtes prêts Visselion ? »

Je brandis les runes renforcer et magie vers Yliria.

« Pi Tao ! »

Cette fois je sens que quelque chose se passe et elle aussi à en croire sa tête. Elle me demande de soutenir sa magie tout en écartant les autres.

« Nous n’avons plus le droit à l’erreur ! Il faut concentrer toutes les sources de magie à notre disposition. »

Dis-je en regardant Visselion pour qu’il nous aide ainsi que les deux autres sorciers d’Elscar’Olth. Puis une illumination me traverse la tête et j’extirpe l’âme du Sans Visage de mon sac.

« Toutes les sources de magie. »

Je brandis l’âme vers l’orbe du Titan et me concentre pour canaliser sa puissance vers Yliria afin de soutenir sa magie. Et finalement tout se passe bien, les flux magiques alimentent la magie d’Yliria qui elle même parvient à ternir l’orbe et baisser son influence néfaste. Est-ce définitif ?

En tout cas la rage qui a manqué plusieurs fois de me faire perdre le contrôle s’atténue, ne laissant qu’une grande peine. Alossarh s’approche de moi et nous gratifie d’une tape sur l’épaule et de félicitations tandis que Visselion nous adresse un sourire satisfait. A mon tour je félicite les deux sorcier et remercie Alossarh de m’avoir aidé avec les corps avant de poser une main amicale sur l’épaule de Visselion.

« Merci à toi aussi. Désolé, sous l’influence de l’orbe j’étais vraiment à deux doigts de te dégommer. »

Un mince sourire éclaire mon visage avant de s’effacer pour reprendre une mine grave.

« Je crois que nous allons avoir encore besoin de toi pour que tout se passe pour le mieux. »

Lui dis-je avant d’observer les corps des Yuiméniens. Je me dirige ensuite vers Yliria en sortant de ma besace trois runes: Renforcer, magie et vie.

« Tu es prête ? J’en ai pour un petit moment. »

Je fais d'abord signe aux Simayas:

"Il me reste encore quelque chose à faire avant de discuter."

Puis je me prépare alors avec mes trois runes, me concentrant sur les mots et les effets qu’ils peuvent avoir, chassant les pires effets indésirables possibles pour me focaliser sur le principal. Donner à Yliria la puissance nécessaire pour ramener les morts à la vie dans des corps en bon état. Une fois prêt je prononce calmement les mots divins en brandissant les runes vers la bretteuse.

« Pi Tao Bet. »

J’ignore quoi faire d’autre pour l’aider mais je le ferai.

((Activation des runes Renforcer Magie Vie sur Ylilol. Se prépare à l’aider pour son sort. Demande à Vivi de filer un coup de main pour canaliser la magie d’Yliria.

Mot : Gourgandine

Lors de ce rp j’ai utilisé les runes suivantes:

Sur Xël: Aojy (transformer), Bet (Vie).
Sur Drac: Wu (Bijou), Pi (Renforcer).
Sur Jorus: Pi (Renforcer), 3 Tao (Magie), Xi (Diminuer).

Déso pas déso))

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Yliria
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Re: Lande Noire

Message par Yliria » ven. 21 avr. 2023 23:05

L’échec avait toujours des conséquences. Voir les deux frères s’effondrer m’aurait tiré un juron si le cri strident dans ma tête ne m’avait pas arraché à ma contemplation désabusée de ce qui aurait pu être la meilleure façon de sauver tout le monde. Au lieu de quoi, mon regard se tourna vers là où devait se trouver Akihito.

- Akihito ?

Un hurlement. Son hurlement. Puis le silence. Un long et pesant silence à peine dérangé par le sang battant contre mes temps. Je clignai des yeux, cherchant à comprendre ce qu’il se passait vraiment. Ce n’était pas la réalité, n’est-ce pas ? Une illusion. Encore une. Ça ne pouvait pas…

- Aki ?

Rien de tout ça n’était réel. Ni la lourdeur pesante de mes jambes tremblantes, ni la sensation glacée qui glissa le long de mon corps alors que mes yeux ne trouvaient que le rouge du cristal. Puis le marteau de Valyus tombé sur le sol. A côté d’un long filet de sang. Un morceau de tissu noir. Du sang, encore. Marteau. Tissu. Sang. Du Sang. Son Sang.

- AKI !

Il ne pouvait pas lui aussi être prisonnier du Juge ! On ne pouvait pas se permettre de perdre autant de temps ! Qu’est-ce qu’il fichait ? Il fallait aider les autres… Où étaient…

Il ne restait aucune trace des cristaux. Rien à part les corps étendus, inertes, des autres. Sans vie. Je n'avais pas besoin de vérifier pour le savoir. J’avais vu assez de morts de mes propres yeux pour faire la différence. Pourquoi Akihito n’en était pas sorti ? Pourquoi il y avait du sang partout. Pourquoi il avait hurlé avant de … De..

(Ylir…)

La réalisation me frappa comme un coup de marteau. Je perdis toute force, sentant mes armes m’échapper. Comme tout le reste. Je titubai, capable de marcher correctement en comprenant que ce n’était pas un cauchemar. Le Cristal…. Aki… Le sang…

Le son de ma propre voix me vrilla les tympans. Je n’essayais même pas de retenir quoi que ce soit. Ni les larmes, ni les cris, ni les coups. Mon corps était comme engourdi, impossible à contrôler. Je me fichai bien de tout. Plus rien ne comptait. Sauf une chose. La seule chose qui parvenait à me parvenir.

Il n’était plus là.

- Aki…

Il était parti.

- Pitié reviens. Pas toi, je t’en supplie.

Il était mort.

- Me laisse pas. Je peux pas…

Je pouvais pas. C’était trop. Je sentais mes poings souffrir, ma gorge me bruler et mes yeux se noyer, mais ça n’était rien à côté de la sensation d’avoir ma poitrine se déchirer. Je l’avais perdu, lui aussi. Peu importe ce que je faisais, à quel point j’essayais, rien n’y faisait. Ils mourraient tous. Papa. Nyllyn. Aki… A quoi bon ? Rien ne marchait. Peut-être qu’il était temps de laisser tomber. Peut-être que je pouvais le rejoindre et arrêter de souffrir.

(Arrête de dire des conneries ! Tu crois que c’est ce qu’il voudrait ? Et utilises le pois chiche qui te sert de cervelle atrophiée ! Ramène-le au lieu de vouloir le rejoindre, triple buse !)

Je redressai la tête, inspirant un coup sec, hoquetant en refoulant un sanglot. Le ramener… C’était possible. Il fallait que je réfléchisse. Il fallait que je le sorte de là, que je le ramène. Que je répare les conneries des attardés mentaux qui nous servaient de groupe. Si seulement elles pouvaient…

- RHHHHAA VOS GUEULES ! Sinon je vous bute toutes les deux !

Elles commençaient à m’emmerder ces deux-là, à jacasser en se crêpant le chignon comme deux hystériques ! Il fallait que j’ouvre ce cristal… le marteau d’Aki… En posant la main dessus, je fermai les yeux, refoulant les larmes et le sanglot qui vint avec. Puis je secouai la tête. Il fallait que je le sorte de ce putain de cristal. J’empoignai son marteau. Il n’était pas si lourd que ça, mais à ce moment précis, il semblait peser une tonne. Juste ce qu’il fallait pour fracasser le cristal. Je ne comptai pas le nombre de coups. Je m’en fichai. Rien n’importait si ce n’était le sortir de là. Alors je frappai, encore et encore, jusqu’ ce qu’il soit apparaisse.

Mon corps hésita entre vomir, reculer et hurler. Je sanglotai de plus belle. Son visage était couvert de sang et semblait brisé de partout. Il était à peine reconnaissable. Je me rappelai son hurlement alors que le cristal l’entourait et je fermai els yeux, une mains se crispant sur ma mâchoire pour m’empêcher de vomir ou hurler. Le sortir de là. El ramener. Ensuite j’aurai tout le loisir de hurler, pleurer, vomir et tout ce qui allait avec.

(J’entends la voix d’Amy… Elle a l’air complètement folle.)

Je portai la main vers le cou d’Akihito et tirai le collier, le lui arrachant dans un bruit qui faillit me faire craquer pour de bon. Je le fixai un instant avant de l’enfiler pour reprendre ma tâche. Le sortir de là. Briser chaque centimètre de ce cristal de merde, c’était tout ce qui comptait. Je perçus le cri de Xël, relevai la tête, mais la laissait retomber aussitôt. Qu’ils se démerdent, j’vais plus urgent à faire. Même si mes bas commençaient à brûler à force de frapper avec le marteau, chaque coup dévoilait un peu plus Akihito. Dévoilait un peu plus son corps charcuté et brisé. Chaque coup mettait à mal ma résolution, mais je persévérai. Il n’allait pas mourir. Je n’allais pas rester sans rien faire. Si seulement les autres…

- ASSEZ !

j’en avais marre de leur putain de dispute. Je frappai un rocher avec le marteau, le son se réverbérant tout autour, attirant l’attention de tous. J’avais uen foller envie de changer ce caillou en une de leur tête, histoire qu’ils comprennent.

- Vous croyez que c'est le putain de moment là ?! Foutez vous le au cul votre orbe de merde, pour ce que ça me fait, mais faites-le en silence ou je vous ferai taire moi-même, c'est clair ? Xël, aide-moi à rassembler tout le monde au même endroit, envoie Vissellion au fond de l'océan si ça te chante ou occupe-toi de l'orbe toi-même, mais fais quelque chose !

Il me tapait sur le système, lui aussi. Sauver d’Aliaénon et pas foutu d’être utile quand on avait besoin de lui. Putain j’aurai dû lui enfoncer ma rapière dans le fondement, ça l’aurait fait filer droit. J’inspirai et recommençai à frapper le cristal. Mieux valait que je me focalise sur ça. Les autres étaient des débiles profonds. Et ils allaient m’entendre.

- Comme si j'allais les laisser crever comme ça...

- Vous les avez déjà laisser crever. Respectez au moins leurs cadavres. Sans lui, vous n'êtes qu'une bande de dégénérés.

J’arrêtai mon geste à mi-chemin, tournant le regard vers... Bellarien, évidemment. Mes mains se crispèrent sur le marteau et je grondai un appel qui pourrait aider s’il venait trop m’emmerder.

- Ssussun.

Il apparut aussitôt. Lui au moins était utile, contrairement à ce dégénéré qui avait une grande gueule mais n’avait pas fait quoi que ce soit d’utile.

- Akihito est quelqu'un de bien. Lui il a sans doute eu la patience de faire avec vos conneries et vos insultes. Moi en revanche...

Je me redressai, marteau en main et m’approchai de lui. On aurait été sur Yuimen, il aurait senti la chaleur des flammes lui lécher le visage et aurait peut-être reconsidérer ouvrir son claque-merde tout va en restant aussi utile que la roche qui recouvrait son pays de dégénérés troglodytes.

- Poussez-moi à bout, Bellarien, et vous ne vivrez pas assez longtemps pour le regretter... Et si vous pouvez pas vous rendre utile, ayez au moins la décence de ne pas être une nuisance.

Chose difficile à faire puisque son existence même était une véritable plaie, mais je me détournai pour retourner sortir Aki de ce foutu cristal. Son corps commençait à êre relativement libéré de son carcan cristallin et son état m serrai el cœur à chaque fois que je posai les yeux sur lui. Et là, au milieu, il y avait autre chose. Les reste de cette ordure de Juge.

- Utile ? Parce que vous l'avez été, vous ? En endormant les frères ? J'ai au moins réussi à le protéger pendant un temps, moi. Et là, le tirant de son linceul de cristal, vous vous croyez utile ? A proférer vos menaces contre ceux qui sont dans votre camp au lieu de bannir efficacement vos ennemis ? Mais pour qui vous prenez-vous, exactement, à venir sur nos terres pour nous parler de la sorte ?

Oh il commençait sincèrement à me donner des envies de meurtre celui-là. Je me retins de justesse de lui balancer un morceau de juge à la figure. C’eut simplement été puéril. Je valais mieux que ça. Je me torchai avec son opinion, surtout qu’il savait se mettre en valeur en déformant la réalité à son avantage.

- Réussi à le protéger ? Clairement vous avez "réussi", au vu de son état.

Délicatement, je me penchai dans le cristal et entrepris, petit à petit, de l’en délivrer. Son corps était brisé de toute parts et je pouvais sentir ses os bouger quand je le pris dans les bras. C’était… J’eus envie de pleurer à nouveau, mais la vision de Bellarien effaça la tristesse, la remplaçant par de la colère.

- Dans notre camp, ça reste à voir, n'est-ce pas ce que vous m'avez dit plus tôt ? Arrêtez de vous croire la victime. Vous n'êtes qu'un homme aigri aveuglé par une haine qui n'a rien à voir avec moi. Allez vous en prendre à quelqu'un qui en a quelque chose à foutre de votre opinion. Peut-être qu'eux essaieront de retirer le pic que vous avez d'enfoncé dans le fondement jusqu'à la glotte.

Je le bousculai, mimant son comportement de trou du cul. S’il voulait vraiment jouer aux cons, il était tombé sur la mauvaise personne. J’allais d’ailleurs ajouter quelque chose quand mes yeux tombèrent sur autre chose. Quelqu’un d’autre.

Jorus.

Il était étendu là, parmi les autres et la colère disparut instantanément, remplacer par les larmes et un sentiment ‘impuissance et de honte. Je l’avais abandonné. J’avais voulu le mettre à l’abri et je l’avais laissé à son sort, face à la mort. J’inspirai, étouffant un sanglot en me mordant les lèvres jusqu’au sang, le temps de déposer Akihito près de lui, fermant leurs yeux pour ne pas devoir faire face à leurs dernières expressions et leurs regards sans vie qui semblaient me juger depuis l'au-delà.

- Ssussun.. viens là.

J’attendis qu’il me rejoigne, contemplant mon échec et ma honte étendus devant moi. Il me fallut un sacré effort pour redresser la tête et regarder Xël. Il voulait utiliser des runes. J’espérais sincèrement qu’il avait une idée derrière la tête. Et une bonne, pour changer.

- T'as un plan précis pour ces runes ? Sinon j'ai besoin de ton aide. Elle écarte une mèche du visage de Jorus d'une main et débarbouille le visage ensanglanté d'Akihito de l'autre. Je vais réparer le corps d'Akihito, puis les ramener, tous, mais j'ai besoin de toi pour ça.

Sa réponse ne me plut qu’à moitié, mais je n’avais pas vraiment de meilleures idées dans l’instant. Au moins les trois runes qu’il déposa devant moi soufflèrent un peu d’espoir dans ma poitrine asséchée. Avec ça, peut-être que ramener tout le monde n’était pas aussi désespéré. Le reste des ses idées aissa dubitative et sans grande conviction, mais je n’avais rien à proposer en retour, alors je gardai le silence.

- Tu veux bien regarder s’il possède une rune qui pourrait nous servir ? Je vais m’occuper de l’orbe puis je reviens t’aider. Je pense qu’il me faut un peu de temps pour activer trois runes.

Je lui jetai un regard. Je n’aimai pas cette idée, mais je savais au fond de moi que c’était la meilleure chose à faire. Morts, les runes ne leur servait à rien, il fallait les utiliser maintenant pour les sauver une bonne fois pour toute. Une chance que ses runes soient faciles à trouver et que je n’ai pas à le fouiller… je n’était pas certaine de supporter ça…

- Il a une rune Lumière, mais je doute que ce soit plus efficace que la rune Vie sur Aliaénon... Sans fluide élémentaire, la lumière ne va pas aider, je pense. Sinon j'ai une rune "transformer", si tu en as besoin.

Je ne pouvais m’empêcher de triturer le médaillon d’Aki. Il fallait que je garde l’esprit clair. Concentré sur ce qu’il se passait. C’était ça ou péter un plomb… Et je crus entendre Bellarien renifler face à l’échec de Xël et de ses runes. Cela me mis hors de moi. Ce fils de catin vérolée osait ? Alors qu’il était inutile. Je me redressai, ramassai ma rapière et me dirigeai vers lui. Il allait payer. Payer pour tout ce qu’il avait osé dire, et payer parce que ça libèrerait enfin und e tout ce que je contenais depuis qu’on était arrivé dans cette endroit de merde.

(YLIRIA !)

Qu’est-ce que je foutais .., D’un mouvement de poignet, ma rapière fendit l’air, frôlant Bellarien pour finaleemnt…

- AH putain…

Je m’étais empalée le pied. J’avais tellement voulu tuer Bellarien que je n’avais pas réfléchi à quoi que ce soit dautre. Il fallait que quelqu’un paie. AU final, mieux valait que ce soit moi.

- Idiote...

Oh putain j’allais lui arracher les dents et le les lui foutre dans le cul pour les faire remonter dans ses yeux…

- Je viens de vous éviter de prendre cette rapière dans la gorge, alors pour l'amour des dieux, Bellarien, FERMEZ VOTRE GUEULE !

Je crispai ma main sur ma rapière après l’avoir retirée d’un coup sec. La douleur avait au moins l’avantage - si on pouvait appeler ça comme ça – de me rendre les idées un peu plus claires. Je boitai, aussi ej retirai ma botte qui commençait à s’imbiber de sang. Ce n’était pas beau à voir, mais il y avait plus urgent que mon petit pied troué. Xël avait échoué, tout le monde était au bord de la crise de nerf. Il fallait faire quelque chose. Et vite !

- Plein le cul de ces conneries. Ssussun !

J’allais montrer à Xël comment on pouvait régler le problème. EN GROUPE ! Et pas seul avec des petites pierres visiblement pas très efficaces.

- Renforce ma magie, sans la rune vie, puis suis mes instructions, je vais nous débarrasser de ce truc une bonne fois pour toute et on sera pas trop de trois pour canaliser l'énergie nécessaire. Et après on va gérer le reste.

- Je songeais aussi à changer de stratégie.

Sans blague… Je sentis un vent étrange m’envahir et, soudainement, ma magie se mit à pulser et bouillonner, comme si elle était sur le point de déborder. La sensation me fit grimacer. Ce n’était pas particulièrement agréable.

- On refera pas ça souvent...

J’inspirai. Expirai. Il était temps de régler le problème de l’orbe, histoire que les autres arrêtent de m’emmerder. Puis on passerait aux choses vraiment importantes. Ramener les autres. Le ramener… ça c’était motivant, pas Meno !

- Ssussun, Xël, soutenez ma magie. Et les autres, reculez.

Au moins si ça explosait, je savais que je ne serai pas toute seule. J’inspirai à nouveau et lançai ma magie sur l’âme du titan en sentant celle de Ssussun et Xël m’atteindre. Il fallait qu’elle soit inoffensive. Alors elle allait dormir et arrêter de faire chier.

- Nous n’avons plus le droit à l’erreur ! Il faut concentrer toutes les sources de magie à notre disposition.

Je me retins de lever les yeux au ciel. Pas comme si j’en avais parlé quand lui n’était pas là. Peu importait. Je lançai ma magie sur l’orbe qui…se ternit. Un peu. Ce n’était pas grand-chose, mais elle semblait réellement inactive. Je soupirai. Une bonne chose de fait. Je vis Alossarh approcher et tapoter l’épaule de Xël en me fixant.

- Bien joué. Merde, on n'est pas passé loin.

- Ce n’est que temporaire, le temps de réparer les dégâts et de trouver une solution plus durable.

Pour l’heure, je voulais juste qu’Akihito revienne. Je voulais arrêter de sentir le trou dans ma poitrine. Je voulais voir Jorus redresser la tête avec son air d’ahuri. Je voulais voir tout le monde debout, sains et sauf. Je voulais les entendre me parler, même si c’était pour me hurler dessus. Je voulais juste que tout le monde revienne.

Je retournai auprès des autres et tirai ma gourde de potion, versant une sur ma blessure pour la soigner, au moins un minimum. Je n’avais pas envie d’être dérangé vu ce que je m’apprêtai à faire. Je m’agenouillai entre Jorus et Akihito, Ssussun collé contre moi. Il allait falloir que je puise toute mon énergie dans ce sort. Enfin ça c’était sans compter sur Xël, ses runes, et son idée d’intégrer Visselion dans le processus. Je me contentai de hocher la tête, déjà concentrée sur ce que je m’apprêtai à faire.

- Ssussun, soutiens ma magie encore une fois, s’il te plaît. Xël, je vais avoir besoin de ta magie aussi. Plus on sera nombreux, mieux ce sera.

Le temps que les runes fassent leur effet, je rassemblai toute l’énergie magique dont je disposai. Je la sentais, bien présente et forte. Il fallait que ça marche. Peu importe le temps que ça prendrait, il fallait que ça marche. Je canalisai ce pouvoir pour englober chacun des corps de nos compagnons sans vie. Pour les soigner. Pour les ramener. Tous les Yuimeniens. Pas de distinction. Soigner leurs corps, ramener leurs âmes dans leurs corps respectifs. C’était tout ce que je voulais. Et j’étais prête à tout donner en échange.

***

((Ssussun soutiens la magie d’Yliria qui attend que Xël ait fini avec ses runes pour lancer sa magie qu’elle canalisait pendant ce temps, dans le but de soigner tous les Yuimeniens et de ramener leurs âmes dans leurs corps respectifs, comme s’ils n’étaient jamais morts. Utilisation des 8 points du jeu des mots pour le sort.))

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Cromax
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Re: Lande Noire

Message par Cromax » sam. 22 avr. 2023 14:52

Cauchemar en Aliaénon : Elscar’Olth V



Les runes de Xël perdirent leur puissance à la faveur d’Yliria, qui sentit un bref moment sa puissance régénératrice se solidifier. Comme si elle avait, l’espace d’un temps, de nouveau accès à sa magie de Yuimen. Un temps trop court, cependant. Trop bref. Sussun, apparemment ravi d’avoir été activé mit du sien pour soutenir magiquement son invocatrice. Avec… un peu trop de zèle. L’afflux magique qu’il envoya fut tel qu’Yliria elle-même sentit qu’il pouvait la faire exploser de l’intérieur, exploser et réduire en petits morceaux de chair fumante. Heureusement, Visselion était là. Ce dernier jura :

« Merde ! »

Et sa magie s’incanta alors qu’il remua les bras vers Sussun : un rayon de magie de la Lande naquit de ses mains pour englober la puissance hors de contrôle de Sussun et agir comme une sorte de… filtre. Il la condensa, la maintint en un vortex de puissance brute totalement contrôlé, et envoya à la semi-shaakt l’essence suffisante pour soutenir sa magie. Largement suffisante. Puissante. Comme si toute la puissance du sort de Sussun était inaltérée, mais désormais contrôlée en un afflux progressif ne mettant plus en danger les jours de l’enchanteresse. Et vint le sort d’Yliria. Un sort qui… fonctionna. En partie du moins. L’afflux magique des deux sources, le filtrage de Visselion lui permirent de faire ce qui n’aurait clairement pas été possible sans : les corps de Mathis, Silmeria, Jorus et Dracaena se relevèrent. Ils n’étaient pas blessés, de base, mais semblaient bien vivants.

Semblaient. Seulement. Ils étaient debout, vifs, aptes à bouger, capables d’agir mais… leur regard restait vide. Comme des poupées inanimées, sans âme. Yliria sentit qu’elle avait une sorte de contrôle étrange sur eux. Partiel, pas total. Moins fusionnel qu’avec Sussun. C’était comme posséder des marionnettes au bout de ses doigts, sans avoir accès à leur for intérieur mental.

Et puis il y avait… Akihito. Ce qui restait de son corps s’anima, rampant définitivement vers elle comme une limace immonde de chairs détruites, carbonisées et désossées. C’était monstrueux : son visage n’avait plus rien d’humain, déformé par la destruction. Son corps ne parvenait pas à se relever, brisé. Il rampait comme un vers, râlant bruyamment. Au moins, comme les autres, n’avait-il pas la conscience suffisante pour se rendre compte de son état lamentable. Une vision horrible, qui ne put que marquer d’un choc terrassant les personnes présentes, toutes muettes. Visselion, quand tout fut fini, posa un genou au sol, transpirant, essoufflé. Qu’est-ce que ça aurait été, sans son intervention ?


[HJ : tu sens avoir un maigre contrôle sur les corps de tes compagnons. Mais toute tentative de les faire agir devra être validée par ma part. Vous pouvez réagir à ça dans la partie discussion générale.]


[XP :
Xël : 3 (situation de l’orbe)
Yliria : 3 (situation de l’orbe) + 1 (trauma)]


[Jeu des mots :
Xël : 5 points.]

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Xël
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Re: Lande Noire

Message par Xël » ven. 28 avr. 2023 22:00

Ça aurait été trop facile. J’avais moi même hésité devant le corps de Jorus. Ramener les morts à la vie n’est jamais une bonne idée.

Même si ils se relèvent, je remarque bien vite dans leurs regards que ce ne sont que des coquilles vides. Yliria est parvenue à soigner leurs corps mais leurs âmes, elles, ont sans doute déjà rejoints la savane Thanathéenne, comme Thensoor me l’avait expliqué quand je l’avais interrogé sur la mort de Vallel.
Puis il y a Akihito. Je sais que cette scène restera pour toujours gravée dans ma mémoire, effaçant la présence des quatre autres défunts, immobiles comme des statues. Le corps brisé de l’Ynorien avance en rampant sur le sol et poussant un râle de gargouillis qui s’échappe de son visage carbonisé. Je ne peux m’empêcher de reculer de quelques pas, à la fois effrayé et dégoûté. Je me reprends à peine pour m’approcher d’Yliria et lui expliquer d’une voix tremblante que même si il existe sans doute bien des façons de les faire revenir, aucune ne donnerait satisfaction et que nous avons fait ce qui avait le plus de chance de réussir. Je marque une longue pause avant de déclarer:

« Il est temps de leur offrir un lieu de repos. Nous pourrons ramener leurs corps à Oranan demain. »

Je me dirige ensuite vers le corps de l’Ynorien pour le ramasser et l’éloigner de la bretteuse. C’est comme si je soulevais une lourde couverture humide et contenant des débris de bois et de fer. Ça se tord, fait des bruits de craquement et ça sent fort la chair brûlée et le sang chaud. J’en gerberais si je n’avais pas déjà vidé mon estomac un peu plus tôt. Je suis surpris d’entendre Visselion et Alossarh l’encourager à poursuivre dans son but, jusqu’à trouver un moyen de contacter le lieu où vont les morts. Bellarien ouvre encore son bec pour se montrer insultant, moqueur, provocant et se fait envoyer balader par Visselion d’un regard assassin. Il fait bien car j’aurais encore eu assez de magie pour lui faire connaître la sensation que vit une mouche à merde quand je l’éclate avec une savate en plein vol.

Je sens une main saisir ma cheville et quitte du regard le frère raté d’Assamoth pour observer Yliria, à la fois triste et furieuse. Elle me fait de la peine, une peine sincère. Ce qu’elle vit maintenant, j’ai vécu une chose semblable dans le désert d’Arothiir. Je ne cherche pas à insister et dépose le corps mou sur le sol avant de me redresser tandis qu’elle montre son désir de se renseigner sur la savane Tanathéenne. Ce n’est pas une bonne idée, j’en suis convaincu et je fais part de mon avis à Visselion avant de poser une main se voulant réconfortante sur l’épaule d’Yliria et de planter mon regard dans le sien:

"Prends ton temps."

Dis-je avec sincérité avant de m'éloigner vers les deux Simayas. Encore une curiosité de ce monde.

"Ne cherchez pas à me convaincre de laquelle est la vraie ou la fausse."

Dis-je en arrivant à portée de voix.

"Expliquez moi simplement ce qu'il s'est passé dans le cristal s'il vous plait."

Elles m’expliquent sans broncher qu’elles se trouvaient dans une salle sombre et qu’elles ont plus ou moins cherchées à se blesser sans y parvenir. J’écoute en massant mon menton, me remémorant les paroles du Juge pour trouver une piste mais quand je cherche des réponses je ne parviens qu’à attiser leurs défiance l’une envers l’autre qui cherchent à me convaincre de qui est la vraie, utilisant Fin’ comme argument. Justement, je ne suis même pas certain que l’une d’elle soit fausse.

« Je répète. Ne cherchez pas à me convaincre. Ça ne sert à rien. Je suis de toute manière incapable de faire un choix. Même si je le fais, que devrais-je faire de l’autre ? »

Je soupire.

« Répondez sincèrement pour qu’on trouve une solution. »

"Xël, je suis sérieuse : c'était son but à elle, de me tuer. Pour sa soi-disant justice, comme punition de ce dont je me sens coupable."

Dit finalement l’une d’elle après quelques autres justifications, tout en attrapant mes bras et plongeant un regard intense dans le mien. Je la crois.

« Je pense que la clé est là. »

Dis-je après un soupir.

« De quoi vous sentez-vous coupable ? »

Si la première refuse de répondre, la seconde les énumères sans peine sur un ton de défi.

"La mort de Finarfin. L'échec du Conseil d'Or. Esseroth qui brûle. Il est inutile de les cacher, quand on finit par les accepter."

J’observe la seconde Simaya avant de planter mon regard dans celui de la première.

« Le Juge a parlé de mort ou de remord… »

Je garde un instant le silence avant de poursuivre, attrapant la main de celle qui me tenait avant les bras.

« Moi aussi je me sens coupable pour ces choses là. »

Elles restent toutes les deux silencieuses tandis qu’un voile de tristesse passe dans les yeux de celle face à moi.

« Alors prenons un peu de temps avant de vouloir nous entretuer. Il y a assez de choses à gérer pour ce soir. »

"Tant que nous sommes deux, vous n'aurez pas l'aide de mes pouvoirs. Vous le savez."

Rappelle la seconde.

« Je l’ai compris oui. Mais je préfère te savoir en vie qu’avec des pouvoirs. L’urgence c’était l’influence de l’orbe, c’est réglé pour le moment.
Nous sommes sans doute épuisés, on a besoin de repos et d’un peu de temps pour accepter la situation. »


Concluais-je en tournant mon regard vers Yliria qui rétorque qu’elle se reposera quand elle aura trouvé une solution. Elle ajoute:

« J'apprécie de savoir que si j'avais été étendue là avec les autres, tu aurais abandonné sans même essayer, malgré tout ce qu'on est capable de faire ici. Libre à toi d'accepter la situation, mais j'ai bien l'intention de la changer. »

Je pourrais rétorquer à mon tour que ce genre de bonne intention est sans doute ce qui a mené beaucoup à se lancer dans la nécromancie et que c’est une chose que nous avons combattus tous les deux à Kôchii. Mais je reste silencieux, je sais qu’elle souffre et je sais que c’est cette douleur qui s’exprime. Je la laisse poursuivre son sort et m’éloigne pour rentrer dans la grotte et y trouver un endroit où me reposer avant de m’effondrer.

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Yliria
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Re: Lande Noire

Message par Yliria » sam. 29 avr. 2023 01:02

Pendant un bref instant, je crus que tout allait s’arranger. La sensation était familière, comme si Yuimen avait décidé de m’envoyer un sursaut de sa magie. Une douce chaleur bienveillante qui s’ancrait en moi. Pour s’intensifier violemment. La chaleur devint forte, puis insoutenable. J’avais l’impression de brûler de l’intérieur, comme si la magie cherchait à me faire exploser. Je hurlai de douleur, incapable d’encaisser quelque chose de si violent. Pourtant, aussi vite que c’était apparu, la douleur reflua. Je respirai, mon corps ne semblait plus être devenu l’un des volcans de Nosveris. La magie avait complètement été contrôlée. Elle agissait normalement et tout semblait rentrer dans l’ordre. Ils se relevaient, tous.

Ce n’était pas censé se passer comme ça.

Je n’aurai pas dû voir l’absence de vie dans les yeux de Jorus. Je n’aurai pas dû sentir cet étrange lien qui me liait à chacun d’entre eux. Ça n’avait rien à voir avec ce que je voulais. Je ne voulais pas de coquille vide qui pouvaient bouger. Mais ce n’était même pas ça, le pire.

Jamais je n’allais oublier ça

Il rampait, le corps brisé et affreusement brûlé. Chaque mouvement que son corps brisé faisait me donnait envie de vomir, envie de pleurer, envie de mourir. Ce n’était pas ce que je voulais. Je voulais qu’il revienne. Je voulais qu’il sourît à nouveau, je voulais entendre sa voix et savoir que tout allait bien. Je voulais le serrer dans mes bras et oublier qu’il n’était plus là. Oublier le fait qu’il était mort.

Mais là…

- AKI ARRETE ! STOP ! arrête...

Je ne pouvais pas. Je ne pouvais pas continuer à le regarder. Je ne pouvais pas continuer à assister à ça. C’était trop. Je n’arrivais pas à m’arrêter. Les larmes coulaient sans que je ne puisse retenir quoi que ce soit. Pourquoi rien ne marchait ? Pourquoi ce monde semblait nous maudire à chaque fois qu’on essayait quelque chose ? Pourquoi on essayait de sauver un endroit qui nous haïssait tant ? Est-ce qu’on devait tout sacrifier pour sauver un monde qui n’était pas le nôtre et dont les habitants ne voulaient pas de notre aide ? Pourquoi on s’infligeait ça ? Pourquoi je m’évertuai à essayer, si c’était la seule chose qu’on obtenait en échange. J’étais fatiguée de tout ça, je voulais que ça cesse.

- C'est une première étape. Il y a moyen de faire plus. Moyen de récupérer leurs âmes, de les faire réintégrer leurs corps. Il faut trouver un moyen de contacter la Savanne Tanathéenne, où elles sont sans aucun doute. Vous avez sauvé leurs corps : ils ne se dégraderont pas si vous maintenez votre magie à l'intérieur, je l'ai senti.

Plus… il fallait toujours faire plus, endurer plus, souffrir plus.

- Gardez confiance. Ce que vous venez de faire est fou, putain. Et s'il n'y a plus d'espoir en vous, mettez-vous en tête qu'il existe toujours. Peut-être même chez eux, prisonnier des landes mortes. Ils croient en vous pour pas les abandonner.

Je savais qu’il avait raison. J’avais juste besoin de temps. J’avais juste besoin qu’on me laisse encaisser la douleur et la mettre de côté pour plus tard. J’avais juste besoin de ravaler mes larmes, de ravaler le hurlement qui tentait de passer mes lèvres et les insultes qui menaçaient de suivre. Serrer les dents, encaisser, avancer envers et contre tout malgré tout ce qu’on pouvait me balancer à la gueule. Putain je pourrais en faire un slogan tellement c’était récurrent.

- Il existe sans doute un millier de façons pour le ramener à la vie. Mais aucune ne donnerait un meilleur résultat. Je pense que c’était la solution qui avait le plus de succès de réussite…

(Putain Xël…. Ferme-la…)

Il n’aidait pas. Il n’aidait pas dut tout. Et encore moins en soulevant Aklihito. Il faisait quoi, exactement ?

- Il est temps de leur offrir un lieu de repos. Nous pourrons ramener leurs corps à Oranan demain.

(Oh non, tu vas pas faire ça.)

Je saisis sa cheville, me fichant complètement de lui faire mal. Je lève les yeux vers lui. Qu’il essaie. Qu’il insiste. Qu’il se casse s’il le voulait, mais il n’était pas question qu’il décide de ça. Ce n’était pas à lui de décider. Qu’il abandonne s’il le voulait. Je n’allais pas le faire.

- Pose-le, Xël... Tu n'as pas à décider de ce qu'on va faire. Libre à toi de rentrer à Oranan. Seul.

Il reposa Akihito au sol sans discuter et je lâchai sa cheville. Je croisai à nouveau son regard et toute rancune disparue. Il comprenait. Ou du moins je crus le déceler, tant dans ses yeux que dans son geste, ses mots.

- Prends ton temps.

Je fixai un instant sa main, puis revint vers son visage. Une foule de question se bouscula dans ma tête, mais ce n’était pas le moment. On n’avait pas le temps. On n’avait jamais le temps. Et ça jouait contre nous. Qui étais-tu vraiment, Xël ? Pourquoi j’avais le sentiment qu’on se comprenait bien trop à ce moment précis ?

- Merci Xël.

Ma gorge était sèche, douloureuse, mais il fallait que ça sorte. Il fallait que je me calme, que je me détache juste assez pour résoudre la situation. Une chose à la fois. Ignorer Bellarien et l’envie de lui exploser la gueule. Se remettre debout et ravaler les larmes et le goût de bile qui flottait dans ma bouche. Ne pas me haïr tout de suite, j’aurai le temps plus tard. Alossarh avait mis le doigt sur ce qui me tracassait. Et c’était dur à admettre.

- Vous avez raison c'est juste...Je n'aime pas ce qu'il se passe, je ne suis pas une foutue nécromancienne qui joue avec le corps des morts.

Inspirer, se calmer. Au moins un peu. Peut-être qu’ils avaient la réponse. Lui ou Visselion.

- Comment ça marche votre… Savane ? Comment ils peuvent encore attendre quelque chose s'ils sont morts ?

- La savane est recouverte d'une brume qui attire les âmes des morts pour qu'ils rejoignent leur dernière demeure. Aucun vivant ne peut y survivre... Eux, ils ne sont pas vivants. Ce pourrait être une idée d'approche. Qui sait si leurs âmes n'errent pas là à la recherche d'un corps ? L'on dit que certains des vôtres y avaient pénétré, autrefois, accueillis par le maître des lieux. Pour... votre compagnon, je suis persuadé qu'une tentative plus humble, ciblée sur son corps, pour le soigner de ces rudes blessures, pourrait l'aider. S'ils doivent réintégrer leur corps, autant que celui-ci soit en bonne forme...

Je sentis mes épaules se tendre. En clair, en résumé, il me demandait de les contrôler pour qu’ils aillent dans cette savane récupérer leurs âmes. C’était autre chose. Ce n’était pas ramener leurs âmes dans leurs corps. C’était de la nécromancie. C’était contrôler le corps des morts sans leur volonté, sans leur consentement, sans la moindre compassion. Et c’était complètement hors de question.

- Non. Je ne vais pas commander des corps sans âmes, je ne suis pas une nécromancienne. Ce n'est pas... Je refuse de leur faire ça.

Je pouvais leur hurler dessus ou en pas leur faire confiance, ça ne voulait pas dire que j’allais bafouer leurs corps et m’en servir comme je l’entendais. Jamais.
il avait pourtant raison sur un point. SI je devais ramener chacun d’entre eux, Akihito aurait besoin de soin. Je ne voulais pas qu’il revienne dans un corps brisé. Je ne voulais pas qu’il revive ce qu’il avait vécu…

- J'espérai que ça marcherait, mais j'ai sans doute surestimé les possibilités sur le moment... Ssussun, aide-moi à soigner Akihito.


J’aurai dû commencer par ça. Une petite chose à la fois. Le soigner puis les ramener, un à un peut-être. Limiter les risques, limiter le danger, faciliter le résultat ; Rien de parfait, mais au moins il ‘était reconnaissable et je n’avais plus à regarder l’horreur déformé qui avait été son corps. J’étais loin d’être satisfaite, mais c’était un premier pas.

- Il lui faudra du temps, du repos. Peut-être plusieurs essais magiques. Mais ne concluez pas trop vite le négatif sur le fait d'user de ces corps emplis de magie. Vous le faites pour eux, pour les aider, pas pour les manipuler à votre profit. Et en cela, ça change tout.

- Ce n'est pas le problème... J'ai vu ce qu'ont peut faire à des corps sans âmes. Je les ai vus s'arracher membres et tripes pour parvenir à suivre l'ordre qu'on leur a donné, envers et contre tout. Je ne veux pas risquer un seul d'entre eux sur une hypothèse. A sa place, je préfèrerais qu'il me laisse morte.

Je ne voulais pas agir comme ma cousine l’avait fait. Je ne voulais pas. Est-ce qu’ils savaient la douleur qu’on ressentait à voir un être cher relevé d’entre les morts, privé de sa liberté, obligé d’obéir aux ordres d’une tarée qui veut votre peau ? obligé de combattre et tuer à nouveau celui qu’on a perdu ? Même si jamais je ne ferai ça, c’était trop proche pour que je me permette quoi que ce soit. Je refusai d’aller aussi loin.

(Même si c’est la seule manière de les sauver, Yliria ?)

(Tu sais que ce n’est pas juste, Alyah.)

(Ce qui est juste ou non, c’est subjectif. Et sujet aux changements.)

(Tu ne vas quand même pas aller dans son sens ?)

(Tu m’as mal comprise Yliria. Je ne te dis pas de le faire absolument. Je t’explique juste que tu as déjà dû prendre des décisions difficiles qui allait à l’encontre de tes croyances, et qu’elles ont dû éoluer avec toi. Tu as tué alors que tu t’y refusais au début. Tu as laissé ta colère prendre le pas sur le reste pour survivre. Tu as appris à te battre, à tuer, pour ne pas être tué. Tuer une personne pour en sauver dix. Tout ça, tu l’as fait, c’était tes choix et personne ne peut te dire si c’est juste ou non, tu es la seule juge de tes actions. Et ça, ça ne fait pas exception.)

- Je vais essayer de trouver d'autres solutions. J’ai juste besoin de réfléchir…

C’était autant pour Alyah que pour Visselion. La première n’ajouta rien et me laissa. Elle savait qu’insister ne mènerait à rien. Je ne comptais plus le nombre de fois où on avait eu des discussions sans réelle décision, pour que j’en prenne une quelques temps plus tard, suivant en partie ses conseils. Mais là, c’était différent. C’était tout ce que je haïssais et combattais. Et je ne voulais pas aller dans cette direction. Il y avait d’autres options. Il devait y en avoir.

- Comme nous il y a peu, vous avez perdu beaucoup des vôtres aujourd'hui. Partageons cette peine, qu'elle nous rende plus forts.

Partager la peine ? je voulais juste qu’elle cesse. Je n’avais pas envie qu’elle reste, tel un poids dans ma poitrine, toujours à me tirer vers le bas. J’en avais assez de ressentir ça.

- J'en ai marre de cette peine, je la traine depuis trop longtemps.

Et elle n’allait jamais vraiment disparaître. J’avais trop de gens mourir. Des inconnus, bien sûr, mais aussi des proches, des amis et j’en avais toujours le poids enfoui dans la poitrine. Même sans avoir été responsable, la peine ne disparaissait jamais vraiment, j’apprenais juste à vivre avec et à l’ignorer pour avancer un peu plus loin. Je commençai simplement à saturer.

- Nous sommes sans doute épuisés, on a besoin de repos et d’un peu de temps pour accepter la situation.

Accepter la situation ? Bordel mais comment il pouvait dire ça ? Après tout ce qu’on avait réussi à faire, il laissait tomber ? Il les laissait crever comme s’ils ne comptaient pas ?

- Je me reposerais quand j'aurai trouvé une solution.

Je jetai un œil en biais à Xël. Peut-être était-il réellement épuisé, après tout, mais ça me foutait en rogne quand même. S’il avait été là, avec eux, pensait-il que j’aurais abandonné comme lui le faisait ?

- J'apprécie de savoir que si j'avais été étendue là avec les autres, tu aurais abandonné sans même essayer, malgré tout ce qu'on est capable de faire ici. Libre à toi d'accepter la situation, mais j'ai bien l'intention de la changer.

Je me tournai à nouveau vers Akihito, sans attendre une quelconque réponse de sa part. Je n’avais rien de plus à ajouter. Et lui ne sembla pas vouloir dire quoi que ce soit. Même si je n’appréciai pas particulièrement certains, je n’allais pas pour autant les laisser crever comme ça. Une chose à la fois. Soigner Akihito. Les ramener, un à un s’il le fallait. Et si ça ne marchai tpas…

Suffisait de recommencer. Jusqu'à ce que ça marche.

- Je vais pas les abandonner... Ssussun, encore une fois.

((Tente à nouveau de soigner Akihito avec le soutien de Ssussun.))

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Cromax
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Re: Lande Noire

Message par Cromax » sam. 29 avr. 2023 14:21

Cauchemar en Aliaénon : Elscar’Olth VI



La magie qui pulsa d’Yliria et Sussun ne donna rien de bien spécial sur le corps en convalescence du pauvre Akihito. Pire, cet afflux de magie lui sembla même désagréable, un nouveau râle exhalant de sa bouche pour en laisser filtrer une odeur pestilentielle, comme celle d’un cadavre, rappelant à la semi-shaakt ce qu’ils deviendraient vite tous ses alliés si elle ne maintenait pas sa magie en eux. Était-ce le désespoir, la fatigue ? Yliria sentit une vague d’épuisement la frapper. Tout ça était trop pour elle. Elle tomba endormir sur le corps d’Akihito. Xël était parti dormir, lui aussi.

Et la nuit passa.

Au matin, ils se réveillèrent tous deux à l’intérieur de la grotte, dans deux lits sommaires conjoints. Non loin, Zacara était assis, veillant sur la troupe des morts de la veille, qu’ils avaient amenés là, allongés sur des lits de fortune eux aussi. Aucun autre n’était présent à cet endroit précis, chacun ayant sans doute pris du repos. Maïssa et Ibn étaient assis aux côtés du soigneur masqué, devisant posément. Teruki, gouverneur de Fan-Ming, et son épouse Himeka étaient là eux aussi.

Lorsque les deux endormis remuèrent, Visselion arriva à son tour et s’adressa à eux.

« La magie habite toujours vos amis. Zacara a confirmé mes dires d’hier : si vous les relâchez, ils ne seront plus que cadavres et il faudra les considérer comme tel. Ils pourriront avant que vous n’ayez pu faire quoique ce soit. Vos choix les concernant sont restreints : soit vous les laissez ici sous notre garde pour trouver une solution, soit vous les manipulez pour ce faire, soit vous en faites votre deuil. »

Il laissa un moment couler, et poursuivit.

« L’orbe du titan est toujours endormi. Comme apaisé. Nous espérons que cela reste ainsi, même si sa présence reste un danger pour nous. Nous comptons rejoindre les ruines d’Elscar’Olth pour y monter un camp et voir petit à petit ce qui peut être sauvé. Et… j’ai une mauvaise nouvelle. »

Il regarda vers Xël.

« Les Simaya ont disparu pendant la nuit, ne laissant aucune trace. Personne n’a rien vu. »




[HJ : Discussion générale ouverte. Vous savez quels PNJ sont présents, papotez les si vous voulez. Si vous tentez d’autres trucs ou prenez une décision de départ, ça ira vraisemblablement à la màj. Des trucs mineurs peuvent être résolu dans la discussion.]


[XP :
Xël : 0,5 (papotage)
Yliria : 0,5 (papotage)]

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Re: Lande Noire

Message par Yliria » ven. 5 mai 2023 16:30

Ouvrir les yeux fut presque un combat en lui-même. Je n’avais pas envie de me réveiller et de faire à nouveau face à la réalité qui s’imposait à moi. Une lassitude grandissait et il fallut que j’entende les sons de personnes proches pour me décider à soulever les paupières. Un plafond de pierre m’accueillit, froid et austère, tout comme l’endroit où on se trouvait. Me redresser ôta tout espoir que les choses se soient réglées d’une manière ou d’une autre. Ils étaient toujours morts. Et ej ne me souvenais même pas m’être allongée. Je me frottai le visage. J’aurai aimé que ce soit différent.

Je n’eus même pas le temps de sortir de ma couche que Visselion nous donna les dernières informations. Je ne retins que deux choses. Ma magie conservait nos compagnons et Simaya avait disparu. Les deux Simaya. Je jetai un regard à Xël, puis aux corps étendus non loin. A défaut de savoir quoi faire pour les aider eux, je pouvais l’aider, lui. Je fouillai mes affaires et sortis ma besace de rune, en isolant une pour la tendre vers Xël.

- Hi. Localiser. Je voulais la garder pour autre chose mais... fais en bon usage.

J’allais devoir faire autrement pour la retrouver, mais je verrai ça en temps voulu. Enfin c’était ce que je croyais, parce que Xël prit ma main et la repoussa vers moi, affirmant que Simaya saurait se débrouiller et qu’il resterait là. Je haussai un sourcil, surprise. Moi qui pensais qu’il se passait quelque chose entre ces deux-là… Je rangeai la rune, indécise, pour finalement me tourner vers Visselion. Les accompagner dans les ruines de leur cité ne me semblait pas être une bonne idée. Tant pour eux que pour nous.

- Je pense qu'il vaut mieux que je reste ici. Si la magie devient trop instable, mieux vaut que les vôtres ne soient pas dans les parages.

Et puis l’idée d’être débarrassé des emmerdeurs du genre de bellarien, ça n’était pas négligeable.

- Et ? Ne tenterez-vous donc rien ?

C’était la question à 1000 yus. Tenter quelque chose, oui, mais quoi ?

- Oh si. Je ne vais pas laisser tomber. Mais si je peux être débarrassé de Bellarien, c'est un plus non négligeable. Et si on peut éviter des retombés sur les vôtres si la magie fait n'importe quoi, c'est encore mieux.

Je ne savais pas trop la relation qu’il avait avec Bellarien, mais son sourire peu discret me fit me dire qu’il n’avait pas particulièrement d’inclinaison en sa faveur. C’était déjà ça.

- Je comptais faire rapatrier avec nous vos... défunts compagnons pour leur offrir une meilleure protection qu'ici, si vous les laissiez le temps de trouver une solution. Nous passerons une partie de la journée à préparer le départ, n'hésitez pas à venir me trouver.

Je l’observai partir sans rien ajouter. Je ne savais pas top quoi en penser, à vrai dire. Je craiggs un peu de les laisser là sans surveillance, mais rien ne me disait que personne ne tenterait quelque chose si je remettais leur sécurité entre ses mains. Je n’aimais pas cette situation. Histoire d’avoir quelque chose pour occuper mes mains, j’entrepris de défaire mon armure et de la nettoyer. Elle était encore couverte du sang d’Akihito et quelques écailles avaient bien besoin d’un peu d’entretien. Il s’était passé trop de choses en si peu de temps… Fixer les taches séchées et virant au brunâtre me fit remonter un goût de bile dans la gorge.

Aki…

- Trop de morts, en trop peu de temps. Un mal majeur règne sur Aliaénon depuis notre retour. Il nous faut le combattre à tout prix.

Je tournai brièvement la tête vers Ibn. Annoncer l’évidence n’était vraiment pas des plus utiles…

- On sait quel mal règne. Il faut juste trouver un moyen de ramener tout le monde pour s'en débarrasser...

- Et mon épée est vôtre.

Là, en revanche, je relevai franchement la tête. Jorus nous avez parlé de lui… Teru…

(Teruki, gouverneur de feu Fan-Ming)

(Merci. Je l’avais oublié.)

(Compréhensible.)

C’était étrange de ne pas entendre Alyah me taquiner. Mais l’ehure n’était pas vraiment aux chamailleries et elle le savait. Quant à la proposition deTeruki.. Je jetai un œil aux corps étendus à côté de nous. Une épée…

- Sire... Teruki, c'est ça ? J'apprécie le geste, mais j'ai vraiment besoin de tout sauf d'une épée, là tout de suite. Mais quand le jour où on en a besoin arrivera, je saurai me tourner vers vous.

Maios se fut vers Xêl que ej me tournai dans l’immédiat. On avait encore des cartes à jouer.

- Ton ami le Sans-Visage peut pas nous aider ?

- Pour ça il faudrait le libérer. Mais ce n’est pas certain qu’il accepte.

Les dieux… J’allais lui répondre qu’il avait intérêt après ce qu’on essayait de faire pour lui, mais Ibn semblait vouloir réellement discuter de quelque chose. Que je ne comprenais pas.

- Vous pensez connaître le mal qui règne. De ce Dragon noir, Fléau majeur je l'entends, il n'y a eu que deux morts. Deux titans, certes, mais tous les autres décès ne lui sont pas dus : le peuple d'Elscar'Olth, les Cadi Yangin de Methbe-El, vos compagnons... Le mal est plus profond et vicieux que la seule existence de ce Dragon.

Malgré la remarque pertinente de Teruki sur la destruction de sa ville, Ibn restait convaicu qu’il y avait quelque chose de plus à l’œuvre. Et ça me dépassait, dans l’immédiat.

- Que voulez-vous que je vous dise, Ibn ?

Elle cesse son nettoyage pour le fixer.

- Je connais rien à ce monde. Xël et Simaya ont expliqué certaines choses, mais on est loin de comprendre ne serait-ce qu'une fraction de cet endroit. Un autre mal plus vicieux ? Mes compagnons sont morts parce que l'un d'entre eux est un débile profond qui a fait fi de tous nos avertissements, a lancé un sort qu'il n'aurait pas dû lancer et en a perdu le contrôle. Le Dragon est vraisemblablement arrivé à cause de Brytha et a détruit Fan-Ming et deux titans, Elscar'Olth a été détruit par un titan complètement cinglé obnubilé par l'âme du Sans-Visage et les Cadi Yangin ont été décimé par un groupe de fanatique présent sur Aliaénon depuis un moment, si j'ai bien compris. J'ai vraiment du mal à voir la moindre corrélation entre tous ces événements. Simplement un concours de circonstances merdique au possible. Je ne vois pas où vous voulez en venir.

- Je ne veux venir à rien de précis, j'aimerais juste que vous gardiez ça en tête. Et si vous êtes suffisamment désabusée pour voir des coïncidences non liées dans tous ces événements, dans mon peuple on ne croit pas au hasard.

J’avais envie de rétorquer que ça n’était pas un argument, de ne pas croire au hasard, mais il n’avait pas fini.

- Quant aux connaissances sur ce monde, je serai ravi d'illuminer votre lanterne pour peu que vous puissiez m'entendre et m'interroger sur ce qui vous préoccupe. Je parcoure ce monde depuis des centaines d'années. Par le corps ou les visions. Je n'ai pas l'orgueil de dire que je peux tout connaître, mais je peux vous informer sur beaucoup. Et puisque je n'ai plus accès à mes pouvoirs pour l'heure, j'aimerais au moins être utile à ça.

Je n’avais pas vraiment quoi que ce soit à répondre à ça. Je me contentai de hocher la tête. J’étais lasse, à vrai dire. Peut-être qu’en temps voulu, j’arriverai à obtenir les clés pour nous sortir de cette situation…

- Je... vais y réfléchir. J'ai juste besoin d'un peu de temps. Merci, Ibn.

Je ne savais pas trop par quoi commencer. Xël sortit de son silence et son ton me fit dresser de nouveau la tête. La fatalité semblait avoir eu raison de lui. Je n’aimais pas le fait qu’il essaie de me la trasmettre.

- Tu es sûr de vouloir poursuivre sur ce chemin ? On pourrait retourner la savane des morts, utiliser ta magie, celle du Sans-Visage ou des Titans, voir d’une machine qui existerait encore comme à Orsan, ça pourrait fonctionner mais en aucun cas sans conséquences. Je sais que c’est difficile à croire. Qu’on voudrait revenir en arrière pour l’empêcher. Tu sais où mène ce genre de choses même par bienveillance …Est-ce qu’il ne faudrait pas juste accepter… qu’ils soient morts ?

Je savais où il voulait en venir. Nécromancie. Un sombre chemin où nombreux étaient ceux qui s’y étaient perdus, mais il avait tort.

- Je t'arrête là, Xël. Je ne suis pas cinglée au point d'en arriver à un point où ils ne sont que des pantins ou que des vies innocentes seraient perdues pour ramener tout le monde. Ils ne voudraient pas ça... Enfin pas tous. Mais tant que ça ne concerne que ma propre vie, je considère que j'ai tous les droits pour tout tenter. Si tu ne veux pas m'aider, soit, mais n'essaie pas de m'empêcher d'essayer. Je refuse d'annoncer à Hitomi qu'Akihito est mort sans avoir tout tenté pour le ramener...

Je ne savais même pas si j’arriverais à me pardonner moi-même, si je n’essayais pas tout ce qui était en mon pouvoir pour les ramener. Où se dressait la limite, ça restait encore à déterminer, mais si je devais échangé ma vie contre la leur, le choix était aisé à prendre.

(Yliria…)

(Tu sais ce que j’en pense, Alyah.)

(Et tu sais que je ne suis pas d’accord avec ces pensées.)

Je n’ajoutai rien, c’était inutile. Je savais qu’on devait avoir une longue conversaton à ce sujet, mais ça n’était pas le moment.

- Je ne t’empêcherais pas.

Je préférais franchement quand on se hurlait dessus, plutôt que le ton que Xël avait en ce moment.

- La meilleure façon de me rendre utile est encore d’aller à Nagorin pour voir ce qu’il est du Sans-Visage dans ce cas. Il y a encore des chances pour qu’on me laisse entrer dans la cité.

- T'aimes vraiment trop qu'on se sépare... C'est sûr comme endroit ?

- Les Ouessiens de Nagorin sont des gens particuliers. C'est un sanctuaire et je m'y suis rendu plusieurs fois. J'espère qu'ils me feront encore confiance pour m'entendre. J'imagine que c'est sûr tant que je ne cherche pas la merde.

Je ne pus m’empêcher de grimacer. Ce n’était pas un non, ni un oui, mais ça ne présageait rien de bon pour la suite. Et si Xël avait de sproblèmes… Je jetai un regard aux corps étendus non loin. Le Sans-Visage était une potentielle aide qu’il ne fallait pas négliger, tant dans leur sauvetage que dans la lutte contre le Dragon. Même si ça ne me plaisait pas de les laisse, l’idée que Xël y aille seul – enfin avec Maïssa, si j’avais bien compris ses gestes – était risquée. Et j’avais assez vu de compagnons mourir pour le restant de mes jours… Ma décision était prise.

- Je vais prévenir Visselion et faire en sorte qu'ils soient en sûreté avant qu'on parte.

Je me levai et renfilai mon armure. Elle n’était pas urtilante, mais au moins elle n’avait plus la tache de sang qui la maculait. C’était mieux que rien.

- S'il y a des informations cruciales à me donner sur Nagorin, c'est le moment.

Et il y en avait. Ibn fut bien plus explicit que Xël sur le sujet et plsu j’en entendais, moins ça me plaisait.

- D'accord donc isolationnistes, un peu pédants, pas très accueillants et a priori dangereux... Bien bien bien... Espérons que l'idée que leur monde puisse mourir et eux avec les fera un peu réagir en notre faveur. Je vais m'organiser avec Visselion. On partira quand tu seras prêt, Xël.

J’attrapai mes affaires et sortit de la pièce pour chercher Visselion, sortant un encas de mon sac pour au moins avec un truc dans l’estomac. Même pas eu le temps de prendre un repas la veille ou en me réveillant, ça allait finir par me jouer des tours, ces conneries. Je demandai à un des locaux où était Visselion et il me le pointa du doigt sans un mot. Visiblement lui aussi était méfiant envers nous… Je me rapprochai néanmoins, appelant le chef des survivants.

- Visselion ? Votre proposition concernant mes compagnons tient toujours ?

- Oui, bien entendu. Vous avez décidé quelque chose ?

- Si on veut. Xël veut se rendre à Nagorin et comme il est pas question que je perde encore quelqu'un, je l'accompagne. Avec un peu de chance ça nous donnera des clés pour ramener tout le monde.

Je haussai les épaules. C’était une idée comme une autre et je n’en avais pas d meilleure, à l’heure actuelle.

- Je ne sais pas ce que ça va donner ni même si ça va servir à quelque chose, mais m'acharner à utiliser la magie amène plus de risques qu'autre chose, donc j'explore d'autres options. J'apprécie sincèrement votre aide, même si je l'ai pas vraiment exprimé plus tôt...

- Ca n'est rien : je comprends votre état d'esprit. Le notre, à tous. Faites de votre mieux à Nagorin, je veillerai sur les corps de vos amis.

- Merci pour ce que vous faites pour nous. Je vous en serai redevable.

- Ne dites pas de sottises, vous avez sauvé ce qui reste de notre cité. C'est nous qui vous sommes redevables.

J’ouvris la boucher pour arguer que nous n’avions rien pu faire contre le titan et que seule l’arrivée du Dragon avait vraiment changé les choses, mais je me tus finalement. Ce n’était pas le moment d’essayer d’argumenter là-dessus. Je me contentai de hocher la tête. Ça faisait plaisir de voir que certains comprenaient.

- Je vais y aller. Merci encore.

Ne me restai plus qu’à retrouver Xël et aller à Nagorin. J’espérais sincèrement que ça se passerait mieux que tout ce que nous avions fait jusque-là.

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Xël
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Re: Lande Noire

Message par Xël » sam. 6 mai 2023 02:23

J’avais trouvé facilement un endroit où me reposer et mon épuisement avait fait le reste. Bien que quelques bruits m’ont quelque peu réveillé pendant la nuit j’ai rapidement réussi à m’endormir à nouveau et recharger ma magie. J’eu la surprise au réveil de me retrouver observé par de nombreuses personnes. Rien de très agréable mais la teneur des nouvelles que donnent Visselion suffit à le pardonner. L’une concernant les corps de nos camarades, l’autre concernant l’orbe et une dernière concernant Simaya. Qu’elles soient partie ne m’étonne pas. En vérité c’est l’inverse qui m’aurait surpris. Ce que j’ignore c’est ce qu’elles ont décidés de faire. S’entretuer ? S’éloigner l’une de l’autre en espérant que leur magie revienne ? Ce qui est certain c’est que je ne peux pas trouver de solution pour elles.

Yiria me propose une rune localiser pour les retrouver. Je lui refuse poliment tout en commentant:

"Garde la. Simaya est une femme capable de se débrouiller seule. Je vais rester ici. Je ne pense pas pouvoir t'aider pour les ramener mais si tu as besoin d'autre choses... Je serais là."

Cela lui tire un regard perplexe mais qui part vite quand elle échange quelques mots avec les autres. Elle est vraiment décidée a ramener tout le monde de chez les morts et finit même par me demander si le Sans-Visage ne pourrait pas nous aider.

« Pour ça il faudrait le libérer. Mais ce n’est pas certain qu’il accepte. »

Je reste silencieux quelques secondes avant de demander d’un ton bienveillant.

« Tu es sûr de vouloir poursuivre sur ce chemin ? On pourrait retourner la savane des morts, utiliser ta magie, celle du Sans-Visage ou des Titans, voir d’une machine qui existerait encore comme à Orsan, ça pourrait fonctionner mais en aucun cas sans conséquences. »

Je poursuis avec une tristesse sincère.

« Je sais que c’est difficile à croire. Qu’on voudrait revenir en arrière pour l’empêcher. Tu sais où mène ce genre de choses même par bienveillance …Est-ce qu’il ne faudrait pas juste accepter… qu’ils soient morts ? »

Concluais-je difficilement, le regard ailleurs. Perdu dans mes souvenirs du désert d’Arothiir.
Elle argumente en voyant où je veux en venir qu’elle n’irait jamais aux mêmes extrémités. Combien de fois ce discours a t-il été prononcé ? Elle me demande de ne pas l’en empêché ce que j’accepte. La forcer du contraire serait tout aussi contre productif.

« Je ne t’empêcherais pas. »

Répondis-je simplement à Yliria.

« La meilleure façon de me rendre utile est encore d’aller à Nagorin pour voir ce qu’il est du Sans-Visage dans ce cas. Il y a encore des chances pour qu’on me laisse entrer dans la cité. »

Elle ne semble pas apprécier l’idée alors que Maïssa me fait comprendre qu’elle veut m’accompagner et elle n’a pas l’air de vouloir accepter un refus. Cela suffit étrangement à la convaincre et la bretteuse se met en quête d’informations.

« J’ai déjà dit le plus important. Nagorin est un sanctuaire. Ça veut dire que si on y entre sans autorisation nous serons punis de mort. C’est doublement le cas pour le palais où ils conservent des reliques de ce monde.
Autrement ils sont tous soit disant aveugles mais ils voient bien plus de choses que nous. C’est comme si ils étaient tous liés entre eux. Je crois même que ça leur donne une sorte… d’immortalité. »

Je marque une pause, me remémorant le massacre qu’a commis Naral.

« Et sinon inutile de poser une question ils ne répondront jamais de façon clair. Ce sera toujours énigmatique ou tordu avec un sens de l’humour douteux. Bah tu vois Triman ? Il a traversé le fluide d’Oranan avec nous. Ils sont tous un peu comme ça. »

Ibn donne un complément d’informations pour compléter le tableau et je donne finalement rendez-vous à Yliria pour un départ dès que possible à l’extérieur de la grotte.

« Je vais regarder quelque chose avant de partir. J’imagine qu’on peut se tutoyer ? »

Demandais-jevà Maïssa.

« J’en ai pas pour longtemps. C’est juste au cas où l’accueil ne se passe pas comme prévu. »

J’utilise le collier offert par le vieux pour observer l’intérieur du temple et ma vision me plonge dans l’effroi, la tristesse et l’incompréhension. Le temple ressemble à une jungle de ténèbres emprisonnant une créature corrompu, une créature Sans-Visage qui dégage une aura terrifiante. Tandis que je décris ce que j’ai vu Ibn s’étonne de me voir en possession d’un objet si puissant avant de me proposer de m’accompagner.

« Je pense que vous devriez vous reposer pour retrouver vos pouvoirs. Nous aurons besoin de vous pour traverser Messaliah. »

Dis-je pour l’encourager à rester. Il venait d’être passé à tabac et je ne voulais pas le confronter aux Ouessiens si tôt. Puis je prends la direction de la sortie en mangeant un morceau. Quand nous serons tous prêts j’ouvrirai un portail menant au pied du pic rocheux sur lequel se dresse Nagorin.

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Cromax
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Re: Lande Noire

Message par Cromax » sam. 6 mai 2023 16:20

Cauchemar en Aliaénon : Elscar’Olth VII



Xël et Yliria se retrouvèrent pour se rendre à Nagorin. Une lointaine destination où Maïssa les accompagnerait. Le portail s’ouvrit, et ils s’y engouffrèrent.



Image




[HJ : Suite dans le « Royaume d’Ouessie ». Oui, ça m’fait rire de trouver des images immondes pour les portails.]


[XP :
Xël : 0,5 (discussion)
Yliria : 0,5 (discussion)]

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Re: Lande Noire

Message par Cromax » sam. 20 mai 2023 22:32

Cauchemar en Aliaénon : Lande Noire (bis) I




Les trois âmes errantes, sans le vouloir ou par volonté, se sont dirigées vers la Lande Noire. De là, il fut aisé à Mathis et Jorus de se repérer, depuis les cieux, pour trouver Elscar’Olth. Silmeria, elle, y arriva… tout simplement en ayant pris comme direction celle du soleil quand elle était dans la Savane Tanathéenne. Hasard, ou destinée ?

Ainsi ils se retrouvèrent en paysage familier. Ici, rien ne semblait avoir changé : le corps du Titan ailé était toujours inerte, troué. La Lande était calme. Mathis, en rejoignant la grotte, put constater que celle-ci… était totalement désertée. Tout avait été embarqué : vivants et meubles. Il ne restait plus là que les traces d’un ancien campement abandonné. Aucune trace de son corps, non plus. Ni de celui des autres. Mais que s’était-il passé ici ?


[HJ : Pas de discussion générale : vous faites votre post et indiquez votre intention à la fin de ce dernier.]

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Mathis
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Re: Lande Noire

Message par Mathis » lun. 22 mai 2023 14:50

N’ayant plus aucune contrainte physique, je pus effectuer mon trajet à haute altitude, ce qui me facilita grandement la tâche. À cette hauteur, je me repérai sans peine et me dirigeai rapidement vers les landes noires. Je ne sus combien de temps il s’était écoulé réellement, mais pour moi cela ne parut que quelques secondes et tant mieux, il me tardait de rejoindre mon corps et de l’habiter.

Je retrouvai les landes telles que je les avais quittés, un décor dominé par le noir, un sol de roches, crevasses inquiétantes, et pic acérés. Telle une statue, le titan sombre ailé, dont la tête ornée de cornes courbées et au torse troué, gisait toujours là, inerte. Je ne pus m’empêcher de penser que l’attaquer fut une de nos erreurs...Avec du recul, je compris qu’il aurait pu être un allié de poids contre le dragon noir. D’un autre côté, ce dernier l’avait terrassé tellement rapidement… Je détournai mon regard pour le poser sur l’orbe du titan. Il était toujours là … sans personne pour le surveiller…auraient-ils réussi à le contrôler ?

Puis je vis les fragments des cristaux et je sentis la culpabilité m’envahir... encore… la dernière fois que je m’étais retrouvé ici, le juge avait enfermé Silmeria, Jorus, Dracaena, Simaya, Alossarh et Visselion… Ne m’accusant aucunement, comprenant la détresse qui m’avait habité, Akihito avait tenté de raisonner cette créature qui agissait au nom de la justice… mais tout était de ma faute. Certes j’avais agi sous l’emprise d’un cauchemar dans lequel j’avais vu les autres périr, et moi-même à l’agonie. Mais j’avais utilisé la magie… cette puissante magie que nous, Yuimeniens, appelons magie d’Aliaénon, mais qui ne se manifeste pas sur ses habitants… pas de cette façon en tout cas. Sans être pleinement conscient de sa puissance, nous l’avions utilisé alors que nous avions peine à contrôler… je pensais à tort qu’être précis dans mes désirs suffirait…mais précis je l’avais été...et la magie ne s’en était pas contentées, elle avait débordé, et pas que peu. Alors qu’elle ne devait que cibler Silmeria, elle avait emporté avec elle des innocents…et tout ça, c’était entièrement de ma faute… Jamais cela ne se saurait produit sur Yuimen, puisque je n’aurais pas utilisé de magie.

Je m’approchai d’un amas de débris rouge plus imposant que les autres et j’y vis du sang… cela ne pouvait être que celui d’Akihito, il avait sûrement tout fait pour nous sauver… au prix de sa propre vie… Je n’avais connu que depuis peu ce guerrier de foudre, mais je compris qu’il faisait partie de ceux qui protégeaient la vie de ses compagnons même si le prix était de sacrifier la sienne…contrairement à moi.

Moi, rempli de culpabilité, j’avais cru pouvoir faire marche arrière et ramener tous les gens décédés par ma faute. Je croyais qu’en brisant cette pyramide, qu’en libérant les âmes, tout serait réglé, que tout serait comme avant. Cela me semblait logique, sauf que je devine à présent qu’on ne peut revenir en arrière, le temps s’écoule vers l’avant, rien ne sera plus jamais pareil.

Les landes étaient bien telles que je les avais quittés… sauf qu’il ne semblait n’y avoir plus personne pour l’habiter. Je me décidai alors à pénétrer la grotte afin de voir les habitants d’abord et de la façon dont ils avaient disposé de nos corps. S’ils étaient décomposés et enterrés, je ne pourrais me résoudre à violer le corps d’autrui, je serais alors condamné à errer.

Afin de fuir cette sombre pensée, j’entrai précipitamment dans la grotte pour constater qu’elle était désormais vide… abandonné… les lieux avaient été vidés de tous ses réfugiés et des meubles qu’elle avait contenus. Je parcourus toutes les pièces aussi vites que je pus pour constater qu’elles étaient toutes VIDES.

Il n’y avait plus rien, plus de gens, plus de chaises dépareillées, plus de lits de fortune, plus rien dans l’infirmerie, même pas Praline. Je refis le tour une deuxième puis une troisième fois, avant de m’écrier :

« NOOOOOOOON !!!!!!!!! »

Même sans corps, je me sentis effondré, tout petit, écrasé au sol dans cette sombre et froide grotte, à penser…

(Je pense donc je suis… je pense donc je suis... je pense donc je suis.)

Après m’être répété cette petite litanie à quelques reprises, je me calmai quelque peu. Je ne pouvais abandonner ainsi, je devais faire preuve de résilience et poursuivre mon but. S’il n’y avait plus rien dans cette caverne, qui n’était en fait qu’un camp temporaire, c’était sûrement parce qu’ils étaient retournés chez eux à Elscar'Olth… ce qui était fort plausible puisque le seau avait été rétabli. J’irais donc là pour voir où sont les gens et me renseigner. Mais tout d’abord, je refis le tour de la grotte, mais cette fois, je fis appel à mes talents de pisteurs, je cherchai des indices, des marques, des objets perdus, mais surtout des traces de pas au sol. S’il y en avait, je les suivrais afin de rejoindre les gens qui étaient ici et qui sait... peut-être retrouver mon corps.

(((Mathis cherche des pistes afin de comprendre ce qui s'est passé et aussi afin trouver le chemin pour se rendre à Elscar'Olth)))
Modifié en dernier par Mathis le ven. 2 juin 2023 01:48, modifié 3 fois.

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Jorus Kayne
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Re: Lande Noire

Message par Jorus Kayne » ven. 26 mai 2023 15:41

Je parcours le trajet qui me sépare de la Lande Noire, avec une aisance et une rapidité qui m’aurait été particulièrement agréable si je ne devais être mort pour en profiter. Comme je le pensais, il suffisait de rejoindre l’astre solaire, pointant actuellement le sud de ce monde, pour retrouver les terres mortes de la Lande. Je fais ce trajet avec une certaine appréhension. Je ne connais rien de ces terres, pas le moindre signe reconnaissable pour me diriger, jusqu’à ce qu’enfin les terres de la Lande Noire s’offre à moi. Je reconnais ce paysage de mort et sa corruption entre mille. Qui aurait pu dire que je sois tant soulagé de revenir en ce lieu ? Moi qui ai arpenté ces terres stériles en compagnie de Yürlüngür, frôlant le danger face à ces créatures, dormant l’un contre l’autre pour ne pas mourir de froid, de peur que le feu qui aurait été le bienvenu soit un phare dans la nuit, attirant des monstres mortels ou pire, de ces ignobles créatures qui s'abreuvent de votre sang jusqu’à plus soif. Saleté d'insectes !

Une fois ces terres atteintes, ce n’est qu’une question de temps avant que je ne parvienne à reconnaître des formations rocheuses qui titillent ma mémoire et me situent dans cette région. Un battement d’ailes de papillon plus tard, je retrouve les ruines d’Elscar’Olth, le cadavre du Titan et en me rapprochant, son orbe, toujours aussi présente. Je m’en rapproche, curieux de savoir ce que pourrais donner un « contact » dans ma forme actuelle, mais mieux vaut ne pas tenter des choses aussi inutiles qu’idiotes, surtout que j’ai un corps à retrouver. De tous les Yuiméniens morts, je suis peut-être celui qui connaît le mieux cette partie d’Aliaénon et donc le plus en mesure de retrouver l’emplacement de la grotte à partir de la Savane Tanathéenne. Une fois sur place, il faudra peut-être que j’use de la magie pour attirer les âmes jusqu’à leurs corps si les propriétaires n’arrivent pas à les retrouver. Cette perspective me réjouit déjà au vu de mes derniers usages complètement foireux de la magie.

J’arrive enfin sur les lieux, cependant, il y a un point qui m’interpelle. L’orbe est là, mais seul. Il n’y a plus de gardien, plus de sorcier pour le surveiller ou s’assurer qu’il ne tombe entre de mauvaises mains, ou celles de Vissélion, ce qui serait bien pire selon moi. Au sol, les cristaux sont toujours présents et avec eux, une mare de sang tout simplement effrayante. Ce qui reste de nos prisons est ici, mais nulle trace de nos corps. Ca s’annonce bien. Je pose un regard, là où nous avons brièvement échangé avec Zacara lorsqu’il m’a soigné, me demandant comment il va et si ma mort l’a quelque peu touché. Je refais donc le chemin pour me rendre jusqu’au campement des survivants et bien que je ne sois pas plus tangible que visible, un effroi bien palpable me gagne, lorsqu’en voyant l’absence des survivants et de leurs biens, je comprends que le campement a été déserté et nos corps, toujours introuvable.

(Ils ne nous auraient tout de même pas enterrés, si ? Que font les sorciers des corps de leurs défunts ? Servent-ils à nourrir des créatures ou à offrir des réceptacles pour leurs expériences les plus sombres ?)

Non, je ne dois pas penser ainsi ! Vu le sang que j’ai vu, soit nous sommes morts depuis peu, soit quelqu’un s’est méchamment coupé en voulant extraire les cristaux à la main. Nos corps sont peut-être encore quelque part, en attente d’un rituel quelconque. Les survivants ne sont plus, mais pourquoi seraient-ils encore ici ? Ils ont fui leur cité détruite à cause de la menace du Titan. Maintenant qu’il n’est plus, ils peuvent tenter de retrouver ce qu’ils ont perdu dans leur exil. C’est ce que je ferais dans leur situation. Je pense que de toute façon ils sont présents, quelque part dans cette région. Cette terre est la leurs, cette cité en ruine est ce qui se rapproche le plus d'un foyer et je doute fortement que Vissélion s’en aille, laissant de côté un sceau d’une puissance si grande qu’il ne pouvait qu’en rêver. Ne sachant quoi trouver comme indice sur la direction pris, je me rends vers les ruines d’Elscart’Olth, avant de me diriger vers le sceau principal si je fais chou blanc.

Se dirige vers les ruines avant de faire un tour vers le sceau principal.

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Silmeria
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Re: Lande Noire

Message par Silmeria » ven. 26 mai 2023 19:42

Je marchais. Ou du moins c'est la sensation que j'avais. Mon regard fixé sur l'horizon ne subissait pas les sursauts de mes jambes en marche, il ne s'agissait que d'un long défilement de paysage morts et mornes. Rien de beau n'attira mes yeux, il n'y avait que de la désolation et plus inquiétant encore, je n'avais croisait personne. A la limite, je ne m'attendais pas à croiser un comité de troubadours ou encore un marché de village, il n'y avait personne.

Pas un voyageur.

Pas un oiseau.

Pas un rongeur.

Pas un insecte.

D'ordinaire j'étais toujours agacée par ces saloperies de mouches qui bzzzzzzzzzzzzzz dans mes oreilles ou encore un roucoulement idiot venu d'une branche, un bruissement quelque part, un hurlement au loin. J'étais à deux doigts de me sentir seule. Pour tromper l'ennui et l'absence, je fredonnais. A dire vrai, je ne connaissais que deux trois chants qui me venaient de Von Klaash, tous plus crus les uns que les autres, mais l'un d'eux était assez plaisant à l'oreille.

" Nous étions Rois, enivrés par l'écume.
L'écume du saaaang, l'écume de l'océaaaan.
Nos têtes de proue déchiquetant les bruuuume,
Et nos épées, cent mille trous béants. "


Après voir eu ce refrain en tête pendant ce qui me semblait être de longues heures, je le vis enfin apparaître au loin. Le colosse. Le corps inerte du Titan perforé par le Gragon.


~~~


C'était bien ma veine. Il n'y avait plus qu'un gros que dalle. Personne, pas un chat et c'était clairement pas une façon de parler. Tout le monde avait foutu le camp et il ne restait rien. Si, éventuellement les cristaux brisés. Je restais là, un long moment à observer le vide. Je ne savais pas si le monde rétrécissait ou s'allongeait. Etait-ce là le lot des spectres ? Le lot de morts ? Errer dans un monde où il n'y avait rien pour eux. Je veux dire, merde quand même. Même si j'allais au bord de l'océan, je ne pourrais pas sentir la brise me caresser les joues. L'avantage c'est que je ne ressens pas de sommeil ni de douleur aux jambes, après une telle distance, en temps normal je me serai au moins arrêtée une fois pour retirer un caillou de ma botte. C'était vachement appréciable.

" Et nous chargeâmes les ennemis de nos terres en caviardant le ciel de projectiles divers,
Et nous marchâmes fiers au milieu des tessons en tonnant des chansons aux devises meurtrières.


Fredonnait ma Jumelle. Oui, c'était encore plus mort que la mort. J'aurai préféré me tenir debout à Kochii après la bataille pour être franche. Au moins il y aurait eu mon ami, Grüber Van Der Ver qui m'aurait présenté sa famille après ses nombreuses orgies dans des tripes tièdes. Je me demande si les vers prennent plus de plaisir à s'accoupler dans une carcasse que dans la terre ? Il faudrait que j'utilise ma rune un jour pour en invoquer un et lui demander, je suis sûre et certaine que converser avec un ver serait plus intéressant que d'entendre une conversation entre Jorus et Mathis.

Au moins... Je suis seule. Un peu comme d'habitude, ça ne me change pas grand chose. Mais mon corps n'est plus là. D'un côté, si je m'étais trouvée en face de ma carcasse sans Vallel pour me glisser dedans, la belle affaire.

J'aurais fait quoi ? Je me serais allongée dedans ? Ca aurait peut-être fonctionné qui sait. Mais sinon j'aurai pu rester ici à attendre sagement que la corruption et la putréfaction fasse leur travail, j'aurai pu attendre que les vents dispersent mes restes secs et observer mes os peu à peu s'enfoncer dans le sol à chaque pluie venues.

Mais je n'étais pas là, enfin si, mais pas complètement. Les cristaux étaient dispersés. Un peu comme si... Mon corps avait été bougé. Je pense que j'étais dans celui-ci, je me souviens encore de la scène, c'est assez frais comme souvenir.

" Aloooors... Ma petite Sissi. Tu étais étendue ici si je ne me trompe pas. Et... Tu as... été déplacée par là ? Hm. Des traces peut-être ? Si je cherche ici... Ou là... Il a été bougé ce cristal, hm. "

J'observais avec attention la scène, les traces sur le sol si je pouvais en trouver et comprendre leur origine.

'' Alors... Où suis-je passée ? ''

----------------------------

Cherche à suivre une piste menant à son corps.

Utilise la capacité " PISTAGE " afin de repérer les traces et commencer les recherches.
La petite plume de la Mort.

Alors, j'ai établi ma couche dans les charniers,
Au milieu des cercueils,
Où la Mort Noire tient le registre des trophées qu'elle a conquis.


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Re: Lande Noire

Message par Cromax » ven. 26 mai 2023 23:32

Cauchemar en Aliaénon : Lande Noire (bis) II





Akihito n’eut guère de mal à retrouver la voie de la Lande Noire. Ni, une fois dedans, la position d’Elscar’Olth. Il vit la cité en ruine et ses alentours tels qu’ils l’avaient laissées en mourant : l’orbe du Titan était toujours là, tout comme le rayon vert fendant le ciel. La grotte était vide, déménagée de l’intérieur, tous les sorciers étaient partis. Et il n’y avait ni trace de leurs corps, ni de leurs alliés yuimeniens.

Mathis, fouillant la grotte de son état de spectre, n’y trouva rien de spécial. Tout juste put-il suivre les traces évidentes de pas et de lourdes traînées qui reliaient la grotte et la cité, sur la poussière cendreuse des environs. Apparemment… ils avaient déménagé. C’est ça qui s’était passé. Elscar’Olth étant en nette vue depuis la grotte, et n’ayant aucun souci pour se déplacer dans les airs, ce fut sans peine qu’il atteint la cité. Sa surface rasée en tout cas. Calme, silencieuse. Nulle âme qui vive ne semblait présente là.

Ce fut à peu près le même constat que put faire Silmeria. Si elle vit une traînée sanglante sortant d’une gangue de cristaux rouges, elle ne perçut nulle trace de leurs corps. Ils avaient été enlevés. Des pas menaient vers la caverne, vide – elle put vite le constater - et des traces, plus récentes, pointaient vers Elscar’Olth. La conclusion était claire : ils avaient déménagé.

Jorus alla quant à lui directement vers la cité. Les ruines. Il avait bien sûr constaté qu’elles étaient vides de tout être, à l’extérieur du moins. À la surface. Mais en fouinant, il avait senti une présence. Une présence qu’il vit sortir d’une entrée dérobée dans le sol, à moitié effondrée mais assez vaste tout de même, pour apparaître aux yeux de tous. Des quatre esprits regroupés là : Mathis, Jorus, Silmeria et Akihito. Ils ne se voyaient pas entre eux, mais tous virent la silhouette. Un visage qu’ils connaissaient, ou qui leur disait quelque chose en tout cas.




Image




Mais l’être n’était pas de chair. Il s’agissait plus probablement d’une sorte de projection astrale, spectrale mais visible, contrairement à chacun du quatuor. Et audible, aussi, puisqu’il s’adressa à eux.

« Battez en retraite, esprits défunts : la Cité Noire vous est interdite ! Allez-vous en, ou nous vous renverrons au néant ! »

Il n’avait pas l’air très accueillant.



Image
(Image pour l’exemple, il porte bien sûr les traits de la précédente.)

[HJ : Vous pouvez tenter des trucs dans le channel discord « Elscar’Olth ».]


[XP :
Mathis : 0,5 (exploration)
Jorus : 0,5 (exploration)
Silmeria : 0,5 (exploration)]

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Mathis
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Re: Lande Noire

Message par Mathis » ven. 2 juin 2023 02:58

Je ne trouvai rien de particulier dans la grotte. J’y vis par contre des traces laissées par des objets lourds déplacés ainsi que des traces évidentes de pas. Je les suivis et celles-ci me menèrent jusqu’à l’entrée de la cité. Il n’y avait guère plus d’agitation qu’à la grotte, aucune personne n’était à l’extérieur, que des ruines.
Alors que je cherchai une entrée, je vis une silhouette en sortir. Il s’agissait de l’un des sosies, le plus jeune des deux. Cette silhouette ressemblait à celle que nous arborions dans la savane tanathéenne avant que la brume ne se disperse. Alors que j’allais faire un mouvement dans sa direction, il prit brusquement la parole d’un ton ferme et hostile.
Il m’ordonna de rebrousser chemin, m’interdisant l’entrée dans sa cité. Si je n’obtempérais pas, ils m’enverraient dans le néant.
Bien que je me doutais qu’il n’hésiterait pas à mettre ses menaces à exécution, je décidai tout de même de tenter de le rassurer en lui expliquant le but de ma présence.
« Je suis l'âme de Mathis, un des Yuimeniens, tout ce que je souhaite, c'est de réintégrer mon corps ! Rien de plus. »

En guise de réponse, il se mit à crier et jurer, nous sommant de ne pas tous parler en même temps.
(Ne pas tous parler en même temps… Je ne suis pas seul ! )

Sûrement dans l’intention, tout comme moi, de récupérer leur corps, ils avaient quitté la savane tanathéenne et s’étaient retrouvés ici.

Répondant sans doute à toutes nos questions, l’une après l’autre, la silhouette fantomatique m’apprit que nos corps se retrouvaient bel et bien à l’intérieur et qu’ils étaient maintenus en forme par la magie d’Yliria et protégé par Visselion. Il rajouta qu’il ne nous était pas possible de les réintégrer pour le moment. Je fus alors soulagé… nos corps étaient sauvés, je ne pourrai jamais remercier assez Yliria pour cette précaution. Il nous fit remarquer que Vallel, lui aurait pu nous aider, si seulement il n’avait pas été tué par un yuimenien.

(Vallel ! Je l’avais oublié.)

Une chose était alors certaine, c’est qu’il ne faisait pas partie des autres esprits qui m’accompagnaient. Tout d’abord parce qu’il n’avait pas d’intérêt à venir ici, et puis ensuite parce qu’il nous en aurait informés. Il se tourna ensuite vers ma gauche et expliqua que Justice avait été vaincu et que nos amis se portaient bien. Ils avaient quitté la grotte et avaient utilisé un portail pour quitter Elscar’Olth. Je fus soulagé d’apprendre cette nouvelle. Parmi les yuimeniens qui s’étaient retrouvés dans les savanes tanathéenne, seul Akihito et moi, avaient connu justice, c’était donc lui qui s’était informé sur le sort de Justice.

Par l’amertume ton emprunté par l’habitant d’Elscar’Olth, lorsque la mort de Vallel avait été invoquée je compris qu’il était évident qu’il avait une bonne opinion de ce dernier. Afin de le rendre un peu plus favorable à notre cause, je profitai de ce fait pour lui parler de la participation de Vallel à la disparition de la brume.

« C’est grâce à Vallel que nous avons dissipé la brume...son âme est libre aussi, il va sûrement se trouver un corps...je n’ai pas conscience de la présence des autres, mais puisque vous dites que nous parlons en même temps, je suis soulagé de savoir que les autres sont ici aussi. Merci d’avoir pris soin de nos corps, pouvez-vous svp les ramener ici nous vous serons reconnaissants... avec moi Mathis, il y avait Silmeria et Jorus... Akihito et Dracaena sont peut-être ici, mais je ne puis le confirmer. »

Il nous somma une deuxième fois de ne pas parler en même temps. Même si je comprends sa frustration, je ne peux faire autrement. Comment puis-je deviner qui parle en même temps que moi.

Il répondit d’abord à ma question expliquant que ramener nos corps ici les mettrait en danger, les âmes défuntes pouvant déséquilibrer l’ordre magique de la ville. Il nous suggéra d’aller errer dans la lande afin de nous trouver un corps, expliquant que beaucoup de bestioles étaient attirées par le rayon qui émergeait de la cité. Il confirma ensuite ce que j’avais deviné. Vallel était respecté dans la cité d’Elscar’Olth, mais il précisa que c’était un vieil ami.

Puis il pointa son doigt assez loin à ma gauche. Et ensuite, il expliqua que nous ne pouvions prendre la parole que lorsqu’il pointait dans notre direction. Il rajouta qu’on ne devait pas avoir de scrupule à intégrer le corps d’une bestiole et lui voler son corps, puisque nous tuons des gens sans vraiment de raison valable.

(Il n’est pas des plus avenants celui-là.)
Il répondit qu’il ne pouvait communiquer avec nous que parce que son pouvoir et celui de son frère permettaient de se retrouver entre la vie et la mort, un monde d’éther.

Lorsqu’il pointa dans ma direction, je pris la parole.
« J'ai deux choses à vous demander. Tout d'abord, pour ce qui est de retrouver Vallel, pouvez-vous me dire où dans les landes il serait possible de le trouver ? Ensuite. De mon vivant, j'avais une chatte comme animal de compagnie, et je pouvais pénétrer son esprit. Je ne l'ai pas vu dans la grotte ni dans les alentours, serait-il possible qu'elle soit dans votre cité ? Si oui, vous est-il possible de me la ramener ici ? "

Il m’indiqua d’une voix assurée que Vallel se trouvait à Orsan. Cette ville se situait plus vers l’Ouest dans les landes noires. Il n’avait pas eu connaissance de la présence de Praline et n’avait aucunement l’intention de la chercher pour la ramener. Il nous précisa que nous étions bien quatre.

(Ça, je l’avais deviné puisqu’il pointait à quatre endroits différents.)

Mais même s’il détectait notre présence, il ne pouvait deviner qui était là puisqu’en tant que fantômes, nous n’avions aucune forme. Il dit que deux noms avaient été prononcés, le mien et Jorus…

(Donc il y a Akihito, moi et Jorus…. Qui est le quatrième ? )

Il pourrait s’agir de Silmeria ou Dracaena... Je ne sais pas qu’elle était les intentions de Dracaena… Et Silmeria pouvait être ici, comme elle pouvait être déjà à Orsan.

« Je suis conscient à quel point il doit vous être pénible de discuter avec nous. Je vous remercie de faire cela pour nous... J'aimerais que vous informiez les trois autres que dès notre discussion terminée, moi, Mathis je vais partir retrouver Vallel à Orsan. Il m'avait dit qu'il lui serait possible de nous offrir des corps libres de toute âme. »


Il nous informa qu’il ne pouvait rien pour nous. Il rajouta qu’il n’était pas nécessaire de tuer un vivant, il considérait que le hanter était plus simple que d’intégrer un corps mort.
Il répond une fois de plus tour à tour. Il répondit à l’un des autres qu’il n’était pas l’assistant de Vallel. Ce sorcier n’avait besoin que de chasseur et de bouchers.
Il passa enfin le message que je partais pour Orsan omettant, volontairement ou non de mentionner que Vallel pouvait nous procurer des corps libres de toute âme.

Je n’attendis donc pas une seconde de plus et je partis vers l’Ouest en direction d’Orsan. Une fois là, j’explorai les lieux afin de trouver Vallel… à moins que ce soit lui qui me trouve.

((( Mathis part en direction d’Orsan à la recherche de Vallel )

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Jorus Kayne
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Re: Lande Noire

Message par Jorus Kayne » ven. 2 juin 2023 22:56

Je me dirige vers les ruines d’Elscar’Olth, seul endroit où les sorciers auraient pu élire domicile. Cette cité reste un foyer à leurs yeux, même dans l’état où l’a laissé le Titan ailé. Sans sa menace, je ne vois pas où ils auraient pu aller autrement. Je compte bien faire éventuellement un tour vers le sceau principal, mais je doute fort qu’ils s’y rendent. Du moins, pas nécessairement tous. C’est plus lentement que je m’y rends. J’ai certes la capacité à me déplacer particulièrement vite, à traverser les montagnes aussi simplement que le vent soufflant dans une plaine, j’espère ne pas manquer d’éventuelles indices.

Pour le moment, je dois bien avouer que je fais chou blanc. A la surface, la cité n’a pas changé, toujours en ruine et dépourvu de la moindre activité. Enfin…rien de vivant en tout cas. Mais je sens une présence, ici quelque part. Il ne faut guère plus de temps pour que l’être apparaisse, s’extirpant du sol via une entrée dérobée qui a salement subit la venue du Titan. Le visage que je distingue n'est non pas familier mais, je sais que je l’ai vu. Vu l’endroit, il s’agit certainement d’un des sorciers, ou sa forme d’esprit, mais je n’ai pas la foutue idée de qui il s’agit. Il est cependant clair qu’il n’est pas amical pour un sous. Nous envoyant paître comme des malpropres, il clame que la Cité Noire nous est interdite et que si nous insistons, ils nous renverront au néant.

(Accueillit par une forme spectrale qui nous envoie chier ? Le Dragon Noir qui voulait notre mort et celle du Dragon Doré, Simaya qui invoque une créature immonde à notre première rencontre et les nombreuses rencontres morbides avant d’arriver à la Tour d’Orsan ? Oui, je crois que j’ai connu pire comme accueil dans la Lande Noire !)

"Vous pouvez me voir ?" Dis-je surpris de l'annonce à mon arrivée avant de reprendre. "Je ne vous souhaite aucun mal et ne compte pas voler le corps d'un être, ni dévorer son âme si c'est ce que vous craignez. Vous êtes un des sorciers d'Elscar'Olth je me trompe ? Je crois vous avoir déjà aperçu. Je me nomme Jorus, un des yuiméniens qui étaient présents il y a peu, ou il y a fort longtemps. Désolé, j'ignore combien de temps s'est écoulé depuis ma mort. Je ne sais pas si m'est possible de réintégrer mon corps, mais j'aurais besoin de vous pour transmettre plusieurs messages si cela m'est impossible. Avant tout, comment se portent Yliria...et Xël ?"

Pour toute réponse, il hurle, exigeant que tous ne parlent pas en même temps. Je ne suis donc pas seul ici, mais je ne vois personne. Donc cela confirme bien que les esprits ne sont pas capables de se voir les uns les autres. Mathis et Silméria étaient certainement présents avec moi lors de l’effondrement de la pyramide. Puis, se tenant la tête, il répond à des questions que je n’ai ni entendues ni prononcées. J’apprends ainsi que nos corps sont à l’intérieur et intacte grâce à une jeune femme noire et gardé par Visselion lui-même. S’il ne donne le nom de la femme, j’en conclus que ce n’est donc pas une sorcière de la Lande, mais bien Yliria. En revanche, il clame que nous ne pourrons réintégrer nos corps et se moque de nous, nous qui avons tué Vallel, la seule personne capable de nous aider dans notre situation visiblement. Il refuse même de nous laisser pénétrer à l’intérieur de la cité pour réintégrer nos corps ou du moins, essayer. Nous apprenons également que celui qui nous a enfermés dans nos prisons de cristal n’est plus et que ceux qui n’y ont pas succombé se portaient bien, au moins jusqu’à ce qu’ils partent derrière un portail sans savoir où. Ha ! Et on sait aussi que ce type est un connard, refusant transmettre le moindre message.

Son attitude face à des êtres morts et plus encore, cette loyauté, cette fascination, cet intérêt pour Vallel ne m’inspire franchement rien de bon. Je préfère garder le silence ainsi que mes remarques acerbes. Il peut être bon de ne pas offenser la seule personne qui peut nous apprendre quelque chose selon son seul bon vouloir. De même, sachant son penchant pour Vallel, mieux vaut ne pas évoquer cette saleté de fléau. Les yuiméniens sont déjà responsables de sa mort, deux fois, chacune étant particulièrement légitime et je sens dans l’air, cette senteur si particulière du jamais-deux-sans-trois. Vallel est dangereux et j’espère, du plus profond de mon cœur, que nul n’évoquera celui qui peut briser à la fois les vivants et à présent les morts.

Pas de peau. Une expression qui prend tout son sens dans mon cas de figure, mais pour l’heure, c’est surtout la fatalité de la malchance qui me tient compagnie. Moi qui espérais ne pas prononcer le nom de Vallel, l’un de nous l’a clairement un peu trop ouverte. Silméria et sa loyauté digne de la putain des treize ? Mathis et son caquet bien trop ouvert ? Dracaena qui ignore peut-être de qui il s’agit, ou Akihito peut-être, mais j’en doute. En tout cas, quelqu’un a bien parlé du retour de Vallel puisqu’il nous encourage à aller le voir. Sauf qu’aller voir un type qu’on a buté pour espérer revivre n’est en rien une idée très jouasse. Autant aller dans un bordel qui se nomme la chtouille, située au croisement de la rue de l’herpès génital et de l’allée des sécrétions urétrales purulentes. J’y passerais au moins un bon moment avant de regretter amèrement. Il poursuit en prétendant que toute la cité à voué une allégeance à Vallel durant la Grande Guerre, mais qu’il est surtout un ami de longue date.

(Ben oui, pourquoi avoir un ami fromager ou forgeron quand on peut avoir un bon poto qui s’amuse avec les corps des gens, torture jusqu'à l'âmes et est connu pour son massacre de masse ? Mais…il fait quoi avec ces doigts, il nous compte ?)

J’attends que son doigt se pointe vraisemblablement sur moi pour parler.

"Vous avez pointé à quatre reprises, dont une qui semblait dans ma direction. Dois-je en conclure que quatre esprits sont présents ? Nous étions cinq yuiméniens morts et seulement trois avec Vallel. Vous qui avez vu nos corps, qui manque à l'appel ?"

Il me confirme rapidement mes suppositions, avant de rire que nous sommes aptes à tuer quiconque, mais incapable de supplanter l’âme pour revivre physiquement. Il peut communiquer grâce à l’aide de son frère, lui permettant d’être à la fois dans le monde d’éther, entre celui des morts et des vivants. Je m’agace intérieurement de nouveau lorsqu’il répond que Vallel se trouve certainement à Orsan. Je sais que Mathis est dans le lot, lorsqu’il clame ignorer où pourrait se trouver un chat dans le coin. Il n’y a que lui pour penser à sa chatte en ce moment. S’il répond enfin à ma question, je n’apprends rien de plus. Seul Mathis et moi nous sommes présentés.

(Et donc ? Pas de bridé dans le lot ? Pas d’arbre qui parle comme un campagnard ou une assassine à la loyauté pointant une nouvelle direction tous les quarts d’heure ?)

J’ai beau tourner et retourner le problème dans tous les sens, nous devons retrouver nos corps et moi, je dois retrouver le mien avant de finir avec des morceaux qui n’y étaient pas présents à l’origine, observé par le sourire sadique de l’elfe arrivé un peu plus tôt. Reste à savoir si notre présence est un risque dans la cité.

"Vous avez évoqué un déséquilibre magique à cause de notre présence. Vous pouvez nous en parler davantage ?"

Il arrive à me répondre de manière si hautaine, qu’à force de péter plus haut que son cul, il va lui pousser un anus entre les yeux. Néanmoins, je comprends que la présence simple des esprits n’est pas une source de danger, mais l’acte volontaire d’interférer. Il évoque ensuite une brève notion de hanter une personne ou de la posséder est bien différent que de la tuer.

(Un point intéressant ! Je devrais en parler à Elurien entre deux chopes de bières ! Sûr que des esprits aussi habiles que les nôtres seraient capables de posséder un corps sans conséquence pour son hôte d’origine ! Non mais sérieusement, je dois trouver un moyen de passer. Comment est-ce qu’il a pu nous trouver d’ailleurs ? Histoire de savoir comment se dérober à sa vigilance.)

Réfléchissant à comment je vais aborder le sujet sans qu’il ne comprenne mes intentions, j’apprends que Mathis se rend à Orsan, là, maintenant.

(Ho putain ! Libérer ce fléau ne lui a pas suffi ? Faut aussi qu’il aille pleurer son aide et lui être redevable ? Calmons-nous ! Pour l’heure, gardons la tête froide et intangible.)

Je continue à suivre le même jeu oral, mais avec un participant en moins.

"Comment êtes-vous parvenu à nous trouver, vous avez une capacité à sentir la présence des esprits ? Savez-vous si d’autres sont présents ? J’ai eu l’occasion de parler avec l’ancien archisorcier Thensoor Val’Crooh et lui narrer la grave situation à Elscar’Olth, peut-être est-il déjà présent !"

Encore une fois, il est mention de l’emplacement de Vallel, pouvant être n’importe où, même avec nous. Bien sûr, ce p’tit con va pas le dire ouvertement si c’était le cas. Non je pense que Vallel est déjà retourné chez lui, contemplant ce qu’il reste de ses recherches sous les décombres et se dirigeant vers sa création la plus aboutie pour la posséder. Puis il se tourne vers moi et avant de me demander pourquoi le vieux Thensoor viendrait, il m’explique qu’il ne nous a pas senti, mais que nous sommes simplement tombés sur lui. D’autres esprits sont présents et en nombres. Ils écoutent, curieux de notre conversation et selon lui, ils sont à l’affût d’une faille à exploiter.

(Une faille ? Si tel est le cas, libérer les esprits étaient vraiment la pire idée possible ! Cependant, ce sorcier ne nous a donc pas trouvés. C’est donc qu’il nous est possible de nous soustraire à sa simple vigilance pour passer ! Mais ce serait bien trop simple non ? Qu’importe, je dois essayer. Ca plutôt que Vallel !
)


Je dois rectifier une chose : le sorcier n'est pas un connard, mais un profond connard, vu la façon qu'il a de s'adresser à l'un de nous. Il explique qu'il est désireux de jeter nos corps en pâture aux créatures du coin si Vissélion n'avait pas juré de protéger nos enveloppes physiques. Essayant de ne pas laisser transparaître mon envie de me jouer du sorcier, je parle une dernière fois en suivant l’ordre qu’il nous donne.

"Thensoor ? Qu'est-ce qu'il vous fait dire qu'il ne viendra pas ? Je vous ai assez dérangé me semble-t-il et la voie que je cherche n'est pas ici. Merci en tout cas pour vos informations !"

Je quitte ensuite les lieux, non sans entendre en partant, l’évocation de protection contre mes âmes. Une déclaration qui met brutalement mon plan à mal.

(Ha, c’est bien ma veine ! S’ils ont fait en sorte d’empêcher les esprits de venir, je ne sais pas ce que pourrait faire. Quoique…Pourquoi serait-il là à faire le guet s’ils ont des protections ? Et pourquoi les âmes seraient-elles à l’affût d’une faille ? Et si ce sorcier gardait la seule faiblesse de leur protection ?)

L’idée de me précipiter derrière le corps éthéré du sorcier me démange beaucoup trop pour un être dénué de corps. Non, je préfère prendre le temps. Vérifions d’abord ces fameuses protections et voyons s’il n’est pas possible de les passer. Je disparais en traversant à même les ruines de la cité, faisant le tour pour ne pas être vu par lui. Je cherche petit à petit, à me rapprocher de son centre en quête de ces fameuses protections et surtout de mon corps.

Jorus se soustrait à la surveillance du sorcier, ou du moins il essaye et cherche à pénétrer à l'intérieur des ruines en quête des protections et de son corps.

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Silmeria
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Re: Lande Noire

Message par Silmeria » sam. 3 juin 2023 00:05

" Ayez un peu de compassion pour un esprit perdu. Je ne suis pas là pour causer du tort. Je porte mon fardeau en silence, en quête de mon corps. Si je venais à le récupérer, je ne serai plus esprit. Aussi aurais-je le droit d'arpenter ses terres et vous n'aurez pas besoin de m'envoyer au néant. Mais si mon corps est irrécupérable, alors, je vous le demandera, non pas comme châtiment mais comme service. "

"PAS TOUS EN MÊME TEMPS, BORDEL !"

Face à telle réaction, je ne pouvais m'empêcher de lui envoyer un regard circonspect. Avait-il possibilité de me voir où n'étais-je à ses yeux qu'une infâme bouillie éthérée où l'on discerne tout juste la tête dépasser des épaules, laissant le reste comme une cape bleutée suspendue dans le néant, flottant mollement ? Il n'avait pas l'air de s'attarder sur les visages, c'était quelque chose qui me mettait à la puce à l'oreille, du moins, ce qu'il en restait. Mais il avait mentionné quelque chose de singulier, étions-nous plusieurs ?


"Vous avez beau être de Yuimen, vos corps ont beau être à l'intérieur, maintenus en forme par la magie de la jeune femme à la peau noire et protégés par Visselion en personne, vous n'avez aucun moyen de les réintégrer pour le moment. Si seulement les vôtres n'avaient pas décidé de tuer Vallel, hein ?"

Oui, manifestement, nous étions plusieurs, et de Yuimen, c'est fou ce que le monde est petit...

"Et je ne peux pas davantage vous laisser pénétrer la cité. Aucune exception. Et vous n'avez de toute façon rien à y faire."

Et nous étions encore plus mal lotis qu'au départ, au moins les spectres n'ont pas besoin de repos ni de se sustenter pour survivre, un tel périple nous aurait accablé de fatigue et de faim.

"Justice est vaincu, et vos amis se portent bien. Ils ont passé la nuit dans la grotte avant de partir je ne sais où à coup de portails."


Voilà pour les dernières nouvelles, Xël était en vie, j'étais assez... Heureuse de l'apprendre, je crois. C'était quelqu'un de singulier mais je ne lui voulais pas de mal, il avait le mérite d'être fidèle à lui même et je pense que je respecte assez ce trait de caractère.

" Soyez tranquille. " Avais-je dit doucement sans m'avancer, j'avais bien compris que nous étions rassemblés ici sans trop savoir comment nous sommes arrivés là au même endroit au même moment.

" Vallel arpente également ces terres, nous avons travaillé de concert pour dissiper la brume et le ramener de l'au delà. Vous aviez une allégeance envers Vallel, autrefois ? "

"Ramener ici vos corps ne servira à rien d'autre qu'à les mettre en danger. Les âmes défuntes peuvent déséquilibrer l'ordre magique de la ville, voilà pour quoi on ne peut vous accepter. Allez vous trouver un corps dans la Lande, y'a assez de bestioles qui sont attirées par ce foutu rayon. Ou allez voir Vallel, vu qu'il est de retour."

"Tout Elscar'Olth a eu une sorte d'allégeance à Vallel, du temps de la Grande Guerre. Mais c'est avant tout un compagnon, un ami de longue date."

" Vallel a dû revenir avec nous. Si mes compagnons sont presents, ça veut dire que pour une raison que j'ignore, Vallel m'est invisible également. Savez-vous où il se rendrait s'il devait revenir d'entre les morts, sous la forme d'un spectre tel que moi ? "
Manifestement, il n'était pas ici, et ça nous aurait servi à rien si quoiqu'il arrive nous ne pouvions pas entrer sous cette forme. Mais je me posais la question, fallait-il emprunter des corps pour venir ici, transférer nos âmes d'un corps à un autre ? N'était-ce pas là quelque chose d'encore plus instable que de simplement venir sous la forme d'un esprit pour regagner notre dépouille ? Je veux dire, j'y tiens quand même, j'en ai passé du temps à entretenir mon corps et affûter mes réflexes, si je devais finir dans une autre carcasse, je mettrai un temps fou à m'en remettre.


"Vallel ? A Orsan, aucun doute là-dessus. Vers l'Ouest, sur les Landes Noires. Et je n'ai foutrement aucune idée pour la présence d'un chat dans les environs, ni n'ait la moindre envie d'aller farfouiller les moindres recoins pour vous le ramener. Si vous voulez un animal de compagnie, y'en a assez dans les alentours."

Ah, ça devait être Mathis qui demandait pour son chat. Ca nous changera de la mère Michelle de Tulorim qui perdait ses chats à répétition, si elle savait que le bordel d'à côté en faisant une excellente terrine vendue à 5 Yus.

" Vallel à Orsan. Hm, je m'y rendrai bien mais rien ne m'indique que je puisse le voir... tout comme mes compagnons d'infortune. C'est déjà un petit exploit en soi que nous soyons tous rassemblés ici en même temps. Si il est cet ami de longue date dont vous parliez... avez-vous une possibilité de l'assister comme vous le faisiez jadis ? Je lui ai moi même offert allégeance. "


"L'assister ? Vous me prenez pour un second couteau ? Il n'a besoin comme assistants que de bouchers et chasseurs."

Mais non, bêta ! Je disais que si tu es le seul gus à des lieux à la ronde, j'aurai bien besoin de toi pour m'aider à le trouver, à le ramener et à me ramener ensuite dans mon corps ! Je me fiche qu'il recrute des bouchers pour ses expériences foireuses. La chair putréfiée qui tient avec de la ficelle à gigot ça ne m'a jamais fait trop fantasmer de toutes façon.

Ouais. Et le dénommé Mathis me fait vous dire qu'il se barre à Orsan, d'ailleurs." Ah, au moins le blond n'a pas manqué l'information, je pense que c'est important aussi d'aller à Orsan, même si on est pas capable de se voir, peut-être Vallel lui pourra nous voir comme le fait cet homme.

" Une fois à Orsan, avez-vous une idée de l'endroit où trouver Vallel ? Et... savez-vous pourquoi je ne peux voir mes compagnons, ni même les sentir et les entendre ? "

M'enfin, faute d'une réponse très aidante, il m'avait adressé un regard presque mesquin doublé d'un sourire carnassier, prétextant qu'il était peut-être là, parmi nous. Que ça serait tout de même très cocasse que ça soit le cas. Ca serait vrai, mais ça serait aussi saboter les plans de Vallel, à moins que tout ceci ne soit une gigantesque machination ? De toutes façons je n'étais pas prête à passer l'éponge sur l'insulte de Vallel, il en paiera le prix à un moment où un autre, la Silmeria naïve avait peut-être trouvé des circonstances atténuantes à sa grossièreté, mais maintenant que Hrist est de nouveau là, avec moi, nous sommes de nouveau liées, ma douceur s'est estompée... Akihito aussi a nettement dépassé les bornes, il a utilisé le fruit de mes confessions à des fins de moqueries et aura une sentence à la hauteur de son insupportable bêtise.


" Ca le serait. Mais ça irait sans doute à l'encontre de votre allégeance envers lui, il a eu besoin de nous et nous l'avons aidé dans sa tâche, comme je l'espère, c'est quelqu'un de parole et il n'est peut-être pas du genre à aimer qu'on raille ceux qui l'aident, ils ont été trop peu nombreux ces derniers temps, surtout venus de Yuimen. Je prend congé de vous, j'espère que la prochaine fois, nous parlerons d'être vivant à être vivant. "


J'avais tenté ce petit coup de bluff, si ça se trouve, il éclaterait de rire, ça me laisserait entendre que ce bon vieux Vallel n'était pas si fiable que ça, mais j'ai quand même peine à croire que ça ne soit qu'un vilain maraud, on parle quand même d'un seigneur des Treize, alors certes, ils ont tous des personnalités très contestables, sauf Xenair qui s'avère être une méduse molassonne, allez savoir pourquoi je l'apprécie. Mais... J'avais envie de faire confiance à Vallel.

Mieux encore, j'avais envie de lui donner ma confiance ainsi que mon soutien face aux autres aventuriers si nécessaire. Je sais que Xël s'opposera à lui. Ca promet d'être divertissant.

-------------------------

Suivra la direction d'Orsan - peu importe la réponse donnée.
La petite plume de la Mort.

Alors, j'ai établi ma couche dans les charniers,
Au milieu des cercueils,
Où la Mort Noire tient le registre des trophées qu'elle a conquis.


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Akihito
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Re: Lande Noire

Message par Akihito » sam. 3 juin 2023 19:57

Dans le chapitre précédent...

Evénement : Cauchemar en Aliaénon.

33 : Un dialogue de sourds.

Voyager à grande vitesse était une expérience grisante, bien plus que ne l’aurait pensé Akihito. Lui qui était habitué à se déplacer par la foudre, il n’avait expérimenté ce genre de sensation que lors de brefs moments, toujours contemplatif. Et si son corps éthéré ne lui permettait pas de se mouvoir aussi vite qu’à l’aide de ses pouvoirs, admirer les paysages, forêts, lacs et immensités sauvages se dérouler sous ses yeux lui était possible avec bien plus de facilité.

(Non… Ca se rapproche plus d’un voyage en Cynore. Mais avec la vitesse d’un Aynore.)

Est-ce qu’il allait vite ? Oui, terriblement vite. Mais il volait à une hauteur bien plus basses que lors de ses rares voyages intercontinentaux avec les machines Sindeldi. La crainte de sentir son esprit peu à peu se perdre s’il n’était pas continuellement stimulé se dissipa : il n’avait plus personne avec qui parler, mais il avait bien des choses à regarder. Ici, une petite ville aux curieuses constructions sphériques ; là, un lac à l’eau si clair qu’il aurait sans doute pu voir le fond s’il avait passé plus de temps à le survoler. Et des animaux fascinants, bizarres, grotesques, aussi bien sous ses pieds que dans les airs, inconscients de sa présence.

Cette abondance de vie et de paysages divers finit néanmoins par se tarir quand il pénétra dans la Lande Noire : Akihito n’avait aucune idée du temps qu’il avait mit à parcourir la distance pharamineuse entre la Savane et la Lande. Tout ce qu’il savait, c’était que le soleil n’avait pas eu le temps de se coucher et qu’il perçait toujours par moment à travers les divers nuages qui obscurcissaient le ciel. Sous lui, montagnes et crevasses désolées se succédèrent dans un cortège qui à défaut d’être aussi foisonnant de vie, restait étrangement fascinant. Et lorsque la colossale balise de lumière verdâtre apparue dans son champ de vision, très loin sur sa droite, il put corriger son vol. Enfin, il allait retrouver son corps, Yliria, Amy, les autres… Et maintenant qu’il se reposait la question, l’appréhension reprenait un peu le dessus.

Pouvait-il retrouver son corps ? Dans quel état ? Ses compagnons étaient-ils toujours là ? Pourraient-ils l’aider ?

Ces questions se heurtèrent au vide et à l’absence. Arrivé, près de la ville, il n’eut pas de mal à retrouver l’entrée de la grotte grâce à l’orbe du Titan. Une énième menace qui se rappela à lui, et qui lui fit un instant craindre le pire. Surtout qu’il ne trouva rien, dans ladite grotte. Complètement déserte, ses habitants semblaient s’être purement volatilisés. Un pic d’inquiétude le traversa avant qu’il ne remarque quelques détails le rassurant quelques peu : aucune trace de combat, aucun corps, très peu de débris ou d’objets étaient encore présents. Aucune folie meurtrière n’avait étreint la communauté, visiblement.

(Ou du moins, pas récemment,) pensa l’Ynorien, encore incapable de dire s’il était mort il y a quelques jours ou plusieurs mois. Akihito n’était pas un chasseur ou un pisteur et se trouva incapable de proprement étudier les quelques traces qu’il trouva ici et là ; il fit alors appel à sa logique et sorti de la grotte, se dirigeant vers la ville. Si les réfugiés d’Elscar’Olth avaient quitté la grotte, c’était sans doute pour trouver un nouvel abri, ou reprendre le contrôle de leur ville. La seconde option s’avéra être la bonne, quand un homme surgit d’une ouverture dans le sol, alors que l’enchanteur s’avançait vers la cité. Malgré sa figure fantomatique, Akhito le reconnu : c’était un des deux sorciers avec qui il n’avait pas parlé, un des deux frères qui les avaient épaulés contre Justice.

« Battez en retraite, esprits défunts : la Cité Noire vous est interdite ! Allez-vous en, ou nous vous renverrons au néant !

- Je suis un des... Yuiméniens qui ont combattu le Titan. Je suis le mage qui a affronté Justice avec vous, et qui a fini dans le... Le cristal avec... lui. »

Evoquer le souvenir fit trembler malgré lui sa voix, mais il essaya de reprendre le contrôle dessus, sans grand succès.

« J'ignore si vous avez récupéré nos corps, encore moins si le mien est en état d'accueillir quoi que ce soit... mais pouvez-vous nous y conduire, si vous les avez récupérés ? Et... Et Justice ? Et les autres ? Ils sont sains et saufs ?

- PAS TOUS EN MÊME TEMPS, BORDEL ! »

Stupéfait, Akihito se figea et regarda autour de lui. Personne n’était là, pas plus qu’il n’avait entendu d’autre voix que la sienne.

« Vous avez beau être de Yuimen, vos corps ont beau être à l'intérieur, maintenus en forme par la magie de la jeune femme à la peau noire et protégés par Visselion en personne, vous n'avez aucun moyen de les réintégrer pour le moment. Si seulement les vôtres n'avaient pas décidé de tuer Vallel, hein ? Et je ne peux pas davantage vous laisser pénétrer la cité. Aucune exception. Et vous n'avez de toute façon rien à y faire. »

Le discours complètement confus du sorcier perdit complètement le spectre. C’était un soulagement de savoir qu’Yliria avait préservé leurs corps, mais comment ça il ne pouvait pas le réintégrer pour le moment ? Ni entrer dans la cité ? Et pourquoi continuait-il de parler comme s’ils étaient plusieurs ?

« Justice est vaincu, et vos amis se portent bien. Ils ont passé la nuit dans la grotte avant de partir je ne sais où à coup de portails, dit-il en regardant pour la première fois l’enchanteur droit dans les yeux, avant de fusiller du regard un autre point dans l’espace. Je ne suis pas votre putain de messager. »

Peut-être parce qu’ils étaient tous des spectres désormais, Akihito comprit peu ou prou que ses anciens compagnons étaient là. Lesquels, c’était là toute la difficulté de le savoir.

(… Est-ce que c’est vraiment important ?)

Après mûre réflexion, il décida de ne pas chercher à interagir avec les autres esprits. Passer par le sorcier qui ne semblait pas ravi de les voir ne ferait que l’agacer encore plus, et l’Ynorien ne savait pas encore vraiment quelle attitude adopter à côté de ceux qui avaient libérés des milliers de spectres sur le monde.

« Pourquoi ne pas nous désigner du doigt à tour de rôle pour nous donner la parole ? Cela facilitera notre conversation. Et pour notre accès à la cité... y a t-il une raison pour nous en refuser l'accès ? Nous avons sauvé votre ville... si nous souhaitions vous nuire, on ne l'aurait pas fait.

- Rhaaaa, pas tous en même temps j'ai dit ! Ramener ici vos corps ne servira à rien d'autre qu'à les mettre en danger. Les âmes défuntes peuvent déséquilibrer l'ordre magique de la ville, voilà pour quoi on ne peut vous accepter. Allez vous trouver un corps dans la Lande, y'a assez de bestioles qui sont attirées par ce foutu rayon. Ou allez voir Vallel, vu qu'il est de retour. »

Donc Vallel était bien derrière tout ce bazar. Une autre raison aurait été surprenante, mais Akihito avait appris que sur Aliaénon, ne pas envisager l’improbable était une grave erreur. Comme le fait qu’Elscar’Olth, selon le sorcier, était une ancienne alliée de Vallel. Puis confirmant que le sorcier répondait à des questions qu'il n'entendait pas mais pointait du doigt comme il lui avait demandé, Akihito précisa d’abord un point que le sorcier avait oublié d’expliquer à voix haute.

« J'ignore quels autres esprits dont présents avec moi, mais je ne les entends pas -et eux non plus, visiblement. Ils ne doivent pas comprendre pourquoi vous les pointez du doigt, alors expliquez leur, ça rendra la conversation plus... fluide pour vous.

- Ouais, ouais. Je pointe du doigt ceux qui peuvent causer. Donc parlez seulement si vous avez la parole.

- Intégrer un autre être vivant... c'est pas possible. Vous êtes le seul à pouvoir communiquer avec nous ? Nous pourrions nous entretenir avec Visselion ?

- Vous butez pour un oui ou pour un non, mais buter une créature en chassant son esprit vous rebute ? J'en ai entendu des conneries, mais là... Et oui, je peux communiquer avec vous seulement parce que mon pouvoir et celui de mon frère me permettent d'être... dans un monde entre les deux mondes, entre la vie et la mort. Un monde d'éther. »

Bien qu’il fut partagé entre indignation et incrédulité, l’enchanteur attendit que le sorcier lui donne de nouveau l’opportunité de parler, apprenant par la même occasion qu’un Vallel libéré avait de fortes chances de se diriger vers Orsan, une ville à l’Ouest.

« Vous êtes quatre, oui. mais vous n'avez aucune forme, en tant que fantômes. J'peux pas deviner. Y'a deux noms qui ont été donnés : Jorus et Mathis. »

Lui compris, cela faisait trois personnes. La quatrième devait être Silmeria ou Hrist.

« Je suis Akihito. Et non, je ‘’bute’’ personne pour un oui ou un non. Mais on a autre chose à foutre, alors sachez juste que je refuse de tuer une âme juste pour me servir de son corps le temps de récupérer le mien. Puis même si j'en investis un autre, qui sait si je serai capable d'en sortir après. D'ailleurs... si on peut posséder une de ces créatures, pourquoi on a besoin de Vallel pour posséder nos propres corps ?

- Qui vous a dit de buter une personne ? Et posséder un vivant, le hanter, est bien plus simple que d'intégrer un corps mort. Enfin. Dans la théorie : dans la pratique, ça peut s'avérer complexe également. »

Le reste des paroles du sorcier furent obscures, sans les questions pour les remettre dans le contexte. Tout juste les informa-t-il que Mathis décidait de partir, sans doute vers Orsan.

« Je ne vous ai pas trouvés, c'est vous qui êtes venus jusqu'à l'entrée que je garde. Et évidemment que d'autres sont présents, des centaines rien qu'ici autour. Ils écoutent, curieux. Avides d'une faille à exploiter, déclara le sorcier avant de redonner la parole à Akihito.

- Ouais, et le hanter, c'est soit voir mon âme se faire amalgamer par la sienne, soit l'amalgamer à mon tour. Donc si dans la pratique je prends autant de risque à jouer au bonneteau avec des corps vivants qu'à le faire avec mon corps mort, je préfère pas mettre en danger qui ou quoi que ce soit. Alors arrêtons de tourner autour du pot, et dites-moi si vous êtes prédisposé à amener nos corps ici ou non, et à nous aider si possible, asséna l’enchanteur de moins en moins patient, en pointant la Savane du pouce par-dessus son épaule. Parce que y a des milliers d'âmes qui ont été libérés de la Savane Thanathéenne. Par votre "ami" Vallel. Nous, on tient pas à foutre le bordel chez vous et déstabiliser l'équilibre magique de votre ville, mais je peux pas parler pour les millions d'âmes errantes qui ont été relâchées. M'est avis que vous et Visselion cracherez pas sur notre magie pour éviter que ça dégénère.

- Je foutrais bien vos corps à portée des bestioles des alentours, vu que vous insistez. Et vous verriez que je vous dis la vérité. Mais Visselion a promis de veiller sur vous, et il sait comme j'exècre les vôtres. Il ne croira aucune tentative de ma part qui pourrait vous mettre en danger. Et je n'y connais foutrement pas plus à la mort que ce que je vous ai dit. A part vous casser la gueule, je n'ai aucune influence sur les âmes. Et ne vous déplaise, nous n'avons pas besoin de vous pour protéger notre ville des âmes, fussent-elles des milliers. Nous nous débrouillons déjà bien avant que le premier des vôtres pose le pied en ce monde.

- J'aurais dû me douter que quelqu'un qui qualifie Vallel de "ami de longue date" pouvait pas être très fiable. Eh bien, sorcier... Sorcier sans nom, vous saurez où me trouver si vous n'arrivez plus à vous débrouiller pour protéger votre cité avec vos concitoyens en effectifs malheureusement réduits. »

Il venait de revenir depuis l’équivalent des Enfers et voulait simplement retrouver son corps pour les aider. Mais le sorcier qui n’avait toujours pas donné son nom, malgré la question à peine voilée de l’enchanteur, continuait de se montrer peu coopératif. Qu’à cela ne tienne : il n’avait qu’à s’éloigner et rester auprès d’Yliria et Xël quand ils arriveraient.

« Les âmes ne posent aucun souci, nous avons des protections. Là où nous aurions besoin de vous pour protéger la ville, c'est pour virer ces conneries de bestioles qui rappliquent de partout.

- Par les dieux, explosa à moitié Akihito, si vous avez plus à cœur de protéger votre ville que de nous haïr, Visselion pourra le comprendre. Alors ramenez mon corps, avec Visselion lui-même pour qu'il s'assure que vous comptez pas faire quoi que ce soit pour nous nuire. Ou même Bellarien, je dois être le seul Yuiménien qu'il tolère un tant soit peu. Vous avez toutes les bonnes raisons du monde de nous détester, d'accord, mais est-ce qu'on pourrait mettre de côté les rancoeurs dans lesquelles je n'ai rien à voir pour que je puisse vous aider ?

- Vous êtes pénible. Soit, je vais faire en sorte que votre message parvienne aux oreilles de Visselion. Mais je ne garantis rien de sa réaction. »

Et le sorcier disparu subitement, s’enfonçant dans les profondeurs de la terre. Le bousculer avait fait avancer les choses, peut être devrait-il en faire de même avec ses compagnons. Moins de conciliation, plus d’action…

(Silmeria avait sans doute raison, quelque part.)

Ne restait plus qu’à réussir à le faire sans se mettre à dos tout le monde… Et pour ça, il devait avant tout retrouver son… Corps. Au milieu du paysage désolé et sans personne pour le voir, le spectre qui avait été Akihito frissonna.


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HRP : Attend le retour de son corps
Modifié en dernier par Akihito le mer. 7 juin 2023 18:52, modifié 3 fois.

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Re: Lande Noire

Message par Cromax » sam. 3 juin 2023 22:16

Cauchemar en Aliaénon : Lande Noire (bis) III



Elscar’Olth

Mathis et Silmeria, ayant leur compte de réponse, s’en allèrent vers le Comté d’Orsan, à l’ouest. Jorus, lui, prit le parti de tenter de passer outre les défenses des ruines souterraines pendant que le spectre éthéré s’occupait de la demande d’Akihito. S’il resta discret, sans se faire repérer, il dut se rendre à l’évidence : il ne pouvait entrer. Les quelques ouvertures qui perçaient la surface, donnant directement sur des salles comme si le plafond s’en était effondré ou descendant via des escaliers (celui qu’emprunta la projection du sorcier pour descendre) étaient comme… inaccessibles. Protégées d’une paroi magique invisible repoussant l’âme de celui qui tentait de la traverser. Il n’avait pas menti sur ce point : Elscar’Olth semblait hermétique aux morts.

Il se passa plusieurs minutes sans que rien ne bouge à la surface. Puis, La projection d’éther arriva en compagnie d’un Alossarh Crath’ déter. Il portait entre ses bras sombres et musculeux le corps inerte et amoché d’un Akihito, qu’il posa debout. Le corps tint tout seul, même si sa posture indiquait les stigmates de récentes blessures. Il semblait éveillé, yeux ouvertes mais… comme absent. Le sorcier de feu bleu pesta.

« J’espère que ça vaut la peine, sinon Visselion va t’arracher la tête. »

Et l’autre regarda Akihito avec un air blasé.




Comté d’Orsan

Les esprits de Mathis et Silmeria voyagèrent vers l’Ouest. Ils arrivèrent rapidement dans une région bien différente des Landes Noires entourant Elscar’Olth. Un endroit morbide, aux vapeurs verdâtres qui étaient sans doute nauséabondes, s’ils avaient eu un odorat. L’endroit était plane, bien qu’étant vallonné. Mais pas naturellement : des monceaux de cadavres pourrissants stagnaient là en piles plus ou moins hautes, morbides collines aux nombreuses victimes. Humanoïdes, animaux, créatures… Il y en avait pour tous les goûts.


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La région était grande, et il était aisé de s’y perdre, surtout sans savoir ce qu’on y cherchait. D’innombrables créatures difformes la parcouraient, blafardes, manipulées génétiquement, monstres hideux tout droit issus des pires cauchemars. Humanoïdes ou bêtes étranges, aux formes bien étranges pour certains. Des horreurs de chair, la signature de Vallel.

Mathis se retrouva dans une partie de la région moins percluse de volutes vertes, avec des sortes de mains géantes qui montaient dans le décor, telles des arbres répugnants, de chair et d’os. Elles remuaient aléatoirement, certaines vives, d’autres doucement.


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Silmeria, elle, tomba sur un décor pas bien plus appétissant. Uine sorte de marécage puant où un tas de gravats pierreux avait été dressé chaotiquement comme un autel mortuaire, religieux. Des arbres tortueux en montaient, et la résurgence de créatures monstrueuse était plus dense ici qu’ailleurs. Comme si elles reconnaissaient l’endroit comme leur maison. Leur origine. Certaines semblaient même prier autour de la structure.

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[HJ : Akihito et Jorus, indiquez moi vos actions dans le chan "Elscar'Olth" du Discord. Mathis et Silmeria, vous faites votre RP avec votre action directement.]


[HJ :
Mathis : 0,5 (discussion), 0,5 (départ)
Jorus : 0,5 (discussion), 0,5 (fouille)
Silmeria : 0,5 (discussion), 0,5 (départ)
Akihito : noté quand complété]

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Mathis
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Re: Lande Noire

Message par Mathis » mer. 7 juin 2023 01:28

Le seul avantage qu’il y avait à errer comme ça, sans corps, c’était que l'on pouvait se déplacer presqu’aussi vite que par la pensée. Ainsi je retrouvai très rapidement dans la région d’Orsan. L’endroit n’était pas accueillant, regorgeant de cadavres, en entier et en morceaux qui se décomposaient sur le sol apparemment sous ces ordures. Je fus soulagé de ne pas avoir de pieds pour enjamber tous ces détritus.

Mais il n’y avait pas que des corps en décomposition, il y avait aussi d’innombrables créatures vivantes, toutes aussi laides, étranges et glauques les unes des autres. Des enchevêtrements de corps humains, de grosses gueules remplies de dents toutes acérées, des choses abominables créées en toute pièce par un cerveau dérangé. Et dire qu’il m’avait même proposé un nouveau corps, j’espérais qu’il pourrait avoir des corps plus vraisemblablement humains. S’il ne s’était pas avéré la seule personne pouvant nous aider, j’aurais rebroussé chemin illico. Mais qui d’autres aurait pu le faire ?

Dans l’endroit précis où je m’étais arrêté, faisant office d’arbres, des avant-bras géants, fait de chairs et d’os, pointaient leur main vers le ciel.
Je regardai tout autour de moi, puis je me mis à la recherche de Vallel.

Pouvait-il m’entendre ? Probablement que non, mais je devais tenter l’impossible.

« You hou, il y a quelqu'un qui peut m'entendre ici ? »

Comme de fait, je n’entendis aucune réponse.

Non sans dégoût, je m'approchai de l'une des mains géantes, l'examinai attentivement, et tenta même de la toucher. En vain, ma main passa au travers du tronc sans que la main géante ne réagisse.

Je me remis de nouveau en route à la recherche d’un bâtiment grand ou modeste, d’une trappe qui mènerait à un sous-sol, de ruines, d’une grotte. Je cherchais tout ce qui pourrait servir de repère à Vallel.


(((Mathis explore toute la région d’Orsan à la recherche d’une structure pouvant servir d’abri à Vallel. )))
Modifié en dernier par Mathis le dim. 11 juin 2023 18:00, modifié 2 fois.

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