Esseroth

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Yuimen
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Esseroth

Message par Yuimen » lun. 12 sept. 2022 18:26

Esseroth

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Collines Oniriques


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Plaine de Malirgue

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Cromax
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Re: Esseroth

Message par Cromax » sam. 1 oct. 2022 15:39

Cauchemar en Aliaénon : Esseroth I



Esseroth était plus resplendissante que jamais les aventuriers de Yuimen n’avaient pu la voir. Entièrement restaurée depuis la rude bataille d’Esseroth voici plus de quinze ans (sur Aliaénon), elle avait su se magnifier élégamment. Les murs ocre et les toits bleutés ovoïdes formaient une masse gracieuse, tout comme les hautes tours pointues ceignant l’horizon. Le portail de Simaya les avaient menés sur une petite place juste derrière les hautes portes de la ville, bien connue de ceux ayant déjà foulé le sol de la ville libre. Elle avait été bien restaurée, elle aussi, et les fleurs mignonnes poussaient aux balcons ornés. L’auberge accueillante de cette entrée de cité avait été réaménagée et agrandie. Esseroth recevait bien plus de visiteurs aujourd’hui que ça n’avait jamais été le cas. Les badauds se promenaient dans de futiles rêveries, humains de toutes couleurs et… orques souriants. Et pas du out apprêtés pour la guerre. Un drôle de contraste avec leurs confrères tribaux belliqueux de Yuimen. Tout ici semblait bien aller fort bien.


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Le comité d’accueil était présent, en la personne connue d’Egregor Carminès, ce grand bonhomme à la peau d’ébène et aux yeux rubis. Un sourire rayonnant sur le visage, rare chez cet homme sévère, accueillit tout ce beau monde.

« Ravi de vous accueillir en ma belle cité, aventuriers de Yuimen. Vous y êtes les bienvenus, autant que vous le souhaitez. »

Sa mine, directement, devint plus sombre cependant.

« Mais si bien que la ville se porte, elle est sujette à un danger inexplicable : un rapport vient de m’être fait. »

Il désigne à côté de lui un être curieux. Humain, mais à la peau noire comme le charbon, aux traits fins et à la chevelure bleue parsemée de plumes. Un bleu céruléen qui se retrouvait, vif, dans ses yeux. Un orque plutôt chétif, sans doute assez jeune, et vêtu avec une rare élégance pour les siens s’approcha de Simaya pour aider Dracaena à la soutenir. Egregor poursuivit.

« Des choses obscures se passent au Sud-Ouest des Collines oniriques. L’influence de la Lande Noire semble progresser sur nos terres, les teintant de ténèbres. Je m’apprêtais à m’y rendre en compagnie de Lysandre et Kaar ici présents. »

Il désigna l’homme aux plumes et le semi-orque parti au secours de Simaya.

« Je vous saurais gré si vous pouviez nous accompagner. Je gage que ce trouble est dû à la raison de votre venue en ces terres. Je comprendrais également si vous souhaitiez rester ici, certains de vous semblent être déjà rudement malmenés. Eaeria ici présente se fera un plaisir de vous aiguiller dans la cité pour trouver ce dont vous avez besoin. »

Une jeune femme au port altier s’avança, aux yeux d’or et à la coiffe complexe masquant ses cheveux. Un justaucorps élégamment orné, allant de pair avec de hautes cuissardes ne masquant que trop peu le haut de ses cuisses.

Egregor scruta les différentes personnes présentes. Xël, Yliria et Simaya semblaient avoir pris pas mal cher. À chacun de voir ce qu’il souhaitait faire… Eaeria s’en alla prendre le relai de Kaar, qui s’écarta de la troupe pour aller chercher de… curieuses montures, à ce qui semblait être une écurie en « libre service ». Des créatures étranges, légèrement plus hautes et massives que des chevaux, qui semblaient être un curieux mélange entre un éléphant à quatre yeux et un fauve à la fourrure blanche striée de noir. Il y en aurait en suffisance pour tout le monde, même si chacune était équipée d’une selle double pouvant accueillir deux personnes.



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[HJ : A vous ! Les apartés ne sont pas encore disponibles pour cette màj-ci. En revanche, vous pouvez poser des questions aux différentes personnes présentes via le sujet de discussion générale, s’il vous en vient. Essayez de vous limiter à ces questions aux pnj uniquement (sinon ils vont mal le prendre). Vous aurez le temps d’interagir ente vous par la suite. Petite règle de la discussion générale cette fois : pas plus de deux interventions par personnage par jour. Cette participation est bien entendu optionnelle. Je répondrai entre chaque. Vous terminerez votre post pour la prochaine màj par votre choix personnel : partir avec Egregor et consors, vous faire mener par Eaeria ou toute autre option que vous voudriez avoir.]

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Mathis
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Re: Esseroth

Message par Mathis » mar. 4 oct. 2022 00:40

Après avoir salué d’un signe de tête en guise d’au revoir, Glanae et Arthès, je pénétrai à la suite des autres dans le portail créé par Simaya qui puisa dans ses dernières forces afin de nous permettre de nous rendre sur Esseroth sans avoir à faire tout le trajet par nos propres moyens.

Lorsque j’arrivai sur Esseroth, je fus sans voix. Cette cité était désormais resplendissante et ne ressemblait en rien à la désolation que j’avais observée lors de mon aventure sur Aliaénon. Comme ils nous l’avaient auparavant expliqué, le temps se déroulait plus rapidement dans leur monde. Ainsi ils avaient disposé de plusieurs années pour restaurer leur cité. Sobres et élégants, les édifices d’une hauteur impressionnante se terminaient pour certains par un dôme bleuté et par des toits pointus pour d’autres.

Le portail nous avait conduits sur la grande place tout juste derrière les portes de la ville. Les fleurs ornant les balcons enjolivaient et égayaient ce magnifique endroit.

Egregor nous y attendait. Souriant et accompagné de trois esserothiens qui m’étaient inconnus, il honora ses devoirs d’hôte en nous souhaitant la bienvenue.

Malheureusement, les civilités faites, son sourire s’effaça et il nous informa que sa ville risquait d’être victime d’un danger éminent. Ceux qui l’accompagnaient venaient tout juste de lui faire leur rapport.

Ayant connu Egregor, je n’étais pas étonné de voir des physionomies différentes de celles retrouvées sur Yuimen, mais je n’avais jamais vu un être tel son compagnon de droite. Répondant au nom de Lysandre, mi-homme, mi-oiseau, de peau noire, tel le corbeau, ce dernier arborait de ravissantes plumes bleues qui complétaient sa chevelure bleue et qui s’agençait à ses yeux d’un bleu azuré.

Et puis discrètement, un jeune orque svelte nommé Kaar et élégamment vêtu s’approcha de Dracaena et l’aida à supporter Simaya.

(Élégant, aimable, svelte, discret,…rien de commun avec les orques de Yuimen.)

Egregor nous résuma plus précisément ses inquiétudes. Un phénomène étrange et obscur avait cours au sud-ouest des Collines oniriques. Il semblait que l’influence de la Lande Noire teintait de ténèbres leur terre. Il envisageait de s’y rendre en compagnie de Kaar et de Lysandre et nous invita à les accompagner, conscient que les plus fatigués préfèreraient se reposer.

Il présenta alors la dernière inconnue et non la moindre : Eaeria. Cette splendide femme fière, habillée de vêtements en grande partie d’un doré s’accordant à ses yeux et à sa blonde chevelure bouclée, avait comme mission de guider les yuimeniens qui le désiraient vers différents lieux dans la cité.

Eaeria prit soin de sa congénère affaiblie pendant que Kaar partit vers un bâtiment ressemblant à une écurie de très grandes dimensions pour revenir avec de grandes et stylées montures. Sans doute familières sur Aliaénon, elles s’avéraient étranges et intéressantes pour moi. De stature plus robuste et de taille supérieure aux chevaux, elles possédaient quatre yeux, une longue fourrure zébrée blanche et noire et une longue trompe en guise de nez. Nez préhensile qui me fit penser à celui que j’avais observé sur les dessins représentant un éléphant, animal mythique de Yuimen, sûrement sorti de l’imagination de quelqu’un qui n’avait rien d’autre à faire. Le pachylaire étant équipé d’une double selle, je devinai qu’il s’agissait de nos futures montures.

Alors que mes compagnons se présentaient et posaient des questions à Egregor, je déposai Praline sur le sol, tout en écoutant attentivement questions et réponses.

L’homme oiseau s’avérait plutôt humble et parlant d’une voix douce. Il semblait doté d’une grande sensibilité réagissant aux hausses de tons des interlocuteurs. Occupant la fonction d’éclaireur, c’était lui qui avait vu la détérioration des terres le premier. Il expliqua qu’il s’agissait d’espèces de volutes noires nauséabondes qui semblaient corrompre tout ce qu’elles touchaient, autant l’air que le sol ou la végétation. Dans l’urgence de venir prévenir le danger, il n’avait pas poussé plus loin son investigation. Nous apprîmes aussi qu’il ne s’agissait pas de silhouettes qui se déplaçaient dans l’obscurité, mais bien l’obscurité qui se déplaçaient d’elle-même. Simaya rajouta que les landes noires abritaient une magie ancienne qui avait terni les landes, mais que cette dernière demeurait à l’intérieur de ses frontières. Il était étrange et inquiétant qu’elles envahissent les autres régions d’Aliaénon.

Jorus questionna Lysandre et Egregor curieux de connaître leur talent respectif. Avec humilité, Lysandre expliqua qu'il avait le don de prendre la forme d'un oiseau, en partie ou en entier, ce qui s'avérait très utile en tant qu'éclaireur. Avec beaucoup de fierté Egregor montra aussi son pouvoir de manipulation de sang en matérialisant une épée et un bouclier fait de ce liquide carmin. Assez impressionnant, je me l'avouai. Mais personnellement, j'avais été bien plus marqué, lorsqu'il avait manipulé mon propre sang à mon détriment. Et je ne pourrait oublier la scène sur cette grande place sur Esseroth, ou je l'avais trouvé à genou sur le sol maculés de sang, entourés de cadavres de ceux qui avait tué les siens.

Une certaine confusion semblait naître dans le groupe quant à la destination de la première mission d’exploration. Confusion bien légitime puisque nous ne connaissions pas suffisamment les lieux pour nous orienter. Ainsi quelques aventuriers croyaient qu’ Egregor, Lysandre et Kaar avaient prévu se rendre dans les landes noires alors qu’ils voulaient se rendre aux frontières de leurs terres, ce qui demanderait quelques heures sur les splendides montures. À la seule pensée, de l’éventualité de se rendre dans les landes noires ébranla Lysandre, qualifiant cette destination de suicidaire. Egregor, pour sa part, commençait à perdre patience. Il voulait partir immédiatement répétant qu’il ne nous obligeait pas de le suivre. Mais il était évident qu’il serait plus soulagé si on y allait tous. En ce qui me concernait, je lui avais promis et j’allais tenir ma parole. Ahikito voulait faire des recherches, quant à Silmeria, elle changea d’idée à quelques reprises, croyant faire une visite touristique à dos de Pachylaire. Yliria se contenta de se présenter à son tour, puis d’indiquer qu’elle était prête à monter sur l’animal. Kaar lui proposant de partager la même monture.

Xël proposait d’attendre une nuit, demande légitime en ce qui le concernait personnellement vu son état de fatigue. Créer un portail les avait exténués, lui et Samaya.

Pendant toute cette discussion, Praline s’était doucement approchée avec curiosité sans agressivité vers Lysandre l’homme oiseau. Ce dernier se pencha vers le félin et lui caressa la tête, souriant.

Ce fut à mon tour de prendre la parole. Je saluai d’abord les gens qui accompagnaient Egregor, tout en me présentant
« Je suis Mathis et voici ma compagne Praline. » Pointant ma chatte qui explorait avait été attirée par l’homme oiseau.

Puis me tournant vers Egregor j affirmai :

« Je suis prêt , je vais avec vous. »

Après une brève pause, je commentai :

« Je n'ai pas de questions à vous poser pour le moment. Partons le plus vite possible, il faut arrêter ces ombres destructrices avant qu’elles ne gagnent trop de terrain. »

Praline demeura près de l'homme oiseau, quémandant d'autres caresses. Je n'intervins pas, cette jolie chatte tigrée n'était pas ma chose, elle était libre de tout mouvement. Je saurais bien la rappeler lorsque j’aurais besoin de ses services.

Pour ma part, je m'approchai des immenses et magnifiques animaux, qui allaient nous servir de monture. D'une main douce et rassurante, afin de ne pas effrayer l'animal, je m'approchai avec délicatesse, et me risquai de caresser cette somptueuse fourrure. Kaar nous ayant assuré qu’il s’agissait d’un animal doux et serviable, doté d’une rapidité et souplesse étonnant malgré sa taille.

Je commentai à Kaar.

« Ces Pachylaires sont magnifiques. »

Puis m'adressant à Egregor.

« Je suis heureux de voir que votre cité se porte mieux. Le souvenir que j'en avais était plutôt désolant. Je vais faire en sorte de vous apporter l'aide nécessaire afin que votre cité, et les autres contrées d'Aliaénon, ne perdent rien de leur splendeur. »

Même si j'avais écouté attentivement les directives d'Egregor, je me sentais un peu perdu dans la géographie d’Aliaénon. Ainsi je demandai aux Esserothiens

« Je sais bien que vous serez toujours présents avec nous pour nous guider. Mais afin de bien comprendre la progression de cette obscurité, il me serait utile de pouvoir avoir une vue d'ensemble de votre monde, afin de bien le visualiser. Ainsi si nous pouvions avoir accès à une carte, aussi rudimentaire qu'elle puisse être ... quelques points sur un parchemin pourraient suffire… je vous en serais reconnaissant. »

Je m'arrêtai quelques secondes pour réfléchir.
« Mais bien sûr, ça peut attendre après notre expédition. »
Terminai-je avec un sourire, sur un ton avenant, fidèle à ma personnalité.

Ma réponse sans hésitation sembla détendre Egregor. Mais ce fut la jolie Eaeria qui répondit à ma requête. Pendant notre sortie vers les frontières, elle allait se rendre chez l’archiviste et lui demander de nous faire une carte approximative.

« Je vous en remercie. »

Contrairement à ma première expédition sur Aliaénon, nous ne disposerions d’aucune pierre de vision.

Ainsi Simaya nous confia une fois de plus que nous devions demeurer unis. Ceux qui désiraient rester dans la ville pour se reposer ou faire des recherches nous attendraient à notre retour des frontières et nous irions ensuite tous ensemble sur les landes noires. Ce fut Eaeria qui apporta Simaya dans une petite auberge, non loin d’où nous étions.

L'homme arbre plus réservé s'exprima enfin. Il demanda innocemment s'il était possible de lui fournir de l'équipement adéquat, car il en était dépourvu. Je ne fis aucune remarque, mais je ne pus empêcher d'exprimer ma surprise. Impatient, Egregor ne se priva pas pour dire sa façon de penser. Que faisait-il là, s'il ne pouvait se défendre ? Kaar plus diplomate, lui suggéra de demeurer en ville, laissant Eaeria lui trouver de quoi l'équiper. C'était la plus sage solution. Et il eut la sagesse de la choisir.

Il était donc temps de partir. Je m’approchai de Lysandre pour ramasser Praline et ce faisant je lui posai la question qui venait de traverser mon esprit.

« En décrivant les volutes noires, tout à l’heure, vous les avez décrites comme étant méphitiques. Ma question peut vous sembler idiote, mais est-ce que cette odeur vous rappelait quelque chose en particulier ? »

Après avoir déposé, Praline sur la place arrière de la selle du Pachylaire ayant la plus belle robe. Je mis mon pied à l’étrier et grimpai agilement sur la place avant.

J’étais prêt, il ne restait plus qu’à attendre le signal de départ.

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Akihito
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Re: Esseroth

Message par Akihito » mer. 5 oct. 2022 19:57

Dans le chapitre précédent...

Evénement : Cauchemar en Aliaénon.

3 : Un peu de désastre avec votre cataclysme ?

Yliria mit un temps avant que son regard ne se focalise pleinement sur lui, et elle eut un mouvement de recul, étrange.

"Je sais pas. Ça va, je crois. Juste… ça va."

Il la regarda faire, se relever.

("Ca va" mon cul ouais.)

A voir ses jambes flageolantes et ses yeux encore brumeux, il était clair qu'elle ne s'était totalement remis de ce qui lui était arrivé. Restait à savoir ce que c'était. Tout le monde s'était plus ou moins regroupés et Simaya fit apparaitre un des portails translucides de Xël, la faisant un peu tituber. Heureusement, l'oudio fut là pour la soutenir. Elle semblait épuisée, comme si ce dernier sort l'avait affaiblis. Peut être un contrecoup de l'utilisation de sa magie ? Vu comme elle était puissante, cela ne l'aurait étonné qu'à moitié. Puis alors que tout le monde commençait à s'engouffrer dans le portail, Alyah revint vers lui et lui expliqua ce qu'il s'était passé. Lorsqu'il avait invoqué son double, Yliria avait décidé de faire appel à sa magie pour s'en prendre à son double. Sauf que la magie d'Aliaénon, capricieuse, s'était retournée contre la mage et l'avait purement et simplement transformé en glace.

Pas simplement recouverte de glace, non : son corps tout entier était devenu un bloc d'eau solidifié, l'espace de quelques instants. Un coup du sort qui avait été sauvé in extremis et purement par hasard par Simaya qui avait déployé son champ d'anti-magie. La jeune femme était donc passé à un cheveu de mourir, tout simplement. En mettant son bras en visière pour protéger ses yeux de la lumière nouvelle qui recouvrait l'endroit où ils apparaissaient, le mage jeta un long regard à la semi-shaakte. Elle faisait encore une fois mine que tout allait bien, alors qu'elle avait toutes les raisons de laisser l'inquiétude, le soulagement, n'importe quelle autre émotion autre que l'expression neutre qui ornait son visage. Pourquoi s'obstinait-elle à tout gérer toute seule, à la fin ?

(C'est sa manière de fonctionner, Aki. De ce qu'elle nous a dit, son passé est suffisamment compliqué pour qu'elle ai pris l'habitude de se débrouiller par elle même.)

(Ouais, mais ma façon de fonctionner c'est de vouloir l'aider. Et elle s'est pas gênée pour me critiquer là dessus avec mon complexe du héros.)

(Sauf que ca ne la concerne qu'elle, quand toi tu "t'imposes" chez les autres. Laisse lui le temps, reste là pour elle. Je suis sûre que si elle a besoin d'un coup de main, ce sera vers toi qu'elle se tournera en premier.)

L'enchanteur avait des doutes sur cette dernière affirmation. Yliria avait peut-être changé physiquement, mais sa mentalité était resté la même. Il poussa un soupir et se résigna à rester simple spectateur pour l'instant : son amie n'était visiblement pas au meilleur de sa forme, mais elle restait objectivement en bon état et simplement bien secouée. Il allait garder un oeil sur elle et ne pas intervenir tant qu'elle ne faisait rien d'imprudent.

Il poussa un nouveau soupir.

(Tant qu'elle ne fera rien de stupide. Bien sûr qu'elle va être imprudente.)

Sa résolution prise, il put enfin prêter attention à la ville d'Esseroth dans laquelle ils étaient arrivés. Une ville plutôt élégante, dont les bâtiments étaient d'ocre et d'azur. Un peu à l'instar des quartiers nobles de la capitale Kendran, plusieurs des bâtisses prenaient la forme de tours s'élançant vers le ciel, donnant à l'ensemble de la cité une architecture très aérienne. Une ville où il devait faire bon vivre, notamment si l'enchanteur prenait pour preuve les badauds qui passaient non loin. L'air serein, souriant pour la plupart. Des humains issus de peuplades diverses puisqu'ils y en avait de toutes les couleurs : des bleus, des noirs à l'instar d'Egregor, des blancs d'une pâleur qui aurait été inquiétante sur Yuimen. Et même plusieurs individus qui ressemblaient à des garzoks. Peut-être en étaient-ce, mais eux étaient habillés différemment de leurs homologues yuiméniens. Moins bestiaux, bien que de simples vêtements semblaient peu adaptés à leur musculature hors norme. Plus minces pour la plupart, aussi. Et donc forcément, imminemment moins hostiles visuellement que ceux que l'Ynorien avait affronté. Sans doute une race originaire d'Aliaénon.

Au milieu de cette petite place, un quatuor des plus singuliers les attendaient : Egregor évidemment, mais également un garzok aux traits plus doux sans doute issu d'un métissage avec un humain d'Aliaénon ; un homme torse nu à la peau très sombre et dont les cheveux bleutés étaient parsemés de plumes de la même couleur ; et une femme à la coiffure complexe à la tenue plutôt révélatrice, dont les cuissardes et la tunique révélait le haut de ses jambes. Heureusement pour le jeune homme, Egregor accapara son attention en prenant le temps de les présenter : respectivement Kaar, Lysandre et Eaeria.

"Ravi de vous accueillir en ma belle cité, aventuriers de Yuimen. Vous y êtes les bienvenus, autant que vous le souhaitez. Mais si bien que la ville se porte, elle est sujette à un danger inexplicable : un rapport vient de m’être fait. Des choses obscures se passent au Sud-Ouest des Collines oniriques. L’influence de la Lande Noire semble progresser sur nos terres, les teintant de ténèbres. Je m’apprêtais à m’y rendre en compagnie de Lysandre et Kaar ici présents. Je vous saurais gré si vous pouviez nous accompagner. Je gage que ce trouble est dû à la raison de votre venue en ces terres. Je comprendrais également si vous souhaitiez rester ici, certains de vous semblent être déjà rudement malmenés. Eaeria ici présente se fera un plaisir de vous aiguiller dans la cité pour trouver ce dont vous avez besoin."

A peine étaient-ils arrivés, que déjà on leur parlait d'un nouveau danger. Cela venait de la Lande noire apparemment, soit l'endroit où voulait se rendre Simaya. Cela avait peu être un rapport avec le supposé Titan de Mort, mais tout semblait vraiment préoccupant. Ils arrivaient à peine et tout partait en cacahuètes ? C'était presque suspect. Cette histoire de corruption semblait néanmoins intriguer Silmeria.

"Qu'entendez-vous par choses obscures ? Des créatures mutent et deviennent agressives ? L'eau et l'air deviennent néfaste ? Les hommes bons se transforment en d'odieux faquins ?

- Lysandre, humble éclaireur. Tout semble se corrompre : arbres, sols, air. Toute vie qui y réside doit être touchée aussi. Comme si les ténèbres s'abattaient sur les collines en de noires volutes méphitiques. Je n'ai pas osé davantage m'attarder, l'urgence me ramenait ici.

- Merci à toi, Lysandre. J'ai si je puis dire une affinité particulière à la corruption sur mon monde, peut-être suis-je familière à celle d'Aliaenon également. Viendras-tu avec nous ? demanda l'hinïonne avant d'ajouter après un temps de réflexion : Je ne dispose pas de grand chose, deux lames plutôt courtes, ces quelques atours de ville, mais je n'ai pas de carte, je ne sais pas à quoi ressemblent ces lieux, as-tu de quoi m'éclairer éclaireur ? Par ailleurs, as-tu une maîtrise particulière ?

- Je vous accompagnerai. Je serai votre guide pour ce périple et vous indiquerai les voies à suivre. Quant à mon... pouvoir, il est bien moins impressionnant que ne peuvent l'être ceux du Sieur Carminès, de Dame Sombreroc, de Kaar ou d'Eaeria. Je me change, entièrement ou non, en oiseau. Un don qui me sert plutôt bien dans ma modeste tâche."

La situation semblait assez complexe et dangereuse. Restait à savoir s'il était pertinent pour le jeune homme de rejoindre Egregor. Depuis son arrivée, on lui parlait de lieux qu'il ignorait, de créatures qu'il ignorait. S'aventurer même en compagnie de locaux sur un terrain aussi dangereux ne lui plaisait pas vraiment tant qu'il n'en savait pas plus. Surtout alors qu'il sortait tous juste d'un incident qui avait faillit tuer tout le monde...

"Loin de moi l'idée de m'esbigner en faisant fi de ce qui se passe dans les collines, ser Egregor, mais Aliaénon est encore un peu trop nouveau pour moi et j'aimerais en apprendre plus sur votre monde. Je viens d'apprendre... à la dur... qu'à vouloir faire le flambard avec la magie sans retenu, on peut causer de gros problèmes. Et je ne pense pas avoir la cautèle de Silmeria pour mener à bien une enquête dans un milieu aussi hostile.

- Vous n'apprendrez jamais rien sur notre monde en n'allant pas au devant de ses dangers."

Son ton ennuyé avait considérablement refroidit Akihito. Egregor avait semblé plutôt raisonnable jusque là, mais il semblait des plus impatients. L'ignorant un temps, il s'adressa à l'Esserothéenne.

"Je suis Akihito Yoïchi et je ne serais pas contre une visite d'Esseroth. Est-ce que vous avez une bibliothèque ou un quelconque lieu de savoir ? J'aimerais en apprendre plus sur les Titans.

- Nous n'avons pas de... bibliothèque. Mais notre scribe détient l'histoire écrite de la cité d'Esseroth dans les archives. Je doute que vous y appreniez quoique ce soit sur les Titans, en revanche. Dame Sombreroc et vos pairs Sauveurs en savent bien plus sur eux que nous n'en saurons sans doute jamais.

- C'est regrettable, dans ce cas. J'aurais aimé en savoir plus à leur sujet mais si vous n'avez que les archives de la ville, on y peut rien. répondit l'enchanteur avant de se tourner de nouveau vers le colosse à la peau sombre. Et on ne perd rien à se renseigner un peu avant de se jeter dans l'inconnu la fleur à la boutonnière, Ser Egregor. Mais soit, je ne suis pas un capon : si c'est aussi préoccupant que ce que vous nous dites, alors on a peut être pas le temps de chercher des informations. Ces ténèbres qui recouvrent les... Collines oniriques. Vous pensez qu'elles viennent des landes noires si j'ai bien compris ? Si Ser Lysandre semble s'inquiéter de la corruption qui l'accompagne, c'est qu'elle ne doit pas être habituelle à les landes noires. Donc elles progressent depuis les landes ? ou elles sont apparues subitement en plein milieu des collines ?"

Si il n'y avait pas de centre de savoir digne de ce nom, alors peut être allait-il avoir plus d'informations sur ce qui se passait de la part de ceux qui allaient y enquêter. Jorus et Xël avaient posés des questions de leurs côtés : Egregor avait affirmé qu'il ne fallait pas perdre une minute, avant de faire étalage de ses pouvoirs à la demande de l'Humain de Wiehl. L'Esserothéen avait purement et simplement une maîtrise complète de son sang, qu'il pouvait extraire librement de son corps pour les solidifier en épée et bouclier, avant de s'élever avec en le faisant se déplacer sous ses pieds pour finalement le réintégrer à son organisme.

(Très tape à l'oeil, mais ça à l'air tout aussi pratique.)

(Et ça va bien avec le bonhomme qui m'a l'air tout sauf fin.)

C'est le moment qu'avait choisit Yliria pour annoncer qu'elle souhaitait aussi partir.

"Je viens avec vous. Pas par cagoterie, mais bien parce qu'il faut s'informer au plus vite et que je suis venue pour ça."

Akihito avait juré intérieurement, mais il s'y attendait aussi. Il avait juste espéré qu'elle soit raisonnable pour une fois, après son "accident". Un mot qui était définitivement absent de son vocabulaire, raison pour laquelle il décidait finalement de se joindre lui aussi à l'enquête et avait cherché à en savoir plus.

"Si vous restez à mes côtés, ici, je pourrais vous en dire plus sur eux. Ou Xël, qui doit en savoir autant que moi. Mais je doute que cela puisse être d'une réelle utilité. Nous vous avons déjà précisé à peu près tout ce que nous connaissons d'eux dans le Cratère du fluide."

Les Titans, s'ils étaient des quasi divinités, étaient vraisemblablement bien mystérieux. Ce qui fit un peu maugréer le mage : s'il savait que des créatures aussi puissantes rôdaient dans son monde, alors il essayerait d'en savoir le maximum pour ne pas provoquer leur colère par inadvertance, comment les apaiser. Quelque chose de concret.

"Je ne vous oblige en rien. A vous de juger si des volutes noires corrompant toute vie et approchant de notre cité est préoccupant pour vous ou non. Pour moi, ça l'est. Pour le reste, je viens de tout apprendre, je suis arrivé à peine quelques minutes avant vous."

Evidemment que pour quelqu'un comme Akihito, laisser autant de personnes face à un danger pareil était inconcevable. Egregor était juste plus un homme d'actions que de mots, et ne semblait pas doué pour demander de l'aide avec un minimum de savoir vivre.

(On est là que depuis quinze minutes, et on doit déjà traiter une quantité d'informations pharamineuse. Faudrait qu'il voit à apprendre à mettre les formes avant de s'énerver qu'on veuille prendre un peu notre temps pour trouver nos marques.)

"Oui. L'obscurité vient de la Lande Noire. Je ne connais pas la Lande, je ne sais pas si elles y sont présentes. Mais elles changent le paysage en une version semblable à ce qu'on trouve là-bas."

Au moins, le mal avait une origine et n'était pas juste un phénomène similaire à la Lande.

La suite de la conversation apporta son lot d'informations : la Lande Noire avait apparemment accueillit la Reine noire -ou son armée- lors de sa tentative d'invasion. Une Lande dont le territoire était désormais disputé entre deux villes. La disparition de la déesse avait-elle un lien quelconque avec l'extension des ténèbres ? Ca semblait contre intuitif, puisque son absence devrait affaiblir les ténèbres et non les renforcer. A moins que ce ne soit la déesse qui les maintenait sous contrôle et que sans sa présence, ils étaient libres de s'étendre ? Akihito laissa finalement ces interrogations de côté : ils en sauraient plus sur place et si Oaxaca était bien lié à tout ça...

(Quand les dieux sont impliqués, le sens commun n'a plus vraiment d'importance de toute façon.)

Son regard finit par suivre Yliria, qui s'intéressait aux montures qu'ils allaient emprunter. De curieux destriers avec quatres yeux, un pelage blanc épais et un long appendice qui sortait de leur nez. Devant l'inquiétude de la semi-shaakte et les question de l'hïnionne, c'est Kaar qui prit les devants. Peu habitué à voir un Garzok aimable, Akihito fut encore plus étonné de le voir si enthousiaste à propos de leurs montures. Il rassura la première en lui assurant qu'il allait grimper avec elle, avant de répondre à la seconde :

"Pas des chevaux, bien mieux ! Des Pachylaires. Pachy, comme on les appelle ici. Il n'y a pas plus doux et serviable comme créature. Et d'une rapidité et souplesse étonnantes. Pas comme ces créatures à sabots."

Curieux, l'Ynorien s'approcha comme son amie des montures, touchant le pelage. Un peu rêche, mais pas désagréable au toucher. La bête le regarda avec ses quatre yeux, mais ne broncha pas au contact. Tout en caressant la bête, il observa la fin de la conversation. Mathis semblait bien s'entendre avec Egregor et présenta Praline, son chat. Peut être une lubie de noble de ramener son animal de compagnie dans une mission visiblement dangereuse ?
Simaya, à côté de Dracaena, semblait mal-en-point. La blonde qui était déjà assez pâle avait l'air presque sur le point de défaillir, épuisée. Akihito s'avança alors vers la mage.

"Dame Simaya ? Tout va bien ?"

Tout comme une certaine personne, elle voulut rassurer et faire croire que tout allait bien. Sauf que pas du tout, et il vit ses yeux se révulser alors qu'elle s'effondrait dans les bras noueux de sa béquille végétale. Eaeria prit la relève et porta la femme inconsciente jusqu'à un bâtiment marqué de balcons fleuris et d'une enseigne avec une chandelle dessus : une auberge, sans doute. Xël confirma ce qu'il doutait, que la fatigue était dû à une surutilisation de magie. Il n'avait plus à taper dans ses réserves de fluides, mais un contrecoup était à prévoir.
Puis il entendit un son grave, étrange. Comme si on avait décidé de tirer une vieille armoire sur du plancher. Mû par une intuition, il posa ses yeux sur l'oudio qui soutenait Simaya.

(C'est super bizarre un oudio qui parle.)

(Ca fait longtemps que j'en avais pas entendu moi non plus. Dracaena Paletuv ? Drôle de nom aussi. Et il a besoin de matos ? Pour éviter qu'il se mette le feu, t'as pas reçu en même temps que Brume des trucs ignifugés ?)

(Si, des gants et des bottes rouges et blanches. Sur un arbre à moitié brûlé, ça serait folklorique.)

Egregor, lui, commençait à s'impatienter. Pourquoi était-il si pressé ? Être concerné par le sort de sa ville, d'accord, mais pourquoi être dans l'urgence à ce point ?

"Et ça progresse vite cette corruption ? demanda-t-il à l'éclaireur d'Esseroth.

- Ça dépend ce que vous appelez vite. Mais on la voit progresser à vue d'œil, oui.

- Ah. Je comprend un peu mieux l'empressement de ser Egregor."

C'était plus clair. Si les collines étaient proches de la ville et qu'on pouvait voir l'obscurité progresser à vue d'oeil... Le jeune homme balaya l'espace autour de lui avec un oeil neuf : il n'était plus à la découverte d'un monde nouveau, il partait en expédition dangereuse. Donc la première chose qu'il voulait faire, c'était de poser une marque à Esseroth en cas d'urgence.

"J'ai une capacité de déplacement qui me permet de rejoindre un point que j'ai fixé par la foudre, mais elle n'est pas aussi convenante que celle de Xël et j'aimerais éviter un incident fâcheux car je m'y déplace plutôt... vite. Il y aurait un endroit dégagé et pas trop fréquenté où je pourrais apparaître sans danger ?

- Au centre de cette place. Il n'y a pas beaucoup de passage. Ou à plusieurs mètres hors des murs, lorsque vous y passerez."

Le centre de la place ? C'était surprenant, mais soit. Il s'éloigna du groupe et se rapprocha de l'endroit indiqué par Eaeria, avant de s'accroupir et de tracer rapidement une marque au centre. Une fois cela fait, il rejoignit les Pachylaires et l'équipe se préparant à partir. Pour l'instant elle était composé d'Yliria et de Mathis (et Praline), ainsi que de Silmeria qui était encore en train de parler avec Egregor qui semblait de plus en plus à bout. S'arrêtant à côté d'Yliria dont les yeux étaient encore un peu voilés, il se pencha sur son épaule.

"Ca va mieux ?" lui demanda-t-il à voix basse, avant de soulever un sourcil interrogatif en voyant l'Hinïonne s'avancer vers lui avec un grand sourire.
Modifié en dernier par Akihito le jeu. 13 oct. 2022 17:21, modifié 1 fois.

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Xël
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Re: Esseroth

Message par Xël » jeu. 6 oct. 2022 21:29

Esseroth… La dernière fois, c’était la guerre, ma première bataille. Je n’étais qu’un clodo, un clodo avec des bribes de magie. On m’a conseillé de ne pas chier dans mon froc, là-haut, sur les remparts, face à l’armée de Vallel. J’avais assisté à sa mise à sac, à son pillage, au massacre de sa population avant de pouvoir m’enfuir avec les quelques survivants qui mourront plus tard à Nagorin et Fan-Ming… Combien s’en sont sortis ? Simaya, Arthès, Egregor, Glanaë … Quelques autres noms me reviennent mais le souvenir que j’en ai est celui du moment où ils ont perdus la vie. Un certain Thross qui nous avait fait gagner un temps précieux en détruisant le pont menant au donjon d’Esseroth, mort d’un carreau d’arbalète. Et d’autres Esserothéens maniant l’eau et la foudre, littéralement dissout par le souffle maudit de Naral Shaam, ce foutu enfoiré de dragon rose.

Déjà auparavant la cité m’avait paru grandiose malgré l’épaisse ambiance sombre d’avant bataille qui planait au dessus de la place où je me trouve à nouveau. A présent Esseroth me parait bien plus lumineuse, presque plus majestueuse. Tout est reconstruit, toutes les traces du carnage ont disparus et plus impressionnant encore, des Garzoks semblent s’être mélangés aux autres habitants de la cité. C’est ce que j’en déduis en voyant quelqu’un ressemblant plus à un humain à la peau verte qu’à un Garzok. Il fait parti du comité d’accueil avec Egregor qui … qui sourit ? Et une autre personne à la peau noire et aux cheveux bleus. Egregor nous souhaite la bienvenue mais son air s’aggrave rapidement pour expliquer qu’un nouveau danger s’approche de la cité. Des ténèbres venant de la Lande Noire et qui semblent s’approcher de la cité. Il nous demande de l’accompagner mais annonce comprendre le choix de ceux qui souhaitent rester pour se reposer au vu de leurs états. Il scrute alors Simaya, Yliria et moi même après avoir désigné une femme portant le nom d’Eaeria, capable de nous guider dans la cité tandis que l’étrange semi-orc part chercher des montures étonnantes.

J’écoute distraitement la conversation et les questions qui démarrent tout en contemplant encore les bâtiments de la cité reconstruite. J’entends parler de volutes méphitiques qui semblent tout corrompre. La description me fait encore penser à ce qui s’extirpait du Temple de Nagorin. J’ai toujours cette image en tête et elle est tenace, dès la première seconde j’avais ressenti quelque chose de dangereux. Est-ce que tout ceci serait encore relié au Sans-Visage ? Pour le savoir nous devrions nous rendre dans cette fameuse grotte mais Sim’ n’est pas encore en mesure de le faire, elle doit se reposer.

« Je propose de rester ici jusqu’à demain matin. Le temps de nous reposer, de nous préparer et pour ceux qui ne sont jamais venu de s’informer. Ensuite nous pourrons accompagner Simaya dans les Landes pour voir ce qui s’y trame. Si ça vous va ? »

Je m’adresse ensuite plus directement à l’éclaireur.

« Est-ce que vous avez vu des sortes de silhouettes bouger dans les ombres ? »

Simaya me répond que sa destination est bien loin des frontières d’Esseroth. Je comprends alors que la menace est bien plus proche et qu’Egregor compte partir immédiatement. D’ailleurs il s’agace de voir hésiter les aventuriers encore en état de le suivre. Lysandre, l’éclaireur, me répond qu’il y avait bien quelque chose qui bougeait à l’intérieur. Une information qui me fait hésiter, moi qui aurait préféré me reposer après une visite de la cité. Je ne suis pas le seul à avoir du mal à faire un choix. Si c’est semblable à Nagorin, ça pourrait être lié au Sans-Visage ou alors les Ouessiens pourraient nous en dire plus si ils acceptent de se délier la langue. Je cesse ma réflexion, tandis que la discussion se poursuit, quand Simaya menace de s’écrouler.

Heureusement elle est rattrapée et raccompagnée vers l’auberge. Je rassure d’abord Akihito qui m’a l’air très inquiet.

"C'est le contrecoup de la magie. Elle nous épuise physiquement et à peine arrivé elle à dû s'en servir à plusieurs reprises. Une bonne nuit de repos et elle se sentira mieux."

Je me tourne ensuite vers Egregor.

"Combien de temps il faut pour atteindre les collines ?"

Il lève un sourcil et répond d’un ton moins hargneux que pour les autres que les collines bordent la ville et que nous y serons en fin de soirée. Il s’inquiète tout de même de mon état et me demande si je ne ferais pas mieux de me reposer.

Devant l’empressement d’Egregor, beaucoup choisissent finalement de l’accompagner mise à part l’étrange homme-arbre qui semble décider à rester là. Je ne lui en tiens pas rigueur même si j’ignore la raison de sa présence il ne semble pas être un gland. Je m’approche alors d’une monture, saluant au passage le palefrenier d’un signe de tête avant de répondre à Egregor.

« Ça ira. Je voudrais vérifier quelque chose au sujet de ces ombres. Ça pourrait nous aider dans la tâche que nous avons ici. »

Je grimpe sur un fameux pachy en m’aidant d’un étrier et patiente que la troupe se mette en route.


((Décide de suivre Egregor vers les collines.))

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Yliria
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Re: Esseroth

Message par Yliria » ven. 7 oct. 2022 15:57

<< Précédemment


Le départ fut donné et je traversai le portail à la suite des autres, clignant des yeux face à la clarté soudaine. Je cillai avant d’observer l’environnement nouveau, surprise du paysage qui s’offrait à nous. Une immense ville d’une beauté qui me rappelait l’incroyable cité de Kers. Je laissai mon regard s’aventurer sur les coupoles, les bâtiments d’un blanc de marbre et les habitants et leurs vêtements colorés. Humains pour la plupart, mais aussi, étonnamment, des Garzoks qui semblaient à l’étroit dans leurs habits. L’ambiance ici semblait sereine, accueillante et bien loin de l’inquiétude qui aurait dû régner si la nouvelle avait été répandue. Les informations ne filtraient pas si rapidement que ça par ici.

(Ils doivent avoir gardé l’information pour eux. Pour éviter un mouvement de panique.)

(Cela me semble probable.)

Mon attention se porta sur un des locaux qui nous avait accompagné et avait traversé le portail avant nous. Sa peau sombre et ses yeux d’un rouge sang avait quelque chose d’inquiétant que son large sourire rendait encore plus étrange. Sourire qui ne tarda pas à disparaître face à une étrange nouvelle apportée par un… humain ? Était-ce des plumes qu’il avait sur la tête ?

(On n’est vraiment plus sur Yuimen)

(Finement observé. Tu es d’une perspicacité à toute épreuve.)

(Oui, bon ça va ! Tu sais très bien ce que je veux dire.)

Alyah ricana et j’écoutai plutôt Egregor parler dune autre menace, comme quoi les Landes Noires déjà mentionnées s’étiraient, teintant les terres alentours de ténèbres. Visiblement, c’étai trop demander de reprendre son souffle par ici. Il désigna une femme à la tenue… affriolante ? Qui portait ce genre de choses ? Je jetai un regard aux hommes de notre groupe qui ne manquèrent pas de jeter des regards à la jeune femme, me faisant lever les yeux au ciel. Elle alla s’occuper d’une Simaya affaiblit, laissant l’orque partir un peu plus loin. J’observai tout ça, un peu en retrait, me focalisant sur ma respiration davantage que sur la conversation. J’avais savamment paniqué et même si je pensais parvenir à donner le change, j’avais encore le souffle un peu court et une très forte envie de me poser quelques instants.

(Rien ne t’en empêche. Regarde Simaya, je doute qu’elle nous accompagne.)

(Elle est à bout de forces, pas moi. Je suis juste un peu secouée, ça va passer.)

(Ce n’est pas moi qu’il faut convaincre.)

Je grognai intérieurement et jetai un œil à Akihito qui était en grande conversation avec l’Hinionne, Xël et Egregor. Je n’écoutai pas vraiment les explications. Si quelque chose d’inconnu se passait, ils n’allaient pas nous renseigner davantage. Il fallait aller voir sur place. Et dans ce but, l’orque, Kaar, si j’avais bien entendu, ramena… des trucs. Je cillai en observant un croisement entre un pachyderme et un fauve, avec une fourrure blanche striée de noire et quatre yeux. Au moins ce n’était pas des chevaux. Quant à savoir comment manœuvrer une bestiole pareile…

Le ton quelque peu hautain d’Egregor me tira de ma contemplation et je tendis finalement l’oreille, apprenant que l’humain aux plumes s’appelait Lysandre et qu’il était difficile de savoir ce qu’il se passait sur place. Puis Egregor décida de montrer son pouvoir, non sans un sens du dramatique. Il se la pétait un peu à manipuler son sang ainsi, mais cela semblait être puissant. Je fronçai néanmoins le nez, même s’il avait raison. Il ne fallait pas perdre de temps, mais il pouvait quand même être un minimum poli. Au moins il était loin d’Ybellinor… J’inspirai et fis un pas.

- Je viens avec vous. Pas par cagoterie, mais bien parce qu'il faut s'informer au plus vite et que je suis venue pour ça.

J’inclinai la tête en posant une main sur la garde de ma rapière, serrant fermement le pommeau pour que ma main arrête de trembler. Ce n’était pas le moment de faire un aveu de faiblesse alors que l’enjeu était peut-être crucial. J’aurai tout le temps de me reposer plus tard. Je devais juste me reprendre.

- Mon nom est Yliria Varnaan'tha. Par contre je doute de savoir diriger une de ces... choses – dis-je en pointant une des montures du doigt - Un peu d'aide de ce côté-là ne serait pas de refus.

Ce fut Kaar qui ouvrit la bouche pour la première fois et me proposa de monter avec lui, les montures étant assez grandes et les selles assez larges pour accueillir deux personnes. Je remerciai le garzok d’un sourire, reconnaissante de ne pas avoir à me préoccuper de ça pendant le trajet. Je captai fugacement le regard d’Akihito qui se détourna et secoua la tête. Je plissai les yeux à sa réaction. Il n’allait quand même pas encore se la jouer chevalier blanc et venir me dire que je devais rester derrière ? Mais non, il posa d’autres questions et je reportai mon attention sur la créature la plus proche que Kaar tenait encore par la bride. La créature se laissa caresser et je notai la douceur de sa fourrure.

De ce qui ressortit du reste de la conversation, l’hinionne, Silmeria, semblait être une chieuse qui allait rapidement devenir antipathique à ce rythme, Akihito avait soudainement décidé de venir – Alyah ayant une idée bien à elle sur la raison de ce changement, évidemment, l’oudio s’appelait Dracaena Paletuv et semblait sympathique, bien qu’à peu près aussi perdu que moi et tous les yuimeniens, lui exceptés, décidèrent de venir, même Xël qui aurait pourtant bien eu besoin de repos. Et nous avions un chat dans le groupe. J’avais rarement vu un groupe aussi bigarré que le nôtre… Mais la situation semblait réellement préoccupante, la corruption progressant à vue d’œil, aussi Egregor pressé un peu tout le monde. Avec plus ou moins de patience.

Akihito s’éloigna pour poser une marque de sa fameuse magie et chacun se prépara à partir. Je repris mes caresses sur la créature, un pachylaire comme les avait nommés Kaar suite à une question de Silmeria. Je vérifiai mon barda et m’apprêtai à grimper sur le pachylaire lorsqu’Akihito s’approcha et de me demanda si ça allait. J’interrompis mon geste et le fixai un instant avant de hausser les épaules.

- Même si ce n’est pas le cas, ça ne va rien changer et tu le sais.

Je mis un pied dans un des étriers et me juchai sur le dos du pachylaire d’un bond. J’observai alors l’ynorien une seconde avant de soupirer. Alyah avait encore été trop bavarde, je n’avais même pas besoin de sa confirmation pour le savoir. Je n’étais pas fragile, qu’il se rentrent ça dans le crâne !

- J’apprécie ta considération, mais cesse de t’inquiéter pour moi. Je connais mes limites, tu n’as pas à t’en faire.

Et je ne voulais pas qu’il passe son temps à me fixer en craignant que je m’effondre sans crier gare. Il avait été clair sur Nyr et je faisais de mon mieux pour garder mes distances. Alors pourquoi est-ce qu’il faisait comme si rien ne s’était passé ?

(Il tient toujours à toi, c’est tout.)

(Bah j’ai peut-être envie qu’il arrête, tout simplement.)

(Rappelle-moi de te trouver un carré de sable, que tu enfouisses véritablement ta tête dedans, plutôt que de le faire seulement métaphoriquement.)

Je grognai avant de voir Silmeria demander à Akihito de partager un pachylaire et lui d’accepter et de l’aider à grimper. Je sentis ma mâchoire se crisper par réflexe et entendis Alyah ricaner. Kaar grimpa à son tour et je m’agrippai à la selle, histoire de voir à quel point tout cela allait être mouvementé. Je sentais que le trajet allait être long.

***

jeux des mots : cagoterie

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Jorus Kayne
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Re: Esseroth

Message par Jorus Kayne » ven. 7 oct. 2022 21:37

Cratère d'Apocalypse II
Esseroth I




A la proposition de l’oudio de porter quelqu’un sur lui, Simaya accepte, assurant que l’ouverture des portails va user ses dernières forces.

(Ainsi, l’utilisation de pouvoir use le corps de celui qui l’exerce. Mais cela affecte-t-il uniquement ceux d’ici ou également nous-même ?)

Simaya concentre sa magie et le portail nous emmène enfin vers la fameuse Esseroth. L’autre côté du passage magique débouche sur une place derrière des portes massives, probablement celles qui permettent d’entrer et sortir de la ville. L’architecture ici est magnifique. Les toits ovales sont tous d’un bleu magnifique, mis en valeur par la couleur ocre des murs. Cet agencement de couleurs, loin d’affliger une monotonie chromatique, offre en réalité une certaine harmonie à l’ensemble. Seules les hautes tours au loin contrastent avec les bâtiments aux balcons fleuris près de nous. La cité est loin de se douter que quelque chose de grave s’est récemment produit, à l’image des citoyens humains ou même orques, se promenant nonchalamment dans la rue. Il est d’ailleurs notable que les orques d’ici ne soient pas en tenue de guerre, contrairement aux leurs homologues de Yuimen. Ils ont même l’air souriant.

Nous sommes rapidement accueillis par Egregor ainsi que deux personne l’accompagnant. Un humain à la peau sombre comme les shaakts et une chevelure bleue parsemée de plumes, ainsi qu’un orque jeune, au vu de sa corpulence chétive. Le mage explique que des événements inquiétants se sont déroulés au Sud-Ouest des Collines Oniriques, l’influence de la Lande Noire progressant hors de son territoire. D’un geste, il demande à l’orque de venir s’occuper de Simaya et poursuit.

"Je vous saurais gré si vous pouviez nous accompagner. Je gage que ce trouble est dû à la raison de votre venue en ces terres. Je comprendrais également si vous souhaitiez rester ici, certains de vous semblent être déjà rudement malmenés. Eaeria ici présente se fera un plaisir de vous aiguiller dans la cité pour trouver ce dont vous avez besoin."

A cette annonce, une jeune femme ravissante, à la coiffe complexe, arrive. La curiosité de ses yeux d’or n’a d’égale que l’intérêt que provoque la peau exposée de sa tenue et de ses protections de jambes. L’ouvrage de ses hautes cuissardes, invite à suivre la ligne de ses jambes, où la peau est exposée à partir du haut de ses cuisses, jusqu’à ce que la tenue, qui de face cache sa pudeur, semble être moins présente à l’arrière. J’ai en tout cas la curiosité d’explorer d’autres collines bombées, où un moment tout aussi onirique, d’une certaine façon, pourrait m’attendre. J’ai hâte qu’elle se retourne pour admirer ses magnifiques charmes valonés et…

(Non mais hooo ! Ca suffit là oui ?)

Bref. Cette très charmante personne prend le relais de l’orc, qui s’en va chercher d’étranges montures. Plus imposantes qu’un cheval, deux paires d’yeux, des défenses et une trompe similaire à celles d’un éléphant, ainsi qu’une fourrure blanche rayée noire, rappelant les zèbres. Équipé de deux selles, il y a assez de montures pour nous permettre de tous y aller.

Ainsi se présente l’invitation et la première à s’y accorder. Elle se présente avant de demander des informations sur ce qui pourrait se trouver à la frontière. C’est l’homme à tête de plumes, se présentant sous le nom de Lysandre, qui explique que tout paraît être touché par une sorte de corruption : le sol, l’air, la nature. Il estime que les rares créatures vivantes doivent également être touchées et continue en présentant la chose comme des ténèbres s’abattant sur les collines.

Akihito lui est plus modéré dans ses actes, le retour de flamme suite à la dangerosité de sa magie. Plutôt que de partir dans l’instant, il demande s’il est possible de rester en ville le temps d’en apprendre plus sur ce monde, en quêtant une bibliothèque. Hélas, Egregor voit cette attitude d’un mauvais œil, rétorquant qu’on apprend rien sans aller au devant du danger. Quel homme charmant. La magnifique femme cuissardée…

(Elle se nomme Eaeria pour ton information !)

Je disais donc qu’Eaeria explique qu’il n’y a pas de bibliothèque, seulement des archives de la cité gérées par un scribe. En ce qui concerne les Titan en revanche, elle conseille de demander à Simaya et aux sauveurs de demander ces informations. Plus à même d’y répondre que les textes des archives.

A la notion de corruption, Silméria prétent avoir un lien particulier à la corruption de notre monde. Une information qu le fait hausser un sourcil d’inquiétude, particulièrement lorsqu’elle évoque ses lames, qui ont mis fin à la vie du roi de Kendra Kâr. Puis elle vient à demander à Lysandre s’il possède une maîtrise particulière dans sa fonction d’éclaireur. Celui-ci affirme qu’il accompagnera le groupe jusqu’à la zone source d’inquiétude. Puis qu’il se dévalorise par rapport aux pouvoirs d’Egregor, Simaya, ou même Kaar et Eaeria, explique être en mesure de se changer partiellement ou entièrement en oiseau.

Xël quant à lui souhaite se reposer afin qu’ils se remettent de la récente dépense. Un temps qu permettra aussi aux nouveaux de s’informer sur ce monde, comme l’a souligné Akihito, avant de les rejoindre en compagnie de Simaya. Enfin, il demande à l’homme-oiseau s’il a aperçu des silhouettes se mouvoir dans les ombres. Malheureusement, le lieu où se rend Simaya est éloigné des Collines Oniriques et Egregor est visiblement pressé, argumentant avec raison qu’il n’y a pas un seul instant à perdre pour protéger Esseroth.

"Libre à vous de ne pas nous accompagner si vous trouvez cela sans intérêt." Tonne-t-il sévèrement.

Quant à l’éclaireur, il répond avec fébrilité qu’effectivement, les ombres lui paraissaient se mouvoir. Le pauvre me peine. On dirait moi, avant que je n’affronte tant de périples. Pourtant, sa capacité à se transformer est aussi unique que précieuse et s’il se dirige vers la Lande Noire, bien qu’à sa frontière, il devra prendre un peu plus d’assurance. Je me détache du groupe pour m’adresser à lui.

"Chaque pouvoir a ses atouts et ses faiblesses. J’ai eu l’occasion d’arpenter en partie la Lande Noire. Votre capacité, sera particulièrement appréciée pour ceux qui vous suivront dans ces terres désolées !" Puis je me tourne vers Egregor. "Comme vous le savez, nous sommes un groupe aux capacités diverses et variées. Dans le but de le compléter, de quoi pensez-vous avoir besoin ? Vous avez déjà un éclaireur, un guerrier et vous êtes un mage semble-t-il, mais quelle est la particularité de votre magie ?"

"Dans... Dans les Landes Noires ? Mais, mais... nous n'allons qu'à la frontière de nos terres, n'est-ce pas ? S'aventurer plus loin serait... du suicide !" Répond-il troublé.

(Oui…c’est pas gagné !)

Quant à Egregor, il répond brièvement avant de nous en faire la démonstration. Il tend les bras de chaque côté et fait apparaître deux gerbes d’un rouge éclatant. L’une prend la forme d’une épée et l’autre un bouclier. Puis elles tombent au sol en créant une importante flaque sanguine, qui se concentre sous ses pieds et le fait léviter. Puis il redescend et réabsorbe le tout comme si de rien n’était.

(Ni vu ni connu, t’as vu j’t’embrouille !)

Je commence à m’habituer aux remarques étranges de ma faéra, au point de ne plus faire attention à celle-ci. Je regarde le spectacle d’Egregor avec sentiment mitigé.

(C’est aussi spectaculaire que glauque !)

(Mais pourquoi est-il aussi méchant ? Parc’queeeeeeeeee !)

(…?)

(…)

(…)

(D’accord, j’arrête !)

(Merci.)

Puis il reprend.

"Si nous avons besoin des vôtres, c'est pour être témoin de ce que nous découvrirons, afin d'en tirer les conséquences à plus grande échelle. Pour éviter de perde inutilement des vies par votre puissance, contre les ennemis potentiels que nous y trouverons. Pour endiguer le problème à la source au plus vite. Voilà pourquoi nous avons besoin de votre présence."

En retour aux propos du mage de sang, Yliria va accepter de le suivre. Elle incline légèrement la tête, une main sur sa rapière et se présente, enfin, avant d’expliquer qu’elle ne sera pas à son aise et qu’un peu d’aide sera apprécié. Ce à quoi, le dénommé Kaar lui propose de monter avec elle.

Le reste des échanges ne portent que peu d’informations cruciales. Simaya précise que la magie qui a changée cette terre, n’est pas censée progresser. L’arbre qui bouge se nomme Dracaena paletuv. Ha, et la chatte du blondinet s’appelle Praline !

Lorsqu’Egregore mentionne les cités de la Lande Noire, je me permets d’y réagir.

"Nous avons déjà eu l’occasion de nous rendre à Elscar'Olth, lors de notre précédent périple. Ils ont pris soin de Simaya après…notre rencontre dans une grotte de la Lande Noire. Espérons qu’ils aient la même hospitalité. Je ne connais pas Arthim’Olth, mais ne s’agit-il pas là d’une cité appartenant à des elfes noirs ?" Je m’arrête en me remémorant un détail lors de ma précédente visite. "La dernière fois, nous avons eu des pierres qui nous ont servis à communiquer, même si la magie de la Lande Noire a perturbé un peu cette communication. Je doute fort que ceux qui vous suivront soient de retour d’ici au départ de Simaya demain. Avez-vous ces pierres et sinon, un moyen de transmettre un message avec une certaine…assurance quant à sa réception ?"

Kaar explique que son père narrait qu’autrefois, Arthim'Olth avait été donnée aux elfes noirs. Cependant, avec le retrait d’Oaxaca, il est possible qu’ils soient partis également. Puis Lysandre répond que les Collines où nous nous trouvons regorgent de ces pierres, mais sans le pouvoir des Cadi Yangin, elles sont inutilisables et sans elles, aucun moyen de se contacter. Puis Simaya précise que c’est à cette fameuse grotte qu’elle comptait fourrer son nez, mais elle attendra que le groupe soit uni pour cela. Son teint devient de plus en plus pâle, avant de finalement sombrer dans un profond sommeil.

Après cela, tout le monde s’accorde à prendre le départ pour les Collines Onirique. Bien que pour ma part, c’est la décision de Xël qui m’importe et les conséquences que sa présence auprès de Simaya pourrait signifier. Il accepte finalement de venir, poussant ma décision de faire de même. Je connais la Lande Noire, je saurais si effectivement, quelque chose ou quelqu’un, trouve que la décoration devrait inspirer de force les régions avoisinantes.

"Messire Kaar, je pourrais également avoir besoin de votre aide pour monter vos…heu...Pachylaires ?"

Prend la direction des Collines Oniriques.
Modifié en dernier par Jorus Kayne le jeu. 13 oct. 2022 21:41, modifié 1 fois.

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Dracaena Paletuv
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Re: Esseroth

Message par Dracaena Paletuv » ven. 7 oct. 2022 23:59

Après un peu de marche et un passage par portail, v'la que ce ptit groupe de bras cassé et moi même nous retrouvions à « Esseroth », merci à la Simaya qui était définitivement la personne la plus compétente que j'avais rencontré depuis le début de cette aventure complètement dingue. La pauvre étant visiblement complètement épuisée de par tous ses tours de passe-passe, avait accepté ma proposition d'aide précédente, et je me retrouvais à la soutenir. Avec la différence de taille, j'avais à me pencher un peu, mais ça fonctionnait plutôt bien. J'imagine que j'étais un peu un équivalent de bâton de marche géant pour elle.

Ça me convenait de filler un coup de main du genre. Après tout, j'devais bien ça à la madame, ça n'me coutait rien, et puis au moins j'avais l'air un peu investit dans cette aventure. Sincèrement, j'espérais pouvoir avoir une petite discussion avec elle, j'avais tellement de chose à lui demander.
Pour le moment, j'avais juste eu le temps de lui glisser mon nom, alors que les autres ne prêtaient pas attention, parce que se faire appeler « arbre parlant » c'était pas terrible. Les gens de ce monde avaient visiblement jamais vu un oudio... Ou alors, c'était ptet juste la Simaya qui sortait pas souvent de chez elle. Le savoir et la compétence, ça avait un prix après tout.

Mais ça restait tout de même surprenant cette non connaissance de ma chère espèce. Après tout, depuis qu'on était arrivé à destination, on croisait pas mal de monde haut en couleur. Un vrai arc-en-ciel d'espèce et de peaux. Y avait même des orcs qui semblaient civilisé.



Non pas que les orcs pouvaient pas être civilisé hein. J'avais aucun problème avec les orcs. Non, c'est juste que ceux auxquels j'étais habitué étaient plus fan de pillage et destruction insensée que de broderie et discussions politiques. Mais à ce jeu la, pas mal des humains que j'avais eu la « joie » de rencontrer ne valaient pas mieux . Sincèrement, si vivre dans une forêt mal famée m'avait appris quelque chose, c'est que tous les tas de chair pouvaient être des ordures violentes...

Dans tous les cas, vu la tronche de la ville, c'était pas trop surprenant que les gens ici se la jouait « haute société », quelque soit l'espèce : grands bâtiments, ville propre, tours bleutées style « j'ai des yus », masse de monde, bref, de toute évidence on dormait pas dans des lits de paille à Esseroth.

Et à ce niveau, j'avais encore rien vu, parce que le comité d'accueil qui nous réceptionna puait le bourgeois à plein nez. A bien y réfléchir, vu la  « mission » qu'on nous avait confié, plus le fait que certains des bras cassés étaient des célébrités dans le coin, devait y avoir le roi de la ville ou un truc du genre parmi nos hôtes. Surement le grand noir avec les yeux rouge. « Egregors Carmines » qu'il se présenta. Ouais, clairement, au vu du sourire d'hypocrite, c'était un politicien.

À ses cotés, Il y avait un humain bleuté, avec des plumes à plusieurs endroit du corps. Ça tenait clairement plus de la pilosité fantasque plutôt que de l'accessoire moche. Une nouvelle espèce à rajouter au compteur. Il y avait aussi un orc maigrichon, qui, comme les autres croisés sur la route, semblait un millier de fois plus sympa que ceux que j'avais connu dans les forêts d'Ynorie. Tellement sympa qu'il vint m'aider à soutenir la magicienne fatiguée. Serviable ou obéissant, je ne pouvait pas encore dire, mais j'appréciais la démarche.

Après avoir passé la politesse et l'étiquette, le politicien se mit à nous parler de la vraie raison pour laquelle nous avions été ammené ici : c'était la merde. En tout cas, c'est ce qui ressortait de son ton soudainement durci. De toute évidence, les fameuses « Landes noires » étaient en train de corrompre les alentours via des sortes d'ombre progressant petit à petit vers cette ville. L'objectif était de toute évidence d'aller accompagner le monsieur et sa petite équipe sur des collines avoisinantes afin de constater l'étendue des dégâts.

Il proposa tout de même , aux membres blessés ou trop fatigués du groupe, de rester sur place se reposer. Une humaine, ayant un style que je n'avais jamais vu auparavant, arriva accompagnée d'étranges animaux. Des sortes de chevaux éléphant , plus grand que moi, qui semblaient bien trop pelucheux pour un mélange aussi bizarre. J'avais vécu dans une forêt pleine de faeras, et pourtant je n'avais jamais vu d'animal comme ça. Définitivement ce monde était plein de surprise. En tout cas chacune des grosses bestioles avaient une selle double place, toujours pratique en cas de monture disparue, ou de désir de « chaleur humaine » j'imagine. Les êtres de chair étaient à fond dans ce délire de se toucher ou se tenir. Quelque chose que j'avais toujours eu du mal à vraiment comprendre. Non pas que ne saisisse pas la logique du truc, c'est juste que...un corps de bois, c'était déjà pas génial pour la sensation touché, mais avec les brûlures qui parcouraient mon corps, fallait avouer que je ne ressentait plus forcément grand chose avec un simple contact physique.

Et c'était peut être pas plus mal, car, bien que discrète, je commençais à sentir une certaine tension entre quelques membres de l'équipe. Probablement de ceux qui se connaissaient déjà avant, et qui devaient avoir des comptes à régler.

Ou alors c'était à cause d'Egregor .

Parce que, bien que ne suivant pas complètement les diverses discussions en cours, mon attention en partie portée sur Simaya, dont l'état semblait de plus en plus s'aggraver, j'essayais tout de même de suivre les questions qui se posaient. La plupart des choses que je comptais demander sortaient de la bouche de Machintruc le Maladroit, et les réactions désagréable de notre hôte politicien me faisait me dire que c'était pas plus mal que je me sois tu.

Hélas, entre deux réponses agacées de son supposé chef, Simaya perdit connaissance, retrappée à la dernière minute par l'orc sympa et moi même. De ce qu'expliqua Xël, elle avait consommée toute son énergie pour réparer nos bêtises magiques et créer plusieurs portails de téléportation. L'humaine au style étrange vint la récupérer dans mes bras et l'emmena avec elle, probablement en direction d'une infirmerie ou tout autre lieu de repos. Un mélange de frustration, du au fait de ne pas avoir pu lui parler, et tout de même d'un peu d'inquiétude, m'envahit sur le coup, me laissant échapper, inconsciemment :

"Ah...J'aurais voulu rester avec elle...."

Mais, bon coté des choses, je pouvais désormais me concentrer pleinement sur les discussions en cours, et chopper quelques informations sur ce monde fantasmagorique et cette situation surréaliste.

...Hélas...

La plupart des choses dites me passèrent au dessus de la tête. Ils parlaient tous de gens et de lieux que je ne connaissais pas. Tout ce qu'il y avait à retenir de leur blabla, c'était :

-Les landes noires "corrompaient" visiblement leur entourage, et ce n'était pas normal. Une fois de plus : « c'était la merde ».
-On nous répétait sans cesses que ces ombres étaient dangereuses sans vraiment nous expliquer clairement ce qu'elles faisaient
-L'emplumé était visiblement pas le plus courageux du paquet
-Le blondinet s'appelait « Mathis » et la boule de poil l'accompagnant se nommait « Praline ». Soit. Dans deux heures j'aurais probablement oublié.
-L'elfe pale ne semblait pas prendre la situation très au sérieux

Mais surtout : Egregor avait pas l'air très patients envers ceux qui ne voulaient pas juste régler ses problèmes tout de suite. Que ça soit se renseigner plus sur ce monde, ce mal, visiter un peu la ville ou retenter de maitriser nos pouvoirs instables : on pouvait aller se faire voir... Le type était tellement culotté qu'il allait même jusqu'à jouer la carte de la culpabilité passive-agressive pour qu'on aille l'accompagner à ses collines corrompues.

Et histoire d'en rajouter une couche, la seule question à laquelle il prit le temps de répondre vraiment était celle concernant ses pouvoirs : il nous fit même une petite démonstration, histoire de se caresser l'égo j'imagine, nous montrant qu'il pouvait faire le gogole avec son sang.

Je le savais bien que c'était un hypocrite...

Mais, malgré mon agacement montant, je devais tout de même reconnaître que sa capacité à manipuler son sang était à rajouter dans la liste des choses « nouvelles et intéressantes » de ce monde. Je n'avais jamais vu ça avant. Était-ce naturel ? Pouvait-on apprendre à faire ça ? Si c'était le cas, peut être que je pourrais m'y essayer à l'occasion : si le principe marchait pour le sang, il marcherait bien pour la sève, non ?

En tout cas, cette ambiance de plus en plus désagréable ne me donnait pas envie de participer à la conversation. Les deux sous-fifres malappris essayaient bien d'édulcorer ses propos, ou de donner de vraies réponses aux questions posées, mais ça semblait plus l'énerver par moment qu'autre chose.
Commençant à perdre de l'intérêt pour la situation, mes yeux se baladèrent dans la pièce, pour finalement atterrir... sur mon baluchon. Celui que je transportais depuis mon départ de la forêt.

...Je repensais au malheureux contenu que j'avais emporté dans cette aventure. Quelques potions, et une baguette à moitié cassée que j'avais piqué à un brigand. Clairement, j'avais sous-estimé la qualité et quantité de ressources qui allaient se montrer nécessaires dans cette histoire...
Il me fallait être réaliste : que j'apprécie le ton du bonhomme ou pas, j'allais bien finir par les accompagner à cette stupide colline, ne serait-ce que pour étudier le drôle de phénomène qui s'y trouvait. Ces ombres « terrifiantes » avaient ptet bien plus à m'apprendre que je ne l'imaginais.
Je ne savais pas ce qu'on allait rencontrer dans ces landes noires, mais plus j'y réfléchissais, plus j'me disais qu'entre le risque de me faire crier dessus par un type désagréable, et me faire transpercer de flèches démoniaque par des zombis titans des ténèbres ou je ne sais quoi, je préférais encore l'engueulade.

Le type était riche, il avait probablement une armure et quelques armes à nous prêter dans cette histoire. De ma voix quelque peu rauque, je pris enfin la parole, essayant d'être le plus courtois possible , sans montrer d'animosité.


"Auriez vous un brin d'équipement à nous fournir? Ma baguette à été...cassée durant le voyage, et une protection pour le corps, même légère, ne serait probablement pas de trop au vu des dangers que nous allons affronter avec vous !"

Voila, je venais de faire mon bon petit soldat. Le grand manitou devrait apprécier que je cherche à me rendre plus efficace pour sa cause !



Mais bien sur, Egregor, le grand, le beau, le fort, s'impatienta une fois de plus :

"Il n'y a pas le temps de courir les réserves pour l'heure. Nous devons partir tout de suite. Quel genre d'aventurier se lance dans une telle quête sans équipement ?!"

Quel abruti.

En voyant le regard plein de dédain qui m'envoya avant de se désintéresser de moi, je sentis la lueur de mes yeux s'intensifier, brillant d'une vivacité digne d'une braise. De l'agacement, non, bien plus, de la colère, était en train de monter en moi. Et les petits regards pas très discrets des divers débiles qui m'accompagnaient, visiblement d'accord avec la remarque du politicien pétant plus haut que son derrière, n'arrangèrent guère les choses.

Quand on quémande de l'aide à des gens venu d'un autre monde, on leur prépare le terrain. Quel genre de dirigeant invoque des renforts sans mettre en place quoi que ce soit pour couvrir leurs éventuels besoins?

Il voulait que les choses soit vite faites, mais pas bien faites. Hmpf, typique. Au moins, l'intention était claire: on était la pour être des outils, voir des agneaux sacrificiels. Super ambiance. Il se la jouait avec ses pouvoirs de sang et tout, mais il ferait moins le malin si on lui cautérisait la gueule... Ca aussi ça ferait avancer mes recherches, voir si les idiots pleins d'égo brûlent aussi bien ici que sur Yuimen !


'"Je suis certain que si vous restez en ville pour le moment, Eaeria vous mènera trouver de quoi être efficace, sire arbre."


Cette remarque me sortie de mes réflexions pleines de colère. L'orc maigrichon venait de parler. Et une fois de plus, il avait prouver qu'il était de toute évidence une bien meilleure personne que le truc qui lui servait de supérieur. Je me calmais progressivement, la lueur de mes yeux diminuant, retrouvant sa vivacité habituelle. Une fois de plus, c'était une chance que les tas de chair soient infoutu de comprendre l'expression d'un oudio.

Je devais me concentrer sur le principal : la femme au style particulier, Eaeria, était visiblement la personne à voir pour tout ce qui concernerait l'équipement. Et, au vu de certaines réponses qu'elle avait donnée auparavant, c'était probablement aussi auprès d'elle que je pourrais avoir accès à une source d'information plus concrète sur ce monde, du genre un livre. Presque comme si elle avait entendu que l'on parlait d'elle, elle revint pile à ce moment la dans la pièce.

"Elle dort. Elle n'est pas en danger. »

Elle ? Oh, oui, Simaya. Avec l'autre abrutis, j'en avais presque oublié la seule personne compétente du coin... Enfin, visiblement plus la seule. De la compétence, il y en avait à foison ici, juste pas entre les mains des personnes qui dirigent...

Dans tous les cas, c'était rassurant de savoir qu'elle allait bien. Peut être qu'au retour des collines, je pourrait aller discuter un peu avec elle.



En fait...Pourquoi attendre le retour des collines ? Pourquoi aller aux collines à la base ? J'étais clairement le plus démuni de tout cette équipe de fortune. Je ne connaissais personne ici, je ne devais rien à personne, à part à la limite Simaya. Et surtout, je ne devais rien à ce Egregor ! Il était doué, avec ses pouvoirs tapent à l'oeil, et visiblement, tout le reste du groupe comptait l'accompagner, même Xël et Yliria qui me semblaient plutôt blessé. Ils avaient tous confiance en leurs capacités ! Parfait ! Tant mieux pour eux !

Mais moi, je restais ici ! Hors de question d'aller prendre le moindre risque pour un type puant l'ingratitude. Faire des recherches sur les évènements étranges de ce monde, oui ! Trouver une façon d'envoyer bouler la nature, oui ! Mais si je pouvais le faire aux frais de la princesse vulgaire, j'allais pas me priver !


Mais avant ça, il me restait une chose à faire !


Je me tournai vers Kaar, l'orc sympathique, pour lui dire d'un ton amical, mais assez fort pour que tous m'entendent:

"C'est Dracaena, pas "sir arbre".... Mais vous pouvez continuer avec le "sir", j'aime beaucoup. "


Il souri et opina du chef. Définitivement plus agréable que le reste. Je me retournai dans la direction d'Eaeria, et toujours d'un ton amical, bien qu'un peu plus courtois, je m'adressa à elle :

"Dracaena Paletuv, comme je disais. Enchanté. Je m'en remets donc à vous."


Elle, inclina la tête et répondit gracieusement :


"Enchantée. Je peux vous faire voir ce qui pourra vous convenir. Nos réserves d'équipement sont les vôtres. Même si l'on n'a pas l'habitude d'équiper des êtres tels que vous, je dois l'avouer."

-Ne vous inquiétez pas, répondis-je de ma voix rauque, c'est bien plus facile que vous ne l'imaginez ! »


Et je me mis à la suivre. J'entendis les autres, à l'arrière, grimper sur les montures, visiblement prêt à partir. Je n'avais pas à me stresser : colère contre Egregor mis à part, je serais de toute façon plus efficace en les rejoignant tout équipé. J'étais tout de même content d'avoir enfin pu donner mon nom, bien qu'un peu hésitant à le faire au départ.

Parce que ces histoires de m'appeler « l'arbre parlant » ça commençait à bien faire. Aucun foutu de me demander comment je m'appelais. Typique des êtres de chair ça, ils diraient quoi si je les appelait « sac de viande » ?!

Qu'importe, j'avais désormais à penser à des choses plus importantes. Arsenal, inventaire, et potentiellement archives : quitte à prendre du retard sur les autres, autant le rentabiliser le plus possible!

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Silmeria
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Re: Esseroth

Message par Silmeria » sam. 8 oct. 2022 05:03

Comme pour ce fluide spatial, il n'a fallu que d'une seconde, un battement de cil pour se retrouver dans un endroit tout à fait différent. Allais-je y prendre goût ? Cette magie m'inspirait de nombres choses mais elle était hors de portée. La jeune femme du nom de Simaya semblait accablée par ce pouvoir qu'elle utilisait et il avait déjà raison d'elle, le manque de discipline et les nombreux sorts pour cautériser les maladresses de ce groupe avaient drainé la femme, là où sur Yuimen un mage manque de fluide magique, ici elle semblait manquer d'énergie. C'était fort intéressant, je me demandais donc ce que donnerait un brise magie sur ces gens là ? Allais-je croiser quelqu'un d'assez hostile pour qu'à mon tour je puisse essayer mes poisons sur eux ? Auraient-ils l'effet escompté ou allaient-ils simplement tuer ? J'avais terriblement hâte de le savoir.

Cette ville... Elle était absolument immense. Devant un comité d'accueil pareil, je me surpris moi même d'avoir eu le reflexe idiot de me cacher le visage de ma cape. Mais devant nous, des sourires, des salutations, un grand homme nous accueillait d'un discours sobre mais élégant. Je n'étais pas recherchée. Je pouvais me montrer librement sans crainte de me faire arrêter par la milice, les soldats, les mercenaires, les chasseurs de prime ou une foule de paysans ulcérés, l'écume aux lèvres et la fourche à la main. Je pouvais laisser mes longs cheveux de neige danser au vent sans craindre qu'ils ne me trahissent, je pouvais marcher sans être travestie en lepreuse, en gueuse, en mendiante, en vieille peau puant à quatre kilomètres le putois mort depuis deux semaines. J'avais presque envie de laisser éclater un " YOUHOU " de joie en brandissant mes poings en l'air. J'étais une des premières à m'avancer pour m'incliner respectueusement devant ce grand homme dénommé Egregor.

" Seigneur, je vous accompagnerai inspecter les Collines et Lande Noire s'il le faut. Je me prénomme Silmeria. "

Celui-ci avait parlé de choses obscures dans les Collines Oniriques et d'une avancée qu'il redoutait, son objectif était de gagner les frontières le plus vite possible pour enquêter à ce sujet.

" Qu'entendez-vous par choses obscures ? Des créatures mutent et deviennent agressives ? L'eau et l'air deviennent néfaste ? Les hommes bons se transforment en d'odieux faquins ? "

Egregor ne daigna pas me répondre, ce qui m'interloqua légèrement. Je levais un sourcil surpris et écouta le jeune homme au teint bleuté et aux plumettes qui parsemaient ses joues et le haut de son cou :

"Lysandre, humble éclaireur. Tout semble se corrompre : arbres, sols, air. Toute vie qui y réside doit être touchée aussi. Comme si les ténèbres s'abattaient sur les collines en de noires volutes méphitiques. Je n'ai pas osé davantage m'attarder, l'urgence me ramenait ici."

Je m'inclinais de nouveau devant ce drôle d'oiseau, il semblait poli, délicat et terriblement niais. J'étais excitée de savoir que je le détestais déjà.

" Merci à toi, Lysandre. J'ai si je puis dire une affinité particulière à la corruption sur mon monde, peut-être suis-je familière à celle d'Aliaenon également. Viendras-tu avec nous ? " J'avais hâte de le découvrir en effet, si ça se trouve cette corruption galvaniserait mes humbles compétences. J'ouvris légèrement ma cape devant Lysandre, lui dévoilant la Robe des Sylphes et les deux lames que je portais à ma ceinture.


" Je ne dispose pas de grand chose, deux lames plutôt courtes, ces quelques atours de ville, mais je n'ai pas de carte, je ne sais pas à quoi ressemblent ces lieux, as-tu de quoi m'éclairer éclaireur ? Par ailleurs, as-tu une maîtrise particulière ?"

"Je vous accompagnerai. Je serai votre guide pour ce périple et vous indiquerai les voies à suivre. Quant à mon... pouvoir, il est bien moins impressionnant que ne peuvent l'être ceux du Sieur Carminès, de Dame Sombreroc, de Kaar ou d'Eaeria. Je me change, entièrement ou non, en oiseau. Un don qui me sert plutôt bien dans ma modeste tâche."

J'étais assez surprise de cette humilité, je connaissais un grand Elfe gris qui aimait se transformer en oiseau aussi, de préférence des oiseaux à écaille de plus de quatre tonnes et qui crachent du feu, mais celui-ci n'avait pas pour coutume de diminuer ses capacités. Enfin, quelque part, j'étais heureuse de savoir qu'il pourrait garder un oeil depuis les cieux sur ce qui pourrait se montrer dangereux en ce bas monde. L'Ombre Noire ferait le reste mais j'étais encore réticente à dévoiler ce pouvoir devant mes nouveaux amis, après tout... N'était-ce pas grâce à ça qu'ils étaient aujourd'hui sans-le-roi ? La conversation se croisait encore et encore, par ci et par là et chacun glanait des réponses à ses questions, de ce que je comprenais, Simaya notre gente blonde échouée désirait se rendre derrière la frontière, directement dans les Landes Noires, notre Gent Oiseau en frissonnait à perdre ses plumettes comme si elle venait de dévoiler une énormité sans limite. Sa mission, et visiblement il était bien décidé à la suivre, consistait à rejoindre la frontière mais absolument et à aucun prix de la traverser pour se rendre dans les Landes.
Je me tournais vers Lysandre :
" Vous ne traversez pas la frontière ? Oh mes excuses, gent oiseau, mais mes capacités seraient plus utiles là où la corruption bat son plein, si je puis dire. "

Je me tournais cherchant à gauche et à droite Xël et Simaya et dit en les désignant d'un geste du menton :

" Ah ! J'irai donc avec eux. Ils vont probablement faire une siestouille. Vous avez un point de rencontre sur ces terres ou on va devoir camper ? Si les Collines Oniriques sont sur vos terres, celles de la Landes appartiennent à qui à quoi ? "

Puis de nouveau vers Lysandre " Et toi, Gent Oiseau, de quoi as-tu peur ?"

De son côté, un Garzok venait d'approcher de nombreux animaux, des montures dotées d'une trompe, de petits yeux noirs semblables à ceux d'un tégénaire et de grosses papattes dodues. Ce qui me surprenait surtout, c'était la taille du Garzok, si je me souviens bien de la taille du dernier que j'ai croisé, Kurgoth, le fléau des mâts, pourfendeur de charrue et grand gagnant du concours du plus grand mangeur de nourrissons à Omyre, il faisait bien deux fois sa taille, rien qu'en largeur. Celui semblait plus à un humain verdâtre et moche. Ca ne devait pas vivre bien longtemps, si ça se trouve j'allais apprendre plus tard qu'il ne se nourrissaient que de racines en infusion et de jus de petites baies rouges qui drainent l'estomac en discutant autour de petits fours sans matière grasse avec un foulard idiot autour du cou. Je détournais ma fascination et l'imagination perturbée que ça m'inspirait pour me tourner vers son casse-croûte d'urgence :

" Hey.. C'est quoi ces bêbêtes ? Jamais vu un cheval avec une tronche pareiiiille. "

"Un point de rencontre ? Pour quoi faire ? La Lande Noire n'appartient à personne. Mais deux cités s'en disputent l'influence : Arthim'Olth, la plus proche de l'autre côté des frontières. Une cité minière aux sombres métaux. Et Elscar'Olth, loin à l'Ouest. Une cité de sorciers dédiée à la magie bien connue de notre Simaya."

(" Pour quoi faire un point de rencontre ? Peut-être pour se... RENCONTRER ? Ecoute moi bien ma grosse poulette, tu vas utiliser un peu mieux tes capacités cérébrales parce qu'à l'heure, le seul usage que je t'imagine c'est transformé en perdreau, une broche dans le fessou en train de griller tranquillement autour de quelques girolles. ")
(" C'est vrai que ça doit faire un bon casse-croûte. Ca serait du cannibalisme ? ") Demandait Cèles, toute moqueuse.

"Pas des chevaux, bien mieux ! Des Pachylaires. Pachy, comme on les appelle ici. Il n'y a pas plus doux et serviable comme créature. Et d'une rapidité et souplesse étonnantes. Pas comme ces créatures à sabots."

Devant tant de bonne humeur et de motivation, je ne sais pas pourquoi, mais j'avais envie de lui couper un doigt. Est-ce que celui-ci s'exprimait avec une tête de ravis permanent tandis que notre Gent Oiseau se chiait dessus dès que le grand chauve patibulaire reniflait ? Celui-ci s'était d'ailleurs impatienté une fois. Puis deux. Puis trois. Puis lorsqu'on lui demandait quel était son pouvoir, il se renfrogna davantage, exploitant alors une magie des plus exceptionnelle, il fit apparaitre une arme de son sang ainsi qu'un bouclier. Tous deux fondirent comme neige au soleil pour former une flaque de sang au sol qu'il ne tarda pas à absorber de nouveau. Tous marquèrent un silence, j'hésitais à le briser mais gardais cette reflexion pour moi (" Mouais. Je fais pareil tous les mois, c'est pas pour autant que je le montre à qui veut le voir. ")

Après s'être impatienté une nouvelle fois, ce fut Akihito, notre Ynorien marteau qui souligna cet empressement, je le marquais à mon tour, d'une moquerie. Après tout, il avait contrarié l'élégance même. Il avait critiqué notre Oudio, sous entendant qu'il était inapte à cause de son piètre équipement. Il fallait dire que j'étais moi même surprise. Non pas de le voir sans équipement, justement, c'est que je ne l'imaginais pas avec une armure comme un autre bipède désireux de protéger sa couenne. A dire vrai, j'étais chagrinée pour lui. Il avait un aspect noble, impérial, fumant ? Mais il avait aussi une sorte de... Côté misérable. Comme si pour toute expérience dans sa vie, il n'avait accumulé que des ennuis et des incendies pas tout à fait éteints.

(" Je serais tellement curieuse de savoir si on connait l'âge d'un Oudio en le coupant en deux pour lire le nombre de ronds sur sa souche. ")
Mais cet Oudio avait traversé le monde, avait quitté sa forêt ou son jardin pour aider de parfaits inconnus loin de chez lui et des siens et pour tout retour à son aide bienveillante il n'eut que des reproches. J'inspirais profondément, essayant d'oublier que Hrist aurait immédiatement cligné sur Aigre-gor pour lui faire avant sa langue. S'il aime le sang à ce point, il serait servi. Mais je n'avais pas encore ressenti l'éveil de ma Jumelle, Hrist dormait paisiblement dans l'Ombre Noire, rêvant en silence. J'espérais quand même qu'elle puisse refaire surface bien vite, j'aimais beaucoup jouer le rôle de la jeune elfe railleuse et innocente, mais pour jouer la carte de l'efficacité silencieuse et létale, elle me surpassait quand même de loin. Si ça se trouve, cette petite excursion aurait plus des allures de pique-nique champêtre et elle n'aurait pas à s'éveiller, si ça se trouve, personne ne reviendrait...

" Oui, on comprend pourquoi Aigre-gor est pressé. Il ne faudrait surtout pas que son coin à champignons préféré disparaisse. "

Sautillant sur place " Et bien si cette expédition n'est que de courte durée, je vous accompagne ! Comme ça on pourra peut-être trouver ces fameuses ombres qui filent dans les ombres. Personne n'a vu à quoi elle ressemblaient ? Ou si elles ont fait des victimes humaines ? Si elles sont plus actives de jour ? De nuit ? "

"Gardez votre impudence pour vous. Je ne tolérerai pas ce genre de propos." Manifestement mon gros monsieur chauve n'aimait pas l'humour. Je trouvais de plus en plus qu'il avait une tronche à torturer des prisonniers dans un cachot qu'à la tête d'une expédition. Mais bon, on allait pas juger ce chevelu contrarié sans le connaître un petit peu.
" Gardez votre impudence pour vous, gagnagna, gneu tolèrerai pas ce genre de propoooos. Répétais-je tout bas alors qu'il ne me regardait pas.

"Des ombres. Elles n'ont pas de répit, elles amènent la nuit avec elle. Si elles ont tué des humains, nous n'en avons aucune nouvelle."

On le saura bien assez tôt. Alors que Xël, mon cher Xël... Semblait lui faire un effort pour nous rejoindre. Il avait l'air "drainé" également. J'avais hâte que nous soyons seuls pour discuter, je crois qu'il n'avait pas encore osé m'approcher devant ses compères, il avait probablement dissimulé ce bain de minuit en ma compagnie à ses amis, auraient-ils compris ? Le pouvaient-ils ? Jusqu'à présent, encore personne ne s'était montré hostile à moi, pas même cette Shaakte, ce grand blond et sa boule de poils, le jeune homme à la moustache et aux muscles saillants. Il me faudrait trouver quelqu'un... Quelqu'un avec qui je pourrais sympathiser, quelqu'un qui se laisserait approcher avec une méfiance suffisamment leste pour que je puisse la percer et entrer dans ses bonnes grâces. Un passeport pour ce groupe dont j'étais par ma simple existence exclue. Allais-je laisser ça au hasard ? Je ricanais à ma propre sottise. Je pointais du doigt les Pachypouêt un à un pour faire un choix sur mon prochain destrier.

Aloooors. Pouêt, pouêt. Un petit-furet-qui-se-fait-écrabouiller-pour-avoir-traversé-devant-le-cocher-sans-regarder. Ca sera TOI !

Mon choix était tombé sur un Pachy déjà convoité par l'Ynorien du nom d'Akihito. Celui-là même qui m'avait pointé du doigt en demandant ce que je faisais ici, sur Aliéanon. Avait-il eu vent de qui j'étais ? Manifestement il n'était pas simplement surpris de voir une Hinïonne sur ce monde. Il savait.

Les hommes étaient-ils tous sur le même moule ? Allais-je perforer sa méfiance ? Le rôle de la jeune ingénue était me semble-t-il très approprié. J'approchais de lui et pris une moue boudeuse.

" Hey c'est mon mien ! Il s'appelle..."

Je n'avais pas envisagé de lui donner un nom tout de suite, mais maintenant que je n'avais plus le choix, il fallait bien trouver quelque chose. Une odeur dans l'air me rappelait un met dégusté jadis avec Xenair à Lebher, on se prenait des vents gelés en pleine face dans une tente dont l'entrée n'arrêtait pas de se détacher, mais il avait cuisiné du canard en boulette avec des épices et de la pistache enveloppés dans du lard, pour aider à se tenir chaud, disait-il. Cette viande avait un goût divin, je ne sais pas si je l'aimais tant parce qu'elle me rappelait un bon souvenir ou s'il avait des talents de cuisiner, mais c'est ce nom qui me venait à l'esprit.

FALAFEL !

J'avais clamé ce nom fièrement. Posant ma main sur le Pachy, je me disais que Falafel était doux, Falafel était frais. Mais Falafel n'est pas très pratique. Il était un peu trop haut pour moi et en temps normal, j'aurai préféré une monture plus adapté à mon gabarit, mais nous étions deux à pouvoir monter dessus à en juger la selle doublée.

" Je n'arriverai pas à grimper toute seule. " Disais-je d'une moue boudeuse à Akihito.

Car c'était sur lui que j'avais jeté mon dévolu.

-----------------

Faquin
Atour
La petite plume de la Mort.

Alors, j'ai établi ma couche dans les charniers,
Au milieu des cercueils,
Où la Mort Noire tient le registre des trophées qu'elle a conquis.


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Re: Esseroth

Message par Cromax » sam. 8 oct. 2022 13:04

Cauchemar en Aliaénon : Esseroth II



Tous semblaient avoir décidé. Ils formeraient deux groupes, totalement inéquitables. D’un côté les visiteurs des collines : le frustré de connaissances Akihito, le loyal Mathis, l’aventureux Jorus, l’indécise Silmeria et même les diminués Yliria et Xël, pourtant touchés par leur arrivée dans le Cratère d’Apocalypse. L’un par la fatigue, l’autre par une expérience de mort imminente… à ne pas négliger pourtant : leurs capacités s’en verraient altérées, sans aucun doute. Et puis de l’autre côté, laissé seul sans piste par ses pairs, l’arbre sur pattes, Dracaena.

Heureusement, ce dernier allait pouvoir poursuivre en agréable compagnie. Après un sourire à sa dernière intervention, Eaeria fit signe à l’oudio de la suivre plus loin dans la cité, quittant la petite place derrière les remparts.

Pour les autres, l’heure de prendre possession de leurs montures originales était venue. Mathis, débrouillard, prit la peine de jucher Praline sur l’arrière de sa selle, prêt à partir, mais empêchant quiconque de le rejoindre. Akihito semblait avoir choisi sa monture, très vite rejoint par une Silmeria bien décidée à choisir son compagnon de voyage. Yliria, elle, comptait sur Kaar, qui l’aida à se jucher à l’arrière de la double-selle de son propre pachylaire. Xël grimpa sur le sien, seul, rejoint s’il le souhaitait par Lysandre, qui s’installa derrière lui (non sans son autorisation préalable). Egregor grimpa aussi sur l’un d’eux, et approcha de Jorus avec un air déterminé, tendant une main vaillante à ce dernier pour qu’il grimpe en croupe, derrière le mage de sang. Une fois tout le monde prêts, les portes de la cité s’ouvrirent, et ils prirent la direction de l’ouest. Vers les collines Oniriques.



Esseroth – Entrepôts.

Eaeria parcourut avec Drac quelques calmes rues et ruelles de la majestueuse cité d’Esseroth. Ici, aucune pauvreté ne semblait à l’œuvre, et chacun paraissait l’égal de l’autre, sans distinction de classe. Tous aimables et polis, ceux qu’ils croisèrent saluèrent la jeune femme et l’oudio sans paraître s’inquiéter de la présence d’un homme-arbre dans leurs murs. Après quelques minutes, ils arrivèrent près d’un entrepôt où ils pénétrèrent sans tarder. L’endroit était vaste, fractionné en plusieurs salles à l’évidence. Il régnait ici une ambiance chaleureuse et un ordre notable. Toutes les pièces exposées dans cette première salle étaient soigneusement rangées, organisées.



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Assez vite, un individu vint à leur rencontre. Un vieil orque simplement vêtu de braies de lin et d’un tablier de cuir de forgeron. Le plus curieux n’étaient pas ses atours, mais bien son âge : Drac n’avait jamais vu de garzok porter de si évidents signes de vieillesse : Cheveux blancs, crocs manquants, rides et voile sur le regard. Sur Yuimen, il aurait paru trop faible à ses pairs et se serait fait abandonner, ou sacrifié au nom de la force du clan. Eaeria le salua, et il lui répondit d’un sourire sincère.

« Bonjour, Karaas. Voici Dracaena, un allié venu protéger notre cité. Aurais-tu quelques pistes pour l’équiper soigneusement pour sa tâche ? »

Le garzok jaugea Drac de pied en cap, commentant non sans un brin de nostalgie dans la voix :

« Vous… Vous venez de Yuimen, n’est-ce pas ? Un oudio ? Cela fait si longtemps que je n’en ai pas vu. »

Mais l’instant d’après, il s’approchait déjà, plaçant ses mains autour de l’être de bois pour en déceler la carrure, la taille.

« Que vous faut-il comme équipement ? Guerrier, éclaireur ? Épée, arc ? Plutôt métal, bois, cuir ? Dites-moi tout. »



Collines Oniriques

Le groupe volontaire pour aller vérifier les frontières quitta la cité. Cela put leur permettre de déceler davantage le climat de cette région. Un climat plutôt chaud, agréablement humide sans que ce le soit trop. Un peu comme le nord de l’Imiftil, en moins sec. Et les collines verdoyantes vers lesquelles ils se rendaient marquaient bien tout ça : une herbe verte et grasse, quelques arbres épars, semblables à des oliviers ou des pins. Quelques ancêtres plus hauts, à l’essence mystérieuse. Après même pas dix minutes de chevauchées sur les pachylaires, ils furent dans les collines.



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Les zones herbeuses en talus montants et descendants côtoyaient d’abrupts éperons rocheux, dont certains étaient ouvertement cernés de blocs de pierres précieuses brutes, vertes ou bleues. C’est là que tous purent constater l’efficacité de ces montures originales : non seulement rapides, elles étaient particulièrement agiles, et sautaient ou grimpaient sans peine ce qu’un cheval n’aurait pu faire (même sur Skyrim !). C’était plutôt cahotant, sur leur dos, mais les selles confortables aux étriers solides permettaient d’accuser les chocs avec une certaine aisance : c’était un pli à prendre. Kaar n’hésita pas à prodiguer quelques conseils de bonne tenue à Yliria pour qu’elle s’habitue au plus vite au pachylaire. Il l’invita, pour plus de sécurité, à l’encercler de ses bras pour éviter toute chute malencontreuse.

Ils voyagèrent ainsi toute l’après-midi, rencontrant parfois de curieuses créatures inhabituelle à leurs yeux profanes. Des sortes de cervidés à la crinière vive et aux cornes semblant faite de minéral, d’étranges monstres quadrupèdes à la large tête tentaculaire et au corps bigarrés, comme des sauriens ayant eu connaissance de l’existence des poils. Des pseudo-rhinocéros aux défenses longues et aux appendices encombrants. Et puis d’autres trucs carrément bizarres, aux poils ou plumes colorés, aux formes incongrues et inexpérimentées des yeux de chacun ici. Une faune pour le moins originale, mais qui semblait paisible, pas du tout agressive. Les bêtes les regardaient curieusement parcourir les collines, sans paraître s’en effaroucher.

Lysandre quittait régulièrement sa monture pour grimper dans les cieux, changé en un élégant oiseau bleu, prenant de la hauteur ou s’en allant en avant du groupe pour œuvrer à une reconnaissance efficace afin de prendre la voie la plus rapide.

La soirée tomba, et la visibilité devint de plus en plus délicate. Jusqu’à ce qu’il fasse carrément noir, une fois que le soleil eut délaissé ses dernières couleurs crépusculaires. Dans un noir absolu, profond, les pachylaires semblaient à l’aise, leurs deux paires d’yeux scintillant d’une lueur verte intense. Par contre, ceux qui n’étaient pas habitués aux ombres n’y voyaient absolument rien. Et ça pourrait devenir problématique. Il fallait espérer qu’ils aient prévu de quoi s’éclairer, car arriver dans une zone hostile sans rien pouvoir observer, c’était délicat. Plusieurs stratégies pouvaient être de rigueur : continuer sans rien dire, proposer un arrêt pour passer la nuit, ou toute autre idée qui leur viendrait. Xël et Yliria, le temps passant, sentirent la fatigue s’accumuler durement. Surtout le premier. Peut-être ce périple n’avait-il pas été la plus lumineuse des idées, vu leurs affects physiques.


[HJ :
Drac : Faisons cette séance shopping en aparté sur Discord, si tu veux bien. (un aparté, c’est quand on se prend à part, pj-pnj ou pjs entre eux, et qu’on règle une conversation en MP sur discord. Je te donnerai des consignes au fur et à mesure. Je te laisse débuter avec ta réponse à l’orque.
Les autres : Organisez-vous pour décider précisément de vos choix de montures/compagnons de monte, même si c’est déjà pas mal fait. Les apartés sont autorisés pendant l’après-midi et la soirée de chevauchée, mais UNIQUEMENT avec la personne qui chevauche avec vous. Une pause peut être effectuée pour changer de partenaire à un moment, proche du crépuscule. Organisez-vous pour cela dans la partie « coordination » du discord. Les apartés se font par MP, que ce soit entre vous, ou avec moi pour les PNJ. Votre post se terminera par une possible prise de parole ou action concernant l’obscurité ambiante. Pas de discussion commune cette semaine.]


[XP :
Mathis : 0,5 (arrivée à Esseroth), 0,5 (discussion)
Akihito : 0,5 (arrivée à Esseroth), 0,5 (discussion)
Xël : 0,5 (arrivée à Esseroth), 0,5 (discussion)
Yliria : 0,5 (arrivée à Esseroth), 0,5 (discussion)
Jorus : 0,5 (arrivée à Esseroth), 0,5 (discussion)
Drac : 0,5 (arrivée à Esseroth), 0,5 (discussion)
Silmeria : 0,5 (arrivée à Esseroth), 0,5 (discussion)]


[Jeu des mots : Attention, respectez bien les consignes : je demande que les mots soient en gras ET soulignés. ^^
Akihito : 5*5points.
Yliria : 5points.
Silmeria : 2*5points.]

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Mathis
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Re: Esseroth

Message par Mathis » lun. 10 oct. 2022 15:52

Avec une lueur inquiète dans son regard céruléen, Lysandre me répondit que l’odeur sentie correspondait à celle de la mort. Je hochai la tête tout en le remerciant, en constatant que ma question était moins importante que je l’aurais cru, la réponse ne m’apportant pas d’indices supplémentaires…pour le moment.

Les discussions enfin terminées, nous grimpâmes par paire sur nos surprenantes montures à la douce fourrure, moi excepté, sauf si l’on comptait Praline. Ainsi Jorus accompagna Egregor, Yliria prit place derrière Kaar. Silmeria monta à la suite d’Akihito et pour terminer, Lysandre rejoignit Xël. Les grandes portes ocre de la cité s’ouvrirent et nous prîmes la direction ouest afin de nous rendre aux limites des frontières de leur territoire, les collines oniriques.

Le début de la promenade s’avéra agréable, le temps était chaud et tout juste assez humide sans être trop pesant ou suffocant. Le paysage était à couper le souffle, des collines luxuriantes mettant en valeur de l’herbe bien verte et épaisse. Aux résineux que je connaissais, s’ajoutait un arbre majestueux au tronc central orné d’un impressionnant feuillage qui s’étendait tout en largeur. Puis d’autres arbres que je ne connaissais pas, mais tout aussi impressionnant. Mais une fois sur ces collines, je réalisai que les pics rocheux s’avéraient nombreux, et que le terrain n’aurait pas été praticable sur des chevaux. Et même sur notre monture expérimentée et adaptée à cet environnement, on se faisait secouer régulièrement. Praline qui le réalisa bien vite, quitta sa place à l’arrière et sauta sur mes genoux. Je peux ainsi la retenir tout en m’assurant également de bien rester en place, grâce à la selle confortable et aux étriers.

Si la flore s’avérait spectaculaire, la faune n’était pas en reste. L’animal que j’admirai le plus fut un magnifique cerf blanc, portant une crinière fauve qui se répondait sur le haut de son dos jusqu’à sa queue. Le sommet de son crâne était orné de majestueux bois d’un vert minéral. Les autres espèces animales piquèrent plus ma curiosité, ou m’arrachèrent un sourire me rappelant des souvenirs d’enfance. L’un d’eux, un quadrupède aux écailles vertes, dont la grosse tête qui se terminait par une longue barbiche de tentacules, me faisait penser au maître d’armes qui m’entraînait lorsque j’étais gamin. Puis un animal au pelage mauve rose au gros bec me rappela la marchande au gros nez et à l’air sévère qui me surveillait lorsque je tentais de lui chaparder discrètement quelques fruits.

Grâce à la présence de l’humble Lysandre, nous eûmes aussi droit à un spectacle aérien. D’une élégance rare, c’était sous la forme d’un splendide et grand oiseau arborant de somptueuses teintes de bleu et à la longue queue recourbée qu’il accomplissait avec rigueur sa tâche d’éclaireur.

Alors que le soleil venait de se coucher et qu’il restait encore une lumière incertaine, nous nous arrêtâmes afin de prendre une courte pause. Je profitai donc de ce moment pour me dégourdir les jambes.

Je m’approchai de Jorus et je lui demandai :

«Accepterais-tu d'échanger de place avec moi pour la dernière partie du trajet ? J’aurais quelques questions à poser à Egregor. »

Jorus accepta sans hésitation. Et je laissai Praline là où elle était. De nature indépendante, elle saurait décider si elle m’accompagnait ou pas.

Je me dirigeai ensuite vers Egregor pour lui demander :

« J'aimerais bien faire la seconde partie du voyage afin de discuter avec toi, si tu le veux bien. Jorus n'y voit pas d'inconvénient, si ça te va. »

Il m’invita à monter tout en tendant la main pour m’aider.

Lorsque Praline vit que je change de monture, elle descendit agilement de l'autre, courut dans ma direction et sauta sur mes épaules. J'acceptai l'aide de Egregor, même si elle n'était pas nécessaire. Je grimpai derrière lui et plaçai Praline sur mes genoux.

Nous reprîmes la route et je laissai le silence s’installer quelques minutes avant d’entamer la conversation.

« Tu me semblais particulièrement pressé de partir et je le comprends... mais y a-t-il quelque chose de particulier qui t'inquiète et dont vous ne nous avez pas parlé ? »

Derrière lui, je ne pouvais voir l’expression de son visage qui s’avérait à mon sens un léger handicap, mais je perçus par contre son haussement d’épaules. Sur un ton légèrement amer, il rétorqua que lorsque les landes en mouvement détruisaient tout sur leur passage, qu’il était bien légitime de s’inquiéter. Étant arrivés en même temps que moi, il n’avait pu rien me cacher.

Je réalisai alors qu’il avait mal compris mes propos, donc je pris le temps de lui expliquer.

« Oui, j'en conviens, c'est très inquiétant... d'autant plus que Lysandre a affirmé que cela s'étendait à vue d'oeil. »

Après quelques secondes de réflexion, je poursuivis.

« Je ne te faisais pas de reproches, je pensais que tu voulais nous épargner. Ne le prends pas mal. Je suis ici pour vous venir en aide. Je pose des questions afin d'y voir plus clair. »

Egregor était un homme bourru de nature, et intimidant aux premiers abords… au second aussi finalement.

Il rétorqua qu’il acceptait toute l’aide proposée, mais avait considéré inacceptable de retarder le départ. Il avait donc été contrarié, par les commentaires de ceux qui voulaient d’abord faire des recherches afin d’avoir réponse à leurs questions.

« Je te comprends, j'aurais réagi pareil s'il s'était s'agit de ma ville, des miens.... En parlant de ceux-ci, tu avais hâte de les voir... en as-tu eu le temps ? »

Il me répondit par la négative, me rappelant qu’il n’était arrivé que quelques minutes avant moi. Et qu’il n’avait eu le temps que d’écouter le rapport que lui avait fait Lysandre.

Je me contentai d’un :

« Ça aurait pu être possible... »

Glanaë s’est retrouvée là pour attendre Arthès, si Egregor avait eu une personne importante dans sa vie, ça aurait été elle qui l’aurait accueilli au lieu d’un éclaireur.

Ne m'attardant pas davantage sur ce sujet, je demandai:

« Il s'est passé beaucoup de choses entre ma première visite et celle-ci, j'ai l'impression qu'il me manque des informations importantes... au sujet du sans-visage entre autres et aussi de Vallel... peux-tu m'en dire un peu plus ? »

Quinze ans s’étaient écoulés depuis mon départ de Aliaénon et l’effondrement de la tour. Le temps se déroulait plus rapidement sur Aliaénon, il était difficile de savoir combien de temps s’était passé suite à leur exil sur Yuimen.
J’appris que Xël avait tué Vallel à l’aide de Thensoor Val'Crooh, le sorcier noir qui s’était sacrifié. Pour ce qui est du Sans-visage, il aurait péri aussi lors du dernier événement, selon les paroles de Glanae. Il y avait plus à dire, mais l’essentiel était là pour le moment.

« Oui, ce sera suffisant pour le moment... et donc pour l'effondrement de la tour, on ne sait pas trop qui a survécu ou pas... il faut donc rester prudent et surtout ne pas négliger aucune piste... Mais pour le moment, c'est cette avancée de zone sombre qui est inquiétante.... surtout le fait que Lysandre dit l'avoir vu évoluer à vue d'œil… donc le temps qu'il revienne faire son rapport et les heures que nous passons à nous y rendre, j'ai peur qu’elle ait grandement avancé. »

Egregor me répondit que la zone sombre avançait dans notre direction, nous saurons rapidement de quoi il en retourne. Contrairement à moi, il ne croyait pas qu’il puisse avoir des survivants de l’effondrement de la tour. Et il ne croyait pas la vision de Xël concernant Faseilh.

« Xël a beaucoup changé depuis la dernière fois que je l'ai vu, mais il n'était pas menteur et je ne pense pas qu'il le soit devenu. Je suis persuadé qu'il a vu ce qu'il a raconté... Mais c'est notre interprétation de ces faits qui peut être faussée.... Et pourquoi ne crois-tu pas la vision de Xël ? Qu'est-ce qui ne cadre pas ? Connaissais-tu bien cette conseillère ? »

Il précisa davantage ses pensées. Il n’accusait pas Xël d’avoir menti, mais il doutait de la précision de la vision. Il ne pensait pas Faseilh apte à résister à une telle catastrophe… il pensait que Xël avait sûrement vu autre chose.

« Ce que tu dis a du sens... mais il parlait de silhouette blanche. Est-ce qu'il pourrait s'agir de fantôme, de spectre ? Je ne sais pas si ça existe sur Aliaénon. Et quels étaient ses pouvoirs à cette conseillère, hormis le fait d'être très belle ? »

J’appris alors qu’en tant que Reine du froid dans les monts de Sansarth, qu’elle maniait la glace avec une puissance hors du commun. Il fut un temps où les esprits parcouraient le monde, mais sans en être visibles. Mais c’était chose du passé, les esprits étant désormais prisonniers dans la savane Tanathéenne, le pays des morts.

« Peut-être se serait-elle échappée... »

Je fermai mes yeux afin de me souvenir des propos exacts de Xel.

« Xel dit bien avoir ressenti et non vu la conseillère et il a parlé de silhouette blanche.... et c’était avant la mort du Titan de la magie...C'était peut-être une manifestation de cette conseillère... je garde espoir. »

Et si je disais vrai, Egregor commenta que le monde d’Aliaénon était si vaste qu’il ne serait pas facile de la retrouver.
Ce à quoi je rétorquai :

« Ibn et Xël seront nous être d'une aide précieuse pour la retrouver... Nos différents talents et aptitudes, les uns des autres, devraient nous aider dans notre enquête et surtout dans l'immédiat, cesser la propagation de ces zones sombres. »

Je m'arrêtai un moment avant de poursuivre,

« Mais je ne connais que Xel pour le moment... »

Egregor acquiesça à ma remarque en rajoutant que les sorciers de vision pourraient nous aider et qu’il serait judicieux de réfléchir aux questions qu’on voudrait leur poser si nous allions les consulter.

J'hésitai un moment avant de poursuivre.

« J'avoue trouver louche et étrange cette yuimienne répondant au nom de Silmeria. Elle était là avant nous et même avant vous si je ne me trompe... »

Egregor me partagea l’un de ses rares ricanements. Il qualifia Silmeria de gamine incapable de comprendre la gravité de la situation et affirma qu’il n’avait aucune confiance en elle.

« Je me méfie aussi d'elle... et si elle semble insouciante, il ne faut pas sous-estimer sa puissance. Elle s'est bien rendue sur Aliaénon sans passer par les fluides de la milice... à moins qu'elle se soit faufilée avant votre arrivée ? »

Egregor renchérit en mettant l’hypothèse qu’elle avait peut-être utilisé les pouvoirs de l’ombre avec lesquelles elle semblait être à l’aise.

« Peut-être. Xël et Akihito semblaient la connaître, je questionnerai Xël à son sujet lorsque j'en aurai l'occasion. »

Egregor demanda à le tenir au courant me rappelant que j’étais allié d’Esseroth, ce qui me fit lever un sourcil et me fit sourire.

« Bien sûr que je vais t'en parler... et je n'oublie pas une parole donnée.... Elle semble ne pas craindre l'obscurité, au contraire, cela semble l'attirer. Si elle est de confiance, elle pourrait s'avérer une puissante alliée.... Lysandre par contre, semble apeuré à l'idée de l'obscurité, il faudra le protéger. »

Egregor m’avoua me faire confiance et il avait apprécié que je convainque les autres de se rendre sur Esseroth. En ce qui concernait Lysandre, il était jeune et inexpérimenté, mais pas dépourvu de courage.

« En fait, il n'y avait pas de raison de se rendre ailleurs... Si se rendre à Esseroth avait été une mauvaise idée, comme y mettre ses habitants en danger, j'aurais suggéré autre chose, mais tel n'était pas le cas.... Dis-moi, y a-t-il une raison pour que les gens d'Esseroth soient dotés de pouvoirs tout particuliers ? Et à quoi est due cette grande variété dans vos capacités ? Y aurait-il une raison pour laquelle les zones d'obscurité envahissent Esseroth avant les autres cités ? Serait-ce essentiellement dû à la position géographique ? Ou bien, l'envahissement se fait partout à la fois ?»


Comme il m’arrivait parfois, même si je n’avais qu’une question au départ, les autres suivaient une après l’autre en un flot continu, ce qui sembla immerger Egregor qui me rappela qu’il n’avait pas la science infuse. Ils ignoraient comment les capacités apparaissaient ( hasard, destin, personnalité, les hypothèses étaient multiples) ni d’où provenaient les pouvoirs de Esserothiens. La proximité des collines oniriques, celle-ci contenant quelques cristaux magiques pouvait être un facteur déterminant. La magie d’Aliaénon était plus puissante vers le sud. Pour le moment, il ne savait pas si la Lande envahissait d’autres territoires que les collines Onirique.

« Je me doute bien que tu ne sais pas tout... mais le hic, c'est que je ne sais pas ce que tu sais ou pas... »

Terminai-je sur un ton jovial, tout comme le reste de la conversation d'ailleurs.
Nous conservâmes le silence un bon moment, chacun dans nos pensées respectives à admirer le paysage.

Puis, je repensai aux collines et reposai une autre question à Egregor.

« Les collines oniriques, c'est un joli nom... mais est-ce qu'il s'y passe quelque chose par rapport aux rêves ? Où bien c'est juste pour faire joli ? »

Comme toute réponse, il se contenta de me dire d’essayer de dormir et je saurai.
Insatisfait de cette réponse, je demandai de nouveau.

« Peux-tu m'en dire plus ? ... S'agit-il que des rêves ou bien des cauchemars ? »

Il ne fut pas plus bavard, répétant : « Essaie, j'ai dit ! »
Les souvenirs de ma dernière expédition en mémoire, je me souvenais d’un cauchemar que j’avais fait et qui impliquait la princesse Honoka et sa garde du corps et je lui en fis part.

« Oui, j'ai bien compris que tu m'a dit d'essayer… mais j'avoue que je barguigne. Je ne suis pas certain de vouloir rêver... la dernière fois que j'ai fait un rêve ici sur Aliaénon, c'était pendant notre longue expédition. Dans mon rêve, la princesse Honoka et sa garde tentaient de me mordre le cou, me manger tout vivant. »

Et là contre toute attente, il me rétorqua :

« Ah ! Hé bien peut-être que cette fois, ça sera moi ! »

Surpris, je rétorquai

« J'espère bien que non. Ce n'est pas que je sois capon, mais je n'aurais aucune chance de me défendre si tu tentais de me dévorer. »

Il m’indiqua alors que je me réveillerai en sueurs, mais pour des raisons différentes que dans mon cauchemar que je venais de lui raconter.

Intrigué, je demandai :

« Dis-moi en plus, je suis curieux de savoir. »


Ce à quoi, il répondit

« Quoi ? À propos de quoi ? »

Je n’allais sûrement pas lâcher le morceau.
« De ce qui m'arrivera en rêve, pourquoi tu y seras et pourquoi je serais en sueur ! »

Il s’obstinait à limiter ses explications.

« Quoi, sérieusement ? Ahah ! »

Il rit de bon cœur, apparemment amusé par mon ignorance et mes questions, pour rajouter que je lui avais fait oublier le danger qui pesait sur nous.

Je détestais les sous-entendus. Je voyais ça comme une insulte à mon imagination. Comme s’il s’imaginait que ses phrases étaient simples et qu’il n’y avait qu’une possibilité alors que celles-ci étaient nombreuses.

Sans posséder la prétention des elfes, je ne souffrais pas de fausses modesties. J’étais conscient de nombreux talents. Je n’étais pas seulement une belle personne, j’étais aussi doué d’une grande intelligence et d’une imagination débordante… alors les possibilités étaient nombreuses.

Pour quelles raisons Egregor me causerait des sueurs en rêves ? Parce qu’il était attiré par les hommes et qu’il jetterait son dévolu sur moi ? Parce qu’il était plus fort que les femmes de mon rêve et qu’il ne se contenterait pas de me mordre, mais y réussirait ? Ou parce qu’il ne fait pas que manipuler le sang, mais qu’il s’en nourrit également ? Cette dernière hypothèse me semblant la plus plausible, je répondis aussi évasivement.

« Vraiment ? Je n'aurais jamais deviné. »

J’enchaînai ensuite sur sa remarque suivante, content de l'entendre rire.

« Je suis bien content, si je peux te faire rire un peu... Je n’ose pas imaginer ce qui nous attend là-bas. »

Ce fut d’un ton plus grave qu’il me répondit que nous n’allions pas tarder à le savoir.

Alors que le silence s'était installé entre nous, je vis la monture portant Akihito et Silmeria s'éloigner un peu. Je n'en fis pas de cas, croyant qu'il voulait soulager sa vessie. Je fus donc surpris lorsque je crus l'apercevoir lancer un objet. Et encore plus lorsque je vis un flash lumineux et que j'entendis une déflagration s'apparentant à une explosion.
Puis ce fut la voix tonitruante d'Egregor qui résonna dans mes oreilles. Ce dernier en colère sommant les responsable de cesser ces expériences débiles.

Je laissai le pachylaire reprendre sa marche et attendit moins d'une minute avant de faire ma requête à Egregor.

«Accepterais-tu de faire un léger détour vers l'impact de l'explosion afin de mieux voir l'étendu des dégâts ? J'en profiterais également pour ramasser quelques débris de ces cristaux ? »

Sa première réaction fut agressive, mais il se reprit très vite et accéda à ma demande, espérant que cette explosion n'aie pas attiré l'attention sur nous.

Une fois à proximité de l'impact, je descendis de selle, Praline en profitant pour s'étendre. J'observai le cratère créé puis je ramassai quelques échantillons de ces débris de cristaux et les mis dans mon sac.

Jorus se détourna aussi de la route et demanda ce qui s'était passé. Akihito nous répondit qu'il avait testé ce qui se produisait s'il lançait une fiole de fluide, de lumière dans son cas précis. Il concéda que la prudence serait de mise, mais que les fluides pourraient toujours servir.

Peu à peu, la pénombre s’installa puis l’obscurité complète. Les pachylaires ne semblaient pas indisposées et leurs yeux scintillants en témoignaient. Mais il en était autrement pour nous. Connaissant l’impatience d’Egregor, je me doutais qu’il ne voudrait pas s’arrêter pour la nuit.

Avec une idée en tête, je m’adressai à Kaar d’abord,

« J’ai remarqué durant la journée que le long museau des pachylaire était préhensile. Puisque tu les connais bien, penses-tu que tu pourrais t’arranger pour qu’ils fassent une ligne, se suivant en tenant de leur trompe la queue du précédent. »

Puis m’adressant d’une voix assez forte pour être entendu de tous. :

« Si c’est possible, il ne reste qu’à espérer que l’un de vous soit doté d’une vision nocturne. On le placera alors en tête de ligne et il mènera la file de pachylaire, sinon il nous faut trouver une autre solution. Personnellement, je ne dispose d’aucune torche. Si nous ne trouvons pas de solution, il faudra peut-être songer à passer la nuit ici.»

(( mots utilisés dans le cadre du jeu : capon et barguigner. )))
Modifié en dernier par Mathis le jeu. 20 oct. 2022 00:53, modifié 2 fois.

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Akihito
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Re: Esseroth

Message par Akihito » jeu. 13 oct. 2022 17:21

Dans le chapitre précédent...

Evénement : Cauchemar en Aliaénon.

4 : Silmeria.

Yliria, comme à son habitude, lui assura qu'elle allait bien et qu'il n'avait pas à s'occuper d'elle. Mieux, elle connaissait ses limites. Et ça, l'Ynorien en doutait fortement. Mais il avait appris la leçon et n'en dit pas plus, la laissant faire ce qu'elle voulait. Lui avait un problème autrement plus difficile à gérer, et il s'appelait "Silmeria".

"Hey c'est mon mien ! Il s'appelle... FALAFEL !"

(Valyus tout puissant.) se fit comme réflexion le jeune homme en arborant un léger sourire, mi-atterré mi-amusé.

Akihito prit pour la première fois le temps d'observer la tant redoutée Régicide et ex-compagne de Cromax, alors que cette dernière affichait une mine ravie après un air boudeur tandis qu'elle cherchait un nom adéquat pour le pachyderme. Et elle avait de nouveau l'air ennuyée en se demandant comment monter. Les Hinïons avait cette réputation d'être les plus beaux êtres de ce monde, et l'Ynorien devait bien admettre que Silmeria ne faisait pas honte à son peuple. Des cheveux d'ébènes qui entourent un visage de porcelaine réhaussé des deux améthystes qui lui servaient d'yeux, et une bouche rouge figée dans une moue boudeuse. Un visage d'une grande beauté qui n'était entachée que par la présence d'une cicatrice le balafrant. Elle portait un ensemble de vêtements tirant sur le sombre, mettant en valeur sa peau. Des brassards protégeaient ses bras et semblaient un peu plus épais que le reste de sa tenue. Et malgré le corps athlétique qui se devinait sous ses vêtements, derrière sa démarche et bien sûr ses faits d'armes, elle jeta un regard à l'enchanteur. Comme si elle était incapable de monter.

"Besoin d'aide, j'imagine ?

- Bah viii. Sauf si tu attends que je grandisse toute seule.

- Pas de problème."

Le Pachylaire faisait près de deux mètres de haut. Habitué à monter sur Brume, même si elle n'était pas aussi haute, il n'aurait aucun mal à grimper. Non le vrai problème, c'était que l'assassin souhaitait visiblement faire le trajet avec lui. Est ce que c'était une bonne idée ? Amy n'était pas emballée et lui faisait savoir pour sa part.

(Tu vas quand même pas voyager avec une tueuse notoire derrière toi !)

(Ca me réjouis pas non plus, mais t'as vu son comportement ?)

(Ouais. On dirait une gosse insupportable et capricieuse.)

(Justement. Et la contrarier me semble pas être une chose très sûre à faire.)

Sa Faëra ne rajouta rien, mais il senti sans mal son désaccord. Mettant un pied à l'étrier, il se hissa sur "Falafel" et constata que comme Kaar l'avait annoncé, la bête était effectivement très placide tant elle ne bronchait pas. S'installant fermement, il saisit le pommeau de sa main gauche et tendit la main droite à sa nouvelle compagne de voyage pour la hisser. Elle le saisit au poignet et monta avec facilité sur le pachylaire, confirmant à Akihito qu'elle n'avait pas besoin de lui pour monter, malgré sa taille. Pourquoi ? Il eut la réponse quand la voix aux accents chantants mais teintée de moquerie résonna dans son dos.

"Quel caaaalme. Pas la moindre nervosité en toi dis-donc."

Prendre son poult à son poignet en montant, voilà son but. Un réflexe de l'assassin qu'elle était qui ne le calma pas vraiment.

"J'aurais tout le temps de l'être quand ce sera le moment d'être sur le qui-vive, dit-il avec un haussement d'épaules qu'il voulait décontracté, avant de lui jeter un oeil par dessus. Vous aviez pas besoin de moi pour monter, hein ?

- C'est pourtant dans les situations les plus critiques qu'il faut rester le plus calme possible.

- C'est vrai, mais je préfère contrôler et... Mmh, guider ma nervosité plutôt que l'étouffer avec du sang froid. Pas la meilleure façon sans doute, mais celle qui me va le mieux."

Quant à sa question laissée en suspend, Silmeria l'ignora ou l'évita en posant une question sur son préféré. De quoi parlait-elle ? Son pachylaire préféré ? Son allié préféré ? Peu certain de savoir ce qu'elle insinuait, il décida de rentrer dans son jeu et répondit à son tour par une autre question.

"Vous aimez pas trop ce cher Egregor on dirait.

- On aura vite l'occasion de s'en rendre compte mon cher... Akihito n'est-ce pas ? On a pas pris la peine de se présenter correctement. Tu avais l'air de déjà savoir qui. Je. Suis."

Elle l'avait dit en se rapprochant de son oreille, lui sifflant les derniers mots avant de se reculer brusquement. Leur convoi se mettait à peine en marche et il commençait déjà à regretter sa décision. Alors qu'elle ajoutait au sujet de l'Errothéen qu'elle aimait au contraire tout le monde -ce dont il doutait fort-, ils sortirent de la ville pour débouler dans des plaines verdoyantes entourant la cité sur des kilomètres. Une herbe grasse, un temps humide mais lumineux : un climat qui ressemblait un peu à celui de l'Ynorie, mais en moins sec. Au loin sur la route, les contreforts des fameuses collines oniriques se révélaient. Ayant un peu repris son calme, l'enchanteur pu reprendre la parole.

"Votre réputation vous précède, il faut dire. Les personnes à pouvoir se targuer d'avoir tuer un Roi ça ne court pas les rues. Encore moins celles qui me demandent en plein champ de bataille de descendre de leur fiancé polymorphe ET demi divin."

Une affirmation qui serait absurde si elle n'atait pas complètement vrai, ce qui lui arracha un ricanement.

"Mais je suis quand même surpris que vous soyez là. Y a quelques mois, la majorité du groupe n'était pas vraiment dans votre camp."

" Parce que te donner un ordre est plus valeureux que de tuer un roi ? Quel homme tu dois être. Mais donc c'etait toi sur Cromast. Tu me disais vaguement quelque chose. Je ne suis pas très physionomiste."

Akihito sentit les deux bras de la jeune femme s'enrouler autour de sa taille alors qu'ils entraient dans les collines et que le chemin plus accidenté rendait la progression moins évidente. Un contact justifié qui le fit de nouveau se figer un peu néanmoins.

"Un camp... un camp... j'ai tout de même confronté Léonna et Tal'Raban pendant que ton petit groupe maitrisait Oaxaca. J'ai bien failli tuer cette saloperie de parasite de Léonna d'ailleurs, mais mon Gentâme de compagnie s'est retourné contre moi.

J'entendais par la que des fiancées de Sindel transformiste, c'est encore plus rare que des regicides. Et vous avez attaqué Léonna ? Je ne le savais pas, s'étonna l'Ynorien avant de rester un temps silencieux puis ajouter : Au moins, je sais que nous ne sommes pas foncièrement des ennemis. J'espère juste que je ferai rien qui vous donnera envie de vouloir me faire la peau."

Silmeria lui expliqua que sa relation avec Cromax était factice. Un reliquat de quand ils étaient tous les deux en mission et que cette relation était leur couverture. Elle n'avait qualifié Cromax de fiancé que par sarcasme. Quant à Léonna, elle déclara n'avoir jamais aimée "cette morue". Elle n'avait pas pu lui faire la peau, mais au moins avait-elle pu la ralentir de même que Tal'Raban.
Puis le ton sérieux de la discussion passa à la fierté enfantine.

"Ooooouh ! Tu as un petit bouton blanc sur la nuque ! Je peux le pouêter ? Dis oui dis oui dis oui !!

- Merci de la proposition, mais je m'en occuperai."

(Et puis quoi encore ?)
pensa avec embarras le jeune homme qui confirma avec sa main la présence dudit bouton sur sa nuque. Il chercha alors à changer de sujet, sans grand succès.

"On dirait que vous connaissiez personnellement les Treize-

- Non, je l'ai vu la première."

Et avant qu'il ne puisse réagir, elle perça le bouton, provoquant une douleur bien plus humiliante que physique. Et tandis que ses doigts froids restaient sur sa peau, elle enchaîna.

"Presque tous. J'ai longuement travaillé pour Xenair. C'est souvent moi qu'il envoyait à travers le monde pour régler des désaccords. Et toi ? Lesquels as-tu rencontré ou tué ?"

Il repoussa sa main d'un air agacé, l'accompagnant d'un tic de la bouche manifestant son mécontentement. Le caractère enfantin de la jeune femme qui était jusqu'alors un peu amusant devint franchement agaçant.

"Créan m'a enfoncé la cage thoracique, et mon duel contre Karsinar a fini en eau de boudin. Quant à Khynt-

- Yaaaah. File comme le vent, Falafel !"

Elle se saisit de ses cheveux à pleines mains, et s'en servit comme de rênes.

(Là, c'en est trop.)

(Ouais, montre lui qui c'est que c'est qui le patron !)

D'un geste vif, il saisit le poignet de Silmeria et l'enserra dans une poigne qui avait pour but d'être ferme mais non douloureuse.

"Arrêtez ça.

- Tu devrais me lâcher.. on sait jamais. Tu pourrais... vomir une Murène.

- On a pas gardé les Murènes ensemble, que je sache."

Il se retourna et lui jeta un regard sérieux, tout en lâchant sa main.

"Écoutez Silmeria, j'ai rien contre faire équipe avec vous mais si vous en faites qu'à votre tête, on va pas s'entendre.

- Mon cher Akinounet, je ne suis là que pour vous être utile. Libre à toi de savoir m'utiliser à bon escient.

- Akinounet, celle là on me l'avait jamais faites."

Un silence s'installa entre les deux cavaliers, avec un Akihito ruminant un début de colère froide devant le comportement de l'Hinïonne. Le caractère de la jeune femme le perturbait et il n'arrivait pas à savoir sur quel pied danser avec elle. Plutôt que de s'énerver pour de bon, il garda le silence un moment et porta son regard sur le paysage. Les colllines oniriques étaient parsemées de monolithes de gemmes à l'apparence précieuse, comme si des éperons d'émeraudes et de saphirs sortaient du sol. Aucune raison de savoir si c'en était vraiment et prouvait une nouvelle fois que ce qui avait de la valeur sur Yuimen n'en avait pas forcément sur Aliaénon. Peut être qu'en ramasser un peu serait possible avant de partir ?

La faune était elle aussi tout à fait particulière. Des bêtes dont l'enchanteur n'avait jamais entendu parler sur Yuimen paissaient paisiblement, malgré des apparences plutôt agressives. Un cerf tout particulier attira son attention, avec des bois massifs miroitant comme s'ils étaient faits de minéraux. Un temps, Akihito se demanda si ce genre de cervidé pourrait se reproduire avec ses cousins yuiméniens. Brume, peut être ? Il fut pour une fois ravie d'entendre la voix de Silmeria retentir pour le tirer de ses pensées. Il n'était pas tout à fait calmé, mais la colère était indubitablement redescendue.

"Mon cher Akinounet, je ne suis là que pour vous être utile. Libre à toi de savoir m'utiliser à bon escient. Et Crean... hm. Ça doit être amusant de l'affronter. Quant à Karsinar... je suis heureuse que tu ne l'ai pas tué.

- A votre place je serais pas si enthousiaste à l'idée d'affronter le Premier.

- Le Premier. Je n'ai pas de grief contre lui. Karsinar en revanche a saboté ma mission... j'ai la facheuse tendance à supprimer mes employeurs quand ça se passe mal. Le roi. Karsinar bientôt... toi un jour qui sait ?"

Une menace à peine voilée, qu'elle désamorça avec un rire cristallin qui lui fit presque froid dans le dos quand elle lui dit qu'elle plaisantait tout en l'affublant d'un nouveau sobriquet : Akichou.

(Valyus tout puissant...)

(C'est la deuxième fois que tu jures sur Valyus, aujourd'hui.)

(Je déploie des trésors de patience là, tout de suite.)

Comprenant que la jeune femme n'avait aucune intention de se plier aux bases les plus élémentaires d'interactions sociales, il abdiqua et poursuivi en se frottant l'arête du nez.

"Vous gênez pas pour Karsinar. Et si vous tenez tant que ça a ce que je vous utilise, on verra plus tard. Mais tout à un prix, pas vrai ?

- Pourquoi me gêner ? Tu voudrais essayer de le tuer avant moi ? Quant à exploiter mes humbles talents c'est que j'ai toujours été utilisée comme arme. Et je n'ai jamais connu que ça."

Tout en réfléchissant à un prix, elle enserra de nouveau l'enchanteur et posa sa joue sur son épaule. De loin, peut être les aurait on prit pour un couple voyageant ensemble. De près, ils auraient vu l'enchanteur rouler des yeux.

"Je n'ai pas de prix en tête. Mais vous avez l'habitude de faire payer vos services, non ? dit il avant de réfléchir un instant, puis de reprendre : A la limite, un service contre un service ?"

Pour une fois, Silmeria quitta son air enfantin et sembla un peu plus sérieuse. De ce qu'elle disait, elle avait assassiné le roi pour une raison personnelle; à l'époque où elle travaillait pour Omyre sous les ordres de Xenair, elle ne réclamait pas d'argent.

"Donc vous tuez... Pour le plaisir ?

- Ca dépend. Je tue uniquement lorsque c'est nécessaire mais selon les personnes, il arrive que je prenne beaucoup de plaisir. Pour le Roi par exemple, c'était le cas. Mais c'est pas vraiment moi qui l'ai tué. C'est... ma jumelle.

- Une jumelle ?"

Au point il en était, il ne s'étonnait plus de rien. Elle sembla se méprendre sur le cas de Karsinar, pensant qu'Akihito souhaitait qu'elle s'en débarrassent pour lui, en échange d'un service. NE cherchant pas à la contredire, il préféra changer de sujet.

"Pour le service, disons que c'est en prévision de ce qui pourrait arriver sur Aliaénon.

- On verra."

Et sa tête se reposa sur son épaule dans un murmure. Silmeria semblait presque... Fatiguée. Un peu plus... Vulnérable ?

(Te laisse pas embobiner, Aki. A tout moment, elle peut repasser à quatre ans d'âge mental et te demander de lui raconter une histoire.)

(Je sais.)

Malgré tout, il pensa déceler un tournant dans la discussion.

"Dis-moi, tu crois que ce groupe acceptera quelqu'un comme moi ? Après tout vous n'avez aucune raison de me faire confiance. Et pourtant tu es là, dans mes bras.

- J'ai ma propre façon de penser. Je ne juge quelqu'un qu'à ses actes, et vous avez autant assassiné le roi de Kendra Kar que vous vous êtes retourné contre Oaxaca et ses lieutenants. Alors honnêtement, je ne vous fais pas confiance. Mais je ne me méfie pas non plus spécialement de vous : j'observe en attendant d'avoir mon avis et si je peux vous confier mes arrières."

il replaça légèrement sa bandoulière sur son épaule. Plus agréable pour lui comme pour elle.

"Et si je suis dans vos bras, c'est parce que vous m'en laisseriez pas le choix de toute façon.

- C'est une façon de penser honorable. Tu me rappelle la vieille femme qui formait les Samouraï à Oranan. Elle disait des choses comme toi. Tu as toujours vécu là bas ? C'est pour ça que tu faisais partie du groupe de mercenaires envoyés par le Roi pour tuer Crean ?

- C'est ma ville natale, oui. Alors l'honneur ça fait un peu partie de mon éducation pour le meilleur comme le pire. Pour Crean, j'ai juste rejoins le groupe qui me semblait le plus approprié."

Peu de temps après, Egregor décréta une rapide halte pour permettre aux bêtes de boire. Akihito en profita pour se dégourdir les jambes et faire redescendre le reste de la pression qu'avait généré l'Hinïonne. Avisant Yliria qui était assise en tailleur près de son pachy, il s'approcha de cette dernière. Ses joues avaient repris un peu de couleurs et elle semblait en bien meilleure forme.

"T'as meilleure mine.

- Le trajet m'a fait du bien. Je t'avais dit de ne pas t'inquiéter, répondit-elle d'un air indifférent en buvant un peu d'eau, avant de reprendre. Toi tu as l'air d'avoir passé un voyage épuisant.

- Mouais. Tu serais en train de te vider de ton sang que tu dirais que ca va bien, dit il avec un petit sourire narquois avant de jeter un regard à Silmeria. Silmeria est quelqu'un de très particulier. Pas sûre qu'elle te plaise, faut avoir un paquet de patience."

Yliria leva les yeux au ciel, en râlant presque qu'elle n'était pas assez stupide pour ne pas se faire aider dans une situation pareil. Suivant son regard vers Silmeria, elle résuma plutôt bien ce qu'Akihito avait ressenti : elle vivait dans son propre monde.

"Son propre monde, c'est le terme."

Il roula des yeux quand Egregor sonna déjà le départ et tendit une main à la jeune femme assise, un peu confus par le soupir qu'elle poussa.

"C'était bien plus simple, avant.

- Qu'est ce qui était plus simple ?

- Le fait de savoir que tu n'es pas loin."

Et elle le laissa là, après s'être relevé en s'aidant à peine de sa main et l'avoir fixé un bref instant. Amy constata ce qui faisait lentement son chemin dans l'esprit de l'Ynorien : Yliria ne l'avait pas oublié, et sa présence la mettait dans l'embarras. Lui se comportait comme il le faisait avant, et ça lui faisait mal.

(Vous allez devoir avoir une petite discussion, tous les deux.)

(Raaaaaah. Oui. Merde.)

(C'est elle qui est dans une situation délicate, le conseilla Amy. Dis lui que tu veux lui parler de tout ça, et qu'elle pourra venir te voir quand elle se sentira prête à aborder le sujet.)

(... T'as raison. Bon, il me reste quelques heures avec l'autre lunatique. Souhaite moi bonne chance.)

Se dirigeant vers sa monture, Akihito rejoignit une Silmeria qui resta un temps silencieuse, alors qu'ils reprenaient leur marche. Son regard fut attiré par une des bestioles qui paissaient paresseusement dans l'herbe, levant à peine la tête sur leur passage. Une sorte de mammifère quadrupède avec une large tête allongée comme un bec de gros perroquet. Avec une queue poilue et des ailes trop petites pour servir au vol. Le tout d'un rose des moins discret.

"Drôle de bestiole. La sélection naturelle à l'air de pas marcher pareil sur Aliaénon, murmura le jeune homme avant que Silmeria ne le sorte une nouvelle fois de ses rêveries.

- J'aime beaucoup Oranan. Mais je ne peux y vivre. C'est parfois dur de devoir renoncer à tout pour assouvir une vengeance. Ça me manque un peu je crois."

Sa tête se reposa contre son dos, oscillant à peine au rythme du pas de Falafel. Comme bercée. L'Hinïonne semblait plus calme.

"Tu as de la chance d'avoir une maison.

- Qui sait ? Peut être qu'Aliaénon sera votre nouvelle maison. Ici pas de vengeance, pas de passé. Vous n'êtes plus la Régicide, plus une assassin crainte. Vous êtes juste Silmeria.

- Tu sais, avant de venir ici, je voulais me trouver un endroit tranquille, isolé. Avec des ruches. Vivre une vie simple et sans effusion de sang. Mais je ne me vois pas vivre dans un monde avec des Ornithorynques roses de vingt kilos ?"

La description exhaustive de la bestiole qu'ils croisaient lui arracha un franc éclat de rire.

"Eh si ça se trouve ça se cuisine pas trop mal ?"

Cela sembla rappeler quelque chose à Silmeria, qui se mit à farfouiller dans son sac à la recherche de quelque chose qu'elle finit par agiter sous son nez : une lanière de viande séchée, ce qui rappela à Akihito qu'il n'avait rien avalé depuis le petit matin.

"C'est quoi ?

- De la viande séchée et fumée. Ça se conserve bien. Même si ça a pris un peu l'humidité."

Le craquement du cartilage résonna derrière lui, réveillant une furieuse envie chez lui de se remplir l'estomac. Il avait quelques onigiris empaquetés dans son sac, mais rien de plus. Se saisissant du morceau agité sous son nez, il finit par mordre dedans. La viande séchée, il connaissait. Mais celle ci n'avait pas le goût de boeuf ou de mouton qu'il avait l'habitude de manger. Le goût était plus prononcé, ce qui n'était pas plus mal quand on savait que le goût avait tendance à disparaitre quand on séchait la viande pour les voyages.

"De rien Sissi. Oh je t'en prie Akichou. Si si j'insiste, merci de m'offrir de quoi manger. Oh de rien, c'est tout à fait normal.

- Mais je vous en prie Silmeria," répondit l'enchanteur en lui tendant à l'aveugle une de ses boulettes de riz. Elle disparue à la vitesse de l'éclair de sa main, avec une exclamation plus que ravie provenant de derrière lui. Visiblement, "Sissi" n'en avait pas mangé depuis très longtemps et ça lui avait manqué.

"Chacun ses spécialités.

- Oui c'est vrai. C'est meilleur que le veau avorté que j'ai fumé moi même."

(RECRACHE ! RECRACHE AKIHITO !)

Akihito mâcha un instant plus lentement, avant d'avaler sa bouchée. La viande restait un animal mort, peu importe qu'il s'agisse d'un agneau ou d'un... erm. Il mordit dans un de ses onigiris pour ne plus y penser, et aborda un autre sujet.

"Vous aviez l'air d'en vouloir personnellement à Solennel IV, pourquoi ?"

Pour une fois, ce fut Silmeria qui resta silencieuse. Pendant un moment, seul le bruit des pas du pachylaire perturba le silence, de même que les cris de joie enfantins d'un Jorus qui semblait s'amuser comme un gamin sur sa monture qu'il faisait emprunter les chemins les plus escarpés.

"Il a envoyé mes sœurs à la mort. Contre des Shaakts.

- Mmmh. Je comprend mieux pourquoi vous lui en vouliez. Pas que je sois d'accord, mais je le conçois.

- Tu dis ça parce que c'est ton Roi. Si Crean avait tué ta famille, tu ne t'attendrai pas à ce qu'on soit d'accord. Mais tu le ferai quand même. Maintenant, je n'ai plus de but. Et depuis qu'Oaxaca n'est plus, elle dort, rétorqua-t-elle.

- Je suis Ynorien, Solennel IV n'était pas mon roi."

Mais elle avait raison, quelque part. Créan n'avait pas tué sa famille, mais il avait bien perdu son père des mains de Kisp. Il avait été consumé par la rage et le chagrin, lui aussi. Ses mains se refermèrent un peu plus fort sur les rênes de Falafel.

"J'ai tué par vengeance aussi, alors je suis pas bien placé pour faire la leçon. Juste que... Le type que j'ai tué était une ordure. Sa mort n'a pas été une grande perte, alors qu'un roi... je doute pas qu'il soit pas tout blanc, mais c'était globalement quelqu'un de respectable et respecté.

- Tout est relatif. Certes pour un petit garçon de Kendra Kar qui a pour rêve une armure scintillante et une place dans la garde royale, Solennel devait être une excellente figure paternelle. Pour moi en revanche, c'était le responsable de la mort de mes sœurs.

- Tout est relatif, acquiesça-t-il avant de revenir sur un point qu'elle avait évoqué plus tôt. Mais par contre, qui dort ?"

Il sentit son corps se lover contre son dos, ses deux mains se poser sur ses épaules. Une bouche murmurer dans le creux de son oreille, tel un secret inavouable, sa part sombre. Un nom. Hrist. Un nom qui revêtait une grande signification pour l'assassin.

"Hrist... votre fameuse jumelle ? Ou votre faëra ?

- Ma jumelle. Elle dort dans l'Ombre Noire en silence. Elle est très différente de moi. Assez glaciale contrairement à moi. Tu feras vite la différence, crois-moi. Ma Faëra elle s'appelle Cèles. Inspiré de sa beauté céleste. Et la tienne ?"

(Je peux ?)

(Fait toi plaisir, au point où on en est. Mais te prives pas de lui rappeler que notre existence est sensée être secrète auprès de ceux qui ne sont pas accompagnée de l'une d'entre nous.)

"Amy. Elle n'est d'ailleurs pas très contente que vous ayez parler aussi librement des Faëras devant des personnes qui n'en ont pas. Et je suis pas certain de vouloir rencontrer votre jumelle pour le coup.

- C'est vrai, cependant vous demandiez ce que je faisais ici, en ce monde. Aurais-tu préféré un mensonge ?

- Dit comme ça... l'idéal aurait été une fausse raison et une vraie explication ensuite, mais c'est du chipotage. Puis en plus, personne semble l'avoir remarqué."

Amy lui fit remarquer que c'était avant tout une question de principe, mais il l'ignora. Silmeria semblait moins instable, plus raisonnable. La discussion qu'ils avaient, alors que la lumière décroissait, allait enfin dans une direction qui lui semblait intéressante. Au sujet de sa jumelle, Silmeria se fendit, comme pour lui donner raison, d'une demi confession avec une voix voilée de tristesse. Elle lui demandait de ne pas juger trop sévèrement sa jumelle, qu'il finirait tôt ou tard par rencontrer. Son côté froid n'était que la conséquence de ce qu'elle avait vécu, de tout ce qu'elle avait perdu. Elle finit par lui demander ce qui l'avait poussé à venir ici.
Akihito avait fini par se retourner vers sa compagne de voyage. Silmeria était sans aucun doute très douée pour cacher ses émotions et revêtir des dizaines de masque; mais elle ne lui avait jamais paru aussi sincère que maintenant.

"... J'essaierai de garder ça en tête si je vois Hrist, mais je garantis rien. Et pour ma présence, disons que voir la milice au coeur de ma ville natale se faire raser sans raison apparente ne me rassure pas des masses.

- C'est vrai. Si peu rassurant que je suis venu t'épauler dans cette mission. Je ne viens pas ici en tant que Régicide. Je viens ici en tant que.. beh. En tant qu'assassin ? Qu'espionne ?"

A l'heure actuelle, ce qui leur manquait cruellement, c'était des informations sur ce qui se passait ici.

"Je pense que l'espionne sera plus utile que l'assassin. Sauf si vous savez gérer les colosses hauts comme des montagnes ? Ca serait terrifiant, mais je cracherais pas dessus.

- A part en leur servant de mignardise, je ne vois pas comment. Enfin, je n'ai pas encore exercé mes compétences magiques en ce monde. Si ça se trouve ça sera très intéressant.

- Quel genre de compétences magiques vous avez ? Si on est amené à coopérer, autant partager ce dont on est capable."

Ignorant un temps sa question, elle tapota ensuite son marteau, disant déjà l'avoir vu. Ce qui étonna l'enchanteur : le Marteau runique n'avait pas vraiment eu le temps de devenir célèbre, de ce qu'il savait. Peut être s'était-elle rendue dans Mertar ?

(Quand on sait à quel point les Thorkins n'aiment pas les races elfiques...)

"Le marteau runique de Valyus ? Sur une gravure ? Vous vous souvenez de où vous l'avez vu ?

- Je suis contente que tu dises ça. Je peux provoquer d'horribles cauchemars à quelqu'un tant qu'il n'est pas sur le point de m'attaquer. Ensuite je... beh disons que je pourrais disparaître et apparaître derrière la Shaakte, la tuer, disparaître et apparaître derrière Xël et le tuer. En un battement de cil. Je peux transporter mon corps à bonne distance dans l'ombre et mon esprit peut aller partout, mais laisse mon corps vulnérable. Quant à ton arme... je suis désolée. Je ne sais plus. Je lisais beaucoup à Tulorim chez ma maman d'adoption. Beaucoup d'érudits... enfin. D'hommes venaient la voir. Ça doit me venir de là. C'est dans une reliure que j'ai découvert leur existence."

En mentionnant ses différentes possibilités, elle passa ses bras par dessus les épaules d'Akihito pour lui faire voir ses bracelets, comme si c'était la source de son pouvoir. L'enchanteur ressentait clairement que c'était une relique infusée d'un pouvoir, mais il faisait déjà de son mieux pour rester calme.

"C'est... euh, une charmante façon de présenter la chose. Donc une sorte de déplacement instantané ? demanda-t-il avant de murmurer un peu pour lui-même : Mmmh... c'est surprenant parce que les Hinïons qui ont participé à sa création venait de Cuilnen."

La manière dont l'Hinïonne parlait des hommes venant voir sa mère adoptives ne semblait pas vraiment lui inspirer des érudits, mais plus des personnes en quête de plus bas instincts. Peu désireux de farfouiller dans ce pan de son histoire qui n'avait pas l'air plus reluisant que les autres, il se focalisa sur la question de ces capacités qu'elle lui retournait.

"Magie de foudre principalement -enfin, en temps normal. Je peux avoir une forme de déplacement instantanée mais ça demande de la préparation. Sinon... je peux courir aussi vite qu'un cheval au galop. Et tatouer des sorts -mais là encore, c'est en temps normal. Aucune idée de ce qui se passerait ici.

- C'est très complémentaire ! s'exclama Silmeria, ravie, en tapant deux fois sur ses épaules. On pourra bien s'entraider. Tu tatoues des sorts ? Comment ça ?

- Je suis un tatoueur. Et si j'utilise un fluide élémentaire à la place d'encre, je peux infuser un sort dans un tatouage pour le rendre utilisable à tout moment. Mais comme me le dit ma faëra... Les fluides, ca n'existe pas ici. Alors ouvrir une fiole de fluide me semble au mieux dangereux."

Cela lui donna une idée, et le fit fouiller dans ses fioles de fluides. Au grand damne d'Amy, Akihito sortie une fiole de fluide de lumière. Pour un test, il se rabattit sur celle qui semblait la moins "dangereuse". La sortant, il la montra à Silmeria.

"Ca serait une bonne idée de savoir ce que ça fait d'en libérer à l'air libre, mais ça peut être dangereux. Vous voulez descendre avant que je test une libération de fluide sur Aliaénon ?"

Silmeria semblait très intéressée par sa capacité de tatoueur arcanique, arguant que ça pourrait être un bon service en échange de la tête de Karsinar. Elle semblait aussi plutôt intriguée par son test, et se demandait de quel fluide élémentaire il s'agissait.

"Ça peut être une forme de paiement, oui. Par contre je n'ai que la magie de foudre pour moi alors si vous voulez un sort en particulier qui n'est pas de foudre, il va falloir trouver un mage qui puisse le faire. Et une fiole de fluide correspondante, comme celle ci. Qui est un fluide de lumière.

- Hm, ça me plairait peut-être. Mais je ne suis pas très familière avec les sortilèges. Le plus souvent c'était des Garzoks ou des Sektegs ou des Shaakts qui se retournaient contre les intérêts de Xenair. Je connais que la magie de l'Ombre quasiment. Tu voudrais essayer mes bracelets ?

- On verra sur le moment. Et pour les Bracelets, peut être une autre fois. Déjà..."

D'un coup de rênes, il fit s'écarter Falafel. Le crépuscule tombait sur Aliaénon, et l'obscurité venait avec. S'il ne voulait toucher personne et voir les conséquences d'une libération de fluide, il valait mieux qu'il y voit encore quelque chose. Une fois suffisamment éloigné du convoi, il se dressa sur ses étriers pour ne pas être gêné dans son geste et l'envoya le plus loin possible dans une zone rocailleuse, pour assurer que la fiole se brise.

(20 yus que ça va exploser.)

(Tenu. Je penche plus pour un flash de lumière.)

Les deux eurent raison : le bris de verre fut immédiatement suivit par une puissante déflagration accompagné d'un éclat de lumière aveuglante qui noya une fraction de seconde le monde dans une lueur d'un blanc pur. Malgré qu'il se soit protégé les yeux, il perdit temporairement la vue, sentant le placide Falafel sous ses pieds tressaillir un peu. Ses oreilles bourdonnantes le privaient également du son, mais Amy se fit la traductrice de ce qui se passait.

(Alors... Euh, t'as mis en colère Egregor. "Putain, mais vous faites quoi là ? Arrêtez ça tout de suite !" )

(Ouah, mes yeux.)

Il secouant la tête, il commença à retrouver peu à peu la vue, pour voir qu'une partie de la caravane s'était arrêté et rapproché du cratère formé par l'explosion fluidique. Large d'un bon mètre, elle avait pulvérisé le sol et une formation cristalline à proximité, la réduisant en débris. Descendant d'un pas peu assuré, il se rapprocha du point d'impact. Une explosion destructrice suivit d'une manifestation élémentaire : voilà ce que donnait le contact d'un fluide élémentaire avec l'environnement magique d'Aliaénon.

(Y a aussi Jorus qui demande ce qui s'est passé. Il a l'air paniqué, pauvre gosse.)

"J'ai testé ce qui se passait quand un fluide -de lumière, lui- était libéré sur aliaénon. Va falloir être prudent, mais ca peut servir."

Comme ce n'était pas la première fois qu'il perdait momentanément l'ouïe, il put répondre sans trop de mal malgré l'absence de retour de sa voix. Curieux, il ramassa un des débris cristallin : exposé à des fluides purs, peut-être avait-il subit une modification quelconque ? Puis il retourna sur le dos de sa monture, rejoignit le cortège qui redémarrait et eu une discussion par le truchement de Amy avec Silmeria.

"Mauvaise idée le tatouage ici, donc."

(Mauvaise mauvaise idée. Tu n'as rien ? Ton idée était éblouissante si je puis dire. Je commence quand même à un peu l'aimer, celle là.)

"J'ai l'impression que mes yeux me brûlent de l'intérieur, mais ça va. répondit-il après avoir ricané à son trait d'humour. Il m'en reste encore un, qui sait si ça servira dans la Lande Noire."

(Oui enfin... pense à nous prévenir qu'on détourne le regard cette fois. J'ai hâte de voir ce que ce monde nous réserve mais d'un côté, je me dis que ca ne sera pas de tout repos. C'est quand même amusant.)

"J'y penserai. Je pense pas qu'amusant soit le meilleur terme, mais on va pas s'ennuyer."

Le bourdonnement cessa finalement, progressivement. Suffisamment pour qu'après une petite pause, Silmeria ne rouvre la bouche pour ressortir une de ces phrases chocs dont elle semblait avoir le secret.

"Cette demi Shaakte. Tal'Raban m'a demandé de la tuer. Et aujourd'hui, je me retrouve à vous aider. La vie est pleine de surprises."

Il se figea. Elle avait reçu l'ordre d'assassiner Yliria ? Akihito, qui pensait commencer à cerner un tant soit peu l'assassin, se retrouva de nouveau au point de départ.

(Bordel de merde.)

"... Pleines de surprises, ça c'est sûr. Et la tuer maintenant n'arrangerait pas vraiment nos affaires."

- Cette guerre n'a pas connu de vainqueur ou de perdant. Je n'ai aucun grief contre vous et Tal'Raban n'est pas mon Seigneur. Je ne suis pas tenue de lui obéir. Je te le dis, j'aspire à une vie plus sereine."

Pouvait-il lui faire confiance ? Pouvait-on vraiment donner du crédit à une femme qui avait été assassin, espionne, pour qui mentir était une seconde nature ? Akihito se retourna vers l'assassin. Sa voix douce et sa main calmement posée sur son épaule aurait tendance à le convaincre. Et quelque part, il voulait la croire.

"C'est la chose la plus rassurante que vous ayez dit, Silmeria. Et c'est tout ce que je vous souhaite."

Parce qu'il craignait trop de l'avoir contre lui. Aussi décida-t-il d'être aussi honnête qu'elle prétendait l'être, tandis qu'elle baissait les yeux. Comme las.

"Quand la foudre tombe, elle projete une ombre. Avec mes lames, j'ai purgé tous les obstacles pour progresser. Et pourtant... Quelque chose a été perdu avec chaque pas en avant. J'ai même peur d'avoir perdu Hrist. Elle est tout ce qu'il me reste. J'essaie de duper cette... fragilité avec mes petits airs enfantin. Elle me disait un jour ' Il ne faut jamais arrêter de chercher, ne serait-ce que pour un bref éclair de lumière. S'il n'y a rien d'autre, nous avons toujours notre lien. ' mais jusqu'à maintenant... elle rêve en silence. La foudre et l'ombre, tu crois que nous étions voués à se rencontrer ? "

Akihito resta un moment silencieux, essayant de chercher ses mots. Et prier pour que l'obscurité cachait un tant soit peu son embarras.

(Elle m'inspire pas trop confiance. Elle a l'air sympa, mais retorse.)

(Ouais, mais si personne va vers elle, y a peu de chance qu'elle veuille le faire.)

Finalement, après une courte argumentation avec Amy, Akihito ouvrit la bouche.

"Si elle est tout ce qu'il vous reste, elle reviendra : c'est votre "jumelle" après tout. Maintenant que plus rien ne vous raccroche à votre passé, c'est le moment de prendre un nouveau départ. Alors oui, vos actes vont vous poursuivre et vous coller à la peau longtemps et ça va pas être facile. La foudre projette une ombre, mais elle éclaire aussi un bref moment notre monde. Malgré votre réputation, j'ai... il va hésiter un instant avant de poursuivre, J'ai envie de vous faire confiance. Je prétend pas être un guide providentiel mais si vous êtes sincère avec moi et que je peux vous aider, je ferai de mon mieux pour éclairer votre chemin un tant soit peu."

Il se montrait sincère, tout en émettant ses réserves. Il ne pouvait pas se montrer crédule, mais il voulait avoir foi en elle. Alors il lui laissait une chance de devenir quelqu'un à qui il pourrait confier ses arrières. Et pour ça, il lui montrait qu'il était prêt à la soutenir.
Dans un long soupir, Silmeria acquiesça, disant qu'il avait peut être raison, et que sa "jumelle" reviendrait plus tard.

" Tu sais... merci. Je veillerai sur toi si besoin. L'obscurité grandit et je ne vois pas Aigre-gor allumer de torche. J'ai une bonne vision dans le noir, s'il le faut, je te guiderai.

- Je vous en prie. Pour m'éclairer, à part ça, il sortit un fragment de San-Dyvina qui éclaira faiblement autour de lui, j'ai pas de torche. Donc si vous pouvez être mes yeux dans le pire des cas...

- Avec plaisir. Si j'ai besoin d'envoyer mon ombre espionner les alentours, pourrais-je compter sur ta surveillance ? Je serai inconsciente à ce moment. Même si avec notre Lysandre volant, ça ne sera peut-être pas nécessaire."

La Silmeria mélancolique avait fait place à la Silmeria plus stratégique et sérieuse. (Ca va être dur de se faire à ces changements de tempérament.) regretta-t-il avant de cogner légèrement du poing son bouclier, en arborant un léger sourire.

"Ça paraît pas avec mon double hostile de ce matin -désolé, d'ailleurs- mais c'est mon rôle de protéger. Vous pouvez partir sans problème.

- Tu sais, après avoir relevé Simaya, j'ai pensé à t' inoculer un poison pour te drainer ta magie. J'ai pensé sur le moment que sans ton fluide pour l'alimenter, ton double disparaîtrait. Ça aurait fonctionné tu crois ?"

... Et il repassait face à la Silmeria à l'innocente cruauté. Et il n'arrivait pas à savoir si elle le narguait, ou si elle était simplement franche tout en exposant une potentielle option face à des mages hostiles. Akihito préféra jouer la prudence.

"Une délicate intention, mais je pense pas que ça ferait quoi que ce soit. Si c'est du Brise-Magie dont vous parlez, c'est un poison qui draine les fluides élémentaires, pas notre capacité à faire de la magie. Ici, on fait appel à... Mmh, l'énergie magique qui est tout autour de nous. Vous pourriez même en faire vous aussi, techniquement."

Mimant une incantation, Silmeria avoua son incompréhension totale de la magie, tout en glissant au passage qu'elle considérait le Brise-Magie comme une option tactique. Peut-être avait-il été trop prudent, cette fois ci.

"Comment expliquer ça ? murmura le mage avant de reprendre d'une voix plus forte, plus professorale : Xël ne m'a rien appris. Pour un mage comme moi c'est plus facile parce que je l'utilise depuis longtemps. Mais ici, la magie est réellement tout autour de nous. Et nous qui venons de Yuimen, nous pouvons l'appeler à nous. Parce qu'on n'est pas né avec des limitations ? Bref, ce n'est pas important. La magie c'est très personnel alors il se peut que ma façon de la voir vous parle moins que celle de Xël ou d'Yliria. Mais pour faire simple... Imaginez que la magie est présente dans l'air. Vous l'inspirez, vous la recrachez, mais rien ne se passe : parce que vous ne l'utilisez pas. Mais une fois à l'intérieur de votre corps, vous pouvez la plier à votre volonté. Créer des clones de moi, c'est pas quelque chose dont je suis capable sur Yuimen. Je peux manifester des armes avec mes fluides, mais guère plus. Pour le manifester, j'ai simplement pris ce sort avec lequel je suis familier, auquel j'ai "combiné" d'autres choses qui me sont familières : mon marteau, mon corps et ma magie de foudre. Et comme je ne me suis pas fixé de limite sur la quantité de magie environnante que j'utilisais... ça a dérapé."

il brandit trois doigts en l'air et les baissa à chaque énumération.

"Ça peut donc faire trois étapes :
Premièrement, imaginer ce qu'on va faire la magie. C'est votre imagination la seule limite, mais ça me paraît plus prudent de se limiter pour le moment à ce que vous maîtrisez: votre connaissance de la magie d'obscurité, votre corps, et cetera.
Deuxièmement, jaugez votre puissance : la magie est instable pour nous, alors des fois que ça rate ou que ça marche trop bien comme avec Mathis... il faut être prudent.
Troisième et dernière étape, laisser la magie "entrer en soi". On peut y faire appel sans, mais une image parlante est plus pratique. Vous avez imaginé et dosé votre sort, il ne reste plus qu'à laisser la magie lui donner vie."


(T'es sûr que c'était une bonne idée de lui apprendre la magie ?)

(Honnêtement, je suis pas sûr. Mais quitte à choisir, je préfère avoir une Silmeria qui sait utiliser sa magie plutôt qu'une Assassin qui peut tous nous faire exploser sans le vouloir.)

Toute intriguée que semblait l'assassin par la magie, elle eut la sagesse presque surprenante de reporter ses essais de non initiée à plus tard.

"Vu le situation, c'est mieux d'attendre un peu oui. Et peut être pas dans Esseroth même, histoire de pas avoir de dommages collatéraux.

- Hey ! On pourrait même envisager un duel amical ?! Enfin... je veux dire... peut-être avec Xël avec toi. Je ne pense pas qu'il refuse un petit entraînement amical.

- Euh... Pourquoi pas ? Mais Xël n'a rien d'un guerrier adepte du combat au corps à corps et sans sa magie utilisable dans un combat amical...

- Ou alors ce jeune homme à la moustache. Pour arborer ainsi les armes de mon ancien Maître, il doit bien savoir se débrouiller au corps à corps... "

La perspective d'un duel amical était plus qu'attirante. Ainsi, l'enchanteur pourrait jauger la dangerosité de l'assassin. Peut être faisait-elle de même ? Si c'était le cas, alors c'était de bonne guerre. Ignorant si la cible de son ire et de son ton soudain plus froid était Mathis ou Jorus, Akihito changea une nouvelle fois de sujet.

"N'oubliez pas que c'est un match amical, Silmeria. Et puis... On a d'autres chat à fouetter pour le moment parce que je commence a y voir de moins en moins. Ma magie pourrait normalement créer de la lumière pour qu'on y voit un peu mieux mais je préfère éviter de l'utiliser, même pour quelque chose d'aussi simple. Alors je compte sur vous pour être mes yeux.

- Avoir de la lumière nous exposerait. Il n'y a pas de village, pas de tour de guet, pas d'avant poste... on est bien loin de Yuimen..

- C'est vrai, mais on est peu nombreux à pouvoir voir dans le noir et si on se fait attaquer... bref.

- Et bien si on se fait attaquer, ceux qui voient dans l'obscurité seront très utiles... d'où l'intérêt de rester avec moi Akichou."

Il ne restait plus qu'à faire attention à ce qui les entourait. L'obscurité devenait vraiment dense alors que la nuit tombait et même avec Silmeria qui selon ses dires voyaient bien dans le noir, il n'était pas vraiment enchanté à l'idée de compte sur elle pour le défendre. Mathis proposait de camper ici ou de suivre quelqu'un qui avait une bonne vue de nuit, qui mènerait une file de Pachylaires se tenant par la queue. Lui n'était pas très partant, mais dans le doute... Se tournant dans la direction connue du Pachylaire d'Yliria, il l'interpella.

"Yliria ! Si tu vois un truc hostile nous tomber dessus dans le noir, je compte sur toi pour nous donner un peu de visibilité !"

Cette option recouverte, il attendit patiemment la décision d'Egregor. Lui voudrait sans doute poursuivre à marche forcée. Akihito pouvait l'encaisser, mais il se demandait si c'était prudent.
Modifié en dernier par Akihito le jeu. 1 déc. 2022 17:34, modifié 4 fois.

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Jorus Kayne
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Re: Esseroth

Message par Jorus Kayne » jeu. 13 oct. 2022 21:40

Esseroth I.

Esseroth II


Tandis que le groupe s’installe sur les montures, c’est Egregor qui s’en vient à moi et me tend une main déterminée, m’invitant à monter à ses côtés. De ce que j’ai pu voir du bonhomme, mieux vaut accepter rapidement l’invitation. Je lui présente une main toute aussi ferme en retour, montant derrière-lui. Nous quittons ainsi la cité d’Esseroth, ainsi que l’oudio, qui aura préféré rester pour s’équiper. J’ignore s’il existe quelque chose pour armer ou protéger un arbre et je doute encore plus que cela existe en ces lieux. Qu’importe, s’il juge devoir rester ici, c’est son souhait. Pour ma part, je suis presque rassuré de voir Xël s’éloigner de Simaya.

Il ne faudra pas plus d’une dizaine de minutes pour atteindre les fameuses collines. Le climat de la région est particulièrement appréciable et me laisse un goût de nostalgie dans les narines. La chaleur de la région, associée à l’humidité ambiante, ont des senteurs similaires au nord de mon Imiftil, en moins sec cela dit. Je me demande d’ailleurs comment se passe les choses pour Cadmis. Je me laisse guidé par les envoûtantes collines verdoyantes avec de l’herbe bien verte et grasse, un plaisir pour les bêtes certainement. De nombreux arbres sont présents et la seule vue des oliviers et des pins, me donne l’impression d’être près d’eux, sentant les doux effluves de ces arbres.

Observant le chemin que nous allons prendre, je remarque de nombreux problèmes sur la route : des éperons rocheux, des blocs de pierres précieuses, parfois vertes, parfois bleues. Un chemin particulièrement ardu pour un cheval, et qui n’est qu’une simple formalité pour nos montures. Je suis malmené sur ma selle, heureusement le confort de celle-ci me permet moins de ressentir le contrecoup.

Plus surprenant que le paysage de gemmes, la faune locale attire tout autant ma curiosité. Des espèces de cerf à la crinière vive et des cornes qui me font penser aux Urükuë du Naora. Une créature qui aurait fait saliver d’envie la jeune Yürlüngür. Un étrange quadrupède au corps de saurien, une toison dorsale de lion et une tête d’un vieil ermite avec des tentacules en guise de bas de visage. Avec ses longues défenses et appendices aux multiples directions, une autre créature se démarque et me paraît assez proche du Rhox des forêts tropicales et plaines de chez moi. Et puis dans la famille des créatures loufoques, je demande le nez-ailé. Du moins c’est le nom que j’aurais donné à cet animal doté de petites ailes, plus proche du nez sur lequel aurait poussé un corps, que d’un corps doté d’un gros nez. De temps à autre, Lysandre dans sa forme ailée, nous offre le plaisir de voler dans une forme d’oiseau bleu, d’une beauté renversante.

J’admire le spectacle qui s’offre à moi dans le calme le plus respectueux, avant de profiter de cet instant pour parler avec mon cavalier, curieux de ses pouvoirs qui me paraissent d’une efficacité redoutable.

"Sir Egregor, pardon de vous demander cela mais, votre magie paraît vous rendre…presque invincible non ? Je veux dire, vous ne risquez pas de périr à cause d’une perte majeure de sang. Est-ce que je me trompe ?"

Pas de sir pour lui, seul Egregor suffira. Sa magie lui permet des capacités variées, comme celle de se soigner. Pourtant, cela ne le rend en aucune manière invincible. Nul ne l’est. Pas lui, ni moi et encore moins celui derrière tout cela.

"Oui, j’ai eu maintes occasions de voir qu’il y a toujours quelqu’un pour surpasser l’autre. Je ne pensais pas lutter contre Oaxaca et pourtant, avec l’aide précieuse de Simaya, nous sommes parvenus à la défaire. Cette femme est tout bonnement incroyable et je suis fier d’avoir œuvré à son sauvetage lors de l’attaque du Titan. Cependant…" J’ai un brin d’hésitation dans la voix. "…qu’entendez-vous par « celui qui est la cause de tout ça. » ?"

Il précise que Simaya est précise et qu’elle représente une véritable fierté pour Esseroth. Quant à celui qui est la cause, le mage de sang fait référence à celui qui a tué le Titan de la magie. La masse sombre issue de la vision de Xël. C’est avec détermination qu’il clame que peu importe son identité, nous le vaincrons.

"Les Titans ! Que sait-on d’eux ? Je veux dire, ils dormaient profondément et ont été tirés de leur torpeur, mais Aliaénon n’était-il pas mieux sans leurs présences ou la menace qu’ils exercent ? Ce que je veux dire c’est que…" Je cherche quelques instants mes mots avant de reprendre "…à titre personnel, je ne sais rien d’eux et si ce n’était la terrible attaque de la Tour d’Or, je n’aurais en aucune manière été blessé en étant traité de béjaune. Quel est votre avis à ce sujet : la mort des Titans est-il un mal pour Aliaénon ou un bienfait ?"

Il répond qu’il aurait mieux valu qu’ils restent endormis et qu’ils l’ont été par la faute de Vallel, traître à Esseroth et à Aliaénon. Désormais, il fait faire avec leur présence, une force incommensurable et ne pas compter dessus serait une erreur. Il grogne avant de poursuivre qu’il n’est pas pour leur sauvetage, mais si celui qui les élimine absorbes bel et bien leurs pouvoirs, il faut les protéger, ou les détruire avant la purge.

"Je comprends. Ils sont déjà une source de pouvoir terrifiante et l’accumulation en un seul être pourrait être préjudiciable. Quand bien même celui, celle, ou ceux qui sont derrière cela ont de bonnes intentions, c’est l’usage de tant de pouvoirs que je crains. Nous sommes tous les gentils de notre propre histoire !" Je m’arrête un instant avant de reprendre. "Comment en êtes-vous arrivé à maîtriser une telle magie ? Votre première démonstration a été de générer des armes de guerriers et vous avez le caractère d’un soldat. Comment êtes-vous devenu un mage de sang ?"

Même de dos, je sens qu’il serre la mâchoire, me demandant si je crois vraiment que le responsable agis avec de bonnes intentions. Pour lui, il ne peut être qu’un ennemi s’il met Essroth en danger. A l’évocation de sujet plus personnel, il se calme et répond que chaque Errerothéen découvre ses pouvoirs à la fin de l’enfance, qu’il s’agisse de sa puissance ou sa diversité. Pour certains, cela n’est dû qu’au hasard et pour d’autres, c’est le destin qui en est responsable. Avant que Vallel ne lance son assaut, il n’avait jamais eu à prendre les armes. S’il n’a jamais eu la fibre guerrière, c’est sur le tas qu’il a appris à se battre, motivé par la protection des siens et de sa cité.

"De bonnes intentions ? J’en doute fort, mais l’incertitude reste présente. Je ne puis qu’appuyer vos propos. Si effectivement cet être a provoqué d’une manière ou d’une autre la menace qui se dirige sur Esseroth, alors je serais à vos côtés si je dois risquer ma vie. Nul ne pourra dire que Jorus n’est qu’un capon, quand bien même l’ennemi a la force de terrasser un Titan !" Puis je reprends la suite concernant les premières armes contre Vallel et les pouvoirs individuels des Esserothéens. "Nul ne devrait avoir à connaître l’atrocité de la guerre." Je secoue la tête en chassant de mauvais souvenirs. "Ainsi les Esserothéens possèdent de tels pouvoirs ? Lysandre paraît assez intimidé par votre présence et minimise ses propres capacités. Pourtant, lorsque je le vois, je ne peux m’empêcher de penser qu’il a là un don merveilleux !" Je m’arrête pour le contempler volant dans le ciel. "A ce sujet, quels sont les pouvoirs uniques de Kaar et de heu…votre charmante amie…Eaeria ? A moins que cela ne soit à son détenteur de se garder le droit de révéler ou non cette information ? Cela reste après tout, une partie unique de chaque Esserothéen. D’ailleurs, ce pouvoir est-il limité au sein d’Esseroth ou sur tout Aliaénon ?"

Egregor voit en la capacité de Lysandre, un pouvoir plus qu’utile. Pourtant, si le pouvoir s’éveil chez les êtres, il ne fait pas naître la confiance qui manque cruellement à l’homme-oiseau. Il voit en chaque esserothéen un frère et une sœur et espère que l’intimidation que j’ai perçue, n’est qu’une mauvaise interprétation de ma part. Il prend ensuite le temps de la réflexion avant de finalement me confirmer qu’il appartient à chacun de dévoiler ou non ses capacités. La confiance étant ce qui me permettra de le savoir. Puis ce qu’il me révèle par la suite m’inquiète, car c’est en vivant plusieurs années à Esseroth que les pouvoirs se développent. Comme les orcs qui viennent de Yuimen et possèdent eux aussi ce don magique.

C'est choqué que je réponds "Que diantre ! Vous me la baillez belle n’est-ce pas ? Que les orcs soient natifs de Yuimen est une chose, mais…qu’ils développent une capacité similaire à la vôtre c’est…c’est…Depuis combien de temps sont-ils présents ? Une telle chose risque-t-elle de nous arriver ?"

Il précise qu’il s’agit-là des déserteurs de l’armée de Vallel qui ont trouvé refuge à Esseroth il y a plus de quinze ans. Les prémices de cet accueil ont été compliquées. L’attitude brutale et clanique a provoqué de nombreux châtiments, mais l’intégration a été mené à son terme pour ceux qui sont restés, allant jusqu’à obtenir eux aussi ce don. Puis il reprend en confirmant que nous aussi pouvons développer cette capacité si nous restons une bonne dizaine d’année. Même s’il paraît peu convaincu, par ses propres propos, la notion de temps l’occulte complètement.

"Dix ans ? Voilà qui me rassure ! Les pouvoirs d’Yliria sont déjà terribles sur Yuimen, alors s’il fallait ajouter une capacité particulière en plus d’une magie aussi ingérable que ce dont on a pu voir, j’aurais craint le pire ! Et ça, sans compter les autres !" Je m’arrête là, contemplant la vue qui s’offre à moi. "En tout cas, cette région est sublime. Une fois que la menace sera écartée, j’espère bien arpenter un peu votre monde !"

Je ne sais pas si ma satisfaction l’étonne, l’agace ou le laisse dans l’incompréhension, car il ajoute que même si ce don ne convient pas toujours à son détenteur, il reste une bénédiction. Ce à quoi il ajoute que nous bénéficion déjà d’un tel pouvoir, grâce à la capacité unique de Xël. Il porte autant en lui le pouvoir, que l’âme du précédent maître des portails Finarfin, émissaire d’Esseroth. Human l’air, il déclare qu’Esseroth et ses alentours sont un écrin de velours pour la cité parfaite. Jamais il ne permettra que tout cela soit menacé, qu’importe ce qui lui en coûte.

"Xël ? J’ignorais qu’il avait bénéficié de ses pouvoirs ici ! Finarfin vous dites ? Je crois me souvenir qu’il avait mentionné ce nom avec un profond chagrin. Il devait être exceptionnel pour l’avoir tant marqué !" Puis je me laisse entraîner à mon tour à humer l’air ambiant, me rappelant mon Imiftil. "Lorsque la menace sera calmée, j’espère que vous me ferez découvrir votre contrée, je sens un brin de nostalgie dans l'air ! Cela me fait penser, avant la venue de Vallel, que faisiez-vous avant d’être le terrible mage de sang ?"

Egregor réthoque qu’il n’est terrible que par nécéssité. Avant la guerre, ses pouvoirs servaient à éviter les morts en soignant autant ses paires que les animaux. La guerre a fait naître en lui une colère qui l’habite et fait décupler ses pouvoirs. Une colère dont il ne peut s’en défaire, le rongeant de l’intérieur et pousse son devoir de protéger Esseroth vers davantage de violence. Même de là où je suis, je sens cette colère l’accabler, serrant les rênes du Pachylaire. Puis il s’apaise en évoquant Finarfin, clamant qu’il était un être exceptionnel. Simaya l’a toujours aimé comme un frère et bien que de nature discrète, il était le lien entre elle, lui et Arthès. Un lien qui a commencé à se déliter à partir de sa mort. Simaya s’est éloignée et Arthès s’est montré trop ouvert aux intrusions d’étrangers non désirés à Esseroth. Il fait référence aux chevaliers Sans-bannière et clame qu’il est le seul à être resté vraiment fort dans les idéaux des Esserothéen, défendant son histoire et son identité.

"J’espère que vous parviendrez à tarir cette colère qui vous ronge, Egregor. Quand bien même elle vous permet d’être un pilier de la protection d’Esseroth, je doute que votre ami ait voulu que vous vous laissiez consumer par elle." Je m’arrête un instant avant de reprendre, après avoir vu la monture sur laquelle se trouvent Ylira et Kaar. "Vous parlez des étrangers comme si vous vouliez qu’Esseroth se ferme au monde. Pourtant, votre cité semble très bien se porter, et ce, malgré leurs présences. Votre camarade Kaar semble en être la preuve non ?"

Contrairement à ce que j’ai cru comprendre, Esseroth accueil à bras ouverts ceux qui veulent y résider. Ce qui n’est pas le cas des étrangers qui comptent y établir leurs propres lois. Les essérothéens ont des valeurs et celles-ci doivent être respectées. Et concernant la colère d’Egregor, il prétend qu’elle l’habite sans le consumer, puisant en elle pour tirer toute sa force. Du moins, c’est ce qu’il prétend.

Malgré cette ouverture d’esprit, je note tout de même une opposition aux fameux chevaliers.

"Qu'avez-vous contre les chevaliers Sans-bannière ? La seule chose que je sais d'eux est qu'ils méprisent le Sans-Visage et qu'ils suivent une sorte de code dont seul Naral Shaam semble le comprendre."

Toujours dans son dos, je ne vois pas son visage, incapable de discerner l’émotion qui l’habite. Pourtant, le son de sa voix est particulièrement virulent lorsqu’il me donne son opinion. Il explique que les chevaliers se croyaient tout permis pour atteindre leurs objectifs. Ils ont pénétré la ville, les maisons, violenter les esserothéens pour les faire parler. Lui-même se moque du Sans-Visage et n’est ni pour ni contre cette entité qui est extérieure à la cité. Les chevaliers, eux, ont été bien trop loin cependant.

L’énonciation de tels actes provoque autant la surprise que l’effroi en moi. Je suis particulièrement choqué de l’apprendre, surtout lorsque je me souviens que l’importance de Naral était principalement due à sa compréhension de leur code.

"Pardon ? Mais comment une telle chose a pu avoir lieu ? Il y a dû y avoir des oppositions plus ou moins virulentes non ?"

Comme on peut se l’imaginer, les chevaliers Sans-bannière étaient armés et Esseroth est de nature pacifique Egregor avoue sans crainte en avoir tués, mais il a été empêché par Arthès, qu préférait les laisser faire, le temps que cela se passe. Une opposition qu lui a valu la perte de l’amitié entre eux et Egregor affirme qu’il n’a pas défendu les siens par lâcheté.

"Je ne connais pas Arthès, mais je doute que son acte ait été dicté par la lâcheté. C’est le genre de chose qui pèse lourd sur la conscience. Néanmoins, je comprends votre point de vue."

A cela, Egregor souffle de mécontentement.

"Hmf. Croyez ce que vous voulez. Moi je sais."

Une réplique, qui en plus d’être ferme, me laisse un froid glacial et me pousse à ne pas aller plus loin. Il n’est pas homme à se laisser convaincre par les mots. Je garde le sentiment qu’Egregor est quelqu’un de particulièrement dévoué à la protection des siens. Un peu trop à mon goût. Un être qui possède une rage qui, contrairement à ce qu’il affirme, le consume de l’intérieur. Si je veux voir autre chose que de la rage dans ses yeux, et si j’en ai le temps, je tâcherais de ressouder ce lien d’amitié qui unissait les trois représentant d’Esseroth.

Le voyage continue ainsi jusqu’ à une courte pause. J’en profite pour me dégourdir les jambes, lorsque l’autre blondinet là…

(Le beau Mathis !)


…oui donc machin, vient me retrouver avec son pachy et me propose de changer de monture, souhaitant profiter du reste du trajet pour discuter avec lui. Je ne suis pas contre l’idée. D’une part, la dernière réponse m’a jeté un froid, mais surtout, je suis enthousiaste à l’idée de chevaucher une telle créature. J’accepte l’idée et jette un regard incrédule en voyant qu’il laisse sur la selle son chat.

(Qu’il emporte cette bête depuis le début c’est son problème, mais il va tout de même pas me demander de m’en occuper hein ? C’est que j’avais pas dans l’idée d’une balade pépère, à devoir surveiller sa boule de poils !)

Fort heureusement pour moi, son chat semble comprendre ce qui se passe et saute sur l’épaule de son maître, amis ou serviteurs, avant que cela ne soit plus possible.

"Bon, avant de reprendre la route, il serait bon d’avoir un ou deux conseils utiles." Fais-je à moi-même.

Je me déplace donc avec la monture, que je dirige en tenant les rênes, jusqu’à Kaar.

"Puis-je vous demander quelque chose ? Mathis m’a proposé de changer de monture en prenant la sienne. Je suis assez enthousiaste à l’idée de chevaucher une telle créature, mais j’aurais voulu des conseils avisés pour ma première fois avec les rênes !"

Il me répond que ces créatures sont dociles et que je n’ai pas à m’inquiéter. Une talonnade sur le flanc pour avancer, rênes à droite et à gauche pour tourner et il suffit de tirer légèrement pour l’arrêt.

(En soi, je ne pars pas dans l’inconnu complet et il n’y a rien que je n’ai pas vu dans le dos d’Egregor. Parfait, parfait !)

"Rien de différent d’un cheval donc. Merci !"

Il me fait un signe de tête et me laisse m’éloigner. Je lui retourne son geste amical et je retiens de sourire jusqu’aux oreilles, que lorsqu’il n’est plus en mesure de voir mon visage particulièrement enthousiaste. Lorsqu’enfin est venu le temps de reprendre la route, je m’approche de la tête de la bête pour la regarder dans le vert des yeux.

"On va reprendre la route. J’espère que tu vas me montrer de quoi tu es capable !"

Je n’ai hélas pas de réponse à cela, mais j’ai hâte de voir ce que cette créature à vraimet dans le ventre. Je prends ma place dans le convoi et dirige plus ou moins ma monture, histoire que je me familiarise avec ses réactions. Plus vifs qu’un cheval, il me faut un peu de temps pour m’adapter à la force nécessaire pour tourner précisément. De même, je suis désormais seul et je n’ai plus la possibilité de me fier à Egregor pour savoir comment me tenir. Je suis néanmoins assez à l’aise avec son style plus bondissant qu’un équidé. Une fois que je me sens à l’aise, je me penche en avant et lui parle. Le déclin du jour commence grandement à se faire ressentir et si je veux en profiter, c’est le moment ou jamais.

"Maintenant, montre-moi ce que tu sais faire !" Dis-je en laissant du mou aux rênes, afin de non seulement me tenir à la selle, mais aussi de lui laisser le champ libre à ses déplacements.

Puis je multiplie les petites talonnades pour l‘inciter à aller plus vite. Ma monture comprend mon intention et accélère la cadence. Tirant légèrement sur les rênes, je l’oriente vers des chemins plus cahoteux, bondissant bien plus haut qu’un cheval sur des buttes ou rochers. La sensation de filer à travers le paysage, sautant par-dessus les obstacles d’un point à un autre est grisante et le pachylaire ne semble pas affecté par l’obscurité qui s’accroît. Je savoure ce moment, gratifiant le pachylaire et ceux sont qui près de moi de "Yaha !" et de "Youhou !" D’elle-même, elle ne s’éloigne jamais trop des autres destriers, ce qui m’évite à savoir garder un œil sur l’ensemble dans la crainte de me perdre. Du moins jusqu’à ce qu’un grondement se fasse ressentir. Une résonnance de dingue qui se réverbère sur les collines qui nous entourent.

Une explosion sonore m’atteint, alors que je suis un peu loin du groupe. C’est presque une chance que je me sois laissé emporter par l’envie de tester les capacités de ma monture, car mon premier réflexe est de m’arrêter, non de fixer du regard la puissante source lumineuse qui jaillit, manquant ainsi de me rendre aveugle pour un moment. Une fois la source lumineuse tarie, je dirige ma monture sur une colline pour voir ce qui a pu se passer. J’entends Egregor hurler sa colère, avant de le voir lui, et le blondinet, se diriger vers Akihito et l’hinïonne. Curieux de l’origine de cette explosion et inquiet de leur état, je m’y rends à mon tour.

Observant l’homme à la tignasse blonde récupérer des cristaux au sol, je demande ce qui a bien pu causer une telle chose. Akihito répond tout simplement qu'il a testé ce qui se produisait lorsqu’un fluide était libéré sur Aliaénon.

"Va falloir être prudent, mais ça peut servir." Précise-t-il.

Un moment de silence m’atteint. Pendant de brèves secondes, mon esprit s’arrête de penser, incapable de comprendre comment une idée aussi saugrenue que sotte avait bien pu jaillir dans l’esprit de l’ynorien. Après avoir prévenu des dangers de l’utilisation de la magie, de s’être rendu compte des risques qu’un échec pouvait engendrer, je pensais que cela aurait au moins servi de leçon, faisant naître le germe de prudence dans l’esprit de mes camarades.

Ben non !

Je préfère ne rien dire, puisque cela ne sert visiblement à rien. Je reprends ma route, laissant ma monture rester avec les siens en un groupe plus serré. Le soir vient et avec lui, une obscurité particulièrement handicapante pour ceux qui ne sont pas dotés de deux paires d’yeux verts, brillants dans le noir. Pour le reste, il nous faut trouver une solution pour y voir plus claire.

(Tu oublies Yli !)

(Ha c’est vrai, elle nous avait guidés dans l’obscurité des ruines de Nayssan !)

Voyant que l’obscurité devient particulièrement problématique et qu’Egregor ne compte pas s’arrêter, mieux vaut s’équiper comme il faut, quitte à devoir s’arrêter en chemin. J’arrête ma monture pour fouiller dans mon sac. C’est presque à tâtons que je trouve de quoi faire du feu. Il faut juste espérer que je ne brûle pas par mégarde mon pachylaire. C’est un coup à perdre l’équilibre et rattraper les autres, la tête en bas, en étant tenu uniquement par un seul étrier.

Sur ma monture, je m'acharne à faire de la lumière

"A mon tour de faire de la magie ! Bibidi, bobidi…bobidi…bobiiidiii…" finalement les étincelles se font et la torche prend enfin feu. "…bou ! Haha ! Et moi, je risque pas de provoquer un incendie avec ma terrible magie !"

(Tu sais que tu es seul quand même et que personne ne t’entend ?)

(Tu as raison, pressons le pas.)

(Attends ! Sors voir ta seconde torche, soit il n’y a que toi qui ne voit pas dans le noir, soit personne n’a de torche ou de quoi les allumer.)

(Et comme il faudrait être inconscient pour ne pas avoir de torche, à tous les coups je sois le seul à ne pas voir dans l’obscurité !)

Je fourre rapidement mes affaires, gardant tout de même une torche que je coince sous ma jambe. Je garde la torche allumée dans ma main droite et les rênes dans l’autre. D’un bon coup de pieds, je pousse ma monture à vive allure pour rattraper mon retard. Notre situation ne nous est pas favorable, l’ardeur d’Egregor risque de nous faire défaut. C’est donc pour l’atteindre que je porte ma monture à son niveau.

(Et vers le beau Mathis !)

(Ca commence à bien faire !)

"Egregor, je sais que vous désirez protéger à n’importe quel prix Esseroth, mais nous ne pouvons continuer ainsi dans l’obscurité. Je ne sais pas pour vous, mais il fait noir comme dans le cul d’un shaakt et je n’y vois rien sans torche. Nous risquons de devoir nous arrêter pour la nuit, à moins d’avoir une idée brillante qui serait, pour le coup, particulièrement appréciable dans cette pénombre !"

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Yliria
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Re: Esseroth

Message par Yliria » ven. 14 oct. 2022 01:37

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Une fois tout le monde installé, le groupe se dirigea vers les portes en bon ordre. Seul l’Oudio, nommé Dracaena, resta derrière, escorté par Earia. J’aurais préféré qu’il nous accompagne, ne serait-ce que pour ne pas déjà séparer notre groupe, mais il était trop tard et nous quittâmes la ville, les pachylaires prenant bien vite une vitesse qui allait sans doute permettre d’arriver en un temps relativement court à l’endroit où les choses se gâtaient. Je soupirai avant de tente de relaxer mon corps encore tendu par ce qu’il s’était passé à notre arrivée. Je m’étirai, faisant doucement craquer mes épaules et mon cou en soupirant. La tension n’allait pas diminuer comme ça. Je le savais, mais un peu plus d’aisance aurait été apprécié. Je n’avais pas envie de donner raison à Akihito.

J’observai rapidement le paysage et sentis sans mal que le climat n’allait guère me changer de ce que je connaissais. Le soleil était haut dans le ciel, ayant à peine dépassé son zénith et je décidai d’user de ses effets. Cela m’avait été bien utile à Oranan, je voulais être sûre que cela fonctionnerait ici aussi. Je retirai promptement mes pieds des étriers et me retournai, collant mon dos contre celui de Kaar en lui indiquant que je prenais un peu de repos, lui demandant s’il pouvait m’éviter de chuter si jamais le terrain devenait encore plus accidenté. Je l’entendis m’assurer qu’il s’en occupait et, une fois les pieds à nouveau dans les étriers, je fermai les yeux et inspirai lentement, laissant les rayons du soleil caresser mon visage. Un sentiment de plénitude finit par progressivement m’envahir et je me laissai aller, bercé par le bruissement du vent et sentant la fatigue et la tension s’écouler de mon corps pour ne devenir qu’une mauvaise sensation disparaissant bientôt au profit d’un calme appréciable.

Je sortis de ma méditation, clignant des yeux avant de m’étirer. Passer une heure immobile à l'envers et en équilibre sur un animal en pleine course n’était visiblement pas très bon pour les muscles. Le paysage avait drastiquement changé et ressemblait à ceux que Yuimen pouvaient offrir, les blocs de pierres précieuses en plus. Le terrain était quelque peu chaotique, mais rien d’insurmontable pour les pachylaires. Ils étaient vraiment faits pour ce genre de terrain. Je me tournai sur la selle lorsque le terrain cessa de nous faire cahoter pendant quelques secondes. Je tapotai l’épaule de Kaar pour attirer son attention et l’informer que j’étais sorti de mon repos. Je me sentais mieux à bien des égards.

- Merci. J’ai manqué quelque chose ?

- Hm ? Non, rien de spécial. On progresse bien. Pas d'anomalie pour le moment.

Je haussai les sourcils en observant le paysage et les quelques animaux qui vivaient là, pas le moins du monde dérangées pour notre course folle au milieu des collines escarpées. Tout ça n’avait plus rien à voir avec Yuimen et c’était un sentiment étrange, de me dire que j’étais dans un autre monde que le mien, où les règles étaient différentes. Et voir des espèces de quadrupèdes tout vert avec des tentacules en guise de bouche ne faisait qu’accentuer le dépaysement. J’en pointai un du doigt, attirant l’attention de kaar.

- Comparé à mon monde d'origine je vois pas mal d'anomalies, mais je vous crois sur parole. C'est commun ce genre de créatures ?

- Les Gronküürs ? Y'en a pas mal dans le coin oui, mais c'est rare d'en croiser deux au même endroit. C'est des animaux solitaires qui vivent très vieux et ne pondent qu'une seule fois tous les dix ans.

J’en observai un près duquel nous passions et il semblait vieux, en effet. On aurait dit un croisement entre un lézard, un ours et un poulpe. Ce monde était décidément bien étrange. Ou peut-être que Yuimen possédait le même genre de créature bizarroïdes et que je n’en avais pas pu en apercevoir jusque-là. J’avais le sentiment que l’habituel monde dans lequel je vivais me manquait déjà. Je jetai un œil à mon compagnon de route. Lui devait vivre ça comme une journée des plus banales.

- Vous semblez vous y connaître. A moins que tout le monde ici connaisse ce genre de choses ?

- Ahah, certains ne quittent jamais la ville. Moi j'aime bien me balader dans les collines et dans la plaine. J'ai toujours été intéressé par ces animaux. Ceux-ci ont un sale caractère, et n'aiment pas qu'on les approche, même s'ils ne sont pas dangereux. Ils préféreront vous tourner le dos et partir dans leur coin que de vous faire face. Enfin ne les cherchez quand même pas trop, c'est pas trop beau à voir : quand ils s'énervent, ils remuent leurs tentacules dans tous les sens et font gicler une sorte de liquide nauséabond qui donne des haut-le-cœur même aux plus résistants. Il n'y en a pas sur Yuimen ?

- Je veillerai à ne pas en énerver un, alors. Et sur Yuimen ? Je n'en sais rien, c'est trop vaste pour que j'en ai fait le tour. On a des hyènes sur deux pattes, des hommes-chevaux, des arbres qui marchent et des scarabées géants, mais pas de ... Gronküürs, de ce que j'en sais.

Je n’avais jamais pris la peine d’y réfléchir, à vrai dire. Il y avait des animaux, certains étaient dangereux, d’autres intelligents, d’autres me filaient la chair de foule. Lui, par contre, semblait réellement passionné par ces créatures. Moi j’en étais encore à me demander dans quoi je m’étais embarquée.

- Pour être honnête, voir ces animaux et toute le reste me perturbe. Ça prouve que je ne suis plus sur mon monde, ça me fait bizarre. Vous n'avez jamais quitté Esseroth ?

- J'aimerais tellement voir Yuimen. Je suis né à Esseroth, mais mes racines sont dans votre monde. Mais je ne voyage pas, non. Les esserothéens ne sont pas de grands voyageurs, de manière générale. La ville pourvoit amplement à tous nos besoins dans tous les domaines, ça serait fou de vouloir la quitter. Surtout quand on entend ce qu'on peut trouver ailleurs...

- Je ne saurais pas vraiment vous encourager. Yuimen peut être magnifique et époustouflante par bien des aspects, mais aussi terriblement dangereuse, violente et injuste. J'ai suffisamment voyagé pour savoir ce qu'il en est. La vie me semble plus simple chez vous. Enfin, en temps normal.

Le voyage commençait déjà à se faire ressentir avec les cabrioles que les pachylaires devaient effectuer pour avancer dans les zones plus escarpées. Je m’étirai un peu, espérant que nous ferions une halte à un moment ou un autre, je commençai à avoir mal aux fesses et aux jambes à force de rester assise sur une monture occupée à nous cahoter.

- Et pour être honnête, je ne m'attendais pas à littéralement nous ruer vers les ennuis, sitôt arrivée. Comment vous êtes-vous retrouvé embarqué là-dedans, d'ailleurs ?

Contrairement à ce que j’avais cru, il était là de son propre chef, pas du tout entraîné par Egregor ou pas un coup de chance, ou de malchance. Il semblait vouloir vivre le frisson de l’aventure.

- L'appel de l'aventure. Je connais. Vous avec un don particulier vous aussi ? Entre Egregor qui manipule le sang et Lysandre qui devient un oiseau, j'ai l'impression que tout le monde sait faire quelque chose qui me semblait impossible en vivant sur Yuimen.

- Oui. Oui, c'est la spécificité d'Esseroth : chacun y obtient un pouvoir différent. Le mien, vous l'aurez sans doute deviné, tourne autour des animaux. Je peux leur parler, les comprendre. Et... leur faire faire ce que je souhaite, même si j'évite au possible cette utilisation

Cela ne me surprit pas vraiment et me fit même sourire. Cela expliquait sans doute la façon dont les animaux se comportaient. Je trouvais ça étrange que tout le monde dans notre petite troupe sache d’instinct diriger des animaux qu’ils n’avaient jamais vu. Je n’allais pas pour autant m’essayer à l’exercice, être passagère me convenait très bien.

- Cela vous va comme un gant. D'où viennent ces dons ? C'est étrange qu'ils ne viennent que d'Esseroth, non ?

- De... De la magie de ce monde. Parait qu'elle est pas mal dense, dans nos régions. Un peu comme dans la Lande Noire. J'sais pas trop pourquoi Esseroth en particulier. Faudrait peut-être demander à un plus ancien.

Je me contentai d’un bruit de gorge incertain. Ce monde était bien trop différent du nôtre et la façon dont la magie fonctionnait m’échappait complètement. Si elle agissait naturellement sur les êtres pour leur donner des pouvoir uniques, pourquoi cela n’arrivait pas ailleurs, mais uniquement à Esseroth ? Si des régions étaient plus denses en magie que d’autres, cela voulait-il dire que nous serions plus ou moins puissant suivant ces régions ? Cela commençait à devenir un sacré casse-tête à mes yeux. J’avais pu constater que la magie agissait un peu comme elle voulait, mais imaginer que les corps des habitants étaient modifiés par cette magie me troublait. Je n’avais nullement envie de subir une nouvelle évolution de ce genre, j’avais suffisamment donné.

(Le processus ne doit pas se faire d’un coup. Et tu n’es pas née ici, ça n’influe peut-être que sur les locaux.)

(Peut-être, mais Xël a dit posséder un pouvoir originaire d’Aliaénon et je n’ai jamais entendu parler d’un quelconque équivalent sur Yuimen.)

(Tu n’as pas non plus entendu parler d’un équivalent à ta magie solaire.)

(Oui, mais elle est originaire des fluides de Yuimen, de ce que j’ai compris. Or, ici il n’y en a pas, donc je ne vois pas comment cela peut m’affecter. Je ne comprends pas comment ça fonctionne.)

(Je suis navrée de ne pas pouvoir t’aider cette fois.)

(Ce n’est rien. Je vais suivre le conseil de Kaar, je demanderais à un ancien.)

Kaar qui caressait avec amour la tête du pachy que nous chevauchions. Je me penchai un peu sur le côté, décelant l’expression euphorique qui marquait ses traits. Une part de moi avait envie de le mettre en garde, mais l’autre voulait simplement profiter du moment. Le temps était magnifique et rien ne semblait vouloir entraver notre avancée. Si le but n’était pas une zone envahit par une quelconque force sombre, ce serait comme une promenade.

- Comment s'appelle-t-il ?

- Il n'a pas de nom. Ils n'en ont pas besoin, comme nous. Ils se reconnaissent entre eux, et je les reconnais aussi. Les pachylaires ont toujours été mes préférés. Ils sont tendres, gentils, d'une reconnaissance sans faille. C'est moi qui les ai menés à Esseroth, et je sais qu'ils ont eu envie d'y rester. De nous aider à parcourir ces collines auxquelles ils sont parfaitement adaptés.

- Ils ne sont pas originaires d'ici ? D'où viennent-ils ?

- Si, si ! Je les ai juste amenés en ville. Ils viennent bien de ces collines. Je vous disais : je n'ai jamais quitté nos terres.

- Oh, je vois. Je n'imaginais pas que des animaux puissent vouloir vivre en ville. Il y a des animaux dangereux dans les environs ?

- Assez peu. Ils ne sortent généralement que de nuit. Surtout sur les côtes et dans le Delta d'Ergaloth, au nord-est d'Esseroth. Dans ces collines, il y a bien des Macraques. Ils vivent en meute et attaquent généralement des cibles isolées. Il y a les Corneraures, mais ils sont relativement rares. Et puis il y a leur maître, "Cornes d'Or". Un animal de légendes. Mais il faudrait vraiment une poisse énorme pour tomber dessus. Ou alors le faire exprès : il est sensible aux bruits puissants, comme ses pairs.

Voilà qui était intéressant… et un peu inquiétant. Nous filions droit vers une zone censée être sombre et nous n’allions pas y arriver avant la tombée de la nuit. Je respectais le choix d’Egregor de ne pas attendre que le danger soit trop proche, mais peut-être aurait-il fallu informer le groupe de ce genre de danger potentiel. Au moins ils étaient rares et je ne pensais pas les autres asses stupides pour se mettre à hurler au beau milieu de la nuit.

- Donc, dès lors qu'on ne fait pas trop de bruit, on ne devrait pas avoir de problèmes. C'est plutôt une bonne nouvelle. Pas d'autres menaces possibles ? Brigands, pilleurs ou éventuels ennemis d'Esseroth ?

- Non, il n'y a guère que des Esserothéens ici, et la plupart ne quitte pas la ville. Nous n'avons aucun ennemi, chacun est bienvenue dans notre cité.

Cela me surprit. Pas le moindre danger ou ennemi ? Quand on savait que quitter la zone d’influence de Tulorim pouvait mener à toutes sortes d’attaques par toutes sortes de créatures, brigands ou mercenaires, l’idée de voyager sans crainte de la moindre attaque en dehors de quelques animaux avait de quoi me laisser perplexe.

- Je commence à comprendre pourquoi vous êtes excité par ce qu'il se passe, il doit rarement y avoir de l'activité inattendue par ici. Pourquoi ne jamais être sorti de la ville si l'idée de voyager vous plaît tant?

- Parce que je suis bien à Esseroth. Et que je trouve mon compte dans ces contrées. Et que l'occasion ne s'est jamais vraiment présentée, je dois bien l'avouer.

Une somme de raisons des plus logiques. Sans doute que si le malheur ne s’était pas abattu sur notre maison serai-je encore là-bas sans la moindre occasion de partir à l’aventure. Sans la moindre envie, non plus. Je haussai un sourcil en entendant sa voix hésitante alors qu’il me demandait si j’acceptai qu’il rejoigne notre groupe. J’ouvris la bouche, mais la refermai, prenant le temps d’y réfléchir sérieusement. Des gens de notre troupe, je ne connaissais réellement qu’Akihito, Jorus et Xël ; Surtout le premier. Les autres étaient de parfaits inconnus, sans compter que Silmeria ne m’inspirait aucune réelle confiance. Et même sans ça, je ne savais rien de Kaar non plus. Il fallait y remédier ;

- Je ne peux pas vous dire oui ou non, je ne suis pas seule décisionnaire dans ce groupe. Vous savez vous battre ? Vous défendre ?

- Oui, madame. J'ai reçu une formation aux armes de mon père. Un orque de votre monde, qui a été accepté à Esseroth après la guerre contre Vallel. Il est directeur des dépôts, maintenant. C'était un grand guerrier.

Je ne retins pas un soupir en l’entendant m’appeler « madame ». Chose que j’avais très vite fait taire à la commanderie. Ce mot ne me plaisait vraiment pas, ça ne faisait que renforcer l’idée que j’avais perdu des dizaines d’années sans rien demander à personne.

- Yliria, pas madame, par pitié... Je n'ai rien contre l'idée que vous nous accompagniez, si vous êtes vraiment conscient des risques. Il vous faudra peut-être montrer ce que vous savez faire. Ne serait-ce que pour mieux vous connaître.

- Mener seul et sans un mot ces pachylaires dans les collines en laissant croire à vos camarades qu'ils les maîtrisent instinctivement, ça vous suffit ?

Cette réponse donnée avec un mélange de fierté et d’espièglerie me tira un sourire. Je le laissai continuer.

- Si l'on croise une de ces créatures que vous semblez craindre, vous verrez. Les risques, j'en suis conscient. C'est pour ça, aussi, que je n'ai jamais pris la tangente tout seul. Parmi des Yuimeniens, en revanche... Vous êtes les héros de ce monde, votre sens de l'aventure est légendaire, ici.

- Vous cachez bien votre jeu. Tant que vous êtes sûr de vous, je n'ai pas le droit de vous en empêcher. Proposez vous et le groupe décidera. Mais ne dites pas ça à haute voix, vous allez gonfler l'égo de certains qui n'ont pas besoin de ça. Je n'ai personnellement pas la prétention d'être un héros. On m'a confié une mission, je viens la remplir.

- Et ça vous honore. Je veux d'abord faire mes preuves auprès de vous lors de cette équipée. Après, je me permettrai de demander. Je ne veux pas être un poids.

- Tant que vous savez vous débrouillez seul et qu'on vous fait confiance, vous ne serez pas un poids. Ce sont les deux seules choses que je demande. Je ne réfléchirai pas à deux fois avant de venir aider ou sauver un camarade et j'attends la même chose, mais, au milieu d'un combat, ce n'est pas aussi simple que dans une cour d'entraînement.

- J'en ai conscience, oui. Vous faites confiance à chacun de vos pairs ? Votre groupe a l'air si... hétéroclite. Et vos paroles parfois teintées de tensions.

La question me tira une grimace. Il y avait des tensions dans tous les groupes, mais certaines étaient plus vives que d’autres et je n’avais pas envie d’expliquer pourquoi cela pouvait être tendu entre Akihito et moi. De mon côté en tout cas, j’avais le sentiment que lui était complètement ignorant de la distance que j’essayais de mettre entre nous. Si je n’avais pas demandé à Kaar, je suis à peu près certaine qu’il aurait demandé à monter avec moi. Je fis de mon mieux pour être aussi exhaustive de possible, mettant mes sentiments de côté en apportant mon avis sur les membres du groupe à mesure que je les désignais.

- Akihito, Xël et Jorus sont plus que dignes de confiance et je mettrais ma vie entre leurs mains sans hésiter, même si je ne suis pas d'accord avec ce qu'ils font ou disent. Mathis... je ne le connais pas vraiment, mais Xël semble lui faire confiance, c'est un point non négligeable. Quant à Silmeria... j'attends de voir, mais rien de ce qu'elle a dit ou fait ne va en sa faveur pour le moment. L'Oudio n'étant pas venu, je ne peux pas non plus me prononcer sur lui.

Je haussai les épaules. J’avais omis certaines choses, mais ce n’était pas à moi de lui dire qui croire ou non. Je lui donnais mon avis, passant sous silence le complexe du héros d’Akihito, les bourdes de Jorus ou la fureur que Xël avait pu montrer. J’étais mal placée pour les juger.

- Tension ne veut pas forcément dire qu'on se déteste. Jorus et moi nous prenons souvent le bec et avec Akihito... c'est compliqué, mais je leur fais confiance malgré tout. Je vous conseillerais néanmoins de vous faire votre propre avis, même après ce que je viens de dire.

- Oui mad... Yliria. Je ne les méjugerai pas. Xël et Mathis, ce sont des Sauveurs d'Aliaénon. Des héros d'Esseroth. Tous deux y sont déjà venus par le passé, c'est des histoires que les anciens nous racontent au coin du feu. La défense de la ville, le massacre d'Egregor... Des moments clés de notre histoire. Je ne peux que leur faire confiance, et récompenser leur bravoure de ma vie, s'il le faut.

- Une fois de retour à Esseroth, vous pourriez me raconter ces fameuses histoires ? Je ne suis pas au fait de tout ce qu'il s'est passé. Néanmoins…

Je pris un peu de temps pour choisir mes mots avec soin. Il semblait vraiment brave, mais s’il n’était jamais sorti de sa ville, il n’était pas préparé à faire face à la violence d’un combat réel. Ni à l’idée de devoir peut-être mettre sa vie en jeu pour sauver un camarade blessé. Et l’idée qu’il jette sa vie alors que nous étions parfaitement capables de nous protéger ne me plaisait pas vraiment.

- Sacrifiez votre vie ne récompensera pas leur bravoure. La conserver pour raconter leurs histoires le fera. Ne soyez pas si pressé de vous jeter dans les ennuis.

- Oui, oui, je vous raconterai avec plaisir ! Mais aux miens, cela ne servirait pas à grand-chose : la vie des nôtres est tellement courtes par rapport à celles des vrais esserothéens. Elles passent comme des saisons face à la longueur de leur existence. Mais promis, je ferai attention à moi.

- Profitez du temps que vous avez, c'est tout ce que je peux vous dire.

Je sonnai soudainement beaucoup plus vieille que je ne l’avais voulu. J’avais suffisamment vu de genre mourir pour savoir que la mort frappait n’importe quand. Je n’avais pas grand-chose à perdre, mais ce n’était sans doute pas son cas. J’inspirai, ajoutant finalement de quoi détendre un peu l’atmosphère tout en disant la stricte vérité.

- Bien. Je pourrais me jeter dans les ennuis sans avoir à m'inquiéter pour vous.

Je le vis hocher la tête et devinait sans peine le sourire qui marquait ses traits. Je le laissai s’occuper de son pachy et jetais un regard aux alentours, haussant un sourcil en voyant Silmeria collé à Akihito, l’enlaçant d’une manière bien plus intime que ce qu’une chevauchée ne demanderait. Visiblement certains passaient plus vite à autre chose que d’autres et je me détournai en fermant les yeux, lâchant un bref soupir. J’avais bien fait, finalement.

Lorsque la pause arriva enfin, je soupirai de soulagement et sautai du pachy avant même qu’il ne soit complètement arrêté. Je m’étirai des pieds à la tête en poussant un soupir d’aise avant de sortir ma gourde d’eau et de m’asseoir sur une pierre pour observer le paysage. Le soleil commençait lentement à descendre et il ferait sans doute nuit avant que nous n’atteignions notre destination. J’entendis des bruits de pas s’approcher et n’eus pas besoin de tourner la tête pour savoir à qui ils appartenaient.

- Tu as meilleure mine.

Je retins un soupir las et levais les yeux vers lui pour les détourner et fixer finalement le paysage. Je n'avais pas envie qu’il vienne me materner, je voulais juste qu’il comprenne que sa façon d’agir comme si rien ne s’était passé ne m’aidait pas du tout. Je haussai simplement les épaules, répondant d’une voix morne.

- Le trajet m'a fait du bien. Je t'avais dit de ne pas t'inquiéter.

Ma bouche était sèche. Je bus une gorgée d’eau, ravie de la distraction que cela apportait à mes mains qui seraient allègrement en train de se triturer si je n’avais pas ma gourde. Je devais vite changer de sujet.

- Toi tu as l'air d'avoir passé un voyage épuisant.

Comme toujours, il semblait me prendre pour une idiote incompétente et suicidaire en assurant que j’aurai pu me vider mon sang avant de prévenir qui que ce soit. Je levai les yeux au ciel. Qu’est-ce que ça pouvait bien lui foutre, de toute façon ? J’avais beau lui prouver que je savais parfaitement me débrouiller seule, lui revenait sans cesse à la charge comme si j’avais les capacités intellectuelles d’une moule trop cuite incapable de se rendre compte de l’état de son corps. J’en vais un peu marre de toujours rabâcher la même chose, marmonnant comme pour moi-même.

- Je ne suis pas si stupide.

- Silmeria est quelqu'un de très particulier. Pas sûre qu'elle te plaise, faut avoir un paquet de patience.

Je jetai un regard à l’hinionne et retins un reniflement narquois. Je n’étais pas la plus patiente, certes, mais au moins j’allais droit au but. Je n’avais rien de personnel contre elle, mais elle me semblait complètement ailleurs quand elle ouvrait la bouche à Esseh, ça n’allait pas aider à ce que je lui fasse confiance.

- Elle a l'air de vivre dans son propre monde.

Il semblait d’accord avec moi, mais je n’ajoutai rien de plus à ce sujet. Il ne semblait pas vouloir s’éloigner tout de suite et je sentis une pointe d’agacement se former. Il fallait quoi ? Que je lui dise de me foutre la paix ? Ce n’était pas assez clair que je n’avais pas envie de lui parler ? Je pris une grande inspiration et me calmai. Ce n’était pas sa faute, après tout, c’était mon problème pas le sien. Mais le voir aussi amicale et proche en permanence après tout ce qu’il s’était passé était loin d’être évident. Je soupirai, marmonnant, mais visiblement un peu trop fort.

- C'était bien plus simple, avant.

- Qu'est ce qui était plus simple ?

J’entendis Egregor sonner la fin de la pause et l’aurait presque remercié. Je fixai un instant la main tendue par Akihito avant de la saisir, me relevant néanmoins sans m’en servir. Je n’avais pas besoin de lui. Je serrai la mâchoire en le voyant si proche et ravalai les mots qui me brûlaient la langue avant de me détourner, ajoutant lâchement, le dos une fois tourné.

- Le fait de savoir que tu n'es pas loin.

Sans un regard de plus à son encontre, je grimpai sur la selle du pachy et laissai Kaar gérer à nouveau le trajet. Je commençai à regretter de ne pas avoir été plus claire avec Akihito et soupirai longuement en fermant les yeux. Ce n’était pas le moment de penser à ça, il y avait plus urgent, plus important, plus gros en jeu. Ce furent les cris de Jorus qui me tirèrent de mes pensées et je jetai un œil dans sa direction, me demandant ce qu’il fichait exactement.

(Il a cru que c’était une promenade de santé ce crétin ?)

(Il me fait rire, moi. Et toi aussi, admets.)

Je pinçai les lèvres pour ne pas sourire et lui donner raison, mais une soudaine lumière aveuglante suivi d’une détonation coupa net toute potentielle discussion et je fermai les yeux pour les protéger. C’était quoi encore ce bordel ? Je rouvris les yeux pour entendre Egregor beugler comme un dément face à un Akihito qui semblait tenter de se justifier. Comme si on n’avait pas assez de problèmes comme ça… Je jetai un œil autour de nous, soudainement bien plus alerte en me souvenant des paroles de Kaar. Je lui tapotai doucement l’épaule pour attirer son attention.

- Dites. il ressemble à quoi le fameux "Cornes d'or" ?

- Oh, je l'ai jamais vu. Vaut mieux pas croiser sa route. Mais les autres Corneraures sont déjà de sacrées bestioles. Plus grands que les Pachys, plus massifs aussi. Des gros fauves cornus avec une queue parsemée de piques et terminée par une sorte de masse terrible. Cornes d'Or, il doit être... beaucoup plus grand. Beaucoup plus dangereux.

Je n’avais aucune envie de tomber sur un de ces trucs dorénavant, j’en étais persuadée. J’avais combattu des trucs sans doute pires que ça, mais je n’avais pas envie de prendre le risque de vérifier.

- Je vois ... Ils sont rapides ? ils craignent le feu ou la lumière ou quoi que ce soit en particulier ?

- C'est des animaux nocturnes, ils sont plus à l'aise dans l'obscurité. Mais oui, ils sont rapides. Plus qu'un pachy. Et bien plus qu'un humain sur deux jambes. Mais bon, rien de tel qu'un bon coup d'épée dans leur gorge, leurs épaules pour les tuer. L'arrière de leur corps est plus solide par contre, comme écailleux. Il faut viser les poils, là où la chair est presque à découvert.

Je fixai comme lui la zone où avait eu lieu la déflagrationet qui avait fait n joli trou dans el paysage.

- C'était vraiment pas malin...

Je ne pouvais qu’être d’accord avec lui. On avait tout le temps de faire ce genre de test pendant le trajet, et voilà qu’il le faisait pile quand on allait être le plus vulnérable. San compter les beuglements de Jorus juste avant. Je commençai à me demander si on sortirait vivant de tout ça si les autres étaient aussi inventifs niveau connerie. Je me redressai un peu, observant les alentours, en quête d’un mouvement suspect.

- D’accord. Vous pouvez demander aux pachys de se regrouper un peu plus ? J'ai une parfaite vision nocturne, je vais scruter les environs, mais ce sera plus simple s'ils sont moins éparpillés.

J’ajoutai après réflexion.

- Si un des pachys sent quelque chose, prévenez-moi. Je vais faire de mon mieux, mais je n'ai pas des yeux derrière la tête. Je préfère courir le moins de risques possible.

Je le vis opiner du chef et quittai la sécurité es étriers pour me dresser sur ma selle, une main me tenant fermement à Kaar, mes yeux scrutant le paysage. Comme si on avait besoin de ça… La nuit tombait rapidement et il serait sans doute plus sage de s’arrêter. Au moins quatre d’entre nous ne voyaient absolument rien dans le noir, continuer après ce qu’il venait de se passer allait être plus dangereux qu’utile. Mais Mathis ne semblait visiblement pas de cet avis et proposa que quelqu’un voyant dans le noir guide le groupe, les pachys se suivant en colonne en se tenant par la queue. Voilà une idée bien saugrenue. Rien ne disait que quiconque voyait dans le noir et en plus vu le terrain, je voyais mal les pachylaires être capables de faire ça sans finir par immanquablement se lâcher ou se vautrer.

- Yliria ! Si tu vois un truc hostile nous tomber dessus dans le noir, je compte sur toi pour nous donner un peu de visibilité !

Je grinçai des dents avec assez de force pour que ça s’entende. Et à cause de qui est-ce que je devais surveiller les alentours maintenant, hein ? Seul Jorus semblait envisager un arrêt et j’étais de son avis. Lui au moins avait eu la présence d’esprit d’allumer une torche. Les autres n’en avaient sans doute pas, vu qu'aucun n'en avait allumé. Comme quoi, on aurait pris dix minutes pour se préparer, les choses se passeraient sans doute mieux. Qui se baladait de nuit sans torche ?

(Ben... toi ?)

(Je vois dans le noir, je peux créer flammes et lumière, j’ai jamais eu besoin de torches de toute ma vie.)

(Je sais, je voulais juste souligner que t’y as pas pensé non plus.)

(Parce que je vois pas pourquoi j’aurai besoin d’en porter.)

(Pour les autres ?)

(S’ils sont pas fichus de pallier leurs faiblesses, je peux rien pour eux. Je peux pas penser à un truc dont je n’ai littéralement jamais eu l’occasion de constater le manque.)

(Quel sale caractère.)

Je grognai. Ça n’allait quand même pas être de ma faute en plus ?! Je m'exprimai à haute voix, histoire que tout le monde entende. et s'ils se rendaient compte que je commençai gentiment à m'énerver, ce serait juste un bonus pour qu'ils comprennent que ça allait vite me taper sur le système si on continuait dans ces conditions.

- Il faut qu’on s’arrête. Je refuse de conduire de nuit un groupe qui n’est pas capable de voir où il fout les pieds, encore moins de se battre dans une telle situation. Et je rappelle que si la magie dérape, on est peut-être bon pour un cataclysme. Alors, soit vous trouvez des torches ou toute autre solution lumineuse pour que tout le monde voit, soit on s’arrête le temps que la nuit passe. Parce que même si on arrive sur place et que, par chance, rien ne nous attaque après le bordel que vous avez fichus, on sera quand même incapable de voir ce pour quoi on est venu et encore moins de trouver une solution.

J’avais failli crever quelques heures plus tôt, j’allais attendre un peu avant de risquer ma vie pour faire un peu de lumière alors qu’on pouvait juste patienter calmement quelques heures.

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Re: Esseroth

Message par Xël » ven. 14 oct. 2022 22:14

Je grimpe sur l’étrange animal qui sert de monture, bien vite rejoins par l’homme oiseau bleu portant le nom de Lysandre. J’accepte qu’il grimpe derrière moi et rapidement nous partons vers les collines. L’occasion pour moi de voir les plaines sans qu’elles soient couvertes de Garzoks enragés jusqu’à l’horizon. De l’herbe verte, quelques arbres, tout ceci avec un climat plutôt chaud et agréablement humide. Nous atteignons rapidement les collines aux talus verts côtoyant des blocs de roches et de pierres précieuses. Nos montures se montrent particulièrement à l’aise dans ce milieu et je comprends rapidement que des chevaux n’auraient pas pu faire l’affaire.

La chevauchée dure toute l’après midi et je regrette rapidement de ne pas avoir pris un peu de repos. Mes paupières se font lourdes, mes épaules et mon dos commencent à me faire mal et je sens mon esprit se perdre en divagations inutiles. Même la découverte de la faune étrange ne suffit pas à m’émerveiller suffisamment pour vaincre la fatigue. Je décide alors d’entamer une conversation avec mon compagnon de pachy qui jusqu’ici était resté silencieux, se contentant simplement de reprendre sa forme d’oiseau pour explorer les environs.

 "Est-ce qu'elles étaient déjà là avant le réveil des Titans ?"

Pas vraiment sûr de lui, il affirme tout de même que le réveil des créatures n’a rien à voir avec les titans, il demande un peu naïvement si nous n’avons pas d’animaux chez nous.

"Si bien sûr. Mais j'ai entendu dire qu'avec les Titans est apparu de la faune et de la flore différentes de d'habitude."

"Ah ? Peut-être pas ici. Ces trucs là ont toujours fait partie du paysage, d'aussi loin que je m'en souvienne. Bon, après je ne suis pas non plus très âgé. Mais on me l'aurait dit, je pense, si c'étaient des nouveautés. Peut-être que Kaar en saura plus, c'est lui l'expert en bestioles."

J’incline la tête et lui demande si c’est lui qui a découvert l’ombre qui avance vers la ville. Il répond par l’affirmative, avouant que c’était ce matin et qui il était immédiatement retourner au village. Curieux, je lui demande si il a l’habitude de se promener par ici et il rétorque avec fierté c’est son rôle d’éclaireur.

"D'accord mais... Quel danger est censé venir des Landes ?"

Un peu paumé, il rétorque qu’on ne sait jamais. Je plisse un oeil, préoccupé, avant de sourire, amusé au fond que les Esserothéen soient à la fois plus méfiant mais toujours autant lunaires.

« On ne sait jamais. »

Répétais-je un poil moqueur avant de lui demander si il est natif d’Esseroth. Il semble alors plus distant et sa voix se noue d’émotions.

"Oui, à Esseroth. Pourquoi ?"

"Je me demandais si ton pouvoir était lié à la forêt d'Emeraude. J'ai rencontré un homme chouette là bas. Un problème ?"

Demandais-je tout de même en entendant son ton changer. Il rétorque qu’il n’y a aucun soucis, un mensonge évidemment, et cela me rappelle Loeding à nouveau, cette homme chouette de Treoof qui s’acharnait à dissimuler la vérité. Il essaie de changer de sujet en parlant d’un homme loup possédant des pouvoirs de foudre et qui serait originaire de la forêt d’émeraude.

"Un homme loup ? Ce ne serait pas le Chef du clan des carnivores ? L'Homme-Chouette aussi ne me disait pas tout..."

Il m’apprend que le loup de foudre se nomme Kha’Tal et sa voix se pince quand je lui avoue sans détour qu’il me ment. Un aveu qui l’énerve visiblement alors que je suis aucunement hostile.

"Je mens pas ! Vous pouvez juste pas comprendre. Vous êtes un Sauveur d'Aliaénon, un héros. Moi je ne suis qu'un homme-oiseau qui joue les éclaireurs pour rien. Voilà, vous êtes content ?"

Dans la colère, sa voix se serre de nouveau tandis que je rétorque platement.

"Ah c'est donc ça ? C'est toi qui devrait être content, tu ne t'endors pas avec le cauchemar de voir le Titan de Magie tenter de te réduire en bouillie."

Il reste silencieux avant de se changer à nouveau en oiseau pour faire l’éclaireur. Il veut prouver sa valeur, je comprends, mais j’espère que ça ne lui fera pas prendre de risques inconsidérés. Il revient un peu plus tard et nous restons à nouveau silencieux.

C’est une détonation suivi du juron d’Egregor qui m’empêche plus tard de chuter de ma monture de fatigue, puis Jorus qui se met à gueuler en faisant la quiche sur sa monture. Ainsi nous marquons une pause alors que la nuit s’apprête à tomber, plongeant les collines dans l’obscurité. Assez vite, l’idée de poursuivre paraît trop dangereuse et je me range du côté d’Yliria qui préfère attendre le lendemain pour continuer l’exploration.

« Je pense qu’elle a raison. J’ai sous estimé ma fatigue et je serais un boulet pour vous si il nous arrivait un pépin. »

Je m’adresse alors plus particulièrement à Egregor pour le convaincre.

« Une fois reposé je pourrais nous ouvrir un portail vers Esseroth quand nous aurons inspecté cette étrange masse noire. Nous gagnerons une journée entière de voyage, de quoi largement compenser quelques heures de repos pendant lesquelles nous seront plus vulnérables en cas de danger. Il faut juste s’assurer que cette chose ne nous atteigne pas pendant la nuit. »

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Silmeria
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Re: Esseroth

Message par Silmeria » sam. 15 oct. 2022 03:49

Le dévolu était jeté. Ce grand homme aux traits Ynoriens était là celui que j'avais choisis, celui qui serait mon atout au sein de cette équipe. Si ce vilain Aigre-gore avait mentionné que nous arriverions de nuit sur notre objectif, ça me laissait assez de temps pour discuter avec lui et voir si mon avancée sera ou non contrariée. Ma cible, si je pouvais l'appeler ainsi, avait les yeux vairons, des cheveux mi-longs qu'il envoyait en arrière. Il portait un véritable attirail sur ses épaules, un marteau, un large pavois, un sabre de Samouraï à sa ceinture en plus du reste de son paquetage. C'est juché sur Falafel, le fraîchement nommé qu'il me dit avec un semblant d'air amusé.

"Besoin d'aide, j'imagine ?

- Bah viii. Sauf si tu attends que je grandisse toute seule. Bien sûr, je n'avais pas vraiment besoin de sa main, j'avais déjà monté Calpurnia qui était certes moins haute mais j'aurai pu sans mal me hisser toute seule. Il tendit alors son bras, m'invitant à grimper sous son aide. Je lui souriais bêtement, il acceptait donc d'être mon cavalier pour cette escapade.

- Pas de problème."

Je ne savais pas trop s'il cherchait à ce que je glisse ma main dans la sienne, mais j'avais préféré glisser mes doigts derrière son poignet, ainsi, enserrant son bras je pouvais sentir le nid de ses veines battre contre ma paume. Tout était allé très vite, mais il n'y avait pas plus que deux battements de coeur. Il restait assez calme, bien que ses airs semblaient retenus par un manque de confiance en ma personne. Avec l'élan qu'il m'offrait lors de la montée, je gagnais sans mal la selle de mon gentil Falafel. J'étais haut placée et je regardais les passants et les autres aventuriers encore à pied de toute ma nouvelle hauteur. Les mouvements doux de la bête étaient appréciables, il n'avait rien de nerveux ni de pressé, on avait là affaire à un Falafel de qualité. Je m'approchais de mon nouveau voisin, Akihito et dit toute contente :

"Quel caaaalme. Pas la moindre nervosité en toi dis-donc."

Il fit un petit mouvement d'épaule comme pour prendre un air distant à cette remarque, mais je me doutais bien qu'il n'était pas très à l'aise de me savoir derrière lui. Après tout, n'était-il pas le premier à se demander ce que je faisais là ? Avait-il seulement eu vent que la dernière personne à chevaucher devant moi, c'était le Roi ?

"J'aurais tout le temps de l'être quand ce sera le moment d'être sur le qui-vive, Il se tourna vers moi et demanda : Vous aviez pas besoin de moi pour monter, hein ? J'imaginais bien qu'il s'agissait d'une question rhétorique aussi, j'éludais. Face à son regard, ses yeux vairons, son air fermé et impérial, je ne pu m'empêcher de lui demander lequel de ses yeux il préférait, une question absurde qui ne méritait pas vraiment de réponse, mais il éluda à son tour. Les premières pièces de cet échiquier psychologique que nous débutions avançaient.

- C'est pourtant dans les situations les plus critiques qu'il faut rester le plus calme possible.

- C'est vrai, mais je préfère contrôler et... Mmh, guider ma nervosité plutôt que l'étouffer avec du sang froid. Pas la meilleure façon sans doute, mais celle qui me va le mieux."

Je ne le rejoignais pas vraiment sur ce point. Le sang froid s'obtient quand on a une assez bonne préparation et qu'on dispose d'une pleine confiance en soi, la nervosité pouvait embrumer un esprit et trop souvent, le conduire à sa perte. Je ne le sentais pas particulièrement à l'aise et sa prochaine question confirmait mes pensées.

"Vous aimez pas trop ce cher Egregor on dirait.

Ce bon vieux Aigre-gor... Je ne savais quoi en penser à dire vrai, pas plus que lui j'imagine. Je voyais en lui qu'un homme, un homme avec un vécu et un autorité qu'il déballait clairement à qui voulait le voir, ou l'entendre, le terme semble plus exact puisqu'il passait son temps à grogner et beugler comme un affreux putois. Si ce mal-satisfait de la vie nous conduisait en expédition sans attendre, il fallait toutefois s'en remettre à lui et attendre de tisser des liens plus profonds pour savoir.

Tisser des liens. J'aimais bien cette expression, elle avait quelque chose de... Qui m'évoquait une araignée.

- On aura vite l'occasion de s'en rendre compte mon cher... Akihito n'est-ce pas ? On a pas pris la peine de se présenter correctement. Tu avais l'air de déjà savoir qui. Je. Suis." Par pure provocation, je m'étais penchée sur lui pour lui susurrer les derniers mots dans le creux de l'oreille.


"Votre réputation vous précède, il faut dire. Les personnes à pouvoir se targuer d'avoir tuer un Roi ça ne court pas les rues. Encore moins celles qui me demandent en plein champ de bataille de descendre de leur fiancé polymorphe ET demi divin."

J'observais son cou, entre ses longs cheveux qui brillaient à la lueur des cieux. Je ne voyais aucun petit poil se raidir ou l'ombre d'un frisson. Il semblait garder un excellent contrôle de lui même. C'était là un jeu très intéressant, allais-je pouvoir le pousser à bout ? Parviendrait-il à se dévoiler sous son grand jour ? Etait-il un fervent opposant à ma présence ? Je savais que lorsque quelqu'un détestait une personne, il ne fallait pas longtemps avant qu'elle ne perde patience et que dans un accès de colère, elle dévoile alors sa véritable façon de penser, de voir les choses. Susciter la colère des gens est une excellente façon de les dévoiler complètement sans qu'ils ne s'y attendent.


"Mais je suis quand même surpris que vous soyez là. Y a quelques mois, la majorité du groupe n'était pas vraiment dans votre camp."

" Parce que te donner un ordre est plus valeureux que de tuer un roi ? Quel homme tu dois être. Mais donc c'etait toi sur Cromast. Tu me disais vaguement quelque chose. Je ne suis pas très physionomiste."

Et c'était plutôt vrai... Je n'ai pas une très bonne mémoire des visages, du moins, je les oublies vite. Alors il me semblait qu'ils étaient deux sur Cromast à l'époque, lui et une horrible Shaakte. D'un coup d'oeil, je cherchais la seule Shaakte du périmètre à nous infliger sa présence néfaste.

"Un camp... un camp... j'ai tout de même confronté Léonna et Tal'Raban pendant que ton petit groupe maitrisait Oaxaca. J'ai bien failli tuer cette saloperie de parasite de Léonna d'ailleurs, mais mon Gentâme de compagnie s'est retourné contre moi.

J'entendais par la que des fiancées de Sindel transformiste, c'est encore plus rare que des régicides. Et vous avez attaqué Léonna ? Je ne le savais pas, Il marqua un temps de silence avant d'ajouter : Au moins, je sais que nous ne sommes pas foncièrement des ennemis. J'espère juste que je ferai rien qui vous donnera envie de vouloir me faire la peau."

Cèles ne pu s'empêcher de ricaner. (" Et bien... Qu'est-ce qui pourrait te donner envie de le trucider ? Des bruits agaçants ? Manger la bouche ouverte ? Claquer une porte pendant ta sieste ? S'assoir sur ta robe ? Te regarder de travers ? J'ai bien envie de dire qu'il marche sur des oeufs. ")

"Ooooouh ! Tu as un petit bouton blanc sur la nuque ! Je peux le pouêter ? Dis oui dis oui dis oui !!

Je l'avais effectivement vu. Il y avait une petite rougeur, un frottement mais au milieu de cette peau rougie trônait fièrement un petit blanc, il était tout rond, bombé, gorgé de jus et prêt à éclater à la moindre pression.

- Merci de la proposition, mais je m'en occuperai." Il passait la main sur sa nuque, sa main trouvait alors le coupable rondelet, je me figeais un instant, de crainte qu'il ne l'écrase par la simple pression de son doigt mais il n'en fit rien. Il changea de sujet, encore.

"On dirait que vous connaissiez personnellement les Treize-

- Non, je l'ai vu la première." Me penchant sur lui, je me dépêchais de pouvoir l'éclater, d'un coup d'ongle de l'index, il rendit vite l'âme, éclatant et laissant son mon doigt un petit reliquat blanc et laiteux. Je plissais la bouche, regrettant déjà d'avoir à me débarrasser de ça, puis discrètement, je m'essuyais sur la sangle de son marteau.

Il chassa ma main d'un geste déjà agacé.

"Presque tous. J'ai longuement travaillé pour Xenair. C'est souvent moi qu'il envoyait à travers le monde pour régler des désaccords. Et toi ? Lesquels as-tu rencontré ou tué ?" Je sentais déjà que par ce petit bruit de bouche, il était nerveux, agacé, vexé peut-être ? Alors que moi, toute innocente, n'avais fait que crever l'abcès, si je puis dire.


"Créan m'a enfoncé la cage thoracique, et mon duel contre Karsinar a fini en eau de boudin. Quant à Khynt- Je ne le laissais pas vraiment terminer, je venais de fantasmer une provocation tout à fait perfide. De mes deux mains, je saisissais une bonne mèche de ses cheveux et mima les rênes d'un cheval en poussant de petits :

- Yaaaah. File comme le vent, Falafel !"

"Arrêtez ça. Le ton était ferme, assez fort pour sembler à une réprimande. Tout ce que je voulais. Il entravait ma main avec une poigne solide mais n'appuyait pas assez pour me faire trop mal, il aurait pu tordre mon poignet, l'utiliser pour m'approcher de lui et de son autre main m'attraper la gorge, il avait une carrure assez solide pour pouvoir m'étrangler s'il le voulait mais il n'en fit rien. Il semblait ne pas vouloir me donner une raison quelconque de réagir à mon tour. De mon autre main, j'agitais doucement les doigts, laissant canaliser la magie de mon imagination créer un horrible cauchemar à lui infliger s'il refusait de lâcher son étreinte.

- Tu devrais me lâcher.. on sait jamais. Tu pourrais... vomir une Murène.

- On a pas gardé les Murènes ensemble, que je sache."

Il desserait les doigts, en douceur d'abord puis complètement. J'étais toujours tentée de lui jeter ce cauchemar, je l'avais imaginé de telle sorte qu'il se voit vomir une murène de près d'un mètre de long, je l'avais déjà testé sur Heartless, le résultat était spectaculaire, la victime frappée par ce sort a tendance à vomir pour de vrai, poussant d'horribles bruits de gorge. Mais si jamais il venait à se vomir dessus, qui me disait que les autres n'allaient pas croire que je l'avais empoisonné et chercheraient à venger immédiatement leur compagnon ?

"Écoutez Silmeria, j'ai rien contre faire équipe avec vous mais si vous en faites qu'à votre tête, on va pas s'entendre.

- Mon cher Akinounet, je ne suis là que pour vous être utile. Libre à toi de savoir m'utiliser à bon escient. Quelque part, c'était assez vrai. J'aimais bien travailler pour quelqu'un, j'ai toujours préféré recevoir des consignes simples et les remplir directement, je n'aime pas à avoir à assumer derrière le poids des conséquences d'un bon ou d'un mauvais choix, je me vois plutôt comme la lame qui tranche, pas comme la personne qui décide qui sera tranché.

- Akinounet, celle là on me l'avait jamais faites."

- A votre place je serais pas si enthousiaste à l'idée d'affronter le Premier. dit-il amèrement.

- Le Premier. Je n'ai pas de grief contre lui. Karsinar en revanche a saboté ma mission... j'ai la fâcheuse tendance à supprimer mes employeurs quand ça se passe mal. Le roi. Karsinar bientôt... toi un jour qui sait ?"

Petite provocation qui s'ajoutait à ce qui finirait par devenir un énorme tas de provocation en tout genre. Akihito qui semblait avoir perdu son calme avait ravalé ce début de colère.

"Vous gênez pas pour Karsinar. Et si vous tenez tant que ça a ce que je vous utilise, on verra plus tard. Mais tout à un prix, pas vrai ?

Je haussais les épaules. Un prix ? Comme les puputes de Tulorim ? Si ça se trouve Cwedim avait pour consigne de me payer une fois retournée à Omyre pour la mort du Roi, enfin ça me surprendrait quand même, le plus souvent, j'ai le droit à une miche de pain, un bout de viande, deux bougies, une tape sur la tête et une claque au fessou pour tout remerciement.


- Pourquoi me gêner ? Tu voudrais essayer de le tuer avant moi ? Quant à exploiter mes humbles talents c'est que j'ai toujours été utilisée comme arme. Et je n'ai jamais connu que ça."


"Je n'ai pas de prix en tête. Mais vous avez l'habitude de faire payer vos services, non ? D'un bruit de bouche semblable à " Prrrrrrt. " pour toute réponse assez logique à cette question, je n'avais pas le rôle d'une mercenaire, j'étais à la milice, répondre aux contrats en interne était une mission, un devoir plus qu'une source de revenus.

A la limite, un service contre un service ?"

Toujours pas plus inspirée, il me demandait alors si je tuais pour le plaisir. Je ne sais pas s'il me voyait comme une créature décérébrée qui tuait pour le plaisir de sentir de la viande chaude au bout de ses doigts ou s'il se disait que je n'étais qu'une dindonne incapable d'exploiter financièrement la seule chose que je savais faire à peu près bien.

- Ca dépend. Je tue uniquement lorsque c'est nécessaire mais selon les personnes, il arrive que je prenne beaucoup de plaisir. Pour le Roi par exemple, c'était le cas. Mais c'est pas vraiment moi qui l'ai tué. C'est... ma jumelle.

"Pour le service, disons que c'est en prévision de ce qui pourrait arriver sur Aliaénon.

- On verra."

Je laissais un long moment passer. Je m'étais approchée de lui, je l'avais entouré de mes bras au niveau de la ceinture comme pour me stabiliser et contre son épaule, à un endroit à peu près confortable, je posais ma joue. Après quelques instants à observer le paysage d'un oeil à demi ouvert, je demandais d'une voix molle :

"Dis-moi, tu crois que ce groupe acceptera quelqu'un comme moi ? Après tout vous n'avez aucune raison de me faire confiance. Et pourtant tu es là, dans mes bras.

- J'ai ma propre façon de penser. Je ne juge quelqu'un qu'à ses actes, et vous avez autant assassiné le roi de Kendra Kar que vous vous êtes retourné contre Oaxaca et ses lieutenants. Alors honnêtement, je ne vous fais pas confiance. Mais je ne me méfie pas non plus spécialement de vous : j'observe en attendant d'avoir mon avis et si je peux vous confier mes arrières."

N'est-ce pas déjà le cas ? Je suis juste derrière lui, j'ai ses cheveux qui me rentrent dans le nez quand je respire... Sa gorge est nue, à portée de bras et ma lame est a été polie ce matin, je pourrais d'un coup de poignet lui enfoncer la Tueuse de mage jusqu'à la garde un coup, puis un autre. Le maintenir contre moi et l'écouter amoureusement s'étouffer avec son propre sang sur Falafel qui trottait habilement sur les chemins escarpés.


"Et si je suis dans vos bras, c'est parce que vous m'en laisseriez pas le choix de toute façon.

Par ça, j'en doutais, il disais ne pas se méfier, mais si mon étreinte le gênait vraiment, il aurait pu me chasser comme il l'avait fait plus tôt. Je me demandais s'il avait eu ce petit pic d'adrénaline au coeur, celui qu'on ressent lorsqu'on sait qu'on vient de faire une bêtise, avait-il su qu'il s'exposait à une situation inconnue et peut-être incontrôlable ? Mais mes souvenirs me portaient déjà en arrière, il parlait d'honneur, comme jadis je l'entendais à Oranan...


- C'est une façon de penser honorable. Tu me rappelle la vieille femme qui formait les Samouraï à Oranan. Elle disait des choses comme toi. Tu as toujours vécu là bas ? C'est pour ça que tu faisais partie du groupe de mercenaires envoyés par le Roi pour tuer Crean ?

- C'est ma ville natale, oui. Alors l'honneur ça fait un peu partie de mon éducation pour le meilleur comme le pire. Pour Crean, j'ai juste rejoins le groupe qui me semblait le plus approprié."
Il changea de sujet alors que nous croisions la route d'un curieux animal au pelage d'un rose qui a dû persécuter des générations de ses semblables lorsqu'ils cherchaient à passer inaperçu dans la flore.

- J'aime beaucoup Oranan. Mais je ne peux y vivre. C'est parfois dur de devoir renoncer à tout pour assouvir une vengeance. Ça me manque un peu je crois."


Le vent soufflait sur nous, ses cheveux me fouettaient le visage mais il eut la délicatesse de rajuster sa sangle afin que son marteau me dérange moins.

"Tu as de la chance d'avoir une maison. avais-je échappé avec une certaine amertume.

- Qui sait ? Peut être qu'Aliaénon sera votre nouvelle maison. Ici pas de vengeance, pas de passé. Vous n'êtes plus la Régicide, plus une assassin crainte. Vous êtes juste Silmeria.

- Tu sais, avant de venir ici, je voulais me trouver un endroit tranquille, isolé. Avec des ruches. Vivre une vie simple et sans effusion de sang. Mais je ne me vois pas vivre dans un monde avec des Ornithorynques roses de vingt kilos ?"

Il y eut une rire franc, presque honnête. Il semblait de nouveau de détendre, je pouvais le sentir à sa respiration.

"Eh si ça se trouve ça se cuisine pas trop mal ?"

En parlant de manger, je me souvenais avoir fait une tentative de cuisine. Je farfouillais dans ma besace et tira d'un vieux tissus de chanvre des bandelettes de viande fumée et encore grasses. Je découpais une de mes doigts et l'agitais devant ses yeux.

"C'est quoi ?

- De la viande séchée et fumée. Ça se conserve bien. Même si ça a pris un peu l'humidité."

Vaguement suspicieux, il l'accepta tout de même avec un passage sous le nez pour ultime vérification avant de croquer dedans. Je levais un sourcil, secouant la tête et relevant son manque de reconnaissance :

"De rien Sissi. Oh je t'en prie Akichou. Si si j'insiste, merci de m'offrir de quoi manger. Oh de rien, c'est tout à fait normal.

- Mais je vous en prie Silmeria," Avait-il dit tandis qu'il levait vers moi un onigri. Je reconnus sans aucun mal cette boulette de riz ferme et fondante, comme une petite boule de bonheur délicat qui fondait en bouche. Je m'en emparais à une vitesse incroyable, ayant déjà laissé de côté mes viandes douteuses pour le porter à mes lèvres. Du riz, du riz ! J'en avais soupé du gruaut dégoûtant des garzoks qui cuisaient tout, lupin, céréales, arachides dans une bouille infâme qui leur servait de soupe, un plat si exécrable que même la cuillère en bois des soldats en garnison tenait debout dedans.

"Chacun ses spécialités.

- Oui c'est vrai. C'est meilleur que le veau avorté que j'ai fumé moi même."

N'empêche que c'était là une aubaine incroyable, tomber sur une vache tuée par des vauriens, couverte de mouches, d'asticots mais qui cachait en elle un veau mort né, préservé dans son ventre. L'animal se coupait comme du beurre et les morceaux de chair qu'on en tirait s'enroulaient sur des branches de bois vert pour être déposés sur les cendres encore fumantes pour toute cuisson. Ca croquait, ça grinçait, le goût était passable mais au moins, c'était de la viande.

"Vous aviez l'air d'en vouloir personnellement à Solennel IV, pourquoi ?"

L'espace d'une seconde, j'avais vu flou. Allais-je lui dire ? Et finalement, oui. Je voulais qu'il sache que ce roi tant adulé n'était qu'un sinistre connard doublé d'un lâche.

"Il a envoyé mes sœurs à la mort. Contre des Shaakts.

- Mmmh. Je comprend mieux pourquoi vous lui en vouliez. Pas que je sois d'accord, mais je le conçois.

- Tu dis ça parce que c'est ton Roi. Si Crean avait tué ta famille, tu ne t'attendrai pas à ce qu'on soit d'accord. Mais tu le ferai quand même. Maintenant, je n'ai plus de but. Et depuis qu'Oaxaca n'est plus, elle dort,

- Je suis Ynorien, Solennel IV n'était pas mon roi."

Il respirait plus lourdement, j'entendais le grincement du cuir qui souffrait d'être serré dans sa poigne alors qu'il malmenait les rênes de Falafel.

"J'ai tué par vengeance aussi, alors je suis pas bien placé pour faire la leçon. Juste que... Le type que j'ai tué était une ordure. Sa mort n'a pas été une grande perte, alors qu'un roi... je doute pas qu'il soit pas tout blanc, mais c'était globalement quelqu'un de respectable et respecté.

- Tout est relatif. Certes pour un petit garçon de Kendra Kar qui a pour rêve une armure scintillante et une place dans la garde royale, Solennel devait être une excellente figure paternelle. Pour moi en revanche, c'était le responsable de la mort de mes sœurs.

- Tout est relatif,

Mais par contre, qui dort ?" La question semblait vraiment l'intéresser. Après tout, je pouvais toujours lui dire. Il finirait bien par la rencontrer de toutes façons, alors autant qu'il soit préparé. Je m'approchais de lui, comme pour verser une confidence au creux de son oreille et lui avoua alors le nom de ma jumelle, Hrist.


"Hrist... votre fameuse jumelle ? Ou votre faëra ?

- Ma jumelle. Elle dort dans l'Ombre Noire en silence. Elle est très différente de moi. Assez glaciale contrairement à moi. Tu feras vite la différence, crois-moi. Ma Faëra elle s'appelle Cèles. Inspiré de sa beauté céleste. Et la tienne ?"

Après une légère hésitation, il dévoila le nom de sa Faëra. Très joli nom, Amy. J'appréciais vraiment son honnêteté. Si nous avions commencé par jouer à qui allait doubler l'autre au grand jeu de l'esprit, je m'étais trouvée fascinée par sa souplesse et sa douceur. Il semblait être un honnête homme, profondément bon et avec un sens lourd de ce qui était honorable et juste.

Je n'étais pas loin de penser que Falafel était plus dur à cuire qu'Akihito.

"Amy. Elle n'est d'ailleurs pas très contente que vous ayez parler aussi librement des Faëras devant des personnes qui n'en ont pas. Et je suis pas certain de vouloir rencontrer votre jumelle pour le coup.

- C'est vrai, cependant vous demandiez ce que je faisais ici, en ce monde. Aurais-tu préféré un mensonge ?

- Dit comme ça... l'idéal aurait été une fausse raison et une vraie explication ensuite, mais c'est du chipotage. Puis en plus, personne semble l'avoir remarqué."

"... J'essaierai de garder ça en tête si je vois Hrist, mais je garantis rien. Et pour ma présence, disons que voir la milice au coeur de ma ville natale se faire raser sans raison apparente ne me rassure pas des masses.

- C'est vrai. Si peu rassurant que je suis venu t'épauler dans cette mission. Je ne viens pas ici en tant que Régicide. Je viens ici en tant que.. beh. En tant qu'assassin ? Qu'espionne ?"


"Je pense que l'espionne sera plus utile que l'assassin. Sauf si vous savez gérer les colosses hauts comme des montagnes ? Ca serait terrifiant, mais je cracherais pas dessus.

- A part en leur servant de mignardise, je ne vois pas comment. Enfin, je n'ai pas encore exercé mes compétences magiques en ce monde. Si ça se trouve ça sera très intéressant.

Il était vrai que la présence de Simaya était salvatrice. Avoir un tel pouvoir... Mais celui-ci était si lourd à porter pour la jeune femme, il ne fallait pas l'employer à faire n'importe quoi, on ne pouvait drainer sa force vitale que pour assouvir notre curiosité maladive de ce que donnerait nos sortilèges en ce monde. C'était à peine plus intelligent que d'enfoncer sa main dans un nid de frelon et de se demander quel résultat on en tirerait. Il fallait le faire dans une zone non hostile ou elle pourrait se reposer à loisir sans mettre son intégrité en danger.

- Quel genre de compétences magiques vous avez ? Si on est amené à coopérer, autant partager ce dont on est capable."

- Je suis contente que tu dises ça. Je peux provoquer d'horribles cauchemars à quelqu'un tant qu'il n'est pas sur le point de m'attaquer. Ensuite je... beh disons que je pourrais disparaître et apparaître derrière la Shaakte, la tuer, disparaître et apparaître derrière Xël et le tuer. En un battement de cil. Je peux transporter mon corps à bonne distance dans l'ombre et mon esprit peut aller partout, mais laisse mon corps vulnérable. Quant à ton arme... je suis désolée. Je ne sais plus. Je lisais beaucoup à Tulorim chez ma maman d'adoption. Beaucoup d'érudits... enfin. D'hommes venaient la voir. Ça doit me venir de là. C'est dans une reliure que j'ai découvert leur existence."


"C'est... euh, une charmante façon de présenter la chose. Donc une sorte de déplacement instantané ?

Il n'avait pas tout à fait tort, même si ce pouvoir trouvait son plein potentiel de nuit ou dans l'obscurité. Je lui retournais la question.


"Magie de foudre principalement -enfin, en temps normal. Je peux avoir une forme de déplacement instantanée mais ça demande de la préparation. Sinon... je peux courir aussi vite qu'un cheval au galop. Et tatouer des sorts -mais là encore, c'est en temps normal. Aucune idée de ce qui se passerait ici.

- C'est très complémentaire ! Avais-je dis en tapant deux fois sur ses épaules comme pour le féliciter ou me féliciter moi même d'avoir eu la finesse de choisir un si bon compagnon de voyage.

On pourra bien s'entraider. Tu tatoues des sorts ? Comment ça ? Mes sourcils se fronçaient, je n'étais pas du tout au courant que ce genre de pratique s'exerçait sur Yuimen.

- Je suis un tatoueur. Et si j'utilise un fluide élémentaire à la place d'encre, je peux infuser un sort dans un tatouage pour le rendre utilisable à tout moment. Mais comme me le dit ma faëra... Les fluides, ca n'existe pas ici. Alors ouvrir une fiole de fluide me semble au mieux dangereux."


"Ca serait une bonne idée de savoir ce que ça fait d'en libérer à l'air libre, mais ça peut être dangereux. Vous voulez descendre avant que je test une libération de fluide sur Aliaénon ? Ça peut être une forme de paiement, oui. Par contre je n'ai que la magie de foudre pour moi alors si vous voulez un sort en particulier qui n'est pas de foudre, il va falloir trouver un mage qui puisse le faire. Et une fiole de fluide correspondante, comme celle ci. Qui est un fluide de lumière.

- Hm, ça me plairait peut-être. Mais je ne suis pas très familière avec les sortilèges. Le plus souvent c'était des Garzoks ou des Sektegs ou des Shaakts qui se retournaient contre les intérêts de Xenair. Je connais que la magie de l'Ombre quasiment. Tu voudrais essayer mes bracelets ? J'agitais mes bracelets devant lui. Si ça se trouve, il s'en sortirait bien mieux que tous les autres qui l'avaient essayé et avaient dans le même temps dégueulé leur tripe juste après avoir essayé. Transporter son ombre, ça vous retournait l'estomac... Mais comme pour le mal de mer, je m'y étais fait, à force de l'utiliser, je craignais plus la corruption qui provoquait ces larmes noires à chaque utilisation que j'en faisais.

- On verra sur le moment. Et pour les Bracelets, peut être une autre fois. Déjà..."

Il tira la bribe de Falafel et conduit notre monture un peu plus loin, jetant alors la fiole qu'il venait de me présenter. J'entendis un grand claquement dans l'air, ressentant dans ma poitrine comme une vibration et mes oreilles se mirent à siffler de manière désagréable, quant à la vue, je crois que c'était l'ombre provoquée par Akihito devant moi qui avait un peu préservé mes yeux, mais dans l'ombre grandissante de ce début de soirée, je voyais comme une grande tâche verte lorsque je fermais les yeux.


"J'ai testé ce qui se passait quand un fluide -de lumière, lui- était libéré sur aliaénon. Va falloir être prudent, mais ca peut servir."

Il secouait la tête de désapprobation.
"Mauvaise idée le tatouage ici, donc."

Mauvaise mauvaise idée. Tu n'as rien ? Ton idée était éblouissante si je puis dire.

"J'ai l'impression que mes yeux me brûlent de l'intérieur, mais ça va.

(Si tu te demandais ce que ça donnerait, si d'aventure une Faëra venait à se manifester hors du corps de son hôte...)

Il m'en reste encore un, qui sait si ça servira dans la Lande Noire."

Nous en arrivions alors à parler avec une légèreté rafraichissante de l'usage que pourrait avoir une fiole de ce genre, aveugler des créatures d'ombre, des êtres vivants dans le but de prendre l'ascendant sur eux. Puis le silence revint, nous avions tarit notre petite parenthèse amusante et je voyais de nouveau la Shaakte du coin de l'oeil. De nouveau, il me fallait être franche avec lui, mieux valait-il qu'il le sache par moi que par Xël car si je ne m'en souvenais plus, je craignais lui avoir confié que Tal'Raban m'avait donné leur noms, à tous, je crois, et que mon rôle était de les tuer. Xël. Akihito. Jorus. Yliria.

"Cette demi Shaakte. Tal'Raban m'a demandé de la tuer. Et aujourd'hui, je me retrouve à vous aider. La vie est pleine de surprises."

"... Pleines de surprises, ça c'est sûr. Et la tuer maintenant n'arrangerait pas vraiment nos affaires."

- Cette guerre n'a pas connu de vainqueur ou de perdant. Je n'ai aucun grief contre vous et Tal'Raban n'est pas mon Seigneur. Je ne suis pas tenue de lui obéir. Je te le dis, j'aspire à une vie plus sereine."

Comme je l'avais dit. Je ne rêvais en ce moment plus que de ruches. Je voulais me lever le matin tout en sachant que ma seule obligation du jour était de m'assurer que les fleurs aient assez d'eau pour satisfaire des abeilles. Je voyais une maison, un petit quelque chose sans chercher l'extravagance du confort de Keresztur, une paillasse, des poules, quelques canards au " coin " bêta, des abeilles, des ruches, des fleurs et du silence. Je ne voulais rien d'autre. Plus de corbeaux, plus de grincement de tabouret que les alcooliques usaient de leur cul au Termes des Murènes d'Omyre, je ne voulais plus sentir mes bottes s'attacher à la boue des ruelles, je ne pouvais plus supporter l'odeur chaude du cuir et de la transpiration des Garzoks, le fracas des forges de plein air, les vapeurs d'eau qui montaient au cieux comme d'horribles nuages quand on enfonçaient dans les bassins des lames épaisses et brutes destinées à la guerre.

Juste des abeilles, des poules, des canards.

"C'est la chose la plus rassurante que vous ayez dit, Silmeria. Et c'est tout ce que je vous souhaite."

Cette perspective de devoir retarder cette échéance, savoir que peut-être je mourrai ici, dans la boue, seule, sans mes poules et mes canards, sans le son des abeilles pour me consoler, tout ça me plongeait dans une tristesse embrumée de mélancolie.


"Quand la foudre tombe, elle projete une ombre. Avec mes lames, j'ai purgé tous les obstacles pour progresser. Et pourtant... Quelque chose a été perdu avec chaque pas en avant. J'ai même peur d'avoir perdu Hrist. Elle est tout ce qu'il me reste. J'essaie de duper cette... fragilité avec mes petits airs enfantin. Elle me disait un jour ' Il ne faut jamais arrêter de chercher, ne serait-ce que pour un bref éclair de lumière. S'il n'y a rien d'autre, nous avons toujours notre lien. ' mais jusqu'à maintenant... elle rêve en silence. La foudre et l'ombre, tu crois que nous étions voués à se rencontrer ? "
Je ne supportais pas son regard, ses yeux vairons avaient quelque chose d'à la fois attendrissant, comme si les lueurs bleutés que l'un arborait entendait là une supplique profonde tandis que la profondeur du brun noisette de l'autre n'avait que des semblants de pitié mal placée à mon égard. Je baissais les yeux, regardant mes doigts blancs inanimés contraster avec la profondeur de la nuit qui chassait la lueur incandescente du crépuscule bientôt tarit.

"Si elle est tout ce qu'il vous reste, elle reviendra : c'est votre "jumelle" après tout. Maintenant que plus rien ne vous raccroche à votre passé, c'est le moment de prendre un nouveau départ. Alors oui, vos actes vont vous poursuivre et vous coller à la peau longtemps et ça va pas être facile. La foudre projette une ombre, mais elle éclaire aussi un bref moment notre monde. Malgré votre réputation, j'ai... il va hésiter un instant avant de poursuivre, J'ai envie de vous faire confiance. Je prétend pas être un guide providentiel mais si vous êtes sincère avec moi et que je peux vous aider, je ferai de mon mieux pour éclairer votre chemin un tant soit peu."

Il était si doux. Si tendre. J'étais venue provoquante, presque hostile et il venait presque de me désarmer. Bien que ce n'était qu'une méthode de manipulation comme une autre, je m'étais prise au jeu. Jadis, je faisais comme alors, je donnais de nombreuses informations, vraies ou factices sur ma personne et laissait la personne en face avoir l'impression d'en savoir à mon compte, très vite ils confondaient ça avec une affinité, laissant croire qu'ils me connaissaient, mais il n'en était rien. Mais jamais jusqu'à présent je n'avais rencontré tant d'amabilité et pour la peine, j'avais bien envie de me montrer plus ouverte à son égard. Etait-ce là le premier pas de mon long chemin vers la rédemption ? Vers mes abeilles, mes poules et mon canard ?

" Tu sais... merci. Je veillerai sur toi si besoin. L'obscurité grandit et je ne vois pas Aigre-gor allumer de torche. J'ai une bonne vision dans le noir, s'il le faut, je te guiderai.


j'ai pas de torche. Donc si vous pouvez être mes yeux dans le pire des cas...

- Avec plaisir. Si j'ai besoin d'envoyer mon ombre espionner les alentours, pourrais-je compter sur ta surveillance ? Je serai inconsciente à ce moment. Même si avec notre Lysandre volant, ça ne sera peut-être pas nécessaire."

Il toqua sur son bouclier, montrant qu'il avait de quoi offrir le rôle de protecteur, un pavois contre le danger et qu'il veillerait sur moi si jamais je devais espionner grâce à mon ombre.

"Ça paraît pas avec mon double hostile de ce matin -désolé, d'ailleurs- mais c'est mon rôle de protéger. Vous pouvez partir sans problème.

- Tu sais, après avoir relevé Simaya, j'ai pensé à t' inoculer un poison pour te drainer ta magie. J'ai pensé sur le moment que sans ton fluide pour l'alimenter, ton double disparaîtrait. Ça aurait fonctionné tu crois ?"


"Une délicate intention, mais je pense pas que ça ferait quoi que ce soit. Si c'est du Brise-Magie dont vous parlez, c'est un poison qui draine les fluides élémentaires, pas notre capacité à faire de la magie. Ici, on fait appel à... Mmh, l'énergie magique qui est tout autour de nous. Vous pourriez même en faire vous aussi, techniquement."

Il changea de ton, je ne sais pas s'il s'en rendait vraiment compte, il adoptait alors un air plus... Ynorien. Comme lorsqu'un Samouraï daigne montrer aux jeunes enfants en admiration comment il tirait son sabre ou en mimant une botte secrète.

"Comment expliquer ça ?

Xël ne m'a rien appris. Pour un mage comme moi c'est plus facile parce que je l'utilise depuis longtemps. Mais ici, la magie est réellement tout autour de nous. Et nous qui venons de Yuimen, nous pouvons l'appeler à nous. Parce qu'on n'est pas né avec des limitations ? Bref, ce n'est pas important. La magie c'est très personnel alors il se peut que ma façon de la voir vous parle moins que celle de Xël ou d'Yliria. Mais pour faire simple... Imaginez que la magie est présente dans l'air. Vous l'inspirez, vous la recrachez, mais rien ne se passe : parce que vous ne l'utilisez pas. Mais une fois à l'intérieur de votre corps, vous pouvez la plier à votre volonté. Créer des clones de moi, c'est pas quelque chose dont je suis capable sur Yuimen. Je peux manifester des armes avec mes fluides, mais guère plus. Pour le manifester, j'ai simplement pris ce sort avec lequel je suis familier, auquel j'ai "combiné" d'autres choses qui me sont familières : mon marteau, mon corps et ma magie de foudre. Et comme je ne me suis pas fixé de limite sur la quantité de magie environnante que j'utilisais... ça a dérapé."

il brandit trois doigts en l'air et les baissa à chaque énumération.

"Ça peut donc faire trois étapes :
Premièrement, imaginer ce qu'on va faire la magie. C'est votre imagination la seule limite, mais ça me paraît plus prudent de se limiter pour le moment à ce que vous maîtrisez: votre connaissance de la magie d'obscurité, votre corps, et cetera.
Deuxièmement, jaugez votre puissance : la magie est instable pour nous, alors des fois que ça rate ou que ça marche trop bien comme avec Mathis... il faut être prudent.
Troisième et dernière étape, laisser la magie "entrer en soi". On peut y faire appel sans, mais une image parlante est plus pratique. Vous avez imaginé et dosé votre sort, il ne reste plus qu'à laisser la magie lui donner vie."



Laisser la magie... Avec toute la corruption d'ombre que j'avais en moi, je craignais ne provoquer que des catastrophes si jamais je tendais l'expérience. Bien que je mimais comme une enfant un mage envoyant un sortilège du bout des doigts, il n'était pas question de le faire ici. Comment j'irai expliquer à quelqu'un qu'en toussant de travers, j'avais envoyé un souffle de Thimoros ravager cinq Pachy, six aventuriers, Aigre-gor, la faune et la flore sur cent lieux de distance ? Un autre jour.

"Vu le situation, c'est mieux d'attendre un peu oui. Et peut être pas dans Esseroth même, histoire de pas avoir de dommages collatéraux.

- Hey ! On pourrait même envisager un duel amical ?! Enfin... je veux dire... peut-être avec Xël avec toi. Je ne pense pas qu'il refuse un petit entraînement amical.

- Euh... Pourquoi pas ? Mais Xël n'a rien d'un guerrier adepte du combat au corps à corps et sans sa magie utilisable dans un combat amical...

Il me livrait sans s'en rendre compte une information cruciale sur Xël, c'était bien mon côté prédatrice qui voyait ce genre de petits détails, mais cette fois-ci, je ne le gardais pas de côté comme un atout mais plus comme une information visant cette fois-ci à l'assister si nécessaire.

- Ou alors ce jeune homme à la moustache. Pour arborer ainsi les armes de mon ancien Maître, il doit bien savoir se débrouiller au corps à corps... "

Je regardais du coin de l'oeil le jeune homme dénommé Jorus


"N'oubliez pas que c'est un match amical, Silmeria. Et puis... On a d'autres chat à fouetter pour le moment parce que je commence a y voir de moins en moins. Ma magie pourrait normalement créer de la lumière pour qu'on y voit un peu mieux mais je préfère éviter de l'utiliser, même pour quelque chose d'aussi simple. Alors je compte sur vous pour être mes yeux.

- Avoir de la lumière nous exposerait. Il n'y a pas de village, pas de tour de guet, pas d'avant poste... on est bien loin de Yuimen..

- C'est vrai, mais on est peu nombreux à pouvoir voir dans le noir et si on se fait attaquer... bref.

- Et bien si on se fait attaquer, ceux qui voient dans l'obscurité seront très utiles... d'où l'intérêt de rester avec moi Akichou."


"Yliria ! Si tu vois un truc hostile nous tomber dessus dans le noir, je compte sur toi pour nous donner un peu de visibilité !"

Il était vrai que les Shaakts voyaient particulièrement bien dans le noir, c'était probablement là un trésor de la génétique, à force de vivre sous terre dans leurs infâmes galeries comme des taupes à Caix. J'observais les alentours en silence, les aventuriers autour de nous semblaient devenir plus nerveux, plus tendus. La nuit noire arrivait à grand pas, si certains la craignaient, je l'attendais avec amour.
Modifié en dernier par Silmeria le sam. 15 oct. 2022 04:22, modifié 1 fois.
La petite plume de la Mort.

Alors, j'ai établi ma couche dans les charniers,
Au milieu des cercueils,
Où la Mort Noire tient le registre des trophées qu'elle a conquis.


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Re: Esseroth

Message par Dracaena Paletuv » sam. 15 oct. 2022 04:16

Bon, sans remarque ni objection, j'étais finalement parti seul, de mon coté, accompagné d'Eaeria, pour aller chercher de quoi m'équiper. J'étais un peu frustrer de pas pouvoir les accompagner, mais fallait bien constater que personne avait levé la voix pour insister à ce que je vienne. D'façon général, j'avais pas vraiment l'impression d'exister pour eux, pas un pour m'adresser la parole. Juste quelque regard lancé dans ma direction, comme s'ils avaient jamais vu un oudio. 'fin bon, j'aurais du m'y attendre, après tout, j'étais globalement un squatteur qui avait réussi à se glisser discrètement dans cette petite aventure.

Au moins, la fameuse Eaeria, elle, n'agissait pas comme si j'étais un meuble dans la pièce. En marchant dans la rue avec elle, fallait avouer que j'avais moins l'impression d'attirer les regards surpris ou suspect. J'suppose que la madame avait la confiance des locaux, en tout cas suffisamment pour pas que les gens se méfie en la voyant accompagnée de quelque chose de peu commun.



Ou alors elle était connue pour se promener avec des trucs bizarres, et plus personne était choqué.

Au choix.

En tout cas, elle m'amena dans une petite boutique, avec, à ma grande surprise, un garzok. Mais genre, un vieux garzok. Vieux pour son espèce j'entends. Avec les cheveux blancs et la peau plissée, comme les autres êtres de chair. Me semblait pourtant que les garzok avaient tendance à buter leurs vieux, cette bande de sauvage. Les coutumes devaient être différentes dans ce monde, les concernant.


« Vous… Vous venez de Yuimen, n’est-ce pas ? Un oudio ? Cela fait si longtemps que je n’en ai pas vu. »

Oh ! Ça alors ! Le mec savait ce que j'étais. Bonne surprise ça. Et il connaissait Yuimen. Double surprise . Ptet un immigré. En tout cas, il semblait suffisamment à l'aise avec mon espèce pour commencer à me tripoter, passant ses mains sur mon corps.

« Que vous faut-il comme équipement ? Guerrier, éclaireur ? Épée, arc ? Plutôt métal, bois, cuir ? Dites-moi tout. »

Son coté sans-gêne, couplé au fait d'aller vers moi, avait un coté rafraichissant. Enfin l'impression d'être traité comme une vraie personne. Ca me mit d'assez bonne humeur, et je décidai d'engager la conversation avec lui de façon amicale et enjouée.

"Oui oui, j'suis bien un Oudio de Yuimen. Vous n'avez pas d'Oudio dans la région? Mais du coup, vous connaissez Yuimen? Vous en venez?"


Il fit une espèce de sourire qui se voulait mystérieux.

"Oui, oui, je viens de Yuimen. Je servais Oaxaca avant... avant la défaite de Vallel sur ces terres. Esseroth nous a accueillis, moi et mes frères. Je ne crois pas qu'il y ait d'oudios ici, par contre. Peut-être dans les forêts d'Aliaénon ? Plus au nord."


""Pour ce qui est de l'équipement, je voudrais quelque chose pour mage. Une arme magique, baguette, sceptre, ce que vous avez de disponible. Et des protections... en métal je dirais? Je ne suis pas trop habitué à porter des vêtements... "
"


Repensant au fait qu'on m'avait dit que tout équipement me serait accessible, je rajoutai rapidement :

"A bien y réfléchir: auriez vous quelque chose de résistant au feu en terme de protection?"

Son sourire fut remplacé par une espèce de moue contrariée.

"Hmmm. Je crains ne pas avoir ce que vous appelez des armes magiques. Y'a qu'à Nagorin, dans le Royaume d'Ouessie, qu'on doit trouver ces trucs là. Enfin je crois. Puis contre le feu, tout ce que j'ai, c'est un bon seau d'eau ! Mais bon, il faut se le trimballer."

Il se mit à ricaner, puis reprit de façon plus sérieuse :

"Métal hein ? Bien, bien. Plutôt mailles ? écailles ? Plaques ? Un plastron ça doit pouvoir se trouver, des grèves aussi. Des bras d'armure. Par contre des gantelets ou des casques, ça va être compliqué avec votre physique... particulier."

Le voyant détendu comme ça, changer d'expression, je repensais à ce qu'il disait sur ses origines. Un ancien de l'armée Oaxaca, hein ? Depuis la grande guerre contre cette dernière, j'avais pu voir comment tout ce qui était associé à ses anciens serviteurs, que ça soit d'actuels serviteurs, volontaire ou non, ayant commit des crimes ou non, ou juste des gens de la même races qu'eux, étaient devenu des parias.

Est ce que c'était une bonne ou une mauvaise chose ? Je ne pouvais pas dire. Les gens avaient surement leurs raisons, mais tout ça m'semblait un peu...extrême

Et Vallel, du coup, avait été vaincu....ici ? Cette guerre avait été menée aussi sur ces terres ? Dans cet autre monde ? Comme quoi, s't'endroit était ptet bien plus lié à Yuimen que ce que j'imaginais.

Par contre, quelque chose dans son histoire me chiffonnais... Vu la gueule du gars, il était clairement pas aussi à l'époque où il s'était battut pour Oaxaca . Mais la fin de la guerre, elle était... récente, non ? Je veux dire, okay, j'avais pas particulièrement suivit l'évènement, étant bien à l'abris dans ma forêt, mais tout de même... Pourquoi il était aussi vieux cet orc ? C'était quoi ce délire ? Il était la depuis combien de temps ? Nan, vraiment, c'était pas cohérent tout ça. Ou alors le stress de la bataille l'avait rendu comme ça ? J'avais entendu dire que ça pouvait arriver aux êtres de chair. Ou alors, ptet qu'il avait été le cobaye d'une série d'expériences cheloux. Ou un sort bizarre avait aspiré sa vie ? Ou alors, y avait un délire de temps derrière tout ça ? Genre, de temps qui passe plus vite ?



Naaaaan, c'était pas possible... Même si....Fallait bien avoué que depuis que j'étais arrivé, je n'avais vu que des trucs normalement impossible et inimaginable... Alors, peut être que...

"C'est une bonne chose que vous ayez trouver un nouvel endroit pour vivre! La bas, sur Yuimen, il ne fait pas bon vivre d'avoir été associé à Oaxaca... ça explique aussi tous les garzoks que j'ai vu dans le coin.
...
Si c'est pas indiscret, j'ai une question: vous dites que ça fait longtemps: vous êtes ici depuis combien de temps?"


"Cela fait dix-sept ans que la guerre contre Vallel est terminée. Ca n'évoque pas que des bons souvenirs, pour lui. Nombre de mes frères sont morts à cette époque."

Dix-sept ans ?! Dix-septs foutues années ? Okay, pas besoin de m'en dire plus : clairement, le temps s'écoulait pas de la même façon ici que sur Yuimen. Chose à garder en tête, ça ! Avec tout ça, j'en avais presque oublié cette histoire d'équipement.

 «  Je compatis...Revenons en à nos équipements ! ...Erk, rien contre le feu, vous disiez... Bon, dommage, mais pas grave. J'ai toujours fais sans jusqu'à présent... »

En disant ça, mon ton s'assombrit légèrement. Je me mis à passer mes doigts sur l'une des brûlures de mon torse...Toujours fais sans jusqu'à présent...

MAIS BON ! C'n'était pas le moment de m'enfermer dans une nostalgie mélancolique macabre. Je repris mon ton enjoué, afin de penser à autre chose.

 « Pour les armes, c'est dommage, mais je me débrouillerais aussi sans. Nagorin vous dites? J'me demande si c'est loin d'ici.... Bon, j'suis pas venu faire du shopping, mais pour aider. Je ferais sans!
Pour l'armure... Les mailles ça risque de se prendre dans mes échardes... Les écailles ou les plaques me semblent une meilleure solution. Quand à ce qui concerne les mains ou les pieds, c'est pas un soucis si vous n'avez rien, je préfère de toute façon les laisser libre de bouger!»


Je me mis à tortiller mes doigts, les agitants, enroulant et déroulant comme seul un oudio savait le faire, m'amusant du petit bruit de craquement de charbon qui accompagnait chaque mouvement. Et en parlant de s'amuser... la blague que ce vieux gazrok avait fait tout à l'heure m'avait rappelé quelque chose d'important.

 « Par contre... Je veux bien votre seau d'eau! J'ai une soif d'enfer, et la terre de notre point d'arrivée n'était pas de super qualité.»


Le marchand éclata de rire. Visiblement, ma remarque avait fait mouche. Il ramassa un vieux seau en bois trainant par terre et me le tendit.

"Ahah, z'êtes un drôle vous ! Et vous devez avoir une sacrée soif ! Y'a des fontaines en ville, vous pourrez y remplir ça. J'vais voir ce que je trouve pour l'armure, attendez-moi là."



Tandis que je ramassai le seau qu'il venait de m'offrir, le vieil orc commença à se diriger vers une autre salle, probablement sa réserve, quand une voix s'éleva à coté de moi. Me faisant presque sursauter, Eaeria s'adressa soudainement à moi, un air très sérieux collé sur le visage.


"Vous devriez quand même vous munir d'une arme. épée, hache, une lance ou un bâton, même. C'est dangereux de ne compter que sur la magie, pour les vôtres, de ce que j'ai cru comprendre."

 - Vous ...»

J'interrompis ma réponse soudainement. J'm'apprêtais à la contredire, mais lorsque je me mis à prononcer mon premier mot, le souvenir des flammes incontrôlables, magnifiques, certes, mais surtout incontrôlables d'Yliria me revint en tête. Et, alors que je me mis à y réfléchir, le Machintruc géant, et surtout, mon incapacité à lui faire quoi que ce soit avec mes sorts, me revint aussi en mémoire. Contre lui, j'avais été complètement inutile, et j'y aurais probablement laissé des branches s'il n'y avait pas eu l'intervention de Simaya.

Dans le passé, j'étais toujours accompagné d'autres oudios, ou autre, pour m'aider à me défendre. Et lorsque j'avais aquis mon fluide de feu, c'était devenu mon modus operandi face à la plupart de mes problèmes . La réalité venait de me frapper : j'étais devenu dépendant de cette magie, et ici, je ne pourrais pas m'en servir à loisir comme à Yuimen.

Mon ton joyeux disparu, remplacé par un air plus sérieux :

 ...avez parfaitement raison. Jusqu'à présent, je n'ai jamais eu à utiliser que mes sorts et mes branches mais.....»

Il me fallait quelque chose de plus. Quelque chose pour m'aider à me défendre en cas d'urgence. Peut être arriverait il un moment où je ne pourrais compter que sur moi, et mes flammes ne seront pas la pour me sauver.

Je réfléchis rapidement aux différents types d'armes que j'avais pu voir dans ma vie. Une épée ? Non, me connaissant, j'allais me couper une branche avant de toucher quoi que ce soit de dangereux pour moi. Une hache ? Même problème, et puis, culturellement, c'était pas terrible à brandir. (Non pas que je ne sois pas une honte pour les oudios avec mes recherches sur le feu). Il me fallait quelque chose d'utile pour un gars pas habitué à brandir autre chose qu'une baguette, me mettant hors d'atteinte des ennemis, et sans risque de me couper...

Je devrais...

 « Je devrais prendre une lance. ça a de la portée, et le mode d'utilisation ne me semble pas le plus complexe.
"Orienter le bout pointu en direction du danger." »


Je me mis à regarder Eaeria, espérant voir une réaction d'approbation sur son visage. Mais, à bien l'observer, de haut en bas, et à bien y réfléchir, c'était probablement elle même une guerrière. Peut être qu'elle pourrait me donner conseil : après tout, mon égo n'était pas disproportionné au point d'être incapable de demander de l'aide à un expert sur un sujet dans lequel j'était une grosse tanche. 

 « Qu'en dites vous? C'est le genre d'arme qui marchera pour un "non initié" comme moi? Où me recommanderiez vous quelque chose d'autre?»

Et, à ma grande surprise : elle souria.

"Je crois qu'entre vos longs doigts souples, une lance ira très bien. L'idéal pour tenir à distance un adversaire."

Quelle étrange personne. Si, lors de la réunion avec Egregor-pête-encore, elle semblait plutôt stoïque, mais consciente du problème dans le comportement de son supérieur, la, elle paraissait juste... Sympathique. Essayait elle de me mettre en confiance ? Ou de me faire baisser ma garde...


Tandis que je commençais à ouvrir la porte de la paranoïa, le vieux marchand revint enfin, les bras remplis d'un tas de trucs qui semblaient peser une tonne. Sérieux, les êtres de chairs et leurs vêtements pas pratique... En tout cas, il me présenta sa sélection :

Une sorte de haut couvert d'écailles métalliques, ce qui n'était pas sans me rappeler la peau de certaines bestioles que j'avais vu dans les livres.

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Un autre haut, sorte de plaque qui couvrait moins de surface, mais avait l'air de peser encore plus que la précédente :

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Et enfin, des espèces de tubes de métal décoré, trucs qui se mettaient autour des bras et des jambes, si mes souvenirs étaient bons :

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Image


ça faisait...beaucoup de matos pour quelqu'un comme moi qui est plus dans le genre « besoin juste de ma branche et d'un couteau ».


"Si tu as une lance, aussi, ça sera parfait." rajouta Eaeria, tandis que j'essayais de jauger la différence de poids entre chaque pièce d'armure.

Le garzok leva un doigt, et s'en alla fouiller à nouveau dans la réserve. Il revint avec une lance à l'apparence simple, pas probablement efficace . Après tout, le bout pointu était la, c'était le principal. Entretemps, j'avais fini de comparer les deux hauts d'armure qu'il m'avait proposé, et le choix était clair : je prenais les écailles. L'autre était beaucoup trop lourd pour moi. Et puis, je sais pas, les écailles ça avait un certains charme. Quitte à être habillé, autant aussi être sexy !

 « Je vais prendre les écailles. Et le reste, merci beaucoup!»

J'enfilai les différentes pièces d'armures, puis, je me mis dans un coin un peu moins obstrué de la boutique, et surtout, sans client à coté, pour essayer de faire quelque mouvement avec la lance, histoire aussi d'apprendre à doser le poids de l'engin. Bon, ça faisait bizarre, mais je m'y ferais probablement avec le temps. Une fois que je me sentis prêt, je remerciai à nouveau le vieux marchand (un gars sympa au final), puis je me tournai en direction d'Eaeria, pour l'interpeler.

 « Bon, question équipement, c'est fait, merci encore. Y a t'il un endroit où vous deviez m'emmener en dehors de celui la? Si non, j'aimerais aller rendre visite à m'dame Simaya si possible. M'assurer qu'elle aille bien.»

Après tout, j'avais encore plein de chose à lui demander, et j'pense que niveau équipement, je n'trouverais pas mieux que ça pour le moment. Une nouvelle baguette aux frais de la princesse, ça sera une autre fois. Buttant mon pied par accident contre le seau qu'on m'avait donné, ma soif me revint soudain en mémoire :

 « Ah, et faire un tour à cette fameuse fontaine avant aussi, si on a le temps!»

Cherchant un endroit pratique où le placer pour le ranger, réalisant que mon petit baluchon n'avait pas la place, je mis le seau sur ma tête. À cause de mes branches, il ne descendait pas jusqu'à mes yeux, mais ça faisait un bon casque de fortune.

Et, pendant que l'orc me souriait fièrement, visiblement satisfait de mon choix, et de sa sélection, Eaeria me rétorqua :

"Je crois que Dame Simaya a besoin de se reposer encore un peu. Elle était vraiment dans un état de faiblesse majeur, vous l'avez vu comme moi.
Pour le reste, on peut passer à une fontaine bien sûr. Et selon vos intérêts, aller à un endroit ou un autre. Dans les archives, visiter les points clés de la cité. Le temps que Dame Sombreroc soit un peu plus reposée.
Vous évoquiez aussi la possibilité de suivre vos pairs ? Maintenant que vous êtes équipé, ça peut se faire."


Elle marqua une courte pause, puis conclut sa réponse par :

"Enfin, c'est à vous de décider."

à moi de décider hein ? C'était agréable d'être traité comme le V.I.P (Vraiment Important Paletuv) dans le coin. Je pris le temps de réfléchir à mes options, repensant à la situation, à moi, aux autres. Eaeria et moi sortir de la boutique, faisant un signe d'aurevoir au vendeur, puis, nous commençâmes à marcher dans la rue, d'un pas un peu lent, moi suivant cette dernière, et elle attendant ma réponse. Enfin, une fois mes idées un peu plus claires, je pris la parole :

 Comparé à certains de mes « pairs », comme vous dites, je ne connais rien de ce monde.»

Oui, je ne connaissait rien de ce monde. J'avais sauté à pieds join dans un trou noir, sans avoir la moindre idée de ce qui m'attendrait à l'intérieur... Et une fois sur place, personne n'avait vraiment daigné prendre son temps pour m'aider à encaisser tout ça...Enfin, jusqu'à présent. Un peu d'agacement me monta à la tête... Il me fallait bien choisir mes mots.


"Je suis resté seul à l'arrière..."

Les autres m'ont laissé tout seul à l'arrière.

"Et les autres sont assez débrouillard, en plus d'en connaitre plus que moi sur ce monde."

Ils m'ont ignoré jusqu'à présent et ont fait n'importe quoi dès leur arrivé.

"Je pense qu'ils tiendront encore un moment sans moi. Et puis, mons...sir? Sa seigneurie? Messire Egregor est avec eux ;"

Ce gros con.

"Et il a l'air d'être quelqu'un de très fort. En plus d'avoir des pouvoirs uniques. Ca ne servirait à rien que je fonce les rejoindre comme ça juste avec quelques morceaux d'armures et une lance, autant que je me réellement utile pour eux."

Et surtout pour moi !!!

"et que j'enquête sur ce...cataclysme qui frappe votre monde. Aussi, si j'en apprends plus sur ce monde, ça sera surement mieux à tous les niveaux. Les archives me semblent un bon endroit pour commencer. Si certains des points clés peuvent être utile à découvrir, j'irais les visiter volontiers. Et si Dame Simaya se remet entretemps, autant aussi aller la voir pour avoir son point de vue sur tout ça. Elle semblait... plus qu'esseulé, comme si elle avait vue plus que d'autre.

Je réalisai soudainement que j'avais oublié quelque chose.

"Ah, et..."

Je me penchai vers l'oreille d'Eaeria, essayant d'être le plus discret possible, en lui murmurant :

"Si vous avec un... "échantillons" de ces "ombres", je serais curieux de le voir."


Sans perturbaiton, toujours marchant à coté de moi, elle commenta tout le long de ma réponse.


"Bien, je vais vous mener aux archives. Le temps de quelques recherches, Simaya se sans doute apte à vous recevoir. Même s'il lui faudra encore du repos ensuite. Ne vous dévalorisez pas, cependant. Je suis certaine que vous êtes très apte, et que vous atouts sauront être utiles. Vous disiez vouloir une arme 'magique'. Vous avez donc des pouvoirs ?"

Je me demandais si sa remarque était réellement sincère, ou si elle essayait de se montrer aussi sympathique pour être sur que l'un des « héros de Yuimen » se sente apprécié suffisamment afin de se démener, voir de se sacrifier, pour son peuple et elle.

Mpf. Au final, il n'y avait pas trop d'intérêt psychoter sur ça. J'étais probablement un peu trop sur mes gardes après Egregor-ille déguisé. Et puis bon, au fond, on était tous un peu hypocrite et égoiste.



A commencer par moi.


"Des pouvoirs? Magique vous voulez dire? Oui, j'en ai. Même s'ils sont...."

Elle me regardait, attendant ma réponse. Je ne savais pas trop comment aborder le sujet, chaque fois que je l'avais fait, j'avais eu droit à des réactions négatives, du choc, au dégout, aux accusations de blasphème, en passant par la fausse gentillesse.

Un flash me traversa soudainement l'esprit. Une image, d'un temps lointain, de moi, devant une statue de Fearadhach.

Erk. Pas envie d'y penser.

"..."contre nature" pour quelqu'un de mon espèce. Je suis un oudio, un arbre doué d'intellect et de parole, un des enfants de Yuimen. Et pourtant... Je controle le feu."

Ou est ce lui qui me contrôle ? Parfois, je me l'demande...

"Peut être le plus bizarre à ce niveau est que c'n'est pas....non, oubliez. C'est pas important. Elle était bien sympathique ,mais je ne lui faisais pas assez confiance pour lui parler de ça.
Tout ça pour dire que oui, je possède un "fluide" de feu comme on dit chez nous. Je vous ferais bien une démonstration mais autant éviter tout risque d'accident."

"Le feu..." répéta-t-elle avec un sourire mystérieux.

J'avais essayé de faire un peu d'humour sur la fin, espérant qu'elle ne pousse pas la question concernant ce que je ne lui avais pas dit. En marchant tout en discutant, nous étions enfin arrivé à la fontaine. Tranquillement, je me mis à remplir le seau d'eau, avant d'y plonger l'un de mes pieds. Avec une main, je me mis à envoyer de petite giclée sur le second pied, pour le rafraichir aussi.

PAR LES FESSES DE FEARADHACH, CA FAISAIT DU BIEN !

Enfin, avec ma main de libre, je m'adonnai à une sorte de...rituel personnel. Récupérant de l'eau avec cette dernière, je me mis à l'égoutter et la passer sur certaines de mes cicatrices . Cette pratique me...détendait. Elle soulageait une sorte de...sensation. De douleur. Sensée être partie depuis longtemps, mais pourtant encore la, comme un fantôme.

Eaerian ne sembla pas y prêter attention, ni me juger. Elle reprit ses réponses :


"Oui, Egregor est un puissant esserothéen, ils sont en de bonnes mains. Et dame Simaya en a effectivement vu plus que quiconque. Elle a étudié la magie sombre des Landes à Elscar'Olth, la capitale de ces terres noires. Et elle est la seule personne à avoir pu parler aux titans. Elle a maintes fois accompagné les vôtres lors de leurs périples."

Puissant le Egregor ? Mouais, j'avais ptet bien fait de pas avoir perdu patience face à lui. J'avais pas besoin d'un ennemi dangereux de plus.

"Non, aucun échantillon. Lysandre était à peine revenu quand Egregor a apparu. Ils se sont remis en route rapidement. Et je doute que mon jeune ami ait été jusqu'à plonger dans cette obscurité pour y recueillir quoique ce soit."

Ha ! Visiblement l'emplumé avait été trop lache pour se mettre les mains dans le camboui et ramener quelque chose d'utile. Si c'était moi...
Si c'était moi...



Un souvenir me traversa l'esprit. Mes mains, s'approchant lentement d'un feu de camp...


Je...J'avais besoin d'eau. Je plongeai mes deux mains d'un seul coup dans la fontaine. J'avais...J'avais besoin de ça, maintenant ! Il me fallait me calmer... Ce qui, heureusement, arriva assez rapidement.

Me sentant enfin revigoré, je retirai mon pied du seau, reprit ce dernier (tout en y conservant de l'eau pour plus tard), et fit signe à Eaeria que j'étais prêt à reprendre la route. Et comme nous avions repris la marche, moi, je reppris les questions :


"C'est fréquent ici les gens qui savent voler? Ou votre ami Lysandre est un cas à part, un peu comme moi?
Quand à cette...obscurité rampante, je me demande ce qu'elle fait concrètement au contact. Espérons que les autres arrivent à en apprendre plus..."



Parceque, j'avais beau dire, j'étais quand même très curieux de cette histoire d'ombres qui avancent.

"Si je ne m'abuse, il y a un habitant qui lévite. Mais je crois que Lysandre est le seul à pouvoir se changer en oiseau. Nos pouvoirs sont vraiment divers, chacun est un cas à part. J'espère qu'ils reviendront saufs, surtout. Avec des informations, mais pas de tragiques nouvelles."

Oh, tragiques nouvelles, tragiques nouvelles, j'en connaissais aucun d'eux suffisamment pour pleurer leur mort. Enfin, sincèrement j'voulais dire. Faut dire que la, tout de suite, j'étais plus intrigué par la réaction que cette femme avait eu plus tôt, quand je parlais de mon fluide. Son espèce de sourire mystérieux et tout... Elle avait ptet une relation particulière avec le feu ? Ptet que, tout comme moi, elle avait compris qu'il fallait le craindre, mais aussi qu'il fallait l'aimer ?

En tout cas, pendant que l'on marchait, j'pouvais constater que le coin manquait d'un truc : pas de pauvre, pas de mendiants, et pas de racailles prêt à te sauter dessus pour tes Yus. J'étais pas un gros habitué de la ville, mais tout de même, j'pensais que ce coté « quartier qui fait peur » était inclus dans chacune d'entre elle. Comme quoi.

Eaeria me fit signe que l'on était arrivé aux fameuses archives. Effectivement, le bâtiment devant nous puait le vieux parchemin à plein nez. Juste avant de rentrer, je laissai ma curiosité prendre tout de même le dessus : vu ses précédentes réactions, et ce qu'elle disait : ptet que la madame avait un pouvoir qui tournait autour du feu ?

« Vous disiez que tous le monde à un pouvoir différent ici ? Et vous du coup, c'est quoi votre pouvoir ? »

-Vous aurez peut-être l'occasion de voir mes pouvoirs. Peut-être. Même si ça signifierait alors des heures sombres."

ça ne faisait qu'attiser ma curiosité. Qu'elles étaient les véritables capacités de cette femme ? Probablement un truc super impressionnant, si c'était à n'utiliser qu'en dernier recours. Sans plus attendre, et peut-être pour ne pas avoir à donner plus de détail, elle entra dans le bâtiment.

"C'est la demeure de l'archiviste. Parlez fort, il n'entend plus très bien.""

Et effectivement, je vis devant moi un vieil homme, derrière un pupitre, un parchemin et une plume flottant devant lui. Clairement pas un humain de toute fraicheur, mais probablement juste un jeunot comparé à moi. Eaeria lui tapota l'épaule pour attirer son attention, et je pu voir de la curiosité dans on regard lorsqu'il m'aperçu.

Image

"Je te présente Dracaena Paletuv, un habitant de Yuimen. Il est en quête d'informations."

Elle s'était mise à parler assez fort, presque à crier, afin d'être sur de bien se faire entendre. Erk, supeer, je n'aimais pas hausser la voix, avec mon timbre rauque ça rendait bizarrement.

"Voici Berethur, notre archiviste."

Berethur ? Bon, fallait essayer de le retenir celui la. L'humain plissé prit la parôle d'une voix assez tremblante.

"Que cherches-tu, étranger ? Que puis-je pour toi ?"

Je me mis à parler le plus fort possible sans crier, en essayant d'être aussi courtois que j'en étais capable.

«"Je suis, comme vous vous en doutez, nouveau dans ce monde, et je ne sais en rien comment il fonctionne. Je suis ici pour aider à régler...diverses problèmes. Je m'excuse d'avance si mes questions semblent stupide, mais tout d'abord, que sait on des titans? De leurs origines?
La magie de Yuimen est visiblement tordue dans ce monde, avez vous une idée de ce qui provoque ça? Y a t'il eu des cas de yuimenien capable de...reprendre le contrôle de leur pouvoirs?
Et surtout... Les landes noires sont elles connues pour... s'étendre, je dirais? "»


Le parchemin et la plume flottante se mirent à redescendre lentement, comme si le plissé les contrôlait par son esprit. Une fois posé sur la table, il pris la parole.

"On sait peu de choses des Titans. Dieux ou créatures, ils ont façonné le monde d'Aliaénon à leur image : Monts, plaines, forêts, lacs et mers. Déserts et chaos de pierres. Puis, ils ont été endormis par l'un d'eux : le Sans-Visage. Ce dernier a aidé les populations vivant en ce monde à construire des cités magnifiques, profitant du répit que l'endormissement occasionnait : fini le chaos des zones géographiques qui changeaient sans prévenir. Les peuples sont devenus sédentaires, c'est ainsi qu'est née Esseroth."

Il marqua une pause. Eaeria, elle, juste à coté de moi, semblait passionnée par ce que le vieillard racontait. Peut être était elle une férue d'histoire titanesque.

Ou de vieux monsieurs.
J'avais entendu dire que c'était visiblement un truc chez certains humains.
L'archiviste reprit :

"Des siècles ont passé dans cette paix totale, chaque peuple vivant sans chercher à se rencontrer. Puis vint Vallel, enfant d'Esseroth formé par la cité noire d'Elscar'Olth et devenu puissant sur votre monde. Il a fait déferler ses armées sur ce monde, sur Esseroth en tête. Les aventuriers de Yuimen se sont joints au combat pour protéger les peuples. Mais l'abus de magie, de bruits de la guerre a fini par éveiller les Titans endormis. Sortant de terre, ils menaçaient de tout ravager, sans prendre même conscience de nos existences. Mais nous avons attiré l'attention de l'un d'eux, grâce aux Dragons du Raa'Saaksha. Le Titan de Magie des Plaines d'Or. Simaya Sombreroc a pu entrer en contact avec cette entité, et a convenu en plusieurs mois une entente avec eux : Nous laissions des landes vierges aux Titans pour qu'ils y vivent librement, et en échange ils laissaient nos villes se développer."

Il ferma un instant les yeux, comme pour se concentrer sur autre chose. Et de fait, il changea de sujet, rouvrant son regard vers moi.

"La magie sur Aliaénon n'a pas la même nature que celle sur votre monde. C'est pour ça que vos pouvoirs sont imprévisibles. Dangereux et puissants. Nul ne sait si l'un de vous est parvenu à maîtriser ses pouvoirs totalement. J'en doute. D'autant plus que la magie de ce monde ne cesse de varier, plus chaotique et puissante à mesure que le temps passe. Plus indomptable aussi."

Il ferma à nouveau les yeux, visiblement en train de fouiller dans sa mémoire pour trouver les réponses à mes questions.

"La Lande Noire a toujours été stable, de mémoire d'Esserothéen. Il n'y a pas de raison qu'il en soit autrement."

"Berethur ne sait encore rien de la progression des landes sur nos collines. Lysandre venait de revenir de son expédition quand Egregor et vous êtes arrivés. Rien ne sera archivé ici tant que nous ne connaîtrons pas le fin mot de l'histoire. Le retour de leur chevauchée."

En entendant l'intervention d'Eaeria, l'humain plissé sembla surpris.

"Egregor Carminès est de retour ? Bien. Très bien."


Bon ! C'était beaucoup d'info tout ça. En tout cas, ça me permettais de me rendre compte que le coté pressé d'Egregor était ptet plus justifié que je ne l'imaginais. Ca n'excusait pas son comportement ordurier, mais au moins, on pouvait l'expliquer par une réelle panique. Je suppose...
La réaction de l'archiviste me surprennait un peu tout de même...

«"Une raison particulière pour cet engouement concernant le retour d'Eg...De messire Egregor? Autre que le respect , je veux dire?
Ah, aussi, petite question concernant ce sans visage: On sait ce qu'il est devenu? Il gambade aussi dans les plaines ou...? Parce que j'imagine qu'à leurs réveil, ses copains titans ont pas du apprécier le coup do sommeil forcé qu'il leur a fait.
Et est ce.... Oh, je réalise, excusez moi une seconde!"»


J'étais sur le point de parler d'une information qui était potentiellement confidentielle. On m'avait laissé tout seul ici, autant ne pas faire de bêtise. J'interpellai Eaeria, lui faisant signe de s'éloigner un peu du pupitre du vieux. Me penchant vers son oreille, je lui murmurais quelque chose, en faisant bien attention à ce que l'archiviste ne puisse pas m'entendre. Après tout, peut être qu'il n'était pas réellement dur de la feuille, et qu'il essayait juste de se donner un genre.

«Les gens d'Esseroth savent pour...vous savez, le "petit accident" du titan de magie?»

-L'accident du Titan de Magie ? De quoi voulez-vous parler ? Si vous avez la moindre information, vous pouvez la partager librement : chacun ici est l'égal de l'autre."

…...............

OH.................

…...............

Tandis qu'un flot de pensée m'assaillit l'esprit, Berethur, lui, continua de parler.

"Egregor est un héros de la ville, l'un de ses défenseur les plus fervents, l'un des mages les plus puissants. Il a le respect de tous les nôtres, sans aucun doute. C'est une bonne nouvelle que de le savoir à nouveau sur Aliaénon, parmi nous."

"Je n'ai pas de note précise concernant le Sans-Visage. Les rumeurs disent qu'il serait mort lors de l'effondrement de la Tour d'Or. Plus personne ici n'a entendu parler de lui depuis, en tout cas. Quant à ses relations avec ses frères titans, elles n'ont jamais été claires pour nous, mortels. J'ignore tout de celles-ci." Ajouta-t-il en se grattant la tête, l'air un peu confus.



Mais il n'était pas le seul à avoir été frappé par la confusion. A la réponse d'Eaeria, je m'étais juste....immobilisé.
C'était...pas connu ? Elle n'avait pas l'info ? Un de leur dieu était MORT et personne n'était au courant ?! Quelque part, c'était logique, après tout, une nouvelle comme ça allait probablement provoquer un chaos sans nom. Et j'étais potentiellement celui qui serait le déclencheur de ce chaos....



Deux frissons venaient de me parcourir l'écorce. Le premier, c'était en imaginant la ville à feu et à sang, par ma faute... Parce que j'avais fait une erreur, dans cette aventure où à la base je n'étais même pas sensé être la...

C'était...horrible... mais... ça ne m'inquiétait pas autant que le second...

Quand je pensais à tout ça...à toute cette panique et destruction potentielle... A toutes...ces flammes...

Je ressentais... de l'excitation.



…..........

De l'eau ! Il me fallait de l'eau... Il fallait que je me calme. Vite. Mes mains ! Mes mains, plongées dans l'eau. Mes brûlures... Elle piquent...Elles chauffent...Elles font mal...Elles appellent...Elle demandent...plus!
Non. Non non non non non non non non non non non et non !

Je n'dois pas penser à ça ! Je n'dois pas penser à ça ! Je n'dois pas penser à ça ! Je n'dois pas penser à ça ! Je n'dois pas penser à ça ! Je n'dois pas penser à ça ! Je n'dois pas penser à ça ! Je n'dois pas penser à ça ! Je n'dois pas penser à ça ! Je n'dois pas penser à ça ! Je n'dois pas penser à ça ! Je n'dois pas penser à ça ! Je n'dois pas penser à ça ! Je n'dois pas penser à ça ! Je n'dois pas penser à ça ! Je n'dois pas penser à ça ! Je n'dois pas penser à ça ! Je n'dois pas penser à ça ! Je n'dois pas penser à ça ! Je n'dois pas penser à ça ! Je n'dois pas penser à ça ! Je n'dois pas penser à ça ! Je n'dois pas penser à ça ! Je n'dois pas penser à ça ! Je n'dois pas penser à ça ! Je n'dois pas penser à ça ! Je n'dois pas penser à ça ! Je n'dois pas penser à ça ! Je n'dois pas penser à ça ! Je n'dois pas penser à ça ! Je n'dois pas penser à ça ! Je n'dois pas penser à ça ! Je n'dois pas penser à ça ! Je n'dois pas penser à ça ! Je n'dois pas penser à ça ! Je n'dois pas penser à ça ! Je n'dois pas penser à ça ! Je n'dois pas penser à ça ! Je n'dois pas penser à ça ! Je n'dois pas penser à ça ! Je n'dois pas penser à ça ! Je n'dois pas penser à ça ! Je n'dois pas penser à ça ! Je n'dois pas penser à ça ! Je n'dois pas penser à ça ! Je n'dois pas penser à ça ! Je n'dois pas penser à ça ! Je n'dois pas penser à ça ! Je n'dois pas penser à ça ! Je n'dois pas penser à ça ! Je n'dois pas penser à ça ! Je n'dois pas penser à ça ! Je n'dois pas penser à ça ! Je n'dois pas penser à ça ! Je n'dois pas penser à ça ! Je n'dois pas penser à ça ! Je n'dois pas penser à ça ! Je n'dois pas penser à ça ! Je n'dois pas penser à ça ! Je n'dois pas penser à ça ! Je n'dois pas penser à ça ! Je n'dois pas penser à ça ! Je n'dois pas penser à ça ! Je n'dois pas penser à ça ! Je n'dois pas penser à ça ! Je n'dois pas penser à ça ! Je n'dois pas penser à ça ! Je n'dois pas penser à ça ! Je n'dois pas penser à ça ! Je n'dois pas penser à ça !


Je reppris un peu mes esprits... Mes mains frottaient frénétiquement de l'eau sur mes blessures. Je voulais les arrêter...mais je n'y arrivait pas. Eaeria, elle, était toujours la, me regardant, ne semblant toujours pas choquée ou surprise de mon comportement. Il fallait que j'aborde le sujet... que je demande sans créer de problème...

Je comptais demander à l'archiviste s'il y avait des cas de Titan mort, mais au vu de ce qu'il m'avait raconté, et de ce les autres avaient dit, visiblement, la seule personne dans ce monde qui savait vraiment quelque chose sur les titan, c'était Simaya. Hors, elle aussi était visiblement désemparé de ce qui était arrivé au titan de la magie. Si elle ne savait pas, personne d'autre ne saurait.

Mais Eaeria... Elle, elle avait visiblement la confiance de Simaya et de sa clique. Elle avait la confiance supposée d'Egregor, et visiblement, les gens d'ici le considéraient comme un héros.

Concrètement, je ne connaissais pas cette femme depuis très longtemps, je ne lui faisais pas plus confiance qu'à une autre, mais pour le moment, c'était probablement la personne la plus apte à apprendre la nouvelle de la mort du titan de magie. Si la situation dégénérait, elle pourrait s'en charger. En tout cas, ça sera plus sa responsabilité, pas la mienne.


Je me mit à chercher mes mots, pour bien lui annoncer la nouvelle.


«Ce....C'est compliqué. J'aimerais... m'entretenir avec vous d'abord, en privé, avant de parler...publiquement de cette information. »


Réalisant soudainement ce que le vieillard avait dit juste avant, je pris conscience que le principal suspect pour la mort du titan de magie était le Sans-visage : jusqu'à présent, c'était la seule entité ayant réussi à « vaincre » des titans, même si c'était en les endormant. Et de sommeil naturel à sommeil éternel, il n'y avait qu'un pas. Peut être qu'un morceau de cette fameuse tour d'or lui était tombé sur la tête et l'avait rendu zinzin ? Posons la question, et surtout : changeons de sujet !!!

"L'effondrement de la...tour d'or? Je suis désolé, je ne sais pas de quoi il s'agit. C'était une vraie tour? Ou genre, une montagne? Je veux dire, si son effondrement à tuée un titan, c'est qu'elle devait être gargantuesque!"

MAIS QUEL ABRUTI JE SUIS ! POURQUOI JE PARLE ENCORE DE TITAN MORT MOI ?!
Vite, de l'eau sur les brûlures, de l'eau sur les brûlures...
Avec de la chance, peut être que le sujet était moins risqué que ce que je ne pensais...

Mais à ce moment, Eaeria prit soudainement la parole, un sourcil de curiosité levé.

"Aucun secret ne doit être fait à notre archiviste : il est notre mémoire, garant de notre histoire. Mais si vous y tenez vraiment, allons en parler à part."

Et elle sortit de la pièce, m'attendant visiblement dehors. Je n'eu même pas le temps de jurer intérieurement, car le vioque enchaina immédiatement.

"La Tour d'Or a été, il y a quinze an et jusqu'il y a deux ans lors de son effondrement, le lieu de rencontre et de partage des Conseillers d'Or, issus chacun d'un des peuples de ce monde. Une union qu'ont permise les Yuimeniens. C'était une grande tour, très symbolique. Son effondrement a jeté un froid distant entre les peuples. Le sans-visage, contrairement aux autres Titans, n'a rien de gargantuesque. Il est de notre taille, mais possède plusieurs avatar parcourant le monde sous des apparences différentes."

Ah...Le Sans-visage était à taille d'oudio ? Zut, flute, et bordel de merde ! Ça ne correspondait pas à la vision de Xël. Un suspect potentiel en moins...

Par contre...

Ca voulait aussi dire qu'un type à taille d'oudio avait réussi à vaincre les titans dans le passé. Donc, contre le prédateurs divin, nous avions peut être plus de chance que prévu.

Fourmis !

Boule de feu !!!


"Il a plusieurs apparences? Intéressant ça....Mais du coup, excusez moi, je reviens!"


Ne voulant pas fuir éternellement cette histoire, je m'empressa de rejoindre Eaeria dehors. Regardant à droite, à gauche, m'assurant que personne n'essayait de s'approcher pour nous écouter, je me penchai une nouvelle fois vers son oreille, pour murmurer, d'un ton hésitant :

"Okay, alors....j'vous en parle avant pour pas créer de panique...euh.... Je sais pas trop comment vous dire ça mais.... le titan de magie est.... euh....bah....

.....Mort.

...

...Codoléances?"



Dracaena, tu es un dieu du tact. Où est mon foutu seau d'eau ?!

Par chance(?), Eaeria ne hurle pas, ne pleure pas, ou ne m'attaque pas : elle parrait juste... incrédule.



Ouais...

J'aurais du la voir venir celle la...

Et sérieusement, si je frottais mes cicatrices plus fort que ça, eau ou pas eau, j'allais finir par me transformer en feu de camp...


"C'est bien la question! Un des membres du groupe, Xel, j'sais pas si vous le connaissez, mais visiblement, il avait une sorte de pierre de vision. Il a vu.... Quelque chose le tuer. Quelque chose d'aussi grand qu'un titan, de tout noir et sombre, comme une...



Comme une ombre."


En le disant à voix haute comme ça, je réalisai d'un seul coup que cette histoire d'ombre géante dont parlais Xël dans sa vision, et cette affaire d'ombres rampantes des landes noires, étaient ptet bien plus lié que je ne l'imaginais...

Mais interrompant ce nouveau flot de réflexions, je reppris frénétiquement mes explication, désespéré à l'idée de convaincre Eaeria, et de m'éloigner de toutes conséquences néfastes !

"Ecoutez... Je sais, ça à l'air invraisemblable. Suréaliste. Quand on m'a expliqué ce qu'était un titan et que j'ai vu son cadavre, j'ai réagis pareil. "Un dieu qui meurt? Par les fesses de Fearadhach , c'est pas possible!" Je...je sais, je ne suis qu'un étranger venu d'un autre monde, et qui doit paraitre bizarre pour vous, donc vous n'avez aucune raison de me croire, mais réalisez que moi, j'ai aucune raison de vous mentir! C'est LA raison pour laquelle, apparemment, on a appelé les gens de Yuimen: trouver ce tueur de titan.

....Non, vraiment, je vous jure, je l'ai vu de mes yeux de bois! Son corps flottant, dépourvu de vie, un trou dans le torse, je....
...En fait, Simaya aussi l'a vue. Si vous ne me croyez pas, et, encore une fois, je vous comprends sur ça, allez lui demander à elle!"


Et une fois de plus, cette femme me surpris de par sa réaction. Elle se contenta juste de...froncer des sourcils.

"Non, ce n'est pas que je ne vous crois pas, c'est que... Je ne croyais pas cela possible. Je connais Xël de renom, et les pierres de vision des sorciers du désert aussi. J'ignorais qu'il en maîtrisait le pouvoir, cependant. Vous pensez que c'est lié aux ombres qui avancent vers notre ville ? Et ce titan mort, à quoi ressemble-t-il ?"

Elle écoutait ? Elle acceptait ! Elle voulait bien me croire !!! Oh, par le brasier m'ayant dévoré, merci, un grand merci, qu'elle soit compréhensive allait rendre le retste beaucoup plus facile. Par contre, c'était tout de même très...déconcertant cet espèce de calme et de maitrise d'elle qu'elle manifestait. Un truc de plus que je devrais apprendre à l'occasion ça !


"Hélas non, je ne sais pas à quoi ce prédateur divin (c'est le nom que je lui ai donné) ressemble. Tout ce qu'on sait de la vision, c'est qu'il est aussi grand qu'un titan, surement un titan lui même, et qu'il est apparu comme une ombre. Il vole aussi. Et lorsqu'il a tué le titan de magie, il a généré une immense explosion. Les...plaines d'or que ça s'appelle si j'me trompe pas, vous visualisez? Un endroit magnifique, avec de l'herbe d'or partout, assez joli, un peu comme vos cheveux et vos yeux. Bah, y a plus. C'est détruit. Visiblement par l'attaque sur le titan de magie.

Quand à si les ombres qui avancent vers cette ville ont un rapport...Plus j'y réfléchis, et plus je me dis que ça serait plus bizarre qu'il n'y en ait pas. Certains ont émis l'hypothèse d'un titan de l'ombre... J'imagine qu'un titan comme ça n'est pas connu?
...
A bien y réfléchir....M'sieur l'archiviste à dit que le Sans-visage avait endormis les titans dans le passé, mais que ces derniers se sont réveillé à cause de l'utilisation abusive de la magie et de la guerre.... Et le Sans-visage est supposé mort...

....

Et si la mort de ce dernier avait genre... je sais pas, libérer un dernier titan, plus dangereux que les autres, qui avait été endormis différemment? Du genre...scellé?"


Au vu de la mine confuse d'Eaeria, je m'étais trop perdu dans mes réflexions, et je l'avais perdu elle au passage.

"Je... J'avoue ne pas savoir que répondre à tout ça. Si c'est un titan à l'œuvre, il doit être d'une puissance incroyable. Si son éveil a pu être causé par la disparition du Sans-Visage... c'est une hypothèse qui peut se tenir, mais j'en connais si peu... Simaya aura peut-être réponse à ça ? Une piste, tout du moins..."

Elle essayait encore visiblement de bien enregistrer toutes les informations que je venais de lui donner. C'était... pas très cool de ma part : j'avais subis un peu la même chose depuis mon arrivé : être bombardé d'info sur des choses invraisemblable. Mon but était d'éviter d'être le responsable d'une insurrection, pas d'accabler l'une des seules personnes c'étant montrée sympathique avec moi depuis mon arrivée, sincèrement ou pas.



"Erk, désolé. J'imagine que c'est...beaucoup à avaler en une fois. C'est pour ça que je voulais éviter d'en parler devant trop de monde. Et c'est aussi l'une des raisons pour laquelles je voudrais m'entretenir avec Simaya...Bien que je m'inquiète aussi pour elle.

Je n'ai pas l'impression que je pourrais apprendre plus sur ce soucis chez m'sieur l'archiviste, mais si quelque chose vous viens en tête, allons lui demander. Sinon, on peut aller voir directement Simaya.

Et si c'est encore trop tôt... Vous aviez des monuments à me faire visiter, non? ça vous aidera ptet à encaisser tout ça, et à vous calmer."


Je posai les yeux sur mon bras, ma main encore en train de frotter l'une des brûlures s'y trouvant. Inconsciemment, un murmure m'échappa.

"...Et peut être que ça me calmera moi aussi..."

Eaeria sembla se reprendre.

"Oui, sans doute devrions-nous la voir tout de suite. Les informations qu'elle pourrait nous donner sont capitales. Le tourisme devra attendre, je le crains."

J'étais presque déçu sur le moment. Au début de cette histoire, j'étais partis dans l'optique d'être efficace et productif, mais la, avec ce coup de stress et d'anxiété, j'avais juste envie de me détendre en faisant le touriste. Je laissai s'échapper un petit rire, mélanger à un soupir.

'fin bon. Pas de repos pour les braves, j'imagine.

"Haha...Si on réussit à avoir le fin mot de cette histoire, je reviendrais pour ma visite guidée!

...Oh, avant de partir, j'vais juste prévenir m'sieur l'Archiviste."


Je retournai rapidement à l'intérieur du bâtiment, le temps de faire un geste au vieil homme.

"Nous allons rendre visite à Dame Simaya. Merci beaucoup pour toutes vos info, ça a été très...informatif. Je repasserais à l'occasion! "

Et d'un salut de la main, je disparu de la pièce, courant pour rejoindre Eaeria.

"Je suis près, on peut y aller!"

Fallait que je fasse comme d'habitude : fallait que je reste positif. Et pour commencer, avec tout ça, et cette retombée de stress, enfin, je pu reprendre le contrôle de ma main, et arrêter de frotter mes brûlures... Y avais plus qu'à espérer que les étranges sensations se calment bientôt elles aussi...

J'emboitai le pas d'Eaeria, me disais que toute façon, ça ne pouvait que se calmer. Pour le moment : direction la chambre de Simaya !

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Cromax
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Re: Esseroth

Message par Cromax » sam. 15 oct. 2022 12:59

Cauchemar en Aliaénon : Esseroth III




Esseroth – Chambre de Simaya.


Eaeria mena Dracaena vers la place où ils avaient atterris à leur arrivée. Elle paraissait presque déserte, sans tous ces visiteurs venus d’ailleurs. Sans s’y attarder, elle se dirigea vers l’auberge où elle avait laissé la blonde magicienne. Ils y pénétrèrent tous deux et Dracaena put constater avec surprise l’absence totale d’individu dans la salle principale. La jeune femme ne sembla en faire cas, et se dirigea vers les escaliers au fond de celle-ci sans une once d’hésitation. Elle les grimpa et attendit Drac devant une porte, qu’elle ouvrit doucement. Simaya était allongée sur un lit confortable, les yeux entrouverts. Elle tourna la tête vers Eaeria et Drac, et un sourire paisible apparut sur son visage. À son chevet, un homme se tenait. Le gérant des lieux, très certainement. Il paraissait entre deux âges, visage jeune et fringuant, mais chevelure et petit bouc aussi blancs que la neige.

Image

Il tourna vers le duo un regard clair, un sourire aux lèvres, et affirma posément :

« Simaya va mieux. Ella e encore besoin de repos, bien sûr, mais sa santé n’est plus en danger. »

Avait-elle vraiment poussé à bout ses pouvoirs ? Il semblerait. Eaeria s’approcha du lit et fit un signe de tête à Drac pour qu’il l’accompagne. Elle l’incita à prendre la parole. Il voulait lui parler : c’était le moment.




Collines Oniriques.


Dans la nuit noire, seulement éclairée par une lune partiellement couverte dans les cieux (et laissant ceux ayant une vision nocturne relativement correctement, même si ça n’était pas l’idéal), chacun y alla de son avis sur la démarche à suivre. Mathis énonça un plan auquel Kaar répondit, un sourcil levé.

« Oui, oui c’est possible. Mais eux voient bien dans l’obscurité, c’est plutôt la vision du groupe qui m’inquiète. »

Et effectivement, torche et éclat de métal élémentaire ne suffisaient pas à éclairer davantage que de courts mètres autour du porteur. Insuffisant pour voir venir quoique ce soit dans ces landes ouvertes. C’étaient plus des phares dans l’obscurité que de réelles sources d’éclairage. Jorus, Yliria (qui n’avait vu de mouvements alentours de son perchoir jusqu’ici), et Xël semblaient prendre le parti d’une pause stratégique pour la nuit. Egregor, non sans un soupir, dut bien leur concéder.

« Oui. Oui je crois qu’il est préférable de faire une pause. À part le sang coulant dans les veines des vivants alentours, je n’y vois guère plus. Même si je déplore qu’on doive rester immobiles après cette foutue explosion. »

Il darda Akihito d’un regard noir, puis porta son attention sur Xël.

« Le pouvoir de Fin sera en effet plus qu’utile si nous devons retourner en urgence à Esseroth. Et effectivement, il va falloir se relayer pour les gardes, cette nuit. Nous ne pouvons nous permettre que la corruption nous atteigne dans notre sommeil. »

Mais la discussion s’arrêta subitement : Yliria d’abord, Silmeria ensuie, aperçurent du mouvement dans les ombres, de toutes parts. Ils étaient entourés. Des silhouettes massives qui arrivaient avec rapidité et silence vers leur position. De nombreuses silhouettes. Et Yliria put reconnaître en leurs traits une description qui lui avait été faite un peu plus tôt. Hélas. Plus grands que les pachylaires, ces bêtes furieuses étaient massives et puissantes. Des sortes de prédateurs aux dents longues et aux griffes acérées à la crinière rousse ornée de cornes énormes. Une longue queue munie de piques se terminait en une sorte de masse terrible qui balançait au rythme de leur course.


Image



Ils avaient visiblement de bons coussinets, pour se mouvoir aussi rapidement dans les collines sans bruit, tels des félins nocturnes. Les deux femmes du groupe en dénombrèrent une quinzaine, dont dix fonçaient droit sur le groupe de toutes les directions alors que cinq autres semblaient s’arrêter à une distance raisonnable, comme pour patienter. Kaar s’écria :

« Des Corneraures !! »

Prévenus par le semi-orque et par les donzelles (sauf mention contraire de votre part), le groupe fut prêt à les accueillir. Même si Akihito, Mathis, Jorus et un Xël toujours aussi épuisé ne les verraient qu’au dernier moment, lorsqu’ils seraient sur eux. À plus large latitude pour Jorus et Akihito, éclairés.

Alors qu’ils approchèrent, les premières défenses furent lancées : Egregor bondit de son Pachylaire et, tendant la main vers l’un d’eux, lui soutira instantanément tout son sang, qui prit la forme d’une large et longue lance carmin pour aller en embrocher un autre au niveau de la tête. Les deux tombèrent instantanément, morts. Une démonstration de son pouvoir terrible en situation. Kaar, lui, dégaina son épée bâtarde et leva la main vers celui qui le chargeait : ce dernier ralentit jusqu’à s’arrêter à quelques centimètres du semi-orque, visiblement… calmé ? Curieusement, il se retourna vers les autres bêtes qui les chargeaient. Comme s’il avait changé de camp, charmé. Lysandre, lui, se changea en oiseau et prit son envol dans les cieux. Au moins là, il était à l’abri.



[HJ :
Drac, on poursuit sur l’aparté avec Simaya !
Les autres : situation de combat. On va résoudre un ou deux tours dans la Discussion Générale, si vous êtes chauds. Chacun poste son action, et quand tout le monde l’a fait, je résous ça. Attention pour ceux qui n’y voient rien ou pas grand-chose de bien tenir compte de ça. Vous avez l’initiative sur eux grâce à la surveillance de vos voyants nocturnes.]


[XP :
Mathis : 0,5 (voyage et ramassage), 0,5 (aparté)
Akihito : 0,5 (voyage et explosion), 0,5 (aparté)
Jorus : 0,5 (voyage), 0,5 (aparté)
Yliria : 0,5 (voyage), 0,5 (aparté)
Xël : 0,5 (voyage), 0,5 (aparté)
Silmeria : 0,5 (voyage), 0,5 (aparté)
Dracaena : 1 (découverte d’Esseroth), 0,5 (achats), 1 (apartés)]


[Jeu des mots :
Mathis : 2*5 points
Jorus : 3*5 points]

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Yliria
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Re: Esseroth

Message par Yliria » mar. 18 oct. 2022 14:21

<< Précédemment


Par chance, ou parce qu’Egregor avait compris que tout ceci risquait de nous retomber dessus, le groupe décida qu’une pause était le plus sage. J’étais intérieurement soulagée. Voyager de nuit dans ces conditions allait être un calvaire et je n’avais aucune envie de porter sur mes seules épaules la responsabilité de la sécurité du groupe. Puis un mouvement attira mon attention et je jurai. Tout autour de nous, des créatures avançaient à vivre allure. Cornues et dotées de longues pattes terminées par des griffes acérées.

- On est encerclé, sont au moins une dizaine !

Je sautai à bas du pachylaire en dégainant rapière et bouclier, cherchant à infuser la première de ma magie. Le résultat fut… étrange. Une lame assombrit entourée de lumière. Foutue magie d’Aliaénon. Sans savoir ce que cela faisait, j’hésitai à l’annuler, mais le temps pressait. J’entendis Kaar non loin avertir qu’il s’agissait bien de Corneraures. Je bandai mes muscles en voyant deux d’entre eux approcher à grande vitesse. L’un d’eux s’arrêta face à Kaar, et je compris bien vite qu’il avait ordonné quelque chose. N’ayant plus de soucis à me faire pour lui, je me ruai vers le second, rapière en avant, hurlant un ordre à Ssussun.

- Ssussun ! Lumière au-dessus de nous !

A quelques centimètres de la créature, je changeai brusquement de posture, faisant brièvement disparaître ma lame derrière mon bouclier pour modifier la perception de la créature. Ma lame se ficha jusqu’à la garde entre ses deux yeux. Le choc fut rude et je me sentis partir en arrière sous la force de sa charge, soulevant brièvement mes pieds du sol. Je les fis retomber en tentant de freiner ma course au moment où le ciel s’illumina. Un large sourire étira mes lèvres. Voilà qui allait faciliter quelque peu la tâche de mes compagnons autrement incapable de voir dans le noir.

La créature face à moi s’écroula finalement, morte et je retirai ma lame dans une fine gerbe de sang. Un simple coup d’œil autour m’appris que le corneraure que contrôlait Kaar avait mal fini et je me ruai vers la menace pesant sur lui, Ssussun sur mes talons. Le semi-garzok ne sembla pas plus ennuyé que ça par la menace et calma le second corneraure avant de me crier de grimper. Je haussai les sourcils, mais en le voyant se mettre en place pour m’aider, je n’hésitais pas. J’accélérai, et pris appui sur ses mains pour me jeter sur le dos de l’animal. Ce n’était pas confortable ou vraiment stable, mais cela ferait l’affaire. Non seulement je serai plus rapide, mais en plus j’avais une meilleure vision d’ensemble. Et j’entendis autant que je vis d’autres créatures approcher à pleine vitesse. Je retins de justesse un juron et me tournai vers Kaar.

- Dis-lui de charger celui qui menace Egregor, puis mets-toi à l'abri, j'en fais mon affaire.

Le maître du sang était en fâcheuse posture, cerné par deux créatures. Kaar hocha la tête et le félin bondit vers la direction demandée. Je serrai les jambes sur ses flancs essayant de me maintenir de mon mieux. J’entendais les bruits de combat tout autour, mais impossible de dire comment les autres s’en sortaient. La lumière vive de Ssussun devait nous donner un avantage, mais jusqu’à quel point ? Pour le savoir, je devais déjà me débarrasser de la menace immédiate.

Un coup de rapière s’enfonça entre les deux yeux d’une créature, la tuant sur le coup, évitant à Egregor d’être pris à revers. L’autre corneraure attaqua celui que je chevauchai, ratant mes jambes de peu et lui lacérant le flanc. J’entendis Eregor jurer au moment où ma monture tenta de me catapulter sur el sol d’une brusque ruade. Je me retins de justesse, mais mon regard se braqua aussitôt vers Kaar qui était à genoux, blessé. Et MERDE !

- Foutues bestioles et vos putains de gueuseries !

Je jetai un rapide coup d’œil autour, n’apercevant que Xël sur sa monture et Lysandre…

- LYSANDRE ! Arrête de jeter ta gourme au milieu des nuages et va aider Kaar !

Il fallait l’aider mais j’avais déjà deux gros problèmes sur les bras. Je n’allais pas faire dans la finesse cette fois. Je me concentrai, bandai mes muscles avec la ferme intention de massacrer ces bestioles pour aller au secours du reste du groupe. J’entendais des cris de douleur et d’inquiétude tout autour, cela ne se présentait vraiment pas bien.

- SSUSSUN ! Soigne Kaar ! Vite !

Si... Si vous acceptez, je pourrais peut-être me joindre à votre compagnie ?

Putain de merde, pourquoi les choses se passaient toujours de la pire des façons ?

***
Mots : gueuserie et Jeter sa gourme

Posture : Danse de l'Eclipse rang 3 :+10 jet de touche
CC : Les cents lames rang 3 : 4 attaques simples réparties équitablement sur les deux corneraures
Rapière +10 au jet de touche
Classe principale mêlée +5 jet de touche
Bouclier : -15 jet touche adverse
Capa enchanteresse active (effet ?)
Ssussun : tente de soigner Kaar de sa blessure (équivalent souffle de Gaïa rang 5). Utilisation des 5 points pour améliorer les chances de réussite du sort.

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Akihito
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Re: Esseroth

Message par Akihito » mar. 18 oct. 2022 23:26

Dans le chapitre précédent...

Evénement : Cauchemar en Aliaénon.

5 : Chaos nocturne.

Yliria arriva peu après, et était passablement énervée. Elle reprochait même à demi-mot à Akihito d'avoir provoqué l'explosion de fluides qui, selon elle, avait mis le bazar. Ce qui fit grogner la personne ciblée : c'était la première à avoir fait ses expérimentations dans son coin et sans prévenir personne, et elle lui faisait maintenant la morale sur une question de sécurité ?

(Faut dire que t'as pas été plus malin qu'elle : t'as prévenu personne toi non plus.)

(... Oui, Bon. C'est vrai.)

Dans le groupe, seuls Jorus et Akihito étaient éclairés : le premier avec son éclat de métal élémentaire, faiblement, quand Jorus lui sorti une torche, non sans se permettre un raillerie sur le fait que lui n'utilisais pas de magie et ne mettait donc personne en danger. Akihito ne le connaissait pas très bien, mais ce genre de remarque avait le don de l'agacer. L'homme se parait de vertu et faisait des réflexions sur ce qui était juste ou non de faire, il pensait vraiment que les dangers ici allaient se résoudre sans magie ? Que la dent du Dragon noir qui pendait à sa ceinture allait être suffisant contre ce qui avait pu abattre le titan de Magie ? Et venant de la part de quelqu'un qui avait passé les dernières heures de son voyage à gambader joyeusement et de manière enfantine...

Les paroles d'Egregor tirèrent l'enchanteur de ses pensées avec une bonne nouvelle : il déclarait du bout des lèvres qu'il était effectivement plus prudent de camper maintenant.

"... À part le sang coulant dans les veines des vivants alentours, je n’y vois guère plus. Même si je déplore qu’on doive rester immobiles après cette foutue explosion."

(Je sens que ça va être encore ma faute.)

Donc c'était l'explosion qui gênait tout le monde ? Elle avait eu lieu il y a presque deux heures, et on continuait de lui en tenir rigueur ?

"Au lieu de jouer les argousins Egregor, vous pourriez être un peu moins avare en informations et on ferait moins de carabistouilles ?"

Alors qu'ils étaient en train de voir pour monter des tours de gardes, Silmeria tapota son épaule, sa phrase étant presque couverte par le cri d'alarme d'Yliria.

"On est pas seuls, ici. Je vois... six. Non. Sept choses nous tourner autour. Et seulement parce que je ne compte pas vite.

- On est encerclé, sont au moins une dizaine !"

(Bordel. C'est vraiment ma faute.)

Repoussant les remords à plus tard, l'enchanteur serra sa source de lumière dans la main et de l'autre, il défit la sangle du Rempart pour libérer son bouclier et dans un mouvement fluide devenu naturel, il passa son avant bras dans les attaches et les serra. Puis il sauta à la suite de Silmeria, qui n'avait pas eu besoin de lui jeter un regard pour qu'il se lance derrière elle. Se plaçant sur sa droite, le halo de lumière éclaira faiblement le museau d'un prédateur monstrueux, au moins aussi gros que les lions cuirassés de Karsinar. Eux n'avaient heureusement pas cette armure osseuse, mais étaient tout de même armés de griffes, crocs et cornes des plus menaçantes. Levant son bouclier et plaquant son épaule contre le bord supérieur, l'enchanteur fit appel à ses bottes pour le propulser dans une dernière foulée et donner plus de célérité à son impact. Et tandis qu'il entendait avec satisfaction le bruit de ses cornes se briser sous l'impact, il brandit le poing bien haut.

"PAR ICI SALOPERIES ! CEST LÀ QUE CA SE PASSE !"

Vu le gabarit des bestiaux et leur agilité, des personnes menues comme Silmeria auraient bien du mal à encaisser le premier choc. Les gérer par la suite était une autre histoire, mais s'il pouvait encaisser l'assaut, ce serait déjà ça. Lâchant un l'éclat, il passa la main dans son dos pour se saisir du Marteau de Valyus et le libérer de son baudrier. Bandant ses muscles, il arma une frappe terrible dans le même mouvement et à la lumière éclatante qui recouvrait désormais le champ de bataille. Un coup de Ssussun, qui avait cette fois-ci réussit son sort. A en croire le cri de Kaar un peu plus tôt, ce qu'il avait devant lui était un cornesaure. Sans cornes pour lui. Mais tout de même muni d'une queue lestée d'une masse et de beaucoup trop de pointes pour être tout sauf inoffensive.

Silmeria, de son côté, était en difficulté. Engagée dans un corps à corps brutal et dangereux, sa provocation n'avait pas réussit à attirer l'adversaire de l'assassin. Alors qu'il infusait son arme de sa capacité d'enchanteur, il interpella Silmeria.

"SILMERIA ! Vous gèrez ?!"

Une couche de roche, sur son marteau, n'aurait pas été de trop pour enfoncer la boîte crânienne du Cornesaure sans corne. Malheureusement, rien ne se passa comme prévu. D'une part parce qu'il ne parvint pas à toucher le Cornesaure, qui s'était baissé pour essayer de le mordre au flanc. D'autre part car son marteau ne se recouvrit pas de roche, mais d'une douce lumière.

"Diantre !" jura Akihito avant d'arrêter la course de son marteau à l'aide de son bouclier. A la manière d'un clou, il condensa une pointe de foudre à l'extrémité de son marteau puis lui fit prendre le sens inverse et l'envoya dans le flanc de la bête, plus large et donc plus simple à viser. L'idée était d'envoyer le "clou" grâce à un vrai coup de marteau à travers le Cornesaure en direction de celui contre Sissi à l'instar du sort "Conductivité". Il pouvait voir une créature pénétrer le cercle de lumière, peut être une créature qui était resté derrière en attendant de voir comment leurs proies réagissaient.

("Ce fut court, mais intense.) Qu'est ce que raconte Célès- Bon sang, Akihito ! Regarde Silmeria !)

Un instant de distraction, qui faillit lui coûter la vie. La queue bestial glissa sous son bouclier et perça son flanc avec force, perçant les écailles métalliques et le faisant saigner abondamment. Une blessure grave, mais pas autant que ce qu'il voyait chez l'Hinïonne. Malgré la douleur qui le fit tressaillir, il enclencha son sort et frappa le clou de foudre de son marteau. Il parti et traversa de part en part le Cornesaure qui poussa un rugissement de douleur avant de s'effondrer, sa queue encore dangereuse et mortelle. Puis le clou fila vers le Cornesaure à la bouche ensanglantée de la gorge fraichement arrachée de Silmeria qui venait de chuter au sol, un liquide carmin s'échappant de son corps à grands flots. Par malchance, le clou ne fit que l'érafler à l'oreille avant de s'enfoncer dans la cuisse arrière du troisième Cornesaure.

Akihito n'était pas un guérisseur ou un médecin, mais même lui ne donnait pas plus de quelques secondes à la jeune femme avant que la vie ne quitte son corps. Il entendit quelque part Egregor jurer, mais ce fut tout. Le chaos ambiant rendait peut-être l'Ynorien seul spectateur de la mort de Silmeria. Et donc le seul à pouvoir faire quoi que ce soit.
Il leva prestement son bouclier pour encaisser le coup de griffe d'un Cornesaure qui venait de le prendre d'assaut, mais ne lui prêta pas plus d'attention. Il pouvait faire appel à sa magie pour la rejoindre instantanément, probablement. Et le probablement était la raison qui l'empêcha de faire ce choix, car il ne pouvait pas faire confiance à la magie d'Aliaénon. Et Valyus -ou le Titan de foudre, s'il existait- savait qu'il en aurait bien profité pour coller son bouclier dans le museau du Cornesaure : mais chaque seconde comptait. En un battement de cil, les bottes de foudre le portèrent au contact de Silmeria et il se laissa glisser sur ses jambes pour dresser son bouclier au dessus de lui et fournir une deuxième protection en plus de son propre corps.

(Aki, les potions vont pas suffire !)

(Je sais ! Merde, pourquoi j'ai pas gardé mon sucre d'orge à portée de main ?!)

Des yeux déjà vitreux de la mourante roulaient des larmes noires sur une peau déjà pâle qui l'était désormais encore plus. La tête du marteau toucha le sol, à côté de son genou gauche, le manche coincé sous son aisselle. Sa besace à rune était lacée à sa cuisse droite et sa main y plongea : une demi seconde lui permit de refermer le poing sur une rune qu'il ne connaissait que trop bien.

"YLIRIA ! hurla-t-il à plein poumons, avant de serrer la rune dans sa main et la plaquer sur la poitrine de Silmeria, le plus proche possible de la blessure sans la toucher, de peur de l'aggraver. TEZ !"

(T'as pas intérêt à me la mettre à l'envers, cette fois.) pensa Akihito alors qu'il reprenait son marteau en main et serrait les dents, prêt à encaisser le choc inévitable qui allait s'écraser sur son bouclier.




Court en direction de Silmeria, se place au dessus d'elle genou à terre avec son bouclier levé pour la protéger au maximum et applique la rune "Tez" juste en dessous de sa blessure pour tenter de la maintenir en vie.
Effets actifs :
• -15 aux jets de touches adverses (grand bouclier)
• Effet arme élémentaire sur le marteau.
Modifié en dernier par Akihito le jeu. 1 déc. 2022 17:34, modifié 3 fois.

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Jorus Kayne
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Re: Esseroth

Message par Jorus Kayne » mer. 19 oct. 2022 20:57

Esseroth II.

Esseroth III



Fort heureusement pour moi, je ne suis pas le seul à proposer un arrêt pour la nuit. Yliria vient en renfort, même si elle peut voir dans une obscurité profonde. Elle mentionne qu’en cas d’attaque, l’utilisation de la magie risque d’engendrer un cataclysme.

(Bon ben faut croire que ça a fini par rentrer !)

Au moins, notre proposition trouve écho dans l’esprit d’Egregor qui accepte un arrêt pour la nuit, sous couvert d’un relais pendant notre sommeil. Malheureusement, le sommeil devra attendre un peu. Je perçois une tension auprès de la jeune semi-shaakt. Une attitude que je reconnais aisément pour avoir voyagé avec elle durant un petit moment. Sa déclaration n’est qu’une simple confirmation de la merde dans laquelle on se trouve.

"On est encerclé, sont au moins une dizaine ! Puis elle ordonne à son invocation de nous éclairer."

Kaar désigne la menace comme étant des Corneraures. Une information qui ne doit être utile qu’à Egregor, car moi, ça pourrait bien être des salamiouches ou des spaguélions, je n’ai pas la moindre idée ce que ces choses peuvent être, ma torche qui n’éclairant qu’à seulement quelques mètres de moi. Egregor use de sa magie et…et ba pas grand-chose en fait. A par tendre la main devant lui, je n’ai pas la moindre idée de ce qu’il fait. Tout comme Kaar qui agit de même, sans aucune information visuelle. L’hinionne remarque à son tour les mouvements dans les ombres et ordonne de protéger nos montures. Dans l’éventualité où Xël ne soit pas encore apte à utiliser ses portails, c’est plus par envie de rentrer sur une monture qu’en marchant, qui me motive, plutôt que d'obéir à l’ordre de la régicide. Xël était déjà éprouvé avec la vision qu’il a eue, notre voyage l’a sûrement éprouvé. Je me place donc de sorte à bloquer le passage jusqu’à lui. Dégainant ma pourfen’dent en main droite et la torche dans l’autre, je descends de ma monture en laissant tomber au sol la torche que je coinçais sous ma jambe, ainsi que mon sac qui ne sera qu’une entrave. Ne voyant pas à plus de quelques mètres devant moi, je m’apprête à utiliser mes techniques habituelles de combats pour faire face à ce qui me tombera dessus, à défaut de tendre la main en avant.

(C’est peut-être un rituel d’Esseroth avant la bataille !)

(Et pourquoi pas une danse en se frappant les cuisses et le torse en beuglant comme des ânes aussi ?)

Les bêtes arrivent et avec elles, la vision de fauves monstrueusement cornés. L’assaut est brutal, mais grâce à mon adresse d’une posture agile, je parviens à éviter de me faire embrocher salement. Hélas, mon attaque, bien que jouissant d’une bonne quantité d’énergie, ne parvient pas à atteindre sa cible. Un léger temps de répit s’offre à moi durant lequel, je peux me focaliser sur les aspects dangereux de la bête, à l’aspect globale proche du fauve de chez nous.

(Je te conseille de faire attention à ses deux grosses cornes sur le front et pis les griffes à ses quatre pattes, ça doit faire un mal de chien aussi !)

(On dit rien sur l’énorme queue qui a plus d’épines qu’un Drakarn ? Sans compter ses crocs bien sûr !)

(Cela va de soi !)

(Bien entendu !)

(Bien entendu !)

Comme un soleil prenant soudainement vie, la lumière nous éblouis presque, offrant une vision bien supérieure à ma torche. Assez pour voir que d’un côté, face à Kaar, deux de ces bêtes s’affrontent mutuellement, tandis que de l’autre Egregor esquive sans peine la charge.

(Effectivement, sentir les formes dotées de sang ça doit aider !)

Ne pouvant permettre que mon échec ne mette Xël dans une situation très compliquée, je mets ma torche devant les yeux de la créature pour la distraire et réitère mon attaque. Sans la charge surprise de la bête et troublée par la lumière juste devant son museau, aidée par mon énergie, ma dague vient s’enfoncer dans la gorge de la bête, rugissant de douleur et laissant s’échapper un joli flot de sang. Même si ma dague ne possède ma l’effet de ma relique de glace, sans soins, une telle blessure finira par la tuer. Faut juste trouver une idée pour l’occuper pendant ce temps.

De son côté, Egregor s’inquiète de ce qui se trouve dans mon dos avant d’être bousculé par le fauve qui le manque. Tandis que non loin de moi, Kaar invite Yliria à monter sur le dos d’une de ces bêtes.

(C’est le moment pour une promenade ?)

(Je doute que ce soit son intention !)

Fort de ma dernière réussite et pensant avoir trouvé une faiblesse de ces créatures, j’en fais part à mes camarades.

"Ces choses ont l'air de craindre le feu !"

Sans attendre, je frappe de nouveau, peu inquiet de finir à court d’énergie, du moment que je ne suis pas à court de vie. Confiant dans ma stratégie avec le feu que je porte en main gauche, en tentant d’hypnotiser mon adversaire. Une tactique qui se retourne contre moi, ou plutôt ma main. Certainement agacée par la lumière émise, la bête enfonce profondément ses crocs. Une douleur atroce qui m’aurait fait hurler à en perdre la voix, si je n’avais pas déjà éprouvé pareille blessure auparavant. Rassemblant toute ma volonté, je profite de cet instant pour frapper encore une fois mon adversaire si fort, qu’il trépasse sur le coup.

Aux prises avec son fauve, Egregor est sauvé de justesse par l’intervention d’Yliria, sur le dos d’une de ces créatures. Sa lame s’enfonce profondément dans la tête sans aucune forme de pitié.

(Et dire que c’est sa magie que tu crains !)

Pourtant, la situation ne s’améliore pas. D’autres créatures se joignent à la fête et l’une d’elle s’attaque à la monture de la bretteuse. Un second s’attaque à Kaar qui était resté immobile et le charge, enfonçant ses terribles cornes jusqu’à ressortir de l’autre côté. Une blessure qui le laisse sur le pas de la mort, en plus de laisser au fauve la possibilité de lui dévorer la tête sans peine. Une situation terrible qui fait jurer le mage de sang. Il porte son attention sur l’orc, contrôlant le sang à ses pieds et lui faisant réintégrer le corps de son propriétaire. Pourtant, si le mage d’Esseroth permet à Kaar de rester en vie, les blessures restent toujours ouvertes et s’échapperont à l’instant où Egregore relâchera sa magie.

Je pourrais choisir de soigner ma blessure, me permettant ainsi que retrouver la mobilité de ma main, mais contrairement aux esserothéens, je ne maîtrise pas de pouvoir qui me permettrait de garder la situation sous contrôle. Kaar possède un pouvoir qui affecte clairement ces créatures, un don sur lequel nous devons compter. Je délaisse donc ma propre santé et me précipite pour protéger l’orc de la mort imminente qui l’attend, usant de mon propre corps pour le garder en vie. A défaut d'utiliser la magie, il faudra simplement user de mes potions de soins. J’espère seulement arriver à temps et pour cela, il faut distraire la bête. Me dirigeant vers elle, je rugis comme un dément enfin d'attirer son attention sur moi.

"Rhaaaaaaaaa !"

Qui aurait cru qu’un jour, je viendrais à sauver la peau d’un garzok, au détriment de ma propre vie.

Se dirige pour s'interposer entre Kaar et le Corneraure. Rugis aussi fort que possible pour attirer l'attention de la bête et à défaut, espérer que cela la ralentisse assez jusqu'à mon arrivée.

Insaisissable : Rang 3 : -10 au jet de touche adverse. (Maintenue)
Pourfen’dent : arme en main droite (qualité heroïque)
Torche : mains gauche (attention ça brûle !) ha ba plus maintenant du coup !
Modifié en dernier par Jorus Kayne le jeu. 27 oct. 2022 22:01, modifié 2 fois.

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Xël
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Re: Esseroth

Message par Xël » mer. 19 oct. 2022 22:19

Egregor accepte finalement de faire une pause, avouant qu’un portail sera plus qu’utile pour retourner rapidement à Esseroth. Il déplore tout de même de devoir rester immobile après une explosion. A son regard noir qu’il darde sur Akihito je comprends que c’est lui le responsable du vacarme qui a assurément attirer l’attention. D’abord le géant et maintenant ça… J’ignore pourquoi il veut prendre autant de risques, je ne le connaissais pas si imprudent.

La tension monte subitement alors qu’Egregor est coupé dans sa phrase. Un lourd silence plane sur le groupe avant qu’Yliria ne sonne l’alerte, prévenant que nous sommes encerclés par une dizaine d’ennemis. Je me saisis de mon bouclier, observant autour de moi ce qui se cachait dans l’obscurité jusqu’au moment où ils passèrent à l’attaque. Des monstres plus grands que nos montures, me faisant penser aux dessins que j’avais pu voir des manticores sur Yuimen. Des dents longues, des griffes acérées, des cornes énormes sur une tête de bête féroce, une longue queue munie de piques se balançant comme un fléau. Egregor se débarrasse de deux d’entre eux en un éclair tandis que le combat s’engage autour de moi, m’empêchant de tout surveiller. Je me contente de lever mon bouclier et de tenter de déceler quelque chose dans le noir tandis que Jorus se place devant ma monture pour nous apporter un peu de lumière. Il arrive d’ailleurs à tenir en respect le monstre face à lui pendant que d’autres bruits d’affrontements résonnent autour. Je dois patienter, attendre, je ne suis pas en état de gaspiller ma magie. Mon prochain sort pourrait être mon dernier.

Soudain une boule lumineuse s’élève vers le ciel et agit comme un phare permettant d’y voir plus clair. Je distingue Silmeria en mauvaise posture et concentre ma magie pour l’aider à se défaire de la bête face à elle. Mais ma magie m’échappe et je me sens défaillir sans même savoir si mon sort fonctionne. Ma vision se trouble et je sens mon corps basculer alors que les rênes de ma monture file entre mes doigts. Mais avant que tout devienne noir je ressens un soudain regain d’énergie, comme si mon coeur battait à l’allure d’un cheval au galop, faisant circuler mon sang avec intensité au point que le bout de mes membres picoter. Je raffermis ma prise sur ma monture avant de chuter et brandit à nouveau mon bouclier alors que je me redresse.

Je remarque la charge des bestioles qui étaient restées à l’écart. Je concentre ma magie et dresse mon poing vers une qui me fonce dessus. Le sort la percute avec force, lui arrachant la peau et lui réduisant en bouillie l’intérieur du crâne, l’effet est immédiat et la bête tombe raide morte. Nouveau tour d’horizon pour remarquer que Jorus a réussi à se défaire de son adversaire mais sa main semble en piteuse état. Silmeria est allongée au sol dans une flaque de son sang et Akihito semble avoir prit un coup dur tandis que l’orc Esserothéen est aussi au sol. J’entends Yliria interpeller Lysandre qui est toujours dans le ciel, tournant en rond comme un oiseau de proie. Il faut en finir avec ce combat avant que je n’ai plus de forces ou que nous soyons tous blessés durement.

Je concentre ma magie et observe les monstruosités en train de combattre, puis je ferme les yeux un court instant pour me concentrer et visualiser mon sort. Comme pour chaque sort destructeur que j’ai lancé sur Aliaénon, lorsque j’ai soufflé les rats grimpants sur les remparts d’Esseroth. Quand j’ai mis au tapis Naral. Quand j’ai détruit la flotte de Vallel à Ouesseort avant de faire exploser cette horreur noir qui faisait partie de l’élite des troupes du Lieutenant d’Oaxaca. Je dois trouver l’équilibre. Relâcher un fort courant magique tout en le canalisant pour ne pas me vider de toutes mes forces. Je visualise des colonnes de vents violents, semblables à des tornades capables de se mouvoir comme des tentacules. Je veux saisir ces monstres entre les serres d’une tempête pour les faire tourbillonner dans les airs. Je veux voir leurs corps s’élever et se briser par la force des vents qui les malmènent. Un ouragan qui n’emporterait que les cibles sur les quelles je me concentre. Précis et destructeur. Le souvenir de l’Ordalie me revient en tête, de ce monstre et de ses branches qui tentaient de me saisir. J’imagine la même chose à présent, un monstre effrayant dont les appendices aux couleurs grises menacent d’attraper nos ennemis téméraires pour les secouer dans tous les sens avant d’écraser leurs corps broyés à l’écart.

J’ouvre les yeux, mon sort bien précis en tête, ma magie bouillonnante, impatiente d’agir. Je dresse ma main pour lancer le premier bras venteux pour saisir un ennemi, car le monstre tentaculaire désormais, c’est moi.


———-
((Tente de créer des tentacules d’air pour saisir les corneraures, les secouer et les projeter contre le sol.))

Equilibriste
Bouclier moyen ( -10 aux jets adverses.)
Plastron du Karathren
Runes du plastron ( Relance des dés en cas d’échec ou d’échec critique)

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Mathis
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Re: Esseroth

Message par Mathis » jeu. 20 oct. 2022 02:56

La solution proposée aurait pu être efficace, si la nuit s'était avérée sans danger ce qui n’était malheureusement pas le cas. J’appris tout de même par la bouche d’Akihito qu’Yliria pouvait très bien voir dans le noir. Et cette dernière ne mâcha pas ses mots pour expliquer à quel point, elle était contre l’idée, dévoilant ainsi tout un caractère. Ce qui en faisait par le fait même une guerrière d’autant plus de valeur dans notre groupe. De plus, Xël avoua éprouver plus de fatigue qu’il ne le pensait au départ, et qu’il serait plus un handicap qu’une aide si jamais un obstacle nous tombait dessus. A tout bien y penser la meilleure solution était de passer la nuit à cet endroit. Bien que cela ne l’enchantait guère, même Egregor considéra qu’il était plus sage de rester là pour la nuit.

Ainsi Egregor commençait les préparatifs, précisant que nous devrions nous relayer afin de monter la garde. Il n’eut pas le temps d’en dire plus qu’Yliria s’écria :

« On est encerclé, sont au moins une dizaine ! »

Et Silmeria de rajouter :

« Protégez les Pachys, formez un cercle autour d'eux ! »

Je retins immédiatement ma respiration, tendu. Il n’y avait rien de plus frustrant de ne pas voir les ennemis qui nous entouraient. Mais j’étais bien conscient de la chance d’avoir des compagnons possédant une vision nocturne parmi nous. Sans leur présence, nous serions morts avant même d’avoir pu dégainer nos armes.

« Des Corneraures !! »

Ce fut Kaar cette fois qui nous annonça la nature de nos ennemis. Mais ne connaissant pas ces corneraures, je ne pus profiter de cette information. Ou au mieux, je pouvais deviner, à tort ou à raison qu’ils étaient munis de cornes.

Egregor se précipita au sol et attaqua nos ennemis. Je ne vis rien de son attaque, mais je devinais par les grognements et les bruits sourds que deux corps étaient tombés au combat.
Je ne pouvais demeurer sur selle sans agir. Je descendis donc du Pachylaire tout en m'écriant :

« Diantre ! »
Durcissant et allongeant mes ongles, les transformant en longues griffes acérées, j'attaquai de mes deux mains l’ennemi qui me faisait face, distinguant à peine qu’il s’agissait d’une bestiole quadrupède. Ma main gauche griffa un gros museau humide alors que ma main droite ne traversa qu’une fourrure bien épaisse.

Je le sentais tout près, et le distinguai à peine, insuffisamment pour esquiver une attaque de sa part.

Ce fut alors qu’une boule de lumière, s’éleva au-dessus de nous et éclaira toute la scène. Je n’avais pas le temps de me demander d’où elle provenait, j’allais profiter de sa présence sans me poser de question.

Sa tête munie de cornes de bélier, surplombait la mienne. De gros yeux jaunes, une immense truffe couverte de stries fraîches dégoulinant de sang et des dents proéminentes, voilà ce que je voyais de mon ennemi.
Un peu figé par cette horrible vision, je réagis à la dernière seconde lorsque l’immense bestiole me fonça dessus. Ce fut in-extremis et par réflexe salvateur que je fis un pas de côté. Celle-ci passant d’abord tout droit, dévoilant son énorme queue terminée par une masse en forme de pic. Elle fit ensuite demi-tour pour se précipiter de nouveau sur moi. Cette fois-ci, toujours de mes griffes acérées, je visai le poitrail qui se trouvait plus à ma portée de main. Je réussis à le griffer à deux endroits, mais malheureusement pas aussi profondément que je l’aurais espéré.

Cette fois, au lieu de me charger, il usa de sa longue patte munie de griffes et m’atteignit à la poitrine. Il transperça mon armure de cuir, mais cette dernière me protégea suffisamment et je ne sentis qu’une légère brûlure.

Blessé au torse, mais surtout à l'orgueil, je décidai de m'acharner davantage sur la bestiole qui me menaçait en visant cette fois ses yeux, tentant de les crever avec mes griffes. Ce fut un échec, lorsqu’il me vit tenter d’atteindre ses yeux, il recula. Ce geste me fut profitable puisque je pus éviter à mon tour son coup de corne.

Je devais carrément changer de stratégie, il était plus puissant et robuste que moi, mais j’étais plus habile et souple. Dès que l’idée germa dans mon esprit, je la mis à exécution.

Je sentais cette magie d’Aliaénon m’envahir et je fis appel à elle. Je me donnai un élan et je m’élancai pour faire un grand saut, très grand saut que j’espérais faire plusieurs fois la hauteur du cornesaure et puis atterrir lourdement sur son dos, espérant ainsi l’écraser.


(((
  • Mathis va utiliser la magie en lui, pour faire un très grand saut et atterrir pesamment sur le dos du Cornesaure.
  • +10 pour le jet de magie : "Les mots, c'est la Puissance !"
  • mot utilisé dans le cadre du jeu : Diantre.
)))
Modifié en dernier par Mathis le jeu. 27 oct. 2022 02:42, modifié 5 fois.

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Silmeria
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Re: Esseroth

Message par Silmeria » ven. 21 oct. 2022 03:23

Nous faisions halte dans la pénombre, de nombreux cavaliers discutaient afin de savoir si nous allions ou non passer la nuit en ces lieux. J'étais assez surprise de voir que notre chef de groupe, Aigre-gor, n'avait pas particulièrement prévu quoique ce soit. Savoir que j'allais me coltiner cette grande bouche désagréable ne me plaisait guère, mais il fallait encore faire contre mauvaise fortune bon coeur et lui laisser une chance.

(" Sissi... ")
(" Je sais. ")

Mes yeux se posaient là où quelques formes silencieuses se glissaient, comme pour se dissimuler derrière des fourrés en plus de profiter de la noirceur de la nuit. J'en déduisais qu'il s'agissait là de chasseur nocturne, probablement doté d'une excellente vue dans le noir contrairement à nos compagnons de voyage.

(" Quatre. Pour le moment, toutefois ils sont très silencieux. Des félins tu crois ? ")

Lorsque les mouvements se firent plus proches et hostiles, je tapotais l'épaule d'Akichou pour dire distinctement :

" On est pas seuls, ici. Je vois... six. Non. Sept choses nous tourner autour. Et seulement parce que je ne compte pas vite. " Et devant l'imminence de l'assaut, je n'avais d'autre choix que de me laisser glisser de Falafel armée de mes deux lames afin de protéger la monture et mon compagnon de voyage. " Protégez les Pachys, formez un cercle autour d'eux ! " Avais-je demandé, nos montures étaient peut-être ce qui attiraient les prédateurs. Je voyais déjà l'un de ces monstres me tomber dessus d'un pas agile et empressé. L'animal semblait être un odieux croisement de plusieurs créatures carnivores, même si ses traits tiraient plus vers la panthère, le lion, l'ours. Je plantais d'instinct mes lames dans sa crinière alors qu'il allait me bondir dessus. Mais ne connaissant pas l'anatomie de ces créatures, je n'avais à ma connaissance touché aucune partie vitale. La bête à peine décontenancée par la morsure de l'acier dans sa chair n'en perdait pas son ardeur, ses dents claquaient devant mon visage, me faisant grimacer.

L'Ombre Noire s'agitait en moi, j'étais prête à disparaître dans les ombres pour apparaître de nouveau derrière le félin et l'attaquer de nouveau mais... Un poisson rouge doré dans les cieux fit jaillir une lumière éblouissante, chassant les ombres et me laissant face à mon adversaire. Au moins, les autres verraient leurs agresseurs.

Akichou ne tarda pas à me voir aux crochets - c'était presque le cas de le dire - avec cette bestiole qui me faisait face. Je laissais la Vieille Rengaine dans son encolure et frappais avec la Tueuse pour chercher à atteindre son cerveau, mais elle attaqua de nouveau, vers la gorge cette fois-ci et de nouveau, je ne frappais que son col velu. J'ignorais la profondeur de la blessure, j'avais les mains complètement enfoncées dans sa crinière. Au ciel, la lueur flottait, constante, inondant les alentours d'une lumière blanche et pure qui me dérobait mes pouvoirs.

(" Mais... Aaaagh.. Put... PUTAIN ! " )
(" Whaaaaa il se passe quoi ? Le soleil est devenu complètement fou ? ")

Une lueur insupportable brûlait mes yeux, je perdis la bête de vue, mes lames se détachaient de sa chair, je ne voyais rien, un immense rideau de lumière meurtrissait ma rétine comme si j'observais le soleil à travers une loupe. Je cherchais à déceler son souffle mais le fracas des combats autour de moi eurent raison de la finesse de mon ouïe, je frappais, maladroitement, l'animal avait dû se reculer pour mieux bondir et je me sentais renversée. Une chaleur incroyable entoura ma gorge et...

Tout était allé si vite. Je me sentais basculer. Mon col était trempé, je sentais mon coeur battre dans ma gorge, à chaque battement de nouveaux flots coulaient. Bien que j'étais privée de ma vue, je compris sans mal.

(" Ma gorge... Elle est tranchée. ")
(" Heu... J'irai pas... Non ma Sissi... Tu as été mordue. Il est parti avec la carotide. " )

Je tombais, d'abord sur mes genoux, ayant laissé tombé la Vieille Rengaine à mes bottes, ma main gauche retenait les flots de sang bouillants qui s'écoulaient de ma gorge. Faute de pouvoir tenir davantage, mon corps n'attendit pas vraiment que mon esprit cherche à m'allonger, il chuta pour de bon, sur le côté.
(" Mais vite ! ! Prends une potion ! La gourde ! Ta gourde ? Vite, mets ça sur la blessure !! ")

(" Tu sais... Je regrette déjà de ne plus t'entendre me piailler dans les oreilles. ") Avais-je soufflé. Ma vue revenait doucement, comme si j'observais le monde à travers un brouillard épais et que seul les doux rayons d'un soleil matinal venaient à moi.
(" Mais ! Tu vas la mettre ta putain de potion ? ")

Le vertige m'embrassait doucement, je croyais qu'il y avait un petit rictus à mes lèvres. Peut-être faisais-je une grimace, un sourire ? Des pleurs. Oui, il y en avait. Je sentais la corruption s'écouler. Les larmes noires coulaient le long de mes yeux ou alors était-ce le sang qui en giclant avait touché mon visage ? Quelle ironie. J'avais vécu tant de situation chaotique et je m'échouais ici, vaincue par un chat sous testostérone.

(" Ma toute petite Cèles... ") Je fermais les yeux. C'est amusant, la bataille autour de moi semblait me bercer. Ma main retenait toujours la blessure mais je sentais le sang s'écouler entre mes doigts à mesure que mes forces flétrissaient. Mes doigts laissaient imaginer la taille de la plaie, béante, irrégulière et profonde. Il n'y avait aucune potion contrairement à ce qu'imaginait Cèles pour me soigner. C'était peut-être le mot de la fin.

(" J'ai tellement côtoyé la mort... Que j'en ai oublié quels seraient mes derniers mots à ton égard. ")
(" La potion ! La potion ! Lâche la lame et prend ta potion, surtout ne ferme pas les yeux, t'endors pas ! ")

Son agitation éveillait en moi un passé terne, amer et triste. Je n'avais connu que la désolation et la mort, chantant et dévastant, décimant les rangs de mes amis et de mes ennemis. Et voici pour moi le moment venu de chanter avec elle, sans rancune, car c'est un vieux compagnon.

Les frelons blancs de l'évanouissement grêlaient ma vue.

(" Je suis désolée Cèles... Sache que.. Je suis... Je t'aime. ")

Je sentais ma petite boule de fluide d'ombre et de foudre s'estomper comme si elle cherchait Hrist pour l'éveiller. Je sentais le froid, ma main tremblait doucement, la Tueuse de mage me semblait lourde... Si lourde. C'était un cadeau de ma Murène, Katalina. Allait-elle savoir comment j'étais morte ? Allais-je lui manquer ? Allait-elle pleurer ? Von Klaash et Lydia eux aussi allaient me manquer... Je n'entendrai plus le croassement imbécile des corbeaux de Lydia ni l'horrible odeur de l'haleine de Von Klaash quand il se murgeait avec sa gnôle aux algues. Et les critiques acerbes de Katalina... Et mes soeurs... Elles qui vivaient encore dans mon coeur... Est-ce que ma mort allait les condamner à jamais ? Lys... Lila... Toutes étaient vouées à disparaître avec moi. Une larme chaude coula le long de mes joues. J'étais paniquée de finir là, dans la boue mais je me sentais... Légère. J'allais retrouver mes soeurs, mes aimées, mes amours, celle pour qui j'avais traqué l'homme le plus puissant de Yuimen pour venger ces mortes oubliées.

Mon corps et mon âme s'enlisent, mon esprit les suit.
La petite plume de la Mort.

Alors, j'ai établi ma couche dans les charniers,
Au milieu des cercueils,
Où la Mort Noire tient le registre des trophées qu'elle a conquis.


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Dracaena Paletuv
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Re: Esseroth

Message par Dracaena Paletuv » ven. 21 oct. 2022 21:26

Nous étions enfin arrivé dans la chambre de Simaya. Elle était la, allongée dans son lit, en compagnie d'un type une fois de plus à l'apparence surprenante. Il avait les poils...tous blancs. Et normalement, les êtres de chair choppaient des poils blancs en vieillissant. Sauf que lui avait l'air super jeune. Une sorte de faux-vieux en somme. En tout cas, c'était surement l'aubergiste.

Simaya, elle, avait l'air d'aller mieux, comparé à la dernière fois que je l'avais vu. Faut dire que, la dernière fois que je l'avais vu, elle était évanouie. Donc ouais, pas trop dur d'avoir l'air en meilleur état. Je m'approchai d'elle, ayant remarqué le signal d'Eaeria. J'essayai de me montrer respectueux, tout en manifestant mon soulagement de la voir bien.

"Bonjour à vous m'dame Simaya. Vous m'avez l'air en meilleure forme que plus tôt , ça c'est sur! En même temps, quand j'repense à tout ce que vous avez fait...
Mais bon, ça, c'est pour plus tard! Tout d'abord...."


Je me tournai vers Eaeria, murmurant un peu, tout en pointant le faux-vieux aux cheveux blancs.

"J'peux parler du sujet...sensible devant lui? Y a pas de soucis ou ça passe pas?""

Simaya me fit un signe de la tête, visiblement reconnaissante de mon soutien lorsqu'elle allait mal. Eaeria, elle, ne prit pas la peine de baisser la voix pour répondre.

"Devant lui comme devant tout esserothéen, je vous l'ai dit. Nous ne faisons qu'un."

"Nous ne faisons qu'un", erk, j'avais du mal à retenir ce principe. Quelque souvenirs d'autres oudios me revenaient et ce coté "tous uni" n'était présent que jusqu'à ce que quelqu'un face quelque chose d'un peu trop...différent.

"Soit, allons y alors. Bon, en gros m'Dame Simaya, j'sais pas si vous connaissez la situation, mais les autres de Yuimen sont parti enquêter sur les colines concernant cette histoire d'ombres rampantes. Moi, j'suis rester à l'arrière pour diverses raisons, mais surtout, trouver des infos concernant la mort du titan.
On arrête pas de me répéter partout que vous êtes l'une des rares personnes à leur avoir parlé. Maintenant qu'on a un peu plus de temps, on pourrait se poser et essayer de réfléchir à qui pourrait être ce mystérieux prédateur divin. Cette histoire d'ombres rampantes me fait me dire que c'est probablement aussi lié à celui qui a tué le Titan de Magie...

Vous disiez vouloir vous rendre aux landes noires, vous comptiez y faire quoi précisément? Ou plutôt, vous vous attendiez à trouver quoi la bas?"



M'dame Simaya m'écouta attentivement, tandis que l'aubergiste, s'adossait avec nonchalance contre un mur, visiblement très détendu comme gars. Eaeria, elle, regardait la scène avec intérêt. C'était ptet vraiment les titans, et pas les ptits vieux, qui la branchait.

"Parlé est un bien grand mot. Communiqué, plus exactement. Je souhaite me rendre dans une grotte de la Lande Noire. Elle contient un orbe ayant pris le contrôle sur ma volonté, autrefois. Elle est liée au Sans-Visage et possède une puissance incroyable. Je souhaite voir ce qu'il en est advenu. Et me rendre aussi à Elscar'Olth, ma cité d'adoption. Les Sorciers des Landes y sont nombreux, et pourront peut-être nous en apprendre plus."

"Le Sans-Visage, le p'tit titan supposément mort lors de l'effondrement de la tour d'or? J'me demandais justement si sa disparition avait pas un rapport avec l'arrivée de cette mystérieuse menace...

Une grotte et une orbe vous dites? Vous pouvez m'en dire plus?"

Réalisant ma question, je rajoute rapidement.

"Enfin, ci c'est pas un trop mauvais souvenir hein! Pas envie de vous rappeler un traumatisme..." Dis-je en frottant un de mes bras charbonneux.

Elle tenu la tête, frottant ses tempes, essayant visiblement de stimuler sa mémoire.

"Oui, oui, ce titan là. Je... je n'ai pas vu l'orbe de mes propres yeux. Elle a pris le contrôle de ma volonté avant, m'intimant de la défendre coûte que coûte contre tout intru. Je pense qu'il s'agit là de... l'âme du Sans-Visage, le centre de son pouvoir. Comme si ses incarnations n'étaient que des parties de lui, disséminées sur ce monde. Xël a vu l'Orbe, il en saura peut-être davantage. Nous n'en avons jamais vraiment reparlé... Nombre d'événements sur Aliaénon sont liés au Sans-Visage, c'est une hypothèse probable qu'il le soit cette fois encore."


"Je vois... Bon, on dirait bien que le Sans-Visage est la seule vraie piste que l'on a pour le moment...Frustrant. "

Je me mis à faire les cent pas, entrechoquant mes doigts entre eux pour m'aider à réfléchir.

"Erk, j'en sais un petit peu plus sur ce monde, mais pas plus que vous au final... J'comprends un peu mieux pourquoi vous vouliez vous rendre à ces fameuses landes noires... Je serais assez curieux de vous y accompagner, si vous comptez entreprendre le voyage bientôt, avoir le fin mot de cette histoire."

Et voir l'âme d'un dieu en vrai m'intriguait énormément. Peut être serait-ce une inspiration? Après tout, c'était pas tous les jours qu'on pouvait avoir la chance d'admirer quelque chose comme ça. D'essayer de le comprendre.


"Enfin, j'vais un peu vite en besogne moi. Z'avez d'abord besoin de récupérer... Et puis, pas sur d'être le plus utile des Yuimeniens que vous avez ramené"

Je disais ça par humilité, mais honnêtement, depuis mon arrivé, j'me sentais un peu inutile, pas à ma place... Pour les autres et beaucoup pour moi même. J'étais plus démuni dans cette aventure que ce que j'avais anticipé.

"Erk , je disgresse, s'cusez! J'avais une autre ptite question, plus personnelle. Ces espèces d'orbe et de dômes que vous avez utilisé pour nous sauver de "
La bêtise des autres.
"notre maladresse, c'était quoi? L'un des "pouvoirs personnels" dont m'dame Eaeria m'a parlée?"



Le regard de Simaya sembla se perdre un instant, comme prit de doute et d'une once de désespoir, de lassitude:

"Une piste... Je ne suis même pas sûre que c'en soit une."

Son regard redevint normal, puis se redirigea sur moi.

"Plusieurs des vôtres ont convenu qu'ils allaient m'accompagner. Je pense que ça sera votre future destination, en ma compagnie. Quant aux dômes, je les crée oui. C'est mon pouvoir : créer des zones de magie densifiée, où la magie est plus puissante ou d'anti-magie, où elle ne peut exister. Je copie aussi les pouvoirs des personnes présentes, mais cela me fatigue vite. Comme je l'ai fait avec les portaux de Fin'... de Xël.""

Puis, référençant visiblement la remarque sur mes propres capacités, elle ajouta , avec un petit sourire:

"Chacun de vous est utile, j'en suis persuadée. Ne fut-ce que pour donner un regard neuf sur la situation."



Fin'? C'était qui Fin'? L'autre nom de Xël? Peu importe. Fallait avouer que voir Simaya déprimer comme ça à l'idée de ne pas trouver de solution m'attristait malgré moi. Se sentir seul, impuissant, démuni face à quelque chose que l'on ne comprends pas et qu'au fond, on est pas sur de pouvoir combattre, c'était un sentiment que je connaissais bien. Un peu trop bien en fait...

Je m'adressai à nouveau à elle, attrapant sa main, la regardant droit dans les yeux, lui répondant de façon dynamique:


"C'est une piste! J'en suis persuadé. Je ne connais rien de votre monde, mais s'il y a bien une chose que je connais, c'est la cohérence, et le fait que les dieux ça met le boxon! Les coïncidences ça existe, mais tout ça semble un ptit peu trop se coordonner pour pas être lié au final!

Dans le meilleur des cas, il y a un lien, et nous avançons dans cette histoire. Dans le pire, il n'y en a pas, mais est ce que ça sera inutile? Noooon, je ne pense pas, je ne vois pas ce qu'il y a d'inutile à aller confirmer qu'une boule bizarre soit en réalité l'âme d'un dieu perdu!"


M'emportant un peu dans mon explication, je me redressai, écartant grand les bras, levant les yeux vers le ciel...enfin, le plafond.

"Et même si ça ne suffit pas: ET ALORS? Il y a encore quelques heures, jamais je n'aurais imaginer arriver dans un autre monde. Jamais je n'aurais cru voir le cadavre d'un dieu. Jamais je n'aurais cru voir des terres d'or et des vieux garzoks! Jamais je n'aurais cru voir quelqu'un créer des zones d'anti-magie! ET POURTANT, ME VOILA!
Tout peut être possible, y compris trouver une solution. Donnez vous le temps pour ça! Ne perdez pas espoir, rappelez vous que chaque essais raté nous rapproche tout simplement plus de la vérité, ne serait-ce que par élimination! "



Mon esprit c'était enflammé presque autant que mon corps autrefois. Me calmant enfin un peu, je pris soudainement conscience que je venais probablement officiellement de passer pour le bizarre de service.
HA! Pas un problème. C'n'était pas la première fois, et ça serait pas la dernière.


Je me mis à regarder rapidement les réactions dans la pièces, histoire d'être sur qu'on allait pas me mettre à la porte. L'aubergiste, adossé au mur, eut un sourire en coin... Il me semblais presque...narquois. Simaya, elle, eut l'expression plus posée, souriant à son tour. Visiblement, j'avais réussi à lui transmettre un peu de mon peps.

"Nous verrons cela. Notre enquête ne fait que commencer. Vous voyez, ne fut-ce que pour votre esprit pur et votre enthousiasme naturel, vous serez sans aucun doute utile à votre compagnie. Nous y parviendrons, oui. Ou mourrons en essayant."

"Mourir en essayant hein? Ha, z'êtes motiver à vous battre contre le monde à tout prix, j'aime ça! "

C'était sympa de se faire complimenter pour changer. Par contre, "esprit pur", on me l'avait jamais sorti celui la.

"Au moins, nous sommes fixé sur ce sujet: aller aux Landes noires, trouver la grotte aux sorcières, mettre la main sur la boule du Sans-visage, et voir ce qu'on peut en faire pour nous aider à retrouver et arrêter le Prédateur Divin!

Enfin, sauf si vous avez idée de quelque chose d'autre à faire en ville qui pourrait nous aider dans cette histoire. Merci à m'dame Eaeria, on a déjà visité les archives, et fait les boutiques. Y aurait quoi d'autre d'utile pour nous ici?"


Je me remis à réfléchir un instant, et, après une courte hésitation, j'ajoutai:

"Ah, et, sans être indiscret ou impoli....Vous m'dites si ce que j'demande est pas bien, j'connais pas tous les mœurs du coin, mais... ces zones "anti-magie" que vous faites m'dame Simaya...ça s'apprends? Ou c'est juste vous qui êtes capable de le faire?"

Si je pouvais ne serait ce que reproduire un peu le principe....Et l'associer à un fluide dans un corps...alors, peut être que...

Peut être que....


"Je ne crois pas que vous pourrez trouver grand chose de plus intéressant concernant notre histoire ici, à Esseroth. Je doute fort que la menace en soit originaire. Si vous êtes équipé avec satisfaction pour la suite de vos aventures, alors c'est parfait. Quant à nos objectifs, ils varieront peut-être suite à ce qu'apprennent vos pairs yuimeniens dans les Collines. Même si pour moi, la grotte et Elscar'Olth seront des passages obligatoires."

Et je suis à ma connaissance la seule à pouvoir en créer. Et c'est une bonne chose : dans ce monde, de magie, c'est un des pouvoirs les plus puissants qui puisse exister. Il serait dangereux, entre de mauvaises mains. Si j'ai appris à maîtriser ce pouvoir grâce à mon mentor, Thensoor Val'Crooh, aujourd'hui décédé, c'est ma nature d'Esserothéenne qui m'en a fait don. J'ignore si on peut l'apprendre. J'en doute."



*Rien de plus à faire ici.... Bon, il n'y avait plus qu'à attendre les autres... Ou à les rejoindre, comme Eaeria avait proposée. Revoir Egregor ne m'emballait guère, mais bon, j' voyais un peu plus son point de vue désormais.

Par contre, le sourire moqueur du faux vieux la, l'espèce de rictus qu'il avait affiché dès que j'avais demandé des détails sur les pouvoirs de Simaya, m'agaçait un tantinet.

"J'ai dis quelque chose de drôle?" lui demandais-je, essayant de pas me montrer trop agressif, mais la lueur de mes yeux c'était un peu intensifié.

En tout cas, la réponse de cette dernière à ce sujet me frustrait un peu. Zut de flute et putain de merde! Evidemment qu'un truc comme ça allait être rare, c'était bien ma veine... Par contre, le non de son maitre la, Thensoo...saurus Val"crouton? Fallait que je le retienne pour en demander plus à l'archiviste plus tard.

"Et condoléances pour votre maitre. Mais d'accord, vous êtes une sortes de super-anti-magicienne de ce que je comprends... Entre ça, les Titans, et les gens de Yuimen que vous avez aidé, j'comprends mieux pourquoi tout le monde vous respecte autant!"

L'aubergiste répondit enfin, d'un ton qui se voulait joyeux, mais qui me donnait l'impression qu'il se moquait de moi.

"Vous êtes assez drôle, oui. Tous les étrangers me paraissent un peu drôles."

C'était... un tantinet raciste ça, comme remarque, non? En tout cas, ça semblait faire sourire aussi Simaya, qui rajouta, probablement pour calmer le jeu:


"Ne prenez pas ombrage de son attitude nonchalante : Aetheris est comme ça avec tout le monde. Mais c'est un homme bon, profondément bon."

Bon, bon, ça, c'était à prouver. Soit, comme je m'y attendais, je passe pour le taré de service, et ça fait rire la galerie. Qu'ils rigoles, qu'ils rigoles... Erk, non, la je projettais un peu trop mes expériences passées sur le bonhomme. Essayons de rester calme et de ne pas se vexer pour rien...
Ouais, ça ne vallait pas le coup de s'agacer. A mieux observer le type, il semblait surtout très détendu. Faut croire que les morqueries du passée m'avaient rendu plus sur le qui vive que ce que je n'imaginais. Par contre, Simaya, elle, lui adressa un regard compréhensif mais un peu malicieux, avant de revenir sur moi.

"Oui... Comme le Sans-Visage, je me retrouve souvent mêlée à tout ce qui se passe en ce monde... J'ai été la sœur d'apprentissage de Vallel, après tout. Auprès de notre maître d'Elscar'Olth. C'est de la frustration de son rejet d'Esseroth et du choix de Thensoor de faire de moi sa successeuse spirituelle qu'est née sa soif de vengeance envers ce monde... Et tous les événements qui en ont découlé."

La phrase suivante de Simaya me prit complètement par surprise. Si je buvais l'eau par la bouche, j'en aurais probablement recraché à ce moment la.

"De...Vallel? Comme dans "Vallel l'un des 13 généraux d'Oaxaca" Vallel?! Vous voulez dire que... La guerre avec elle et tout le foutoir autour ça venait à l'origine... D'un type aigri et jaloux?

Rh rh....Rha...Rhaha....Rahahahahahahahaha! Vraiment? Sérieusement?"


Je me tournai vers l'aubergiste, riant de ma voix rauque.

"Haha...hahahaha.....Ouais......Ouais j'comprends mieux pourquoi vous prennez tout à la rigolade avec des situations comme ça! Hahahahahahahaha! C'est tellement....Absurde! Ex...hahaha....excusez moi, excusez moi..." dis-je en essayant de me calmer. Tout une guerre en partie originaire du complexe d'un pauvre type. C'était vraiment hilarant. Et moi qui me trouvais fou parfois de par mes réactions sur mes objectifs fantasmagorique...

Ooooh, sérieux, ça faisait du bien de rire comme ça. Erk, en espérant que je n'avais vexé personne de ma réaction... Après tout , si cet aubergiste avait le droit de rire des autres, alors moi aussi.

Mais....

Son sourire disparut de son visage, et ses yeux partirent vers Simaya avec inquiétude. J'entendis Eaeria, derrière moi, prendre un ton qui paraissait... embêté?

"Drac..."

Mais elle fut interrompue aussitôt par Simaya, dont le visage se fit de glace et la voix noire. C'était la première fois que je la voyais fachée, et pour une personne alitée, elle avait vraiment une aura...inquiétante.

"Une guerre qui a vu périr nombre des miens, et failli détruire ce monde et le vôtre. La guerre d'un fou aux idées noires et vengeresses. Il n'y a aucunement de quoi rire, yuimenien, ou c'est le sang des tombés qui vous maudira à jamais..."

A ma grande surprise, et à celle de Simaya aussi vu la tête qu'elle tirait, le faut vieux se leva et alla l'embrasser... Ce qui... la calma?

"C'était une guerre sans merci, alors que ce monde n'en avait jamais connu. Le rire n'est pas de rigueur en en parlant, et ce que vous trouvez absurde est l'histoire d'un homme brisé. Brisé par les siens et par son ambition."


Elle marqua une pause. De la tristesse commencèrent à emplir son visage et sa voix.


"Né à Esseroth, il y a vécu jusqu'au milieu de son adolescence. Alors que tous, à cet âge, se parent d'un pouvoir, lui ne semblait pas en posséder. Nos ancêtres ont vu en cela une anomalie et l'ont chassé de la ville, lui et ses parents. Alors qu'ils prirent la route des Landes Noires, ils furent attaqués. Seul Vallel persista. Perdu, désormais abandonné de tous, il parvint à force d'une volonté de fer à rejoindre Elscar'Olth, où il fut accueilli par Thensoor Val'Crooh, celui qui allait devenir son mentor. Peu de temps après, il y développa enfin son pouvoir. Un pouvoir terrible et puissant : il pouvait modeler la chair à l'envi. La créer, la déformer..."


Elle marqua de nouveau une pause. Visiblement, parler ce ce sujet la secouait assez pour en perdre ses mots.


"Quelques années après, j'arrivai à Elscar'Olth moi-même, pour tenter de comprendre mon propre pouvoir. Thensoor fut directement attiré par celui-ci, et me prit également sous son aile, brisant leur règle selon laquelle un sorcier ne peut posséder qu'un apprenti. Je ne le sus pas, car nous semblions nous entendre, mais la jalousie avait point dans le cœur déjà meurtri de Vallel. Et celle-ci explosa lorsque notre maître me choisit moi comme sa successeuse. Val'Crooh avait jugé son pouvoir dangereux entre ses mains ambitieuses, et voyait chez lui le monstre qu'il allait devenir. Vallel partit, noir de rage, s'installer dans une vieille tour loin à l'Ouest, dans le Comté d'Orsan, au sein des Landes Noires. Il y développa son art macabre et mena des expériences sur toutes les créatures qui passaient à sa portée, sur les prisonniers capturés par ses fidèles et ses monstres. Des décennies de destruction horrible. Il fut chassé de ce monde, et rejoignit Yuimen, où il sombra sous l'influence d'Oaxaca."

Sa voix commença à...se casser. Comme si elle avait quelque chose dans la gorge.

"Lorsqu'il revint, sa rancœur était telle qu'il projeta de détruire ce monde pour offrir à sa Reine un passage vers Oranan, afin de détruire la cité de l'intérieur. La guerre fut sanglante, et ne s'arrêta qu'avec l'aide d'aventuriers venus de Yuimen pour nous aider. Les Sauveurs d'Aliaénon, dont nous avons aperçus le fantôme des statues d'or, à notre arrivée sur ce monde. Peut-être connaissez-vous la suite : éveil des titans, changements sur le monde, mort de Vallel et destruction de sa tour d'Orsan..."

Et enfin, le silence retomba dans la pièce.

Eaeria semblait déçu.
Simaya m'avait regardé avec dégout et haine, sa colère visiblement contenue.
L'aubergiste avait arrêté de rire? Oh, comme c'était cocasse. Alors comme ça tous les étrangers n'étaient donc pas si drôles que ça?

Ce dernier était tout de même aller jusqu'à embrasser Simaya pour visiblement la calmer, comme quoi, cette pratique d'être de chair avait l'air de servir à plus que juste montrer son affection. Puis, elle c'était lancée dans une longue explication sur la vie et les origines """""tragiques""""" de Vallel. La pauvre, elle semblait vraiment bouleversée.



J'en regrettais presque mon comportement.


Presque.



Oh, oui, j'étais triste pour elle, c'est sur. Mais me reprocher de rire d'un sujet comme ça...?



"Oh..."

Ma voix perça le silence de plomb.

"Oh, c'est comme ça, donc?"



Sans m'approcher, je me mis droit, face à Simaya, la regardant droit dans les yeux. Je levai mes mains au ciel, avant de les rabattres sur l'armure d'écaille que je portais. Aussi efficacement que mon manque d'habitude avec les habits me le permettait, je me mis à retirer l'armure, les protections des bras, des jambes, et je déposai mon seau, afin d'être complètement à découvert face à elle. Puis, la regardant de nouveau droit dans les yeux, je repris la parole, ma voix toujours rauque, mais mon ton plus sérieux, et probablement un tantinet plus sec, les deux lueurs sur mon visage s'intensifiant au fur et à mesure que je m'étalais dans mon propos.


"Savez vous comment je me suis retrouvé comme ça? Complètement calciné? Je viens de Nirtim, le continent d'Oaxaca. Les choses sont souvent houleuses la bas, pour rester poli. Bataille, affrontement, agression... Ce que je veux dire, c'est qu'on a pas attendu la guerre pour me bousiller comme je le suis aujourd' hui. Non pas que la guerre n'ait pas eu son petit effet bien sur, mais dans la grandeur des choses, ce n'était qu'un passage merdique de plus dans ma vie.

J'ai vu périr nombre des miens moi aussi. J'ai vu périr plus que des miens en fait. J'ai vu mourir bien plus d'un quidam, de mes plus proche parents aux pauvres hères m'ayant un jour torturé. J'ai vu mon monde être détruit plus d'une fois. Et pas par quelqu'un en particulier hein, mais par tout le monde.

Tous. Tous ont causé la destruction autour de moi et sur mon corps. Humains, elfes, goblins, orcs, faëras... Et n'oublions pas mes chers confrères oudios aussi.

J'ai été isolé, projeté au milieu de tir, de flammes et de coup d'épée. J'ai été dévoré, plus qu'une fois, et, plus tristement, c'est que le plus souvent, c'était volontaires de la part des orchestrateurs de ce foutoir.

J'ai été renié par mes dieux, par mes frères, par mes amis, et par la nature elle même, qui a décidée que mon existence serait sous le signe de la souffrance et de la pertes. J'ai été condamné à vivre tous les jours dans un corps meurtris, ignoré des uns, haïs des autres, à contempler la cruauté du monde et à voir tout ce que j'aime périr.

Et quand j'apprends qu'un des nombreux êtres à avoir causé tant de destruction dans l'univers a croulé et craqué sous le poids d'un sentiment aussi basique et stupide que la jalousie plutôt que de faire face à ses propres erreurs, et vous me reprochez d'en rire ?! »



Je marquai une légère pause, pour me reprendre un peu, et ne pas tomber dans l'agressivité. Mon rythme de parole ralentit, et mon ton devint plus triste.


« Je ne cherchais pas à vous blesser ou à vous choquer. »

Mon regard balaya la pièce, s'arrêtant sur Eaeria, puis, plus rapidement, sur l'aubergiste, avant de revenir se poser sur Simaya.

« Je ne voulais blesser ou choquer aucun d'entre vous. Vous m'avez accueilli, aidé, et même protégé depuis que je suis arrivé dans votre monde. Et pour ça, vous avez ma sympathie, mon respect, et ma reconnaissance, mesdames Simaya et Eaeria. 

Mais comprenez moi, après plus d'une centaine d'années d'existence horrible, j'ai choisi qu'entre rire et pleurer de la souffrance ou de ceux qui nous veulent du mal, il vallait mieux en rire. Je n'remets pas vos larmes en questions, mais nous avons tous notre façon de gérer l'ingérable...»



Les trois êtres de chairs se regardèrent. Eaeria posa sa main sur mon épaule, puis déclara:

"Peut-être que notre plaie à nous est encore trop récente pour qu'on se permette d'en rire, ami oudio. Nous ne vous en tenons pas rancœur. Vous êtes là pour nous, pour aider, et faire en sorte qu'un nouveau drame ne se produise pas."

Si je respirais comme les êtres de chairs, j'aurais probablement été essoufflé de tout ce discours. Trop tôt pour en rire? Soit, tout le monde avait son propre rythme, mais visiblement, ça faisait déjà des années pour eux que la guerre c'était terminé. Il était tant de passer autre chose, car plus ils attendraient, plus la douleur risquait de se changer en bête rancœur.

La main posée sur mon épaule m'avait fait sursauter. Je n'étais pas habitué à ces gestes de sympathies de la part de ceux de chair. Mon regard se posa sur Eaeria, qui ne devait probablement pas voir la surprise sur mon visage. Puis, mon attention se dirigea sur Simaya, qui ne disait toujours rien. Peut être effectivement que j'avais juste mis les pieds dans le mauvais plat, justifié ou pas. Elle hocha néanmoins la tête à la remarque d'Eaeria sur le fait de ne pas m'en vouloir. L'aubergiste suivit aussi, mais ses émotions à lui m'importaient moins.

Malgré tout, je ne pensais pas que c'était complètement sincère. Juste une réaction de leur par pour ne pas froisser l'un des yuimeniens sensé leur sauver le tronc. Erk, tout ça me faisait tomber dans le négativisme.

Honte de moi? Paranoïa? Regret? Imression fondée? Je ne savais pas lequel de tout ces sentiments provoquaient ça, mais je ne me sentais soudainement plus trop le bienvenu. ça ne serait pas la première fois qu'on me dit que tout va bien pour finalement me réveiller en plein milieu de la nuit attaché à un bucher...

Je pris les équipements que j'avais retiré, le seau, et portant le tout dans mes bras, je commençai à sortir de la pièce.

"Je... pense en avoir déjà beaucoup demandé, et trop dit. Je...ne vois pas trop quoi poser d'autre comme question. Remettez vous bien m'dame Simaya. Faite moi signe si je peux servir à quelque chose d'autre que remuer des couteaux dans les plaies."


"Je serai en forme dès demain. Dès le retour des autres aventuriers." déclara Simaya tandis que je sortais de la pièce, peut être pour qu'on termine sur une note positive, peut être pour me montrer qu'elle ne m'en voulait vraiment pas... ou peut être pour me rappeler qu'après tout, j'étais surtout sensé être la pour aider leur cause, pieds dans le plat ou non.

Puis, je passai la porte, retenant un long soupir. J'espérais vraiment ne pas avoir fait plus de mal que de bien, que ça soit pour elles ou pour moi.


"Et maintenant ?"


Je sursautai de nouveau, n'ayant pas réalisé qu'Eaeria m'avait suivit.


"WOAH!....Et...et maintenant?

...

Et maintenant?"



Effectivement: et maintenant? J'avais eu du nouvel équipement, ce qui était toujours utile. J'avais vu les archives, qui m'avaient donné des infos, mais rien de bien utile pour le foutoir actuel. J'avais vu Simaya, mais elle n'avait pas forcément apporté grand chose d'autre d'utile sur le sujet, et en plus j'avais probablement cramé les quelques bons points gagné avec elle.

Que faire maintenant...? Flâner? Glander? Faire du tourisme? Non, non, même moi je réalisais après tout ça l'urgence de la situation. Et puis, si tout le monde ici était aussi sensible sur le sujet de la guerre, j'allais vite me faire mettre dans une cheminé.

Y avait plus qu'une seule vraie option....


"Je suppose que la seule chose qu'il me reste à faire c'est rejoindre les autres. M'dames Eaeria, vous en aviez parlé plus tôt, vous connaissez le chemin du coup?"


Elle paraissait surprise...

Je... oui, on pourrait les pister aisément avec un pachy. Je n'avais pas prévu de quitter la cité, mais... si vous pensez que je peux vousr être utile..."


...Pourquoi est ce que ça la surprenait?


"Vous êtes la seconde personne la plus "utile" que j'ai rencontré depuis que je suis arrivé dans ce monde!
Aussi, je ne connais absolument pas le chemin...

Bref, si ça vous dérange pas de quitter la ville un moment, je vous suis, à dos de cheval, de pachy ou à pied, ce que vous préférez!



"Avec un pachy, oui. A pieds, nous ne les rejoindrions jamais. Espérons pouvoir leur être utiles."



La suite pour moi était décidée. Mais avant de partir, le souvenir de l'inquiétude d'Eaeria concernant les autres me revint en mémoire: s'ils étaient dans une zone dangereuse, ils auraient probablement besoin de soin...et surtout, ça voulait dire que je risquais d'être blessé, et j'aurais probablement besoin de soin!
Me tournant vers mon accompagnatrice, je lui dis:


"Erk... J'pense qu'on devrait prendre des choses pour soigner, au cas ou les autres sont dans un sale état quand on les retrouvera. Mieux vaut prévenir que guérir comme disent certains humains.
Vous pensez qu'on a le temps de passer à un endroit avec des potions ou autre?"


Eaeria hausse les épaules d'un air circonspect.

"Hmm. Nous ne sommes guère versés dans l'art de l'alchimie. Je crains que... Oh ! Attendez."

Elle réouvrit la porte derrière nous, passant sa tête dans la chambre de Simaya.

"Aetheris ! Dracaena a besoin de potions..."


D'un coup, l'aubergiste, son sourire de mange-merde collé au visage, sorti de la pièce, et nous fit signe de le suivre. Il nous amena au rez-de-chaussée, plongea derrière son comptoir, et en extirpa trois fioles... vides. Puis, il nous regarda l'un après l'autre dans les yeux, avant de se pencher dessus et de.... remplir chacune des fioles avec sa salive! Sa gigantesque quantité de salive! Et quand toutes les fioles furent pleines, il me les tendit, avec le regard d'un enfant venant de pisser contre ma jambe et de me mettre au défi d'y faire quelque chose.

.................

................................................................................

Sérieusement?

Je regardais les trois fioles devant moi, puis l'aubergiste, d'un air mélangeant dubitation et dégout...Non pas qu'il puisse s'en rendre compte.


"......Donc vous m'en voulez bien pour avoir ris tout à l'heure, c'était pas juste une impression...."


"Nous ne vous en tenons pas rancoeur" mon oeil....


Eaeria répondit, en...SOURIANT?!


"Oh, croyez-moi, il ne se moque pas de vous."


Le faux-vieux dégueulasse, lui, me regarda droit dans les yeux. Ce n'était pas juste moi, il me défiait CLAIREMENT de son regard, comme s'il disait "Alors, t'es cap' de boire ma salive ou pas, coco?".

Pas se moquer de moi?! Nan, franchement c'était dur à croire. Mais jusqu'à présent, Eaeria était la seule personne qui avait essayé de se montrer... "de confiance" jusqu'au bout avec moi. Qu'elle décide d'entamer une vengeance contre moi maintenant ça serait... pas si surprenant en fait.

Malgré tout... Potentiellement c'était ça le pouvoir unique de ce mec: soigner avec sa salive...

Par les fesses de Fearadhach, les tas de chair étaient vraiment répugnant avec leurs fluides parfois...

"Bon...Si vous le dites, m'dame Eaeria, j'vous fait confiance, j'vais prendre les fioles."

J'enroulai un doigt autour de chacune d'entre elles, avant de les ranger dans mon baluchon. Tout le long, je soutenu le regard presque...défiant du faux vieux. La lueur de mes yeux s'intensifiât, comme pour essayer de l'éblouir. Vrai ou pas vrai, s'il pensait qu'un peu de résidu d'humain sur les racines suffirait à me choquer, il était loin du compte.

"Je suis sur que ces "potions" seront totalement efficace, je vous en donnerais des nouvelles, très cher aubergiste!"

Bon, faudra quand même les faire tester à quelqu'un d'autre avant d'y toucher. C'n'était pas tant le coté sale que le risque qu'il essayait de m'empoisonner qui m'inquiétait.

Le sourire narquois avec un humain derrière, lui, ouvrit enfin la bouche pour dire:

"Que vous soyez blessé, même grièvement, fatigué, même au bout de tout, ou déprimé, y compris au bord de la rupture, elles vous seront utiles."

Je le regardai un instant, toujours dubitatif... Jamais de ma vie je n'aurais cru rencontrer quelqu'un avec une si puissante aura de charlatan...

"Hé bah... Vous pouvez en faire des trucs avec vos fluides... Moi ma sève est juste un peu sucrée..." Dis-je, d'un ton légèrement humoristique. Je n'allais pas laisser ce type avoir le monopole de l'humour dans cette histoire!

Et il me regarda avec un air de curiosité.

"Oh, à l'occasion vous me ferez goûter !"

...Il réalisait qu'il venait globalement de me dire "vas-y poto, à l'occaz' fait boire ton sang!" Bon, clairement, je m'étais surestimé: aucune chance que mon comportement me face passer pour le bizarre de service: visiblement, l'endroit était déjà tenu par un barjo!


Hochant la tête pour relever le défi, je fini par tourner les racines et me diriger vers la sortie, remettant au passage l'équipement que j'avais retiré plus tôt pour mon discours. De la salive, sérieusement... Ce monde était vraiment plein de chose illogique, et ça restait une très bonne chose, dégout ou pas.

"Bon, m'dame Eaeria, je vous suis! Allons à la rencontre de mes.... "confrères" Yuiménien!"

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