La Tour d'Argent

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Yuimen
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La Tour d'Argent

Message par Yuimen » mar. 5 nov. 2019 10:16

La Tour d’Argent

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Bâtisse impressionnante à l’architecture déstructurée, la Tour d’Argent contient les quartiers de Cromax lorsqu’il séjourne sur l’Île. De riches et confortables quartiers drapés de tentures pourpres, de lits confortables et d’un salon de réception. Le rez-de-chaussée de la tour est d’ailleurs un grand salon haut de plafond où peuvent s’organiser bals, dîners et galas. Chacun est libre d’y entrer comme il le souhaite, du moment qu’il respecte la sérénité des lieux.

Des chambres, aux étages, peuvent loger temporairement ceux qui en ont besoin, et plus durablement les personnes liées à Cromax ou à l'ordre Pourpre.

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Cromax
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Re: La Tour d'Argent

Message par Cromax » jeu. 10 mars 2022 10:09

Du haut de ma tour d’argent, je suis muré dans un silence profond. Voilà plusieurs jours que je suis rentré de Nirtim, de ces plaines de Kochii où l’impensable a eu lieu. L’impensable à bien des niveaux. Le Dragon Noir et Oaxaca défaits, signant l’ultime libération de mon être auprès d’êtres qui pouvaient encore penser me contraindre dans un rôle qui ne me convenait pas. Une hécatombe de vies, également, prises le temps d’un claquement de doigts. Le plus grand massacre de l’histoire de cette planète, sans aucun doute. Lysis m’assure que l’important est que je m’en sois sorti vivant, mais tout soulagé de cette nouvelle, je n’en suis pas moins envahi d’un vide certain. Comme si tous ceux qui sont partis ce jour-là faisaient partie de moi. Ou que leur absence se manifeste de la sorte, quand bien même je ne les connaissais pas. Ceux qui me sont coutumiers, d’ailleurs, ont tous survécu, que je sache. Des êtres spéciaux, aventureux, courageux. Est-ce cela qui les a sauvés ?

En tout cas depuis ce cataclysme, je m’isole, je me retire de toute relation, de tout contact. Un quasi-jeûne, également, m’étreint quotidiennement. Je n’ai envie de rien avaler, estomac et boyaux noués. Je me contente d’un peu d’eau, de pain frais et de fruits, couramment apportés par la seule qui ose grimper jusqu’à moi, cette jeune humaine qui est venue me prévenir, au Palais de la Roseraie de Soie, de l’existence de cet endroit, Tol’Lhein, et de l’occurrence d’un groupe vénérant les mêmes valeurs libertaires que moi. Zaïda. Zaïda Kel Atamara, une femme du désert d’Imiftil. Depuis lors, elle a respecté mon souhait de silence. Jusqu’à ce jour en tout cas, où elle est restée immobile, elle aussi silencieuse, après m’avoir porté mon déjeuner.

Cette stagnation inhabituelle m’a fait, au bout d’un moment, tourner la tête vers elle. Curieux, je plisse le regard pour l’interroger sans un mot. Et il ne lui faut pas plus pour qu’elle commence à parler, justifiant sa présence.

« Ser Cromax, les gens de l’Ordre Pourpre s’inquiètent de vous savoir ici. S’ils sont ravis que vous ayez répondu à notre invitation, ils n’imaginaient pas vous voir vous reclure ainsi au sommet de ce qu’ils ont construit pour vous. Aucun n’ose bien entendu vous suggérer quoi faire, mais… ils sont soucieux de votre état. »

Je soupire. Non pas d’impatience, mais de compréhension. Il est vrai que je ne suis pas un invité fort poli. Ils ont tellement fait en mon honneur, et voilà qu’une fois parmi eux, je n’en reçois aucun, ni ne me mêle à eux. Ils doivent cependant connaître mon aversion pour les mondanités. Mais là, ça va plus loin, et j’en suis conscient. De l’impolitesse de ma part, de laquelle je me sens coupable. Toute cette réflexion m’a été nécessaire, ce retour en moi après toute cette grande mésaventure. La déchéance des Amants, la mort de la Rose mystérieuse, la guerre en Nirtim et toutes ses retombées… J’ai eu besoin de me recentrer, mais désormais il est temps que je retourne parmi les vivants. Zaïda l’a compris, elle aussi. Je rétorque à son intervention :

« Je vais bien. Je vais bien, c’est gentil à eux de s’inquiéter. C’est juste que… tout me parait un peu vain depuis le Charnier des Âmes. Des dangers majeurs pour Yuimen se sont envolés, et c’est comme si désormais je me retrouvais sans but, sans objectif. Libre, vivant, certes, mais à quoi bon si ce n’est pas pour vivre pleinement ? »

Je chasse la pensée d’une main distraite. Elle n’a pas à connaître mes réflexions, mes doutes. Elle croit tellement en moi. Je le vois dans ses yeux noirs. Je poursuis :

« Mais ce ne sont là que pensées obscures, il est temps d’y mettre un terme. Je suis impatient d’apprendre à tous vous connaître. »

Le sourire que je lui adresse est sincère, et elle me le rend volontiers. Elle répond à son tour :

« Et nous en serons ravis. Mais ce n’est pas pour ça que je suis restée, Ser Cromax. »

Elle pique ma curiosité, et l’air sombre dont elle se pare instantanément me surprend. Elle poursuit :

« De sombres rumeurs viennent du lointain continent de Nosveris. Un messager est arrivé ce matin prévenir d’inquiétantes nouvelles concernant un mal ancestral s’éveillant. Le retour d’un puissant esprit des glaces aux desseins alarmants. Il requiert de l’aide en urgence. Je suis venue vous voir pour vous demander si l’Ordre Pourpre avait le droit de révéler son visage pour leur apporter du soutien. Plusieurs membres sont volontaires, mais nous n’avons encore rien organisé, attendant votre autorisation. »

« Mon… autorisation ? »

Je tombe un peu des nues, et ne peux réprimer un sourire amusé. Comme s’ils avaient besoin de mon assentiment pour faire ce qu’ils souhaitent.

« Mais vous n’avez en rien besoin de ma validation pour œuvrer ! »

En moi, un sentiment monte cependant. Mes yeux sont ravivés d’une lueur intense. L’appel de l’aventure. Un danger lointain et inconnu, des contrées encore vierges de ma présence… Que demander de plus pour me sortir de ce marasme solitaire ? Alors que je vois Zaïda tortiller ses doigts pour, je commence à la connaître, me retourner une remarque sur mon rôle de meneur de l’Ordre, j’interromps toute tentative de sa part en affirmant vivement :

« J’irai. J’irai moi-même en Nosveris m’occuper de cet esprit ancien. »

Son visage s’illumine à son tour d’une radieuse lumière. Certes cela ne me fera pas rencontrer les membres de mon propre groupe, mais cela me tire de ma retraite forcée, et cette idée semble lui plaire. Elle annonce avec vigueur :

« Bien, bien ser Cromax ! Le Grand Cryomancien à l’origine du message attend tout volontaire à l’Académie des Sciences du Royaume de Pohélis. Nous sommes tous avec vous, Ser Cromax. Je vais annoncer la nouvelle aux autres. »

Et sans se faire prier, d’un simple signe de ma tête, elle tourne les talons et s’en va descendre les nombreux escaliers de la tour. De mon côté, mon regard se porte sur les flots entourant l’Île de Tol’Lhein. Oui il est temps que je reprenne du service…

Un détail attire mon attention, au niveau des docks de l’île. Un navire que je ne connais que trop bien vient d’accoster. L’Allégresse. Le navire des amants. Porteur de nouvelles ou en simple visite de courtoisie, je me dois d’en accueillir les voyageurs. Me parant d’une paire d’ailes aux plumes argentées, je m’envole de la terrasse de mon piédestal, en direction de ma destinée.

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