La Zone Construite

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Yuimen
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La Zone Construite

Message par Yuimen » mar. 5 nov. 2019 11:58

La Zone Construite

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Le Sud de l’Île, dominé par la Tour d’Argent, est constitué de petites ruelles où trônent des bâtiments à l’architecture inhabituelle, un peu discornue, tout en hauteur ou en largeur, avec des toits courbes aux couleurs grises de la pierre utilisées pour les bâtir. Ici vivent les résidents permanents de l’Île, dont quelques membres de l’Ordre Pourpre. Des chambres sont disponibles dans ces bâtisses pour les visiteurs de passage et les curieux en désir de liberté.

Une jetée en hauteur permet d'admirer en contrebas les quais de l'île, formant l'unique accès à la partie civilisée depuis la mer. Une place forte imprenable qui n'en a pas l'air, sans muraille épaisse ou rudes grilles de fer.

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Cromax
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Re: La Zone Construite

Message par Cromax » jeu. 10 mars 2022 16:33

Je ne tarde pas, d’un envol gracieux, à rejoindre les quais de l’île. Sur le pont, je vois se hâter le fier Capitaine Logan Tiercevent, alors que déjà plusieurs passagers ont touché terre. J’aperçois et reconnais sans peine deux d’entre eux : Pulinn, la Gardienne du Temple des Plaisirs de Kendra Kâr, et Madoka, l’ynorienne qui m’a aidé à en finir avec la Rose Sombre. Je me précipite vers la première. Je ne l’ai pas vue depuis qu’elle a failli laisser sa vie au cœur du Temple, trahie par Zarnam, et que je me suis porté responsable des crimes du temple. Arrivé à sa hauteur, je prends entre mes mains les siennes et la regarde dans les yeux. Je ne suis au courant de rien la concernant, ses desseins, la raison de sa présence ici.

« Pulinn, quel plaisir de te voir sauve, ici. Que me vaut l’honneur de ta visite ? »

Elle sourit, paisiblement, toujours aussi belle, mais pose une main sur sa gorge en secouant lentement la tête. Elle ne peut pas parler ? Curieux, je la questionne du regard.

« Muette ? Une conséquence de la trahison ? »

Elle opine du chef, cette fois. Je sens mes poings et mâchoires se serrer. Au moins les responsables ont payé. Détourant le regard, je hèle un occupant des quais.

« Toi, là. Veux-tu bien mener Dame Pulinn à la Tour d’Argent ? Faites-y lui préparer les meilleurs appartements, je gage qu’elle aimerait se reposer. »

Il acquiesce d’un signe de tête, et je me tourne vers la sublime elfe blanche :

« Nous nous verrons plus tard, le voyage a dû te fatiguer. »

Je la regarde un instant partir avec l’ouvrier des quais, et me tourne alors vers Madoka, de laquelle j’approche avec un sourire. Sur un ton familier, agréable, elle se dit contente de me voir là, entier. Sans traîner, elle sort une bourse gonflée de pièces et me la tend. Un cadeau ? Elle me la tend, précisant que c’est pour moi et l’ordre pourpre. Lysis intervient dans mon esprit, m’expliquant les tenants et aboutissants de tout ça : Il s’agit des finances des Amants de la Rose Sombre, qu’elle a demandé à Madoka de porter ici en sécurité. Voilà sans doute la raison de la présence de Pulinn aux côtés de la jeune humaine. Je plisse les yeux d’un air amusé et rétorque :

« L'Ordre Pourpre... Que de cérémoniel ! Je... je ne suis pas encore habitué. Sois la bienvenue chez toi. »

J’empoche la bourse négligemment, plus concentré sur l’ynorienne que sur son colis. Elle me répond, elle aussi souriante, ce que je sais déjà : c’est Lyusis qui lui a confié cette tâche quand je suis précipitamment parti du Clan des Roses, dans les Monts de Nirtim. Madoka m’assure que l’Ordre Pourpre et ses valeurs me correspondent bien, et s’inquiète de savoir si elle a bien fait d’avoir fait venir l’elfe blanche avec.

« Ça me fait plaisir de la voir sauve, plus que tu ne pourrais même l'imaginer. Tu as bien fait. Quand à l'ordre... je ne sais pas trop s'il est censé me correspondre... Disons que c'est un groupe qui partage mes idéaux libertaires. De là à me sentir à leur tête comme ils le voudraient... »

Je lâche une grimace en roulant des yeux. Ce n’est pas évident pour moi de telles responsabilités. Je ne suis pas sûr de pouvoir réellement les assumer.

« On ne se refait pas ! »

Je me tourne vers la Tour d’Argent surplombant l’île et commente :

« Mais ton voyage a été long, permets moi de t'inviter à te restaurer, en ma compagnie si tu le souhaites. Je... j'avoue ne pas te connaître plus que par tes récentes actions pour le Temple du Plaisir... »

Sans tarder, elle accepte mon invitation et je l’emmène en directions des quartiers construits pour rejoindre le débit de boisson de l’endroit : la Taverne Pourpre. Un établissement classieux qui ne lésine pas sur le faste pour satisfaire sa clientèle. Je ne l’ai guère que peu côtoyée depuis mon arrivée.

« Tu es presque aussi neuve que moi dans tout cet environnement ! »

Et quelques pas plus tard, alors que je lui ouvre galamment la porte :

« Qui es-tu, toi dont je connais bien moins que je ne le voudrais ? »

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Madoka
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Re: La Zone Construite

Message par Madoka » dim. 13 mars 2022 13:39

Sur le navire, le temps est à la fête. Tous les matelots inutiles aux dernières manœuvres d’accostage sont sur le pont, les yeux ébahis et le sourire aux lèvres en train de montrer ça et là tout ce qu’ils voient.
Des nombreux bâtiments sont déjà construits sur l’île, autour d’une haute tour qui réfléchit les pâles rayons de soleil, comme le ferait une épée lustrée. La végétation a gardé sa place entre les différentes parties du hameau, la couleur des murs rappelle celui de la pierre et du métal, de tous les murs visibles d’ailleurs sans exception. Le plus étonnant est l’impression d’être partout et nulle part à la fois ; ce n’est ni une terre elfique, ni humaine ou autre, un lieu à part qui semble accueillant en apparence.

De la tour, justement, un mouvement attire l’œil des plus observateurs. Ailé, celui qui arrive sur nous d’une manière grandiloquente n’est autre que Cromax.

((J’aurais dû m’en douter, me dis-je à part en le voyant se poser sur le quai. Avec eux on est jamais au bout de nos surprises.))

Je tourne mon regard vers Pulinn, gracieuse elfe blanche en toutes circonstances et me souviens de la créature mystérieuse qui accompagne Cromax. Les côtoyer me fait réaliser à quel point il est des personnes hors normes dans ce monde capables de tant qu’il m’est impossible encore de l’imaginer.
La nuit de la chute des Amants je le croyais disparu. Vivant, certes, mais loin du monde. Je me souviens encore des propos de Lysis. Il s’en est allé, peut être reviendra-t-il un jour.

Et le voilà déjà sur cette île où s’est installé ce nouvel ordre se battant pour la liberté. Maintenant qu’ils se font face, je me rends compte des répercussions sur l’elfe blanche, fragilisée par la trahison et les épreuves vécues.

« C’est ici qu’on s’quitte ? Me dit Greg en me poussant de son épaule.
- Hm, ou pas. Aucune idée de c’que j’vais faire ensuite.
- C’est à toi qu’on doit c’voyage et t’es en train d’me dire que c’était pour rien ?
- C’était pour lui, dis-je en désignant l’elfe gris du menton. »

Il n’a pas totalement tort. Le pied posé sur ce quai, je peine à retrouver mes ambitions premières, était-ce de rendre service, de clore définitivement une histoire complexe où je n’ai que surnagé, ou encore une énième porte dérobée franchie à la hâte, sans réfléchir au lendemain ?
Pour ce qui est de demain, je n’ai pas l’embarras du choix … pour aujourd’hui, il me reste une tâche importante à faire.

Après un court échange avec Pulinn, Cromax se tourne vers moi en souriant. Coupant court à mes ruminations futiles sur l’avenir, je ne cache pas le plaisir de le voir.

« Pourquoi ne suis-je pas étonnée que tu sois déjà là. Je suis contente de te voir en entier. »

Et, sans traîner, je me défausse de mon rôle d’émissaire en lui tendant la riche bourse destinée pourtant à d’autres que lui. Cet or pourra ainsi être transmit par lui et non plus en son nom.

« J’ai un petit quelque chose pour toi … pour l’Ordre Pourpre. »

Il plisse les yeux et répète mes derniers mots avec un air amusé, s’amusant de tout ce cérémoniel et s’avouant peu habitué encore par tout ça. Le formalisme s’arrête pourtant à nos propos car il empoche la bourse sans trop y faire attention et ne détourne pas les yeux de mois, le sourire toujours aux lèvres.

« En me confiant cette bourse, Lysis m’a brièvement expliqué ce qu’était l’Ordre Pourpre, ce qu’il représente. Cela te correspond bien, ajouté-je en repensant aux courts et intenses moments qui précédèrent les événements du Clan des Roses. »

Ces mêmes événements qui m’ont fait prendre une décision que je qualifierais, au mieux, d’égoïste. Mon regard se reporte sur l’elfe blanche qui s’éloigne en compagnie des gens de l’île. Elle qui voulait seulement s’enfuir et s’isoler du monde, fuir et oublier, se retrouve maintenant ici. Ce voyage devait être fait en hommage à Cromax, je voulais qu’elle voie et connaisse l’existence de cet Ordre nouveau, que j’estimais être un héritage de ses combats.

« J’espère ne pas avoir mal agi en l’ayant emmenée avec moi.» Dis-je en replongeant mon regard dans les yeux sombres de l’elfe gris.

Son sourire, franc et profond me rassure avant ses mots. Il est heureux, plus que je ne pourrais l’imaginer, de la voir sauve. L’existence de cet Ordre Pourpre, en revanche, n’est pas aussi facile à gérer pour lui. Il n’est pas sûr lui-même si leurs membres sont censés lui correspondre, et même s’ils partagent effectivement ses idéaux libertaires il ne se voit pas à leur tête, comme ils le voudraient.
Je suis amusée de le voir grimacer et lever les yeux au ciel, plein de questionnements et d’hésitations.

« Il est difficile de se sentir entièrement libre tout en étant responsable d’un groupe.
- Brrr, être responsable d’un groupe ?! Déjà de moi-même c’est pas tous les jours évident ! »

Je souris, très amusée de le voir ainsi, osant même lui avouer que j’avais tendance à laisser à d’autres le soin d’être responsable à ma place.
Autour de nous, les quais sont déjà vides. Les matelots ont rapidement suivi les gens de l’île et la promesse d’une bonne taverne. Cromax tend la main vers la tour d’argent qui surplombe l’île. Soulignant évasivement qu’il ne sait pas grand-chose de moi, il m’invite à me restaurer en sa compagnie. Je suis son regard et répond sans hésiter :

« J’accepte ton invitation avec grand plaisir. »

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