Les Fonds Marins

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Yuimen
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Les Fonds Marins

Message par Yuimen » sam. 6 janv. 2018 15:01

Les fonds marins

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Sous l'immense étendue d'eau salée et les vagues incessantes, se cache un vaste monde sous-marin. Des milieux protégés par des barrières de corail, florissants de vie et merveilleux, aux grandes plaines abyssales presque désertiques, le monde immergé regorge de nombreux coins et recoins à découvrir pour qui est capable d'y survivre.

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Heartless
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Re: Les Fonds Marins

Message par Heartless » mer. 7 juil. 2021 11:29

Le jour s'était levé sur les côtes d'Ynorie. Ses rayons percèrent la surface de l'eau et mirent en exergue la silhouette incongrue qui sondait les bas-fonds en silence. Un hybride entre la bête et la machine, le Masamune poursuivait son chemin vers le port d'Oranan. Ses voiles d'un bleu azur avaient laissé la place à des simili-nageoires translucides. Ses mâts pliés par le symbiote qui assurait désormais sa survie sous les eaux, il ressemblait davantage à un monstre marin d'un genre nouveau qu'à une chose faite par l'homme pour voguer sur les flots.

Heartless manipulait la double-roue d'ondyria avec un air distrait. Ce n'était plus comme s'il manipulait le gouvernail pour influer sur la direction de la proue. Le gouvernail en lui-même semblait n'être plus qu'un moyen de communiquer avec le corps du Masamune, capable de se mouvoir de lui-même avec les suggestions de la barre. Le plus étrange, c'était la fine membrane qui surplombait l'entièreté du pont, leur seul rempart contre la noyade. Chose moins facile à constater, la coque s'était fendue à deux endroits parallèles pour contrôler la plongée du navire en avalant et en régurgitant de l'eau à chaque fois que la barre effectuait un mouvement vertical.

Alors qu'il regardait les poissons nager au-dessus de sa tête, Sirius n'avait de cesse de s'interroger sur la nature de l'organisme qu'il avait baptisé "Léviathan". Une créature oubliée, scellée dans le métal ? Un cadeau de la déesse Moura ? Ou bien était-ce simplement une arme des temps jadis, provenue de la mythique civilisation antaléenne ? Il n'y avait rien de plus mystérieux au monde que le fond des océans, et le Harpon des Profondeurs ne dérogeait pas à la règle. Les subtilités du métal bleu qui le composait restait méconnues. Les éarions d'antan en avaient peut-être percé les mystères, mais leurs réponses avaient sombré dans l'insondable, tout comme la cité d'Antalyä.

Le bruit d'un frottement sourd inonda les oreilles de l'équipage. Par réflexe, Sirius leva la barre. En regardant la poupe, il constata qu'un amas de corail avait juste éraflé la coque. Iguru, qui s'était imaginé une mort atroce au fin fond de l'océan, s'approcha de son capitaine. D'un air pantois, il lui demanda pourquoi Heartless jugeait sage de raser ainsi le sol sous-marin.

"J'sais que c'est sombre et oppressant là-dessous, mais on doit rester assez bas au cas-où on tomberait sur des bêtes de Perailhon. Certaines doivent être en train de chasser en c'moment même, en quête des noyés de la dernière bataille. Crois-moi, c'est plus sûr que la surface. Si on se fait attaquer par le bas, on pourra rien faire pour se défendre. Et puis..."

Il désigna d'un coup de menton les récifs submergés à bâbord.

"Dans ce coin-là, avec toutes ces falaises, doit y'avoir pas mal de grottes sous-marines. Sous l'eau, y'a plein de cachettes. Pour tout t'avouer, je m'demande si on aurait pas une chance de tomber sur la cachette d'Oannès, s'il existe vraiment."
"Ou s'il est encore en vie. Et puis qu'est-ce qui te dit qu'y se dépêcherait pas de nous écraser si on tombait sur lui ?"
"Euhhh, c'est qui déjà, Oannès ?"
"Le Colosse. Le Traître."
"Ouuuuuh !"


Heartless s'approchait lentement d'Iguru, avec une voix rauque et un sourire grimaçant. Il mimait un monstre griffu avec un enthousiasme puéril.

"Oannès, Oannès ! Un des premiers annedotis, et le plus redoutable... Il a coulé des dizaines de navires sur ces mêmes eaux. On raconte qu'il se serait rebellé contre son maître et que depuis, il se terre dans les fonds marins..."

Iguru, qui ne cachait pas sa gêne devant les pitreries de son camarade, préféra se tourner vers Elias, l'homme qui n'était jamais d'humeur à plaisanter.

"Mais on sait pourquoi il a trahi ?"
"Perailhon en avait fait le fleuron de son armée sous-marine. Il l'aurait rendu plus fort que les autres, mais aussi plus intelligent. Trop, paraît-il."
"Il était capable de faire ses propres choix. Du coup il a choisi."


Le borgne s'était rassit. Il engloutit nonchalamment du rhum ramené de la cale.

"Et plus personne ne l'a revu depuis toutes ces années. Mais personne à l'époque ne pouvait faire ce qu'on fait là, maintenant. Ptèt que nous, on pourrait tomber dessus..."
"C'bien ton genre de tout miser sur des bruits d'comptoir. Moi j'dis, bon débarras. Les annedotis, ça d'vrait même pas exister. Ça t'ferait pas d'mal de rester concentré sur du concret, pour une fois."
"Ah, oui ! Ig, tu peux garder un œil sur le pont ? Si y'a un truc qui ressemble à une grotte, tu cries !"


Il sauta sur ses deux pieds et emboîta le pas au vieil homme qui descendait du pont.

"Et... et si j'vois une bestiole des Treize ?"
"Tu cries plus fort !"


Sirius et Elias entamèrent leur descente.

"On en est où, niveau matos ?"
"J'ai préparé l'atelier et les outils."
"Superbe, tu vas m'aider, du coup, vu que t'as plus de voiles à tirer ?"
"Hého, moi j'étais potier à la base. J'suis pas bricoleur."


Ils tournèrent à droite dans un petit couloir, à l'opposé de la cabine du capitaine. Ils durent contourner nombre de caisses et de barils qui avaient été remontés pour faire de la place.

"Y'a un début à tout, non ?"
"Non."
"Allez, si Ig s'y colle, c'est un coup à perdre un doigt."
"J'ai hâte."


Ils descendirent un autre escalier et arrivèrent à la cale. Plus spacieuse que d'accoutumée, elle avait été débarrassée pour servir d’atelier temporaire. Un établi en piètre-état, mais stable, avait été installé en plein milieu, avec un tonneau rempli d'outils en tout genres trouvés sur le Masamune. Au fond de la cale se tenaient trois sacs de sable en épouvantails, des mannequins d'entraînement improvisés, avec des cibles dessinées à la hâte en leur milieu.

Heartless posa l'arbalète dont il avait fait acquisition au camp kendran sur l'établi et passa ses ressources en revue. De quoi casser, scier, polir, poncer, monter... Rien qui n'arrive à la cheville d'un représentant de la profession, mais cela allait devoir faire l'affaire. Il fit craquer ses poignets comme un joueur de piano avant un concert.

"Bon, quand faut y aller..."

Mais il ne s'attendait pas à ce qu'Elias reste planté là, les bras croisés, assis sur un tabouret miteux, à le regarder.

"Tu euh... tu comptes rester ici, en fin de compte ?"

Sirius eut un léger sourire devant l'air plus grincheux que d'habitude de l'ancien. Il savait pertinemment pourquoi Elias ne tenait pas à remonter. Chaque bruit sourd qui provenait de l'extérieur provoquait chez lui une réaction nerveuse. Ce vieux loup de mer ne s'était toujours pas fait à l'idée qu'ils étaient en train de voyager sous l'eau.

"Dans ce cas, tu peux m'rendre un petit service ? Dans ma bibliothèque, devrait y avoir "Traité sur les arbalètes, scorpions, et autres mécanismes" d'Ascan Tsanay, et "Le bois et le vent" de Cuthalion Tilion."

Et ce fut ainsi qu'Heartless se mit au travail. Vu qu'Elias était resté, il allait devoir souffrir de ses théories.

"Bon, réfléchissons. Le point fort de Perailhon, c'est son armure. Si on finit par le rencontrer dans le champ de bataille, faudra trouver un moyen de passer au travers."
"Géniale, ton idée. Et tu crois que tu vas trouver ça tout seul ?"
"Moi non, mais à Mertar, par exemple, les thorkins ont des décennies d'avance sur toutes les autres races pour l'élaboration d'armes de siège et de mécanismes compliqués. Si on peut modifier ce bousin à l'image d'un scorpion ou d'une baliste pour lui donner plus de puissance, on pourrait tenir un engin capable de percer une armure de mithril, ou le truc qui constitue l'armure du Carapacé."
"Si tu te trimballes une mini-baliste sur le dos, t'auras bien du mal à faire tes cabrioles habituelles, neuneuil. Et viser, hah, j'préfère pas imaginer."
"Et s'il suffisait d'installer un fût spécial pour accélérer le projectile ? Lui donner plus de perçant grâce à la force centrifuge !"
"Tu vas juste ralentir le carreau si tu le forces à tourner avant de quitter l'arbalète. Et tu vas rater ta cible, à coup sûr. Tu peux pas créer le bon fût. Pas le temps, pas les ressources, et pas le talent non plus. Même si j'm'attendais pas à ce que tu comprennes le sens de "centrifuge"."
"Et moi j'suis surpris que toi, tu l'comprennes. T'es sûr que t'as fait que de la poterie, dans ta jeunesse ?"


D'innombrables plans, souvent accompagnés de dessins peu précis sur du papier jauni, furent lancés dans le vent par le pirate.

"Un carreau chauffé par des écailles en acier le long du fût ?"

Non, ça ne ferait aussi que ralentir le projectile. Et ils ne savaient même pas comment ils allaient pouvoir faire fondre du métal à bord d'un bateau submergé, sans matériel de forge.

"Et si on ignore la portée pour tout mettre dans l'accélération de départ ?"

Inutile, le carreau avait plus de chances de se briser contre une cible blindée que de la pénétrer.

"Et si on chargeait les traits de la baliste à la place de ces carreaux ?"
"Pov' con, ça reviendrait à porter une mini-baliste. Trop lourd, trop faible. Retour à la case départ."


Heartless sortit un énième parchemin sur lequel il se mit à griffonner ses idées à la va-vite.

"Attends, attends... On pourrait raccourcir les projectiles. Pas besoin de changer la longueur de l'arme, ou son maniement."
"Ouais mais comment tu vas faire pour tirer, du coup ? L'est pas fait pour ce genre de munitions, ton bidule."


D'un coup sec, il posa la feuille devant le sceptique. Sur celle-ci était dessinée l'arbalète avec un fût plus large et de petites manivelles de chaque côté, accompagnées de flèches imprécises.

"On scie les traits, on élargit le fût. J'pense que ça peut passer."
"Et comment tu fais pour tirer, j'te dis ? Ton gros machin, y va partir trois fois moins vite qu'un carreau, y va tomber par terre avant d'atteindre le bout de ton nez !"


Sirius se gratta le menton en grimaçant. Effectivement, c'était une impasse du côté des nains, à moins que...
Il se retourna brusquement pour parcourir l'ouvrage de Tsanay.

"J'ai trouvé !" déclara-t-il après quelques minutes.

Il tendit le livre à Elias, lui montrant une illustration détaillée d'un engin semblable à un scorpion de siège, mais composé de trois arcs différents au lieu d'un seul, chacun dépendant de la force de l'autre via le passage minutieux d'une corde complexe aux embranchements multiples. Un peu comme une toile d'araignée, ou un attrape-rêves.

"Ça, ça pourrait marcher ! Si on peut installer deux arcs en plus, non, un suffira, on pourra récupérer la puissance qu'on a perdu."
"Si tu veux, d'accord. Et tu sais faire, les arcs ?"
"Moi ? Noooon ! Mais les elfes... !"


Il s'empara de "Le bois et le vent", rédigé par un honorable artisan de Cuilnen. Personne ne s'y connaissait mieux en archerie que les elfes, et ce livre détaillait les meilleurs procédés pour s'assurer de produire un arc fort capable d'envoyer une flèche à des dizaines de kilomètres. Ils avaient un plan et la technique, il ne restait plus qu'à se mettre au travail. Au début, Heartless fut le seul à travailler sous les yeux dénués de joie du vieil Elias. Tout en s'aidant des minutieuses instructions posées sur le papier des meilleurs artisans de siège de Mertar, il scia un morceau de bois en s'inspirant des dimensions de la baliste kendrane qu'il avait soigneusement retranscrites lors du voyage vers Vandrak. C'était la largeur qui l'intéressait, car elle devait s'ajuster au trait. Il ne prit en compte les autres dimensions que pour des raisons d'équilibrage. Il s'était permis d'enlever une grande partie de la longueur pour que le fût tienne sur une arbalète de taille respectable.

Il scia le fût original de l'arbalète pour le séparer de sa base et le remplaça par celui de la baliste. Il tenait à conserver autant que possible le mécanisme de déclenchement, trop complexe à répliquer dans les temps. L'arc était, sans mauvais jeu de mots, la partie la plus tendue. Le processus perfectionniste décrit par Tilion n'admettait aucune imprécision. Il en arriva au final à s'approprier l'arc déjà présent sur la baliste pour le tailler à sa convenance avec un couteau fin. Selon les indications du traité sur les armes de siège, le deuxième arc allait devoir être monté symétriquement au premier et placé à l'arrière du projectile. Ainsi, la force exercée sur un arc se répercuterait sur l'autre, amplifiant la détente. C'était là qu'Heartless dût se mettre à improviser, car ces plans avaient été pensés pour une arme de siège, et non de poing. Alors qu'il élaborait des mécanismes novateurs pour assurer la portabilité de l'arme, Elias se joignit à l'ouvrage.

Il scia le fût premier, celui qu'il avait au préalable détaché de l'arbalète, en deux, sur sa longueur, pendant qu'Elias s'efforçait de créer un cylindre quasi-parfait à force de ponçage. En trouant la base du fût pour que le cylindre puisse y passer, et en traçant prudemment une spirale, ils firent en sorte que le fût puisse se séparer en deux pour accomoder celui de la baliste avec un simple mouvement de manivelle. Une partie de la base fut frénétiquement poncée pour que le fût de baliste s'y substitue et devienne le pilier sous-jacent du premier. Les arcs furent taillés à nouveau pour que leur taille dépende, à l'aide d'un système de coulissement subtil, du mouvement de la manivelle et du mode de tir dans lequel l'arme se trouverait. La taille en question serait réduite lorsqu'Heartless souhaitait tirer des carreaux normeaux, mais ils s'étireraient jusqu'à leur capacité maximale lorsqu'il passerait au tir de mini-baliste. Faute de mieux, un fil de pêche plusieurs fois noué devint la corde.

Ils étaient prêts pour le premier test.

"Bon, t'essaies de lui tirer bien dans son poitrail imaginaire. Si tu rates, je me fous de ta gueule."
"Pigé."


La double-arbalète en main, Sirius chargea un carreau normal d'arbalète et tira. Lorsque le projectil alla se planter sec dans la cible, il ne put contenir un grand sourire béat.

"Bon, au moins t'as pas ruiné ce qu'était déjà là."
"Maintenant, les choses sérieuses."


Il fit tourner la manivelle située à l'avant du mécanisme de déclenchement, et le fût de l'arme se scinda en deux pour dévoiler le fût secondaire. Mais lorsqu'il tenta de charger la munition de baliste raccourcie, il se rendit vite compte du problème...
Après quelques essais, c'était avec des doigts presque violets que Sirius était parvenu à charger l'arbalète. Le tandem d'arcs offrait bien plus de résistance que prévu.

"J'vais pas pouvoir la charger à la main à chaque fois, faudra un truc. Mais c'est bon signe."
"Ouais ouais, on verra ça. Prêt à tirer..."


La visée d'Heartless s'aligna sur la cible.

"Feu !"

Il appuya sur la détente, et contrairement à ses calculs, le projectile alla s'enfoncer dans le plafond, pas tant à cause d'un problème avec le fonctionnement de l'arme elle-même, cela dit. Heartless n'avait pas prévu la puissance du recul et s'était presque disloqué l'épaule en tirant.

"Merde, ah, chier ! Va me falloir une culasse ! Putaaaaain, ça fait mal !"
"Hé, Sirius."
"Quoi ?"
"J'crois qu'on est sur la bonne voie."


En effet, le trait ne s'était pas contenté de se ficher dans le plafond. Au contraire, il l'avait traversé.

"C-c'était quoi, ça ?!" cria Iguru, qui avait été surpris par le jaillissement soudain d'un projectile venu de la cale.
"C'est rien Ig, c'est rien !"
"Mais qu'est-ce que vous faites, là-dessous !"
"C'est rien, on te dit, t'inquiète !"
"Trouillard, va !"


Tandis qu'Elias taillait méticuleusement une culasse adaptée, Heartless s'était inspiré d'un mécanisme classique des grandes arbalètes pour bander les arcs à l'aide d'un levier. C'était davantage pour finaliser le mouvement, en vérité. Il lui suffisait de bander la corde à la main jusqu'à une partie glissante dans le fût puis de faire reculer cette partie par l'action du levier situé sur le côté opposé de la manivelle. Une fois chargé, une pression du levier suffisait à maintenir le trait en place.

Après une heure ou deux, ils étaient prêts pour le deuxième test.

"Allez, cette fois, c'est la bonne."
"Une seconde."


Heartless s'en alla chercher l'armure de mithril qu'il avait ramené de l'île d'expérimentation des Treize. Elle lui servirait de substitut pour l'armure de Perailhon, une fois posée sur l'épouvantail. Il arma l'arbalète à l'aide du levier et déplia la culasse rétractable.

"Euh, t'es sûr de ce que tu fais ?"
"Bah quoi ? Si ça marche pas, on aura qu'à trouver autre chose. J'sens qu'on est pas loins du but."
"Nan je veux dire, c'est du mithril, ce truc. Je doute que tu puisses percer ça, et en plus, ça serait du gâchis, ça doit valoir au moins dans les-"


Pan ! Le tir était déjà parti. Cette fois, le choc ne blessa pas l'épaule du pirate, mais elle ne toucha pas sa cible non plus, bien que ce tir fut bien plus précis que le précédent. Malgré cela, les résultats étaient plus que prometteurs, car certes, le mithril restait intact, mais le large support de bois sur lequel elle se tenait s'était fait virtuellement décapiter par le choc de l'impact. Si le test du mithril n'était pas conclusif, l'arme semblait désormais capable d'enfoncer une porte d'un seul tir.

Sirius et Elias, qui était d'ordinaire si négatif, explosèrent de joie devant cette démonstration. Ils s'embrassèrent même, une décision qu'ils regrettèrent presque instantanément.

"Wouah, je crois, je crois que ça peut marcher !"
"Si ça fonctionne pas, on aura bien l'airs de cons !"
"... Va falloir fabriquer plus de traits. Et remplacer l'arc de la baliste sur le pont, même si c'est moins bien."
"Passe-moi la scie, j'm'en occupe."
"Mais du coup, ton histoire de potier, c'était pas un peu du pipeau quand même ?"
"C'que j'ai pu faire dans une autre vie te regarde pas, morveux..."


Ils échangèrent un regard plein d'hostilité pendant un instant, puis éclatèrent de rire. La satisfaction du travail accompli avait redressé leurs humeurs pour le moment. Sirius s'excusa d'Elias pour remonter sur le pont. Ce dernier ne lui avait pas prêté oreille, trop occupé qu'il était à confectionner les munitions appropriées ainsi qu'un carquois. Il avait estimé judicieux de munir cette nouvelle arme de six projectiles lourds et pas plus, au risque que cela ne devienne trop encombrant.

Lorsque Sirius remonta les escaliers, il tomba nez-à-nez avec un Iguru paniqué, et à raison. Le paysage inquiétant mais calme des fonds marins s'était revêtu d'une couche de macabre. Autour du Masamune flottaient de nombreux débris et cadavres, déchiquetés pour la plupart. Des restes de la bataille navale contre Perailhon, emportés par le courant. Ils n'étaient plus très loin, et à partir de là, c'était un vaste cimetière d'épaves qui les attendait.


((( Le passage avec l'arbalète est essentiellement la première partie de l'apprentissage de cette CC à distance :
Tir du Destin : L’utilisateur donne tout son cœur et son espoir dans le projectile tiré/lancé pour qu’il cause davantage de dégâts. Jet de blessure classique )))


XP : 1.5 (Discussions nombreuses) + 0.5 (Entrainement dans la cale)

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