Voyages en Cynore entre Tulorim et Exech

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Yuimen
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Voyages en Cynore entre Tulorim et Exech

Message par Yuimen » mar. 7 mai 2019 23:50

Voyages en Cynore entre Tulorim et Exech

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Informations à prendre en compte :
  • Un voyage simple coûte 180 Yus.
  • La distance qui sépare les deux villes est de 720 km, soit 12h de voyage.
  • Le voyage s'effectue en Cynore, gérés par la compagnie Air Gris.

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Gamemaster2
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Re: Voyages en Cynore entre Tulorim et Exech

Message par Gamemaster2 » mar. 7 mai 2019 23:51

Intervention pour Eden, Selen et Fromritt


><


Les premières lueurs d'un jour nouveau éclaircirent la ville de Tulorim, dessinant les ombres de trois individus sur le palier de la résidence des Belmont. Trois âmes qui se sont portées volontaires pour rejoindre l'expédition de Mathias Belmont, l'homme à la tête d'une famille de rescapés. C'est d'ailleurs votre commanditaire qui ouvre la porte une poignée de secondes après que Selen ai frappé, accompagné d'une garde rapprochée.

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"Messieurs, bien le bonjour. J'espère que vous êtes parés, nous partons sans tarder."

Sur ces mots, il referma la porte de sa maison et ouvrit la marche d'un pas assuré. À ses côtés, son escorte personnelle semble aux aguets, la main constamment sur le pommeau de son épée. S'il était seul, le gaillard semble prêt à jouer de sa lame pour dissuader les imbéciles susceptibles de venir chercher des noises. D'un œil, il jaugea les aventuriers qui accompagnaient son patron, se gardant de faire le moindre commentaire.

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C'est sous un soleil encore naissant que l'équipe atteignit la zone d'embarcation de la Compagnie Air Gris. Les clients sont rares, mais tout de même présent malgré la bonne heure. Il vous est nécessaire d'attendre que Mathias revienne avec vos titres de transport, chose qui ne tarde pas à arriver après une quinzaine de minutes d'attente.

"Voici vos passes pour monter sur le Cynore en direction d'Exech. Sachez que ce petit bout de parchemin vous servira également pour le retour, je vous conseille donc de ne pas le perdre. Le plus important reste que si nous sommes amenés à nous diviser lors de l'expédition et qu'il nous est impossible de nous retrouver, vous aurez tout de même un moyen de rentrer à Tulorim. Sur ce, embarquons."

La distribution terminée, Mathias file droit vers les quais en votre compagnie et vous n'attendez que quelques minutes nécessaires à l'appareillage du Cynore qui invite rapidement les voyageurs à monter à bord. Il n'y a pas foule sur ce vol qui annonce donc douze heures de vol plutôt calmes, heures pendant lesquelles Mathias se met à votre disposition pour répondre à vos questions sur votre objectif ou vous laisser vaguer à vos occupations. Peut-être désirez vous faire connaissance et lier des liens susceptibles de vous sauver la vie lors de cette mission. Quoi qu'il en soit, votre commanditaire est confortablement installé sur un siège à vos côtés, se contentant de lire et relire des parchemins qui se ressemblent tous alors que le Cynore est en pleine phase de décollage. Son homme de main est assis face à lui, les bras croisés et le regard perdu dans le vide à réfléchir à Yuimen-ne-sait-quoi.


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  • Récompenses :
    • Eden, Selen et Fromritt : Un voyage aller-retour entre Tulorim et Exech
"Bwaf Assistance, que puis-je faire pour vous ?"

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L'appel au standard "Bwaf Assistance" est taxé à hauteur de 90 Yus suivi d'une tarification de 25 Yus par minute. La discussion est susceptible d'être enregistrée s'il y a un os.

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TGM
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Re: Voyages en Cynore entre Tulorim et Exech

Message par TGM » lun. 13 mai 2019 21:11

-----E-----


Quelques minutes après nous être installés, un groupe de sindels aux habits uniformes et nous prient de nous attacher avec les ceintures de cuir des fauteuils dans lesquels nous sommes assis. L'immense vaisseau se met alors à trembler, ce que j’interprète comme un signe que nous quittons le sol, puis vient l'ennui. Je me rapproche tout d'abord du hublot pour voir la ville s'éloigner sous le cynore et défiler le paysage, mais je ne suis pas de ceux qui peuvent rester des heures à admirer un paysage. Je me lève donc et vais demander à l'elfe le plus proche combien de temps doit durer le vol. En voyant la déception sur mon visage lorsqu'il m'annonce que je suis enfermé à bord pendant douze heures, il tente de me rassurer en prétendant que le temps passera plus vite en faisant une sieste. Une sieste si tôt après s'être levé ? Je lui dis que je préférerais qu'il me montre comment fonctionne le cynore, mais c'est impossible, je suis condamné à rester dans cette cabine douze longues heures si je ne meurs pas d'ennui d'ici là. J'ai beau essayer de trouver la position la plus confortable pour faire un somme, mais rien n'y fait. Je me rends rapidement compte que ma seule occupation viendra de mes dés, que je lance à répétition sur la petite table devant mon fauteuil. Bien qu'il me permette de constater que les dés noirs ne font jamais moins de quatre et les dés blancs jamais plus de trois, l'activité devient rapidement lassante. Je me décide donc d'aller proposer à mes équipiers de jouer pour passer le temps, et puis, si je gagne quelques pièces, qui s'en plaindra ? Je commence donc par aborder Mathias Belmont et son garde patibulaire.

"On s'ennuie comme des rats morts ici ! Ça vous dit de jouer aux dés pour tuer le temps ?"

Le noble lève les yeux de ses parchemins pour refuser poliment avant de retourner à ses lectures. Le mercenaire, quant à lui, me regarde un instant avant de demander ce qu'il y a à gagner. Fait-il partie de ces gens qui ne bougent que lorsqu'on leur promet assez d'argent ? Je tourne la tête vers Mathias pour évoquer la récompense de notre mission.

"Trois mille yus, c'est bien ça ?"

Tout en tendant les trois dés blancs au garde en armure de cuir, j'officialise ma proposition.

"C'est pas mal pour une partie de rafle non ?"

Sa réponse ne tarde pas. Il refuse de risquer sa paye contre un gamin et me demande si j'ai autre chose à lui proposer. Alors qu'il affiche une moue déçue, je hausse les sourcils d'incompréhension en répliquant :

"Si t'as peur de tout perdre, on peut en jouer seulement une partie. C'est toi qui voulais un enjeu après tout... Et si tu as vraiment peur de perdre de l'argent, mieux vaut ça que perdre ton épée, non ? Surtout maintenant, si tu veux mon avis."

Il lève alors un sourcil en me regardant d'un ton neutre, puis se penche en avant pour se rapprocher de moi et me demander à voix basse ce que moi, j'avais à perdre. Je plisse les yeux pour tenter de deviner ce qu'il peut bien attendre de moi. Qu'ai-je à parier après tout ? Ma récompense, mais encore ? Ma liberté ? Devenir un esclave ne m'enchante guère, mais comme je n'ai rien d'autre à jouer, je tente de lui présenter la chose de manière dissuasive.

"Qui puisse t'intéresser ? Trois mille yus et... ma liberté. Mais comme trois mille yus semblent déjà un enjeu trop grand pour toi, je te vois mal augmenter la mise pour avoir l'ensemble."

Alors que je lève un sourcil en attendant sa réponse, celle-ci me surprend un peu. Il semblerait que les mœurs d'ici soient bien différentes de celles d'Omyre puisqu'il m'explique les gens d'ici ne jouaient pas leur liberté. Finalement, il accepte de parier vingt yus, ce que vaut mon jeu d'après lui. Sa mise me déçoit, je pensais avoir affaire à un gros joueur, mais non, vingt misérables yus. Je ne fais aucun effort pour cacher ma déception et me contente de hausser les épaules en lui tendant les dés blancs qu'il refuse d'un signe de la main.

"Haha, me prend pas pour un con. Dans les tavernes d'Exech, on apprend à refuser les dés lorsqu'on parie de l'argent. Je jouerai avec les miens."

Il ne joue pas beaucoup, mais n'est pas du genre à se laisser berner. Je range alors les dés blancs pour utiliser les noirs. Les dés roulent sur la table. Je l'emporte de justesse avec deux six et un cinq contre deux six et un quatre. Je le vois alors sourire en posant les vingt yus perdus sur la table tout en déclarant que la somme était peu cher payé pour s'assurer que j'étais bien une crevure. Il me chasse ensuite en m'ordonnant de prendre mon gain et de lui foutre la paix sur-le-champ. Son ton est sans équivoque, je ne cherche donc pas à relancer le jeu ou continuer la discussion. En rangeant mon gain dans ma bourse, je croise le regard de Mathias qui se replonge rapidement dans ses documents. Après avoir rangé également mes dés, et avant de lui tourner définitivement le dos, je lance une dernière remarque cinglante au mercenaire pour lui retourner son compliment.

"Six, six, quatre. Je vois qu'on triche presque aussi bien à Exech qu'à Omyre.... Crevure."

Laissant derrière moi cet individu à qui je ne souhaite pas faire plus confiance que lui ne le fera avec moi, je vais chercher la compagnie plus agréable du dénommé Fromritt.

"Fromritt, c'est bien ça ? T'as l'air d'être le seul du groupe qui soit sympa, ça te dit de jouer un peu aux dés pour éviter s'ennuyer pendant le voyage ?"

Le grand châtain se montre intéressé, mais précise qu'il ne souhaite pas jouer d'argent. Au moins, il accepte de jouer. J'évoque donc la récompense pour l'encourager à miser quelques pièces avec un clin d’œil complice.

"On peut parier une partie de la récompense. On va empocher trois mille yus d'ici pas longtemps."

Le trentenaire éclate de rire et me répond avec entrain que j'ai de l'espoir et que ça lui plaît. Il me demande ensuite d'expliquer les règles et propose de commencer avec une mise de cinq yus. Ce n'est pas une grosse mise, mais il semble enthousiaste, me donnant bon espoir de le voir augmenter sa mise par la suite. Je me jette donc sur le fauteuil en face du sien et pose sur la table qui nous sépare les six dés, les blancs devant lui, les noirs devant moi.

"La rafle, c'est classique, celui qui fait le plus haut score gagne."

Je pose donc cinq yus sur la table et lui demande si les règles lui conviennent en m'emparant des dés devant moi. Un sourire aux lèvres, il accepte et suit la mise, s'apprêtant lui aussi à lancer les dés. Les résultats sont sans appel, un total de seize pour moi contre cinq pour lui. Je ramasse donc sa mise en lui proposant de rejouer.

"Pas de bol, tu veux retenter ta chance ?"

Loin d'être déçu par cette perte, le grand gaillard semble s'amuser et double même la mise en posant une pièce de cuivre sur la table.

"Soyons fous !"

Je ne peux qu'approuver en suivant sa mise et nous lançons nos dés à l'unisson. Seize contre quatre, mais il ne se débine pas, poussant lui-même sa pièce jusqu'à moi et doublant encore sa mise. Il annonce cependant que sa bourse est déjà presque vide et qu'il lui faudra bientôt piocher dans ça récompense, sans laisser entendre que ça l'embêterait pour autant.

"Houla, c'est vrai que c'est pas ta journée, dis moi, déjà que tu as mauvaise mine... M'enfin si tu veux continuer, je vais pas me plaindre."

Je le brosse dans le sens du poil pour le faire marcher et je le vois courir, quel innocent. Il déclare même qu'il "sent bien" ses dés, le pauvre, et qu'il commencera à gagner avec de plus grosses mises. Le sourire toujours aux lèvres, nous lançons à nouveau nos dés et je l'emporte, comme prévu. J'en profite pour l'inviter à augmenter la mise plus vite.

"On dirait que tu vas devoir jouer des mises beaucoup plus grosses pour gagner, haha."

Je le vois alors vider sa bourse sur table et compter soigneusement les cent quinze yus qu'elle contenait, espérant que ça suffise. Il dit aussi espérer avoir plus de chance contre les ennemis qui nous attendent, comme si la chance avait sa place dans ce jeu de dupes. Mon cœur balance. J'aurais presque des remords à profiter de la naïveté d'un être aussi sympathique et jovial, mais si les scores obtenus jusqu'ici ne lui font pas comprendre que les dés sont truqués, alors peut-être que la perte de toutes ses économies le rendra plus méfiant à l'avenir - ce qui pourrait lui sauver la vie. Tout en lançant mes dés,je lance, comme une incantation:

"Y'a qu'un moyen de le savoir !"

Je l'emporte une fois de plus haut la main et j'attire à moi le petit magot en le regardant se gratter la barbe et l'arrière du crâne.

"Malheureux aux jeux, heureux en... Ah... J'espère pour toi que l'adage n'est pas vrai, un jeune homme doit être heureux, surtout en amour, hé hé. Dis, tu as quelque chose pour écrire ? Maintenant, je dois parier à crédit, haha."

Sa réaction me laisse pantois, les yeux écarquillés, alors que tirais déjà à moi le tas de pièces. J'en suis à me demander s'il est simplet ou s'il se fout de moi depuis un moment déjà, ce qui expliquerait son sourire. Et puis, d'où il me parle d'amour ? Le seul amour que je connais, c'est celui qu'on achète. Je lui propose donc de mettre à plus tard la suite de la partie, le temps de me faire un avis définitif sur lui.

"Je... Je sais pas lire. On verra bien si ta chance a tourné à la fin de notre mission."

Je lui adresse alors un clin d’œil et range mes dés dans leur bourse. J'hésite un instant au moment de m'emparer de mon butin, après tout, si nous arrivons en ville, lui laisser de quoi acheter un peu de matériel pourrait bien me sauver la vie. Je ne prélève donc que quinze yus, afin de lui en laisser exactement cent puis me lève en lui déclarant :

"On aura peut-être l'occasion de s'arrêter dans une boutique en chemin, si c'est le cas, tu auras sans doute besoin de ça."

Je n'oublie cependant pas de lui signifier que j'aimerais récupérer ces yus lorsque nous serons riches au point qu'ils ne lui importent plus au moment de m'éloigner.

"Tu me dois cent yus !"

"On verra ça, je prendrais ma revanche sur le retour et c'est toi qui me devras quelques yus !"

Je m'arrête un instant pour le voir ranger ses yus, ses yeux noisette souriant tout autant que sa bouche. Il plante ensuite ses iris dans les miens et me dit calmement :

"T'es pas un mauvais gars, p'tit. C'est bien de pouvoir constater ça."

Ne sachant pas quoi répondre, je reste un instant debout, le regardant sortir son arme sans un bruit pour l'astiquer. Son sourire n'est pas menaçant, j'ai même l'impression qu'il s'est volontairement laissé dépouiller. Il me plaît ce type, avec son côté excentrique. Je lui offre donc un compliment avant de m'éloigner pour de bon.

"T'étais le seul à pas me prendre de haut ce matin, l'vieux. Ça aussi, c’était bien."

Je laisse donc derrière moi ce brave Fromritt pour m'approcher du semi-elfe, que j'aborde avec un ton provocateur.

"Hé, joli bonnet, une partie de dés pour passer le temps ? Et autant te prévenir, tant que je ne saurai pas ton nom, tu peux être certain que je t'appellerai "joli bonnet"."

Je le vois esquisser un sourire avant de se présenter et... de poser son bonnet sur ma tête, prétextant qu'effectivement il m'irait mieux qu'à lui. À peine a-t-il lâché son couvre chef sur ma tignasse, que ma main le recouvre déjà et que, tout en rangeant mes dés, je lui déclare d'un air malicieux:

"Donner, c'est donner, j'espère que t'y tenais pas."

Il commence par me faire comprendre que je peux garder le bonnet puis avise mes dés et décline en déclarant qu'il ne joue jamais, préférant laisser la logique guider ses actes, celle-ci le poussant à me demander si je viens bien d'Omyre. Je réponds donc à la question de cet être qui semble si sérieux.

"Je te rassure, il n'y aurait pas eu de hasard dans notre partie. C'est ça, Omyre, la cité noire ou encore n'importe quel autre nom qui puisse lui être donné. Tu y es déjà allé ?"

Il m'assure qu'il ne doute pas un instant du manque de hasard dans l'activité que je lui ai proposé, puis enchaîne avec Omyre, qui semble davantage l'intéresser, même s'il n'y a jamais mis les pieds. Il me demande plus précisément comment un gamin a réussi à grandir dans une ville avec une si mauvaise réputation et comment me retrouve à jouer les mercenaires sur un autre continent. Comme je sens que la conversation risque de durer un moment, je m'installe confortablement en face de lui et lui fait un bref résumé de ma vie, marquant une pause avant d'aborder mon départ.

"Le vol principalement. Lorsque les gens s'entretuent, il finit toujours pas y avoir un cadavre qui se laissera dépouiller sans danger. Une fois que l'on sait où se cacher et où chercher les cadavres, il suffit de ne pas se faire attraper entre les deux... Disons que je devais quitter la ville et que je me suis fait enrôler par des pirates. Ensuite j'ai juste entendu parler d'une somme d'argent que je n'aurais jamais pu obtenir par d'autres moyens."

Je le vois hocher la tête durant mon court récit, avant d'évoquer son enfance, guère plus enviable que la mienne. A ceci près que, là d'où il vient, il y aurait des prêtres de Gaïa pour sortir les gamins de la rue et leur imposer leurs "préceptes à la con". Je me sens alors plus proche de cet individu qui m'a paru si froid et distant devant chez Belmont et ne peux retenir un sourire en apprenant que nous avons débuté nos vies de manière similaire. Ce lien semble aussi lui donner envie de s'intéresser un peu plus à moi puisqu'il me demande comment je compte sortir de cette mission, rappelant que l'argent est plus utile lorsqu'on est assez vivant pour le dépenser.

"Comme j'ai survécu à Omyre, en improvisant devant chaque obstacle qu'on va croiser..."

Je me rapproche alors de lui pour que personne n'entende la suite.

"Et si vraiment, je sens qu'on a aucune chance, je ferai comme à Omyre et partirai vers des lieux moins hostiles."

Si ce demi-elfe a réellement grandi dans les rues, alors il ne me jugera pas pour cette réponse. Je prends même le pari que ma franchise peut le rassurer. Si nous sommes passés par les mêmes difficultés, il doit bien deviner ce que je compte faire, et lui mentir n'inspirerait que la méfiance. Soucieux toutefois de ne pas être vu comme prêt à les abandonner au premier obstacle, je lui demande d'où il vient afin de montrer que je peux m'intéresser au groupe. Il me répond en parlant de Tulorim et de Kendra Kar, ce à quoi je réplique que je n'ai pas eu le temps de visiter la ville que nous venons de quitter et que je n'ai que vaguement entendu parler de la cité blanche. Quant à ma désertion éventuelle, elle ne semble pas le choquer, admettant que la retraite est une solution raisonnable et espérant que Belmont en ait conscience le moment venu. Il pose ensuite sur moi un regard incrédule, m'interrogeant sur la façon dont j'avais réussi à me faire recruter. Cet air incrédule est pour moi un compliment, aussi, je prends mes aises et lui répond en affichant une certaine satisfaction vis-à-vis de ce recrutement.

"Les pirates de Darhàm m'ont enrôlé, car je venais d'Omyre. J'ai donc joué sur la réputation de la ville. Si cet argument suffit à m'ouvrir toutes les portes, je me dis que ma vie va devenir très agréable maintenant que je l'ai quittée."

Lorsque Selen avoue avoir fait perdre patience à Mathias lors de son recrutement, je me sens obligé de lui raconter la manière bruyante avec laquelle j'ai obtenu un entretien, éprouvant moi aussi la patience de notre chef d'expédition. Loin de rire à cette anecdote, le demi-elfe, toujours sérieux, s'interroge sur le noble, le pense désespéré et se demande ce qu'il espère accomplir avec une escorte aussi réduite. Je ne me laisse pas atteindre son inquiétude, pas avant de voir ce qui m'attend. Je lui réponds donc avec désinvolture :

"Aucune idée, tant qu'il me paye et que je survis, il peut bien déclencher une guerre que ça m'est égal."

Selen est vraiment trop sérieux pour moi. Le voici qui se met à réfléchir à l'hypothèse d'une guerre alors que j'ai balancé ça comme j'aurais pu balancer n'importe quoi d'autre.

"Déclencher une guerre... Oui, peut-être. Qui sait. J'ai bien arrêté l'invasion d'un dieu."

Je l'entends ensuite revenir sur l'humeur de Mathias, mais je ne l'écoute déjà plus. Arrêter un dieu, et puis quoi encore... Je suis encore tombé sur un de ces prédicateurs en manque de reconnaissance. Si leurs prétendus dieux existaient, pourquoi s'embarasseraient-ils d'eux ? Comment pourraient-ils seulement espérer contrecarrer leurs plans ? J'en ai assez entendu. Je préfère me lever pour retourner à ma place. En m'éloignant, sans le quitter du regard, je lui donne une réponse vague qui mettra fin à notre conversation.

"Si tu le dis."

De retour à ma place, je sais qu'il me reste malheureusement encore de longues heures à patienter, mais, cette fois, je n'ai vraiment plus rien à faire si ce n'est dormir. Je m'installe donc du mieux que je peux, enfonce le bonnet rouge sur ma tête jusqu'à ce qu'il recouvre mes yeux et, plongé dans l'obscurité, commence à somnoler. Si j'espère m'endormir rapidement, j'espère surtout qu'ils penseront à me réveiller en arrivant.

(((HRP: pour résumer, Eden gagne 20 yus du garde du corps de Mathias, 50 yus de Fromritt et le Bonnet rouge de diablotin (Habit, Niv. 8, permet de communiquer par la pensée avec un autre porteur d'un bonnet de diablotin.) de Selen.)))

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Selen
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Re: Voyages en Cynore entre Tulorim et Exech

Message par Selen » mar. 14 mai 2019 10:21

Deux autres finirent par me rejoindre devant la riche maison Belmont. Le premier, je le connaissais : Fromritt. Il avait rejoint l’aventure avec moi, d’un commun accord en voyant l’affiche de l’annonce. Il s’était comporté avec moins d’insolence et plus de soumission que moi lors de notre entretien d’embauche. Je n’avais pas encore déterminé si c’était son caractère qui le poussait à ne pas réagir aux abus de pouvoir de Belmont, ou son attachement à la bourgeoisie et la noblesse qui lui imposait une dose de respect supplémentaire, que je trouvais inappropriée. L’autre, j’eus du mal à savoir s’il était bien parmi les volontaires. Un gosse pas bien riche d’apparence, à la tignasse blonde sale. Il s’était peut-être perdu, ou venait-il quémander l’aumône à Mathias. Qui sait, ce nobliau avait peut-être le cœur sur la main, en d’autres occasions que cette expédition ? J’avais quand même un peu de mal à y croire, tout en y pensant.

Nous n’attendîmes pas longtemps avant que le meneur de l’expédition apparaisse devant le fronton de sa maison, accompagné d’une sorte de garde du corps à la mine patibulaire et peu engageante, la main posée sur le pommeau de son épée rangée. Il nous avisa d’un œil scrutateur pendant que Mathias annonçait que nous étions sur le départ, demandant rhétoriquement si nous étions prêts. J’hasardai un œil aux alentours. Était-il possible que nous ne fûmes que quatre pour assurer ses arrières, dont un gamin pauvret et un garde du corps paranoïaque ? Je laissai mon regard traîner du côté du môme. Il se mouvait bien comme s’il faisait partie lui aussi de l’expédition. Je dardai ensuite Mathias, commentant avec l’insolence qu’il me connaissait déjà :

« C’est ça votre groupe de mercenaires ? Ça valait bien la peine de jouer les difficiles… »

Il se contenta de me nier de manière nonchalante, alors que le petit rétorqua, visiblement vexé, que ça manquait peut-être d’une brute, et que mine de rien, il venait d’Omyre, même s’il ne payait pas de mine. La susceptibilité le poussa à se moquer de mon bonnet rouge de diablotin, en comparaison avec ma valeur au combat. Je ne relevai pas la remarque, n’ayant pas à me justifier ou à me vendre auprès d’eux. Il ne s’attarda d’ailleurs plus sur moi, commençant à interroger les autres volontaires. Je me désengageai de la conversation, prenant quelques pas d’avance devant notre groupe vers notre destination : la zone d’embarquement des aynores et Cynores. J’avais peu voyagé dans ma vie, et jamais par la voie des airs. J’avais du mal à comprendre comment les engins des elfes gris pouvaient ainsi braver les lois de la physique sans battre des ailes comme les oiseaux. Ce serait une première pour moi, mais je ne le fis pas remarquer.

Nous arrivâmes sur place alors que l’aube finissait de pointer son nez à l’horizon. Quelques clients attendaient leur transport, moins nombreux que ce à quoi j’aurais pu m’attendre. Trop tôt pour voyager, sans doute. Mathias se sépara du reste du groupe pour aller s’enquérir de nos titres de transport, qu’il ramena une quinzaine de minutes plus tard. Je restai silencieux dans l’attente, et ne prononçai guère de réponse lorsqu’il nous tendit le petit bout de parchemin, nous indiquant de ne pas le perdre car il vaudrait aussi pour le vol de retour. Un bon optimisme, s’il n’avait pas été mis à mal par sa seconde remarque indiquant qu’au moins, si la moitié du groupe y restait, tout comme lui, nous n’aurions pas à démarcher pour en racheter un.

Quelques minutes plus tard, nous embarquâmes dans la machine volante, peu peuplée. Je m’installai dans une grande cabine munie de nombreux sièges, dont la plupart était vide, à l’écart de mes compagnons d’aventures. Je n’avais guère le goût de me mêler à eux pour le moment et attentis, un peu anxieux, le décollage de la machine. Notre trajet durerait douze heures. C’était à la fois long, décrochés de terre, sans toucher le sol, et fort court pour rejoindre une ville aussi éloignée qu’Exech. La sensation de décollage accéléra un peu mon pouls, et creusa une drôle de sensation dans ma poitrine, plutôt inconfortable. Je tournai la tête vers les hublots pour observer notre ascension sans la commenter, et restai longuement plongé, mi craintif mi admiratif devant le paysage qui défilait sous nous. Le confort du voyage était certain, et mon stress se dissipa assez vite, me laissant juste le loisir de profiter de la vue.

À un moment, le jeune môme s’avança jusqu’à moi, et je tournai les yeux vers lui, interrogateur. Il m’interpella, me donnant le surnom de « Joli Bonnet », et me proposant une partie de dés. Je laissai filtrer un sourire mi-figue, mi-raisin sur mes lèvres et ôtai mon couvre-chef, le regardant un instant avant de le jucher sur la chevelure emmêlée du gosse. Eden, si j’avais bien compris ce qu’il avait baragouiné aux autres, dans les rues.

« Selen. Et c’est certain qu’il t’ira mieux qu’à moi. »

Je me séparai sans peine de cet objet qui me rappelait mes déboires de souterrains tulorains et kendrans. Paraissait-il qu’il possédait des pouvoirs de télépathie… avec les personnes qui en possédaient un également. J’ignorais si cela fonctionnait vraiment, n’ayant eu aucun recours à celui-ci depuis que le bonnet était entré en ma possession. J’imaginai, un peu moqueur, ce qui se passerait quand Eden entendrait quelqu’un lui parler dans la tête sans en comprendre l’origine. En tout cas, la chose était certaine : il allait mieux sur sa chevelure d’or et sa bouille de mioche que sur ma toison noire et ma mine pâle. Et puis pour un gars entièrement vêtu de noir, ça dénotait pas mal, et manquait de la discrétion dont j’avais toujours fait preuve. Eden s’inquiéta de savoir si je lui en faisais bien don, avide apparemment de le garder. Je me contentai d’opiner du chef pour lui signifier mon accord, et avisai les dés.

« Je ne joue à aucun jeu de hasard. Seule la logique guide mes actes. Tu disais venir d’Omyre, c’est ça ? »

Malicieux, rangeant ses dés, il précisa qu’il n’y aurait eu aucun hasard dans la partie, m’accordant un clin d’œil. Il avait cet air débrouillard d’un gamin des rues. De ceux qui arnaquent aisément les passants pour leur soutirer quelques piécettes en jouant sur leur innocence assumée. Ils n’avaient pour la plupart rien de bien innocents, je ne le savais que trop bien. Il confirma venir d’Omyre, la Cité Noire. Un endroit fort peu recommandable, s’il en était, siège d’Oaxaca et de ses troupes de garzoks. Il s’inquiéta de savoir si je m’y étais déjà rendu.

« Jamais, non. Elle n’a guère bonne réputation. Comment un gamin comme toi arrive à grandir là ? Et en sortir pour se retrouver sur un autre continent à chasser du mort ? »

J’avais vu des endroits bien sombres, mais jamais n’avais mis un pied dans l’Empire auto-proclamé d’Oaxaca. Les zones de guerre n’étaient pas ma tasse de thé. L’on y risquait trop souvent sa vie, et de manière démesurée, sans trop rien y contrôler. Le petit sembla vouloir prendre ses aises, se jetant sur le siège en face de moi pour me répondre sans détour qu’il y vivait pour et par le vol. Le détroussage de cadavres victimes d’une rixe, et ce genre de choses. Il précisa que le truc, c’était juste de ne pas se faire attraper entre deux coups. Il avoua aussi avoir dû quitter la ville et s’être fait enrôler par des pirates. Sa présence ici n’étant due qu’à la coquette somme d’argent promise en récompense. J’opinai du chef.

« J’ai été un gamin des rues, comme toi. J’imagine qu’à Omyre il n’y a aucun prêtre de Gaïa qui vient t’en tirer pour t’imposer ses préceptes à la con… Peut-être que ça m’aurait plu. »

Après un haussement d’épaules, je poursuivis.

« Et comment tu comptes survivre à cette mission ? Il paraît que l’argent, c’est mieux d’être en vie pour en profiter. »

Le petit avait parlé avec une franchise notable, et j’appréciai cela. Peut-être était-ce une erreur de sa part, de se montrer ainsi à visage découvert, de se dévoiler opportuniste et sournois. Je ne le jugeai pas, mais saurais désormais à quoi m’en tenir avec lui. Il répondit à ma question en disant qu’il ferait comme il a fait pour survivre à Omyre : en improvisant devant les obstacles. Il s’approcha un peu plus pour chuchoter qu’il saurait aussi fuir si jamais ça commençait à sentir le roussi.

« Oui. La retraite est parfois une solution raisonnable. Espérons que notre « chef » en ait conscience, si le cas se présente. »

Je jetai un œil vers Mathias, assis en face de son garde du corps taiseux. Eden reprit une position plus confortable sur le siège et m’interrogea sur mes origines.

« Je n’ai connu que Tulorim. Kendra Kâr aussi, mais plus tard. »

Et des souterrains. De nombreux souterrains, courant sur des lieues sous la surface de la terre, et habités par les plus étranges créatures. Mais ça, je ne le dévoilai pas. En lieu et place, je le questionnai de nouveau :

« Et c’est comme ça que tu es parvenu à le convaincre de t’embaucher ? »

Mathias m’avait semblé complexe à convaincre lors de notre entretien. Il semblait chercher la crème de la crème des mercenaires dociles et efficaces, et le voilà avec quatre volontaires qui ne savaient pas où ils mettaient les pieds, dont un gosse. Eden évoqua sa déception de n’avoir pu découvrir Tulorim depuis son débarquement. Il nota l’avoir trouvée plus calme qu’Omyre. Sans aucun doute il ne se trompait pas.

« Plus calme, peut-être. Plus sournois aussi. »

Il expliqua son recrutement aisé en disant avoir joué sur la réputation sombre de la ville. Tant chez les pirates que chez Mathias Belmont. Il semblait satisfait de l’effet que ça semblait avoir sur les gens. Je levai les yeux au ciel : Belmont avait été impressionné ? J’avais du mal à y croire.

« Quant à moi, j’ai défié son autorité et lui ai fait perdre patience quant à sa proposition. Ce Mathias Belmont doit vraiment être désespéré. Qu’espère-t-il accomplir, avec cette escorte ? »

Tout sourire, Eden rétorqua qu’il avait fait pire : il avait joué avec la patience de Belmont ET de sa servante en beuglant à leur porte pour qu’on la lui ouvre. Il avoua ne pas en savoir plus sur la mission, en revanche, et précisa d’un air nonchalant que tant qu’il était payé, il pourrait déclencher une guerre que ça ne l’ennuierait pas plus que ça. Déclencher une guerre. Cela se pouvait, après tout. Il ignorait tout de la situation du Manoir Belmont, et de cette recrudescence de morts-vivants dont il avait parlé, et qui l’avait fait fuir la demeure familiale avec les siens. Projetait-il une reprise de ses terres par la force ? Et si l’ampleur du problème était plus grande encore ? Je commençais à douter du nombre si peu élevé d’aides dans ce projet. Que nous préparait ce Mathias Belmont, au juste ? J’étais curieux de l’apprendre, mais pas trop impatient, bizarrement. Conscient d’avoir été pensif pendant quelques secondes, je répondis à la dérobade à Eden :

« Déclencher une guerre. Oui, peut-être… Qui sait. J’ai bien arrêté l’invasion d’un dieu… »

Un sombre être, tentaculaire, dans une vaste caverne sous une mine du pays kendran. Il se faisait vénérer comme un dieu en tout cas, quoiqu’il fut réellement. Le môme sembla peu rassuré par l’idée, un peu incrédule devant mon propos, et ne tarda pas à s’éloigner en me regardant bizarrement. J’avais été un peu vite pour parler, il était vrai que le propos pouvait sembler étrange. Je ne lui prêtai plus attention, et replongeai presque aussitôt mon regard sur le paysage à l’extérieur, perdu dans mes songes des aventures passées. Celle qui se profilait allait-elle être aussi biscornue ? Aussi irrémédiablement hors des sentiers battus de ce monde ?

[HRP : don du bonnet rouge à Eden]

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Fromritt Verlorgot
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Re: Voyages en Cynore entre Tulorim et Exech

Message par Fromritt Verlorgot » mar. 14 mai 2019 21:37

Selen fut arrivé en premier et avait frappé la porte. Mathias avait été prompt à lui ouvrir accompagné d’un laquais, la main sur le pommeau de son épée. Un peu trop tendu le gaillard, pour notre wiehlenois qui ne réagit guère à son attitude. Lui pendant ce temps, roulait son épaule droite, aussi discrètement que possible… rien à faire, une douleur demeurait.
Le commanditaire salua les mercenaires, Fromritt lui adresse un signe de tête ainsi qu’à son chien de garde en guise de politesse. Sous ses yeux se creusent de petites cernes, alors que ses traits s’étaient légèrement affaissés depuis trois jours. Mais pour palier à cela, il gardait un simili-sourire.


Selen ne tarda pas à faire une remarque désobligeante, soulignant la quantité et la possible qualité des larbins qu’ils étaient. Lui, l’espadonneur, l’épéiste ainsi qu’un enfant à l’air misérable. Le Verlorgot souffla du nez, il y avait du vrai, cependant, il se retint de rire franchement. Le gamin prit la mouche puis répondit comme un quelconque mioche le ferait. Trop vieux pour ces chamailleries, le grand brun resta en dehors de cela et profita qu’Eden à la suite de cette esbroufe se présenta pour avancer une main vers son corps de gringalet et lui répondre amicalement.


Moi c'est Eden et il paraît que la réputation d'la cité noire n'est plus à faire. Vous avez fait quoi de beau pour mériter votre place ?


J'sais pas, ça fait longtemps que je n'en ai pas entendu parler. J'm'appelle Fromritt et qu'est-ce que j'ai fait ? J'ai survécu à une vie faite de combat depuis mon adolescence. Finalement, rien de terrible. Et toi, Eden ?


Moi? Pour faire simple, j'ai survécu entouré de gens qui me voyaient comme un casse-croûte ambulant.


Les autres avaient déjà progressé. Fromritt fut presque triste d’apprendre ça du blondinet, mais il accéléra le pas avec ce dernier pour les rattraper.
Arrivés au même niveau, le chef de l’expédition expliqua leur méthode de transport et les modalités allant avec.


Voici vos passes pour monter sur le Cynore en direction d'Exech. Sachez que ce petit bout de parchemin vous servira également pour le retour, je vous conseille donc de ne pas le perdre. Le plus important reste que si nous sommes amenés à nous diviser lors de l'expédition et qu'il nous est impossible de nous retrouver, vous aurez tout de même un moyen de rentrer à Tulorim. Sur ce, embarquons.


Le Verlorgot regarda le morceau de papier et le mit dans une poche après l’avoir au préalablement plié. Comme d’habitude, il hocha de la tête, montrant qu’il avait compris les tenants et aboutissants des explications du noble en armure. Ainsi, ils purent embarquer dans l’appareil volant, imposant une certaine forme de respect envers les êtres l’ayant inventé.


C’était son premier vol, cependant, ses parents utilisés souvent ce moyen de voyager. Ils en avaient dit que du bien et détaillé dans les moindres détails pour que Fromritt fasse confiance à cette technologie. Tranquillement, il alla dans un coin isolé, proche d’une large vitre donnant sur la ville. Il s’assit une siège puis s’attacha et posa sa tête sur le verre.
Le sol, les parois et le plafond se mirent à trembler, comme possédés par une force surnaturelle. Le crâne de l’espadonneur donnait de petits coups sur la fenêtre, coups qu’il ne ressentait même pas d’ailleurs. Sa fatigue s’enracinant de plus en plus en lui.


Fromritt, c'est bien ça ? T'as l'air d'être le seul du groupe qui soit sympa, ça te dit de jouer un peu aux dés pour éviter s'ennuyer pendant le voyage ?


Un peu surpris, il cligna des yeux et regarda Eden. Formritt avait bien appris à dissimuler la fatigue, à somnoler les yeux ouverts, ce n’était donc pas étonnant qu’il vienne lui parler.


Euh… Pourquoi pas, l’ennui c’est mauvais avant les combats. Par contre, j’n’ai pas énormément sur moi, je ne pense pas miser quoique ce soit.


On peut parier une partie de la récompense. On va empocher trois mille yus d'ici pas longtemps.


L’espadonneur laissa place à une franche marrade, visiblement réjoui de l’optimisme du petit.


T'as d'l'espoir petit, j'aime ça ! Allez explique-moi quel jeu de dés tu veux faire et j'te propose de parier un petit cinq yus pour commencer.


Eden s’installa devant puis posa trois dés blancs pour notre Tulorien ainsi que trois noirs pour lui-même.


La rafle, c'est classique, celui qui fait le plus haut score gagne.


Simple et efficace, ça me convient parfaitement.


La petite tête blonde fascinait le combattant, être aussi à l’aise avec un ours comme lui et l’inviter à un jeu de hasard l’étonnait. Certes il avait été « sympa », comme il disait, mais le physique contrastait pas mal. Ses lèvres se fendirent d’un sourire lorsqu’il empoigna ses dés d’une main puis déposa cinq pièces d’étain en guise de mise.


Les petites billes marron du tulorien mirèrent le résultat de chaque dés. Les siens : un, trois, un ; ceux d’Eden : cinq, six, cinq. La courbe de sa bouche s’étendit d’un cran, l’espace d’une seconde ses iris brillèrent d’une curieuse lueur, d’un éclat d’intérêt. Le gosse sourit, navré, et l’encouragea.


Pas de bol, tu veux retenter ta chance ?


C'est le jeu, ha ha. Allez, une pièce de cuivre, cette fois.


Soyons fous !


Le Verlorgot s’exécuta en déposant sa pièce cuivrée, délicatement ne trahissant ni frustration, ni excitation d’un accroc aux jeux. Il reprit ses dés puis les relança alors que son camarade l’imita.
Un, deux, un pour Lame-Puissante.
Cinq, six, cinq pour le blondin.
Le hasard était taquin, mais trop peu subtil pour cacher l’évidence. La malchance avait ses limites et les statistiques mentaient rarement. Mais le téméraire ne voulait pas jouer avec dame chance et ce, depuis le début de cette partie. Ou plutôt d’un test qui allait beaucoup compter.


Bon joueur, Fromritt fit glisser sa mise jusqu’à Eden.
Cette fois, il sortit deux piécettes de cuivre, doublant ainsi les futurs gains de son opposant. Néanmoins, pour éviter tout soupçon bien placés, l’unique perdant glissa un petit trait d’humour, maladroit, humain en parlant du vide de ses économies.


Par contre, ma bourse est déjà presque vide, il va falloir que je pioche dans ma possible récompense, si ça continue comme ça, ha ha !


Houla, c'est vrai que c'est pas ta journée, dis moi, déjà que tu as mauvaise mine... M'enfin si tu veux continuer, je vais pas me plaindre.


L’adolescent avait relevé l’état de santé du wiehlenois, détail qui ne passa pas inaperçu dans la psyché du concerné. Son sourire toujours d’actualité, il ne l’abandonna pas de sitôt, plutôt il surenchérit en jouant le meilleur rôle de sa vie : L’Imbécile Heureux.


Je les sens bien ceux-là, puis avec un peu de chance, je vais commencer à gagner avec de plus grosses mises !


Un, trois, deux.
Cinq, quatre, cinq.


Le coquin récupéra son dû et siffla une petite tirade avec ironie.


On dirait que tu vas devoir jouer des mises beaucoup plus grosses pour gagner, haha.


Aussitôt dit… L’espadonneur enlevait une à une les pièces de sa bourse jusqu’à entièrement la vider et étaler face à lui cent quinze yus. Faisant mine d’être trop concentré à compter, il se concentra sur sa vision périphérique, les bords de sa vue, pour y voir le visage à la fois chagriné et euphorique d'Eden.


Alors, ça, ça devrait le faire. En tous cas, j'espère que je serais plus chanceux face aux abominations qu'on combattra, ha ha !


Y'a qu'un moyen de le savoir !


Sa phrase fut suivie des deux lancers au résultat désormais inutile de citer.


Le guerrier gratta sa barbe épaisse et son cuir chevelu à l’arrière du crâne. Il ne put réfréner un ricanement faisant presque croire qu’il était désabusé, mais vraiment un tout petit peu.


Malheureux aux jeux, heureux en... Ah... J'espère pour toi que l'adage n'est pas vrai, un jeune homme doit être heureux, surtout en amour, hé hé. Dis, tu as quelque chose pour écrire ? Maintenant, je dois parier à crédit, haha.


Ses mains palpèrent ses poches et ses habits sans rien trouver de concluant. Sa réaction sembla déstabiliser le petit arnaqueur, mais rien n’indiquait s’il s’agissait de l’immense bêtise simulée de Fromritt ou de ce qui l’avait dit. Qu’importait, il voulut remettre cette farce à une prochaine fois.


Je... Je sais pas lire. On verra bien si ta chance a tourné à la fin de notre mission.


Un clin d’oeil ponctua ses dires. Il ramassa ses dés pipés et, au lieu de prendre tout son dû, il ne prit que quinze yus qu’il rangea dans ses économies. Il se releva puis dit quelques mots.


On aura peut-être l'occasion de s'arrêter dans une boutique en chemin, si c'est le cas, tu auras sans doute besoin de ça.


Son regard mima sa bouche, souriant, contenté.


Tu me dois cent yus !


On verra ça, je prendrais ma revanche sur le retour et c'est toi qui me devra quelques yus !


Quelques secondes s’écoulèrent tandis que notre tulorien faisait tinter ses pièces en les laissant retomber dans sa bourse. Un moment hors du temps.
Finalement, il releva ses yeux brunâtres et les planta dans ceux d’Eden. Le genre de regard rare, un regard tout ce qui a de plus simple et honnête.


T'es pas un mauvais gars, p'tit. C'est bien de pouvoir constater ça.


Sa voix ne trahissait aucun mensonge. Son test était réussi.
Sur ce, il dégaina lentement, silencieusement son arme géante sans aucune forme d’hostilité. Les gardes du Cynore proches jetèrent un coup d’oeil d’abord inquiet puis indifférent lorsqu’ils virent Fromritt nettoyer sa lame avec un chiffon.


Le gamin s’immobilisa un moment, il semblait perdu face à de telles paroles. Avant de partir, ne voulant sans doute pas rester sur un blanc, il lâcha un compliment, qui avait l’air sincère.


T'étais le seul à pas me prendre de haut ce matin, l'vieux. Ça aussi, c’était bien.


Il s’en alla pour de bon.
Le Verlorgot s’occupa de longues minutes de son arme avant de rengainer et consacrer le reste de son voyage pour faire des siestes entrecoupées de rondes sur le pont.
La vue était magnifique.

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Selen
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Re: Voyages en Cynore entre Tulorim et Exech

Message par Selen » ven. 3 déc. 2021 19:15

J’abandonnai Fromritt à l’entrée de la cité : deux gardes soucieux de son état promirent de l’emmener dans l’auberge la plus proche pour qu’il puisse reprendre des forces. J’avais tenu parole, et ne devais désormais plus rien à cet homme. Pour ma part, je n’avais plus rien à faire dans ce pays inhospitalier. Les morts-vivants, j’en avais un peu ma claque. Et encore plus des traîtres dans le genre du petit rouquin insupportable et de cette bande de voleurs-assassins en voulant à la vie de Mathias Belmont. Je me devais, cependant, d’apporter des nouvelles de l’évolution des choses à la vieille marâtre ronchonne de leur résidence de Tulorim. Mais pour ça, il fallait s’y rendre.

Je me rendis donc à la zone de décollage des cynores d’Exech. Ces machines volantes qui m’avaient mené là. Dans ma main, le billet froissé que nous avait confié Mathias m’assurait un retour dans mes pénates sans surcoût. Le seul avantage que toute cette aventure m’avait finalement apporté. De l’or, de la réputation… Mon cul, oui.

Arrivé dans la machine, je m’appuyai, assis sur le pont, sur la balustrade. J’étais épuisé par tout ça, et m’endormis sans peine. Un sommeil léger, mais réparateur. Je fus réveillé par le remuement caractéristique de l’atterrissage de ces engins elfes. Autant quand on était dans les airs, le voyage était doux et sans cahot, autant leur retour sur la terre ferme était parfois bien trouble, et secouant.

Je quittai le navire volant sans demander mon reste, et me mis à marcher d’un pas décidé, les yeux encore un peu embués, vers la demeure des Belmont. Ou de ce qui restait de leur famille, en tout cas. J’avais comme un doute sur la survie de Mathias avec les deux compaings qui lui restaient, et la présence de son frère félon dans le manoir.


[HJ : Utilisation du passe pour un voyage aller-retour entre Tulorim et Exech (ceci étant le retour)]

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