L'Ermansi

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Cromax
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L'Ermansi

Message par Cromax » sam. 23 oct. 2021 19:01

L'Ermansi



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Cet aynore majestueux et gigantesque est le seul qui a assez de puissance sur tout Yuimen pour mener les mortels sur l'Île de Nyr'Tel Ermansi. Seuls les elfes dorés à son bord sont apte à distinguer la position de l'Île volante des Dieux dans les nuages. Ils mèneront les curieux dotés d'une Boussole de Naotelia vers les Dieux. (Voir la règle sur la boussole).

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Xël
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Re: L'Ermansi

Message par Xël » mer. 22 déc. 2021 14:51

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L’Aynore doré décolle. Laissant le charnier s’éloigner sous mon regard morne. Je n’ai plus la force de ressentir les émotions qui devraient me dévaster. Je me redresse quand j’entends des bruits de pas qui se rapprochent. Je sais que j’ai des ennemis à bord. Mais c’est Sibelle qui se dresse devant moi. Je m’approche vers elle, hésitant, alors que je distingue dans son regard le soulagement de me voir. Je ressens le désir profond de la prendre dans mes bras et en même temps un élan de méfiance qui m’en préserve. Je sais à quel point elle est proche de Sirat. Je l’ai vu remettre la hache à Karsinar. Est-elle encore dans mon camp ? Puis-je lui faire confiance ? Elle hausse un sourcil face à mon hésitation et demande si c’est bien moi. Je réponds d’un hochement de tête et rétorque sans émotions que je suis content de la voir en vie. J’étais inquiet lorsque j’ai aperçu ce traitre d’Humoran combattre face au camp qu’il disait servir.

Devant ma réaction, son regard se durcit, son visage s'empourpre, ses jointures blanchissent, la colère qui monte en elle est bien tangible, la Sibelle que je connais bien est de retour. Abruptement, elle me prend à deux mains par le col et me rapproche de son nez. Dans un murmure, d'une voix très ferme, sans me quitter de son regard noir, elle me dit:

"Ce fut une guerre impitoyable où Oaxaca a berné même ses propres armés… Mais elle n'est plus... Le dragon était impitoyable... Comme tous les dragons. Nous en avons eu un échantillon sur Aliaénon... Oui, nous avons tous perdus des êtres qui nous sont chers. Une grosse partie de Yuimen est détruite et à reconstruire. Mais on va y arriver... Donc quand j'arrive devant toi, épuisée, tout comme toi et tous les autres, j'ai droit à une accolade digne du Xël qui se jette du haut d'une tour ! "

Je serre mes bras autour d’elle, soudain libéré d’un poids, soulagé de pouvoir enfin me laisser aller. Je pose mon front contre le sien en murmurant:

« Pour moi cette guerre ne prendra jamais fin. Avant de tout reconstruire, je dois neutraliser ceux qui nous menace. »

Elle m’enserre à son tour et ferme les yeux avant de me répondre d’une voix plus douce.

"Tu m'en diras plus dans quelques minutes, si je peux t'aider à neutraliser cette menace dont tu parles, je le ferai... pour le moment, accordes-toi quelques minutes de répit, et de réconfort."

« Si je monte sur l’île des Dieux ce n’est pas pour me reposer. C’est pour obtenir la force qu’il me manque pour débarrasser Yuimen des Treize qui sont encore en vie. »

Sibelle recule d'un pas afin de me regarder dans les yeux :

"Les tuer tous sans exception ? Même ceux qui se sont ralliés à nous contre Oaxaca ? "

Je recule à mon tour, me défaisant de l'emprise de Sibelle avec une grimace de colère.

"Ralliés à nous ? Mais qui l'a aidée à l'amener jusqu'aux portes d'Oranan ? Qu'en est-il de leurs massacres ? Est-ce que je dois pardonner Lorener d'avoir massacré les soldats de Luminion aux portes d'Ynorie parce qu’il s’est tenu en retrait ? Et leurs créatures ? J'ai vu les créations de Herle, des horreurs pires que celles de Vallel, issues de cadavres. Tu penses qu'ils vont s'en tenir là ? Poursuivre une petite vie tranquille à faire pousser des carottes dans les plaines d'Omyrhie ? Non. Ils vont continuer à nuire et je serai là pour les en empêcher."

Je savais que le calme dans ma poitrine serait de courte durée mais je ne pensais pas que le coup qui l’agiterait serait porté par Sibelle. Le goût de la rage emplit ma bouche. Pardonner ? Faire preuve de tolérance ? De compréhension ? Putain et puis quoi encore ?! La rouquine reste attentive et silencieuse avant de répondre:

" Quand je prends un petit peu de recul sur ce qui vient de se passer, je pense à ce qui s'était passé sur Aliaénon... Les villes entières qui avaient été détruites par Oaxaca, tout comme ici, le peuple d'Aliaénon avaient perdu beaucoup et même plus. Et ensuite, la bataille entre carnivores et herbivores où les harpies avaient manigancées pour semer la pagaille entre les deux groupes pour prendre le pouvoir... J'aurais bien envie de te dire de mettre ta vengeance de côté, et de pardonner à des lieutenants qui tout comme Karsinar et Sarl n'œuvraient que pour sauver leur peuple... Mais je dois avouer que si une des trois harpies se présentait à moi, je la tuerais sur le champ... Pour ma part, je vais plutôt regarder ce que je peux faire, avec mes aptitudes pour aider à rebâtir ce qui a été détruit... Et puis, ... je ne pensais jamais dire ça, mais j'espère revoir un jour, ce Xël souriant et bavard. "

Je souris faiblement avant d’incliner la tête. Moi même je ne suis pas persuadé de me retrouver un jour. Le Xël d’avant est sans doute perdu trop loin pour être retrouvé dans un bon état.

« Je ne sais pas si tu trouveras ce que tu recherches là-haut… »

Dis-je pour changer de sujet. Elle répond qu’elle ne cherche rien en particulier, qu’elle veut juste se reposer, visiter et qu’elle prendra ensuite une décision. Elle émet cependant la possibilité de rejoindre l’armée grise.

« Tu ne veux pas rencontrer les Dieux ? »

"Pas vraiment.... Je reste un peu rancunière,... comme l'a dit, l'invisible, ils auraient pu intervenir avant, ou au moins neutraliser le dragon noir.... mais je verrai une fois sur cette île."

« On m’a dit que les Dieux acceptaient parfois d’entraîner les mages. C’est ce que je suis venu faire. Je ne tiens pas à leur reprocher quoi que ce soit. J’imagine qu’ils fonctionnent comme le Sans-Visage. Le libre arbitre avant de s’interposer.»

Elle ajoute avec amertume que pour eux les vies sacrifiées n’importent pas.

« Qu’est-ce qu’une vie pour un Dieu… Tu as dû entendre comme moi les éclats de rire d’Oaxaca alors que les corps s’effondraient sur le sol. »

Dis-je en serrant les poings et les mâchoires de rage.

" Elle mériterait plus la mort que l'emprisonnement... si au moins elle pouvait souffrir maintenant. »

Elle pose alors sa main sur mon épaule en signe d’apaisement et d’au revoir avant de s’en aller pour retourner à l’intérieur. Je pousse un profond soupire avant de lever les yeux alors que la silhouette de l’île divine se dessine dans les nuages.


>>>
Modifié en dernier par Xël le dim. 9 janv. 2022 21:44, modifié 2 fois.

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Yliria
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Re: L'Ermansi

Message par Yliria » sam. 25 déc. 2021 02:29

Loin du néant

Au milieu de tout cet enfer de mort et de grisaille, l’immense vaisseau volant était presque indécent, avec ses dorures et ses formes et couleurs nobles. Je l’observai de loin, me décidant finalement à m’en approcher. Voir les dieux était une idée aussi intrigante qu’angoissante. J’avais peur de ce que je pouvais y apprendre et découvrir. L’idée que je me faisais des dieux était peut-être loin de la réalité, et l’idée de les rencontrer me rendait nerveuse. Pourtant, je n’hésitai pas plus d’une seconde. Je voulais quitter cet endroit au plus vite, voir autre chose. Me reposer, oublier, occulter tout cela au moins pour un temps. J’avais besoin de ça, j’étais épuisée et je commençais à vraiment le sentir dans chaque fibre de mon être. Faisant de mon mieux pour éviter les corps qui jonchaient le sol, j’avançais en trébuchant çà et là, refusant de poser les yeux sur les visages sans vie qui s’amoncelaient. Je déglutis et inspirai lentement, une boule dans la gorge.

Chaque mètre devenait pénible, la fatigue remontant lentement chaque muscle de mon corps et je trébuchai sur quelque chose sortant du sol, planté dans la terre saturée de sang et d’eau. Je fronçai les sourcils en comprenant de quoi il s’agissait et sortit la dent du sol. Un des crocs de la sombre calamité qui avait enfin quitté notre monde. Un reste brisé de l’immense créature. En la tenant en main, je réalisai à quel point nous avions été chanceux que toute vie ne cesse pas tout bonnement. Je serrai la dent à m’en blanchir les phalanges, hésitant à la jeter au loin, par colère, avant d’en décider autrement. Si elle avait servi un instrument de mort, j’allais m’en servir pour autre chose. J’allais trouver quoi faire avec cela. Après tout, même Klakhyss m’avait apporté des armes pour lutter, peut-être que je pouvais en faire quelque chose, là aussi.

Je rangeai la dent dans mon sac et rejoignis finalement l’Aynore des elfes de l’île des dieux. Je jetai vaguement un œil aux autres personnes, repérant Sibelle et Xël, entre autres, qui montaient avant de repérer la chevelure blonde en pagaille qui me fit déglutir. J’inspirai et m’assis à ses côtés en soupirant d’enfin pouvoir me poser un peu après tout cela. J’étais si lasse que j’appuyai ma tête sur son épaule, par réflexe, et fermai les yeux, pour essayer de récupérer quelques forces. Lui-même ne prononça pas un mot et je ne m’occupai plus vraiment de ce qui m’entourait à partir de ce moment, somnolant dans une semi-conscience, percevant simplement vaguement les allées et venues de certains. Nous étions supposés être en sécurité, mais je n’arrivais pas à véritablement fermer l’œil. Le moindre bruit de pas m’alertais juste assez pour que je reste assez alerte pour réagir. Ma main ne quitta pas ma rapière. Jamais je ne parvins à m’endormir.

Après un énième sursaut, je clignai des yeux et observai par le hublot pour écarquiller les yeux et sauter de mon siège, ignorant les protestations de mes muscles. Je collai mon front au hublot pour apercevoir quelque chose d’irréel. Une île. Une île flottant dans les cieux, cerclée d’un immense anneau miroitant et abritant la ville la plus incroyable qu’il m’est été donnée de voir. Encore plus belle et étonnante que la magnifique ville de Kers, la cité se dévoilait à mesure que nous approchions. Tout semblait lumineux, verdoyant, vivant comme jamais je n’avais pu l'observer sur Yuimen, peu importe l’endroit que j’avais pu voir. Même la plus belle ville que j’avais vu, Kers, peinait à soutenir la comparaison. C’était indescriptible et magnifique.

(Bienvenue à Nyr’tel Ermansi : La cité des elfes dorés. Et des dieux.)

(C’est… Tu connais ?)

(J’y suis venue, une fois, il y a bien longtemps. Rien ne semble avoir véritablement changé. Rien d’étonnant à ce que le temps n’ait pas d’emprise dans le royaume de Zewen.)

Plus on s’approchait, plus la beauté des lieux se précisait. Ses bâtiments aériens semblant fait de lumière, ses lacs et bosquets resplendissants de vie, tout semblait parfait ici, comme si rien ne pouvait atteindre cet endroit. Un havre de paix total, loin de toutes les horreurs que Yuimen pouvait recéler. Un lieu de vie et de calme. Un endroit que j’avais voulu expédier, mais qui maintenant m’attirait bien plus que le retour à ma vie sur Yuimen. Je n’étais pas naïve au point d’imaginer rester ici pour toujours, mais peut-être juste quelques jours de plus… juste un peu plus.

(Tu as été invitée, Yliria, tu pourras sûrement rester un peu.)

(J’espère… je…)

(Tu en as besoin, j’ai compris.)

Un mince sourire étira mes lèvres alors que je remerciai mentalement ma petite amie ailée. Elle m’envoya simplement un sentiment de calme en retour et je restai collée au hublot tout le temps que dura l’approche et l’atterrissage. Je sentis à peine ce dernier et m’écartai du hublot pour presque me ruer vers la sortie. Je ne m’arrêtais que pour vérifier que Cherock se levait. Il avait le regard vide et le visage morne et je ne pouvais pas l’en blâmer. La vision de l’ile avait un instant chassé de mon esprit ce qu’il s’était passé, mais cela allait revenir à charge à la moindre occasion. Et tandis que nous nous dirigions vers la rampe de sortie baignée de lumière et qu’une brise agréable caressait mon visage, je fermai un instant les yeux. J’allais enfin pouvoir me reposer. J’allais pouvoir souffler, voir autre chose, vivre un peu calmement, enfin.


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Maâra
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Re: L'Ermansi

Message par Maâra » dim. 26 déc. 2021 16:57

Le corps las et l’esprit en ébullition, la Nécromancienne monte à bord de l’aynore des Ermansi, comme bon nombre des aventuriers survivants. Précédée par son Liykor, ils suivent les pas de la liche à bonne distance, perdue dans ses pensées, se questionnant encore sur l’attitude à avoir là-haut, sur ce qu’elle y verra, entendra ou fera.

Lorsque l’engin s’envole, elle reste sur le pont et observe longuement le charnier sous eux, la muraille de la ville humaine en grande partie détruite et les mouvements des troupes restantes. Les Garzoks notamment, s’éloignant autant de la plaine ruinée que les uns des autres. En son for intérieur, elle essaye de surmonter la peine de l’inexcusable traitement fait aux âmes ; impossible qu’il est de comprendre le fondement même des volontés ou des aspirations de Oaxaca car, bâtarde ou pas, sa divinité est et restera impénétrable pour la Sindel. En cela même, elle reste persuadée que son emprisonnement n’est pas la Fin.




« C’est elle, là bas. Feule alors son compagnon, désignant un être fait de bois.
- Sûr ?
- Vu de mes yeux. »

Un Oudio, se dit Maâra en le comparant au vieux spécimen sadique et cruel du bois de Bouhen. Son écorce est plus souple et moins foncée, sans doute due à sa jeunesse, sa chevelure est légère, ressemblant plus au branchage d’un saule pleureur qu’aux ramures crevassées du vieux sadique, sans parler de ses serpentins flexibles et déliés aux antipodes des fuseaux acérés qui achevaient l’apparence morbide et intimidante de l’autre. Ainsi, jeune, cette race n’est pas le repoussoir vivant qu’est le saigneur Tartoros, en conclue Maâra, priant à part elle ne plus avoir à revoir cet être démoniaque. La couleur de yeux de l’Oudio s’approche de la sienne mais avec une teinte bleutée qui adoucit son regard pourtant perçant. Une question, cependant, ne trouve pas réponse à cette observation.

« Elle ?
- Odeur femelle. » Répond à mi-voix l’ancien Lyikor.


La Sindel s’approche de l’Oudio aux vêtements abimés par le sang et la boue et au regard fureteur s’avisant que personne ne l’approche par surprise.

« Pardonnez-moi, puis-je m'entretenir avec vous du dangereux pendentif d'Oaxaca ? »

Son attention se porte aussitôt sur le Lyikor accompagnant Maâra, avant de lever ses yeux clairs sur elle.

« Vous êtes la première personne à m'en toucher mot. Et je peux deviner ce qui vous intéresse à son sujet, dit l’Oudio sans éveiller de réaction particulière à Maâra. Puis, soulevant son tricorne.
- Capitaine Mythanorië. Et vous êtes ?
- Je me nomme Maâra. Mon intérêt se porte moins sur le pendentif que son contenu et la présence ou non des deux esprits ... incontrôlables. Je ... je suis une nécromancienne. Dit-elle avant de marquer une pause, levant les mains en signe de paix.
- Mais rassurez-vous, je n'ai nulle envie de vous prendre cette chose. Mais ... l'étudier. »

Guère étonnée, et pour cause, Mythanorië croise le regard du Lyikor à demi décharné qui hoche le museau avec entendement.

« La Sindel, commence le Lyikor en éveillant une réaction moins nuancée chez l’Oudio, parfois, oublie l’apparence de ce corps et l’évidence de sa condition. »
Maâra les observe en spectatrice un peu perdue, avant de saisir la dite évidence.
« Oh ! oui … je comprends. »

« L'étudier. Soit. Continue plus sérieusement l’Oudio. Par quoi commençons-nous ? Son aspect puis ses matériaux ? Ou passons-nous directement à ses propriétés ?
- Mes compétences peuvent fournir des réponses sur ses propriétés. Je peux sentir les esprits, les entendre et parfois ressentir leurs émotions. Si vous me le permettez, je peux essayer ici et maintenant ... mais ... gardez-le en main, je crains de déclencher un désastre si je le touche directement
- Ressentir leurs émotions... J'espère que vous n'êtes pas trop empathique. Je vais quand même m'attendre à prendre un coup ou deux, au cas où»

A la remarque sur son empathie, Maâra fronce les sourcils et sa bouche s’étire en signe de dégoût mais elle acquiesce pourtant, ne sachant elle-même ce qui peut se passer en dehors de cette éventualité nulle de cohésion entre l’esprit et elle.

« Faites, faites, qui sait ce que cette engeance peut encore nous faire. »

L’Oudio étire alors ses serpentins, présentant le pendentif maudit à une Maâra aussi curieuse qu’inquiète. Les mains au dessus du pendentif, elle ferme les yeux et éveille ses fluides pour qu’ils la lient à l’autre monde à travers le bijou. Glacée par un frisson soudain, Maâra ouvre son esprit à ce qui l’entoure. Lugubre et sombre au-delà du définissable, elle s’y plonge entièrement et ressent la puissance des deux spectres emprisonnés, enfouis, tapis dans un abysse immatériel. Ils ne réagissent pas à sa présence et ne semblent même pas communiquer entre eux. Concentrée, Maâra sent la présence, concentrée et tenace, de fluides obscurs, comme si leur prison en était faite. En rouvrant les yeux, elle fait part de sa découverte et la certitude que s’y trouvent les deux esprits de Gadory et Sisstar.

« Tout y est profondément silencieux, rajoute-t-elle. Ils semblent plus prisonniers de ce bijoux qu’ils ne l’étaient de leurs pactes envers Oaxaca.
- Hm … Vous pensez qu’ils sont conscients en ce moment ?
- Comme peuvent l’être des âmes défuntes hors de leur monde. Si j’ose m’avancer, je ne les pense pas assez conscients pour sortir eux-mêmes du pendentif. Puis-je vous demander quelles sont vos intentions vis-à-vis de ceci ?
- On a jamais assez de yus de nos jours, répond l’Oudio en faisant jouer la lumière sur le pendentif et avec une légèreté qui fige le visage de Maâra dans une expression froide et sévère.
M’est avis que les Nécromants de tout Yuimen voudront se l’arracher.
- Êtes-vous sérieuse ?»

La tension s’installe. La Sindel, muette et inquisitrice toise l’Oudio qui cligne de l’œil et adopte un sourire se voulant rassurant, déridant à peine la Sindel insensible à l’humour.

« Sauf que, pirate ou pas, je ne suis pas de ce bois-là. Surtout avec le petit cadeau récent de nos hôtes.
Je pense surtout le conserver, l'étudier avec précision. Matériaux, enchantements, créateur, effet sur le porteur et sur les âmes qui s'y trouvent. Identifier sa signature magique pour traquer d'éventuels artefacts similaires... Et quelque chose me dit que sa porteuse précédente ne sera pas spécialement encline à satisfaire ma curiosité.

- Si cela pouvait la servir et vous asservir, vous auriez sûrement un début de réponse. »

Maâra reste pensive un instant, faisant aller et venir son regard vers le nécromant d’Endor au faciès osseux. Son aide pourrait être décisive mais, tiraillée par la crainte d’éveiller celui qui partage l’esprit d’Azra, elle hésite à lui faire part de ses projets, malgré sa supériorité évidente en matière de nécromancie. Choisir entre le risque d’être démasquée par un ancien Lord nécromant vindicatif et celui de ne point retenir la puissance d’un tel artéfact est complexe pour elle.

« Vos réels projets sont louables … et conséquents. Imaginez l’impact de toutes ces connaissances. Ajoute-t-elle sans rien de moins que l’envie et la fascination dans son regard. Mais gardez bien à l’esprit que vous aurez à manipuler des âmes, en plus d’un artéfact sans aucun doute aussi fascinant que dangereux. Les âmes peuvent l’être aussi, surtout celles-ci. Si vous cherchez un point de départ, mon Ordre pourra sûrement y pourvoir. Il y a là-bas des nécromants bien plus puissants que moi, bien plus vieux et érudits aussi.
- Avant d'être Capitaine, j'ai aussi eu un passé. La quête de connaissances était le vent gonflant mes voiles, et l'est toujours un peu. Dit l’Oudio d’un air pensif avant de plisser les yeux, soucieux.
Un ordre comportant des nécromants n'a jusque-là pas été synonyme de bonne nouvelle. Et me présenter avec de louables intentions auprès d'un groupe méconnu m'a déjà beaucoup coûté par le passé. Pour quelles raisons me fier aux vôtres ?»

Maâra inspire profondément, réceptive aux doutes de l’Oudio.

« Je vous comprends. Tel un pirate, il serait malvenu de ma part d’aspirer à une confiance aveugle.
Notre Ordre souffre et aura à souffrir des légendes d’un lointain passé et d’exactions plus récentes. C’est un fait dont nous avons que trop conscience. Mais plus qu’à ce dernier, c’est à notre engouement commun pour la connaissance que j’espère vous voir vous fier, car comme vous, et aujourd’hui encore, cette quête guide mes pas.
Ne nous voilons pas d’espoir, la disparition du Dragon et Oaxaca emprisonnée par les Dieux ne nous préservent pas des graines qu’elle a semées.
Outre le fait que mon Ordre était là, à combattre dans le même camp que vous, que nous ayons gagné la confiance de respectables généraux guère enclin à nous côtoyer hier encore ; je puis vous assurer qu’en aucune façon l’un d’eux ne tentera de faire sien le pouvoir de ce pendentif.

- Vous parlez bien. Et les circonstances ne risquent pas de se reproduire de si tôt. Soit … je vais prendre le risque. Qui sait si les elfes dorés ne vont pas vouloir garder ce pendentif quand ils remarqueront son existence.»

Soulagée, anxieuse et impatiente à la fois, et malgré le dépit qu’occasionne l’éventualité d’un avortement du projet, Maâra incline la tête en signe de remerciement. L’Oudio croise son regard, scellant ainsi leur décision, puis, réanimant ce caractère quelque peu taquin que la Sindel intègre lentement :

« J'espère que la bure n'est pas de rigueur parmi les vôtres, sans quoi je suis partie pour un premier faux-pas.
- Vous vous apercevrez assez vite que le faux-pas vestimentaire, là-bas, est impossible. Et si la réputation des pirates n’est point exagérée, vos oreilles et vos yeux ne souffriront guère non plus. A cette étonnante répartie de sa part, la Sindel parvient même à esquisser un plissement de lèvre, mais son sérieux reprend vite le dessus, les yeux rivés vers leur destination.
- Vous en parliez à l’instant, avez-vous quelques savoirs sur ces elfes dorés ?
- Guère plus que les traditionnels ouï-dire et des anecdotes sans fondement vérifiable, malheureusement. Mais ils ne sont pas à sous-estimer. Il n'y a qu'à voir… À côté, les vaisseaux de Air-gris semblent... Amateurs ?
- Celui-ci est … flamboyant ? Bien plus impressionnant que ce qu’ils font au Naora. On sait si peu de choses sur ces Ermansis, si peu de légendes et moins encore de réelles connaissances sur eux, leurs origines et leur culture. »

Elle marque une pause, le regard braqué sur l’immense ombre au dessus d’eux.

« Tant de mystères dit-elle en écho à ses pensées.
- J'ignore ce qu'il en est de vôtre côté, mais du mien, il n'y a guère d'érudits. Ou d'individus assez curieux voire intéressés par la question. Quant aux autres... Ils semblent plus à même de frapper quelqu'un avec un ouvrage que de poser le regard sur les premiers caractères logés à l'intérieur.
- Mon nouvel entourage se démarque peu du votre ; quantité ont l’esprit étriqué des fanatiques et j’avoue en être parfois peinée tant j’espérais y rencontrer plus de savants, tout du moins dans notre domaine ; certains, cependant, doivent sûrement comprendre l’utilité d’un livre … excepté une créature aussi étrange qu’intéressante qui, ma foi, se risquerait sans doute à mâchouiller une page ou deux, avant d’assommer quelqu’un avec. »

Leurs regards entendus et avisés se croisent. Maâra, sans savoir en faire la démonstration, pressent ou l’espère que l’Oudio ne souhaite pas se contenter d’étudier le pendentif.

« Je ne sais pas non plus combien de temps nous sera alloué sur place, mais c'est l'occasion rêvée de remédier à cette lacune. D'autant que... Notre venue finira par être sue. Nos noms apporteront à nos mots un poids crédible. Si toutefois partir en quête de ces connaissances, en plus de celles du pendentif, vous tente également
- Très certainement, répond aussitôt la Sindel, déjà impatiente. C'est là le comble des gens comme moi qui pensent pouvoir tout apprendre des écrits, sans avoir à côtoyer le monde … les mystères ne se dévoilent qu’aux yeux de ceux qui les cherchent. S’ils ne nous concèdent que quelques heures, même à les observer sera déjà tant, n’est-ce pas ? »

Avec un sourire sincère, L’Oudio approuve d’un mouvement de tête dynamique, contrariée pourtant d’être inepte au dessin et de ne pouvoir au mieux décrire au monde ce qu’elles observeront, elle prévoit déjà de chercher s’ils les elfes dorés vendent certain de leurs traités. Maâra l’observe, un brin amusée mais surtout reconnaissante d’avoir par hasard rencontré quelqu’un avec qui partager autre chose que son abattement et sa morosité.

Leur projet ainsi adopté, elles se séparent lorsque l'aynore entame sa descente vers cette destination exceptionnelle qui ravive les pensées fluctuantes de Maâra.
Maâra _-_ Sindel _-_ Nécromancienne _-_ Maître des Runes
Ceux qui pensent que les morts appartiennent au passé, ne savent rien du futur.

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Sibelle
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Re: L'Ermansi

Message par Sibelle » ven. 31 déc. 2021 18:27

Avant de se rendre à la passerelle, Sibelle fit un détour vers le centre de la bataille et y ramassa un vestige du dragon noir, un éclat de l'une de ses dents pour être plus précis. Tout comme un chasseur, Sibelle ramassait un "trophée" de son combat, et ce même, si elle ne l'avait pas tué directement. Tout comme d'autres de ses compagnons, elle avait concouru à la perte du dragon en portant assistance à ses alliés, ce qui s'était avéré utile.

Sans avoir réfléchi à son geste, elle avait ressenti le besoin de prendre un fragment de son ennemi, comme si garder une parcelle de lui renforçait en elle le sentiment qu'il était désormais vaincu. Que cet être égoïste, malveillant et foncièrement mauvais, ne renaîtrait jamais de ses cendres, qu'il était disparu à jamais. Cette réflexion n'était pas issu d'un raisonnement rationnel, mais d'une émotion pourtant bien réelle.

Elle fixa l'artéfact à son sac à dos et se dirigea vers les gardes, afin d'accepter la lourde bourse. Elle ne savait pas ce qu’elle en ferait, ne ressentant pas le besoin urgent de renouveler son équipement. Mais elle verrait bien en temps et lieu, se promettant tout de même d'en conserver une partie pour venir en aide, à son retour, aux habitants de la région qui allaient devoir poursuivre leur pénible vie dans ce milieu anéanti.

Cet aynore s’avérait et de loin le plus grand et le plus majestueux, mais la guerrière n'était pas en état d'esprit pour apprécier une telle merveille alliant art et technologie. De plus, la guerrière quelque peu désabusée, ayant connu le vol libre ne s’émerveilla pas comme à sa première envolée dans un aynore et se contenta d’y pénétrer.

Une fois à bord, elle vit quelques aventuriers installés ça et là. Elle les ignora poursuivant son chemin pour se rendre sur le pont alors que l’aynore amorçait son envol, préférant l'air libre à celui confiné de la cabine.

Ce fut à ce moment que son regard se porta sur Xël, cet aventurier qui avait partagé nombre aventures avec l'hinionne. Cette fois-ci par contre, il s'était à peine croisé au tout début. Le regard éteint de ce dernier était posé sur le charnier. Soulagée de le savoir vivant, sans hésitation, elle se dirigea vers lui.

Lorsqu’elle sentit la présence de la guerrière, Xël se redressa sans pour autant quitter le champ de bataille des yeux. Puis, il lui accorda enfin un regard et s’approcha d’elle. Il semblait hésitant, comme s’il se retenait de s’approcher davantage de son ancienne compagnonne d’aventure.

Inquiète, Sibelle haussa un sourcil face à ce comportement insolite de la part de Xël, et le questionna :

« Xel, est-ce bien toi ? »

Il hocha d’abord la tête puis répondit brièvement et sur un ton sans émotion qu’il était content de la voir en vie.
Devant la réaction de Xel, le regard de Sibelle se durcit, son visage s'empourpra, ses jointures blanchirent, la colère qui montait en elle était bien tangible, la Sibelle qu'il connaissait bien était de retour.

Abruptement, elle le prit à deux mains par le col et le rapprocha à deux pouces de son nez. Et dans un murmure, d'une voix très ferme, sans le quitter de son regard noir, elle lui dit:

« Ce fut une guerre impitoyable pendant laquelle Oaxaca a berné même ses propres armées.... Mais elle n'est plus..Le dragon était impitoyable...comme tous les dragons. Nous en avons eu un échantillon sur Aliaénon.... Oui, nous avons tous perdu des êtres qui nous sont chers. Une grosse partie de Yuimen est détruite et à reconstruire. Mais on va y arriver..... Donc quand j'arrive devant toi, épuisée, tout comme toi et tous les autres, j'ai droit à une accolade digne du Xel qui se jette du haut d'une tour ! »

Il se permit alors d’enlacer son amie. Puis son front posé contre celui de la guerrière, il rajouta :

« Pour moi cette guerre ne prendra jamais fin. Avant de tout reconstruire, je dois neutraliser ceux qui nous menacent. »
Sibelle l'enserra à son tour et ferma les yeux.

« Tu m'en diras plus dans quelques minutes, si je peux t'aider à neutraliser cette menace dont tu parles, je le ferai... pour le moment, accorde-toi quelques minutes de répit, et de réconfort. »

Cette fois, sa voix s'était voulue plus douce.

« Si je monte sur l’île des Dieux, ce n’est pas pour me reposer. C’est pour obtenir la force qu’il me manque pour débarrasser Yuimen des Treize qui sont encore en vie. » Répondit l’homme sur un ton grave.

Sibelle recula d'un pas afin de regarder Xel dans les yeux, il avait changé. Elle le sentait rempli de frustration… mêlée à de la colère et de la tristesse.

« Les tuer tous sans exception ? Même ceux qui se sont ralliés à nous contre Oaxaca ? »

Xël se défit de la l’emprise de Sibelle, une grimace de colère sur son visage jadis souriant.

« Ralliés à nous ? Mais qui l'a aidée à l'amener jusqu'aux portes d'Oranan ? Qu'en est-il de leurs massacres ? Est-ce que je dois pardonner Lorener d'avoir massacré les soldats de Luminion aux portes d'Ynorie de s'être tenu en retrait ? Et leurs créatures ? J'ai vu les créations de Herle, des horreurs pires que celles de Vallel, issues de cadavres. Tu penses qu'ils vont s'en tenir là ? Poursuivre une petite vie tranquille à faire pousser des carottes dans les plaines d'Omyrhie ? Non. Ils vont continuer à nuire et je serais là pour les en empêcher. »


Sibelle écoutait attentivement les paroles de Xel et était consciente qu'il n'avait pas tout à fait tort. Cependant, elle ne partageait pas cette envie de vengeance. En fait, elle ne reconnaissait plus ce compagnon qui avant songeait plus à sauver des vies que de tuer les gens.

Consciente qu'elle ne pourrait le convaincre de quoi que ce soit, elle se contenta de dire ceci:

« Quand je prends un petit peu de recul sur ce qui vient de se passer, je pense à ce qui s'était passé sur Aliaénon... Les villes entières qui avaient été détruites par Oaxaca, tout comme ici, le peuple d'Aliaénon avaient perdu beaucoup et même plus. ... Et ensuite, la bataille entre carnivores et herbivores où les harpies avaient manigancé pour semer la pagaille entre les deux groupes pour prendre le pouvoir... J'aurais bien envie de te dire de mettre ta vengeance de côté, et de pardonner à des lieutenants qui tout comme Karsinar et Sarl n'œuvraient que pour sauver leur peuple, (orque et barkalang)... Mais je dois avouer que si une des trois harpies se présente à moi, je la tuerais sur le champ... Pour ma part, je vais plutôt regarder ce que je peux faire, avec mes aptitudes pour aider à rebâtir ce qui a été détruit... Et puis ... je ne pensais jamais dire ça, mais j'espère revoir un jour, ce Xël souriant et bavard. »

Un faible sourire s’afficha sur le visage du mage, qui changea abruptement de sujet en se demandant si elle aller trouver ce qu’elle cherche là-haut. Ce à quoi, l’hinionne répondit :

« Je ne cherche rien en particulier, je vais juste explorer les lieux, puis méditer deux ou trois heures... et ensuite je verrai.... peut-être rejoindre l'armée grise... je ne sais pas... je ne prendrai pas de décision tant que je n'aurai pas récupéré deux petites heures.»

Surpris, Xël la questionna :

« Tu ne veux pas rencontrer les Dieux ? »

Toujours aussi franche, Sibelle répondit :

« Pas vraiment.... Je reste un peu rancunière... comme l'a dit, l'invisible, ils auraient pu intervenir avant, ou au moins neutraliser le dragon noir.... mais je verrai une fois sur cette ile. »

Sibelle n’aimait pas porter un jugement sans savoir. Si quelqu’un pouvait apporter des explications à ce comportement de négligence, c’était bien les dieux… mais Sibelle n’était même pas certaine de vouloir engager une conversation. Elle prendre une décision seulement une fois qu’elle aurait visité les lieux.

Pour sa part, Xël exprima la raison de son voyage.

« On m’a dit que les Dieux acceptaient parfois d’entraîner les mages. C’est ce que je suis venue faire. Je ne tiens pas à leur reprocher quoi que ce soit. J’imagine qu’ils fonctionnent comme le Sans-Visage. Le libre arbitre avant de s’interposer.»

« Peu leur importe les vies sacrifiées... » rajouta la guerrière.

Cette dernière phrase fut prononcée avec une certaine amertume... mais pas contre Xel, mais plutôt contre les dieux.
« Qu’est-ce qu’une vie pour un Dieu… Tu as dû entendre comme moi les éclats de rire d’Oaxaca alors que les corps s’effondraient sur le sol. » Rétorqua Xël, les poings et la mâchoire serrés.

« Elle mériterait plus la mort que l'emprisonnement... si au moins elle pouvait souffrir maintenant. » répondit amèrement Sibelle.

Et le silence se fit entre les deux amis. Ils avaient apparemment tout dit pour le moment. Sibelle posa sa main sur l'épaule du mage en guise d'aurevoir puis entra dans la cabine.

Songeuse, elle n’accorda aucun regard aux autres passagers et choisit un siège un peu plus isolé et à l’écart des discussions. Elle ferma ses yeux, dans l’intention de commencer sa méditation. Mais ce ne fut pas aussi simple. Les scènes les plus horribles de la guerre lui revenaient à l’esprit, mettant en scène la cruelle Oaxaca et son monstre noir ailé impitoyable. Les plaines de Kochii n’étaient désormais qu’un sombre charnier qui mettrait bien des années avant de retrouver son aspect d’antan. Plus elle se repassait en tête les derniers événements, et plus elle en voulait aux Dieux. Au dire de leur porte-parole, ils avaient compris la souffrance des yuimeniens. À ce souvenir, Sibelle serra les poings jusqu’à ce que ses jointures deviennent blanches. Pourquoi avaient-ils tant tardé ? Ils n’étaient pas sans connaître la nature d’Oaxaca. Pourquoi Gaïa, la combattante n’était-elle pas intervenue avant que le monstre noir sème la terreur sur Yuimen ? Alors que Brytha, elle, s’était sacrifiée pour eux. Tout comme l’invisible, elle en voulait aux dieux. Tout comme lui, elle leur gardait rancune… À ce stade de ses réflexions, elle se demanda pourquoi ne l’avait-elle pas suivi au lieu de monter à bord de l’engin volant. Et elle réalisa alors pourquoi. Contrairement à l’invisible, elle voulait des réponses. Son but fixé, elle put enfin relâcher son esprit et entreprendre une méditation réparatrice.

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Jorus Kayne
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Re: L'Ermansi

Message par Jorus Kayne » dim. 30 janv. 2022 15:39

VIII Noblesse, mage noir et héros de guerre.
IX Voyage chez les dieux.


Les négociations avec le gentâme ne se sont pas déroulées comme nous le pensions. La princesse Satina accepte de recevoir Herle Krishok, en tant que membre d’une délégation, visant à changer le statut des porteurs de fluides sombres. Désormais, il n’y a plus rien qui ne me retient. La seule chose à laquelle je pense à présent, est d’aller voir les dieux et d’obtenir d’eux, les informations concernant l’état de Castamir. Ce qui lui est arrivé durant cette bataille. Je me rends donc à bords de l’anyore des elfes dorés.

C’est presque avec plaisirs que je laisse derrière moi les corps de tous ces soldats, qui soient amis ou ennemis. Des corps sans vie, mais également sans âme et pour ceux qui crois en une forme de réincarnation après la mort, la fin brutale de ce cycle. Une extermination qui laissera à jamais une emprunte en ce lieu et au plus profond de mon être. Avec beaucoup d’autres, je monte la rampe qui mène à ce vaisseau unique. Bien qu’il ressemble pour beaucoup à ce que les sindeldi utilisent, tout ici paraît magnifié. Parmi ceux qui sont montés, je vois Sibelle de dos. J’ai envie d’aller la voir, de lui raconter que j’ai participé à la capture de Xenair et la mort de Gadory. J’esquisse quelques pas avant de finalement m’arrêter. J’ai tant de chose à lui dire, mais pour cela, il faudra également faire mention de ma tentative de supercherie, ou plutôt de ma trahison. Non, je n’en ai pas la force. Mieux vaut pour moi trouver un lieu calme et sans personne.

A l’intérieur, les elfes dorés sont nombreux et bien plus chaleureux que leurs cousins gris. D’un pas hésitant, je m’approche de l’un d’eux.

"Bonjour. Que puis-je pour vous ?" Me demande-t-il de sa voix douce et enjôleuse.

"Heu…eh bien…je cherche…" Dis-je, dénué de confiance, avant de me faire interrompre.

"Souhaitez-vous une cabine pour le trajet ?" Me propose-t-il en joignant ses mains face à lui.

"Oui, voilà. Une…une cabine."

De la main, il m’invite à le suivre, dans une démarche emprunte de sérénité. Jamais je n’avais osé regarder la démarche d’un homme, peu importe sa race, préférant le sexe opposé. Cependant, je dois avouer que l’aura de calme qu’il dégage est particulièrement enivrante.

"Il y a beaucoup de voyageur, peut-être voudriez-vous rejoindre quelques-uns de vos compagnons !" Demande-t-il à nouveau.

Ce n’est pas vraiment ce que j’avais en tête et je n’ose pas entacher son visage d’un rictus de mécontentement. Je commence à ralentir et regarde un peu partout autour de moi, craignant que l’on souhaite se joindre à moi pour ce voyage. L’elfe doré semble comprendre mon désarroi car il me propose immédiatement ce que j’espère secrètement.

"Nous avons également de nombreuses cabines en solitaire, si vous le désirez !"

"Ha, oui !" Fais-je un peu trop fort et trop subitement, craignant qu’il ne change d’avis. "Oui s’il vous plaît !"

"Par ici !" M’invite-t-il à nouveau.

Il m’emmène dans les niveaux les plus hauts de l’anyore, jusqu’à atteindre des pièces particulièrement espacées les unes des autres. L’intérieur me fait sentir un peu mal. Sans être dans l’extravagance, c’est tout simplement luxueux. Jamais de ma vie, je n’avais rencontré tant de beauté et de richesse. J’ai l’impression d’être un roi en voyage et ayant connu les bas quartiers depuis ma naissance, je ne me sens pas à ma place. Pire que tout, je m’accapare une telle cabine pour mon confort personnel.

"Je suis désolé de vous avoir dérangé de la sorte !"

"Vous ne nous dérangez, moi et les miens, en aucune façon." Sa main vient se poser sur mon épaule et son regard se mêle au mien. "Vous avez affronté Oaxaca, son dragon et son armée. Je ne peux oser comprendre ce que vous ressentez ! Sachez que vous n’êtes pas le seul à désirer voyager seul. Chacun vit et ressent à sa manière. Il est donc normal de vouloir prendre un peu de temps pour vous, afin de guérir des atrocités que vous avez vécues, et ce, à votre manière et à votre rythme." Il relâche mon épaule, pour de nouveau joindre ses mains devant lui. "Si vous le désirez, je vais vous apporter de quoi manger, si le cœur vous en dit."

"Ho non ce n’est pas nécess…" Fais-je avant d’être interrompu par un appel de mon ventre particulièrement fort.

D’un sourire amusé et chaleureux, c’est l’elfe doré qui reprends la parole.

"Je vous emmène cela dès que possible."

"Merci beaucoup !" Lui dis-je rougissant avant qu’il ne parte.

"Vous n’avez pas à me remercier, ce n’est là, qu’un service que je suis fier d’assurer. Il est rare de voir des voyageurs jusqu’à notre demeure. Tous souhaitent y trouver quelque chose. J’espère que vous y trouverez également ce que vous voulez, ou ce dont vous avez besoin !"

Sur cette phrase énigmatique, il referme les portes, me laissant seul dans ma cabine. Mon premier réflexe est de m’asseoir sur le canapé si confortable et de regarder par la fenêtre. Malgré la faim, la fatigue est plus forte et je plonge rapidement dans un sommeil profond.



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Relonor
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Re: L'Ermansi

Message par Relonor » mar. 8 févr. 2022 15:16

Allégeance

VII.7 Voyage vers l'île des dieux.


Relonor monte, ainsi que toute une troupe d’aventuriers. Il lui a été pénible de voir que parmi le grand nombre d’êtres désirant voir les dieux, ou tout simplement s’afficher dans le vaisseau volant, peu, si ce n’est aucun, ne semblaient s’être battu aux côtés d’Oaxaca. Il a beau regarder autour de lui, il ne voit que des adversaires qui se sont dresser face aux désirs d’Oaxaca. Il décide donc de faire profil bas, bien qu’il sente que les elfes qui les accueillent, empêcheront tout débordement durant le voyage. Qu’importent ses misérables, l’elfe noir se promet de massacrer tous ceux qui se dresseront devant lui. Il en a toujours été ainsi et il en sera toujours, tant qu’il sera en mesure de lever sa lame.

Aidé par un de ces détestables elfes dorés bienveillants, le shaakt se laisse guider jusqu’à une cabine qu’il veut privée.

"Désirez-vous de quoi vous restaurer ?" Lui propose son guide.

De rage d’avoir perdu la guerre, il lance ses effets personnels dans un coin, avant de répondre par un simple, mais ferme "Oui."

Le contrecoup de la longue bataille qui a eu lieu commence à se faire ressentir sur son être. Passé l’adrénaline du combat, ses membres lui paraissent lourds et les blessures restantes se font également ressentir. Il aurait bien apprécié méditer pour reposer son corps, si le guide qui l’a emmené à sa cabine, n'avait pas apporté de quoi le faire saliver au plus haut point. Un plaisir de déguster des plats savoureux, qui dépasse et de loin, l’ivresse du combat. Relonor commence à dévorer les plats, avant de finalement se dévêtir de son armure, pour se mettre à son aise. Comme à son habitude, la viande est privilégiée du reste. Succulente et baignant dans un jus qui excite toutes les papilles de sa bouche, l’elfe noir se régale. Il va même à se laisser convaincre par les légumes et fruits à sa disposition.

(Bon sang que c’est bon ! Il me faut un chef cuisinier ! N’y a–t-il aucun de ces chefs Ermansis qui souhaitent me servir ?)

Le repas se termine avec un sentiment de satisfaction culinaire que le shaakt n’avait jamais connu. Le reste du voyage, il le passe à méditer dans un espace presque dédié à cela. Bien entendu, le mobilier contenant les maigres restes de son repas est délaissé à l’extérieur de la cabine. Il n’y a aucune raison que Relonor se sente gêné par cela et les Ermansis sont là pour ça.

Lorsqu’il rouvre les yeux, Relonor aperçoit par la fenêtre une vision unique. Flottant dans les cieux, l’île des dieux paraît comme soutenue par une main invisible, lovée au milieu des nuages. Même s’il a l’habitude des structures souterraines, cachées de la lumière, l’elfe noir aurait certainement apprécié l’architecture locale, si la hauteur de l’île n’offrait pas un spectacle direct avec l’astre solaire. Celui-ci est si fort à l’arrivée de l’anyore, que le shaakt préfère attendre les premières lueurs de l’aurore pour finalement sortir de vaisseau volant.


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Sirat
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Re: L'Ermansi

Message par Sirat » sam. 1 oct. 2022 18:38

Les vivants ne se distinguaient plus des morts, leurs corps noyés dans ce marais de chair et de sang. Ils titubaient et s’enlisaient tout en faisant face à l’horreur. On ne pouvait trouver de nom à cette chose tant elle sortait des limites de l’entendable. Ils n’étaient plus que portés par un instinct, celui de survivre à cette fin qui semblait maintenant si proche. Les héros se retrouvaient unis, malgré leur différence et ils défiaient encore et encore cet ange lugubre qui déployait ses ailes de cendre sur l'horizon.

Chacun leur tour, dans une dernière bravade à leur destin ils lancèrent leurs dernières forces et frappèrent ce qui avaient été la magicienne noire. Elle n’était plus qu’un corps momifié, séché. On voyait les striures de son anatomie se dessiner autour de ses os. Sa peau blafarde se nimbait d’une toile carmin déchiquetée, l’enveloppant partiellement. Sirat, le crâne lacéré par des douleurs qui irradiaient sa colonne jusqu’à ses jambes, se redressa, pour voir son bouclier qu’il venait de lancer frapper la gueule de la monstruosité. Simaya leur avait donné l’unique chance et ils l’avaient tous utilisés, maintenant cette ère allait s’achever.

En haut dans le ciel ombragé, l’image de la déesse venue tenir tête à Oaxaca se dissipa. Brisant les ténèbres un navire, recouvert d’or, s’extirpa de cette mère de nuages. Un aynore, Frégate volante, des plus magnifique, descendit lentement. Il était accompagné d’une volée d’oiseaux au plumage rouge que l’humoran n’avait encore jamais vue. Il était immense, sa coque éblouissait les survivants.

Sirat chancelait, les dieux l’avaient écouté. Il ne tarda pas à se poser et un trait de lumière dessina sur la coque un sas qui s’ouvrit. Six chevaliers en armure dorée descendirent. Ils escortaient trois êtres qui semblaient flotter sur le tapis de cadavre, leur mouvement ralentit laissant entrevoir une beauté sans égale. Deux étaient des elfes, au teint opalescent, aux yeux ambrés, un homme et une femme. Comme pour l’unique Sirat ressentait la paix intérieure qui se dégageait de leurs présences. Ses douleurs s’apaisèrent quelque peu. Une aura lumineuse de paix cernait le dernier, un homme à la peau noire, vêtu d’une armure blanche cernée de dorure, qui ne pouvait être que le Roi de Yuimen, Koushuu.


Le zélote avait la gorge sèche. Sa gorge aride lui faisait mal à chaque déglutition.

Le premier elfe prit la parole d’une voix puissante mais calme, les mains jointes par les doigts dans une position de maîtrise et de pouvoir.

« Peuples mortels, sachez qu’aujourd’hui les Dieux ont entendu votre voix. Ils ont senti la souffrance et la mort se déchaîner, ils ont pris pitié de vous, ils ont compris votre volonté ferme de punir Oaxaca pour ses actes. Nous sommes les émissaires des dieux, je suis l’Envoyé de Zewen, sa bouche et son visage en ce monde. Et aujourd’hui sonne la Fin d’une Ere pour Yuimen. »

Il se tourna vers Oaxaca, toujours liée par le lasso d’or. Les âmes s’étaient tues, disparaissant. L’orage aussi. Des rayons de soleil vinrent frapper le sol et les cœurs des naufragés.

« Oaxaca, fille de Thimoros, vous êtes accusée de maux majeurs sur cette terre. Le jugement de Zewen est implacable : vous devez quitter ce monde pour venir vivre sur Nyr’Tel Ermansi, à la place qui vous y attend : au sein de nos geôles divines, sous la surveillance de votre nouveau Gardien : Koushuu, Roi de Yuimen, Souverain de Kers et dieu mineur de l’Ordre. »

Le Roi de Yuimen s’avança parmi les aventuriers, fendant leurs rangs. Il attrapa le lasso lumineux que la petite elfe noire tenait. Celle-là même que Sirat avait combattu. Il ramena sans aucune difficulté l'âme sordide de la magicienne vers le sol et la traîna vers le bateau des dieux. Oaxaca était défaite, Brytha était défaite, Sirat relâcha ses muscles dans un tremblement. Il posa un genou à terre, la tête encore lourde, mais l’esprit léger du dénouement et de son rôle dans celui-ci.

La femme elfe parla alors :


« Je suis Artanis Caliawen, porte-parole des Dieux élémentaires. Vous qui vous êtes battus, vous qui avez survécu, vous, les âmes héroïques de ce monde, insensibles au Pouvoir des Ombres, vous serez récompensés pour votre bravoure. Pour votre fidélité. Pour vos actes. »

Les six gardes sortirent de leurs lourdes besaces des bourses de cuir clair au fil d’or qu'ils distribuèrent.

Le seigneur gris, sbire de cette fausse déesse, que le zélote conspuait, se permit de dénigrer l’offre des dieux et celle de Zewen. Tout en se relevant difficilement Sirat l’insulta entre ses dents, crachant son venin. La douleur était trop grande et pourtant la rage et la rancœur envers cet impie l’était tout autant. Il ne put que marmonner un juron intelligible.

Son corps meurtri le brûlait et lui faisait regretter cet effort inconsidéré.

Il s’approcha et récupéra la bourse tendu vers lui, comme les autres le faisaient, le regard hagard, encore surpris que cela soit enfin fini.

Il reprit un semblant de dignité et s'avança en boitant du représentant de Zewen. Il se tenait encore la tête, mais il enleva son casque. L’air était frais, il inspira profondément . Devant l’elfe il posa un genoux à terre et inclina le visage vers le bas en signe de respect et de soumission la plus totale.

« Maître, pardonnez- moi, votre humble serviteur. Je ne vous ai pas servi aussi bien que je le voulais. Je suis votre obligé et je reste à vos ordres. »


L'elfe doré s'étant présenté comme la Bouche de Zewen rétorqua :

"Je ne fais que parler en le nom de notre maître à tous, humoran. Mais qui êtes-vous, vous dont la loyauté semble éternellement acquise ?"

Sirat écarquilla les yeux la tête baissée. Se pouvait-il qu’il se soit trompé qu’il ne soit qu’un simple fou. Qu’il est mal compris. Il serra le poings et se redressa.

« Je suis Sirat zélote de Zewen et j’ai entendu l' appel en Aliaenon »

L'elfe doré hausse les sourcils, surpris.

"Ooooh, l'un des zélotes. Je vois. Hé bien votre instinct est redoutable, en ce cas. Vous vous trouvez au bon endroit et au bon moment."

Sirat détendit son visage .

« Merci » « je caresse l’espoir de pouvoir vous suivre sur Nyr Tel’Ermansi, mais je reste à votre disposition et à vos ordres »

"Vous êtes le bienvenu, Zélote. Nul doute que notre Maître voudra vous rencontrer, et partager son savoir avec vous. Vous pourriez... en apprendre beaucoup."

« Si le Maître le veut, ce sera alors avec énormément d’honneur que j’accepte » « comment vous appelez vous? »

L'elfe doré va opina du chef et répondit doucement :

"Aucun nom ne saurait remplacer la fonction que j'exerce : elle est ma vie, mon éternité. Pour Zewen."


Sirat regarda l’elfe et lui tendit son salut « si cela ne vous dérange pas je dois régler quelques détails avant de vous rejoindre. Nul doute que votre aide me sera précieuse afin de me renseigner sur les usages une fois sur Nyr Tel’Ermansi , si vous m’autorisez à revenir vous voir »


"Bien entendu."

Il se retourna et contempla l’horreur. Depuis les charniers d’Esseroth il n’avait pas vu scène plus sidérante. Il passa sa main sur son visage fatigué. Les héros survivants se regroupaient par grappe anarchique.

Chacuns étaient encore pleins de frustrations, ils étaient l’avenir de Yuimen et celui-ci paraissait bien incertain au regard de leurs mines suspicieuses.
L’armée Garzok se trouvait non loin de lui, quelques pas tout au plus. Il évita de croiser certains regards, ceux de Xël ou de l’elfe noire, ils avaient fini dans le même camp mais pas pour les mêmes raisons. Et les chemins qui diffèrent du sens commun sont souvent mis à mal. Il n’avait pas envie d’en discuter ni de continuer à se quereller avec eux.

La horde des orks apparaissait plus proche, du moins ce qu’il en restait. Une masse éparse et circonspecte, ils piétinaient dans la boue, sans savoir quoi faire. Sirat prit la parole, tentant de se faire entendre du plus grand nombre.




« Garzok, Je ne suis pas un prophète, mais vous me connaissez. Je vous suis redevable, certains ici sont comme mes frères. Nous avons combattu ensemble, nous avons souffert à l'unisson. Je vous dois la vie. Mon destin est lié aux vôtres. Ceux qui n’ont plus de clans peuvent m' écouter. Il existe une cité dans le duché, votre cité Asterok. Rien ne vous sera donné, mais avec sueur, abnégation vous pourriez la faire renaître. Créez votre patrie. N’écoutez pas la parole d’un guide mais celle d’un frère d’arme qui vous conseille. Il me plaira de retrouver ceux qui auront choisi cette voie ou l’autre. Aujourd’hui, vous n’êtes plus sous le joug de personnes, vous êtes libres. »

Un murmure parcourt la horde. K’nee échangea un regard rempli d'interrogation, avec l’humoran. Puis il se retourna et les laissa avec leur choix. En rebroussant chemin, il croisa Sarl la louve et Karsinar.

Le prédateur prit la parole et coupa les réflexions du zélote.

"Nous allons gagner la Forêt Sombre d'Ynorie pour apprendre la nouvelle du massacre aux Blakalangs. Ils vont devoir reconstruire leur clan, et je les aiderai. Puis, il faudra rallier les orques sous une nouvelle bannière, ou leur permettre d'exister correctement selon leurs usages. Ca aussi, c'est un devoir que je m'oblige d'avoir."


Sarl poursuivi

"Et vous, homme-chat, vers quelle voie vous dirigez-vous ? Avez vous vu votre amie ? J'espère qu'elle ne vous juge pas trop durement."

J’ai proposé aux Garzok qui le voulaient d’aller à Asterok. Je ne sais pas si beaucoup suivront cette direction, mais je vous invite à y aller, c’est votre terre . Votre aide à tous les deux serait précieuse pour reconstruire et redonner sa grandeur à cette cité garzok.

il se tourna vers Sarl « seul Zewen peut me juger. Elle est vivante et j’en suis soulagé et heureux. Je n’ai pas put encore lui parler »

Karsinar va hocher la tête et répondre : "J'irai. Mais je ne prétends pas être un guide absolu pour le peuple garzok : il sait se débrouiller seul. Ne te trompe pas non plus de rôle."

Sirat opina du chef « non je suis zélote avant tout et je ne pourrais rien faire sans leur accord. C’est leur décision. Je leur propose ils disposent

il eut un rictus « j’espère cependant vous y voir tous deux pour y boire un verre »

"Nous n'y manquerons pas !"

Il les salua avec beaucoup de considération.

Il descendit un petit dénivelé boueux et salie par une mélasse noiratre de sang et de terre. Il récupéra son bouclier enfoncé dans une bute de terre. Il l’extirpa de cette mélasse non sans y laisser encore quelques forces. Il se dressa sur le monticule et observa l’assemblée se disperser ou s’amasser, dans cette foule il vit son amie. Elle était salie par les combats, mais l’amazone à la chevelure feu, se dressait fièrement au milieu de ce marasme

Elle s’approcha de lui et il fit de même, le cœur un peu perdu et serré.


« Tu es vivante c’est bien »

Elle le toisa visiblement contrarié par cette remarque.
Sirat resta perplexe « J’avais besoin de toi et tu n’es pas venu »

Elle lui fit la même remarque , elle lui reprochait d’être parti. Elle était calme et pleine d’assurance, son regard brûlait de passion.

« Alors nous avions tout deux besoins de l’autre mais nos destins prenaient des chemins différents. Je voulais que tu m’empêches de m’emporter et me permette de servir Zewen en accord avec une morale plus juste. Je l’ai fait seul, je n’ai pas toujours réussi. Pardon… » il prit une inspiration plus grande et souffla avant de reprendre. « Que vas-tu faire maintenant ? Car le destin m’appelle déjà et je suppose que tu as toi aussi des aspirations. »

Sibelle acquiesça à la première affirmation, elle était si calme, sa poitrine ondulait au rythme de sa respiration, lentement.

Elle se rapprocha et échangea avec lui, la fatigue l'étreignant elle brisait sa volonté. Il ne ressentait plus rien hormis ses vieux os qui lui faisaient horriblement mal et son cœur qui battait fort dans sa cage thoracique. Leur étreinte, leur adieux semblait irréelle dans ce décors infernale, elle luisait doucement et il leur semblait être seul au monde.

Le pirate, nonchalant, comme à son habitude s’avança et les interpella. Sorti de nulle part, il coupait court à cet instant qui appartenait maintenant au passé. Sirat avait conscience qu’il (heartless) avait été un levier important dans les rouages du destin. Il lui rendit un sourire, malgré sa déception de devoir quitter Sibelle.
Ils conversèrent vaguement tous les trois, pour Sirat sans s’en souvenir réellement. Son esprit semblait se détacher de cette ruine qui lui servait de corps. Physiquement et émotionnellement il arrivait à la limite de ce que son corps pouvait subir.

C’est Ezak qui réveilla ses vieux démons. Sa rage, contagieuse et sa colère s’infiltrèrent aussi rapidement qu’il débarqua. Il voulait en savoir plus sur son père. Sibelle diplomatiquement mais en restant ferme lui répondit. Sirat observa la jeune femme, sa position n’était pas facile, ses sentiments envers lui et les actions du zélotes avaient mis la rouquine dans une situation délicate. Sirat s’en voulait, mais il était trop tard pour les regrets et Sibelle n’en avait que faire. Elle gardait toute sa dignité et ne fléchissait pas ni avec lui ni avec les autres.

Ezak ne voulait rien entendre et l’humoran était incapable d’en dire plus, ses mains désiraient parler à sa place. C’est le borgne qui s’interposa avant que Sirat ne relance de vieilles rancunes. Il avait raison, écrasé le crâne d’Ezak ne ferait qu’attiser les véhémences des Xel et consorts et il n’avait pas besoin de cela, pas en cet instant. Sirat se calma.

Le groupe se sépara, et Sirat déambula vers le camp de la reine. Il n’était plus, la passion qui l’avait animé était un fer, un frein qui l’empéchait d'évoluer en tant que serviteur de l’infini.
Chaque pas dans la boue, chaque brimade comme cou d’épée dans l’eau le rapprochait de cette certitude. Le regard des survivants sur sa carcasse rebondissait sans le toucher.

Il se dissociait de tout ce qui faisait de lui, un homme en colère. Il voulu l’expliquer à la princesse.
Mais comment vouloir qu’ils comprennent. Il n’était plus un fils, ni un frère, ni un citoyen, il n’était plus que le bras armé d’un avenir aveugle à toute réclamation. Elle pouvait le bannir de ses yeux bleus profonds soufflant son aigreur pour celui qu’elle considérait comme un traître et un parjure, que les feuilles mortes dernier vestige de sa rancoeur à lui s’envolait sans laisser de trace.

Il tourna le dos à son passé, à cet enfant de Kendra-Kar.

Il était prêt, à devenir celui qu’il devait être, un zélote. Il savait que quand il les croiserait à nouveau ils seraient tous obligés de se plier au Dieu des Dieu, son maître.

Pas de compassion pour ce frère, qui n’était plus qu’un humain parmi d'autres. lui ne l’était plus. Il faisait enfin le deuil de tout cela.

Il monta sur l’Aynor, fit abstraction sans aucun effort des regards, des murmures et s’en alla au fond du bâtiment. Là recroqueviller se trouvait, l’assassine, plume, silencieuse.

Sirat s’approcha, fatigué il déposa ses mains sur le bastinguage et observa l’horizon noir, le champ de bataille s’ouvrait devant lui, immense et affamé, dégueulant ses morts sur un sol putride. il inspira l’air vicié de l’endroit.

Alors plume, penses-tu avoir fini ce que tu avais à faire ?


Elle leva un œil interrogateur vers le zélote, avant de replonger le visage entre ses genoux. Elle articula maladroitement comme ivre. L’Roi est mort Viv le Roi


Sirat esquissa un sourire, il avait compris son rôle, il n’y avait pas besoin d’en dire plus. il lui avoua son bannissement de la capitale Kendrane.


“Si Cromax n’était pas intervenu, sa sœur l'aurait rejoint.”


Il repensa à la discussion qui avait eu avec le métamorphe, étrange, il ne cernait pas ou il se plaçait. Il n’était peut-être pas qu’un simple perturbateur. Il chassa l’idée et les paroles de l’elfe de sa tête pour écouter la jeune femme.


Elle souligna l’ironie de son bannissement par un sarcasme, qui éclaira le visage de Sirat.

Il tenta de l’engager sur le chemin qu’il avait choisi, de lui suggérer une alliance, mais le poids des mots mal mesurer se retournait contre lui. Elle n'en revenait pas qu’il puisse encore parler et négocier après tout cela.

Elle lui demanda si il n’était pas fatigué et une marée d’épuisement le submergea et le fit choir sur le sol. Il se laissa glisser sur le parapet et lui répondit qu’il était plus que l’ombre de lui-même. Il leva les yeux au ciel, qui se rapprochait, l’aynor silencieux avait pris son envole.

Il faisait tout cela pour Zewen, et en même temps il admettait que la peur de ce qui allait se passer en haut pouvait en être aussi la cause.

Il extirpa une gourde de vin et il partagèrent entre paria quelques gorgées en silence, ils échangèrent un instant. Avant que le vin ne finissent de l’abattre. Il ferma les yeux, entendit son juron envers Zewen. Il laissa couler, elle faisait partie de la roue de la destinée qu’elle le veuille ou non.

Il se laissa emporter par le sommeil, le corps transi de fatigue. Quand il les ouvrit à nouveau, le navire était vide. Il ne savait combien de temps il avait dormi. Il attrapa sa gourde et bu une gorgée de vin pour se rincer la bouche, il se redressa encore fourbu par sa sieste et se dirigea vers la sortie et Nyr’tel Ermansi.
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Capitaine Hart
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Re: L'Ermansi

Message par Capitaine Hart » sam. 24 août 2024 15:18

La nuit d'avant, le sommeil de Sirius était cerné de flammes. Il s'était réveillé au moment où Karsinar l'avait projeté dans le mur incandescent. Il avait cru mourir ce jour-là. Peut-être qu'une partie de lui l'était.

Sa rotule l'avait lancé au moment de l'embarquement. Malgré les soins rapides de Mythanorië, la blessure s'était gravée en lui. Une punition qu'il n'était pas prêt d'oublier. Le retour à bord de l'Ermansi aurait été identique à l'aller si une voix familière n'avait pas envoyé des frissons dans son dos.

"Ça sent la vieille radasse et l'alcool frelaté..."

Sirius recracha une partie de l'absinthe qu'il venait d'ingurgiter, attirant sur lui le regard foudroyant d'un des soldats dorés. De toutes les calamités que les dieux auraient pu conjurer en ce jour, il était tombé sur la pire, accoudée au bastingage et fixant l'horizon d'un air las. Il prit soin de recracher ce qu'il lui restait par-dessus bord avant de conjurer :

"Ils t'ont pas enfermé avec Oaxaca, toi ?!"

Il avait la main à l'épée, prêt à bondir. Malgré leur bref instant de lutte commune contre la déesse, il savait mieux que quiconque qu'il ne fallait pas baisser sa garde face à l'ex-baronne de Kerezstur. Quant à elle, Erzébeth, qui n'avait pas l'air d'avoir changé à part pour la couleur de ses cheveux, blancs comme la neige, se retourna pour jauger le borgne. Elle leva un sourcil.

"C'est toi qui risques de finir enfermé avec elle si tu tires ton épée. Si tu n'es pas tué avant."

Sirius regarda autour de lui et constata l'évidence : les Ermansis se tenaient prêts à mettre fin à toute confrontation naissante, et il était à un faux mouvement de les voir fondre sur lui. La Shaakt, elle, ne bougeait pas d'un pouce. Elle craignait peut-être les armes des elfes dorés, mais il se pouvait aussi que le conflit sanglant de ces derniers jours lui avait ôté l'envie de répandre la zizanie. Le borgne éloigna sa main de sa ceinture, et sourit nerveusement aux gardes.

"Alors pas de poignards jusqu'à ce qu'on atterrisse ?"

Une idée sournoise lui vint en tête. Si l'embargo sur la violence était toujours en vigueur, alors ne pouvait-il pas se permettre de prendre un petit risque ou deux ?

"Même si je me rapproche tout tout tout tout prèèèès ?" fit-il en approchant dangereusement son visage de celui d'Erzébeth.

Il arborait un sourire mesquin au point d'en devenir hideux, et l'haleine de buveur ne l'aidait en rien. Et il remplit sa mission : Erzébeth, à moins d'un mètre de lui, semblait presque... embarrassée ? Il aurait bien célébré cette petite victoire si, après avoir retrouvé son calme, elle n'avait pas commencé à agiter les doigts d'une manière plus qu'inquiétante. Tout d'un coup, il sentit ses boyaux se retourner, sa gorge s'emplir de mélasse et ses dents devenir poussière dans sa bouche. Il se cambra contre la rambarde et dégobilla une énorme murène par-dessus bord. Il était en train de se vider de tous ses organes, il allait mourir, c'était sûr... puis plus rien. Plus rien, si ce n'était le léger filet de vomi qui pendouillait de sa lèvre inférieure. Erzébeth le nargua :

"Alors ? Tu as avalé ton humour de travers ?"

De la magie, il aurait dû s'en douter. On ne pouvait pas être aussi vilaine sans connaître quelques sorts néfastes. Il se retourna vers les gardes, essoufflé et indigné :

"Z'avez pas vu c'qu'elle vient de faire, là ?"

Aucune réaction. Si ça se trouve, ils appréciaient le spectacle. En tout cas, sa provocation avait payé. Il devrait peut-être arrêter de provoquer les gens dangereux. Il injuria la baronne sous sa barbe.

"T'as jamais pensé à une carrière de cirque ? Là-bas on te paiera pour traumatiser les gosses, tu sais ?"
"Je te signale que c'est toi qui te donnes en spectacle." dit-elle en haussant les épaules, "Au moins, il y a plus beaucoup de vivants en bas pour se prendre ta gerbe sur la tronche."

Ils contemplèrent tous deux le spectacle désolé de la plaine de Kochii. De si haut, on ne pouvait voir qu'une masse noire et informe, criblée de silhouettes vaguement humaines étalées les unes sur les autres.

"T'as été vachement productive, là-dessous, j'imagine."

Une seconde. C'était tout ce qu'il lui avait fallu pour remarquer une forme singulière dépasser de sa robe noire pendant qu'elle était distraite par la dévastation de l'Ynorie. D'un geste vif comme l'éclair, il subtilisa un anneau richement orné. En or massif.

"Pas si productive que ça, sans doute moins que toi..." lui répondit-elle d'un air distrait.

Elle sursauta, comprenant un peu trop tard ce qu'il venait de se passer. Elle inspecta ses vêtements tout en gardant l’œil fixé sur la chevalière. Elle rougit, son visage s'emplissant de sang comme son âme de colère.

"Hé mais dis donc, j'ai comme l'impression qu'il est pas à toi ce bidule. Tu l'aurais pas piqué quand même ? Naaaan, c'est plutôt le genre de truc que moi, je ferais."
"Espèce... de..."

Bonté divine. Une expression qu'il n'aurait jamais cru voir chez elle. Un mélange d'indignation et de honte, une expression de... défaite ! Après tant de temps, Sirius avait réussi à égratigner sa façade et à la tourner en ridicule. Dans d'autres circonstances, il n'aurait pas donné chez de sa peau, mais elle avait les mains liées !

Erzébeth reprit vite son calme. Elle n'allait pas laisser cet abruti se réjouir à ses dépens. Cependant, elle baissa d'un ton, observant nerveusement la chevalière qui dansait entre les doigts du pirate, au-dessus du vide.

"Effectivement, c'est plus une sorte de souvenir... Si je puis dire."

D'un coup, Sirius fit bondir l'anneau avant de le rattraper d'un autre doigt. Il jouait avec ses nerfs. Elle se pinça l'arête du nez tout en fermant les yeux. Elle continua, exaspérée :

"T'es au courant que si elle tombe, tu ira la chercher ?"

Revigoré, Sirius jouait avec l'objet de plus belle.

"Ah ouais ? Aucun risque. Dans tout Yuimen, aucun homme n'est plus habile avec ses dix doigts que Sir-"

Un oiseau le coupa au beau milieu de sa phrase. Pris par surprise, il laissa tomber la chevalière par dessus-bord. L'anneau disparut à vue d'œil dans le charnier sans fin. La bouche grande ouverte, il tourna lentement la tête vers Erzébeth qui venait de rouvrir les yeux. Il avait merdé.

"Je... rêve ou bien..."

Gloups.

"Tu viens vraiment de faire tomber la chevalière ?"

L'œil de Sirius fit des allers-retours paniqués entre la baronne et les gardes de l'aynore. Il tenta de désamorcer la situation avec un rictus désespéré.

"Euuuuuuh, j'ai pas fait exprès ! Je le jure !"
"Ça ne fait pas déjà cinq minutes..."
"Je peu-"
"CINQ MINUTES !"

Elle le saisit par le col et commença à le secouer comme un sac à patates.

"CINQ PUTAINS DE MINUTES QUE TU POLLUES MON AIR ET QUE PAR DESSUS TOUT TU PERDS MA CHEVALIÈRE !"

Sirius vit du coin de l’œil les soldats mettre la main au pommeau, mais quelque chose en lui, une frustration laissée trop longtemps sous silence, explosa devant sa tortionnaire. Il se mit à crier de plus belle, des éclats de salive volant tout près du visage d'Erzébeth.

"UNE FOIS DANS MA VIE J'AI DROIT A LA BOUFFE DES DIEUX ET TU M'AS TOUT FAIT GERBER ! TU CROIS QUE JE GRAILLE CHEZ EUX TOUS LES SOIRS ?!"

Elle ne lui rendit pas la pareille. Ils échangèrent tous deux un moment de silence pesant, et un regard lourd de leur passé commun. Puis elle esquissa un faible sourire avant que son regard ne... change. Toute trace de vie et d'espoir sembla la quitter pour devenir quelque chose d'autre, un vide. Ses iris prirent une teinte violacée, et sa chevelure devint ébène. Elle parla, et bien que sa voix n'ait pas changé, il avait la sensation de parler à une autre personne.

"Sirius... Alors comme ça tu malmènes ma jumelle ? Et en plus tu lui cries dessus ? Ce n'est pas très chevaleresque tout ça, on dirait que tu es resté trop longtemps avec Von Klaash."

Il s'en souvenait. Que ce fut à Kerezstur ou à bord de son navire, il avait déjà assisté à ce phénomène, sans pouvoir l'expliquer. Mais à l'entendre parler de "jumelle", il réalisa qu'il n'avait parlé jusque là qu'à "une" Erzébeth. Il leva un doigt, décidé à ne pas se laisser intimider :

"Ah oui, c'est vrai tu... peux faire ça. Vous êtes beaucoup là-dedans ? C'est laquelle qui prend le relais quand faut aller aux chiottes ? Vous faites cinquante-cinquante, comment ça s'organise ?"

Elle le fixa longuement. Il ne pouvait rien discerner dans son regard, c'était comme fixer une mouche dans les yeux. On est observé sans vraiment savoir ce qui nous observe. En vérité, cette version de la baronne lui faisait peur. C'était sans doute elle, la source de ses malheurs passés.

"Je suis ravie de voir que les années n'ont pas eu d'emprise sur toi."

Elle arrangea son col avec un calme renouvelé. Par instants, il ressentir une sensation glaciale effleurer sa gorge.

"Disons plutôt que Silmeria a tendance à créer les problèmes et que moi, je me charge de les résoudre."

Silmeria.

"Vous avez un peu chahuté. Elle t'a fait perdre ton précieux festin et toi tu nous a privé de notre trophée. Alors je te propose que nous allions le chercher ensemble, pour récompense de tes services, je t'inviterai au plus beau festin que tu puisses imaginer. Tu ne voudrais pas me refuser ce service, après tout, c'est ta maladresse..."

Elle s'emparait de ses nerfs avec une facilité déconcertante. Derrière son masque de courtoisie, elle renvoyait une sensation de peur primitive. Sirius avait l'impression de parler à un serpent. Il essaya de rire, mais il avait du mal à soutenir son regard. Il savait qu'il avait affaire à une entité qui dépassait le simple plan physique, une chose sans entraves.

"Ou sinon euh... je t'en trouve un autre et on est quittes ?"

Elle répondit d'une voix sifflante :

"Non, vois-tu, on ne tue pas un roi tous les soir."

Un roi ? Que voulait-elle dire ? À qui avait appartenu cet anneau, à la fin ? Elle dirigea son regard vers le sol qui se rapprochait en contrebas.

"Sauf si je venais à enchanter ton esprit, qu'il te fasse voir un énorme incendie et une hauteur raisonnable pour sauter par dessus bord... ça paiera ta dette par le sang et ça serait plus efficace que de te faire vomir des murènes."
"C'est bon ! C'est bon ! On va aller le chercher ton machin ! Pas besoin de sortir les murènes !" cria-t-il en agitant les mains.

Derrière eux, les gardes de l'Ermansi s'échangeaient des regards exaspérés.

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