Les Habitations

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Yuimen
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Les Habitations

Message par Yuimen » sam. 6 janv. 2018 13:56

Les habitations

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Habitations du quartier riche


Les habitations de Nessima sont à l'image de la ville, bâties en pierre de taille, massives et pouvant être soigneusement barricadées en cas d'attaque. Celles du quartier pauvre, à l'est, sont extrêmement simples, cubiques, serrées les unes contre les autres elles comportent rarement plus de deux étages. Leurs murs sont percés de fenêtres aux allures de meurtrières et leurs portes de simples assemblages de chêne renforcé de fer.

Le quartier des casernes, à l'ouest de la ville, abrite quant à lui des bâtiments plus imposants semblables à de petites forteresses au sein de la ville, ils possèdent rarement plus de deux étages, leur toits sont plats et pourvus de parapets et de créneaux. De nombreuses cours prennent place entre eux, où les soldats s'entraînent quotidiennement.

Le quartier nord, réservé aux commerçants et artisans, est plus hétéroclite, on y trouve aussi bien de petite maisons semblables à celles du quartier pauvre que de magnifiques bâtisses aux allures de palais, dépendamment de la richesse de leur propriétaire. C'est un quartier bruyant et animé, de jour comme de nuit.

Le quartier sud enfin recèle de fastueux bâtiments aux façades ornées de reliefs et de sculptures, ils s'élèvent parfois sur quatre ou cinq étages et il n'est pas rare qu'ils soient munis de tours et autres tourelles. Si leurs étages inférieurs sont dans l'ensemble plutôt sombres, car percés de peu d'ouvertures de par la nécessité de pouvoir les barricader, les étages supérieurs en revanche sont souvent lumineux et percés de hautes fenêtres pourvues de vitrages, parfois colorés. Les plus fastueuses abritent parfois de grandes cours intérieures, voire de merveilleux jardins entourés de hauts murs mais ornés de fontaines et de statues, véritables havres de paix et de verdure dans cette cité plutôt austère dans son ensemble.

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Akihito
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Re: Les Habitations

Message par Akihito » mar. 12 févr. 2019 09:29

Dans le chapitre précédent...

Deuxième Arc : L’art de faire parler la Foudre

Chapitre X.3 : Fuite en terrain hostile

Sans plus attendre, le jeune homme se jeta comme un damné sur la Sindelle qui se demandait encore ce qui pouvait bien se passer pour qu'un curieux personnage lui tombe dessus sans prévenir. Il la plaqua contre un mur et plaqua sa main valide contre sa bouche. La jeune femme faisait à peu près la taille du jeune homme, c'est pourquoi il pouvait voir dans ses yeux la surprise céder la place à la terreur et la colère quand elle prit pleinement connaissance de la situation. Elle tenta de lutter mais sa force physique et sa musculature fine ne pouvait pas espérer lutter avec celle d'un demi-Wiehlnois d'une vingtaine d'années. Faisant abstraction de la partie de son anatomie qui n'avait rien à redire de la situation dans laquelle il se trouvait, Akihiko porta vivement sa main blessée à sa bouche et essaya dans une tentative grotesque de mettre le doigt sur sa bouche avant de finir par abandonner et se contenter d'un discret :"Chhhhhhut !" avant de se tourner vers la porte, tendant l'oreille. Le claquement des bottes se firent de plus en plus forts jusqu'à être assourdissant, preuve qu'ils passaient devant la porte. Sentant la Sindelle s'agiter contre lui, il pressa un peu plus la main sur sa bouche, étouffant un cri.
Au grand désarroi du fulguromancien, le claquement des bottes ne s'éloigna pas très loin : sans doute après avoir rencontré la troupe qui allait dans le sens averse, une discussion s'engagea. La Sindelle réussit à dégager un bras pour lui frapper dans les côtes, sans grand effet. La cotte de maille teinta et regardant de nouveau sa captive malgré lui, il amena la main au niveau de ses yeux, faisant jaillir un éclair silencieux entre deux doigts. Son oeil bleu brilla faiblement avec l'activation de la magie fluidique alors qu'il murmurait sur un ton presque suppliant :

"par pitié, mademoiselle, ne m'obligez pas à m'en servir, c'est la dernière chose dont j'ai envie actuellement...!"

Sentant la jeune femme arrêter de bouger, il se reconcentra sur ce qu'il entendait dehors. Apparemment, aucun des deux groupes n'était au courant de son statut de fugitif puisqu'il ne faisait que parler du mariage prochain de leur commandante. Enfin, c'est ce que Chercok supposa : les Sindeldi parlaient dans leur langue natale et les seuls mots qu'il reconnut furent les prénoms des deux mariés. Le reste de la conversation lui était proprement incompréhensible, mais aux éclats de voix qu'il entendait, il sentait que le ton de la conversation était détendu, amical. A moins que la traque d'un humain ne les amuse tant que ça...

(Je te confirme, ils parlent bien du mariage.)

(C'est vrai que tu parles presque toutes les langues... Que disent-ils ?) demanda mentalement l'humain à sa faëra.

(Je ne saurais pas le dire précisément, la langue Sindel est en constante évolution depuis sa création comme bon nombre de langues, alors je ne maîtrise pas toutes les subtilités de la version de cette époque... Mais grossièrement, ils parlent du mariage, de l'entrainement des nouvelles recrues -sans doute la cohorte qui descendait- et de banalités à propos d'une personne que nous ne connaissons pas, un certain Juiltem... Rien d'alarmant pour le moment.)

(Voilà qui me rassure.) soupira de soulagement l'Ynorien. Il attendit encore une longue minute de discussion sans intérêt pour lui avant que la cohorte ne se décide à reprendre sa marche et son entrainement, le libérant de toute la tension qu'il avait accumulé sur la courte période. Le regard de Akihiko retomba de nouveau sur la jeune femme et le ramena d'un coup à un problème qui lui, allait s'avérer tout aussi difficile à régler. Il s'apprêtait à s'excuser platement quand un détail l'intrigua.

Pour une raison que le jeune homme ignorait, la Sindelle avait arrêté de se débattre. Et ce n'était pas par la crainte d'une quelconque agression physique puisque son regard apeuré s'était mué en un regard curieux. De ses grands yeux bleus acier en amande, elle regardait avec attention l'humain en face de lui. Gêné, il voulut se reculer mais se rappela que jusqu'à preuve du contraire, il ne pouvait pas lui faire confiance, surtout qu'il s'était introduit de force dans sa maison avant de la maîtriser, le tout alors qu'elle était nue comme au premier jour.

"Je suis absolument désolé que cette situation soit arrivé... Croyez-moi, je préférerai ne pas être là, dit-il avant de se rappeler de quelque chose de relativement important, se maudissant de sa stupidité. Vous... Comprenez ce que je dis ?"

La jeune femme hocha la tête et Akihiko sentit même un sourire se dessiner sur sa bouche plaquée contre sa main.

"Voilà qui nous sera utile... Si je vous libère, allez vous tenter d'appeler les gardes ?"

La Sindelle secoua négativement la tête.

"Je répugne à me servir de mes pouvoirs contre quelqu'un d'innocent, surtout quand en quelque sorte, c'est moi le coupable... Vous comprenez ?"

La Sindelle hocha la tête.

"Très bien... J'espère pouvoir vous faire confiance."

Nouveau hochement de tête. Le jeune homme écarta sa main de la bouche de l'elfe et se recula prudemment, la main crépitant d'éclairs par prudence. Son regard dériva malgré lui vers les courbes sensuelles de la jeune femme, au corps agréablement proportionné et dont la peau grise ne souffrait presque aucun défaut. Seule sa longue chevelure blanche striée de mèches noires tranchait sur sa peau d'argentée.
Sentant probablement le regard masculin sur elle, ses joues rougirent légèrement tandis qu'elle attrapait un drap bleu qui pendait sur la chaise à sa droite, s'enroulant dedans d'une main habituée. Akihiko se ressaisit quand à lui et fixa un mur de la pièce tout en la gardant dans son champ de vision, prêt à toute éventualité. Il chercha également une deuxième issue ou une pièce dont une autre personne pourrait surgir mais mis à part un escalier à gauche menant au deuxième étage, il n'y avait aucune pièce attenante à celle dans laquelle il se trouvait. Une table, quelques chaises, une autre table à côté du foyer faisant office de coin pour la cuisine et un coffre contre le mur sur sa droite.

"Il est un peu tard pour faire preuve de galanterie et regarder ailleurs vous ne croyez pas ? demanda d'une voix amusée malgré la situation la jeune femme.

- Oh euh, et bien c'est à dire que... Je voulais surtout garder un oeil sur vous au cas où, mais que mon regard à un peu dérivé sans le vouloir... avoua avec sincérité le jeune homme.

- Voilà qui est très honnête de votre part. Maintenant, puis-je savoir ce qui vous amène à entrer ici sans vous annoncer tout en me mettant dans une position très embarrassante ?

- Et bien, c'est une longue histoire et... commença Akihiko avant de se rendre compte de l'attitude très (trop) détendue de la jeune femme. Attendez... C'est normal que vous soyez aussi calme ?!

(ENFIN TU PERCUTES !) explosa un Amy à la crinière rougeoyante (dans tous les sens du terme).

- Quels sont mes autres choix ? Vous avez l'air de pouvoir me tuer aussi facilement que vous le voulez, alors même si je prévenais la garde, vous n'auriez aucun mal à me réduire au silence éternel. Et mourir n'est pas dans mes plans, voyez-vous, déclara la jeune femme avec un aplomb forçant le respect de l'Ynorien. Et vu la manière dont vous vous comportez, vous avez plus l'air d'être ici par la force des choses que par choix."

Malgré ses paroles, Akihiko pouvait quand même voir sa main trembler en un poing fermé, signe d'une tension refoulée. Elle semblait tout de même lui accorder quelque crédit, il décida alors de répondre à cette bonne foi. Il quitta sa pose offensive et désactiva son Choc de Valyus, du moins sa manifestation externe. Visiblement soulagée, l'elfe gris poussa un soupir de soulagement et commença à se diriger vers une autre chaise où trônait en désordre un tas d'affaires à la couleur sombre.
Alors qu'elle se rhabillait, Akihiko résuma sa situation tout en essayant de ne pas trop regarder dans la direction de la Sindelle.

"Pour faire simple, j'ai été envoyé ici en tant que messager et pour apporter un présent à la commandante de la ville, Sylënn ‘tar Thirel. Mon seul tort a juste d'avoir pu réussir à rentrer dans la ville grâce à l'aide de son futur mari, Tanaëth tar'Ithil. Certaines personnes apparemment peu recommandables ont donc décidé que je ne pouvais pas quitter cette ville vivant.

- Une situation compliquée en effet. En même temps, quelle idée pour un Ynorien de s'aventurer dans une ville pareille, ironisa la jeune femme qui boutonnait une chemise d'un gris clair.

- Disons que j'ai mes propres raisons... Mais ? Vous avez devinez que j'étais Ynorien ? Je croyais que les habitants de Nessima ne connaissaient rien du monde extérieur ! s'étonna une fois de plus le jeune homme.

- Nous ne sommes pas tous comme ça, déclara-t-elle en terminant de lacer ses bottes de cuir avant de se tourner vers son "invité". Voyez-vous, mon travail m'a régulièrement permit de me déplacer dans différents royaumes de Yuimen."

Akihiko reconnu aussitôt l'uniforme des membres de Air Gris, la société de transport en Aynores et Cynores. La seule différence était qu'elle possédait en sus de petits galons sur les épaulettes de sa chemise. Akihiko réalisa peu à peu à qui il avait à faire.

"Vous... travaillez pour Air Gris ?

- J'ai l'insigne honneur d'être une des pilotes de la compagnie. Je me rendais justement à la zone d'embarquement avant que vous ne fassiez... Irruption chez mon amant, déclara la jeune femme avec un sourire espiègle.

- Votre... Amant ? déglutit bruyamment le jeune homme.

- Mon amant, oui. Qui n'est plus là si cela peut vous rassurer.

-Ca me rassure en effet...

- Bien, dit la Sindelle en se remettant à la hauteur de Akihiko. J'ose espérer que vous ne pensez pas vous en tirer comme ça mmh? De plus, j'imagine que vous aurez besoin de moi. Sortir de la ville, et même sortir du continent risque d'être des plus compliqués maintenant qu'on vous recherche. Et l'aide d'une Niraël vous sera forcément des plus utiles.

- Vous m'avez déjà assez aidé en me permettant de me cacher de ces gardes, en demander plus serait déplacé. Surtout que je ne vous ai pas vraiment demandé la permission de toute manière. Non, je me débrouillerai seul, lui répondit d'une voix déterminée le jeune homme.

- Ah, la noblesse et l'ego des hommes... Je ne pourrais pas vous aider à sortir de la ville, je n'en connais aucun moyen très honnêtement. Mais admettons que vous arriviez à sortir de la ville, comment monterez vous à bord d'un Cynore?

- Et bien...

- Et à Tahelta, comment changerez-vous du Cynore pour l'Aynore ? La nouvelle et votre description se propagera bien assez vite jusqu'à la capitale, qui est le seul endroit où vous pouvez quitter Naora.

- Bon d'accord, abdiqua l'enchanteur en soutenant le regard de son interlocutrice. Votre aide serait le bienvenu.

- J'attendrai bien évidemment une compensation en retour, votre honneur ynorien vous y oblige.

- Il ne m'y oblige pas, c'est simplement inconcevable pour moi de ne pas rendre la pareille à quelqu'un qui me sauve vraisemblablement la vie.

- Vous devrez-vous débrouiller pour sortir par vos propres moyens de la ville. Si vous arrivez, rejoignez-moi à la zone d'embarquement. Il y a une petite baraque où pilotes et copilotes se reposent avant de prendre leur vol. Tapez trois coups à la porte de derrière, à la quatrième heure de la nuit. Je vous ouvrirai. SI vous n'êtes pas présent à ce moment-là, je partirai sans vous sans aucun remord.

- La quatrième heure de la nuit hein ? Je ne raterai pas cette chance." dit Akihiko en se dirigeant vers la porte. Il posa la main sur la poignée, puis se ravisa un instant et se retourna vers la jeune femme.

"Merci. Je suis Akihiko Yoichi, d'Oranan. Puis-je connaitre votre nom ?

- Mmmh... Pour l'instant, Aile Grise suffira.

- Alors, une dernière chose Aile Grise... Pourquoi faire tout cela pour moi ?"

La Sindelle prit un long moment avant de répondre, un sourire en coin.

"J'ai mes raisons. Disons simplement que l'arrogance de mon peuple et votre traque injustifiée m'exaspèrent au plus haut point."


Modifié en dernier par Akihito le jeu. 14 févr. 2019 11:25, modifié 1 fois.

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Tanaëth Ithil
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Re: Les Habitations

Message par Tanaëth Ithil » mar. 16 juil. 2019 14:30

Le couloir, large de près de quatre mètres et haut de trois, se prolonge sur une trentaine de mètres, éclairé par des torches fixées à intervalles réguliers sur des appliques en fer forgé. Un escalier d'une vingtaine de marches lui succède, suivi d'un nouveau couloir de taille plus modeste qui bute quelques pas plus loin sur une deuxième porte, identique à la première si ce n'est qu'elle est plus petite. Je m'approche plus lentement, tous les sens aux aguets, puis colle mon oreille au battant durant quelques secondes en quête de bruits suspects. Le silence semble complet, mais l'épaisse porte assourdit sans doute fortement les bruits et toute une armée pourrait aussi bien m'attendre derrière. Je tente de la pousser par acquis de conscience, l'espoir faisant vivre, et fronce les sourcils de méfiance lorsque l'huis s’entrebâille complaisamment devant moi.

(Ça pue.)

(Oui. Sois prudent.)

Bouclier et lame en position de combat, je pousse rudement la porte du pied et me plaque aussitôt contre le mur du couloir de manière à ce que mon arme défensive me protège d'éventuels projectiles. Les secondes s'écoulent, longues comme des heures alors que j'attends les inévitables impacts ou, bien pire, quelque ténébreuse magie. Rien. Le silence, total, pesant, troublé seulement par ma propre respiration et les battements de mon coeur qui me paraissent résonner comme des coups de tambour. J'entrevois le couloir qui se prolonge, mais ses murs sont percés de part et d'autre d'ouvertures de taille elfique tous les cinq mètres environ et il n'est pas éclairé, si bien que je n'en distingue pas la fin. Un monstre abject m'attend-t-il dans ces ténèbres, prêt à me déchirer de ses crocs et de ses griffes? Un maître des forces obscures s'apprête-t-il à me larder d'effroyables sortilèges? Un sourire sarcastique relève le coin de mes lèvres:

(Allons Sindel, aurais-tu soudain peur du noir?! Sindalywë, fais moi un peu de lumière s'il te plait.)

A la lueur crépusculaire irradiant de mon médaillon, j'avance rapidement en longeant le mur, jusqu'aux premières ouvertures où je marque une pause prudente afin d'y jeter un rapide coup d'oeil. Les grilles massives qui les closent et les misérables pièces qui suivent m'indiquent sans détour la nature de ces lieux: une prison... une maudite prison! Et vide, selon toute apparence, mais je n'en poursuis pas moins mon chemin avec la plus extrême vigilance, prêt à défendre chèrement ma vie. Je parviens quelques instant plus tard à un nouvel escalier qui débouche, lui, sur de vastes caves voûtées encombrées de caisses, de balots et de tout un fatras d'autres choses indéfinissables d'un simple coup d'oeil. Là encore les lieux semblent déserts, et là encore je n'avance qu'avec prudence, échaudé que je suis de m'être fait surprendre par le mage. Mais il n'y a pas âme qui vive dans ces souterrains et, paradoxalement, cela n'a rien pour me rassurer.

Au fond des caves, je gravis lentement un large escalier qui débouche subitement dans... une vaste cuisine?! Elle est aussi déserte que les lieux précédents et plongée dans la pénombre, seules deux étroites fenêtres munies d'épais barreaux dispensant une chiche lumière; les feux sont éteints et rien ne traîne sur les grandes tables servant habituellement à préparer la nourriture, ce qui ne manque pas de m'étonner. Bon sang, suis-je seulement au bon endroit?! Et si oui, pourquoi est-ce que rien ne m'est encore tombé sur le museau? Averenn aurait-il commis l'erreur de trop se reposer sur le mage, ou sur les goules?

(Mouais... compte là-dessus et bois de l'eau claire...)

Deux portes permettent de quitter ces cuisines: une petite utilisée sans doute pour le service et une bien plus grande qui doit probablement servir au passage des vivres et autres marchandises. J'hésite un instant avant de poursuivre: je suis bien dans une demeure de la haute noblesse, à en juger par la taille des lieux et la richesse des équipements, mais quelle foutue explication donnerais-je si je débarquais soudain dans le salon d'un illustre inconnu?

(Tu lui diras que tu avais faim), ironise ma Faëra.

(Hey, pas la peine de retourner le couteau dans la plaie!)

Le fait est que j'ai vraiment faim et qu'une soif terrible me taraude. Alors, autant profiter des lieux et mourir le ventre plein, non? Trouver une cruche emplie d'une eau apparemment fraîche n'est pas un souci, pas plus que de dénicher une miche de pain de la veille, si bien que je me sustente rapidement avant de poursuivre mon exploration des lieux. Je traverse une luxueuse salle à manger aux murs dissimulés par de lourdes tapisseries dont la moindre doit valoir dix ans de salaire d'un artisan, puis parviens à l'entrée d'un salon non moins fastueux, éclairé quant à lui par une multitude de chandelles disposées un peu partout. Je me fige sur place et jure copieusement, quoique intérieurement, en découvrant le spectacle qui m'attend: Averren, tranquillement assis sur un confortable fauteuil, me fixe d'un air indiciblement narquois tandis que, sur le fauteuil voisin est assise... Sylënn... qui me scrute quant à elle d'un regard si sombre que j'en frémis. Alignés comme au garde-à-vous contre l'un des murs se tiennent encore deux gardes militaires, et pas n'importe lesquels puisque ce sont eux qui, ayant toute la confiance de mon épouse, m'ont convoyé jusqu'à Raynna. La voix mielleuse de l'Ithilauster s'élève alors tandis qu'il désigne d'une main nonchalante ma Vorpale dégainée... et ensanglantée:

"Voyez Commandante, ne vous avais-je pas affirmé que ce traître tenterait de nous assassiner, ma fille et moi? Nul doute qu'il n'ait déjà trucidé quelques-uns de mes innocents serviteurs, voyez comme son arme est souillée! Ha, qu'il est regrettable que je sois revenu si tardivement, j'aurais tout fait pour épargner à votre famille le déshonneur d'un mariage avec ce traître d'hérétique. Malheureusement je..."

"Assez!" tonne ma douce et tendre à l'attention du prêtre avant de se lever pour s'adresser à moi d'un ton aussi glacial qu'il est amer: "Qu'est-ce que tu fiches là, toi? Tu as conscience que je suis obligée de t'arrêter?"

Le sourire de mon ennemi s'élargit alors que son regard suintant de malveillance et de mépris s'attarde sur moi, mais c'est sur Sylënn que toute mon attention se porte. Mortellement sérieux, je rive mes prunelles de jais au jade des siennes et lui rétorque d'une voix que je m'efforce de rendre calme comme l'eau qui dort:

"Tu n'en feras rien."

"Vraiment? Et pour quelle raison je te prie?"

Je pourrais lui répondre qu'elle le hait autant que moi pour ce qu'il lui a fait subir par le passé, mais je préfère ne pas réveiller ces douloureux souvenirs et réponds posément:

"Parce que tu sais comme moi qu'il est coupable de ce dont je l'accuse, et que j'ai désormais un témoin de ses actes."

"Calomnies! Ta présence ici et ton attitude belliqueuse, voilà les seules preuves qui importent! Croyais-tu vraiment pouvoir forcer l'entrée de ma demeure et m'assassiner en toute impunité, maudit traître?"

"Silence le prêtre", rugit Sylënn au plus grand dam de l'Ithilauster, qui prend une mine pincée et outragée des plus convaincante tandis que mon épouse me scrute durement: "J'espère pour toi que ton témoin saura convaincre un tribunal clérical, Tanaëth, je l'espère vraiment."

Je vois dans ses yeux qu'elle ne se fait aucune illusion, Averenn a trop de soutiens et un tel procès ne serait jamais qu'une parodie qui déboucherait inéluctablement sur ma condamnation, quelles que soient les preuves que je pourrais apporter. Je suis fait comme un rat, ou presque. Il me reste une dernière carte à jouer, mais c'est un pari si risqué que j'en ai des sueurs froides.

(Ô Sithi, si jamais tu as le pouvoir de m'aider, ne serait-ce qu'une unique fois dans ma vie, c'est le moment ou jamais...)


Je secoue lentement la tête et réponds d'un murmure tout juste suffisant pour que seule ma compagne entende:

"Il n'y aura pas de procès. Fais-moi confiance, Sylënn, je t'en conjure, fais-moi confiance..."

Ses traits se durcissent encore, me faisant craindre le pire, mais elle hoche imperceptiblement la tête avec, dans les yeux, un éclat d'une intensité que je ne leur avais jamais vue. Submergé par une vague de soulagement, je lui retourne un infime sourire puis, avec la soudaineté d'une tempête tropicale, me jette férocement sur mon ennemi. Aujourd'hui il meurt, quelles qu'en soient les conséquences.

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Tanaëth Ithil
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Re: Les Habitations

Message par Tanaëth Ithil » mer. 17 juil. 2019 15:29

[:attention:]Attention, scènes pouvant heurter certaines sensibilités.


Face à ma charge brutale, l'Ithilauster se lève précipitamment et extirpe un long bâton de métal noir de derrière le fauteuil où il était assis. Plus qu'un simple bâton, c'est une arme redoutable possédant une extrémité en pointe effilée et l'autre constituée d'un croissant de lune tranchant sur tout son pourtour. Bien utilisée elle confère une allonge indécente, d'autant plus qu'elle est à la taille de mon ennemi qui mesure près d'une tête de plus que moi. Richement vêtu d'une robe aux différentes teintes de bleu et brodée d'argent, il arbore une large ceinture entremêlant l'or et l'argent, sertie d'une grosse gemme couleur rubis. Des brassards, des épaulettes et un diadème de mêmes teintes et tout aussi fastueux complètent son équipement. Averenn est riche, puissant, et aime par dessus tout à le montrer. Il est rapide, aussi, car il parvient à esquiver souplement la dangereuse courbe de ma Vorpale visant à le décapiter. Rien dans son apparence ne laisse entrevoir la moindre surprise, ni le moindre doute, l'enfoiré a son éternel sourire vicieux et méprisant aux lèvres...

(Super... il s'y attendait...), grommelé-je intérieurement, déçu de n'être pas parvenu à le prendre au dépourvu et inquiet de mon état de relative faiblesse.

(Concentre-toi!)

Mieux vaudrait, en effet, car déjà la fine pointe de l'arme de mon ennemi fuse en direction de mon aine, parfaitement positionnée pour s'enfoncer au défaut de l'armure. J'abaisse vivement mon bouclier et l'incline de manière à faire glisser la frappe sur la gauche, ce qui ouvrirait une faille pour ma Vorpale. Ma parade est parfaite mais, alors que je lance ma blanche tueuse en direction de sa cuisse, je réalise que le croissant de lune revenant à toute allure sur une trajectoire biaisée m'atteindra en pleine tête une fraction de seconde avant que je ne touche. Dieux! Je me baisse fébrilement et ramène mon arme contre moi en me ramassant le plus possible, non sans frémir en sentant le coup me frôler le crâne de si près que j'en sens le courant d'air. Ce que mon adversaire n'a pas l'air d'avoir compris, c'est que je viens de m'ouvrir un chemin royal vers sa gorge. Je me redresse sèchement en bondissant vers lui, remontant férocement ma lame Shaakte pour la lui planter sous la mâchoire, mais le maudit parvient à parer partiellement la vicieuse technique Thorkine que je viens d'employer au moyen de son brassard gauche. Partiellement car, dans l'histoire, ma Vorpale ripe en crissant sur sa protection et lui entaille rudement le haut du bras.

Du coin de l'oeil, j'aperçois Sylënn qui s'écarte précipitamment, puis l'entends jurer et interdire à ses gardes d'intervenir; un ordre qu'entend également mon ennemi car il s'exclame alors agressivement tout en s'efforçant de se mettre hors de portée de ma lame, les traits crispés de douleur:

"Traîtresse! Tu me le paieras, sale petite pute!"

L'insulte doit ravir mon épouse, la connaissant, mais je n'ai pas vraiment le temps de m'en assurer : il faut à tout prix que je colle aux basques de ce damné prêtre pour l'empêcher de bénéficier de sa mortelle allonge. Je bondis sauvagement sur lui, bien déterminé à l'empaler proprement, mais la vermine est plus rapide que moi et je me retrouve soudain pris de la plus incompréhensible manière dans une véritable tempête de grêle! Force m'est d'interrompre ma charge et de protéger ma tête des glaciaux projectiles au moyen de mon bouclier. Cela n'empêche pas que certains me percutent rudement, plus douloureux qu'ils ne le devraient au vu de leur taille, mais le plus ennuyeux est que je n'y vois quasiment plus rien.

(Charogne de magie) juré-je intérieurement en reculant hâtivement pour essayer de me soustraire aux sales petites boules de glace qui flagellent chaque parcelle non protégée de mon corps et m'engourdissent vicieusement! Malheureusement pour moi, je bute contre un fauteuil dans ma retraite précipitée et m'affale lourdement par terre dans un fracas de ferraille et de bois brisé. Je tente frénétiquement de me relever mais, étant allongé sur le dos, je suis bien trop exposé aux grêlons qui ne cessent de pleuvoir et me dévastent le visage. Grondant de douleur, je me protège une fois de plus de mon bouclier pour limiter la casse, mais la létale averse cesse presque aussitôt et déjà mon puissant ennemi brandit son bâton de noir métal dans ma direction, prêt à lancer un nouveau sortilège visiblement. Plutôt que de poursuivre ma tentative de me remettre debout, je roule rageusement sur le côté, emportant avec moi une table basse dont l'un des coins me rentre douloureusement dans le dos. Je cille en voyant une espèce de gros pic de glace surgi de nulle part s'écraser pile à l'endroit où je me tenais une fraction de seconde plus tôt, un coup qui m'aurait salement ébranlé si je n'étais fort heureusement parvenu à l'esquiver. Reste que ma position est mauvaise, foutrement mauvaise...et mon adversaire n'en a que trop conscience car il ricane et demande d'un ton perfide:

"Alors, vermine, un dernier mot pour la postérité?"

Je me contente d'un affreux juron en guise de réponse et me démène pour me dégager des meubles et me relever, mais l'enfoiré ne m'en laisse pas le temps et un nouveau sortilège s'abat sur moi, engourdissant si totalement mon bras d'arme que ma Vorpale s'échappe de mes doigts congelés! La mort dans l'âme, j'essaye désespérément de la récupérer tout en tentant encore de me redresser, mais je suis douloureusement conscient que cela me prendra trop de temps et qu'Averenn aura tout loisir d'en profiter. Il n'y manque évidemment pas et, cette fois, tente de me percer violemment l'abdomen au moyen de l’extrémité pointue de son arme. Je la dévie in extremis d'une parade de mon bouclier, mais je sais que je ne fais plus que retarder l'inéluctable; mon ennemi est trop expérimenté pour me laisser la moindre chance, et moi j'ai été trop affaibli par les combats précédents pour être en mesure de rivaliser avec sa terrifiante puissance. Je m'en doutais, à dire vrai, mais que pouvais-je faire d'autre? Fuir la queue entre les jambes et laisser Llyann entre ses mains sadiques? Le laisser s'en tirer une fois de plus en toute impunité? Non, je préfère largement crever honorablement plutôt que de passer quelques millénaires à regretter de n'avoir rien tenté. L'idée de mourir ne m'effraye plus depuis belle lurette, trop de fois je l'ai côtoyée de si près que j'ai pu sentir son souffle putride sur mon visage. Tout est bien, je pourrai soutenir le regard de Sithi sans rougir de honte et c'est tout ce qui compte.

Le sombre bâton de ce Sindel que j'aurais tant désiré abattre trace une létale arabesque dans les airs, un coup qui mettra un terme à ma route, je le sais, mais que je ne peux m'empêcher de trouver magnifique tant il est parfaitement exécuté. Mon instinct voudrait que je ferme les yeux pour ne pas le voir m'atteindre, mais je résiste à la tentation: ma mort c'est en la regardant droit dans les yeux que je veux l'accueillir, droit et fier jusqu'au bout, à l'instar de mon prestigieux ancêtre qui donna sa vie pour permettre aux Sindeldi de fuir Eden.

(Adieu Sindalywë... ne m'oublie pas...)

Une totale incompréhension me saisit un infime instant plus tard: l'attaque mortelle me loupe d'un bon pied, heurtant bruyamment le sol en lieu et place de ma gorge exposée!

(Mais... que...)

Il me faut une longue seconde pour réaliser, totalement incrédule, la raison de cet échec: du ventre de l'Ithilauster dépasse la pointe effilée d'une lame. Abasourdi, je contemple comme un demeuré la tache de sang qui va en s'élargissant, souillant la belle robe du maudit qui, pas plus que moi, ne saisit ce qui lui arrive.

"Alors, salopard, tu te souviens de moi? De ce que tu m'as fait subir? Crève, ordure!"

Bon sang! Sylënn! C'est Sylënn qui vient de lui planter sa lame dans le dos! Le visage totalement fermé, les prunelles irradiant d'une haine mortelle, elle dégage brutalement son arme et propulse l'Ithilauster agonisant à terre d'un coup de pied méprisant avant de me dévisager d'un air plus sombre que les entrailles de Sanssitr:

"C'est bien ce que tu espérais en me prévenant, non?"

"Quoi?! Mais...non! Pas du tout, je...", bégayé-je avec la plus grande perplexité.

"La ferme! Ne me mens pas! Tu es aussi manipulateur que lui! Ma carrière est foutue et c'est par ta faute!"

Je me relève en grimaçant de douleur, une expression de profond dégoût sur le visage, puis la fixe avec une sourde colère:

"Je n'ai jamais voulu ça, bordel! Tu le sais très bien! Quant à ta carrière, c'est ton excuse pour l'avoir laissé te violer sans rien dire, sans rien faire?! Si tu avais eu une once de courage mes parents seraient encore en vie! Mes amies seraient encore en vie! Alors ne viens pas me faire la morale par Sithi!"

Sous les yeux effarés des deux gardes toujours immobiles, une monumentale gifle qui manque de peu me renvoyer au sol récompense mes paroles malheureuses, assez percutante pour que je réalise amèrement ce que je viens de dire. Mes paroles ont dépassé ma pensée, et de loin, si bien que c'est en m'empourprant de honte - et en frottant ma joue endolorie - que j'ajoute dans un murmure:

"Désolé, je... je ne voulais pas..."

"Tire-toi! Dégage ou par Sithi je te démolis séance tenante! Je ne veux plus te voir, jamais", gronde-t-elle en tremblant légèrement de rage.

"Eh bien vas-y, qu'attends-tu? Je ne m'en irai pas, alors de deux choses l'une: tu m'achèves, ou tu te calmes fissa et tu m'écoutes. Choisis, mais fais vite, j'en ai ma claque pour aujourd'hui", lui rétorqué-je durement en la défiant du regard.

La belle Sindel esquisse le geste qui m'abattra, mais elle parvient de justesse à se contenir et jure copieusement avant de lâcher avec une profonde amertume:

"T'écouter? A quoi bon, tu mens comme tu respires. Mais vas-y toujours, au point où nous en sommes..."

"Allez-vous en, tous les trois", dis-je en désignant les deux gardes d'un signe du menton avant d'ajouter: "Vous n'avez rien vu, il ne s'est rien passé. Vous êtes venus et vous avez quitté Averenn en parfaite santé, voilà ce que vous direz si on vous interroge."

"Tu te fous de moi? Tu crois que je vais fuir mes responsabilités? C'est moi qui l'ai tué", s'exclame-t-elle avec colère en pointant un doigt sur l'Ithilauster toujours agonisant.

"Oh que non, il vit encore et sa vie m'appartient. Mais cela, personne n'en saura jamais rien."

Du moins je l'espère...

"Et comment comptes-tu justifier ce carnage?"

"Je ne le justifierai pas. Ce qui s'est passé ici restera un mystère, il n'y aura aucun témoin, nous seuls savons."

"Mais... comment..." entreprend-t-elle de me questionner avec perplexité, mais je la coupe d'une voix lasse:

"Laisse-moi le comment et allez-vous en, maintenant, je te retrouverai chez nous. Fais-moi confiance une fois encore, je t'expliquerai tout lorsque nous nous retrouverons."


Sylënn hésite longuement, me scrutant intensément de son pâle et perçant regard, puis elle finit par hausser les épaules et essuie soigneusement sa lame ensanglantée avant de la rengainer:

"Soit. Mais mets-toi bien ça dans le crâne: mens-moi encore ne serait-ce qu'une fois et ce sera la dernière."

Sans me laisser le temps de répondre, elle se détourne et se dirige vers la sortie en faisant signe à ses gardes, visiblement eux aussi plongés dans la plus grande perplexité, de la suivre. Réprimant un soupir de soulagement, j'attends patiemment que tous trois aient disparus, puis je m'accroupis auprès de mon ennemi:

"Regarde-moi, connard!"

Son regard voilé de souffrance se détournant, je lui assène un rude coup de poing en pleine figure puis saisis rageusement son menton pour l'obliger à me faire face:

"Je t'ai dit de me regarder, enfoiré! Veyann et Maeyl'tar Ithil ça te dit quelque chose? Non? Regarde-moi bordel de dieux!"

Je me défais de mon bouclier d'un geste colérique et referme mes mains autour de sa gorge, l'empêchant de fuir mes prunelles emplies de haine:

"Et Jaëlle, Moraën, tu t'en rappelles, hein? Non? Je m'en fous, en fait. Moi je n'ai pas oublié..."

Sans hâte, les yeux rivés à ceux de mon ennemi, j'accrois la pression sur sa gorge, savourant la terreur que j'y vois poindre. Il tente faiblement de se débattre, le visage de plus en plus rouge à mesure que l'air vient à lui manquer, mais ma prise est solide et je tiens bon. Une mousse sanglante s'échappe de ses lèvres, un soubresaut, un autre encore puis la vie quitte enfin son regard, comme à regret, en une agonie terrible dont je me délecte pourtant comme s'il s'agissait de la plus savoureuse friandise. Je reste ainsi, mains crispées telles des serres sur sa gorge, durant de longues minutes, l'esprit ailleurs. Je ne saurais trop dire si je vis un rêve ou un cauchemar, les deux s'entremêlent indissolublement en mon âme. Tant de morts, tant d'années à le craindre et à errer sans but loin des miens... et pourtant c'est parce que tout ça est arrivé que je suis devenu le Champion de Sithi, que j'ai rencontré Llyann, Isil et tant d'autres personnes merveilleuses. Ombre et lumière, toujours...

Je finis par lâcher le cadavre de l'Ithilauster et me relever en titubant de faiblesse. Mieux vaudrait que je ne m'éternise pas dans les parages, mais il me reste encore quelques petites choses à faire, à commencer récupérer mes armes puis à retrouver Llyann. Seulement, j'ai beau fouiller la demeure de fond en comble, je ne trouve pas trace d'elle.

(Rhâaa, mais c'est pas vrai?! Merde!)

(Il faut que tu partes, Bien-aimé. Si quelqu'un te trouve ici...)

Elle a raison, bien sûr, mais l'idée que mon amie est peut-être mourante dans une pièce que je n'aurais pas trouvé me soulève le coeur. Je poursuivrais bien ma fouille encore un moment, quitte à prendre des risques inconsidérés, mais mes dernières forces sont en train de me lâcher et m'évanouir là n'arrangerait rien. Le moral en berne, j'avale une nouvelle potion de soin, espérant que cela suffira à me donner un peu de temps avant de m'écrouler. Un peu ragaillardi, j'entreprends de récupérer rapidement les valeurs aisément transportables repérées lors de ma perquisition ce qui, compte tenu de l'indécente richesse de mon ennemi, devrait constituer une jolie petite fortune. Une fortune qui me revient de droit, vu qu'elle a en bonne partie été malhonnêtement acquise au détriment de ma Famille, du moins est-ce ainsi que je le vois. Le reste reviendra à Llyann, si tant est qu'elle soit encore en vie, mais je sais qu'elle approuverait ce "pillage"auquel je me livre, sachant fort bien ce que son enflure de père a dérobé à mes parents et donc à moi indirectement. Je n'ai aucune intention de le lui dissimuler, d'ailleurs, mais encore faudrait-il que je la retrouve, pour commencer. Quoi qu'il en soit il est plus que temps pour moi d'aller quérir les soins d'un bon guérisseur mais, alors que je m'apprête à quitter ce qui devait être le bureau du maudit, un grimoire posé sur un petit guéridon attire mon attention: "Les Reliques Occultes, essai de classification par Nivenn'tar Leäthen". Si je n'ai jamais rencontré ce personnage, je sais en revanche parfaitement qui il est: rien moins que le directeur de l'académie de magie de Xaoranh et, accessoirement, bras droit de Maëren'tar Niaëve, l'actuel Ithil Taerym. Un ouvrage sérieux, donc, sans aucun doute rare et précieux.

(Mmm. Intéressant. Allez, emballons-ça dans un drap avec le reste et en route!)

Je me bricole prestement une espèce de sac à dos avec un drap trouvé dans la chambre voisine et quelques lanières déchirées sur un autre, y fourre le grimoire et les quelques objets précieux que je ne peux glisser dans mes poches puis me dirige d'un pas pressé vers le passage qui m'a amené jusqu'ici. Parvenu au large escalier menant aux caves, je me retourne et focalise ma volonté sur la mystérieuse cape que je porte. J'ai trouvé, lors de mes recherches sur le sujet dans la bibliothèque de l'Aura de Syriën, la citadelle principale de l'Opale, quelques évocations de son pouvoir, toutes étrangement vagues. Et c'est dans ce vague que réside peut-être la clé, du moins à en croire un obscur auteur prétendant que le pouvoir de cette relique serait de répandre une chape d'oubli sur les actes de son porteur. Mythe ou réalité, je ne vais plus tarder à le savoir...

*****

Note GM

-utilisation d'une grande potion de soin
-utilisation de la capa de la cape de Revan: "Le porteur peut décider qu’une action qu'il commet n’ait aucun effet sur sa réputation."

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Re: Les Habitations

Message par Gamemaster6 » jeu. 12 mars 2020 14:17

Émergence : màj pour Gurth


L'agitation en ville semblait grandir de minutes en minutes, et partout où Gurth posait le regard, il y avait des soldats qui s'affairaient, patrouillaient ou se rendaient à leurs postes. Nombre de Sindeldi lui jetaient des regards méfiants et peu amène. Était-ce lié à son ascendance humaine ou l'inquiétante aura qui semblait l'entourer et qui le rendait aussitôt suspect aux yeux de n'importe quel Sindel normalement constitué ? Seul son laisser-passer lui permit de se déplacer en ville et nombre de fois il fut arrêté pour qu'il présente le fameux papier, laissant derrière son passage interrogations et méfiance.

Les quartiers populaires, situés à l'est de la ville, semblaient bien moins protégés et les patrouilles, bien que présentes, étaient sensiblement moins nombreuses et alertes que dans le reste de la cité. Les habitants n'avaient pas désertés les rues et les visages inquiets ne pouvaient échapper à l'ogre qui dut cependant se rendre à l'évidence. Trouver un Sindel en cherchant au hasard ne l'aiderait en rien. Tout comme les gardes et soldats, les citoyens se montraient méfiants à son passage et nombreux furent ceux qui s'écartèrent, comme s'il était un pestiféré... ou un dangereux meurtrier. Un Sindel consentit finalement à lui indiquer le chemin et l'emmena jusqu'au fameux Elerënn.

Le Sindel, tiré à quatre épingles, martial et possédant effectivement une cicatrice sous l’œil gauche, l’accueillit d'un haussement de sourcil dubitatif. Il s'abstint néanmoins de tout commentaire et remercia le citoyen qui fila sans demander son reste. Il scruta Gurth d'un regard perçant, comme s'il cherchait à déceler quelque chose chez cet inconnu avant de parler d'une voix grave.

- J'imagine que vous êtes un de ceux embauchés par la commandante pour avoir pu arriver jusqu'ici. En quoi puis-je vous aider, humain ?

Nul ton hautain ou méprisant dans sa voix, mais une légère défiance en accord avec son regard qui ne lâchait pas Gurth, comme s'il le surveillait.
*****


Gains d'XP :

gurth : interaction avec Syyënn : 0,5XP ; Total : 0,5XP
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Quand on l'appelle, il apparaît !!
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Re: Les Habitations

Message par Gurth Von Lasch » ven. 13 mars 2020 13:53

La Grande Traversée - 12

Plusieurs fois dans son trajet vers les quartiers moins riches de la cite militaire, Gurth fut arrêté, ne devant la continuité de sa progression qu’à cette autorisation officielle qu’il avait reçue de Sylënn’tar Thinel. Morne, il la tendait sans politesse aux pédants et méfiants qui le croisaient et se sentaient le courage de commenter sa présence.

Il mit quelque temps à trouver celui qu’il cherchait. Un visage marqué, certes, mais gris parmi d’autres gris. Ce n’était pas le plus simple à remarquer. Aussi dut-il compter sur la bonne volonté d’un badaud qui accepta de le mener jusqu’à celui qui était connu sous le nom de Elerënn.

L’elfe gris, plutôt bien vêtu pour ces quartiers moins aisés, ne semblait pas s’attendre à de la visite, encore moins d’un étranger comme le Von Lasch. L’Ogre nota tout de même la cicatrice qu’il portait sous son œil gauche, identifiant aisé pour ne pas se sentir trompé. Il chassa le bonne âme qui avait mené l’obèse à lui, et questionna ce dernier d’une voix grave sur ses intentions, gageant avec raison de l’origine de sa présence ; l’embauche de la commandante.

Gurth renifla en montrant une xième fois son parchemin signé de la main de la susnommée sindel, puis répondit d’une voix caverneuse, plus sombre encore que celle de son vis-à-vis.

« L’on dit dans les hauteurs de la ville que vous en savez un brin sur un éventuel trafic d’armes parmi la populace de ces quartiers. Je suis ici pour m’en inquiéter, au nom de la Commandante Tar’Thinel. Pourriez-vous partager avec moi les éventuelles informations en votre possession sur ces inquiétantes rumeurs, afin que je puisse plus aisément mener l’enquête parmi les vôtres ? »

Sans rajouter un mot, il attendit, menton dressé et mine fermée, la réponse de l’étranger.

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Re: Les Habitations

Message par Gamemaster6 » sam. 14 mars 2020 14:52

Émergence : màj pour Gurth

Le Sindel examina rapidement le laisser-passer donné par Gurth et écouta attentivement les raisons de sa venue. Il sembla légèrement surpris mais hocha la tête.

- Pas ici.

Il l'entraîna dans une ruelle plus étroite et sombre, non loin, et s'adossa au mur.

- Je suis étonné du choix de la commandante, mais soit. J'ai quelques pistes, en effet. Les armes ne portent pas la marque des armes fabriquées par l'armurerie de la ville, ce qui veut dire que quelqu'un les importe ici. Deux options. Le port, mais il est étroitement surveillé, donc peu probable à moins d'un complice au sein des forces de sécurité. Ou via la vieille ville souterraine, mais là encore, difficile à imaginer tant les contrôles aux sorties sont strictes. C'est pour ça que cette affaire est inquiétante.

Il réfléchit quelques instants avant d'enchaîner.

- Je peux déjà vous dire où sont vendues les armes. Le marché noir dans les rues les moins fréquentées du quartier populaire. Commencez peut-être par-là. Évitez de vous faire... remarquer plus que nécessaire, jusque-là les autorités niaient le problème... ou l'étouffaient. Je ne serai pas surpris qu'une quelconque ponte soit dans le coup, soyez prudent.

Il n'ajouta rien de plus, mais il était mortellement sérieux et la mise en garde n'avait rien d'anodine.
***
Gains :
Xp attribuée à la fin de la présente situation
Chaque action de Gurth aura une conséquence, bonne ou mauvaise, sur son enquête, mais tu as carte blanche pour explorer les pistes données. Apartés possibles, évidemment
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Re: Les Habitations

Message par Gurth Von Lasch » ven. 20 mars 2020 13:15

La Grande Traversée - 13

L’elfe gris daigna parler, non sans préalablement les isoler dans une sombre ruelle, à l’abri des oreilles indiscrètes. Les informations qu’il put donner à l’Ogre étaient vagues et ténues, quelques pistes tout au plus. La première indiquait que les armes ne portaient pas la marque du forgeron officiel de la cité militaire. Elles seraient donc importées, ou fabriquées dans le plus grand secret. Au niveau de l’importation, l’elfe précisa qu’elle pouvait avoir deux origines : le port, étroitement surveillé, ou la ville souterraine dont Gurth avait déjà entendu parler. Mais là encore, les contrôles étaient stricts. Un vent de corruption balayait-il le zèle des gardes de la ville ? Ou étaient-ils assez stupides pour ne pas voir l’évident trafic ?

Elerënn poursuivit en donnant une précision sur l’endroit où les armes étaient vendues : un marché noir organisé dans les rues les plus sombres et moins fréquentées de la cité, dans le quartier populaire où ils se trouvaient. Il mit en garde l’obèse contre les autorités des lieux : il lui faudrait faire preuve de discrétion car ces dernières étaient probablement liées d’une manière ou d’une autre à tout ça. En niant le problème ou en l’étouffant. Il alla même jusqu’à suggérer qu’une éminence de Nessima soit liée à tout ça. Ses accusations semblaient sérieuses, au vu du ton qu’il employait. Gurth opina du chef en silence, inspira et expira longuement et se détourna de sa source sans demander son reste. Il avait les informations qu’il souhaitait avoir pour commencer son enquête.

Comme le sindel à la cicatrice le lui avait suggéré, il s’enfonça d’un pas lourd et calme dans les rues plus isolées des quartiers populaires de la grande ville elfe. Il rangea son autorisation, de sorte qu’elle ne soit pas trop visible, et songeait ne la sortir qu’en cas de besoin absolu : il devait faire attention à ne pas paraître trop officiel. Son apparence louche l’y aiderait sans doute un minimum. Ainsi, il vaqua à la recherche de ce fameux marché noir, voire même de simples échoppes isolées qui semblaient vendre à la sauvette. Sur chacune d’elles il laissait son regard terne peser, sans forcément s’arrêter, cherchant la première clé de son enquête : ces fameuses armes non marquées.

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