Les Rues

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Yuimen
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Les Rues

Message par Yuimen » sam. 6 janv. 2018 13:53

Les rues de la ville

Image
Passage entre deux quartiers


Les rues de Nessima sont étroites, faites pour éviter le passage de grandes armées et forçant ainsi un éventuel adversaire à se disperser.

Les différents quartiers sont séparés par des murs avec des arches en plusieurs points. Les rues sont généralement propres, à part dans le quartier des déshérités.

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Akihito
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Re: Les Rues

Message par Akihito » ven. 8 févr. 2019 01:33

Dans le chapitre précédent...

Deuxième Arc : L’art de faire parler la Foudre

Chapitre X.1 : Fuite en terrain hostile

Akihiko commençait peu à peu à avoir l'habitude de ce genre de situation, aussi se contenta-t-il de calmement dégainer la Kizoku pour parer le coup qui fondait sur sa gorge avant de frapper à son tour en pivotant, frappant son flanc découvert. La lame déchira d'abord le tissu puis ripa sur quelque chose, laissant s'envoler une gerbe d'étincelles. D'un saut en arrière, il remit une distance raisonnable avec son adversaire, observant avec dépit l'armure de plates brillant sous le tissu du Sindel. celui ricana avant de se moquer de lui, disant qu'il n'avait aucune chance de percer son armure avec une arme pareille.

(L'arrogance des Sindels...) soupira intérieurement le jeune homme.

(Ne tarde pas trop, des renforts pourraient arriver.)

Acquiesçant, Akihiko se lança cette fois à l'assaut de son adversaire qui s'abrita derrière son imposant bouclier. La Kizoku laissa une marque visible sur le bouclier mais sans grande conséquence. Un coup d'épée vola alors vers Akihiko qui voulut se coller au bouclier pour esquiver le coup. Apparemment habitué à ce genre de manœuvre le Sindel mit un pied en arrière et poussa violemment l'humain de son bouclier le faisant reculer et ouvrant sa garde. L'épée lacéra ensuite le pourpoint de Akihiko, dévoilant la cotte de Faerunne en dessous. Finalement le jeune homme souffrit plus de l'impact du bouclier que du coup d'épée et il recula mais fut rattrapé par son adversaire, jouant de sa lame contre lui. Le combat était déséquilibré, Akihiko n'était pas un combattant rompu au combat rapproché comme le Sindel en face de lui et commença à accumuler les entailles sur ses bras, entre la cotte de mailles et ses gantelets renforcés. Il usa alors de sa magie pour repousser son opposant et de sa main droite libre, lançant une volée d'arcs électriques frapper avec puissance le bouclier du Sindel.

Surpris, celui-ci recula sous la puissance de l'attaque, l'électrisant un peu par le biais de son bouclier au passage. Profitant de cette accalmie, Akihiko rengaina la Kizoku avant de sortir le Marteau de Valyus qui pendait dans son dos. Les runes qui parcouraient son manche se mirent à briller tandis que le fulguromancien projetait les glyphes de foudre tout autour de lui à travers sa main gauche, formant son Cercle Protecteur.

"Amène-toi le gris, je vais te montrer ce que les humains ont dans le ventre."

Le Sindel, piqué par l'affront, rugit en chargeant, bouclier en avant. Il franchit alors le cercle qui le punit alors d'une violente décharge de foudre, le ralentissant un instant. Akihiko en profita et arma son coup avant de fracasser la tête du Marteau sur l'aspis du Sindel en un violent swing. Un BONG retentissant rebondi contre les murs mais c'est au prix d'un grognement de douleur que le Sindel encaissa le coup. Son regard bleu acier exprimait toute une palette d'émotions : de la souffrance, de la colère mais aussi de la peur, la peur de cet être qu'il a toujours considéré comme inférieur mais qui s'avère être bien plus coriace et dangereux que prévu.
Dans un hurlement, le Sindel frappa avec une force anormale le flanc de Akihiko, faisant sauter plusieurs maillons et entamant sa chair dans une blessure légère, mais douloureuse. Akihiko eut à peine le temps de se remettre des vibrations dues à son coup de marteau qu'il dut faire face à une avalanche de coups, son adversaire ayant abandonnée un instant toute défense pour lui faire affronter un déluge argenté. Avec le manche de son Marteau, il para comme il put les coups, subissant toujours plus de blessures sur ses mains qui tenaient l'arme. Une fois encore, la différence de niveau de maîtrise au corps à corps se fit sentir chez le jeune enchanteur. Un habile coup du bouclier fit même sauter sa garde, lui permettant de lacérer le dessous de son poignet droit, coupant net ses tendons et faisant instantanément perdre le contrôle de sa main au Fulguromancien. La tête du Marteau tomba sur le sol, sans la main pour la maintenir. Le Sindel se plaça en face de lui, arme à la main.

"Putain d'enfoiré de fils de... jura entre ses dents le jeune homme, sentant des larmes de douleurs perlées aux coins de ses yeux.

- Tu m'as fait peur au début sale insecte, mais au final tu n'es rien de plus qu'un humain.

- tu vas voir ce qu'il va te faire l'humain...

- Oh non, tu vas lâcher ce sabre, dit t il en arrachant la Kizoku de son fourreau. Une telle pièce ne devrait pas tomber entre des mains de pouilleux tel que toi. Ce marteau non plus.

- Rend-moi cette arme... J'en suis l'Iliar'el !

- Et tu oses salir notre langue avec ta bouche impure ?! Je dois te rapporter en vie au Grand Prêtre, mais je vais me faire un plaisir de t'abîmer un peu !"

Jetant la Kizoku plus loin, l'elfe gris serra le poing autour de la garde de son arme et arma son poing droit pour le frapper dans un coup qui lui disloquerait la mâchoire sans aucun doute. Profitant de l'ouverture, Akihiko lança sa main vers le torse de son adversaire et lui envoya une autre volée d'éclairs qui lui arrachèrent de nouveaux cris de douleurs. Il recula sous le coup et l'humain ne lui laissa pas le temps de se remettre du coup précédent : puisant dans son énergie, il envoya d'une seule main un swing maladroit d'une force colossale contre l'aspis. Manier le marteau d'une seule main lui fit hurler de souffrance les muscles de son bras mais le résultat s'avéra à la hauteur de ce qu'il attendait : la force du coup brisa le bras porteur de bouclier à la fine ossature de l'elfe. Le hurlement qui s'ensuivit perça les tympans de l'humain. Le bouclier devenant un poids mort, il pesa sur le bras en miettes du Sindel qui ne pouvait qu'endurer une souffrance plus terrible à mesure qu'il essayait de se débarrasser de son bouclier.

(Frapper encore une fois avec le marteau risque d'être difficile... Et la Kizoku est trop loin, il faut régler ça rapidement !)

Condensant ses fluides déjà bien entamés dans sa main, une épée de foudre solide longue de soixante-quinze centimètres se forma. Les éclairs crépitaient tandis que son adversaire tentait tant bien que mal de maintenir une garde haute convenable, le visage déformé par la douleur. D'un revers de son arme fluidique, l'enchanteur dévia la garde qui n'avait plus rien de ce qu'elle était quelques instants plus tôt, dardant la pointe de son arme sur la gorge nue et grisâtre. Les étincelles léchèrent le menton du Sindel alors que les larmes qui coulaient de sous son casque tombaient en grésillant sur sa lame de foudre.

"Loi de Valyus, Précepte Numéro Quatre. "Tu pardonneras celui qui t'implore sincèrement." As-tu envie de te repentir ?

- Jamais je ne m’abaisserai à un affront pareil ! cracha sans hésiter son adversaire.

- Loi de Valyus, Précepte Numéro Trois.... la lame de foudre se dissipa après avoir traversé de part en part la gorge découverte du Sindel. "Si le grondement n'est point suffisant, tu abattras alors ton juste courroux comme la foudre divine s'abat sur le profanateur." "


Modifié en dernier par Akihito le lun. 11 févr. 2019 17:17, modifié 1 fois.

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Akihito
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Re: Les Rues

Message par Akihito » lun. 11 févr. 2019 17:13

Dans le chapitre précédent...

Deuxième Arc : L’art de faire parler la Foudre

Chapitre X.2 : Fuite en terrain hostile

Le corps du Sindel s'effondra, sans vie. Il venait encore de prendre une vie consciente, mais cela lui faisait de moins en moins d'effet. Et ça le terrifiait presque d'en arriver à pareil constat.

(C'est bien beau d'en arriver à ce genre de réflexion humaniste, mais tu crois pas qu'il y a plus urgent ?!)

(Oui tu as raison... Je dois pas traîner ici.)

De sa main gauche, Akihiko alla chercher sa gourde magique contenant des doses de potions de guérison. Portant la gourde à ses lèvres, il imagina mentalement boire la-dite potion et un liquide épais et sucré coula dans sa gorge, avec un goût de miel. Aussitôt, la douleur refoula pour n'être plus qu'une gêne passable. Il essaya de faire bouger ses doigts mais la douleur revint alors au galop, lui arrachant une grimace. S'il avait stabilisé la blessure, il n'en était pour autant pas débarrassé. L'enchanteur fouilla rapidement les poches de son adversaire, regardant s'il y avait quoi que ce soit d'intéressant. Il trouva un stylet coincé sous l'un de ses gantelets de cuir clouté, rangé dans un étui probablement prévu à cet effet. Le stylet était compacte et sa pointe dangereusement vicieuse serait une arme de dernier secours des plus salutaires. Il attacha l'étui à son propre gant renforcé droit, se servant par la même occasion comme d'une attelle pour que sa mains bouge le moins possible. Le reste de la fouille ne donna rien de neuf, Akihiko ne voulant pas récupérer le casque emplit de sang du Sindel. L'armure était trop lourde pour qu'il s'en encombre et les deux armes bien trop voyantes, surtout pour un fugitif. Ses jambières en revanche... Se servant de son stylet nouvellement acquis, il découpa les jambes de pantalon du défunt pour récupérer plus facilement ses jambières sans sa main blessée. Il y arriva et fourra ces dernières dans son paquetage, attendant de pouvoir les enfiler. Il utilisa les jambes de tissu pour se fabriquer un bandage de fortune qui stabilisa un peu plus la blessure, alla rengainer la Kizoku-Rana et mit sur son dos son paquetage, passant les bretelles en faisant attention à ne pas toucher sa blessure encore fraîche.

Avec sa "petite" taille mais son imposante carrure, Akihiko était sûr de se faire repérer par n'importe quel garde de la ville. Se fondre dans la foule était alors à oublier. Et aux vues de la hauteur des murs et de l'accent prononcé mit sur la sécurité de la ville, il doutait qu'un quelconque passage dérobé existe. Avec les gardes à sa recherche, il ne faudrait pas non plus beaucoup de temps pour que les Sindels d'Air Gris soient informés qu'il est un fugitif. Il n'avait donc que deux choix : soit sortir et atteindre un Cynore avant que la nouvelle ne se propage, ou se cacher, attendre que tout se calme et tenter sa chance dans une autre ville pour l'embarcation.

(Survivre seul en territoire hostile, sans aide ni provision, au coeur d'une forteresse... C'est tout simplement impossible.)

(Il va falloir que je trouve une façon de sortir et vite...)

Akihiko se mit alors en route, vers un quartier que Tanaêth lui avait pourtant déconseillé mais qui s'avérait ironiquement sa meilleure option : le Quartier des déshérités. Au milieu de la pauvreté et des déshérités, des parias rejetés par la ville, il aura moins de chance de se faire avoir. Du moins, c'est ce qu'il espérait. La rue sur laquelle il débouchait était calme, mais les gardes ne tarderaient pas à ratisser la zone en voyant qu'il n'est pas dans la demeure de Tanaëth. S'arrêtant à chaque coin de rue, le jeune homme ne se pria pas pour courir lorsqu'il était seul, marcher d'une marche rapide et la capuche rabaissée lorsqu'il croisait des habitants qui le dévisageaient tous sans se douter qu'il était recherché. Mais le voyant dans l'enceinte des murs, ils pensaient sans doute qu'il y avait une raison pour que les gardes l'aient laissé passer. A plusieurs reprises, Akihiko entendit le bruit du claquement des bottes de la garde de Nessima venir d'une rue adjacente. Il se précipitait alors pour s'engouffrer dans une ruelle, attendant que la patrouille passe ou la contournant, toujours en se déplaçant en direction de l'est. Malgré son empressement, il remarquait d'ailleurs que petit à petit, les rues devenaient moins propres, les bâtiments moins immaculés, avec plus de bois que de pierre. Cela le conforta dans sa direction.
Il bénit aussi les constructeurs de Nessima pour l'avoir garnie de petites ruelles visant à briser la progression en ordre de bataille d'une quelconque force d'invasion. C'était le terrain idéal pour évoluer dans la cité sans se faire repérer. La démarche silencieuse de Akihiko lui permettait de faire attention à ce qui l'entourait et prévoir les arrivées inopinées. Jusqu'à ce que cette technique ne lui soit pas d'un grand secours. En effet, en voulant échapper à une énième patrouille, l'ynorien s'engagea dans une rue parfaitement droite, sans embranchement, et avec une cohorte de soldats la descendant. Elle descendait au pas de course celle-ci, pour une raison que Akihiko ignorait et dont il n'avait de toute manière pas envie de connaitre la raison. Sans ruelle par laquelle s'éclipser, il chercha avec panique un endroit où se cacher avant de se résigner et de se diriger vers une porte sur sa droite, menant à une maison. Il baissa la poignée et avec une joie non dissimulée, vit que la porte n'était pas verrouillée. Il se rua à l'intérieur de la maison et referma la porte en s'adossant à celle-ci. Une surprise de taille l'attendait devant ses yeux, surprise qui était pourtant parfaitement normale: entrer dans une maison non verrouillée, c'était plus ou moins le gage de se trouver dans une maison avec ses occupants à l'intérieur.
Et, en l'occurrence, une occupante.
Qui le regardait d'un air incrédule.
Dans le plus simple appareil.

(Mais bordel, par toutes les foudres de Valyus, pourquoi ça doit toujours tomber sur moi ce genre de truc ?)



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Tanaëth Ithil
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Re: Les Rues

Message par Tanaëth Ithil » mar. 17 sept. 2019 23:29

Alors que je regagne la rue, j'aperçois plusieurs soldats, visiblement passablement remontés, entourant un Shaakt qui brandit un document en une vaine tentative d'apaiser les militaires. Sans aucun doute serais-je fortement surpris de voir un Elfe Noir ici si je ne côtoyais Yliria depuis pas mal de temps et n'étais au courant de l'appel lancé par mon épouse mais, en l'occurrence, je m'approche davantage par curiosité qu'autre chose. Mais, parvenu à quelques mètres du rassemblement, je me fige avec incrédulité : je connais ce Shaakt! Il me faut une seconde pour me souvenir que c'est sur Izurith que je l'ai rencontré et que, si j'ai bien failli lui trancher la tête de prime abord, je me souviens aussi et surtout que j'avais fini par l'apprécier. Je m'avance alors d'un pas assuré en intervenant sèchement :

"Holà, que se passe-t-il ici? Je connais cet Elfe et je me porte garant de lui, obéissez aux ordres de Sylënn par Sithi!"

Les gardes sursautent à mon injonction et se retournent vers moi avec la visible intention de me remettre à ma place, mais le doute s'insinue dans leurs yeux dès qu'ils découvrent à qui ils ont affaire. Ils hésitent durant quelques instants, mais la dureté de mon regard et, surtout, le fait que je sois l'époux de Sylënn, finissent par les décider à lâcher l'affaire. Ils ne tardent pas à s'éloigner après m'avoir vaguement salué et le Shaakt, aussi surpris que les gardes de mon apparition, me remercie alors avant d'ajouter:

"Ton épouse m’a dit que tu ne serais pas là avant un long moment."

"Pas de quoi, je suis ravi de voir que tu as survécu à Izurith... Et de fait, j'avais prévu une assez longue absence, mais une découverte inquiétante m'a contraint à revenir ici en urgence."


"Izurith n’existe plus. Les canons ont fait feu. Je ne peux pas l’expliquer mais quand la déflagration m’a touché je me suis retrouvé inconscient dans les environs. Une patrouille m’a ramené ici et j’ai demandé à te voir en espérant m’en tirer, sans même savoir que tu étais connu ici."

Mon sang se glace dans mes veines à cette nouvelle. Ainsi ils ont échoué... ô Sithi... combien de centaines, de milliers des miens exterminés? Aurais-je pu les sauver si j'étais resté? Aurais-je eu le pouvoir de changer le destin? Vaines questions, je ne le sais que trop bien, et pourtant... luttant contre les remords qui m'envahissent, le visage maintenant semblable à un masque sombre et dur, c'est à peine si j'entends Hechta ajouter avec un rictus :

"Je ne pensais pas tomber sur ta femme. J’ai eu de la chance au moins elle a cru mon histoire. En t’attendant je me suis proposé de l’aider avec ces évènements étranges qui ont eu lieu par ici."

Après quelques secondes de silence, nécessaires pour que je retrouve un brin de contenance, je lui rétorque pensivement :

"Sylënn ne cesse de m'étonner... voilà quelques mois elle était aussi raciste que la plupart de mes compatriotes et la voilà qui fait appel à des étrangers pour régler nos problèmes, c'est... surprenant. Enfin, c'est une chance pour toi, et pour mon Ordre. Mais tu dis que tu m'attendais? Que puis-je pour toi?"


Il s'étonne que je ne me souvienne pas lui avoir dit de venir me trouver s'il souhaitait un jour mettre fin aux Matriarches Shaakts, ce qui me fait intérieurement grimacer. Puissances que j'étais naïf à l'époque... aujourd'hui je doute d'avoir seulement le pouvoir d'ébranler le joug du Clergé de Sithi au sein de mon propre peuple, alors faire changer le système qui régit les Elfes Noirs...Réprimant un soupir, je lui réponds calmement :

"Je n'ai pas oublié. Mais je crains qu'elles ne soient pas le problème principal à ce jour... d'une part parce que la situation ici est sur le point de virer au vinaigre, et d'autre part parce que je viens de recevoir une lettre extrêmement inquiétante du Duc de Luminion. Je peux me tromper, mais jamais il n'aurait fait appel à moi si de très graves événements ne touchaient le royaume Kendran et son duché. Et connaissant la situation là-bas pour y avoir passablement combattu, je redoute fort qu'Oaxaca ne reparte en guerre."

Un bref silence, puis j'ajoute :

"Mais si j'ai bien compris, tu t'es engagé à agir ici, non?"

Hechta hoche la tête pour le confirmer et précise :

"Oui. Elle m’avait dit que tu aurais des choses plus importantes à faire. J’ai dit que j’aiderai et je compte le faire. J’espère montrer que je n’ai rien à voir avec les autres Shaakts et qu’on pourra ensuite me faire confiance. Nos chemins se recroiseront plus tard."

Sans doute n'est-ce qu'utopie, les Elfes Noirs sont puissants, leur culture ancienne et profondément enracinée mais, à défaut de jamais parvenir à ébranler notoirement leurs royaumes, je suis largement capable d'étêter quelques-unes de leurs dirigeantes. Je l'ai déjà fait, à une époque où j'étais loin de posséder les capacités dont je dispose aujourd'hui. Et puis, une parole est une parole :

"Je l'espère, il me tarde comme toi de mettre un terme à la domination des Matriarches Shaaktes. En attendant, je te serai personnellement redevable, si tu nous aides à résoudre la crise qui menace mon peuple. Sache que mon ordre possède une commanderie ici même, la demeure Ithil, que tu trouveras dans le quartier de la noblesse. Tu y trouveras abri et appui, si besoin, je m'en assurerai, et sa dirigeante saura toujours où me trouver. Tu as d'ailleurs dû croiser l'une de nos membres, une jeune semi-Shaakte nommée Yliria? C'est une amie chère en qui j'ai totale confiance. Elle aussi t'aidera si tu lui dis venir de ma part."

Haussant un sourcil à l'énonciation du nom de mon amie, Hechta déclare qu'il pense savoir de qui je parle et qu'il se souviendra du refuge dont je viens de lui parler. Pour l'heure il pense plus sage de quitter Nessima, ce que je ne peux qu'approuver car mes compatriotes sont encore loin d'être tous prêts à accepter des Shaakts dans notre cité, preuve en est la scène qui vient de se jouer. Il ajoute que je ne lui serai pas redevable longtemps, si je l'aide à faire s'effondrer les cités de son peuple. Un service contre un service, conclut-il en souriant. Lui souriant en retour, je lui tends la main :

"Marché conclu. Sois prudent et tâche de ne pas trop tuer de Sindeldi, même s'ils se comportent parfois comme des imbéciles. Enfin, tu as l'habitude, après notre première rencontre, pas vrai?"

"Je te qualifierais plus d’imprudent que d’imbécile...", me rétorque-t-il avant de serrer ma main tendue et m'inviter à ne pas hésiter de tuer tout ce qui ressemble à un Shaakt. Et cela d'autant plus que si Oaxaca entre à nouveau en guerre comme je le crains, il est inévitable que Caix Imoros tente tôt ou tard d'en profiter. Je pourrais lui faire remarquer que tous les Shaakts ne méritent pas la mort, si j'avais agi comme il le préconise il ne serait pas là aujourd'hui, mais je me contente de hocher la tête, tout comme lui, avant que nous ne reprenions chacun notre chemin. Tout en me dirigeant vers la commanderie, je songe que la vie est décidément pleine de surprises, si des Elfes Noirs se mettent à apporter leur aide à des Sindeldi et réciproquement.

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Arkalan
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Re: Les Rues

Message par Arkalan » jeu. 19 sept. 2019 08:18

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Sortir seul dans les rues de Nessima était une erreur. Les regards se tournent vers moi, méfiants, hostiles, haineux. Des regards que je connais, que j’ai l’habitude de voir. Mais ici c’est particulier, je suis dans une cité d’elfe gris, un quartier où il y a un garde tous les deux mètres. J’avance en baissant la tête, gardant mon document officiel en main pour éviter un coup de lance malheureux. J’aperçois face à moi un groupe de gardes lourdement armés qui s’approche d’un pas rapide. Je sens que ce groupe ne vient pas seulement m’arrêter, il y a quelque chose de mauvais dans leur regard. Impossible de fuir et hors de question de me défendre, je ne peux que subir et espérer m’en tirer sans trop de dégâts. Je brandis devant moi mon autorisation de circuler et garde l’autre main en évidence, loin de mes armes.

« Halte ! »

Crie l’un d’eux alors que je suis déjà immobile. Une main percute mon torse pour me pousser en arrière. Je recule mais ne tombe pas ce qui a l’air d’ennuyer mon interlocuteur. Ses trois collègues m’encerclent pendant qu’il fixe mon laisser-passez, sans doute la seule chose qui fait que je suis encore en vie pour le moment. J’en profite pour m’expliquer.

« Je suis mandaté par la commandante Sylënn’tar Ithil pour une mission complexe et je souhaite simplement me rendre à l’armurerie pour... »

« Mensonge ! Comment notre commandante pourrait autoriser un Shaakt à circuler en ville ! »

Crache-t-il avec dédain en me coupant la parole avant de continuer.

« Encore de la manipulation fourbe et lâche. »

« C’est très insultant... »

Rétorquais-je avec une certaine pointe de cynisme. Une pointe de trop peut-être, celui qui semble être le chef du groupe porte la main à son épée, prêt à la brandir. Une voix sèche l’interrompt dans son geste et lui ordonne de me laisser tranquille. Aussi surpris que les gardes, je reconnais Tanaëth qui s’était approché d’un pas rapide. Les gardes m’observent, observent Tanaëth, s’observent entre eux avant de finalement s’écarter avec des regards furieux. Je les laisse s’éloigner avant de remercier mon ancien compagnon de voyage.

« Merci. Ton épouse m’a dit que tu ne serais pas là avant un long moment. »

Il m’avoue qu’il est ravi de voir que j’avais survécu à Izurith et admet qu’il avait prévu une longue absence mais qu’une découverte inquiétante l’a contraint de revenir. J’ignore s'il me parle de tout ce que nous a raconté Sylënn mais j’ai un doute. Il y a autre chose qui le préoccupe. En tout cas je juge nécessaire de le prévenir de la tournure qu’a pris notre voyage sur un autre monde.

« Izurith n’existe plus. Les canons ont fait feu. Je ne peux pas l’expliquer mais quand la déflagration m’a touché je me suis retrouvé inconscient dans les environs. Une patrouille m’a ramené ici et j’ai demandé à te voir en espérant m’en tirer, sans même savoir si tu étais connu ici. »

J’ajoute avec un rictus.

« Je ne pensais pas tomber sur ta femme. J’ai eu de la chance au moins elle a cru à mon histoire. En t’attendant je me suis proposé de l’aider avec ces événements étranges qui ont eu lieu par ici. »

Tanaëth garde le silence alors que son visage s’assombrit. La nouvelle de la chute d’Izurith semble terriblement l’affecté. Il répond ensuite que la commandante ne cesse de l’étonner. Il me raconte qu’il y a quelques mois elle était aussi raciste que les autres. Il me demande ensuite ce qu’il peut faire pour moi.

« Tu ne te souviens pas ? Tu m’avais dit de venir te trouver si je souhaitais mettre fin aux Matriarches Shaakt. »

Il m’assure qu’il n’a pas oublié mais qu’il a un problème plus préoccupant. En plus des problèmes locaux il me dit avoir reçu une lettre inquiétante du duc de Luminion le faisant redouter qu’Oaxaca reparte en guerre. Il garde le silence un instant, me laissant le temps de réfléchir sur ce qu’il vient de soupçonner. Si Oaxaca part en guerre, Caix Imorhos, sous son joug, va profiter de la moindre faille venant de la demi-déesse. Une situation préoccupante qui pourrait déclencher une guerre terrible qui se répandrait sur tous les continents. Gwadh, Khonfas, Caix Imorhos, des cités qui contiennent d’innombrables elfes noires dirigés par des Matriarches qui attendent le bon moment pour prendre ce qu’elles veulent, absolument tout. Tanaëth sort de son mutisme et me questionne sur les engagements que j’ai pris ici. J’hoche la tête.

« Oui. Elle m’avait dit que tu aurais des choses plus importantes à faire. J’ai dit que j’aiderais et je compte le faire. J’espère montrer que je n’ai rien à voir avec les autres Shaakts et qu’on pourra ensuite me faire confiance. Nos chemins se recroiseront plus tard. »

Il l’espère et m’affirme qu’il est impatient de mettre un terme aux manipulations des Matriarches. Il me dit qu’il me sera redevable si j’aide à résoudre la crise qui menace son peuple. Il m’apprend également que son ordre possède une commanderie dans la cité et m’indique où la trouver. Il m’affirme que j’y trouverais un abri et de l’aide. Il m’apprend que la semi-Shaakte masquée est une amie chère en qui il a confiance et qu’elle aussi pourrait m’aider si je lui dis venir de sa part. J’hausse un sourcil, en reconnaissant la description de la jeune femelle mais je ne m’attendais pas à ce que les deux-là soient amis. A croire que Tanaëth a une attirance pour tout ce qui a une peau foncée.

« Je pense savoir de qui tu parles. J’ignore si nous prenons le même chemin mais je me souviendrais de la demeure Ithil en cas de besoin. Pour l’instant je pense qu’il est plus prudent pour moi de quitter cette cité le plus rapidement possible. Tu n’auras pas à m’être redevable bien longtemps si tu peux m’aider à faire s’effondrer les cités Shaakt. Un service contre un service. »

Concluais-je en souriant. Tanaëth sourit à son tour et me tend la main sous les regards mauvais des gardes à bonne distance qui continuent de me surveiller. Il me demande d’être prudent et de ne pas tuer trop de Sindeldi même s'ils se comportent parfois comme des imbéciles. Il plaisante sur le fait que je dois avoir l’habitude après notre première rencontre.

« Je te qualifierais plus d’imprudent que d’imbécile... »

Jouer à un jeu de séduction avec une femelle Shaakt et s’endormir au milieu d’un désert était en effet plus qu’imprudent mais un imbécile ne s’en serait pas sorti. Je lui serre la main avant de poursuivre.

« De ton côté n’hésite pas à tuer tout ce qui ressemble à un Shaakt. Si Oaxaca entre à nouveau en guerre comme tu le dis, il est inévitable que les Matriarches de Caix Imhoros tentent d’en profiter tôt ou tard. »

J’incline la tête après cette mise en garde et continue mon chemin vers l’armurerie.

>>>

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Aeglos
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Re: Les Rues

Message par Aeglos » dim. 22 sept. 2019 16:42

Vagabonder dans les rues propres et pavées de Nessima lui faisait un bien fou, jamais n'aurait-il pensé que le royaume de Sarindel lui manquerait à ce point. Ses émotions se battaient en duel, il ne savait guère penser de tout cela. A la fois heureux et effrayé d'être de retour chez lui, il était également furieux en sachant à présent qui dirigeait ce royaume. Il connaissait le régent, tout du moins de réputation, car il ne laisse personne d'un rang inférieur à lui l'approcher. Son mépris envers les roturiers et les pauvres était connu de tous, tout autant que son goût immodéré pour les festivités alcoolisées et le luxe décadent qu'il affectionnait. Il était l'exemple type du nobliau qui non seulement n'offrait que mépris envers son pauvre, mais également était le plus parfait des incompétents pour mener une politique correcte.

Si de tels individus arrivaient au pouvoir, c'était uniquement pour le bénéfice de l'Ithil Taerym et de son épouse. Aeglos ne comprenait pas pourquoi le conseil royal de Tahelta l'avait laissé faire. Il savait que le conseil ne pouvait légitimement se rebeller contre le dirigeant officiel du Naora, mais tout de même, le choix de régent aurait pu être différent.

Avançant dans les rues, bifurquant vers d'autres rues de Nessima, il dut parfois demander poliment son chemin à quelques gardes sindeldi pour qu'ils l'orientent en direction de la zone d'embarquement des cynores. Il n'avait jamais été dans la cité militaire et en dépit du fait que l'architecture et la composition de cette ville ressemblait à Tahelta, il y avait quelques différences qui le freinaient à atteindre sa destination.

S'assurant que son pendentif était bien caché, il se dirigea donc vers la zone d'embarquement du cynore qui le mènerait à Tahelta.

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Gamemaster7
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Re: Les Rues

Message par Gamemaster7 » mar. 24 sept. 2019 10:43

Émergence : màj pour Aeglos


Alors qu'Aeglos traversait la cité pour rejoindre la zone d'embarcation, il put assister à diverses scènes qui, sans doute peu ou pas visibles à des étrangers, pouvaient sembler étranges. Ici un cordonnier fixait d'un regard dur et colérique un noble qui passait, sans paraître se soucier d'être vu. Là, un petit groupe de modestes Elfes Gris était réuni et conférait à voix basse, s'assurant régulièrement que nul n'approchait. Certaines échoppes et demeures étaient fermées, à une heure où il était coutume qu'elles soient ouvertes. Des soldats en armes patrouillaient un peu partout, ce qui en soi n'avait rien d'étrange en cette cité martiale par excellence, mais la tension marquée sur leurs traits, elle, pouvait surprendre.

Plus loin il surprit les bribes d'une conversation entre deux femmes :

"... nouvelle attaque… partis pour le sud, au moins un millier…"

"...mon fils, rappelé alors qu'il était en permission…"

Quelques rues plus loin, des officiers examinaient les fortifications séparant deux quartiers, la porte permettant de les franchir était à moitié fermée et plus solidement gardée qu'il ne paraissait nécessaire. Simples précautions? Préparatifs méticuleux consécutifs à des informations dont Aeglos ne disposait pas? Difficile à dire en l'état, mais quelque chose de pas net couvait indubitablement au sein de l'austère Nessima. Au Mage de décider que faire de ses observations...


*****
Gains et récompenses :

Aeglos : interaction avec Llyann : 0,5xp ; Total : 0,5xp
Autre: ajout de la récompense de Guilde : bâton de mage (arme magique à deux mains, Niv. 11) et diadème (armure légère, Niv. 11)

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Aeglos
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Re: Les Rues

Message par Aeglos » sam. 28 sept. 2019 00:08

La tension prenait corps au sein de la cité militaire, des troupes lourdement armées patrouillaient au milieu des rues. Les recrues, certaines plus jeunes que lui, arboraient un visage tendu par le stress, la peur de mourir et l'ignorance de ce qui allait se passer au cours prochaines jours. Les habitants semblaient sur le qui-vive, inquiets pour leur progéniture envoyé sur le front. Gaëren'tar Ethariel avait sans nul doute réquisitionner le moindre soldat encore en permission pour participer à l'effort de guerre dans le sud. Plus il s'enfonçait au coeur de la cité, plus il remarquait un nombre important d'échoppes et de maisonnées fermées et parfois barricadées. Tout le monde avait peur et le climat était délétère.

Il entendit deux sindeldi, deux femmes, discuter brièvement de leurs enfants, l'une affirmant que de nouvelles attaques avaient eu lieu dans le sud tandis que l'autre se plaignait que son fils tout juste rentré devait repartir protéger la frontière près du désert du Naora. Il remarqua un noble parmi la foule composée presque exclusivement de militaires et un cordonnier assis non loin qui regardait celui-ci avec véhémence. La pauvreté et les privilèges de certains avaient tôt fait de créer des rébellions et il fallait éviter ce phénomène au sein du royaume de Sarindel, l'un des plus riches territoires sur Yuimen. De telles révoltes étaient suffisamment dangereuses pour l'ordre public de Nessima et pour les pauvres qui décidaient de se révolter en pleine période trouble.

Au-delà de la vie quasi quotidienne de la cité, rythmée telle une horloge, son regard se fixa presque immédiatement sur le comportement étrange de gradés de l'armée de Nessima qui s'assuraient de la fortification des séparations entre les quartiers. Suivant du regard leur manège, il remarqua que les soldats se préparaient à fermer en partie les portes du mur séparant les quartiers de la cité militaire. Il espérait que les plus pauvres seraient invités à se réfugier à l'intérieur et ne seraient pas confinés dans leur quartier sous ordre du gouverneur. Laissant pour le moment les manoeuvres des officiers, il s'approcha du cordonnier.

- Les nobles désirent la guerre, parce qu'ils n'ont jamais eu besoin de guerroyer au cours de leur vie faste. Combien de paires de chausses avez-vous dû rafistoler pour envoyer nos sindeldi à nouveau près du désert ?

Le prêtre appuyait son dos contre l'une des maisonnées en fixant par intermittence le cordonnier.

- Je m'appelle Aeglos au passage, je ne suis de retour que depuis quelques jours à Nessima. Vous avez une idée de ce qui se passe en ce moment, à part la guerre qui semble nous menacer ? Y-a-t-il d'ailleurs quelque chose que je puisse faire pour vous aider, emballer vos affaires, vous conduire vers les quartiers du centre ?

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Gamemaster7
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Re: Les Rues

Message par Gamemaster7 » sam. 28 sept. 2019 12:52

Émergence : màj pour Aeglos


Le cordonnier, un Sindel dans la force de l'âge aux cheveux gris foncés coupés courts et au regard argenté, fronça les sourcils aux premières paroles d'Aeglos et lui rétorqua :

"Je ne répare pas les chausses, messire, je suis cordonnier, pas couturier. L'armée possède ses propres artisans, elle ne nous confie aucun travail."

Une lueur de méfiance dans les yeux, il examina le mage des pieds à la tête alors que ce dernier se présentait et posait de nouvelles questions, puis lui répondit d'un ton sourdement empli de colère :

"Ce qui se passe? Rien de très inhabituel : le gouverneur a levé un nouvel impôt ce matin et déployé les soldats pour le récolter."

Il jeta un coup d'œil vers les officiers qui examinaient les murailles puis ajouta en haussant les épaules :

"Allons, messire, vous savez bien que les petites gens ne sont pas admises dans les quartiers de la noblesse ou de l'armée. Et pourquoi voudrais-je m'y rendre? C'est ici que j'habite. Mais qui êtes-vous au juste? L'un des Ithilausters arrivés hier de Tahelta?"

De toute évidence il ne considérait pas Aeglos comme l'un de leurs, aucun artisan n'aurait eu les moyens de s'habiller aussi richement que l'était le mage et le cordonnier se méfiait visiblement de lui comme de la peste.


*****


HJ : possibilité de poursuivre la discussion en aparté sur discord, si tu le souhaites.

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Re: Les Rues

Message par Aeglos » dim. 6 oct. 2019 14:19

La discussion avec le cordonnier prit une tournure plutôt embarrassante pour l'ex-diplomate et actuel prêtre de la Dame de Glace qui n'avait plus, pour ainsi dire, l'habitude de fréquenter des roturiers. Peut-être qu'à force de fréquenter des nobles à la cour de Tahelta ou ceux qui existaient alors sur Izurith, Aeglos avait perdu de sa spontanéité et de la maîtrise de leur langage. Quoiqu'il en soit, il était mal à l'aise face au cordonnier qui lui rappela qu'il n'était pas couturier et que de toute manière, les armées bénéficiaient de leurs propres artisans. Des siècles passés à bouquiner, à prier religieusement sa Déesse tutélaire et à échapper aux Ithilausters aux ordres de l'Ithil Taerym n'aidaient pas non plus.

Son attention se reporta sur son interlocuteur qui, colérique et méfiant, lui cracha que le gouverneur avait à nouveau décidé de lever des impôts pour financer sa campagne militaire. Gaëren'Tar Ethariël faisait encore des siennes, ce qui n'était guère étonnant vu le personnage. De ce qu'Aeglos se rappelait et avait entendu à son propos, c'était un sindel méprisant mais efficace. Dans tous les cas, Aeglos ne cacha pas l'étonnement suite à cette révélation. La guerre ne faisait que couver que déjà le gouverneur employait leurs soldats à rançonner de pauvres artisans qui payaient déjà les erreurs politiques de leurs actuels dirigeants. Une part de lui voulait réconforter le sindel, lui affirmer que toute irait bien une fois le retour du prince Naémin et de la princesse, mais n'était-ce pas un doux mensonge qu'il se racontait pour ne pas avoir à affronter la pauvreté et la précarité des siens ? Est-ce que sous le règne du roi et de la reine légitime du royaume de Sarindel, les pauvres avaient-ils une meilleure vie ? Sans doute, mais cela ne pardonnait pas le traitement que les nobles réservés aux roturiers. A force de les fréquenter, il en avait oublié sa position initiale et il s'était déjà fourvoyé étant jeune sur son nouveau statut.

Lorsqu'Aeglos lui fit remarquer qu'il serait mieux au sein des murailles protégeant la cité militaire, mais il ne fit, après avoir examiné les officiers qui gardaient les murs, qu'une simple et amère constatation : les pauvres n'étaient pas admis parmi les nobles et l'armée. Ses questionnements eurent tôt fait de lui retomber dessus lorsque le cordonnier lui demanda s'il était un Ithilauster. Grands dieux que non, il n'en était pas un ! Il cacha sa colère et son amertume derrière un masque froid et faussement poli.

- Non, je ne suis pas un Ithilauster, je fais parti du groupe d'étrangers dépêchés par la commandante. Cela ne fait de moi qu'un citoyen concerné par la prospérité et la sécurité du royaume de Sarindel et de ses habitants. J'ignorais que le gouverneur avait déjà levé les impôts alors même qu'une guerre peut être encore évitée. J'aimerai savoir, pourquoi toutes les échoppes sont fermées alors qu'il n'y a aucun danger direct ? Qu'est-ce qui se passe à Nessima ? Navré de toutes ses questions, mais je rentre d'un long périple de deux siècles et voir ce qui se passe ici ne me rassure nullement.

L'air encore méfiant, il répliqua qu'il y avait eu une émeute à Tahelta récemment. Des sindeldi étaient morts et à présent les autorités n'avaient qu'une crainte, que cela commence à Nessima également.

- Est-ce que vous connaissez la raison d'une telle émeute ?

Le ton de sa voix était plus bas que d'habitude, presque séducteur pour qu'il se concentre sur lui. Ses doigts avaient formés discrètement des signes en tapotant sur son nouveau bâton. Il était assez discret pour user ainsi de sa magie. La réponse déchira le coeur d'Aeglos qui aimait profondément son peuple. Guerre, réfugiés des autres mondes mal accueillis et pauvres qui vivaient pire que des Eruïons dans leur baraquement. Tout cela ne pouvait pas durer et il désirait les aider. Il ne savait juste pas encore comment.

- Je vous remercie. Que Sithi vous protège.

Il en avait assez entendu pour que son sang bouillonne de rage de voir son peuple réduit à cela. Il y a des millénaires, ils avaient été un grand peuple, cultivé et sage. Aujourd'hui, ils n'étaient que des êtres suffisants qui ne s'occupaient même plus des leurs. Il avisa un instant les gardes, puis les dépassa pour se rendre en direction de la piste d'atterrissage des cynores. Sa mission lui rappelait au moins une chose: sa place n'était plus à vagabonder à travers le monde, sa place le commandait à aider son peuple au sein du royaume.

Suite

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Gamemaster6
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Re: Les Rues

Message par Gamemaster6 » dim. 19 avr. 2020 18:38

Émergence : màj pour Sibelle et Jorus

Visiblement pressés de faire leur rapport, les deux aventuriers quittèrent donc la commanderie sans aucune difficulté, mais les choses se corsèrent rapidement à la première patrouille Sindel. Ces derniers dévisagèrent Jorus et Sibelle puis, sans un mot, s'approchèrent et les encerclèrent.

- Nous avons ordre de vous conduire auprès de Sylenn'tar Ithil. Vous pouvez garder vos armes et vos effets, mais au moindre geste suspect, cela ne tiendra plus.

N'attendant pas la réponse, la patrouille les encadra et les fit avancer sous bonne garde. Visiblement ils n'allaient pas être accueillis à bras ouvert. Ils furent conduis dans le silence jusqu'au bâtiment de la garde militaire où leur présence n'allait pas passer inaperçue.

La suite ici
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Quand on l'appelle, il apparaît !!
Et il reste, alors gare !

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Tanaëth Ithil
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Re: Les Rues

Message par Tanaëth Ithil » sam. 16 janv. 2021 18:40

Tandis que les quelques nantis descendus du Cynore se dirigent vers la porte sud, réservée à "l'élite" du royaume, c'est vers celle de l'est que je me dirige pour ma part. Passer par les quartiers pauvres rallongera certes mon chemin, mais je veux voir de mes yeux la situation dans laquelle se trouvent les plus démunis après cette guerre qui a ensanglanté mon pays.

Franchir les murs de la cité n'est qu'une simple formalité, bien que les gardes soient plus nombreux et vigilants que dans mon souvenir ils s'écartent simplement en me faisant signe de passer. Rien de très étonnant à cela, mon équipement me rend reconnaissable à cent mètres et, si cela ne suffisait pas, la présence de Sinwaë à mes côtés renseignerait le plus obtus troufion sur mon identité. Si d'aventure je m'étais demandé ce que j'étais à leurs yeux, les murmures qui suivent mes pas se chargeraient de me l'apprendre : époux de la générale, seigneur de la famille Ithil, un maudit hérétique, un foutu noble ou encore le type qui a vaincu Athyërel, le champion de Nessima, les épithètes ne manquent pas, visiblement.

(Une chance que je n'aie pas caressé l'espoir de passer inaperçu), remarqué-je avec une légère moue de dérision à l'attention de ma Faëra.

(Tu t'attendais à quoi en passant par là ? Regarde autour de toi, tu es à peu près aussi discret qu'un paon dans une volière de corneilles.)

La comparaison n'est pas sans pertinence, la foule qui se presse aux alentours de la porte étant principalement constituée des miséreux habitant ces quartiers minables que je suis précisément venu observer. Mettraient-ils tous leurs biens en commun qu'ils n'auraient pas encore les moyens de se payer une seule pièce de l'armure que j'ai sur le dos... Bien sûr il n'y a là rien de nouveau sous le soleil, il y a toujours eu des pauvres à Nessima, des Sindeldi crevant de faim pendant que d'autres s'empiffrent de mets fins venus de l'autre bout du monde et se parent de bijoux dont le moindre nourrirait toute cette populace pendant un mois. Mais l'évidence me frappe avec la force d'un coup de masse : ils sont beaucoup plus nombreux qu'il y a quelques années.

La guerre n'a pas seulement fait des milliers de morts, elle a aussi engendré quantité d'estropiés, notamment des soldats qui se sont bravement battus pour protéger notre pays et qui, une fois devenus incapables de se battre, reçoivent en guise de reconnaissance une pension misérable bien insuffisante pour nourrir correctement leur famille. A cela s'ajoutent tous ceux qui ont dû fuir les campagnes environnantes et qui ont tout perdu lors du conflit. Combien ont vu leurs fermes ou leurs élevages brûler, leurs champs dévastés par le passage des armées ? La perte des récoltes et le siège ont par ailleurs dû mettre à mal l'approvisionnement de la ville, mais à quel point ? A en juger par l'apparence famélique de bon nombre de mes compatriotes la pénurie semble avoir été sérieuse, impression que les rares étals presque vides que je peux voir ne font que renforcer.

En théorie le fertile domaine de Thilîn a les capacités nécessaires pour subvenir aux besoins de Nessima si nécessaire, mais en pratique je sais pertinemment que c'est une autre histoire : les navires de transport de marchandises sont peu nombreux, les conditions de navigation au Naora étant ce qu'elles sont, ce qui signifie que la plupart des denrées doivent être amenées par Cynore. Or le transport par ce moyen coûte cher, du grain devrait être vendu dix fois son prix initial pour couvrir les frais, ce qui n'aurait aucun sens puisque seule une infime minorité d'habitants pourrait se l'offrir. Bien sûr le royaume pourrait aisément financer l'approvisionnement nécessaire, mais si les puissants de Tahelta se souciaient des pauvres, cela se saurait depuis le temps. Ils ne se préoccupent déjà pas de ceux de leur propre ville, alors espérer qu'ils s'inquiètent pour ceux de Nessima...

(Peut-être que le retour de Naémin changera les choses), remarque doucement ma Faëra, (et tu sais bien que Sylënn ne s'en fiche pas, elle a dû prendre des dispositions.)

(Naémin changera peut-être les choses un jour, mais pour ça il faudra tout d'abord qu'il mette de l'ordre dans ce nid de vipères qu'est la cour. Nous aurons bien de la chance s'il ne finit pas assassiné avant la fin de l'année... Quant à Sylënn, oui, sans doute fait-elle ce qu'elle peut. Mais Nessima n'a jamais été une cité riche et prospère, en simplifiant un brin c'est une grande caserne militaire qui dépend massivement de Tahelta au niveau financier. Et en temps de conflit c'est l'armée qui passe en premier, toujours. Elle a très probablement les mains liées, d'autant plus que sa nomination n'a pas dû être au goût de tout le monde.)


(Et donc ?)

(Et donc quoi ?)

(Hey, pas à moi, Bien-Aimé !)

(Humpf. Que veux-tu que je te dise ? Je n'ai pas les moyens de nourrir des milliers de gens, mais de tous les Enfants de Sithi ce sont certainement eux qui ont le plus besoin d'aide et de protection. Alors je ne sais pas comment, mais je vais faire en sorte que leur situation s'améliore. C'est bien pour ça que Sithi m'a "engagé", pas vrai ?)

Sindalywë ne répond rien, mais il n'est pas besoin de mots pour que je ressente son approbation. Des années durant je me suis battu à l'autre bout du monde en pensant ainsi remplir la tâche que m'a confiée notre Mère, alors même que des Sindeldi vivaient dans la plus noire misère et mourraient de faim au sein même de notre pays. La guerre a sévi jusque dans ma ville natale, et je n'étais pas là. C'est les joues assombries de honte que j'achève la traversée du véritable bidonville que sont les quartiers est ; chaque regard envieux, colérique ou, pire encore, éteint, qui se pose sur moi est aussi douloureux qu'une flèche dans le corps ; chacun de ces regards est un cri dénonçant mon échec, ma stupidité et mon orgueil. Mais pas question de me morfondre, j'avais bien assez donné dans ce domaine. Je me suis battu pour les Hinïons d'Hidirain, pour les Thorkins de Rock Armath, pour les Humains Kendrans et les Eruïons ; je vais maintenant lutter pour mon peuple et honorer, enfin, le serment que j'ai fait à Sithi.

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Tanaëth Ithil
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Re: Les Rues

Message par Tanaëth Ithil » dim. 17 janv. 2021 19:44

A l'approche de la porte permettant de rejoindre la place d'honneur depuis les quartiers pauvres, je m'immobilise soudainement. Elle a toujours été gardée, manants et autres étrangers n'étant pas les bienvenus dans les quartiers militaires ou de la noblesse, mais d'aussi loin que je me souvienne cette tâche n'a jamais requis plus d'une demi-douzaine de soldats. Or ils sont au bas mot le double, présentement, et tous si jeunes que du lait maternel leur sortirait du nez si on le pressait...

(Pfuuu, t'as quoi ? Trente ans de plus, et encore, pas de quoi faire le malin), ricane Sindalywë.

Je hausse les épaules avec un léger sourire ; elle a raison bien sûr, n'empêche que j'ai la ferme impression qu'une éternité s'est écoulée depuis ma formation d'Hirdam. Qu'est-ce que ce sera quand j'aurai deux ou trois millénaires...

(Ne t'inquiète donc pas pour ça, téméraire comme tu es ce serait surprenant que tu vives aussi longtemps mon Bien-Aimé), insinue ma Faëra d'un ton moqueur.

(En parlant de témérité), lui rétorqué-je en me retournant pour observer la rue piteuse par laquelle je viens d'arriver, (je crois que j'ai une idée.)

(Qu'est-ce que... Ah non ! Tu vas t'attirer des ennuis plus gros que toi !)

(Mais non voyons, c'est le moment idéal.)

(Sylënn va t'écorcher vif. Enfin, en admettant que Llyann ne le fasse pas avant.)

(On verra ma belle, on verra...)

Sans plus prêter attention aux récriminations de ma Faëra, je me dirige vers trois jeunes Sindeldi pouilleux qui viennent d'achever le déchargement d'une carriole tirée par une mule et les hèle calmement :

"Elle est à vous cette charrette ?"

Surpris, les trois Elfes se tournent vers moi et, soudainement méfiants, me jaugent de pied en cape avant que l'un d'eux ne me rétorque d'un ton peu assuré :

"Qu'est-ce que vous voulez ? Vous êtes qui ?"

"Peu importe qui je suis. Vous voulez gagner quelques yus ? J'ai besoin de vous et de votre carriole, ça ne vous prendra pas plus d'une heure ou deux. Alors ?"

"Ça veut dire quoi quelques yus ? Et c'est pour faire quoi ? On veut pas d'ennuis, messire, on en a bien assez comme ça."

"Cinquante yus pour deux heures de votre temps, ça vous semble correct ? Vous n'aurez aucun ennui, je vous en fais le serment devant Sithi."

Ils ont beau se consulter du regard à cette annonce, je sais déjà qu'ils ne refuseront pas. Si dérisoire que puisse me sembler cette somme, elle représente pour eux l'équivalent de plusieurs jours de salaire et leurs prunelles brillent de convoitise à la seule idée de l'empocher. Mais bien plus que l'argent, c'est la promesse solennelle que je viens de leur faire qui les persuade, aucun Sindel ne prononcerait à la légère un tel serment et ils le savent.

"C'est d'accord, mais on veut la moitié d'avance."

"Prudents, hein ? Vous avez bien raison", leur rétorqué-je en sortant vingt-cinq yus de ma bourse et en les déposant dans sa main tremblant légèrement de fébrilité. "Allons-y maintenant, si vous le voulez bien", ajouté-je en me dirigeant aussitôt vers les gardes interdisant l'accès à la place d'honneur.

"Messire... on a pas le droit de passer par là, nous autres", objecte l'un des jeunes d'un ton quelque peu penaud.

"Ah tu crois ça ? Eh bien, voyons toujours s'il y a des volontaires pour nous interdire le passage, je serais curieux de voir ça..."

Sans surprise, les freluquets de garde se mettent en travers de notre chemin lorsque nous approchons dudit passage, aussi rigides qu'à la parade et s'efforçant tant bien que mal d'avoir l'air impressionnants. L'un d'eux, leur caporal d'après l'insigne cousu sur son tabard, s'exclame d'une voix autoritaire :

"Halte ! Les gueux ne sont pas admis dans cette zone, messire. Quant à vous, déclinez votre identité et montrez-moi votre laissez-passer !"

"Des gueux, dites-vous ? J'ose espérer, caporal, que vous ne parlez pas en termes aussi insultants de vos frères ? Sithi serait certainement gravement offensée que vous ayez si peu de considération pour certains de ses Enfants."


L'officier fronce les sourcils à mes paroles, ne sachant visiblement pas trop comment les interpréter et pas davantage quoi répondre. Après un court mais pesant silence, il se décide enfin et réplique d'un ton qui se veut agressif mais qui ne parvient guère qu'à être plaintif :

"Qui êtes-vous ?! Je vous ai dit que vos... compagnons ne pouvaient passer, j'ai des ordres !"

Le pauvre, j'aurais presque de la commisération pour lui. Il n'a aucune envie d'offenser le noble que je suis incontestablement d'après ma mise, mais il ne souhaite pas davantage être réprimandé par son supérieur pour avoir commis une bourde en nous laissant passer. Avec une pointe de sadisme, je le laisse mariner quelques petites secondes, puis lui réponds enfin avec un infime sourire :

"Moi je dis que mes compagnons peuvent passer, caporal. Mais si vous préférez, nous pouvons aller demander confirmation à mon épouse, Sylënn'tar Ithil, je suis sûr qu'elle se fera un plaisir d'éclairer votre lanterne."

"Que... La générale est..."

"Mon épouse, oui, c'est bien ce que je viens de vous dire", le coupé-je aimablement. "Elle sera ravie d'apprendre que vous défendez si vaillamment notre belle cité contre vos frères et soeurs Sindeldi, je n'en doute pas un instant. Maintenant, à moins que vous n'ayez prévu de me faire perdre davantage de temps, auriez-vous l'amabilité de nous laisser poursuivre notre chemin ?"

Non sans bravoure, le soldat hésite encore un instant, m'examinant des pieds à la tête en quête d'un indice suggérant que je le baratine. Puis, après que l'un de ses hommes lui ait soufflé quelque chose à l'oreille, vaincu, il s'écarte du passage et fait signe à ses comparses de nous laisser passer en marmonnant d'un air très ennuyé :

"Désolé Seigneur, je..."

"Laissez tomber, caporal. Vous faites votre travail consciencieusement, c'est tout à votre honneur."

Ce qui l'est beaucoup moins, à mes yeux, c'est cette ségrégation envers les moins chanceux de notre peuple. Il n'y a, que je sache, aucune loi écrite stipulant que tel ou tel Sindel, sous prétexte qu'il est moins bien habillé que certains, a moins de droits que d'autres. Ce n'est qu'une foutue "coutume", une règle implicite édictée par quelques nantis qui ne veulent pas avoir sous les yeux les conséquences de leur avidité. Parce que si nous, les nobles, étions prêts à consacrer ne serait-ce qu'une fraction modeste de notre fortune aux plus démunis, aucun Sindel ne connaîtrait la faim. Au lieu de quoi nous amassons de telles richesses que, pour certains en tout cas, il devient impossible d'en faire le compte réel ; nous nous calfeutrons dans de fastueuses demeures, dégustons des aliments hors de prix venus de l'autre bout du monde, portons des tenues si onéreuses que ce que gagne un artisan durant toute son existence ne suffirait pas à en payer une seule. Et nous nous prétendons plus civilisés, évolués, que n'importe quel autre peuple de Yuimen ? La bonne blague...

Cela étant, j'ai beau être un invétéré utopiste, je sais fort bien qu'il y aura toujours des riches et des moins riches. Rien ne changera cela, mais peut-être est-il possible de faire en sorte qu'aucun Enfant de Sithi ne périsse d'inanition ou n'ait pour toute demeure qu'un tas d'ordures. Le chemin sera long, mais ne dit-on pas que tout voyage commence par un premier pas ?

Les trois jeunes démunis m'emboîtent promptement le pas lorsque j'entreprends de traverser la majestueuse place d'honneur de Nessima, cette place qu'ils n'ont jamais eu le droit d'arpenter avant ce jour. Les regards des soldats présents nous suivent, emplis de surprise, d'incrédulité et, parfois, de plus désagréables sentiments. Certains interviendraient sans doute, si quelques officiers ne me reconnaissaient et ne rappelaient sévèrement leurs ouailles à l'ordre. Je souris par-devers moi, certain que cette histoire parviendra aux oreilles de ma chère et tendre avant qu'une heure soit écoulée. Nos retrouvailles risquent fort d'être quelque peu houleuses, mais bon, ce ne sera ni la première ni la dernière fois...

Quelques minutes plus tard nous franchissons, sans encombre cette fois, la porte menant au quartier nord. Au rythme lent de la mule, nous parcourons une rue, puis une deuxième, jusqu'à celle qui rassemble la plupart des boulangers du quartier. Et contrairement aux bas-quartiers, ici les étals sont à peu près correctement achalandés.

(Tanaëth, ne fais pas ça...)

(Oh que si, ma belle. C'en est fini du temps où nous nous terrions comme des rats craintifs. Terminé, et plutôt deux fois qu'une.)

Ma Faëra soupire à fendre l'âme, me connaissant trop bien pour espérer encore me faire changer d'avis. Et puis, quoi qu'elle en dise je sens bien qu'elle n'est pas si opposée à mon idée qu'elle aimerait me le faire croire... Posément, je sors le cor que je trimballe depuis une éternité et, après avoir pris une ample inspiration, souffle dedans de toutes mes forces.

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Tanaëth Ithil
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Re: Les Rues

Message par Tanaëth Ithil » ven. 29 janv. 2021 14:43

La retentissante sonnerie fait joliment sursauter les Sindeldi présents qui, soudain inquiets, cherchent du regard la menace que laisse supposer le son ô combien martial de l'instrument; mais le plus surpris, cependant, est mon Ithilarthëa, qui gronde férocement en me montrant les dents afin, sans doute, de bien me faire comprendre à quel point ce genre de plaisanterie lui déplaît. Je le calme de quelques mots apaisants tout en le grattouillant entre les oreilles, puis fais face à la populace qui, ayant découvert d'où venait le vacarme et reculé précipitamment pour les plus proches, me lorgne avec des expressions très diverses : anxiété, curiosité, colère parfois et même, dans de rares cas, une hostilité ostensible qui me rappellerait, si besoin, que je n'ai pas que des amis ici. Sans attendre, les questions fusent, entremêlées d'assertions plus ou moins fondées :

"Qu'est-ce qui se passe ?"

"C'est qui celui-là ?"

"C'est le seigneur Ithil, l'époux de la générale !"

"Un maudit trublion, oui ! Hérétique à ce qu'on raconte !"

"N'importe quoi, il a vaincu Athyërel, notre champion, lors d'un Jugement de Sithi, j'y étais !"

"Et alors ?"

"Alors ce n'est pas un hérétique, Sithi aurait protégé Athyërel s'il l'avait été !"

"Vous voulez quoi ? On est attaqués ?"

Stoïque, je lève une main pour réclamer le silence qui, lentement, s'installe dans la rue marchande. Ce n'est que lorsque le calme est enfin à peu près revenu que je prends la parole d'une voix assez forte pour que tous entendent :

"Ne soyez pas inquiets, personne ne nous attaque. Si je me suis permis de troubler si bruyamment vos activités, c'est que je viens tout juste de traverser les quartiers de l'est et que je m'interrogeai : savez-vous ce qui se passe de l'autre côté de ce mur", leur demandé-je en désignant d'un doigt tendu la muraille qui sépare la ville ? "Savez-vous que, là-bas, de nombreux Enfants de Sithi vivent dans des taudis et n'ont pas de quoi se nourrir ?"

"Et alors ? Qu'est-ce qu'on y peut, nous ?"

"C'est vrai, va donc dire ça à ta femme, c'est à elle de les nourrir !"

"Y'a qu'à taxer correctement les nobles comme vous et plus personne n'aura faim !"


"Et comment ! Vous-même êtes plus riche que nous tous réunis ! Qu'est-ce que vous faites pour les pauvres, vous ?"

"Et pour nous ? Vous avez vu le prix du pain ?! Nous aussi on a du mal à nourrir nos familles !"

A nouveau il me faut réclamer, et attendre, un relatif silence avant de répondre en brandissant bien haut une petite pile de pièces d'or prélevées dans ma bourse pendant que chacun y allait de son commentaire :

"Voici un millier de yus, pour commencer", déclaré-je calmement avant de les tendre à l'un des jeunes démunis m'accompagnant : "achetez toute la nourriture que vous pourrez avec ça, et allez la distribuer à ceux qui en ont le plus besoin dans votre quartier."

Effaré, le jeune Elfe contemple un instant la somme faramineuse, à ses yeux, avant de s'en saisir en hochant lentement la tête d'un air quelque peu incrédule et de se diriger vers l'étal le plus proche. Quant à la foule, elle s'exclame à voix étouffées désormais, et l'étonnement a remplacé la colère dans de nombreux regards tandis que j'ajoute fermement :

"Je parlerai à ma dame, soyez-en assurés. J'enverrai mes navires chercher du grain, des fruits et des légumes à Cyniar et je ferai tout ce qui est en mon pouvoir afin que les prix redeviennent plus corrects, je vous en fais la promesse solennelle. Mais en attendant, n'aiderez-vous pas, si modestement que ce soit, ceux qui crient famine ? Offrez-leur un pain, une botte de carottes ou même une seule, et plus aucun enfant ne se couchera le ventre vide dans cette ville ! Ne sont-ils pas des Fils et Filles de Sithi, tout comme nous ? Allez-vous les laisser dépérir sans rien faire ? Que direz-vous à notre Mère quand vous vous présenterez devant elle ? Les riches ne faisaient rien, alors je n'ai rien fait non plus ? Croyez-vous que cela vous excusera d'avoir laissé vos frères et vos soeurs dans la misère ?"


Mon discours ne fait évidemment pas l'unanimité, certains préfèrent quitter les lieux d'un air agacé tandis que d'autres, plus virulents, m'interrogent sur ma légitimité à évoquer Sithi en ressassant cette réputation d'hérétique qui me colle à la peau. Mais d'autres, presque timidement, un peu honteusement même pour quelques-uns, viennent déposer un peu de nourriture dans la charrette, ou remettent quelques yus à l'un ou l'autre des trois jeunes qui m'accompagnent. Mais, alors que le véhicule se remplit peu à peu, une subite effervescence agite la foule à l’extrémité de la rue et une voix de stentor, sévère et hargneuse comme seul un gradé de l'armée sait la moduler, s'élève par-dessus le brouhaha ambiant :

"Qu'est-ce qui se passe ici ?! Circulez bon sang, dégagez le passage ! Où est l'hurluberlu qui a sonné du cor ?!"


"L'hurluberlu est ici", lancé-je d'un ton légèrement sarcastique à l'attention de l'officier qui accourt avec toute une escouade de la redoutée Garde Militaire. Fendant la presse à grands coups de jurons, de "dégagez marauds" et autres aménités du même acabit, le gradé s'approche et s'arrête à quelques pas de moi pour me toiser des pieds à la tête d'un air soupçonneux avant de s'exclamer :

"Voyez-vous ça ! Que Sithi me prive de gnôle si ce n'est pas ce garnement de Tanaëth Ithil ! Quel mauvais coup as-tu encore manigancé cette fois, jeune gredin ?!"

Surpris qu'il s'adresse à moi ainsi, il me faut quelques petites secondes pour le remettre :

"Sergent Caëler, cela faisait longtemps", lui rétorqué-je en le saluant d'un signe de tête.

"Pas assez pour que j'aie oublié le vaurien qui a tenté de voler un navire pour explorer le monde ! C'est quoi l'histoire cette fois ?! Pourquoi sèmes-tu le trouble avec ce cor ?"

Je ne peux m'empêcher de rire légèrement au souvenir de mes enfantines facéties, me rappelant sans mal que ce brave sergent m'avait ramené à mes parents en me traînant par l'oreille après que je me sois introduit en douce dans une galère militaire amarrée au port, non dans le but de la voler mais simplement pour jouer au capitaine.

"Je ne sème pas le trouble, sergent, j'organisai juste une collecte de nourriture pour les pauvres", dis-je en désignant d'un petit geste du menton la charrette où s'amassent peu à peu des vivres.

"Quoi ?! Mais sacrebleu, as-tu besoin d'alerter toute la ville pour ça ?! Je devrais t'offrir l'hospitalité de nos geôles une nuit ou deux pour t'apprendre à répandre la panique, sacripant !"

Adoptant un air faussement contrit qui ne trompe pas un seconde le vieil officier, je lui réponds à mi-voix, de manière à ce que lui seul entende :

"En parlant de troubles, auriez-vous la bonté de faire escorter ce chariot par quelques-uns de vos hommes ? Je crains un peu que des bagarres n'éclatent lors de la distribution et..."

"Par Sithi ! Tu ne manques pas d'audace ! Je parle de te jeter en cellule et tu me demandes..."

"D'éviter des problèmes en ville, sergent", le coupé-je en le fixant calmement, "n'est-ce pas le rôle de la Garde ? Ils manquent de tout dans le quartier est, est-il condamnable de vouloir soulager un peu leur misère ?"

"Humpf... j'imagine que non... mais sonne encore de ce cor et je te tirerai si bien les oreilles que tu pourras y faire des noeuds ! Suis-je bien clair ?"


"Limpide, sergent."

"A la bonne heure. Bon. Allez vous autres", grogne-t-il en s'adressant à ses hommes, "surveillez ce chariot et assurez-vous que ces vivres soient distribués sans qu'il y ait de blessés. Quant à vous", ajoute-t-il à l'attention de la populace, "donnez quelque chose si vous voulez ou retournez à vos occupations, mais dans l'ordre et le calme si vous ne voulez pas avoir affaire à moi !"

Ayant dit, l'officier me prend à part et déclare en me dévisageant gravement :

"Ce n'est pas à moi de te faire la leçon, Tanaëth, mais comme ton père n'est plus là pour s'en charger..."

La froideur qui emplit mon regard à l'évocation de mon traître de père ne lui échappe pas, aussi s'interrompt-il brièvement en fronçant les sourcils et, se méprenant sur l'origine de ce subit rafraîchissement visible dans mes prunelles, ajoute-t-il hâtivement :

"J'ai appris ce qui est arrivé à tes parents et j'en suis désolé, mais... bien des choses ont changé ici et..."

"Je sais", le coupé-je avec un petit geste impatient de la main, "que voulez-vous me dire au juste, messire Caëler ?"

"Surveille tes arrières, Tanaëth, ainsi que ceux de ta Dame. Ce qui s'est passé, son appel à des mercenaires étrangers, sa nomination à la tête de la cité, la paix avec les Eruïons, tout ça ne plaît pas à tout le monde. Vous avez de puissants ennemis au sein de la noblesse, du clergé et même de l'armée. Gaëren'tar Ethariël n'a jamais manqué d'amis et les partisans de l'anéantissement de nos ennemis ne sont pas rares ; certains feront tout pour que la guerre reprenne et que l'ancien général retrouve son pouvoir. Ajoute à ça le retour du Prince Naémin, le chaos politique qui en résulte, la menace toujours bien présente d'une nouvelle invasion de ces foutus Rakhaunens... il suffirait d'un rien pour que la situation dégénère à nouveau."


"Je vois...", lui réponds-je pensivement, "et qui sont nos ennemis au juste ? Le savez-vous ?"

"Je ne suis pas un seigneur, juste un simple soldat, et tu connais sans doute mieux que moi tes ennemis au sein de la noblesse. Mais je reviens tout juste du bagne et... un conseil : surveillez de près les troupes d'élite de Raynna, la guerre contre les Eruïons était leur raison de vivre. Tu les connais ?"

"Les Fils du Dragomélyn ? De nom et de réputation, mais je n'ai jamais eu affaire à eux. Ont-ils donc tant d'influence qu'ils soient une vraie menace ?"

"Que se passerait-il, selon toi, s'ils massacraient maintenant des Eruïons ?"

Ma première impulsion serait de lui répondre que Sylënn leur ferait goûter séance tenante aux joies de la vie de bagnard mais... j'ai parcouru le désert de Sarnissa et je réalise une fraction de seconde plus tard que ce serait loin d'être aussi simple. Aucun Sindel ne connaît le désert et l'Akuynra comme eux et envoyer des troupes régulières, ou même la Garde Militaire, dans cet enfer reviendrait à les envoyer à une mort certaine. Non, ils seraient insaisissables et les adversaires politiques de Sylënn auraient beau jeu de l'accuser d'incompétence. Et compte tenu du souk qui doit régner dans les hautes sphères de Tahelta avec le retour contesté du Prince exilé, bien malin qui pourrait dire comment les choses évolueraient...

"Nous aurions probablement une nouvelle guerre sur les bras, et possiblement de dangereux conflits internes", finis-je par admettre songeusement. "J'en parlerai avec Sylënn, bien que je suppose qu'elle est parfaitement consciente de la situation et a pris les mesures adéquates."

"C'est une rude guerrière et une habile stratège", convient l'officier, "mais elle est encore jeune et son tempérament...fougueux dirons-nous, pourrait lui jouer de mauvais tours."

J'ai toutes les peines du monde à retenir un immense éclat de rire à ces propos : je suis bien plus jeune qu'elle, et pour ce qui est de l'impulsivité...

(N'ayons pas peur des mots : elle est sage et patiente comparé à toi) complète obligeamment ma Faëra de son ton le plus narquois.

(J'apprécie toujours le réconfort et le soutien que tu me témoignes, Bien-Aimée), riposté-je en grimaçant intérieurement tout en hochant sobrement la tête en guise d'assentiment à l'attention du sergent.

Quoi qu'il en soit, la charrette étant maintenant lourdement chargée et solidement accompagnée par quelques Gardes Militaires, je remercie l'officier pour ses conseils et l'escorte, puis ajoute à l'attention des trois jeunes des bas-quartiers et de la populace encore présente :

"Sithi n'oublie aucun de ses Enfants, jamais. Ne croyez pas ceux qui prétendent qu'elle est morte pour nous permettre de fuir notre monde d'origine il y a des millénaires de cela : c'est un mensonge éhonté. Je vous l'affirme : elle est vivante et veille toujours sur nous. Gardez l'espoir, dans l'ombre du Crépuscule elle agit pour guider notre peuple vers un avenir meilleur. Mais si elle nous montre la Voie, c'est à nous de choisir de l'emprunter ou, au contraire, de l'ignorer. Rappelez-vous qu'à ses yeux et dans son coeur tous ses Enfants sont égaux. Ne tolérez pas que l'un d'entre nous souffre de faim, vive dans la misère ou soit rejeté ; dressez-vous contre les injustices, protégez ceux qui ne peuvent se prémunir eux-mêmes car alors seulement, le jour venu, pourrez-vous vous présenter la tête haute devant Sithi."

Si beaucoup semblent dubitatifs, ou pensifs, je ne sais trop, à l'écoute de ces paroles, quelques invectives fusent également, mais quoi d'étonnant ? Le joug et les diktats du Clergé n'ont guère faibli malgré les récents événements. La crainte est visible dans de nombreux regards, non pas du jugement de notre Mère mais des représailles potentielles d'une institution religieuse corrompue qui ne se maintient au pouvoir que parce que nous l'y autorisons par notre silence et notre inaction. Comme tous j'ai craint les tout-puissants Ithilausters, le châtiment terrible du bagne qui s'abat sur quiconque ose remettre leur mainmise sur le peuple en cause. Comme tous, ou presque, je me suis tu, j'ai fui et, ce faisant, j'ai indirectement cautionné ces prêtres véreux, la misère dans laquelle ils relèguent bon nombre de Sindeldi, les Enfants de Sithi condamnés à agoniser lentement à Raynna pour avoir osé contredire le pouvoir en place.

Mais je suis las de laisser une minorité de pourris façonner mon pays et mon peuple. J'avais peur de l'exil, mais ne me suis-je pas exilé tout seul des années durant ? La crainte du bagne ? J'y suis allé et j'ai survécu. J'avais peur de la mort, aussi, mais quel sens cette crainte pourrait-elle bien avoir maintenant ? J'ai l'impression d'avoir vécu une multitude d'existences et, surtout, je sais que Sithi est bel et bien réelle, que je la rejoindrai lorsque mon temps sur ce monde sera achevé. La seule vraie question qui mérite désormais d'être posée est simple : pourrai-je la regarder droit dans les yeux, avec le sentiment d'avoir été intègre et d'avoir honoré la parole donnée, lorsque cela arrivera ? L'avenir le dira, mais je ne courberai plus l'échine devant des prêtres capables de prétendre que Sithi est morte pour justifier leurs actes méprisables. Nous traversons une période troublée, certes, mais pour autant que je sache nulle autre n'a jamais été aussi propice à l'avènement d'une nouvelle société Sindel depuis que nous sommes arrivés sur Yuimen. A condition que Naémin survive et monte sur le trône, évidemment, car s'il était assassiné et que l'un ou l'autre des grands pontes du Clergé vienne à ceindre la couronne... Eh bien, il ne resterait plus qu'à trouver un nouveau monde, je suppose.

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