La Garde Militaire de Nessima

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Yuimen
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La Garde Militaire de Nessima

Message par Yuimen » sam. 6 janv. 2018 13:52

La Garde Militaire de Nessima

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Il n'y a pas de milice à Nessima, mais une garde militaire, établie dans le quartier ouest de la ville, au coeur des casernements de l'armée. Contrairement aux milices du Naora, elle ne dépend pas directement de Tahelta, mais du chef des armées stationnées dans ce haut-lieu militaire Sindel. Son rôle principal est de maintenir l'ordre en ville, ce qui implique bien souvent de devoir remettre au pas des soldats en bordée, une tâche souvent des plus ardues car les protagonistes sont presque toujours systématiquement armés et bien entraînés. Il va donc de soi que seuls des soldats Sindeldi seront engagés dans cette garde et que leurs capacités martiales seront rigoureusement éprouvées avant qu'ils ne se voient confier la moindre mission.

Par ailleurs, les Gardes Militaires interviennent fréquemment en soutien de l'armée régulière pour contrer les récurrentes incursions des Eruïons ou des bannis échappés de Raynna. A noter également que la grande majorité de ceux qui sont condamnés au bagne sur l'ensemble du Naora transitent par Nessima, son aire d'embarcation aérienne étant la plus proche de Raynna. La Garde Militaire a donc également pour charge d'escorter les condamnés jusqu'à leur destination finale, un voyage extrêmement risqué que seuls les plus endurcis devraient tenter.
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Arkalan
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Re: La Garde Militaire de Nessima

Message par Arkalan » mar. 20 août 2019 11:40

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Quand je reprends conscience, je peux discerner plus loin une citadelle perchée sur un promontoire qui s’enfonce vers la mer. L’heure matinale plonge ses murs d’enceintes immenses dans une brume qui donne l’impression que la cité flotte en partie au-dessus de l’eau. Je me sens traîné, des pressions fermes à chaque épaule. J’entends mes pieds frotter contre le sol et je sens le choc contre les rochers du sentier au relief irrégulier.

Devant moi marche d’un pas militaire un elfe en armure. Une armure de bonne facture et bien entretenue à en juger sa propreté. Il en est de même pour ses armes. Un arc de bonne facture et une épée sur laquelle il garde une main avec fermeté. Si une pointe de terreur m’a traversé le dos j’ai heureusement vite remarqué que ce n’était pas un Shaakt. Trop grand déjà pour commencer. Des cheveux sombres et le peu de peau visible que je peux voir sur son visage quand il tourne la tête possède une teinte grise. Un Sindel, tout comme Tanaeth, j’imagine qu’il possède la même rancœur que lui envers les Shaakts. Qui ne hait pas les elfes noires de toute façon ? Même moi je veux les voir disparaître. Je ne peux pas contrôler un grognement de douleur quand je bouge la tête pour dégourdir ma nuque. Deux autres Sindels se tiennent à mes côtés, l’un de chaque côté, c’est eux qui me traînent fermement par les aisselles. Eux aussi me dépassent de deux bonnes têtes et sont lourdement équipés. Aucune réaction de leurs parts quand je reprends connaissance si ce n’est un raffermissement sur leurs prises. Nous continuons notre route en silence vers la cité.

Plus tard dans la journée, nous approchons des portes de la cité. Fortement gardés et renforcés, visiblement conçus pour résister à n’importe quel assaut. Les gardes de la porte sont équipés de la même manière que ceux qui m’accompagnent si ce n’est qu’à la place de l’arc et de l’épée ils portent une lance et un long bouclier marqué d’un emblème que je ne connais pas ; deux lances croisées avec un sceptre sur un fond noir et gris. Nous passons la porte après qu’ils aient échangé quelques mots. J’ignore où je suis exactement mais à l’intérieur de la cité fourmillent d’autres Elfes gris ce qui me laisse penser que je suis quelque part sur Naora. Un continent inconnu pour moi, trop dangereux de se promener sur un sol où de nombreuses batailles ont eu lieu entre gris et noirs. Je m’étonne d’ailleurs d’être encore en vie. Nous traversons un quartier militaire où nous passons devant de nombreuses casernes et places d'entraînements. Il me semblait que la guerre était terminée pourtant les soldats semblent très actifs.

Nous approchons d’un bâtiment un peu plus grand que d’autres dans lequel nous entrons sans être interpellés. Nous descendons des escaliers et peu de temps après je suis jeté dans un cachot toujours sans un mot. La porte de la cellule se referme dans un claquement lourd. J’attends que les pas cliquetants des gardiens s’éloignent avant de me redresser. Prisonnier, presque une habitude pour moi. Les cellules Sindeldi sont bien plus confortables que celles Shaakt. Assez spacieuse pour une seule personne, pas de cadavres des précédents prisonniers oubliés. Même pas une petite infiltration d’eau. Je fais l’inventaire de ce qui reste sur moi. Plus d’armes évidemment. Ils m’ont également retiré mes pièces d’armures en cuir, révélant ainsi mes nombreuses cicatrices sur mon torse, mes bras et mon visage. Il ne me reste plus que mon pantalon pour combattre la fraîcheur souterraine. Plus de sac dont plus de rations, plus d’eau. J’espère que quelqu’un va revenir me voir avant que je ne meure de faim.

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Arkalan
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Re: La Garde Militaire de Nessima

Message par Arkalan » mar. 20 août 2019 15:12

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Le temps passé en cellule me laisse le temps de réfléchir aux derniers événements de manière plus posée. Izurith est désintégrée, une étrange femme m’a sauvé en m’emmenant ici, m’évitant ainsi de mourir à cause de la déflagration du canon. Est-ce qu’elle m’a envoyé ici dans un but précis ou est-ce une pure coïncidence ? J’ai du mal à le croire. Ça aurait pu être pire cela dit. J’ai évité une apparition sur un territoire Shaakt. Je me souviens d’autre chose, la femme avait fait référence à un œuf que je devais protéger. L’œuf à ses côtés était immense, bien trop grand pour être transporté. Était-il apparu au même endroit que moi ? Peut-être que les Sindels l’ont vu. Protéger cet œuf était une condition pour mon sauvetage. Un tas de questions se soulèvent dans mon esprit à ce sujet mais je les mets de côté pour l’instant, plus préoccupé par ma situation actuelle. Je suis depuis des heures à moitié nu dans une cellule, au milieu d’une cité fortifiée. Je n’ai aucune idée de ce qu’ils me veulent et je dois avouer que je commence doucement à être inquiet.

Le souvenir de Tanaeth et sa camarade Kay me revient en tête. Ils étaient prêts à nous décapiter, moi et l’odieuse femelle qui était là, dès les premières secondes. Seule la présence des sœurs Kobayashi nous a sans doute permis de garder une vingtaine de centimètres en plus. Pourtant au fil de notre voyage il s’était presque installé une certaine confiance entre moi et ces deux Sindels. Au point que Tanaeth me propose de le recontacter pour s’en prendre aux Shaakt. Je gratte ma joue balafrée en soupirant. Est-ce que je pouvais utiliser ça comme un ticket de sortie ?

C’était risqué. Premièrement est-ce que ce combattant est connu ici ? Si c’est le cas est-ce qu’il est bien vu ou est-ce que sa réputation me ferait remettre en cellule pour un siècle ? Enfin, qui me dit qu’il se souviendrait de moi, qu’il désirait toujours mon aide pour une coopération ou alors qu’aux côtés de ses semblables il n’aurait pas honte d’avoir traité avec un elfe noir et préférerait nier me connaître. Ça ferait de moi un Shaakt intrus et menteur. Je tapote du bout des doigts le sol irrégulier de ma prison. Je ne pense pas avoir de meilleure option. Expliquer que je viens d’un autre monde et que je me suis fait téléporter ici pour prendre soin d’un œuf me semble... osé.

Je sursaute. Une porte claque dans les couloirs et des pas se rapprochent. Je me redresse et recule vers le fond de la cellule. La porte s’ouvre avec fracas et me laisse apercevoir trois elfes gris. Éblouis par la torche que l’un d’eux porte, je mets en avant mon avant-bras pour soulager mes yeux. Un moment d’inattention qui profite à un garde qui me frappe à l’estomac. Un coup qui me coupe le souffle et me met à genoux. Un sac en toile sombre est immédiatement mis sur ma tête et un autre coup percute ma mâchoire. Je suis ensuite traîné comme lors de ma venue. Je sens dans mes chevilles les marches de l’escalier qui mènent à l’étage. Toujours sans un mot, la seule chose qui brise le silence c’est moi qui tousse et suffoque en tentant de reprendre mon souffle. Une autre porte s’ouvre vers une pièce qui semble plus éclairée que les cachots. Je peux le deviner car je perçois la lumière à travers le sac qui me couvre le visage. Je suis installé de force et sans ménagement sur une chaise chaude qui me parait être en pierre. Mes pieds sont enchaînés, mes poignets également avant que le sac me soit retiré de la tête.

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Arkalan
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Re: La Garde Militaire de Nessima

Message par Arkalan » mar. 20 août 2019 17:41

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" Qui êtes-vous ? Que venez-vous faire ici ? "

Je peine à garder les yeux ouverts pour observer mon interlocutrice. Nous sommes en effet dans une pièce bien éclairée. Pour cause, c’est la lumière du jour qui est pointé vers mon visage. Une position bien inconfortable pour un Shaakt mais qui explique aussi la chaleur du siège sur lequel je suis installé et peut être même le temps que j’ai attendu dans l’obscurité de ma cage. Seule la voix me permet d’identifier, celle qui me parle, comme une femelle. Je grommelle et essaie de tourner la tête pour ne plus prendre de plein fouet la lumière du soleil. Une initiative que je regrette bien vite, un poing s’écrase contre mon estomac et ma tête et immédiatement redressée puis pointée en direction de l’astre par une poigne ferme venant de derrière moi. Je tousse, pousse un râle tandis que la femelle répète la question.

" Je ne suis pas un ennemi. "

J’entends un soupir méprisant, suivie d’une main gantée qui m’ouvre la lèvre inférieure. Elle poursuit.

" La patrouille vous a retrouvez échoué sur la plage à l’ouest d’ici. Ils pensent que vous êtes un banni de Raynna qui s’est échappé. "

Raynna. Ce nom je le connais. Une ancienne cité Shaakt devenue un bagne immense où y sont enfermés à vie tout ceux qui déplaisent aux elfes gris. Un endroit sans foi ni loi, situé au milieu d’un désert brûlant.

"Mais j’ai vu votre équipement. Ce n’est pas celui d’un banni. Armes et armures de bonne qualité. Rations de voyage. De l’eau, des potions et une bourse plus que pleine !"

Je distingue la silhouette féminine se rapprocher pour se mettre entre moi et la lumière.

" Si les bannis partaient tous d’ici avec un tel sac, le bagne serait une destination de rêve. Alors je répète : Qui êtes-vous et que venez-vous faire ici ? "

" Vous avez raison je ne suis pas un banni. Mon nom est Hekell. "

Protégé partiellement de la clarté, je peux mieux voir à qui je m’adresse. Il s’agit bien d’une femme, elfe grise, équipée de la même manière que ceux qui m’ont ramené ici. Un visage à l’expression sévère. Une chevelure blanche nouée en deux nattes nouées une fois encore à l’arrière de son crâne. Derrière elle se tient deux autres gardes, un mâle et une femelle. Derrière eux, une large table en bois où je peux voir mes affaires.

" Si vous n’êtes pas un banni vous êtes un espion. " tranche elle avec mépris.

Elle fait signe à un autre garde derrière moi qui dégaine sa lame.

" Non ! Non ! Attendez ! Je suis à la recherche d’un Sindel ! "

Le garde derrière moi maintient sa position, lame dégainée, la pointe posée sur mon épaule. Celle qui dirige m’interroge du regard après avoir observé le Sindel derrière moi.

" Tanaëth. Tanaëth Ithil. Il m’a dit de venir le trouver si je souhaitais me débarrasser des matriarches Shaakt."

D’après les réactions des gardes, il ne s’agit pas d’un inconnu. Ils échangent entre eux des regards étonnés, des moues dubitatives. Celle qui commande refait un signe de tête. Je ferme les yeux en craignant le pire tout en continuant à me préserver d’une décapitation.

" Mon bateau a échoué et je me suis réveillé sur la plage. Il m’avait donné rendez-vous en Imiftil mais il n’y était pas. Je pensais pouvoir le trouver plus facilement sur ce continent. "

J’entends le bruit de la lame pénétrant le fourreau ce qui me fait rouvrir les yeux.

" Est-il ici ? "

Demandais-je.

" Nous devons tirer tout ça au clair." déclare celle qui me fait encore face d’une voix mêlant méfiance et mépris.

" En attendant vous resterez en cellule. "

Je n’ai pas le temps d’incliner la tête qu’un sac est remis dessus et qu’à nouveau je suis traîné jusqu’aux cachots en attendant de savoir si ma vie va se terminer de la main d’une Sindel. Au moins ce ne serait pas de celle d’une femelle Shaakt.

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Re: La Garde Militaire de Nessima

Message par GM Apprenti 1 » mer. 21 août 2019 12:14

Intervention pour Arkalan

Un long moment s'écoule avant que la porte de la geôle ne s'ouvre à nouveau et qu'une voix, différente de celles qu'Hekell avait entendues jusque là n'ordonne abruptement :

"Retirez-lui cette damnée capuche."

Outre les deux gardes l'ayant sommairement interrogé un peu plus tôt, une grande Sindel aux longs cheveux noirs et au froid regard vert pâle scrute attentivement le prisonnier. Munie d'une magnifique armure d'écailles dorées et d'une longue cape noire au col orné de plumes de même teinte, armée de deux épées longues et de dagues de la meilleure facture, elle dégage une aura de puissance et d'autorité peu commune indiquant clairement qu'il ne s'agit pas d'une simple garde.


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Après quelques secondes d'observation attentive, elle remarque pensivement:

"Vous n'êtes pas un Eruïon. Laissez-nous vous autres."

Une fois que les deux gardes se sont éloignés, elle reprend en fixant durement Hekell :

"Alors comme ça vous prétendez connaître le seigneur tar'Ithil? Que lui voulez-vous? Et expliquez-moi comment vous êtes arrivé jusqu'ici, pendant qu'on y est."

Se penchant légèrement vers lui, elle ajoute d'un ton sévère et sourdement menaçant :

"Je vous conseille vivement de me raconter quelque chose de plus plausible que cette absurde histoire de navire échoué, Shaakt, aucun bateau ne croise dans les eaux du Naora hormis les nôtres. Prenez-moi pour une imbécile et votre tête ornera le haut d'une pique avant la fin du jour…"
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De l'autre côté du miroir... Mais je vous aiderai sans vous décevoir !
GM en apprentissage, dégagez le passage !

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Re: La Garde Militaire de Nessima

Message par Arkalan » mer. 21 août 2019 14:04

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De longues heures s’écoulent encore. Cette fois ils n’ont pas pris le temps de retirer le sac sur ma tête, entendre ma respiration rauque retentir dans la petite pièce aux murs nues me met mal à l’aise et m’empêche de me reposer convenablement. J’entends soudainement des pas approchés. Ma porte s’ouvre et une voix autoritaire ordonne de me retirer ma cagoule alors que je détournais déjà le visage, prêt à reprendre gratuitement un coup. Un nouveau visage fait son apparition, il ne s’agit clairement pas d’un simple garde cette fois. Une aura d’autorité se dégage d’elle. Parée d’une armure dorée et d’une longue cape, le regard froid, elle ordonne aux deux autres de partir après avoir déclaré que je n’étais pas un Eruïon. Une fois en tête à tête elle me fixe durement et me demande des explications. Si je connais vraiment celui qu’elle nomme le seigneur tar’Ithil, ce que je lui veux et la réelle manière que j’ai utilisé pour venir jusqu’ici. Elle précise bien qu’elle ne croit pas une seule seconde à l’histoire du navire échoué. Selon elle, aucun navire ne peut naviguer autour de l’île hormis ceux des elfes gris.

J’affiche un léger sourire quand elle me demande de raconter quelque chose de plus plausible et j’explique finalement :

" Je ne sais pas si vous allez trouver ce que je vais vous dire plus plausible. Mais je vous assure que c’est la vérité. "

Je marque une courte pause pour prendre une grande inspiration avant de commencer.

" J’ai rencontré votre seigneur Ithil, Tanaëth, sur un autre monde nommé Izurith. Nous avions tous les deux une mission qui consistait à éviter qu’une guerre n’éclate. Je ne lui veux rien, disons plutôt que nous partageons un but commun, celui d’en finir avec les matriarcats Shaakt. Quand il a été contraint de quitter ce monde avant moi, il m’a proposé de le retrouver sur Yuimen dans ce but. Quant à la façon dont j’ai atterri ici... "

J’ai un rire nerveux qui s’échappe en trouvant moi-même tout cela improbable.

" Izurith n’est plus. Le monde est réduit en cendres par un type d’arme que Yuimen ne connaît pas et dont la puissance est si grande qu’elle est capable de dévaster des continents entiers. J’ai été sauvé par une inconnue et elle m’a téléporté là où vos patrouilleurs m’ont retrouvé. Je vous jure que c’est la vérité. "

Je maintiens mon regard violet dans son regard vert et glacial. J’ai dit la vérité, j’espère qu’elle sera assez maline pour me croire.

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Modifié en dernier par Arkalan le dim. 22 sept. 2019 10:18, modifié 2 fois.

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Re: La Garde Militaire de Nessima

Message par GM Apprenti 1 » mer. 21 août 2019 21:28

Intervention pour Arkalan


L'Elfe grise garde le silence durant de longues secondes après l'improbable récit d'Hekell, sans manifester la moindre émotion susceptible de révéler le cours de ses pensées. Enfin, elle lâche d'un ton dangereusement neutre :

"Vous êtes bien téméraire, ou fou, pour oser me débiter pareil conte."

D'un geste autoritaire de la main elle incite le Shaakt à ne pas l'interrompre et ajoute avec un vague sourire :

"Mais il semblerait que vous ayez une chance indécente : Tanaëth est mon époux et il m'a vaguement parlé de cet autre monde nommé Izurith. Aussi vais-je vous croire. Pour l'instant."

Elle dégaine alors l'une de ses dagues en précisant :

"Je vais vous rendre votre liberté. Faites en sorte de ne pas me le faire regretter, sieur Hekell..."

Après avoir rapidement tranché les liens de l'Elfe Noir, elle s'écarte de quelques pas et reprend :

"Cela étant, Tanaëth est parti en expédition dans le désert voilà déjà bien des jours. J'ignore quand il reviendra, si tant est qu'il revienne, mais je crains fort qu'il ait actuellement d'autres préoccupations que de combattre le Matriarcat de votre peuple sur de lointains continents. De sombres événements semblent se préparer au Naora et rien ne lui importe davantage que les siens."

Tout en faisant signe à Hekell de la suivre jusqu'à l'endroit où est entreposé son matériel, qu'elle l'invite à récupérer, la Sindel ajoute pensivement :

"Toutefois, si vous le désirez, je peux vous mettre en contact avec l'une des dirigeantes de l'ordre auquel il appartient. Je sais qu'ils ont des relations sur Nirtim et en Imfitil, sans doute sera-t-elle en mesure de vous aider si elle le juge pertinent. Accessoirement elle pourra aussi vous offrir l'hospitalité durant votre séjour à Nessima, la ville n'est pas sûre pour vous, bien que des ordres aient été donnés pour que les étrangers soient tolérés s'ils viennent nous apporter leur aide. A moins bien sûr que vous ne préfériez regagner immédiatement un autre continent, auquel cas je peux vous faire conduire à la zone d'embarcation."

Partir immédiatement? Rester et tenter d'en apprendre plus sur le mystérieux ordre ou sur les événements qui semblent agiter ce royaume méconnu de la plupart des habitants de Yuimen? A Hekell de décider que faire de ces paroles sibyllines et des propositions faites.
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De l'autre côté du miroir... Mais je vous aiderai sans vous décevoir !
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Re: La Garde Militaire de Nessima

Message par Arkalan » jeu. 22 août 2019 00:50

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Quand mon interlocutrice m’annonce d’un ton neutre que je suis téméraire ou fou pour oser raconter de telles histoires! un sourire apparaît sur ma défigure. Je suis sur le point de lui dire que je l’avais prévenue mais elle me coupe la parole d’un geste avant que je m’exprime. Avec un vague sourire elle m’explique être l’épouse de Tanaëth et qu’elle a entendue parler d’Izurith. Elle m’a bien eu, elle s’est montrée bien plus intelligente que la majorité des femelles que j’ai croisé. Cela me déstabilise, je ressens à la fois méfiance et respect envers elle. Elle dégaine une de ses sublimes dagues pour me défaire de mes liens en me priant de ne pas le lui faire regretter.

Enfin une chose qui tourne bien dans mon existence, il m’aura fallu un peu plus de quatre siècles et jamais je n’aurais pensé que cela viendrait d’une femelle. Hélas tout n’est pas rose, elle m’annonce dans la foulée alors qu’elle m’invite à la suivre que Tanaëth n’est pas en ville et qu’elle ignore quand il sera de retour. Elle ajoute que des événements graves se préparent sur le continent et qu’il ne se préoccupera pas des matriarches Shaakt tant que son peuple ne sera pas en sécurité. J’incline la tête en plissant un œil, me demandant quel genre d'événements peuvent troubler un peuple comme les Elfes Gris. Elle me guide vers une salle où je peux récupérer mes affaires et je m’assure que rien ne manque ou ne soit abîmé avant de le reprendre. Je m’équipe sans attendre, cachant mon torse et mes épaules balafrés sans plus tarder. Elle poursuit en attendant, déclare que si je le désire, elle peut me mettre en contact avec une dirigeante de son ordre. Elle précise qu’elle pourrait m’offrir l’hospitalité ici, la ville n’étant pas sûre pour moi. Je ne peux m’empêcher de lâcher un léger rire cynique. Elle ajoute que si je préfère regagner un autre continent, elle peut m’accompagner jusqu’à la zone d’embarcation. J’incline la tête vers elle pour la remercier.

"Je vous remercie mais je pense qu’ici est le lieu où je suis le plus en sécurité car c’est sans doute ici qu’il y a le moins de prêtresse Shaakt accompagnés de leurs serviteurs écervelés. Aucune ville n’a jamais été sûre pour moi, je sais éviter les problèmes. Je me tiendrais à carreau."

Je marque une pause, me permettant une réflexion plus poussée. Attendre Tanaëth ici pourrait durer des mois, voire des années. Ce n’est pas le temps qui me manque mais cette Sindel n’a pas complètement tort. Une mauvaise rencontre est vite arrivée. De plus, s'il est occupé ici, nous ne pourrons pas nous occuper des Shaakts. Je me gratte la joue d’un air curieux avant de m’exprimer.

"A quel genre de problèmes êtes-vous confrontés ? Je peux peut-être me rendre utile et de cette façon vous prouver ma bonne foi."

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Modifié en dernier par Arkalan le dim. 22 sept. 2019 10:21, modifié 2 fois.

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Asterie
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Re: La Garde Militaire de Nessima

Message par Asterie » jeu. 22 août 2019 09:42

Voilà plusieurs mois que ma vie a pris un cours tout autre que celui qu’il avait jusqu’ici. Les recherches de mon jumeau n’ont rien donné, lors de notre expédition sur l’Île Interdite, et les dangers de l’endroit ont fini par avoir raison de nous. Aliéron et moi sommes revenus sur nos pas, rentrant à Kers. Si dans les premiers temps qui ont suivi, nous avons gardé contact, il s’est petit à petit fait plus distant, retournant à sa vie d’avant, parmi les siens. À moins que ça ne soit moi qui m’en suis éloignée petit à petit, sans même m’en rendre compte.

Je vis désormais à l’auberge du Roi de Yuimen, dans le centre de Kers. C’est temporaire, bien sûr, mais l’argent gagné par mes aventures me permet de ne pas me soucier d’un toit au-dessus de ma tête pour un bon moment. Pendant toute cette période, je me suis rapprochée de mon Silnogure, qui m’accompagne désormais partout. J’ai même fini, enfin, par lui trouver un nom. Daelyrn. L’Ombre-Eau. En vérité, il ne vient pas vraiment de moi : c’est un elfe gris qui, de passage dans la cité hafiz, l’a aperçu et instinctivement nommé ainsi. Il m’en a appris plus sur ces créatures, les silnogures, et sur le lien que son peuple entretient avec celles-ci. Depuis, je suis plus proche que jamais du Nenlartëa. Nous nous sommes adoptés l’un l’autre, à un niveau de proximité que je ne suspectais pas possible. Si je ne savais pas cela impossible, je dirais même que je parviens à ressentir ses émotions… Et lui les miennes.

Quoiqu’il en soit, il semble toujours heureux de m’accompagner dans mes explorations admiratives de cette grande île qu’est Niafaân. De la Jungle de Gaïa en passant par le Massif de Sartr’Ynrim pour observer au loin la mystique Xaoranh, cité religieuse d’importance majeure ici, sur l’archipel du Naora.

Mais petit à petit, le temps passant, j’ai commencé à ressentir l’appel de l’aventure. Le besoin de me tourner vers d’autres objectifs, de quitter finalement Kers. De tourner la page concernant Sihlaar. S’il vit encore, il y a peu de chances que je le revoie un jour. L’accepter n’est pas simple, mais je sais que rester sur cette note amère ne m’amènera à rien. Peut-être un jour aurons-nous l’occasion de nous revoir, près de Yarthiss, dans la maison familiale, nos mémoires respectives chargées d’histoires à raconter pour le restant de nos vieux jours. Nous n’avons jamais eu les mêmes aspirations, et il est désormais venu le temps de vivre chacun notre vie, d’atteindre nos buts.

Aussi, ce jour, en voyant les annonces indiquant le départ d’une dangereuse aventure dans la région de Nessima, sur l’île au nord de celle de Kers, j’ai pris la décision de m’y rendre. Sur un coup de tête, sans réfléchir, m’assurant toutefois auprès des sindeldi présents près de la zone d’embarcation que l’offre était bien ouverte à tous, même aux humains, qu’ils n’apprécient guère sur leurs terres. Et ainsi, emportant mes maigres effets, accompagnée de Daelyrn, je me suis rendue dans ladite Nessima en me faisant généreusement offrir le voyage en cynore par la Compagnie Air Gris, nouvelle surprise notable. Me faisant escorter de près par la garde de la ville jusqu’au bâtiment de la Garde Militaire, afin sans doute que je ne parcoure pas trop librement les rues de la ville, me voilà devant l’édifice, prête à vivre une toute nouvelle aventure…

Laissant ma main filtrer entre les oreilles dressées du Nenlartëa, je m’avance dans la bâtisse. M’approchant d’un bureau ressemblant fort à un accueil – ou un poste de garde – je m’adresse au soldat elfe en poste, rajustant mes mèches rousses trop rebelles.

« Hem. Bonjour ? Je suis ici pour me porter volontaire pour la mission de… enfin… la mission qui… Bref, la mission dont l’annonce est placardée un peu partout, vous devez savoir de quoi il s’agit. »

En vérité, j’ai tellement sauté sur l’occasion sans réfléchir que je ne me suis pas même intéressée à ce que cette mission signifiait vraiment. Quels en étaient les buts et le contexte. L’affiche n’en disait rien, mais je n’ai même pas songé un instant me renseigner auprès du personnel de vol pour connaître les rumeurs qui entouraient l’appel. Car il y a toujours des rumeurs. Et du coup, là, je me sens un peu bête, bien que je tâche maladroitement de n’en rien paraître. Laissant planer une moue dubitative sur mon visage, j’attends la réponse de ce soldat en poste… Quelle qu’elle soit.

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Re: La Garde Militaire de Nessima

Message par GM Apprenti 1 » ven. 23 août 2019 14:25

Intervention pour Arkalan et Astérie


Pour Arkalan:


La Sindel hausse légèrement un sourcil étonné au rire d'Arkalan, ne comprenant sans doute pas vraiment la raison de cet éclat. Puis, à sa question et à sa proposition d'aide, elle s'assombrit quelque peu en répondant :

"Nous sommes confrontés à une situation complexe, sieur, trop pour que je vous l'explique en quelques mots. D'autant plus que vous ne connaissez ni le pays ni la politique qui régit notre royaume. Mais disons que c'est assez inquiétant pour que nous ayons fait appel à des aventuriers d'autres peuples afin de démêler tout cela, ce qui n'était encore jamais arrivé depuis notre arrivée en ce monde, voilà plus de vingt millénaires. Ils ne vont pas tarder à arriver et je leur fournirai des explications détaillées, mais je n'ai guère le loisir de vous exposer tout ceci maintenant. Vous pourriez en apprendre plus en vous joignant à eux, et nous apporter votre aide dans ce contexte si vous le souhaitez, mais je me dois de vous prévenir : la mission que j'entends leur confier sera périlleuse et prendra sans aucun doute un temps certain."

A peine a-t-elle fini de parler qu'un garde arrive dans la salle et se met au garde-à-vous tout en regardant Hekell d'un air surpris. Il se reprend néanmoins rapidement et s'adresse d'un ton empli de respect à l'Elfe Grise :

"Désolé de vous interrompre, commandante. Une patrouille vient de revenir de Caraën, ils ont des informations de la plus haute importance à vous transmettre."

"Très bien. Dites-leur que j'arrive. Et envoyez-moi Elëas."

"A vos ordres commandante!"

Se retournant vers Hekell, la Sindel reprend :

"Je dois vous laisser. A vous de voir si vous désirez nous apporter votre aide, ou pas. Elëas vous escortera au lieu de votre choix, ne tentez pas de lui fausser compagnie vous n'y gagneriez que des ennuis. Sur ce, bonne journée et peut-être à plus tard."

Ayant dit, la commandante quitte aussitôt la pièce, laissant Hekell seul. Une solitude qui ne dure guère car, moins d'une minute plus tard, un grand Sindel lourdement armé à la chevelure d'argent et aux prunelles de même teinte, fait son entrée. Après avoir scruté le Shaakt d'un air étonné et discrètement méfiant, il déclare abruptement :

"Je suis chargé de vous conduire à l'endroit de votre choix, étranger. Où désirez-vous vous rendre?"



Pour Astérie :


Les gardes, deux solides Sindeldi lourdement équipés et ayant indubitablement l'allure de vétérans, dévisagent la jeune femme et son compagnon d'un air totalement incrédule pendant quelques secondes avant que l'un d'eux ne lui rétorque d'un ton incertain :

"La mission? Que... vous... vous voulez participer à la mission? Je ne sais pas si..."

"La commandante a dit de laisser entrer tous ceux qui se présenteront, Terëll", intervient le deuxième soldat, bien qu'il paraisse littéralement hypnotisé par la chevelure flamboyante de l'humaine.

"Oui, oui, bien entendu. Pardonnez ma curiosité, dame, mais... votre compagnon... c'est bien un Silnogure n'est-ce pas?"

"Terëll!"

"Oh, ça va, elle est la première à arriver, on est pas pressés! T'as déjà vu un Silnogure, toi?!"

"Tsssk! Bien sûr! L'époux de la commandante en a un, tu ne l'as pas vu? Bon, il ne ressemble pas vraiment à celui-ci, mais tout de même!"

"Ah, non, je ne savais pas, il est comment?"

"Blanc. Et plus gros. Mais ça suffit, conduis donc la dame à la salle de réunion!"

"Euh... oui, oui, bien sûr. Veuillez me suivre dame, je vous prie."

Invitant Astérie à pénétrer dans l'austère bâtiment, cette dernière n'a pas fait dix pas que l'incorrigible curieux reprend, visiblement très intrigué :

"Vous êtes humaine, n'est-ce pas? J'ai déjà croisé des Hafizs, mais vous ne leur ressemblez pas et je... je n'avais jamais vu une couleur de cheveux comme la vôtre... c'est naturel? Et vous venez d'où? J'ai un cousin qui travaille comme pilote pour Air-Gris, alors je connais un peu les autres continents" achève-t-il fièrement sans pour autant ralentir l'allure.
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De l'autre côté du miroir... Mais je vous aiderai sans vous décevoir !
GM en apprentissage, dégagez le passage !

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Arkalan
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Re: La Garde Militaire de Nessima

Message par Arkalan » sam. 24 août 2019 09:20

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Le visage de la Sindel s’assombrit quand je lui en demande plus sur les problèmes auxquels elle est confrontée. La situation est trop complexe pour me l’expliquer en quelques mots, d’autant que je ne sais rien sur le royaume. J’incline la tête, lui indiquant que je comprends et qu’elle a raison. En effet je ne sais rien de l’endroit où j’ai atterri. Cependant, elle précise que pour la première fois depuis des millénaires, les Sindels ont demandés de l’aide à des étrangers pour cette affaire. Ils ne devraient, selon elle, plus tarder à affluer. Elle expliquera en détails ce qui se passe à ce moment-là. Elle m’autorise à me joindre à eux ce qui provoque chez moi un léger écarquillement des yeux dû à la surprise. Un Shaakt se joignant à des étrangers pour venir en aide à des Elfes Gris. Je me demande quel genre d’aventuriers allaient venir d’ailleurs. Des humains en quête de richesses, des Hinions par compassion, d’autres Sindels par tribalisme ? Rien qui ne supporte la vision d’un elfe noir mais pourtant... Pourtant m’allier à ces personnes pourrait être la meilleure chose à faire. Ici je suis à l’abri des Shaakts. Partir sur un autre continent me forcerait à reprendre ma place de proie. En plus, si ce que dit l’épouse de Tanaëth est vrai, celui-ci ne pourra pas m’aider à m’occuper des Matriarches alors que c’est ma seule véritable préoccupation. L’aider dans cette tâche me ferait donc gagner du temps et montrerait ma bonne foi, un service commun contre un autre. Elle me prévient tout de même que la mission sera longue et périlleuse. Je m’apprête à lui répondre que ce n’est pas un problème mais nous sommes interrompus par un garde qui s’adresse à sa commandante après m’avoir lancé un regard surpris. Je continue de vérifier et récupérer mon équipement pendant qu’ils échangent quelques mots. Un équipement fourni, trop fourni. De mon passage sur Izurith, j’ai conservé les reliques de la famille Kerella que je porte sur moi mais aussi ce que les Kobayashis nous ont offert. Je me retrouve donc avec un arc, des dagues, une cape et des pièces d’armures qui prennent inutilement de la place dans mes sacs. Du poids et de l’encombrement qui risque d’être gênant pendant la mission à venir. Penser aux Kerella me préoccupe un instant de trop l’esprit en m’inquiétant du sort de Kara, maudite sorcière, elle m’a jeté un sort c’est certain. Est-ce qu’elle était morte ? Surement. Rha ! Je chasse son visage de mon esprit d’un signe de main rageur.

La commandante me fait sortir de mes pensées pour m’annoncer qu’elle a autre chose à faire. Elle m’explique qu’un certain Elëas m’escortera sur le lieu de mon choix et que tenter de le fuir ne me ramènerait que des ennuis. J’incline la tête pour lui montrer que j’ai compris. Je ne comptais pas m’enfuir de toute manière. Elle quitte la pièce et quelques instants plus tard un autre Sindel la remplace. Grand, lourdement armé, aux cheveux et regard d’argent. Il m’observe d’un air méfiant et étonné. Il m’annonce qu’il est chargé de me conduire où je le désire. Je récupère mon sac et lui demande d’un ton courtois de me mener où se rassemble les aventuriers venus en aide pour cette fameuse mission. C’est décidé, je vais apporter mon aide.

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Asterie
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Re: La Garde Militaire de Nessima

Message par Asterie » jeu. 29 août 2019 08:05

La réponse à ma question ne vient pas de suite. Le garde à qui je me suis adressé, ainsi que son collègue, me scrutent un instant, une expression de surprise collée sur leur face d’argent. Je ne me laisse guère décontenancer, sûre de mes informations, et leur adresse en réponse une moue circonspecte. Sont-ils demeurés ? Nul doute qu’il s’agit là de combattants expérimentés, tant par leur stature que par la qualité de leur équipement caparaçonné. Peut-être ont-ils pris quelques coups de trop sur la caboche, pour être ainsi relégués à ce poste. Le premier, celui à qui je me suis adressé, finit tout de même par me répondre, bégayant comme une débutante un jour de bal. Il semble s’étonner que je veuille participer à la fameuse mission, me posant une question dont la réponse se trouve dans ma précédente intervention. Je fronce les sourcils, décontenancée : les elfes ne sont-ils pas censés représenter une certaine classe, élégance, intelligence ? On en est fort loin, là. Par chance, son comparse semble moins atteint, et rappelle les ordres qu’ils ont reçu : laisser entrer tous ceux qui se présentent. Là encore, je reste dubitative : pourquoi flanquer deux soldats d’élite à une entrée si c’est pour qu’ils souhaitent juste la bienvenue au tout-venant, puisque l’entrée semble ici se faire plus aisément que dans un moulin. Le premier, nommé Terëll par son collègue, se confond en excuses sans que j’aie le temps de placer le moindre mot, et me questionne dans la foulée sur mon silnogure.

Je jette un regard à Daelyrn, apprêtant ma réponse, mais là encore ils ne me laissent pas l’occasion de placer le moindre mot. Une fois de plus, le second rappelle à l’ordre le premier, qui se défend de sa question peut-être intrusive, quoique légitime dans la saine curiosité dont elle témoigne, en précisant que je suis la première à me présenter, arguant de même qu’il est plutôt rare de croiser un silnogure. Ils embraient ensuite sur quelques échanges sur le silnogure du mari de leur commandante, blablabla… qui commencent à avoir raison de ma patience. Je croise les bras sous ma poitrine, soupirant malgré moi d’impatience.

Enfin, le curieux m’invite à le suivre, ce que je fais sans tarder, lui emboitant le pas vers le cœur de la bâtisse guerrière. À peine a-t-on quitté l’entrée qu’à nouveau il me questionne sur mes origines géographique, mon espèce et… la couleur de mes cheveux. Amusée d’une candeur aussi touchante chez un être séculaire, je me laisse aller à un sourire détendu pour lui répondre.

« Humaine, oui. Du Royaume de Yarthiss, en Imiftil. Mais j’ai passé les derniers mois dans la cité de Kers, après avoir participé à une action de sauvegarde des silnogures contre l’action d’un des sbires d’Oaxaca, un dénommé Karsinar je crois, dans le désert de Sarnissa, sur cette île. Mon compagnon est bien un silnogure, un Nenlartëa – excusez si je prononce mal – qui s’est lié à moi pendant cette mission. »

Il gambade à mes côtés, et je lui adresse un regard tendre et une caresse entre les oreilles.

« Daelyrn. Quant à mes cheveux, même parmi les miens ce n’est pas si courant. Un peu plus qu’ici, il semblerait. Mais oui, c’est naturel. »

Puisque la conversation est engagée, je poursuis :

« Et vous, ça fait longtemps que vous… surveillez cette entrée ? »

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Re: La Garde Militaire de Nessima

Message par GM Apprenti 1 » sam. 31 août 2019 22:12

Émergence : introduction


Au fur et à mesure qu'ils arrivaient, les aventuriers furent conduits dans la forteresse des troupes d'élites de Nessima par des gardes militaires peinant à dissimuler leur curiosité face à des êtres de races peu ou pas connues. Après avoir descendu l'équivalent de plusieurs étages au moyen d'un escalier en spirale de taille modeste, les soldats Sindeldi les amenèrent dans une salle dont l'architecture dénotait de manière flagrante avec le reste du vaste bâtiment :


Image


A l'étrange lueur émise par les nombreux orbes enchâssés dans les piliers de pierre sombre les aventuriers - qui furent priés d'attendre là par les gardes - purent apercevoir une inhabituelle table hexagonale entourée de douze tabourets taillés à même la roche constituant le sol du lieu, ainsi qu'une table plus commune placée dans un coin de la salle. Cette dernière était chargée de divers mets froids et boissons, destinés sans aucun doute aux arrivants car une pancarte indiquait en langue commune : "servez-vous". Si les premiers arrivés durent patienter relativement longuement, les derniers en revanche eurent tout juste le temps de se désaltérer avant qu'une grande guerrière Sindel magnifiquement équipée ne dévale à son tour l'escalier en spirale et ne se dirige d'un pas félin vers la table centrale où elle déposa sèchement une pile de parchemins.


Image


Dégageant une indiscutable aura de puissance et d'autorité, la Sindel scruta chacune et chacun de son froid regard vert pâle, attendant que tous soient installés avant de prendre la parole:

"Bonjour. Tout d'abord je tiens à vous remercier d'avoir répondu à notre appel. Je me nomme Sylënn'tar Ithil, commandante de la Garde Militaire. Je suis votre commanditaire et c'est à moi que vous rendrez des comptes, le moment venu. Avant d'aller plus loin, il y a une chose que j'aimerais que vous compreniez bien : depuis plus de vingt millénaires que nous, Sindeldi, sommes arrivés sur Yuimen, c'est la première fois que nous faisons appel à des étrangers pour nous aider à résoudre un problème. En quatorze millénaires, vous êtes les premiers étrangers à fouler le sol de cette salle. Aussi, saisissez bien ceci : cette "expérience" aura un impact certain sur la politique du Royaume de Sarindel. Si c'est une réussite le Royaume du Crépuscule s'ouvrira peut-être au monde extérieur. En cas d'échec, il se fermera sans aucun doute davantage aux étrangers que ce n'est le cas aujourd'hui et des têtes tomberont."

Après avoir marqué une courte pause pour souligner l'importance de ces mots, elle tendit à chaque personne présente une carte et laissa aux aventuriers le temps de la consulter avant de poursuivre :

"Passons au vif du sujet maintenant : vous vous demandez certainement pourquoi nous avons fait appel à vous et en quoi consiste exactement cette mission. Afin que vous ayez une chance de comprendre la situation actuelle, il faut commencer par remonter le temps : voilà quelques quinze mille ans de ça, une civilisation Shaakte puissante et très évoluée dominait la région. Leur capitale, Sanssitr, une ville majoritairement souterraine, se trouvait très précisément à l'endroit où nous sommes. Nessima fut bâtie sur ses ruines et cette salle est un assez bon exemple de la grandeur de ce peuple puisqu'il s'agit d'un reste de leur cité que nous avons conservé et adapté à l'usage que nous comptions en faire.

Les Sindeldi de l'époque ayant décidé de conquérir cette île, une longue guerre eu lieu, au terme de laquelle les Shaakts furent écrasés si totalement que ce peuple frôla l'extinction. Les rares survivants se réfugièrent dans le désert de Sarnissa ainsi que dans la chaîne volcanique de l'Akuynra et s'adaptèrent peu à peu à ces milieux terriblement hostiles. Au cours du temps, ils accueillirent parmi eux des Sindeldi, exilés de Raynna ou soldats égarés, ainsi que de rares Hafiz, si bien que la race Shaakte originelle se métissa peu à peu jusqu'à former une nouvelle espèce: les Eruïons, ou Elfes Bruns, qui occupent toujours le sud de l'île de nos jours. Ils vivent dans un dénuement extrême puisque les ressources, notamment en eau et nourriture, sont rares dans leurs terres ; aussi se livrent-ils régulièrement à des raids visant à piller nos fermes et villages, cela depuis aussi longtemps que l'on s'en souvienne.

Ces attaques se sont faites plus fréquentes ces derniers temps, ce qui en soi ne devrait pas être un problème car nous en avons l'habitude et notre armée est largement capable de protéger nos frontières mais quelque chose a changé: depuis quelques temps, les Eruïons possèdent des équipements militaires d'une qualité très inhabituelle et semblent beaucoup mieux organisés. Pire, ils paraissent savoir où nos troupes sont stationnées et s'arrangent toujours pour attaquer là où elles ne sont pas. Ces informations ont été transmises à nos dirigeants, bien sûr, et c'est là que se situe le problème."


La Sindel marqua une courte pause, comme si elle cherchait les mots pour expliquer simplement une situation qui ne l'était pas, puis elle reprit :

"Vous pensez peut-être que les Sindeldi ne sont pas impliqués dans la guerre contre Oaxaca, mais c'est faux : elle a attaqué et conquis plusieurs de nos colonies, ainsi que notre capitale Tahelta. Nos souverains ont été tués dans l'affaire, si bien qu'un couple de régents a été nommé à la tête du Royaume. Mais si vous connaissez un tant soit peu la politique Sindel, alors vous savez qu'en réalité c'est le clergé qui dirige notre pays, notamment l'Ithil Taerym, le dirigeant suprême du culte de Sithi, et les cinq Ithil Aënors, les hauts-prêtres qui constituent le conseil Royal. Or, loin de s'entendre quant à l'avenir de notre Royaume, ils se déchirent parmi dans ce qui est devenu une véritable guerre occulte, une lutte sans merci de pouvoir et d'influence. Il y a deux héritiers potentiels au trône de notre pays, Naémin et Farya, si bien que certains prêtres soutiennent Naémin tandis que d'autres veulent placer Farya sur le trône. D'autres encore voient là une occasion de changer de lignée Royale, sans pour autant parvenir à se mettre d'accord sur celle qui devrait remplacer l'actuelle. Bref, tout ceci pour vous dire que nos chers dirigeants se soucient assez peu de ce qui se passe ici. Certains Ithil Aënors seraient prêts à déclencher une nouvelle guerre ouverte, rien de tel pour se positionner en héros de la nation, tandis que d'autres ne voient là que des événements sans aucune importance qui ne justifient pas la moindre réaction. En temps normal je me serais contentée de faire renforcer nos patrouilles aux frontières, mais... il y a autre chose."

Nouveau silence, aussi bref que le précédent, durant lequel la guerrière s'assombrit notablement en fixant la carte posée devant elle avant de reprendre :

"Des Sindeldi, marchands, forestiers ou encore agriculteurs, disent avoir aperçu de fortes troupes en armes autour des Montagnes Grises, toujours de nuit. Aucun n'a pu s'approcher suffisamment pour savoir de quoi il retournait exactement, mais tous les témoignages concordent: les êtres qu'ils ont aperçus étaient trop petits et trop massifs pour être des Eruïons. Vous me direz qu'ils ont pu se tromper vu la distance, mais comme nous n'avions aucune unité dans les parages et qu'il parait fort improbable que des Elfes Bruns parviennent si loin à l'intérieur de nos terres sans être repérés, la question se pose: qui sont ces combattants, d'où sortent-ils et que font-ils là? Existe-t-il un lien entre ces troupes et la recrudescence de raids Eruïons à nos frontières? Seraient-ce les prémices d'une nouvelle attaque d'Oaxaca? A moins que les nombreux laissés pour compte de notre royaume n'aient décidé de se révolter contre le joug du clergé et les injustices flagrantes dont ils sont victimes? Je n'en ai aucune idée, mais je ne vous cache pas que tout ceci m'inquiète au plus haut point.

Et puisque nos dirigeants refusaient de me donner les moyens d'agir, j'ai décidé de faire appel à des étrangers pour enquêter sur ces événements et j'ai utilisé mes relations à Tahelta pour obtenir l'accord des Régents. Vous pouvez aller où aucun Sindel ne peut se rendre, vous avez un regard neuf sur la situation et, surtout, vous n'êtes pas directement liés au Royaume de Sarindel. Naturellement, certains puissants espèrent bien que vous échouerez, aussi soyez sur vos gardes : il est probable que des Sindeldi tentent de vous mettre des bâtons dans les roues. Par ailleurs, même si j'ai donné des ordres stricts pour que vous ne soyez pas ennuyés, n'oubliez pas que mon peuple n'a pas l'habitude des étrangers et que le clergé prône la supériorité des Sindeldi à un tel point que beaucoup des miens sont ouvertement racistes.

Bref, voilà votre mission : découvrez ce qui se trame, que ce soit au niveau des Eruïons ou de ces mystérieuses troupes aperçues près des Montagnes Grises. Ne négligez pas la possibilité que des démunis Sindeldi soient derrière tout cela, ils sont nombreux, en particulier depuis l'afflux massif de réfugiés suite à la conquête de nos colonies par Oaxaca. Il se pourrait aussi que tout ceci fasse partie d'un plan concocté par des puissants de Tahelta, qui peut savoir? Organisez-vous comme vous le souhaitez, commencez votre enquête là où cela vous semble le plus pertinent mais trouvez-moi ce qui se cache derrière tout ça! Dernière chose, si certains ici pensaient s'enrichir aisément en remplissant une mission facile et sans danger, rendez-vous service : rentrez chez vous maintenant, le trajet de retour vous sera offert par Air-Gris."


La sévère commandante de la Garde Militaire fixa tour à tour chaque personne présente avec une extrême gravité disant assez qu'elle ne plaisantait pas : la mission serait rude et périlleuse. Enfin, à ceux qui décideraient de rester, elle tendit un nouveau document :

"Voici un laissez-passer qui vous permettra de franchir les contrôles militaires, de vous approvisionner si besoin à l'armurerie Royale et d'emprunter gratuitement autant de Cynores que nécessaire au sein du Naora. Si vous avez des questions, je vous écoute."
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Arkalan
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Re: La Garde Militaire de Nessima

Message par Arkalan » dim. 1 sept. 2019 17:28

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Après un autre regard surpris et méfiant, le Sindel nommé Eläs me guide finalement à travers la caserne. Nous redescendons vers le sous-sol en empruntant un escalier en spirale jusqu’à parvenir dans une vaste salle étonnante. Soutenu par une dizaine de piliers sombres dont chacun était incrusté d’un orbe produisant de la lumière. Mon guide m’invite à descendre les marches qu’ils me restent en m’indiquant de patienter ici. J’incline la tête en guise de remerciement avant de m’avancer vers la table hexagonale taillée dans la roche trônant au pied des escaliers. Je lève le nez vers le plafond qui s’élève à plusieurs mètres. Je peux parier que ce n’est pas une architecture Sindel, cette salle me met mal à l’aise et me rappelle étrangement les souterrains de Khonfas. Je fronce un instant les sourcils et secoue la tête pour me reprendre. Je ne peux pas être tombé dans un piège des prêtresses de Valshbarath. Jamais elle n’aurait pu s’allier avec des Sindels juste pour moi, je n’étais pas si important. Je me dirige vers une table de bois commune où sont entreposés différents mets et boissons. Une pancarte m’invite à me servir. Je saisis un fruit et le renifle avant de m’en découper un petit morceau et de le frotter à mes lèvres. La prudence m’obligerait à ignorer cette nourriture mais je meurs de faim et le manque de nourriture et d’eau pourrait m’être fatal si je me retrouvais tout de même dans un guet-apens. J’attends quelques minutes de voir si mes lèvres gonflent ou se recouvrent de boutons. Il n’en est rien et je déguste alors le fruit suivi d’un second. Je refais la même expérience avec un verre d’eau avant d’étancher ma soif.

Je me promène ensuite dans la salle en restant à proximité de la table hexagonal. Je vérifie que les piliers ne dissimulent personne et qu’il n’y ait, en hauteur, aucune position favorable aux archers. Je cesse mon examen quand j’entends des pas dans les escaliers. Je reviens alors vers la table et m’adosse à un pilier, face aux marches. Les autres mercenaires arrivent visiblement, même si ce n’est qu’une humaine qui descend, guidée par un Sindel qui me lance un autre regard surpris et méfiant. L’humaine est une belle jeune femme si l’on se fie aux critères des humains, plantureuse, élancée, à la chevelure rousse, une peau blanche et des yeux vert clair. Loin d’être sensible aux charmes que peut offrir un tel corps, je me contente de l’observer de haut en bas en m’attardant plus sur son équipement que sur ses formes. Je remarque alors que son arc est de facture Shaakt, ce qui me fait froncer les sourcils un court instant. Je me préparer discrètement à plonger de côté pour éviter une flèche au cas où ma vue déclencherait chez elle un instinct meurtrier. J’incline tout de même la tête, gardant ma capuche pour dissimuler mon visage abimé et éloigne doucement les deux mains de mon corps pour montrer que je ne compte pas faire preuve d’hostilité. Une posture que je devrais garder en attendant l’arrivée des prochains arrivants. Ainsi je montre que je ne compte pas attraper mes armes mais me tient tout de même prêt à bondir pour me cacher derrière un pilier. Je plisse d’avantage les yeux quand je remarque la créature qui l’accompagne, je l’observe avec étonnement et pour cause, en presque cinq siècles d’existence je n’en ai jamais vu de semblable. Je laisse la rouquine s’installer sans lui adresser la parole à moins qu’elle ne le fasse et un autre groupe ne tarde pas à débarquer.

Parmi eux, le résultat d’une hybridation entre deux espèces. Sa peau foncée, ses oreilles et sa chevelure blanche venant sans doute des Shaakt. Néanmoins sa petite taille me laisse penser qu’un de ses géniteurs n’était pas de grande taille, difficile d’en deviner plus car elle dissimule son visage sous un étrange masque rouge et cornu. Je retiens d’elle que si elle possède du sang d’elfe noire, je dois m’en méfier. Dans le groupe il y a également deux humains, l’un est un mâle, jeune, maigre aux cheveux bruns coupés court l’autre est une femelle, encore plus jeune, je doute qu’il s’agisse d’une adulte. Les cheveux noirs, courts et sauvages. Je ressens quelque chose d’étrange en la voyant, d’un côté elle m’inspire une certaine méfiance mais d’un autre j’ai une impression de confiance favorable en l’apercevant. Une sensation paradoxale que j’ai dû mal à expliquer et surtout à supporter. Mon regard s’attarde sur elle plus que je ne le voudrais comme si inconsciemment je cherchais à déceler ce qui se cache derrière son regard bleu tranchant. Une Hinïonne descend aussi les marches d’une démarche militaire, équipée lourdement et visiblement dotée d’un corps fait pour le combat elle est aussi munie d’une longue crinière flamboyante, mon regard se déporte un instant sur les cheveux de l’humaine arrivée plus tôt avec son étrange compagnon. Le dernier que j’aperçois me fait me redresser sans m’en rendre compte et approcher ma main de ma dague. Un visage connu et pour cause il s’agit de celui d’Aeglos, le traître qui a aidé les Patriarches à s’emparer d’Aenalïa. Grand, avec son regard bleu qui tente de vous sonder l’âme. Le visage fin orné d’une coupe de cheveux d’ébène longue et lisse. Je reconnais le tatouage qui me confirme que je ne peux pas me tromper, il revenait également d’Izurith.

Je suspens le mouvement de mon bras qui voulait s’emparer de mon arme et me contente de faire le premier pas avant qu’il ne m’attire possiblement des problèmes. Je lève mes deux mains vers ma capuche pour l’abaisser, dévoilant mon visage balafré et mon oreille tranchée. Je l’interpelle d’un signe de la tête et d’un raclement de gorge pour m’assurer qu’il me voit et qu’il me reconnaisse avant de m’exprimer d’un ton calme.

“J’ignore pourquoi tu as trahi celles qui t’ont accueilli chez eux et permit aux Patriarches de s’emparer d’une personne importante pour notre mission mais cela n’a plus d’importance désormais. Izurith n’existe plus et j’imagine que nous allons, ici, avoir un but commun. Je te propose d’oublier le passé et de nous concentrer sur la mission à venir plutôt que de nous méfier l’un de l’autre plus qu’il est nécessaire. Qu’en penses-tu ?”



La commandante de la Garde Militaire ne tarde pas à venir, dévale les escaliers d’un pas félin et dépose une pile de parchemins avant de tous nous observer. Certains prennent place autour de la table, je me contente de reste debout, les bras croisés, proche de la table. Avant de rentrer dans le vif du sujet, elle précise que ce qu’elle va nous confier aura des répercussions immenses sur la politique du Royaume de Sarindel et qu’en cas d’échec il risque d’y avoir des victimes. J’ignore si elle parle de nos têtes mais le silence qu’elle marque me laisse comprendre que oui. Elle nous distribue ensuite à chacun un papier. Je le déroule pour découvrir une carte qui semble être celle du continent. Dessus figure un bon nombre d’informations, les différentes cités, leurs tailles, les domaines, les montagnes, les rivières, les volcans … Une bonne source d’informations qui me fait comprendre que nous allions avoir besoin de bonnes chaussures. Elle poursuit en expliquant qu’il y a très longtemps une civilisation Shaakt dominait la région et que nous nous trouvons à l’emplacement exact de leur capitale, Sanssitr, dont cette salle souterraine en est un vestige. Voilà qui explique le malaise que je ressens ici. Elle continue son cours d’histoire et parle de la guerre qui a opposé les Sindels au Shaakts qui ont frôlés l’extinction. Les survivants se seraient réfugiés dans le désert de Sarnissa et les volcans de l’Akuynra. Je jette un rapide coup d’œil sur ma carte pour les situés avant de regarder à nouveau la commandante. Ces survivants se seraient au fil des années métissés avec des Sindeldi exilés ou des Hafiz, si bien qu’une nouvelle espèce aurait vu le jour, les Elfes Bruns qu’elle nomme Eruïons. J’écarquille les yeux en apprenant cette nouvelle sans pour autant émettre le moindre son, je laisse poursuivre l’épouse de Tanaëth qui explique à présent que des raids visant les fermes et villages se font de plus en plus fréquent et que, étrangement, les Eruïons vivant pourtant dans des zones où les ressources sont rares se sont d’une manière inconnue mieux équipés et mieux organisés que par le passé. Comble du comble, ils semblent constamment s’arranger pour attaquer les endroits où les troupes ne sont pas stationnés. Je fronce un sourcil, cette information signifie qu’il y a un traître parmi ses rangs. Une personne qui connait le fonctionnement de ses patrouilles ou pire qui s’y trouve encore.

La Sindel marque une nouvelle pause avant de continuer en donnant plus de détails sur le conflit contre Oaxaca. Un conflit qui a causé la mort de ses souverains et généré des troubles politiques majeurs si j’en crois ce qu’elle nous dit. Une situation qui ressemble fort à ce qui secoue les cités Shaakts. Complots, trahisons, manipulations qui pour les puissants est bien plus préoccupant que quelques raids sur des villages à l’autre bout du royaume. Si en temps normal elle aurait renforcé les patrouilles aux frontières pour éviter les invasions elle précise cette fois qu’il y a autre chose. Nouvelle pause alors que son regard s’assombrit, elle dévoile que de fortes troupes armées se déplacent autour des Montagnes Grises la nuit et qu’ils sont trop petits et massifs pour être des Eruïons et cette présence soulève de nombreuses questions et que celles-ci inquiètent la commandante. Elle nous met ensuite en garde, certains puissants souhaitent nous voir échouer et qu’il est probable qu’ils nous mettent des bâtons dans les roues et que beaucoup de Sindeldi sont ouvertement racistes. Enfin elle annonce clairement notre mission : Découvrir ce qui se trame autour de ces divers faits. Elle nous met une fois de plus en garde et fait comprendre que la mission sera loin d’être facile avant de nous confier un laissez-passer qui nous permet de franchir les contrôles militaires, de nous approvisionner et d’emprunter gratuitement les Cynores au sein du Naora.

Je saisis doucement ce cadeau en remettant les informations en place dans mon esprit. Des Elfes Brun soudainement équipés, une politique fragile où s’affrontent certains hauts membres du clergé, des troupes inconnus se déplaçant la nuit. Est-ce que ces trois choses étaient liés ? Il y avait de fortes chances que ce soit le cas. Par où commencer ? Me promener dans Tahelta pour découvrir si le clergé était lié à tout ceci me paraissait être la pire des idées. De même que de rester au sein de l’armée Sindel à la recherche d’une taupe, les soldats auraient vite fait de m’abattre par fâcheux accident simplement en voyant ma couleur de peau. Enquêter sur ces mouvements de troupes la nuit me semble être le plus sûre pour l’instant.

Je lève la main, désireux de poser certaines questions.

“J’ai quelques questions, vous m’avez dit que les navires inconnus ne pouvaient pas naviguer dans vos eaux. Ça voudrait dire que les équipements des Elfes Bruns ne peuvent que venir d’ici ou que quelqu’un les rapporte par voie terrestre depuis très loin ? J’aimerais aussi comprendre quelque chose, êtes-vous en train de soupçonner qu’un haut membre du clergé soit responsable de tout ceci, qu’il y ait un acte de trahison ? Cherchez-vous des preuves pour pouvoir le dénoncer à votre régent ? Enfin, je vais porter mon attention sur ces mouvements de troupes nocturnes, pouvez-vous m’indiquer où ils ont été vus plus précisément ?”

Trois questions, deux qui me concernent peu mais qui servent à répondre à des questions que je me pose et une troisième qui pourra m’aider à délimiter un périmètre de recherche. J’espère avoir des réponses pour pouvoir régler au plus vite cette histoire.

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Yurlungur
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Re: La Garde Militaire de Nessima

Message par Yurlungur » jeu. 5 sept. 2019 22:41

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Quelle naïve ! Après avoir voyagé auprès d'Air Gris à l'œil et être passablement fatiguée par ce mode de transport somme toute peu conventionnel, un peu troublée par le changement de continent et la découverte de nouveaux paysages, d'un climat légèrement différent, de toutes ces nuances qui montrent qu'elle n'était plus sur Nirtim, d'une société où tous les (encore rares) habitants qu'elle croisait étaient des elfes gris, elle s'était candidement avancée jusqu'aux portes de la ville. C'était là que les ennuis avaient commencés.

Il se trouve qu'elle était diablement chargée par certains de ses achats à Kendra Kâr qui, elle ne s'en était pas tellement aperçue immédiatement, la limitaient dans ses mouvements. La charge de son sac l'empêchait de courir aussi rapidement qu'avant, ou même d'essayer de passer facilement inaperçue. Il y avait toujours la capuche d'Aethalin : mais le principe d'une porte de ville était de vérifier que personne de trop dangereux ne passe. Et puis, pourquoi aurait-elle souhaité cacher son identité ? La Garde Militaire de Nessima la convoquait. Elle allait pouvoir passer sans problème.

Les Gardes à l'entrée l'avaient rudement arrêtée, lui demandant de décliner son identité, d'expliquer comment elle était arrivée jusqu'ici, si elle était accompagnée et si elle avait des intentions hostiles à l'égard du Royaume Sindel et de la ville de Nessima. Ces questions lui firent à peine hausser un sourcil, tellement elle y était habituée, sauf les deux dernières qui lui semblaient vraiment cruches, chose que les Gardes ne semblaient pas réellement saisir. Patiemment, elle répondit successivement à toutes les interrogations, allant même jusqu'à expliciter la raison de sa venue. La Garde Militaire ! Avec deux majuscules dans le nom, ça devait tout de même être un lieu d'importance à Nessima. Mais elle n'avait pas saisi non plus que dans “Portes de la Ville Haute de Nessima”, il y en avait deux fois plus.

Les Gardes l'avaient donc longuement retenue, incapables de croire qu'une humaine (pour une fois, ce n'était même pas le fait qu'elle soit si jeune qui les choquait, sans doute parce qu'à un même niveau de développement physique, une elfe avait déjà vécu de multiples décennies) pouvait être quelqu'un de confiance. C'était la première fois que la jeune fille était confrontée à ce genre de contrôle au faciès, elle qui s'était crue, en tant qu'humaine, capable d'entrer dans à peu près toutes les villes du monde. C'était vrai, à l'exception du Naora. Ils l'avaient retenu dans un bureau annexe pour lui poser toutes les questions qu'ils voulaient et elle avait rapidement compris qu'elle n'avait même pas la possibilité de simplement s'en aller. Non, elle était sur le territoire des Sindeldi et, en tant que potentielle terroriste, criminelle ou en tout cas migrante en situation irrégulière, elle serait retenue aussi longtemps que nécessaire. Cette situation l'agaçait prodigieusement. Il semblait en particulier que sa couleur de peau posait singulièrement problème. C'était un critère qui, selon ses interlocuteurs, était d'une importance capitale. Il est bien connu que les individus d'une couleur de peau différente ne sont guère dignes de confiance.

Finalement, après avoir également questionné quelques employés d'Air Gris – car on ne pouvait pas se fier à la parole d'une vulgaire humaine, il fallait des renseignements sûrs –, ils avaient dépêché l'un des leurs pour la conduire jusqu'à la Garde Militaire et la livrer aux sentinelles qui décideraient de son sort. Ils insistèrent en particulier sur la possibilité qu'elle soit directement jetée en geôle. Eh, la loi Sindel ne prévoyait aucun droit pour ces immigrants clandestins. Elle avait beau leur répéter qu'elle n'était pas une criminelle et que c'était la Garde Militaire de Nessima qui souhaitait la recruter, ils l'écoutaient à peine.

Finalement arrivée sur place, le Garde des portes à peine parti, on lui indiqua de descendre un large escalier qui s'enfonçait en colimaçon dans les profondeurs du magistral bâtiment de la Garde Militaire. Car il fallait reconnaître que, si les Sindeldi étaient on ne peut plus racistes, toute leur architecture était grandiose et d'un niveau technologique infiniment supérieur à celui de toutes les villes qu'elle avait visitées jusqu'à présent... c'est-à-dire celui de toutes les races qu'ils considéraient justement dédaigneusement. Cette pensée ne la faisait qu'enrager davantage ; mais par un effort intense de volonté, elle se retenait. Une idée menue s'était frayée un passage dans son esprit obtus et avait obtenu son attention, et même sa patience à l'égard de ces Sindeldi qu'elle avait un peu à flatter pour obtenir leur secours dans l'affaire qui la préoccupait. C'était probablement la race la plus avancée qui existât sur ce monde : s'il y avait bien un peuple qui pouvait l'aider à retrouver Jess et Guigne, c'étaient eux. Mais cela requérait un stoïcisme auquel elle était peu habituée.

Au bas des marches attendaient déjà une autre humaine aux cheveux d'un roux vif et un Shaakt, ainsi que Jorus qui, visiblement, venait à peine d'arriver. Elle lui adressa un bref sourire et signe de tête, s'avançant pour déposer son sac à côté de l'un des tabourets, s'installer elle-même et prendre une boisson, avant de remarquer que descendait également une elfe masquée. Elfe grise, noire ? Elle ne savait pas trop. Ça n'avait pas tellement d'importance. Elle était surtout plus petite que les autres, mais c'était peut-être dû à une forme de nanisme ? À sa suite arriva en revanche un visage connu : Sibelle. Yurlungur s'efforça de ne montrer aucun signe de surprise, tout en observant du coin de l'œil la réaction de l'Hinïonne lorsqu'elle découvrirait la présence de l'assassine. Dans les faits, la jeune fille n'avait aucun grief particulier contre la guerrière : au contraire, qu'il s'agisse d'une pure combattante la rassurait presque, et son acharnement à suivre la mission de ramener Naral à la Tour d'Or, sur Aliaénon, l'avait même plutôt impressionnée lorsqu'elle y avait songé a posteriori. Elle se doutait en revanche que le respect naissant qu'elle lui portait n'était guère réciproque. Enfin, un elfe gris arriva, mais il semblait être également un aventurier, puisque le Shaakt présent le reconnut aussitôt et, tout en le désignant à tous comme un traître, lui proposa de faire table rase pour partir sur les meilleures bases possibles concernant la mission qui s'annonçait. Cela fit sourire Yurlungur, presque narquoise. Ce Shaakt-là paraissait bien plus fréquentable qu'Endar.

Elle s'apprêtait à saisir un morceau de pain lorsque se présenta enfin une militaire à l'allure importante. Elle suspendit son mouvement, puis récupéra finalement trois bouts de pain au lieu d'un seul, qu'elle plaça devant elle pour pouvoir manger pendant l'explication de la mission. Elle avait comme l'intuition, après tout le cirque des gardes à l'entrée de la ville, que les Sindeldi aimaient se répandre en longs discours ; elle ne fut du reste pas déçue.

Elle commença par se présenter brièvement comme leur commanditaire, tout en précisant quelques éléments de contexte, concernant notamment le fait qu'ils fassent appel à des étrangers. Yurlungur s'était déjà rendu compte d'un certain rapport à tout ce qui était non-Sindel dans cette société et voyait mal comment ce Royaume pourrait se fermer encore davantage à eux autres, pauvres pathétiques humains, mais la bouche pleine, elle s'abstint de faire un commentaire et continua paisiblement son petit-déjeuner.

On lui tendit néanmoins une carte, ce qui la contraignit, afin de ne pas répandre trop de miettes dessus, à manger un peu à côté. Que quelques restes tombent sur le sol de pierre de la salle l'inquiétait peu – ces arrogants Sindeldi devaient bien connaître la technologie archaïque du ménage. Et puis, ils n'avaient qu'à pas leur mettre à manger s'ils ne voulaient pas salir ce lieu qui, la commandante l'expliqua par la suite, était d'une valeur symbolique élevée. Il y eut en effet un long paragraphe d'histoire, de guerres entre oreilles pointues noires et oreilles pointues grises, d'une presque-mais-pas-tout-à-fait extinction des noires, qui devinrent par la suite des oreilles pointues maronnes. Toutes ces péripéties la divertissaient agréablement pendant son repas, bien qu'elle ne comprît pas réellement où est-ce que tout cela menait. C'était que, pensait-elle, la commandante était l'une de ces femmes qui, une fois lancée sur un sujet, était incapable de s'arrêter et bavardait pendant des heures, ajoutant digression sur digression jusqu'à un degré de précision inouï et un volume de paroles exceptionnel. Cela l'agaçait en revanche un peu que les oreilles maronnes vivent dans la misère alors que les grises vivent baignés par tout l'argent du monde. La couleur de peau était-elle à ce point déterminante ? Elle ne savait alors que penser de la sienne.

Le premier problème donné par la commandante concernait les oreilles brunes qui avaient été jusqu'ici peu dangereuses, malgré leurs raids fréquents, chose qui avait changé depuis qu'elles s'étaient arrangées pour éviter les patrouilles grises, en sus d'être bien mieux préparées et équipées. Cela ressemblait fort à une trahison interne, peut-être même de la part d'une institution puissante, en tout cas suffisamment pour donner aux Bruns les ressources pour ces assauts et de les coordonner pour éviter les troupes. Toute la question était ensuite de savoir si le traître occupait une position hiérarchiquement supérieure ou inférieure à celle de la commandante...

Il y avait également l'option à peine voilée d'une aide étrangère, en particulier des forces oaxaciennes. Cela ne collait en revanche pas à l'esquive constante des troupes de Nessima, songea Yurlungur, mais la commandante continuait. Son discours était de plus en plus technique, puisqu'il s'intéressait à présent à la politique intérieure du Royaume et à des affaires complexes de succession, les deux dirigeants ayant été tués par la Reine noire. Il restait des régents et les dirigeants du culte de Sithi – nom inconnu à la jeune fille qui montrait une expression de plus en plus perdue – pour gouverner le Royaume, mais ils bataillaient entre eux pour prendre le pouvoir et en particulier nommer le prochain souverain, Naémin et Farya, voire changer la dynastie en place. Cela la forçait à prendre des décisions par elle-même tout en évitant au possible une guerre ouverte – d'où l'emploi de mercenaires extérieurs au Royaume. Des soldats Sindeldi, c'était trop direct ; ne rien faire était impossible. Et il y avait encore autre chose... Yurlungur, sans hésitation, se servit rapidement parmi les vivres proposées pour continuer à se sustenter pendant cette longue explication.

Elle leur indiqua donc la présence d'être “petits et massifs” aux alentours des Montagnes grises, soit trop en avant dans leurs frontières et trop différents physiquement pour être des Eruïons, les elfes bruns. Il s'agissait en outre de combattants et visibles uniquement de nuit. Il pouvait en revanche s'agir de troupes d'Oaxaca, d'alliés potentiels des elfes bruns, ou même de misérables du Royaume instigateurs d'une nouvelle révolte.

Elle leur indiqua donc leur mission : être capable d'apporter un nouveau point de vue, tout en ayant l'accès à tout le Royaume sans contrainte. Il était surprenant qu'elle ne parle pas de leur potentielle neutralité... Dans les faits, elle pouvait plus facilement se désolidariser des actes de mercenaires comme eux que de ceux de ses soldats. Elle pointa en revanche le racisme latent au sein du Royaume, ainsi que l'opposition occulte de certains Sindeldi hauts placés. Toute cette situation fort complexe était pour le moins... excitante. Oui, malgré tout, c'était ce sentiment qui émergeait pour la jeune fille, qui récupéra avec soin le laissez-passer si précieux. Avec ce document officiel, elle devrait avoir moins de difficulté avec des gardes bornés à l'avenir...

Le Shaakt prit la parole le premier, posant une première question sur l'origine des approvisionnements des elfes bruns. Il enchaîna aussitôt en lui demandant d'expliciter la possibilité qu'un membre éminent du clergé Sindel soit impliqué, puis à propos de la position exacte des mouvements nocturnes.

Yurlungur leva à son tour la main et entreprit de se lever de son tabouret sans réellement réfléchir, pour ne gagner qu'un demi-centimètre de hauteur par cette astucieuse opération. Tentant de garder contenance, elle posa à son tour toutes les questions qui lui venaient, dont la plus importante :

« Vous n'avez évoqué aucune rémunération. Par malheur, vous comprendrez que la fermeture de votre peuple sur lui-même n'engage aucun étranger à vous aider par pure bonté de cœur, en particulier au regard du traitement des vôtres à l'égard des humains se présentant pourtant afin de répondre à une demande expression de votre Garde Militaire. Pourriez-vous donc expliciter en quoi consisterait notre récompense à l'issue de cette périlleuse mission ? »

Elle gardait un visage impassible : il ne s'agissait pas du tout d'une blague. Profitant de la pause pour se rasseoir discrètement, elle continua :

« Vous avez également évoqué le culte de... Sithi. Sauf votre respect... »

Elle s'apprêtait à demander : “c'est qui ?” mais se souvint qu'il fallait faire bonne figure et, avec un sourire de convenance, corrigea en :

« Qui est-ce ? »

Se sentant toute fière de ce rattrapage à l'improviste, elle continuait à sourire, d'un sourire rendu un brin nerveux par le regard dur et froid de la Sindel.

« Enfin, pour être tout à fait franche, il paraît clair qu'il y a dans vos propres rangs un ou plusieurs traîtres, considérant les raids évitant systématiquement vos troupes. Êtes-vous toute-puissante à ce propos ? C'est-à-dire, êtes-vous la supérieure hiérarchique de tout individu ayant accès à ce genre d'informations, et pouvez-vous faire tomber leurs têtes avant la vôtre si l'un de nous parvient à détecter où se trouve la faille ? »

Elle se souvint soudainement que, par ici, ils ne disposaient plus des pouvoirs de la pierre de vision et rajouta aussitôt :

« Ah, et quel est le moyen le plus rapide de vous contacter ? »

Déjà, des obstacles s'offraient à son imagination. Un service de courrier interne à l'armée risquait d'être également infiltré par les traîtres ; un service indépendant était tout autant susceptible d'être contrôlé par un pouvoir tierce, du culte ou d'un ennemi politique de la commandante. Finalement, quelle que soit la réponse à cette dernière question – à moins qu'il ne s'agisse d'une solution aussi magique que la pierre de vision – elle doutait qu'il soit malin de l'employer.

...
Modifié en dernier par Yurlungur le mar. 17 sept. 2019 19:20, modifié 1 fois.

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Aeglos
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Re: La Garde Militaire de Nessima

Message par Aeglos » jeu. 5 sept. 2019 23:15

N'ayant jamais vécu à Nessima, les édifices, les rues et même le statut social des sindeldi différaient largement de ce qu'il était possible de trouver à Tahelta. Nessima n'était pas la cité militaire pour rien : les rondes de soldats au cœur de la cité étaient fréquentes, même si elles se concentraient en ce moment autour de la garde militaire de ladite cité du royaume de Sarindel. Quelques Ithilausters traînaient aux abords du bâtiment officiel, mais rien qui ne paraissait particulièrement suspect au prêtre de Yuia. Toutefois, Aeglos devait avouer qu'il se sentait plutôt anxieux pour plusieurs raisons. En premier lieu, il restait un exilé, un paria au cœur même du royaume de Sarindel et revenir dans son pays natal après avoir fui deux siècles durant les Ithilausters et les assassins envoyés à sa trousse par l'Ithil Taeyrim et ses séides ne pouvait que faire augmenter son rythme cardiaque sous l'effet du stress. D'autre part, le mage de glace n'était pas un adorateur de la présence de tant de porteurs d'armes, de militaires. Il préférait largement la diplomatie et la politique, domaines dans lesquels il excellait, plutôt que de ferrailler contre ses ennemis, plutôt nombreux désormais au sein de la cour de Tahelta. Le sindel avait l'habitude des gardes royaux, mais non des militaires qui patrouillaient la cité comme s'ils cherchaient un quelconque intrus, un ennemi à envoyer à Raynna. Raynna, voilà ce qui le terrifiait le plus. Nessima était la cité la plus proche de ce lieu damné qui accueillait les pires engeances tout comme les prétendus traîtres sindeldi.

Si Aeglos ne se rappelait plus précisément de sa déchéance au sein de la cour de Tahelta, les sentiments restaient vivaces à défaut de récupérer ses souvenirs de ce tragique événement. Il se souvenait parfaitement de la honte, de la terreur et du désarroi qu'il avait ressentis alors. Il était honteux d'avoir été considéré comme un traître auprès des siens et surtout auprès des grandes familles réunies à la capitale. L'ombre de l'Ithil Taerym planait toujours sur lui, où qu'il aille, ce sindeldi avait réussi à le priver de toutes relations avec ses pairs et continuait, en dépit des efforts d'Aeglos, de façonner son destin. En résumé, il ne traîna pas plus longtemps avant de pénétrer dans l'énorme bâtisse. Celle-ci était évidemment immense et luxueuse comme il fallait s'attendre de l'architecture sindel.

Une table attendait de nombreux invités, celle-ci était éclairée par quelques bourgeoirs et au coeur des piliers soutenant la structure étaient nichées quelques lanternes projetant leur pâle lueur sur les marches d'un massif escalier en forme d'arc de cercle. Des mets froids et des boissons les attendaient avec une pancarte indiquant en langue commune qu'ils pouvaient disposer de tous ces mets appétissants. Ce n'était guère la nourriture raffinée des nobles de Tahelta, mais vu ses déboires et ses pérégrinations sur Yuimen et sur Izurith, il n'allait pas se plaindre de l'attention qui leur était réservée.

Plusieurs invités étaient attendus et certains s'y trouvaient déjà. Il y avait une jeune femme aux cheveux roux accompagné d'un animal qu'il connaissait fort bien pour avoir lu un intéressant ouvrage à leur sujet. Toute beauté dans ce monde n'avait, semblerait-il, pas totalement disparu. Il vit une fillette, très jeune, ce qui ne pouvait que l'étonner, mais après tout il devait bien avoir une mission pour chacun d'entre eux. Il émanait d'elle une certaine confiance et joie qu'il ne pourrait décrire à la perfection. Une guerrière hinïonne et un humain étaient également les invités de leur commanditaire. Il leur offrit un doux sourire et les salua poliment. Son sourire s'éclipsa lorsque son regard croisa subitement une sombre connaissance qu'il aurait préférée éviter depuis leur retour d'Izurith. Arkalan l'avait reconnu et il vit qu'il l'avait reconnu à son tour, son corps se crispant à sa vue. Ils n'étaient pas partis en bon terme la dernière fois qu'ils s'étaient croisés. Le shaakt se dirigea vers lui, toutefois son attitude n'indiquait nullement qu'il désirait le tuer sur le champ.

Leur discussion étant inévitable, Aeglos le laissa s'approcher, ce dernier dévoilant son visage balafré et son oreille tranchée. Il n'était pas un expert, mais il savait reconnaître des traces de torture lorsqu'il les voyait. L'auteur de ces actes ne désirait pas le tuer, juste le marquer comme on marque un vulgaire bétail. Sa voix calme exprima ce qu'il avait sur le coeur. Lorsqu'il parla de trahison, Aeglos songea qu'une nouvelle personne l'accusait d'être un traître alors que la réalité nuançait largement cette critique. Il ne put cacher le désaroi qui transparaissait dans l'éclat de ses yeux bleus lorsque le shaakt lui rappela la dure réalité : Izurith n'était tout simplement plus.

Il ne l'interrompit pas une seule fois, analysant chacun de ses mots pendant ce temps là. Bien que sa voix soit calme, ses mots lui indiquaient outre une certaine méfiance envers lui, une crainte qu'il ne tente quelque chose au cœur même de son pays. Il était vrai qu'un shaakt en plein milieu du territoire des sindeldi, c'était des plus risqués pour lui. Il pourrait user de cette situation pour le conduire à faire ce qu'il désirait, mais il avait parlé honnêtement, et Aeglos décida d'être honnête et loyal à son encontre. Il le rassura à voix basse :

- Arkalan… Je ne me méfie pas de toi, ni ne t'en veut pour tes actions sur Izurith. Tu as fait ce que la mission te dictait de faire et tu as suivi ta logique, je respecte cela. Je ne suis pas là pour te causer le moindre ennui, je suis là pour mon peuple. L'avenir des sindeldi est tout ce qui m'importe que cela soit sur Yuimen et sur Izurith. Sur Izurith, je n'avais aucune loyauté à avoir envers celles qui ne sont que des shaakts et des comploteurs contre mon peuple. Aënalia a trahi son peuple, pourtant je ne la hais ni n'ait désiré lui faire du mal. Les Patriarches avaient des espions chez les Kerrela, ils savaient qu'elle était là et cela ne pouvait être moi, je suis resté avec vous tout du long. En revanche, la matriarche sindel et sa fille mi-sindel et mi-shaakt, elle avait tout intérêt à ce que ce Aënalia soit capturée. Voilà pourquoi j'ai aidé à sa capture, pour en apprendre plus sur les Patriarches et les jeux politiques auxquels se livraient chacun des camps. De surcroît elle aurait été capturée sans mon aide, mais elle aurait potentiellement plus gravement touchée par les patriarches. Je me suis assuré qu'elle allait être soigné lorsque j'étais dans la cachette des Patriarches. Je n'éprouve aucun plaisir à attaquer l'un des miens, j'en souffre pour une raison que tu ne pourrais comprendre…

Laissant ses mots voler jusqu'à Arkalan, il fit une légère pause avant de terminer son explication.

- J'ai essayé de protéger mon peuple depuis plusieurs siècles, aujourd'hui j'ai la possibilité de le faire, alors je te le demande comme une faveur, souhaites-tu m'aider ? Réfléchis-y et si tu as d'autres questions sur ce qui s'est passé sur Izurith, je serais heureux de te répondre.

L'abandonnant un instant, il se tourna vers les autres invités, leur proposant de leur servir la boisson de leur choix avant de remplir sa coupe. Assis convenablement sur son tabouret autour de la table, il sortit de sa sacoche une fiole contenant un liquide bleuté qu'il vida dans sa coupe avant de la boire. Quelques instants après, une sindel à l'allure des plus militaires, leur annonça qu'elle était leur commanditaire et leur expliqua le fonctionnement du royaume de Sarindel, non sans inquiéter Aeglos lorsque celle-ci prit la liberté de critiquer leur société avec une certaine désinvolture. Elle leur expliqua leur mission qui consistait à savoir de quoi il retournait avec les Eruïons qui s'agitaient dans le désert de Sarnissa. Elle leur assura que leur quête s'avérait périlleuse, que s'ils ne sentaient pas près, il valait mieux repartir chez soi. Elle avait le don d'accueillir ses invités, mais au moins c'était très clair. Finissant ses explications, elle leur tendit à chacun une carte du royaume et un laissez-passer pour accomplir de manière la plus libre possible leur mission. A la fin de son discours, Arkalan pointa des choses intéressantes. Il s'enquit de savoir si leur commanditaire voulait obtenir des preuves sur de potentiels traîtres hauts placés dans la hiérarchie des Ithilausters et s'intéressa à propos des mouvements des troupes nocturnes décrites plus tôt.

Finissant sa coupe, il laissa les informations se décanter dans son esprit. En premier lieu, il y avait deux héritiers au trône et de surcroît des plus légitimes. Sa loyauté allait à leur famille et il espérait de tout coeur que le prince et la princesse se portaient bien et étaient protégés de toute influence de l'Ithil Taerym. En second lieu, leur commanditaire appartenait à l'une des nobles familles du royaume et semblait passer outre les ordres donnés par ses supérieurs. Cela pouvait être dangereux pour eux tous. Enfin, rien n'indiquait que les informations qu'elle recevait étaient fiables. Cette histoire d'êtres plus petits que les Eruïons et plus trappus qu'eux, cela pouvait être autant un moyen de les diriger vers une fausse piste qu'un piège qui leur était tendu.

- Je voudrais vous remercier, Sylënn'tar Ithil, de nous accueillir en premier lieu et de nous faire confiance pour cette mission. Il va de soi que, contrairement à mes pairs, je serais ravi que notre royaume s'ouvre aux étrangers et j'espère que notre mission commune convainquera les autres sindeldi également.

- Pardonnez mon ignorance du fait que je ne suis plus retourné dans notre royaume depuis plus de deux siècles, mais j'ignorais qu'il y avait une autre descendante des Ithil, l'une des nobles familles du royaume de Sarindel. Par ailleurs, je dois vous informer que les Ithilausters n'apprécient guère cette initiative de mander des étrangers, j'ai failli assister à une virulente querelle entre quelques aventuriers humains et les Ithilausters revenus en masse à Tahelta et à Nessima à bord de l'aynoyre dans lequel j'étais. Ainsi, si je comprends bien, nous faisons cela dans le dos de l'Ithil Taerym et du conseil, sauf si j'ai mal interprété vos propos. Le risque est très grand si nous échouons, pour nous comme pour vous. Pouvons-nous donc, en prenant cela en considération, faire confiance à vos hommes et aux informations qui vous ont été données ?

La laissant répondre à ses interrogations, il attendit à nouveau son tour pour se faire plus curieux cette fois-ci.

- Les Eruïons sont une chose, notre peuple en est une autre, alors pardonnez mon extrême prudence, mais j'aimerai savoir qui est le régent si ce ne sont pas, contrairement à nos coutumes établies, la descendante de notre défunt roi et de notre défunte reine et si c'est toujours Gaëren'Tar Ethariël qui gouverne Nessima. Je pense également que si nous voulons savoir qui est ou qui sont les personnes derrière cette volonté de créer une guerre entre deux peuples opposés depuis des millénaires, il faudrait se demander qui serait en charge d'une attaque armée contre les Eruïons si malheureusement cette option s'imposait aux yeux de nos dirigeants afin de savoir qui pourrait profiter d'une telle guerre.

(Absorption d'un fluide de glace)

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Jorus Kayne
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Re: La Garde Militaire de Nessima

Message par Jorus Kayne » ven. 6 sept. 2019 18:13

Deux jours après mon arrivée à Kendra Kâr, je reprends mon voyage en Aniore cette fois-ci. La vitesse de cet engin est juste prodigieuse. Les nuages défilent alors que l’océan, à perte de vue semble rester immobile. Il ne nous faut que cinq heures pour atteindre le mystérieux continent du Naora. Contrairement à mon vol précédent, nous embarquons rapidement pour notre destination finale. Une fois arrivée, je suis autorisé à fouler autre chose que le sol des zones d’embarcation. Lorsque j’indique venir en soutient au peuple du Naora, on m’escorte afin d’éviter que je ne me perde malencontreusement, à moins que ce ne soit pour éviter que je ne profite de l’occasion pour arpenter les terres qui m’auraient été interdites en temps normal. Je suis en permanence sous bonne escorte, mais j’ai cette impression que ces hommes sont là non pas pour me protéger, mais pour protéger les autres de moi. Mais je vais finir paranoïaque avec ces regards qu’ils me lancent, ils ne nous feraient pas venir pour nous mépriser de la sorte tout de même. Si ?

Bon déjà on ne m’emmène pas dans la tente du coin. La cité est carrément une forteresse à elle seule. Rien que l’énorme porte pour entrer dans la ville et ses meurtrières disséminées un peu partout fiche une frousse de tous les diables. Je passe par un quartier franchement joli à traverser pour finalement arriver à bâtiment tout aussi menaçant que les murailles extérieures. Peu de chance que je puisse y pénétrer sans mon escorte, mais je passe plutôt pour un prisonier. On me fait descendre plusieurs étages au sein même de cette forteresse par le biais d’un escalier en spiral, dont la taille n’est pas en adéquation avec l’énormité du sous-sol. Pas plus de deux personnes à la fois et on ne court pas ! J’arrive finalement dans une pièce vaste, avec un nombre incalculable de piliers soutenant le plafond. Des orbes enchâssés dans les piliers éclairent cette partie du bâtiment, en particulier une table hexagonale entourée de douze tabourets taillés dans la roche. Comme si on avait l’intention de repartir avec un de ces trucs ! Si la table est vide, un peu plus loin se trouve un buffet froid avec boisson ainsi qu’un écriteau signalant un buffet gratuit. De mon expérience sur Aliaénon, il vaut mieux éviter de toucher à ce qu’on ne connait pas.

(Un fruit vite mordu peut révéler après coup le besoin de se faire éplucher. On va éviter de se faire remarquer !)

Je m’avance à la table de victuailles et ne me sers qu’un verre d’eau. J’aurais le temps de me péter le bide une autre fois et puis avec cette tension, je n’ai guère faim. Je ne suis pas le seul présent. Si des têtes me sont inconnues, d’autres le sont nettement moins à l’image de Yürlüngür à qui je retourne son salut, mais surtout de Sibelle. Un déferlement d’émotions me submerge lorsque j’aperçois l’elfe, car la dernière fois que je l’ai vu alors que la Tour d’Or se disloquait, elle avait choisi de sauver parmi toutes les personnes présentes Naral Shaam. Ce misérable elfe rose responsable d’un massacre sans nom pour réveiller les Titans, dont l’un d’eux s’est rendu à la Tour d’Or pour tuer tous les représentants des cités d’Aliaénon. Je jette un regard noir à la guerrière tandis que ma faéra m’oriente, à sa manière, à un peu plus retenue à ce sujet.

(POILS-DE-CUL-BRULES !)

(Quoi ? Mais qu’est-ce que j’ai fait ?)

(Tu crois peut-être que j’ai pas remarqué ton regard noir ? Tu m’as pris pour un lapin de trois semaines ?)

(Mais tu te rends compte que parmi toutes les personnes qu’elle pouvait sauver elle a choisi Naral ?)

(Et toi, tu te rends compte qu’elle est capable de te couper la tête et de la remplacer par une tête de veau avant que ton corps ne s’effondre au sol ?)

(Mais…)

(Pas de mais ! Si tu cherches la merde dans le meilleur des cas tu seras foutu dehors, mais je suis sûr que Castamir sera ravie de savoir que tu t’es fait sortir à coup de pied au cul ! Alors ?)

(Bon…d’accord !)

Je décide de reporter mon attention sur les autres membres. Parmi les personnes présentes comme à chaque fois qu’il se passe quelque chose de grave il y a des peaux noires. Le Shaakt de service me rappelle que trop Endar avec son arc. Son visage balafré souligne admirablement une absence de chair à l’oreille gauche et ses cheveux blancs sont coupés comme je le ferais avec les pieds. A sa gueule, je ne serais pas étonné d’apprendre qu’il s’est fait marché dessus pas une horde de Garzocks. Une jeune fille est également présente et bien que cela doit être de moitié, sa parenté avec la race des Shaakts est indéniable et vu la qualité de ses équipements, elle doit être aussi dangereuse que Yürlüngür. Je ne suis pas le seul humain puisqu’une ravissante rousse est présente. Si sa chevelure et ses yeux verts me rappellent Castamir, la créature qui l’accompagne m’incite à ne pas faire la comparaison plus loin. Un membre des Sindeldi semble également présent de notre côté de la mission qui nous est confié. Il a les yeux bleus, ainsi qu’un visage fin et une longue chevelure noire. Cependant, ce qui me marque le plus est ce tatouage qu’il arbore sur son front. C’est discret, mais on dirait un serpent. Incommodant à souhait. Fait étrange, le Shaakt interpelle le Sindel en lui proposant vraisemblablement de faire table rase du passé et d’oublier leurs différents, en particulier la trahison du Sindel sur un lieu nommé Izurith. Ce dernier répond qu’il ne lui en veut pas concernant les actes commis et que le sort de son peuple l’importe davantage. Il enchaîne avec des descriptions, mais je me désintéresse complètement de leur conversation. Ainsi, certain d’entre nous se connaissent déjà, même si nous sommes loin de la franche camaraderie.

Je commence à peine à les détailler que déjà une guerrière arrive. La demoiselle à de quoi se faire remarquer avec son équipement de qualité. Elle dévale l’escalier pour arriver au niveau de la table avec la souplesse d’un chat et dépose un tas de parchemin sur la table. La dame possède ce type d’aura singulière des être à l’autorité indiscutable. Le genre typique de personne contre qui je lutte avec des remarques idiotes pour ne pas laisser mon stresse monter. Elle nous scrute de ses yeux verts, loin d’être aussi ravissant que ceux de Castamir, mais tout aussi puissant. En revanche son regard est froid et elle ne prend parole qu’une fois chacun installé.

La dame se nomme Sylënn'tar Ithil et est la commandante de la Garde Militaire. Autant dire qu’un pet de travers et hop direction l’Anyore le plus proche. Notre commanditaire autoproclamée explique que depuis que les Sindeldis sont arrivés sur Yuimen il y a de ça vingt mille ans, c’est la première fois qu’ils font appel à l’extérieur pour aider à résoudre un problème. Nous sommes les premiers étrangers à fouler ce sol depuis les quatorze derniers millénaires. Cette expérience comme elle l’appel aura des répercutions sur la politique du royaume Sarindel. La réussite ou l’échec ouvriront ou fermeront aux étrangers à l’avenir.

(C’est bien, ça met pas du tout la pression d’un coup !)

Elle prend une pause le temps pour nous de digérer la chose, posant une carte du continent et passe à la partie importante : la raison de notre venu. Elle relate l’ancienne histoire de la région en expliquant qu’une puissante civilisation Shaakt était très présente en ce temps. Leur capital souterraine se trouvait précisément à l’endroit où nous sommes. Nessima la ville où nous trouvons actuellement est bâtie sur ses ruines et cette salle est la représentation même de leur grandeur à l’époque. Les Sindeldi ont décidé de conquérir l’île durant laquelle les Shaakts ont failli disparaître. Ils se sont réfugiés depuis dans le désert de Sarnissa et dans la chaîne volcanique de l'Akuynra. Ils ont accueilli des Sindeli exilés ainsi que des Hafiz et la race a changé pour devenir des Eruïons, les elfes bruns. Depuis le sud de l’île, ils vivent avec peu de ressources, l’eau et la nourriture y sont rares les obligeant à se livrer à des raids réguliers sur les fermes et villages.

Récemment ces attaques sont devenues plus fréquentes. L’armée est pleinement capable de protéger les frontières, cependant l’équipement militaire qu’ils possèdent est d’une qualité inhabituelle tout comme leur organisation. Pourtant ce qui inquiète davantage est qu’ils semblent connaître l’emplacement des troupes, facilitant les assauts. Cette information a été transmise aux dirigeants et un nouveau problème est survenu.

Elle cherche ses mots, vraisemblablement pour expliquer une chose qu’elle ne concevait pas il y a peu. Elle réfute les rumeurs sur la non-implication des Sindeli dans la guerre contre Oaxaca. La reine sombre a attaqué et conquis des colonies ainsi que la capitale Tahelta. Les souverains ont été tués et un couple de régents a été nommé à la tête du royaume, même si selon ses dires, c’est le clergé qui dirige le pays avec le dirigeant suprême du culte de Sithi et cinq hauts-prêtres constituant le conseil Royal. Cependant, au lieu de s’unir, ils bataillent dans une lutte de pouvoir et d’influence. Naémin et Farya, les deux héritiers potentiels sont chacun soutenu par une partie du clergé quand il n’est pas question de changer de lignée royale. Elle conclue que les dirigeants se soucient trop peu des évènements qui se déroulent actuellement. Certains hauts-prêtres veulent déclencher une nouvelle guerre pour se positionner en héros et d’autres ne voient pas l’intérêt d’une action particulière. Dans de telles circonstances, la commandante serait prête à renforcer les patrouilles aux frontières, s’il n’y avait pas un autre élément perturbateur.

Cette fois-ci la guerrière a le visage plus sombre que précédemment lorsqu’elle fait une pause et fixe la carte. Elle nous relate des rumeurs concernant des troupes armées autour des Montagnes Grises présente de nuit. Il n’y a pas plus d’information à ce sujet hormis que ces êtres sont trop petits et trop massif pour être des Eruïons. La menace est prise au sérieux. Qui sont-ils, d’où viennent-ils et quelles sont les raisons de leur présence sont les grandes inquiétudes de la Sindel, mais elle s’inquiète également la présence d’un lien entre ces troupes et la soudaine recrudescence des raids. Ces deux menaces et les problèmes internes au sein du gouvernement ont poussé la commandante à décider de prendre le pari risqué en faisant appel à des étrangers. Nous pouvons nous rendre là où les Sindeldi ne peuvent et nous avons un regard complètement neuf sur la situation. Cependant elle nous met en garde, certaines personnes puissantes souhaitent notre échec et il est bien possible que des Sindeldi nous posent problèmes. De plus, l’isolation des Sindeldi et la supériorité de leur race prônée par le clergé font que beaucoup sont racistes et ne s’en cachent pas.

Telles sont les missions qui nous sont confiées : découvrir ce qui se cache derrière la monté des raids des Eurïons et des étranges troupes des Montagnes Grises. Il est possible que des Sindeldi démunis soit derrière cela, leur nombre ayant augmenté depuis la conquête des colonies par Oaxaca, ou même que cela soit orchestré par les puissants de Tahelta. Elle termine cependant avec un avertissement, si nous sommes venus ici dans l’optique de nous enrichir, mieux vaut que nous repartions.

Pour ceux qui souhaitent rester elle offre un document, un laissez-passer nous permettant de passer les contrôles militaires, de nous approvisionner à l’armurerie Royale et même d’emprunter autant de Cynore que nous le souhaiterons sur les terres du Naora. Elle clôture sa prise de parole en écoutant nos éventuelles questions.

C’est le Shaakt qui intervient en premier en demandant sachant que les navires étrangers ne pouvent pénétrer dans les eaux Sindeldi, si cela signifiait une importation terrestre éloignée ou de ce secteur même. Il interroge la commandante si elle soupçonne un membre du clergé d’être mêlé à ces affaires, agissant de la sorte comme un acte de trahison et si elle cherche des preuves pour appuyer cette hypothèse. Enfin il termine en désirant connaître l’emplacement de ces fameuses troupes inconnues.

C’est au tour de la jeune Yürlüngür de faire preuve d’une délicatesse en faisant comprendre qu’il serait bon de connaître la récompense de notre intervention, sachant le traitement qu’elle aussi a reçu à son arrivée sur le territoire. Elle enchaîne avec la religion vénéré par les Sindeldi et demande qui est leur divinité. Avant de terminer en questionnant sur un moyen rapide et efficace de contacter la guerrière, elle l’interroge sur le pouvoir qu’elle peut avoir dans l’éventualité où un acte de trahison serait révélé.

Le Sindel fait des courbettes envers la commandante. Il la remercie de l’accueil et fera tout pour que le Naora s’ouvre au reste du monde. Il fait rapidement mention d’un descendant de la lignée royale qu’il ignorait et évoque que notre présence est contraire au clergé. Sauf mauvaise interprétation, nous allons œuvrer contre le clergé, rendant notre éventuel échec très dangereux. Ce à quoi il demande si les informations, comme les hommes sous les ordres de la commandante, sont fiables. Il finit par soulever un ultime point concernant la potentielle guerre à venir et la ou les personnes qui pourraient tirer profit d’une guerre contre les Eurïons.

Ne souhaitant pas couper la parole d’un autre, je fais signe de la main pour prendre la parole principalement aux aventuriers autour de la table.

"Il y a d’autres possibilités concernant la guerre et il est tout aussi probable que cela soit orchestré dans le but d’un échec. Si effectivement une victoire apportera une certaine renommée à celui qui la dirigera, l’effet inverse se produira en cas de défaite avec un important discrédit. Dans le cas d’une éventuelle traîtrise, on peut penser qu’un groupe de Sindeldi arment les Elurïons dans ce sens. Ce n’est donc pas uniquement ceux qui mèneront la guerre, mais bien tous qu’il faut surveiller malheureusement."

Je marque une pause avant de chercher de regard de la commandante.

"Dame Sylënn'tar Ithil, je me nomme Jorus Kayne, si malgré l’isolement vous avez estimé que la situation était suffisamment grave pour faire appel à une aide l’extérieur alors je ne doute pas que la récompense sera conséquente en cas de réussite." Je me tourne vers Yürlüngür un regard de bienveillance et reprends. "Il ne nous reste plus qu’à réussir ce projet." Puis je reviens vers notre hôte. "Cette jeune dame a soulevé un point qui m’intéresse également. Sachant que votre peuple semble tenir sa religion en très haute estime, il serait bon de nous faire un cours de théologie assez précis. Sans vouloir vous commander. Bien que je ne sois adepte d’aucun dieu, si ce n’est Kuby de temps à autre, je pensais me vanter de connaître toutes les autres divinités, même Valshabrabra !"

A ma remarque concernant la divinité des elfes noirs, je jette un coup d’œil à l’archer et la semi-elfe pour connaître leurs réactions.
Modifié en dernier par Jorus Kayne le ven. 6 sept. 2019 22:06, modifié 1 fois.

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Asterie
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Re: La Garde Militaire de Nessima

Message par Asterie » ven. 6 sept. 2019 21:58

Le garde m’indique qu’il ne surveille l’entrée que depuis ce matin, précisant que c’est là la punition que sa cheffe suprême lui a octroyée pour une obscure raison sur laquelle il passe rapidement. Il affirme que c’est la personne que je vais rencontrer incessamment sous peu, la dirigeante de cette Garde Militaire de Nessima, commissionnaire de l’annonce à laquelle je m’apprête à répondre. Je sourcille et fais la moue : elle n’a pas l’air commode. Sans plus en révéler sur ses malheurs, sans plus se montrer curieux non plus sur ma chevelure ou mon origine, il me mène à une salle en contrebas, préparée pour recevoir les différents volontaires venus des quatre horizons de Yuimen. Il me laisse y descendre via un escalier à colimaçon, et alors que j’emprunte les premières marches, je me retourne pour le remercier d’un signe de main et d’un sourire… Deux choses que je n’ai que trop peu vues à mon égard depuis mon arrivée en cette grise ville.

Je poursuis ma descente jusqu’à une salle au faste incroyable, tout elfique. Une immense table à six côtés trônait au centre de la pièce toute de marbre. Elle était entourée de tabourets à l’apparence peu confortable, mais chacun d’eux sans doute aussi couteux que l’intégralité de mes possessions plus celles de mon père, à la scierie. Une sorte de canal intérieur nourri d’une eau sombre fractionne le sol et cerne la tablée bien fournie en mets et boissons divers et variés. Eux aussi d’une qualité notable. Enfin, ça restait à prouver au niveau du goût, mais ils devaient valoir bien cher. Déjà présent, un shaakt observe mon arrivée d’un air méfiant – ou est-ce l’air naturel de tous les membres de cette sombre espèce ? – et écarte les bras alors que j’arrive à sa portée, comme s’il voulait prouver qu’il n’allait pas me planter un couteau dans le dos sitôt passée près de lui. Ma seule expérience avec les elfes noirs n’a certes pas été en leur faveur, mais est-ce là vraiment un trait commun à tous les leurs ? Je hausse subrepticement les épaules, ne sachant pas comment le saluer, et me contentant pour cela d’un simple signe poli de la tête. Par précaution, je ne m’approche pas trop de lui et enjambe l’un des canaux me séparant de la table pour aller poser mon fessier sur un des tabourets.

Je garde un œil sur lui, aussi n’aperçois-je le panneau indiquant aux visiteurs de se servir en boissons et nourritures que lorsque plusieurs autres mercenaires firent irruption dans la salle. Je ne les détaille guère, trop contente de pouvoir goûter à ces mets et fruits juteux, me précipitant sur ceux-ci avec avidité, prenant juste garde à ne rien renverser, mais manquant sans doute à quelques élémentaires de politesse basique en un tel lieu. Fille de la forêt, je m’assume telle que je suis. À peine ai-je le temps de grignoter quelques (dizaines de) raisins juteux et savoureux qu’une voix retentit soudain dans la pièce, attirant mon attention hors de mon assiette métallique. Quelle n’est pas ma surprise lorsque je constate que bien plus de monde que je ne pensais m’entoure désormais. Lâchant ma grappe dans le récipient, je tâche de me faire discrète pour me servir un godet d’eau et le siroter pendant que de longues et fastidieuses explications commencent.

Elles émanent d’une elfe grise qui dit s’appeler Sylenn Tartine, ou quelque chose approchant. Un nom curieux, mais qui ici doit signifier quelque chose de pur et de précieux, vu sa façon de se tenir. Une noble, sans doute. Une militaire aussi, vu la rigidité de sa stature. C’est elle, la cheffe. La commandante. La fameuse peau de vache ayant puni le pauvre garde curieux. Tout l’indique dans sa stature, son apparence, son habillage à la fois martial, froid et élégant. Le seul souci… c’est qu’elle me perd dès la troisième phrase de l’énorme monologue qu’elle sort alors. J’essaie vainement de m’accrocher à ses mots quand elle évoque la puissante histoire de son peuple et de sa ville, mais mon attention est bien plus tentée par les gouttes de jus qui perlent le plat de mon assiette, avec lesquelles je commence à jouer d’un index nonchalant, les séparant pour en créer de nouvelles.

Je relève la tête lorsqu’elle évoque le nom d’Oaxaca, l’ayant déjà moi-même entendu, bien que le concept de cette Reine Noire menaçante me soit plutôt étranger, n’ayant jamais eu à faire directement à elle ou à l’une de ses contrées conquises, de près ou de loin. Non : le challenge de la création d’une petite mare de jus dans l’écuelle me semble apparemment plus immédiatement pertinente. Appliquée, telle une artiste sur son œuvre, j’en viens même à me surprendre à passer la langue sur le coin de mes lèvres, inspirée et concentrée. Mais très vite, je manque de matière première, et lorsque le cours magistral se change en exposé géo-politique sur les régions alentours, je me saisis d’une nouvelle grappe dans la corbeille, avec une furtivité volontaire, mais toute relative en efficacité. Manque de pot : une des baies vertes se décroche et s’en va rouler sur la table, droit vers le seul autre humain de la compagnie – si l’on excepte une jeune gamine qui doit certainement avoir du sang de sinari, bien que je n’en ai jamais vu de ma vie - un jeune homme tout de cuir vêtu, ne payant pas de mine. J’ai beau tenter de raccrocher au flot de paroles prononcées, mon regard d’émeraude est irrémédiablement attiré par le fruit qui roule, roule jusqu’à tomber droit sur l’un des genoux dudit humain.

Gaffeuse dans l’âme, je sais réagir à ce genre de mésaventure, et me pare aussitôt d’un air innocent, regardant partout sauf dans sa direction, au risque de paraître complètement hors sujet, ce dont je me rends compte quand je croise le regard de notre commanditaire alors que je lorgnais vers le curieux anneau retenant plusieurs ceintures de cuir à ses hanches fines, à peine marquées. Son regard me glace, et le rouge me monte aux joues : qui sait si elle n’a pas lu dans mon esprit mon observation de ses formes androgynes qui n’auraient certainement pas plu aux hommes qui me courent habituellement après. Terrifiée, je me force à la regarder fixement, et à l’écouter de surcroit, de peur qu’elle ne remarque en moi une élève non attentive. J’ai donc tout le loisir de profiter de la synthèse de ce qu’elle attend de nous : enquêter sur des eruïons et des troupes près des Montagnes Grises, sans exclure la participation d’elfes gris, qu’ils soient pauvres et désespérés ou puissants, manipulateurs et haut-placés. Elle nous donne ensuite à tous carte blanche pour résoudre l’affaire… avant de nous préciser que nous ne gagnerions ici aucun argent facile. Je détourne le regard, comme si je me faisais gronder. Seul l’appel de l’aventure, de la découverte m’a menée ici, pas une quelconque avidité financière, et pourtant je sens comme une menace dans ses mots, qui me troublent.

Mon regard croise le laissez-passer qu’elle vient de nous confier, posé sur une carte dessinée à mon attention, dont je m’empare d’une œillade générale. Montagnes grises, montagnes grises… Il n’y a rien là-dessus qui ressemble à une montagne. Des taches de couleurs, avec ce que je reconnais être des mots, mais que je ne parviens pas du tout à déchiffrer. Mes joues s’empourprent encore davantage, alors qu’elle nous donne la parole pour d’éventuelles questions. Déjà que je n’ai écouté que la moitié, que mes manquements studieux me privent d’une lecture claire de la carte présentée, et voilà en plus qu’on doit nous-même décider quoi faire et où aller. Pour ma part, tout ce que j’ai retenu, c’est qu’une sindel est capable de parler sans discontinuer pendant une période surprenamment longue sans ressentir de besoin pressant de se noyer le palais dans un godet d’eau. Et alors que les autres commencent à déblatérer à leur tour, j’ai juste envie de lui en servir un, de peur que la pression de la mission ne la fasse s’oublier. Tout en écoutant les commentaires des autres, je me saisis donc d’une cruche argentée pour en déverser le contenu dans un gobelet métallique.
Le premier à prendre la parole est l’elfe noir. Il pose plusieurs questions, mais je suis trop contente de pouvoir répondre à la première, sur la possibilité de navires venant de très loin pour équiper les eruïons, que j’en néglige les suivantes. Car oui, un corail épais isole tout l’archipel de potentielles voies maritimes en condamnant tous les navires qui ne sont pas à fond plat – impossibles à manier en haute mer – à couler par le fond, la coque arrachée par les coraux. Je me fendrais bien de répondre, mais je ne crois pas cependant avoir assez de connaissances pour le faire. D’autant qu’il poursuit avec d’autres histoires de clergé, de régent, de trahison et de troupes nocturnes. Je me dis surtout, là, que je ferais mieux d’être attentive à la réponse si je ne veux pas être complètement larguée ensuite.

Prenant la parole à son tour en levant la main comme une petite apprentie face à un maître d’ouvrage, la demi-portion du groupe se montre vénale en amenant la question de l’argent sur le tapis. Angoissée à l’idée qu’elle se fasse décapiter séant, je scrute d’un œil nerveux la réaction de la commandante « Terreur » à cette remarque impertinente. Heureusement, elle m’apparait comme au moins aussi ignorante que moi quand elle évoque le culte de Sithi, qu’elle ne connait pas… J’en ai vaguement entendu parler par l’elfe ayant donné son nom à mon silnogure, mais je n’ai guère approfondi la question spirituelle avec lui, sentant le sujet sensible pour les siens, et n’en ayant pas moi-même réellement usage dans mon quotidien. Après quelques interrogations sur la toute-puissance de la Dame Tartine et les moyens d’entrer en contact avec de manière fiable, c’est un autre sindel qui prend la parole, mielleux à souhait, qui sait apparemment s’y prendre avec les femmes de son espèce. Elles doivent aimer qu’on leur lèche le trou-de-balle et qu’on le fasse briller à la brosse à reluire, vu les circonvolutions dans lesquelles il se tord pour s’attirer ses bonnes grâces. Tellement de blablatage qu’il me perd à son tour dans un verbiage géopolitique du cru. Dire que je ne connais pas moi-même le nom du Roi de Yarthiss, alors que c’est la ville où j’ai vu le jour… Il y a vraiment des gens qui s’ennuient énormément pour s’éloigner si fort de la vie réelle, de la nature, de la simplicité, de la contemplation et de l’action directe sans réflexion trop longuette.

Perdue dans mes réflexions, je néglige l’intervention de l’humain qui doit, par ses mouvements, avoir désormais un raisin écrabouillé sous sa semelle. Apparemment, il semble connaître d’autres personnes ici, au vu des regards qu’il jette aux autres membres de cette tablée… étonnamment humide. Mouillée. Trempée même.

« Merde ! »

La cruche a depuis belle lurette déversé son liquide au-delà du haut du gobelet, et son contenu s’étend maintenant vers moi jusqu’à choir au sol. Eau que Daelyrn s’empresse de laper goulument à mes pieds. Consciente de mon interjection vocale, je rougis de plus belle, mon regard vrillant de l’un à l’autre dans la crainte d’y voir un jugement acerbe. Je tente maladroitement de me rattraper.

« Enfin, j’veux dire… si vos peuples se détestent à ce point, c’est normal qu’au bout d’un moment, ils cherchent à se venger non ? Enfin non… Plutôt que ça serait surprenant qu’il s’agisse d’une trahison des vôtres, vu que vous semblez aussi prêts à faire confiance à d’autres espèces qu’un cocu à sa femme adultère. Enfin… c’est pas pour vous que je le dis hein, mais si vous êtes la seule à faire un pas vers des étrangers, c’est sans doute pas l’autre côté qui balance vos armes à vos ennemis, ça serait démentiel. Enfin, pardon... je... »

Je sens que je m’enfonce dans mes propres hésitations. Je déglutis, me mordant la lèvre, et finis par conclure, regardant l’elfe grise avec un regard appelant la pitié et la miséricorde :

« Vous… vous n’avez pas soif ? »

Et de lui tendre ce gobelet dégoulinant rempli à ras-bord d’eau claire…

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Sibelle
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Re: La Garde Militaire de Nessima

Message par Sibelle » sam. 7 sept. 2019 05:46

À présent que ses achats étaient complétés, la guerrière désirait se rendre à la garde militaire de Nessima. Lydiël accepta de l’y conduire, mais une fois devant le haut bâtiment de pierres blanches affublées de plusieurs tours, elles se séparèrent, l’archère poursuivit son chemin et Sibelle traversa la passerelle.

Une fois qu’elle eut décliné son identité et expliqué la raison de sa venue aux gardes militaires, Sibelle fut reconduite à travers la forteresse à l’endroit où avait lieu l’assemblée.

Sibelle, de nature méfiante, eut quelques doutes lorsqu’ils la firent descendre plusieurs étages dans un escalier étroit en colimaçon. Elle les suivit tout de même et ils aboutirent à un escalier de bonne dimension qui les amena dans une pièce immense. De nombreux piliers parsemaient la pièce et à l’intérieur de chacun à la hauteur d’homme était encastrée une sorte de lampe qui émettait une étrange lueur.

Placé dans un cercle de pierres entourées d’eau se trouvait une table de forme hexagonale qui rappelait les rayons de miel. Douze bancs de pierre l’encadraient, mais aucune personne n’y avait pris place. Les gardes demandèrent aux candidats de rester en retrait en attendant le début de la réunion.

Une table rectangulaire placée dans le coin de la salle, chargée de victuailles était mise à leur disposition afin qu’ils puissent se sustenter. L’estomac dans les talons, Sibelle ne se fit pas prier pour s’y rendre. Tout en se servant de viandes froides et de pain frais, la guerrière observa discrètement les autres aventuriers et dressa l’oreille sans vraiment écouter leur conversation. Un elfe noir au visage balafré et à l’oreille tranchée interpella un elfe gris possédant des yeux d’un bleu profond. Sibelle ne s’intéressa pas à leur propos, préférant observer leurs gestes et attitudes. Elle allait être appelée à faire équipe avec l’un d’eux, il était donc nécessaire de les cerner au plus tôt. Alors qu’elle parcourait la salle du regard, elle aperçut Yurlungur, elle la fixa un petit moment, conservant son visage impassible tout en se demandant s’il était plus prudent d’éviter la gamine ou plutôt de la suivre à la trace. Non loin d’elle se tenait une humaine à la chevelure rousse accompagnée d’un élégant, mais curieux animal ayant à la fois des traits canins et félins. Puis, ce fut avec surprise qu’elle reconnut Jorus qui était tout juste à l’extrémité de la table des victuailles. Ce dernier l’ayant lui-même aperçu la regardait d’un air mauvais. Intriguée d’une telle attitude à son égard, d’autant plus qu’elle n’avait eu à peu près aucune interaction avec ce dernier lors de leur dernière mission, elle vida le verre qu’elle avait à la main et se dirigea à pas rapide dans sa direction, les sourcils froncés.

Arrivée à la hauteur de l’humain, elle allait ouvrir la bouche pour le questionner lorsque la commandante, une Sindel aux cheveux noirs et aux yeux noirs pénétrants, fit irruption dans la salle, descendant précipitamment les marches. Sans un mot, elle se rendit à la table hexagonale, y laissa tomber ses parchemins et s’adressa aux aventuriers assemblées. Sibelle se détourna alors de Jorus, elle voulait connaitre le but de leur mission, elle aurait bien le temps de tirer les choses au clair avec Jorus après la réunion.

Après les avoir salués et s’être nommé, la commandante Sylenn’tar Ithil annonça qu’en plus de 20 000 ans, c’était la première fois qu’ils faisaient appel à des étrangers et que les derniers étrangers avaient foulé cette salle, il y a 14 000 ans. Toujours à deux pas de Jorus, Sibelle se croisa les bras, silencieuse, mais songeuse. Cette affirmation ressemblait fort à un avertissement.
Sibelle ramassa la carte qu’on lui tendit et l’examina attentivement. Lorsque la commandante reprit la parole, Sibelle dut faire un effort pour quitter ses yeux de la carte. Sibelle retint un soupir d’impatience lorsque l’elfe grise précisa vouloir faire un bref historique avant d’expliquer la mission. Nessima fut bâtie sur les ruines d’une cité Shaakt qui dominait la région, il y a plus de 15 000 ans.

(Ce qui explique l’architecture et l’originalité de cette salle)

La commandante expliqua que les elfes gris déclarèrent la guerre aux shaakt pour conquérir leur île. Les Sindels gagnèrent et les shaakt passèrent tout près de l’extinction. Les elfes noirs se réfugièrent dans le désert de Sarnissa et ainsi que dans la chaîne volcanique de l'Akuynra. Des Sindeldi se joignirent à eux et après quelques générations une nouvelle espèce d’elfe apparue, les elfes bruns appelés auss Eruïons. Ayant peu de ressources, ils vivaient de pillage de ferme et villages. Mais dernièrement les pillages se faisaient plus fréquemment et les Eruïons s’avéraient mieux équipées.

Elle expliqua par la suite les enjeux politiques, les jeux de pouvoir des Sindelis, mais Sibelle ne connaissant déjà rien à leur peuple ne comprit pas grand-chose. Elle retint que le clergé était à surveiller et que les dirigeants ne se préoccupaient pas des événements qu’elle venait d’énumérer.

Elle expliqua ensuite que des commerçants et des agriculteurs avaient aperçu de fortes troupes armées rôder de nuit autour des Montagnes. Sans distinguer leur race précise, ils s’avéraient trop petits et massifs pour être des Eruïons.

(Petits et massifs… des hobbits ou des nains…les hobbits sont très casaniers… des nains alors)

Plus que de connaître leur race, il importait de savoir ce qu’ils faisaient là, s’il y avait un lien entre eux et les Eruïons, ou avec Oaxaca.
Ayant détaillée la situation, elle les prévint que les Sindeldis tenteront de les nuire. De plus, son peuple n’avait pas l’habitude des étrangers et le clergé prônait la supériorité des Sindeldi.

( Trouver le mystère au niveau des Eruïons,… enquêter sur les mystérieuses troupes des montagnes… enquêter du côté des Sindeldi…. Ou des puissants de Tahelta… mon choix est fait. )

La commandante, digne de tout commandant militaire, les fixa un à un, leur rappelant que la mission ne serait pas facile, et rendant plus sérieuse ainsi la mission qu’elle leur confiait. Cela dit elle leur tendit un laisser-passer leur permettant de franchir les frontières militaires, de se ravitailler à l’armurerie ou d’emprunter gratuitement cynore.

Sibelle s’avança, prit le bon et prit une place autour de la table, tout juste à la gauche de Jorus et garda le silence alors que les autres aventuriers posaient déjà des questions.

Le shaakt s’interrogeait sur les navires inconnus, sur les équipements récents des elfes bruns, sur les soupçons possibles sur le clergé. Pour enfin conclure qu’il s’intéressait aux troupes nocturnes et désirait savoir où elles avaient été vues dernièrement.
Yurlungur prit la relève pour s’informer de la récompense promise. Et en toute connaissance de cause, elle parla de traîtrise, argumentant qu’il paraissait clair qu’il y avait des traîtres parmi les rangs de la commandante.

L’elfe gris enchaîna, annonçant qu’il serait personnellement ouvert à la venue d’étrangers. Il se demandait ensuite qui pouvait profiter d’une telle guerre.

Jorus leva la main et prit la parole à son tour. Il croyait qu’un groupe de Sindeldi pouvait armer les Eruïons. Il se présenta puis demanda à son tour quelle serait la récompense pour une mission qualifiée de difficile. Comme dernière requête, il demanda à comprendre davantage les croyances des Sindeldis.

Contre toute attente, ce fut l’humaine rouquine qui se décida à parler alors qu’elle semblait la moins concentrée du groupe. Elle semblait vouloir expliquer d’une façon tout à fait décousue qu’il n’était pas surprenant que des peuples se détestant cherchent à se faire mutuellement la guerre.

Sibelle ne prit pas la parole, non-portée sur le babillage, elle trouvait plus sage d’attendre les réponses aux questions déjà posées. Elle aviserait par la suite en se limitant à la direction qu’elle aurait choisie. Pour le moment, elle écoutait et mettait de l’ordre dans ses idées, tout en demeurant tout près de Jorus, il l’avait provoqué du regard, elle voulait en connaitre les raisons.
Modifié en dernier par Sibelle le dim. 8 sept. 2019 19:00, modifié 1 fois.

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Yliria
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Re: La Garde Militaire de Nessima

Message par Yliria » sam. 7 sept. 2019 12:45

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Réunion au sous-sol


La création des équipements prit un certain temps et je voyais Lyann trépigner sur sa chaise. Aussitôt que je pus récupérer la rapière et le bouclier, elle me pressa et je n’eus que le temps de remercier le forgeron et de mettre la coquette somme de yus donnée en échange de mes vieux équipements avant qu’elle ne me pousse dehors et ne me force à la suivre. J’avais pourtant envie de tester ces superbes pièces finement ouvragées, mais elle me pressa, affirmant qu’arriver à la réunion après Sylënn était une très mauvaise idée, celle-ci n’aimant apparemment être interrompue. Le haussai les yeux au ciel, mais, ne pouvant pas le voir, elle me pressa davantage et ce fut d’un bon pas qui nous arrivâmes devant le bâtiment de la Garde Militaire. Je reconnus aussitôt le blason et sentit un frisson d’anxiété parcourir ma colonne vertébrale. Lyann s’entretint rapidement avec les gardes qui me jetèrent des regards suspicieux et s’apprêtèrent à refuser, ce qui l'énerva.

- Cette jeune est ici pour répondre à l’appel, elle est l’amie du seigneur Ihtil, mari de la commandante et celle-ci sait qu’elle doit venir. Que pensez-vous qu’il arrivera si elle apprend que vous l’avez refoulée à l’entrée ?

Cela rendit les gardes quelque peu anxieux et ils ouvrirent le passage. J’avançai, m’attendant à voir Lyann faire de même mais elle s’arrêta à peine entrée.

- Je ne vais pas plus loin, j’ai des obligations. Je vais aussi prévenir Nyllyn que tu es rentrée, elle sera là pour t’accueillir plus tard.

-Attendez, je…. Je suis supposée faire quoi ?

- Ce qui te semble approprié, ni plus ni moins… Tu peux déjà enlever ce masque.

Je jetai un œil aux alentours, remplit de gardes sur les nerfs et secouai la tête, attirant un sourire compatissant sur le visage Lyann qui me tapota le haut de la tête.

- Je peux comprendre, notre accueil n’a apparemment pas été des plus… diplomate à ton arrivée, notamment venant de Sylënn. Enfin, elle te le dira si ta méfiance est légitime ou non. A plus tard Yliria, j’attendrai ton rapport.

Elle me poussa gentiment vers un garde qui m’emmena rapidement vers un escalier en colimaçon qui s’enfonçait profondément sous terre au vu du temps qu’il fallut pour le descendre. J’arrivai finalement dans une grande salle avec de larges piliers où étaient enchâssées de curieux orbes lumineux. L’architecture me fit grimacer, cela ressemblait beaucoup à Sanssitr, je n’aurais pas été étonnée que cette salle soit de conception Shaakte à l’origine. Une grande table hexagonale cernée par des tabourets taillés dans de la pierre trônait au centre de la pièce et j’aperçus une table plus simple garnie de nourriture et de boisson dans un coin. Pas question d’y toucher tant que j’étais sûre de rien, mais ça n’avait visiblement pas arrêté certaines des personnes présentes d’entamer les victuailles.

Je fis un rapide tour des personnes présentes. Un shaakt, duquel je m’éloignai aussitôt dès que ses yeux se posèrent sur moi avec une méfiance à peine dissimulée, en conversation avec un Sindel aux longs cheveux sombres, seule représentant de son peuple pour le moment. Un hinnïonne au regard perçant semblait détailler chaque invité et je vis une œillade revêche s’échanger entre elle et un humain, comme s’ils se connaissaient déjà. Non loin, à ma grande surprise, se tenait une adolescente humaine qui me laissa une impression curieuse qui me fit froncer les sourcils. Ses équipements… il avait quelque chose d’étrange à leur sujet, sans que je ne parvienne à déceler quoi... magie peut-être, mais Alyah m’affirma qu’elle ne possédait aucun fluide. A vrai dire aucun, si ce n’était le Sindel, n’en possédait. Une autre humaine à la chevelure rousse se tenait également là, accompagnée d’une créature étrangement familière. Je mis quelques instants à reconnaître une forme différente de Silnogure. Tout ce petit monde semblait attendre depuis un moment et je m’avançai dans la salle avec précaution.

(Quelque chose à noter, Alyah ?)

(Hum… hormis le mage de glace Sindel, pas vraiment…. Deux Faeras, pour l’humain et l’enfant. La première je suis presque certaine de l’avoir croisé une fois, il y a longtemps. L’autre en revanche… elle semble endormie donc difficile à dire.)

Je la remerciai silencieusement et entendis des pas s’approcher depuis l’escalier. Sylënn apparut soudainement, les bras chargés de parchemins et se dirigea d’un pas ferme vers la table où elle les déposa sèchement avant d’attendre d’un air sévère que nous nous installions. Je levai les yeux au ciel, elle était visiblement toujours d’aussi bonne humeur… pour changer. Je pris place sans un mot et attendis qu’elle démarre ses explications. Et je ne fus pas déçue. Je ne pensais pas qu’elle pouvait parler aussi longtemps. Elle commença ses explications par mettre en lumière l’isolationnisme de son peuple et conclut par ce que je savais déjà : de notre réussite dépendait la suite concernant les étrangers et l’ouverture ou non du Royaume. Pas de raison d’être anxieux…

Elle expliqua ensuite la situation en commençant par un historique avec les Shaakts, ce qui me fit hausser un sourcil. Avant même qu’elle ne termine, je me doutai de ce que cela signifiait, c’était lié aux Eruïons, et j’avais raison, mais pas comme je l’aurai cru. Comment ça les Eruïons possédaient du meilleur matériel ? De ce que j’avais pu voir dans le désert, ils n’étaient qu’au mieux sous-équipés… Je n’avais vu qu’une tribu cela dit, peut-être que d’autres étaient plus puissantes, mais savoir que les Eruïons s’armaient ainsi n’était pas du tout une bonne nouvelle. Connaissant la rancune envers les Sindeldi, cela pouvait rapidement basculer en une guerre ouverte et savoir que les Eruïons étaient apparemment bien renseignées étaient encore plus étrange, perdus qu’ils étaient dans leur désert. Croisant les mains sur la table, je réfléchissais au rapport avec tout ce qu’il s’était passé dans le désert, sans vraiment faire de lien, même si j’étais persuadée que cela avait en avait un, d’une manière ou d’une autre.

Ce n’était visiblement pas le seul problème et, lorsqu’elle parla d‘Oaxaca, je relevai la tête, inquiète. Une suspicion d’invasion par les troupes de la Sombre Déesse semblait envisageable, mais des créatures petites et massives ? Je ne connaissais pas assez ce sujet pour me prononcer dessus, mais la suite ne m’enchanta guère sans pour autant me surprendre. Oui le clergé allait nous ennuyer, oui les démunis pouvaient en avoir assez au vu des conditions infernales dans lesquelles ils vivaient et oui, tout cela allait sérieusement nous compliquer la tâche. Rien de vraiment très nouveau sous le soleil, mais j’imaginai qu’expliquer tout cela aux nouveaux arrivants était essentiel. Trahison, complot interne ou externe au royaume, invasion, révolte… cela faisait tout de même beaucoup… beaucoup trop.

(Pas étonnant qu’elle demande une aide extérieure, ses propres hommes sont peut-être sous les ordres d’un conspirateur. Je n’aime pas ça. En plus, faire une réunion de ce genre sans vraiment chercher à la cacher…)

(Oui, sois sur tes gardes, ça n’augure rien de bon.)

Les autres personnes avaient commencé à poser des questions, mais trop occuper à discuter avec Alyah, j’en perdis quelques-unes posées par le Shaakt, mais j’entendis nettement la première question de la jeune humaine qui me fit sourire. Pas de travail sans paiement visiblement. La question sur Sithi m’étonna bien moins. En dehors du Naora, personne ou presque ne connaissait son existence, rien de surprenant à ce qu’elle pose la question. Elle semblait avoir l’habitude de ce genre de réunion au vu des autres questions qui fusèrent, à croire qu’elle faisait ça depuis un moment. C’était possible de commencer aussi jeune ?

(Tu peux parler…)

Elle n’avait pas tort, mais cela me sidéra tout de même. Le Sindel posa à son tour une série de questions et souleva un point intéressant concernant une possible traîtrise des hommes sous les ordres de Sylënn. Il était vrai que les Ithilauster ne seraient pas ravis de voir débarquer autant de personne étrangères à Nessima et, d’après ce que j’en savais, les coups de poignards dans le dos c’étaient tout de même une discipline qu’ils avaient élevé au rang d’art à force de le pratiquer depuis des millénaires et son inquiétude était légitime. Il demanda également à qui une possible guerre pouvait profiter et je sentais que je n’allais pas aimer la réponse. Le jeune humain, qui fut le seul à se présenter, du nom de Jorus Kayne, leva la main avant de poser ses propres questions et il souleva un point intéressant : des Sindeldi qui armeraient les Eruïons. Ce n’était pas impossible, mais alors il y avait visiblement plusieurs camps qui s’affrontaient au sein même du peuple Sindel concernant ce sujet. Lui aussi posa ensuite des questions sur Sithi, affirmant ne pas connaître la déesse malgré sa connaissance des divinités, connaissant même… « Valshabrabra »

Je ne pus retenir un gloussement face à l’erreur de prononciation, volontaire ou non, de la déesse tutélaire des Shaakts. Mère serait ravie… Un cri me fit tourner la tête vers l’humaine à la chevelure rousse qui semblait avoir fait déborder un godet et avait mis de l’eau partout. Elle tenta tant bien que mal de reprendre contenance en mettant en lumière que la haine entre les peuples la faisait sérieusement douter d’une tentative de trahison de la part des Sindeldi. Son trouble était palpable et je me félicitai d’avoir mis mon masque pour éviter de montrer à tout le monde que je me retenais d’éclater de rire, réussissant à reprendre contenance vu la gravité de la situation. Seule l’Hinïonne resta muette, collant visiblement le dénommé Jorus Kayne pour je ne savais quelles raisons. Je me tournai d’ailleurs vers lui, la voix trahissant un amusement évident.

- « Valshabrabra » hein ? Un fin connaisseur en effet, vous connaissez Utu aussi je présume ?

Reprenant mon sérieux, je me tournai vers Sylënn en attendant les réponses qu’elle donnerait. Je gardai pour moi le fait que nous avions tué des Sindeldi portant les armoiries de la Garde militaire de Nessima au beau milieu du désert, il valait mieux la mettre au courant d’une autre façon que devant une petite assemblée d’étrangers, car cela n’allait probablement pas lui plaire. Tanaëth s’en chargerait sans doute. Pour l’heure, j’étais plus ou moins renseignée sur la situation, mais je n’avais aucune idée de quoi faire, les autres avaient posé les seules questions que je me posai. Pour le reste, il suffisait que Sylënn y réponde pour que j’y voie plus clair sur la marche à suivre. Je n’avais pas spécialement envie de retourner dans le désert de sitôt, surtout en connaissant ce qui s’y tramait.

(Montagnes alors ? je te vois mal tenter quelque chose à Tahelta, tu aurais plus un impact négatif qu’autre chose et je doute que les Sindeldi, même démunis, te fassent confiance.)

(Probablement… mais je ne sais pas encore. Tout dépend de ce qu’elle va dire. Tu connais une race petite et massive ? La seule qui rentre dans les critères ce serait des Thorkins. Mais des Thorkins au Naora ? Cela me parait bizarre.)

(Plus qu’une crevette géante mort-vivante dans les eaux de l’archipel ?)

(Vu comme ça tout paraît banal…)

Une question me vint alors.

- Vous avez parlé des Shaakts que vous aviez plus ou moins exterminés il y a longtemps. Savez-vous s’il y avait une autre race qui vivait ici, en plus des Shaakts ?

Quitte à en avoir le cœur net…


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Re: La Garde Militaire de Nessima

Message par GM Apprenti 1 » sam. 7 sept. 2019 16:02

Émergence


L'austère commandante darda son regard scrutateur sur Arkalan lorsqu'il prit la parole puis, après l'avoir attentivement écouté, répondit :

"Le Naora est entouré d'une barrière de corail, nul navire de haute mer ne peut la franchir. Quant à ce que les équipements viennent d'ici, non. Il n'y a qu'une forge capable de produire de l'équipement en masse à Nessima : l'Armurerie Royale. Or, outre le fait que l'un des trois armuriers Royaux est mon père, il serait impossible d'en sortir en douce de quoi équiper plusieurs centaines de personnes. Pour ce qui est de venir de très loin par voie terrestre...nous sommes sur une île, sieur."

Presque indiscernable, un soupçon d'ironie transperça pourtant dans sa voix à cette question, mais cela ne dura pas et c'est avec son habituel sérieux qu'elle poursuivit :

"Je ne suis pas une politicienne ou une milicienne rompue aux enquêtes, messire. Je dis seulement qu'il n'est pas impossible qu'une personne haut-placée soit derrière tout ceci, mais je n'en sais rien. C'est précisément pour découvrir ce genre de choses que j'ai fait appel à vous. Pour ce qui est des intrus, ils ont notamment été aperçus aux alentours de la Sylve de Saraënan et du delta du fleuve Sithialë."

Elle désigna les endroits en question sur la carte puis arqua un sourcil vaguement perplexe en dévisageant Yurlungur qui s'était redressée de toute sa taille, gagnant ce faisant un crucial demi-centimètre. Le pâle regard de la Sindel se durcit notablement à sa première remarque, mais elle lui répondit néanmoins avec le plus grand calme :

"La récompense que vous recevrez, jeune fille, sera à la hauteur des services que vous nous rendrez. Fastueuse si vous vous avérez véritablement utile, beaucoup moins si vous ne servez à rien. Quant à Sithi, c'est la Créatrice de notre peuple. Ce que vous, Yuimeniens, appelleriez une Déesse, liée à la Lune."

La question suivante de la jeune humaine parvint presque à fendiller le masque sévère de l'Elfe Grise, presque car seul un coin de ses lèvres se releva pour indiquer son amusement :

"Non, je ne suis de loin pas toute puissante. Je ne suis "que" la commandante d'une troupe d'élite de l'armée Sindel, placée sous les ordres du général de Nessima, lui-même sous les ordres des Ithils Aënors, de l'Ithil Taerym et des Régents. Pourrais-je faire tomber les têtes de traîtres? Peut-être, si les preuves sont suffisamment accablantes. Mais suivant de qui il s'agit, il se pourrait tout aussi bien que ce soit la mienne qui tombe."

Une perspective qui ne semblait nullement l'effrayer.

"Pour me contacter il vous faudra revenir ici, je le crains. Aucun messager n'est sûr, comme vous le relevez il est probable qu'il y ait des traîtres dans nos rangs ; parlez à la mauvaise personne et nous en paierons tous le prix fort."

Elle écouta ensuite le discours d'Aeglos, non sans manifester les signes d'un vague agacement à ses circonvolutions, avant de lui répondre :

"Je ne suis pas une descendante de la Famille Ithil, je suis mariée au Seigneur Nessimois de cette lignée. Et je sais fort bien que ma démarche ne plaît pas à bon nombre de membres du Clergé. Mais vous m'avez mal comprise : l'Ithil Taerym et les Ithil Aënors sont parfaitement au courant de cette... expérience. L'un de ces derniers est mon oncle, c'est grâce à lui que j'ai obtenu l'accord des régents. Quant aux autres, je ne vous ai pas caché les risques de cette mission, certains seraient ravis que j'échoue, ils pourraient alors tenter de mettre un de leurs fidèles à ma place. Pour ce qui est de la confiance, c'est un luxe que je ne puis me permettre. Il n'y a pas dix personnes au Naora à qui je l'accorde sans compromis."

A ses interrogations suivantes, elle rétorqua :

"Le général Gaëren'tar Ethariël dirige toujours les armées Sindel et Nessima, oui. Les Régents se nomment Baëler et Ylyth'tar Menaëth. Baëler est le frère de l'épouse de l'Ithil Taerym, Thylis'tar Niaëve, présidente du conseil des Quinze de Balsinh. Quant à savoir qui dirigerait nos armées en cas de guerre, et à qui elle profiterait... les possibilités sont nombreuses. Il y aurait sans nul doute d'interminables débats parmi les puissants de Tahelta, qui peut savoir ce qui en sortirait? Pas moi en tous les cas, comme je l'ai dit précédemment je n'ai rien d'une politicienne. Si vous voulez des réponses à ce genre de question, c'est dans les hautes sphères Taheltiennes que vous les trouverez, à condition de vous montrer assez adroit pour les obtenir évidemment."

Ce qui, à en juger par la moue sceptique qui souligna ses dernières paroles, n'aurait rien d'aisé. Les maîtres manipulateurs étaient nombreux à la cour, aujourd'hui comme jadis. Vint ensuite le discours de Jorus et sa demande d'un cours de théologie poussé. Sylënn'tar Ithil haussa un sourcil amusé à la boutade d'Yliria, puis répliqua à l'attention de Jorus :

"Si vous voulez des leçons de théologie, messire, allez donc voir un prêtre? Le vieux Valyan, l'Ithilauster de la cité, sera sans aucun doute ravi d'essayer d'expliquer à un humain les complexes préceptes philosophiques de notre peuple."

L'idée en tout cas semblait notablement l'amuser ce qui, en soi, était déjà un bel exploit. Son attention fut alors soudainement attirée par le juron proféré par Astérie, puis par le résultat aqueux de sa maladresse qui se répandait sur la table. Le froid regard de la Sindel laissa brièvement entrevoir une rarissime lueur de doute, comme si elle se demandait subitement quelle mouche l'avait piquée de faire appel à des aventuriers capables de telles maladresses, tandis qu'elle s'écartait prudemment de la table afin de ne pas se faire détremper. Mais son amusement déjà attisé finit par l'emporter et c'est avec un rarissime sourire au coin des lèvres, qui s'élargit davantage encore aux paroles très...imagées de la rousse, qu'elle accepta le verre d'eau proposé. Elle le vida d'une traite et le reposa devant elle avant de répondre :

"Merci. Je ne suis pas la seule à tenter de changer la mentalité de mon peuple, fort heureusement. Cependant, si vous voulez en savoir plus à ce propos... adressez-vous à Yliria."

Elle désigna du menton la jeune femme masquée avant de poursuivre :

"Les Eruïons rêvent sans aucun doute de se venger de ce que mon peuple leur a fait subir, oui. Et passablement de Sindeldi seraient ravis de les exterminer afin que leurs raids cessent. Mais actuellement nos dirigeants refusent de lancer une offensive contre eux. Nous avons tenté de les anéantir voilà près d'un millénaire, mais le désert de Sarnissa est vaste et son climat terrible. Nous y avons perdu tant de combattants et cela coûtait si cher que le Conseil de l'époque mit un terme à cette folie. Il faudrait donc de très sérieuses raisons pour qu'une nouvelle tentative en ce sens soit faite. Faire en sorte que les Eruïons deviennent une véritable menace, en les armant par exemple, pourrait en être une. N'en doutez pas une seconde : certains puissants sont prêts à tout pour accroître leur pouvoir et leur influence, même si cela devait nous coûter des milliers de vies."

Enfin, la Sindel répondit à Yliria en lui souriant avec une inhabituelle cordialité :

"Pas à ma connaissance, non. Je sais cependant qu'il existe certaines ruines n'ayant rien en commun avec l'architecture Shaakte, mais nos archives ne mentionnent rien sur leurs origines. Elles sont très floues concernant les premiers millénaires de notre présence sur Yuimen. Par ailleurs, les Ithilausters n'aiment rien tant que réécrire l'histoire à leur sauce, mais j'imagine que tu le sais, compte tenu de tes relations?"

Sans attendre de réponse à cette énigmatique -du moins pour le reste de l'assemblée - interrogation visiblement toute rhétorique, la commandante parcourut les aventuriers du regard, prête à répondre à d'autres questions s'il y en avait.
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De l'autre côté du miroir... Mais je vous aiderai sans vous décevoir !
GM en apprentissage, dégagez le passage !

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Sibelle
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Re: La Garde Militaire de Nessima

Message par Sibelle » lun. 9 sept. 2019 00:30

Plus consciente que n’importe qui de l’urgence de se mettre en action, Sylënn'tar Ithil commença à répondre aux questions dès que la jeune femme masquée eut terminé de formuler la sienne.

Son casque déposé à ses pieds, ses coudes sur la table et les mains jointes, Sibelle écoutait attentivement les informations que la commandante leur donnait. Elle apprit ainsi qu’il était impossible pour les navires de hautes mers d’approcher le Naora. Ce dernier étant entouré d’une barrière de corail. L’hypothèse, formulée par le shaakt quant à l’approvisionnement, vola en éclat rapidement lorsque Sylënn leur dévoila que la seule forge de Nessima pouvant produire un nombre important d’armes était l’Armurerie Royale. Forge dans laquelle son père occupait l’un des trois postes d’armuriers. Nessima étant une île, la voie terrestre était à éliminer, il ne restait plus que la voie des airs. La commandante enchaîna sur les questions politiques et avoua de prime abord qu’elle n’excellait point dans ce domaine. Elle supposait que des personnes haut placées pouvaient être impliquées sans pour autant pouvoir avancer des noms. Il ne s’agissait que d’hypothèses de sa part, rappelant que c’était aux aventuriers portés volontaires de trouver des réponses à ces questions.

Lorsqu’elle parla enfin des intrus, Sibelle, intéressée principalement par cet aspect de la mission, se pencha légèrement à l’avant, carte à présent ouverte et étalée sur la table devant elle. Sitôt qu’elle entendue parler de la Sylve de Saraënan et du delta du fleuve Sithialë, elle les chercha sur son parchemin. Le premier se situant sur l’autre versant des montagnes donc au nord de Nessima. Le second, adjacent au premier s’avérait être plus au Nord-Est.

Vint ensuite la question de la récompense posée par Yurlunger. Cette dernière fut rassurée que la récompense soit à la hauteur des services rendus. Contrairement à Aliaénon, où ils possédaient des pierres de communication, ici sur le Naora, il leur faudrait retourner à la garde militaire pour leur faire part de l’avancement de leur enquête. Il s’avérait aussi prudent de ne pas faire appel à des messagers, la traîtrise dans les rangs étant chose possible.

Sylënn confirma les propos de Aeglos concernant le clergé et leur probable désapprobation d’une telle démarche. Elle rectifia par contre que l'Ithil Taerym et les Ithil Aënors étaient au courant de ces projets. Il fut ensuite question des dirigeants des armées, mais Sibelle, même en tentant de bien saisir les propos, perdit rapidement le fil confondant tous ces noms inconnus et leurs fonctions au sein de ces armées.

Aussi surprise que Sibelle à la question de son voisin de table, Jorus, Syllënn répliqua, amusée que le vieux Valyan accepterait sans doute de lui donner des leçons de théologie.

Après avoir bu le verre d’eau maladroitement offert par l’humaine rouquine, elle lui expliqua que les Eruïons nourrissaient probablement le désir de se venger. De leur part, les Sindeldis souhaiteraient évidemment éliminer ces pilleurs. Pour le moment aucune offensive ne serait lancée contre ce peuple.

Répondant enfin à la dernière question, elle n’avait pas eu connaissance de la présence d'autres races ancestrales autres que celles des shaakt. Cependant, elle connaissait l’existence de ruines anciennes dont l’architecture ne correspondait en rien à celle des shaakt. Leur origine demeurait cependant floue. Attendant les prochaines questions, la commandante se tut.

Ce fut ce moment que choisit Jorus pour se procurer le bon. Lorsqu’il voulut revenir à sa place, Sibelle l’attendait. Debout à moins de trente centimètres, elle le regarda droit dans les yeux d’une voix ferme, froide, mais usant d’un ton contrôlé.

« Allez, vide ton sac, je t'écoute. »

Haussant un sourcil, ne daignant regarder l’hinionne en face, il demande d’un ton méprisant ce qu’elle lui voulait.

« Des réponses. Aie le courage d'affronter les conséquences de tes actions. Pourquoi ce regard, ce mépris, cette hargne soudaine ? » Rétorqua l’hinionne, toujours sur le même ton ferme, pleine d'assurance.

Elle fit ensuite un pas de plus, en avant. À peine 15 centimètres les séparaient désormais.

Dardant son regard plein de mépris dans celui de la guerrière non-intimidée, il s’approcha lui aussi, étant presque nez à nez, si ce n’avait été de leur mince différente de taille, Sibelle étant légèrement plus grande. Il voulait savoir pourquoi Sibelle avait choisi de sauver Naral Shaam. Choix qu’il n’approuvait guère, accusant ce dernier d’avoir massacré un nombre incalculable de gens et ayant provoqué le réveil des titans. Il termina en lui demandant comment elle affronterait les conséquences de ses actes lorsque le dragon mauve aurait engendré d’autres morts dans son sillage.

Le chat venait donc de sortir du sac. Il lui reprochait d'avoir sauvé Naral.

Toujours de la même voix ferme, mais d'un ton plus bas se rapprochant du chuchotement afin de ne pas écorcher les oreilles de son vis-à-vis Sibelle répondit:

«Ni toi ni moi n'étions présents lors des événements d'y a 5 ans. Tu as une version de l'histoire, j'en ai une autre. »


Jorus put l'entendre prendre une grande respiration, signe qu'elle se contrôlait pour ne pas laisser éclater sa colère, et elle poursuivit:

« Mais ce jour-là. C'est le sans-visage qui est allé quérir un des Titans, et c'est lui qui l'a emmené à la tour d'Or. Il a lui-même déclaré qu'il voulait tout détruire pour repartir à zéro... et ça, ce sont ses propres paroles. »

Elle ne portait pas le Sans-Visage dans son coeur, il avait sacrifié tout son peuple pour satisfaire ses idées de grandeur. Après à peine une seconde de silence, elle reprit:

« Et oui, j'ai sauvé Naral. Et lui-même a sauvé 11 personnes ce jour-là en leur permettant de traverser le fluide. Cinq directement : Yurlungur, Sable, Ibn Al’Sabbar,Sheeala et Triman, puis 6 indirectement par ton intermédiaire. Il t'a expliqué comment utiliser tes connaissances afin que tu puisses sauver: Xël, Endar, Simaya Sombreroc, Arthès Raisonvive et Egregor Carminès. .... Je suis arrivée trop tard dans la salle des fluides, il n'a pas pu prévenir Jess et Guigne, même s'il a tenté de le faire. »

Elle se recula d'un petit pas afin de pouvoir planter son regard dans le tien. Aucune agressivité ne pouvait s'y lire, mais de la détermination à justifier son action.

« Donc, je ne regrette pas de l'avoir sauvé... Si je ne l'avais pas fait.. la gamine ne serait pas dans cette salle ce soir, et Xël ne serait plus de ce monde car tu n'aurais pas su comment le sauver. »

Elle plissa légèrement des yeux puis poursuivit d’une voix grave :

« Et je te remercie d'avoir sauvé Xël, je tiens beaucoup à lui. »

Elle recula d'un second pas, étant à présent tout de même à moins de 30 cm de lui et rajouta:

« Je vais choisir d'enquêter sur ces troupes nocturnes composées d'êtres petits et massifs. Donc si ton mépris envers moi est encore présent, tu sais à quoi t'en tenir, et tu n'as qu'à choisir une autre option. »

Tout cela avait été prononcé avec assurance, fermeté, mais aucune animosité.

Le jeune homme têtu tenait mordicus à sa vision des faits et niait le fait que Naral avait aidé au secours des membres de l’assemblée lors de la destruction de la tour. Il ne savait encore où aller, mais serait tenté de la suivre pour s’assurer qu’elle n’aide pas le camp ennemi.

Le visage de la guerrière devint blanc de colère, mais elle se retint. Elle se rendit compte qu’il était borné et rien ne pourrait lui faire changer d'idée. Elle décida donc de ne pas répliquer. Non portée sur les longs discours, elle avait déjà fait un gros effort pour tout expliquer, elle n'en ferait pas davantage. Elle le fixa une fois de plus de ses yeux noisette.

Pour toute réponse, elle ajouta: « Tu es libre de faire le choix qui te plait. Je ne te tiendrai aucune rancune. Si tu retrouves en danger, je te porterai secours sans hésiter. »

Cette dernière proposition s’avérait sincère, mais était volontairement teintée d’une certaine condescendance. Il semblait vouloir répliquer, hargneux, mais changea subitement d’idée.

N’étant point déçue que cette conversation prît fin, elle opina de la tête. Même s'il ne partageait pas la même vision de la situation sur Aliaénon, l'abcès était percé, Sibelle comprenait enfin pourquoi Jorus lui avait jeté ce regard courroucé. Elle s’assit donc à sa gauche, mais ne lui accorda plus aucun intérêt. Son regard se promenant d’un compagnon à l’autre, il s’arrêta sur la femme masquée, ou plutôt sur ses avant-bras. Le symbole sur ses brassards lui semblait connu. Elle plissa les yeux pour mieux voir. Elle mit alors instinctivement, sa main sur son estomac, à l’endroit précis où se trouvait son médaillon. Il s’agissait du symbole des danseurs d’Opale, cette jeune femme faisait également partie de cet ordre secret. Reportant enfin son regard sur la commandante, Sibelle annonça ses couleurs.

« Je me prénomme Sibelle. Pour ma part, je pense me diriger au-delà des montagnes pour enquêter sur les mystérieuses troupes. Des êtres petits, massifs, meilleures visions de nuit, près des montagnes, si nous n’étions pas sur le Naora, j’aurais dit des nains. Si ma vision de jour est plus qu’excellente, celle de nuit est défaillante. Cependant, mon ouïe sensible pourrait bien être utile. »

Puis s’adressant à la commandante :

« Pourriez-vous me nommer ou présenter ceux qui les ont aperçus ? Ils auraient peut-être plus de précision à nous donner. »
Modifié en dernier par Sibelle le mar. 17 sept. 2019 01:21, modifié 1 fois.

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Arkalan
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Re: La Garde Militaire de Nessima

Message par Arkalan » lun. 9 sept. 2019 14:09

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Au moins les choses sont claires. Aeglos n’a pas plus que moi l’intention de nuire à l’autre. Lui est là pour aider son peuple et moi dans un but de rendre un service en échange d’un autre. A son long discours je me contente d’incliner la tête pour que nous n’ayons pas à tergiverser plus longtemps bien qu’une petite partie de moi désire lui demander la manière dont il est revenu sur Yuimen, si comme moi, une silhouette de femme cornue l’avait sauvé en lui demandant de prendre soin d’un œuf géant.

Suite aux explications de la commandante, quelques questions sont posées, plusieurs concernent la rémunération. Des questions que j’ignore vu le peu d’intérêt que je porte à l’argent et à présent à ceux qui s’en inquiètent. Parmi eux un certain Jorus qui ensuite croit amusant de volontairement écorcher le nom de la déesse araignée. Penser à la divinité plonge irrésistiblement mon esprit dans l’effroi le plus totale. Une réaction incontrôlable qui me pousse à faire un pas en arrière, comme si elle allait soudain apparaître devant moi pour m’attraper dans ses huit pattes fines et tranchantes. Ce n’est qu’une demi-seconde suffisante de terreur pour qu’un filet de sueur coule dans mon dos et sur mon front. Mon regard horrifié se dirige ensuite vers l’humain et se mue en regard méprisant, haineux. Il lui avait fallu quelques secondes pour s’identifier clairement comme un imbécile et pour m’avoir fait me souvenir de choses désagréables je le haïssais.

La commandante attire mon attention quand elle répond à mes questions, expliquant que l’île est entouré d’une barrière de corail infranchissable. Que la seule forge capable de produire autant d’équipement est celle de Nessima et qu’il est impossible d’en sortir en douce de quoi équiper des centaines de personnes. Elle se moque ensuite de moi, précisant que nous sommes sur une île et que les armes et armures ne peuvent donc venir par voie terrestre.

" Certes. Mais ces armes viennent bien de quelque part. Il est donc fort probable qu’il existe une autre forge capable d’en produire."

Je désigne du bras la vaste salle où nous nous trouvons.

" Peut-être existe-il une autre cité souterraine qui en est pourvu. "

A ma deuxième question, j’ai une réponse à laquelle je m’attendais, c’est précisément à nous de le découvrir. Le fait qu’elle n’en sache rien ne signifie qu’une chose en réalité. Je ne peux faire confiance à personne. En ce qui concerne les mouvements nocturnes elle désigne deux endroits au-delà des montagnes, au nord et nord-est d’ici. J’incline la tête, c’est suffisant pour que je me mette en route. J’enroule ma carte et la range dans mon sac, en m’apprêtant à partir j’entends l’Hinionne se présenter sous le nom de Sibelle, elle souhaite elle aussi enquêter au nord des montagnes. Elle précise que son ouïe est excellente et que cela peut sans doute rendre service. Elle demande le nom de ceux qui ont aperçu quelque chose. Elle émet l’hypothèse qu’il pourrait s’agir de nains. Si Jorus s’est montré stupide dès les premières secondes, qu'une autre a réussi à démontrer sa maladresse, Sibelle, elle, fait au moins preuve d’initiatives et de réflexion. Un autre avantage qu’elle n’a pas dévoilé c’est qu’elle sait sans doute se battre. Une qualité importante, qui sait ce que l’on peut croiser dans ces montagnes mis à part des elfes bruns, des assassins Sindels ou d’éventuels nains.

J’incline la tête en direction de la Commandante Ithil pour la remercier et je récupère un laisser passer avant de tourner les talons pour me diriger vers les escaliers. Avant d’en démarrer l’ascension je jette un regard vers l’Elfe blanche.

" J’aimerais faire de la place dans mes sacs avant d’entamer mon voyage vers le nord. Si vous désirez m’accompagner vous pourrez me retrouver devant la garnison. Je ne tiens pas forcement à passer plus de temps ici. "

J’observe la haute salle avant de déclarer.

" L’architecture Shaakt me met mal à l’aise. "

Puis je monte les marches d’escaliers pour me rendre à l’armurerie.

>>>
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Yliria
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Re: La Garde Militaire de Nessima

Message par Yliria » lun. 9 sept. 2019 19:10

<< Auparavant



Les réponses de Sylënn ne tardèrent pas. Rien de bien nouveau à noter au début, le fait que le Naora soit une île entouré d’une barrière de corail limitait beaucoup les incursions et quant à savoir d’où les armes pouvaient provenir, à part la forge de Nessima, il était impossible d’en produire en telle quantité selon ses dires. Cela ne sembla pas vraiment suffire au Shaakt qui donna une hypothèse valable, une autre cité souterraine, comme Sanssitr, mais intacte. Possible, bien que cela fut étrange que les Sindeldi ne soient pas au courant d’une telle chose sur leur propre continent. La question de l récompense sembla l’agacer et elle ne répondit pas vraiment à la question, mais cela m’indifféra, je n’étais pas là pour ça. Lorsqu’elle enchaîna sur les explications politiques, je peinai à suivre. Trop de noms inconnus, je décrochai en promenant mon regard autour de la table, m’arrêtant sur le Silnogure assis non loin. Il capta mon regard et pencha la tête d’un air intrigué, ce qui me fit sourire. Après avoir vidé le verre d’eau maladroitement offert par la jeune femme rousse, Sylënn se déchargea gentiment d’une question en me désignant d’un signe de tête, prénom à l’appui. Pour l’anonymat c’était raté… Elle raconta ensuite ce que Tanaëth m’avait expliqué, à savoir la désastreuse campagne dans le désert de Sarnissa par les armées Sindel qui avaient tout simplement abandonné à cause de leurs pertes trop importantes. Pour avoir effleuré la région, il allait sans dire que cela ne m’étonnait guère. Elle répondit finalement à ma question, un sourire cordial aux lèvres qui me fit hausser les sourcils. Depuis quand était-elle aussi aimable avec moi ? Je hochai la tête à sa question toute rhétorique. Autant dire que si autre peuple il y avait, ce n’était pas les Sindeldi qui seraient au courant… cela ne présageait rien de bon.

Tandis que Jorus se levait, je jetai un œil au Silnogure qui me regardait toujours.

(T’en meurs d’envie, avoue… allez demande, elle ne va pas te manger.)

- Euh… je peux le caresser ?

La jeune femme rousse tourna son regard vers moi et acquiesça. Je la remerciai et tendis la main vers l’animal qui sembla apprécier le traitement. Bien que différent du Sinolgure de Tanaëth, il était tout aussi doux. Je relevai la tête lorsqu’elle le nomma Daerlyn et précisa que c’était un Nenlartëa.

- C'est un joli nom. J'ai déjà vu un Ithiltarthëa, mais ils n'ont rien à voir. Les Sindeldi doivent se retourner sur son passage.

Elle sourit, avouant que sa chevelure de feu attirait autant l’œil que son compagnon, me faisant rire doucement. Elle rebondit ensuite sur la réponse de Sylënn en vérifiant mon nom et je me figeai, un peu mal à l’aise. Je n’étais pas sûre d’être la mieux placée pour parler de ça. Je lui réponds néanmoins, caressant toujours le Silnogure

- Oh, euh oui, je m'appelle Yliria. Et c'est... disons que je suis arrivée il y a un moment et que ça n'a pas fait l'unanimité, les Sindeldi sont très méprisants avec les autres races et particulièrement avec certains peuples. Certains, dont son mari, essaient de changer ça, et j'essaie de les aider, raison pour laquelle je suis là.

Cherchant mes mots, je retirai ma main de l’animal qui se frotta contre mes jambes avant de retourner vers la jeune femme à qui je demandai si elle ne viendrait pas d’Imiftil, son faciès me semblait étrangement familier. Elle l’admit, précisant qu’elle venait de Yarthiss et non de Tulorim comme je l’avais cru. Pour elle le mépris affiché par les Sindeldi était ridicule, elle n’en comprenait pas la raison, et j‘essayai de lui expliquer avec mes quelques connaissances.

- C'est un peu complexe. En fait le clergé de Sithi prône un genre de suprématie des Sindeldi, toutes les autres races à part les Hinïons étant perçues comme des barbares stupides mal dégrossi, incapables de comprendre le concept de religion. Donc on essaie de combattre l'emprise du clergé, petit à petit. Autant dire qu'on en est loin. Mais avec un Silnogure, tu ne devrais que susciter la curiosité, pas le mépris.

Cela à l’air de lui faire une belle jambe. Elle se présenta ensuite, se nommant Astérie, demandant si je connaissais l’Imiftil tout en espérant ne pas avoir fait mauvaise impression à cause de son débordement aqueux tout en avouant ne pas être très douée pour ce genre de rassemblement, ce qui me fit sourire.

- Oui je connais, j'y ai vécu quelques temps, à Tulorim justement. Je suis passée à Yarthiss, brièvement. Astérie c'est ça ? Je pensais que Sylënn serait moins conciliante, mais elle l'a bien pris, t'en fais pas. Et j'avoue que ce n'est pas vraiment mon fort non plus.

Lorsqu’elle demanda pourquoi je portais un masque, j’hésitai, avant d’expliquer que c’était un moyen de me protéger. Ce n’était pas facile de vivre avec le regard méprisant, haineux ou méfiants des autres, mais la vraie raison je la gardai pour moi, me concentrant surtout sur le premier aspects, dévoilant finalement, face à ses interrogations, mes origines. Cela n’eut pas l’air de changer quoi que ce soit à son comportement, ce qui me soulagea quelque peu. Je ne pus m’empêcher de diriger mon regard vers le Shaakt quand j’avouai être méfiante et elle aussi le trouvait sinistre. Elle me lança un regard compatissant après avoir écouté mes explications, sans rien ajouter. Curieuse, je lui demandai alors pourquoi elle était venue et l’aventure seule motivait ce voyage. Elle me demanda la même chose, questionnant mon rapport avec Tanaëth. J’expliquai être venue pour la cape que je montrai avant de confirmer que j’avais dû transmettre une missive à Tanaëth, qui devait se trouver chez lui à l’heure qu’il était.

Aucune de nous deux ne savaient véritablement quoi faire. Les montagnes ou le désert, Tahelta étant exclue. Elle aurait aimé retrouver les forêts, probablement pour se sentir mieux après ce qu’elle m’avait dit sur ses origines. J’avouai ne pas trop pourvoir l’aiguiller, affirmant que j’irais sans doute dans le désert. J’y étais déjà allée et, même si cela avait été pénible, je voulais toujours aider les Eruïons. Elle laissa échapper qu’elle avait déjà été dans le désert, pour sauver les Silnogures. Je lui lançai un regard admiratif et elle accepta de m’en conter l’histoire avant de reporter son attention sur la commandante, me conseillant de faire de même. J’approuvai d’un hochement de tête avant de capter le regard de l’elfe blanche sur mes brassards. Elle porta la main à son armure, me faisant froncer les sourcils. Était-ce le symbole de l’Ordre qui l’avait interpellé ? Je gardai ça dans un coin de ma tête, persuadée qu’il serait judicieux de lui demander plus tard. Le Shaakt se leva finalement et affirma partir vers les montagnes, quittant les lieux sans attendre personne, invitant Sibelle, l’elfe blanche, à se joindre à lui si elle le désirait. Sa remarque sur l’architecture Shaakte le mettant mal à l’aise me laissa perplexe et je le suivis du regard tandis qu’il disparaissait dans le colimaçon.

Alyah choisit ce moment pour refaire surface.

(Amusant… J’ai discuté avec Ysolde, la Faëra de Jorus. Il a l’air sympathique ce gars et particulièrement dévoué à terminer cette mission bien qu’un peu naïf, il peut être un allié. Tu as une idée de ce que tu veux faire?)

(Oui, j’ai mon idée. Ils sont plusieurs à pouvoir être des alliés… Autant ne pas attiser la méfiance davantage en cachant mon visage.)

(C’est sage de ta part Yliria.)

Le Shaakt ayant quitté les lieux, je relevai mon masque, le glissant sur le côté de mon crâne, avant de m’adresser à Sylënn.

- Vous savez probablement où je vais aller, mais je préfère l’annoncer. J’ai rencontré les Eruïons, je reviens à peine du désert, mais je vais y retourner. J’ai promis de les aider et c’est ce que je vais faire car c’est par ma seule volonté que mes armes se meuvent.

En utilisant la devise de l’Ordre, de manière un peu pompeuse il fallait l’avouer, j’espérai faire comprendre à Sibelle, et éventuellement à d’autres, que j’en faisais bien partie, toute semi-shaakte que j’étais. Je croisai les mains devant moi, affichant un air déterminé.

- Je ne laisserais pas une guerre avoir lieu si je peux l’empêcher. Si Tanaëth est d’accord, j’y retournerai en bateau, comme la dernière fois et demanderai l’aide de la Tribu de Moura, ils me connaissent, c’est un bon point de départ.

Ne restait plus qu’à savoir ce que les autres allaient décider. Partir seule ne m’enchantait guère, mais j’avais fait mon choix, j’allais m’y tenir, seule ou non. Je me contentai donc d'attendre.


Suite >>
Modifié en dernier par Yliria le dim. 15 sept. 2019 22:57, modifié 1 fois.

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Yurlungur
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Re: La Garde Militaire de Nessima

Message par Yurlungur » mer. 11 sept. 2019 00:11

...

Suite à sa question, ce fut l'unique elfe gris parmi les aventuriers qui s'exprima, muni d'une déférence marquée. Yurlungur haussa un sourcil en reconsidérant Sylënn. Celle-ci avait tout l'air d'une militaire : de ce fait, la jeune fille n'avait pas songé utile d'être outrageusement polie. À sa connaissance, bien que les hauts gradés appréciassent qu'on respecte leur rang, c'étaient davantage les politiciens qui aimaient qu'on leur lèche ainsi les bottes. Il prouva en revanche une connaissance relativement fine du Royaume, estima-t-elle, puisqu'il lâcha distraitement quelques noms apparemment d'importance, ou peut-être étaient-ce des titres ? L'assassine commençait déjà à s'embrouiller entre les grades donnés en langue elfique et les noms qui, même traduits en langue commune, y ressemblaient tout autant.

Ensuite, Jorus évoqua la possibilité que des Sindeldi arment eux-mêmes des Eruïons pour déclencher une guerre, pointant une nouvelle fois toutes les possibilités de traîtrise au sein de l'armée Sindel, avant de se montrer également intéressé par la question religieuse. Yurlungur avait déjà entendu parler de Kuby, et vaguement de Valshabrabra, qui, si elle se souvenait bien, était la déesse tutélaire des Shaakts. Il fallait reconnaître que les elfes avaient le chic pour se trouver des dieux particuliers, alors que la plupart des autres peuples vénéraient des dieux tout ce qu'il y a de plus classiques.

Soudain, la femme rousse jura. En tournant son regard vers elle pour remarquer la flaque qui s'étendait sur la table - et s'écarter soigneusement un petit peu, se tenant à présent debout derrière le tabouret -, Yurlungur remarqua aux côtés de la demoiselle un animal visiblement apprivoisé, une sorte de gros chien qui semblait l'accompagner. Ça n'avait à vrai dire pas réellement l'air d'un vrai chien... C'était plutôt une sorte de loup, avec ses poils noirs, blancs ou bleus. La jeune femme, qui avait attiré bien malgré elle l'attention, se perdit dans une explication vaseuse sur les trahisons. Ce qu'elle disait faisait sens, mais elle manquait trop d'assurance pour qu'elle bénéficie dans l'assemblée d'une oreille véritablement attentive. Elle ne prêtait par ailleurs que peu attention à son langage, ce qui fit sourire Yurlungur. C'était un sourire moqueur, un brin méprisant : le sourire d'une âme qui se divertissait de l'ignorance d'une autre.

Enfin, la jeune femme masquée félicita Jorus pour sa connaissance des elfes, mais son intonation semblait un peu ironique. Yurlungur ne savait plus tellement quoi penser. Ce n'était pas Valshabrabra, la déesse des Shaakts ? Ou alors cette demi-Shaakt, qui semblait à la couleur de peau issue d'un croisement, avait une dent contre tout ce qui pouvait évoquer la culture de ce peuple... L'assassine avait également remarqué le mouvement de recul de l'autre Shaakt présent. Si cette déesse était de fait un point central de leur culture, certains ne paraissaient guère l'apprécier pour autant... Les Shaakts avaient de toute façon un don pour se torturer l'esprit, à adorer des divinités qu'ils détestaient. Un don pour torturer tout court, en fait. Suite à cette remarque, le masque demanda s'il pourrait y avoir une autre race à avoir vécu sur ces terres, outre les Shaakts.

Alors enfin la commandante reprit la parole. Elle donna quelques indications d'ordre géographique, qui montraient que les équipements perçus par leurs ennemis étaient non seulement suspects mais également incroyables : aucun bateau ne pouvait pénétrer par ici, et une seule forge, celle de Nessima, pouvait vraisemblablement fournir autant d'armes - forge qui était sous le contrôle total de l'armée et d'elle-même. La voie terrestre, comme elle le précisa, était à écarter. Il ne restait plus tellement de choix. Trois, à vrai dire : une autre forge, secrète, existait, probablement créée il y a peu par les dissidents ; une voie aérienne non repérée par Air Gris existait ; un fluide spatial. Les deuxième et troisième options lui semblaient les moins probables ; si néanmoins la dernière s'avérait juste... Peut-être trouverait-elle des informations intéressantes.

Elle continua en donnant le lieu d'observation de mouvements nocturnes : le delta d'un fleuve et une “Sylve”, que Yurlungur repéra rapidement sur la carte fournie. Se tournant vers elle, enfin, elle ne montra aucun signe d'agacement et avança les modalités de rémunération qui seraient à la hauteur des services rendus. Yurlungur, un sourire forcé sur les lèvres, répliqua sur le même ton :

« Parfait. »

Il était inutile de faire remarquer que la commandante n'avait absolument pas répondu à la question. Dans les faits, elle pourrait toujours essayer d'échanger une récompense monétaire contre des informations à l'avenir... Ce n'était effectivement pas forcément le moment de soulever la question ; par ailleurs, elle ne comptait pas se brouiller davantage avec la commandante. La précédente remarque venait du cœur, qui souvent trouble le jugement : il fallait à présent se contenir. Elle observait la carte et réfléchissait à une stratégie. D'autant qu'elle confirma ce que pressentait l'assassine : si jamais l'ennemi était puissant, il lui faudrait un soutien solide pour pouvoir le vaincre, faute de quoi elle serait plutôt menacée elle-même par des membres hauts-placés compromis. Enfin, la seule possibilité pour la contacter, ou du moins la plus sécurisée, était de revenir en personne lui fournir un rapport détaillé. Yurlungur opina du chef. Elle avait vaguement eu l'idée d'un code pour les messages, afin de cacher l'information importante au milieu d'autres plus badines, mais cela demandait trop de préparations. Du reste, elle ignorait si elle pouvait faire confiance aux autres aventuriers présents ici, à l'exception de Jorus et de Sibelle - le premier car ils s'appréciaient mutuellement, la seconde car elle suivrait probablement la mission à la lettre.

À Jorus, maintenant qu'elle avait déjà légèrement éclairci l'identité de cette “Sithi” et après avoir répondu au Sindel sur des questions que Yurlungur était incapable de comprendre, elle suggéra d'aller rencontrer un prêtre de la cité afin d'obtenir davantage d'informations sur les cultes. Ensuite, elle désigna la masquée comme “Yliria”, expliquant que cette dernière cherchait également à faire changer les mentalités. Une Shaakt auprès de Sindeldi, ce n'était pas forcément la meilleure représentante... Qu'importe. Concernant les Eruïons, elle délivra d'autres informations d'importance : ceux-ci, implantés dans le désert, avaient autrefois fait l'objet de campagnes d'extermination soldées par des échecs successifs et trop coûteux pour être réitérés ensuite ; en revanche, leur dangerosité croissante récente pourrait déclencher une nouvelle guerre... Et il n'y avait pour finir aucune trace d'une autre civilisation que la Shaakte.

Yurlungur réfléchissait, le regard sur la carte. Les Eruïons du désert étaient sans doute un danger pressant ; pour autant, elle avait le pressentiment que cette affaire et les mouvements de troupes à l'intérieur du Royaume étaient intimement liés. Et il était autrement plus inquiétant que des troupes armées se trouvent déjà au-delà des frontières... Le choix n'était pas arrêté, mais la nuit était plus son domaine que le désert. Peut-être les avis des autres aventuriers l'aiguilleraient-ils ? Elle releva la tête pour entendre Sibelle se présenter et expliquer qu'elle irait enquêter sur ces troupes, souhaitant commencer par l'interrogation de ceux qui les auraient aperçus. Le Shaakt, qui avait déjà manifesté son intérêt pour l'endroit, quitta ensuite la pièce, prétextant un malaise dû à l'architecture ; enfin, la jeune femme masquée dévoila son visage et annonça qu'elle avait déjà des contacts auprès des tribus Eruïonnes.

« Je me dirigerai également, poursuivit Yurlungur en rivant son regard vers l'Hinïonne, vers ces mouvements de troupes nocturnes. »

Elle accorda un regard aux quelques-uns restant qui ne la connaissaient pas et précisa :

« Je m'appelle Yurlungur... Bonne chance à tous. »

Puis, se rapprochant donc de Sibelle, elle proposa :

« Je sais que nos relations sur Aliaénon n'ont pas été des plus... heureuses. Mais vous êtes une combattante aguerrie et ma vue saura compléter votre ouïe. Si cela vous convient, nous pourrions faire équipe. »

Yurlungur s'efforçait de n'exprimer aucune émotion en parlant. Elle se sentait véritablement vulnérable à devoir ainsi demander une telle permission et espérait que Sibelle accepterait ; autrement, il était prévisible que l'assassine en garderait une rancune aussi puérile que tenace. Oubliant un instant de soutenir le regard de l'Hinïonne, elle le détourna vers Jorus, d'un air interrogateur. Que ferait-il, lui ? Se joindrait-il à leur groupe venu d'Aliaénon, ou préférerait-il le désert ?

...
Modifié en dernier par Yurlungur le mar. 17 sept. 2019 19:20, modifié 1 fois.

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