Commanderie d'Opale

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Yliria
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Re: Commanderie d'Opale

Message par Yliria » dim. 4 oct. 2020 21:00

Intervention de Guilde pour Jorus

- Vous choisissez vos mots étrangement, Jorus Kayne, mais soit, vous souhaitez donc malgré tout faire partie des Danseurs d'Opale, j'en prends bonne note. Quant à votre supposition qu cet entretien suffit, je vous le répète, nous sommes avant tout un ordre martial. Sauf si vous êtes dotés d'aptitudes pouvant nous être utiles d'une autre façon, il nous faudra vous tester, bien entendu. Et pour vous répondre, je suis certaine que vous n'êtes pas envoyé par le clergé. Le simple fait que vous en fassiez l'hypothèse me suffit. Jamais le clergé n'engagerait d'humains, en premier lieu, et notre existence est, pour le moment, un secret qu'il ne partage pas, ce qui nous est fort utile et doit rester ainsi.

Elle porte sa main à son cou et sort un pendentif qu'elle retire avant de le présenter à Jorus. Fait d'argent, il prend la forme d'une demi lune accompagné d'une petite pierre ronde représentant une lune complète,mais éclipsée.

- Ceci est notre symbole, un moyen de nous reconnaître entre nous. Nous allons vous tester et, si vous réussissez le test, vous en obtiendrez un similaire en rejoignant nos rangs. Cela dit, je n'avais pas prévu de tester qui que ce soit aujourd'hui, aussi je vous demanderai simplement d'attendre jusqu'à demain pour passer notre test si vous le souhaitez toujours.

Elle reprend sa plume et la trempe dans son encrier toujours ouvert., se gardant pourtant de reprendre ses écrits.

- Je reste à votre disposition si vous avez d'autres questions. Je ne répondrai à aucune concernant le test cependant, vous devrez y faire face sans aucune autre préparation que votre forme actuelle. N'hésitez pas à faire un tour des lieux et poser des questions ou vous entraîner. Cet endroit vous est ouvert, Jorus Kayne.

Si Jorus pose encore des questions elle y répond avec diligence, sinon elle lui sourit et lui souhaite une bonne journée avant de se replonger dans ce qui semble être une longue, très longue lettre.

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Sibelle
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Re: Commanderie d'Opale

Message par Sibelle » mar. 6 oct. 2020 12:52

De celui qui part ou de celui qui reste, Sibelle avait toujours choisi la première option. Elle espérait ainsi s’éviter le vide ressenti à ses côtés dans les endroits familiers partagés avec le compagnon en question.

Si elle excellait dans les combats, il n’en était rien en ce qui concernait les relations humaines ou elfiques. Offrir un petit présent et une petite part d’elle-même, c’était tout ce qu’elle avait réussi à faire pour démontrer à Jorus qu’elle l’avait apprécié.
Elle partit donc sans un regard à l’arrière, quittant cet archipel d’îles tout en se dirigeant Nord-Est vers le continent le plus près qui s’avérait être Nirtim.

Prenant un rythme régulier de vol, comme elle l’aurait fait en marchant, elle s’éloigna des iles pour se retrouver au-dessus de l’océan, contemplant de haut l’immensité de celui-ci, prenant conscience du vide qui l’entourait et du petit espace qu’elle en occupait. Malgré son calme apparent, l’océan fourmillait d’activité et afin de l’observer davantage Sibelle choisit de voler tout juste au-dessus des flots. Sa vision acérée du rapace pouvait percevoir dans cette belle eau claire, les bancs de petits poissons filer à toute allure. Ce fut avec fascination qu’elle les surplombait, suivant même à quelques reprises leurs courses aléatoires sur quelques centaines de mètres pour ensuite reprendre la trajectoire de sa propre destination.

Puis peu à peu, le ciel s’assombrit. Elle prit alors de l’altitude et vola au-dessus des nuages afin d’éviter la pluie ou encore pire, les orages. Volant paisiblement, sans aucune distraction, elle se perdit bien vite dans ses réflexions. Elle pensa d’abord à Azalée, sa première vraie amie, puis au détestable petit gobelin nommé Fenouil. Elle se remémorait avec un sourire la fois où elle avait pris le petit être vert en chasse. Ce dernier lui avait glissé entre les doigts et s’était faufilé dans l’auberge se cachant lâchement derrière un géant au pelage fauve : Sirat. Le gobelin avait avalé la clé qu’il avait volée. Sibelle était prête à l’éventrer pour retrouver l’objet, mais Sirat était intervenu prenant la défense du petit. Ce sacripant de créature verte avec son air naïf et ses gros yeux globuleux avait réussi, seul Yuimen sait comment, à enjôler l’humoran. Il s’en était suivi un combat régulier entre Sibelle et Sirat et ce dernier avait terminé vainqueur. Reconnaissant sa défaite, Sibelle lui avait offert une tresse de ses cheveux… tout comme elle l’avait fait à Jorus quelques heures plus tôt. Contrariée, elle lança un cri perçant.

(Pourquoi faut-il que je pense encore à lui… Je souhaite ne plus jamais le rencontrer. )

Le pensait-elle réellement ? Elle-même l’ignorait. Une chose était certaine par contre, c’est qu’elle en voulait à ce combattant qui l’avait ignoré insolemment et qui l’avait trahi pour faire copain-copain d’abord avec les harpies et ensuite avec la fillette-assassin. Il avait raison pourtant sur un point, il était préférable que leur destin réciproque s’éloigne à tout jamais. Et puis, la compagnie de Xël s’était avérée plus agréable pour la guerrière.

La nuit approchait et elle commençait à se sentir affamée et fatiguée. Les nuages s’étaient dispersés et offraient aux habitants de l’océan, un ciel étoilé. Volant de nouveau à basse altitude, Sibelle scrutait l’horizon à la recherche d’un lieu pour se poser.
Modifié en dernier par Sibelle le ven. 20 nov. 2020 04:14, modifié 2 fois.

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Jorus Kayne
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Re: Commanderie d'Opale

Message par Jorus Kayne » jeu. 8 oct. 2020 21:20

VII.5 Entretient avec la maître de l'Opale 3

La Sindel prend acte de mon désir de faire partie des Danseurs d’Opale. En ce qui concerne ma supposition, elle précise qu’il s’agit d’un ordre avant tout martial et que c’est cette aptitude qui me sera utile, à moins d’un talent particulier exploitable.

(Oui absolument ! J’ai un humour…)

(Complètement incompris !)

(Rabat-joie !)

L’elfe grise poursuit en confirmant que je serais effectivement testé, même si elle doute que je fasse partie du clergé. Il aurait été idiot de clamer cette hypothèse haut et fort. Cependant la véritable raison est que l’existence de l’ordre est secrète même auprès du clergé. Avoir connaissance de son existence semble être un privilège pour moi qui ne suis pas Sindel.

Elle porte ensuite la main à son coup pour présenter un pendentif en argent, forant un croissant de lune associé à une pierre ronde en son coeur, semblable à une lune complète. Elle m’explique que ce symbole est celui de l’ordre que les membres utilisent pour se reconnaître. Ce n’est qu’après avoir réussi le test que j’en obtiendrais un également. Cependant, le test n’aura pas lieu ce jour même, me laissant patienter jusqu’à demain.

Alors qu’elle s’apprête à reprendre son travail, plume en main, elle prend le temps de me dire qu’elle reste disposée à répondre à mes questions, en dehors du test à venir. De plus, ce lieu m’est ouvert pour une éventuelle exploration ou de poser des questions à ceux qui y résident.

(Donc quelle est la suite ?)

(Dans un premier temps je vais demander où je peux dormir. Cette nouvelle vision des étrangers est assez récente et je ne voudrais pas rencontrer des arguments d’individus opposés en usant de leurs lames pendant que je dors.)

(C’est prudent.)

(Mais je voudrais savoir s’il y a un herboriste ou un alchimiste pour en savoir plus sur les plantes ici. Dans mon grimoire j’ai remarqué que beaucoup de plantes n’existent que dans certaines régions. Je pourrais le partager avec des herboristes des autres continents.)

(Pense également à te munir de quoi soigner tes blessures. Je ne parle pas de potions, mais de bandages, d’onguents et autres produits qui peuvent aider la guérison de blessures graves.)

(Ha oui, tu parles de la mésaventure dans la jungle avec Yürlüngür. C’est pas bête !)

Je me lève pour remercier la maître d’arme, mais avant de lui laisser la possibilité de reprendre le cours de sa tâche, j’ai quelques demandes à lui soumettre.

"Je vous remercie du temps que vous m’avez accordé et s’il y a bien une chose dont je rêve c’est une bonne couche ! D’ailleurs, savez-vous où je peux aller pour dormir en toute tranquillité ? Avant de m’en retourner hors de ce continent, je souhaiterais l’explorer un peu. Je suis un des rares non Sindel à avoir fouler le sol du Naora depuis des millénaires, je ne peux partir sans admirer les richesses de ce lieu. Dans cette optique, j’aurais également le désir de trouver quelques onguents et bandages pour le cas où quelques imprévus trouveraient place sur mon chemin. Cela peut attendre le teste, mais je souhaiterais également rencontrer un herboriste lorsque j’en aurais le temps. Je voudrais apprendre à me débrouiller avec ce qu’offre la nature !"

Entretient avec la maître de l'Opale 5
Modifié en dernier par Jorus Kayne le mer. 11 nov. 2020 14:48, modifié 4 fois.

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Re: Commanderie d'Opale

Message par Sibelle » ven. 9 oct. 2020 03:00

Après une petite demi-heure de recherche, Sibelle aperçut au loin une île presque dépourvue de verdure et essentiellement conçue d’un groupe de rochers à fleur d’eau dans la mer. Fatiguée de cette journée de vol, Sibelle décida de s’y rendre sans tarder.

Ce ne fut que lorsqu’elle fut à proximité qu’elle remarqua tout en bas un navire échoué. Elle décida donc de s’y rendre afin de s’y reposer lorsqu’un cri particulier attira son attention. De l’autre côté du récif, une espèce de démon ailé volait à toute allure dans sa direction tout en émettant d'effrayants cris rauques. D’une taille bien supérieure à la sienne, cette créature à la gueule béante disposait d’une tête de dragon alors que son corps était celui d’un long lézard écailleux. Ses ailes membraneuses, apparentées à celles des chauves-souris battaient l’air à toute vitesse en direction de l’hippogriffe.

Sibelle ne mit pas longtemps à comprendre qu’elle venait de pénétrer dans le territoire de chasse de cette affreuse bête munie de nombreuses cornes pointues commençant à l’arrière de sa tête et parcourant son long cou.

Elle ne désirait pas terminer au creux de l'estomac du prédateur, mais il n’était tout de même pas question de rebrousser chemin. Dans l’état de fatigue dans lequel elle se trouvait, il pouvait s’avérer aussi dangereux de poursuivre son vol que d’affronter le démon ailé. Elle replia donc vivement ses ailes et piqua, nez baissé, vers l'épave espérant que la bestiole enragée n’eût le temps de la rejoindre.

Aussitôt atterrie sur le plancher de bois maculé de sang du pont du bâtiment, elle reprit sa forme d’elfe. Sans perdre une seconde, tout en courant, elle se fraya un passage parmi les débris, repoussant les toiles déchirées. Passant ensuite sous le grand mat cassé en son milieu, elle réussit à rejoindre la dunette. Mais au lieu de monter les marches pour s'y rendre, elle lui préféra la porte qui menait à la cabine du bâtiment. Aussitôt franchie, elle la referma d’un coup sec derrière elle et s’y adossa.

Pendant qu’elle reprenait son souffle et qu’elle laissait ses yeux s’habituer à la pénombre, elle tendit l’oreille, s’intéressant autant aux bruits intérieurs que ceux à l’extérieur. Ses pieds sur la marche supérieure de l’escalier, elle demeurait immobile, se concentrant sur les bruits de déplacement qu’elle percevait tout en bas, tentant d’en deviner l’origine en attendant d’y voir plus clair et s’y aventurer. Au bout d’une minute ou deux, elle déduisit que les légers couinements et les petits pas furtifs provenaient de rongeurs. Ses yeux percevant enfin les marches, elle allait les descendre lorsqu’un violent et inquiétant craquement des planches du pont parvint à ses oreilles. Il n’y avait pas de doute. Le lézard ailé venait de prendre pesamment place sur le pont du navire et cherchait l’hippogriffe. Si elle avait été au sommet de sa forme, Sibelle serait sortie de sa cachette et aurait affronté l’ennemi, persuadée de le vaincre. Malgré l’impulsivité et la témérité dont elle savait faire preuve, son expérience de combattante et la conscience de son état de fatigue, lui fit prendre la bonne décision. Elle resterait tapie dans un coin, le temps de reprendre des forces.
Modifié en dernier par Sibelle le ven. 20 nov. 2020 04:11, modifié 4 fois.

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Re: Commanderie d'Opale

Message par Sibelle » dim. 11 oct. 2020 01:18

Tentant de faire le moins de bruits possible, sa dague dans la main droite, elle descendit lentement les cinq marches une à une, s’arrêtant au moindre grincement afin de tendre l’oreille et de s’assurer que son prédateur ne se manifestait pas.

Apeurés par sa présence, les premiers habitants de la cabine s’éloignèrent d’elle. Enfin, c’est qu’elle en déduisit puisque les bruits semblaient s’éloigner au lieu de se rapprocher.

Tout de même sur ses gardes, elle s’assit en tailleur, le dos contre un mur. Recouverte de sa cape, elle entreprit de méditer. Elle ne prit pas le risque de retirer besace ni armure. Seule sa dague était à présent rangée et pendait à sa ceinture.

Bien qu’exaltant, le vol avait épuisé ses dernières forces. Quelques heures de repos s’avéraient donc nécessaires, voire même cruciales à sa survie.

Prenant de longues et profondes respirations, elle entra rapidement dans un état de transe propre à la méditation.

***
En colère, du haut du ciel, elle cherchait sa proie sans la trouver. Pourtant, ses yeux perçants scrutaient les hauts sommets du massif des Jumeaux. Elle pouvait distinguer le moindre relief, mais aucune trace de l’humoran. Puis, lasse de chercher, elle reprit de l’altitude et vola sans but, profitant simplement du plaisir de voler gouttant à ce précieux sentiment de puissance et de liberté.
***
Perplexe, Sibelle ouvrit ses yeux. Non seulement, il était rare qu’elle rêvât, mais ce rêve-là, elle l’avait déjà fait lors de sa dernière mission sur Aliaénon, lorsqu’ils s’étaient reposés dans une grotte, elle et Xël. La seule différence était le lieu de son exploration. Lors du premier rêve, elle survolait les landes alors que dans celui-ci, elle surplombait de gigantesques montagnes qu’elle avait reconnues : Les massifs des Jumeaux.

Si le premier rêve l’avait perturbée et avait annoncé sa capacité de voler, ce dernier l’intriguait par le lieu où il se déroulait. Certains disent que la nuit porte conseil. Sibelle ne croyait pas en ses balivernes, mais quoiqu’il en fût, elle connaissait désormais sa destination.
Sibelle fouilla dans sa besace et sortit les dernières réserves de nourritures qui lui restaient à savoir deux bouts de viandes séchées et un quignon de pain qu’elle dévora jusqu’à la dernière miette.

Puis, décidée à reprendre la route, elle gravit les marches et ouvrit doucement la porte, espérant que le monstre ailé soit retourné sur ses rochers.
Modifié en dernier par Sibelle le ven. 20 nov. 2020 04:09, modifié 1 fois.

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Re: Commanderie d'Opale

Message par Sibelle » jeu. 15 oct. 2020 03:38

À peine avait-elle entrebâillé la porte et aperçu le démon ailé, que celui-ci se leva d’un bond. Elle la referma prestement, mais le monstre l’avait vu et s’était élancé vers elle. De sa corne acérée, il transperça violemment la protection de bois. Sa protubérance passa à quelques centimètres du visage de la guerrière et érafla son oreille droite. L’ayant sous les yeux, elle put remarquer qu’il s’agissait d’une pièce d’armure en acier. Elle ne poussa pas plus loin son inspection et préféra descendre de deux marches. La bête apparemment enragée n’en avait pas terminé avec l’elfe blanche. Elle secouait de toutes ses forces la porte, dans laquelle son arme était prisonnière, faiblissant ainsi son chambranle. La menaçant de céder.

Sibelle attendit patiemment le moment opportun, son sabre de l’esprit en main gauche et son épée courte dans la droite.
Lorsque la porte finit par sortir de ses gonds, Sibelle se précipita à l’extérieur. Le gros lézard agitait rageusement sa tête d’un côté et de l’autre, la frappant tantôt contre le reste du mat central ou contre le bastingage dans le but de se débarrasser de ce gênant panneau de bois. Ces efforts ne furent pas vains puisqu’il finit par céder et éclater en morceaux.

Sibelle était une combattante aguerrie lorsqu’il s’agissait d’un adversaire humanoïde. N’ayant aucunement l’âme d’une chasseuse, elle se savait moins habile à contrer son vis-à-vis. Cela ne la décourageait pas pour autant. Guerrière dans l’âme, aucun ennemi ne lui faisait peur.
Avant qu’elle ne puisse esquisser le moindre geste, l’affreux lézard s’était retourné vers elle, lui faisant face, la bouche grande ouverte et les ailes déployées. D’une taille de plus de deux mètres, sa tête s’avérait inaccessible pour l’épée de la guerrière. Son long cou étant protégé par une robuste armure en plaque d’acier orné de pointes aiguisées, il ne restait plus que le poitrail à découvert. Avec rapidité, Sibelle s’avança de quelques pas, sabre tendu visant le ventre de son vilain adversaire. Aussi rapide que sa rivale, le lézard déplia son cou et du bout de son museau ferré, il intercepta le sabre et l’envoya valser à quelques mètres plus loin.

Ambidextre, la guerrière disposait toujours d’une arme dans sa main droite, ce qui lui était d’ordinaire suffisant pour combattre un ennemi... sur deux pattes. Elle ne perdit pas une seconde et courut vers la bête, légèrement penchée vers l’avant, tenta d’atteindre de son épée le flanc de l’animal. Ce dernier esquiva à la dernière minute battant de ses larges ailes pour s’élever légèrement. Sibelle passa donc sous la bête qui à quelques mètres du sol, balança sa lourde queue qui happa la guerrière et la propulsa violemment dans les airs, subissant le même sort que son sabre, mais atterrissant malheureusement loin de celui-ci.

Tombant abruptement sur le dos, elle perdit le souffle quelques secondes. Heureusement, sa chute fut légèrement amortie par son bras gauche qui encaissa le choc et se fractura. La guerrière voulut se lever pour reprendre ses attaques, mais c’était sans compter sur la rapidité du monstre qui redescendit au sol tout en posant l’une de ses serres sur l’abdomen de la guerrière. Avant qu’il n’eut le temps d’approcher sa grosse gueule de sa victime, cette dernière profita de la proximité de son adversaire. Son bras droit libre et armé, Sibelle se servit de son épée pour trancher la patte griffée qui la retenait prisonnière. La patte se sectionna d’un coup, le sang gicla par jets de sang, rythmés par les battements cardiaques de la bête. Émettant un effrayant cri guttural, le lézard blessé s’envola pour poser sa patte valide en équilibre sur le garde-corps de la dunette.

Maculé de sang, le bras gauche plié contre sa poitrine, Sibelle se releva.

Elfe blanche contre bestiole ailée, les deux adversaires reprenaient leur souffle guettant son vis-à-vis, prêt à riposter à la moindre attaque. Ce fut le reptile qui reprit les hostilités se lançant à ailes déployées sur la guerrière. Son plan en tête, épée brandie devant elle, Sibelle demeura immobile jusqu’au dernier moment. Lorsque la bête fut juste devant elle, elle fit un pas de côté et abaissa son épée dans le but bien arrêté de lui trancher le bras. Mais la bête s’éleva légèrement et l’épée déchira plutôt son aile membraneuse. Ainsi handicapée d’une jambe et l’aile déchirée, la bestiole ne pouvait plus guère marcher ni s’envoler. Elle demeurait toutefois menaçante. Demeurant à une certaine distance de la gueule béante et de la queue préhensile, Sibelle courut dans la direction opposée sur quelques dizaines de mètres. Détrompez-vous, la guerrière ne prenait pas la fuite. Elle tourna soudainement les talons et chargea le lézard handicapé. Tout au long de sa course, ses muscles prirent du volume, de la masse, de la puissance. Ses ailes prirent naissance dans son flanc, son nez se mua en bec et ses bras en serres. L’hippogriffe avançait rapidement sur trois membres, l’une de ses serres étant toujours amochée malgré le changement de forme. Que cela ne tienne, elle s’arrêta abruptement à la hauteur du lézard immobile et tourna rapidement sur ses sabots et tout en s’appuyant sur sa patte avant et s’aidant de ses ailes, elle décocha une violente ruade dans la monstrueuse gueule de son adversaire qui chuta lourdement sur le sol. Sans pitié, la fierté d’Azur enragée rua encore et encore par accès de colère, s’arrêtant seulement lorsqu’elle entendit le lézard lancer son dernier souffle.

L’hippogriffe prit le sabre en son bec puis s’envola à quelques mètres du bateau pour se poser sur un rocher à fleur d’eau. Reprenant peu à peu sa forme d’elfe, les dents serrées par la douleur, Sibelle fouilla dans son sac. Cherchant une fiole de soin, sa main s’arrêta sur un curieux objet légèrement collant. L’extirpant de sa besace, elle observa avec attention ce cristal rouge luisant et translucide qui avait une odeur de miel. Intriguée, elle le porta à sa bouche et constata qu’il avait le bon goût d’une sucrerie. Elle le suça et en ressentit un surprenant bien-être, constatant que son bras était miraculeusement guéri. Prudente et perplexe devant une telle magie, elle le retira de sa bouche, l’essuya et le rangea dans une petite bourse attachée à sa ceinture.

Du haut du bastingage du bateau, de nombreuses paires d’yeux noisette l’observaient. N’ayant aucunement conscience de ses observateurs silencieux, Sibelle se défie de son armure et de sa tunique et entreprit de se laver de tout ce sang qui la recouvrait. Elle lava ensuite sa tunique, l’essora et l’étendit à côté d’elle. Puis, elle entreprit de nettoyer son armure. Enfin, elle s’allongea sur le dos afin de récupérer un peu.
Après une petite demi-heure, elle se leva, enfila son vêtement désormais sec et son armure. Lorsqu’elle mit son sac en bandoulière quelque chose s’y échappa et tomba dans une fissure du rocher. Elle eut à peine le temps de constater qu’il s’agissait d’une graine que celle-ci germa et qu’une plantule s’extirpait de la fissure. N’y connaissant nullement en agriculture, elle émit une hypothèse.

« Un poirier ? »

Et comme s’il avait attendu qu’elle lui annonce sa destinée, la plantule reprit sa croissance de façon fulgurante jusqu’à atteindre la taille adulte, former de jolies petites fleurs blanches composées de cinq pétales chacune et regroupées en ombelles. Bien vite, les fleurs se fanèrent pour former des fruits… des poires précisément.

Bien que la graine disposait suffisamment d’eau et de soleil, la guerrière supposa qu’un phénomène magique était à l’origine de sa croissance accélérée. Ce qui s’avérait vrai. Par contre, la guerrière pensait, à tort, que ce récif de pierre en était la cause. Ne voulant demeurer plus longtemps dans ce lieu qu’elle croyait magique, elle reprit sa forme ailée et s’envola.

Puisqu’elle partit sans un regard en arrière, elle ne vit pas les petits êtres poilus et amaigris qui l’observaient avec admiration.

« C’est une déesse rousse, notre déesse ! Elle nous a délivrés du monstre ailé ! » Lança l’un d’eux apparemment le benjamin.
« Qu’est-ce que tu racontes ! » maugréa un plus vieux.

« Pourquoi nous laisserait-elle en plan ainsi si elle était notre déesse ? » Rajouta-t-il

« Ne nous aurait-elle pas apportées avec elle ?... Il s’agit simplement d’une guerrière. » Conclut ce dernier les bras croisés.

« Une guerrière qui se transforme en magnifique cheval-aigle ? En plus de nous avoir débarrassés du monstre, elle nous a fourni à manger. Regarde cet arbre fruitier qu’elle a fait pousser. Elle a risqué sa vie, puis s’est réparée toute seule… ce n’est surement pas le petit bonbon qui l’a guéri ? ... Elle ne peut être rien d'autre qu'une déesse ! »

Il peut être étonnant à quel point, il pouvait être si près de la vérité et le nier.

Bref, ce jeune homme doué d’un certain charisme convainc peu à peu les autres, si bien que même le plus vieux commençait à douter de ses propres objections.

Pendant ce temps, sans se douter de la présence de ces illuminés, Sibelle poursuivait sa route vers le prochain continent : Nirtim.

((( -combat contre un Wyverne
Utilisation du sucre d’orge (1 seule utilisation) et de la graine magique)))
Modifié en dernier par Sibelle le ven. 20 nov. 2020 04:06, modifié 1 fois.

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Re: Commanderie d'Opale

Message par Yliria » sam. 17 oct. 2020 23:03

Intervention de Guilde pour Jorus

La maître d'arme hausse un sourcil aux demandes du jeune homme, mais se garde de tout commentaire, lui répondant avec le même ton que précédemment.

- Pour vous trouver une couche, adressez-vous au nouvel intendant. C'est un Sindel aux cheveux long attachés avec une broche d'or, et il est souvent habillé en blanc, pour qu'on le remarque. Son nom est Falwë et il est probablement près des cuisines à cette heure. Il vous fera préparer une chambre et pourra vous faire visiter, si vous le souhaitez. Pour un herboriste... il y a l'apothicaire Tseran, qui se trouve non loin de la place d'honneur, je pense que vous y trouverez votre bonheur. Dans un registre moins... officiel dirons-nous, il y a souvent des vendeurs un peu louches dans les quartiers populaires, mais il faut tomber dessus et cela peut s'avérer difficile pour un étranger qui ne connaît pas vraiment la ville.

Elle touche nonchalamment la chaînette pendant à son cou avant d'ajouter.

- Si vous avez besoin d'un guide, n'hésitez pas à demander à l'un de nos membres présents. J'allais oublier ! Demain, soyez prêts aux aurores... juste un conseil.

Elle laisse flotter cette dernière phrase sans rien ajouter de plus, se contentant d'un regard qu'aucun qualifierait de taquin.

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Jorus Kayne
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Re: Commanderie d'Opale

Message par Jorus Kayne » mer. 11 nov. 2020 14:44

Entretient avec la maître de l'Opale 4

A ma question de la couche, la Sindel me renvoie vers un nouvel intentant, un elfe gris du nom de Falwë. Il a les cheveux attachés par une broche d’or et vêtu de blanc pour se faire remarquer. Si je souhaite le rencontrer dès maintenant, il devrait se trouver dans la cuisine et sera en mesure de me trouver une chambre dans la commanderie. Concernant mon souhait de rencontrer un herboriste, je devrais obtenir satisfaction auprès de l’apothicaire Tseran qui se situe aux alentours de la place d’honneur. Elle me glisse ensuite qu’il existe à Nessima quelques vendeurs dans les quartiers populaires aux pratiques moins officielles. Cependant, les trouver est une tâche difficile même pour un Sindel, donc pour un étranger qui connait peu cette ville les chances sont infimes. Jouant avec sa chaîne, elle poursuit en expliquant qu’il m’est possible de demander l’aide d’un membre pour me guider. Avant de terminer, elle me conseille d’être prêt aux aurores pour mon épreuve et me fixe avec un regard espiègle.

Je plisse les yeux en soutenant le regard de la maître d’arme et finis par hocher de la tête en souriant.

"C’est entendu ! Dans ce cas je ne vais pas vous prendre plus de temps que nécessaire et je vous remercie du temps que vous m’avez consacré." Gardant l’idée que l’Opale est un ordre martial, je joins mes mains dans le dos et salut en me penchant en avant, dans une posture pseudo militaire. "Je vous dis donc à demain !"

Je fais demi-tour et quitte la pièce sans plus de cérémonie. Une fois la porte fermée derrière-moi, j’expire longuement, histoire d’évacuer la tension. Finalement ça s’est passé mieux que je ne l’espérais.

(Bon j’ai bien mérité de visiter la ville maintenant que la paix règne !)

(Tu plaisantes j’espère ?)

(Quoi ? Il y a un problème ?)

(Un peu mon n’veu ! Tu vas me faire le plaisir de te préparer correctement pour demain !)

(Est-ce vraiment nécessaire ? Je veux dire, quoi qu’il m’arrive je veux affronter ce test comme s’il me tombait dessus là, maintenant ! Au besoin j’irais m’équiper avant de partir !)

(T’es un rigolo mon jojo ! Tu as rendez-vous aux aurores, donc il est très probable que tu ne puisses pas avoir le temps de t’équiper comme tu l’entends.)

(Mmm, c’est pas faux ! Je me mettrais presque à penser que le test a déjà commencé avec ce temps de préparation.)

(En quelque sorte oui, reste à savoir quoi emporter avec toi. Il ne faudrait pas partir chargé comme un mulet !)

(Bon on va commencer par l’apothicaire, je crois que le nom qu’elle m’a donné correspond de mémoire à l’elfe qui m’a vendu mes potions lorsque je suis arrivé. Pour le reste, peut-être que je trouverais mon bonheur dans un marché.)

(Et pour l’intendant ?)

(Le voir maintenant n’est pas une nécessité absolue. J’aurais toujours le loisir de le voir par la suite.)

Ainsi donc, je quitte l'enceinte de la commanderie pour me rendre à la place d'honneur.

De passage chez l'apothicaire.

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Jorus Kayne
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Re: Commanderie d'Opale

Message par Jorus Kayne » dim. 6 déc. 2020 15:38

VII.8 (bis) Le secret des runes 2.

Maintenant que je pense être prêt pour le départ en terme d’équipement, il est temps pour moi de rentrer à la commanderie de l’Opale. La maître de guilde Llyann'tar Thelwë m’a conseillé d’être prêt pour l’aurore, il ne me reste plus qu’à trouver un lit pour dormir et surtout, surtout, le coin repas. Cette pensée me fait déjà saliver d’avance. Je visite un peu les lieux, mais ne trouve pas vraiment ce que je recherche. Après une longue errance, je finis par demander mon chemin à un groupe de trois Sindeldi qui me détaillent des pieds à la tête.

"Bonjour, pardonnez-moi de vous déranger. Dame Llyann'tar Thelwë m’a encouragé à rencontrer l’intendant Falwë. Savez-vous où je pourrais le trouver ?"

Aucun ne me répond. Au lieu de cela, ils se regardent avec un petit sourire en coin avant de porter leur attention sur moi.

"Que puis-je pour vous ?" Demande soudainement une voix derrière-moi particulièrement proche.

N’ayant pas perçu sa présence, je bondis sur moi-même pour faire face à un quatrième elfe gris. Il porte une longue robe jaune sous laquelle on distingue d’autres vêtements. Cela donne l’impression d’un uniforme pour une fonction particulière au sein de la commanderie. Ses cheveux blancs sont lisses et glissent sur ses vêtements au gré de ses mouvements, alors que penché en avant, il me scrute en s’inclinant de gauche à droite. Son visage est fin et semble jeune, mais lorsqu’il est question d’une race capable de vivre plusieurs centaines d’années. Ca veut dire quoi jeune ? Alors que derrière-moi les trois Sindeldi rient de ma frayeur, ils me laissent avec cet elfe.

"Par hasard, seriez-vous l’intendant Falwë ?" Fais-je un peu désarçonné par son attitude.

Il se redresse pour me toiser de toute sa hauteur, croisant les mains dans son dos.

"Lui-même ! Que puis-je pour vous ?" Me demande-t-il à nouveau.

Je tente de prendre un peu plus de contenance maintenant que j’ai trouvé le bon elfe.

"Je me suis Jorus Kayne, dame Llyann'tar Thelwë m’a envoyé vers vous pour...heu…obtenir un lit pour la nuit."

"Ma foi c’est tout à fait possible ! Si vous souhaitez également vous restaurer, il y a un grand réfectoire pour cela. Si vous êtes disposé à me suivre, je vais vous montrer le dis réfectoire ainsi que là où vous pourrez dormir." Me propose l’intendant.

"Parfait, après vous !" Lui dis-je en l’invitant de la main à me montrer le chemin.

Le Sindel me conduit au travers des longs couloirs de la commanderie. Il garde une attitude droite, les mains dans le dos, saluant brièvement ceux qu’il croise. Il me guide jusqu’à une immense pièce où nous nous arrêtons au seuil.

"Voici le réfectoire. Il n’y a pas vraiment d’heure précise pour les repas donc vous pourrez y venir lorsque bon vous semblera." M’explique-t-il avant de reprendre la marche. "Le dortoir n’est pas très loin, mais il est possible de se perdre."

Nous arrivons enfin dans une grande salle commune avec une importante quantité de lits. Rangés avec une précision millimétrée, ils disposent tous d’une malle aux pieds de chaque lit. La marque militaire de l’ordre laisse son emprunte partout. Tous les lits sont pliés au carré, sans qu’aucun bout ne dépasse.

"Voici le dortoir pour les étrangers. N’ayant pas reçu d’ordre direct, je ne puis vous laisser occuper des appartements des sections privées, même s’ils ne sont pas occupés. Néanmoins, vous devriez avoir le nécessaire pour cette nuit. Si vous avez une demande particulière, n’hésitez pas à me faire appeler. Vous pouvez disposer des malles à votre guise, nos membres sont particulièrement disciplinés sur le respect des autres. J’espère qu’il en est de même pour vous, car la sanction en cas de vol est particulièrement sévère. Il n’y a personne d’autre qui occupe ces lits, donc vous risquez de vous sentir seul. J’espère cependant que vous passerez une bonne nuit !"

Il n’attend pas de réponse de ma part et s’en va rapidement hors du dortoir. Désormais seul, je choisis un lit au hasard et range la majorité de mes effets personnels. Mon ventre me rappelle que je n’ai pas mangé récemment et mon estomac, qui a subi à sa façon les acrobaties de Sibelle, a fini de se stabiliser depuis. Je me dirige donc vers le réfectoire pour savourer un repas copieux. Sur place, il y a quelques groupes d’elfes attablés ensembles. Ils me regardent tandis que je pars me servir. Il y a une quantité folle de nourriture. J’en perds la notion du temps, jusqu’à ce que mon ventre hurle son envie de partager ce plaisir. Je pioche un peu partout et m’assoie non loin de là, afin de me resservir en cas de besoin. Malgré tout, la quantité de nourriture semble vraiment importante, maintenant que je prends un peu de recul.

(Tant pis ! Et puis, je ne sais pas si je pourrais manger de si bonnes choses prochainement !)

J’attaque avec avidité un morceau de cuisse qui fond dans ma bouche. L’assaisonnement agite mes papilles comme un torrent de plaisir. Je crois bien que je n’ai jamais mangé aussi bien de ma vie ! Mon enthousiasme est tel qu’en décortiquant deux morceaux d’os, je reçois en pleine figure un bout de viande sur le nez. Quelques rires se font entendre et brise un silence que je n’avais pas remarqué. Observant la pièce, je remarque que tous les regards sont pointés sur moi.

(Bon sang ! J’oubliais qu’ils n’ont probablement jamais vu d’humain ! Tâchons de montrer une vision plus…noble.)

(Ha ! Je ris déjà !)

Je termine le morceau de viande, ainsi que celui collé sur mon nez. Je m’intéresse ensuite à un étrange fruit qui me pose problème. J’ai beau m’atteler avec sérieux à la tâche, je ne parviens pas à le couper en deux. Cette saloperie m’échappe toujours ! Je décide de m’y prendre plus lentement en incisant légèrement, puis en agrandissant la coupe jusqu’à avoir deux morceaux, mais pas vraiment de même taille. Particulièrement juteux, du jus s’échappe du fruit lorsque je le presse un peu trop en l’emportant à ma bouche et un jet acide me frappe en plein œil droit. Douleur et surprise me font crier malgré moi, ajoutant encore plus de raison à l’hilarité ambiante.

(Que ne donnerais-je pas pour voir ça de mes yeux !)

(Je te remercie de ta compassion ! J’ai limite plus envie de manger maintenant !)

(C’est peut-être ton dernier repas avant un long moment donc, profite et mange ce que tu connais déjà avant de te lancer dans des aventures, aux confins gustatifs inconnus !)

Suivant le conseil de ma faéra, je délaisse les choses étranges bien qu’appétissantes, pour me contenter de l’essentiel. Focalisé sur mes victuailles, je remarque qu’un attroupement se dirige vers moi que lorsque plusieurs elfe gris m’entourent. L’espace d’un instant je crains d’être une cible, mais en me rappelant où je me trouve et l’état d’esprit de la commanderie avant même le changement d’esprit des Sindeldi, mes craintes s’apaisent.

"Tous les humains sont-ils aussi drôles que toi ?" Me demande l’une d’entre eux.

Avant de lui répondre, je prends le temps de les détailler brièvement. Ils sont cinq, deux hommes et trois femmes, tous habillés comme des soldats et me dépassant d’une bonne tête. Cela me donne l’impression d’être comme un enfant à la table des adultes. Ils possèdent des armures identiques, un style léger adapté pour la mobilité comme je les aime, faisant penser à un groupe du même corps de garde. Tous semblent aimer laisser leurs longs cheveux, noirs ou gris, tomber sur leurs épaules. Face à moi, l’elfe possède des cheveux gris légèrement plus foncés que sa peau. Des mèches de cheveux, s’arrêtant sous son menton, encerclent son visage et dirige le regard d’un observateur extérieur sur ses traits fins, ainsi que ses yeux d’un bleu à s’en noyer de contemplation. Même si les Sindeldi possèdent des corps fins et élancés, je devine sous l’armure de torse des arguments plutôt généreux. A n’en pas douter, elle doit être considérée comme particulièrement belle pour les siens. Loin de se laisser déstabiliser par mon inspection trop insistante, la Sindel continue de plonger son regard dans le mien attendant une réponse.

"Disons que cela fait partie de mes nombreux talents !" Dis-je tout simplement avant de m’intéresser à ma gamelle.

"Ho ho ! D’autres talents, de quels genres un si charmant humain est-il pourvu ?" Insiste-t-elle en faisant glisser son index le long de ma joue dont la teinte rougit.

(Non mais quelle sans gêne celle-là !)

Un peu gêné par cette proximité et trouvant que cette tentative n’a d’intérêt que pour me déstabiliser, je l’écarte délicatement d’un revers de la main avant de répondre à nouveau en soutenant son regard à nouveau.

"J’aime explorer les contrées qui me sont inconnues et j’ai par de nombreuses fois eu à sortir mes lames. Bien que je possède un charme à faire frémir même les Sindeldi, il n’est pas assez développé pour me sortir de toutes les situations !"

Ma remarque semble amuser les elfes qui se retiennent de rire, mais à ce jeu, celle qui me fait face paraît assez bonne en ne laissant qu’un mince sourire esquisser ses lèvres.

"Et on peut savoir quels est le danger le plus important que cet humain ait affronté ?" Me lâche un des hommes.

Sans vouloir être méprisant envers un humain, il cherche simplement à rabaisser l’intérêt que je porte à la gente féminine. Un simple duel de virilité devant des femmes en somme. Caressant le manche de mon couteau contre ma tempe, je cherche dans ma mémoire le moment où j’ai le plus frôler la mort.

"Sans aucun doute, ce doit être lorsque j’ai participé au combat contre trois dragons alors que j’étais juché sur l’un d’eux !"

Ma déclaration provoque l’hilarité parmi tous les elfes qui ne me croient absolument pas.

"Hahaha un humain chevaucheur de dragons ? Je savais bien qu’ils étaient particulièrement drôles, mais celui-ci dépasse mes attentes !" Rétorque une elfe à la voix plus grave qu’un membre du beau sexe.

"Merde alors ? J’étais persuadé que tu étais une femme !" Dis-je en le regardant, ce qui dirige les moqueries sur lui.

"Je t’avais bien dit que ton style n’était pas assez affirmé !" Rajoute un autre.

Je suis particulièrement fier d’être ressorti de ce combat en vie et je ne compte pas laisser croire à ces elfes que je mens.

"En réalité, parmi les trois, il y avait une femme et un elfe capable de se transformer en dragon ! Si vous ne me croyez pas, vous n’avez qu’à demander à Sibelle elle était également présente. Elle est l’une des vôtres si je ne m’abuse et le mensonge ne fait pas partie de ses habitudes !"

"Sibelle ? Oui nous avons eu l’occasion d’échanger avec elle. Il parait que peu de personnes parviennent à lui tenir tête en combat singulier." Déclare une elfe restée muette.

"Je peux vous confirmer qu’il existe cependant des êtres capables de se jouer de son adresse. Mais pour le commun des mortels, elle est au-dessus du lot. J’en ai fait l’expérience personnelle !" Fais-je en me remémorant son bref affrontement contre le Sans-Visage.

"Tu t’es battu contre elle ?" Demande la Sindel aux charmants atouts.

C’est avec un effort de volonté que je me force à garder les yeux au-dessus de la poitrine.

"Battu, non. Disons que je lui ai demandé de me montrer l’écart de force entre nous et il a particulièrement fait mal !"

Cette fois-ci, les elfes ne disent rien. Peut-être ont-ils eu vent de la leçon martial qu’elle m’a inculqué. J’ai passé assez de temps ici. Il est préférable que je me couche tôt pour ce qui va m’arriver demain.

"Veuillez m’excuser, mais il est l’heure pour moi de vous quitter." Dis-je en me levant.

"Déjà ?" Déclare avec une fausse tristesse, l’elfe qui s’est intéressée à moi en première. "On aura peut-être l’occasion de se revoir !"

"J’en doute ! J’ai rendez-vous avec dame Llyann'tar Thelwë aux aurores et j’ignore ce qu’elle attend de moi." Fais-je sans plus de cérémonie.

Je quitte le réfectoire sous les murmures plus ou moins audibles des Sindeldi. Apparemment, ceux-ci semble douter de mes propos. Qu’importe, ils ne me seront pas d’une grande utilité pour la mission qui m’attend.

VII.10 Préparation avant la mission.

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Yliria
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Re: Commanderie d'Opale

Message par Yliria » ven. 1 janv. 2021 15:38

Intervention de Guilde pour Jorus

La voix de Lyann'tar Thelwë t'invite sobrement à entrer à peine les coups frappés. Contrairement à la dernière visite de Jorus, la commandeure n'est pas assise à son bureau, mais appuyée contre ce dernier, visiblement en pleine conversation avec une autre Sindel au visage gracieux où s'étire un large sourire. Les deux elfes se tournent vers le jeune homme et c'est Lyann qui prend la parole.

- Ah, messire Jorus, ravie de vous voir levé. Je vous présente Siathiël, notre arcaniste. Elle s'est proposée pour votre épreuve. J'ose espérer que vous avez pu dormir convenablement.

Aux mots de Lyann, le sourire de l'arcaniste se fait plus amusé, comme si elle savait quelque chose, mais elle se contente de saluer Jorus d'une courte, mais polie, révérence. Sans plus attendre, la commandeure invite Jorus à la suivre jusque dans la cour de la commanderie où d'autres Sindeldi se dirigent pour ensuite se tenir en dehors de la large zone ronde pavée, visiblement attiré par le spectacle. Parmi eux se trouve Saëthil Arwiëne qui ne se défait pas de son sourire en te voyant approcher. La zone pavée est spacieuse et munie d'un sol de pierre blanches où de curieuses marques on été tracées par endroit. Des croix rouges, vertes, jaunes et bleues, apparemment placées là sans réel but ni logique. Lyann invite Jorus à pénétrer dans la cour et l'y suit ainsi que l'arcaniste et deux autres Sindeldi armés chacun de deux bâton courts.

- Chacun des commandeurs à sa façon de jauger les capacités de ses aspirants. Moi ce qui m'intéresse, c'est de voir votre capacité d'adaptation en fonction de la situation, surtout si ladite situation est délicate et en votre défaveur. Prenez ceci.

Elle te tend un petite boîte en bois qui tient dans la main, mais empêchant tout de même de refermer le poing.

- Votre épreuve est simple. Vous devez défendre cette boîte face aux deux Danseurs qui sont ici pendant un temps imparti, sans l'ouvrir. Si la boite tombe au sol, vous échouez. Si vous êtes touchés cinq fois, vous échouez. Si vous tombez sans pouvoir vous relevez, vous échouez. Si la boîte s'ouvre, vous échouez. Sathiël lancera également des sorts en fonction de l'endroit où vous vous situez. Rouge pour le feu, bleu pour la foudre, vert pour la terre. Elle visera la marque et non pas vous, soyez rassurés. Cependant, si un sort vous atteint, cela ne compte pas comme une touche, cela sert uniquement à vous perturber. Mais c'est une arcaniste puissante, je vous conseille de ne pas prendre cela à la légère. Les marques jaunes vous donneront un répit, mais unique, contrairement aux autres marques, et elle lancera un sort pour vous aider. Veillez à faire attention où vous mettez les pieds. Vous avez plusieurs façon de remporter cette épreuve, mais je vous laisse le soin de réfléchir à cela par vous-même. Avez-vous des questions ?

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Jorus Kayne
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Re: Commanderie d'Opale

Message par Jorus Kayne » jeu. 7 janv. 2021 14:56

VII.10 Préparation avant la mission.

De l’autre côté de la porte, j’entends qu’on m’invite à entrer. Appuyée contre son bureau, la commandeure Lyann'tar Thelwë discute avec une autre Sindel, charmante d’ailleurs, avec un large sourire qui m’inquiète quelque peu. Lyann'tar Thelwë la présente comme l’arcaniste Siathiël, qui s’est proposée pour l’épreuve.

(Mes inquiétudes doivent venir de là je pense !)

Bien que cette magicienne me salut correctement, je ne peux m’empêcher de penser que l’amusement que je perçois sur son visage est en lien direct avec le test qui arrive. Immédiatement après les salutations, je suis les deux elfes grises à l’extérieur sur une vaste zone pavée. Le sol en pierres blanches possède d’étranges croix rouges, jaunes, vertes et bleues. Si le but est de comprendre l’énigme cachée derrière cela, je risque de vivre sur le Naora jusqu’à ma mort. Cet agencement n’a ni queue ni tête ! Au-delà de la zone, des curieux sont présents et dans le lot, je reconnais Saëthil Arwiëne qui sourie en me regardant.

(Mais qu’est-ce qui me pend au nez ?)

Un peu réticent, on m’invite à pénétrer dans l’espace en compagnie de l’arcaniste et de deux autres Sindeldi armés chacun de bâtons courts. Lyann'tar m’explique que chacun des commandeurs testent les aspirants selon leurs propres envies, mais actuellement, c’est mon adaptation à une situation aussi délicate que défavorable qui l’intéresse. Puis, elle me tend une petite boîte en bois, que je saisis de la main gauche et qui ne me permet pas de refermer le poing, même si elle est assez petite pour y tenir.

"Votre épreuve est simple. Vous devez défendre cette boîte face aux deux Danseurs qui sont ici pendant un temps imparti, sans l'ouvrir. Si la boite tombe au sol, vous échouez. Si vous êtes touchés cinq fois, vous échouez. Si vous tombez sans pouvoir vous relever, vous échouez. Si la boîte s'ouvre, vous échouez. Sathiël lancera également des sorts en fonction de l'endroit où vous vous situez. Rouge pour le feu, bleu pour la foudre, vert pour la terre. Elle visera la marque et non pas vous, soyez rassurés. Cependant, si un sort vous atteint, cela ne compte pas comme une touche, cela sert uniquement à vous perturber. Mais c'est une arcaniste puissante, je vous conseille de ne pas prendre cela à la légère. Les marques jaunes vous donneront un répit, mais unique, contrairement aux autres marques et elle lancera un sort pour vous aider. Veillez à faire attention où vous mettez les pieds. Vous avez plusieurs façons de remporter cette épreuve, mais je vous laisse le soin de réfléchir à cela par vous-même. Avez-vous des questions ?"

(Heu oui, je peux rentrer chez moi ?)

Je serre le poing en refoulant mes envies de faire demi-tour. Si ça c’est une situation défavorable, je suis curieux de savoir ce qu’elle juge catastrophique !

(Je sais pas, faire face à un dragon peut-être ?)

Ysole a raison. J’ai déjà affronté des contextes bien pires et si on me propose un tel défi, c’est que je suis en mesure de le réussir. Du moins, je donnerais tout pour y parvenir ! Je prends le temps d’inspirer longuement avant de répondre enfin, brisant le silence de l’attente.

"Oui, une question. Quand commence-t-on ?"

Lyann'tar esquisse un sourire et répond d’un ton ferme : "Maintenant !"

Les deux Sindeldi se ruent sur moi avec une réactivité qui me prend de court. Celui de droite tente de mettre fin au test en cherchant à atteindre la boîte. Un bref mouvement de la main me permet d’échapper à une humiliation, mais en réalité ce n’est pas leur objectif. Usant de mon attention sur la boîte, le second Sindel vise mon torse. Je ne dois ma sauvegarde qu’à mon réflexe de dégainer ma dague directement dans la trajectoire. Les hors d'œuvres étant terminée, mes adversaires passent à la suite des festivités. Les coups s’enchaînent, fouettant l’air au lieu de mes membres, grâce aux acrobaties dont je fais preuve pour éviter les assauts et d’une posture de combat plus propice à l’esquive des coups. Ils semblent cependant s’habituer petit à petit à mes cabrioles car les coups me manquent rapidement de très peu, m’obligeant à parer de nouveau. Ma dague interrompt un coup d’estoc à droite tandis que ma main dévie du dos, un coup à la tête.

"Une touche !" Déclare la commandeure après que j’ai dévié le coup.

"Quoi ? Mais non c’est…" Fais-je alors qu’un bâton me touche entre les deux yeux et me fait perdre l’équilibre en roulant en arrière.

"Deux touches !" Lance à nouveau la Sindel.

(Et merde !)

(Cesse tes idioties et concentre-toi davantage !)

(Tu crois que c’est…)

Les deux elfes reprennent leurs assauts et je m’extrais de leurs influences d’un large bond sur le côté, suivis d’une roulade.

(…un jeu peut-être ?)

J’atterris malheureusement sur une marque verte et un projectile de pierre se précipite sur moi et m’atteint dans le dos. J’ai l’impression de recevoir une énorme claque à m’en faire sortir les glaires !

(Bon sang j’avais oublié ça !)

(Tu as du mal à tenir face à eux, mais sont-ils pourtant plus fort que Sibelle ?)

Ysolde a raison. Ils sont fort parce qu’ils se battent ensemble ! Ils ne sont pas au même niveau que Sibelle et si je parviens à les séparer, je prendrais le dessus. Et pour ça, il faut passer à l’offensive !

Mes deux adversaires frappent à deux endroits stratégiques. L’un en bas et l’autre en haut. Je saute pour éviter la frappe aux jambes et stoppe le bâton à l’aide de ma dague. Puis je montre ce qui en coûte de me prendre de haut. Forçant sur mon arme, je dirige l’arme de bois sur la tête de son confrère qui ne s’y attendait pas. Le Sindel encore indemne rapporte son arme à lui, mais je l’empêche de s’en servir en la plaquant contre son torse. Pour son homologue, j’offre un puissant coup de pied au niveau de la poitrine pour l’envoyer rouler plus loin. Sans faire attention, mon pied touche une marque au sol. Un voile lumineux se dresse autour de moi et ma faéra m’explique ce qu’il en est, sans que j’aie à lui demander.

(C’est la protection solaire. Mais ça ne protège que des attaques d’ombres !)

(Pratique dans ma situation !)

Désormais en duel, mon adversaire incapable de s’extraire de la pression que j’exerce à l’aide de mes deux mains, me frappe d’un coup de front dans le nez. Bien que me sens saigner, aucune touche n’est comptée. D’un coin de l’œil, je perçois que nous allons être interrompus dans notre danse. Ne pouvant me permettre de frapper à la gorge, je le repousse en arrière non sans enfoncer ma lame à son bras principal et offrant également mon pied pour bloquer son mouvement de recul en supplément. Alors qu’il choit au sol, je mobilise mon énergie dans mes jambes pour bondir de gauche à droite, afin de déstabiliser le second elfe et passer derrière-lui juste avant sa frappe. Je le touche à la cuisse et saute en avant pour éviter un retour de bâton malencontreux.

Les deux elfes gris en ont pris pour leur grade. J’esquisse un sourire de satisfaction qui s’atténue rapidement avec l’apparition d’un cercle magique autour de moi. Les deux elfes gris, profitent de ce moment pour attaquer à nouveau, m’obligeant à sortir du cercle pour ne pas être touché. Il s’avère qu’il s’agissait là d’un sort qui touche toute personne en contact avec le cercle. C’est la fulgurante décharge électrique qui me le fait comprendre. Je serre des dents pour résister à l’envie de hurler et prendre le dessus sur mon corps, qui a soudainement une folle envie de décamper. Cependant, derrière-moi se trouve une elfe à qui j’ai envie de montrer ce que je vaux. Mon orgueil est pour une fois, un moteur bénéfique pour cette épreuve.

J’évite l’attaque d’un bond en arrière, prenant difficilement appui par mes mains, un peu prises avec la dague et la boîte. D’un rien, j’évite une marque rouge au sol. Jugeant de la position de l’arcaniste dans le dos de mes adversaires, j’attends le dernier moment pour faire de grands mouvements avec les bras et pose discrètement le pied sur la marque rouge. Intrigués par l’étrange mouvement de mes membres supérieurs, ils ne comprennent que trop tard la raison, lorsque l’elfe gris touché à l’épaule reçoit une boule de feu à la jambe qui m’était destiné. Il tombe au sol, me laissant l’opportunité de frapper son confrère qui tente de me frapper au torse. L’effet de ma dague se fait enfin ressentir. La blessure à la cuisse s’étant aggravée au point où il ne peut plus l’ignorer, son coup manque de précision. J’évite la frappe d’un bond sur sa gauche, avant de lui offrir dans une rotation, pied gauche au sol, un magnifique coup de talon droit dans le menton.

Je m’éloigne d’eux, assez fier de moi. S’ils peinent à se relever à cause de leurs blessures, cela ne dure pas. Celui qui a reçu la boule de feu tend sa main vers son camarade et un halo blanc semble guérir la blessure à la cuisse. Pui il fait de même pour sa jambe brulée et résorbe la plaie à son épaule, l’empêchant de s’aggraver davantage.

"Hey ! C’est d’la triche ça !" Fais-je stupéfait, mais aucune règles ne les en empêche.

(Utilise les marques jaunes pour t’aider !)

Alors qu’ils se dirigent au pas de course vers moi, je pose le pied sur la première marque jaune que je trouve. Rien ne semble affecter mes blessures ou me rendre plus fort. Il faut croire que la magie de lumière c’est vraiment de l’esbroufe ! Pourtant, j’ai soudainement une plus grande aisance pour éviter les attaques qui me tombent dessus, visant la boîte pour l’un et mon corps pour l’autre.

(Cela ne dure qu’un temps, les sorts ne sont pas éternels. Passe vite à l’action !)

Suivant les conseils de ma faéra, je profite de cet étrange avantage pour contre-attaquer. Je viens parer le bâton à ma droite avec la dague et le place pour bloquer le coup venant de ma gauche, visant ma tête. Je saisis la poigne tenant fermement l’arme de bois à ma gauche, pour l’empêcher d’agir et le fais tomber d’un bon coup de pied dans le genou. Alors que je ne tiens qu’à une jambe après mon coup, celui de droite me repousse en arrière au sol. Il lui suffit de m’empêcher de bouger pour me vaincre. Je me laisse tomber, mais l’entraîne avec moi en ramenant une jambe entre nous, avant de le repousser derrière moi, emporté par l’élan et me relève rapidement.

"Trois touche !" Fait de nouveau une voix qui devient désagréable avec ses mauvaises nouvelles.

Je n’ai même pas senti ce coup ! Je m’éloigne pour reprendre mon souffle, mais c’est chose difficile lorsqu’on affronte deux adversaires à la fois. Lorsque je mets un elfe au tapis, l’autre se relève et m’empêche d’avoir un moment de répit.

"Si vous voulez utiliser la magie, pas de problème !"

Je place ma dague en retrait, mimant un puissant coup de poing qui se prépare et lorsque l’elfe arrive à mon niveau j’hurle à nouveau en me concentrant sur son visage.

"Boule de feu !"

Surpris, l’elfe place ses bras devant son visage par réflexe. Je fais une première rotation devant lui pour prendre de l’élan, puis continue mon mouvement en sautant et frappe violemment sa tête.

(Après un coup pareil, il ne va pas revenir de si tôt !)

Mon adversaire tombe au sol, à moitié inconscient, tandis que le Sindel que j’ai envoyé roulé au loin vient pour un nouveau service. Je crois l’avoir touché dans son égo, vu la grimace colérique qu’il affiche. Je lance ma dague négligemment vers lui pour le désarçonner. Profitant de son inattention, je traverse sa garde, passe mon bras de son aisselle droite à son cou, l’emporte deux pas plus loin pour marcher sur une marque verte et un pilier se dirigeant vers moi, j’y envoie le Sindel bouffer de la terre !

Cette fois-ci j’ai le luxe de reprendre enfin mon souffle, enfin jusqu’à ce que les deux elfes se relèvent ensembles. Entre les deux, je suis une proie de choix pour une attaque coordonnée.

(Cette fois-ci, je vais avoir du mal à ne pas être touché !)

(Les marques bleues, marche dessus lorsqu’ils seront sur toi !)

(Quoi ? Mais t’es folle ça fait hyper mal !)

(Et ils la sentiront aussi passer, fais moi confiance !)

Je guette une marque bleue au sol et m’en rapproche lentement, tandis que les deux Sindeldi se mettent d’accord. Parfaitement synchronisés, ils frappent, l’un devant moi, l’autre derrière. Je pare l’attaque de devant avec ma dague et reçois l’autre encore une fois dans mon dos déjà meurtri.

"Quatre touches !" Fait de nouveau la voix.

Je me lance et fais preuve d’une foi aveugle en ma faéra. Je pose le pied sur la marque sans la regarder et un arc électrique nous foudroie tous les trois. La puissance est telle que les deux elfes tombent au sol, ironiquement avec le même synchronisme dont ils ont fait preuve jusqu’alors. Pour ma part, je tiens un peu plus longtemps qu’eux sur mes jambes, avant de finalement pencher dangereusement au sol, ma conscience plongeant dans le noir.

(Si tu tombes sans pouvoir te relever c’est fini ! Tiens bon mon Jorus !)

La présence de ma faéra est un phare dans ce voile obscure qui occultait mon esprit. Il me faut cependant toute ma volonté pour poser une jambe devant moi et rester debout. Même au bord de l’épuisement tant physique que mental, ma poigne ne cesse de serrer cette boîte qui m’en blanchit les phalanges.

VII.12 Intégrer une nouvelle famille.
Modifié en dernier par Jorus Kayne le mar. 19 janv. 2021 14:36, modifié 1 fois.

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Re: Commanderie d'Opale

Message par Yliria » jeu. 7 janv. 2021 23:01

Intervention de guilde pour Jorus

Pendant toute la durée du combat, Lyann ne quitte pas des yeux Jorus, le fixant sans exprimer autre chose que l'impassibilité. Sa voix résonne pour énumérer les coups reçus par le jeune homme avant qu'il ne parvienne, non sans mal, à défaire les deux Sindeldi chargés de le faire échouer. Lorsque le silence retombe sur la cour, elle s'avance rapidement vers toi, un pli barrant son front.

- Sathiël !

Sans attendre, une lumière irradie derrière Jorus et l'acrobate peut sentir sa faiblesse se résorber et la douleur de son corps se faire moins pesante, comme si elle était reléguée au second plan.

- Regardez-moi, Jorus!

Le visage de la Sindel semble froid, dur, avant qu'un sourire ne fleurisse sur ses lèvres.

- Vous êtes un homme plein de ressources. Un peu téméraire également. Vous n'avez pas choisi la façon la plus simple d'aborder cette épreuve. Rien ne vous obligeait à vous battre, ni même à rester dans la cour où vous étiez plus vulnérable, ni à laisser Sathiël lancer impunément ses sorts. Et pourtant, vous avez affronter l'épreuve de face et avez triomphé avec bravoure. Vous avez réagi vite et vos capacités ne font pas l'ombre d'un doute. Ouvrez donc la boite, Jorus.

À l'intérieur de la boite se trouve un pendentif au bout duquel pend un ornement singulier:

Image

- Ceci, Jorus Kayne, est notre symbole. Où que vous soyez sur Yuimen, nos frères et sœurs sauront vous reconnaître grâce à lui et vous trouverez toujours asile et aide parmi eux. Portez-le avec fierté, car vous l'avez mérité. Vous voilà, comme nous, héritier d'une tradition ayant traversé les âges et les mondes. Vos ennemis seront les nôtres et vos combats également. Ne laissez personne, je dis bien personne, vous dicter votre façon de faire. Respectez notre devise car c''est pas votre seule volonté que vos armes se meuvent. Bienvenue chez les Danseurs d'Opale, Jorus Kayne. Bienvenue dans notre famille.

À peine la commandante a-t-elle fini son discours que de nombreux Sindeldi se précipitent vers Jorus pour le féliciter. Même ses deux adversaires, visiblement remis sur pied par Sathiël, l'accueillent avec de larges sourires et à grands renforts de félicitations. Et tandis que chacun lui affirme pouvoir l'aider si d'ordinaire il en avait besoin, Lyann fronce les sourcils face à un message que vient de lui apporter un Sindel visiblement essoufflé.

Lorsque tu seras remis, frais et dispo, viens me trouver, Jorus.

Elle quitte alors rapidement les lieux, laissant Jorus au beau milieu de la troupe de Sindeldi félicitant toujours le nouveau venu.

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Jorus Kayne
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Re: Commanderie d'Opale

Message par Jorus Kayne » dim. 10 janv. 2021 15:06

VII.11 L'épreuve.

Une silhouette s’approche de moi, à l’aura moins offensive que les autres, et j’entends le nom de l’arcaniste prononcé. Rapidement, la faiblesse que j’éprouve s’atténue comme la brume du matin face à une bourrasque. Devant moi, la commandeure qui m’intime à la regarder. Son visage dur, laisse la place à un sourire avant de s’adresser à moi. Je suis selon, elle un homme avec des ressources et une bonne dose de témérité. Elle déclare que je n’ai pas choisi la voie la plus simple car rien ne m’obligeait à me battre ou même à rester dans cette cour où j’étais vulnérable, que ce soit face aux deux Sindeldi armés ou à l’arcaniste. La remarque me gifle au visage et m’en écarquille les yeux. Cependant, elle annonce que j’ai relevé ce défi avec bravoure, mes capacités étant clairement démontrées. Puis elle m’invite à ouvrir la boîte dans laquelle se trouve un bijou qui m’est familier.

"Ceci, Jorus Kayne, est notre symbole. Où que vous soyez sur Yuimen, nos frères et sœurs sauront vous reconnaître grâce à lui et vous trouverez toujours asile et aide parmi eux. Portez-le avec fierté, car vous l'avez mérité. Vous voilà, comme nous, héritier d'une tradition ayant traversé les âges et les mondes. Vos ennemis seront les nôtres et vos combats également. Ne laissez personne, je dis bien personne, vous dicter votre façon de faire. Respectez notre devise car c''est pas votre seule volonté que vos armes se meuvent. Bienvenue chez les Danseurs d'Opale, Jorus Kayne. Bienvenue dans notre famille."

A la fin de son discours, un grand nombre d’elfes gris vient me féliciter pour ma victoire, même mes deux adversaires durant ce test, remis sur pied par la mage, ne semblent pas touchés dans leur orgueil. Pourtant, cette victoire m’est presque amère.

(Pourquoi si peu de réjouissance ?)

(J’ai réussi l’épreuve, mais j’ai échoué au test !)

(Les danseurs sont un ordre martial, il est évident qu’elle voulait te tromper sur ce point.)

(Non ! Cette faute est la mienne ! J’aurais dû faire bien plus attention aux propos tenus. Il n’était question que d’une boîte. La prochaine fois, j’aurais peut-être la vie de quelqu’un dans le creux de ma main et la responsabilité qui en incombe !)

(Cesse de te morfondre. A t’entendre dire, un malheur va nous tomber sur le coin du nez !)

(Pas du tout et arrête ça, tu vas nous porter malheur !)

Je suis interrompu dans ma conversation mentale par Llyann'tar Thelwë qui m’annonce, la mine grave, de venir la voir lorsque je serais remis sur pied. Avant qu’elle ne parte, je tiens à aller jusqu’à elle pour une chose.

"Merci, vous m’avez donné une leçon que je n’oublierais pas !"

Sur ce, je la laisse partir et m’en vais profiter d’instants de répits. Une bonne nuit de sommeil ne me fera pas de mal avec tous ces coups !

Je profite du reste de ma journée pour flâner et déambuler dans les rues de la ville. Je ne crois pas d’ailleurs avoir pris le temps de le faire jusqu’alors. Je scrute avec insistance ce nouvel ornement qui vient se placer autour de mon cou. Un symbole de ma détermination nouvelle et de mon appartenance à des individus qui partagent mes idéaux.

La journée et le soir sont assez calmes. Je croise des elfes gris me posant des questions sur le monde extérieur et sur moi en particulier. J’y réponds avec grand plaisir, tâchant de donner une image positive des races extérieures. Le réveil le lendemain matin est accompagné avec son lot de courbature et ainsi qu’un étrange colis. Au pied de mon lit, un petit coffret en bois décoré par un joli ruban, attend visiblement qu’on l’ouvre.

(Qu’est-ce que c’est ?)

(Aucune idée.)

(Tu n’as vu personne venir ? Tu dormais ou quoi ?)

(Non, bien entendu ! Mais comme toi tu dormais, j’ai été atteint d’une flemme cette nuit. Ouvre-le !)

Je saisis le colis, enlève délicatement le ruban et ouvre la boîte en bois. A l’intérieur se trouve des feuilles de gui cernées d’argent, avec la branche en or et dont les fruits semblent particulièrement rouges, comme s’ils venaient d’être cueillis ou ne subissaient pas les affres du temps.

(Regarde il y a même de quoi l’attacher à tes vêtements ! En fait c’est une broche ! Laisse-moi te l’attacher sur ton armure de cuir.)

Ma faéra virevolte jusqu’au bijou et à son contact, celui-ci irradie d’une chaleur comparable à un feu de cheminée.

(T’as vu ça ? C’est un objet magique !)

Craignant la chaleur de la broche, ma faéra s’en éloigne. Je la prends moi-même dans la main et la serre entre mes doigts. La chaleur s’estompe rapidement lorsque je me demande comment l’empêcher de chauffer. Ma faéra se rapproche à nouveau de l’objet et tend sa petite main dans sa direction.

(Je sens une forte magie à l’intérieur !)

(Ha bon ? J’étais pourtant persuadé avoir vu des p’tits lutins y mettre le feu pour nous faire croire qu’elle chauffait toute seule !)

(Ha ha ha ! Non cette broche irradie d’une magie de feu. Je n’en suis pas certaine, mais elle pourrait même offrir une protection contre la glace !)

(Dommage qu’elle ne protège pas de tes sarcasmes ! Je l’aurais chéri comme le plus beau des trésors !)

(Pfff !)

Je dispose le bijou sur mon armure de cuir, à un endroit où elle ne sera pas une gène. Après un tour au réfectoire où je mange avec plaisir, je retrouve Saëthil Arwiëne à la sortie. La Sindel me regarde avec un petit sourire en coin.

"Bien reposé ?" Me demande-t-elle avant de voir la broche. "C’est mignon ça ! C’est nouveau non ?"

(Ho non, encore elle !)

"Disons que j’ai encore un peu mal de la veille ! Alors ? J’étais comment hier ?" Fais-je en bombant le torse et laissant de côté la question sur le bijou.

"Je dois avouer que j’ai été impressionnée hier !" Me répond-elle avant d’enchaîner. "C’est d’ailleurs la raison de ma visite, je voudrais te présenter quelqu’un. Il s’appelle Myranthïr El’Jacobsï Sebanïjul."

Elle s’écarte d’un pas sur le côté pour me laisser sortir et voir un elfe gris affublé d’une tenue particulièrement sombre se tient dans le couloir. De son nom à rallonge, je n’ai retenu que la fin.

"Heu… et si je vous appelle tout simplement Jul ?"

L’elfe ne répond pas, laissant son regard parler pour lui en devenant aussi noir que sa tenue, lorsque je lui pose la question.

"Je vous laisse, je dois me rendre ailleurs !" Déclare-t-elle pour moi et son camarade. Elle se penche ensuite vers moi pour me murmurer à l’oreille. "Tu serais surpris de ce qu’il pourrait t’apprendre !"

(C'est ça, bon débarras !)

Sur ces paroles elle s’en va et me laisse avec le Sindel qui m’invite à le suivre d’un geste de la main. Il m’emmène, aux travers des couloirs, dans une pièce sombre sans fenêtre de cinq mètres sur cinq. A l’intérieur, quelques espaces ouverts sur l’extérieur laissent pénétrer la lumière du jour. Dans l’ensemble, l’espace reste tout de même assez visible pour s’y mouvoir à plusieurs sans risquer de se cogner.

"D’après Saëthil tu posséderais des capacités propices à l’apprentissage de la disparition !" Déclare enfin l’elfe gris qui me place au centre de la pièce et commence à marcher autour de moi.

"Pour tout vous dire, je n’ai moi-même pas très bien compris où elle voulait en venir !" Fais-je sans comprendre son petit manège.

"Ton combat ! Tu as visiblement fait preuve d’une agilité particulière, supérieure même à la plupart des Sindeldi." M’explique-t-il à moitié en continuant son petit manège autour de moi.

"Oui, c’est vrai que j’arrive à faire quelques acrobaties, mais je vois pas où vous voulez en venir !" Dis-je perplexe en tournant la tête de gauche à droite en fonction de sa position.

"J’ai entendu dire que c’était plus que de simples acrobaties ! Ce que je peux t’enseigner, c’est la capacité pure et simple de disparaître momentanément du champ de vision de ton adversaire !" Répond-il.

"Et vous voulez disparaître où au juste, on est dans une pièce fermée et éclairée, alors je vois pas de quoi…" Je regarde autour de moi et m’aperçois que l’elfe a disparu.

"Tu disais ?" Me surprend-il en apparaissant derrière-moi en me faisant sursauter de peur.

"Mais comment ? C’est quoi ce genre de magie encore ?" Dis-je irrité par la frayeur qu’il m’a infligée.

"Il n’y a aucune magie ! Ce n’est là qu’une capacité en lien avec l’environnement. Ne faire qu’un avec lui, atténuer sa présence et détourner l’attention afin de fondre dans les ombres." Explique-t-il.

"C’est complètement délirant !" Lui dis-je, absolument pas convaincu.

Pour toute réponse, il se plante devant moi et après avoir quelques pas en arrière, il disparait soudainement dans l’ombre, puis il réapparaît dans mon dos, me laissant sans voix.

"Mais…mais… ?" Je suis coupé par un doigt posé sur ma bouche pour m’inciter à me taire. En d’autre circonstance, cela aurait pu donner une atmosphère romantique, mais s’agissant d’un membre du même sexe, ça complique un peu la sensualité.

"Il n’y a pas de mais. Ce que je viens de faire ne nécessite pas de capacité particulière, hormis peut-être une agilité plus supérieure à la moyenne. Cela permet plus de souplesse dans les mouvements et permet une certaine discrétion." Raconte-t-il.

Je suis obligé de le croire sur parole et si je peux être capable d’une telle aptitude, ce ne peut être que bon pour moi.

"D’accord. Que dois-je faire alors ?"

"Premièrement, tu dois te concentrer sur ton énergie interne. Visualise-là comme une aura qui s’échappe de ton corps, puis imagine qu’au lieu d’être présente dans tout ton corps, ce n’est qu’un infime noyau !" M’explique-t-il.

Suivant ses instructions, je ferme les yeux et me concentre sur mon énergie. J’ai l’habitude de manipuler cette force interne et obtenir le résultat attendu, ne m’est pas difficile.

"Parfait ! Je vois que tu sais t’y prendre. Maintenant, éveille tes sens sur les ombres. Ressent-les et ne fais plus qu’un avec elles." Explique-t-il à nouveau.

Cette fois-ci, l’exercice est nouveau pour moi, mais j’obéis aux instructions et fait de mon mieux pour percevoir mon environnement avec mes autres sens. Le temps passe alors que je m’évertue à m’harmoniser avec les ombres, jusqu’à ce que l’elfe gris brise le silence.

"J’ignore où tu en es, mais il est temps de passer à la dernière étape. Faire disparaître sa présence et être capable de se cacher dans les ombres restent possible que si un élément extérieur vient distraire la cible."

Ce dernier détail m’interpelle.

"Mais à quel moment vous m’avez distrait ?"

"Il y a mainte façon de distraire quelqu’un. Un adversaire qui passe dans le champ de vision de l’ennemi, un objet qui attire l’attention, ou dans ton cas, un oiseau qui passe trop près. Avant que tu poses la question, il y avait bel et bien un oiseau. C’est l’heure de l’entraînement des fauconniers. Tu l’as simplement déjà oublié. Maintenant à ton tour !"

Je suis un peu perplexe sur le fait d’arriver à ce qu’il m’ordonne. Cependant s’il y arrive, c’est que techniquement c’est possible et si on m’a proposé de suivre cet entraînement, on doit m’estimer capable d’y arriver. Je me concentre sur les diverses étapes que l’on m’a expliquées. Peu loquace, mon professeur ne se contente de me recadrer avec de simples "Non !", des regards ennuyés et des "Tsss !" particulièrement pénibles. Il me faut du temps et plusieurs reprises pour enfin avoir un début de réussite.

"C’est pas mal pour de premiers essais ! Tu as maintenant les bases. Il ne te reste plus qu’à les travailler pour obtenir un résultat correct !" Me félicite enfin le Sindel.

(Correct ? Je ne sais pas depuis combien de temps je suis là à m’acharner sur cette capacité à disparaître et c’est tout ce que j’obtiens ?)

"Merci pour vos enseignements !" Lui fais-je cependant. Même s’il est un peu condescendant, il n’avait rien à gagner à m’enseigner ses techniques. "Je ne vais pas vous déranger davantage, d’ailleurs je crois que la commandeure voulait me voir." Je quitte la pièce sombre et me retourne encore une fois vers lui. "Merci encore."

Je quitte la pièce et après de longues secondes, je reviens au pas de course.

"C’est par où déjà le bureau de Llyann'tar Thelwë ?"

Il commence à m’indiquer le chemin, mais avec toutes les bifurcations, couloirs et escaliers à prendre, il décide qu’il est préférable de me guider jusqu’à la porte. Cette fois-ci je ne le remercie que d’un salut de la tête. Sobre, mais respectueux pour quelqu’un qui préfère garder le silence. Une fois qu’il disparaît, je frappe à la porte de la commandeure.

VIII.1 Nouvelles du Nirtim
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Yliria
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Re: Commanderie d'Opale

Message par Yliria » dim. 10 janv. 2021 16:41

Intervention de guilde pour Jorus

La voix impérieuse de la commandeure ne tarde pas à répondre. La porte s'ouvre sur une Lyann visiblement en train de fouiller dans des papiers. lorsqu'elle aperçoit Jorus, elle lui intime de s'asseoir face au bureau qu'elle occupe et semble terminer de rédiger une courte missive avant de poser les yeux sur le jeune humain.

- Navrée de vous appeler si vite après votre épreuve, mais la situation l'exige et je pense que vous en conviendrez.

Elle s'installe contre le dossier de son fauteuil en soupirant, visiblement lasse.

- L'Opale a des commanderies et des contacts sur une bonne partie du monde connu, je vous en dresserai la liste si vous le souhaitez. Les nouvelles de Nirtim sont plus que préoccupantes. Oaxaca a amassé ses troupes en Ynorie et assiège d'ors et déjà la cité d'Oranan. Kendra-Kâr semble aussi avoir rassemblé une importante force de guerre et les appels aux armes se multiplient de toutes parts. Si nous avons des agents en Nirtim, ils sont trop peu nombreux pour faire quelque chose de significatif. C'est là que vous intervenez, Jorus. Kendra-Kâr a fait appel à des aventuriers pour renforcer les troupes sur place, mais je sens que cela cache quelque chose d'autre. J'aimerais que l'un d'entre nous ait une vision sur place et j'aimerais que vous interveniez, Jorus.

Elle se penche alors en avant, croisant les mains sur son bureau.

- Ce n'est pas une décision à prendre à la légère, j'en ai conscience. La guerre ne peut être évitée vu la situation et Nirtim sera bientôt à feu et à sang. Nous manquons hélas cruellement d'informations et notre Royaume se remet encore de la guerre contre les Rakhaunens, aussi je doute qu'une force y soit envoyée, malgré toutebonne voonté du Prince. Mais Oaxaca est notre ennemie et nous devons faire quelque chose pour l'arrêter. J'aimerais que vous répondiez à l'appel de Kendra-Kâr, Jorus, en tant qu'aventurier et Danseur d'Opale, mais la décision vous revient, tout comme ce que vous décidez de faire une fois sur place, si vous acceptez.

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Re: Commanderie d'Opale

Message par Jorus Kayne » lun. 11 janv. 2021 14:34

VII.12 Intégrer une nouvelle famille.

La voix de la commandeure pour me faire entrer tonne comme un ordre. Lorsque je la voie, son attitude m’intrigue. Elle est loin de la sérénité de nos précédentes entrevues. Elle m’invite à prendre place en face d’elle, le temps qu’elle termine une missive puis annonce une situation grave et s’assoie contre le dossier de son fauteuil, avant de soupirer et de m’expliquer la situation.

- L'Opale a des commanderies et des contacts sur une bonne partie du monde connu, je vous en dresserai la liste si vous le souhaitez. Les nouvelles de Nirtim sont plus que préoccupantes. Oaxaca a amassé ses troupes en Ynorie et assiège d'ors et déjà la cité d'Oranan. Kendra-Kâr semble aussi avoir rassemblé une importante force de guerre et les appels aux armes se multiplient de toutes parts. Si nous avons des agents en Nirtim, ils sont trop peu nombreux pour faire quelque chose de significatif. C'est là que vous intervenez, Jorus. Kendra-Kâr a fait appel à des aventuriers pour renforcer les troupes sur place, mais je sens que cela cache quelque chose d'autre. J'aimerais que l'un d'entre nous ait une vision sur place et j'aimerais que vous interveniez, Jorus.

Elle croise ses mains sur son bureau et se penche en avant pour poursuivre. Elle me laisse le choix quant à la décision de m’y rendre car la guerre est inévitable et bientôt le Nirtim sera un mélange de feu et sang. Malheureusement la situation actuelle avec les Rakhaunens empêche le prince des Sindeldi d’envoyer des troupes au Nirtim. Cependant, Oaxaca est une ennemie à tous et il est de notre devoir de l’empêcher de nuire. Pour cela, la commandeure me demande de m’y rendre en tant qu’aventurier et Danseur d’Opale. Elle tient néanmoins à me laisser mon libre arbitre et la possibilité de refuser, ainsi que de mes actions sur place.

Durant sa longue explication de la situation à Ornan, je ne l’ai pas interrompu. En fait, je crois que j’en étais simplement incapable tant le choc de la nouvelle me tord les boyaux. J’ai vu ce que pouvait faire une guerre sur Aliaénon. Bien sûr je n’étais pas présent, mais cette vision de la Lande Noire, avec ces montagnes littéralement de corps, me hante encore. Malgré cela, l’idée que Castamir m’attende à Oranan ne me laisse pas vraiment de choix quant à ma décision. Lorsque Llyann'tar Thelwë termine enfin ses explications, je me lève d’un bond.

"Ma décision est déjà prise et je m’y rends sur-le-champ !"

(A la réflexion, je dois me préparer correctement pour un tel affrontement. Oaxaca enverra ses meilleures troupes. Est-ce qu’elle possède un équivalent à Naral Shaam ? Non pas que je me méprise la magie, mais j’en sais assez pour me méfier de la puissance qu’elle est capable de générer. A cela, il existe un moyen que je pourrais utiliser pour la contrer !)

"Laissez-moi simplement le temps de me rendre chez Tseran et je prends le premier trajet pour Oranan."

VIII.1 Nouvelles du Nirtim (suite)
Modifié en dernier par Jorus Kayne le mar. 19 janv. 2021 14:43, modifié 2 fois.

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Re: Commanderie d'Opale

Message par Yliria » lun. 11 janv. 2021 15:05

Intervention de guilde pour Jorus
Face à l'étonnant bond du jeune humain, Lyann hausse un sourcil étonné, visiblement surprise de sa prompte réaction. Un fin sourire orne ses lèvres quelques secondes, adoucissant ses traits, avant qu'une expression plus sérieuse ne le remplace.

- Comme je vous l'ai dit, vous êtes libre de vos actions, même si partir au plus vite serait idéal. Je me dois cependant de vous corriger sur un point. Oranan ne vous sera pas accessible, les troupes d'Omyre ayant déjà pris positions autour de la cité. De ce que j'ai pu recevoir comme informations, l'armée des Kendrans se situe plus au sud, et leur armada se trouve à Bouhen. Cela sera un meilleur point de chute si vous souhaitez rallier leur camp.

Se penchant sur le côté, elle ouvre un tiroir et en sort une bourse qu'elle dépose face à elle avant de la pousser vers Jorus.

- Nous débloquons régulièrement des fonds pour nos membres et je pense que ce n'est pas un investissement jeté par les fenêtres, vu la situation. Faites en bon usage, Jorus. Si d'ordinaire vous croisiez d'autres Danseurs, faites passer le mot que nous prônons l'offensive contre Omyre dans ce conflit. Le temps de l'inaction est révolu. Oh et, une dernière chose avant que vous ne partiez...

Elle fixe le jeune homme avec intensité avant de terminer

- Restez en vie Jorus, c'est un ordre.

***

(((HRP : Don de 3500 yus depuis les fonds de la guilde)))

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Re: Commanderie d'Opale

Message par Jorus Kayne » mar. 12 janv. 2021 16:08

VIII.1 Nouvelles du Nirtim.

La commandeure semble quelque peu surprise par ma réaction. Elle affiche tout de même un sourire qui adoucit la nervosité de son visage, rapidement remplacé par son sérieux habituel. Si elle me confirme que je suis libre de me déplacer où et quand bon me semble, elle met l’accent sur un détail que je n’ai pas bien compris. Oranan est dors et déjà assiégée, ce qui rend son accès impossible actuellement. Si je souhaite rejoindre la cité, mon meilleur moyen reste l’armée Kendrane au sud de la cité. Elle ouvre ensuite un tiroir sur le côté et pose une bourse sur le bureau avant de la pousser.

Nous débloquons régulièrement des fonds pour nos membres et je pense que ce n'est pas un investissement jeté par les fenêtres, vu la situation. Faites en bon usage, Jorus. Si d'ordinaire vous croisiez d'autres Danseurs, faites passer le mot que nous prônons l'offensive contre Omyre dans ce conflit. Le temps de l'inaction est révolu. Oh et, une dernière chose avant que vous ne partiez... Elle s’arrête, le temps de plonger intensément son regard dans le miens et reprend d’une voix grave. Restez en vie Jorus, c'est un ordre.

Je rends le même regard à la commandeure. J’ai bien conscience que je joue ma vie en participant à cette guerre, mais qu’arrivera-t-il si je ne participe pas ? Il suffit d’une seule lame pour que des milliers la suivent ! Je me rapproche ensuite du bureau et prends la bourse pour y jeter un œil. La couleur des pièces me laisse percevoir une importante quantité d’argent à l’intérieur. Si j’ai envie de refuser le cadeau, le regard qu’elle me jette ne laisse pas la moindre chance à un refus.

(C’est une sacrée somme, mais avec ce que je compte m’acheter c’est précisément ce qu’il me faut !)

"A vos ordres dame Thelwë !" Dis-je en m’inclinant une dernière fois à la commandeure avant de partir.

VIII.2 Planifications.

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Arkalan
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Re: Commanderie d'Opale

Message par Arkalan » jeu. 25 févr. 2021 10:13

La flèche ricoche contre l’armure lourde puis part s’écraser en tourbillonnant contre le mur de pierre dans un bruit mat. Je laisse échapper un son agacé entre mes lèvres. Ce n’est pas un problème de précision, je pense que je vise simplement le mauvais endroit.

« Vous y arriveriez peut être mieux en vous entrainant en plein jour. »

J’ai un léger sursaut, surpris et peu habitué à l’être. Elerÿann, la tireuse d’élite de la commanderie m’observe avec un air un peu étonné qui disparait rapidement.

« Navré. Je ne pensais pas vous surprendre. Vous êtes généralement aux aguets. »

Je pousse un fin soupir amusé.

« Je ne pensais pas croiser quelqu’un à cette heure. »

En vérité je me ramollis, je le sens. Depuis la fin du siège je me suis réfugié dans cette forteresse où je me sais hors d’atteinte par les prêtresses Shaakts et leurs sbires. Pour la première fois depuis mon exil de Khonfas je me sens en ... sécurité. Et cette sensation est si lointaine que j’ai du mal à en percevoir tout les détails. Si bien que par moment je ne prête plus attention à l’environnement qui m’entoure.

« J’entends toujours quand des projectiles sont tirés sur mon terrain d’entraînement mais je me doutais que ce serait vous. Vous êtes le seul à vous entraîner au beau milieu de la nuit. »

« L’obscurité n’est pas un problème pour moi. »

« Je le sais. Mais en venant en plein jour vous pourriez bénéficier de mes conseils. »

Elle s’approche en saisissant un plastron posé sur un établi proche.

« Regardez. »

Elle saisit la boucle de l’attache et m’explique que je ne risque pas de la briser avec une flèche même si celle-ci est extrêmement précise. Sa composition est solide, ferme, absorbe les chocs autant que la pièce d’armure. Elle me montre ensuite les attaches reliant le cuir à l’acier.

« Ce point en revanche est plus fragile et bien qu’il soit sous l’armure, un choc dessus peut suffire à l’abîmer suffisamment pour qu’il lâche. »

« Alors je dois viser une cible que je ne vois pas ? »

« Vous pensiez que viser le point faible d’une armure serait facile ? »

Non. Evidemment, elle a raison. Je reprends une flèche et bande mon arc pour viser ma cible, dissimulée sous une couche d’acier et de tissu. J’inspire et bloque ma respiration, devenant aussi immobile qu’une statue pour stabiliser mon tir avant de lâcher la corde, laissant filer le projectile qui se plante dans l’armure sans pour autant la décrocher.

« Allez voir. »

Dit simplement la formatrice, les bras croisés. Je traverse le champs de tir pour atteindre le mannequin d’entrainement et soulève un peu son plastron pour glisser mes doigt dans la paille entre les plaques d’acier pour suivre la lanière de cuir. Je sens l’attache et je n’ai qu’à tâtonner un peu pour trouver la pointe de ma flèche, arrondie par sa rencontre avec la protection. Un poil trop haut. Je retire ma main et retourne à ma place sous les interrogations de l’archère.

« Pourquoi vous ne venez pas vous entraîner avec les autres ? Vous êtes un bon tireur, les moins expérimentés pourraient apprendre de vous. »

« Je ne veux pas me faire remarquer. »

« J’ai vu oui. Les trois quarts des résidents ignorent votre présence. »

« Et j’aimerais autant que ça reste ainsi. »

Dis-je en bandant mon arc à nouveau, visant en dessous de mon précédent tir sous le silence respectueux de la Sindel qui attend que je lâche la corde pour s’exprimer à nouveau.

« Vous ne risquez rien ici malgré votre nature, vous le savez ? »

J’observe avec gravité le mannequin portant toujours fièrement son armure comme pour me narguer.

« Je sais par expérience que la présence d’un Shaakt n’apporte que la discorde. Plus longtemps ma présence passera inaperçue et plus longtemps je pourrais rester. »

« Alors vous souhaitez rester ? Visez un peu plus à droite, en frappant le bord du métal vous arriverez à faire sauter le point d’attache. »

Je bande mon arc, replongeant le champs de tir dans un silence quasi-religieux avant que le projectile fende l’air et provoque le tintement tant attendu de l’armure qui perd son accroche, se séparant du mannequin pour tomber par terre en provoquant un vacarme sans doute malvenu au milieu de la nuit.

« Joli tir. »

Commente sobrement l’elfe grise. J’incline la tête en guise de remerciements avant de m’adosser à un poteau de la cour intérieur pour boire un peu d’eau et de répondre.

« Je ne pensais pas trouver un jour un lieu loin de l’emprise des prêtresses Shaakt. J’ai passé presque cinq siècles à les fuir. Je veux simplement profiter de ce répit avant de reprendre le but que je me suis fixé. »

« Quel est ce but ? »

« Je veux sauver les elfes noirs de leur emprise et faire tomber le culte de Valsbarath dans l’oubli. »

« Je suis certaine que quelqu’un comme vous pourrait être utile à l’Ordre. Vous êtes différents de vos semblables. »

« Je sais. »

Dis-je avec une certaine fierté. Pourtant mon apparence ne cessera jamais de me relier à mon ethnie à la mauvaise réputation.

« Vous devriez vous éclipser si vous souhaitez demeurer ici incognito, vous avez fait pas mal de bruits et des curieux ne vont pas tarder à venir voir ce qu’il se passe. »

« Vous avez raison. Merci pour ce cours nocturne. »

J’incline la tête et disparaît rapidement dans les ombres en entendant les premiers pas pressés des gardes de la commanderie.

>>>

((Apprentissage de la compétence Point faible : l’attaquant vise le point d’attache de l’armure dans l’objectif de la rendre inutilisable. (sangle, fermoir) en plus de blesser normalement sa cible (Ne marche pas sur les habits). Jet de blessure classique))
Modifié en dernier par Arkalan le mar. 29 mars 2022 08:45, modifié 2 fois.

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Re: Commanderie d'Opale

Message par Arkalan » jeu. 25 févr. 2021 13:34

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Je regagne ma chambre, une petite pièce à l’aménagement basique. Un lit, une chaise, un petit bureau contre le mur du fond éclairé par une petite lucarne qui laisse entrer la lumière le jour et qui me permet d’observer Nessima la nuit. Dans une aile hébergeant les domestiques, je suis plutôt tranquille, à l’abri des regards. C’est avec l’autorisation de Llyann que j’ai pu m’installer ici après le siège de Nessima et les remerciements données par le prince en personne qui à mon grand étonnement était resté stoïque, bien loin de l’air haineux auquel je m’étais attendu.

Bien qu’il m’ait offert un laisser passer pour circuler dans son royaume, j’avais des doutes sur le fait qu’on m’ouvrirait toutes les portes des cités Sindels. J’avais donc préféré rester ici, à Nessima. Le souvenir de la jeune femelle, Yliria, m’était revenu et je me suis souvenu qu’elle pouvait se sentir ici chez elle. Je comprends maintenant plus précisément ce qu’elle avait ressenti en venant ici et le sourire qu’elle avait arboré en retrouvant la gérante des lieux.

Je me défais de mon armure, la posant doucement sur l’unique chaise de la pièce pour me saisir du linge sur son dossier. Je le mouille dans la bassine d’eau posée sur le bureau pour faire un brin de toilette en observant par la lucarne les torches scintillantes de la cité forteresse perchée au dessus de la mer. Se sentir chez soi ... pourrais-je un jour ressentir une telle chose ? L’avais-je déjà connu un jour ? Les souvenirs de Khonfas refont surface, crispant ma main sur le bout de tissu trempée qui dégouline sur mon corps meurtri. Non ... même tout petit, ma demeure était une prison et j’étais un détenu sous la surveillance cruelle de ma sœur.

Je saisis doucement mon oreille tranchée, passant le pouce sur le bout taillé. « Si tu ne sais pas écouté tu n’as pas besoin de ça. » avait-elle dit avant de la couper d’un coup de dague. Sans l’ombre d’une hésitation, ni même d’un égard pour un membre de sa famille, devant le regard baissé de mon père encore plus soumis que je devais l’être. Plus de quatre cent ans ce sont écoulés depuis et pourtant la haine que je ressens est aussi brûlante que si on venait de m’infliger cette blessure. Pourtant j’avais obtenu ma vengeance, j’avais saisi le couteau sur la table à manger pour lui enfoncer dans le dos. Je me souviens de son regard offensé quand elle s’est retournée en sentant la lame plonger dans sa chair. Comme si je venais simplement de commettre une maladresse. Elle avait conservée ce regard consterné, méprisant, quand je l’avais attaqué encore une fois, en plein ventre. Ce n’est qu’au quatrième coup frénétique qu’elle eut un hoquet de douleur en crachant une gerbe de sang. Même au sol, à la porte de la mort, elle m’avait observé comme si elle allait se relever et me châtier, se pensant invulnérable, immortelle, bénie par sa divinité. Elle s’était finalement éteinte après avoir tenté de proférer des menaces qui n’avait été que toussotements et râlements sanglants sous le regard de mon père, ce lâche, qui n’a pas perdu de temps pour quitter la maison est réclamer de l’aide.

C’est un souvenir à la fois savoureux et terrorisant. L’un parce qu’il s’agissait de la première fois que j’avais brisé mes chaînes, l’autre parce qu’il avait marqué le premier jour de ma longue fuite. Depuis j’ai été traqué, parfois attrapé, parfois torturé pour me le faire payer. En témoigne mon corps, ses cicatrices, ses balafres, en miettes mais toujours animé de vie. Je me suis à chaque fois échappé, mû par une volonté d’acier de survivre et de détruire la société que les Matriarches et les prêtresses ont conçue. Après quatre siècles de fuite, il est peut être temps de rendre les coups. J’ai rendu service à Tanaëth, à son peuple, à son Ordre. Il est peut être temps qu’ils me rendent la pareil. Après tout, c’est pour ça que je suis venu.


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Re: Commanderie d'Opale

Message par Arkalan » mer. 26 janv. 2022 21:15

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Le jour se lève à peine quand je quitte ma chambre. Je sais qu’à part les domestiques je ne croiserai personne. Je jette tout de même un regard par l’ouverture fine de la porte avant de l’ouvrir juste assez pour m’extirper de la petite pièce. Je traverse la commanderie en direction du bureau de Llyann et c’est avec une certaine surprise que je croise un visage connu. Celui de Tanaëth, l’elfe gris qui semble vouloir se rendre au même endroit que moi.

« Ca alors. C’est une surprise. »

Il se retourne et m’adresse un léger sourire en expliquant que le Naora lui manquait.

« Comment allez-vous ? Je me suis laissé dire qu'il s'était passé bien des choses pendant mon absence ? »

C’est le moins que l’on puisse dire et il n’est pas si simple de lui dresser un résumé de tous les événements : la découverte des nains sous la montagne, la guerre, la trêve avec les elfes du désert. Quant à moi je lui précise que je vais bien et que j’ai la permission de me ressourcer à la commanderie.

"Vous êtes le bienvenu ici, aussi longtemps que vous le désirerez. Pour le reste... je suis heureux que la paix se soit installée entre les Eruïons et mon peuple, espérons qu'elle dure. Mais parlez-moi un peu de ce peuple des montagnes, voulez-vous ? Et de notre prince, quel genre de personne est-ce ?"

« A propos de votre Prince je ne pourrais pas vous dire grand chose. Il m’a remercié et m’a gratifié d’une autorisation me permettant de me promener librement dans son royaume ainsi que d’utiliser gratuitement vos engins volants et ce, à vie. Un Elfe ouvert à la présence d’étranger j’imagine. Et pour le peuple sous les montagnes il s’agit de nains et croyez moi, vous entendrez encore parler d’eux. Ils grouillent sous vos pieds et ont soif de revanche. »

Il me rappelle que le prince a passé une partie de sa vie à Kendra Kâr et était même promis à la princesse Kendranne. Pas étonnant qu’il soit plus ouvert à d’autres cultures. Il fronce ensuite les sourcils et se demande bien comment un peuple entier a pu échapper à la vigilance des Sindeli et aussi pourquoi ils ont un tel désir de vengeance.

« Et bien... j’imagine que vous êtes au courant de la manière dont les Sindeldi ont agrandis leur royaume sur l’archipel. Il semblerait qu’ils n’ont pas seulement exterminer des Shaakts. »

"Ah. C'est étrange, je n'ai jamais rien lu, ou entendu, concernant un autre peuple natif de l'archipel que nous aurions combattu. Enfin, bien d'autres choses ont été effacées de notre histoire par les Ithilausters, me direz-vous, ils sont experts dans le domaine. Mais, en clair, ça signifie que nous avons plus ou moins une nouvelle guerre sur les bras..."

Je rétorque tout de même que les nains ont subis suffisamment de pertes pour devoir se tenir tranquille un long moment, ce à quoi l’elfe gris répond que ce n’est pas étonnant quand on veut s’attaquer à une forteresse qui a défait bien des armées. Il me demande ensuite quel sont mes projets.

« Je me sens en sécurité ici. Je pourrais y passer le reste de ma longue vie mais... Je veux régler mes comptes avec les Shaakts. Je me rendais chez Llyann en espérant qu’elle puisse me confier une tâche dans un premier temps, pour la remercier de son hospitalité et pour me rendre utile. »

"Je vois... ma foi, il y aurait certainement moyen de concilier votre envie de vengeance et les intérêts de l'Opale. En Imfitil notamment, nous n'avons aucune envie de voir l'influence de Khonfas s'étendre davantage. Mais cela fait longtemps que je n'y suis pas retourné, Llyann aura sans doute une idée plus précise de ce qui s'y passe actuellement."

« Hm. Ce serait parfait. Ca fait longtemps que je ne suis pas retourné à la maison. »

Dis-je avec cynisme.

« Et vous, qu’avez vous prévu ? »

"Je ne sais pas trop, pour l'instant j'essaye de prendre la mesure des changements qui se sont produits ici pendant mon absence. Je vais sans doute tenter de faire en sorte d'éviter un nouveau conflit avec ces nains. Et continuer à saper le joug du Clergé, il est grand temps que les Sindeldi se libèrent de ces fourbes et prennent un autre chemin."

« Ah. Ca me fait penser. Votre épouse à prit les commandes à Nessima. Elle s’est montrée bien plus intelligente que son prédécesseur. »

"Oui, j'ai appris qu'elle avait remplacé le général Ethariël. Une excellente chose, c'était un abruti, avide et corrompu, mais cela place mon épouse dans un situation délicate. Et moi par la même occasion. A voir comment la situation évoluera à Tahelta, c'est là-bas que se jouera l'avenir de mon peuple et vu le nid de serpents... qui sait ce qui peut arriver ?"

Je hausse les épaules en lui indiquant que je me garderai bien de mettre les pieds dans la capitale du royaume et je demande un peu naïvement si le retour du prince ne devrait pas remettre de l’ordre.

"S'il monte sur le trône, oui. Mais il pourrait tout aussi bien être assassiné avant que cela n'arrive, et il faudrait qu'il commence par renoncer à sa princesse Kendrane. Les Sindeldi n'accepteront jamais qu'une humaine monte sur le trône du royaume de Sarindel ; même moi qui suis fortement favorable à l'ouverture du Naora aux autres peuples, je m'y opposerais. Certains dirigeants du Clergé lorgnent sur le trône depuis longtemps, ils feront tout ce qui est en leur pouvoir pour que Naémin ne règne jamais et son attachement à une humaine le desservira grandement."

« Il semblerait qu’il n’y a pas que chez les Shaakt que la religion pose des problèmes. »

Il essaie de m’expliquer que dans le cas de Sithi c’est diffèrent étant donné sa nature mais au final il reconnait que ce sont, comme les Shaakts, quelques personnes avides de pouvoirs qui se servent de la foi des autres pour justifier leur domination. Je soupire et fait remarquer que se débarrasser de ce genre de personnes est bien difficile.

"Je pense que c'est même impossible. Éliminez ceux qui existent et d'autres prendront aussitôt leur place, c'est dans la nature des êtres, semble-t-il. Mais mon but n'est pas de les éliminer, seulement de les priver de la majeure partie de leur pouvoir sur le peuple en rétablissant une vérité simple mais qui change tout : Sithi n'est pas morte, contrairement à ce que prétend le Clergé."

Je lui souhaite bon courage avant de lui expliquer que dans mon cas je dois convaincre les Shaakts qui le veulent bien de ne plus se soumettre aux Prêtresses.

"Voilà aussi une tâche qui s'annonce ardue... Nous avons des commanderies en Imfitil, leurs dirigeants sauront où me trouver si nécessaire. Je n'ai pas oublié la promesse que je vous ai faite, s'il arrivait que vous ayez besoin de mon aide, n'hésitez pas."

J’incline la tête et lui assure que je n’ai pas oublié. Nous échangeons quelques mots au sujet de Khonfas et des choses à faire ici et là-bas avant de lui demander si il comptait se rendre chez Llyann. Il répond que ce n’est pas urgent et ainsi notre conversation s’arrête. Nous nous souhaitons bonne chance, nous saluons avant de nous séparer. Je parcours alors les quelques mètres qui me sépare du bureau de celle qui gère tout ici et frappe à sa porte.


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Re: Commanderie d'Opale

Message par Arkalan » dim. 13 mars 2022 09:56

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Le bureau est à l’image du reste de la commanderie, austère et ordonné. Lyann est assise derrière son bureau de bois massif et lève son regard préoccupé de la paperasse entre ses bras. Elle m’invite à m’asseoir et demande ce qui m’amène.

« Je crois qu’il est temps pour moi de retourner dans le monde extérieur. »

Elle hoche la tête, affirmant que j’ai raté beaucoup de choses. Elle n’a pas tort, depuis la bataille je me suis coupé du monde extérieur. J’ignore pour quel raison, peut être un véritable désir de faire une pause loin de ma vie d’avant, l’infime espoir de l’oublier ? Comme si c’était possible alors que chaque parcelle de ma peau me le rappelle avec la violence d’un claquement de fouet.

« Non. Je me demandais si je pouvais vous rendre un service en échange de votre accueil. »

Répondis-je quand elle me demande si j’ai une destination de prévue. Elle hausse un sourcil et lâche finalement un sourire que je ne sais pas trop comment interpréter.

« Vous nous avez déjà rendu service en en apprenant sur les Rakhaunens. Et si c'est de l'Opale dont vous parlez... vous n'en faites pas partie, je peux difficilement vous confier une mission, quoique... »

Elle fouille dans sa pile de parchemins et en sort un qu’elle étudie rapidement avant de poursuivre.

« Un Cryomancien de l'académie de Pohélis requiert une aide extérieure. L'Opale n 'a aucun contact en Nosvéris et je n'avais pas vraiment eu le temps de m'y pencher jusque là. Si vous pouviez y jeter un œil et m'envoyer un rapport succinct sur ce qu'il se passe exactement, cela m'aiderait. »

Je hausse un sourcil. Pohélis est bien éloigné de Nessima, je suis étonné qu’une lettre venant du continent glacé soit parvenu jusqu’ici. Mais soit, il faut bien se rendre quelque part. Je demande tout de même si je dois m’y présenter en tant que membre de l’Ordre ou comme simple voyageur.

« Pour éviter les soupçons, répondez simplement à l'appel émis à travers Yuimen comme si vous étiez un aventurier, je vais vous donner la lettre que nous avons reçu. Vous ne faites pas partie de l'Ordre et nous n'avons de toute façon pas pied sur ce continent, cela ne vous serait d'aucune utilité. Libre à vous d'agir comme bon vous semble sur place, mais il nous sera difficile de vous venir en aide, pour les raisons que j'ai évoquées plus tôt. »

Répond-elle après une seconde d’hésitation. J’incline la tête et saisis le parchemin qu’elle me tend pour le lire à mon tour. Je fronce les sourcils quand ce fameux cryomancien désigne un mal qui s’éveille en le nommant esprit des glaces. Je ne peux pas m’empêcher de faire un lien avec la cité de Gwaadh, suspectant les Shaakts avant même d’en apprendre plus. Si c’est le cas je dois les neutraliser. Mais comme le dit Lyann si je veux en savoir plus je dois aller sur place.

« Très bien. Je vais jeter un œil. »

« C'est généreux de votre part. Je ferai savoir à nos commanderies que vous êtes un allié, bien qu'extérieur. Si d'ordinaire vous aviez besoin d'un toit ou d'une aide, n'hésitez pas à vous rendre dans l'une d'entre elle. »

"J'espère dans un premier temps ne pas me faire dépecer par les Elfes que je croiserai sur ma route."

« Je peux dépêcher quelques hommes pour vous escorter en sécurité pour que vous puissiez quitter l'île en toute tranquillité. Cela attirera l'attention, mais c'est le prix à payer. »

L’idée de me promener avec une escorte d’elfes gris ne me paraît pas plus sûre. Un sursaut de paranoïa à l’idée de retourner dehors j’imagine mais aussi le fait d’être bien moins discret, comme elle le souligne, n’a rien pour me convaincre.

"Non je vais me débrouiller. Merci."

Elle acquiesce et se lève pour me tendre la main.

« Dans ce cas, je vous souhaite bonne route. Soyez vigilants. »

Ça ne dure qu’un instant mais alors que je me lève à mon tour pour lui serrer la main sans aucune hésitation je me reprends, me fige, pointe un bref regard méfiant vers la main tendue avant de me reprendre et lui saisir. Bien. Je sais que cette méfiance presque animale ne m’a pas complètement quittée et une fois dehors je sais que je ne pourrais accorder ma confiance à personne et surtout pas à une femelle. Lyann est une exception qui confirme la règle.


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