La Cour-aux-Rats des Quartiers Sud-Est

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Yuimen
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La Cour-aux-Rats des Quartiers Sud-Est

Message par Yuimen » mer. 3 janv. 2018 13:59

La Cour-aux-Rats des quartiers Sud-Est
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Depuis des années, au cœur du quartier sud-est, se trouve une étrange cour grouillant de vie et de maladies, encadrée par de piteux bâtiments. On y trouve une grande partie de la population des sans-abris et mendiants clopinant, avides d'or. Il y a aussi des gitans et des païens refusant de croire en des dieux, ne prêtant foi qu’en leur propre existence. Enfin, les artistes débauchés et les créatures les plus misérables de Darhàm s’y installent, on dit que ceux qui s’aventurent dans cette cour en restent marqués à jamais. Luxure, violence gratuite, art malsain, pauvreté et saleté se marient dans un cloaque putride et boueux.

Les bâtiments entourant la cour n'abritent que des groupuscules de voleurs et des maisons de passe. On y trouve aussi un marché aux esclaves alimentés par les pouilleux du coin. Votre âme ne ressortira pas indemne de cet endroit. Dans ce lieu et dans l’ensemble du quartier, le risque d’attraper des maladies est très élevé. La peste frappe périodiquement ce trou infernal.

Il est possible d'acheter sur le marché un esclave en guise de bête de somme ou de laquais et ajouter ainsi de la place à votre sac (Encombrement maximal +10) : 500yus. Attention, il est évidemment à nourrir, protéger au combat et à soigner un minimum si vous voulez le garder plus longtemps en vie.

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Devon
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Re: La Cour-aux-Rats des Quartiers Sud-Est

Message par Devon » mar. 18 août 2020 02:30

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Opportunité inespéré

Pour une fois mon trajet se passe sans encombre. Il est tard dans l’après-midi et la plupart des marins sont soit en train de rejoindre leur navire pour ceux qui repartent, soit en train de chercher un divertissement où gaspiller leur paie pour la nuit. J’ai maintes fois l’occasion de remettre en doute l’efficacité de mon plan pour capturer le Kendran et de retourner dans tous les sens les idées que j’ai eues au cours des derniers jours. Audacieux serait le mot que j’utiliserai pour le définir, ou même hasardeux, mais j’ai toujours eu une grande affection pour les stratagèmes à moitié dessinés où une part de hasard peut tout faire basculer, pour le meilleur ou pour le pire. Instinct de pirate j’imagine.

Ma prochaine destination se fait sentir bien avant que je n’y arrive. Au sens littéral du terme. Je n’ai encore jamais eu la malchance de visiter l’endroit mais j’ai entendu pas mal d’histoire dessus. Qui plus est toute ville mal famée, parasitée de corruption et de différentes pègres qui y règne dans l’ombre, ne peut pas se passer d’une grande poubelle où abandonner tous ceux qui ont essayé d’y vivre selon les règles et ont échoué.

Le parfum agréable bien que typique du port laisse lentement place à des relents insoutenables de pestes et de pourritures qu’on ne retrouve nulle part dans la ville et qui rendraient jaloux le cimetière le plus proche. Je suis prêt à parier que même les égouts de la ville où se trament sans doute les pires machinations ne dégagent pas une puanteur aussi insoutenable. Un vacarme effroyable devient de plus en plus net alors que les marins que je croisais encore il y a quelques instants sont devenus des bandits et truands en tous genres. Bien éloigné de l’habituelle euphorie ivre et bon enfant des matelots, pirates ou du baratin presque honnêtes des commerçants qui débarquent en ville, ces individus marmonnent dans leurs barbes, jettent de mauvais regards aux alentours en fumant des herbes certainement illégales dans le reste du continent. Même les habitations semblent muter sous l’influence néfaste du lieu, les tavernes chaleureuse à défauts d'être propre laissent place à des taudis peu attrayant placardés de pancarte branlante et d’un texte à peine compréhensible, les fenêtres parfois brisées montrent comme une plaie béante l’intérieur sombre et repoussant de ses maisons de passe. Les nuages glissent progressivement devant le soleil et recouvrent de leurs ombres le quartier, comme si Zewen lui-même refusait de poser le regard sur ce trou béant d'humanité déchue. La Cour-Aux-Rats, voilà un lieu qui porte bien son nom, reste à savoir si les rats en question sont les véritables rongeurs qui parasitent la zone, où les gens qu’on peut y trouver.

En effet, le terme trou paraît parfaitement approprié pour décrire ce lieu. Une sorte de cour circulaire entourée de bâtiments en ruine ou à l’abandon, reconverti en centre de contrebande pour les marchandises les plus controversé. Il s’en échappe une aura de folie et de désespoir comme je n’en avais jamais ressenti et même mon âme sombre se sent souillée par ma simple présence dans ce lieu. Rien n’a de sens, le chaos semble prendre racine partout où je pose les yeux. Des musiciens ratés s’acharnent à massacrer une mélodie inconnue sans queue ni tête qui vrille les tympans mais s’accorde parfaitement à l’endroit. Dans la boue et la fange dorment des loques ivres et abandonnées, d'autres se livre à la vue de tous à des ébats qui ne feraient pas rougir une fille de bordel alors qu’un peintre immortalise leur pose dans une peinture grotesque. Une bagarre semble éclater toutes les 30 secondes qui passent et de même les Yus changent de propriétaire sans s’arrêter. Des contrebandiers jettent des regards inquisiteurs aux alentours et attirent leur clientèle d’un geste sophistiqué et bien précis de la main. Une voix de stentor résonne un peu plus loin, un individu d’au moins deux mètres de haut, perchés sur une petite scène en bois équipée d’un pupitre, déclame un sermon apocalyptique devant une foule de pouilleux et de marchands déchus, les encourageant à abandonner les divinités corrompues qui les ont abandonnées pour rejoindre sa guidance illuminé dans ce monde déchu.

À l’opposé de ce prétendu prêtre de la fin du monde, des exclamations virils rugissent depuis une foule composée en grande partie de colosses qu’on retrouve généralement sur les docks. J’arrive à identifier la zone qu’ils entourent. Une palissade en bois détermine les limites d’une arène provisoire où un orque est en train d’infliger la correction d’une vie à un type qui s’est sans doute surestimé. Les spectateurs poussent des cris d’encouragement ou de menace en fonction de leur précédent dépôt d’argent et et agitent des yus en direction d’un individu avec une tenue bien plus raffinée qui semble prendre les paris du public. Mais plus intrigants encore sont le spectacle d’une masse de mendiants qui s’agitent et tournent autour d’une foule intrigante comme des insectes attirés par la lumière d’une flamme.

Un individu qui cache ses traits sous une large cagoule noire passe devant moi et me montre discrètement un petit écriteau qui semble indiquer le tarif pour "assassinat, rapt, messages". On peut vraiment tout trouver ici, peut-être que je pourrais en avoir besoin ? Me voyant hésiter il ne perd pas de temps et reprend aussitôt sa route comme si de rien n'était, à la recherche d'un client suffisamment désespéré pour accepter ses offres indécentes sans sourciller.

Je remarque alors la pièce maitresse de cet enfer. Au milieu de la cour trône une estrade bien plus large que la vulgaire scène du prêcheur. Elle est entourée d’un large groupe d’intéressé qui discute entre eux. Leurs habits ne laissent aucun doute, pas de sans le sou ou de vulgaire tire-laine parmi eux, seuls les plus grandes racailles de la ville. Des marchands riches et bien vêtus, des capitaines avec plusieurs promotions et du vécu et même des nobles de passage d’autres villes. Leur présence est encadrée par un contingent de la milice qui repousse violemment les indésirables, sans nul doute que tous ses hauts placés se seraient déjà fait égorger et leurs atours déchirés dans la bataille qui se serait ensuivi pour les récupérer s’ils n’étaient pas là. Puis je vois la raison de leur présence ici. Petit, grand, bien musclé, fin comme une brindille, homme, femme, elfe de toutes espèces, orque et même un nain, l’important contingent d’esclave prend place sur la grande place qui n’attendait qu’eux. Déjà les futurs acheteurs jettent des regards, pointent du doigt certains individus et redouble d’efforts dans leur conversation entre eux. Le responsable de la vente, une sorte de mélange entre un homme et une fouine, s’assurent que le plus de « spécimen » possible tiennent sur l’estrade avant d’indiquer à un homme de la milice d’attendre pour la deuxième file. Il se retourne vers la foule qui n’attend plus que lui et comme son petit numéro en s’agitant dans tous les sens.

« Bienvenue mes bon seigneurs, et mesdames sembleraient-ils, pour notre nouvel vente aux esclaves. Une belle livraison est arrivée en ville aujourd’hui et j’ai hâte de vous la présentez. Mais avant tous, laissez-moi vous introduire à notre gros prix du jour »

Un grincement d’acier retenti alors qu’une grande cage poussée par deux orques vient se coller à l’estrade.

« Un Liykor noir mesdames et messieurs !! Ou plutôt devrais-je dire « une », venue tout droit d’Ynorie ! Le transport l’a quelque peu affaiblie, mais elle reste assez combative et solide pour toutes les utilisations auxquelles vous pourrez penser ! »

Je reconnais la Liykor que j’ai vue sur le port lorsque je me rendais dans la boutique Shaakt. Elle est en encore plus piteux état que lors de son déchargement et j’ai même du mal à dire si elle est encore vivante, ses yeux sont fermés et sa tête repose contre les parois de sa cage. Si j’ai commis l’erreur de faire une fois du trafic d’esclaves pour les forces d’Oaxaca, je le regrette amèrement depuis que j’ai moi-même passé ma vie en cage. Alors que je me détourne de ce lugubre spectacle je remarque dans la foule une figure qui me semble familière. Entourée d’étoffes bordeaux, une forme féminine qui dépasse légèrement les petits bourgeois corpulents semble s'intéresser à la marchandise proposée, ne serait-elle pas l’inconnu qui était dans la pièce d’Aaron le jour de sa mort ? Et n’avait-elle pas une immense arbalète avec elle ce jour-là ? J’hésite à m’approcher pour interpeller celle qui a peut-être les réponses à plusieurs de mes questions lorsque le corbeau qui agitait sa tête dans tous les sens s’envole brusquement de mon épaule et file à toute vitesse en volant au ras du sol. Avant même que je ne réalise pleinement qu’il est parti, il revient se poser sur son perchoir favori. Dans son large bec, un rat suffisamment gros pour effrayer un petit chat couine inutilement jusqu’à ce que le volatile lui brise la nuque avec un son sec. Il me regarde l’air satisfait de sa chasse, mais l’odeur de charogne commence à me provoquer des nausées dangereuses. Je parviens à articuler malgré la main qui me bouche le nez.

« Dégage avec ça, bouffe le ailleurs »

Je jurerais que son expression passe de la satisfaction à un léger énervement et il s’envole d’un battement d’aile vers la toiture miteuse d’une bâtisse proche, en prenant soin de m’égratigner légèrement avec l’une de ses serres. Je grogne légèrement et frottant la marque douloureuse qu’il me laisse.

(Saloperie tu vas me le payer …)

« Sympa ce p’tit truc, un animal qui fait des tours ça s’vend cher t’sais ça ? »

Une voix suave accompagnée de quelques rires narquois. Un homme s’approche de moi, faisant tourner agilement une dague dans sa main. La peau mate et les cheveux noirs coupés court, un nez fort au milieu de la figure encadrée par un mauvais regard marron, une légère balafre sur la lèvre supérieure qui lui coupe aussi la moustache à un endroit où les poils ne repoussent plus. Un homme de Wiehl bien loin de sa ville. Il doit bien faire un peu plus d’un mètre quatre-vingts, mais il est quand même obligé de lever légèrement la tête pour me regarder dans les yeux. Équipé d’une brigandine en cuir, je vois bien vite à quoi j’ai affaire. Il est encadré par deux individus qui le suivent comme s’il était leur Dieu, le même regard mauvais imprimé sur le visage. Pour compléter cette parfaite bande de vauriens, un Sekteg, l’air soucieux, tourne entre leurs jambes. Le chef réceptionne sa dague qu’il pointe vers moi.

« C’est quoi la supercherie ? »

« Pur coïncidence, j’suis pas maitre de ce piaf »

« Allons allons, on peut faire affaire ou ça peut mal finir »

Et soudain, une idée me vient. La part de hasard que j’espérais mais n’attendais pas ici. Je lève les yeux vers le toit où le corbeau martèle le corps gras du rat avec son bec pour en arracher des morceaux se chair. Un sourire narquois sur le bout des lèvres, je me retourne vers mes nouveaux associés. Je lève les mains pour signifier mon abandon.

« Très bien, il est à vous et je ne vous demanderais même pas un sous »

Un sourire satisfait se dessine sur le visage du Wielhien.

« En échange, j’vous propose une p’tite entreprise qui vous enrichira et s’ra sans danger. »

Son sourire disparaît aussitôt, remplacé par un sourcil intrigué. Ses collaborateurs restent à distance de nous, comme s’il surveillait la transaction d’une possible intervention extérieure. Mon interlocuteur change d’attitude et attrape plus fermement la poignée de sa dague qu’il rapproche un peu trop de moi à mon gout.

« Qu’est c’qui t’fais croire que tu peux négocier ici ? »

S’il croit qu’il va m’intimider, il se trompe. Des truands, j’en ai connu des biens plus durs que lui et je les connais par cœur. Je m’approche sans hésiter de lui, nos visages ne sont plus qu’à quelques centimètres et il pourrait me trancher la gorge d’un simple geste du poignet. Ses deux suiveurs ne savent pas trop comment réagir, je les vois hésiter, faut-il intervenir pour sauver leur chef ? Je parle du bout des lèvres, du ton le plus grave possible.

« Vas-y, quand j’serais mort tu pourras toujours courir pour attraper l’piaf, et même si t’arrive à l’choper tu sauras pas l'dompter. Si t’peux pas prouver qu’il obéit, y perd d’la valeur j’me trompe ? »

Je sens une légère hésitation qui s’empare de lui. Reste à savoir si c’est mon apparence ou mes propos qui lui provoquent cette réaction. Il abaisse sa dague et recule d’un pas. Ses traits se raffermissent, mécontent de la résistance que je lui ai opposé.

« Ok, j’écoute »

Je reprends un ton plus avenant.

« Vous y s’rez gagnant. J’ai besoin d’me débarrasser de quelqu’un et vous avez l’air pas mal équipé pour. Tout ce qu’il a sur lui vous appartient, j’veux juste qu’il crève. »

Un sourire en coin se dessine sur son visage.

« Pour que la récompense soit intéressante, c’est un type riche j’imagine ? »

Je lui dis sur le ton de la confidence

« Bien vu »

« Deux secondes »

Il se retourne vers ses deux acolytes, ignorant complètement le gobelin. Je n’entends pas ce qu’ils se racontent, mais les quelques mouvements de têtes me conforte dans leur décisions final. Je croise les bras et attend en tapotant du pied. Il se retourne finalement vers moi, un grand sourire presque sincère sur le visage.

« C’est d’accord, on s’occupe de ton problème et en échange l’oiseau est à nous »

Il me tend sa main calleuse et pleine d’entailles. Je la sers de ma main gantée et j’évite de grimacer quand ma blessure se contracte lors de la ferme poignée de main que nous faisons.

« Ce soir, au rat lubrique, il attend seul et quitte la taverne quand la nuit est bien avancée. »

« On l’reconnait comment ? »

« Facile, il porte des vêtements au couleur de Kendra Kar. Et pour la richesse, je pense que vous êtes plus habitués que moi pour repérer les bons pigeons »

Ils se regardent et semblent avoir une idée en tête alors qu’ils se font un geste affirmatif de la tête. Il me regarde avec un petit air suffisant qui ne me dit rien de bon.

« Avant qu’on s’lance là-dedans, une petite preuve que le corbeau t’obéis bien au doigt et à l’œil ?»

(Merde)

Je n’ai pas le droit d’hésiter, je me retourne pour regarder le corbeau qui continue de déchirer goulument son repas. Je le fixe désespérément et lance d’un ton peu enjoué mais que je tente de garder amical :

« Allez, reviens maintenant ! »
Je sens une fine goutte de sueur descendre le long de mon échine.

(Aller, pour une fois que j’ai besoin que tu viennes m’emmerder fais pas chier et viens c’est important, putain mais c’est toujours pareil, c’est quand on a besoin des autres qu’ils …)

Il prend soudainement son envol et vient se poser délicatement sur mon épaule, fixant les trois individus qui attendait peut-être patiemment une formulation spéciale de ma part. J’espère que mon étonnement ne se voit pas trop sur mon visage, sinon je risque de perdre toute crédibilité.

« Voilà, c’est un geste du visage qu’il faut utiliser »

« Pas mal. Bon rendez-vous ici demain même heure, on s’occupe de ton problème ce soir »

Il fait signe à sa clique de le suivre et s’éloigne dans le pandémonium de la cour au rat, cherchant peut être un autre individu à dépouiller ou une autre affaire clandestine à conclure.

Je me retourne vers le sombre volatile qui se nettoie les plumes tâchées de sang sans faire attention à moi.

« Parfois je jurerais que tu m’comprend »

Il tourne sa tête vers moi et la penche d'un côté, comme s'il essayait de comprendre ce que je disais.

(C’est pas forcément une bonne chose …)

Je reporte mon attention sur la vente d’esclaves toujours en cours, mais je ne vois plus la femme que je souhaitais interroger, elle semble s’être évaporée. Tant pis, je pense très vite à la suite de mon plan qui se met en place et, malgré les échecs que j’ai essuyé aux temples, je quitte cet endroit maudit avec un rare sourire sincère, sans faire attention au cadavre encore frais en train de se faire dépouiller que je dépasse.

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Devon
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Re: La Cour-aux-Rats des Quartiers Sud-Est

Message par Devon » lun. 20 sept. 2021 22:24

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Se sentir vivant :

Je sais que j’approche de ma destination aux mutations qu’elle opère sur cette ville déjà corrompue. Les bâtiments sont de plus en plus délabrés, les pancartes branlantes à peine lisible exposent à la vue de tous les services clandestins et illégaux qui y sont proposés. Les odeurs d’alcool, de sueur et des embruns n’arrivent plus à percer les puanteurs de la maladie et de la mort qui étouffent et alourdissent l’atmosphère déjà lugubre des lieux. Le soleil continu sa lente progression, sa lueur rouge pointant au-dessus des maisons soulignant l’aspect infernal de l’endroit alors que j’espère pouvoir rentrer avec que la nuit noire s’abatte sur la ville. Les marins ne vont plus jusqu’ici, on y trouve uniquement des bandits de la pire espèce et des rebuts de la société de Darhàm, ce qui n’est pas peu dire sur leur statut. Les sans-abris que je croise sont souvent dans un état bien plus lamentable que ceux qui hantent habituellement la ville et il est presque un miracle d’en trouver un qui possède tous ses membres. Au milieu de ses estropiés, on y retrouve également une flopée d’artistes ratés qui font tout pour trouver une étincelle d’inspiration dans ce lieu où tout est possible. Les peintres immortalisent des scènes absurdes de débauches et de violences, les musiciens enchaînent des accords sans queue ni tête formant une harmonie qui vrille les tympans, perçant au milieu du vacarme ambiant. La foule compacte et hétéroclite est difficile à percer et j’avance avec un peu plus de difficultés dans la marée humaine.

Bref, la Cours-aux-rats n’a pas changée depuis ma dernière visite. Seule différence, la scène centrale qui accueille normalement la vente d’esclaves est vide et personne n’entoure la sinistre estrade pour y faire affaire. Tant mieux. Je tourne la tête dans tous les sens, cherchant d’un œil avide ce que je suis venu chercher tout en essayant de ne pas trébucher sur un mendiant ivre mort allongé au milieu du chemin. Où était-ce un cadavre à qui on faisait les poches ? Finalement j’entends plus que je ne vois la raison de ma présence ici. Un sourire mauvais ce dessine sur mon visage.

Entouré d’une foule agitée d’hommes et d’orcs, deux individus échange des coups au milieu d’une arène. Enfin, si on peut appeler une arène ce ridicule cercle délimité par des palissades en bois. La pluie d’hier n’a pas épargné l’endroit et le sol est plein de boue à cet endroit, ce qui n’a pas l’air de déranger les deux bagarreurs ni les spectateurs. Pendant que les combattants échangent des coups et des grognements de douleurs, la foule les encourage furieusement sans la moindre retenu, généralement en fonction de celui sur lequel ils ont parié. Une petite silhouette debout sur une plateforme en bois usé s’agite dans tous les sens alors qu’il note les paris, range les yu et s’assure du bon déroulement de l’affrontement qui se déroule sous leurs yeux. J’imagine que tout cet argent ira finir sa course dans les poches du mafieux le plus haut placé des environs et qui gère l’endroit.

Je m’approche les mains dans les poches de la foule compacte pour voir le combat en cours, regardant la scène par-dessus l’épaule d’un orc massif qui hurle des menaces assez explicites sur le sort de son « investissement » s’il lui advenait de perdre. J’interromps ses vociférations et lui tapant sur l’épaule. Il retourne vers moi sa bouche garnie de crocs jaunis et son petit regard porcin, l’haleine puant la viande et l’alcool. Je pose ma question avant qu’il n’ait le temps de s’énerver de mon interruption.

« C’est où pour participer ? »

Il émet un petit rire moqueur avant de me toiser de base en haut, puis renifle de façon bien audible avant de me répondre avec mépris.

« Part’ciper à quoi ? T’ma pas l’air d’être au courant d’ce qui s’passe ici »

Je regarde dans son dos pour lui montrer que je vois clairement ce qui se passe sur scène, avant de replonger mon regard rouge dans ses yeux de la même couleur.

« Au contraire, j’pense que j’sais très bien »

Il part d’un éclat de rire gras avec son voisin pendant que j’attends patiemment, les bras croisés. Mais il va falloir qu’il me réponde vite, sous mon masque impassible je sens que je suis à deux doigts de lui arracher les crocs à la main pour les lui enfoncer dans ses petits yeux. Mes mains sont tellement crispées sur mes avant-bras que je ressens une douleur naître dans ma main blessée.

« Va voir l’autr’ orc l’bas, prêt d’la barrière »

Il me montre du doigt une montagne de muscle de bien deux mètres de haut, ça fait un moment que je n’avais pas eu à lever la tête pour regarder quelqu’un. Je me dirige vers mon nouvel interlocuteur sans un merci pour la brute verte qui n’en demande pas plus, se contentant de renifler à nouveau avec mépris dans mon dos avant de retourner à ses menaces d’encouragement. Ils sont beaucoup à regarder le spectacle, à se satisfaire de cette violence gratuite, mais je remarque avec un sourire ironique qu’il n’y a pas grand monde qui souhaite se retrouver sur le devant de la scène.

Le Garzok qui garde la petite entrée vers la pitoyable arène ne me voit même pas arriver, son attention accaparée par le combat qu’il surveille sans un mot, sa main appuyée sur la hache à sa ceinture de manière à être vue par tous. Je me racle la gorge pour attirer son attention.

« J’aim’rais participer »

Il penche sa tête vers moi sans un mot, me jauge du regard de base en haut alors que l’homme dans l’arène vient de se prendre une violente droite par l’orc, l’envoyant au tapis. Le gardien ne dit pas un mot de plus, mais il me fait signe d’attendre à côté de l’arène. J’assiste à la fin de cette baston avec une jolie vue sur la scène. Le sang-pourpre se relève difficilement, mais son opposant Garzok ne lui laissera pas le temps de reprendre ses esprits. Il lui empoigne sa chevelure rouge de la main droite, contracte son poing et les muscles de son bras gauche et lui frappe sans ménagement le visage, le craquement du nez résonne clairement parmi le vacarme joyeux des supporters de la brute verte et les insultes toujours plus virulentes de ceux qui avaient misé sur l’homme. Au bout du cinquième direct en pleine face, les phalanges du Garzok rouges du sang de sa victime, « l’arbitre » du combat finit par annoncer la défaite du Sang-Pourpre par abandon. Le Garzok lui donne une dernière beigne dans la mâchoire avant de le laisser tomber dans la boue, torse-nu, inanimé, le visage dissimulé sous une épaisse couche de sang. Il joint ses rugissements de victoire à ceux des gagnants de la foule, contents d’avoir gagnée pas plus d’une dizaines de yus sur leur investissement. Le vainqueur sort devant moi, le torse couvert d’hématomes, de boue et de sang, pour rejoindre son groupe de mercenaires venu jusqu’ici pour gagner un peu d’argent et se divertir en attendant une mission plus sérieuses. Deux gobelins viennent précipitamment évacuer le perdant qui ne bouge toujours pas, ses camarades le rejoignent à la sortie du cercle de bois, sans un mot, et l’emmènent avec eux hors de ce trou à rat.

L’orc qui surveille l’entrée me fixe à nouveau. Un léger rictus se dessine au milieu de ses crocs massifs.

« Toujours sûr ? »

Je hoche la tête sans un mot. Il me demande de retirer ma veste et ma chemise ainsi que de lui donner toutes les armes que je pourrais avoir sur moi. Je m’exécute sans un mot, lui laissant mes dagues et mon sabre avec mes vêtements qui m’attendront à la sortie. Je suis dans l’arène avant même qu’il me fasse signe d’entrer, et je le vois échanger quelques mots à voix basse avec le petit gobelin qui s’occupe de prendre les paris. Il récupère son porte-voix en cuivre et annonce de sa voix criarde.


« LES PARIS SONT OUVERTS POUR LE PROCHAIN MATCH. LES PARTICIPANTS JOUENT POUR 100 YUS LA VICTOIRE, DOUBLÉ EN CAS DE SERIE. ALORS VOICI : LE POING D’ACIER DE WIELH CONTRE … »

Il me regarde un moment, sans trop savoir quoi dire, puis un grand sourire apparaît sur ses traits.


« … CONTRE LE MONSTRE DES ABYSSES »

Plusieurs éclats de rire résonnent dans la foule qui commence déjà à choisir son poulain et ses louanges. Je me renfrogne, je sais bien qu’il faut donner du spectacle pour que les pigeons payent, mais là c’est ridicule.

Pendant que les yus commencent à se précipiter en nombre vers le gobelin qui note avec précipitation les sommes et les noms qui défilent, aidé de ses deux assistants, mon adversaire rentre à son tour dans l’arène. Comme annoncé, c’est un homme de Wielh qui s’avance face à moi, l’air un peu trop confiant, un sourire provocateur sur les lèvres tout en faisant rouler ses épaules et craquer son cou alors que ses camarades l’acclament. Je le dépasse d’une bonne tête mais il est dans une bonne condition physique, rien d’extraordinaire non plus, loin de la machine de guerre Garzok qui vient de dérouiller son opposant dans le match précédent. Personnellement, je ne bouge pas d’un pouce, les bras le long du corps. L’audience se fait de plus en plus bruyante, tapant férocement du pied, agitant les pauvres barrières en bois qui semble prêtent à rendre l’âme à chaque instant, et j’entends dans la foule que certains commencent à me menacer de ce qui pourrait m’arriver si je venais à perdre. Apparemment il y en a qui ont misé leur argent sur moi.


« TOUS LES COUPS SONT PERMIS, LE COMBAT S’ARRETERA LORSQU’UN NE TIENT PLUS DEBOUT »

Je sens le vent qui me démange lorsqu’il passe sur ma longue balafre recousu au torse qui est maintenant exposée à la face du monde, mais ici je suis loin d’être le seul à afficher une blessure et certainement pas la plus critique. Je contracte aussi légèrement la main droite, toujours défigurée d’une grossière cicatrice en son centre. Une seconde d’hésitation me traverse lorsque je pense à mes plaies à peine suturées, j’espère juste qu’elles tiendront. Je fais progressivement abstraction de cette violente agitation ambiante, mon champ de vision se rétrécit, mon ouïe s’affine sur les mouvements de mon adversaire. Il claque dans ses mains, se met en garde et le gobelin, à l’aide d’une cloche qu’il fait sonner plusieurs fois, annonce le début du combat.
Modifié en dernier par Devon le mar. 21 sept. 2021 14:29, modifié 3 fois.

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Devon
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Re: La Cour-aux-Rats des Quartiers Sud-Est

Message par Devon » mar. 21 sept. 2021 03:06

( [:attention:] C'est un peu violent ici)
1er round.

Le son de la cloche qui résonne encore réveille en moi toute la fureur que j’en emmagasinée jusqu’ici. Mon adversaire tient ses bras devant son visage comme il l’a si bien appris, mais il n’aura pas le temps de faire le moindre petit pas de côté avant que je n’agisse. Le tintement clair et distinct déchire ma façade sereine que j’affichais jusque-là, comme si on essayait d’exorciser le démon qui m’habitait et que celui-ci se déchaînait enfin. Nous ne sommes qu’à deux enjambées l’un de l’autre, une distance que je parcours en un éclair alors que je me jette sur lui avec un cri de rage. Je sens chez lui la même sensation que j’ai ressentie lorsque je suis tombé nez à nez avec mes assassins, l’impuissance devant le danger imminent qui nous surprend. Je lui inflige une violente charge dans l’abdomen, mon épaule le percute avec force, lui coupant le souffle et le faisant reculer sur quelques mètres avant qu’il ne se stabilise. Il tousse toujours lorsqu’il me frappe le dos de son poing fermé alors que je le ceinture, tentant de me faire lâcher ma prise. Un coup dans le flanc fait mouche à m’arrache un grognement de douleur, mais au même moment je m’appuie fermement sur mes jambes pour le soulever de terre avec un nouveau hurlement de rage et je l’envoie sans pitié au sol, tête la première.

Il intercepte comme il peut sa chute avec ses bras, mais tombent quand même lourdement sur une épaule dans la boue. Il roule sur le côté pour essayer de s’éloigner de moi mais je le rattrape et lui donne un violent coup de pied dans les côtes qui le couche une nouvelle fois. Les traits crispés, je m’approche de lui pendant qu’il tousse en regardant le sol et tenant son épaule endolorie. Je lui attrape la tête des deux mains et commence à le relever, mais avant que je ne puisse lui infliger le coup de coude que je voulais, il s’accroche à mes deux avants bras, se lève de terre et me percute brutalement dans le ventre avec ses deux talons. Je le lâche immédiatement, reculant et m’agrippant l’estomac, plié en deux, le souffle coupé, surpris par son agilité. Il crache au sol et s’approche de moi, garde à nouveau levée, le premier crochet me frappe à nouveau dans le flanc déjà endolori, je tente de parer le deuxième mais il feinte sa droite et m’envoie à la place un direct en plein dans le ventre à nouveau. Je sens une légère tension sur ma blessure juste au-dessus, mais pour l’instant elle tient. Profitant de sa plus petite taille, il reste dans mes pas et enchaîne les feintes et les frappes rapides alors que je perds du terrain, me cognant plusieurs fois dans les flancs qui commencent à s’enflammer, mais étrangement ses frappes manquent de force. Je devine au vacarme de plus en plus perceptible que je me rapproche dangereusement du public et surtout de la barrière en bois.

Je trouve finalement une ouverture lorsqu’il se lance à nouveau en avant pour un nouveau direct qui vise cette fois mon visage. Sous-estimant la distance nécessaire pour m’atteindre à ce niveau, plus haut que mon torse, j’ai juste le temps de me décaler légèrement sur la droite pour esquiver son direct du même côté et avant qu’il ne puisse reculer, je l’attrape par la nuque, le déstabilise d’un rapide coup de pied qui claque dans sa cuisse et le tire vers moi. Il percute à pleine vitesse mon genou, le pliant à nouveau en deux, me laissant un peu le temps de souffler alors que je commence à sentir les hématomes qu’il me laisse palpiter à chaque battement de cœur. Je contracte mon poing et le redresse par ses cheveux noirs pour lui renvoyer la monnaie de sa pièce avec une violente droite qui éjecte un filet de sang de sa bouche et l’envoie tituber sur le côté. Je sens à nouveau la rage monter en moi et je me mets à souffler plus fort. Je l’attrape à nouveau par la nuque et le haut de son pantalon alors qu’il essaye de reprendre ses marques et je le projette de toutes mes forces contre la barricade en bois qui délimite notre ring, pour le plus grand plaisir des voyeurs assoiffés de sang. Il heurte la barricade avec la même épaule que celle qui a rencontré le sol, lui arrachant un cri de douleur alors qu’il se tient le bras endolori. Je pense le prendre de vitesse et sans réfléchir, je me précipite vers lui. Mais cette fois, il me voit venir. Avant que mon genou ne fracasse son crâne contre la barrière, il se jette sur le côté et je frappe comme un barbare le bois solide qui ne cède pas contre mon os. La douleur explose au point de rencontre entre ma rotule et la surface solide, je pousse à mon tour un rugissement de douleur. Je me tiens la jambe blessée, penché en avant, le visage contre la barrière coupable de mon actuelle agonie pendant que mes supporters échangent des tapes sur mon dos et m’encouragent à continuer.

Mon adversaire reste lui aussi un moment assis dans la boue, agitant son bras pour essayer d’y retrouver des sensations. Il se relève avant moi et s’approche de moi. Il empoigne mes longs cheveux rouges-grisâtre qui tombent sur mon visage et essaye de m’écraser la face contre la barricade. J’arrête juste à temps la rencontre entre mon nez et le bois. Il tente de me faire lâcher prise avec un nouveau coup de genou dans le bas-ventre, mais son attaque manque de force, je reste accroché à la barricade et le coup de coude que j’envoie derrière moi, à l’aveuglette, le heurte en plein menton, projetant sa tête en arrière alors qu’il me lâche. Avant qu’il ne puisse faire trop de pas en arrière, je le rattrape par le crâne et cette fois c’est moi qui lui envoie brutalement le visage contre le haut de la barricade qu’il heurte à l’arcade sourcilière. Cette fois, je la sens, l’obscurité que j’enfouis profondément en moi, elle m’appelle, je n’ai plus qu’une idée en tête, lui faire mal. Je m’approche de lui alors qu’il se redresse péniblement, un filet rouge s’échappe de sa peau déchirée au-dessus de l’œil et commence à couler le long de la barrière.
Je rattrape sa mèche de cheveux, le redresse, et lui écrase une nouvelle fois le visage contre la clôture. Cette fois je m’assure que son nez se brise et le craquement qui résonne dans l’arène, sous les cris des spectateurs, me confirme que je n’ai pas raté mon coup. Je le lâche alors qu’il glisse lamentablement contre le rondin de bois, toussotant, laissant une marque sanglante sur son passage. Il tente de s’appuyer contre la barricade pour se redresser, mais je ne lui en laisse pas l’occasion. Me positionnant au-dessus de lui, j’agrippe des deux mains la barrière et le frappe férocement dans le dos de mon genou indemne, le plaquant à nouveau contre le bois plein d’échardes. J’attrape son crâne de mes deux et le maintien le visage contre la barrière, appuyant de toutes mes forces et frottant sans ménagement la peau fragile de sa face contre l’âpreté cruelle de l’écorce, ses hurlements se mêlant à ceux des brutes qui nous observent avec joie. Je tire sans ménagement sur ses cheveux et le jette en arrière, dos dans la boue, exposant à la vue de tous son visage ensanglanté, couvert de griffure, saignant abondement du nez et de sa peau déchirée.

Je prends un moment pour regarder la foule qui acclame ce débordement de violence, un sourire dément transparaît sur mon visage déformé par la colère, une esquisse qui disparaît aussi vite qu’elle est apparu lorsque mon adversaire tente lamentablement de se redresser sur ses coudes. Un voile obscur danse devant mes yeux.

Je m’approche de lui, pose un genou sur son torse pour le plaquer au sol et lui envoie un direct en pleine face. Mes phalanges commencent à devenir douloureuses à force d’impact, mais ce n’est que lorsque la cloche retentit entre les troisièmes et quatrièmes frappes, que j’arrête de cogner sur ma victime. Je reste un moment penché sur lui, les poings toujours furieusement contracté, soufflant avec force. Je sens un léger filet de sang couler de ma main déjà blessé. Un regard confirme ce que je craignais, le haut de la plaie c’est légèrement rouvert. Tant pis.

Les spectateurs se précipitent pour aller récupérer leur paie, je peux voir qu’ils sont peu nombreux à avoir parié sur moi et que les heureux vainqueurs se partagent un joli pactole, pour le plus grand plaisir des organisateurs comme je peux le voir aux franc sourire qu’échangent les gobelins et l’orc qui s’occupent de gérer l’arène, tout du moins en surface.
Un individu à l’air complètement désabusé passe devant moi, me fait signe de m’éloigner du Wielh toujours allongé au sol, inanimé. Il lui essuie son visage barbouillé de sang avec un vieux chiffon, puis prend son pouls pour s’assurer qu’il va bien avoir besoin d’un guérisseur et non d’un enterrement. Je le vois hocher la tête pendant que les camarades de mon adversaire viennent le récupérer au sol tout en comptant une somme de yus assez intéressante. Ils auraient parié contre l’un des leurs ? Tant pis, je ne m’intéresse déjà plus à lui, à ce moment précis, savoir s’il va s’en sortir ou pas ne me regarde absolument pas. Je reste figé au milieu de l’arène, sentant la pression redescendre, les bleus qu’il me laisse commencent à cogner plus fort contre ma peau tendue, la douleur perçante dans mon genou devient de plus en plus intense. Non, il m’en faut plus, je ne veux pas que l’euphorie de la violence redescende, pour une fois, je me sens bien, il m’en faut plus.
Le Garzok qui garde l’entrée à l’arène me fait signe de sortir, mais je lui fais clairement comprendre que je ne bougerais pas et que j’attends un nouvel adversaire. Un sourire carnassier passe sur son monstrueux facies, il marmonne à nouveau quelques mots aux gobelins sur l’estrade, qui sourit à son tour. Il me fait signe que je peux rester dans l’arène et y fait entrer un nouveau compétiteur sous les hurlements de réjouissance des spectateurs. Le cercle de violence peut continuer.
Modifié en dernier par Devon le mar. 21 sept. 2021 14:32, modifié 2 fois.

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Devon
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Re: La Cour-aux-Rats des Quartiers Sud-Est

Message par Devon » mar. 21 sept. 2021 03:08

( [:attention:] C'est un peu violent ici)
2eme round :

Je replonge immédiatement dans la même trance que précédemment. Impassible, immobile. Je n’entends même pas le gobelin annoncer notre prochain combat, le seul son qui résonne dans mes oreilles est le battement de mon sang dans mes veines, tout le reste me semble être un écho distant et incompréhensible. De même, j'identifie mon adversaire que lorsqu’il n’est plus qu’à quelques mètres de moi. Rien à voir avec le précédent. J’ai perdu beaucoup de ma forme physique lors de mon temps passé en prison et bien que j’ai pu en récupérer suffisamment avec le dur labeur de docker qui m’occupait jusqu’à présent, je suis encore loin de l’individu en face de moi. De ses yeux noirs comme la nuit, mon adversaire Garzok me fixe d’un air impavide. Aussi haut que moi, mais bien plus large, il me jauge de bas en haut et je remarque un instant son regard qui se pose sur ma blessure au torse. Une effroyable grimace passe en un éclair sur ses traits. Puis, comme au milieu du vacarme lointain et indistinct qui vibre dans mes tympans, le son pur et lumineux de la cloche perce le voile et je me retrouve à nouveau dans l’arène ensanglanté, face à une montagne de muscle qui ne demande qu’à en découdre.

Dès que la cloche sonne, j’ai le même réflexe inconscient que dans le combat précédent, je me jette en avant pour le percuter en plein dans l’abdomen. Cette fois, j’ai l’impression de percuter un mur de pierre, le Garzok recule de quelques centimètres seulement et émet à peine un grognement de douleur. Par contre, le cri de douleur que je pousse est bien plus sincère lorsqu’il abat ses deux larges poings sur mon dos, j’ai l’impression d’avoir été percuté par deux masses de guerre. Je le lâche, le souffle laborieux, mais avant que je n’ai le temps de m’effondrer à ses pieds, c’est lui qui me rattrape et me ceinture avant de me soulever avec à peine un cri d’effort et m’envoie valser quelques mètres plus loin.

Le ciel semble tourner devant mes yeux et je ne suis plus trop sûr d’où je suis. Le Garzok ne me laisse pas le temps de souffler, il m’attrape par le cou et me relève sans ménagement. Je tente de me libérer de son étreinte main sa main qui m’étrangle semble inamovible. Trop concentré sur sa prise, je ne me prépare pas à son poing qui me cogne comme un marteau sur le côté de la tête, m’envoyant une nouvelle fois dans la boue, un vrombissement inquiétant résonnant dans mon oreille et ma vision devenant un peu plus trouble, je sens également du sang commencer à couler le long de ma peau arraché le long des pommettes. Les hurlements de la foule sonnent toujours plus distants lorsque l’orc me relève à nouveau. Cette fois, je le prends par surprise, l’adrénaline anesthésiant un peu la douleur. Alors qu’il réarme son poing, je lui inflige un coup direct de mon talon dans la rotule, manquant de la lui retourner et il me lâche instantanément, se penchant pour agripper son genou amoché. Avant qu’il ne puisse se redresser, je le rattrape et lui donne un violent coup de genou dans la tempe, l’envoyant tituber un peu plus loin. Mon coup fait mouche, mais je sens qu’il manque d’impact pour un adversaire pareil. Il se redresse, agite un peu sa jambe, se fait craquer la mâchoire et se remet en marche vers moi.

Mon instinct de survie devrait sans doute me conseiller de trouver un moyen de m’échapper, quitte à m’allonger au sol et faire le mort. Mais une voix que j’étouffe depuis trop longtemps éclipse tout éclair de conscience sous quelques mots « Fais lui mal ». Je sens la colère qui monte également en lui, car il ne prend même pas la peine de remettre sa garde et approche à grands pas de moi. Je pare son premier crochet, mais il me frappe avec tant de force que je perds toute sensation dans l’avant-bras pendant un moment, et je suis obligé d’esquiver son uppercut en faisant un pas exagéré en arrière pour éviter qu’il ne m’arrache la mâchoire. Malheureusement, même si l’adrénaline et la rage sont de puissants moteurs, le choc entre mon genou et la barrière en bois se rappelle soudainement à moi et je manque de tomber lorsque la douleur perçante surgit à nouveau. Il ne rate pas cette ouverture, son bras s’abat comme un tronc d’arbre sur moi et m’envoie au tapis, sonné. Sans attendre, il m’attrape de ses deux instruments de guerres et me relève avec force, utilisant l’élan pour me projeter au sol un peu plus loin, mon épaule cognant le sol froid et boueux.

Il revient vers moi, inlassable, invulnérable. Du moins, c’est ce qu’il croit. Après tout le gobelin à bien dit que tous les coups était permis. Je souffle difficilement en attendant qu’il arrive, essuyant mes yeux couvert de boue à force d’être envoyé au tapis. Il m’attrape pour me relever et cette fois, je fais preuve de bien moins de subtilité. Mon tibia le frappe en plein dans l’entre-jambe, arrachant un cri horrifié à la foule. C’est peut-être un orc, mais à ce moment, il est comme toute personne de ce monde et un coup violent à cet endroit le crispe d’une douleur assommante, incapable de respirer ou d’émettre un son, il me lâche immédiatement et tombe à genoux, les mains agrippant la source de son agonie. Je m’essuie une nouvelle fois le visage, découvrant la quantité de sang qui s’échappe de mes plaies. La suite est très claire pour moi, saisissant l’occasion, j’attrape un de ses bras sans qu’il ne puisse réagir, passe à califourchon au-dessus de l’articulation du coude et me laisse tomber dessus et tirant un coup sec en arrière. L’os ne résiste pas à cette inversion de la nature et se brise net, lui arrachant un hurlement de douleur bien audible cette fois.

Je me relève et lâche son membre supérieur qui pend mollement le long de son corps, inutilisable. Bien, une arme en moins. Mais avant que je n’aie le temps de crier victoire, une masse verte se jette sur moi et nous tombons tous les deux dans le sol fangeux. Il se pose de toute sa masse sur moi, me plaque au sol d’une main, penché sur moi, ses yeux noirs brillants d’une lueur assassine, la gueule, dont s’échappe un filet de bave, déformée par une rage surnaturelle.

« T’veux jouer à ça ? Très bien »

Il lève haut son bras indemne, hurlant de rage et de douleur à cause de son bras et je tente de me protéger le visage, mais son poing s’abat cruellement sur mon torse, au niveau de ma cicatrice qui se tend violemment. Cette fois, c’est moi qui pousse un hurlement qui lui arrache une grimace satisfaite. Il rapproche son haleine pestilentielle de mon visage et me confie dans un murmure plein de haine :

« Tu t’crois malin ? L’premier combat étais truqué, c’pour ça qu’ta gagné »


Son arme se prépare à nouveau, j’essaye de repousser son coup pour ne pas qu’il ne m’enfonce la cage thoracique, mais cette fois il vise mon visage et je n’ai que le temps de tourner la tête pour lui présenter ma joue afin d’éviter qu’il ne me brise le nez. Le choc m’étourdit complètement, réveillant le vrombissement dans mon crâne et je sens un nouveau filet de sang couler le long de mon menton. La foule est en délire, à tel point que même des bandits et autres mendiants qui normalement ne s’intéressent pas à ce coin de la Cour-Aux-Rats viennent observer ce qui s’y passe.

L’orc arrache d’une main une large bande de tissus de son pantalon en toile et essaye de l’enrouler autour de son bras blessé pour le maintenir en place afin d’éviter d’agiter l’articulation brisée lorsqu’il fait le moindre mouvement. Une fois finit, il prend le moins de risque possible et n’essaye pas de me frapper de son poing. De sa main griffue, il appuie sans pitié sa grosse main griffue et tire sans ménagement sur ma cicatrice au torse, l’intensité de la peine manquant de me faire tomber dans l’inconscience. Le bourdonnement dans mon crâne anesthésie toute pensée rationnelle, sauf une. Les paroles se répètent inlassablement, de plus en plus forte. « Fais-lui mal, fais-lui MAL, FAIS-LUI MAL ». La tâche obscure passe devant mes yeux. Je me redresse violemment, comme un mort revenant à la vie. Je lui agrippe fermement sa large tête de mes deux mains qui peinent à en faire le tour. Son bras indemne lâche ma blessure et est bloqué entre nous deux, l’empêchant de prendre suffisamment d’allonge pour me donner un coup violent. Je le sens au fond de moi, endormi depuis trop longtemps, depuis que j’ai tout perdu. Mes pouces cherchent ses orbites au milieu de son visage, mais le sang qui coule devant mes yeux m’empêche de trouver ma cible. Ma haine ne fait que croître jusqu’à ce que soudainement, elle se manifeste. Je ne vois plus le filtre carmin qui me cache la vue, plus l’orc, plus l’arène, plus Darhàm, juste les ténèbres. Un flot tourbillonnant d’obscurité qui danse devant mes yeux, je sens que je peux l’attraper, mais je ne sais pas comment faire. Je n’ai jamais voulu. Alors plutôt que d’essayer, je pense à l’orc, à ma haine et au mot qui résonne dans mon crâne, à mon impuissance.

La volute obscure disparaît aussi soudainement qu’elle était apparue, mais une sensation étrange se propage dans mon corps. Soudainement, je sens précisément chaque hématome que j’ai reçu qui brûle un peu plus intensément, la douleur dans mon genou double d’intensité, les plaies à mon visage me donne envie de hurler, mais je trouve finalement ses petits yeux porcins et commence à appuyer férocement dessus, ses hurlements bestiaux couvrant un moment le bourdonnement dans mes oreilles. Il est obligé de lâcher prise et s’éloigne de moi, se tenant le visage d’une main. Je me relève à mon tour sans trop savoir où je suis, chacun de mes membres me supplient de m’allonger et de rester immobile aussi longtemps qu’il le faudra pour que la douleur disparaisse, mais je me sens aussi investi d’une force anormale, surnaturelle. Il retourne vers moi son visage rouge sang, l’orbite droite saignant abondement suite au traitement que je lui ai infligé. Il se jette une nouvelle fois sur moi, essayant de me saisir de son bras indemne. Je l’évite, mais cette fois, lorsque mon poing rencontre son bas-ventre, la violence du choc le pli instantanément en deux. Il recule, peinant à reprendre son souffle alors que je me crispe sur ma main d’un air incongru. Frapper directement avec les phalanges n’est jamais une bonne idée, je sais ça, mais à ce moment la douleur après l’impact est anormalement supérieure à celle dont j’ai l’habitude. Lorsque je me redresse, l’orc est toujours plié en deux, un genou et la main indemne au sol, le souffle toujours irrégulier. Le même sourire dément reprend sa place sur mon visage et je m’approche de lui en boitant, traînant derrière moi mon genou presque inutilisable. J’arrive devant lui le toisant de toute ma taille alors qu’il est à mes pieds. Il relève le regard vers moi, crispé de frustration et de douleur. Je lui attrape la tête de mes deux mains. Vu l’expérience avec mes doigts, c’est sans doute une mauvaise idée, mais maintenant que je suis là autant finir avec un coup d’éclat.

Je lève la tête et sans crier gare, je le percute de toutes mes forces avec mon front en plein visage. Son nez se brise instantanément, projetant un épais filet de sang, je sens aussi sa mâchoire se disloquer et je jurerais presque sentir les os de son crâne se fêler alors qu’il est propulsé en arrière par la violence de l’impact. Il tombe sur le dos dans la boue et ne bouge plus. Je reste moi-même immobile après l’impact, la douleur assommante qui émane de mon front me paralyse, un filet de sang coule lentement du point où j’ai percuté l’orc, ajoutant son flot rouge à ceux qui coule déjà de mon visage. Je titube sur mes jambes, lève les yeux aux ciels, la cloche retentit.

***
HRP : Début d'apprentissage du sort d'ombre Fortitude Sacrificielle
Modifié en dernier par Devon le lun. 27 sept. 2021 02:15, modifié 3 fois.

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Re: La Cour-aux-Rats des Quartiers Sud-Est

Message par Devon » mar. 21 sept. 2021 03:10

Fin du spectacle :

Je ne suis pas trop sûr de ce qui se passe pendant les dix minutes qui suivent, il me semble entendre les exultations de la foule, les hurlements de félicitations, le tintement des pièces récupérés par les heureux gagnants, mais aussi les cris des perdants qui se plaignent, qui accusent même de tricherie les organisateurs. Le monde tourne inlassablement autour de moi, la douleur dans mon crâne ne disparaît pas et m’empêche de formuler la moindre pensé cohérente. Puis soudainement, je sens la vigueur surnaturelle qui m’habitait me quitter et avec elle, les douleurs qui proviennent de mes plaies s’amenuise légèrement, je sens à nouveau mon genou, les bleues me brûlent un peu moins et le sifflement incessant dans mon crâne s’atténue suffisamment pour que je puisse reprendre connaissance. Je regarde autour de moi, tout est rouge. Je passe mon avant-bras devant mes yeux et regarde la quantité de sang qui coule de mes plaies. La nuit est presque tombée, mais pour une fois le ciel est clair, pas de pluie.

Ces pensées complètement anecdotiques passent bien vite, ma situation me revient en mémoire. L’orc n’est déjà plus là, je n’ai pas vu ce qu’ils en ont fait, là où il était allongé ne reste en témoignage qu’une large flaque de sang qui se mélange à la boue de l’arène. Les acclamations se calment, ma soif de violence aussi. Non, il m’en faut plus, cette sensation de puissance, il me la faut encore. Je cherche des yeux l’orc qui garde l’entrée de l’arène. Je me dirige vers lui, la démarche peu assurée, la jambe blessée traînante derrière moi. Je suis obligé d’essuyer plusieurs fois mes yeux pour y voir clair jusqu’à ce que j’arrive devant la monstruosité qui gère les combats. Il me donne une tape sur l’épaule qui manque de m’achever définitivement, mais c’est le gobelin sur son épaule qui prend la parole.

« Bien joué, les gars n'étaient pas tout à fait d’accord avec les premières techniques, mais le coup final à mis tout le monde d’accord »

Je ne réponds rien, je suis concentré sur une seule idée. Je regarde aux alentours, je cherche un nouveau combattant, mais personne n’a l’air d’être prêt à rentrer dans l’arène. Le gobelin continue de faire les comptes, protégé par son immense garde du corps, et distribue leurs récompenses aux bons placeurs, qui sont encore une fois peu nombreux.

« T’peux récupérer une jolie somme sur tout ça, tu la veux maintenant ? »

« Il m’en faut un autre »

Il lève les yeux de sa bourse qu’il remplit de yu, l’air interrogateur.

« Tu t’es vu ? C’est déjà un miracle que tu tiennes debout et que tu sois là à nous parler, prend ta récompense s'tu veux pas la perdre et r’vient plus tard si tu veux. »

« Il m’en faut UN AUTRE »

Je sens une nouvelle fois la rage monter en moi, la rage inassouvie depuis trop longtemps. Le gobelin me contemple un moment, sourire aux lèvres, il se penche à l’oreille du Garzok et lui murmure quelques sombres secrets, car de toutes les grimaces que j’ai vu sur le visage de ce monstre, celle-ci est la plus horrible.

« Et bien écoute, c’est noté, retourne dans l’arène. Quelqu’un est venu nous voir et nous as dit que tu risquais de vouloir rester, et il ne dirait pas non à de l’argent facile »

Je retourne dans l’arène sans attendre, je me replante au milieu, calmant ma respiration, attendant à nouveau le son de la cloche qui me laissera m’exprimer. Mais je ne sens plus l’obscurité qui m’habitait tout à l’heure, elle semble évaporée et avec elle, ma rage actuelle semble plutôt factice, comme si je refusais simplement de voir que j’avais eu ce que je voulais, comme un drogué en manque après avoir connu l’extase. Je ne fais pas attention à mon adversaire, mais quelque chose m’interpelle. La foule est silencieuse, anormalement silencieuse. Je n’ai pas entendu le gobelin annoncer le combat, mais la cloche sonne, je lève les yeux.

Mon cœur manque un battement, devant moi se tiens une monstrueuse créature de bien deux mètres vingt, son pelage gris sombre amoché et déchiré à plusieurs endroits laisse apercevoir les muscles noueux et exagérément dessiné qu’il dissimule, une véritable force de la nature. Je dois lever haut la tête pour voir son unique œil jaune de prédateur qu’elle pose sur moi, les lueurs des torches qu’on commence à allumer reflétant des lueurs rouges inquiétantes sur les canines blanches et aiguisés dépassant de sa monstrueuse gueule. Je reconnais la Liykor noire que j’avais vu capturée par des esclavagistes et qui était présente ici, dans une cage, lors de la vente aux esclaves. Quelqu’un l’a acheté, et vient l’envoyer me tuer.

Je regarde ma mort dans les yeux, la cloche à déjà sonner, le combat est débuté. La Liykor s’avance sans un mot, sans la moindre trace de colère ou de soif de violence dans son regard fixé sur moi. Mes jambes m’intiment de reculer face à ce mastodonte et pourtant, je ne bouge pas d’un pouce. Elle n’est plus qu’à un mètre de moi, un geste désespéré me vient. Un direct, en plus dans le bas-ventre car c’est la seule chose à ma portée pour une fois. J’entends dans la foule des petits soupirs dépités. La créature ne bouge pas d’un pouce, n’émet même pas un sifflement d’inconfort, elle me fixe toujours. Aussi vif que l’éclair, sa large main m’attrape à la gorge et commence à m’étrangler sans pitié. Je m’apprête à sentir ses griffes me rentrer dans la nuque et mettre fin à mes jours, mais elle n’en fait rien. Je n’ai plus d’air dans les poumons et avant que je perde connaissance, elle me soulève soudainement, presque sans effort, au-dessus de sa tête avant de me projeter au sol. La dernière chose que je vois est la boue se rapprochant à toute vitesse, puis le vide.

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