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Les premiers signes de la fin de l'hiver sont là. Les températures sont plus douces, les vents moins virulents. Le dégel de la baie à commencé et le port reprend petit à petit vie. L'équipage de La Baliste n'a pas chômé. Le navire est rempli à ras bord de vivres et d'équipements méthodiquement sélectionnés sur la liste exhaustive que j'ai transmis au capitaine il y a plusieurs mois. Laeten à nommé Malaggar Hein, le Shaakt méthodique et calculateur, capitaine du Mat d'Or avec la consigne de mener le navire à Caix Imoros dès que nous prendrons le large. Les hommes ont mis à profit les quelques jours entre la réquisition du bâtiment et aujourd'hui pour s'entraîner, le but étant pour le commandement de sélectionner les meilleurs pour le voyage qui attend La Baliste. Laeten a arboré ces derniers jours une mine bien plus sombre et préoccupée que d'habitude. Sans cesse il ressortait la liste confiée par la Shaakt pour la parcourir des yeux, ruminant dans sa barbe avant de prendre des notes dans un petit carnet. Cette liste, seul lui, Malaggar et le Sang pourpre avait pu la voir, celui-ci avait également changé après l'avoir vu et semblait trépigner d'impatience. Il ne manquait qu'une chose, la sélection des marins. C'est pour cette raison que nous sommes réunis devant le chantier de La Baliste qui est prêt à être remise en mer. Nous attendons les consignes, rassemblés de manière chaotique face à trois personnes, le capitaine Jiat Laeten, le sang-pourpre Manor Haath et le Shaakt Malaggar Hein. Nous sommes silencieux, certains sont envieux de faire partie de l'équipage de Laeten, qu'ils soient actuels matelots, marins du Mat d'Or et même anciens esclaves, soucieux de se trouver un avenir.
Laeten s'avance d'un pas avant de prendre la parole de son ton impérieux. Imposant le silence au vent froid qui siffle dans nos oreilles.
« Messieurs. J'imagine que vous avez déjà eu vent de la réquisition de nos navires par l'empire d'Oaxaca ainsi que de leurs équipages. Je peux comprendre la réticence qu'auraient certains d'entre vous à travailler pour elle. Ceux là sont libre de partir dès maintenant mais sachez que cet... arrangement, dirons nous, peut se révéler très lucratif. En revanche, cela ne ressemblera à rien à une chasse ordinaire. Mettez vous bien ça en tête, nous devenons un bâtiment de guerre, nous avons des cibles que nous devrons traquer et éliminer. »
Il marque une pause, patientant plusieurs secondes de voir qui renoncerait à sa place ici. Je quitte du regard le capitaine pour suivre un corbeau qui vient se poser sur La Baliste avant de pousser son cri. Mon masque de chair dissimule le sourire malsain qui s'empare de moi.
(Oui Phaïtos, je sais, j'ai compris ce que je dois faire pour vous servir.)
Évidemment que je reste, la réquisition du navire est une aubaine. Une aubaine pour s'enrichir, une aubaine pour semer la mort et une opportunité pour attirer l'attention d'une divinité bien plus importante que l'est le capitaine de La Baliste.
« Bien. »
Sa voix me tire de ma contemplation du messager du Dieu de la Mort.
« Nous avons donc choisi quarante cinq hommes qui viendront avec moi sur La Baliste, les autres iront sur le Mat d'Or avec le Capitaine Malaggar Hein pour rejoindre Caix Imoros, vos consignes vous serons ensuite transmise par votre capitaine. »
Il s'éclaircit la gorge avant de dérouler un papier et de commencer à citer les noms de son équipage. Il donne d'abord trente quatre noms de matelots dont huit moucheurs; les tireurs d'élites de l'équipage, chargés lors des abordages de descendre les cibles importantes. Cinq artilleurs qui devront s'occuper de l'entretien de la baliste à la proue du navire et de son rechargement lors de son utilisation. Dix gabiers qui passeront leurs temps au sommet des mats pour manipuler les voiles et servir de vigie. Les matelots restants sont ceux chargés des tâches non moins importantes sur le pont et sous celui-ci. Beaucoup d'humains de différentes ethnies et quelques nains s'avancent pour rejoindre les côtés des personnes face à nous. Il poursuit en citant le nom de postes plus important sur le navire.
« Monsieur Baley Arbando. Vous serez notre Coq. » déclare t-il avec un sourire.
Un homme sort du chaos amoncelé par les pirates. Un Varrockien au vu de sa taille, ou parait-il petit parce qu'il émerge d'un tas de Whielois immense, chauve, une fine moustache. Plusieurs encouragements s'élèvent des membres d'équipages déjà sélectionnés, visiblement ravis d'avoir ce monsieur Arbando pour cuisinier.
« Monsieur Eldros Rougine. Vous serez notre Quartier Maître. »
Je hausse un sourcil un peu surpris, une hésitation qui laisse le temps à Laeten d'ajouter :
« Ne faites pas cette tête monsieur Rougine et rejoignez nous, les rôles ont légèrement changés, n'allez pas croire que vous allez prendre le poste de Monsieur Haath. »
Des ricanements s'élèvent, agitant la magie noire dans ma poitrine. Je m'avance à mon tour, m'efforçant de garder le contrôle sur cette force obscur qui semble vouloir tout dévaster. J'en éprouve une vive fascination ainsi qu'une inquiétude de trahir un jour mes projets. Je vais devoir me consacrer à ça également, maîtriser ce nouveau pouvoir va devenir une priorité. Par chance, il y a du temps pour s'occuper sur un navire par temps calme.
« Monsieur Lettmes Velley. Vous occuperez le poste de chirurgien. »
Un Kendran, blonds aux yeux clairs qui bien que sa jeunesse est incontestable à un visage qui lui donne facilement trente années de plus, dessinés par des cernes sombres et des rides aux coins des yeux. Laeten patiente qu'il nous rejoignent avant de citer le noms des différents Maîtres.
« Monsieur... Yão... Yãoath. » Bute-il en fronçant les sourcil.
« Yãoath Huiltlchal. » Prononce un homme au teint mat aux yeux d'un vert clair, assez petit mais robuste aux vêtements colorés et aux cheveux ornés de plumes.
« Le Belsien ! » Déclare un autre pirate en riant, sobriquet répété par les autres hommes présents.
Laeten observe l'homme au teint mat d'un regard perçant, celui-ci incline la tête et le capitaine conclue alors.
« Le Belsien. Vos compétences ont étés remarqués durant la rénovation du navire. Vous devenez Maître Voilier. »
Il incline la tête avant de nous rejoindre, laissant au capitaine le soin de continuer.
« Monsieur Injid Zasul. Maître Calfat. Monsieur Anjohn Mesley. Maître Charpentier. »
Un homme venant du désert, maigre mais athlétique à la peau très foncé et un Whielois taillé comme un ours et déjà équipé d'un marteau de charpentier.
« Monsieur Furdril Igaras. Maître Artilleur, évidemment. »
Un nain à la barbe noire se fraye un chemin à travers les jambes pour rejoindre le capitaine en mâchant sa chique.
« Au timon et à la navigation, monsieur Theodhal Roy et monsieur Hewric Dalau. »
Deux gaillards qui semblent complices s'avancent en se souriant. Les deux sont grands, costauds, aux cheveux et aux yeux bruns.
« Passons maintenant au commandement. Monsieur Thekus Dolvan sera votre Maître d'équipage. Monsieur Manor Haath sera évidemment mon second. Enfin, si personne n'y voit d'inconvénient, je resterai votre Capitaine. »
Évidemment, personne ne s'y oppose. Laeten replie son bout de papier avant de conclure :
« Bien. Les autres, le capitaine Hein s'occupera de la répartition de vos rôles. Nous gagnerons chacun nos navires respectifs pour cette nuit. Demain, le temps devrait permettre de remettre La Baliste en mer et alors nous partirons vers nos destinations respectives. »
Une acclamation s'élève. Les hommes sont ravis et j’admets être emporté par l'élan d'impatience qui règne dans l'air. J'ai hâte de reprendre la mer ou plutôt de quitter cette cité infâme qui avec les températures plus douces va révéler l'odeur des cadavres tombés pendant l'hiver.
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