La Tour Noire, Palais d'Omyre

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Yuimen
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La Tour Noire, Palais d'Omyre

Message par Yuimen » mar. 2 janv. 2018 14:36

La Tour Noire
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Véritable forteresse imprenable construite au cœur d’Omyre, le Palais d’ Omyre est un bastion impressionnant. C’est l’une des rares constructions solide plus ou moins récentes de la cité, même si son apparence ténébreuse et chaotique repousserait et effraierait le plus courageux des orques. Il est bâti tout autour de la tour d’Oaxaca en treize corps de logis disposés en étoile autour de la tour centrale. Chacun renferme les appartements privés d’un des treize sbires d’Oaxaca la Sombre, seigneurs de son vaste royaume chaotique du mal. Si les treize d’Oaxaca ne sont pas toujours présents à Omyre, leur aile du palais reste farouchement gardée par leurs créations plus abominables les unes que les autres et leurs troupes d’élite personnelles.

Ce lieu n’est donc pas gardé par de simples Orques poisseux, comme ceux qui peuplent l’antique cité Elfe, mais par des abominations, des créatures dévouées entièrement à la grandeur de leurs maîtres ténébreux.

Chaque aile du château est donc construite selon la personnalité de son occupant, dans un ensemble chaotique de gargouilles, de pointes de pierre noire, de statues gigantesques et effrayantes.

Nul ne pourrait se promener en ces lieux le cœur tranquille...

De ses portes ténébreuses en bas sortent et entrent des milliers d'orques et d'autres types de soldats chaque jour !

Au sommet, le Dragon Noir peut se poser et résider, et dans l'appartement juste au dessous habite Oaxaca. De là elle peut diriger toute ses affaires, lorsqu'elle n'est pas sur un autre monde pour guerroyer.

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TheGentleMad
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Re: La Tour Noire, Palais d'Omyre

Message par TheGentleMad » mar. 5 mars 2019 16:07

-----K-----


L'immense palais d'Olath surmonté par la tour encore plus titanesque dominait à présent Kurgoth alors que la nuit tombante ne rendait le bâtiment que plus impressionnant et menaçant. Semblant reconnaître Krel'Ka, les gardes la saluèrent et lui ouvrirent les lourdes portes de l'entrée plutôt que de la faire passer par les portes adjacentes plus petites. Le barbare remarqua que certains des garzoks présent semblaient, eux aussi, en partie "améliorés", possédant des plaques de métal incrustées dans la peau, visibles dans les interstices de leurs tenues. Cela l'intrigua, au point qu'il me posa mentalement la question à laquelle seule Khynt elle-même pouvait répondre:

(Tu crois que tous les serviteurs de Khynt sont "améliorés"?)

(C'est ma première venue à Omyre, je ne suis la mieux placée pour te répondre, mais cela me semble plausible. Toi qui craint la magie, n'as-tu donc pas peur de cette "technologie"?)

Le garzok fit alors la moue, mais avant qu'il ne puisse me répondre, les portes furent enfin ouvertes et sa compagne de voyage s'engouffra dans le palais. Mais dès son premier pas pour la suivre, celle-ci frappa deux fois des mains et les gardes barrèrent le chemin du prêtre en s'interposant. D'abord surpris, il remarqua ensuite la femelle qui, dans les ombres de l'édifice, l'observait avec un rictus. Kurgoth dévisagea alors l'un après l'autre les soldats devant lui avec un regard mauvais avant de planter son regard sanglant dans celui de Krel'Ka, qui semblait à la fois le moquer et le défier. Dominant de sa carrure imposante les garde, il roula des épaules en tentant d'effacer de son visage brûlé la grimace de contrariété qui s'y était installée. Immobile, il attendait en fixant la lieutenante de Khynt. Elle jouait avec lui et il le savait. Elle voulait lui donner une leçon après leur entrée en ville et testait à présent sa patience. Le garzok tentait de rester impassible tout en fulminant intérieurement, les jointures de ses poings serrés étaient blanches et ses phalanges le démangeaient tant il désirait les écraser sur les visages des gardes.

Les secondes s’égrenèrent une à une, la vie autour d'eux continuait, mais ils restaient immobiles, prisonniers du bon vouloir de Krel'Ka. Au bout de quelques trop longues minutes, cette dernière tourna les talons puis, reprenant son chemin, frappa à nouveau dans ses mains afin que les gardes se décalent et referment les portes, ne laissant pas le temps à Kurgoth de se faire désirer s'il ne voulait pas passer la nuit hors du palais. Le chevalier franchit rapidement le seuil du bâtiment et découvrit, avec un étonnement inquiet, tout un ensemble de pièces mécaniques servant à refermer et verrouiller la grande porte sans faire appel à un seul garde. Ici un sifflement dû à un jet de vapeur, là des roues dentées s'entraînant les unes les autres et là-bas des sortes de tubes métalliques glissant les uns hors des autres. Sa contemplation du mécanisme fut brusquement interrompue par une voix féminine.

"Oui, ça fait bizarre au début. Mais ne reste pas ici inutilement. Si on veut repartir dès demain matin, il faut donner les consignes au plus vite afin que les troupes se préparent... Et puis si tu t'arrêtes à chaque détail insolite de ce palais, tu mourras de vieillesse bien avant d'avoir exploré ne serait-ce qu'une seule de ses ailes."

Kurgoth se détourna alors de la grande porte mécanique et suivit l'officière dans des couloirs aux murs recouverts de divers tubes, soupapes et manivelles. Arrivée dans une grande salle remplie de garzoks, Krel'Ka glissa ses doigts fins entre ses lèvres puis émit un sifflement suraiguë.

"Allez, on s'active, tas de fainéants ! Vous allez me préparer assez de charriots pour transporter une vingtaine d'oeufs, chacun de la taille d'un Sturb ! Prenez aussi des kitranches, des cordes et des pelles, y'a deux jours de marche en forêt à déboiser pour faire passer les chariots !"

Elle se tourna ensuite vers le barbare et dit, cette fois-ci sans crier :

"Quelque chose à rajouter ?"

Un sourire carnassier de satisfaction commença à poindre sur le visage du prêtre, avant qu'il hurlât à pleins poumons :

"On ne sait pas ce qui nous attends dans les Bois Sombres ! Créatures ou Ynoriens, qu'importe, Khynt nous attend ! Alors je veux que les charriots soient remplis de soldats à l'aller ! Ils aideront à déboiser !"

"Vous avez entendus ? Départ à l'aube !"

Ayant ainsi conclu, Krel'Ka invita ensuite Kurgoth à la suivre. Après quelques minutes à monter des escaliers et traverser des couloirs, toujours autant recouverts de cette technologie étrange à base de tubes de métal, la femelle dans une pièce pour allumer un chandelier avant de déclarer :

"C'est la chambre d'Erkra, alors ne touche à rien et évite de t'en vanter ou il pourrait vouloir te le faire payer. J'imagine que t'auras du mal à dormir parmi les soldats s'ils préparent les charriots toute la nuit et je n'ai pas envie de te faire chercher en ville demain. Prends quand même une douche avant de dormir, histoire de ne pas trop laisser de traces, mais sinon, ne touche à rien."

Après l'avoir remerciée, le prêtre vit l'officière entrer dans une pièce un peu plus loin et refermer la porte derrière elle. Il comprit qu'il était logé dans le quartier des officiers de Khynt et pénétra dans la chambre qui lui était prêtée. Dans la lueur vacillante des bougies, il aperçut, comme partout ailleurs, un tas d'objets bizarres dont il ne pouvait même pas deviner la fonction, mais aussi un bureau avec de nombreux parchemins.

(Va plutôt trouver cette "douche", je suppose que ça doit être pour te laver, alors cherche de l'eau.)

Opinant du chef, il fit le tour de la pièce jusqu'à trouver un tuyau d'où quelques gouttes d'eau tombaient régulièrement au sol. Suivant le tuyau de son gros doigt brun, il arriva à deux petites croix de métal aux coins arrondis. Curieux, il essaya de tourner celle de gauche d'abord dans un sens, qui semblait bloqué, puis dans l'autre. Cela fit jaillir du tuyau une cascade d'eau glacée. Kurgoth en hurla de surprise et d'effroi tout en glissant sur le sol d'un bruit sourd. Quelques secondes après que son hurlement ait résonné à travers les couloirs, Krel'Ka fit irruption dans la chambre de son collègue, un air affolé sur son visage. Lorsqu'elle vit la brute se débattre sous le flot glacial, elle éclata d'un rire cristallin avant de se précipiter à sa rescousse et tourner la croix de métal dans sa position initiale.

"J'avais oublié que seul le palais de Khynt dispose de douches, excuse-moi. Je vais régler ça."

Alors que Kurgoth s'extirpa de la douche, elle entreprit de tourner les deux croix à la fois, attendit un peu en laissant sa main sous le flot aqueux puis modifia leur position jusqu'à faire sortir du tuyau une eau chaude mais non-brûlante. Enfin, elle attrapa une pièce de tissu qu'elle tendit à Kurgoth en déclarant:

"Quand t'as fini, tu tournes à gauche les deux robinets pour les arrêter. Enlève quand même ton armure pour ne pas qu'elle rouille et, surtout tu t'essuieras avec ça. Tu devrais pouvoir te débrouiller seul maintenant."

Il l'observa quitter et refermer la pièce derrière elle, puis se tourna d'un air suspicieux vers le flux d'eau qui dépassait sa compréhension. Jaugeant qu'elle en savait largement plus que lui, il laissa ses affaires au sol puis pénétra à nouveau sous la douche. La chaleur de l'eau était bien plus agréable que le jet glacé, mais il n'y resta guère, car l'eau arrivant directement sur son crâne raviva les brûlures subies lors de son combat contre son mentor. En coupant d'abord le flux de la vanne de gauche, afin d'éviter une nouvelle douche froide, il fut aspergé d'une eau bouillante et, retenant douloureusement un cri, referma prestement le second robinet. Il s'essuya enfin avec le tissu que lui avait tendu Krel'Ka avant de s'allonger sur le lit tandis que je commençai a purifier son sang, comme je me l'étais promise en le voyant avaler son poisson cru.
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Ezak
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Re: La Tour Noire, Palais d'Omyre

Message par Ezak » mar. 5 janv. 2021 22:17

J’ouvris doucement les paupières sur un plafond d’ébène. Mon esprit mît du temps à redevenir clair. J’étais allongé dans un lit et je me sentais extrêmement faible. Je tournai la tête de gauche à droite, cherchant à distinguer mon environnement. Les murs étaient tout aussi sombres que le plafond. De ma position, ils me semblaient lointains. J’en déduisis donc que j’étais dans une grande chambre. Sur la droite, une double porte massive en bois verni était close. Non loin de ma position, se trouvait un petit bureau du même bois que la porte. Sur la gauche, une grande fenêtre ouverte laissait pénétrer un faisceau lunaire, seule clarté dans ce royaume obscure. Car même mes draps, probablement de soies tant ils étaient doux, étaient d’un rouge sombre.

Où pouvais-je bien être ? Je cherchais désespérément à me rappeler ce que je faisais la veille, mais mon esprit embrumé me refusa toute réponse. Pire, il me renvoya dans les tréfonds de l’obscurité….


J’ouvris de nouveau les paupières sur le noir ciel. Il faisait jour, à en juger par la clarté solaire qui s’était introduite dans la chambre. Sur ma droite, un homme était assis sur le petit bureau. Je pouvais distinguer son profil.. Ses longs cheveux grisonnants m’empêchaient de voir l’intégralité de son visage, mais d’ici je distinguais son air dur sous ses premières rides. Il devait avoir dans la cinquantaine. Il portait une longue robe sombre. Il avait une plume entre les mains qu’il agitait avec fluidité sur un parchemin.

Où étais-je ? Que faisais-je la veille ? Ces questions étaient toujours dénuées de réponses. À moi les ténèbres…


Cette fois, lorsque j’ouvris les yeux, ils tombèrent sur un visage. C’était l’homme à la robe. À présent que je pouvais le voir de face, je pus distinguer ses yeux d’un gris très clair et ses lèvres fines violacées qui encadraient un nez courbé. Deux de ses doigts étaient posés contre ma carotide. Il prenait mon poul. Il ne vit pas tout de suite que j’étais éveillé.

« Où suis-je ? »

Là, il le vit. Ma voix s’était propulsée dans un souffle. L’homme fut surpris. Il écarquilla grand les yeux.

« Par la Reine ! »

Ses doigts vinrent écarter mes paupières. Il examina mes yeux. Puis, il posa une main sur ma cage thoracique, probablement pour étudier ma respiration.

« Où suis-je ? »

L’homme revint au niveau de mon visage. Il souriait.

« Vous êtes en sécurité, dans la Tour Noire. »

Je ne comprenais pas de quoi cette homme parlait.

« La tour ? Quelle tour ? »

« Le palais de la Reine Noire voyons ! Vous êtes à Omyre. Plus précisément nous sommes ici dans l'aile de Crean Lorener. »
Mon cœur cogna si fort contre ma poitrine que je cru qu’il allait s’arrêter. Le corps poussé par une décharge, je tentai de me relever. Les images affluaient. La tour… Bien sûr cette foutue bâtisse dans laquelle ils nous avaient enfermés. Le bagne maudit… Créan Lorener… Mon anoblissement. Sans ménagement, je poussai l’homme, mais ce fut un effort si grand que je m’écroulai sur le sol

« Sire D’Arkasse, calmez-vous ! »

J’étais tremblant et ma respiration s’accéléra. À chaque bouffée d’air, j’avais l’impression de manquer cruellement d’air. J’étais terrifié. Comme cela m’était déjà arrivé auparavant, je ressentis le besoin de porter mon armure. Il me fallait les écailles du dragon mauve pour éloigner cette peur qui m’envahissait.

« Mon armure ! Je veux mon armure ! » criai-je.

« Pas d’inquiétudes sire, tous vos effets sont en sécurité. »

« Amenez-moi mon armure bon sang !

« Mais vous allez vous calmer ? »


Je sentis les mains de l’homme tenter de m’agripper pour me relever. Je me retournai violemment en lui donnant un coup de coude au visage. Il recula, sonné, les deux mains contre le nez. À présent sur le dos, je me redressai. Mon regard tomba sur mes jambes. Celle de gauche plus exactement. Celle que je n’avais plus et qui était remplacée par une jambe bionique. Tout à coup d’autres souvenirs me submergèrent. Aliaénon, le chien qui m’avait mangé la jambe, la tour d’Orsan. Cette résurgence me provoqua une angoisse si forte que j’en vomis, avant qu’un voile noir ne passe devant mes yeux…

Lorsque j’ouvris de nouveau les paupières, j’avais été remis sur mon lit. L’homme était toujours là, assis à son bureau. Deux individus en armure noire l’accompagnaient. Ils s’étaient postés de chaque côté de la porte.

« Je suis patient ou prisonnier ? »

L’homme releva la tête de son bureau pour me regarder. Il avait l’air sévère sous ses sourcils froncés.

« Vous êtes totalement libre sire d’Arkasse, mais vu votre état, vous n’irez pas bien loin. Ils sont là uniquement si vous voulez me casser le nez une deuxième fois. »

« Désolé… »

Son visage se détendit.

« J’accepte vos excuses. Comment vous sentez vous ? »

Je me relevai pour me mettre en position assise. Je pus le faire avec plus de facilité que la première fois.

« Un peu mieux. »

« N’y allez pas trop fort. Vous êtes resté longtemps dans le coma. »


Je plongeai mon regard dans celui de mon interlocuteur.

« Justement. Expliquez-moi tout ça. J’ai du mal à tout saisir. »

L'homme prit une grande inspiration et se leva de son bureau :

« Vous vous êtes évanoui sur Aliaénon lors de votre mission. On pense que le fluide obscure que contient votre jambe artificielle s’est attaqué à votre organisme, qui n’est pas fait pour être en contacte avec la magie. Il vous a submergé et a bien failli avoir votre peau. Vous avez été rapatrié ici en Omyrie, où nous prenons soin de vous depuis. »

Mes souvenirs étaient un peu plus clairs. Je me rappelais être retourné sur Aliaénon. Je me rappelais de Naral Shaam et puis… plus rien. Je posai une main sur mon visage en secouant la tête.

« J’ai du mal à me souvenir de tout. »

« C’est normal. Ce sont les effets secondaires du fluide obscure. Vos souvenirs finiront par revenir, n’ayez crainte. »

« Combien de temps suis-je resté dans le coma ? »

« Deux ans… »


Je crus que mon cœur avait manqué un battement.

« Vous plaisantez ? »

« J’aimerais. »


Mon cœur commença à s’emballer, comme auparavant. Je sentis ma tête tourner. Tout se bousculait dans ma tête. Deux longues années. J’avais perdu deux longues années de ma vie. L’homme se rapprocha de moi. Il me prit le bras.


« Laissez-moi faire.»


Il s’était muni d’ une seringue qu’il planta dans mon bras. Il y versa son contenu cristallin. Je ne résistai pas. J’avais compris qu’il était là pour m’aider.

« Qu’est-ce que c’est ? » Articulai-je avec difficulté.

« Un calmant. Ça va vous aider."

En effet, je sentis le liquide glisser le long de mon bras et presqu’immédiatement, je me sentis flotter. J’étais détendu. Tant, que je commençai à rire. C’est que la situation était cocasse. Moi, Ezak d’Arkasse, qui me prétendait invincible, indépendant. Moi qui voulait tout leur prendre. Moi qui voulait leur faire payer de s’être, un jour, attaqué à moi. J’avais été mis au ban de ce monde pendant deux longues années durant lesquelles la Reine Noire avait pris soin de moi. Comme lorsque je lui prêtai allégeance dans les sous-sols de cette même tour, j’eus cette désagréable sensation qu’Oaxaca avait fait bien plus pour moi que mes patries respectives. Celles pour qui aujourd’hui, je devais être un traître méritant la mort alors que j’avais essayé de les sauver. Je ne me rappelais que trop bien de ce jour où ils m’avaient emprisonné dans les geôles de Fan-Ming. Mon rire reparti de plus belle. J’avais les larmes aux yeux. J’étais incapable de m’arrêter. Mes nerfs avaient lâché. Quant à mon ange gardien, il me jeta un regard qui exprima tout ce qu’il pensait au sujet de ma santé mentale. Peut-être avait-il raison. Depuis mon passage au bagne, je me considérais au moins comme à demi-fou. Je regrettais presque de ne pas être mort. Cela aurait pu m’éviter de supporter cette vie sur laquelle j’avais perdu tout contrôle.
Modifié en dernier par Ezak le ven. 8 janv. 2021 19:28, modifié 1 fois.

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Ezak
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Re: La Tour Noire, Palais d'Omyre

Message par Ezak » mer. 6 janv. 2021 20:55

Je restai au lit longtemps après mon réveil. Une semaine, voir deux. Après tant de mois alités, mes muscles avaient perdus de leur superbe. J’étais incapable de tenir debout. C’est sur un fauteuil roulant que se firent mes premiers déplacements hors de la chambre. Un serviteur m’avait été assigné. Je lui demandai de me faire faire le tour du propriétaire. Je n’eus pas le droit d’aller partout, mais je pus quand même découvrir une partie de cette aile du palais. Tout ici était dans des tons de rouges et noirs. En guise de décoration, sur les murs, on pouvait trouver de nombreuses armes, ainsi que des tableaux représentant des batailles célèbres. Outre ma chambre et les couloirs, j’eus le droit de fréquenter la bibliothèque ainsi que la salle d’entrainement. Je m'imaginai que Lorener avait l’habitude de s’y entrainer, mais je ne l’y croisa jamais. Lorsque je demandais à le voir, on me faisait une réponse évasive et on me laissait là, comme on faisait avec les enfants. Je ne sus jamais si il était là ou ailleurs. Tout ici transpirait le Premier, mais il ne se manifestait jamais physiquement à mes yeux. Celui que je servais semblait être un mirage.

C’est en tout cas dans la salle d’entrainement que je passai le plus clair de mon temps lorsque je pus me déplacer par moi-même. Cette salle disposait de tout ce qu’il fallait. Fontes, barres, armes, mannequins. Ce qui me permit de me préparer comme il se devait. D’abord, je repris l’exercice physique. Course, pompes, tractions pour l’intensité, étirements et gymnastique pour la souplesse. Chaque jour mes muscles se tonifiaient un peu plus et je les poussaient jusqu’à leurs limites. Puis, après quelques semaines, lorsque je me sentis capable de courir trois marathons d’affilés, je repris le maniement des armes. Toutes. Epées, lances, masses, chaînes. Je ne laissai rien au hasard.
Cependant si je cultivais mon corps, j’en n’oublia pas de nourrir mon esprit. Chaque nuit je me plongeais dans la bibliothèque de Lorener. Il y avait de nombreux livres. Ils tournaient tous autour du sujet de l’art de la guerre. Il y avait des récits de duels fameux, des ouvrages théoriques sur des techniques martiales, des analyses poussées de batailles célèbres. J’avais un pêché mignon pour les livres historiques racontant les plus grandes batailles que ce monde et d’autres avaient connu. J’étais fasciné par ces récits d’escarmouches triomphantes, de tactiques ratées, de situations désespérées qui avaient été réglées par des choix stratégiques parfois osés.

Voilà à quoi se résuma mon séjour de rétablissement. Je vivais ainsi quelques mois. De temps en temps l’on m’informait sur la situation des armées de la Reine. J’écoutais ces rapports toujours sans montrer aucune réaction. Au fond de moi, je ne réagissais pas bien plus. Je faisais de nombreux efforts pour ne pas me préoccuper de ce qui se passait au dehors. Je me connaissais que trop bien. Si je me laissais aller à mes sentiments j’étais capable de vriller. Ma priorité était de retrouver toutes mes facultés en m’assurant que plus jamais mon corps ne sois défaillant. L’homme aux longs cheveux grisonnant, et qui portait le nom d’Hermalk, s’était assuré de cela. Tous le temps que je passai ici, il suivit mon état de santé de façon journalière. Un soir il m’annonça :

« Tout m’a l’air sous contrôle. Vous avez retrouvé votre forme d'antan. Demain, si tout va bien, je donnerais l’autorisation de vous laisser partir. »

« Enfin ! » m'exclamai-je, heureux.

« Cependant, il y a plusieurs choses que vous devez savoir. Maître Lorener m’a ordonné de vous faire passer un test, en condition réel.»

Je levai un sourcil surpris.

« Et quel est la nature de ce test ? »

« Demain vous combattrez à mort dans la salle d’entrainement. »

Cette fois-ci, ce sont les deux sourcils que je levai. J'étais dépité.

« Sérieusement ? »

« Oui. Mais je n’ai aucun doute sur le fait que vous vous en sortirez. »

« Tss…Moi non plus. Et c’est pas tant le problème. C’est juste que je pensais avoir déjà fais mes preuves dans le bagne. Lorener m’a choisi. Et aujourd’hui il veut de nouveau me tester ? Je n’en vois pas l’intérêt.»

« Comprenez. Vos deux missions sur Aliaénon ont étés des échecs à cause de pépins physiques. Ces même problèmes vous ont obligé à rester inactif depuis plus d'une paire d'année maintenant. Nul ne sait plus ce que vous valez. Malgré tout cela, il vous a hébergé, fait soigné, entretenu... Maître Lorener veut probablement s’assurer qu’il continue à miser sur le bon cheval."

« Hm… »
repondis-je simplement, blasé par cette situation. J’en avais plus que marre de toujours devoir prouver ma valeur aux autres. Cela me mettait en position de demandeur et je détestais cela. De plus, pour être totalement honnête, entendre parler de moi de façon si négative avait tendance à blesser mon amour-propre.

« Cependant faîtes attention. Votre adversaire sera motivé. C’est un des favoris de Lorener. Si il vous bat il est prévu qu’il prenne votre titre. »

Je pouffai de rire, amer.

« Rien que ça ! Vous le connaissez ? »

« Cela fait quelques années qu’il fait partie de l’armée. On dit qu’il est très doué. Il a quelques faits d’armes à son actif qui pourraientt faire rougir un gradé. Son nom est de plus en plus prononcé dans les rangs de l’armée. »

J’opinai du chef lentement en écoutant cette énumération de qualités. Contrairement à ce que prétendait Hermann, il y avait de quoi être inquiet à l’écouter. J’étais un brin vexé d’être comparé et je comptais bien rendre le type minable.

« Il se nomme… »

« Peu importe ! » coupai-je sèchement. « Demain tout le monde l’aura oublié. »

Bien sûr, derrière mon apparente confiance j’étais quelques peu nerveux. Cela faisait si longtemps que je n’avais pas pris les armes.

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Ezak
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Re: La Tour Noire, Palais d'Omyre

Message par Ezak » jeu. 7 janv. 2021 03:14

Le lendemain, l’on vint m’équiper. Deux hommes étaient chargés de m’aider à mettre mes équipements. Lorsque je vis ces hommes arrivés chargés de mes effets, un sourire s’étira sur mon visage. Certains d’entre eux avaient été obtenue au prix de beaucoup de sang, de larmes et de sueur. Ils étaient pour la plupart d’entre eux liés à mon identité, à celui que j’étais devenu. Ces armes, ces armures, ces triomphes. C’était tout cela Ezak D’Arkasse.
J’eus un immense plaisir à ressentir les pièces de l’armure du dragon mauve être sanglées contre mon corps. Je pus directement en ressentir le pouvoir. Mes dernières anxiétés s’étaient envolées. Je n’avais plus une once de peur en moi. Cela dû se sentir dans l’intensité de mon regard. J’étais déjà de nature confiante, mais munie de mes écailles noires, j’avais l’impression que je pouvais m’accaparer de ce monde si je le voulais. Je vérifiai l’état de mes armes. Ils avaient bien été entretenus. Pourtant, j’exigeai de pouvoir les huiler par moi-même avant de les remettre dans mes fourreaux. C’était pour moi comme un rituel. Je reprenais possession de mon destin. Mais si je devais être tout à fait franc, c’était surtout mon côté maniaque qui s’exprimait.
Hermalk vint me chercher aux portes en milieu de matinée. Bardé de tout mon équipement, je me mis à le suivre dans les couloirs. Il régnait une ambiance étrange en ce jour. Les lieux étaient habituellement fréquentés par des gardes qui allaient et venaient. Mais ce jour en particulier, il régnait un calme troublant. Lorsque nous arrivâmes dans la salle d’entraînement, je compris. Je fus surpris de découvrir qu’une vingtaine d’individus y étaient rassemblés, tous humains. Je tournai un regard interrogateur vers Hermalk.

« Des curieux… Sans doute qu’ au travers de l’un de ceux-là, les yeux du Premier traîneront par ici.»

Je ne sus si je devais prendre la dernière information au sens propre, mais je décidai de ne pas m'en formaliser. Je secouai tout de même la tête dans un soupir agacé. L’idée de jouer la bête de foire ne me plaisait guère. Mais puisqu’ils étaient venus voir du spectacle, je comptais bien leur en donner… Je cherchai mon adversaire du regard. Il était là, au milieu de la salle, vêtu d’une armure de cuir noire. Dans une main, il avait une rapière finement travaillée, dans l’autre un bouclier rond. Il avait les cheveux noirs coupés courts et secs au niveau des oreilles. Il devait avoir la trentaine. Ses yeux noirs étaient illisibles. Il me regardait patiemment sans dire un mot. Je le jaugeai un instant. Il transpirait d’une telle confiance en lui que je m’en méfiai directement. Je m’approchai et m’arrêtai à quelques mètres de lui. La voix d’Hermalk s’éleva dans l’espace :

« Bien ! Je ne vais pas faire de discours inutile. Vous savez ce que le maître attend de vous alors… Commencez ! »

Je fus surpris par la rapidité avec laquelle les choses sérieuses commencèrent. Si bien que je n’eus pas le temps de dégainer mes armes que l’adversaire s’élançait déjà vers moi. Dans l’urgence, je sortis mes lames, mais elles eurent à peine le temps de quitter leur fourreau pour parer la lame de sa rapière dans un bruit de métal caractéristique. Je tentai une contre-attaque de mes deux lames, malheureusement trop brouillonne pour inquiéter mon adversaire, qui la para facilement de son bouclier. Sa rapière vint alors fendre l’air à l’horizontale ce qui m’obligea à me baisser. Les jambes fléchies, il me fut impossible d’éviter le coup de bouclier qui vint s’écraser contre ma face. Je reculai de quelques pas sous la force de l’impact. Agacé par la douleur qui se répandait sur mon visage et aussi par mon erreur de débutant. Bien sûr, le bouclier pouvait aussi faire office d’arme et je ne l’avais pas pris en compte. Je m’étais bêtement laissé surprendre.
Nous étions à nouveau séparés de quelques mètres, chacun de nous en position de garde. Je temporisai pour reprendre mon souffle et j’attaquai à mon tour. Je pris mon élan et envoyai un coup d’estoc en direction de mon adversaire. Bien entendu, son bouclier vint se placer sur la trajectoire. Je m’attendis à la contre-attaque que je parai de mes deux lames. Puis, je levai mon sabre au-dessus de ma tête pour frapper, mais c’est un coup de la garde que j’envoyai valdinguer dans le nez de l’adversaire. Surpris, il ne put rien faire pour l’arrêter et il fut obligé de reculer, le nez ensanglanté.

(maintenant, nous sommes à égalité.)

Je laissai un sourire se dessiner sur mon visage, taquin. Je goûtai avec satisfaction de voir mon ennemi pester en recrachant le sang qui s’était infiltré dans sa bouche. De rage, il s’élança vers moi. Je me préparai à contrer un coup de rapière, mais je fus quelque peu surpris de me faire charger à l’aide du bouclier. Lorsqu’il vint s’écraser contre mes deux lames, il me propulsa si fort en arrière que j’en tombai à la renverse. L’ennemi tenta d’en profiter. Il abattit sa lame en direction de mon corps, mais j’esquivai en roulant sur le côté. En me redressant sur mon séant, je tentai de lui trancher les jambes d’un coup horizontal. Il évita en sautant verticalement. En suspension, il ne put esquiver ma deuxième attaque lorsque mon épée s’abattit sur son flanc. Sa protection de cuir lui sauva la vie, mais elle ne le protégea pas assez pour éviter une belle entaille dans sa chair. Il l’a reçu dans un cri de douleur. Elle provoqua chez lui un mouvement réflexe dans lequel il parvint à me planter sa rapière dans la cuisse. Un râle de douleur s’échappa de ma bouche au même instant où je me pris un revers de bouclier si puissant que mon corps parti en déséquilibre sur quelques mètres. Lorsque je pus retrouver ma stabilité, je fus surpris de voir le bouclier de l’homme, tel un disque, volé dans ma direction. Par réflexe, je me protégeai de mes bras. Je reçus l’objet métallique de plein fouet ce qui me fit perdre de nouveau l’équilibre sur quelques mètres. Mais cette fois, je fus arrêté par un choc dans mon dos.

( Merde ! Le mur ! )

Lorsque je relevai la tête, je constatai que l’adversaire me chargeait déjà. Mais cette fois, c’est sa rapière qu’il pointait en direction de mon torse. Dans un ultime réflexe, j’activai le pouvoir sombre de ma jambe. Je ressentis comme une sensation de froid partir de mon membre et grandir en moi. Alors, la rapière me traversa et alla s’écraser dans le mur derrière moi. Je m’étais changé en volutes d’ombres. Je n’avais plus de prise avec le monde physique. J’eus le temps de voir l’expression surprise de l’aspirant-sergent avant de le traverser pour me retrouver quelques mètres dans son dos. Alors je pris mon élan, et grâce au pouvoir de mes bottes, je filai avec la vitesse d’un pur-sang vers mon ennemi. À peine s’était-il retourné que j’arrivais déjà sur son corps, les lames pointées vers l’avant. Je quittai mon habit d’ombre et repris consistance pour le transpercer avec violence de mes deux armes. Le regard plein de rage, je me délectai de sa dernière expression de douleur avant repousser son corps sans ménagement d’un coup de pied contre le mur. Le corps de l’homme s’effondra lourdement sur le sol, sans vie.
Il semblait que le poste de sergent n’était plus à pourvoir, faute de candidat.

Il y eut un grand silence lorsque le combat se termina. Les « curieux » ne commentèrent pas, n’applaudirent pas, ils ne montrèrent même aucune déception. Comme s'ils avaient l’habitude de ce genre de spectacle, ils s’étaient contentés de prendre la direction de la sortie sans un bruit.
Hermann s’approcha de moi et me tendit une missive.

« Beau combat ! Voici vos instructions. »

Je la lus rapidement. Crean Lorener exigeait que je rejoigne le siège dans les plaines de Kôshii. Je n’en demandais pas mieux.

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