[Partie 1 - Chapitre I - Suite - Précédent post à la taverne du Gars'Rock ]
En sortant du Gars’Rock, je pris la direction de l’académie, détaillant au passage la ville que je n’avais encore parcouru que de nuit. Point d’étape important pour les armées du royaume, Luminion était une ville dynamique construite dans un pur style montagnard. A voir ses larges rues dégagées, et ses façades soigneusement entretenues, on devinait aisément que le complexe militaire concourait au maintien de l’ordre et à la prospérité de la ville. Au nord, vers la porte d’Ynorie, la silhouette massive des montagnes envahissait l’horizon, marquant la frontière du royaume. Je trépignais à l’idée de franchir un jour ces montagnes, en chasse d’un ennemi sinistre et perfide.
La vie allait bon train en ce début de journée, commerçants et civils cheminant vers la place centrale pour y faire le marcher. J’avais déjà visité Luminion, accompagnant mon père ou ma mère en diverses occasions. Ces occasions furent néanmoins trop rares pour acquérir une réelle connaissance de la ville. Aussi dussé-je demander le chemin à suivre pour rejoindre l’académie.
On m’informa qu’elle était située non loin de la place centrale, quelques minutes de marche devraient m’y mener promptement. Néanmoins, à mesure que j’en approchais la foule s’épaississait, si bien que le flot ralentis. Mal à l’aise au milieu de cette foule qui s’agglutinait au centre de l’allée principale, j’entrepris de remonter cette file par le côté de la voie. Pendant mes jeunes années campagnardes, j’avais de plus toujours été habitué à marcher à bon pas.
Focalisé sur cet objectif, je sentis, au moment où je m’extrayais du cortège de passant, un étau froid et humide envelopper mon mollet droit. Ce dernier baignait à présent dans le caniveau, d’où s'écoulait un flot d’eau, intense en cette période de fonte des neiges. Mes ambitions refroidies, je tirai mon pied de l’eau, sous le regard narquois des quelques badauds qui avaient assisté à ma pitoyable tentative et rejoignais docilement le mouvement.
Au terme d’une sempiternelle marche, je dépassais la place centrale, pour finalement atteindre l’enceinte du complexe militaire. Aux alentours cheminaient de plus en plus d’hommes en arme, ou à l’allure de hauts fonctionnaires. Tandis que j’approchais de l’entrée, un détachement d’homme armes en sortis se dirigeant au nord. La dizaine d’hommes semblait chichement équipée. Chacun arborait une armure légère en cuir et les mouvements de leurs longues capes laissaient entrevoir une simple épée sur leur flanc.
(Sûrement de la piétaille, trop fébrile pour manier un équipement digne de ce nom).
Les hommes, aux visages sérieux et fermés m’eurent bientôt dépassé. Me retournant pour suivre leur départ, je découvrais les carquois et arcs qu’ils portaient dans leur dos.
(Ha ha! Pire, ce sont des archers. Une bande de couards, habituée à rester bien planquée derrière le front!)
« Hé toi là, au milieu de la route ! Lambine pas par ici, tu gènes le passage, alors débarrasse le plancher ! »
L’un des gardes à l’entrée du complexe venait de m’arracher de mon songe, interrompant ma brillante analyse. Je repris mon chemin vers l’académie et arrivai à hauteur du garde.
« Qu’est ce qui se passe, le pécore ? Je te préviens, si je devais donner l’aumône à tous les traînes savates qui se pointent dans le coin je serais à la rue ! Alors essaye pas de me taxer des yus. »
« Heu non, pas du tout messire, en fait je cherche l’académie. Je viens pour m’enrôler dans l’armée.»
«Ha ha ha ! Un freluquet comme toi dans l’armée ! Enfin, ils ont besoin de bras en ce moment. Même toi, tu auras ta chance. Continue sur cette route, jusqu’à la vielle bâtisse en pierre. Le bureau de recrutement est situé à son entrée. »
« M... Merci.»
Quelques minutes plus tard, j’arrivais devant la bâtisse de pierre. L'édifice était clos par une porte massive en bois, qui laissait passer les éclats étouffés d'une voix. Bien que n’arrivant pas à distinguer ses propos, j’estimais qu’elle devait appartenir à un instructeur passablement énervé. Sur le côté, l’embrasure d’une plus petite porte donnait sur ce que je devinais être le bureau des recrutements.
[La suite à l’académie de Luminion]