L'Académie Militaire

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Yuimen
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L'Académie Militaire

Message par Yuimen » mer. 27 déc. 2017 17:16

L'académie militaire


Si Bouhen est géographiquement bien éloignée de la frontière avec l'empire Oaxien, il n'en demeure pas moins que les armées Kendranes ont grand besoin de recrues. Voilà près de treize siècles, la ville était un important avant-poste conçu pour contrer les raids Garzoks, cette tradition martiale s'est perpétuée et Bouhen demeure un centre militaire important. Ainsi, comme dans chaque ville du royaume, une académie accueille et forme tous ceux qui souhaitent prendre les armes pour défendre leur patrie.

Afin d'offrir une structure appropriée aux entraînements, une vaste aile de la commanderie, proche de l'armurerie, sert à la fois de caserne et de lieu de formation. Les vétérans y forment les jeunes recrues et leur transmettent les techniques militaires de base ainsi que celles propres à l'armée Kendrane. Outre cela, les aventuriers pourront trouver ici des maîtres efficaces qui leur transmettront leur savoir, moyennant espèces sonnantes et trébuchantes bien sûr, la guerre coûte cher au royaume.

Il va de soi que des êtres ouvertement affiliés à Oaxaca seront promptement jetés dans les cachots et que les étrangers n'auront guère de chances d'observer les manoeuvres stratégiques des troupes Kendranes mais, pour le reste, l'académie est ouverte à tous ceux désireux de se former aux arts de la guerre.

Vous trouverez trois maîtres en ces lieux:

Gaston Marthal (CC sans armes):

Gaston est un Kendran de taille moyenne largement couturé de cicatrices. Blond comme les blés, il arbore systématiquement une mine revêche et s'exprime de manière abrupte, privilégiant toujours l'efficacité brute aux circonvolutions oiseuses. Âgé d'une quarantaine d'années, il aurait servi le royaume comme espion durant près de deux décennies avant de se recycler comme enseignant suite à une sombre affaire l'ayant conduit à passer plusieurs mois dans les prisons d'Oranan.


Firen Zathaskov (CC avec armes):

Firen est un colosse Kendran d'une trentaine d'années, chauve et légèrement bedonnant. Ses paupières tombantes et son air flegmatique donnent l'impression qu'il est lent et pas très futé, un aspect dont il joue avec maestria pour tromper ses adversaires. Bien plus vif que sa corpulence ne le suggère, il se bat comme on joue aux échecs, en réfléchissant plusieurs coups à l'avance. Bien qu'il ne soit pas très loquace, c'est un être aimable qui n'aime rien tant que finir la journée en ripaillant. Il est capable d'ingurgiter des quantités prodigieuses d'alcool sans manifester la moindre ivresse et sera à son poste dès l'aube. Gare à celui qui, ayant festoyé en sa compagnie, ne serait pas à l'heure le lendemain matin, la ponctualité est une seconde nature pour Firen.


Gérald "cinq haches" (CC armes de jet):

Ce Kendran originaire du village d'Alkil a gagné son surnom alors qu'il parcourait les routes comme artiste de cirque dans sa jeunesse. Son rôle consistait à lancer ses armes favorites sur une cible tournante où était attachée une jeune femme, ce qu'il faisait avec une précision redoutable. Malheureusement, sa troupe fut anéantie par un raid Garzok aux environs d'Oranan et Gerald, seul survivant, jura de se venger. Il s'engagea dans l'armée Kendrane et, au fil des ans, gravit les échelons jusqu'à commander une unité des archers royaux. Il s'illustra lors de la troisième bataille de Stanrock en causant de terribles ravages dans les rangs ennemis avec sa compagnie qu'il avait su placer à un point stratégique crucial. Après cette bataille, Gerald qui commençait à se faire vieux se sentit las des massacres et des nuits à la dure que connaissent tous les militaires en campagne. Soldat expérimenté, il fut donc engagé comme instructeur à l'académie de Bouhen et y enseigne désormais ses connaissances.


Fonctionnement :
  • Les CC peuvent être apprises ici automatiquement contre 500 yus OU servir de lieu d'apprentissage naturel.
  • La validation se fait lors de la demande de commentaire (via le SOS-GM).

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Xël
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Re: L'Académie Militaire

Message par Xël » ven. 16 oct. 2020 14:43

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La cité fortifiée a aux premiers abords l’apparence que je m’imaginais. Les remparts sont illuminés et armés, parcourus par des sentinelles attentives au moindre mouvement. Des portes impressionnantes et paraissant incassables sont enchâssés dans la pierre grise des murs de la cité, donnant sur une vaste allée aux pavés blancs, éclairée par des braseros, qui s’enfonce vers le fond de la cité. Dans la pénombre se dessine la forme des bâtiments révélées par la danse virevoltante des flammes. En parcourant ce boulevard nous arrivons à une large bifurcation, à gauche la voie s’élargit pour former une place encore éclairée où se tiennent de nombreux stands qui sont fermés étant donné l’heure tardive. A droite la route se rétrécit mais reste tout de même assez large pour avaler un chariot flanqué de deux cavaliers. C’est la voie que le convoi emprunte et je devine qu’il mène au bâtiment impressionnant de plusieurs étages et semblant occuper une vaste place au sein de la ville. Entre ces deux passages j'en remarque un troisième, discret, qui s’enfonce dans l'obscurité. Plus nous avançons plus les rues se dégradent et je n’ose imaginer l’état des ruelles non éclairées qui parcourent la cité.

Comme je l’avais deviné nous avançons jusqu’au large bâtiment parés des étendards de la cité et du royaume. Il est encore plus grand que je le pensais, occupant la quasi-totalité de la rue jusqu’au port que je devine aux bruissements des vagues et l’odeur saumâtre qui vient du bout de l’allée. J’apprends qu’il s’agit de la caserne servant également d’académie militaire, d’armurerie et de forteresse.

Nous passons la herse sous bonne surveillance pour mettre pied à terre dans une large cour en terre battue où sont placés des cibles, des mannequins d’entraînements, des râteliers et tout ce qui peut servir à la formation d’un soldat. Rapidement, les recrues sont séparées des autres tandis que des hommes de Bouhen se chargent de décharger le matériel, d’emmener vers l’infirmerie les blessés les plus graves et les morts. En repensant à l’état dans lequel je me trouvais après mon altercation avec l’Ombre et celui des hommes et femmes qui sont menées à l’infirmerie, je ne peux m’empêcher de me demander quelle quantité de magie a été dépensé pour me remettre sur pied, sacrifiant de ce fait d’autres blessés.

Nous sommes menés vers l’aile où se trouve la caserne, composée de plusieurs étages composés eux-mêmes de plusieurs dortoirs, de salles de repos, d’une cuisine, d’une immense salle où sont servis les repas et de salles d’eau pour la toilette. La visite est succincte et nous croisons seulement quelques gardes qui patrouillent dans les couloirs, le reste des soldats en repos étant endormis. Finalement les hommes et les femmes sont séparés pour rejoindre les quartiers non mixte et Trieli ne se gêne pas pour me lancer un dernier regard hostile avant de partir. Notre guide nous mène enfin aux dortoirs des recrues situés au premier étage, il sépare les trente recrues masculines de notre convoi en deux et nous rejoignons chacun une pièce contenant au moins quarante lits dont certains sont déjà occupés. Les recrues déjà présentes sont d’ailleurs réveillées sans aucune douceur et se mettent au garde à vous devant leurs couches en quelques secondes. Les moins agiles se viandent en essayant de descendre rapidement des lits superposés ce qui ne manque pas de faire ricaner Ed. Par chance je me suis retrouvé dans le même groupe que mes compagnons de route, Cwen me fait d’ailleurs signe d’une main en camouflant un bâillement de l’autre, Thonas croise les bras en regardant avec dédain et un sourire méprisant ceux qui sont tombés et Chet, lui, semble encore plus fébrile que pendant notre voyage.

Une fois que tous sont en place devant leurs lits, notre guide nous ordonne de choisir rapidement les nôtres. Quelques chuchotements s’élèvent mais l’ordre de le faire en silence ramène rapidement le calme dans la pièce. Je choisis avec peu d’enthousiasme, les lits étants tous identiques, une couche à côté de celle d’une recrue déjà présente. Il me jauge des pieds à la tête avec un drôle d’air avant de m’ignorer. Chet prend le lit au dessus du mien, juste à côté s’installent Thonas et Ed, Cwen lui occupera le lit suivant en compagnie d’un garçon un peu grassouillet au visage rouge qui le supplie par signe d’avoir le lit du bas. Je pose mes affaires sur le lit que j’occupe comme l’ordonne notre guide; mon sac, mon armure et mon bâton avant de prendre place devant comme le font les autres. Nous restons immobiles, éclairés simplement par la lanterne de notre guide et la lumière de la lune qui traverse les petites fenêtres de la pièce. Soudain la porte s’ouvre brusquement, laissant pénétrer un homme à la peau pâle et aux cheveux châtains coupés courts. Son visage m’est familier de même que ses yeux d’une couleur bleu clair. Il se dresse de sa formidable hauteur qui est sensiblement la même que Danwil, large d’épaule, les bras imposants, les jambes longues, il nous scrute l’un après l’autre avec un regard dur comme l’acier. Finalement il avance d’un pas, puis d’un autre en inspirant un grand coup avant de s’exprimer d’une voix grave, pleine d’assurance et d’un ton dur témoignant de son inflexibilité. Il se présente comme étant le Capitaine Nathanaël Christo, responsable de la formation des nouvelles recrues. Il s’avance dans la pièce, passant devant nous en nous fixant d’un regard accusateur tout en expliquant le programme des mois à venir, des règles à respecter, des emplois du temps à tenir. En passant devant moi et Chet il précise qu’il ne supporte ni la lâcheté, ni le manque de discipline. Je pense d’abord qu’il s’adresse directement à moi, comme il cesse d’avancer pendant un instant, en référence à mon petit coup de sang pendant l’embuscade du convoi. Pourtant c’est Chet qu’il fixe d’un regard sévère. Je comprends soudainement pourquoi le visage du capitaine m’est si familier, il ressemble quasiment traits pour traits à celui de mon camarade qui pâlit d’avantage et peine à retenir ses larmes face à la présence oppressante de... son père ? Non, trop jeune, il doit être à peine plus âgé que moi. Un frère sûrement. Il fait une grimace méprisante face à la détresse de Chet puis glisse un regard inquisiteur vers moi avant de poursuivre son chemin en continuant son monologue. Je hausse un sourcil une fois qu’il a le dos tourné pour m’assurer que mon voisin se porte bien. Il fixe le sol, les épaules tremblantes, le visage déformé par la tristesse, la honte et la peur.

« Est-ce que c’est toi Mathéron ou est-ce que c’est moi ? »

Plaisante Ed juste à coté à voix basse en prenant une fausse voix grave, se moquant du capitaine en le comparant à un général légendaire. Quelques ricanements étouffés s’élèvent de la ligne de lits avant que le silence ne retombe quand le capitaine s’exclame d’une voix tonitruante.

« Qui a dit ça ?! »

Christo revient si rapidement que je me demande l’ombre d’un instant si il est aussi capable d’ouvrir des portails. Il survole le parquet à grandes enjambées pour se dresser face à moi et plonger son regard dans le mien. Je plisse les yeux et sens une face ahuri se dessiner sur mon visage.

« C’est vous Almaran ? Vous pensez pouvoir faire le malin ? »

Sa voix est forte mais son ton est étrangement serein.

« Non monsieur. »

Son poing percute mon ventre, me coupe le souffle et me fait tomber à genoux. Le coup est aussi fort que celui que Sirat m’a infligé à Ouesseort.

« Capitaine ! » corrige t-il « Je vous conseille de vous tenir tranquille lors de votre formation ou je me ferais un plaisir de vous sortir moi même de cette cité.»

« C’était moi Capitaine. »

Avoue Ed, le visage crispé, prêt à subir la colère de notre supérieur. Celui-ci darde un dernier regard vers moi avant de se détourner pour s’approcher d’un pas lent vers le responsable de mon malheur et se poster face à lui. Ed étant plus grand que moi ou Chet, la sensation d’écrasement est moins impressionnante, mais l’énergie que dégage le capitaine dans sa posture et sa manière de s’exprimer suffit à intimider la recrue qui retient son souffle.

« J’apprécie ton courage. Quel est ton nom ? »

« Edward Pherroc Capitaine ! »

« Combien tu mesures ? »

« Je dirais au moins un mètre quatre vingt Capitaine »

« Jamais vu un tas de fumier aussi haut. »

« Vous n’avez jamais rencontré mon père alors.»

Réponds Ed sans se démonter avec son cynisme habituel. La réponse ne se fait pas attendre et il tombe à genoux à son tour en se pliant en deux, tenant son ventre de sa main qui n’est pas prisonnière de l’attelle. Ma poitrine se fait plus douloureuse, me rappelant la blessure que j’ai subi quelques jours plus tôt. Je me penche encore en avant jusqu’à ce que mon front touche le plancher en cherchant à happer de l’air comme un poisson hors de l’eau.

« Cessez vos clowneries recrue Pherroc. Nous sommes loin du cirque d’Exech. La prochaine fois je me ferrais un plaisir de vous faire un nez tout rouge. Et relevez vous Almaran, la serpillère est déjà passée. »

Il reprend sa patrouille entre les lignes de recrue tandis que je me redresse avec difficulté.

« L’entraînement commencera après demain, cela devrait laisser assez de temps, même aux plus stupides d’entre vous, de prendre leurs marques au sein de la caserne... »

Il se poste devant la porte et pointe son regard vers Chet, Ed et moi.

« Vous, je vous ai à l’oeil. »

J’ai la sensation que les prochains mois vont être difficiles.


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Xël
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Re: L'Académie Militaire

Message par Xël » ven. 16 oct. 2020 15:00

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« C’est bon. Sortez-le de là. »

Je me réveille doucement d’un sommeil sans repos, accroché de mes ongles nus dans la terre humide pour ne pas être allongé dans la boue froide. Je ressens le frais matinal, le soleil n’est pas encore levé mais il doit être tôt, très tôt. Christo a une dent contre moi, c’est certain, pour m’avoir balancé au fond de ce trou simplement pour ne pas avoir été présent à l’arrivée du convoi. Une échelle de bois tombe dans le puit assez large pour accueillir trois ou quatre personnes de mon gabarit.

« Dépêchez-vous Almaran ! »

Ordonne le capitaine pour que je presse le pas. Le simple fait d’extirper mes doigts de la terre me fait perdre l’équilibre, mes genoux et mes mains plongent dans la boue sous les rires gras des soldats qui me regardent de là-haut. J’attrape un barreau de l’échelle pour me hisser dessus et monter durement jusqu’au sommet. Une fois hors du trou je suis escorté jusqu’aux dortoirs où on me laisse me reposer avant d’entamer la première journée d’entraînement. Je titube d’épuisement jusqu’à mon lit pour m’y effondrer, mes yeux se ferment et je sens mon corps partir vers un sommeil bienfaiteur jusqu’à ce que, quelques secondes plus tard, la porte du dortoir s’ouvre avec fracas, cognant dans le pied du lit le plus proche et provoquant un bruit qui me fige le cœur. L’instant d’après c’est le son du clairon qui sonne tandis que tous bougent autour de moi pour se lever du lit. Le capitaine se tient dans le cadre de la porte en beuglant de nous dépêcher, je me dresse à mon tour et croise son regard cruel et satisfait. Quel enfoiré. Je me lève et use de toute ma volonté pour ne pas arriver le dernier à sa hauteur. Heureusement une autre recrue tombe de son lit ce qui me donne une légère avance que Christo n’apprécie pas. Il me grogne dessus avant de faire des remontrances à celui qui est tombé. Ouf, un moment de répit pour moi.

Nous gagnons l’extérieur et mes vêtements mouillés rendent le froid encore plus mordant. Chet m’observe avec un regard à la fois attristé et apeuré, je calme mes claquements de dents pour lui offrir un sourire rassurant.

« On dirait que le Capitaine t’as à la bonne. »

« Silence dans les rangs ! »

Ordonne un sous-officier tandis que Thonas me lance un sourire arrogant accompagnant sa remarque. Nous nous alignons dans la cour intérieur jusqu’à ce que le capitaine sorte à son tour, à la suite du dernier sorti de son lit, essoufflé et rouge écrevisse. L’officier déclare sans attendre que le matin sera dédié aux séances d’exercices physiques et nous ordonne de courir sur le champ. Les recrues se mettent lentement en branle, formant des pelotons désagrégées où les plus rapides prennent la tête. Thonas et Trieli font d’ailleurs partie des premiers. Quant à moi j’ai beau faire de mon mieux, la fatigue me rattrape et tous commencent à me dépasser. Je suis rapidement essoufflé et seul la volonté de ne pas retourner dans le trou me permet de ne pas m’arrêter de courir. Je suis si lent que la tête de cortège me rattrape. Trieli passe à côté de moi avec un regard moqueur. Entre deux souffles contrôlés elle me glisse que j’étais plus rapide quand je me suis enfui de sa demeure puis après avoir jeté un regard par dessus son épaule elle glisse sa jambe devant la mienne. Mon tibia cogne contre son mollet et je sens tout mon corps basculer tandis que le sien s’éloigne. Je m’écrase sur la terre battue et mes bras ne parviennent pas à amortir ma chute. Ma joue, mes coudes et mes genoux encaissent le choc, raclent contre le sol. La douleur de ma blessure au flanc infligé par l’Ombre se réveille également, éclipsant toutes les autres. J’entends le Capitaine m’ordonner de me relever et Trieli se moquer que c’est la place des piquets d’être plantés dans la terre. Cette dernière réplique me met hors de moi et si je me laissais aller je pourrais balayer toutes ces personnes autour juste pour calmer ma colère. Heureusement je parviens à me contrôler, je pousse des râles de douleurs pour me redresser sur mes genoux ouverts, je pose une main contre mes côtes pour compresser la douleur comme si ça pouvait l’atténuer.

« Déjà à bout de force Almaran ? Comment comptez-vous survivre sur un champs de bataille ? »

J’inspire et expire lentement avant de me mettre à tousser, d’un revers de manche j’essuie ma joue éraflé et fait tomber les petits graviers incrustés dans la plaie. Je respire par grosses saccades avant d’entreprendre de me relever, d’ignorer la douleur pour me dresser, me tenir droit, la poitrine bombée et le menton levé. Je dirige mon regard brûlant vers le capitaine qui ne semble pas apprécier ma provocation. Je reste dans cette position quelques secondes, soutenant son regard noir qu’aucune recrue n’ose interrompre. Ils s’écartent en me croisant pour ne pas se retrouver entre nous deux. Finalement, je reprends ma course, difficilement, une main serrant mon torse et l’autre se balançant pour m’éviter de perdre l’équilibre. Je cours ainsi pendant de longues minutes jusqu’à ce que Nathanaël nous ordonne d’allé manger.

Nous gagnons le réfectoire; large salle meublée de tables et de bancs, située à côté des cuisines qui tournent depuis très tôt. Au menu, une sorte de bouillie de céréales, de lait et de fruits écrasés. C’est loin d’être mauvais mais c’est visuellement peu appétissant. Affamé mais épuisé, j’avale quelques bouchés avant de m’endormir à table. C’est un coup de coude de Cwen qui me maintient éveillé.

« Je ne ferais pas ça si j’étais toi. Je suis sûr qu’il n’attend que ça. »

« Tu devrais reprendre des forces, la journée ne fait que commencer. »

Enchérit Ed, la bouche encore pleine.

« Ce qu’il me faut c’est dormir un peu. »

« Tu espère vraiment qu’il va te laisser fermer l’œil sans rien dire ? »

Je masse mes paupières jusqu’à voir des étoiles. La fatigue m’empêche de réfléchir.

« Le Héros d’Aliaénon, mit en difficulté par une nuit difficile. »

Se moque Thonas à qui je rétorque poliment d’aller se frotter contre un arbre avec un regard noir.

« Le manque de sommeil te rends grognon Almaran. »

Dit-il en pointant sa cuillère dans ma direction avec ce fichu sourire arrogant. Je lui ferais bien ravaler mais je sens le regard du capitaine sur moi. Il guette le moindre geste qui lui permettrait de me punir encore. Chet ouvre la bouche pour déclarer de sa voix inquiète.

« Il va tester nos limites, à tous. Il va s’acharner jusqu’à ce que tu craques ou que tu lui prouves que tu es quelqu’un de valeur. Je pensais qu’il s’en prendrait d’abord à moi mais tes faits d’armes lui donnent un défi plus attirant que juste m’humilier. »

« C’est ton cousin ou un truc comme ça ? »

Demande Ed’, la bouche toujours pleine provoquant chez Thonas un agacement non dissimulé.

« Vide ta bouche ! C’est insupportable ! Tes parents ne t’ont pas appris les bonnes manières ? »

« Si, bien sûr. J’ai eu un père alcoolique qui m’a inculqué les bonnes valeurs. »

« C’est mon grand frère. »

J’avais deviné juste, Chet et le capitaine sont de la même famille et visiblement ce n’est pas la grande entente entre eux même si mon camarade ne semble pas avoir envie d’en dire plus. Il s’inquiète en revanche quand je porte une main à mes côtes en grimaçant.

« Est-ce que ça va ? »

« C’est le coup que j’ai reçu contre l’Ombre, j’étais censé rester tranquille.»

« Tu devrais aller à l’infirmerie. »

« Ca ira. J’ai connu pire. »

C’est rien de le dire. D’ailleurs en terme de fatigue aussi j’ai connu pire. Notamment dans la foret d’émeraude à rester éveillé et immobile pendant trois jours tandis que les harpies s’acharnaient à défaire le titan. Thonas a en partie raison, je ne peux pas me permettre d’être si faible pour une simple nuit passée dans un trou boueux. Je saisis ma cuillère pour engloutir le contenu de mon bol.

Quand le petit déjeuner se termine nous retournons à l’extérieur et l’entraînement reprend. On nous ordonne de courir lentement puis rapidement, de nous jeter à terre, de ramper, d’effectuer une série de pompes, de se relever, de sauter, de s’accroupir, tout ce qui peut remuer nos estomacs pleins sous l’étroite surveillance du capitaine et de ses acolytes. Les plus fragiles ne tardent pas à rendre leurs petits déjeuners, rependant dans la cour une étrange odeur de céréales, de lait caillé, de fruits et de bile. Je tiens le coup, péniblement, bien que je sois plusieurs fois repris pour ma lenteur à effectuer les mouvements demandés. Quand la séance se termine nous sommes tous rouges écarlates, essoufflés. Il nous est permis de faire une pause de quelques minutes, de s’hydrater aux seaux d’eaux à notre disposition.

Les soldats sortent également du réfectoire pour commencer le même entrainement qu’ils effectuent avec une simplicité impressionnante. La cour intérieur se remplit et se divise naturellement entre l’infanterie, l’artillerie et la cavalerie. Notre entraînement reprend, nous sommes séparés en deux lignes qui se font face. Je me retrouve face à un inconnu aux cheveux bouclés et à l’air hagard, grand et costaud. Les instructions sont données, se battre face à l’adversaire en face de nous, le mettre à terre et passer à l’adversaire suivant. Le coup de sifflet est donné, mon adversaire s’avance vers moi, sans magie je doute de mes chances. En quelques secondes je mords la poussière après m’être prit un coup dans l’estomac. Je me redresse en gémissant tandis qu’un autre inconnu se place face à moi. Je tente de lui mettre un coup de poing mais je rate son visage, il saisit mon bras et me fait décoller du sol, se servant de l’élan de mon mouvement pour me faire passer par dessus lui. Mon dos frappe le sol avec violence, au point de me couper le souffle. Je tourne la tête pour observer les recrues suivantes, taillés comme des bœufs, ils vont finir par me massacrer. En regardant dans l’autre direction je remarque une sorte de bouchon, deux adversaires semblent avoir du mal à se départager. Je les reconnais, Thonas et Trieli qui s’échangent coups sur coups sans ciller. Devant l’embouteillage de recrue et la persévérance des duellistes le capitaine donne l’ordre de sauter ces deux derniers, permettant à la file d’avancer à nouveau. Je suis remis au sol encore et encore. A chaque chute je sens mes côtes se plier, mes poumons se compresser. Le temps pour me relever ne cesse de s’allonger, certains hésitent à s’en prendre à moi, se montrent plus doux pour me mettre au sol en me maintenant le bras par exemple.

« Capitaine Christo ! »

« Capitaine Hewrob... »

« Je vous avais pourtant dit que certaines de ces recrues sont dans un état préoccupant et qu’il ne fallait pas les pousser à bout dès les premiers jours. Je vous avais fournis une liste de noms. Vous vous souvenez ? »

« L’entraînement des recrues ne vous concerne pas. »

« Non. Vous avez raison mais leur santé, oui. Recrues Almaran, Saldnec, Pherroc, Philginton. Sortez du rang. »

Sans son casque le Capitaine Hewrob ressemble à un homme d’une quarantaine d’années avec des cheveux et une moustache déjà grisonnante. Un visage rugueux et un air imperturbable. Les recrues citées, en piteux état, sortent pour rejoindre Andrew sous le regard envieux de ceux qui se retrouvent régulièrement au sol et le regard méprisant de ceux qui ont l’avantage. Trieli et Thonas, eux, bien qu’ayant fait une pause dans leur duel, ne se quittent pas du regard, impatient de se départager une bonne fois pour toute. Enfin, le Capitaine Christo fixe son collègue d’un regard dur.

« Direction l’infirmerie. »

Déclare Hewrob en nous indiquant la direction. L’entraînement reprend sous les cris courroucés de Nathanaël. Du coin de l’œil, avant de quitter la cour, j’aperçois Thonas être mis au sol par son adversaire.

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Modifié en dernier par Xël le dim. 3 janv. 2021 16:08, modifié 1 fois.

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Xël
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Re: L'Académie Militaire

Message par Xël » dim. 1 nov. 2020 10:48

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« Installez-vous ici et retirez vos chemises. Margaret va s’occuper de vous. »

Andrew nous désigne les lits de l’infirmerie. Une grande pièce bien éclairée sentant le savon et la lavande. Des lits sont alignés contre les murs, parfois dissimulés par un rideau. Quelque uns sont occupés par des hommes ou des femmes semblant avoir subis quelques blessures domestiques ou dues à l’entrainement. Je reconnais en face de nous certaines recrues blessées gravement lors de l’embuscade. Toutes ne sont pas réveillées, une jeune femme est d’ailleurs dans un sale état. Immobile, le teint livide, les cheveux sombres collés à son visage moite, couverte par un drap trempé de sueur. En passant à côté d’elle le capitaine pousse un long soupir avant de tirer son drap pour recouvrir son visage. Il tourne ensuite son regard vers nous, interdits face à la situation, abasourdi par le fait que l’embuscade qui a eu lieu il y a des jours puisse encore voler une vie. Compréhensif, le capitaine nous adresse un signe de tête avant de préciser.

« Elle sera enterrée avec les honneurs. Déshabillez-vous maintenant, Margaret ne va plus tarder. »

Il quitte la pièce au moment où une jeune femme entre à sa place. Plutôt séduisante, des cheveux d’un blond éclatant noués en un chignon sur le haut de sa tête. Des yeux bleus saphir brillants de bienveillance, un visage fin, un sourire généreux aux dents d’ivoire. Ed’ qui se battait avec son attelle pour se débarrasser de sa chemise semble oublier jusqu’à la manière de parler quand elle s’approche de nous. Il bafouille quelques mots, le bras coincé dans sa manche avant de bégayer.

« Ma-Ma-Margaret ? »

A la fois amusée et moqueuse elle lui répond avec un rire ravissant qu’elle se nomme Lucille mais que Margaret ne va plus tarder avant de poursuivre son chemin vers les lits au fond de la pièce. Nous l’observons tous partir, reluquant en silence le bas de son dos tandis qu’elle s’éloigne avant d’être interrompu par un raclement de gorge réprobateur. Nous redressons la tête pour regarder ailleurs, tous embarrassés d’avoir étés pris la main dans le sac. L’origine du bruit vient d’une femme d’un âge avancé, plus âgée que le Capitaine Hewrob et sa personne illustre à merveille le mot rigidité. Sa posture est droite comme un tuteur, ses petits yeux gris nous scrutent d’un regard dur alors que son visage ridé semble figé dans une grimace de mécontentement depuis des siècles. Elle s’approche d’une démarche rapide, faisant sonner les planches comme avec une canne. Ed’ est le dernier à ne pas s’être débarrassé de sa chemise et c’est sur lui qu’elle porte son attention.

« Vous n’êtes pas encore assez grand pour vous dévêtir seul ? »

Sa voix grince comme un diamant sur du verre, d’un ton qui claque comme un martinet. Avant qu’il ne puisse répondre elle lui saisit la manche et tire dessus comme une forcenée, arrachant des plaintes douloureuses au pauvre Pherroc. Une fois libéré de sa chemise il cherche à atteindre son épaule de l’autre main mais Margaret l’en empêche, tapant sur la main comme à un enfant qui cherche à s’emparer d’un objet dangereux.

« Laissez moi regarder ! Comment avez-vous fait cela ? »

« Chute de cheval. »

Répond Ed’ penaud.

« Vous reluquiez aussi le derrière d’une demoiselle quand ça c’est produit ? »

Il devient rouge écrevisse et se remet à bafouiller. J’ai du mal à me retenir de rire et je remarque du coin de l’œil le sourire amusé de Lucille qui scrute distraitement la recrue.

« Ca vous fait rire vous ? Vous pensez que je ne vous avais pas vu ? »

Elle lève mon bras droit sans ménagement, m’arrachant une plainte de douleur, pour révéler mon flanc qui a prit une couleur violacée.

« Hm. C’est plutôt préoccupant. Lucille s’il vous plait, allez me chercher le capitaine. »

« Oui Margaret. »

Dit-elle en posant ce qu’elle avait en main pour sortir d’un pas précipité. La vieille femme poursuit, tâtant doucement mes côtes sans que je ne puisse m’empêcher de gémir.

« Vous en avez des cicatrices pour une jeune recrue, des tirs d’arbalètes, des coups d’épées. Des blessures que j’ai l’habitude de voir mais pas sur quelqu’un de si jeune... »

Elle parait à la fois fascinée et attristée en précisant que certaines de ces blessures auraient dû m’emporter. Elle inspecte mes bras, tous les deux victimes d’un carreau d’arbalète, l’un sur les remparts d’Esseroth et l’autre sur le mur d’Ynorie à Luminion. Puis son regard glisse vers ma poitrine, barré de la trace de la scie du cafard mécanique, un souvenir de notre confrontation sur le plateau au dessus du même mur. Elle me pousse vers l’avant pour voir mon dos et la plaie en cours de guérison que m’a laissé l’Ombre de Tal’Raban avant de poser son regard sur ma hanche gauche marquée par les flammes du numéro 71 dans l’arène de Kendra Kâr. Elle plonge son regard dans le mien avec une mine navrée avant de me dire d’attendre le capitaine et de passer à la recrue suivante.

« A votre tour. Vous avez mauvaise mine, vous n’êtes pas malade au moins ? »

Andrew Hewrob refait son apparition pour venir vers moi sous les commentaires de la vieille Margaret.

« Ce n’est pas trop tôt. Je pense que c’est une fêlure mais la taille de l’hématome est assez inquiétant. »

« Désolé Margaret. Je m’en occupe. »

Le capitaine s’approche de moi et inspecte mon flanc avant d’y imposer une main qui s’irradie d’une lumière blanche. La douleur disparaît quasi-instantanément et rempli ma poitrine d’une chaleur apaisante. Ca ne dure que quelques secondes et le capitaine retire sa main en soupirant avant de me rappeler de rester tranquille avant de s’occuper des autres recrues. Je suis néanmoins le seul avec lequel il use de sa magie.

Soudain la porte de l’infirmerie s’ouvre avec fracas pour laisser entrer Lucille suivie d’un groupe de recrues, Stepha et Cwen qui transportent Chet inconscient, le visage boursouflé, le nez en sang, la lèvre fendue. Je me redresse sur mon lit.

« Qu’est ce qui s’est passé ?! »

Stepha me répond après avoir déposé la recrue sur le lit désigné par Lucille.

« Le capitaine a changé d’exercice. »

« Etrangement il a mit les plus costauds contre son frère. »

Andrew pousse encore un long soupire en examinant l’état du blessé avant de s’occuper de lui avec l’aide de la jeune infirmière.

« Ce type est complètement malade ! »

« Gardez votre calme Almaran. »

Rétorque sèchement le capitaine Hewrob avant de poursuivre.

« Les entraînements du Capitaine Christo peuvent paraître dures mais ils ont fait leurs preuves. Les recrues qui sortent de ses formations sont prêts pour la guerre. »

Je me renfrogne et m’allonge à nouveau, peu convaincu par les méthodes brutales de Christo. Cwen et Stepha sont renvoyés à l’entraînement tandis que nous restons à l’infirmerie pour la journée. Le temps pour Ed’ d’échanger quelques mots avec Lucille sans bafouiller et pour Chet de reprendre conscience en début de soirée. Je me sens responsable de son état, si j’étais resté ce serait sans doute moi qui aurait prit les coups.
Cela laisse aussi le temps à deux autres recrues de prendre place dans un lit, eux aussi dans un état préoccupant. Nous mangeons à l’infirmerie, assistés par Margaret et sa collègue pour ceux qui ne parviennent pas à se nourrir seul. En voyant Lucille aider Chet il me glisse à voix basse qu’il regrette de ne pas s’être déboité les deux épaules. Nous apprenons ensuite que nous sommes dispensés d’entraînement pour les deux prochains jours et que nous allons passer la nuit à l’infirmerie. Une nuit bien plus tranquille que dans le dortoir.


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Message par Xël » mar. 8 déc. 2020 15:54

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Je me réveille au son du clairon, en même temps que mes autres camarades dans l’infirmerie. La salle est plongée dans le noir, seul les flammes des braseros à l’extérieur provoquent des reflets rouges virevoltants sur le plafond. Je tâte mon flanc où la douleur est encore présente bien que supportable. Je me relève pour m’approcher des fenêtres, observant les recrues qui sortent dans la cour intérieur pour se mettre à courir sous le regard inquisiteur du capitaine. La porte de l’infirmerie s’ouvre, laissant entrer dans la pièce Lucille en compagnie du lieutenant Danwil. Decidement celui-là ne rate pas une occasion auprès des belles femmes. Le voir ainsi charmer l’infirmière devant le regard éberlué d’Ed’ ne manque pas de me faire rire. Le lieutenant me fait signe en m’apercevant.

« Ah ! Almaran ! Comment tu te sens ? »

Je hausse les épaules tout en m’éloignant de la fenêtre.

« Dispensé d’entraînement hein ? » ajoute-il avec un mince sourire. « Le Général veut en profiter pour t’apprendre deux trois tours de magie. En route, il t’attend. »

Quand Lucille m’observe d’un air inquiet Edmen s’empresse de la rassurer.

« Ne vous inquiétez pas Lucille, nous prendrons soins de ses petites côtes. »

Il me donne une bourrade dans le dos qui manque de me faire tomber avant de rire tout en me pressant de prendre mes affaires. Il me guide ensuite à l’extérieur du bâtiment, me menant dans une seconde cour intérieur en passant par l’aile de la commanderie. Eclairé par quelques torches, bien plus petite que celle où se passe les entrainements.

« Bonjour Almaran. »

Bogast est déjà présent, patientant debout à côté d’une petite table en bois où est posé une tasse d’où s’échappe un filet de vapeur. Un arôme de thé englobe d’ailleurs le lieu, le plongeant dans une espèce de tranquillité accentué par la présence du Géneral.

« Bonjour Général. »

« Mangez quelque chose et commençons. »

Il me désigne la table où sont disposés à côté de sa tasse du pain, des pots de confiture, du miel. Un luxe de haut officier et il me précise de ne pas y prendre goût.

« Je connais peu d’hommes qui ont rencontrés une ombre de Tal’Raban. Encore moins qui y ont survécu... »

Il s’exprime avec une certaine tristesse mêlée de lassitude tout en venant s’asseoir face à moi pour déguster sa boisson chaude. Edmen quant à lui prend congé pour vaquer à d’autres occupations.

« Je connaissais ce capitaine. C’était un vieil ami, doué à l’épée. Je ne sais pas si vous avez du talent ou de la chance... peut être les deux. »

« J’ai essayé de le ramener à la raison mais... »

« Vous ne pouviez pas. » coupe-il sèchement avant de m’adresser un regard navré.

« Il était déjà mort. C’est ce que font les ombres, elles s’emparent des cadavres... »

Il reste un instant silencieux avant de m’encourager d’un signe à manger.

« Il semblerait que vous aviez raison sur un point. Vous êtes bien une cible pour les assassins de la reine noire. Félicitations... » déclare-il avec ironie avant d’ajouter.

« Il faut dire que vous avez participé à contre carrer ses plans de nombreuses fois ces derniers temps. Cela veut dire qu’il va falloir multiplier vos entraînements. Vous passerez les deux prochains jours avec moi, le temps de vous remettre de votre blessure, ensuite vous participerez avec assiduité et rigueur aux entrainements du capitaine Christo. Pas d’heures libres pour vous en dehors des repas et du couvre feu. Vous viendrez me trouver ici à chacune de vos pauses. Est-ce que c’est compris ? »

« Oui Général. »

L’image de l’ombre ressurgit dans mon esprit, me faisant saisir ma tasse fermement à deux mains pour dissimuler mes tremblements. Cela n’échappe pas au Général qui plonge un regard déterminé et bienveillant vers moi.

« C’est normal d’avoir peur Almaran mais croyez moi, quand vous sortirez de cette caserne, c’est les créatures des Treize qui auront peur de vous. En place. »

Je me redresse pour rejoindre le centre de la cour qu’il désigne d’une main. Il ramasse un bouclier et le pose sur un mannequin posé au fond de l’espace d’entraînement tout en commentant d’une voix forte pour se faire entendre.

« Vous vous souvenez de notre entrainement au campement de Kendra Kâr, en compagnie des Lieutenants Hereham et Danwil ? »

« Euh... oui. »

Le regard froid de Bogast qui se pose sur moi me fait vite rectifier ma réponse.

« Oui Général ! »

« Bien. Avez vous remarqué que l’armure de mon allié semblait absorber toutes vos attaques ? »

« Oui je m’en souviens. »

« Cela est dû à un sort un peu diffèrent de ceux que vous avez l’habitude d’apprendre. Vous avez dû comprendre que vos sorts sont animés par vos fluides magiques. Des fluides d’air pour des sorts d’air, des fluides de feu pour les sorts de feu et ainsi de suite... »

Je hoche la tête pour lui indiquer que j’ai compris même si je ne comprends pas où il veut me mener.

« Il existe des sorts qui peuvent se nourrir de tout type de fluides, voir de plusieurs fluides en même temps. D’ailleurs le sort d’isolement que vous avez appris ce jour là en fait partie. C’est ce qu’on nomme les sorts omni-élémentaires. »

Je cligne des yeux et penche légèrement la tête sur le côté, provoquant un claquement de langue agacé de mon professeur qui rétorque.

« Ne vous embarrassez pas des termes Almaran et concentrez vous sur leur exécution. Pour vous ce sera plutôt facile comme vous ne possédez qu’un seul élément mais sachez simplement que ce sont des sorts que n’importe quel manieur de fluide peut lancer. Commençons à présent. Je veux que vous lanciez un sort offensif contre ce bouclier. Inutile de vous retenir. »

Je le vois se concentrer un court instant avant de se tourner vers moi, loin du chemin entre moi et le mannequin.

« Visez bien surtout. »

Précise-il quand même en me voyant me concentrer à mon tour. Je lève le bras opposé à mon flanc blessé et laisse ma magie s’y accumuler. Comme d’habitude, ma main se recouvre d’un flux épais de magie agité avant de se libérer pour frapper le bouclier provoquant un bruit de tempête qui secoue toute la cour au point de faire trembler les murs qui nous encerclent. Une fenêtre à l’étage supérieur s’ouvre avant même qu’elle n’ait fini de vibrer, laissant dépasser la tête mécontente d’un homme âgé à la barbe finement entretenue surplombé d’une élégante moustache grise . Il braque vers moi un regard noir aux sourcils épais avant de glisser son regard vers Bogast qui lui fait un petit signe de la main.

« Bonjour Colonel. Pas d’inquiétude, tout est sous contrôle. »

« Général... »

Déclare t-il simplement d’une voix agacé avant de me jeter un nouveau regard noir et de refermer sa fenêtre. Je remarque le sourire fin de mon professeur qui m’invite à observer le mannequin. Celui-ci est toujours à son poste, en excellent état, maintenant son bouclier comme si de rien n’était.

« Recommencez à présent avec un sort plus faible et observez bien le bouclier. »

Je m’exécute, lançant un sort moins violent qui percute à nouveau la protection du mannequin de paille. Je remarque que le sort semble complètement repoussé mais sans vraiment pouvoir décrire ce qu’il se passe. Bogast remarque ma détresse et m’ordonne avec patience d’être plus attentif. J’incline la tête avant de recommencer, encore et encore afin de décomposer chaque réaction qui se passe quand mes sorts touchent le bouclier sans vraiment y parvenir.

« Faites une pause Almaran. »

Essoufflé et me tenant machinalement les côtes, j’acquiesce avant de me rapprocher d’un tabouret pour m’y asseoir, me servant au passage un gobelet d’eau fraîche. Le jour est bien levé à présent et il promet une journée chaude car même si les murs autour de nous fournissent de l’ombre, la température me force à relever mes manches et écarter mon col pour laisser passer un courant d’air frais sur mon torse en sueur. Quelques minutes s’écoulent avant que le Général quitte sa posture de réflexion et déclare.

« Postez vous derrière le bouclier. »

« Hein !? »

Lâchais-je, surpris.

« Allez Almaran. Ne faites pas votre chochotte. Vous ne craignez rien. Il semblerait que vous n’êtes pas assez observateur pour comprendre ce qui se passe et nous devons avancer. Prenez le bouclier. »

Je déglutis avant de me relever pour me saisir du fameux bouclier. Peu rassuré.

« Face à moi. Ne faites pas l’erreur de vous tourner. »

Je déglutis une seconde fois et dresse la fine paroi devant moi.

« Soyez attentif. »

J’observe mon bouclier et fronce les sourcils en apercevant la fine pellicule qui le parcoure. A peine perceptible, visible seulement par les quelques fluctuations qu’elle génère en flottant autour du bois.

« J’ai compris. »

Une tempête étouffe ma voix. Le sort de Bogast frappe le bouclier qui encaisse le coup sans faillir. Je ferme d’abord les yeux avant de prudemment les ouvrir pour observer la réaction de la pellicule magique. Celle si réagit comme un ballon et se gonfle en absorbant la violence du sort avant de la laisser s’échapper par ses bords, me préservant de la puissance de l’impact. Je remarque d’ailleurs que je ne ressens aucun souffle mais qu’en revanche ce qui est à côté de moi est balayé par les rafales.

Quand le vent se calme, c’est une demi-douzaine de fenêtres qui s’ouvrent cette fois pour laisser les occupants des pièces nous observer d’un œil mécontent. Je regarde béatement la couche protectrice de mon bouclier se vider des derniers résidus de magie avant de lever un visage ravi vers eux.

« Bien. Vous semblez avoir compris. Passons à la suite. »


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((Tentative d'apprentissage du sort Amélioration d'objet : Le lanceur est capable grâce à sa magie d'améliorer une pièce d'armure à vue, la rendant plus résistante au fluide majoritaire utilisé pour le sort pendant un temps limité. Ne marche pas sur une armure invoquée, ni sur les reliques. 1/3 ))
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Message par Xël » sam. 12 déc. 2020 13:28

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« Vous devez imaginez ça comme un vêtement, un tissu fin qui peut laisser passer le sort tout en le diffusant. Imaginez de la soie filtrant de l’eau. C’est la première chose à appréhender. »

J’incline la tête, les yeux fermés, concentré pour construire dans mon esprit la structure de ce nouveau sort. J’essaie de représenter ce drap de soie autour de mon bouclier, prêt à absorber la puissance de la magie pour la canaliser. Le tout se dessine sur mes paupières closes. Je prends une profonde inspiration, raffermis la prise sur le pavois et laisse mes fluides d’air s’écouler le long de mes doigts pour venir le recouvrir. J’entends vaguement Bogast me dire de continuer comme ça, de contrôler ma magie, de ne pas m’emporter. Je lui obéis, libérant mes pouvoirs comme si je tissais une toile. Je peux sentir mes doigts bouger, l’air s’en échapper. J’ouvre les yeux pour me rendre compte que la pellicule que j’ai formé est loin de ressembler à celle de mon supérieur. Elle est agitée, trouble, prête à s’effondrer.

« Ce n’est pas si mal. Je m’attendais à pire. Recommencez et souvenez vous qu’il vous faut contrôler votre flux magique. Vous avez toujours tendance à en lâcher trop d’un coup. Plus vous contrôlerez vos fluides plus votre magie sera stable. »

J’incline la tête pour reprendre position, essuyant d’un revers de manche les gouttes de sueur qui coulent sur mon front avant de dresser le bouclier devant moi. Il commence à peser lourd, je n’ai pas l’habitude. Je laisse les volutes grises s’échapper à nouveau du bout de mes doigts, concentré sur la canalisation du sort. Le bois se recouvre petit à petit d’une pellicule lisse, transparente, se mouvant doucement comme une mer calme. Je lève les yeux vers le général qui m’observe avec un mince sourire. Je reste concentré tandis qu’il s’avance pour inspecter mon sort de plus près.

« Bien. C’est bien. Passons à la phase supérieur. »

Il recule de quelques pas sous mon regard ébahi avant d’armer son bras et lancer son sort. Par réflexe je cache mon visage derrière le bouclier tandis que je sens la puissance du sort de Bogast percuter le bouclier. Si je n’en ressens pas directement les effets je peux constater que mon sort s’amenuise jusqu’à devenir critiquement trop faible. Heureusement l’attaque s’arrête assez tôt mais je remarque tout de même que j’ai dû reculer de quelques pas là où le mannequin n’avait pas bougé d’un centimètre.

« Vous devez continuer à libérer de la magie quand le sort frappe ou alors en concentrer plus sinon il ne tiendra pas le choc. Recommençons. »

J’acquiesce avant de me remettre en place, inspirant et expirant calmement pour relancer mon sort. Je concentre plus de magie dans la bulle qui enveloppe le bouclier cette fois, donnant à la protection une forme plus bombé. Je fais un signe de tête, informant mon professeur que je suis prêt. Il arme son bras à nouveau, se préparant à me faire subir la tempête. J’expire un grand coup, raffermit ma prise sur la lanière de cuir, contracte mes cuisses, écarte mes pieds pour avoir la position la plus stable possible. Le sort fonce vers moi, je reste concentré, fixant le halo gris souffler vers moi sans détourner le regard. Je dresse mon bouclier en lâchant encore une dose de magie qui vient renforcer la bulle protectrice. Le souffle est dévastateur, il est dévié sur chacun de mes côtés, m’enfermant à l’intérieur de la tempête. Je sens les murs trembler derrière moi, j’entends les fenêtres exploser. Une pluie de verre et de bois brisé tombe à mes pieds avant que le vent passe, que tout se calme, que le Général me regarde avec un air ahuri avant de reprendre contenance. Un long silence s’écoule, me laissant le temps de jeter un œil derrière mon épaule pour me rendre compte de l’étendu des dégâts. Le bâtiment ne semble pas sur le point de s’effondrer heureusement. En revanche les fenêtres du mur derrière moi sont toutes brisés, du rez-de-chaussée au dernier étage, et quelques feuilles de papier tombent encoure doucement sur la cour en voltigeant dans les airs. J’entends un léger rire venant de Bogast.

« Décidément Almaran, vous êtes vraiment un homme surprenant. »

« Gé-gé-général ? »

Je lève les yeux pour voir dépasser la tête barbu du Colonel qui s’extirpe craintivement de sa fenêtre brisé.

« Avec tout mon respect, ne croyez vous pas que cela va un peu loin ? »

« Vous avez raison Colonel. Veuillez m’excuser. Nous allons nous arrêter là. »

« Merci Général. »

Il me jette un regard bien moins hostile que celui du début de matinée avant de doucement rentrer sa tête sous le rire étouffé de son supérieur qui s’empresse de m’adresser la parole.

« Vous avez en partie compris mais l’effet que cela a eu n’est pas le bon, il serait dangereux pendant une bataille. Nous travaillerons ça demain, profitez de l’après midi pour vous reposer. »

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((Tentative d'apprentissage du sort Amélioration d'objet : Le lanceur est capable grâce à sa magie d'améliorer une pièce d'armure à vue, la rendant plus résistante au fluide majoritaire utilisé pour le sort pendant un temps limité. Ne marche pas sur une armure invoquée, ni sur les reliques. 2/3 ))
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Message par Xël » lun. 28 déc. 2020 13:11

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« Alors comme ça vous me dites que vous avez compris comment fonctionne le sort ? »

J’acquiesce sous son regard accusateur tandis qu’il poursuit.

« En quelques heures ? »

« En observant un entrainement de formation. »

Bogast plisse les yeux, ayant visiblement du mal à me croire.

« Très bien voyons ça. Mettez vous en place. »

Au lendemain de mes petites courses m'apportant une bague élégante et l'identification d'une rune de maitrise. Je retrouve le Général pour poursuivre l’entrainement. Cette fois nous ne sommes pas dans la petite cour intérieur de l’académie. Il se pourrait que le Général ait eu quelques explications à fournir. Comme tout le monde nous devons nous entraîner dans la large enceinte où tous les soldats pratiquent leurs exercices. Je peux d’ailleurs sentir peser sur moi le regard lourd du capitaine Christo. Je saisis un bouclier avant de me placer dos au rempart de la caserne, face à Bogast. Je me concentre, redessine dans mon esprit la formation que j’ai vu la veille. Je prépare mon sort, laissant échapper les fluides de vent du bout de mes doigts d’une manière régulière pour tisser une bulle autour du bois de ma protection mais cette fois avec une forme concave, comme une assiette à soupe. Je prends le temps de bien former mon sort, lui donnant un aspect transparent parfois troublé par des reflets bleus azur. Cela me prend de longues minutes mais le général patiente silencieusement. Quand je lui indique que je suis prêt il incline la tête, tend les bras paume en avant, les replies jusqu’à ce que ses mains atteignent la hauteur de sa poitrine où s’y forme une large sphère de fluide agitée. J’écarquille les yeux devant l’envergure du sort alors qu’il tend subitement les bras, projetant sa magie dans un vacarme assourdissant qui fait tourner tous les regards vers nous.

« QUO ! »

Je n’ai pas le temps de finir mon mot que le sort atteint le bouclier, dirigé par la forme de mon sort. Comme pour la formation des soldats, le vent s’engouffre en son centre et je laisse alors ma magie s’échapper d’avantage de mes doigts pour renforcer les bords jusqu’à encercler la tempête que m’a balancé le Général. Et il n’y est pas allé de main morte ! Même si je sens que pour l’instant la violence du vent est contenue, je suis forcé de reculer d’un pas et d’un deuxième, libérant encore des fluides d’air pour refermer la formation de mon sort. La tempête est maintenant prisonnière de ma bulle et je la sens encore s’agiter avant de finalement se libérer violemment par les bords, créant un cercle de vent gris vertical qui soulève la poussière du sol ou se perd dans les cieux. Je lève le visage de derrière mon bouclier encore intact pour observer mon professeur qui parait satisfait au contraire de Christo qui après un regard réprobateur beugle sur ses recrues pour qu’elles se remettent à l’entrainement.

« Vous semblez en effet avoir compris le truc Almaran. Il vous reste juste à vous entraîner à le former rapidement et libérer le sort avec plus de contrôle une fois qu’il est prit au piège. Il faut dire que je ne vous ai pas épargné. C’est du beau travail recrue. »

Je plisse un instant le regard pour ne pas prendre dans les yeux la poussière qui retombe avant d’afficher un large sourire.

« Merci Général ! »

Bogast répond à mon sourire avant de m’ordonner de me tenir prêt pour poursuivre ma maitrise de ce nouveau sort, promettant d’y aller plus doucement.

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((Tentative d'apprentissage du sort Amélioration d'objet : Le lanceur est capable grâce à sa magie d'améliorer une pièce d'armure à vue, la rendant plus résistante au fluide majoritaire utilisé pour le sort pendant un temps limité. Ne marche pas sur une armure invoquée, ni sur les reliques. 3/3 ))
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Re: L'Académie Militaire

Message par Xël » dim. 3 janv. 2021 14:55

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Les semaines passent et l’entraînement a repris pour tout le monde. Les exercices physiques matinaux sont devenus plus supportables et faciles. J’ai moins de courbatures, moins de points de côtés, moins de mal à conserver mon souffle. En revanche je reste toujours dans le bas du panier comparé aux autres et mon tête à tête avec le sol le démontre.

« Pas fatigué d’être au sol, le piquet ? »

Se moque Trieli, la belle blonde au regard assoiffé de combat, marchant délibérément sur ma main en ricanant. Avec Thonas elle se dispute la première place parmi les recrues. Excellent tous deux dans tous les corps aux quelles nous nous sommes confrontés. L’infanterie, l’artillerie, la cavalerie. Doués également dans les cours théoriques et les exercices de manœuvre simples. Ils sont devenus les petits protégés du Capitaine qui les citent souvent en exemple. La compétition entre eux se voit même au quotidien. Le premier qui termine son repas, le premier qui termine les corvées, celui qui soulève les charges les plus lourdes, qui arrive le premier au réfectoire. Des situations qui parfois ne manquent pas d’êtres amusantes. Parmi mes compagnons d’autres ce sont aussi démarqués. Cwen a montré de l’intérêt pour l’artillerie. Ed semble avoir un talent inné pour monter à cheval, suffisamment pour avoir impressionné le capitaine lors de nos entrainements. Ce qui lui a même permis de s’extirper de la liste des recrues bizutées et d’avoir une relative paix. Stepha, bien qu’elle ne tienne pas une forme physique extraordinaire à cause de son surpoids se rattrape avec sa vitesse de réflexion. Chet’ et moi restons les deux vilains petits canards, doués nulle part si ce n’est dans notre volonté de ne pas abandonner contrairement à ceux qui sont remontés dans des chariots pour rentrer chez eux. Nous sommes donc la cible des moqueries, des colères et des humiliations de Christo et parfois des autres recrues.

L’hiver est bien installé et les nuages blancs et bas annoncent une chute de neige prochaine. On m’ordonne de me relever et je m’exécute en tenant ma main écrabouillée tout en jetant un regard furieux à la blonde qui m’a infligé ce traitement, provoquant chez elle un sourire moqueur. Nous reprenons l’échange de coups, pratiquant le combat à l’épée à l’aide d’armes d’entraînement. Mon premier coup est esquivé sans effort de sa part et pour me narguer son coup me tape sur le postérieur. Elle ricane encore en parant ma nouvelle attaque et l’instant d’après je sens mon bras se tordre avant qu’un coup dans mes chevilles me fasse basculer et retomber au sol. Le visage du capitaine apparaît au dessus de moi avec un regard courroucé avant de le voir pousser un profond soupir.

« Nous changeons d’exercice. »

Déclare-il d’un ton dur.

« Formez un cercle. »

Ma poitrine se crispe alors que Chet m’aide à me relever et je peux sentir sa main trembler quand l’ordre est donné. Cet exercice on le connait, c’est celui qui a envoyé le jeune Christo à l’infirmerie dès le premier jour. Seul les plus costauds n’ont pas un regard craintif et nous attendons fébrilement que le capitaine désigne l’un d’entre nous pour rejoindre le centre du cercle.

« Almaran. Au centre. »

Je ferme un instant les yeux en jurant intérieurement avant d’avancer entre les recrues. Le but est simple, résister. Endurer le plus longtemps possible l’assaut combiné des autres recrues.

« Ca ne sera pas très long. »

Ricane une recrue taillé pour la bagarre suivi de quelques autres qui ne craignent pas ce genre d’épreuve.

« Silence ! »

Rugit le capitaine avant de s’approcher de moi. Je m’immobilise quand sa bouche s’approche de mon oreille pour me chuchoter quelques mots.

« Vous avez mon autorisation pour vous servir de votre magie. »

Je lui jette un regard étonné avec une grimace dubitative. Il incline la tête comme pour confirmer ce que je viens d’entendre avant de s’éloigner en ordonnant de nous tenir prêt. J’inspire profondément avant d’expirer doucement pour retrouver une sérénité propice à utiliser ma magie. Les gaillards autour de moi ricanent d’un air confiant tandis que Trieli semble sur le point de bondir pour m’humilier une fois de plus avec un regard de prédateur prête à attraper sa proie. Le départ est donné et sans surprise les plus forts se précipitent pour me rouer de coups. Mon corps agit, laissant échapper mes fluides magiques qui m’encerclent et se libèrent avant que les recrues ne m’atteignent. L’onde de choc projettent mes assaillants loin de moi sans aucune douceur et la portée de mon sort est assez grande pour renverser toutes les recrues autour de moi. Seul deux recrues tiennent encore debout avec le capitaine, Thonas et Stepha qui à priori s’y attendaient.

« Voilà une leçon que vous feriez mieux de retenir. Ne sous estimez jamais un mage. Sur un champs de bataille, vous seriez tous morts. Relevez vous maintenant et faites moi le tour de la cour en courant pour repenser à votre excès de confiance. »

Il dirige un regard satisfait vers les recrues qui ont tenue le choc avec une pointe d’étonnement en ce qui concerne Stepha. L’entraînement se poursuit alors que la neige se met à tomber, recouvrant la terre battue d’une pellicule blanche. S’enchaîne alors la course, les pompes, les parcours d’obstacles avant d’entamer l’entraînement au tir. Nous sommes au milieu de l’après midi quand Camille vient interrompre mes tirs misérables pour m’emmener voir le Général.

« Tant mieux. Encore un peu et il blessait quelqu’un. »

Rétorque Nathanaël d’un ton désabusé. Je quitte la cour en suivant les pas du Lieutenant sous le regard inquisiteur des autres recrues.

« Je crois qu’il ne m’aime pas trop. »

Glissais-je à Camille à propos du capitaine pendant la marche, provoquant chez lui un rire amusé.

« Il n’est pas là pour t’aimer tu sais. »

« Je crois que beaucoup de recrues m’en veulent de quitter comme ça les entraînements. »

« Ne te soucies pas d’eux Xël. Tu es là pour suivre le même entraînement mais tu n’es pas destiné au même avenir. »

« Des mots biens sages venant d’un torcheur de cul de poule. »

Nous venions de rejoindre Edmen aux portes de la caserne et celui-ci ne s’est pas gêné pour taquiner son ami avant de poursuivre en m’adressant la parole.

« Salut Xël ! Content de te voir ! Comment se passe ta formation ? »

« Il fait tourner la tête des filles. »

Répond Camille en me glissant un clin d’oeil.

« Oh je vois ! Un concurrent potentiel ! J’ai vu ça dans le fleuve, joli attirail mon ami. »

Les deux lieutenants se marrent franchement devant ma grimace gêné et mon haussement d’épaule. Nous quittons ensuite l’académie pour emprunter la grande rue en direction du port.

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Re: L'Académie Militaire

Message par Xël » lun. 4 janv. 2021 21:44

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Grâce à Camille je peux accéder à l’étage des recrues sans passer devant le capitaine. Je rejoins directement la salle d’eau pour me laver. Personne ne l’occupe pour l’instant, un véritable coup de chance de pouvoir profiter d’un bain sans qu’une dizaine d’autres types soient présents. Je sais que je suis le dernier, l’eau est tiède, trouble. A la surface flotte des poils, de l’herbe et des tâches grasses. Je sors ma main de l’eau pour retirer mes vêtements, impatient de me nettoyer.

« Bonsoir Almaran. Tu as passé une bonne journée ? Pas trop difficile ? »

La voix est hostile et accompagné de deux ricanements satisfaits. Je me retourne lentement pour observer trois recrues que j’ai renversé ce matin. De vrais boeufs, à la musculature et l’intelligence similaire. Ils s’approchent pour bloquer la seule sortie, m’enfermant dans la pièce avec la visible intention de me faire passer un mauvais moment. J’ignore si c’est parce que je me retrouve nu devant eux, mais je me sens mal à l’aise, vulnérable. Après ce qui s’est passé au port aujourd’hui je ne pense pas qu’on m’excusera si j’utilise encore ma magie, même pour me défendre. Pourtant je suis conscient que sans ma magie je n’ai aucune chance. Je n’ai même pas la prétention de lever mes poings pour faire croire que je suis prêt à me défendre. J’inspire et expire lentement, gardant les mains baissées, prêt à recevoir les coups.

« Je vous déranges ? »

Thonas, dans le cadre de la porte, nous interroge du regard d’un œil sévère. Sale, en sueur, aucun doute qu’il vient tout juste de terminer l’entraînement difficile qu’il s’inflige pour battre sa rivale.

« Tu tombes bien Miwen. On allait donner une petite leçon à Almaran. Tu veux te joindre à nous ?»

« Ah... Non... Non, je ne pense pas que vous allez faire ça. »

Répond-il simplement avec une intonation qui me donne des sueurs froides. Je retiens mon souffle en observant Thonas qui commence à afficher son sourire moqueur et arrogant.

« Ah oui ? Et sinon quoi ? »

Rétorque le chef des trois costauds en s’avançant vers lui. Thonas se redresse, grand il l’est mais moins que son interlocuteur. Pourtant il est loin de baisser les yeux. Son regard brille d’une lueur terrifiante en harmonie avec sa mine sereine et provocante. Il ne prononce pas un mot mais tient simplement le regard quelques instants avant que celui d’en face ne lâche prise.

« Tu ne perds rien pour attendre Almaran. »

Dit-il en quittant la pièce en compagnie de ses sbires sans même oser se retourner.

« Il ne lui arrivera rien en dehors des heures d’entraînements. »

Réagit Thonas d’un ton sans équivoque. Je me remets doucement à respirer quand les trois buffles quittent mon champs de vision. La recrue se déshabille et s’avance en agitant un index dans ma direction.

« Tu as de mauvaises fréquentations Almaran. Tu devrais faire plus attention. »

Il passe devant moi et s’installe dans la large cuve d’eau carrelée servant de baignoire avant de pousser un profond soupire, les yeux fermés, semblant apprécier réellement d’être immergé dans une eau où sont déjà passé un bon nombre de soldats crasseux.

« J’ai appris que tu as causé un peu de grabuge au port. »

Je rentre à mon tour dans l’eau et pousse du pied la terre et les cailloux qui reposent sur le carrelage avant de m’asseoir.

« Merci d’être intervenu. »

Il ouvre les yeux et tourne son visage vers moi avec son air narquois qui lui correspond si bien.

« Tu sais Almaran, tu me déçois un peu. »

J’hausse les sourcils tandis qu’il poursuit avec une mine plus sombre.

« J’ai un grand frère qui était à Luminion. En rentrant à Kendra Kâr après la bataille il n’a cessé de parler de toi... En bien je veux dire. Tu es un véritable héros à ses yeux. »

Il prend un air déçu presque blessant avant de poursuivre:

« Puis je te vois... tétanisé devant trois abrutis. Incapable de tenir correctement une épée, essoufflé au bout de quelques mètres... J’avoue que je me demande si mon frère aurait pas perdu la boule là-bas. »

Ses paroles me touchent plus qu’il ne pourrait le croire. Je baisse les yeux, honteux, fixant les vibrations de l’eau.

« Tu y étais Xël alors arrête de faire comme si j’avais raison. »

Lâche-il avec une pointe d’agacement.

« Cesse de te comporter comme un peteux sans expérience et redevient l’homme qui a sauvé la vie de mon frère sur ce plateau surplombant le mur d’Ynorie. »

Je laisse échapper de mon nez un souffle amusé. Il a raison, mille fois raison. Je le gratifie encore d’un sourire pour le remercier.

« Me sourit pas comme ça quand on est nus dans un bain Almaran. Je ne suis pas de ce bord. » dit-il en agitant sa main avant de rire.

« Je vais faire des efforts. Je vais finir par atteindre ton niveau. »

« Oh n’y comptes pas. J’ai une prédisposition inné pour la violence. »

Nous rions encore avant de nous nettoyer pour de bon avant de retrouver le dortoir, prêt pour se reposer avant d’affronter une nouvelle journée.

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Message par Xël » lun. 4 janv. 2021 23:34

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« Punaise Almaran. Tu as mangé quoi ce matin ? »

Je jette un regard vers la recrue stupéfaite que je dépasse. Soufflant en rythme, ignorant la douleur dans mes cuisses pour courir, de plus en plus vite, avec un seul objectif en tête, Thonas Miwen. Je lui dois beaucoup, il m’a réveillé, réveillé ma volonté de progresser, de vaincre. Il est en tête de file et je donne déjà beaucoup pour rester au centre du cortège sans cracher mes poumons. Nous enchaînons avec les exercices habituels. Je souffre mais je tiens bon, à la surprise de tous. Le feu qui m’anime fait même frémir les brutes qui ont voulue m’agresser la veille et qui baissent désormais les yeux quand ils croisent les miens. Je perçois le regard dur du capitaine qui m’observe avec attention, celui de dégoût de Trieli et satisfait de Thonas qui me gratifie d’un autre sourire moqueur. Un autre regard en revanche me fait un pincement au cœur, celui de Chet’, j’y vois de l’admiration et la frayeur d’être le dernier bouc émissaire de son frère. Une recrue ne tarde d’ailleurs pas à rejeter sa soif de malveillance sur lui et lui fait un croche pied pendant une autre course. En l’entendant chuter sous les rires gras, je fais demi-tour pour me diriger vers lui et l’aider à se relever.

« Qu’est-ce que tu fais ?! Il va te ... »

S’inquiète il, coupé par son grand frère qui m’éructe déjà de continuer à courir. Je l’ignore et continue de tirer la recrue vers le haut pour le relever.

« ALMARAN ! »

Rugit Nathanaël pour me faire reprendre ma course. D’un coup d’œil je le vois se diriger vers nous d’un pas rapide avec un air furieux. L’inattendu se produit et une seconde main saisit le corps de Chet’ pour le relever. C’est la main de Thonas qui encourage ensuite la jeune recrue à courir. Je me tourne vers le capitaine qui s’est immobilisé et qui a repris son observation attentive tout en me faisant signe de continuer. J’incline la tête avant de reprendre, rejoignant Chet qui est maintenant également encouragé par Cwen et Pherroc, courant tous à sa hauteur. Cela nous vaut à tous une série de pompes supplémentaire mais le capitaine ne dira rien de plus. L’entraînement se poursuit avec le corps de cavalerie mais une fois de plus il est interrompu par un lieutenant de Bogast qui vient me récupérer, m’amenant dans la petite cour intérieur où patiente le Général.

« Almaran. »

« Général. »

Je me met au garde à vous, le torse bombé, le menton levé, provoquant un regard surpris chez mon supérieur et ses lieutenants.

« Il y a quelque chose de changé en vous. Tout va bien ? »

« Très bien Général. »

Il s’éclaircir la gorge après avoir jeter un oeil à Edmen et Camille.

« Bien. Très bien. Nous allons reprendre alors... Oubliez pour le moment le sort d’hier hein ? Je pense que j’ai sauté les étapes un peu vite. Approchez. »

Je m’exécute et rejoins le centre de la cour où est posé une table où reposent des armes disposées vraisemblablement par taille, de gauche à droite. Une dague, puis un glaive, une épée, une hache, une grande épée et finalement une hallebarde plantée dans le sol juste à côté. J’inspecte toute cette disposition d’un œil curieux.

« Votre problème Almaran c’est que vous avez absorbé trop de magie sans apprendre à la maîtriser correctement. Hors la maîtrise est indispensable à un mage de votre puissance sinon on se retrouve avec des incidents comme celui qui a eu lieu hier... »

Il marque une pause pour poser un regard sévère sur Danwil qui n’a pas réussi à retenir un ricanement.

« Le sort que je vais vous montrer est parfait pour apprendre à contrôler sa magie, surtout pour les manieurs de fluides d’air. J’ai compris que vous n’aviez aucun mal à visualiser le sort que vous souhaitez. Le seul problème vient de votre contrôle. Est-ce que vous êtes en colère Almaran ? »

Je lève un sourcil étonné.

« Non Général, pas spécialement. »

« Il est impératif que vous soyez maître de vos émotions. Alors si vous avez quelque chose qui vous dérange et dont vous voulez me faire part pour vous libérer l’esprit... Faites le. »

Je commence par ouvrir la bouche, hésitant.

« Allez Almaran, n’ayez pas peur. »

« Je pense que le capitaine Christo est un trou du cul. »


Camille et Edmen ne peuvent contenir un rire spontané et Bogast est bien incapable de leur en tenir rigueur, ayant lui aussi du mal à réprimer le sourire qui s’étire sur ses joues. Il s’éclaircit une nouvelle fois la gorge avant de répondre.

« Bien... Bien... J’imagine que... Oui on ne peut pas le nier Almaran, c’est un trou du cul. »

Admet-il finalement avant d’ajouter sous le rire de ses lieutenants.

« Mais il fait de l’excellent travail. Passons à l’exercice maintenant que vous vous êtes soulagé de ça. »

Il saisit la plus petite arme sur la table et la dresse face à moi.

« Concentrez vous et reproduisez cette lame avec votre magie. »

Je le regarde d’un œil un peu niais mais il me reprend aussitôt.

« Ah non Almaran ! Ne commencez pas à me jeter ce regard de truite ! Concentrez vous, laissez sortir vos fluides magiques et dirigez les pour obtenir cette dague ! »

Je me reprends et m’exécute, tendant ma main pour libérer une volute de fluide gris qui prends rapidement la forme que je désire. En effet, ça n’a rien de bien compliqué. Bogast passe son arme dans les fluides et ceux-ci se dissipent comme un nuage de fumée.

« Maintenant Almaran écoutez attentivement. Votre sort doit pouvoir arrêter ma lame, agir comme du fer. »

Il me lance un regard noir avant que je ne puisse lui faire mon regard de truite et ajoute que je dois réfléchir. Après tout mes sorts de vent ont aussi une partie rigide pour pouvoir causer autant de dégâts. Peut être que je dois simplement concentrer cette puissance dans la lame. Je lève à nouveau ma main devant moi pour y faire apparaître la dague. Je distingue les deux lieutenants se mettre à l’abri derrière une colonne de pierre et Bogast juste face à moi qui déglutit. Je me concentre sur la lame et laisse ma magie s’y glisser en espérant la rendre solide. Un souffle dévastateur se produit l’instant d’après, me propulsant au sol.

« Vous voyez ce que je voulais dire Almaran ? Vous êtes trop brutal avec votre magie. »

Explique calmement le Géneral, protégé avec la table derrière une barrière élémentaire. Je grommelle de douleur avant de me redresser pour recommencer. Je me concentre à nouveau pour lever ma main et générer un sort en forme de dague. Un souvenir refait surface à nouveau, moins désagréable que ceux d’hier heureusement. Je repense au monastère de Khan, la bougie mourante dans cette pièce en sous-sol à l’air rarifié que je devais maintenir allumée en la nourrissant, sans pour autant faire fondre la bougie avec une flamme trop vive avant la fin de l’entraînement. Je ferme les yeux et me concentre sur ce souvenir, transférant dans mon esprit cette bougie à la place de la lame magique entre mes mains. Je nourris la flamme, la faisant grandir lentement, sans qu’elle ne consume complètement la cire. Une fois qu’elle a atteint une taille suffisante pour éclairer la petite pièce je m’arrête et lui octroie un flux magique continue. Un bruit de tintement de lame me fait ouvrir les yeux pour voir la dague de Bogast rebondir contre mon sort.

« Excellent travail Almaran. Maintenant passons à la taille supérieur. »

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(( Tentative d'apprentissage du sort Arme magique : Crée une arme magique de mêlée dont l'apparence, la couleur, dépend de ou des élément(s) utilisé(s) pour l'invoquer. Plus l'arme est grande, plus dur sera l'effort pour la maintenir. L'arme, si elle quitte la main du lanceur, disparaît. L'utilisateur doit cependant garder un PM de l'élément majoritaire utilisé pour maintenir l'arme, qui se dissipera au bout d'un certain temps. Le rang de l'arme varie en fonction du rang du sort. Dégâts dans l'élément majoritaire utilisé. 1/3 ))
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Message par Xël » mar. 5 janv. 2021 15:20

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« Danwil ! »

Rugit le Général, donnant à Edmen le signal d’agir. Il prend la place de Camille en pleine échange, m’attaquant avec sa lance d’entraînement, surpassant l’allonge que j’ai avec mon épée invoquée. Je me concentre en un instant reprenant l’image de la bougie pour contrôler mon sort, puisant dans ma magie pour transformer ma lame en lance. Je parviens à bloquer le premier coup mais le second traverse mon invocation qui se dissipe et vient me frapper l’épaule.

« Poursuivez Almaran ! »

J’esquive un coup d’estoc et entreprend de refaçonner une arme avec ma magie sous les assauts répétés du lieutenant. Après une feinte il tente un coup vertical, je lève mes bras et fait apparaître une nouvelle lance au manche spiralé bleu gris tandis que la pointe ressemble à une tornade qui s’est figée dans la glace, transparente avec des reflets verts et azur changeant au gré de la lumière. Le coup est paré et Edmen me sourit avant de reculer pour prendre une posture d’attente.

« Excellent. Nous avons bien avancé aujourd’hui mais il reste encore des moments où votre magie est mal maîtrisée, nous poursuivrons demain. Aussi, il ne sert à rien d’utiliser une arme si vous ne savez pas vous en servir, vous suivrez donc un entraînement avec le lieutenant Hereham, il fera de vous un excellent combattant, j’en suis sûr. Voyez ce qu’il a fait du lieutenant Danwil. »

Camille rit tandis qu’Edmen hausse un sourcil étonné, pas certain de savoir comment interpréter ce commentaire dit avec un terrible sérieux.

« Je vous libère pour aujourd’hui. Vous avez quartier libre. »

« Merci Général ! »

Je quitte la cour après avoir salué les deux lieutenants. La journée touche à sa fin, l’après midi à consisté à m’entraîner à façonner des armes de différentes tailles en situation de combat. Si donner à ma magie l’apparence que je souhaite est acquis, j’ai encore du mal à lui donner la résistance que je désire. Un résultat qui me prendra du temps selon Bogast qui m’a rassuré en m’expliquant que ce sort est bien plus simple pour les mages maniant des éléments solides comme la glace ou la terre. Mais je ne me décourage pas, je suis en bonne voie et je compte bien prouver à Thonas que son frère n’a pas exagéré ce que j’ai accomplis à Luminion.

« Pst ! Xël ! »

J’interromps ma marche dans les couloirs pour chercher la provenance du bruit. Après quelques tours sur moi même je distingue finalement Stepha qui me fait signe, à moitié dissimulé derrière un coin de mur. J’arbore immédiatement un regard méfiant et scrute à nouveau les alentours.

« Trieli n’est pas là. »

Je soupire de soulagement et m’approche de la recrue disgracieuse qui sort de sa cachette.

« Un problème ? »

« J’ai quelque chose à te demander. »

Je la trouve étrangement excitée et c’est loin de me rassurer. Ses yeux trop rapprochés me jaugent de haut en bas alors que de la sueur coule sur son visage gras et boutonneux. Je reste silencieux, haussant simplement un sourcil.

« Mais d’abord il faut aller dans ton dortoir. »

« Hola... »

Lâchais-je en levant les mains.

« Ne sois pas bête. »

Rétorque-elle avec un rire de cochon. Elle m’explique qu’elle a trouvé dans la bibliothèque de la caserne un livre parlant d’enchantement et qu’elle aimerait bien en faire l’expérience. Je suis le seul mage parmi les recrues et donc le seul vers qui elle peut se tourner. J’ai simplement besoin de récupérer une pièce de mon armure. Je hausse les épaules avant d’accepter, plutôt curieux d’en apprendre plus. Elle m’invite à la retrouver dans la bibliothèque dans l’aile ouest au deuxième étage. Elle fait bien de me le préciser car j’ignorais même que l’académie en possédait une.

Je monte donc au premier, passant dans mon dortoir pour fouiller mon casier et récupérer une épaulière de plates. Je rejoins ensuite l’aile opposé pour descendre les escaliers bien moins étroits que dans l’aile des recrues. Toute l’aile d’ailleurs est bien plus agréable à traverser. Un tapis décore le sol tandis que des tapisseries illustrant des batailles garnissent les murs. Je ne tarde pas à trouver la salle des livres et je ne peux retenir un hoquet de surprise. La pièce est immense et s’élève jusqu’au dernier étage du bâtiment au quel on peut accéder par des escaliers en colimaçon au bois vernis. Je distingue des murs entiers couverts de bouquins, des expositions de tableaux, de bustes, de maquettes de batailles, de plans d’armes de sièges ou de navires. Une source intarissable d’information pour apprendre l’art de la guerre. Je remarque Stepha à l’étage qui me fait signe, j’emprunte un escalier pour la rejoindre. Le troisième étage semble être un lieu plus discret, plus privé où l’ont peut bénéficier d’une pièce plus ou moins grande pour lire en paix ou effectuer des travaux d’équipes plus bruyants. Je reconnais d’ailleurs des hommes du corps d’artillerie qui pénètrent une pièce avec des maquettes de balistes et de catapultes.

« On nous accorde cette salle. »

Elle me fait signe d’entrer avant de me suivre et de refermer la porte derrière elle. Elle attache alors ses cheveux ébouriffés avant de taper dans ses mains avec enthousiasme.

« Allons-y ! »

« Comment on procède ? »

Demandais-je en posant ma pièce d’armure sur l’unique table de la pièce.

« Aucune idée ! Ça va être super ! »

Son enthousiasme réussit au moins à me faire rire.

« J’ai lu des trucs d’accord ? En théorie je sais comment ça devrait se passer mais en pratique c’est toujours plus délicat. »

« Y a pas une formule ou un truc du genre ? »

« Une formule ? Non pas vraiment c’est plutôt... une réaction... magique... »

Elle agite ses mains avant de hausser les épaules avec une mine amusée.

« Tu sais c’est peut être pas le bon endroit pour pratiquer ce genre d’expérience... Surtout avec moi.»

« Oui faudrait pas que tu provoques le même incident qu’au port. Mais t’inquiètes pas si je vois que ça dégénère... je t’assommes avec ce rouleau à pâtisserie. »

Elle brandit le dit rouleau, sorti de je ne sais où.

« Je l’ai piqué en cuisine. »

Elle rit avant de me faire signe de garder le silence. Cette fille a vraiment un truc étrange. Elle a beau être dérangée il n’émane aucune malveillance d’elle, au contraire de son amie, grande et blonde Trieli qui ne cesse de prouver sa méchanceté, surtout à mon égard.

« Me dit pas que tu as changé d’avis ! »

« Non, non, essayons. »

« Chouette ! »

Elle pose son livre ouvert à côté de mon armure avant d’en lire une partie, m’expliquant les enchantements possibles. J’apprends alors qu’ils servent à me protéger des dégâts magiques et je pense spontanément à mon affrontement contre la pyromancienne dans l’arène. Elle m’invite à poser mes mains sur l’armure et me concentrer sur un enchantement que je désire. Je hausse brièvement les épaules, pensant rapidement à une protection, au hasard. Je pose ensuite mes mains sur l’armure et celle-ci réagit instantanément, arrachant un cri de surprise à la recrue. L’épaulière se met à vibrer et se strie de lignes bleus et blanches me faisant penser aux couleurs des éclairs. Ça ne dure que quelques instants puis la pièce d’armure reprend son aspect d’origine.

« C’est bon ? »

« Oui ! C’est pas génial !? »

S’exclame mon acolyte avant de me remercier. Elle me serre dans ses bras épais tandis que j’observe le résultat de notre expérience avec une pointe de déception.

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(( Tentative d'apprentissage du sort Arme magique : Crée une arme magique de mêlée dont l'apparence, la couleur, dépend de ou des élément(s) utilisé(s) pour l'invoquer. Plus l'arme est grande, plus dur sera l'effort pour la maintenir. L'arme, si elle quitte la main du lanceur, disparaît. L'utilisateur doit cependant garder un PM de l'élément majoritaire utilisé pour maintenir l'arme, qui se dissipera au bout d'un certain temps. Le rang de l'arme varie en fonction du rang du sort. Dégâts dans l'élément majoritaire utilisé. 2/3

Utilisation de ma capa rp de sorcier Enchantement d'armure : A chaque passage de niveau, le Sorcier peut ajouter gratuitement un enchantement à une pièce d'armure lourde. Enchantement Isolée : protection contre les dégâts de foudre sur mon épaulière.))
Modifié en dernier par Xël le ven. 10 juin 2022 20:28, modifié 4 fois.

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Re: L'Académie Militaire

Message par Xël » mar. 5 janv. 2021 22:01

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« Recrues. Voilà déjà un mois que vous êtes arrivés ici. Gosses de riches déjà formés au combat ou non, simples paysans, résidus de caniveau ou encore héros d’un monde lointain... »

Je sens les regards se poser sur moi face au commentaire moqueur du capitaine qui reprend son discours.

« Peu importe car vous avez réussi à tenir jusqu’ici et certains m'ont même impressionné. Votre première solde vous est donc acquise ainsi que mes félicitations car comme vous le constatez, ce n’est pas donné à tout le monde. »

Et pour cause, la moitié des recrues a choisie d’abandonner.

« Comme convenu, votre emploi du temps change. Vous continuerez de vous entraîner avec moi le matin puis après le repas vous le poursuivrez dans le corps qui va vous être attribué en fonction de vos compétences ou des besoins. »

Un vague sentiment d’excitation et d’impatience parcours le rang. Les corps de l’armée, les recrues n’ont que ce sujet à la bouche depuis une semaine. Certains sont venus pour en rejoindre un précis, à l’image de Thonas qui vise depuis le départ le corps d’Elite rassemblant les meilleurs soldats et capable d’effectuer n’importe quel mission. Il y a les trois classiques, l’infanterie, la cavalerie et l’artillerie. Puis le corps médical et finalement le corps logistique.

« Voici maintenant l’heure des attributions... »

« Capitaine Christo ! »

Le capitaine jette un regard sévère au soldat qui vient de l’interrompre. Il lui glisse quelques mots à voix basse et le visage de Nathanaël se durcit d’avantage à chaque seconde. Après une courte conversation, il acquiesce et congédie le messager qui court en sens inverse à toute jambe. Il s’éclaircit la gorge et prend un instant avant d’ouvrir à nouveau la bouche pour appeler les officiers des différents corps qui sont présents. Il semble perturbé, c’est la première fois que je le vois ainsi.

« Allez vous entraîner. »

Ordonne il en voyant notre agitation. Nous nous mettons à courir et les rumeurs commencent déjà à parcourir les coureurs. Nouvelle attaque de Garzok, présence d’un espion au sein des officiers, d’un traître dans la noblesse, chacun y va de son idée. Je me ferme à toutes ces histoires et accélère le pas pour atteindre la hauteur de Cwen. Cela fait longtemps que je n’avais pas parlé au rouquin et il m’accueille avec un sourire radieux.

« Inutile de me demander, je ne sais pas ce qu’il se passe. »

Je réponds d’un rire franc entre deux souffles.

« Je voulais savoir comment tu allais. »

« Ca va. Je m’accroche. J’espère rejoindre l’artillerie, balancer des trucs en étant loin des combats c’est plutôt chouette. Si on oublie le fait qu’on tue des gens. »

Nos regards se croisent, loin d’être amusés. Cwen est là simplement parce qu’il n’a pas le choix, il n’est pas du genre à prendre plaisir à tuer. Quant à moi, je ne compte plus le nombre de cadavres que j’ai semé. Nous sommes interrompu par le lieutenant Hereham qui me fait signe.

« Désolé ! A la prochaine ! »

Je sors des rangs pour rejoindre Camille qui patiente avec un air plus soucieux que d’habitude.

« Ton entraînement est avancé, dépêchons nous. »

Comme d’habitude nous rejoignons notre zone d’entraînement et commençons sans tarder.

« Je ne vais pas te ménager Xël alors donne toi à fond. »

J’incline la tête en laissant agir mes fluides, invoquant une lance entre mes mains. Nous nous mettons en position et le combat commence. Camille est plus expérimenté que moi et le battre en un contre un est tout simplement hors de ma portée mais je fais tout ce qu’il faut pour tenir face à lui en me concentrant sur mon sort. La lance tient bon, résistant aux coups de mon adversaire. D’une passe il me désarme et ma lance disparait dès qu’elle quitte mes mains et son lien magique. Quelques conseils de sa part et nous reprenons encore et encore. Jusqu’à ce que ma maîtrise du sort et du maniement de l’arme soit correct. Nous sautons même le repas d’un commun accord, impatient de me voir réussir. L’image de la bougie fonctionne, une chose apprise dans un monastère il y a si longtemps... Encore une fois il me désarme mais en un instant une épée apparaît dans mon autre main, le prenant par surprise. Je frôle son armure et le fait reculer. Essoufflé, il me félicite avant de jeter un regard derrière moi.

« Bravo Almaran. Vous avez visiblement compris comment maitriser votre magie. Nous pouvons donc faire un nouvel essai. »

Bogast s’approche avec une arbalète à la main et me tend un carreau. Je comprends tout de suite ce que je dois faire.

« S’il vous plait Almaran. Pas de blague. Je ne veux pas voir la caserne devenir une ruine. »

Dit-il en retirant un instant le projectile avant de me le confier. Je le prends délicatement entre mes doigts et ferme les yeux. Derrière mes yeux clos se dessine la bougie brûlant d’une flamme vive, sur le point de consumer sa cire à une vitesse folle. Je me concentre pour réduire l’air autour d’elle, réduisant sa force, canalisant son énergie. Quand la flamme vacille de manière tranquille et régulière je laisse ma magie s’extirper du bout de mes doigts. La bougie se transforme sans que la flamme ne grandisse ou ne s’abaisse. La cire fond avant de se mouvoir et de se durcir, prenant l’apparence d’un dragon regardant vers le haut dont le feu sort de sa gueule ouverte. J’ouvre les yeux pour observer mon sort, similaire à l’image que je viens de me faire dans mon esprit. Je coupe mon lien magique et aperçois le dragon se fondre dans le projectile. Je confie le carreau à Bogast avec des mains tremblantes et l’observe armer son arbalète avant de viser la cible au fond de la cour, posée contre le mur de pierre. Il presse la gâchette, laissant claquer la corde qui projette le carreau. Deux ailes de tailles raisonnables cette fois apparaissent. La flèche est transportée à grande vitesse jusqu’à atteindre la cible ou le vent se lie à la force de l’impact, causant de forts dégâts, projetant la paille colorée dans toute la cour.

« Almaran. J’ai quelque chose à vous annoncer. »

Dit Bogast d’un air grave.

« Vous partez en mission. »

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(( Tentative d'apprentissage du sort Arme magique : Crée une arme magique de mêlée dont l'apparence, la couleur, dépend de ou des élément(s) utilisé(s) pour l'invoquer. Plus l'arme est grande, plus dur sera l'effort pour la maintenir. L'arme, si elle quitte la main du lanceur, disparaît. L'utilisateur doit cependant garder un PM de l'élément majoritaire utilisé pour maintenir l'arme, qui se dissipera au bout d'un certain temps. Le rang de l'arme varie en fonction du rang du sort. Dégâts dans l'élément majoritaire utilisé. 3/3

Tentative d'apprentissage du sort Renfort draconique : Le magicien peut matérialiser un minuscule dragon magique aux couleurs de l'élément du fluide utilisé, ce qui lui prendra un premier tour. Ce dragon fluidique se liera à une munition qui pourra alors être tirée au prochain tour, les ailes magiques du dragon portant la munition à une vitesse plus rapide que d'habitude, laissant moins de chance à l'adversaire de l'esquiver. Il confère également ses propriétés élémentaires au projectile, ce qui inflige des dégâts supplémentaires. Jet de blessure physique + jet de blessure élémentaires de l'élément utilisé. 2/2 ))
Modifié en dernier par Xël le mar. 5 janv. 2021 23:00, modifié 2 fois.

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Re: L'Académie Militaire

Message par Xël » mar. 5 janv. 2021 22:53

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« Je peux comprendre votre surprise. C’est assez exceptionnel. »

Toutes les recrues sont réunies dans la cour principale en compagnie du général Bogast, du capitaine Christo et du sergent Aldchet arborant comme d'habitude son regard inquisiteur et sa mine furieuse. Même si aucun de nous n’émet de plaintes, nous arborons d’une manière générale une mine surprise.

« C’est une mission simple. Sans réel danger. Seulement les soldats plus expérimentés se tiennent prêts à intervenir au nord. C’est donc à vous qu’est confié cette tâche. »

Une recrue lève lentement la main dans les rangs et Christo le fusille du regard en répliquant avec virulence.

« Ce n’est pas une salle de classe ! Baissez la main ! Imbécile ! »

La recrue s’exécute et le capitaine poursuit avec une mine plus sévère.

« Votre mission est d’escorter un chariot à travers le Bois aux Lutins jusqu’à Port-Sûr. Le comte insiste pour qu’il y ait une escorte car pour ceux qui s’en souviennent, il y a eu une embuscade au nord de ces bois il y a un mois même si depuis des patrouilles ont fouillée les environs. »

Avec les autres recrues présentent dans le même convoi que moi, nous nous lançons un regard.

« Nous allons compenser votre manque d’expérience par le nombre mais sachez que j’ai informé le Général que je vous considère prêt pour mener cette mission à bien. Vous serez sous le commandement du sergent Aldchet. Maintenant assez perdu de temps. Allez vous reposer, préparez vous à partir demain à la première heure. »

Nous rompons le rang pour rejoindre les dortoirs. Je remarque Chet qui prépare ses affaires avec des mains tremblantes tandis que je prépare mon armure.

« Tout va bien ? »

« C’est ma première mission et j’ai un mauvais pressentiment. »

« Ça va bien se passer, c’est juste une forêt. »

J’essaie de le rassurer malgré que j’ai conscience du danger que peut dissimuler des bois. Il feint un sourire avant de refermer son sac et de monter dans son lit.

« Hey Xël. »

Pherroc me tape dans l’épaule avant de tendre vers moi ce que je reconnais être une rune.

« C’est un truc de mage je crois. Je l’ai trouvé il y a longtemps et elle me sert à rien alors... par contre faut passer dans une boutique magique pour traduire le... »

« Pi. Ca signifie renforcer. »

Dis-je avec un air aussi étonné que mon ami.

« Tu sais déchiffrer ça ? »

« Non mais c’est comme si... si instinctivement je le savais... »

Il prend ma main et fourre la rune dedans avant de la refermer.

« Prends ça et m’en dit pas plus. Vos trucs magiques ça me fout les boules. A demain Almaran. »

Il rejoint son lit à son tour tandis que j’inspecte encore la rune qu’il m’a confié. Je me couche à mon tour après avoir rangé la pierre et me concentre pour m’endormir avant que les ronflements m’en empêchent.


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Re: L'Académie Militaire

Message par Xël » ven. 8 janv. 2021 13:53

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Finalement nous arrivons à Bouhen. Nous sommes observés comme des fantômes. Surtout que certaines de nos armures sont dans un sale état. Celle de Trieli est cabossée alors qu’un gros bleu s’est étalé sur toute sa joue comme si elle avait prit une gifle monumentale. L’armure du sergent aussi à souffert de sa rencontre avec le colosse au trésor, de même que celle de Thonas, cabossée de toute part. Tous les trois avaient prit la majeur partie des attaques, comme le rôle de soldat d’infanterie le veut. Fort heureusement aucune blessure grave n’est à déplorer grâce à Chet’ qui s’était d’ailleurs occupé d’utiliser sa magie pour soigner ma main cassée. Nous apprenons que le convoi est arrivé à destination et que les recrues sont déjà sur le retour. J’ignore combien de temps nous nous sommes reposés dans le laboratoire. Difficile de savoir sans la course du soleil pour nous aiguiller. En parlant d’aiguille, j’avais trouvé une étrange boussole noire et blanche dont l’aiguille pointe dans une direction précise. Anne m’avait autorisé à la conserver, pensant qu’elle était cassée mais je ressens au fond de moi que ce n’est pas une boussole ordinaire.

Le sergent ne perd pas son temps et se dirige immédiatement vers la commanderie pour faire son rapport, accompagné du capitaine Christo qui est venu lui demander ce qu’il s’est passé, le message de Port-Sûr indiquant que nous avions disparus dans l’embuscade. Bogast et ses lieutenants viennent aussi à notre rencontre pour s’assurer que nous sommes en pleine forme et pour cause Bogast nous explique que nous n’avons pas le temps de nous reposer.

« Nous avons reçu ce matin l’ordre royal de nous mettre en marche. Nous partons pour l’Ynorie et vous venez avec nous. Almaran je vous suggère de trouver un casque, vous en aurez besoin. »

Je plisse les yeux, alors ça y est, nous marchons vers l’armée d’Omyre, enfin. Je suis prêt à l’affronter à présent. Je rattrape au pas de course le général alors qu’il s’éloigne.

« Général attendez ! J’ai trouvé ça dans la grotte. Le sergent a dit que je pouvais la garder. Je ressens quelque chose d’étrange en la voyant. »

Dis-je en tendant la boussole vers lui. Il l’observe un instant avant d’écarquiller les yeux.

« Nom de nom Almaran ! Vous avez trouvé ça dans une grotte ? Puis-je ? »

Demande-il en tendant la main. Je lui confie et il l’examine alors sous toutes les coutures d’un oeil expert. Après quelques instants il semble à la fois rassuré et déçu.

« Je pense que c’est une fausse Almaran. Dommage. Je vous expliquerais plus tard ce que c’est. Pas de temps à perdre pour le moment ! Dégotez vous un casque Almaran ! Et que ça saute ! »

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Re: L'Académie Militaire

Message par Xël » sam. 4 juin 2022 09:38

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Je ne pensais pas avoir à supporter ça en revenant à Bouhen. Vidée de ses garnisons, j’ai l’impression de déambuler dans une ville déserte. Chaque rue, chaque bâtiment, me rappelle un souvenir vécu en compagnie des personnes qui m’ont accompagnées ici, me donnant l’impression de vivre parmi des fantômes.
Je passe devant le marché où se trouve toujours cette petite taverne improvisé, je m’y revois, discutant avec Camille, le lieutenant de Bogast qui s’était toujours montré gentil avec moi, m’apportant inconditionnellement son soutien et ses encouragements. Lui qui était issu d’une famille de fermier il s’est hissé jusqu’au rang d’officier pour mourir sur le champs de bataille. Plus loin, la ruelle dans laquelle j’ai dû patrouiller avec Cwen, le rouquin fils de boulanger, chassé de chez lui pour l’armée car ses grands frères occupent déjà tous les postes où il y a besoin de bras. Ses bras ont servis sur le champs de bataille où il a perdu la vie.

Je rentre dans l’enceinte de l’académie, traversant le terrain d’entraînement et jetant un oeil vers les nouvelles recrues qui crachent leurs poumons sous l’oeil sévère de Nathanaël Christo. J’ai l’impression de nous revoir, moi et mes compagnons, à bout de force, courant pour ne pas subir le châtiment du Capitaine. Je m’immobilise quand j’en aperçois un qui s’écroule, me donnant l’impression de voir le jeune Chet’, le cadet de notre groupe de recrues, souffre douleur de son grand frère instructeur, réservé, serviable, un homme bon qui a perdu la vie dans le charnier des âmes ou encore moi, victime du croche pied de Trieli, la surdoué, la belle blonde, douée en tout et qui se vengeait de moi pour un cambriolage datant d’une autre vie. Il est immédiatement engueulé par Christo qui vocifère à son encontre pour qu’il se redresse, évité par ses camarades pour ne pas subir le courroux de l’instructeur à la place de celui qui est à terre. Casque sous le bras, j’essuie de mon autre bras la larme provoqué par mes souvenirs qui roule sur ma joue.
A rester ainsi, le capitaine Christo me remarque et nos regards se croisent. Je renifle alors que son regard dur se fait plus humain. Sans un mot pour ses recrues, il s’en éloigne pour venir vers moi. Instinctivement mes sens se mettent en alerte, je sèche rapidement mes larmes et renifle encore un coup pour faire disparaître le sanglot qui pourrait faire trembler ma voix. Je me mets au garde à vous alors qu’il est tout proche.

« Capitaine. »

M’exclamais-je d’une voix forte et assurée tout en le saluant d’un geste.

« Repos Almaran. »

Je baisse mon bras, stupéfait par son ton et son volume de voix d’une douceur que je ne soupçonnais pas chez lui. Il s’approche encore et mon corps se met en garde, s’apprêtant à prendre un coup. Mais il n’en est rien, le capitaine pose une main sur mon épaule et plonge un regard attristé malgré qu’il se veut autoritaire.

« Bon retour parmi nous soldat. »

Je suis défais. Anéanti par ses paroles de bienvenue et sa gentillesse, lui qui m’avait mené la vie si dur durant mon entraînement. Pour cause, à l’exception du Général et de quelques autres, nous étions si peu nombreux à être revenus. Mes bras et mes jambes m’abandonnent, je suis accablé par les souvenirs de mes amis qui s’effondrent sous le chant de la bête monstrueuse d’Oaxaca. Je m’effondrerais sur le sol si Christo ne s’empressait pas de me rattraper, me saisissant fermement pour me faire une accolade et m’adresser encore des paroles réconfortantes.

« Ça ira Almaran. Laissez-vous aller. Vous le méritez. »

Alors que je pensais qu’il me haïssait, voilà qu’il était l’épaule sur laquelle je pouvais me reposer. Stoïque, il attend patiemment que mes yeux cessent de couler, alors que lui aussi a perdu son jeune frère.

« J’espère que vous me ferez l’honneur de porter le cercueil qui symbolise les morts au combat lors de la cérémonie de demain. »

Je me redresse, soufflant mes derniers sanglots avant d’acquiescer.

« Oui Capitaine. »

Derrière lui les recrues ont cessés de courir pour nous observer, curieux, murmurant entre eux ou profitant pour reprendre leurs souffles. Il se retourne et reprend immédiatement son allure autoritaire et vocifère d’une voix forte qui les fait tous sursauter.

« Qui vous a donné l’autorisation de vous arrêter ?! Vous me ferez cent tours de plus tas de déchets ! »

Il se dirige d’un pas furieux vers eux alors qu’ils se remettent en course dans la panique et la désorganisation, s’attirant d’avantage de foudres de la part du capitaine. Pour ma part, je reprends contenance et me dirige vers l’intérieur de l’académie, ignorant les fantômes de mes amis morts qui s’exercent sur le terrain d’entraînement ou une fine pluie commence à tomber.

L’intérieur n’a pas changé, si ce n’est que les couloirs sont moins empruntés, vides. Pas de ronflements en passant devant les dortoirs, pas de bruits de dés, de cartes ou de rires en traversant la salle de repos, à peine quelques sons de couverts, de gamelles et de gobelets en longeant le réfectoire. Je croise quelques gardes qui patrouillent, l’air absent, qui me reconnaissent et me salue bien après m’avoir croisé. Même l’infirmerie est silencieuse car aucun blessé n’y râle des traitements de la vieille Margaret… Des fantômes, des spectres, des souvenirs, voilà ce qui arpente les couloirs de l’académie. Mes jambes se font de plus en plus lourdes à chaque pas, comme si mon énergie était happée par la nouvelle ambiance de ce lieu qui était avant une véritable ruche.

Puis soudain je discerne des bruits de pas plus rapides, plus saccadés, presque affolés. Ça s’approche, je devine qu’il s’agit de quelqu’un d’assez imposant à la lourdeur des pas. Je me fige, m’attendant presque à voir surgir une créature des Treize au coin du couloir. Mais il n’en est rien. Celle qui apparaît n’est autre que Stepha, avec son surpoids, son visage disgracieux et boutonneux, sa bouche de travers et ses cheveux gras. Une des rare qui est restée à Bouhen pour pouvoir au mieux servir l’armée avec ses talents. Les larmes ne tardent pas à couler de nos yeux et c’est avec une nouvelle foulée qu’elle vient se jeter dans mes bras. J’encaisse sa charge, je la serre dans mes bras, conscient que je suis tout ce qui lui reste de nos souvenirs de recrue tout comme elle l’est pour moi.


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Re: L'Académie Militaire

Message par Xël » mar. 28 juin 2022 20:19

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Nous sommes accueillis dans l’infirmerie par la vieille Margaret qui sort de sa pièce privé quand elle nous entends déposer le blessé dans un lit.

« Qu’est-ce que c’est que ce vacarme ? »

Aboie-t-elle de sa voix grinçante. Je laisse Stepha lui faire un rapport et la vieille chouette nous chasse de l’infirmerie en lui ordonnant de quérir un certain capitaine Saric. Je me retrouve dans le couloir avec la barde qui a cessé de parler pour se tâter un peu la joue bleuie et sa lèvre gonflée.

« Ça ira. C’est assez courant. »

Me dit-elle en voyant mon regard inquiet. Mais je suis plus préoccupé qu’inquiet pour être honnête car je n’ai pas rêvé, c’est bien un sort d’air que j’ai vu dans cette ruelle, j’en suis certain.

« C’était bien vous qui êtes à l’origine du sort qui a repoussé le marin ? »

Elle se tourne vers moi avec des yeux pétillants de fierté.

« Vous avez remarqué ! Oui ! Moi aussi je possède des fluides d’air ! Pshhuuuuu ! Dans sa face de gros lard ! »

S’exclame t-elle en faisant de grands gestes. Elle était vraiment particulière, tantôt cinglante et vociférante puis ensuite enfantine et charmante. C’est donc ça les artistes ?

« Bien sûr je suis loin d’égaler Xël Almaran ! Le plus puissant mage du royaume ! »

« Je vous ai déjà dit que je ne suis p… »

Je suis interrompu par un homme qui déboule au détour du couloir, essoufflé, l’air paniqué, le visage rond et rouge comme une tomate sous une touffe de cheveux sombres. Il s’arrête devant l’infirmerie et je remarque sur son uniforme l’insigne de capitaine. Pourtant il semble jeune, plus que je ne le suis. Il dévisage la musicienne avec insistance, ne manquant pas de la faire réagir.

« Tu veux mon portrait trouduc’ ? »

« Permettez mademoiselle ? »

Répond-il poliment en montrant sa main sans manquer de cligner des yeux béatement face à son agressivité. Elle reste un instant immobile, surprise, alors qu’il désigne sa joue de l’autre main. Elle incline finalement la tête et il pose alors sa main sur le visage blessé et en un instant lui rends sa couleur et sa forme d’origine dans une lumière blanche. Je comprends alors qu’il s’agit du capitaine Saric et qu’Il remplace Hewrob qui est sans nulle doute tombé à Kochii lui aussi. Tous ces morts ont sûrement provoqués des promotions éclairs dans tous les corps et certains sont moins fournis que d’autres.

La musicienne caresse sa joue neuve et incline la tête en guise de remerciements, provoquant un sourire gêné du jeune capitaine qui pénètre ensuite dans l’infirmerie en se faisant sévèrement réprimander par Margaret qui assure qu’elle aurait eu le temps de mourir trois fois, tirant des excuses tremblantes de l’officier et un sourire qui s’étire sur mon visage.

« Je vais vous raccompagner jusqu’à chez vous… »

Dis-je à celle à côté de moi alors que l’agitation gagne l’infirmerie.

« J’ai quelque chose à vous demander avant. »

Je hausse un sourcil alors que je lui indique le chemin vers la sortie.

« Vous êtes véritablement une source d’inspiration pour moi. Est-ce que vous accepteriez que je vous accompagne durant vos voyages ? Je pourrais écrire des chansons sur vous ! »

Je hausse un second sourcil, surpris. Voilà autre chose. Mais elle poursuit son argumentation, assurant qu’elle pourrait faire de moi une légende dont le nom serait chanter par tous les bardes du monde.

« Vous devez pourtant savoir que les endroits où je me rends ne sont pas vraiment fait pour se promener avec un luth.»

Elle insiste, assurant qu’elle sait se défendre et qu’en plus je pourrais lui apprendre quelques sorts.

« Et puis on devrait connaître une période un peu plus paisible non ? »

Je n’en suis pas convaincu et même si c’est le cas, je sais que la guerre va recommencer. De graves dangers pèsent encore sur nos épaules. Je lui explique que mon prochain voyage n’a rien de palpitant, mon but étant de rejoindre Gasansary pour trouver un forgeron capable de travailler la Faerunne.

« Pas de danger du coup ! »

Rétorque-t-elle pour me convaincre. Je pousse un profond soupire alors qu’elle sautille de joie, certaine d’avoir remporté l’échange. Il est vrai que la menace Garzok est repoussée et qu’à part quelques petites créatures, rien ne devrait trop se rapprocher des routes.

« Bon. Pourquoi pas après tout… Vous avez l’air d’être de bonne compagnie.»

« D’excellente compagnie ! »

Elle se présente finalement quand je lui demande son nom. Elle se nomme Amélie Bentis et me raconte, alors que nous traversons la ville vers l’auberge, qu’elle vient d’Haenian qui est une ville réputée pour ses festivités. Elle y est née et y a grandit et malgré qu’elle ait découvert sa magie d’air assez jeune elle n’avait que le désir de faire de la musique. Fille de riches marchands locaux, elle fut inscrite à la prestigieuse académie des bardes où selon ses mots sa passion s’est transformé en art, oubliant totalement le potentiel qu’ont les fluides d’air. Ce n’est qu’en me découvrant qu’elle a comprit que la magie d’air pourrait embellir d’avantage son art.

« Alors le but c’est d’écrire des chants sur mes voyages tout en apprenant à mieux se servir des fluides d’air ? »

Demandais-je dubitatif.

« Tout à fait ! Chaque souffle que vous inspirerez, chaque mouvement que vous ferez, chaque décision que vous prendrez, je vous regarderai. »

Je lui adresse un sourire amusé bien qu’elle soit étrange et que son caractère semble bipolaire je suis amusé d’avoir de la compagnie. J’admets volontiers que voyager seul m’inquiétait un peu, aussi puissant qu’Amélie ne cesse de le répéter. Je lui donne donc rendez-vous dans deux jours, vers midi pour pouvoir manger un morceau ensemble avant de partir et nous nous quittons devant la porte de l’auberge où elle a sa chambre.


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Re: L'Académie Militaire

Message par Xël » mar. 28 juin 2022 20:22

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Une fine pluie tombe sur Bouhen, donnant un aspect encore plus morne à ce jour déjà sombre. Le ciel est couvert d’épais nuage gris que le soleil peine à traverser. La luminosité manquante transforme les murs et les pavés blancs de la cour de l’académie en des façades et sols sales. Quelques coups de tonnerre résonnent au loin, portés par les vents venant de l’océan.

Les occupants du bâtiment sont rassemblés dans la cour, de la dernière recrue au plus haut officier, habillés de leurs plus beaux uniformes, maintenant trempés par l’averse. Alignés, dans une posture digne, le regard dardés devant eux avec un air se voulant stoïque, impassible. Ils forment un large passage où je défile en compagnie du Capitaine Christo et de deux autres personnes dont je ne connais pas les noms mais que je reconnais comme étant des hauts gradés de l’armée. Nous portons à nous quatre un cercueil de bois, vide, habillé d’un tissu aux couleurs du royaume, fixé pour ne pas que le vent l’emporte. Nous marchons d’un pas lent, solennel, en hommage aux défunts.

Je respecte la volonté de Christo qui m’a ordonné de rester humble pendant notre marche, de retenir ma tristesse, ma rage, ma colère. Que ce moment est pour honorer les morts et apporter la sérénité à leurs âmes, non pas pour empoisonner les nôtres avec de la rancoeur. Nous parcourons le chemin jusqu’à un trou au pied d’une stèle où sont gravés les trop nombreux noms des soldats disparus venant de la garnison de Bouhen. Nous déposons le cercueil sur des planches au dessus de la tombe avant de reculer pour se tenir devant où viennent se placer tous les soldats de la haie d’honneur, puis les quelques membres des familles proches qui ont fait le déplacement où habitent la ville. Un discours est prononcé, expliquant que ces stèles mémoriels vont fleurir dans tous le royaume, dans chaque village qui a perdu homme ou femme dans ce que l’orateur appelle la bataille la plus meurtrière de l’histoire. La cérémonie se conclue par une minute de silence alors que le cercueil vide est inhumé et qu’un brasero est allumé à son emplacement. Ainsi j’apprends que pour chaque tombe une flamme brûle en la mémoire des victimes de la bataille et qu’elles brûleront tous les jours.

Nous quittons la cour en rang, laissant les familles se recueillir. Je sens encore peser sur moi les nombreux regards de ceux présents. Je me pose mille questions sur ce qu’ils peuvent ressentir à propos de moi. Moi, un des seul survivant. Est-ce qu’ils me haïssent ? Est-ce qu’ils sont heureux pour moi ? Est-ce qu’ils pensent que je me suis enfui pour survivre ? Est-ce qu’ils sont jaloux ? Envieux ? Je me sens agressé par tant d’interrogations. Je m’éloigne rapidement des regards pour gagner les dortoirs, observant la cour à l’abri derrière une fenêtre.

« Vous vous en êtes bien sorti Almaran. »

Je sursaute en entendant la voix du capitaine derrière moi. Instinctivement je me mets au garde à vous pour le saluer, emprunt de la sensation d’avoir été prit en faute. Il me lance un bref regard surpris avant de me dire de me détendre. Je comprend à quel point son entraînement est efficace à présent, capable de métamorphoser un clodo comme moi en soldat capable de se mettre au garde à vous en quelques instants.

« Je sais que vous me prenez pour un enfoiré Almaran mais si je suis dur avec mes recrues c’est pour qu’elles soient capable d’endurer le pire. Mais j’ai le sentiment que le pire a été franchi. »

« Je suis désolé pour votre frère. »

« J’en ai perdu trois lors de la bataille. »

Dit-il en dissimulant ses émotions. Je reste alors silencieux tandis qu’il s’avance vers les fenêtres pour observer la cour.

« Je ne m’occuperai bientôt plus des recrues. Peut être que mon successeur sera moins sévère avec les nouveaux mais je pense que vous avez compris maintenant que ce ne serait pas leur rendre service. A ce propos j’aurais quelque chose à vous demander. »

Je lui adresse un regard surpris et il poursuit avant que je ne puisse dire un mot.

« Les rapports de bataille font état de l’utilité, souvent décisive, de la magie. Une armée de morts annihilés dans une onde de lumière, des centaines de soldats incapables de combattre dans un grand rayon, une zone du champ de bataille rendu impraticable à cause d’un blizzard, des murs de flammes et j’en passe, sans compter votre magie Almaran. »

Je crains commencer à comprendre où il veut en venir.

« J’aimerai que l’armée à venir se dote de plus nombreux mages de bataille. Formés, équipés avec des enchantements et des runes, des mages à votre image Almaran. Nous pourrions réduire nos ennemis en miettes. »

« Qu’est-ce que vous attendez de moi exactement capitaine ? »

Demandais-je froidement. Anéantir, voilà ce que Christo voulait. Comment lui en vouloir ? J’étais dans le même état d’esprit il y a encore peu de temps. Mais une telle armée serait un désastre pour notre monde et c’est encore le souvenir d’Aliaénon qui me vient en tête.

« J’ai besoin d’un mage de votre talent pour les entraîner. Dès que mon grade de commandant prendra effet je ferais partir des annonces dans chaque coins du royaume pour encourager les possesseurs de fluides de rejoindre l’armée. La formation sera difficile mais ils auront une meilleure solde, des avantages, de quoi les motiver à s’engager. Vous aussi vous aurez des avantages si vous acceptez…»

« J’ai déjà autre chose en tête. »

Rétorquais-je avant qu’il termine de me vendre le poste. Il plisse les yeux, à la fois vexé et irrité de lui avoir coupé la parole pour en plus refuser sa proposition. Il reprend d’un ton moins avenant.

« Oui. Devenir chevalier… Monsieur le Comte m’en à déjà tenu quelques mots. Soit Almaran, je trouverai quelqu’un d’autre, je suis même prêt à le proposer à Krishok. »

« Vous n’y pensez pas ! »

Lâchais-je en me tournant vers lui mais il rétorque avec véhémence.

« Qu’est-ce que vous croyez Almaran !? Ce n’est pas parce que vous avez renoncé à vos désirs de revanche que je vais attendre naïvement que Lorener reforme ses troupes avec ce qu’il reste des Treize pour nous attaquer. Nous devons prendre l’initiative ! Et avec une armée capable de le détruire ! »

C’est de la provocation. Je ne crois pas que quelqu’un de censé comme Christo proposerait un poste si important à un potentiel ennemi. Néanmoins sa vision de l’avenir ne me rappelle que trop mon Ordalie ou un camp s’est perdu corps et âmes pour obtenir la victoire. Je ne peux donc que réagir avec vigueur.

« J’ai vu où mène l’escalade de la puissance et ça ne se finit pas bien ! Vous prenez la mauvaise route ! »

« Silence soldat ! Vous ne voulez pas entraîner nos futurs mages de guerre. Soit, je trouverai quelqu’un d’autre. Mais ne venez pas me donner de leçons ! »

Je lui obéis, gardant mes lèvres scellés non sans lui jeter un regard sévère. Il me fixe également avant de finalement me donner l’ordre de quitter son champs de vision. Au final jamais nous ne pourrons nous entendre, le Capitaine restera un trouduc’.


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