Le Temple des Plaisirs (Guilde ARS)

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Gaïus Galini
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Re: Le Temple des Plaisirs (Guilde ARS)

Message par Gaïus Galini » dim. 18 août 2019 15:15

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Le jeune mage se fit surprendre dans sa tentative de déverrouiller l'entrée du Temple par la jeune femme à la poitrine généreuse qui se plaqua sans ménagement contre la porte tout en bousculant Gaïus qui se retrouva au sol sur les fesses. Après avoir promptement remis le loquet en place elle regarda sa cible encore par terre d'un air réprobateur. L'humaine aux arguments proéminents fit tout un laïus sur les raisons pour lesquelles faire rentrer les miliciens de la ville étaient une mauvaise idée, ce à quoi le précieux resta complètement sourd. Après tout ils n'étaient visiblement tous que des étrangers, voir même des vagabonds pour certains et les conséquences d'une arrestation sur eux seraient certainement moindre du point de vue du bourgeois.

(Quel foutoir. Si je m'en sors je jure de faire en sorte de travailler sur un moyen de me défendre.)

Les options étaient nombreuses, que ce fut la magie qu'il avait découvert il y a peu ou les armes auxquelles sa sœur excellait, mais tout cela lui faisait cruellement défaut pour le moment. Le mage novice se releva promptement et avisa Kassar avec un petit objet auprès de la pauvre victime de la sanglante exécution, accompagné de l'elfe dénommé Faëlis qui ne resta que le temps de donner un conseil sur l'utilisation de l'artefact avant de partir à la suite de Zarnam et de sa compagne. De violents coups sur la porte interrompirent l'observation de l'invétéré fêtard qui, pris de panique, se cacha derrière un pilier non loin de l'entrée. Concomitamment Cromax, qui s'était visiblement remis du sort dont il était victime, enjoignait qui pouvait l'entendre de poursuivre le couple masqué ou de fuir les lieux. Peu après le troisième elfe, celui à la taille imposante, demanda à son compatriote de lui donner un peu de temps tandis qu'il emmenait le cadavre du milicien dans une alcôve proche.

(Cacher le cadavre est sûrement une bonne idée mais cela ne suffira probablement pas.)

Le bourgeois croisa le regard réprobateur du chef de groupe alors qu'il était derrière sa cachette à observer les alentours mais il ne put le soutenir très longtemps avant de se tenir complètement derrière la colonne. Il se concentra alors sur ses maigres pouvoirs magiques et sur quelques arguments de rhétoriques afin de s'en sortir dans les événements désagréables qui s’annonçaient.

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Kassar le laid
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Re: Le Temple des Plaisirs (Guilde ARS)

Message par Kassar le laid » dim. 18 août 2019 21:15

Précédemment...

Des rivières carmin coulent le long de mes maigres bras à présent. Ma compresse de fortune dégorge son contenu, gonflé à l’excès par la blessure béante. Ma prière, mon mantra interminable et pleurnichard, n’émouvait visiblement personne parmi les puissances célestes. Sous mes mains fébriles, je sens l’erratique respiration de l’elfe, qui étrangement s’apaise progressivement.

« Non, non non non ! Reztez afec nous ! »

Nul miracle dans cet ordre ridicule, cette injonction pitoyable au vivant. Un dernier spasme, un gracile battement de paupière, et un long, dernier souffle s’échappe de la gorge mutilée de l’elfe.
Je reste interdit, les muscles de mon corps bloqués par la tension. Jamais je n’avais senti le dernier souffle de quelqu’un, juste sous mes mains. C’est comme assister au départ de l’âme, sentir cet ultime gonflement dans la poitrine et prendre alors conscience que ce qu’elle expirera sera plus précieux qu’un simple souffle.

À mesure que je libère lentement l’elfe décédé de mon contact, sons et bruits commencent à revenir à mes oreilles, comme si on m’avait sorti la tête de l’eau abruptement. Du coup de l’œil, je vois une forme féminine disparaître dans la coursive où s’est vraisemblablement enfui Zarnam. Je crois reconnaître l’une de celle qui accompagnait Cromax, mais dans l’obscurité et dans la fugacité de l’instant, je ne peux pas l’affirmer. Ce que j’aperçois très bien cependant, c’est le garde survivant qui s’élance à sa poursuite !


« Attenf... »

Je ne peux même pas finir mon avertissement qu’un effluve sombre, sortie de nulle part, agrippe le garde, d’une manière presque vivante. Il hurle et s’affale, la peau marquée de nécroses à l’endroit du contact avec ce terrifiant nuage. Instinctivement, je me baisse au plus bas, désireux de ne pas me faire remarquer par l’effrayant phénomène, qui se disperse pourtant vite en ne laissant qu’un garde allongé et grognant. Un coup d’œil en arrière me laisse voir kerenn, bras tendu vers le garde, toujours impassible, mais vraisemblablement l’auteur de cette malédiction.

( Des Arts Noirs maintenant ?! Mais qui est-il ? Qui sont-ils ?! )

Un nouveau son sourd attire mon attention vers la porte. Gaius, tombé sur son fessier, fait face à la tulorienne qui semble vouloir tenir la porte fermé à l’aide de son corps. Plusieurs barricades sont à présent à terre, et des coups puissants frappent désormais la porte depuis l’autre côté. Pas de temps à perdre ! Je me penche vers l’elfe décédée – Pulinn, oui, je crois qu’ils l’ont appelée Pulinn. Je ne peux pas la laisser là. Quand la milice entrera, il y ira déjà fort à faire pour expliquer la mort du milicien, ce sera difficile d’expliquer un cadavre de plus !

« Ze zuis dézolé... »

De la manière la plus délicate dont je suis capable, je m’efforce de décrocher les poignées de Pulinn de son macabre pilori. Elle s’affaisse, les bras soudain ballants, mais je me tenais prêt et la réceptionne de mon mieux. Kerenn m’interpelle alors. Il me lance quelque chose, ajoutant que je dois utiliser son pouvoir pour la « ramener à la vie ».

Incrédule, j’observe l’objet traverser l’espace qui nous sépare et atterrir à mes pieds. Un pendentif, d’une facture exquise. Mais ramener à la vie les morts ? Est-ce seulement possible ? Est-ce qu’il aurait perdu la tête ? Ou… J’observe Kerenn d’un air méfiant. Est-ce que cet objet serait issu des Arts Noirs ? Quel horrible sacrifice sanglant à la lumière d’une lune rouge, a-t-il du effectuer pour obtenir un tel objet ? Ne va-t-il pas « ranimer » la pauvre femme en quelque horreur déformée ? 

Pour autant, je ne peux pas m’empêcher de sentir un petit espoir. S'il est possible de restaurer la vie de cette martyre, de moquer cette tragédie, cette intolérable douleur sadique provoquée par ce Zarnam, de prouver que ce cauchemar n’est finalement que ça, un cauchemar, oublié au réveil, alors…

Déposant ma délicate charge au sol, je récupère le médaillon. J’en observe le tracé, l’imagerie. C’est la première fois que je tiens un objet magique en main. C’est le jour de beaucoup de premières fois aujourd’hui d’ailleurs…

Un autre compagnon de Cromax – le dénommé Faelis – s’approche hâtivement de moi. Sur son visage, je lis l’urgence et le souci. Il me demande si je saurais me servir du pendentif. Je lui confirme que oui d’un geste de la tête. C’est peut-être un objet magique, mais s'il fallait une incantation ou autre pour l’utiliser, Kerenn serait venu s’en servir lui-même, non ?

Satisfait de ma réponse, Faelis s’élance à la suite d’une autre jeune femme, toutes lames dehors. Ce Zarnam va visiblement payer chèrement son sacrilège. À cette pensée, mon étrange sentiment de haine revient, teinté cette fois d’une jubilation à l’anticipation de son douloureux trépas.


( Concentre-toi Kassar, on n'est pas encore sorti d’affaire ! )

Mon attention se retourne vers Pulinn et le pendentif, alors que les coups se font de plus en plus fort et fréquent sur la porte du temple. Je dois vite cacher le corps avant de tenter quoi que ce soit !
Me plaçant derrière elle et la soutenant sous les épaules, je l’entraîne aussi vite que ma jambe folle me le permet derrière le pilier où elle était suspendue il y a peu, laissant une intense traînée de sang sur le chemin. Tant que la milice ne s’approchera pas trop du pilier, elle devrait être incapable d’apercevoir cette traînée de sang. Moins visible qu’un cadavre suspendu à un pilier en tout cas. 

Hors de vue depuis la porte d’entrée, je dépose délicatement ma charge contre le pilier, et toise le pendentif dans le creux de ma main. Si le concepteur de ce bijou a essayé d’être logique, j’imagine que la libération de l’effet contenu dans ce dernier doit être lié d’une manière ou d’une autre à la manière dont se porte cet ornement, pas vrai ?


« Bon. Plus qu’à ezpérer que za marze, Kazzar. »

Je glisse la fine chaîne derrière le coup de l’elfe, fixant le pendentif sur sa personne. Il ne lui va pas très bien, mais ce n’est pas sa faute. Je me dis qu’aucun bijou n’irait bien à un cadavre torturé, aux plaies béantes et au regard brisé.

Quelques pas en arrière. Je m’attends au pire. Est-ce qu’un nuage noir va remonter d’une quelconque dimension maléfique pour s’emparer du corps de l’elfe ? Le rire ténébreux de Thimoros ou le souffle glaçant de Phaitos vont-ils résonner en ces lieux ? Je me sens nauséeux à cette idée. Est-ce que j’ai bien fait d’accepter de croire qu’un prince elfique beuglant comme un chien et adepte des arts sombres puisse ressusciter proprement quelqu’un ?

J’observe le corps, inquiet, quand je perçois un mouvement. Ou plutôt, un changement de couleur. Le pendentif, très chamarré, semble soudainement perdre de son éclat, devenant terne et gris. Fasciné, je vois que les couleurs se détachent du pendentif, coulant comme des rivières de fantaisies le long du corps de l’elfe. Le rouge coule vers ses joues, le bleu et le blanc s’allie pour redonner de l’éclat à sa peau et recouvrir ses blessures. Les couleurs plus sombres se déplacent sur elle par petits bonds sautillants, apportant deci delà quelques appoints sur la peau immaculée de l’elfe.

Immobile, le souffle coupé, j’observe le spectacle de ces couleurs animées, vivantes, et de leur labeur féerique pour offrir une seconde naissance à l’elfe. Impossible que les Arts Obscurs puisse être aussi beau, non ? Mais quelle force est donc à l’œuvre ici ? Et une pensée me frappe. Est-ce que ma prière a été entendue ? Est-ce que kerenn n’était que l’intermédiaire, le messager de la puissance divine, et ce pendentif, le miracle demandé ? D’un murmure reconnaissant, je remercie les dieux de leur clémence tandis que les couleurs achèvent leur ballet mystique.

Et après un instant de silence, la poitrine de l’elfe se soulève d’un nouveau souffle.


« Elle… Elle est fifante ! ELLE EST FIFANTE ! »

Mon glapissement, suivit de mon rire, résonne dans le temple, incapable d’être retenu dans ma gorge alors qu’un immense soulagement me traverse. Je ne pensais pas être aussi heureux de voir une inconnue survivre, mais je ne peux m’empêcher de me sentir soulagé que, depuis que je suis entraîné dans ce foutu temple, au moins quelque chose de bien se produit !

Un grognement attire mon attention sur ma droite. Le garde que kerenn a touché. Il n’est pas mort, et semble être en train de se relever.

« Ho non, pas de za ! »

Je me saisis de mon bâton, et me rapproche à petit pas de lui. Tout a son effort, il ne me voit pas venir. Il ne voit pas non plus venir le coup de bâton qui lui frappe le crâne, le plaquant au sol et envoyant le blessé au pays des songes pour un bon moment.

La suite...
Modifié en dernier par Kassar le laid le mar. 27 août 2019 20:02, modifié 1 fois.
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Tina
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Re: Le Temple des Plaisirs (Guilde ARS)

Message par Tina » lun. 19 août 2019 11:52

[Avant]
-13-

Les yeux de la jeune femme demeurent rivés à sa victime, même quand celle-ci demeure muette et se redresse sans une parole. Encore un qui se pare d'atours flamboyants mais n'a guère le caractère qui sied pour leur faire honneur. Son cher jumeau lui manque d'un coup bien plus encore. Elle n'a pas le temps de s'éterniser sur ce sentiment qu'un coup dans son dos l'oblige à faire un léger pas en avant pour ne pas perdre l'équilibre. Visiblement, elle avait raison quant à la venue de compagnie. Tina en plisse légèrement les yeux, reportant son attention sur Cromax qui s'avance de quelques pas. Il désigne la porte de sa lame dégainée et incite d'une voix forte à choisir vite entre poursuivre les véritables responsables de cette situation ou se préserver en fuyant voire en se camouflant. S'il est bien une chose que la tulorienne refuse, c'est d'avoir affaire à la milice en général, celle de Kendra Kâr en particulier. Trop de questions possibles, trop de temps perdu, trop de chances que ses mots ne parviennent pas à convaincre ce peuple indélicat.

La jolie brune jette un regard circulaire à la ronde, entendant à peine l'elfe géant dire quelque chose avant de trainer un corps dans une alcôve. Faëlis a quitté les lieux semble-t-il, laissant l'être masqué auprès de l'elfe blanche et ensanglantée. L'ynorienne n'est nulle part en vue non plus, peut-être dissimulée dans la pénombre ou partie à la suite de l'étrange couple. La jeune femme reporte son attention sur l'elfe célèbre et lève lentement une main qu'elle approche de son bras mains ne le touche pas. Geste de soutien de sa part, écourté car elle sait pertinemment qu'une personne en arme en proie à des émotions puissantes peut être totalement imprévisible. Elle pourrait parler, lui dire d'être prudent, mais vue la situation avec ces corps au sol et ce sang tâchant les lieux, la prudence ne lui servira pas à grand-chose. Elle espère pour lui que parmi ceux qui vont arriver, certains le reconnaissent et lui accordent au moins le temps de fournir une explication avant de tirer des conclusions.

Tina finit par se contenter d'un signe de tête attestant qu'elle a entendu les consignes données et s'éloigne vers le fond de la pièce, là où les silhouettes ont disparu. Ses pas cessent quand elle arrive au niveau du troisième garde grognant au sol, et que l'homme masqué vient frapper de son bâton, renvoyant la personne dans l'inconscience. La tulorienne passe ses beaux yeux de la forme étendue à celle de son agresseur. Elle s'abaisse légèrement, plaquant ses phalanges contre la gorge de l'étendu. S'il reste en vie, il pourra répondre à beaucoup de questions, lui.

La jeune femme marque une véritable hésitation. Elle se sait ne pas être de taille face à la femme masquée et à son nudiste de compagnie, n'a aucune envie d'être confrontée aux forces kendranes et n'a aucune connaissance de la cité qui lui permettrait de repartir chez elle aisément. Quoi qu'elle choisisse, sa situation ne sera pas agréable. Elle pousse un léger souffle et avise l'elfe martyrisée qui, parée d'un bijou qu'elle n'avait pas remarqué, semble reprendre des couleurs. Un nouveau prodige ? Si elle s'en sort également, elle aussi pourra prendre parti pour l'elfe célèbre, au cas où. Tina regarde le masque proche d'elle et esquisse un sourire avant de se redresser et de partir à pas rapides à la suite des attaquants. Des voix lui parviennent en écho dans le couloir, tonalités qu'elle a déjà entendu.

Elle arrive dans une pièce dotée d'un escalier où l'ynorienne se tient près d'une paroi à l'inspecter. Nulle trace des assassins dans la pièce, et un son de course émanant des escaliers indique que quelqu'un de seul vient de s'y engager. À moins de vouloir passer par les toits, il y a peu de chance que ce soit là la sortie choisie.

La jeune femme se tourne vers l'ynorienne, ayant perçu le nom de l'elfe célèbre prononcé par ses soins.

"Cromax risque d'être un peu occupé. Quelques invités se pressent massivement aux portes.", offre la belle d'une voix légèrement tendue.

Ses prunelles inspectent la forme de l'ynorienne, en quête de quelque nouvelle blessure attestant d'une rencontre peu agréable avec les assassins. Ne voyant rien de flagrant, elle se décide à faire le tour de la pièce, convaincue que l'absence de leurs cibles signifie la présence d'une voie dissimulée.


[Suite]
Tina, le Rubis des Joyaux tuloriens

Un petit service par-ci peut apporter une belle faveur par-là.

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Cromax
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Re: Le Temple des Plaisirs (Guilde ARS)

Message par Cromax » jeu. 22 août 2019 09:02

Alors que je me prépare à accueillir les gardes royaux et autres miliciens kendrans prêts à débouler dans le temple au milieu d’un carnage sanglant, Kerenn propose un plan visant à… voler l’armure du milicien mort pour se faire passer pour lui ? Incrédule, je le laisse s’emparer du corps, et au lieu d’attendre l’inévitable, je décide d’accompagner les prochains coups de boutoir sur la porte en me plaçant derrière celle-ci pour contrer les assauts des hommes visant à la défoncer. J’octroie ainsi à l’elfe gris, quelles que soient ses intentions, quelques précieuses secondes de répit. Pendant ce temps, sans même que je ne m’en rende compte, un véritable miracle se passe dans le fond du temple, à l’opposé de ma position. Kassar, muni d’un objet que je ne connais que trop bien, mais qui n’est guère en ma possession, resté avec mes affaires en Ynorie, parvient à tirer de sa macabre torpeur l’elfe blanche égorgée. Je ne m’en rends compte, subrepticement, que lorsqu’il hurle qu’elle est « fifante » avec un accent à couper au couteau à viande. Je me retourne un instant pour voir, effectivement, la forme de la précieuse et délicate Pulinn se mouvoir à nouveau, regarder son sauveur masqué d’un regard perturbé, et portant une main gracile à sa gorge réparée. Elle semble affectée par ce qui vient de se passer. Qui ne le serait pas ?

Mon attention est brutalement ramenée vers une réalité plus oppressante : un nouveau coup de boutoir sur la porte manque de peu de l’arracher, la faisant craquer sur elle-même. Le prochain choc sera le bon, que je sois derrière ou non. Il ne reste qu’à espérer avoir fait gagner suffisamment de temps à Kerenn pour qu’il mette en œuvre son plan… Je sens, en moi, la présence de Lysis se soustraire à mon être. Sous la forme d’une flammèche à peine visible, elle traverse le temple à toute vitesse, passe derrière le promontoire de glace et file vers les appartements de Pulinn. Je vois à travers ses yeux de feu. Elle arrive aux côtés de Tina, Faëlis et Madoka, où elle prend aussitôt sa forme humanoïde, ne manquant sans doute pas de les surprendre. Jamais nulle de mes connaissances n’a vu Lysis, et certainement pas sous sa forme flamboyante. Elle ne prend cependant pas la peine de se présenter et s’approche d’une démarche féline du mur que l’ynorienne inspecte curieusement. Saisissant un anneau de métal (un parmi plusieurs) fixé au mur pour quelque raison… obscures, elle déclenche un étrange mécanisme qui voit se créer un passage. Un pan du mur s’ouvre, donnant sur un escalier descendant sous les rues de la ville… Aussitôt, elle se retourne vers les trois alliés, et leur souffle impérieusement :

« Poursuivez-les, où qu’ils aillent. Ne les lâchez pas, pistez-les, interrogez les gardes s’il le faut. Faites un crochet par les écuries royales. Deux montures vous y attendent : Lune et Nuit. Dites venir de la part de Cromax. »

Et elle les laisse agir selon leur choix… Réagir.

De mon côté, je n’ai plus l’occasion de prêter attention à ce qui se passe là-bas : je me recule vivement de ma position, face à la porte, prenant la distance pour ne pas me prendre leur assaut directement dans la tronche. Je prends le temps de changer ma métamorphe en épingle que je pique sur le revers de ma tenue noire aux bordures d’argent alors que ma rapière retrouve sa place à ma ceinture. Ceux encore présents n’auront guère le temps de se cacher, pour ceux qui ne le sont pas… Peut-être le temps de fuir ? Cela ne sera peut-être pas nécessaire.

L’instant d’après, un dernier coup sur la porte finit de venir à bout de sa résistance : elle s’ouvre violemment sur plusieurs gardes armés qui déboulent avec rage dans la salle, me faisant face avec une attitude à la fois prudente et menaçante. L’un d’eux, le plus gradé sans doute, portant les couleurs des gardes du palais, prend la parole d’une voix autoritaire.

« Votre compte est bon ! Remettez-nous vos armes et mettez vos mains derrière votre tête ! »

Il s’adresse sans doute à quiconque serait armé dans le Temple, mais me regarde avec des yeux pleins de fureur. En voilà un à qui mon petit atterrissage public n’a pas plu. Je lève une main, en signe de reddition, et dégaine ma rapière ensanglantée, que je saisis par la lame pour la tendre, garde en avant, vers un des miliciens présents, en lui soufflant :

« Prenez en soin : Phaïtos n’apprécierait sans doute pas que l’on abîme son présent… »

L’homme d’armes s’en empare, peu rassuré par mon commentaire, appuyé d’un regard intense de ma part, puis je me tourne vers le gradé.

« Je suis l’unique responsable de ces cadavres et de l’arrivée ayant perturbé la sérénité de la place du Palais. Comme je le disais à votre collègue, je me rends sans faire d’histoire aux mains de la justice kendrane. »

J’avise les cadavres des gardes de la Rose présents là. Multi-homicide au sein de la cité blanche… de quoi me payer une sale renommée aux yeux de la justice du cru. J’avise l’endroit où Kerenn s’est rendu, haussant un peu la voix, espérant ne pas avoir précipité les choses…

« N’est-ce pas, officier ? Vous pouvez en témoigner, je crois. »

Tina, Faëlis et Madoka sont à l’abri de leurs regards. Le gueux peut encore tenter de s’en tirer en les rejoignant, ou se trouver une quelconque utilité pour la situation. Je n’ai plus qu’à espérer que le nobliau qui a tenté d’ouvrir la porte ne fasse pas la pleureuse auprès des gardes en narrant ce qui s’est vraiment passé… S’il ose se montrer. Je croise les doigts pour que la diversion fonctionne, que je sois le seul à être arrêté, laissant l’occasion à ceux qui se trouveront être mes alliés de poursuivre et confondre les deux fuyards.

[HJ : Madoka, Faëlis et Tina, si vous voulez interagir avec Lysis, contactez moi sur Discord. Et tout le monde, si vous avez des questions et doutes sur vos actions de ce tour, pareil venez me trouver. ^^]

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Kassar le laid
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Re: Le Temple des Plaisirs (Guilde ARS)

Message par Kassar le laid » mar. 27 août 2019 20:01

Précédemment...

Relevant la tête, essoufflé par mon effort, je prends le temps de soumettre mon environnement à un furtif examen. La porte n’est guère plus qu’un vestige en devenir, tant le bois est devenu échardes sous les assauts répétés de l’extérieur. Encore un ou deux de ses coups de butoirs, et une profusion de gardes, sans doute prompts à rétablir l’ordre par la violence, investira les lieux. Sans doute, est-il bon de commencer à songer à fuir !

Voilà qu’arrive vers moi, d’un pas fort pressé, la tulorienne qui me sourit tantôt… Je m’écarte rapidement, peu désireux de me faire encore plus remarquer par ces fils et filles de Yuia. Même si c’était la volonté de Jerì, l’un d’eux disposait d’un médaillon ramenant les habitants du royaume de Phaitos dans le monde de chair et de sang. Ces gens n’évoluent pas dans la même cour que moi, et n’attirent pas le même genre de problèmes que le tout-venant, comme l’atteste l’expérience présente !

Pourtant, la femme s’arrêta près de moi. A-t-elle quelque chose à me dire ? Sans un mot, je la vois aviser ma récente victime, plongée dans ses songes, et s’accroupir à ses côtés pour lui enserrer le cou de ses phalanges ! Un frisson me parcourt l’échine et je recule d’un pas de plus : même celle qui appelait de ses vœux la non-violence il y a à peine quelques minutes tue de sang-froid ? Une main tremblante se pose sur l’épée à ma ceinture, soudain peu rassuré. N’y a-t-il pas un risque que je sois éliminé à mon tour, une fois que je ne serai plus utile ?! Alors que le souffle quitte le corps du garde, je me remémore un souvenir d’il y a quelques minutes à peine : mes propres mains sur la gorge de l’elfe à la peau de neige, sentant l’ultime souffle s’en écouler. Cette sensation me fait frémir à nouveau, et c’est d’un œil inquiet que j’observe la femme relever la tête pour me sourire. Est-ce une menace ? La promesse à venir de me faire taire pour toujours ? Je déglutis difficilement alors qu’elle se relève, et s’éloigne au petit trot vers le passage où ses compagnons se sont précipités tantôt à la poursuite de Zarnam. Au moins, ne suis-je pas immédiatement à l’ordre du jour…

Dans un tonnerre de bois et de cris, la porte cède soudain ! De l’ouverture béante est vomie une horde de gardes dans la brillante livrée de la milice, parcourant la pièce du regard avec une évidente méfiance. Je bondis de mon mieux derrière le piédestal de glace, auprès de Pulinn, horrifié. Trop tard pour se cacher ! Intimant à tous de jeter leurs armes et de se rendre, la milice s’arrête rapidement au niveau de Cromax, positionné devant l’entrée. Avec grand calme, il leur remet son arme et entreprend de discuter avec eux. Je ne peux rien entendre de ce que dit le Sindel, mais au moins cela semble-t-il attirer sur lui l’attention des gardes !

Je m’apprête à fuir, filer dans le passage à la suite de la Tulorienne - rien de bon à rester là, à la vue de tous ! - quand un mouvement prêt de moi attire mon attention. Pulinn. Elle me regarde, et dans ses yeux, je vois que l’atroce souffrance a laissé place à une gigantesque confusion. Rien d’étonnant, pour quelqu’un qui vient d’effectuer le plus long voyage de sa vie en aller et retour… Devrais-je la laisser là ? Après tout, elle est sauve: au pire, la milice l’enfermera, mais sa vie n’est plus en danger… Mais si Jerì m’a accordé un miracle, ne sera-il pas courroucé que je l’abandonne derrière moi aussi facilement ? Je me mordille les lèvres, pesant le pour et le contre, et finalement, tend ma main vers Pulinn.


« Fenez z’il fous plait, il ne faut pas rezter là. Ze fous expliquerait tout à l’heure. »

Sans un mot, toujours en proie à son égarement, la jeune femme place une main sans force dans la mienne. Je l’aide à se relever, place mon bâton de marche entre ses mains pour qu'elle se soutienne, et ensemble, nous marchons aussi vite qu’il le lui est permis vers le passage. Nous sommes cruellement visibles, mais je me contente de fermer les yeux et de soutenir Pulinn, priant en silence pour que la milice ne nous remarque pas…

Alors que nous laissons derrière nous le hall, j’entends de nouveaux sons : des éclats de voix. On discute devant nous, dans une salle adjacente. Je me concentre, j’écoute… Je reconnais la voix de la tulorienne. Et bientôt une autre voix, inconnue celle-là. Une alliée ? Si elle m’a épargnée tout à l’heure, c’est bien que je ne suis pas encore au menu, donc il n’y a pas de raison que sa change si j’arrive avec une blessée, n’est-ce pas ?

J’entre dans la pièce, découvrant trois des compagnons de Cromax et une nouvelle jeune femme, toute parée de feu. Par les dieux, après la scène d’exécution, les sortilèges de l’Art Sombre, une résurrection, voilà qu’arrive des êtres incandescents ?! Cet endroit marche sur la tête !

Prudemment, discrètement, j’évite très amplement la présence de cette inconnue pour aller déposer ma charge sur un fauteuil non loin. La pauvre femme semble toujours confuse et muette. Est-ce que la résurrection n’a pas pu réparer ses cordes vocales ? Est-elle à présent définitivement muette ?


« Pulinn, z’est zela ? Ne craignez rien, ze zuis là pour fous aider. Fous afez eut beaucoup de zhance, croyez-moi. Fotre ami, Cromax, est occupé à s’expliquer à la milize. Ze ne zaurais que trop fous conzeiller de rezter fous repozer ici un temps. La zituation est bien en main. »

Ma dernière phrase me tire un pincement de lèvres. Je n’ai jamais été aussi peu en contrôle de mon destin que depuis que je suis arrivé dans ce temple, j’ai beau jeu à lui dire que tout est sous contrôle…

La suite...
Modifié en dernier par Kassar le laid le mer. 18 sept. 2019 23:26, modifié 1 fois.
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Madoka
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Re: Le Temple des Plaisirs (Guilde ARS)

Message par Madoka » mer. 28 août 2019 22:39

Piqué au vif, l’elfe blanc répond d’une voix déterminée et sûre qu’un dénommé Kassar s’occupe d’elle et qu’à son avis, elle doit déjà être tirée d’affaire. Une certitude que je ne partage qu’en espoir car, une fois encore je trébuche sur ses propos, ne sachant si je dois m’inquiéter ou non de l’entendre dire que ce Kassar est "bien outillé". Mon incapacité à mettre un visage sur ce nom ne m’aide pas non plus, aussi je me démène pour ne penser qu’à ce que je suis capable de faire plutôt qu’au reste.

Tina, arrivée quelques secondes avant, m’informe que Cromax ne pourra nous venir en aide. A l’opposé de cette pièce, à l’entrée de la grande salle aux alcôves, des invités se pressent. Elle les nomme invités, mais son regard ne feint pas la désinvolture ; les gardes du palais qui nous poursuivaient n’attendront pas longtemps avant de forcer l’entrée.

Cherchant activement maintenant le mécanisme d’ouverture du passage secret, j’inspecte en premier lieu les deux luxueux miroirs encadrés d’or, puis l’arrière d’une commode, en vain. Des anneaux en métal sont disposés çà et là sur le mur. Une originalité en soi, tant par leur présence que leur disposition. Quant à savoir à quoi ils servent, cela m’inspire des pensées inconvenantes en pareil moment aussi, je me dépêche de me remettre au travail, saisissant l’un deux lorsqu’une douce chaleur se fait sentir autour de moi.
Je manque de m’étouffer de stupeur et recule de plusieurs pas en voyant une étrange et ardente créature s’approcher directement d’un autre anneau et, d’un geste parfaitement maîtrisé, enclencher le mécanisme.
Incrédule, j’observe cette créature humanoïde, féminine, aux courbes plutôt voluptueuses et à la peau nuancée d’orange. C’est d’elle qu’émane la chaleur ressentie tantôt et c’est la seule chose qui m’empêche de croire à une hallucination. Ses cheveux sont noués en une mèche unique dont les couleurs varient du jaune étincelant au rouge flamboyant. Elle est face à moi et pourtant, je peine à croire ce que je vois, peut-être même plus que de voir Cromax se transformer en dragon. Eux font partis des contes et légendes mais cette beauté … je ne suis pas sûre de pouvoir appréhender ce qu’elle est. Un hoquet m’échappe quand même, comme pour exorciser mon état.

« Woua ! … J’vais même pas demander c’que vous êtes. J’vais faire semblant que tout est normal ici mais … wouaou ! »

Sans brusquerie, elle se tourne vers moi, féline et sauvage, hausse fièrement un sourcil et me fait un clin d’œil avant de faire face à Faëlis et Tina.
Je m’attends presque à entendre la voix de Cromax sortir de la bouche de la créature mais il n’en est rien, bien au contraire, sa voix est chaude et impérieuse.

« Poursuivez-les, où qu’ils aillent. Ne les lâchez pas, pistez-les, interrogez les gardes s’il le faut. Faites un crochet par les écuries royales. Deux montures vous y attendent : Lune et Nuit. Dites venir de la part de Cromax. »

Aussitôt, l’idée de sortir ainsi en plein Kendra-Kar me paraît aussi folle que celle de les laisser s’enfuir. A la hâte, je commence à fouiller les armoires et les commodes qui ne sont pas fermées à clé, à la recherche de manteaux ou de capes.

De toute évidence, je ne suis pas la seule à être restée coincée sur l’existence d’une telle créature. Faëlis, encore figé et pensif se met soudain à balbutier et lui demander qui elle est, lui donnant du gente dame comme si nous nous trouvions au milieu de nobles oisifs. Elle avance vers lui d’une démarche si féline qu’elle semble danser et lui offre une réponse tout en nuance de mystère à mes oreilles, se disant être liée à Cromax au point d’être lui et inversement … tout en étant, si mon intuition ne me fait pas défaut, une personne différente.

Un nouvel imbroglio que je mets de côté sans mal, de peur de perdre ce qu’il me reste de tangible à l’esprit.

A l’inverse de Faëlis qui semble suffisamment satisfait de la réponse pour s’engager dès à présent dans l’ouverture, espérant que j’en sais plus sur leur destination pour ainsi gagner du temps.

« Oui et non »

Une réponse comme je les hais mais, cette fois, c’est on ne peut plus vrai. J’ai une direction plutôt précise vers une immense forêt où ils peuvent bifurquer à tout moment et une indication claire d’un lieu que je ne connais pas. Sans Cromax ou Pulinn, nous ne sommes guère plus avancés. Si ce n’est que la grande braise ici présente dit ne faire qu’une avec Cromax, et elle savait exactement quel anneau tirer pour ouvrir la trappe.

« Ils vont vers le duché de Luminion, à travers la forêt, un clan où il est sûr d’être en sécurité … ça vous dit quelque chose ? »

Elle se tourne vers moi aussitôt, les yeux fendus d’un regard intrigué par mes mots.

« Le clan des roses ! Dit-elle sans hésitation. Un ancien château fort … une ruine en vérité. Elle est située au centre du Duché, à la frontière entre la Sylve des premiers âges et du Massif des Jumeaux, là où la forêt croise la montagne en un tout facilitant la dissimulation. Il n’est guère aisé de le trouver sans le connaître, loin de toute route majeure. »

En d’autres termes, on va devoir chevaucher à travers une forêt dont la seule route commerciale ne ferait que nous éloigner de notre objectif, et espérer un petit miracle pour trouver ce château avant qu’ils n’en repartent pour une autre destination.
Quant à ma fouille, elle ne donne rien si ce n’est un aperçu plus précis de ce que doit être la vie de Pulinn. Nulles capes et nuls manteaux dans ses armoires, seulement des habits légers en totalité blancs et tous si fins qu’on voit à travers. La dame n’a visiblement jamais froid.

Mais la compagne de Cromax ne faisait qu’une pause.

« Vous n’aurez qu’à viser juste en gros » dit-elle sur un ton insouciant proche d’une plaisanterie. « Cromax vous aura rattrapé et retrouvé d’ici là. »

Me voilà rassurée ! Tout ce que j’aime, courir droit vers le danger en compagnie d’inconnus et compter sur la chance ou en l’occurrence, la chance d’un autre de détecter la trace de trois petites silhouettes vues du ciel.
Lorsque ses derniers mots énigmatiques s’échappent de sa bouche, nous nous concertons du regard. Malgré l’improbabilité de notre réussite, aucun de nous n’hésite à acquiescer à la silencieuse question : y allons-nous ?


« Oh et … une dernière chose. »

Aucun doute sur la personne à qui elle s’adresse, son regard est planté dans le mien. Pas aussi nonchalante que précédemment, elle continue sur un ton que je ne parviens pas à décrire, pas tout à fait malintentionné ni sadique mais l’effet n’est pas si lointain.
« Cromax veut et va t’avouer un truc plutôt lourd, chérie. S’il tarde trop … rappelle-le-lui. »

La garce, me dis-je en souriant intérieurement tant je me reconnais dans la manière de faire. La boule qui se coince dans ma gorge en revanche me rappelle que même si je ne le laisserai pas se soustraire à cette discussion ; je vais avoir toutes les peines du monde à l’encaisser sans m’effondrer. Je n’ai passé que quelques minutes, la première nuit, à penser à « comment » j’étais morte ; je n’ai jamais pu recommencer. Cromax sait ce que j’ignore, il était là. Il est celui qui va enfin mettre un terme à ce vide infernal qui sépare l’avant et l’après ma mort ; mais à quel prix ?
Je repense alors à Pulinn dont la vie ne tenait plus qu’à un fil lorsque je suis passée près d’elle, s’est-elle éteinte une poignée de secondes avant que le dénommé Kassar ne parvienne à elle. Faëlis paraissait plutôt sûr de lui quant à ses chances même si je ne sais toujours pas ce qu’il entendait par bien outillé.

« Et Pulinn, elle est vivante ? » Demandé-je en sortant de mes pensées morbides.

Plutôt sanguine, la demoiselle ne cache pas ses émotions et c’est en arborant un air exagérément las qu’elle me répond.

« Mouais. Semblerait. »

Il me serait facile d’effacer le sourire sur mon visage mais, d’une part, je suis heureuse pour Pulinn et d’autre part, savoir que j’ai touché un point sensible me ravi.
Au même instant, l’homme en haillons portant son masque blanc pénètre dans la pièce, marchant au ralenti pour soutenir et aider Pulinn. Elle avance pas à pas, le corps courbé en avant et ne tenant debout que grâce à lui et un bâton qu’elle tient en tremblant. Elle a le visage cerné par la fatigue et les souffrances endurées, le regard encore vide mais elle est bien en vie. Croisant le regard de celui que j’estime être Kassar, je le remercie infiniment pour ce qu’il a fait pour Pulinn avant de donner rendez-vous au clan à l’ardente créature.




Je m’oblige à garder confiance mais la liste commence à s’allonger à chaque minute qui passe.
Nous nous hâtons ensuite dans les escaliers et longeons le tunnel souterrain jusqu’à d’autres marches montant vers la sortie fermée par un grille rouillée et sale.

« Attendez, leur dis-je lorsque la luminosité qui passe par la grille est suffisante pour se voir. Il y avait un de ces gardes en rouge là dehors quand Zarnam et la femme sont sortis, il n’est peut être pas parti, soyons vigilants en sortant. De l’autre côté, c’est une ruelle étroite qui serpente entre plusieurs arrières cours. On va devoir aller chercher les chevaux, mais pas dans cet état. On doit se faire discret, tous les gardes témoins de notre arrivée sur la place ne sont peut être pas à la porte du Temple. Tina, vous avez de quoi vous changer ? On pourra se laver à un puits pas très loin … »

Faëlis m’interrompt et nous informe qu’il possède quelque chose pouvant nous éviter de perdre du temps au puits, qui se trouve a priori dans sa gourde et a pour effet de tout laver. Devant mon air plus que dubitatif, il s’exécute et boit une gorgée de son élixir magique. Les tâches de sang s’estompent après quelques secondes à peine, la moindre petite trace de saleté disparaît de ses cheveux et ses vêtements, et j’ai même l’impression de sentir une odeur de fleur exotique. Ce monde ne tourne décidément pas rond ! La magie et les mages, j’ai fini par m’y faire même si ça m’effraie un peu ; les gens qui se transforment en oiseau ou en dragon, une fois passé la surprise et les questions irrationnelles, j’encaisse ; les créatures ressemblant à des élémentaires, je divague presque ; mais des trucs à boire qui lavent … quel genre de cerveau gangréné par la magie peut inventer de telles choses, et comment ?

L’Hinion me tend sa gourde et me précise, comme allant de soi, de penser à une fleur. Je ferme les yeux et bois une gorgée de sa mixture en grimaçant. La chose n’a pas de goût particulier et je finis par desserrer les poings en réalisant qu’on ne ressent qu’un vague chatouillement sur la peau.

« Merci, dis-je en respirant le parfum de jasmin sur ma peau. Vraiment louche comme invention mais merci. Je vais aller au marché pour acheter des vivres et de l’équipement, si vous avez besoin de quelque chose de précis, dites-le moi. Je vous retrouve aux portes de la ville. »

Modifié en dernier par Madoka le ven. 6 déc. 2019 22:44, modifié 1 fois.

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Kerenn
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Re: Le Temple des Plaisirs (Guilde ARS)

Message par Kerenn » ven. 30 août 2019 13:16

Inlassablement, les coups de boutoir frappant les grandes portes du temple résonnent dans la nef, martelant les secondes qui passent et nous rapprochant de l'inéluctable débarquement des toutous Kendrans. Chaque coup est suivi de craquements de plus en plus marqués indiquant que l'huis ne tardera désormais plus à céder. Étonnant qu'il tienne encore, d'ailleurs, vu la puissance des coups, mais j'ai foutrement autre chose à faire que de m'interroger sur la question.

(Putain de plastron, se fixe comment ce truc?! Ah, ouais, les lanières sont là...)

BLAM!

(Bon, le tabard pouilleux maintenant... merde, mais il est dégueulasse ce machin!)

BLAM!

(Aller Kerenn, la ceinture maintenant! Quelle connerie ce truc, plus moyen de se pencher correctement avec ça...)

BLAM! CRRRRRRAAAAAAC!!!

Le fracas de la porte qui cède est aussitôt suivi du vacarme engendré par la piétaille, nombreuse à en juger par le bruit, qui s'engouffre dans le temple, tandis qu'un gueulard braille sèchement :

"Votre compte est bon ! Remettez-nous vos armes et mettez vos mains derrière votre tête !"

Cromax prononce ensuite quelques mots dont je ne perçois pas la signification, mais les suivants en revanche me parviennent de façon audible :

"Je suis l’unique responsable de ces cadavres et de l’arrivée ayant perturbé la sérénité de la place du Palais. Comme je le disais à votre collègue, je me rends sans faire d’histoire aux mains de la justice kendrane."

(Hop, les gantelets et on est bon...)

Manque l'épée que ce damné mendiant a piquée, mais je n'ai évidemment pas le temps d'aller la chercher, reste à espérer que son absence passera inaperçue, sans quoi il me faudra inventer une histoire bidon pour justifier que je ne l'aie plus. Mais, avant que je n'aie eu le loisir d'y songer plus avant, mon compatriote lance d'une voix forte à mon intention :

"N’est-ce pas, officier ? Vous pouvez en témoigner, je crois."

Me composant un visage sévère, je sors rapidement de l'alcôve et analyse vivement la situation tout en me dirigeant vers les gardes royaux. Kassar et Pulinn ont disparu, ce qui ne m'arrange guère, tandis que Cromax semble avoir remis son arme à l'officier des troufions. Le petit nobliau poudré n'est plus visible non plus, j'espère pour lui qu'il a eu le bon sens de décamper ou, s'il se terre dans un trou quelconque, qu'il aura la présence d'esprit de la boucler. Enfin, advienne que pourra, pour l'heure je me concentre afin de reproduire au mieux la voix du milicien que je suis censé incarner pour m'adresser à l'officier :

"Vous arrivez comme la pluie après le beau temps, messieurs. Ravi que vous soyez là, néanmoins."

Je désigne les cadavres des gardes du Temple, puis l'espèce de piédestal de glace ensanglanté :

"Ces gredins pratiquaient d'ignobles sacrifices au nom de je ne sais quelle sombre divinité. Je savais que quelque chose ne tournait pas rond ici et j'ai décidé d'en avoir le coeur net mais, lorsque j'ai découvert le pot au roses, ces malandrins ont tenté de m'assassiner. Rendez donc son arme à ce Sindel, nous lui devons une fière chandelle: sans son intervention providentielle d'autres meurtres auraient été commis, à commencer par le mien."

Je n'ai plus qu'à espérer que le type dont j'ai pris l'apparence ait été assez gradé et respecté pour que l'officier de la garde royale gobe mon histoire sans trop discutailler...

Si vous ne parvenez pas à trouver la vérité en vous-même, où donc espérez-vous la trouver?
Zenrin Kushu

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Faëlis
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Re: Le Temple des Plaisirs (Guilde ARS)

Message par Faëlis » ven. 30 août 2019 20:45

Comme elle ne se réveillait pas, il insista, jusqu'à ce qu'elle ouvre les yeux en feulant, visiblement surprise. Elle n'avait pas l'air blessée, ni assommée, juste... en transe. Elle assura avoir besoin de Cromax car les gens qu'ils poursuivaient étaient déjà dehors. Elle lui demanda également avec humeur pourquoi il n'était pas avec Pulinn. Sans se démonter, il répondit :

« Kassar s'occupe d'elle et il est... bien outillé. Ne vous inquiétez pas, elle est sûrement déjà tirée d'affaire. »

Tina venait d'arriver à son tour depuis la grande salle. D'après elle, Cromax serait bien trop occupé pour les aider. Ils allaient devoir se débrouiller seuls.

Vraiment seuls ? Soudain, la forme sublime d'une femme éthérée et ardente apparut devant eux. Elle actionna des anneaux sur le mur et dévoila un passage secret. Voilà donc comment ils avaient disparu ! Hélas, il était trop tard pour prévenir Aliéna, qui devait déjà être à l'étage.

La sublime créature les enjoignit à suivre les assassins jusqu'au bout du monde s'il le fallait, leur conseillant de passer par les écuries royales pour aller chercher des montures qui les attendaient. L'elfe blanc resta pourtant un instant figé, se demandant comment réagir à cette apparition. Il se rabattit sur du classique :

« Euh... qui êtes-vous gente dame ? »

La créature l'appela par son nom, affirmant le connaître car elle et Cromax n'étaient en quelque sorte qu'une seule et même personne. Une déclaration mystérieuse et étrange mais, après tout, ne parlait-on pas d'un demi-dieu ? Ils n'avaient cependant guère de temps pour les détails et le jeune elfe répondit simplement, avec un petit sourire en coin :

« Hé bien, je le savais fort bel homme, le voilà aussi fort belle femme ! Mais comme vous l'avez signalé, nous n'avons guère le temps de faire plus ample connaissance. Vous m'excuserez... »

Elle se pourlécha les babines d'un air un peu dérangeant avant que l'elfe se s'engage dans le couloir en demandant à Madoka :

« Êtes-vous sûr de leur destination ? Si nous n'avons pas besoin de demander aux gardes, cela pourrait nous faire gagner du temps... »

La jeune femme, malgré la surprise de l'apparition de l'être de feu, était surtout occupée à fouiller la pièce, il ne pouvait qu'espérer que ce ne soit pas pour voler. Elle indiqua savoir que les agresseurs étaient partis pour le clan des roses, un château dans les duchés. La créature de feu approuva, précisant qu'il s'agissait d'une ruine dans les terres sauvages de Luminion. Ils auraient sans doute du mal à s'y rendre, mais des chevaux les attendaient et Cromax les rejoindrait en cours de route. L'hinïon masqua au mieux ses craintes : compter sur un tel miracle, même de la part d'un demi-dieu, était peut-être un peu exagéré ! Cela dit, la femme ardente précisa aussi que le sindel avait quelque chose à avouer à Madoka. Une histoire de cœur ? En principe, Faëlis aurait été le premier à dire que c'était toujours le moment mais là, c'était vraiment un instant particulier !

C'est alors que Kassar entra en tenant une Pulinn faible et blessée, mais toujours vivante ! Faëlis le félicita chaudement :

« Une action digne d'une âme des plus nobles ! Puissiez-vous continuer à éclairer le monde par vos actes ! »

Il n'allait tout de même pas jusqu'à lui serrer la main, ayant un peu peur de se salir. Et puis, ils avaient plus urgent à faire ! Il fallait se hâter vers l'extérieur, car les assassins qu'ils devaient poursuivre commençaient à accumuler de l'avance...

Madoka prit les devants, Faëlis et Tina dans sa suite. De l'avis de l'aventurière, il fallait se procurer du matériel de voyage et se nettoyer du sang et des saletés accumulées au cours des différents combats. C'était en effet une fort bonne idée, et l'elfe s'empressa de sortir sa potion lave-tout. L'ynorienne eut l'air un peu réticente, mais elle se résolue à boire, comme l'elfe et la whiel. Bientôt, tous fleurèrent bon le parfum de leur choix. Une bonne chose de faite !

Madoka partit donc chercher des fournitures, tandis que Faëlis se proposait d'aller chercher les chevaux.

« Fort bien, à la porte, donc ! »

(((Consommation de trois doses de potion lave-tout, à suivre à l'écurie)))
Modifié en dernier par Faëlis le dim. 1 sept. 2019 21:50, modifié 2 fois.

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Gaïus Galini
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Re: Le Temple des Plaisirs (Guilde ARS)

Message par Gaïus Galini » ven. 30 août 2019 22:32

Sursautant à chaque coup porté contre la porte, le jeune bourgeois aux mœurs discutables se demandait encore ce qu'il lui avait pris de s'embrigader dans ce traquenard. Il était caché derrière un pilier, maigre rempart face aux forces armées de la milice locale, accompagné de deux sindeldi dont les récentes actions ne lui inspiraient qu'une confiance moyenne. Cependant ils étaient concrètement le seul obstacle qui le séparait de la prison pour le moment et cela lui suffisait amplement dans l'immédiat.

(Plutôt solide cette porte).

Les coups continuaient avec une cadence régulière et il semblait être qu'une question de temps avant que l'entrée du Temple ne fut forcée. Gaïus se demandait bien ce que les autres pouvaient bien faire mais ces considérations furent balayées par le craquement caractéristique du bois qui se brise tandis que des bruits de pas précipités se firent entendre, bien trop par ailleurs au goût du jeune mage. Ne se risquant pas à jeter un coup d’œil il entendit une personne ordonner à tout le monde de ce rendre ce que Cromax sembla faire selon les paroles qu'il prononça. Le mage néophyte regarda sans broncher Kassar s'en aller dans la plus grande discrétion mais il ne put s'empêcher de suivre du regard d'un air ahuris la victime du pilier de glace, fringante comme au premier jour quoi que visiblement perturbée.

(Ce ne peut être qu'un miracle de Gaïa).

L'invétéré fêtard entendit l'elfe qui s'était rendu demander la confirmation auprès d'un officier de la milice ce qui surprit le jeune homme car à part le milicien assassiné aucun agent de la ville n'était parmi eux. Cependant il entendit bien le gradé répondre même si on pouvait noter comme une différence dans la voix. Il n'y avait certainement pas eu deux résurrection dans la même journée mais si cela pouvait éviter tout débordement, Gaïus s'en contenterait avec grand plaisir. Le bourgeois attendit donc la suite des événements là où il se trouvait, ne prenant pas le risque de suivre tout les autres à la poursuite de Zarnam alors qu'il était bien trop près des miliciens et ne voulant surtout pas gâcher le quelconque plan qui s'était mis en place pour leurrer les forces de l'ordre locales.
Modifié en dernier par Gaïus Galini le sam. 21 sept. 2019 10:17, modifié 1 fois.

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Tina
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Re: Le Temple des Plaisirs (Guilde ARS)

Message par Tina » sam. 31 août 2019 22:40

[Avant]
-14-

Les recherches sur quelques secrets de la salle ont a peine débuté que Tina perçoit une soudaine luminosité se faire sur son flanc. Elle pivote immédiatement sur l'avant de son pied, faisant face à... Une femme ? Non. La présence en a l'aspect, mais tout en elle fait immédiatement percevoir une sorte de familiarité chez la belle, qu'elle ne s'explique pas au premier abord, avant de noter l'aspect flamboyant de l'arrivante. Une créature liée au feu ? Un piège laissé derrière eux par les assassins ? La jeune femme n'a pas le temps de s'interroger longuement en ce sens car la créature se saisit d'un anneau et actionne un mécanisme faisant pivoter un pan de la paroi. Le passage donne sur un escalier qui doit descendre sous les ruelles proches et déboucher sur un endroit plus discret de la cité. La jeune femme va décidément de surprise en surprise et laisse son regard repartir à l'assaut de l'apparition coloris flamme. Elle n'est pas la seule car l'ynorienne et Faëlis font de même, allant chacun de leur commentaire pour se redonner contenance.

La voix qui émane de l'être de feu est difficile à qualifier, comme si les mots, une fois délivrés, effaçaient toute trace d'eux à part leur sens. Une nouvelle fois, le nom de Cromax fait son apparition, prouvant que l'aventurier elfique est décidément loin du baroudeur ordinaire. La présence leur indique de poursuivre leur cible, quitte à emprunter des montures aux écuries royales. La jeune femme d'Ynorie répond à l'elfe concernant la destination des gens à poursuivre et les indications font vivement réagir la dame des flammes. La destination finale est celle d'un ancien château fort du duché de Luminion, masqué par de la forêt et des montagnes. Difficile d'accès donc, surtout sans avoir idée de son emplacement exact. L'idée d'aller se perdre dans de dangereux lieux... La tulorienne effleure ses lèvres de l'index et sourit subtilement. Elle qui se demandait à quoi ressemblait la vie d'aventuriers, la voilà définitivement servie.

Un échange se fait entre l'ynorienne et la créature féminine, que Tina s'efforce de ne pas écouter. Cela ne la regarde guère après tout. La belle acquiesce lors de la question sous-entendue de sa présence à leurs côtés. Une nouvelle arrivée se fait, l'homme au masque blanc soutenant l'elfe maculée de sang vient déposer la victime dans un fauteuil, cherchant à la rassurer de ses mots déformés par un zozotement. La jeune femme a malgré elle un sourire attendri devant ce spectacle, un élan de mal du pays la saisissant un instant. Elle secoue la tête et s'engage sans un mot à la suite de ses compagnons dans le passage dévoilé.

Arrivés au bout du tunnel, l'ynorienne leur fait part de directives sensées : aller chercher les chevaux, faire le plein de provisions et passer quelque tenue moins sale pour éviter les regards trop insistants. Tina s'apprête à lui répondre lorsque l’elfe blond propose de partager une potion capable de retirer toute saleté de leurs vêtements. Il en fait la démonstration, et la jeune femme en est à la fois ravie et agacée. Heureuse parce que la seule tenue qu'elle possède hormis la robe qui ne masque rien est la combinaison trop proche du corps tapie dans sa besace. Irritée, car ce genre de potions retire le pain de la bouche des honnêtes lavandières. Il faut espérer que leur prix soit suffisamment prohibitif pour décourager les gens du cru de s'en procurer en trop grand nombre. Tina accepte toutefois une gorgée, songeant à une odeur de bois simple ou de terre battue. L'idée que le vent passant dans ses cheveux en reparte avec une odeur de fleurs ne lui plaisant pas du tout.

Le trio se sépare ensuite, Faëlis allant quérir les montures évoquées et l'ynorienne partant en quête de matériel. Tina attend quelque peu après leur départ, tendant l'oreille pour diminuer le risque de croiser quelqu'un. Une fois la voie sûre, elle se faufile dans les ruelles à son tour, se laissant guider par le brouhaha typique d'un marché. Elle sait avoir un peu de temps devant elle et se déplace d'étal en étal, avisant les produits présentés. Des armes, des vêtements, des objets en tous genres qui ne l'intéressent pas vraiment.

Son regard finit par être attiré par un étalage où des fioles contenant d'étranges substances sont présentées. Doucement, la belle se rapproche, épiant discrètement la conversation entre le marchand et un client. Les produits sont des fluides magiques traités avec le plus grand soin, d'après le commerçant, pour être rapidement assimilés par le corps et sans effets secondaires. Pour peu que la personne l'utilisant soit déjà affiliée avec la magie. En une poignée de minutes, la jeune femme en apprend plus que durant toute sa vie sur ces mystérieux fluides. Délicatement, elle porte une petite fiole à ses yeux pour la regarder puis fait lentement glisser l'étiquette, découvrant le prix du produit exposé. Cher. Très cher. Même la plus petite version épuiserait la totalité de son maigre pécule. Accroître son potentiel magique lui plairait pourtant beaucoup, d'autant plus qu'elle a pu voir en plein danger à quel point ses forces magiques sont rapidement drainées.

Mais la tulorienne est pragmatique. Ce n'est pas sa capacité à manier le feu qui peut remplir son estomac. La belle repose le flacon, l'observe de longues secondes pendant que sa main extirpe de son sac sa petite bourse qu'elle soupèse, confirmant ce qu'elle savait déjà. La jeune femme finit par secouer la tête. Elle pousse un léger soupir, sourit gentiment au commerçant qui cherche à la convaincre que c'est ce qu'elle veut au fond d'elle-même, le salue d'un signe du chef et passe son chemin.

Elle a assez lambiné ici. Il est temps qu'elle se rapproche des portes, retrouve les autres et surtout les prévienne qu'elle n'a aucune idée de comment l'on monte en selle. En particulier en portant une robe comme la sienne.

[Suite]
Tina, le Rubis des Joyaux tuloriens

Un petit service par-ci peut apporter une belle faveur par-là.

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Cromax
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Re: Le Temple des Plaisirs (Guilde ARS)

Message par Cromax » ven. 13 sept. 2019 15:17

Juste à temps, Kerenn sort de l’alcôve avec l’apparence et les habits du milicien mort, tel que promis. Je reste un instant stupéfait devant la transformation, m’étant cru le seul, sinon l’un des seuls, à posséder ce pouvoir. Peut-être les dons de métamorphose sont-ils plus répandus que je ne le croyais. Se parant donc d’un air sévère, il apostrophe un peu rudement les officiels de la ville, et m’invente habilement un rôle positif, voire héroïque, dans le carnage. Il affirme que je l’ai sauvé, endossant son rôle de gradé milicien à la perfection, alors qu’il enquêtait sur des gredins révérant de sombres dieux. Le mensonge est gros, et a l’inconvénient de salir le rôle du temple, mais ça peut néanmoins marcher. Je me contente de garder une mine la moins expressive possible, tentant de faire passer ma précédente intervention pour de l’humilité, trait qui ne me caractérise pas spécialement habituellement.

Si le milicien m’ayant pris mon arme s’apprête à me la rendre directement, sous les ordres d’un gradé direct, ou tout du moins le pense-t-il, le responsable des gardes du palais intervient néanmoins avant que cette remise ne soit effective.

« Un instant. Nous vous laissons bien entendu gérer cette situation comme vous l’entendez, sergent. Sale histoire que vous avez sur les bras, je n’aimerais pas être à votre place. Mais le Sieur Cromax ici présent doit également répondre de ce qui s’est passé à l’instant devant le château royal. Aussi vais-je lui demander de me suivre, désarmé, jusqu’aux geôles royales jusqu’à ce qu’il soit interrogé sur l’incident dont il est à l’origine. Nul doute que l’urgence de la situation dans ce temple justifiera en partie cette irruption non réglementaire, mais en attendant les règles sont formelles. Si vous voulez témoigner en sa faveur, vous recevrez dans les jours qui viennent une convocation au palais pour apporter un témoignage précis de ce qui s’est passé ici. Toujours sans vouloir interrompre votre enquête, bien sûr. »

Il se tourne vers moi avec un regard mêlé entre la rigidité légale et la compassion humaine un peu forcée. Il n’y dérogera pas, et je ne veux en aucun cas mêler quiconque de présent ici à tout ça. Ceux encore vivants, en tout cas. Je soupire, singeant le défaitisme las, et rétorque avec une fausse docilité :

« Je vous suivrai sans faire d’histoire. »

Puis, à l’adresse de Kerenn, toujours dans son rôle de composition :

« Officier, n’ayez crainte pour moi, il ne s’agira là que de quelques complications administratives. Il vous reste fort à faire avec ce culte occulte ayant pris en otage le Temple des Plaisirs. Je saurai me débrouiller. »

Dans mon esprit, je sens Lysis s’agiter, revenue de son court entretien à l’autre bout du temple. Elle m’informe de la situation, là-bas. Madoka, Faëlis, Tina et l’homme masqué du nom de Kassar se lancent à la poursuite de Zarnam et de la mystérieuse femme voilée de sombre. Ils seraient partis en direction du Clan des Roses, dans le Duché de Luminion. Il faut que je trouve une astuce pour que Kerenn comprenne qu’il doit lui aussi se rendre sur place. J’invente vite fait une suite à la situation jouée jusque-là, espérant que cela puisse encore passer.

« Officier, avant que je suive ces messieurs jusqu’au château, je me dois de vous informer des activités de ce culte au sein du Duché de Luminion, dans une forteresse en ruine située entre la Sylve des Premiers Âges et le Massif des Jumeaux. Il pourrait être pressant que vous envoyiez des hommes sur place. Je mets à votre disposition, à disposition de la milice, mon atmos, ma machine volante personnelle qui doit se trouver dans la zone d’embarquement des aynores d’Air Gris, à l’heure actuelle. Emportez avec vous tous ceux dont vous aurez besoin… il serait dommage que des témoins puissent s’enfuir par manque de personnel. »

J’espère qu’il comprendra par là que j’attends de lui qu’il emmène le jeune nobliau ayant failli nous trahir auprès de la garde. Si pas, je cours un risque qui me prendra un peu plus de temps à expédier. Kad’n ne connaît pas le Clan des Roses, mais au moins saura-t-il la direction à prendre. Je devrais pouvoir les rejoindre, d’ici là. Sans plus faire tarder l’inévitable, je me laisse guider par le garde du palais, sans opposer la moindre résistance, concluant ainsi cette situation qui semblait initialement inextricable… Maintenant, il n’y a plus que pour moi qu’elle l’est.


[HJ : Kerenn, Gaïus, je vous laisse rejoindre la zone d'embarquement si vous faites bien ce que Cro vous dit. Vous y trouverez son atmos avec son pilote, Kad'n. Vous pourrez l'emprunter et prendre la direction du Nord-Ouest (enfin, il la prendra selon les indications que je vous ai données. Ne faites pas tout le trajet cependant, Cromax va vous rattraper en route et on rejoindra les autres qui sont en train de faire le trajet à cheval. ^^]

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Kerenn
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Re: Le Temple des Plaisirs (Guilde ARS)

Message par Kerenn » mer. 18 sept. 2019 15:45

Mon incarnation du gradé de la milice, toute imparfaite qu'elle soit faute d'avoir pu observer longuement son comportement, semble heureusement faire illusion auprès des gardes royaux. Assez pour que celui qui a pris l'arme de Cromax fasse mine de la lui rendre mais, à mon grand dépit, leur foutu officier décide alors d'intervenir. De l'air de celui qui a un balai coincé dans le postérieur, quoique singeant une pseudo compassion, il déclare que le Sindel devra le suivre et bénéficier d'un séjour dans les geôles pour répondre d'un incident qu'il aurait provoqué devant le palais.

(Putain de vermisseau, j'sais pas ce qui m'retient de t'faire bouffer tes couilles de blanc-bec...) songé-je rageusement tout en prenant sur moi afin de conserver un visage impassible. Pas question pourtant de déclencher un carnage, cela ne ferait que nous immobiliser ici pour une période indéterminée - mais sans aucun doute conséquente, même pour des Sindeldi - et nous avons d'autres chats à fouetter. L'officier ajoute encore que, si je souhaite témoigner en faveur de mon compatriote, je recevrai dans les prochains jours une convocation au palais.

(Tu sais où j'vais t'la fourrer ta convocation, abruti?)

L'envie de lui faire déguster quelque obscur sortilège me tenaille de plus en plus, mais Cromax annonce qu'il va les suivre bien gentiment et m'engage à ne pas m'inquiéter pour lui, suggérant que j'ai encore fort à faire avec le soi-disant culte occulte ayant pris possession du temple. Alors qu'il semble réfléchir quelques instants, je rétorque sévèrement au bouffon en chef de la garde :

"Naturellement, les lois se doivent d'être appliquées. Veillez néanmoins à me faire parvenir cette convocation au plus tôt, il me déplairait que mon sauveur croupisse plus longtemps que nécessaire dans une geôle."

Sortant de ses pensées, Cromax m'informe que le prétendu culte est également actif au sein du Duché de Luminion, dans une forteresse en ruines située entre la Sylve des Premiers âges et le Massif des Jumeaux. Il m'incite à y envoyer autant d'hommes que nécessaire et met à ma disposition un mystérieux engin volant qu'il posséderait, lequel se trouverait présentement à la zone d'embarcation. Sibyllin, il m'invite encore à emporter tous ceux dont je pourrais avoir besoin, arguant qu'il serait dommage que des témoins cruciaux puissent s'enfuir par manque de personnel.Est-ce là-bas que se dirigent le Cornu et la femme masquée? Et si oui, comment l'a-t-il appris? Des questions que je ne peux lui poser pour l'instant, mais peu importe car c'est un tout autre problème qui monopolise mes pensées et me fait grincer intérieurement des dents : en admettant que nous retrouvions ces deux enfoirés, qu'est-on censés faire? Je n'ai pas oublié la facilité avec laquelle l'inconnue a brisé l'élan de mon puissant compatriote et je ne suis pas stupide au point de croire que je serais capable de la mater quand lui y a échoué, alors quoi? Chassant ces questions sans réponse de mon esprit en ébullition, je lui réponds avec un léger hochement de tête :

"Les responsables de cette affaire seront traduits en justice, j'y veillerai. Votre précieuse collaboration ne sera pas oubliée, soyez-en assuré."

Alors que les gardes entraînent mon compatriote, je me tourne vers le jeune bourgeois et lui dis, assez fort pour que Cromax entende et comprenne que j'ai saisi la nécessité de l'empêcher de raconter ce qu'il a vu à la justice Kendrane:

"Le temps presse, mais un bon citoyen, comme vous l'êtes sans aucun doute, ne refusera certainement pas de prêter son assistance à la milice dans cette délicate situation, n'est-ce pas? Vous viendrez donc avec moi, à moins bien sûr que vous ne préfériez accompagner messire Cromax dans les geôles du palais en attendant que je revienne faire la lumière sur cette sombre affaire à laquelle vous êtes dorénavant mêlé?"

Un choix qui n'en est pas vraiment un, ainsi que le suggère la froideur de mon regard : je m'assurerai de son silence, d'une façon ou d'une autre. Comme il ne semble pas vouloir nous trahir une nouvelle fois, je lui désigne le fond du temple :

"Allez donc voir si les autres sont encore dans les parages et assurez-vous que l'Hinïonne va bien, voulez-vous? Il faut que je récupère mon équipement avant de partir."

Je me dirige sans attendre vers l'alcôve où je me suis métamorphosé et changé afin d'emballer sommairement mon matériel dans la cape du milicien que j'incarne, de manière à constituer un baluchon. J'ose espérer que les comparses de Cromax n'ont pas décampé comme des lâches, leur aide ne sera certainement pas de trop pour mettre un terme aux agissements du Cornu et de sa complice...

Si vous ne parvenez pas à trouver la vérité en vous-même, où donc espérez-vous la trouver?
Zenrin Kushu

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Kassar le laid
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Re: Le Temple des Plaisirs (Guilde ARS)

Message par Kassar le laid » mer. 18 sept. 2019 23:26

Précédemment...

Mon arrivée dans la pièce attire immanquablement l’attention de ses occupants. D’abord, la jeune femme à la complexion de peau inconnue. Un sourire pend à ses lèvres alors qu’elle aperçoit Pulinn et, croisant mon regard, elle me remercie intensément. Je hoche la tête dans sa direction, lui rendant sa gratitude avec sobriété. À sa suite, le dénommé Faëlis prend la parole, m’enterrant sous un remerciement particulièrement chaleureux, à coups « d’âme noble » et « d’éclairer le monde par mes actes ». Il doit être vraiment content qu’elle soit toujours en vie, celui-là…. Un peu déstabilisé par ses éloges ampoulés, je lui rends un salut aussi sobre que celui adressé à la jeune femme, quoique après un court instant de surprise. Et pas un mot de la part de ma compatriote Tulorienne, sinon encore et toujours ce sourire… Ce sourire qui glace les os...

Mon instant de gloire s’évapore néanmoins aussi vite que les mots, tandis que je retombe dans l’anonymat et que ses dames et sires se dirigent vers un tunnel, dont l’ouverture béante jure au milieu de la pièce – un passage secret ? J’entends la jeune femme indiquer à la femme ardente qu’elles se retrouveront au clan de la rose. Un nom, sans surprise, qui m’est entièrement inconnu. Il ne m’est pas difficile d’imaginer, cependant, que c’est là la destination supposée de Zarnam et sa compagne. J’observe le groupe s’enfoncer dans les ténèbres du tunnel, trois individus ayant tous fait démonstration de leur capacité à réagir sans concession face au danger. Ce Zarnam promet d’être un formidable adversaire : son départ du temple n’est pas dû au hasard, il devait se douter que Cromax arriverait avec des alliés. Le vrai challenge va sans doute se situer là où il se replie, au sein de son repaire – en tout cas, c’est ce que je ferais à sa place.

Le petit groupe disparaissant, la femme ardente, dans un court embrasement, devient flammèche et s’élance par la porte d’entrée de la pièce, sans doute pour rejoindre Cromax, me laissant seul avec Pulinn. Je peux rajouter « métamorphoses » à la liste de mes découvertes du jour… 
Maintenant, que faire ? Utiliser ce tunnel pour partir ? Ce serait le plus sage : pas la peine de mettre ma vie en jeu pour des inconnus, pour des enjeux qui ne me concernent pas, pour un combat qui dépasse totalement mes capacités. Je soupèse l’idée dans ma tête, grattant d’un geste machinal une croûte de sang figée sur mon masque. C’est l’idée la plus raisonnable, la plus sûre. Alors pourquoi est-ce que j’hésite ? Hmmm… Je sens que j’ai fait mon devoir envers les dieux en escortant Pulinn à présent, ce n’est probablement pas ça qui me retient… 

Est-ce que j’ai… envie... de démêler ce mystère ? 

Toutes ses intrigues, cette valse de gens tout en sourires et en coups bas, cette magie incroyable, une intervention divine… Lentement, la révélation fait son chemin dans mon esprit : malgré le danger incroyablement mortel, je désire avoir le fin mot de cette histoire, m’approprier ce secret. Comme un joueur qui se découvre soudain possédé par le démon du jeu, je me sens possédé par une curiosité impérieuse, le désir brûlant d’être l’un de ceux qui savent. Ce n’est pas sain. Ce n’est pas sûr. Mais par les dieux, depuis que je suis défiguré ainsi – non, même avant ça – je ne m’étais pas senti autant vibrer pour quelque chose !

Annonçant à Pulinn mon départ, lui conseillant une fois encore de rester se reposer ici, je m’aventure en catimini en sens inverse, vers le hall dont j’ai extrait Pulinn tantôt. Bientôt, je me tiens devant le voile séparant ce couloir de la grande halle, et l’écartant légèrement pour observer l’évolution de la situation, j’aperçois Cromax, toujours en discussion avec les gardes. Balayant la pièce du regard, j’aperçois aussi Gaïus, en discussion avec… que… QUOI ?!


« Mais… Mais il defrait être mort ! »

À ma plus grande stupéfaction, le milicien – celui-là même que j’avais convaincu d’entrer dans le temple à notre suite et qui s’était fait occire sitôt les portes refermées – se tenait debout, visiblement en pleine santé ! Comment est-ce possible ?! Les dieux ont-ils aussi graciés cet homme d’une seconde vie ? 

… Bon. Il est mort assez vite : il n’a pas dû voir grand-chose, ni nous être plus hostile qu’il ne l’était précédemment. Alors qu’il finit sa discussion avec Gaïus et se dirige vers une alcôve voisine, je reste au rideau, observant furtivement la situation, attendant que la milice s’en aille pour aviser un plan.


La suite...
Modifié en dernier par Kassar le laid le mer. 25 sept. 2019 21:25, modifié 1 fois.
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Gaïus Galini
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Re: Le Temple des Plaisirs (Guilde ARS)

Message par Gaïus Galini » dim. 22 sept. 2019 00:26

Que ce fut grâce à la magie ou à une intervention divine, le milicien autrefois bien décédé réussit tant bien que mal à détourner l'attention des soldats nouvellement arrivés. Bien que leur officier décida de garder le sindel qui venait de se rendre il déclara que l'ancien cadavre pouvait venir le défendre lors d'un interrogatoire prochain. Vu le comportement général de Kerenn, du moins le peu qu'il en avait vu, Gaïus se demanda bien où il pouvait être car il ne pensait clairement pas être le genre à se cacher et à observer comme lui-même le faisait à l'instant. Néanmoins le jeune mage se félicita que l'elfe à la taille impressionnante ne fut pas tenté de commettre un petit carnage. Le kendran fut surpris d'entendre le milicien déclarer que l'elfe gris désarmé l'avait sauvé ce qui pouvait être vrai s'il lui devait une résurrection auquel cas la puissance du sindel frôlait clairement le divin se qui imposait le respect. Finalement le prisonnier volontaire déclara vouloir suivre la petite troupe ayant surgi récemment tout en donnant des instructions précises sur la suite à donner aux meurtres de la journée.

(Comment sait-il tout ça ? Encore quelque magie ou pouvoir divin je suppose. Mieux vaut s'exécuter dans tout les cas et surtout faire des études en magie si je sors de ce traquenard.)


Donc du coup ils devaient se rendre, le bourgeois inclus car il devina que le témoin qui pouvait s'échapper était lui-même, dans le duché de Luminion. Il sembla à l'invétéré fêtard que ce n'était pas tout prêt en se rappelant ses cours particuliers mais l'elfe gris avait tout prévu car il prêtait aussi un engin volant. Une certaine curiosité enfantine envahit le mage néophyte à l'idée de découvrir cet appareil même si le voyage devait se faire en compagnie d'un homme mort peu de temps auparavant. Au moins il pourrait lui poser quelques questions sur son expérience. Tandis que l'homme de loi kendran assura au prisonnier l'arrestation prochaine du duo d'assassin du Temple, les soldats locaux partirent avec leur prise en laissant Gaïus seul avec le représentant de la milice.

(Bon. Il ne vaut mieux pas le froisser.)

A peine le bourgeois sortit de sa cachette que l'ancien mort l'apostropha avec un regard froid et lui ordonna sans détour de l'accompagner en y ajoutant quelques menaces comme Kerenn le faisait dernièrement. Par ailleurs le jeune mage se demanda bien où il pouvait se trouver maintenant que les soldats étaient partis bien que son absence ne lui manqua pas vraiment. Après tout il avait assez d'un milicien désagréable pour ne pas y rajouter un sindel au comportement tout aussi peu charmant.

« Bien officier. Vous ne me laissez pas grand choix de toute façon. »

Les conséquences d'un éventuel ennui judiciaire le préoccupaient grandement pour la réputation de sa famille et les suites potentiellement catastrophiques que cela pourraient avoir sur l'entreprise de son père. Si bien que lorsque l'homme de loi lui intima d'aller s’enquérir de l'Hinïonne nouvellement revenue à la vie comme lui-même, Gaïus s'empressa de lui obéir en se dirigeant vers l'endroit où il avait vu partir Kassar accompagné de l'objet de ses recherches. Alors qu'il approchait du fond du hall il sentit plus qu'il ne vit l'autre humain et écarta le rideau qui le cachait. L'indigent ne fut apparemment pas très surpris de voir le bourgeois et l'invita d'un geste vif à le rejoindre ce que fit son opposé social si bien qu'ils se trouvèrent tout les deux à l'écart du milicien.

« Gaius, par izi! Fite! Kez ze qui ze pazze là-bas?! Le garde est encore fifant?! »

Le pauvre homme avait l'air quelque peu chamboulé par le retour à la vie de l'agent de justice et s'il n'avait pas été aussi préoccupé par son propre sort, cela aurait sûrement aussi provoqué quelques appréhension de la part du jeune mage.

« Je ne sais pas, il semblerait plutôt qu'il soit revenu à la vie. Ce ne serait pas d'ailleurs le premier. Comment va l'hinïonne puisqu'on en parle et où est-elle ? Notre revenant s'inquiète de son état.»


Gaïus était quelque peu désabusé par son rôle de petit soldat obéissant mais c'était pour le moment le mieux qu'il pouvait faire pour rester en vie et préserver sa famille ainsi que son train de vie. Kassar ne tarda pas à répondre à son interrogation avec son défaut de prononciation habituel quoi que peut-être accentué par un léger stress dû aux derniers événements.

" Pulinn fa bien, elle ze repoze dans une falle plus loin, loué zoit Zerì. Les zamis de Cromax par contre, ils zont partis. Zarnam a pris une zorte de pazzage secret, et ils zont partis à za pourzuite. Ils zont parlés d'un "clan des rozes", tu connais?"

Le mage débutant réfléchit un moment sur les implications de la réponse de l'homme à l'hygiène douteuse par rapport à ce que Cromax avait dit au milicien avant de se faire embarquer dans quelque sombre geôle. Il ne releva même pas le tutoiement ce qu'il aurait probablement fait dans n'importe quelles autres circonstances, surtout de la part de quelqu'un d'aussi peu soigné.

« Cela ne me dit rien mais Cromax a parlé d'une forteresse dans le duché de Luminion. Ce sont peut-être deux descriptions du même endroit. Je dois retourner auprès du milicien, libre à vous de me rejoindre. Même s'il n'est pas des plus agréable ça reste un homme de loi. »

Aussitôt dit que Gaïus retourna dans le hall auprès du milicien afin de lui rapporter ses informations.

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Kassar le laid
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Re: Le Temple des Plaisirs (Guilde ARS)

Message par Kassar le laid » mer. 25 sept. 2019 21:25

Précédemment...

Rapidement, j’aperçois depuis l’abri de mes draperies un mouvement dans la milice : ces derniers quittent visiblement les lieux. Avec eux, désarmé, vient Cromax. Le Sindel semble calme et détaché alors qu’il suit la milice en dehors du temple. Est-il confiant dans sa capacité à prouver son innocence dans cette affaire ? Il était poursuivi par les miliciens avant même d’entrer dans le temple… Ils n’ont pas dû manquer les corps ensanglantés des gardes sur le sol du lieu. Vont-ils ajouter cela aux charges à causes desquelles ils le poursuivaient à l’origine ? La porte se referme derrière eux, laissant mes considérations au stade de spéculations. Et je m’étonne de ne pas avoir vu le milicien ressuscité parmi ce départ de cohorte. Il n’est donc pas sorti de son alcôve ? J’aurai juré qu’il aurait eu besoin d’un verre après une telle expérience…

Gaïus, de son côté, se rapproche de ma position. À la demande du garde, peut-être ? Alors qu’il écarte le rideau qui nous sépare, je le hèle prestement, encore en proie à la hâte des derniers événements.


« Gaïus, par izi ! Fite ! Kez ze qui ze pazze là-bas ?! Le garde est encore fifant ?! »

Le jeune nobliau, avec un calme désabusé, avoue ne rien en savoir, ajoutant qu’il serait plutôt « revenu à la vie » qu'« encore vivant ». Pointilleux, ce Gaïus… Et avec plus de sang-froid que je ne m’y attendais, après l’avoir vu bien moins posé à peine quelque temps plus tôt !


Il ajoute que le milicien souhaite obtenir des informations sur l’hinïonne, s’inquiétant apparemment de son état.


« Pulinn fa bien, elle ze repoze dans une falle plus loin, loué zoit Zerì. Les zamis de Cromax par contre, ils zont partis. Zarnam a pris une zorte de pazzage secret, et ils zont partis à za pourzuite. Ils zont parlés d'un "clan des rozes", tu connais ? »

Après avoir réfléchi quelques instants, le jeune sang-bleu indique qu’il ne connaît pas ce lieu, mais que Cromax aurait évoqué tantôt une forteresse dans le Duché du Luminion. Il spécule qu’il pourrait bien s’agir du même endroit – un avis que je partage avec lui après l’avoir écouté. J’ignore si ce Duché est loin d’ici, mais si c’est bien l’endroit que l’amie enflammée de Cromax a indiquée, alors c’est atteignable à cheval.

L’indolent personnage m’indique ensuite qu’il part rejoindre le désagréable ressuscité, sous-entendant qu’il y est tenu par la nature d’homme de loi du personnage. À cela, aussi, j’adhère. L’homme n’aura vraisemblablement nul souvenir depuis qu’il fut occis. Et si son attitude est défiante, il semble être le genre d’homme prédictible, celui qui soutiendra les lois à son corps défendant – le genre d’homme qui fera un parfait bouclier.

Clopinant dans le sillage de l’aristocrate, je me rends à sa suite auprès du milicien.


La suite...
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Faëlis
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Re: Le Temple des Plaisirs (Guilde ARS)

Message par Faëlis » sam. 21 déc. 2019 14:24

Au petit matin, Madoka insista pour aller au temple des plaisirs, pour retrouver Pulinn et s'assurer qu'elle allait bien. Faëlis était également plus inquiet qu'il ne laissait paraître à son sujet, aussi, il accepta. Une partie de lui voulait juste courir vers les duchés pour chercher Aliéna, mais où ? Il n'avait aucun indice. Il devrait chercher une solution autrement... En attendant, il pouvait bien aller faire un tour au temple.

Craignant que le lieu soit toujours occupé par la milice, le groupe décida de reprendre le passage secret. Ils se glissèrent dans les ombres, jusqu'à rejoindre la chambre de Pulinn. Au grand soulagement de l'elfe, la dame blanche était bien là, vivante. Trop vivante, même, car elle se retourna d'un bond, surprise, prête à leur lancer un sortilège mortel ! Heureusement, Madoka la rassura bien vite. Faëlis fit une brève révérence :

« Je suis fort aise de vous trouver en vie. J'avoue avoir eu quelques craintes malgré l'emploi d'une magie fort puissante. »

De fait, ses blessures étaient encore visibles, bien que cicatrisées. Le déchirement d'une telle beauté était un désastre mais, compte-tenu de la situation, c'était bien le mieux qu'il ait pu espérer. Madoka aussi souhaitait s'enquérir de son état, mais pour toute réponse, l'ancienne maîtresse des lieux désigna sa gorge, sans qu'aucun son ne puisse sortir. L'elfe sentit son cœur se serrer. Elle était vivante, mais muette. L'ynorienne se tourna aussitôt vers lui pour demander d'un air inquiète s'il y pouvait quelque chose. Hélas, il dut baisser les yeux :

« Je suis désolé... Peut-être un grand-prêtre de Gaïa... Mais mes propres pouvoirs sont largement insuffisants. »

Pulinn elle-même s'approcha, faisant doucement briller sa main qu'elle posa sur l'épaule de la jeune femme. Elle était elle-même magicienne de lumière, sans doute bien plus puissante que Faëlis, et incapable de soigner sa blessure. Effondrée, Madoka lui raconta rapidement leur aventure, parlant de la chute de la Rose sombre et du départ de Cromax, l'invitant à les suivre vers l'île de Tol'Lhein. Au moins, cela sembla lui mettre du baume au cœur. C'est alors qu'un nouvel homme entra, une connaissance apparemment, à laquelle Pulinn signala que tout allait bien. Madoka, pour sa part, le nomma Logan, visiblement heureuse de le voir ici. Tina et lui échangèrent des salutations. Il était tout de même bien étonné de les voir ici. Faëlis sourit :

« Est-il étonnant que d'anciens amants connaissent bien les lieux ? Et vous donc, si je puis me permettre, que faites-vous ici ? »

« Hé bien hé bien... J'aide dame Pulinn a préparer son voyage. »

« Oh, je comprends. Il ne reste plus grand-chose à faire ici. Comptez-vous vous rendre à Tol'Lhein ? »

Mais non. Ils ne semblaient pas connaître ce lieu. Pulinn souhaitait se retirer dans un lieu loin de tout. Où elle pourrait prendre une retraite bien méritée. Faëlis hocha la tête :

« Oui, je comprends. Ainsi soit-il. Je ne peux que vous souhaiter de trouver la paix. »

Mais Madoka n'était pas d'accord. Elle craignait de ne pouvoir retrouver l'île, expliquant que c'était là que se trouvait Cromax, et proposa de lui enseigner le langage des signes en échange de son aide. L'échange semblait fort peu rentable... et pourtant, contre toute attente, après une longue hésitation, elle finit par accepter. Faëlis comprit cependant qu'il était temps de leur annoncer...

« Il en sera comme vous le souhaitez... hélas, ce voyage se fera sans moi. Portez la bourse, et mes amitiés à Cromax, mais je ne peux quitter Kendra Kâr en cette heure. »

Pulinn le salua dignement, sans marquer la surprise outre mesure. Ils ressortirent du temple par la même issue.

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Madoka
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Re: Le Temple des Plaisirs (Guilde ARS)

Message par Madoka » mer. 5 févr. 2020 15:42

Arrivés à Kendra-Kar à la tombée de la nuit, Faëlis nous guida vers une auberge de sa connaissance. Un lieu agréable et bondé, là où se mêlent voyageurs, artistes ou commerçants itinérants. Un endroit où les rumeurs doivent pouvoir s’attraper discrètement à toute vitesse ; mais en y arrivant hier soir, je ne prêtai l’oreille à rien et mes yeux se contentèrent de fixer mon bol de soupe de légumes et mes compagnons de voyage. Je les ai vite abandonnés au profit d’une nuit de sommeil sur une bonne paillasse, une nuit presque bonne, gâchée par quelques sursauts au bruit environnant.

Et ce matin, aux aurores, après une courte discussion où je me fis intransigeante et sans doute trop méfiante, nous sommes partis en direction du Temple des Plaisirs, en passant par le passage secret découvert en poursuivant les assassins de Pulinn.


Pulinn se trouve dans ses appartements, dos à la porte pivotante qui grince lorsque je l’ouvre. Paniquée, elle sursaute et l’atmosphère de la pièce s’alourdit soudain, menaçante. Je m’avance dans la lumière, les mains levées et en avant.

« Dame Pulinn attendez ! Ce n’est que moi, Madoka. Je suis revenue pour vous, en amie. Nous étions tous les trois avec Cromax. »

Derrière elle se trouve une malle de transport, du linge et effets personnels sont disposés sur le divan et la commode à côté. Plusieurs vêtements trônent à ses pieds, tombés de ses bras dans son sursaut. Rassurée, elle baisse la main à son tour et secoue lentement de la tête. D’un regard, elle nous invite à entrer et nous expliquer.
Je m’avance et ramasse les vêtements à ses pieds tandis que Faëlis la salue et lui avoue être rassuré de la voir vivante.

((Tsss, vicieux petit cancrelat qui m’a rabâché depuis le début que je ne devais pas m’inquiéter de son sort.))

Un court instant, je suis happée par le regret. Une infime part de moi se sent coupable de n’être pas restée quand toute la brusquerie du moment m’avait poussée à poursuivre et anéantir l’ennemi.

« On est parti si vite en vous laissant seule … dis-je alors que le mot désolé ne parvient pas à sortir. Comment vous sentez-vous ? »

La majestueuse elfe me répond d’un signe de main et d’un délicat mouvement du menton. Malgré son état de fatigue, malgré l’épuisement qui se devine à sa manière de se tenir debout, chacun de ses gestes est encore enveloppé dans un cocon de vénusté. Dans son regard, pourtant, je ressens un certain embarras et tout mon corps se fige lorsque, relevant un peu la tête, elle désigne du bout de ses doigts fins une cicatrice lui barrant la gorge de part en part.
Les yeux écarquillés, je l’observe ouvrir la bouche et émettre un souffle inaudible. J’emmure mes pensées premières et demande son aide à Faëlis mais, lui comme Pulinn, m’apprennent qu’il est impossible de rendre sa voix à quelqu’un, surtout sans doute après avoir été égorgée … à part les Dieux, me dis-je à part en touchant ma propre gorge du bout des doigts. D’un geste doux, Pulinn me touche le bras, un air fataliste lissant son teint de porcelaine. De sa main libre, elle fait apparaître une sphère lumineuse et je comprends alors l’expression de son regard. Elle a perdu la voix, à jamais ; et elle a du faire face à bien pire durant les heures sombres qui précédèrent la fin des Amants de la Rose Sombre.
J’acquiesce sans un mot, essayant de retrouver le flot de mes intentions en venant ici.

« Pulinn, Cromax a vaincu la Rose Sombre, elle ne vous fera plus de mal. Il a disparu … » dis-je alors d’un souffle. Mes paroles continuent d’elles mêmes, évoquant sa survie pour la rassurer ; pendant qu’une idée me vient. « Pulinn, nous partons pour l’île de Tol’Lhein, à la demande de Cromax, venez avec nous. »


Son apaisement est manifeste mais la porte d’entrée s’ouvre brusquement, trop brusquement. D’instinct, je barre le corps de Pulinn de mon bras, consciente pourtant qu’elle sait se défendre seule. L’homme qui entre en trombe n’est ni milicien ni garde royale, ni un inconnu ; mais en une seconde, ma main est déjà autour de mon arme, prête à balayer un énième traître si besoin, quand bien même cet homme fut pour moi, un jour pas si lointain, un précieux allié. Silencieuse et rapide, Pulinn retient mon bras avec douceur et fait signe à Logan Tiercevent que tout va bien.

« Capitaine Logan !!! M’exclamé-je sans cacher mon soulagement de le voir débouler ainsi, tel un messie à ne surtout pas laisser filer. Vous êtes littéralement l’homme qui tombe à pic. »
« Ah ! Ahah oui, on me le dit souvent » répond-il en souriant et en observant la scène devant lui. « Mais … mais comment êtes-vous arrivés là ? »
« Est-il étonnant que d’anciens Amants connaissent bien les lieux ? Et vous donc, si je puis me permettre, que faites-vous ici ? »


Pendant leur discussion, j’observe et réfléchis, j’analyse et calcule nos chances et nos possibilités. L’impératif de trouver un capitaine compétent et peu curieux, ma volonté nouvelle de ne point laisser Pulinn seule ici, Logan qui débarque ; tout peut concorder. Et ce d’autant plus quand Logan nous informe que lui et Dame Pulinn sont sur le point de partir. Malheureusement, leur destination n’est pas l’île de Tol’Lhein ; le capitaine ne semble même pas connaître son nom ; mais un lieu tout autant voir plus mystérieux encore, que Pulinn préfère garder secret. La seule information qu’il nous confie est qu’elle souhaite quitter Kendra-Kar et la vie pleine de tumulte qu’elle y vivait, pour un lieu où personne ne pourra la trouver.
Je profite de l’intervention de Tina et du numéro de charme du Capitaine enjôleur pour mettre mes idées et propositions en ordre afin de les convier à nous accepter à bord de l’Allégresse.

« Oui, je comprends, déclare alors Faëlis sans transition. Ainsi soit-il. Je ne peux que vous souhaiter de trouver la paix. »

J’avance d’un pas afin d’empêcher les deux hommes à mettre un terme final à leurs salutations polies, et me tourne vers Pulinn, parlant toutefois assez fort pour que tous entende.

« Tol'Lhein est une île au large de Tulorim, méconnue du plus grand nombre. Cromax a souhaité que quelqu'un s'y rende à sa place, offrir ce qu'il possédait à un nouvel Ordre nommé L'Odre Pourpre, qui comme lui, se bat et se battra pour la liberté. Nous avons promis à l'être de feu qui l'accompagne que nous irions. J'aimerais vous demander, à vous qui étiez des proches et des alliés de Cromax de nous y accompagner ... cherchons-là ensemble. »
Je fais une pause, rapide, le temps de reprendre mon souffle et de sourire à Pulinn.
« Vous vous souvenez, la première fois que l'on s'est rencontré, vous trouviez amusant que je vive toutes mes relations comme une transaction ; alors permettez-moi de vous proposer celle-ci : aidez-nous à trouver cette île, en hommage à Cromax, et je vous apprends le langage des signes. »

Evidemment, nous accompagner peut être perçu comme une manière de ne pas mettre un terme à sa vie d’avant, comme elle le souhaite pourtant ardemment. J’ai bon espoir tout de même, une fois sur le navire de Logan, elle y sera plus en sécurité qu’ici et faire un détour n’est pas si terrible en bonne compagnie ; mais j’espère que mon offre suffira à l’intéresser. Elle y réfléchit longuement et échange un regard avec le capitaine qui préfère, lui, ne pas se prononcer et lui rappelle simplement qu’il est à son service. En d’autres termes, elle reste seule juge et, lorsque finalement, elle m’adresse un discret signe de la tête, je souris et la remercie sans cacher là non plus mon soulagement.

« Une île au large de Tulorim ? Se questionne alors Logan une fois l’affaire entendue. Ça ne doit pas être sorcier à trouver, j'imagine. Aucun problème pour un bon navigateur et un bon navire ! »
« Nul doute qu'on peut compter sur vous Capitaine. Avez-vous besoin d'aide ici ? Quand prévoyez-vous de partir? »
« Au plus vite, ma foi. C'est ce qui était prévu : heureusement que vous arrivez maintenant, dans une heure vous nous auriez loupés. »
« Il en sera comme vous le souhaitez … hélas, ce voyage se fera sans moi. Portez la bourse, et mes amitiés à Cromax, mais je ne peux quitter Kendra Kâr en cette heure. »

Logan et Pulinn, loin de se douter des tenants d’une telle révélation, saluent noblement l’Hinion. Pour ma part, prise au dépourvu, je les préviens d’une voix lente en cherchant mes mots que je serais prête dans l’heure et les retrouverai au port, tandis que je lorgne Faëlis d’un œil inquiet et curieux.


Rapidement, chacun retourne à ses dernières préparations. Faëlis, Tina et moi repartons sans un mot, du moins jusqu’à ce qu’on soit dehors, entre nous. Je me poste devant l’elfe de toute ma hauteur.

« Vous êtes morose depuis hier soir à l’auberge. Que se passe-t-il, vous avez changé d’avis ? »
« J'aurais aimé vous accompagner, mais cela m'est impossible. J'ai reçu une lettre étrange... Je pense que ceux qui nous ont attaqués dans les montagnes n'étaient pas des hommes de la Rose. Il y a quelqu'un d'autre... quelqu'un d'autre qui a capturé Aliéna. Elle a besoin de moi et il est hors de question de la laisser en danger. »

Il me faut quelques secondes pour comprendre que l’allusion aux hommes de la Rose ne concerne ni les Amants ni la femme mystérieuse à leur tête, mais bel et bien le clan ayant tenté d’assassiner Faëlis lorsque nous nous rendions au Palais de la Roseraie. Ils ont fait vite pour le retrouver, et capturer Aliéna n’est pas à la portée du premier venu.

« Les mystères et les ennuis ne vous laissent aucun répit. Je comprends votre décision, j'espère que vous trouverez les coupables, les vrais cette-fois et qu'enfin vous en soyez débarrassés. Vous êtes un être bien particulier, Faëlis Nyris'Kassilian de Cuilnen, j'espère avoir l'opportunité de vous revoir ... et, qui sait, de vous comprendre »

Se disant, et pour lui démontrer sans avoir à l’avouer, le respect que je lui porte, je le salue de ma plus digne des révérences ; avant de lui faire un clin d’œil complice.

« Vous parlez de mystère, Madoka, mais vous êtes à mes yeux bien plus étrange. Une soi-disant simple guide aux talents exceptionnels, indubitablement liée aux Amants de la Rose Sombre... Le poids d'un lourd passé pèse sur vos épaules, je le sens bien. Peut-être un jour vous en ouvrirez-vous. »

Il me rend alors mon clin d’œil, avant d’ajouter.

« Peut-être avec moi ? Je vous proposerais bien vos mystères contre les miens, mais j'ai le net sentiment que ce serait vous arnaquer ! Que le soleil brille pour vous, où que vous alliez. Et, qui sait, jusqu'à notre prochaine rencontre... »

Un dernier salue avant de nous tourner le dos, je l’observe en silence et me surprends à prier pour lui.

Après un dernier salue avant de nous tourner le dos, je l’observe en silence et me surprends à prier pour lui.


Moins d’une heure plus tard, nous marchons sur les quais du port de Kendra-Kar à la recherche de l’allégresse. L’activité y est importante, les allers et venues des débardeurs sont aussi bien orchestrées qu’une partition. Quand enfin j’aperçois le navire, Logan nous y attend déjà, le bras levé pour nous faire signe de loin. Les derniers tonneaux et sacs sont transportés sur le pont pendant que nous montons à bord. Comme il le disait, leur départ était imminent. Les voiles sont descendues et l’ancre levée aussitôt après, dans cette même ambiance joviale et routinière que j’avais connu la dernière fois.


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