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par Throk Shakirr » mar. 17 mars 2020 16:57
Je fus logé, soigné et nourri pendant quelques jours. Il ne fallut guère plus pour que je découvre que cet Antre des Exclus, comme ils l’appelaient, n’était qu’un terrier à fanatiques d’Oaxaca qui ne voyaient et ne vivaient que par et pour elle. Bande de macaques décérébrés, indignes d’être appelés Garzoks. L’orque chauve qui m’avait accueilli après mon entrée fracassante était vite venu me les briser menu avec ses paroles d’évangiles à la con. Je ne lui répondais guère, ne souhaitant pas me faire griller la tronche par ses nombreux sbires, alors j’acquiesçais seulement en silence, sans rétorquer.
Puis un jour, il vint me chercher pour tout autre chose. Il voulait me voir combattre à nouveau. Un duel sans arme contre une combattante qu’il surnomma Cogne-Dur. Sans ciller, j’avais accepté le duel : ça allait me faire du bien de me dérouiller un peu. Et puis, j’avais l’habitude des combats d’arène spectaculaires. C’était un peu ma spécialité, au camp de déportation. Je le suivis donc jusqu’au centre de l’Antre, cet endroit qui ressemblait à une arène, cerné de spectateurs. Quelle ne fut pas ma surprise lorsque je vis la nature de mon adversaire : une saleté d’humaine. Je la dominais de toute ma taille, m’approchant alors qu’elle semblait s’échauffer, m’ayant précédé à l’endroit de notre duel. Lorsqu’elle se tourna vers moi, je lui fis face sans mot dire. Nous nous regardâmes ainsi pendant plusieurs longues secondes, avant que je ne cède d’une parole provocatrice.
« Cogne-Dur, hein ? T'as intérêt à pas l'avoir volé, ce surnom. »
Continuant la provocation, j’écartai les bras pour la laisser me frapper… Ce qu’elle ne fit pas, ne tombant pas dans un piège si évident. Elle se contenta de se mettre en position de garde sans se ruer bêtement vers moi. Je reniflai une bonne fois et crachai les glaires du fond de ma gorge sur le sol avant d’initier, moi-même donc, le combat. Je tentai de lui attraper sa main avancée, mais elle répliqua en me frappant l’intérieur du poignet, me mettant en garde par la même : elle avait de bon réflexes de combat. Mais ce n’était pas suffisant pour m’impressionner. Je me mis moi-même en position de lutte, sautillant d’une jambe à l’autre pour échauffer un peu ma mobilité. Puis, tel un serpent armant son coup, je lançai mon bras et le plat de ma main vers son plexus, pour la projeter en arrière. Vive, elle donna un coup de pied dans mon bras, déviant l’attaque, et je lui attrapai la jambe de ma main libre. Mes crocs se dévoilèrent un instant et je ruai vers elle sans la lâcher pour la déséquilibrer. Inconsciente, elle sauta pour me donner un vif coup de pied dans la tronche, qui atteignit ma mâchoire douloureusement… Mais qu’importe : elle était à ma merci, et le goût de mon sang perlant sur ma langue ne fit qu’attiser mon désir de combattre.
Déséquilibrée, elle tomba lourdement sur le sol. Loin d’être défaite, elle se servit de sa jambe libre pour me percuter deux fois le poignet, me forçant à lui lâcher la cheville. Grognant, j’ajustai moi-même un coup de pied brutal en direction de son thorax. Décidément rapide, elle roula sur le côté et se releva, prenant de la distance. Je la jaugeai un instant, lui faisant signe de la main pour qu’elle me rejoigne, qu’elle montre elle aussi de quoi elle était faite en offensive. Sans se faire attendre, cette fois, elle se rua vers moi pour me mettre un bon coup de poing dans les côtes que je ne pus esquiver et qui me coupa le souffle. Je restai fier et droit malgré tout, plongeant mon regard dans le sien sans bouger d’un iota pour l’inciter à recommencer. Mal m’en prit : cette garce m’envoya un violent coup de genou dans les parties, qui cette fois me força à ma courber de douleur, ployant le genou jusqu’à mettre un poing en terre devant elle, sentant la colère monter avec la douleur qui irradiait. Je me promis de ne plus lui laisser ce genre d’occasion : la tigresse frappait bas. Ça bagarrait salement. Elle s’écarta, me laissant le temps de me remettre du choc et me redresser, et singeant le geste que moi-même que lui avait fait plus tôt. Quelle petite salope, elle allait voir ce qu’était un orque en colère. Rageusement, je chargeai vers elle de toute ma masse, épaule en avant. Une attaque visible à des lieues, qu’elle choisit de n’esquiver qu’à la dernière seconde, laissant tout le loisir à mes mains d’agripper son habit, qui céda sous le choc, restant entre mes doigt, déchiré, alors qu’elle me frappait dans le dos, emballant ma course que je finis plus loin, me retournant vers elle et constatant, abasourdi, qu’elle était désormais tout comme moi torse-nu. Je lui balançai ses fripes au visage alors que des quolibets et sifflement fusaient dans sa direction. Peu admiratif de la physiologie humaine, j’avançai de nouveau vers elle en tentant de lui attraper le bras. Mais elle se rue brusquement à ma droite pour me heurter côtes de la main et arrière du genou d’un coup de pied rageur. J’écartai mon bras pour l’emporter avec moi alors que je mis de nouveau un genou en terre, l’articulation sommairement heurtée par le choc. Elle commençait à m’échauffer, cette petite garce. Je sentais la chaleur de la colère monter en moi, la ferveur du combat. Elle allait souffrir. Elle méritait de souffrir.
Mais elle ne me laissa guère le temps de la défoncer à mon envi : elle m’agrippa le bras et, agilement, vint me planter son genou dans la tronche, fissurant davantage mon sourire déjà sanglant. J’accusai le choc, secouant la tête pour chasser les étoiles qui papillonnaient dans mes yeux et me relevai, plus menaçant que jamais, écartant les bras de manière oppressante pour ne pas la laisser fuir. Je devais la coincer, cette ribaude, la coincer et lui faire fermer son claquet de merde. Elle me frappa au genou, mais ma résolution était trop forte, et je refermai mes bras sur elle… Elle les bloqua de ses propres membres, à ma plus grande surprise, parvenant à résister à une puissance musculaire qui devait normalement de loin la dépasser. Elle en profita pour me jeter son pied dans l’abdomen, mais je ne cédai pas et continuai encore de refermer mon emprise sur elle, serrant les mâchoires. Et petit à petit, j’y parvins, serrant mes bras autour de son corps chétif, et me laissant tomber en avant, sur elle, pour l’écraser de tout mon poids. Après quelques instants savoureux d’écrabouillage en bonne et due forme, je redressai mon buste de sorte à chevaucher son bassin, et lui envoyai un coup de poing vers le visage. Elle se protégea de ses bras, mais sa tête cogna dur le sol derrière. J’en profitai pour plaquer avec rage mes mains sur sa gorge dénudée, serrant mes doigts pour l’étrangler. Elle tenta bien entendu de se dégager, mais rien n’y faisait, elle était à ma merci. La bave me montait aux lèvres alors que je serrai les dents au-dessus d’elle, la regardant suffoquer. Elle tenta une dernière bravade, un coup de poing dirigé vers mon visage, que j’interceptai de ma main. Mon autre paluche quitta sa gorge pour lui claquer la joue, par fierté de dominance, par provocation plus que pour lui détruire le minois…
Mal m’en prit : mon emprise sur elle fut moins forte, et elle en profita pour donner un vif coup de bassin accompagné d’un coup de poing sur ma tempe gauche, qui m’envoya au tapis, choyant sur le côté, désarçonné de ma position avantageuse et complètement hagard de ce revirement. Elle initia un roulement de nos deux corps, et prit l’avantage de la position en me chevauchant brutalement. Elle me saisit par la les côtés du crâne pour m’infliger un coup de boule monumental. J’encaissai celui-ci durement, mais sûrement, lui rejetant un regard incendiaire et parsemé d’un sourire hargneux de mes crocs, grognant comme un ours. Elle me frappa à nouveau de ses poings, au point de rouvrir une ancienne cicatrice à l’arcade, inondant mon visage de sang. Les coups s’enchainent trop vite pour que je puisse y réagir, la situation m’abandonne complètement : je me faisais aveugler par mon sang et les étoiles commençaient à revenir. Je ne sentis qu’à peine la petite claque provocante qu’elle me mit avant de cesser toute hostilité, en réponse à la mienne, plus tôt. Elle me regardait, cracha du sang sur le côté, puis me demandant d’un simple mot mon nom. Qu’est-ce qu’elle croyait, cette petite conne ? Que j’abandonnais là ? Je rugis de toute mes force et la lançai sur le côté pour me débarrasser d’elle. Putain, elle m’en avait mis plein la tronche. J’eus du mal à me redresser, me penchant sur le côté en observant mon sang goûter de mes plaies au visage. Ma tête tournait, elle cognait vraiment dur, cette sale gosse. Et je n’avais pas fini d’entendre parler d’elle : elle était déjà sur moi, me pliant un bras dans le dos, genou sur la nuque, dans une clé de bras douloureuse de laquelle je tentai de me soustraire en vain. Après quelques secondes d’une douleur vive, je frappai du plat de ma main libre au sol, signifiant mon abandon, et lancer :
« D'accord, d'accord, t'as gagné. Tu t'bas comme une garce, mais ton surnom, tu l'mérites. »
Des huées montèrent de plusieurs spectateurs : je n’avais pas fait preuve de valeur guerrière en me faisant battre par une saleté d’humaine. Mais je n’avais cure de ce qu’ils pensaient, cette bande de dégénérés du bulbe soumis à Oaxaca. La petite m’avait vaincu à la régulière, et elle méritait pour ça les honneurs. Je me tournai vers elle alors qu’elle se relevait, essuyant le sang qui me coulait sur la gueule d’un revers de poignet, et clamai d’une voix brisée :
« Throk. »
Sa voix, non moins enrouée, éructa son prénom : Eteslë. Elle me tendit la main pour m’aider à me relever. Je la saisis alors qu’elle me gratifiait d’un sobre compliment sur le combat. Une fois debout, je ne la lâchai pas et la portai au-dessus de sa tête en signe de victoire.
« Pareil. Pas mal pour une demi-portion. »
Je la laissai se rhabiller des guenilles de son haut en miettes et jetai un regard de défi au garzok chauve. Il avait intérêt à avoir été satisfait du spectacle, s’il ne voulait pas que je lui fasse manger ses grolles. Sans plus un commentaire, je partis vers l’espace qui m’avait été attribué. Je pus entendre un être couiner de douleur derrière moi, mais ne me retournai pas. J’avais une furieuse envie de me reposer.