L'auberge "Au Bon Pain"

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Ezak
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Re: L'auberge "Au Bon Pain"

Message par Ezak » sam. 31 août 2024 02:40

Quelques dizaines de jours furent nécessaires pour atteindre le village d’Akinos, notre cible, en passant par Gnasary, le village bourgeois. Pas de halte pour nous. J’observai avec toujours plus de curiosité les expressions de Freida dans son nouvel environnement. Les habitations, les gens, le climat, la faune, la flore : tout paraissait exceptionnel à ses yeux. Ce qui me surprit d’autant plus fut sa capacité à pouvoir lire des pistes dans la nature, même dans un environnement qu’elle n’avait jamais appréhendé. Je continuai donc à apprendre à ses côtés. Akinos se trouvant au pied du massif des Jumeaux, il fallut faire une petite ascension, rien de comparable avec ce que nous avions pu faire en Nosveris, mais je sentis Freida de plus en plus à l’aise alors que nous nous rapprochions de conditions qu’elle connaissait bien.

En bref, le voyage fut tranquille, et lorsque nous arrivâmes à Akinos, je pus observer une véritable émotion dans ses yeux embués.

« Nous y sommes. »

Il y avait du soulagement et de l’espoir dans son expression. Après tous les événements qu’elle avait traversés, la perte des membres de son village, la quête pour mettre fin à la menace de l’esprit, son enlèvement par ce dernier, qui se servait d’elle comme d’une réserve d’énergie, une petite lueur d’espoir faisait son apparition. Elle allait pouvoir élever son enfant dans un environnement moins austère.

« Oui, une nouvelle vie commence pour toi. » affirmai-je tout sourire à celle qui, avec le temps, avait fini par devenir une amie.

Le village était doté d’une certaine beauté. Il était assez petit, mais chacune des maisons arborait des couleurs différentes, vives. Personnellement, je trouvais ça un peu criard. Je préférais nettement le marbre de la cité blanche. Néanmoins, je devais avouer que si je n’avais pas de serment à tenir, dans une autre vie, j’aurais pu m’abandonner à une vie tranquille ici. La vie d’aventure et de combat est usante pour le corps et l’esprit, et j’étais de plus en plus las de vagabonder.

Nous entrâmes dans la seule petite auberge que connaissait le village. Ce serait un bon point de départ. De là, Freida pourrait entamer le renouement avec la ville de ses ancêtres. L’aubergiste, qui nous vit entrer depuis le fond de la bâtisse, vint chaleureusement vers nous.

« Bienvenue chez moi ! Bienvenue chez vous ! Que puis-je pour vous ? »

« Du repos, à manger et à boire pour commencer. »

« Tout ce qu’il y a ici ! Vous venez d’où tous les deux ? »

« Nous revenons de Nosveris. »

« Ah, des Nosveriens jusqu’ici ?»

« Pas moi, non. Je suis Orano-Kendran, mais elle vient de là-bas. »

« Oui. Je suis une descendante d’Aaron. Ma famille a quitté votre continent il y a bien longtemps pour venir en Nosveris. »

« Attendez ! Vous êtes une descendante de… la branche qui est partie en Nosveris ? »


Freida parut étonnée.

« Vous connaissez cette histoire ? »

« Mais bien sûr que je la connais ! C’est l’histoire de notre fondation ! Tous les habitants la connaissent ! Vous êtes venue renouer avec vos origines ? »

« Oui, définitivement, j’espère. »

« Ahhhhhh ! Je serais heureux de vous aider à vous installer et à vous intégrer. Vous êtes ici chez vous. Akinos ne rejette pas ses enfants. »

Freida parut heureuse. L’aubergiste me regarda d’un œil interrogatif.

« Et vous, mon cher monsieur ? Vous cherchez un village d’adoption ? »

Je le regardai, un peu ahuri.

« Pardon ? Oh non ! Je ne suis que de passage. Je m’intéresse à l’ancêtre de Freida. »

« Ah ça, vous n’êtes pas le premier ! Aaron le martyr est un personnage qui fascine. Beaucoup sont venus ici pour tenter de s’accaparer ses reliques. Pour un certain nombre de personnes, il a été fétichisé, et certaines croyances disent que ses armes et armures ont hérité de sa force. »

« Voyez-vous ça ! » dis-je, faisant mine de ne rien savoir pour le laisser parler.

« Oui, oui. Sa dépouille repose dans la crypte à l’Est, un peu en retrait du village. Une stèle y a été érigée. On dit l’endroit maudit, mais ça n’a pas empêché des petits téméraires d’y aller. »

« Et qu’est-il advenu d’eux ? »

« Tous ceux qui ont essayé n’en sont jamais ressortis. La crypte s’enfonce profondément dans la montagne, il paraît. Là-bas, il s’y passe parfois des choses étranges. On dit qu’Aaron y a été entreposé dans le cœur de celle-ci, où il est protégé. »

« Intéressant...»

« N’est-ce pas ! Installez-vous, je vais chercher ce qu’il vous faut. »

Je m’assis à une table avec Freida.

« Notre voyage prend fin. »

Elle me sourit.

« Je te serai éternellement reconnaissante de m’avoir guidée et accompagnée jusqu’ici. Merci. »

« Ce n’est rien. Moi, il me reste encore à trouver la casque d'Aaron. Je passerai la nuit ici et demain je me rendrai à la crypte. »

« Tu veux que je t’y accompagne ? »

« Non, surtout pas ! Tu en as assez fait. C’est probablement risqué, et je m’en voudrais qu’il t’arrive quelque chose pour une histoire qui ne te concerne pas. »

L’aubergiste revint à ce moment avec des victuailles.

« Croyez-moi, vous allez vous régaler ! »

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