L'Ancienne Cité de Sanssitr

Avatar du membre
Yuimen
Messages : 2483
Enregistré le : mar. 26 déc. 2017 19:17

L'Ancienne Cité de Sanssitr

Message par Yuimen » sam. 6 janv. 2018 14:02

L'ancienne cité de Sanssitr

Image


La cité de Sanssitr est une des cités les plus anciennes de Yuimen. Elle fut créée avant l'arrivée des Gardiens de Yuimen et des Sindeldi, voilà près de trente mille ans. Elle fut rasée en grande partie par les Sindeldi lors des guerres de conquête. Il n'en reste aujourd'hui en surface que des ruines témoignant d'une architecture raffinée. Quant à la cité en souterrain, elle occupe la majorité du sous-sol de Nessima...

Avatar du membre
Tanaëth Ithil
Messages : 134
Enregistré le : jeu. 20 juin 2019 12:44
Localisation : Nessima

Re: L'Ancienne Cité de Sanssitr

Message par Tanaëth Ithil » sam. 6 juil. 2019 20:19

Il nous faut près d'une heure pour parvenir au deuxième pont, constitué d'une immense arche de pierre polie par les embruns du puissant torrent qui s'écoule au-dessous. Franchissant d'un trait le large canyon souterrain, il est prolongé d'après mes souvenirs par une large et haute galerie descendant en pente douce sur plusieurs centaines de mètres. De cette artère principale partent une bonne vingtaine de conduits de taille plus modeste et, si je me souviens en avoir exploré bon nombre sur des distances parfois conséquentes, il en est davantage encore que je n'ai jamais parcourus. Je doute fort qu'il existe un Sindel connaissant l'intégralité des infinis dédales de Sanssitr, en réalité, mais au moins ai-je une assez bonne idée de son plan général pour avoir une chance de me repérer même dans des zones peu ou pas connues. Quant à l'attaque qui s'est déroulée là voilà au moins deux heures, le temps pour le "messager" de venir nous informer auquel s'ajoute celui que nous avons mis pour arriver sur les lieux, il n'en reste pour tout signe visible que quelques traces de sang ici et là. Tous les corps ont déjà été enlevés, ce qui m'ennuie fortement car j'aurais aimé pouvoir examiner leurs blessures afin de déterminer précisément les armes utilisées et la manière de s'en servir de nos ennemis. Nulle âme qui vive non plus dans le coin, les Sindeldi ont très certainement évacué la zone en attendant que l'armée se charge des assaillants, ce qui implique que nous n'aurons aucun renseignement supplémentaire avant de nous engouffrer dans les ténèbres de Sanssitr; il va falloir faire avec ce que nous avons, à savoir rien ou presque. Illays'tar Enoure, l'éclaireuse de notre petit groupe, désigne alors la direction probable que nos ennemis ont prise, à savoir le pont et la galerie qui le prolonge vers les entrailles de l'ancienne cité Shaakte, en déclarant d'un ton ne souffrant aucune contradiction :

"Je passe devant. Laissez-moi deux minutes d'avance. S'il y a un problème je siffle."


Je fronce les sourcils à ces mots, réticent à l'idée de laisser une femme prendre les risques à ma place, mais j'acquiesce néanmoins d'un léger hochement de tête, sachant fort bien que c'est logique compte tenu de ses compétences. Elle franchit aussitôt le pont d'un pas aussi rapide que léger et disparaît dans les ténèbres inquiétantes sous nos regards concentrés. Les deux minutes écoulées, j'esquisse à peine un mouvement pour suivre Illays que ma cousine Elzekiël me retient par le bras tout en me désignant avec un sourire en coin les trois guerriers de ma garde qui déjà s'engagent sur le pont :

"Laisse ta garde faire son travail, cousin."

Un léger grognement de dérision s'échappe de ma gorge, croit-elle vraiment que je vais jouer le planqué de service pendant qu'ils prennent tous les risques?

"Tu me prends pour un précieux de la cour de Tahelta, cousine?"

"Aucun risque. Mais, toi qui as suivi des cours de stratégie, dis-moi où est la place de l'officier supérieur dans un groupe comme le nôtre?"


"Au centre."

La réponse a jailli, instinctive. Je sais qu'elle a raison, mais je peine à endosser ce rôle alors que je vagabonde en solitaire depuis des décennies. Il faudra bien que je m'y fasse pourtant, c'est une place que je dois impérativement apprendre à tenir. Oh, certes j'ai reçu des cours de commandement et de stratégie militaire relativement poussés lors de ma formation d'Hirdam, mais jamais je n'ai vraiment passé l'épreuve du feu. Quoi qu'il en soit, il est temps pour Elzekiël et moi d'avancer, l'Hinïonne et tireuse d'élite Lydiël fermant la marche.

(Sindalywë, fais-nous un peu de lumière, veux-tu?)

Sans récriminer le moins du monde, fait rarissime, ma Faëra se love dans le collier de Moraën qu'elle affectionne et le fait rapidement briller d'une lueur crépusculaire, juste suffisante pour me permettre d'y voir clair grâce à ma vision nocturne. Si ma cousine et la plupart des autres ne semblent avoir aucun problème de vue, il n'en va pas de même pour tout le monde car deux des guerriers qui nous précèdent ne tardent guère à allumer des torches. Je m'assombris à cette nécessité, ainsi éclairés ils forment des cibles idéales pour des archers et nous perdons toute discrétion, mais avancer à l'aveugle n'est pas mieux. Je fais néanmoins signe à ma cousine et à Lydiël de garder leurs distances afin de rester dans les ombres, comme je le fais moi-même. Inutile de tous nous exposer, d'autant plus que nous avons une éclaireuse ; mieux vaut à mon sens que nous les couvrions discrètement et ayons une chance de profiter de l'effet de surprise si la situation se gâte.

Avatar du membre
Tanaëth Ithil
Messages : 134
Enregistré le : jeu. 20 juin 2019 12:44
Localisation : Nessima

Re: L'Ancienne Cité de Sanssitr

Message par Tanaëth Ithil » lun. 8 juil. 2019 23:40

Cela fait des heures que nous explorons le plus méthodiquement possible les zones de Sanssitr les plus proches du deuxième pont. En vain, malheureusement, il n'y a pas la moindre trace repérable malgré les talents de notre éclaireuse. Je m'y attendais un peu, à dire vrai, connaissant l'immensité de l'ancienne capitale Shaakt et la nature résolument rocheuse de ses sols, mais il fallait bien commencer quelque part. Réunis dans une petite salle où débouchent deux couloirs menant aux parties nord de la ville ainsi qu'un large escalier donnant accès aux niveaux inférieurs, nous nous concertons afin de définir la meilleure stratégie à employer. Illays pense que nous devrions nous séparer en deux groupes pour couvrir plus de terrain, elle-même connaissant aussi bien que moi l'antique cité, mais cette idée ne m'enchante guère car nous ignorons tout du nombre et de la force de nos ennemis. Ma cousine Elzekiël juge quant à elle que nous devrions attendre les renforts promis par Sylënn, une solution prudente mais probablement inefficace. Nos adversaires ont démontré leurs capacités à se dissimuler, or rien n'est moins discret qu'un régiment de soldats en armures lourdes et il sera certainement aisé à nos adversaires de les éviter. Quant à continuer à fouiller Sanssitr au hasard, autant rentrer de suite à la commanderie d'Opale, le résultat sera le même. Profondément songeur, je finis par me décider à tenter d'avoir une vision de nos ennemis et du lieu où ils se trouvent, même si je ne suis absolument pas convaincu d'être capable de reconnaître l'endroit, en admettant que je parvienne à mes fins. Quoi qu'il en soit cela ne coûte pas grand chose de le tenter, aussi vais-je m'installer en tailleur dos à un mur afin de me plonger dans l'état de rêve éveillé nécessaire à l'usage de mon pouvoir.

Une première image se forme en mon esprit, lentement, comme à regret, aussi floue que si je regardais au travers de verre très épais. Impossible pourtant de ne pas reconnaître l'odieux visage qui s'est manifesté, cela fait tant d'années qu'il me hante jour et nuit : Averren... Averren penché sur une silhouette ensanglantée que je n'ai pas plus de mal à identifier: Llyann, sa propre fille, ma soeur d'âme.

(Maudit enfoiré de fils de pute! Cette fois c'en est trop, ton heure est venue!)

La rage écarlate qui m'envahit brutalement occulte tout, à commencer par ma vision qui se délite comme brume au vent. Tremblant d'une haine sans bornes qui me fait légèrement trembler des pieds à la tête, je me relève lentement, les mâchoires si rudement soudées que c'en est douloureux. Peu m'importent ses sous-fifres, ses puissants alliés, le clergé, je vais tuer ce fils de chien et pas plus tard que maintenant, même si pour cela il me faut me frayer un sanglant passage à travers la moitié des armées de Nessima.

(Calme-toi mon Bien-Aimé, tu sais comme moi que c'est exactement ce qu'il souhaite...) murmure doucement ma Faëra d'un ton où perce une profonde angoisse.

(Je m'en fous! Il est en train de tuer Llyann), rétorqué-je avec virulence!

(Tu n'en sais rien! C'est sa fille, son unique descendante. Réfléchis Tanaëth, je t'en supplie! Ne t'engage pas dans ce piège par Sithi, sois plus malin que lui.)

J'ai toujours écouté, et suivi, les conseils de ma sagace petite compagne de fluide. Je sais, tout au fond de moi, qu'elle a raison, que c'est une folie. Mais cette fois ma colère est telle que ses paroles, la voix de la raison, ne font qu'effleurer ma conscience sans parvenir à s'y graver. Je n'en peux plus de cette menace qui pèse sur ma tête et sur l'Opale depuis plus de quatre décennies, de ce sentiment d'impuissance qui me ronge depuis le jour où j'ai été banni de Nessima. Et puis, personne, absolument personne ne s'en prend à mes très rares proches sans encourir la plus implacable des vengeances, ce serait contraire à mes valeurs les plus sacrées. J'attends l'heure de venger mes parents depuis trop d'années, maintenant ce damné ose toucher à Llyann et je devrais encore tergiverser? Sous les regards inquiets des membres de ma garde, conscients que je ne suis pas dans mon état normal, je rétorque sombrement à ma Faëra d'un ton sans appel:

"Assez. Aujourd'hui il meurt."

Mes compagnons se consultent du regard, aussi perplexes qu'ils sont anxieux, bien incapables de comprendre le sens de mes paroles et de la rage soudaine qui m'a envahi. Au terme d'un court mais pesant silence, Elzekiël finit par me demander d'un ton hésitant:

"Euh... de qui parles-tu? Que... que se passe-t-il? Tu as vu quelque chose?"

"Averren. J'ai vu cette raclure d'Averren. C'est lui qui est derrière cette attaque et il est en train de tuer Llyann", répliqué-je avec hargne. "Je vais lui arracher le coeur, mais cela ne vous concerne pas. C'est entre lui et moi."

"Tu plaisantes j'espère", s'offusque ma cousine en s'assombrissant à son tour. "Nous venons avec toi, ce n'est pas négociable."

"Hors de question. Retournez en surface et protégez Sylënn, c'est un ordre."

Loin de se laisser impressionner par cette injonction, ma parente rétorque aussitôt d'un ton outré:

"C'est absurde! Sylënn est sans doute protégée par la moitié de la garde militaire à l'heure qu'il est! Et puis, permets-moi de te dire, cher cousin, que s'en prendre de front à Averren est une extrêmement mauvaise idée... tiens-tu donc à finir ta vie à Raynna?!"

(Ha, tu vois! Elle est d'accord avec moi), s'exclame Sindalywë!

Il me faut aller puiser dans les plus insoupçonnées réserves de ma patience malmenée pour ne pas les envoyer paître toutes les deux, mais je parviens à me contrôler pour répondre à Elzekiël d'une voix dure et froide:

"Je t'ai donné un ordre, commandante. Ne m'oblige pas à le répéter..."

"Loin de moi la volonté de discuter vos ordres, Seigneur Ithil, mais j'aurais éventuellement un plan à vous soumettre" intervient posément Tylëas, l'ancien Vagabond de la Reine.

Bon sang, ils se sont donné le mot ou quoi?! Je me tourne vers lui d'un mouvement rageur et lui offre gracieusement mon plus noir regard pour la peine mais, un éclair de lucidité me venant, je réalise qu'ignorer l'avis de ce maître des manœuvres vicieuses serait profondément stupide. Je lui adresse donc un hochement de tête réticent et l'invite d'un petit signe de la main à s'exprimer:

"Je connais mal le coin, mais n'existerait-il pas un moyen de se rendre discrètement dans la demeure de cet Averren en passant par les souterrains? Si oui, nous pourrions ainsi l'atteindre sans que nul ne s'en aperçoive. Il suffirait que certains d'entre nous aillent bloquer toutes les issues pendant que les autres se chargeraient des inévitables serviteurs et gardes présents afin que vous-même puissiez vous occuper de ce prêtre. L'un de nous pourrait aussi faire une bonne diversion dans un autre coin de la ville et ainsi éloigner les soldats, au cas où des bruits filtreraient malgré tout."

"Humpf."

Une stratégie bien plus subtile que la tactique je comptais employer, à savoir aller défoncer la porte de mon ennemi et lui plonger mes lames dans le coeur. D'un côté la rage qui m'habite me hurle de m'en tenir à ma technique, mais de l'autre les avertissements répétés de ma Faëra et d'Elzekiël, la pertinence de l'idée de Tylëas, commencent à fissurer un peu mon aveuglement. Cela étant, j'ignore s'il existe un tel passage, beaucoup ont été murés et nous ouvrir un chemin dans une solide maçonnerie est exclu. Concertée, Illays déclare malheureusement qu'elle l'ignore également, s'étant rarement rendue dans la partie concernée. Que faire? Aller voir, au risque de perdre nombre d'heures alors que Llyann peut trépasser d'un instant à l'autre? Foncer dans le tas comme j'en avais l'intention, au risque de me faire condamner au bagne? Ma vie, ou celle de Llyann? Que faire par Sithi?! Après un instant de réflexion, je grogne à contrecoeur:

"Soit, essayons de trouver un passage. Mais nous ne chercherons pas des heures, si nous ne trouvons rien très rapidement nous ressortirons à proximité et mènerons un assaut de front. En route, et prudence, on ne sait toujours pas ce qui rôde dans le coin."

Avatar du membre
Tanaëth Ithil
Messages : 134
Enregistré le : jeu. 20 juin 2019 12:44
Localisation : Nessima

Re: L'Ancienne Cité de Sanssitr

Message par Tanaëth Ithil » mer. 10 juil. 2019 21:44

"HIIIIIIIIIIIAAAAAAARRRRR!"

L'atroce hurlement qui jaillit soudain des ténèbres à l'instant où nous allions reprendre la route nous fait tous violemment sursauter.

"Par Gaïa! Qu'est-ce que cela?!", s'exclame Lydiël qui forme notre arrière garde et encoche aussitôt une flèche sur son arc.

"Des goules", rétorque Illays d'un air sombre, "elles remontent parfois des zones profondes..."

"Voilà qui manquait à notre bonheur", grommelé-je tout en examinant rapidement la situation: le cri m'a semblé venir du bas de l'escalier menant au niveau inférieur, auquel nous tournions le dos pour nous rendre sous la demeure d'Averenn, ce qui revient à dire qu'en l'état elles prendraient notre formation à revers. Une détestable idée que je m'empresse de rendre impossible:

"Soldats, formation en demi cercle devant notre voie de repli! Illays, assure-toi que la voie est libre au cas où nous devrions dégager de là. Lydiël et Elzekiël, en soutien, protégez les autres!"


"HIIIIAAAAARRRRRRRRR!"

Un nouveau cri fracasse le silence, aussi lugubre que le premier, suivi d'autres qui résonnent longuement dans les souterrains et mettent nos nerfs à rude épreuve. Tous proviennent bien de l'escalier et je jurerais qu'ils se rapprochent rapidement. Ma garde se met aussitôt en position, les quatre purs combattants restants adoptant vivement la formation demandée tandis que je me place juste derrière eux, lames dégainées, prêt à intervenir à la moindre défaillance. Lydiël quant à elle se place un peu en retrait, judicieusement décalée pour pouvoir tirer sans que je ne la gêne, tandis qu'Ekzekiël se positionne à ses côtés, prête à user de sa magie si j'en juge à son air concentré. Seraient-ce ces créatures qui ont perpétré le massacre quelques heures plus tôt? Je n'y crois qu'à moitié, la "chape d'ombre" décrite par le blessé qui nous a prévenu relève vraisemblablement de la magie et les goules n'en possèdent pas pour ce que j'en sais. Je peine aussi à croire qu'elles auraient pu exterminer une dizaine de Sindeldi sans subir la moindre perte, les Nessimois n'étant pas précisément des enfants de coeur ignorant tout de l'art du combat. Mais, se pourrait-il que..

"Ekzekiël, un mage noir serait-il en mesure de diriger une meute de goules?"

"Quelques-unes, possiblement, mais il faudrait qu'il soit salement puissant..."

Au vu des nombreux hurlements qui percent maintenant le silence les saletés sont nombreuses, sans doute plus d'une dizaine, mais Averenn n'est pas le premier venu. Il était au temple lors de la première attaque, cela dit, il n'a donc pas pu diriger directement ces créatures mais... est-il possible de leur donner un ordre précis qu'elles suivraient des heures plus tard? Je n'en sais fichtre rien, mes connaissances en magie étant proches du néant, mais dans tous les cas personne ne me fera croire que la présence de ces goules est une simple coïncidence. Je n'ai pas oublié la Banshee que l'Ithilauster a envoyé me traquer en Imfitil, j'ignore comment il a pu accomplir cet exploit mais s'il a été capable de diriger une telle créature, j'imagine que contrôler des goules ne doit lui poser aucun problème. Seulement, à quoi bon? Il ne peut raisonnablement espérer que ces créatures me terrassent, d'autant plus que je suis accompagné par ma garde, alors quoi?

"HIIIIIIIIIAAAAARRRRRRRR!"

Interrompant mes réflexions, une marée de goules jaillit subitement des profondeurs de Sanssitr pour se ruer sur nous avec une férocité démente. Mes chaperons ne bronchent pas, pourtant, se bornant à resserrer calmement le rang qu'ils forment juste devant moi afin que nul assaillant ne puisse franchir leur ligne et m'atteindre. Ayant déjà combattu ces créatures, je les sais trop faibles pour mettre vraiment en péril mes redoutables gardes, aussi est-ce sans véritable inquiétude que j'observe le choc brutal.

(Mais que..?! Merde!)

La première goule, un peu plus massive que les autres, balaye Setaya et Aïlann comme s'ils n'étaient que fétus de paille! La première est projetée contre le mur gauche, salement amochée m'a-t-il semblé, tandis que le maître d'armes se fait littéralement soulever de terre lorsque la créature lui assène un brutal crochet remontant sous la mâchoire, puis retombe lourdement au sol, à moitié assommé.

(Sithi Miséricordieuse! C'est quoi ce bordel?!)

Mais le moment est bien mal choisi pour se poser des questions, Tylëas et Cërethil vont se faire laminer par cette créature incompréhensiblement puissante et Setaya sera alors à la portée des autres goules qui suivent la première à distance prudente. Je me jette dans la mêlée en chargeant d'estoc le monstre, une tactique brutale qui me ressemble peu, mais l'espace entre les deux gardes restant est trop étroit pour que je m'y engouffre en tournoyant comme j'aime à le faire. Je sais aussi que ce coup ne tuera pas la créature, qu'il faut décapiter ou réduire en charpie, mais j'espère bien la faire reculer afin de redonner un peu d'espace à mes alliés. Mon attaque, quoique manquant un brin de précision, trouve sa cible sans faillir et ma Vorpale s'enfonce profondément dans le ventre de la bête. Celle-ci hurle de rage, mais pour ce qui est de reculer, j'aurais aussi bien pu cogner contre un mur. Avec une vivacité dérangeante, elle riposte en tentant de m'arracher le visage au moyen de ses griffes crasseuses et vicieusement recourbées, si preste que je n'ai d'autre choix que d'esquiver en catastrophe en me pliant en arrière.

Si ce geste a l'avantage d'extirper mon arme lactée des entrailles de la bête, elle m'empêche de riposter avec l'Ardente et laisse malencontreusement loisir à la goule d'attaquer à nouveau. Cette fois, elle me bondit brutalement dessus en beuglant, bras écartés comme pour m'étreindre, déterminée visiblement à m'arracher la gorge de ses crocs. Je me baisse vivement tout en me décalant d'une glissade qui me permet de passer sous son bras droit et de lui asséner un rude coup de taille dans les côtes au moyen de mon Enflammée. Mais pas plus qu'avant elle ne paraît sentir la moindre douleur, ni tenir compte d'aucune manière des frappes pourtant dévastatrices que je viens de lui infliger. La bête se retourne avec une célérité rageuse, balayant l'espace de ses griffes pour tenter de m'atteindre, mais Tylëas en profite pour lui planter ses deux lames dans le dos, avant d'être quasiment enseveli sous un trio de goules affamées! Son attaque m'a néanmoins permis d'esquiver aisément le coup et a attiré l'attention de la créature, aussi j'en profite pour tournoyer férocement afin de donner le maximum de puissance à mes lames pour essayer de la décapiter, mais elle parvient malheureusement à éviter le coup ravageur d'un souple bond en arrière.

Profitant de ce très bref répit, je jette un rapide coup d'oeil pour avoir une idée de la situation, bien plus mauvaise qu'elle ne devrait l'être réalisé-je immédiatement. Tylëas est tombé à son tour, mais je ne parviens pas à déterminer s'il est gravement atteint ou pas. Cërethil a étripé une première goule et bataille contre deux autres mais, ce faisant, il s'est aussi écarté de l'entrée du couloir que nous étions censés défendre et les goules en ont profité pour s'y engouffrer, menaçant l'archère Hinïonne et ma cousine. Toutes deux ont apparemment fait des dégâts dans la meute avant qu'elle ne les atteignent, trois goules sont à terre - dont l'une joliment carbonisée - mais cela ne suffira clairement pas et les deux femmes devront incessamment se défendre au corps à corps. Comment en est-on arrivé là en si peu de secondes contre pareils adversaires, bon sang?

(Attention), me hurle Sindalywë!

Le monstre bondit à nouveau en braillant, un hurlement abject de faim qui me glace les sangs, pointant dangereusement ses griffes vers ma frimousse!

(Ah c'est comme ça?! Mange), m'exclamé-je mentalement, hargneux!

Je pare le coup, cette fois, et pas en douceur. Ma lame d'adamantite lancée à toute volée massacre le poignet de la bête, fendant les chairs et fracassant les os si bellement que son membre ne tient plus que par un lambeau de chair sanguinolent. Mais la goule pivote avec une agilité déconcertante pour me frapper au ventre avec son deuxième bras, aussi indifférente à la blessure que je viens de lui infliger qu'elle l'a été précédemment. Et cette fois je suis un rien trop lent, le genre de rien auquel peut tenir une vie. Le coup est d'une brutalité inouïe, assez pour me plier en deux et m'envoyer valser au sol. Du moins est-ce ce qui se serait produit si, sur le chemin, ne s'étaient trouvées deux autre goules. Nous nous écrasons tous trois au sol, chaos de griffes, de crocs et de lames qui cherchent frénétiquement les chairs à mordre, déchiqueter, trancher. Je sens une mâchoire se refermer sur mon avant-bras gauche, quelques crocs se briser au passage sur le mithril de mon brassard, tandis qu'une main difforme et griffue me lacère douloureusement la joue. Mon ardente trouve le crâne de l'une des goules, carbonisant ses chairs putréfiées et dévastant ce qui lui sert de cervelle, laquelle gicle copieusement sur nous, matière fétide qui manque me soulever le coeur tant elle pue la mort. Je tente de libérer mon bras gauche, en vain, puis au moyen du pommeau de mon enflammée je fracasse frénétiquement le museau de la deuxième qui m'écrase de son poids et tente de me croquer le visage. Elle bascule en piaillant, mais ce n'est que pour révéler le monstre qui se précipite à la curée en déchirant les airs et mes tympans d'un effroyable rugissement. Et au vu de ma position désastreuse, je vais prendre cher...
Modifié en dernier par Tanaëth Ithil le jeu. 11 juil. 2019 12:44, modifié 1 fois.

Avatar du membre
Tanaëth Ithil
Messages : 134
Enregistré le : jeu. 20 juin 2019 12:44
Localisation : Nessima

Re: L'Ancienne Cité de Sanssitr

Message par Tanaëth Ithil » jeu. 11 juil. 2019 11:54

Couché sur le dos, l'avant-bras gauche coincé dans la gueule abjecte d'une goule, je tente de me dégager d'un soubresaut frénétique et de rouler au sol pour éviter les griffes du monstre qui m'assaille; mais l'affamée accrochée à moi refuse obstinément de lâcher prise et son poids contrecarre mon geste qui, j'en prends conscience une fraction de seconde plus tard, ne suffira pas à m'épargner l'attaque féroce de la bête. Cette dernière me tombe littéralement dessus de tout son poids, les griffes de son bras valide cherchant à m'éventrer alors que sa gueule béante et putride s'approche dangereusement de ma gorge! Souffle coupé par l'impact, je ne m'en débats pas moins désespérément pour essayer de me dégager, mais la maudite pèse un foutu poids et tient bon; ses crocs se rapprochent inéluctablement de ma chair tandis que ses griffes dérapent sur les épaulières de mon armure en produisant un atroce grincement, cherchant une faille qu'elles ne tarderont sans doute pas à trouver.

La peur ne trouve pas aisément son chemin dans mon esprit, mais là je commence doucement à craindre que ce soit la fin de la route. Dévoré vivant par des goules, une fin effroyable qui me glace les sangs... et réveille en moi une rage mortelle déjà à fleur de peau depuis la vision que j'ai eue de mon ennemi en train de torturer Llyann. Lâchant mon Ardente quasiment inutile dans ce corps à corps, j'assène un violent coup de poing dans la trogne immonde de la bête, mais je pourrais aussi bien cogner contre les murailles de Nessima pour l'effet que cela a : c'est à peine si la tête de l'horreur pivote légèrement sous l'impact... Si cela suffit à me donner un infime répit du côté de sa gueule, les griffes de l'abjecte parviennent à s'insinuer au défaut de mon armure et me lacèrent si douloureusement l'épaule gauche que je ne peux retenir un hurlement de souffrance. Ni ma Vorpale, d'ailleurs, qui m'échappe de la main et tombe au sol dans un lugubre fracas métallique.

"Rhâaaa, saloperie" grondé-je sourdement, atterré de m'être ainsi laissé désarmer. Ne pas céder à la panique, ne surtout pas céder... la gueule de l'immonde se rapprochant à nouveau, je relève brutalement la tête de façon à ce que mon front heurte durement la face de la bête. Je suis récompensé de ma peine par un atroce craquement d'os brisés mais, bien que mon crâne soit protégé par le diadème de la mère d'Oaxaca, le violent choc me sonne si bien que je crains m'évanouir dans la foulée. Seul un colossal effort de volonté et la rage qui m'habite me permettent de rester conscient, mais pour combien de temps? Les griffes de l'horreur fouaillent toujours mon épaule, engendrant des vagues de souffrance que je peine de plus en plus à juguler et m'affaiblissant de seconde en seconde. A deux doigts de cette panique que je tente de repousser de toutes mes forces, je cogne frénétiquement de mon poing libre dans la tronche de la bête, encore et encore, faisant éclater ses chairs putréfiées et la peau de mes phalanges dans le même temps. Mais cela ne suffit pas, l'insensible créature n'a cure de la douleur, des os brisés ou des plaies infligées par mes reliques. A contrario mes forces déclinent aussi inexorablement que les crocs jaunis qui se rapprochent toujours un peu plus de ma gorge, avides de sang et de vie.

Mû par l'énergie du désespoir, je me cabre follement pour désarçonner l'ignoble, mais elle s'accroche férocement à mes chairs de ses griffes plantées dans mon épaule et rien n'y fait. En revanche, mes ruades finissent par dégager mon bras gauche de la mâchoire qui l'enserre depuis ce qui me semble être des heures, bien que seules quelques brèves secondes se soient écoulées.

(Ton arme! Récupère ton arme et massacre-là) hurle mentalement une Sindalywë plus inquiète que jamais!

Le conseil est bon, mais encore faut-il être en mesure de le suivre. Mes doigts fébriles tâtonnent un instant, ne trouvant que le sol et d'autres matières beaucoup moins recommandables. Ce simple geste engendre une souffrance terrible dans mon épaule déjà salement malmenée, mais j'arrive de justesse à la surmonter et, une seconde plus tard, mes doigts se referment enfin sur la poignée de ma Vorpale. Impossible de porter le moindre coup vraiment efficace bien sûr, coincé que je suis sous l'immonde, mais qu'à cela ne tienne: c'est avec le pommeau que je défonce brutalement la tempe de la créature, un coup si rude que, cette fois, la maudite est projetée sur le côté! Haletant, du sang et de la sueur plein les yeux, je roule hâtivement au sol pour m'éloigner un peu et parviens à me relever péniblement malgré mes jambes flageolantes. Je transfère aussitôt ma Vorpale dans ma main intacte, non sans frémir en réalisant que la bête est déjà sur le point de revenir à la charge, un constat qui me fait jurer intérieurement:

(Bordel, il faut quoi pour buter cette saloperie?!)

(Tranche-lui la tête!)

(J'aimerais bien, Sindalywë, j'aimerais bien...)

Je plisse les yeux afin d'y voir un peu plus clair, attendant l'assaut de la bête tout en lui préparant un chien de ma chienne: je dois achever ce combat dans les plus brefs délais, sans quoi... A l'instant où le monstre semble sur le point de m'atteindre de ses tranchoirs de corne, je pivote sèchement sur moi-même et dévie violemment le coup du plat de ma lame, ce qui écarte largement le bras menaçant et m'offre une ouverture béante. Je m'y engouffre en poursuivant férocement mon tournoiement, mettant toute la force qui me reste dans cette frappe certes un peu imprécise mais ô combien dévastatrice lorsqu'elle touche. Ma terrible relique Shaakte percute la tête de l'horreur avec une violence telle que la monstrueuse goule est projetée à terre, son crâne massivement défoncé laissant échapper quelques abjects morceaux de cervelle pourrie; Mais je réalise presque aussitôt avec une totale incrédulité qu'elle "vit" encore, même si cette fois le coup semble l'avoir bien ralentie car elle peine sérieusement à se redresser. Ecoeuré et rageur, je lui fonce dessus en hurlant, lève mon arme haut au-dessus de ma tête et l'abats sauvagement sur l'affreuse trogne qui se fend quasiment en deux sous l'impact. Elle doit être morte cette fois, mais je n'en ai cure et, sans cesser de hurler, frappe encore, encore et encore, totalement aveugle à toute raison. Je la réduirais en un tas de pulpe sanglante si la voix d'Elzëkiel ne finissait par me parvenir, comme étouffée par une longue distance bien qu'elle soit à moins de deux mètres de moi:

"C'est terminé Tanaëth, arrête! Arrête par Sithi! Elle est morte!"

Hébété, tremblant de tous mes membres, je finis par laisser retomber ma Vorpale ruisselante de matières peu ragoûtantes pour regarder ma cousine d'un air si absent qu'elle s'empresse de répéter ses paroles. Lentement, reprenant peu à peu mes esprits, je contemple l'ensemble de la scène aux allures de charnier, peinant à croire que c'est vraiment fini.

"Il... il s'est passé quoi? Les autres... Setaya et Aïlann...il faut s'occuper d'eux, ils..."

"Du calme! Tu n'es pas en état, avale une potion de soin, assieds-toi et reste tranquille! "

"Mais non, ça va aller, je t'assure..."

"Mais bien sûr! Une pichenette et tu t'écroules! Obéis par Sithi, je m'occupe des autres avec Lydiël et Illays."

Je suis bien obligé d'admettre qu'elle a raison, aussi acquiescé-je d'un hochement de tête avant de me saisir de ma gourde et d'avaler une grande potion de soin. Le breuvage me soulage notablement et fait cesser l’hémorragie de mon épaule lacérée, mais je sais fort bien qu'il me faudra des soins plus sérieux que ça avant longtemps si je ne veux pas risquer de perdre mon bras. Quoi qu'il en soit nous avons plus urgent à faire pour l'instant, Setaya est salement blessée au ventre et a subi plusieurs morsures, Aïlann a probablement la mâchoire brisée; Cërethil se vide de son sang par plusieurs plaies apparemment profondes et Tylëas est couvert de griffures et de morsures plus légères mais dangereuses de par leur nombre. Les autres semblent en meilleur état pour autant que je puisse en juger, pas indemnes mais encore capables d'agir et de stabiliser rapidement l'état des blessés les plus graves. Ce n'est qu'alors que je réalise ce que la situation implique: nous ne sommes plus en mesure de poursuivre notre mission, pas si nous voulons que nos compagnons survivent. Il faut d'urgence les emmener chez un guérisseur. Seulement, Llyann est toujours aux mains de son damné père pour ce que j'en sais et la seule idée de la laisser tomber me donne la nausée. Bien sûr il est envisageable qu'elle soit déjà morte, des heures se sont écoulées depuis ma vision, mais je n'aurai de cesse avant d'avoir une certitude, dans un sens ou dans l'autre.

"Vous pouvez vous débrouiller pour regagner la surface sans moi", demandé-je sombrement?

Ma parente me regarde comme si j'étais cinglé et gronde sourdement:

"Toi tu vas tout droit chez un guérisseur, cousin. Ce n'est pas en crevant que tu aideras Llyann!"

"Plutôt perdre la vie que la trahir. Je ne la laisserai pas, pas sans tenter l'impossible. Il doit y avoir des soldats dans le coin, maintenant, trouvez-les pour qu'ils vous aident à porter nos blessés et informez-les de la situation. Dès que possible, prévenez aussi Sylënn que je me rends chez Averenn pour lui faire payer sa trahison."

"Par Sithi, tu es plus têtu qu'une mule! Plusieurs goules ont réussi à détaler, et elles n'étaient pas seules. Que feras-tu si elles te retombent dessus?"

"Je les tuerai. Mais qu'entends-tu par "pas seules"?"

"J'ai aperçu une violente lueur au bas de l'escalier. Je suis convaincue qu'elles ont été dirigées vers nous par un mage possédant des fluides de lumière."

Je m'assombris plus encore à cette surprenante révélation. Un mage de Lumière, vraiment? Quid de la chape de ténèbres s'étant abattue sur mes compatriotes un peu plus tôt? Ce mage aurait-il pu "supprimer" toute lumière et ainsi engendrer cette obscurité? Je n'en sais rien, mais autant je me sens encore en mesure d'étriper quelques goules "normales", autant l'idée d'affronter un puissant mage, voire possiblement deux, m'inquiète: je ne suis pas armé contre la magie, même en temps normal, alors là... mais peu importe, je dois essayer. Vivre quand il est juste de vivre, mourir quand il est juste de mourir. Sithi en décidera, comme toujours. Elzekiël finit par rendre les armes devant mon obstination, mais je n'ai d'autre choix que de la laisser d'abord désinfecter et panser mes plaies, non sans trépigner d'impatience. Aussitôt qu'elle en a terminé je souhaite bonne chance à mes compagnons, du moins ceux en état de m'entendre, récupère mon Ardente traînant au sol et m'engouffre vivement dans les ténèbres en direction de la demeure de mon ennemi.

*****
Note GM:

-utilisation d'une grande potion de soin
-précision: la goule surpuissante est en réalité un Né du sang, ce que Tana et ses acolytes ignorent totalement, n'ayant jamais entendu parler de telles créatures.
Modifié en dernier par Tanaëth Ithil le sam. 13 juil. 2019 08:53, modifié 1 fois.

Avatar du membre
Tanaëth Ithil
Messages : 134
Enregistré le : jeu. 20 juin 2019 12:44
Localisation : Nessima

Re: L'Ancienne Cité de Sanssitr

Message par Tanaëth Ithil » sam. 13 juil. 2019 01:50

Il me faut près d'une heure pour rejoindre la partie de Sanssitr se trouvant sous le quartier riche. Si je connais assez bien cette zone, la plus proche de ma demeure et donc celle que j'ai le plus parcouru durant mon enfance, je suis loin d'en avoir exploré tous les recoins et je réalise vite qu'elle est bien plus complexe que je ne m'en souvenais. Salles, couloirs, escaliers menant aux niveaux inférieurs, effondrements plus ou moins conséquents m'obligeant parfois à des détours qui me semblent interminables compte tenu de l'urgence de la situation, l'antique cité Shaakte constitue un labyrinthe si gigantesque que ne pas s'y perdre est une gageure. Je suis obligé, à plusieurs reprises, de retourner sur mes pas pour retrouver les allées principales, une perte de temps qui attise rudement mon impatience et me noue le ventre d'inquiétude. Si Averren avait l'intention de trucider Llyann, c'est chose faite depuis longtemps... Mais rien ne sert de m'attarder sur cette pensée démoralisante, aussi la chassé-je péniblement de mon esprit pour consacrer toute mon attention à l'infini dédale et trouver enfin un passage menant à la demeure de mon ennemi.

Les minutes passent, à la fois interminables et beaucoup trop brèves, puis c'est une nouvelle heure qui file, une autre encore, jusqu'à ce que, la mort dans l'âme, je finisse par admettre l'échec de ma recherche. S'il a jamais existé un souterrain relié à la demeure de mon ennemi, il est condamné ou trop bien dissimulé pour que je le trouve en un laps de temps raisonnable. Mais que faire? Persévérer malgré tout? Risquer une entrée fracassante par la grande porte? Sithi que je hais ce sentiment d'indécision qui me taraude! J'enragerais sans doute salement si ma petite compagne de fluide ne s'évertuait à inonder mon esprit de pensées apaisantes, mais sa présence me permet fort heureusement de conserver un calme relatif. La colère n'est jamais bonne conseillère, je ne le sais que trop bien, mais cela ne m'empêche pas d'en ressentir bien trop souvent à mon goût ces derniers temps. Trop d'épreuves, trop de tensions et d'inquiétudes, mais je ne puis me permettre de commettre une erreur à ce stade de la partie. Trop de choses en pâtiraient, à commencer par l'Ordre. Et cela ne doit pas arriver. Immobile dans la pénombre, les yeux fermés, je prends plusieurs amples respirations et me remémore le splendide visage de Sithi jusqu'à retrouver ma sérénité malmenée.

(Booooon! Tu en penses quoi Sindalywë?)

(Je pense que tu n'écouteras pas mon conseil), me rétorque-t-elle d'un ton mordant.

(Dis toujours.)

(Ne l'attaque pas de front, tu n'as pas la moindre preuve de sa culpabilité. Ce sera considéré comme étant un meurtre et tu perdras tout ce que tu as si durement gagné jusqu'à maintenant)
, soupire ma Faëra.

(Et Llyann?)

(Tu sais comme moi qu'il y a toujours de nombreux futurs, Tanaëth. Et puis, nous ignorons si Averenn comptait vraiment la tuer. Pourquoi le ferait-il, qu'aurait-il à y gagner?)

(Une Danseuse d'Opale de moins. Il sait aussi pertinemment que sa mort m'infligerait un rude coup.)

(Elle n'en reste pas moins sa fille unique.)

(Elle n'en était pas moins en sang.)

(Oui, mais es-tu absolument certain que ce soit de son fait?)

(Mmh. Non... elle aurait pu être prise dans l'attaque près du pont, auquel cas il se pourrait qu'il ait au contraire tenté de la soigner. Mais connaissant ce maudit, je peine à y croire...)

Ne pas l'attaquer de front, donc. Un conseil dont je finis, à contrecœur, par reconnaître la sagesse. Mais alors comment? Notre beau plan s'est effondré comme un château de cartes lors de l'attaque des goules et des huit que nous étions je me retrouve seul. Même en admettant que je trouve ce foutu passage et que je parvienne à entrer discrètement chez mon adversaire pour l'affronter, je ne serais pas en mesure d'empêcher que ses serviteurs détalent pour prévenir la garde militaire. Toutes les apparences jouant contre moi, la garde n'aurait d'autre choix que de m'arrêter et je risquerais fort d'être condamné au bagne pour meurtre. Ce qui serait d'une sombre ironie puisque la condamnation proviendrait de ma propre épouse... Plus j'y pense plus je suis certain que c'est exactement ce qu'il a prévu; je n'ai pas oublié son odieux sourire lors de notre cérémonie de mariage, le même sourire qu'il affichait le jour de mon bannissement de Nessima. Un sourire de victoire, vicieux et méprisant, qui me fait frémir tant j'ai payé cher sa "réussite". Maître manipulateur, encore et toujours. Si mes suppositions sont justes, cela signifie qu'il m'attend de pied ferme, prêt à refermer les mâchoires du piège dès que je franchirai le seuil de sa demeure.

Ce qu'il devrait en théorie ignorer en revanche, c'est que j'ai pris soin de faire prévenir Sylënn que je me rendais chez lui. Je n'ai aucune certitude quant à ce qu'elle fera de cette information, d'autant plus qu'elle a d'autres chats à fouetter, mais elle est parfaitement au courant de ma rancoeur envers l'Ithilauster et la connaissant elle ne restera pas inactive. Si par miracle je trouvais une preuve chez mon ennemi mon épouse me soutiendrait sans le moindre doute, pas plus que moi elle n'apprécie le maudit, mais je serais stupide de compter là-dessus.

(Alors quoi, bon sang?! Je le laisse s'en tirer une fois de plus?)

(Tu devrais te reposer, pour commencer. Puis fouiller encore un peu le coin, au cas où. Apprends la patience, Bien-Aimé, ton impétuosité finira par te jouer un sale tour si tu n'y prends pas garde.)

Venant de toute autre personne cette assertion me ferait sourire, mais provenant d'une Faëra capable de parcourir les futurs c'est à mes yeux le plus sérieux des avertissements. Je sais qu'elle n'aime guère évoquer ces futurs, ils sont trop instables, aussi le simple fait qu'elle fasse une telle "prédiction" n'a vraiment rien d'anodin. Patience, donc... prendre le temps de me reposer un peu n'a rien d'une mauvaise idée, mon épaule me lance rudement et le combat a été éprouvant, sans parler des heures de marche et de la longue cérémonie qui ont précédé. Par ailleurs, tant de temps s'est écoulé depuis ma vision que Llyann est morte depuis belle lurette si son père était vraiment en train de l'assassiner... une pensée devenue récurrente qui me noue le ventre et me saccage le moral, mais je la chasse durement de mon esprit et lâche en soupirant:

"Soit."

A la plus grande satisfaction de Sindalywë, je m'installe en tailleur dos à un mur afin de me plonger dans l'état de méditation qui me permettra de reprendre des forces, mais mes pensées s'agitent tant qu'il me faut bien une demi-heure pour les apaiser et enfin commencer à récupérer.

Avatar du membre
Tanaëth Ithil
Messages : 134
Enregistré le : jeu. 20 juin 2019 12:44
Localisation : Nessima

Re: L'Ancienne Cité de Sanssitr

Message par Tanaëth Ithil » dim. 14 juil. 2019 01:09

Quelques heures plus tard, aussi ressourcé que faire se peut, je me remets en quête du supposé accès, bien que je doute de plus en plus sérieusement de son existence. Silencieux comme une ombre malgré ma pesante armure et discrètement éclairé par la pâle lueur engendrée par ma Faëra, je fouille pour la seconde fois de fond en comble une large zone de l'étage où je me trouve. Une recherche qui s'avère aussi vaine que la précédente et qui réveille dangereusement mon envie d'aller défoncer la porte de mon ennemi, mais je contiens froidement mes pulsions dévastatrices et décide plutôt d'aller explorer l'étage inférieur.

J'y parviens quelques minutes plus tard grâce à un étroit escalier en mauvais état qui me conduit dans une salle rectangulaire de bonne taille, quoique basse de plafond. Des débris de bois et de métal à moitié réduits en poussière jonchent le sol, rare témoignage de ceux qui ont vécu ici voilà tant de millénaires, conservés sans doute du fait de la sécheresse des lieux. Deux couloirs percent les murs de la pièce, l'un en direction du sud et l'autre menant apparemment vers l'est. Je fronce les sourcils de contrariété à cette vue: je n'ai pas le moindre souvenir d'être déjà venu ici. Plus ennuyeux encore, à force de tourniquer dans cet infernal dédale je n'ai plus qu'une idée très vague de l'endroit où je me trouve par rapport à la ville de surface. Très certainement sous le quartier riche, mais où exactement par rapport à la demeure de mon ennemi? Il ne me servirait à rien de trouver un passage éloigné ne serait-ce que de cinquante mètres de son domicile, il me conduirait presque à coup sûr dans une autre maison. J'hésite un peu à remonter et à trouver une sortie pour me repérer mais, soudain, mon regard est attiré par un détail du sol:

(Tu vois ça Sindalywë? On dirait une trace de pas...)

(Ça y ressemble, en effet.)

Impossible de dire s'il s'agit d'une empreinte de botte ou de patte de goule, la couche de poussière est trop fine pour que la trace soit nettement marquée, mais quelque chose ou quelqu'un est passé par ici voilà relativement peu de temps. En regardant plus attentivement j'en distingue d'autres qui paraissent se diriger vers le couloir allant au sud, mais la poussière ne couvre qu'une partie du sol de la salle et la piste s'estompe quelques mètres plus loin. N'ayant pas de meilleure solution, je m'engouffre prudemment dans cette galerie sud, tous les sens aux aguets et prenant soin de ne pas faire le moindre bruit. Après avoir parcouru une vingtaine de pas supplémentaires, je découvre deux escaliers descendants situés de part et d'autre de l'allée qui, elle, se poursuit en tournant légèrement sur la gauche. Et bien sûr, aucune marque décelable au sol...

(Par Sithi, qu'avais-je dans la tête en venant ici quand j'étais gamin?!)

(L'insouciance de la jeunesse?)

Probablement, ainsi qu'une bonne dose d'inconscience. Je suis aujourd'hui puissamment armé, autrement plus expérimenté, et pourtant je ne suis pas tranquille. Je sais désormais que Sanssitr n'est pas déserte, et que s'y perdre est bien plus facile que je ne l'imaginais jadis. Quoi qu'il en soit, cela ne résout pas mon problème: quelle direction suivre? Je ne peux pas m'éterniser beaucoup plus longtemps dans ces souterrains, n'ayant ni eau ni nourriture, la soif en particulier me taraude depuis un moment déjà.

(Bon... dans l'idée, c'est vers le haut que j'aimerais aller. Autant rester à ce niveau et voir s'il n'y a pas un autre escalier remontant quelque part...)

Il y en a, je n'ai aucun doute sur la question, mais où? Et où déboucheront-ils? Par Sithi, je commence sérieusement à en avoir plein le dos de cette foutue cité! Je poursuis sombrement mon chemin dans le même couloir mais, à l'instant où il commence à tourner, j'aperçois soudain une vive lueur devant moi qui me fait aussitôt me plaquer contre le mur et m'entourer de ma cape noire. Je demande vivement à Sindalywë d'arrêter de faire luire le médaillon qui me permet d'y voir puis recule discrètement en frôlant la paroi. Quelques secondes plus tard, alors que je repasse devant les escaliers à reculons, un bruit de pas se fait entendre, s'approchant sans le moindre doute. Sans un bruit je regagne prestement la salle et m'accroupis à l'entrée du couloir, Vorpale dégainée en main droite, une fois n'est pas coutume, de façon à pouvoir tenter de voir qui arrive sans qu'il ne me repère. Quelques secondes encore et j'aperçois une haute silhouette portant une lanterne puis, à mesure qu'elle avance, discerne qu'il s'agit d'un Sindel en armure. Il porte un sabre à la ceinture et un petit écu attaché dans le dos, mais c'est surtout sur son visage que je m'attarde. Traits fins, mais pas assez purs pour appartenir à une ancienne Lignée, cheveux noirs, coupés courts, des yeux de même teinte...

(Jamais vu ce type.)

(Il était pourtant à côté d'Averenn le jour de ton bannissement. Et dans les parages lors de la mort de Jaëlle), murmure doucement ma Faëra.

(Ah oui?)

Avant qu'elle n'ait eu le temps de me répondre, mû par une rage glaciale, je bondis sauvagement en direction de l'Elfe en dégainant mon Ardente malgré la douleur que ce geste m'inflige à l'épaule. Jaëlle...puis mes parents, Moraën et maintenant Llyann, la coupe est pleine. Le Guerrier pousse un léger cri de surprise lorsque l'impressionnante flamme de ma lame apparaît, mais il réagit prestement en posant sa lanterne pour s'emparer de ses armes tout en se positionnant afin d'encaisser ma charge. J'entre au contact avec une rare férocité, usant de ma Vorpale pour heurter brutalement son bouclier et ainsi l'écarter, ce qui crée une faille dans laquelle s'engouffre vicieusement mon Ardente. A mon grand dam, le bougre parvient je ne sais trop comment à parer mon coup avec son sabre, mais au prix d'un léger déséquilibre que je m'empresse d'exploiter. Il n'est pas mauvais, loin de là, parer mes coups n'est pas à la portée du premier venu, mais je suis la Lame de Sithi et mon épée d'adamantite revient de sa frappe précédente en une arabesque mortelle visant le cou de mon adversaire, bien incapable cette fois de l'éviter.

(NOOOONNN) hurle soudain mentalement ma Faëra! (Interroge-le!)

Elle en a de bonnes, des fois, Sindalywë... par chance mes réflexes aussi sont bons, et ma confiance en elle absolue. Ma pâle meurtrière s'arrête à moins d'un centimètre de la peau du Sindel, que l'on pourrait aisément prendre pour un Hinïon tant il est blême. Je le fixe d'un regard noir et gronde d'une voix polaire:

"Un cri, un geste malheureux et tu meurs. Compris?"

"Je...oui..." me répond-t-il d'une voix blanche en lâchant ses armes au sol.

Je grince des dents au fracas que cela fait, mais je m'abstiens de lui en balancer une et poursuis:

"Tu travailles pour Averenn?"

"Oui messire. Vous... vous êtes le seigneur Ithil, n'est-ce pas?"

"C'est moi qui pose les questions", lui rétorqué-je durement. "Que fais-tu ici? Et ne songe même pas à tenter de me baratiner, ma patience est épuisée."

"Je...je faisais mon tour de garde, messire."

La menace de ma lame lactée se fait plus insistante, frôlant sa peau juste assez fort pour y faire perler quelques gouttes de sang:

"Dernière chance: que faisais-tu ici?"

"Je...je devais...le seigneur Averenn voulait savoir comment s'était déroulée l'attaque..."

"L'attaque des goules?"

"Oui...", répond-t-il dans un souffle.

"Je vois. Tu sais comment accéder discrètement à sa demeure, n'est-ce pas?"

"Je...oui...mais..."

"Mais?"

"Il me tuera si je vous montre l'accès", lâche-t-il d'un air désespéré.

"Tu préfères que je t'égorge tout de suite? Non? Alors montre-moi ce passage et peut-être que tu vivras."

Le guerrier me dévisage quelques instants, hésitant, mais ce qu'il lit dans mon regard d'obsidienne ne doit pas lui plaire car il finit par acquiescer d'un hochement de tête. Ce qui est sage, au vu de mon humeur massacrante...
Modifié en dernier par Tanaëth Ithil le lun. 15 juil. 2019 14:20, modifié 1 fois.

Avatar du membre
Tanaëth Ithil
Messages : 134
Enregistré le : jeu. 20 juin 2019 12:44
Localisation : Nessima

Re: L'Ancienne Cité de Sanssitr

Message par Tanaëth Ithil » dim. 14 juil. 2019 21:21

Tandis que le sbire d'Averren se dirige vers l'escalier de droite, je rengaine mon Enflammée et récupère l'écu qu'il a jeté au sol, une arme défensive dont le maniement devrait moins éprouver mon épaule blessée que l'usage de ma lame, puis je lui emboîte le pas sans cesser de le menacer de ma Vorpale. Le guerrier ayant récupéré la lanterne, il s'ensuit une marche d'une bonne dizaine de minutes; escalier descendant d'abord, suivi d'une longue galerie d'où partent de nombreux autres couloirs, assez pour que je prenne soin de me retourner fréquemment afin de graver l'éventuel chemin de retour dans ma mémoire. Nous parvenons quelques instants plus tard à une vaste nef où traînent encore d'ancestraux ossements, si fragiles que le moindre frôlement les réduit en une fine poudre blanchâtre puis, de là, empruntons un large escalier qui remonte abruptement d'au moins deux étages. Quelques minutes encore et nous arrivons finalement dans un couloir s'achevant sur une grande porte de chêne, massive et renforcée de nombreuses ferrures. Nulle serrure visible de l'extérieur en revanche, comme la quasi totalité des passages fermés par les Sindeldi elle ne s'ouvre que de l'intérieur afin d'éviter que des assaillants ne puissent les crocheter.

"Fais ouvrir cette porte, et pas de blague" grondé-je à l'attention du soudard en le poussant vers l'huis de la pointe de ma lame.

Le Sindel hésite un bref instant, mais entre l'hypothétique menace d'Averenn et celle, autrement pressante, de ma relique, il se résigne à frapper trois légers coups suivi de deux autres plus appuyés contre le battant. A l'instant où se fait entendre le bruit caractéristique d'un verrou qui tourne, je lui assène un violent coup de pommeau sur le crâne, pas assez fort pour le lui fracasser mais bien assez pour le plonger quelques heures dans l'inconscience et lui coller des migraines pour un bon mois. Du moins je l'espère, prendre sa vie ne servirait vraiment pas mes intérêts. La lourde porte s'ouvre alors avec lenteur, grinçant lugubrement tandis que je me prépare à défoncer tout ce qui se trouvera derrière.

(Et merde!)

Dan le large couloir éclairé par des torches fixées en applique, trois arbalétriers alignés me tiennent en joue, vision festive s'il en est... Les carreaux fusent à la seconde où je me jette à terre en une folle roulade, priant ardemment Sithi pour que les traits mortels me passent au-dessus. Deux d'entre eux ne font que me frôler, mais le troisième me percute douloureusement et se fiche profondément dans mon bras gauche déjà bien malmené. Je glapis de douleur en roulant fébrilement au sol, mais ne m'en relève pas moins d'une ruade pour me jeter rageusement sur les tireurs avant qu'ils n'aient eu le temps de recharger leurs armes. Je leur tombe dessus à la manière d'un tsunami, dévastant leur rang avec un enchaînement brutal qui ne leur laisse pas la moindre chance. J'achève le dernier d'un coup de taille qui le décapite à moitié dans un ignoble geyser de sang, lorsque je me prends de manière totalement incompréhensible un violent coup dans le dos! Manquant de peu m'affaler à terre, je récupère mon équilibre d'une glissade et me retourne vivement en grimaçant de douleur, incrédule. Le garde que j'ai assommé se serait-il déjà réveillé?!

Mais non, le Sindel qui me fait face n'a rien à voir avec un simple trouffion. Sourire mauvais aux lèvres, il est vêtu d'amples soieries aussi noires que sa chevelure couleur corbeau et tient fermement une espèce de sceptre macabre braqué sur moi.

"Je t'attendais, vermine d'hérétique..."

Un mage noir... c'est un foutu mage noir, très probablement responsable des ténèbres qui se sont abattues sur mes compatriotes quelques heures plus tôt; Et moi je suis un fichu imbécile, les trois arbalétriers n'ont pu ouvrir la porte vu qu'ils étaient tous à au moins cinq mètres d'elle et prêts à tirer... C'est cet enfoiré de mage qui l'a ouverte, puis qui s'est planqué derrière en attendant la bonne occasion. A peine ai-je le temps de me maudire de ma stupidité qu'un souffle sépulcral me frappe de plein fouet, ignoble manifestation de fluides obscurs qui me donne l'atroce impression de racornir sur place et de perdre toute force! Je titube un peu, saisi d'un effroi tétanisant, mais un puissant effort de volonté me permet de réaliser qu'il en faudrait plus que ça pour m'abattre, même si l'effet du sombre sortilège n'a rien d'anodin. Quant à la terreur qui s'est immiscée en mon âme, elle n'a pas le pouvoir de me dominer; la peur n'est plus pour moi qu'une information dont je tiens compte, ou pas, selon les nécessités. Je remonte donc vivement mon bouclier afin de me protéger, non sans une crispation de souffrance, et riposte sauvagement d'une arabesque vicieusement remontante de ma lame de Caix Imoros.

Malgré l'expression d'intense surprise qui se peint sur le visage macabre de mon ennemi, il parvient à esquiver adroitement ma lame d'un bond de côté puis me menace aussitôt une fois encore de son espèce d'affreux sceptre.

(Bordel! Comment on évite cette foutue magie?!)

Avant que ma Faëra n'ait eu le loisir de me répondre, je tressaille en me sentant soudain agrippé par les chevilles puis, ainsi perturbé dans mon mouvement, vais lourdement m'écraser au sol du côté du seuil de la porte. Un ricanement sinistre s'échappe des lèvres du magicien qui se moque ensuite d'un ton empli de mépris:

"Champion de Sithi, hein? Bouffon prétentieux! Croyais-tu vraiment qu'on allait te laisser te mêler de nos affaires? Tu ne peux rien contre le pouvoir des ténèbres, rien du tout!"

C'est à peine si ses paroles me parviennent, occupé que je suis à me dépêtrer de ce qui m'a incompréhensiblement fait tomber. Je frissonne de dégoût en découvrant que des dizaines de mains squelettiques sortent littéralement du sol et s'agitent par saccades en quête d'une proie à saisir, moi en l'occurrence.

(Par Sithi je HAIS la magie!!!)

Il ne me faut qu'un bref instant pour me défaire de ces ossements malveillants mais fragiles, malheureusement pour moi c'est un instant de trop : un nouveau sortilège s'abat sur moi, sous la forme d'une infâme main d'obscurité qui se referme telle une serre autour de ma gorge! Je me débats comme un dément pris de convulsions afin de m'en dégager et de me relever, mais le sombre pouvoir puise tant dans mes forces déjà bien entamées que je ne tarde pas à m'immobiliser, pantelant, l'esprit plein de pensées morbides.

"Salue bien tes parents, minable. Oh, et la si douce Jaëlle aussi, j'ai pris beaucoup de plaisir à la torturer. J'espère que tu as apprécié ce que mon vieil ami Tal'Raban en a fait, même si j'ai été très déçu qu'elle ne t'ait pas dévoré."

Alors ce serait lui? Mais...pourquoi? Qui est-il? J'ai toujours été persuadé que c'était Averenn qui était responsable et ce ne serait pas le cas? Quel rapport avec l'un des Treize de la noire Déesse? Je n'y comprends rien, mais ce que je sais c'est que cette révélation, vraie ou fausse, réveille en moi une rage froide comme les glaciers de Nosvéris et profonde comme l'océan! Je sais aussi que je n'aurais pas le temps de me relever avant qu'un autre maléfice ne me frappe et je ne suis pas en position de l'atteindre avec ma lame, mais il y a dans mon champ de vision une petite chose qui me rappelle l'action héroïque d'un vieil éclaireur Thorkin...
Modifié en dernier par Tanaëth Ithil le lun. 15 juil. 2019 14:24, modifié 2 fois.

Avatar du membre
Tanaëth Ithil
Messages : 134
Enregistré le : jeu. 20 juin 2019 12:44
Localisation : Nessima

Re: L'Ancienne Cité de Sanssitr

Message par Tanaëth Ithil » lun. 15 juil. 2019 13:56

Lâchant ma Vorpale, je m'empare vivement de l'objet repéré et bascule sur le dos pour l'envoyer d'un violent geste circulaire en direction de la sale tronche du mage qui s'apprête à m'achever d'un nouveau sort. Surpris par cette attaque imprévue et peu académique, le Sindel vêtu de noir n'a que le temps de se protéger le visage d'un bras avant que la lanterne à huile lâchée un peu plus tôt par le garde que j'ai assommé ne le percute. Déjà fragilisée par le choc qu'elle a subi en tombant, elle se fracasse bruyamment en répandant son combustible qui, une fraction de seconde plus tard, s'enflamme brutalement! L'obscur personnage lâche un cri terrifié alors que ses vêtements de soie et sa chevelure prennent feu, une frayeur à laquelle se mêle presque immédiatement l'intonation d'une douleur que je préfère ne pas imaginer...

Je profite de ce qu'il tente vainement d'éteindre le brasier qui le consume à coup de grands gestes désordonnés pour me relever péniblement. Mes jambes me paraissent constituées de chiffon, c'est à peine si elles me soutiennent encore et le reste de mon corps ne vaut guère mieux. J'ai l'impression de sortir d'une très longue maladie qui m'aurait mortellement affaibli tout en me laissant désagréablement nauséeux, mais la rage que le damné a réveillée en mon âme me permet de ne pas m'effondrer tout de suite et de récupérer ma lame de lune. Les yeux brillants d'une haine inextinguible, je m'approche lentement de l'Elfe en feu qui tente désormais de se rouler par terre en hurlant pour étouffer les flammes; Loin de compatir à ses souffrances, je le regarde au contraire cramer avec une avidité malsaine. Jamais je n'ai pris plaisir à faire souffrir qui que ce soit jusqu'à ce jour mais, là, j'hésite presque à éteindre le feu pour prolonger interminablement son agonie et la rendre plus terrible encore.

(Bonne idée, continue sur cette voie et bientôt tu pourras aller proposer tes services à Oaxaca...) lâche ma Faëra d'un ton écoeuré.

Ses paroles, rudes mais ô combien méritées, me font l'effet d'une douche glacée. Comme il serait aisé de me transformer en monstre, de devenir comme ces ennemis que je combats depuis tant d'années, de me convaincre que cet enfoiré a mérité une éternité de souffrance... A force d'arpenter les ténèbres je pourrais facilement en venir à oublier que la lumière existe, me laisser happer par les Ombres sans espoir de retour. Ce serait si simple, je n'ai qu'à me laisser aller, agir selon mes pulsions les plus primaires au lieu de suivre les principes que je me suis forgés au fil du temps. Mais cette seule idée fait naître en moi une honte ravageuse : comment pourrais-je soutenir le regard de Sithi lorsque je la reverrai, car je la reverrai, si je me laissais corrompre par mes pires instincts? Comment justifierais-je des actes dont je saurais pertinemment au fond de moi qu'ils sont totalement contraires aux enseignements de notre Créatrice?

(Pardonne-moi, Mère, pardonne mes errements et donne-moi la force de rester sur la Voie que tu as tracée. Protège-moi de moi-même comme tu me protèges de mes ennemis...)


Prenant soin de ne pas risquer de me brûler, j'approche davantage et, lorsque je croise le regard voilé de douleur de mon adversaire, gronde froidement:

"Tu as avoué avoir torturé Jaëlle et participé à l'assassinat de mes parents. Tu as admis aussi avoir trahi ton peuple en te compromettant avec l'un des proches d'Oaxaca, l'ennemie qui a causé la perte de nos Souverains. Pour tout ceci moi, Tanaëth'tar Ithil, Seigneur de la Maison Ithil et Héraut de Sithi, te condamne à mort."

Il n'y a personne pour entendre bien sûr, je doute même que mon adversaire soit en mesure de saisir le sens de mes paroles vu son état, mais je m'en fous. C'est surtout pour moi-même que j'ai prononcé ces mots qui transforment un meurtre pur et simple en exécution méritée, du moins dans mon esprit. Sans quitter son regard, je plonge si brutalement ma lame lactée à l'emplacement de son coeur que la pointe de ma relique heurte rudement le sol en dessous. Je ne peux m'empêcher de savourer cet instant, voir la vie quitter lentement les prunelles du meurtrier m'emplit d'une irrépressible exaltation macabre que mes bonnes résolutions sont bien incapables de juguler. Un dernier soubresaut, un râle rendu odieusement gargouillant par l'ichor qui s'échappe de sa bouche et c'en est fini. Fini...

(Oui, enfin n'oublie pas Averenn tout de même. Avec tout ce raffut c'est un miracle qu'il ne te soit pas encore tombé dessus...)

Soudain inquiet, je jette un coup d'oeil anxieux dans le couloir censé me conduire dans la demeure de l'Ithilauster et tends l'oreille en quête de bruits éventuels, mais en vain, le silence et la pénombre règnent pour l'heure en maîtres incontestés. Quant à Averenn, qu'en penser au juste après les aveux du mage? Quelle part a-t-il réellement pris dans mes malheurs et qui, dans l'histoire, menait la danse? Qui était ce magicien et pourquoi s'en est-il pris à ma famille? J'ai la détestable impression qu'un élément crucial m'échappe, que je ne vois que la partie émergée d'un plan occulte s'étalant sur des décennies et dont je ne parviens pas à comprendre l'objectif réel ni l'ampleur. D'autres puissants sont-ils impliqués, prêts à achever ce qui a été commencé, à savoir l'anéantissement de ma Lignée? Était-ce cela le but ou, au contraire, n'était-ce qu'un fragment d'une manoeuvre bien plus vaste? Existe-t-il un lien entre ce plan et celui, indubitablement complexe, que Maëren a évoqué lorsque je l'ai vaincu dans l'Akuynra? Suis-je pris dans une lutte de pouvoir et d'influence colossale entre puissants de Nessima et de Tahelta? Rien n'est impossible avec ces crevures, mais je n'ai aucun moyen de le déterminer pour l'instant et, surtout, j'ai un problème autrement plus pressant: affaibli comme je le suis, ai-je encore une chance de terrasser mon vieil ennemi? Rien n'est moins sûr, mais je ne peux plus repousser la confrontation, pas alors que Llyann est toujours entre ses mains et que je viens de trucider quatre Sindeldi sans aucune preuve de leur culpabilité. Laisser loisir au torve Ithilauster d'exploiter ces atouts signerait ma perte, s'il y a bien une chose dont j'ai conscience, c'est que je ne suis clairement pas de taille à l'affronter sur le terrain marécageux des magouilles politiques et des puissantes relations.

Je commence par avaler coup sur coup deux grandes potions de soin, ce qui devrait atténuer un peu les dégâts causés par les deux sortilèges qui m'ont frappé ou, au moins, me donner un peu de temps avant que je ne m'écroule pour de bon. Il me faut également arracher de ma chair le carreau qui s'y est planté et bander la plaie bien serré avec un bout de tissu prélevé sur l'un des arbalétriers décédés, une tâche des plus réjouissantes qui manque de peu me faire perdre connaissance. Mais les potions font leur effet et je ne tarde pas à me sentir mieux, même si je sais très bien qu'il me faudra des soins plus conséquents avant longtemps. Ceci fait je m'assure une nouvelle fois que personne ne vient puis, comme aucun signe de présence ne m'alerte, prends le temps de fouiller rapidement le cadavre du mage et de glisser son sceptre dans ma ceinture. Non qu'il m'intéresse, pour moi ce n'est jamais qu'une piètre arme, mais j'aimerais autant qu'il ne soit pas récupéré par l'un de mes ennemis qui traînerait encore dans les souterrains. Je déchire également ses vêtements de façon à obtenir quelques solides bandes de soie dont je me sers pour ligoter rudement le garde toujours inconscient, ce qui devrait éviter qu'il ne puisse me tomber sur le dos. J'ai déjà commis cette erreur une fois dans la journée et c'est largement trop à mon goût. Enfin, mâchoires serrées à m'en briser les dents et yeux étrécis de méfiance, je m'engage dans le passage qui me conduira supposément chez le maudit prêtre.

*****
Note GM: utilisation de 2 grandes potions de soin.

Avatar du membre
Yliria
Messages : 444
Enregistré le : mar. 25 déc. 2018 18:57
Localisation : À la fin d'une Ere

Re: L'Ancienne Cité de Sanssitr

Message par Yliria » mar. 16 juil. 2019 23:13

<< Auparavant


L’obscurité écrasante du lieu me rappelait le temple obscur et je commençais à me dire que j’étais heureuse de pouvoir apprécier le soleil et profiter pleinement de ses rayons. Cela me manquait beaucoup trop dans ce genre d’endroit. Nous avions échoué sur une sorte d’esplanade qui surplombait plusieurs niveaux des ruines. Des tunnels partaient de chaque côté et Nyllyn sortit sa carte, l’examinant quelques instants.

- Si je me fie à l’orientation qu’on avait en prenant le souterrain… je dirais à droite.

- T’es sûre ?

- Non.

- Bon… à droite donc.

Cela la fit sourire et elle prit la direction susnommée, passant sous de grandes arches à moitié effondrées qui précédaient de larges accès menant aux étages inférieurs. J’éclairais faiblement notre avancée à l’aide de ma lame en la rendant lumineuse grâce à la magie de lumière. Ça ne valait probablement pas un sort, mais je n’en connaissais pas qui serait capable de tenir assez longtemps. Progressant prudemment malgré tout, nous parvînmes à un étage comportant de nombreux murs effondrés mais où des symboles étaient encore largement visibles sur ceux restants, taillés dans la roche dure. Nyllyn s’approcha et effleura du doigt un symbole récurrent qui me fit grimacer.

- Tu connais ?

Je hochai la tête, jetant un regard dégoûté au symbole qui ne me laissait qu’un mauvais souvenir. Voilà pourquoi je détestais les araignées.

- Le symbole de la déesse Valshabarath, la déesse que les Shaakts vénèrent aveuglément. Ma mère en est une prêtresse à Gwadh. Tu ne m’avais pas dit que c’était une cité Shaakte, qu’est-ce qu’ils faisaient ici ?

- Je ne le savais pas non plus… ça va aller ?

Je vis du coin de l’œil Nyllyn et son regard inquiet et je lui assurais que tout allait bien. Ce n’était que des ruines, rien d’inquiétant. Je savais que les Shaakts n’aimaient guère la lumière du jour, Gwadh étant en grande partie souterraine malgré le fait que je me cantonnais à la surface avec Père, pour des raisons évidentes de sécurité. Jamais je n’aurai cru trouver une telle cité au beau milieu d’un archipel Sindel. Nyllyn n’en savait guère plus que moi et, intriguée, je voulus essayer d’en savoir un peu plus avant de repartir. Je fis mine de fouiller un peu tout en interrogeant Alyah. Elle fut réticente à trop m’en dévoiler, mais finit par soupirer.

(Cette ville, Sanssitr, était une ville Shaakte il y a de ça plus de 20'000 ans. Les Sindeldi sont arrivés et ont conquis une bonne partie de l’archipel en… prenant la place des Shaakts qui ont fui ailleurs. La haine de ces deux peuples envers l’autre n’est pas récente et profondément ancrée, notamment pour cette raison.)

(Je commence à comprendre pourquoi…)

Nyllyn et moi continuâmes notre exploration tout en suivant ce qu’elle pensait être le moyen le plus rapide de rejoindre la commanderie de l’Ordre en ville. Mais les ruines étaient anciennes et nombres de passages étaient bouchés, à moitié effondrés ou si instables que nous devions constamment faire des détours avec le risque de nous perdre à chaque fois. Nous traversions parfois des bâtiments, parfois de larges rues, soulevant toujours un épais nuage de poussière autour de nous. Dans l’un des bâtiments, mon regard tomba sur un objet et je m’arrêtai, interdite avant de m’approcher. Je m’accroupis et effleurai de mes doigts une figurine d’un animal qui tomba en morceaux sitôt que je la touchai. Je ne détachai pas le regard des restes de l’objet, interloquée, Nyllyn me questionnant dans mon dos.

- Yli ? Qu’est-ce qu’il y a.

- Je… Je crois que c’était une chambre d’enfant…

Soudainement, la vision que j’avais du lieu changea et je me sentis mal.

(Ils n’ont quand même pas…)

(Il y a eu beaucoup de massacres pendant cette guerre Yli, des deux côtés.)

(Des enfants Alyah… j’aurai pu…)

(Je sais. La cruauté n’est pas l’apanage des shaakts …)

J’avais toujours vu les Shaakts ainsi, cruels et sans pitié, ne méritant pas de compassion. Mais la réalité me heurta de plein fouet et je me rendis compte que je faisais exactement avec les Shaakts ce que les Sindeldi faisaient avec moi. Je ne voyais que ce que je voulais bien voir. Des œillères, j’avais d’énormes œillères et je ne m’en apercevais que maintenant.

(Tu es jeune Yliria, tu découvriras bien d’autres choses plus dures encore.)

(Que veux-tu dire ?)

(Le monde n’est pas blanc et noir, il y a de nombreuses nuances entre les deux. Personne n’est totalement bon ou totalement mauvais, chacun a ses raisons, qu’elles semblent bonnes ou mauvaises aux autres n’est qu’une question de point de vue.)

(Et je suis censée faire quoi ? Me dire que tout est fait dans un but, même si je ne le comprends pas ?)

(Fais ce que tu penses être juste Yliria. Vis selon tes principes, mais ne te laisse pas aller à la haine ou à la compassion aveugle, c’est tout ce que je te demande. Trouve ton équilibre, comme les Danseurs auxquels tu appartiens.)

(Mais la vengeance…)

(N’est pas ta priorité pour le moment Yliria ! Je sais que tu es triste, je sais que tu as du mal à oublier et je ne te dis pas de le faire. Mais ça ne calmera pas ta colère, ça ne comblera pas le manque qu’il a laissé, pas plus que ça ne le ramènera.)

(Je sais tout ça Alyah… C’est juste… quand je commence enfin à laisser ça de côté, elle revient me hanter d’une manière ou d’une autre.)

(Le moment viendra où tu la confronteras. Mais pour l’heure, concentre-toi sur le présent, arrête de te focaliser sur des événements vieux de milliers d’années ou de plusieurs mois et avance.)

Je me redressai en inspirant, le regrettant aussitôt en inhalant de la poussière sous l’œil amusé de Nyllyn, inconsciente de l’échange qui venait d’avoir lieu. Notre exploration reprit, durant ce qu’il me semblait être une éternité. Nous nous arrêtâmes plusieurs fois et je consommai peu à peu toutes mes fioles de fluides. Nyllyn me regarda faire à chaque fois, toujours amusé par l’effet des fluides de feu, mais beaucoup plus admirative des fluide de lumière qui étaient une première pour moi aussi. Toujours aucun goût, aucune sensation de chaleur non plus, par contre Nyllyn put apparemment voir la lumière descendre dans ma gorge avant de se diffuser brièvement dans tout mon corps. Je vis mes mains luire, comme éclairées par les rayons du soleil, mais provenant de l’intérieur de mon corps. Puis tout redevint sombre.

Ce n’est que plus tard que notre avancée fut stoppée. Des bruits nous firent nous figer. Des grognements, de bruits de pas, puis un cri strident qui me fit dresser les cheveux sur la tête. Nyllyn tira aussitôt ses lames et je fis de même, me retenant de l‘enflammer pour ne pas dévoiler notre position à un potentiel ennemi. Mais peine perdue, parce que les bruits filaient vers nous et trois créatures surgirent au détour d’un tunnel. Humanoïde, griffus et très rapides, elles fondirent sur nous. Je ne savais pas ce qui nous attendaient, mais j’enflammai ma lame, me campant fermement sur mes jambes et jetant un dernier coup d’œil à Nyllyn.

- Comme un vrai duo Yliria !

Je souris. Quelques soient ces créatures, elles étaient mal tombées.

(((Consommation de deux fioles de fluides de feu 1/16 et deux fioles de fluides de lumière 1/16)

Suite >>
Modifié en dernier par Yliria le dim. 28 juil. 2019 02:14, modifié 3 fois.

Avatar du membre
Yliria
Messages : 444
Enregistré le : mar. 25 déc. 2018 18:57
Localisation : À la fin d'une Ere

Re: L'Ancienne Cité de Sanssitr

Message par Yliria » mar. 16 juil. 2019 23:17

<< Auparavant

Les créatures se ruaient sur nous sans aucune logique, l’une d’elle allant même jusqu’à faire tomber celle qui la précédait pour se jeter la première sur moi, toutes griffes dehors. Ce n’est qu’à la lueur de la lame que je pus constater que ces créatures étaient des morts réanimés. Pas des squelettes, mais des êtres encore en partie constitués de chair et de muscles. La mâchoire grande ouverte et à moitié désossée laissait apparaître des dents noires qui volèrent en se prenant mon bouclier en plein visage. La créature ne s’arrêta pas pour autant, fouettant l’air de ses bras pour m’atteindre. Vive comme l’éclair, Nyllyn apparut sur mon flanc droit et un éclair de métal plus tard, les deux bras s’envolaient, laissant la créature sans moyen de nous atteindre autrement qu’avec sa mâchoire. Je la repoussai violemment et elle heurta un mur en poussant un cri strident. Je doutais que ce soit à cause de la douleur, mais n’eus pas le temps d’y penser davantage que les deux autres goules, moins rapides, arrivèrent sur nous. Une boule de feu cueillit la première qui s’effondra sous le choc, prenant même feu, emplissant la zone d’une fumée nauséabonde tandis que l’autre, stoppée par Nyllyn, vit sa tête être séparée de son corps. Celle-ci, contrairement aux deux autres, cessa tout mouvement et s’effondra.

- D’accord, la tête… faut couper la tête. C’est quoi ces horreurs ?

- Aucune idée, mais des morts vivants… bon sang je déteste les mages noirs !

Je remplaçai aussitôt la flamme sur mon épée par la lumière blanche de la magie de lumière, produisant à nouveau cet étrange phénomène de flammes dorées avant que la lame ne devienne d’un blanc pur. Je décapitai la goule sans bras qui essayait sans succès de se relever. La troisième, toujours en train de brûler, se rua sur moi à ce moment-là, me percutant violemment et me faisant heurter le mur derrière moi. Mur qui émit un craquement de mauvais augure avant de se fissurer. Je repoussai la goule d’un coup de lame, la lumière présente sur celle-ci agressant la goule qui recula en hurlant. Le mur craqua de nouveau, puis une pierre tomba.

- Nyllyn !

Le mur s’effondra alors. Je me jetai sur le côté pour éviter la tonne de roche et de poussière qui passa à quelques centimètres de m’engloutir complètement. Le vacarme fut assourdissant et les tunnels alentours répercutèrent l’écho de fin du monde en tremblant sous l’effet. Lorsque le calme revint, je me levai en toussant, cherchant Nyllyn du regard.

- Nyllyn ! NYLLYN !

- Je suis là ! Ah par Sithi quel enfer ! Tu vas bien ?

Je l’entendais mais ne la voyais pas, sa voix semblait étouffée, comme bloquée par quelque chose et elle toussait beaucoup, comme moi, à cause de la poussière soulever par l’éboulement. Au moins était-elle en vie et, je l’espérai, indemne.

- Je vais bien ! Où es-tu ?

- Je crois que je suis de l’autre côté du mur effondré. Tu penses pouvoir me rejoindre ?

Je jurai avant d’examiner l’éboulement. Aucune ouverture et certains gravats semblaient peser plus lourd que moi. Nylyn jura elle aussi en constatant la même chose de son côté. Je l’entendis marmonner avant de finalement se remettre à parler.

- Il faut qu’on se retrouve, il y avait une intersection un peu plus tôt, je vais prendre à droite et aller de nouveau à droite après, il faut que tu fasses de même, mais vers la gauche, qu’on se rejoigne.

- Tu es sûre de toi ?

- On n’a pas le choix, on n’arrivera jamais à déblayer tout ça à main nues ! Fais attention à toi, je me dépêche !

Je l’entendis se mettre à courir avant même que je ne puisse répondre et soupirai avant d’entendre un bruit. Je me retournai, cherchant soudainement la goule des yeux avant de voir son bras écrasé par les gravats. Au moins une bonne chose de fait malgré tout. Rangeant ma lame, j’allumai une petite flamme autour de ma main et me mis en marche. Le couloir menait à une nouvelle zone de bâtiments qui étaient identiques aux précédents. Je fis bine attention de ne pas toucher aux murs, ne voulant pas recréer le cataclysme d’il y avait quelques instants. Je surveillai les alentours, mais mon inquiétude allait surtout vers Nyllyn. J’espérai qu’elle n’allait pas rencontrer de difficulté ou, pire, tomber sur d’autres créatures.

Un grattement soudain m’alerta et ma lame sortit aussitôt de mon fourreau. Bien m’en prit car une nouvelle créature sortir de l’ombre au bout de la rue, tournant sa tête dégarnie et nécrosée dans ma direction avant de pousser un cri strident, similaire à celui des autres créatures rencontrées plus tôt. Plutôt que de l’affronter de face, je générai une boule de feu et la lançai sur ma cible. Elle explosa au contact de la créature qui prit rapidement feu. je me ruai sur elle et évitai son attaque maladroite en tournoyant avant de donner un coup du tranchant de ma lame, coupant le bras de la créature qui redoubla d’agressivité avec son second. J’évitai ses assauts avant de lui donner un violent coup de bouclier dans la mâchoire, entendant nettement un craquement tandis que quelques dents tombaient sur le sol. Mais la créature, insensible à toutes douleurs, continuait de me harceler en brûlant. Je la repoussai et évitai son bras restant, tranchant ce dernier avant de donner un large coup de taille qui décapita la créature. Elle fit encore un pas avant de s’effondrer. L’odeur de chair carbonisée commençait à devenir étouffante et je reculai pour m’éloigner du corps. Alyah s’invita dans mon esprit, et son ton inquiet me fit froncer les sourcils.

(Yliria… il y a quelque chose d’étrange.)

(Tu veux dire plus étrange que ces créatures dans un lieu supposé être abandonné depuis longtemps ?)

(Non, il y a une présence… une faera mais… c’est impossible, les fluides contradictoires…)

(De quoi tu …)

Je m’interrompis en entendant un bruit sur ma gauche. En tournant la tête, je vis une silhouette qui me faisait face, me scrutant de ses yeux sombres encadré par de long cheveux blancs comme la neige. Elle était grande et je réagis au quart de tour en croyant apercevoir l’éclat d’une lame tout en reconnaissant la peau grise d’un Sindel équipé d’une armure rouge et passablement couverte de sang. Une boule de feu apparut aussitôt dans ma main. Ça n’allait donc jamais finir ?

(Yliria non ! Attends !)

L’avertissement d’Alyah me fit sursauter, mais la boule de feu fusa tout de même vers sa cible, qui l’esquiva aussitôt avant de se ruer sur moi. Je n’allais certainement pas rester là à me faire écharper et me mis en garde avant qu’il ne m’atteigne. Par Meno, pourquoi fallait-il toujours que je tombe sur des adversaires au beau milieu de nulle part ?

Suite >>
Modifié en dernier par Yliria le dim. 28 juil. 2019 02:17, modifié 2 fois.

Avatar du membre
Tanaëth Ithil
Messages : 134
Enregistré le : jeu. 20 juin 2019 12:44
Localisation : Nessima

Re: L'Ancienne Cité de Sanssitr

Message par Tanaëth Ithil » jeu. 18 juil. 2019 21:53

Suivant en sens inverse le chemin suivi pour venir, je marque une courte pause en rejoignant l'entrée des souterrains de Sanssitr, lieu où, outre les trois arbalétriers et le mage que j'ai vaincus, se trouve également le sbire d'Averenn que j'ai ligoté après l'avoir assommé. Il est bien réveillé, maintenant, et se tortille frénétiquement pour se libérer de ses liens. Son regard déjà inquiet s'emplit de panique lorsqu'il m'aperçoit, passant anxieusement de mon visage à ma lame d'adamantite dégainée et encore souillée du sang de mes ennemis. Sans manifester la moindre émotion, je m'approche de lui et lâche d'un ton apaisant:

"Du calme, c'est fini."

Le Sindel cesse alors de se démener et me jette un regard plein d'espoir auquel je réponds d'un indéfinissable sourire. Ma redoutable relique lui tranche la gorge une fraction de seconde plus tard, lui laissant tout juste le temps d'arborer une expression stupéfaite. Essuyant pensivement mon arme sur ses vêtements, je murmure d'une voix atone:

"Aucun témoin. Pardonne-moi, Sithi..."

Je viens de prendre la vie de six Sindeldi alors même que mon rôle est de protéger mon peuple. Comment expliquerai-je ça à notre Créatrice lorsque viendra l'heure des comptes? En lui disant que je n'avais pas le choix? Foutaises, on a toujours le choix. Je ne regrette rien, pourtant, comment le pourrais-je? S'il y a un prix à payer pour mes actes, ainsi soit-il. Je m'extirpe de mes questions existentielles d'un effort de volonté, ce qui est fait ne peut être défait et pour l'instant c'est d'un guérisseur dont j'ai besoin, pas d'interrogations sans réponse. Sans plus tergiverser, je m'enfonce dans les ténèbres de l'ancienne cité Shaakte à la faible lueur crépusculaire émise par ma Faëra, lovée selon son habitude dans le collier de Moraën qui ne me quitte jamais.

Un moment plus tard, alors que je parviens à un croisement, une soudaine odeur de chairs carbonisées emplit mes narines, manquant de peu me faire tousser. Quelques pas encore, puis j'aperçois subitement une petite silhouette à la peau sombre et aux longs cheveux blancs mêlés de noir qui, aussitôt, se tourne vers moi.

(Une Eruïonne?! Mais que...)

A peine ai-je eu le temps de me poser cette question qu'une boule de feu jaillit des doigts de l'indésirable et fuse droit vers moi! Je l'esquive d'un pas de côté puis, la sourde rage couvant en moi s'éveillant brutalement face à cette nouvelle manifestation surnaturelle, fonce sur elle en grondant:

"Plein le dos de votre putain de magie! Bordel! Cette fois ça va faire mal!"

La petite garce est munie d'une épée et d'un bouclier, comme je le suis moi-même, mais sa façon de les tenir m'indique sans détour qu'elle n'a guère d'expérience dans le maniement de ces armes. Déterminé à l'anéantir le plus rapidement possible, histoire de ne pas lui laisser le temps d'utiliser sa magie une nouvelle fois, c'est avec un féroce déluge de coups brutaux à souhait que j'entame le combat. Bien sûr ils manquent un peu de précision et sont moins puissants que si j'étais en pleine forme, mais même ainsi je doute fort qu'une foutue elfette toute maigrichonne y résiste bien longtemps.
Modifié en dernier par Tanaëth Ithil le ven. 19 juil. 2019 11:06, modifié 1 fois.

Avatar du membre
Yliria
Messages : 444
Enregistré le : mar. 25 déc. 2018 18:57
Localisation : À la fin d'une Ere

Re: L'Ancienne Cité de Sanssitr

Message par Yliria » jeu. 18 juil. 2019 22:49

<< Auparavant
Une rencontre improbable

Le Sindel qui me faisait face semblait déjà enragé, je l’entendis gronder en me fonçant dessus, lame au clair, équipé lui aussi d’un bouclier. J’eus un bref mouvement de recul en voyant son visage empli de haine. Un déluge de coups commença alors à s’abattre sur moi. Il était violent et fort, mais bizarrement il manqua plusieurs fois un coup qui aurait pu me jeter au sol et terminer le combat. J’arrivais à en bloquer quelques-uns de ma lame ou de mon bouclier par pure chance, mais ce dernier n’appréciait guère le traitement et mon poignet tremblait à chaque coup. Je n'allais pas tenir longtemps à ce rythme. Ma magie flamboya et une aura de feu m’entoura soudainement tandis que ma lame s’embrasait à son tour. Je sentis le Sindel hésiter et en profitai pour jeter un œil pour trouver une éventuelle échappatoire. Mais rien ne m’apparût alors que les coups reprenaient, plus calmes, plus techniques aussi et je peinais à suivre et cherchais à reculer, sans vraiment y parvenir.

(Par Meno, mais il ne va pas me lâcher !)

J'étais trop sur la défensive. Alors après un coup qui frôla mon œil d’un peu trop près, je changeai de tactique et abaissai mon centre de gravité avant de tournoyer sur le côté en espérant le surprendre. Ma lame rencontra la sienne, peine perdue. Sans que je comprenne comment, la pointe de son arme perça mon bras, me faisant crier de douleur puis un coup de poignet plus tard, ma lame se retrouva au sol où elle s'éteignit.

J’essayai bien de reculer mais un nouvel assaut me jeta au sol et la pointe de sa lame chatouilla ma gorge pour bien me signifier de ne pas tenter quoi que ce soit. Je déglutis et éteignis ma magie, faisant disparaître l’aura qui m’entourait. Mon bras me faisait un mal de chien tout comme les nombreuses coupures disséminées un peu partout, résultat peu glorieux du combat à sens unique qui venait d’avoir lieu. Après Odvala, voilà qu’un Sindel me maîtrisait sans difficulté. Moi qui pensais avoir appris à me battre, j’en étais en fait très loin. Bizarrement le Sindel n’avait pas l’air de vouloir terminer le travail. Je ne m’en plaignais pas, mais j'aurais aimé quand même savoir ce qu’il avait en tête.

« Qu’est-ce que vous allez me faire ? »

Je n’avais globalement pas envie de mourir, ni de finir mes jours dans une prison Sindel. Le simple fait d’être une shaakte me donnait un aller simple pour l’un ou l’autre. Ça me terrifiait dans les deux cas.

(Ne dis pas ça Yliria.)

(J’ai peur de mourir, j’ai le droit non ? Merde tout ça pour ça…)


Au moins je retrouverais Père…

« Désolée Nyllyn »


Chuchotement qu’elle n’entendra jamais. J’espérais seulement qu’elle s’en sortirait mieux que moi et qu’elle pourrait rentrer saine et sauve.


Suite >>
Modifié en dernier par Yliria le jeu. 1 août 2019 11:32, modifié 7 fois.

Avatar du membre
Tanaëth Ithil
Messages : 134
Enregistré le : jeu. 20 juin 2019 12:44
Localisation : Nessima

Re: L'Ancienne Cité de Sanssitr

Message par Tanaëth Ithil » ven. 19 juil. 2019 12:25

L'Eruïonne a un bref mouvement de recul lorsque je me précipite sauvagement vers elle mais, plutôt que de fuir, elle me fait courageusement face et se prépare au combat. Mes premières frappes ne trouvent que son bouclier, ou sa lame approximativement positionnée qui parvient, je ne sais trop comment, à dévier mes attaques brutales. Les violents chocs l'ébranlent, je le vois bien mais, contre toute attente, elle me tient néanmoins opiniâtrement tête! Et moi j'enrage de plus belle en ratant pitoyablement plusieurs occasions qui me permettraient d'en finir, des erreurs dignes d'un apprenti peu doué.

(Par Sithi! Concentre-toi abruti) me morigéné-je intérieurement!

Mais alors même que je tâche d'améliorer la précision de mes coups, une espèce d'aura de feu entoure subitement mon adversaire et son arme, m'obligeant à rompre précipitamment le contact sous peine de me faire joliment incendier!

(Puissances, c'est quoi ça encore?!)

Les yeux plissés de concentration, je l'observe plus attentivement un bref instant, cherchant la faille qui me permettra de l'abattre. L'Eruïonne, si tant est qu'elle en soit une, ce dont je commence un peu à douter au vu de sa peau trop sombre, en profite pour jeter un rapide coup d'oeil alentours, en quête d'une échappatoire sans doute. Mais il est trop tard pour fuir, je me suis placé de façon à lui interdire toute retraite et force lui est de m'affronter jusqu'au dénouement. Je reprends mon assaut sans attendre, m'efforçant de placer mes coups avec davantage de précision. Ma Vorpale lui frôle l'oeil, puis mon adversaire se baisse subitement en tournoyant sur le côté pour tenter de me surprendre. Une riposte adroite, mais ma défense n'est pas si aisée à franchir et je pare sèchement son assaut de ma pâle assassine qui, glissant vicieusement le long de son arme enflammée, trouve enfin l'ouverture désirée. L'Elfe crie de douleur lorsque ma lame lui transperce le bras avec, sur le visage, une expression étrangement... juvénile?

(Bon sang! Ce n'est qu'une gamine!)

Il me serait aisé de l'achever, la blessure que je viens de lui infliger ayant largement anéanti sa garde, mais... tuer une gosse? Je ne peux m'y résoudre et, plutôt que de lui percer le coeur, je me contente d'envelopper sa lame de la mienne et d'exercer une sèche torsion du poignet qui envoie son arme voltiger dans les airs. Elle tente alors de reculer, mais je ne la lâche pas d'un pouce et enchaîne avec un coup du plat de ma lame, si brutal qu'il la projette à terre. Avant qu'elle n'ait eu le loisir de comprendre ce qui vient de lui arriver, je pique légèrement sa gorge de la pointe de mon épée, l'incitant d'un signe négatif de la tête à se tenir tranquille. L'aura de feu qui l'entourait s'éteint progressivement, à mon plus grand soulagement, me permettant de mieux l'observer. C'est avec une profonde surprise que je réalise alors qu'elle n'a pas grand chose d'une Eruïonne, elle ressemble bien plus à une Shaakte, encore que quelque chose cloche: elle a les yeux bleus, une couleur que je n'ai jamais vue chez ce peuple maudit. Perplexe, je l'entends alors me demander d'une voix blanche ce que je compte faire d'elle, une question à laquelle je n'ai, pour l'instant, aucune réponse. Fronçant les sourcils, je lui rétorque durement:

"Qui es-tu? Que fais-tu là?"

Avant qu'elle n'ait pu me répondre, une masse indéterminée me tombe rudement sur le dos en hurlant:

"Yliriaaaa! Nooooonnnn!"

Jurant atrocement, mais prenant soin d'écarter ma lame de la gorge de la Shaakte, je me débarrasse de la nouvelle intruse en me pliant brutalement en deux, ce qui la projette au sol juste devant moi, quasiment sur ma première ennemie. J'esquisse le geste de fracasser le crâne de l'encombrante d'un coup de Vorpale mais, in extremis, retiens mon coup en m'exclamant avec stupeur:

"Nyllyn?! Mais... que fais-tu ici, par Sithi?!"

Je n'y comprends absolument plus rien: que fait là la jeune Taurionne que j'ai rencontrée voilà des années en Hidirain et que je considère en quelque sorte comme ma protégée? Ça n'a aucun sens, absolument aucun... mais toujours est-il que je cesse de menacer les deux jeunes femmes en abaissant mon arme, attendant impatiemment qu'elles répondent à mes interrogations.
Modifié en dernier par Tanaëth Ithil le jeu. 1 août 2019 03:35, modifié 1 fois.

Avatar du membre
Yliria
Messages : 444
Enregistré le : mar. 25 déc. 2018 18:57
Localisation : À la fin d'une Ere

Re: L'Ancienne Cité de Sanssitr

Message par Yliria » sam. 20 juil. 2019 13:40

<< Auparavant

Le Sindel n’avait pas l’air décidé à faire quoi que ce soit. Il ne répondit pas à ma question et à la place, en posa deux d’une voix dure qui me fit déglutir. Sa lame sur ma gorge m’incitait à répondre au plus vite, mais je n’en eux pas le temps car Nyllyn, surgissant de nulle part, lui sauta sur le dos en hurlant, ôtant complètement l’effet de surprise de son attaque. Elle me rejoignit rapidement au sol, catapultée par le Sindel qui allait la frapper, me faisant réagir. J’allai pour lever mon bouclier quand il s’arrêta soudainement, interpellant la taurionne d’une voix d’où transpirait l’étonnement. Surprise également complète dans le regard de Nyllyn qui fixait le Sindel, la bouche à moitié ouverte.

- Que… Tanaëth ? C’est toi ? Oh Sithi soit louée!

Elle se releva en vitesse avant de s’épousseter et de s’approcher du Sindel, lui serrant le bras en le regardant, levant la tête pour le fixer. J’en profitai pour concentrer ma magie, mais Nyllyn se tourna vers moi, un large sourire sur le visage et la boule de feu qui naissait dans ma main s’évanouit aussitôt.

- Yli, voici Tanaëth Ithil, envoyé de Sithi, membre du triumvirat d’Opale. Tanaëth, voici Yliria Varnaan’tha, ma meilleure amie et l’envoyée du commandeur E’Oriel.

Ah tiens ? Depuis quand étais-je l’envoyée du commandeur ? Nyllyn s’occupa des présentations et remit la missive écrite pas le commandeur. Elle en sortit deux et en tendit une au Sindel, précisant que l’autre était moins personnelle, la première lui étant adressée à lui en particulier. Tandis qu’il lisait la lettre, je me redressai en grimaçant et Nyllyn s’occupa de mon bras, pansant la plaie qui saignait tout de même abondamment.

- Tu vas bien ?

Je ne pus m'empêcher d'être sarcastique au vu de mon état déplorable.

- A part que ton fameux Maître Ithil a failli me tuer, tout est merveilleux dans ma vie.

- Il ne t’aurait pas tuée ! Je le connais ce n’est pas son genre. Mais pourquoi il t’a attaqué ? Tu as fait quelque chose ?

Je la regardai, mes yeux allant se fixer quelques secondes sur le Sindel avant de regarder un point loin derrière Nyllyn.

- Je… je lui ai peut-être envoyé une boule de feu …

- Quoi ? Mais Yli… !

- Il m’a fait peur, d’accord ! Couvert de sang avec un regard de tueur fou ! Et désolée d’être un peu trop réactive en plein milieu d’un pays dont les habitants n’ont pour l’instant cherché qu’à me tuer ! J’ai eu tort, mais c’était instinctif. Et puis je m’en sors vraiment moins bien que lui, alors ça va !

Elle fit la moue et soupira.

- C’est bon, pas la peine de t’énerver. Je suis contente que tu ailles bien, j’ai vraiment eu peur en te voyant au sol.

Elle me sourit, m’embrassa le front et se releva avant de m’aider à me remettre sur mes jambes. J’attendis que le Sindel ait fini pour m’incliner doucement.

- Navrée de vous avoir attaqué comme ça Seigneur Ithil. J’ai cru que vous me menaciez, j’ai réagi un peu vite.

Nyllyn se hâta d’enchaîner.

- On a eu pas mal de problèmes en venant ici avec les Sindeldi, ils prennent Yli pour une shaakte et…

- Et me tuer leur ferait plaisir. Ça m’a rendu nerveuse. Ce n’est pas vraiment une excuse mais… enfin… désolée.

Comme première impression, je ne pensais pas avoir fait pire dans toute ma vie. Et c’était supposément lui qui devait nous protéger Nyllyn et moi… Tout cela partait très mal.

Suite >>
Modifié en dernier par Yliria le jeu. 1 août 2019 11:37, modifié 3 fois.

Avatar du membre
Tanaëth Ithil
Messages : 134
Enregistré le : jeu. 20 juin 2019 12:44
Localisation : Nessima

Re: L'Ancienne Cité de Sanssitr

Message par Tanaëth Ithil » sam. 20 juil. 2019 20:42

La jeune Elfe Verte, bouche ouverte de surprise, me reconnaît aussitôt, louant Sithi que je ne sois pas un ennemi. Elle se relève souplement pour venir m'étreindre le bras et me scruter, visiblement heureuse de me revoir. Je ne le suis pas moins, malgré mon incompréhension, et lui retourne un chaleureux sourire avant qu'elle ne se détourne vers la Shaakte pour faire les présentations:

"Yli, voici Tanaëth Ithil, envoyé de Sithi, membre du triumvirat d’Opale. Tanaëth, voici Yliria Varnaan’tha, ma meilleure amie et l’envoyée du commandeur E’Oriel."

L'envoyée du commandeur de l'Opale de lune, une Shaakte? Par tous les dieux, serait-il devenu fou?! Mais, avant que je n'aie eu la possibilité de creuser la question, Nyllyn me tend une missive scellée aux armoiries de Tyrdann E'Oriel ainsi qu'une autre, moins personnelle me précise-t-elle. Perplexe, j'observe le sceau de la première, intact et authentique pour autant que je puisse en juger, puis brise le cachet de cire argentée et entreprends de la lire. (*)

"Seigneur’tar Ithil,

Si vous lisez ces mots, c’est que Nyllyn est arrivée saine et sauve jusqu’à vous et je m’en réjouis. Je vous écris cette lettre pour vous faire part de quelques informations, d’une recommandation et également vous féliciter pour votre mariage qui, dépendant de la date à laquelle cette lettre arrive, sera sur le point de se dérouler où sera déjà acté.

Informations tout d’abord, puisque l’Ordre étend peu à peu son influence en Imiftil, de plus en plus de recrues rejoignent nos rangs. Vous serez ravi d’apprendre qu’une commanderie a ouvert ses portes à Tulorim et que j’y ai placé Sorinion à sa tête. Vous connaissez le caractère de cet homme, je pense que vous saurez trouver ce choix judicieux. D’autres projets sont en cours en Imiftil, mais je vous en informerai en temps voulu.

Concernant le Naora, j’ai appris que divers groupes d’Eurïons s’agitaient et ai décidé de dépêcher un élément arrivé récemment pour tenter d’endiguer un potentiel conflit et de nous assurer que personne ne cherche à attiser la haine qui couve toujours dans le cœur de ce peuple. Je sais que vous avez à cœur d’entretenir des relations avec ces gens et il m’a paru judicieux de vous informer de la situation qui est ainsi parvenue jusqu’à mes oreilles.

Ce qui m’amène à mon dernier point, ma recommandation. Yliria Varnaan’tha, celle que Nyllyn était chargée de conduire jusqu’à vous. Cette jeune semi-shaakte est le nouvel élément dont j’ai parlé plus tôt. Si son intégration peut vous paraître curieuse, sachez qu’elle a toute ma confiance et je sais que vous serez suffisamment ouvert pour vous rendre compte de son potentiel, prometteur bien qu’imparfait. Donnez-lui sa chance, bien peu sont ceux qui lui en donneront l’occasion au Naora, ou sur Yuimen en général et, si vous le pouvez, soutenez-la dans sa mission, elle cherchera sans doute à prouver sa valeur et un peu d’aide lui sera sans doute utile. Et ne vous laissez pas abuser par son apparence et son âge, elle n’en est pas moins dotée d’un certain caractère et d’une volonté qui pourrait surprendre plus d’un de nos membres au Naora, voire remettre en cause quelques idées préconçues.

Je prie Sithi pour que votre entreprise vous soit favorable et suis certain que, le moment venu, nous reprendrons notre place au cœur du peuple Sindel en boutant les imposteurs qui oppriment notre peuple.

Puisse Sithi guider vos pas.

Votre frère d’arme,

Tyrdann E'Oriel"


De quoi me laisser songeur. Autant je suis heureux d'apprendre la création d'une nouvelle commanderie et approuve le choix de Sorinion pour la diriger, autant les informations concernant l'agitation des Eruïons sont troublantes. Tout aussi perturbant est le fait que Tyrdann ait décidé d'envoyer une semi-Shaakte enquêter sur le sujet, il n'ignore pourtant pas quel genre d'accueil lui sera fait au sein du Royaume de Sarindel par Sithi! Sourcils froncés de réflexion, j'observe à nouveau la jeune Elfe Noire, réalisant cette fois qu'elle n'est en effet pas de pure race. Mais cela ne change rien à mon problème: que vais-je faire d'elle et d'une Taurionne dans l'une des villes les plus fermées et racistes du Royaume de Sarindel? J'ai beau avoir toute confiance en Tyrdann et être prêt à donner sa chance à cette Yliria Varn...je ne sais plus quoi, si elle est découverte par les miens la situation tournera au vinaigre en moins de temps qu'il ne faut pour le dire. Et je risquerais de perdre tout ce que j'ai réussi à accomplir jusque là si je prenais sa défense...

Profondément pensif, c'est à peine si j'entends les deux Elfettes se chamailler à propos de la boule de feu qu'Yliria admet du bout des lèvres m'avoir "presque" envoyée, un presque qui me fait hausser un sourcil amusé. Je constate aussi que Nyllyn a pris soin de bander le bras blessé de la semi-Shaakte, laquelle se relève enfin pour s'incliner devant moi. Elle déclare être désolée de m'avoir attaqué et avoir réagi un peu vite, se sentant menacée. Nyllyn ajoute aussitôt qu'elles ont eu passablement de problèmes avec mes compatriotes, ces derniers ayant pris Yliria pour une Shaakte. Rien d'étonnant à cela, même si elle ne l'est qu'à moitié elle y ressemble bien assez pour que je l'aie moi-même immédiatement considérée comme telle. Quoi qu'il en soit, la semi-Elfe Noire ajoute que la tuer aurait fait plaisir aux Sindeldi croisés et que cela l'a rendue nerveuse, ce que je peux aisément comprendre, puis s'excuse une nouvelle fois d'un air un peu penaud qui me soutire un pâle sourire:

"Je crois que nous avons tous eu une rude journée. Et...c'est moi qui suis désolé pour ton bras."


Je marque une brève pause, luttant contre le vertige qui m'assaille, puis ajoute:

"Mieux vaudrait que nous ne restions pas là, nous venons de subir une attaque de goules et les soldats patrouillent sans aucun doute dans le coin. Venez, allons chez moi ou, plutôt, chez nous. Nous y serons plus tranquilles pour discuter et nous avons tous deux besoin d'un guérisseur."

Sans plus attendre, je les entraîne d'un pas de plus en plus vacillant dans les souterrains, me dirigeant vers une sortie proche de la commanderie d'Opale en priant Sithi pour que nous ne croisions pas une patrouille en cours de route. J'aurai déjà bien assez de mal à expliquer la présence des deux jeunes femmes à Sylënn, surtout après ce qui vient de se passer chez Averenn, nul besoin d'en rajouter une couche...

(*) Lettre écrite par Yliria
Modifié en dernier par Tanaëth Ithil le lun. 29 juil. 2019 18:04, modifié 2 fois.

Avatar du membre
Yliria
Messages : 444
Enregistré le : mar. 25 déc. 2018 18:57
Localisation : À la fin d'une Ere

Re: L'Ancienne Cité de Sanssitr

Message par Yliria » dim. 21 juil. 2019 00:39

<< Auparavant

Finalement il fut plutôt… conciliant. Il lut attentivement la lettre avant de tourner ses yeux sombres vers Nyllyn et moi. Aucune aversion, tout au plus une surprise rapidement effacée vers un regard plus naturel et bienveillant lorsqu’il écouta Nyllyn. Je m’excusai et cela eut le mérite de lui tirer un sourire fatigué. Il semblait réellement épuisé, mais s’excusa pour mon bras maintenant bandé par les soins de mon amie, même si un guérisseur n’aurait pas été de refus.

- J’ai connu pire, ne vous en faites pas. Ce n’est rien de grave.

J’avais beau faire la forte, ça me faisait toujours mal et je le plaquai contre mon ventre histoire qu’il ne bouge pas trop, m’évitant ainsi des douleurs inutiles. Je grimaçai en entendant la phrase du Seigneur Ithil. Une attaque de goules ? J’avais le chic pour débarquer au pire moment moi, tout cela était merveilleux. Je vis Nyllyn me jeter un regard inquiet et je soupirai, acquiesçant néanmoins. Nous ne pouvions tout de même pas rester dans ces souterrains pendant des années. Il prit la tête du trio et je laissai Nyllyn avancer à ses côtés, restant juste derrière tandis qu’elle lui racontait des événements et récits à une allure folle. Je l’entendais à peine respirer, ce qui me fit sourire. Elle semblait vraiment heureuse de le retrouver et souriait sans cesse. Elle remarqua que je restais silencieuse et se tourna vers moi avec un air interrogateur. Je me contentai de hausser les épaules avant de lui adresser un sourire. Elle avait bien le droit de profiter de ses retrouvailles, elle les avait suffisamment espérées et méritées.

Le trajet dura un moment et je vis plusieurs fois notre guide vaciller, preuve qu’il était épuisé. Par qui ou par quoi, je n’en savais rien, Nyllyn n’avait pas osé poser la question, même si je la voyais lancer quelques regards inquiets vers son mentor. Enfin la sortie fut en vue et je m’arrêtai avant d’ouvrir mon sac, faisant s’arrêter les deux autres. Je mis mon masque avec l’étoffe mauve pour cacher entièrement ma tête. Nyllyn me jeta un regard navré et je me contentai de hausser les épaules. J’avais l’habitude à force.

- Au moins je ne serai pas trop à découvert. Enfin si on pouvait tout de même éviter des gardes…

J’angoissai honnêtement et Nyllyn ne fut pas dupe, elle s’approcha de moi et glissa ses mains sous le masque pour encadrer mon visage.

- Tout va bien se passer, d’accord ? Aie confiance Yli.

Mes yeux scrutèrent celui qui allait être le seul rempart entre moi et une mort presque certaine jusqu’à ce que nous atteignions la commanderie. Je soupirai et hochai la tête lorsque mon regard revint vers elle. Elle sourit et se forgea un visage calme et déterminé avant de se placer à côté de notre guide. Je fis de même de l’autre côté en inspirant profondément. Revoir les rayons du soleil fut un bonheur autant qu’une source de douleur lorsque mes yeux durent s’y habituer. Nous étions restées un moment dans ces maudits souterrains. Selon notre guide, nous n’avions pas longtemps à marcher, mais mieux valait être prudent. Une fois mes yeux habitués, je pus enfin voir la ville qui ne grouillait pas autant de vie que je l’imaginais. Probablement à cause de l’attaque. Le vent marin était puissant et l’odeur de l’iode me fit un bien fou après ce séjour sous terre. Nous progressâmes en vitesse, suivant le Seigneur Ithil qui avançait à grandes enjambées. Les quelques passants nous jetaient des regards surpris et chuchotaient sur notre passage mais la présence de notre guide sembla dissuader quiconque de nous importuner.

Je n’eus pas le loisir de voir grand-chose de la ville à part une longue rue large et propre cernée de bâtiments sobres avant que nous n’arrivions à la commanderie. Loin d’être telle que je l’imaginais, c’était en fait une bâtisse imposante et fortifiée trônant au sommet d'un immense escalier d'un blanc immaculé, plus proche d'un gigantesque manoir que du fort que nous avions à Tulorim. Elle était gardée, mais les Sindeldi en poste ne nous accordèrent qu’un bref regard après avoir pris une pose martiale en voyant le Seigneur Ithil. Une fois les portes franchies et refermées derrière nous, je me détendis quelque peu et Nyllyn se tourna vers moi avec un sourire, m’enlevant mon masque alors que j’écarquillai les yeux en voyant quelques Sindeldi regarder dans notre direction.

- Nyllyn non attends !

Au vu des regards qui se braquèrent sur nous, je n’étais pas certaine de pouvoir considérer cet endroit comme chez moi, malgré les paroles du Seigneur Ithil. Nyllyn me regarda, tourna la tête vers la cause de mon trouble et reposa ses yeux sur moi.

- Ah… oui… désolée, tu voulais peut-être attendre…

- Tu… Par Meno tu exagères ! Tu le sais pourtant que je ne supporte pas ça !

Je me pinçai l’arête du nez tout en entendant des pas arriver vers nous à une cadence élevée, probablement ceux de quelqu’un de très énervé. J’avais envie de me faire toute petite, soudainement.

- Seigneur’tar Ithil, ravi de vous… que fait une Shaakte ici ? GARDES !

Comme à la maison…

Suite >>
Modifié en dernier par Yliria le jeu. 1 août 2019 11:43, modifié 2 fois.

Avatar du membre
Tanaëth Ithil
Messages : 134
Enregistré le : jeu. 20 juin 2019 12:44
Localisation : Nessima

Re: L'Ancienne Cité de Sanssitr

Message par Tanaëth Ithil » dim. 21 juil. 2019 12:13

La semi-Shaakte me répond de ne pas m'inquiéter lorsque je me déclare navré de l'avoir blessée, précisant qu'elle a connu pire. Peut-être est-ce le cas, mais je vois bien qu'elle en souffre tout de même passablement à la façon dont elle place son bras contre son ventre pour éviter qu'il ne bouge.

(Courageuse la petite...), songé-je en l'observant d'un regard appréciateur.

Il fallait du cran pour me tenir tête comme elle l'a fait et rares sont les adolescentes de son âge qui seraient capables d'encaisser une pareille douleur sans se répandre en plaintes et autres pleurnicheries. Elle grimace un peu lorsque j'évoque l'attaque des goules mais acquiesce sans un mot lorsque je les invite à nous extirper au plus vite de Sanssitr, quoique l'idée de sortir au grand jour en pleine ville de Nessima ne doive pas précisément la rassurer. Tandis que nous nous mettons en route, Nyllyn entreprend de me raconter les nombreuses aventures qui leur sont arrivées depuis la dernière fois que je l'ai vue, à un rythme si effréné que c'est à peine si elle prend le temps de reprendre son souffle. Qu'elle est loin la gamine timide que j'ai connue en Hidirain! Seules quelques années se sont écoulées depuis, mais tant de choses se sont passées que j'ai l'impression que cela fait des siècles que j'ai quitté la perle blanche; un sentiment encore renforcé par l'incessant bavardage de la Taurionne qui en a apparemment aussi connu des vertes et des pas mûres aux côtés de sa nouvelle amie. Incapable de rester insensible à sa visible joie de me revoir - et sincèrement heureux de découvrir la femme qu'elle est en train de devenir - je lui ébouriffe affectueusement sa crinière déjà en pagaille en la taquinant:

"N'oublie pas de respirer de temps à autre, quand même."

Elle s'empourpre un peu, rieuse, mais n'en poursuit pas moins inlassablement son récit jusqu'à ce que nous parvenions enfin à la sortie évoquée, non sans mal en ce qui me concerne. Les deux Elfes ont remarqué mon état de faiblesse, à en juger par leurs regards inquiets, mais je préfère ne pas m'étaler sur le sujet pour l'instant, d'autant plus que j'aurais du mal à en placer une vu le débit de Nyllyn. Arrivés près de l'étroit passage permettant de quitter les souterrains, Yliria s'arrête subitement pour farfouiller dans son sac et en sortir une espèce de masque de tissu mauve dont elle use pour dissimuler son visage. Je vois l'Elfe verte lui adresser un regard navré qui lui fait hausser les épaules en déclarant qu'elle a l'habitude d'un ton qui ne parvient pourtant pas à dissimuler son anxiété, quoique elle préférerait très logiquement ne pas croiser de gardes; ce qui pousse ma jeune amie à la rassurer d'un geste qui en dit long sur la relation qu'elle ont nouée. Lorsque la semi-Shaakte me jette un coup d'oeil angoissé, j'ajoute doucement:

"Il n'y a qu'une centaine de mètres à parcourir et tu es sous ma protection, nul ne lèvera la main sur toi sans me trouver en travers de son chemin."

Vu mon état c'est loin d'être une garantie absolue, ce dont elle doit bien se rendre compte; mais son masque la rend difficilement identifiable et nul à Nessima ne s'en prendrait à moi sans y réfléchir à deux fois, du moins je l'espère...

C'est avec une joie mêlée de soulagement que je retrouve la surface et inspire à pleins poumons l'air marin, mais nous attarder ici n'est pas une bonne idée et c'est sans traîner que nous nous dirigeons vers ma demeure familiale devenue commanderie de notre ordre. Par chance les rues sont quasiment désertes, la cité étant probablement en état d'alerte suite à l'attaque des goules, mais cela n'empêche évidemment pas que les rares passants nous jettent des regards étonnés et murmurent sur notre passage. Aucun ne fait mine de nous importuner, toutefois, si bien que nous parvenons sans encombre au pied de l'interminable escalier menant aux portes. Escalier qui représente pour moi un véritable calvaire qui me paraît durer une éternité, mais nous finissons par arriver aux portes sans incident. Les deux gardes en poste rectifient la position à notre approche et ouvrent l'huis massif sans poser la moindre question, nous autorisant ainsi à pénétrer dans le grand hall d'entrée décoré de luxueuses tapisseries et de quelques meubles d'art.

A peine les portes se sont-elles refermées derrière nous que Nyllyn retire le masque camouflant le visage d'Yliria, au grand dam de cette dernière qui lorgne les trois Sindeldi présents - un garde et deux serviteurs - d'un air paniqué. Désolée, la Taurionne marmonne une excuse à laquelle la semi-Shaakte rétorque:

"Tu… Par Meno tu exagères ! Tu le sais pourtant que je ne supporte pas ça!"

Par Meno? Curieux pour une Elfe Noire mais, avant que je n'aie le loisir de m'étonner plus avant, elle se pince le nez de dépit en entendant des pas pressés se rapprocher de nous et la voix grinçante de Lubjaen, l'intendant, s'exclamer:

"Seigneur’tar Ithil, ravi de vous… que fait une Shaakte ici ? GARDES !"

Je me retourne vivement vers lui pour le foudroyer d'un regard noir et rétorquer d'une voix glaciale:

"Silence! Pour qui te prends-tu?! Aurais-tu l'audace d'ennuyer mes invitées?"

Je lève une main autoritaire pour arrêter les gardes qui rappliquent au galop, mais cet abruti de Lubjaen ne semble pas avoir compris la menace implicite car il ajoute avec une morgue qui me fait grincer des dents:

"Les étrangers sont interdits en ville! C'est une trahison! Vous devriez avoir honte, cette maudite engeance ne mérite que la mort!"

Mon geste incite heureusement les gardes à se figer tout net, malgré le doute qui point sur leurs visages; une chance que je les aie choisis moi-même... Furieux, je m'approche alors de l'intendant et le saisis rudement par le col:

"Encore un mot, un seul, et tu finiras ta vie sur le banc de nage d'une galère. C'est assez clair pour toi?"

Quoique subitement aussi pâle qu'un Hinïon, le bougre a néanmoins l'outrecuidance de me répondre avec insolence:

"Je ne me tairai pas! Le Seigneur Gaëren'tar Ethariël sera informé de vos méprisables agissements! Moi aussi j'ai des relat..."

Mon poing ganté de mithril le heurte en pleine face, un coup si brutal qu'il le projette à terre, crachant du sang et quelques dents. Des relations, hein? Sans blague... Réfrénant difficilement mes pulsions meurtrières, je m'apprête à donner l'ordre aux gardes de s'emparer de l'imbécile lorsque la porte s'ouvre à nouveau et qu'une voix bien connue retentit, claquant comme un coup de fouet dans le relatif silence:

"Qu'est-ce encore que ce merdier, par Sithi?!"

Ma douce et tendre épouse...suivie des membres de ma garde encore en état de marcher...

(Bordel, il fallait qu'elle arrive maintenant! Super...)

Je me retourne lentement vers elle, l'esprit envahi de noires pensées, pour lui répliquer avec une infinie lassitude:

"Ce n'est rien, détends-to..."

"Rien? Tu te fous de moi?!" rugit-elle avant que ses yeux ne s'écarquillent de stupeur à la vue de Nyllyn et Yliria : "Déesse toute puissante! Que fait cette vermine chez nous?!"

Cette fois ça va être ma fête...

(Misère... bon... ne pas s'énerver, surtout ne pas s'énerver...)

Plutôt que de lui répondre, je me tourne vers les serviteurs effarés et ordonne sombrement:

"Trouvez des appartements pour ces demoiselles, elles sont mes hôtes. Et enfermez-moi cet abruti quelque part, je m'en occuperai plus tard", dis-je en désignant Lubjaen avant d'ajouter durement: "Demandez aussi à Eshrin de venir urgemment, nous avons besoin de ses talents de guérisseuse. Exécution!"

L'armurière et mère de Llyann, une magicienne talentueuse, est sans doute la seule personne de cette foutue ville qui acceptera de soigner la semi-Shaakte. Sous le regard furibond de Sylënn, je m'adresse ensuite aux deux jeunes Elfes:

"Désolé pour cette...scène. Allez vous reposer, vous pourrez prendre un bain et vous restaurer si le coeur vous en dit, je vous retrouve dans un moment."

Du moins si ma chère compagne m'en laisse l'occasion, parce que là...

Avatar du membre
Arkalan
Messages : 141
Enregistré le : dim. 6 janv. 2019 14:56

Re: L'Ancienne Cité de Sanssitr

Message par Arkalan » sam. 22 févr. 2020 17:21

Un reniflement dédaigneux. Un crachat au sol. Un soupir haineux. Voilà ce que m'inspire la vision des ruines de la cité souterraine. Vestige d'une époque ou les Shaakts régnaient sur ce continent. Une époque ou les divinités étaient bien différentes de maintenant, j'ignore même si le culte de Valshabarath existait déjà. Peu importe, l'architecture me replonge dans mon enfance soumise et mes passages en cellules et salle de tortures lors de mes captures. Il m'a fallut plusieurs heures pour atteindre cette endroit en suivant le chemin indiqué par la commandante. Je suis bien passé devant un temple, un temple incroyable je devais bien l'admettre. Je me suis éloigné en suivant les ténèbres jusqu'à ne plus voir un seul Sindel ni un seul rayon de lumière de l'étrange artefact qui éclairait l'entrée du temple. Me voilà dans une obscurité et un silence totale à présent. Yliria m'avait prévenu des présences de goules avant que je ne parte. Une présence qui m'inquiète peu en réalité. Il existe des choses bien plus terrifiantes dans les tréfonds de Yuimen et si personne n'est venu ici depuis la chute de la cité, elles ont eu le temps de bien s'installer. Je prépare mon arc et m'avance dans le noir. Le passage pour atteindre la cité après le temple est bien trop étroite pour qu'une armée s'en serve, je dois donc avancer. Prudemment, en tendant l'oreille, en étant attentif à chaque son, chaque odeur, chaque mouvement. Le temps semble s'être arrêté ici, rien ne bouge. Je suis mal à l'aise, assaillit par mes vieux souvenirs. Je dois me concentrer sur ma tâche. Chercher un passage assez large pour accueillir de nombreux nains ou Eruïons et menant à la cité. Je m'attend même à entendre des coups de pioches naines, creusant un passage directement vers le cœur de la ville. Je m'enfonce dans les profondeurs en évitant de faire du bruit même si le moindre pas brise forcement le silence qui règne dans cette ruine oubliée.

Avatar du membre
Gamemaster7
Messages : 137
Enregistré le : sam. 14 sept. 2019 21:19

Re: L'Ancienne Cité de Sanssitr

Message par Gamemaster7 » sam. 22 févr. 2020 19:33

Émergence : màj pour Arkalan


Arkalan, en s'enfonçant toujours plus avant dans les souterrains, put assez rapidement réaliser une chose : bien qu'antique et abandonnée depuis de nombreux millénaires, Sanssitr n'avait pas été une modeste cité construite par un peuple primitif, loin s'en fallait. C'était là une véritable métropole souterraine, la puissante capitale d'un peuple à son apogée et ayant indubitablement possédé des connaissances avancées. Elle avait comporté de nombreux niveaux, s'était étendue sur une surface considérable, et rien n'était plus aisé que de s'y perdre à jamais pour qui ne savait s'y orienter. Ici et là, des restes de fresques ou de statues qui avaient dues être grandioses en leur temps de gloire demeuraient, témoins muets d'une ère depuis longtemps disparue. Dans les endroits les plus secs, des restes d'armes et d'armures, de meubles si fragiles que le moindre choc les réduisait en poussière demeuraient, côtoyant parfois des squelettes, isolés ou en grand nombre, qui évoquaient les sombres événements ayant mis fin aux Shaakts du Naora.

Arkalan marcha durant des heures et des heures sans apercevoir le moindre signe pouvant indiquer que quelqu'un était passé là depuis la chute de la cité. Mais, à force d'errer dans cet infini labyrinthe, alors qu'il arpentait une galerie rectangulaire de bonne taille, ses compétences de pisteur lui permirent enfin de distinguer quelque chose dans la poussière recouvrant le sol : des traces de pas, récentes selon toute apparence. Un examen plus approfondi lui apprendrait qu'il ne pouvait s'agir d'empreintes de Sindeldi, elles étaient trop petites pour cela, et qu'une dizaine de personnes au moins étaient passées là. En remontant la piste, il finit par arriver à un pont étroit enjambant un profond précipice d'où provenait une mystérieuse lueur un peu verdâtre :


Image
(Tu arrives par la gauche)

Mais ce n'était pas tout : provenant de l'autre côté de ce passage au-dessus du vide, des bruits étaient audibles, évoquant un mélange de voix et d'objets métalliques se heurtant. Pour l'heure l'aventurier était encore dissimulé dans les ténèbres du couloir, mais s'il voulait en apprendre plus, il lui faudrait se risquer à découvert sur l'étroit pont. A moins qu'il ne décide d'attendre, les dieux seuls savaient combien de temps, que quelque chose se produise ?


*****


Gain d'XP :

Arkalan : interaction avec Sylënn et Yliria : 0,5XP ; Total : 0,5 XP (l'xp pour la ballade dans Sanssitr te sera attribuée ultérieurement)

Gains matériels : récompense de 3000 yus de la Garde Militaire


Avatar du membre
Arkalan
Messages : 141
Enregistré le : dim. 6 janv. 2019 14:56

Re: L'Ancienne Cité de Sanssitr

Message par Arkalan » lun. 2 mars 2020 10:30

Sanssitr n'est en rien comparable avec Khonfas. Ce serait comme comparé une grande cité et un campement de fortune. Je ne parcours pas simplement des galeries creusée suffisamment large pour permettre un passage sans encombre. Ici ce sont d'immenses couloirs taillés dans la roche, soutenus par des colonnes et des arches aux finitions irréprochables, bien assez large pour y faire passer des armées accompagnés d'armes de siège. Je jurerais que certaines salles que je traverse pourrait être traversés par un dragon en volant tant elles sont hautes et larges, ornementés de sculptures sur les murs. Tout ici est démesuré jusqu'à la taille de la cité elle même, parcourue en tout sens d'escaliers, de rues, d'avenues et de ruelles comme n'importe quelle cité à la surface. Je me résigne même à laisser des traces de mon passages pour ne pas risquer de m'égarer.

Le temps semble s'être arrêté, dévoilant les vestiges d'une cité antique éteinte dans le sang et la fureur comme en témoigne parfois les amas d'armes, d'armures et squelettes qui ont traversés les siècles. Je parcours la cité de nombreuses heures sans déceler une présence de vie, qu'elle soit naine, Sindel ou même de goules pourtant soit disant nombreuses. Je poursuis pourtant mon chemin, contemplatif face à la splendeur passé de ce qu'on été les Shaakts sur ce continent et curieux de voir ce que je pouvais encore découvrir d'époustouflant sous la surface de Yuimen. Mais dans une galerie, je remarque des empreintes qui n'ont rien à faire ici, des traces de pas récentes qu'il ne me faut pas longtemps pour identifier. Des pieds de cette taille, aussi nombreuses, ça ne pouvait être que des nains. Fini la visite, je me désintéresse des vestiges pour remonter la piste avec prudence jusqu'à un pont étroit enjambant un profond précipice d’où provient une étrange lumière.

De l'autre côté du pont, j'entends des voix et des bruits métalliques qui se heurtent. Ils sont là, j'en étais sûr, prêt à surgir pour s'infiltrer dans la cité. Hors de question de prendre le risque de traverser ce pont étroit où je deviendrais une cible de choix pour n'importe quel archer qui monte la garde. Pourtant je devais avoir une preuve de ce que je viens de découvrir. Sinon l'imbécile de général qui gouverne serait bien capable de ne pas prendre au sérieux cette menace.

Je rebrousse chemin, m'éloignant du pont pour trouver une bonne cachette me donnant vision sur le couloir. Assez loin pour être dissimulé dans les ombres mais à portée d'arc. Je pousse alors un cri, tentant d'imiter une créature venant des profondeurs, espérant attirer l'attention d'une patrouille.

Avatar du membre
Gamemaster6
Messages : 544
Enregistré le : lun. 2 sept. 2019 17:36
Localisation : Prêt à plonger

Re: L'Ancienne Cité de Sanssitr

Message par Gamemaster6 » sam. 7 mars 2020 15:55

Émergence : màj pour Arkalan

Lorsqu'Arkalan poussa son étrange cri, le son se réverbéra et se fit écho contre les parois des galeries. Rapidement, le bruit caractéristique de pas se fit entendre, le même que précédemment. De l'autre côté du pont, ils les aperçut alors. Des êtres de petites tailles, portant de lourdes armures en métal, des haches, masses et boucliers, voire des arbalètes pour certains. Ils étaient une dizaine, mais seuls deux d'entre eux s'avançaient sur le pont, visiblement aux aguets. Ils semblaient hésitants à traverser ce pont et scrutaient aussi bien le fond du gouffre que l'ouverture vers laquelle se situait Arkalan. Visiblement méfiants, ils n'avancèrent pas davantage, prêts à se battre, quoi que décide Arkalan.

Gains d'XP :

Arkalan : Récompenses données à la fin de la présente situation
Image

Quand on l'appelle, il apparaît !!
Et il reste, alors gare !

Avatar du membre
Arkalan
Messages : 141
Enregistré le : dim. 6 janv. 2019 14:56

Re: L'Ancienne Cité de Sanssitr

Message par Arkalan » ven. 13 mars 2020 08:58

Ce sont bien des nains. Aucun doute n’est plus permis à présent. Ils sont une dizaine à s’avancer sur le pont à la recherche de la provenance du cri. Ils sont trop nombreux pour que je tente quelque chose. Que faire maintenant, un nouveau cri pourrait me faire repérer, une tentative d’assaut me mettrait en péril. Attendre qu’ils repartent ? Tenter de fuir ? Revenir juste avec ma parole ne suffirait pas à convaincre le général.

Je dois tenter quelque chose, je connais encore le chemin du retour, je peux me servir du labyrinthe immense comme un avantage. J’encoche une flèche en silence, bande mon arc et tire un projectile vers un nain avant de m’enfuir dans l’obscurité, courant assez vite pour semer leurs petites jambes et trouver une autre cachette où attendre.

Avatar du membre
Gamemaster6
Messages : 544
Enregistré le : lun. 2 sept. 2019 17:36
Localisation : Prêt à plonger

Re: L'Ancienne Cité de Sanssitr

Message par Gamemaster6 » sam. 14 mars 2020 14:52

Émergence : màj pour Arkalan

N'attendant pas de voir si la flèche touchait une quelconque cible, Arkalan put seulement entendre le cri d'alerte de l'un des petits êtres alors qu'il partait en courant. Caché par les ombres qui stagnaient dans les galeries abandonnées de la ville, il attendit un moment avant que des pas rapides ne s'approchent. Les nains semblaient toujours à sa recherche, et s'étaient séparés, évoluant en duo. Celui le plus proche était composé d'un nain portant une lourde arbalète, et un deuxième armé d'une impressionnante masse et un bouclier rond. Ils semblaient sur leurs gardes, mais n'avaient pas encore repéré le Shaakt, de ce qu'il pouvait en juger. A lui de décider d'agir ou non, de les suivre ou non.

***
Si tu décides d'agir, on peut régler le possible combat en aparté, si tu veux gagner du temps.

Gains :
Xp attribuée à la fin de la présente situation
Image

Quand on l'appelle, il apparaît !!
Et il reste, alors gare !

Avatar du membre
Arkalan
Messages : 141
Enregistré le : dim. 6 janv. 2019 14:56

Re: L'Ancienne Cité de Sanssitr

Message par Arkalan » ven. 20 mars 2020 14:23

Je retiens mon souffle, bien dissimulé dans un coin sombre du couloir. J'entends les nains approchés. Des petits pas rapides accompagnés de la cacophonie de l'équipement lourd. J'aperçois finalement un duo de Nains, l'un portant une arbalète et l'autre une masse et un bouclier. Je bande mon arc, en silence, vise, décoche ma flèche. Le projectile touche le nain à l'arbalète qui s'écroule au sol. Le second nain se dresse devant et pointe son bouclier dans toutes les directions, incapable d'avoir trouvé d'où venait le tir. L'obscurité est mon allié et j'en profite pour encocher une deuxième flèche, reprenant mon souffle grâce à une longue inspiration. Mon tir fuse et heurte le bouclier. Le nain réagit en frappant contre son pavois avec sa masse, provoquant un bruit pour attirer l'attention de ses alliés. Je sors de ma cachette pour reprendre de la distance avec les nains. J'entends les cris des nains derrière moi et le bruit accéléré de leurs pas. Je sais que je peux facilement distancer leurs petites jambes et je ne prend même pas la peine de me retourner. Je trouve facilement une autre cachette où je m'installe, reprend mon souffle me prépare à nouveau à cueillir mes poursuivants.

Après un long moment, quatre nains approchent au fond du long couloir souterrain. Je décoche à nouveau une flèche qui malheureusement rate ma cible. Cette fois attentifs, ils m'ont repérés et ne tarde pas à riposter. Les deux arbalétrier qui composent le groupe décochent leurs traits, l'un d'eux me ricoche sur l'épaule sans me blesser. Je profite du temps de rechargement de leurs armes pour m'éloigner à nouveau. Je comprends rapidement que cette fois ils ne me suivront pas. Malédiction, le piège se retourne contre moi, il me faut absolument une preuve de leurs présences et pour cela je dois retourner en arrière avec le risque qu'ils me tendent une embuscade. Je reviens sur mes pas en longeant les murs, d'un pied prudent et en restant proche d'un endroit où me mettre à couvert. Je distingue finalement le groupe de nain qui rebrousse chemin. Rassuré de ne pas me faire attendre, je presse un peu le pas pour être à distance de tir. Je bande mon arc et me concentre pour utiliser la capacité que j'ai appris à la commanderie. Mon projectile se met à vriller et blesse salement un nain qui est ramassé par ses semblables qui reculent à présent en se protégeant de mes projectiles. Un autre tir les frôles mais je ne parviens toujours pas à en abattre un. Je prends trop de risque, mon inconscient me le hurle mais je ne l'écoute pas. Nous sommes arrivés à ma première cachette et je remarque que le nain que j'avais touché n'est plus là.

Soudain, les nains face à moi s'arrêtent et m'attendent alors que je perçois un son venant de ma gauche. Un coup d'oeil me permet d'y voir trois nains qui m'attendent. Un réflexe acquis par l’expérience me permet de réagir avant qu'il ne soit trop tard, je décoche une flèche qui s'écrase contre un bouclier mais qui me permet de faire diversion assez longtemps pour me mettre à courir. Tant pis pour la preuve indiscutable, j'allais devoir trouver autre chose. Je ne peux pas me permettre de prendre plus de risques. Grâce aux traces de sang, je retrouve facilement le lieu où ils m'ont tirés dessus, je récupère leurs projectiles et reprend ma course pour rejoindre à nouveau Nessima et prévenir Sÿlenn qu'il y a bien une armée sous ses pieds.

Par prudence je devrais aussi prévenir les gardes que je croiserais sur ma route.


<<<

Répondre

Retourner vers « Domaine de Farcha »