Le Cimetière sous les Eaux

Répondre
Avatar du membre
Yuimen
Messages : 2483
Enregistré le : mar. 26 déc. 2017 19:17

Le Cimetière sous les Eaux

Message par Yuimen » sam. 6 janv. 2018 11:46

Le cimetière sous les eaux

Image


Ce lieu où dorment à tout jamais les morts semble être la propriété de la déesse Moura qui a étendu son emprise sur toutes les tombes, inondant ce lieu de toutes parts. Désormais, seuls les prêtres de Moura sont autorisés à pratiquer les cérémonies d'enterrement, mais peu d'entre eux acceptent de se mouiller, préférant ensevelir les corps sans vie sous terre, en dehors de cette prison d'éternité.

Le temps reste bien frais, voir glacial en certaines périodes de l'année, ce qui permet donc une bonne conservation des morts. Mais, lorsqu'un timide été se prépare à réchauffer la région, une étrange odeur de pourriture s'élève alors de ce lieu corrompu par les chairs en décrépitude. C'est d'ailleurs l'une des raisons pour lesquelles on ne trouve que des maisons à l'abandon autour de ce cimetière.

Seule une jeune femme aux cheveux gris, reconnue comme cinglée par la plupart des habitants, continue de vivre à moins d'une dizaine de mètres de cet endroit qui pue la carcasse croupie. Elle guette sans relâche le marais, de jour comme de nuit, ne quittant sa fenêtre que quelques rares fois dans la journée pour dormir et se sustenter un minimum. On la surnomme d'ailleurs la gardienne maudite.

Parfois, on peut l'entendre crier au beau milieu de la nuit, sans doute lorsque ses yeux errants perdus sur les terres inondées sont trop fatigués pour offrir la vision de la réalité à son esprit tourmenté. Dans ce que ses concitoyens appellent ses délires, elle parle de lueurs empoisonnées, de monstres rampants et de tombes profanées, même si personne n'a jamais été en mesure de prouver que ses soit-disant hallucinations étaient infondées. Dans l'esprit des habitants, l'eau de leur déesse ne peut en aucun cas être corrompue par des êtres habités d'intentions mauvaises et cette légende populaire est étouffée du mieux possible, les gens gardent leurs craintes bien enfouies au fond d'eux.

Avatar du membre
Jorus Kayne
Messages : 310
Enregistré le : ven. 21 déc. 2018 20:30
Localisation : Sur un navire en partance pour Eniod, normalement

Re: Le Cimetière sous les Eaux

Message par Jorus Kayne » lun. 12 sept. 2022 21:02

XIII Rires et palourdes.

XIV Un infréquentable cimetière.


Moins d’une heure plus tard, nous sommes déjà arrivées sur place, mais la pénombre est présente depuis un bon moment. Comme convenu, nous sommes au cimetière, même si la décharge puante serait un nom plus propice à ce lieu. Une odeur pestilentielle est omniprésente. Je guette du regard les habitations du coin, mais force est de constater qu’il n’y a pas une âme qui vive ici. Aucune fumée ne s’échappe des chaumières et plus nous nous sommes rapprochés du cimetière et moins nous avons croisés d’habitants.

Finalement, après quelques minutes d’attente, un éarion sort de l’ombre des habitations vides pour venir vers nous. Vêtu d’une robe ample, celle-ci cache d’éventuelles armes sur lui.

"Vous êtes en retard, je pensais que seriez arrivé bien plus tôt. Dans nos échanges, vous sembliez très pressés !" Commence-t-il.

(Ca commence bien ! On a aucune idée de la teneur des échanges, il va falloir éviter de se faire prendre.)

Je tourne la tête vers ma camarade et nos regards se croisent dans une entente mutuelle, chacun disant à l’autre : merde, on fait quoi maintenant ? Comme elle aussi n’est pas à son aise, je décide de prendre les rênes.

"Vous êtes sûrement au courant que l’on a eu un léger contretemps en chemin. De plus, ce n’est pas avec moi que vous avez conversé. La personne pour qui je travaille est quelqu’un de très prudente !"

(Pas de propos sur le contenu des lettres et aucun indice concernant l’identité homme ou femme de la personne nommée ! Je suis impressionnée !)

(Un compliment, sans même une critique déguisée ? Tu es malade, un peu de fièvre peut-être ?)

"Ce n’est pas ce qui était convenu, nous devions…" Se plaint-il avant que je ne l’interrompe.

"Nous sommes là, vous et moi, dans le but d’obtenir quelque chose de précis. Tant qu’on l’obtient, je ne vois pas où est le problème !"

"Vous marquez un point." Concède-t-il en portant dévoilant une enveloppe. "Voici ma part. Où est la vôtre ?"

(Le fameux écrit !)

Ne voulant pas évoquer ma part, j’oriente la conversation sur un autre point, tout en le questionnant.

"Comment puis-je m’assurer de son authenticité ?"

"Ben…vous ne le pouvez pas, sauf à me croire sur parole. Je l’ai déniché dans l’une de ces maisons en fouillant très longtemps. Elle devait être la dernière demeure. Cependant, je n’ai vu aucune trace du trésor vous vous en doutez bien !" Répond-il en insistant sur sa question précédente. "J’ai respecté ma part du marché, où est la vôtre ?"

Plutôt que de répondre, je préfère gagner un peu de temps pour ne pas éveiller les soupçons. Tout se passe bien pour le moment, suivons le même chemin.

"Je ne suis pas assez sot pour venir ici avec. Ce que vous voulez est dans la chambre à l’auberge."

"L’auberge vous dites ?" Déclare-t-il en sifflant, faisant surgir de l’obscurité, quatre autres éarions nous menaçant de leurs épées. "Dans ce cas, je n’ai plus besoin de vous !"

(C’est pas possible ! Je passe d’un emprisonnement à une embuscade, j’ai vraiment la guigne !)

"Tout ça n’était qu’un piège ? Cette histoire de lettre n’était qu’une mascarade ?" Fais-je en colère.

"Pas exactement non. Cette lettre est bien authentique, mais vous n’êtes pas les seuls à vous y intéresser. Plusieurs autres pigeons ont déjà payé de leur vie et de leur poche leur trop grande avidité !" Ricane-t-il.

Malgré la situation compliquée dans laquelle je suis, un détail me frappe si fort que j’en demande encore la confirmation.

"Donc tu es en train de me dire que le contenu de cette lettre pourrait indiquer l’emplacement réel des trésors de Timénus ?"

"En tout cas, c’est le meilleur indice depuis de nombreuses années. Je vous aurais volontiers laissé jeter un œil, mais plus vite vous mourrez, plus vite les suivants arriverons. Ne m’en veuillez pas, votre destin a joué en votre défa…"

Il n’aura pas le temps de terminer sa phrase que deux boomerangs foncent sur lui et le touchent aux bras tenant la lettre. Je regarde Cadmis qui contrairement aux autres, ne semble pas surpris par ce brusque changement de situation. Elle défait la ceinture qui entoure sa taille, dévoilant en réalité son fouet.

"Je m’occupe de deux du fond !" Lui fais-je.

"Entendu !" Acquiesce-t-elle.

Bien que nous sommes entourés, les cibles que j’ai choisies sont assez proches pour que je puisse les atteindre avec mes armes de prédilections. Quant aux deux autres, qui pensent prendre en tenaille la rousse, ils vont vite comprendre que cette femme n’a pas que son charme comme atout.

Je vais à la rencontre des hommes derrière-nous. Je fais une première pirouette pour prendre de l’élan et enchaîne avec un salto pour arriver derrière eux, dans une position plus avantageuse. Tous deux me visent de leurs lames, une fois au sol et une seule parvient cependant à m’atteindre à la base de l’épaule, avant que je ne puisse riposter. Une blessure qui aurait pu être plus grave sans la présence de mon armure. De mon côté, je fais rugir mon énergie interne et foudroie mes adversaires d’un déluge de coups. Dans ce bref laps de temps, je parviens à placer correctement deux des quatre attaques fulgurantes. Si l’un d’eux s’en sort indemne, son camarade reçoit une première attaque avec ma pourfen’dent, en pleine poitrine, qui lui fait si mal qu’il reçoit une seconde frappe de ma dague de glace presque trop facilement, à la cuisse. Trop amoché, l’elfe bleu tombe au sol.

(Pourquoi tu vises la plupart du temps les cuisses avec le sourire pincée ?)

(Elle aggrave les blessures avec le temps et lorsqu’elle sera suffisamment grave, la blessure l’immobilisera. Sans être mort, cela fera une menace de moins !)

J’entends claquer le fouet de Cadmis. Elle est certes douée, mais ce n’est pas une raison pour laisser perdurer le combat. Mettre au tapis rapidement son petit copain, semble avoir déstabilisé mon dernier adversaire debout. J’évite presque trop facilement une frappe hésitante. J’en profite pour gorger mon bras d’énergie, propulsant ma dague à dent de dragon sous le menton, perforant son crâne, la lame orientée vers le ciel nocturne. Je ne m’intéresse pas à celui déjà blessé. Bien qu’il se relève, il n’a pas encore compris l’étendue de son état physique.

Cadmis concentre son style sur une défense totale, gardant ses adversaires aussi loin que possible. Bien qu’elle ait reçu deux ou trois estafilades, elle réplique rapidement par une frappe en retour, cinglant l’air d’un bruit qui fait trembler les éarions. Réduisant aussi vite la distance que possible, je cible l’homme sur la gauche afin de soulager la femme. J’évite un premier coup en bondissant sur le côté gauche, obligeant l’elfe à se mettre dos à Cadmis. Une position défavorable qui me facilite encore la tâche. Je frappe le bras armé de mon adversaire avec ma terrible dague de dragon, plongeant dans sa chair comme dans du beurre. La douleur l’oblige à lâcher son arme, tombant finalement au sol, je l’achève d’un second coup à la gorge lorsqu’un cri retentit.

Cadmis vient de recevoir un coup particulièrement grave au flanc, l’empêchant de se tenir correctement debout. Je fonce lui servir de rempart avant qu’elle ne se fasse abattre comme un chien, recevant par là même, une estafilade à la jambe et une plus grave au bras droit. Notre interlocuteur a finalement enlevé mes armes de jet de son bras et s’est joint à la fête. D’un geste rapide, je décroche une de mes gourdes et la laisse tomber au sol, gardant tant bien que mal mes adversaires à distance. Ils profitent bien entendu de ma situation pour frapper lâchement. Je parviens à enrouler mon bras droit autour du poignet du quatrième acolyte qui me vise, sans qu’il ne m’atteigne. Mais notre interlocuteur en profite pour enfoncer sa lame dans mon bras, dans un sourire équivalent à la douleur qu’il m’inflige. Je serre les dents pour conserver les idées claires, gardant à l’esprit que si je flanche, je meurs.

Tous les deux pensent avoir remporté notre affrontement, mais un fouet entour la tête de celui que je retiens. Brutalement, le fouet l’oblige à pivoter, brisant sa nuque et ôtant sa vie. De mon côté, je regarde le meneur de cette troupe de fumiers, avec la rage dans les yeux. Toujours avec une lame plantée dans le bras, je fais un petit mouvement de poignet, suffisamment pour lancer ma pourfen’dent devant ma poitrine. Je lâche ma dague de glace pour attraper sa consœur et sectionne sans hésitation, ni remord, le poignet dans une gerbe de sang.

Tentant vainement de filer pour sauver sa vie. Son pied se fait attraper par un fouet qui le maintient au sol, par de petits coups réguliers. Il finit par mourir des suites d’une perte de sang excessive.

"Comment tu te sens ?" S’inquiète Cadmis qui me rend ma gourde.

"Ca ira mieux une fois guéris." Je vide le contenu de deux potions sur mes blessures graves, appréciant la réduction de la douleur, comme une sensation de pur soulagement.

Je regarde les corps gisant au sol, ressentant un fort dégoût concernant leur moyen de gagner des yus. Je m’approche de l’homme possédant la lettre et fouille son corps pour la trouver. Je la confie à Cadmis qui m’a rejointe, le temps que je récupère mes précieux boomerangs.

Mon amour, mon aimée.
Moi qui possédais une grande richesse,
Tu m’as fait comprendre de tes regards passionnés
Que ma vie n’était que bassesse.

J’emporte avec moi ce que j’ai de plus précieux
Pour venir te retrouver, ma perle dorée.
Ensembles, nous garderons ces moments merveilleux
Jusqu’au bout de l’éternité.

Au sommet de la vigie,
L’eau de lune éclairera ton chemin.
Gardé par notre petit
Je t’attendrais, tendant la main.



"D’accord, on en conclut quoi alors ? Qu’il était meilleur voleur que poète ?"


"Il était connu pour laisser ce genre de texte, mais il s’agissait d’énigmes, souvent pour annoncer sa prochaine cible. Mais là, comme on pourrait s’attendre à l’emplacement d’un trésor, il a très certainement écrit différemment, mis une énigme dans l’énigme." S’interroge la rousse. "C’est d’ailleurs la raison pour laquelle, parmi les chasseurs de trésors, son cas suscite autant d’engouement que d’abandon."

"Il n’y a rien d’autre dans la lettre, un indice menant à un lieu ou à une personne ?" Dis-je en regardant la lettre à mon tour.

"Ho bordel, j’ai complètement oublié d’envoyer une missive à Oranan, pour les prévenir de ce qui nous est arrivé. Il faut que je le fasse au plus vite !" S’exclame-t-elle.

"Quoi, là, maintenant ?" Fais-je en apercevant une silhouette apparaître derrière une maison sans vie.

"Il faut que je fasse la liste des personnes qui ont survécu et ceux décédés, pour prévenir les familles. Egalement avertir les propriétaires des cargaisons que nous transportions. Je n’aurais jamais fini à temps. Tu veux bien m’aider ?" Supplie-t-elle.

"Oui je…je vérifie un truc et j’arrive !" Dis-je, intrigué par cette étrange présence.

"Sérieusement ? Je vois !" Boude-t-elle. "Bon, je te laisse à tes…occupations si importantes pour me laisser seule !"


Répondre

Retourner vers « Lebher »