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Pendant des jours, elle travailla dur à la boutique pour rattraper le retard accumulé par son entraînement quotidien. Entraînement qu’elle délaissa dès le lendemain de sa rencontre avec l’inconnu. Ses pensées, en revanche, étaient presque entièrement tournées vers la proposition de ce dernier, qu’elle avait décidée d’accepter. Elle irait à la milice le lendemain, mais pas sans avoir finit sa dernière création.
Elle avait imaginé un bijou en forme de sphère forgée en fins fils de métal entrelacés, dans laquelle elle plaça la perle du cœur de l’océan. A l’aide d’une longue chaine en argent, elle l’attacha et la cacha sous les tentacules à la base de sa nuque. Un trésor que nul ne pouvait maintenant voir, dont nul autre qu’elle pouvait deviner l’existence.
Le lendemain, pleine d’incertitude malgré sa détermination, elle marcha longuement jusqu’à la milice où elle reconnue de loin le blason bleu clair de la ville, orné d’une créature maritime mythique. Emmitouflée sous son manteau de fourrure, elle resta devant les portes abîmées en bois sombres. Elle fit un premier pas, se dit qu’elle n’avait rien à perdre si ce n’était du temps, et poussa les lourdes portes qui se refermèrent lourdement derrière elle.
Au milieu de la pièce immense sous les toits trônait une monumentale cheminée ouverte, aux braises hautes et aux flammes rougeoyantes. Il faisait bon dans la salle malgré sa taille et le long couloir ouvert vers l’extérieur dont on pouvait sentir les courants d’air. Aux murs étaient accrochés des tableaux et des râteliers d’armes, de lourdes armoires faisaient office de mur de séparations, plusieurs tables bordées de bancs étaient disposées au fond de la salle.
Un large et haut bureau était installé à quelques mètres de l’entrée, entouré de braseros. Derrière lui, en pleine discussion houleuse se tenaient deux elfes, un Earion solide d’apparence et un vieil Hinion au visage marqué par une vilaine cicatrice. Kymil s’approcha et leur rendit leur salut avec empressement.
« L’un de vos recruteurs m’a approché et m’a dit que vous recherchiez des gens déterminés à défendre notre peuple et notre cité. Je suis venue vous demander de me permettre d’intégrer vos rangs.
- L’un des nôtres hein ? Lequel était-ce ?
- Euh … je ne connais pas son nom, dit Kymil en réalisant la chose au même instant.
Un Earion aux yeux foncés, à la peau claire tachetée comme un pelage … un peu sans-gêne, rajoute-t-elle à la fin en les voyant chercher.
- Aaaah ! c’vieux bougre oui, il est doué pour racoler. Comment y t’a convaincue toi ?
- Il ne s’agit nullement de racolage. Je l’ai rencontré alors que je participais à "la pêche aux talents". Il n’a fait que me démontrer qu’il me manquait l’essentiel pour l’armée.
- Je vois. T’inquiète pas, on lui fait suffisamment confiance pour pas remettre en doute tes motivations. Bon, j’te confie à lui. Dit l’Earion en désignant son vieil acolyte.
Moi je vais … régler ce problème, ajouta-t-il d’un air grave et entendu en croisant le regard de l’Hinion. »