IX 15 Un réveil douloureux.
IX 16 Une passe d'armes dénuée d'honneur.
L’air frais de l’extérieur me fait effectivement du bien, après cette longue période d’isolation dans l’atelier magique. Ce temps n’a pas été perdu, puis que j’y ai appris bon nombre de choses sur la magie et acquis la capacité de transformer ma magie élémentaire en magie pure. J’espère avoir bientôt l’occasion de vérifier si je parviens à en user en plein combat et qu’elles en seront les effets de manière concrète.
Malgré la promesse d’Aëgis d’approfondir ma connaissance sur son sort d’eau, mon excitation diminue grandement au fur et à mesure que nous approchons de la milice. J’ai encore en souvenir ma dernière entrevue avec le capitaine qui ne s’est pas spécialement bien déroulée, contrairement à ce qu’a prétendu mon homologue blanc. Néanmoins, il n’est pas question de pénétrer dans le bâtiment, mais de bifurquer sur le côté direction un vaste terrain sableux où des soldats s’exercent à plusieurs, en duo, lorsque ce n’est pas juste en solitaire pour de rares exceptions. Nous approchons d’un groupe de plusieurs individus composés d’elfes blancs et bleus. Tous sans exceptions me regardent avec un air de mépris dans les yeux
(J’ai un très mauvais pressentiment moi.)
"Pourquoi est-ce que je sens que ça va mal se passer ton histoire ?" Dis-je tout bas à Aëgis, après l’avoir attrapé par la manche.
"Tu as peur de quelques hommes après cette brute épaisse ? Cependant, je comprends et si tu ne souhaites pas apprendre ce sort, ce sera peut-être une prochaine fois. Mais dans l’enventualité où je serais mobilisé pour une mission, cela va prendre du temps et…" Déclare l’hinïon qui sait comment me pousser dans son sens.
"D’accord. D’accord." Fais-je en l’interrompant. Ma curiosité magique prenant le dessus sur le regard que l’on me porte. "
Comment cela va se passer ?" Dis-je sentant que je ne vais pas apprécier la suite des événements.
"Tu vas t’opposer à Mituläne !" Déclare-t-il ouvertement, portant son regard sur un elfe bleu qui réagit à l’appel et s’avance.
L’earion est un guerrier d’un genre particulier. Il a délaissé les protections physiques des soldats en armures pour un style léger, une tenue semblable à un mage qui offre moins de protection physique, mais plus de mobilité. Le genre de type qui fonce sur ses cibles avec adresse et rapidité. Sur son côté gauche, une rapière légère confirme mes premiers avis, tandis qu’un léger bouclier accroché sur le fourreau termine l’ensemble. Une étrange similarité se fait avec le Garzock que j’ai affronté il y a peu. Bien que ce dernier ait usé d’une énorme masse à deux mains.
"Voici Nhnaudar, tu en as certainement entendu parler. Vous allez vous opposer l’un et l’autre. L’objectif : il doit maîtriser le sort force manquée sous la tension d’un combat et toi, tu dois tout faire pour l’en empêcher. Ma seule consigne est de ne pas user de coups mortels pour l’un et l’autre. Tout le reste est permis ! On est d’accord ?" Termine-t-il en jaugeant l’attitude du guerrier.
"Le sort aquatique force manquée ?" Répète-t-il en affichant l’expression d’une confiance d’un défi déjà remporté.
"Et s’il n’y parvient pas ?"
"On continue le combat jusqu’à ce qu’il l’apprenne ou qu’il ne soit plus en état se battre." Il se rapproche très près de lui avant de poursuivre plus bas, bien que je parvienne encore à l’entendre.
"Pas de coup mortel, c’est compris." Dit-il d’un ton ferme et autoritaire.
(Son attitude à celui-là ne me plaît pas.)
"Tiens, bois ceci." M’invite mon camarade blanc en me tendant une potion de mana.
Je ne me fais pas prier et une fois toutes mes forces magiques remplient, je porte mon attention sur Aëgis.
"Quand commence-t-on ?"
"Maintenant !" Sourit-il en claquant fort des mains.
Sans attendre, l’elfe bleu s’équipe de son bouclier au bras gauche, porte une main sur son arme, le tout en fonçant sur moi avec une vitesse surprenante. Je me ramasse un coup de bouclier en pleine poitrine qui me soulève et m’envoie heurter le sol avant de rouler sur le sable. Comme attendu, c’est un style rapide, efficace et tout elfe bleu qu’il est, l’étrange impression d’être face à un raz-de-marée n’est probablement pas anodine.
Je me relève et dégaine mon arme à mon tour. Scrutant mon adversaire et me sourie avec un plaisir sadique, tandis que ses camarades derrière se moquent de ma faiblesse martiale.
"Alors ce sort d’eau ? Tu en avais déjà compris l’essentiel, je me trompe ?" Déclare Aëgis, adossé nonchalamment sur un rebord en bois, délimitant la zone d’entraînement.
Mituläne n’attend pas ma réponse et réduit rapidement la distance avant de m’asséner des coups de rapières.
"Je sais déjà qu’il faut générer de l’eau et…comment changer sa structure pour obtenir…le poison affaiblissant désiré." Dis-je tandis que je me défends contre mon adversaire.
Rapides, mais faibles, je parviens à parer de justesse les coups. Cependant, je décèle dans son attitude qu’il ne fait que jouer avec moi, comme on le fait avec un enfant capricieux que l’on souhaite punir.
"J’ai également appris à…comment le projeter. La seule chose qui me…manquait, c’était… la manière de le faire pénétrer…à l’intérieur même de la cible." Dis-je péniblement.
"Parfait ! Je vois que tu as compris. La dernière étape est de…" Répond-il, avant que je ne l’interrompe.
"La dernière étape consiste à…contrôler le poison une fois sur la victime et le forcer…à…pénétrer les pores." Dis-je.
Trop acculé par mon adversaire, je n’ai pas l’occasion de savoir si j’ai surpris l’elfe blanc en ayant compris par moi-même comment générer le sort et manipuler le contrôle, avec seulement les quelques utilisations qu’il a opéré sur moi. Néanmoins, sa voix me parvient.
"Si tu sais comment procéder, qu’attends-tu ?"
Il n’a pas vraiment tort, mon problème est que mon adversaire ne me laisse pas vraiment l’occasion de contrôler mes fluides.
Mais j’ai le temps de faire le point mentalement. La première étape est de canaliser une surface aqueuse et d’en altérer la composition pour générer le poison désiré. Afin de le projeter, je fais circuler le reste de mes fluides d’eau pour engendrer un courant dans mon corps, jusqu’à ce que m’harmonise avec le flux de celui-ci et qu’il me serve à projeter mon poison. La dernière étape qui m’avait échappé et que j’ai apprise en subissant à nouveau le sort, c’est qu’il faut forcer le poison à pénétrer la peau. Sans quoi, je ne ferais rien de plus qu’une démangeaison.
Ce sort d’eau me demande encore des efforts pour être capable de l’utiliser en réelle situation de combat. Néanmoins, je connais quelques parades pour palier à cela. Je monopolise ma magie avec une majorité de fluides terrestres pour générer une protection de pierre sur mon corps et éviter d’user de mes ressources d’eau pour le sort en apprentissage. La protection se génère sur mon corps et une véritable armure naturelle parcourt mon être et me rend plus résistant aux coups reçus.
Ma défense plus solide ne semble pas plaire à mon adversaire et ses coups précédents ne visant que ma défense, il adopte un assaut plus brutal en visant mon corps à défaut de ma faible garde. Bien que je sois protégé par mon armure magiquement générée, ses coups sont beaucoup plus puissants et parviennent à pénétrer au travers de la pierre qui m’englobe. Ses coups sont fluides, puissants et sa détermination à me faire mordre la poussière particulièrement sincère.
(Aller ressaisis-toi. Tu connais les bases de ce sort. Une fois maîtrisé, ce combat s’arrêtera.)
Me fiant à ma défense solide, je canalise le minimum de fluide d’eau pour lancer le sort. Je commence par générer une sphère d’eau dans le creux de ma main et altère sa composition pour obtenir le poison voulu. Puis je manipule rapidement mes fluides pour provoquer un courant d’eau au sein même de mon corps, jusqu’à ce que je m’harmonise avec le courant de mes fluides d’eau, dans le but de projeter l’eau de ma main sur l’épaule ma cible. Une fois sur elle, je continue mon contrôle pour qu’elle pénètre à l’intérieur de son corps et…rien. Mon poison ne m’obéit pas et préfère s’écouler sur les vêtements.
Une véritable surprise pour moi. J’avais pourtant compris les différentes étapes du sort et j’ai également eu la confirmation d’Aëgis. Qu’ai-je manqué ? Mon adversaire ne lésine pas sur ses assauts et multiplie les coups puissants. Au travers de ma lourde protection de pierre, des filets de sang s’échappent de mes jambes et mes bras. La consigne est respectée, peut-être un peu trop à mon goût. Je canalise le reste mes fluides d’eau pour réitérer mon action. Je génère une surface d’eau dont je modifie la structure, tout en provoquant en moi un courant d’eau pour propulser mon poison. Une fois sur la joue de l’elfe bleu, je force le liquide à pénétrer dans le corps au travers de la peau et…toujours rien. Le poison glisse de nouveau sur lui sans que je ne parvienne à obtenir l’effet voulu. Quelque chose ne va pas. Quelque chose ne colle pas et à force de réfléchir, me voilà démuni de ma protection terrestre qui se brise avec le temps.
J’ai perdu du temps, des ressources magiques dans ce duel et je fais face à un mur d’incompréhension. Réfléchissant à mon erreur de compréhension, nos lames se croisent de moins en moins et la rapière de mon adversaire trouve de plus en plus le chemin de ma chair sanglante. Je commence à être littéralement mutilé. Heureusement que ce n’est pas un duel mortel, car j’aurais déjà péri depuis longtemps. Nos regards se croisent et la satisfaction de dominer le combat est présente sur le visage de mon opposant. Ca et la trace sur la joue, là où mon poison a agi laissant une marque rongé par…rien. Il n’y a nulle trace sur son visage.
(Non c’est impossible ! Durant mon temps en geôle, j’ai pu comprendre que le poison généré était légèrement acide, laissant une légère marque de brûlure sur la peau, s’il ne pénètre pas le corps. Alors pourquoi il n’y a rien ? Ai-je mal transformé la structure de l’eau ? Ah moins qu’il n’y ait un autre facteur extérieur qui…)
Mon combat contre le Garzock me revient en mémoire. Aëgis m’avait prévenu que celui-ci était connu pour ses protections élémentaires. A cause de cela, les sorts étaient affaiblis quand ceux-là n’étaient pas simplement annulés.
(Et si mon adversaire possédait des protections contre l’eau qui empêche mon sort d’agir ? Non impossible. Le but est d’apprendre à maîtriser le sort. Aëgis ne m’aurait pas infligé un adversaire contre lequel c’est impossible. Mais le savait-il au moins ?)
Mon regard exprime la compréhension de la situation ô combien difficile et de l’impossibilité de parvenir à maîtriser le sort dans ces conditions. Une compréhension que décèle mon adversaire, saisissant à son tour qu’une fois la supercherie dévoilée, il encourra un châtiment à la hauteur de sa lâcheté. Redoublant d’efforts, il accélère la cadence. Ses coups deviennent encore plus vifs, plus précis, s’enfonçant davantage dans ma chair et m’obligent à hurler de douleur.
Qu’il n’ait pas eu l’intention d’aider un shaakt à apprendre une magie affaiblissante je le comprends. Cependant, à aucun moment l’elfe bleu n’a eu l’intention de suivre les ordres d'Aëgis. Je suis vraiment mal barré.
(Quoi qu’à la réflexion, n’est-ce pas le meilleur moment pour user de cette nouvelle forme de magie ? Si c’est bel et bien de la magie pure que j’ai générée, elle ne devra plus être restreinte par la protection élémentaire.)
L’occasion vient plus vite que je ne l’espérais. J’ai la chance de non seulement apprendre un nouveau sort, mais également de manier et d’être certain qu’il s’agit bien là d’une toute nouvelle forme de magie.
(Je dois apprendre à user un sort particulier, mais rien ne m’interdis de lancer mes sorts offensifs. Il est temps de contre-attaquer !)
Usant du pouvoir de ma puissante épée magique, je lance une première boule de feu sur ses jambes. Je pourrais ainsi l’affaiblir, sans avoir recours à trop de réserves magiques. Je sens une facilité plus grande à lacer ma magie sur un adversaire. L’artisan magique me l’a dit, avec mes runes, je serais plus avantagé face à un ennemi doté d’un équipement à chaque main. Hélas, mon adversaire est bien trop habile pour se laisser avoir. Evitant l’attaque d’un pas sur le côté, il profite d’une ouverture pour me lacérer le bras gauche. J’attends une occasion pour faire rugir encore une fois mes flammes, mais il utilise son petit bouclier pour habilement se protéger des flammes. Comprenant mes intentions, il fait de même et je n’évite un assaut sur mes propres jambes que de peu.
(Ses attaques deviennent de plus en plus dangereuses et il sait comment affronter un mage c’est est certain. Du moins, a-t-il déjà affronté quelqu’un comme moi ?)
Sans vouloir me vanter, je connais un éventail de sorts variés et je sais comment les utiliser d’une manière non-conventionnelle. Si mes flammes ne peuvent rien, je commence par manipuler ma magie de lumière pour l’aveugler. Atteint par surprise, j’enchaîne avec un usage qui a de quoi surprendre lorsqu’on ne s’y attend pas. Je matérialise un pilier de terre et le dirige vers le bas. Il brandit son bouclier dans cette direction et ne comprend que trop tard ma véritable cible : le sol composé de sable à ses pieds. Le pilier de terre envoie un énorme tas de sable qui, s’il ne fait aucun dégât, est projeté sur l’ensemble du corps de mon adversaire. Résultat, du sable dans les vêtements, la bouche et surtout, les yeux. Il porte rapidement les mains à son visage, gardant néanmoins son bouclier devant lui, mais il ignore ce qui l’attend.
Je canalise la magie en moi pour l’envoyer pénétrer dans son esprit et inverser les transmissions de ses sens. Cela m’aura coûté tout ce qu’il me reste en mana, mais à voir son comportement, il va avoir beaucoup de mal à m’atteindre à présent. Je bois d’une traite une petite potion de mana, avant d’enchaîner avec un autre sort. Appelant les esprits autour de moi, je cherche à retrouver mes réserves magiques. Il me faudra attendre le deuxième essai pour y parvenir, retrouvant ainsi la moitié de mes ressources. En attendant, mon adversaire tente de m’atteindre, mais affligé par ma confusion mentale, ses aptitudes physiques sont grandement handicapés. Je vois cependant que la colère commence à prendre le dessus sur lui. Il avait déjà de mauvaises intentions me concernant, le rendre fou de rage ne fera que l’inciter à prendre des risques qui me seront favorables si je m’en sers convenablement.
Evitant une attaque frontale, je profite que sa garde soit ouverte pour lui lacérer la jambe. Si ma lame est dangereuse avec ma magie, elle l’est visiblement moins pour trancher les membres. Ca et le peu d’expérience que j’ai avec ce type de maniement. Ma lame vient caresser sa cuisse, engendrant un filet de sang. Touché par un mage qui sait à peine manier une lame, il est également touché dans son orgueil de guerrier. Il parvient à m’atteindre au flanc par un assaut rapide. De mon côté, je préfère utiliser le même sort que le précédent et faire perdurer mon avantage.
Sa colère s’intensifie en comprenant qu’il n’est pas prêt de se défaire de mon horrible sort mental. Il se précipite sur moi alors que je fais de nouveau appel aux esprits présents. Entre ses sens altérés et la perturbation que mon sort génère, je n’ai même pas besoin de bouger pour éviter le coup et mes réserves magiques sont quasiment remplies à présent.
Le moment est idéal pour user de mes nouvelles capacités. Je me focalise sur un élément en moi et comme je l’ai fait avec ma boule de feu dans l’atelier magique, j’extrais la nature élémentaire en gardant cette sensation d’une douce herbe rafraîchissante. Car ce n’est pas mes fluides aquatiques, mais bien terrestres qui vont se manifester. J’use de toutes mes réserves magiques actuelles et désirant également accroître mon sort, j’y ajoute une touche de lumière. Je sens que mes fluides de terre se transforment et deviennent autre chose, la magie pure. Cependant, mon sort n’est pas parfait. Certes, il atteint l’elfe à la cuisse assez lourdement, réduisant sa capacité à se mouvoir de manière conséquente, mais mon sort retrouve rapidement son côté élémentaire. J’en comprends rapidement la raison lorsque je vois un phénomène lumineux qui fait ressurgir les fluides terrestres.
(J’ai extrait la nature élémentaire de mes fluides de terre, mais il n’en a rien été de la lumière que j’ai ajoutée. Ainsi, mon sort a repris sa nature élémentaire.)
C’est peut-être une bonne chose finalement, car la puissance de mon sort associé à la magie de mon arme lui ont fait particulièrement mal. S’il possède des protections contre la magie terrestre, j’aurai pu lui arracher la jambe.
Mon adversaire à terre, je n’attends pas pour agir. Il n’a fait preuve d’aucune pitié me concernant. Maintenant que j’en sais plus sur l’usage de la magie pure et que ma cible est particulièrement démunie, je manipule mes fluides pour en terminer avec de combat.
Je préfère éviter d’utiliser trop de fluides différents pour cette fois. Usant de mes fluides d’eau et de feu, j’extrais leur nature élémentaire en me focalisant sur la sensation du clapotis de l’eau et de la chaleur d’une journée d’été de mes fluides. Bien que cela me prenne du temps, la transformation s’opère me permettant ainsi d’enchaîner. Je rassemble ensuite mes fluides, guidés par ma magie d’eau devenue pure. De nouveau, un liquide se forme dans ma main, mais il a une teinte différente que précédemment due à l’effet de magie pure. Puis je transforme sa composition pour en faire un poison affaiblissant. Mes fluides courent en moi et se transforment un en un torrent puissant. Lorsque je suis en phase avec les mouvements, je projette mes fluides pour qu’ils atteignent leur cible. Continuant ma concentration, je les force à pénétrer à l’intérieur de mon adversaire et cette fois-ci, ça marche. Je parviens à faire pénétrer mon poison à l’intérieur même de l’elfe bleu qui s’en voit affaibli.
Mon sort fonctionne, mais je ne me laisse pas distraire pour autant et use de nouveau de ma magie pour recouvrir en partie mes forces magiques. Il sait que mon sort à fonctionné, que le combat est terminé et diminué par celui-ci, il n’a plus de raison de s’opposer à moi. J’en profite pour m’éloigner et retrouver l’elfe blanc.
"Ma foi, cela a été un combat particulièrement intense. J’ai pensé à interrompre le duel, tant j’étais convaincu que vous alliez vous tuer !" Déclare Aëgis en arrivant à mes côtés.
Les camarades de mon adversaire se précipitent jusqu’à lui et se murmurent les uns les autres. Je les observe tous et si je décèle de la stupéfaction sur leur visage, une profonde haine s’installe sur celui de Mituläne.
"J’ai vraiment eu peur pour toi, mais tout s’est bien déroulé au final. Je pensais que tu aurais cependant plus de facilité à maîtriser le sort ceci dit. Tu as rapidement compris et de toi-même comment il agissait. Pourquoi cela a été si long selon toi ?" Me demande l’elfe blanc.
(Parce qu’il utilisait des protections élémentaires qui ont rendu impossible le sort, sans recours à la magie pure.)
Seulement, je garde cela pour moi. D’autant plus que ce ne sont que des soupçons sans preuves concrètes. J’use de ma magie pour soigner mes blessures les plus graves et ne cesse de soutenir le regard du guerrier, sa fureur prenant le dessus sur lui. Faiblement, il repousse ses camarades et se rue sur moi. De dos, Aëgis n’a pas le temps de réagir. Je monopolise mes fluides de feu et d’eau et comme précédemment, je retire la nature élémentaire de mes sorts. Cette fois, ce n’est pas un poison affaiblissant qui s’échappe de ma main, mais un puissant jet de feu. Des flammes adoptant une couleur presque blanche au lieu de leur coloration rougeoyante habituelle, atteignent mon adversaire avant que celui-ci n’ait eu le temps de réduire la distance entre nous. Son bras armé est sévèrement touché, sans que je n’aie eu à utiliser l’effet de ma lame pour accroître la puissance de mon sort. L’earion s’effondre en hurlant, tenant son bras meurtri.
"Mais que se passe-t-il ?" S’étonne Aëgis en voyant l’éarion si près de nous avec une importante brûlure au bras.
"Dis-moi, le sort d’eau que tu appelles force manquée, il reste utilisable face à une résistance contre les sorts d’eau ?" Lui dis-je en surveillant toujours le malheureux au sol.
"Non effectivement, mais il n’en a pas et le cas échéant, il m’aurait prévenu !" Réplique l’elfe blanc.
Je m’avance jusqu’à ma victime et laisse ma lame bien visible pour le menacer.
"Alors ? Tu possèdes des résistances contre l’eau ou pas ?" Dis-je d’une voix forte et claire.
"C’est…j’ai effectivement demandé une protection imperméable récemment. Mais force est de constater que j’ai dépensé mes yus pour rien, vu que ton sort a bel et bien agi." Déclare l’elfe bleu la tête basse.
"Non ça…ça n’a pas de sens." S’étonne l’hinïon.
"Notre artisan magique est doué et en aucun cas il ne t’aurait dupé de la sorte. C’est quelqu’un d’une grande fiabilité, tant pas son travail que par son dévouement pour nos soldats. Il y a certainement une explication."
Cette explication, moi je la connais.
"Ne doutez pas de votre artisan magique, la résistance a bel et bien fonctionné. Au début, je n’ai pas été en mesure de contrôler le poison pour qu’il pénètre les pores. Il m’a fallu au préalable ôter la nature élémentaire de ma magie pour y parvenir." Dis-je avec une forme de dégoût en portant mon regard sur l’elfe bleu.
"Oter la…attend une seconde. Cela explique tout mais…tu es…un occultiste ?" S’étonne Aëgis.
"J’ai passé beaucoup de temps à déchiffrer les nombreuses explications de l’atelier magique, mais oui, je suis à présent en mesure de retirer la nature élémentaire des fluides pour utiliser la magie pure. Si telle est ta question." Fais-je tout simplement.
Les elfes, tous sans exceptions, Aëgis comme Mituläne et ses camarades me portent des regards sidérés après mon explication pourtant claire et simple.
"Quoi ? Il y a un problème ?"