Les Habitations

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Gamemaster2
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Re: Les Habitations

Message par Gamemaster2 » lun. 18 mai 2020 21:26

Intervention pour Adam et Eden

><

D'un soufflement de nez amusé, Gadrius écoute les jérémiades d'Eden avant de constater la discorde qui règne entre les deux mercenaires. Sans laisser paraître la moindre gêne, le Belmont se penche pour ramasser l'acte d'héritage, fermant nerveusement son poing tendu lorsque le gamin pose le pied dessus. Des yeux noirs pénètrent dans le regard d'Eden qui annonce la dette à sa famille et Gadrius attend à peine qu'il ai retiré son pied pour le pousser sans violence et récupérer le précieux papier. Là, il fait un pas en arrière et déplie le parchemin pour le parcourir, répondant tardivement à un Adam inquiet pour l'avenir du Royaume d'Exech.

"Oh, vous savez, la désastreuse gestion d'Exech ne pourra jamais préparer les habitants à une horde de bouffeurs de chairs sur ses terres. Nul doute que les voyageurs et marchands itinérants ne feront pas de vieux os, encore moins qu'avant en tout cas. Se promener dans les plaines de Vert-Flétri sera une idée encore plus inconsciente qu'auparavant et la cité privilégiera le ravitaillement par bateau. La ligne de cynore aura peut-être même des difficultés à exercer, mais tout cela forcera le soi-disant roi à agir, certainement sous les ordres des différents clans qui gèrent la ville dans l'ombre."

Sur ces mots, Gadrius range son paplard dans un tiroir duquel il sort deux bourses en cuir généreusement gonflées. Il les jette aux deux mercenaires afin de les laisser constater eux-mêmes du poids de l'argent, celui qu'ils méritent amplement.

"Votre paie, messieurs. Amplement méritée si vous voulez mon avis."

Il poursuit en attrapant une note sur laquelle il appuie le sceau de sa famille à la cire avant de le tendre à Adam.

"Prenez ceci et montrez le à un guichet de la compagnie Air-Gris. Vous pourrez bénéficier d'un voyage d'exception avec tous services compris, à mes frais. Quand à toi, gamin, je te laisse allez voir Frida qui écoute certainement aux portes. N'EST-CE PAS, MA CHÈRE ?"

Un bruit de sursaut derrière la porte accompagnée d'un couinement de surprise et la servante ouvre doucement la porte, gênée. Rouge, elle se présente les mains dans le dos, prête à servir un maître qu'elle ne semble pas apprécier.

"Frida t'accompagnera jusqu'aux écuries pour y rencontrer le palefrenier. Libre à toi de la martyriser et de défouler ta frustration sur elle, cela m'importe peu."

Un nouveau sourire, narquois. Gadrius savoure sa victoire sur son frère.

"Si vous n'avez pas d'autres questions, je vous laisse prendre le repos que vous méritez. J'ai à faire de mon côté. Merci encore pour votre travail et... Adieu."


-----------------------------------

Récompenses :
  • 1 (Voyage et entretien final avec Gadrius Belmont) + 1 (Fin de l'évenement) = 2 XP
  • 3 500 Yus en pièces d'argent (DAAAAAAAMN)
  • Un cheval pour Eden (On peut continuer en dirigé avec Frida et le palefrenier ou je peux te laisser faire ça en semi pour valider le tout à la fin. C'est toi qui voit, mon bichou d'amour [:coeurs:] )
  • Un passe à usage unique pour un voyage en cynore/aynore en première classe, où tu le souhaites.

Messieurs, je voudrais vous remercier pour la confiance que vous avez placé en moi et votre fidélité tout au long de cet évent. il s'agissait de mon tout premier dirigé de cette ampleur à gérer et sachez que j'en tire énormément d'enseignements. Il y a eu plusieurs erreurs que je ne referais plus, un rythme long et difficile à suivre et je partagerais toutes ces informations avec l'équipe pour que nous puissions améliorer l'expérience des évents sur Yuimen et vous satisfaire davantage pour les prochains. Merci aussi à Selen et Fromritt pour leur participation et restez aware des conséquences de l'événement, tout cela va déboucher incessamment sous peu !

De gros bisous tout baveux et profitez bien de la reprise en libre !
"Bwaf Assistance, que puis-je faire pour vous ?"

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L'appel au standard "Bwaf Assistance" est taxé à hauteur de 90 Yus suivi d'une tarification de 25 Yus par minute. La discussion est susceptible d'être enregistrée s'il y a un os.

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Adam Von Demorlys
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Re: Les Habitations

Message par Adam Von Demorlys » sam. 23 mai 2020 11:34

Les réponses à sa question ne tardèrent pas. Le Belmont l'éclaira rapidement concernant la futur possible et plus que probable de la région d'Exech, -non sans qu'au passage Eden fit encore des siennes, ce qui lui valut un regard agacé de la part d'Adam-. Le jeune bourgeois avait déjà pu observer la misère qui étouffait la misérable cité. Une situation dont certains clans avaient tout de même su en retirer des bénéfices tout en se livrant une lutte dans l'ombre. De toute façon il y avait de fortes chances pour qu'il y retourne ces prochaines semaines...

Le Demorlys attrapa ensuite la volumineuse bourse que lui tendait Gadrius. Et ben... Certes il avait eu la chance de voir le jour au sein d'une famille assez aisée, mais quand même, il n'était pas habitué à toucher d'un coup une telle somme. Son père ne lui avait de toute façon jamais permis de piocher allègrement dans les fonds familiales. A ses yeux cela n'aurait qu'incité son fils à la facilité, la paresse et donc la faiblesse, et cela l'aida en parallèle à développer son sens des affaires. Chose sur lesquelles Adam était en accord et dont il le remercia. Le jeune bourgeois rangea donc sa bourse dans son sac ainsi que le passe que lui tendit le Belmont. Un voyage en anyore tout frais payé et en première classe ? Voici un acte de générosité qui pouvait presque faire culpabiliser le Demorlys sur sa tentative de pseudo chantage. Oui, presque. Une telle récompense ne pouvait quand même qu'apaiser le mage sur la rancoeur qu'il pouvait entretenir envers le noble. Les voilà désormais quittes, il était maintenant temps pour lui de lever les voiles.

« Merci pour cette rémunération Sir Belmont. Je vois que vous avez l'air d'avoir bien plus la tête sur les épaules que votre frère, et vous souhaite une bonne continuation pour la suite. Nous vivons la même cité, nous aurons sans doute l'occasion de nous recroiser. »

Le mage tourna ensuite ses yeux pâles vers le seul compagnon d'expédition à avoir achevé l'aventure avec lui, et tout deux savaient que cela ne s'était joué qu'à un cheveu. Qu'en serait-il d'Eden ? L'ado était plein de ressources et savait se sortir de situations ô combien compliquées, il avait après tout bien pu le constater lors de leur expédition. Cependant son tempérament d'éternel insatisfait et de roublard avait aussi de fortes chances d'engluer ce dernier dans des situations qui lui seront particulièrement périlleuses. Jusqu'à quand l'Omyrien parviendrait-il à toujours retomber sur ses pattes, comme il a l'air de le faire depuis son enfance ? Adam était vraiment curieux de le savoir, car la chance finit toujours par tourner.
Il lui adressa alors un signe de tête :

« Puissent l'avenir et les profits t'être de bonne augure Eden. Faire ta rencontre était intéressant. »

Car il fallait l'avouer, même si le blanc-bec avait un côté particulièrement horripilant, la débrouillardise de ce dernier incitait à la considération. Encore une fois Adam se surprit à essayer d'imaginer ce qu'aurait pu donner l'adolescent si ce dernier avait évolué dans ce milieu certes aisé, mais aussi tordu et insidieux que le sien. En plus c'était ce dernier qui l'avait amené à Gadrius.

« Je te souhaite bonne chance pour la suite. Qui sait, nos chemins seront peut-être aussi amené à se recroiser. »

Après un dernier hochement de tête en guise de salutation, Adam tourna les talons et ouvrit la porte qu'ils avaient emprunté pour arriver. En partant sa voix résonna tout de même une dernière fois dans le couloir.

« Et n'essaie pas de me suivre en douce pour voler ma part. Se serait dommage de mourir sans avoir eu l'occasion de dépenser ne serait-ce qu'une seule pièce de ta récompense. »

Jusqu'à quel point ce dernier plaisantait-il ? Allez savoir. Le Demorlys quittait déjà la bâtisse et prenait maintenant le chemin qui le mènerait à son domicile, sa famille, sa sœur jumelle et son quotidien. Un quotidien qui cependant ne sera plus jamais le même après cette marquante et enrichissante expédition.



((( Une nouvelle fois merci aux joueurs ayant participés à cette anim et surtout à toi Kenra pour avoir mené tout ça avec brio ! C'était ma première expérience de ce genre sur Yuimen, et c'était vraiment top ! Encore merci à tous [:fetard:] . )))

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TGM
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Re: Les Habitations

Message par TGM » mar. 2 juin 2020 17:45

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Bien qu'agacé par le fait que je piétine l'acte d'héritage, Gadrius nous envoie les bourses pleines d'argent. Je réalise alors en l'ouvrant avec un air dédaigneux pour compter les pièces, que j'ai confondu la valeur des pièces d'argent avec celles de bronze et que je tiens entre mes mains trois mille cinq cents yus. Honteux, je sens le sang me monter aux joues malgré moi en réalisant mon erreur. Trop tard pour m'excuser cependant, je ne vais pas perdre la face maintenant alors que je peux encore sortir d'ici la tête haute. D'ailleurs, Belmont me présente mon ticket de sortie: Fryda. Prise sur le fait d'écouter à la porte, cette dernière entre honteusement dans la pièce après avoir été apostrophée. Je me vois alors invité à la suivre jusqu'au palefrenier et à vider ma frustration sur elle, exprimant ainsi tout le mépris du maître pour la domestique qui ne semble pas l'apprécier d'avantage.

Avant de la suivre, je me tourne vers Adam qui, avant de partir de son côté, me souhaite bonne chance et, sa voix résonnant dans le couloir tandis qu'il s'éloigne, me déconseille d'essayer de le voler en arguant qu'il serait triste de mourir avant d'avoir dépensé ma récompense. C'est en sortant du bureau de Gadrius, suivi de près par Fryda que je lui lance en réponse :

"J'ai déjà volé plus dangereux que toi, alors ne quitte pas ta bourse des yeux ! Les rues ne sont pas sures quand on se promène avec autant d'argent!"

Je me retourne alors vers Fryda, attendant qu'elle me mène aux écuries. Une fois suffisamment éloignés du bureau, je lui indique avec nonchalance :

"Ça se voit que tu ne l'aimes pas ce Belmont là. Rassure-toi donc, Mathias est très probablement vivant. Bon, vu ce qu'il nous a fait au manoir, j'irai pas le chercher pour te ramener autre chose que sa tête... Mais si tu veux vraiment te débarrasser de Gadrius et que tu peux piocher dans le coffre de la famille... Disons qu'il me faudra trouver un autre travail une fois ma récompense dilapidée."

Ce n'est pas que je tienne tant que cela à me débarrasser de lui, mais la famille Belmont me semble encore bien riche et l'idée de m'emparer de cette maison et de ses richesses, une fois tous les Belmonts disparus, est plutôt alléchante à mon goût.

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TGM
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Re: Les Habitations

Message par TGM » jeu. 7 janv. 2021 16:14

-----E-----


Le visage outré de Fryda lorsque je lui propose de la débarrasser d'un maître tyrannique me surprend au plus haut point. Qu'on donc les domestiques à vouloir rester fidèles à ceux qui les méprisent. Ne voyant rien d'intéressant en la pauvre fille, je change aussitôt de sujet et la presse de me conduire aux écuries.

"Très bien, très bien. Je n'ai rien dit. Où sont les écuries ? Où est mon cheval ?"

La mégère qui ne me fait aucunement confiance m'indique le chemin, mais me laisse passer devant afin de s'assurer que je ne dérobe rien en chemin. Quelle saleté celle-là ! Protéger ainsi les biens de quelqu'un qui ne vous veut que du mal, ça m'exaspère. Je suis donc ses indications d'un pas énergique à travers la maison et arrive dans les écuries en ouvrant la porte d'un coup de pied triomphant.

"Où est mon cheval ? Palefrenier ! Messire Belmont m'a promis le cheval de mon choix alors où est-il ?"

De part et d'autre du long couloir, sortant de leurs box respectifs, des canassons sortent leur tête pour inspecter d'où vient le boucan que je produis. Sortant de l'un des boxes, avec de la paille dans ses cheveux ébouriffés et une odeur de crottin sur les bottes, un petit bonhomme moustachu vient à ma rencontre. Voyant son air suspicieux, je lui annonce :

"Pour avoir rendu service à Belmont, il m'offre le cheval de mon choix. Ce dernier est d'ailleurs très simple, je veux son meilleur cheval et rien de moins ! Fryda est ici pour confirmer ce que j'annonce."

En me retournant vers la servante, je la vois hocher de la tête à contre-cœur. Le palefrenier se frotte la moustache un moment, circonspect, puis me demande poliment.

"Si Fryda le confirme alors qu'il en soit ainsi. Savez-vous monter à cheval, messire ?"

"Je n'ai essayé qu'une seule fois, encerclé par des morts-vivants. J'espère que ce n'est pas toujours aussi remuant."

Après un éclat de rire, il me présente une jument, "Blanchette", qui est la meilleure que je puisse avoir selon lui. La bête couleur neige m'est présentée comme à la fois calme, pour que je n'ai pas de difficultés à la monter, suffisamment brave pour ne pas immédiatement paniquer si je dois rencontrer d'autres morts-vivants et rapide, ce qui est toujours appréciable. Alors qu'il me demande si je possède une selle pour qu'il l'attache à ma nouvelle monture, Fryda prend la parole.

"Ce n'est qu'un gamin des rues ! Monsieur Belmont lui offre un cheval, mais n'a jamais rien mentionné d'aut-"

"Fryda !"

Surpris par mon cri, tous les chevaux sursautent et rentrent leur tête dans leurs boxes respectifs, à l'exception de Blanchette qui ne bronche presque pas. Après une profonde inspiration, je reprends d'un ton courroucé.

"Gadrius Belmont, pour lui avoir sauvé la vie, m'a généreusement récompensé de trois mille cinq cents yus et de la monture de mon choix. Sa générosité s'arrêterait elle à une selle ? Ça serait très décevant. Palefrenier ! Le meilleur cheval des Belmonts mérite la meilleure des selles."

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Re: Les Habitations

Message par Gamemaster6 » jeu. 7 janv. 2021 22:03

Intervention pour Eden
Aux mots du jeune humain, le palefrenier hésite, jetant un œil à une Fryda semblant bouillir intérieurement, mais qui n'ajoute rien de plus. Il finit par incliner la tête et rentre dans les écuries. Dix bonnes minutes s'écoulent avant qu'il ne revienne, chargé d'une selle de cuir si lustrée qu'elle en brille presque, ainsi qu'un harnais, des rênes et tout l'équipement adéquat pour un cavalier digne de ce nom. Approchant Blanchette, il installe avec précision et douceur tout le matériel avant de flatter son encolure, créant un hochement de tête de l'animal, comme s'il comprenait ce qu'il se passait.

- Voilà, messire. Je me suis permis d'ajouter dans votre sac de selle de quoi entretenir cette dernière ainsi que cette magnifique monture. Il n'était cependant point prévu que cette pièce de qualité nous quitte, aussi je vous demanderai 500 yus en échange. Une bien maigre compensation compte tenu de ce que vous recevez, soyez-en assuré.

Cela dit, il incline la tête, visiblement pressé d'en finir avec le regard perçant que Fryda n'a pas cessé de lui jeter depuis qu'il a obéit à la demande d'Eden.
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Re: Les Habitations

Message par TGM » ven. 8 janv. 2021 14:57

-----E-----


Le palefrenier hésite un instant puis s'éloigne après un regard vers Fryda. Je profite alors de son absence pour glisser à la servante furieuse :

"Assure-toi bien que ton nouveau maître n'ait plus besoin de mercenaires, car si je reviens ici, tu le regretteras."

La femme ne dit rien, mais ses jointures blanchies et ses lèvres pincées en disent tout aussi long que son regard noir. Finalement, le palefrenier revient pour installer une selle rutilante sur Blanchette. Tandis qu'il l'installe, il précise avoir pris soin de glisser dans la sacoche tout le nécessaire à l'entretien de la selle et de la jument. Cependant, juste avant que je ne monte Blanchette, le moustachu me demande cinq cents yus, prétextant qu'il n'a jamais été prévu que cet équipement quitte la maison Belmont. Je lui réplique aussitôt d'un ton amer :

"Je n'avais pas non plus prévu devoir payer pour recevoir une récompense pour laquelle j'ai déjà risqué ma peau."

Visiblement mal à l'aise, mais coincé entre moi et Fryda qui tremble littéralement de rage, le palefrenier insiste en m'assurant que le matériel fourni vaut bien plus que cette somme. Suspicieux, mais n'y connaissant rien, j'inspecte la selle à la recherche d'un défaut manifeste me permettant de négocier d'avantage. Je dois cependant me rendre à l'évidence que le matériel fourni semble être de la meilleure qualité. Même en grimpant dessus et en faisant faire quelques pas à ma monture, je suis contraint de reconnaître que la selle est aussi confortable qu'elle est belle. Je tends finalement cinq pièces d'argent au palefrenier.

"La selle fera l'affaire. Où est la sortie à présent ? J'ai à faire en ville."

Après avoir pris l'argent en s'inclinant, le palefrenier mène Blanchette avec moi sur son dos jusqu'à la rue alors que je tends mon majeur à la fulminante Fryda sans même lui accorder un regard.

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Kitaï
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Re: Les Habitations

Message par Kitaï » jeu. 28 janv. 2021 01:02

Première Mission : Le tour du proprio

I. L'appel d'Aendel

Ou comme quoi, les convocations du patron, ça peut avoir du bon.

« Trop lente ! Tu dois être bien plus rapide que ça !

- J’t’en foutrais moi, des trop lente ! »

Dans un grognement de douleur, je me relevai pour jeter un regard mauvais à Odar. Grand, musclé et plutôt beau garçon, il se montrait intraitable une arme d’entraînement à la main. Rencontré dans une des innombrables tavernes de Tulorim, ce dernier avait des attentions plus que lubriques à mon égard. Un non poli et ferme l’avait calmé le soir même, aussi étions-nous simplement restés de simples amis. Bon, il était clair à sa façon de loucher sur mon décolleté qu’il espérait toujours quelque chose, aussi me fis-je un devoir de le rappeler à l’ordre.

« Odar. Tes yeux.

- Eurhm. Désolé. »

C’était dingue de voir comment cet ex-milicien pouvait changer du tout au tout lorsqu’il enfilait son rôle de guerrier. Sympathique, souriant, et détendu en temps normal, froid et méthodique une fois dans un combat. Il me ressemblait un peu, tout compte fait. Il me demanda si je voulais continuer, ce que je déclinai.

« Je me suis pris suffisamment de branlées cette après-midi.

- On pourra reprendre un autre jour, si tu veux. Je t’assure qu’une Dérobade, c’est une arme redoutable entre de bonnes mains.

- Oui oui, je sais. Mais pour l’instant, j’en ai pas besoin. Si je me fais pas attraper, pas besoin d’attaquer mon adversaire, hein ?

- Pas faux, mais mieux vaut toujours avoir une solution de secours. »

Mes yeux balayèrent le ciel gris d’automne avec un air exaspéré. Évidemment que c’était toujours utile d’avoir un deuxième plan, mais me faire tabasser pour apprendre une stupide roulade, je ne voyais pas vraiment l’intérêt.

Quittant la petite cour arrière de la maison d’Odar, je m’aspergeai le visage grâce à l’eau d’un seau, enlevant le sable qui l’avait recouvert à force de le rencontrer un peu trop souvent à mon goût. Deux yeux bleus fixèrent un visage aux courbes sauvages, une bouche mesquine et deux oreilles pointues recouvertes partiellement par mes cheveux blonds mi-long. J’eus un sourire en coin : si je tenais autant de ma mère que papa l’affirmait, je comprenais comment il avait pu tomber rapidement amoureux d’une « gêneuse ». Le visage d’Odar passa par-dessus mon épaule, et je le vis lever bien haut son long bâton. Fléchissant les genoux, je me laissai précipitamment tomber en arrière, légèrement sur son côté, pour me relever du même mouvement et me retrouver dans son dos. Ma main glissa dans mon dos, saisissant le manche du sabre droit qui ne me quittait presque jamais. La lame ne se dénuda qu’à moitié que le manche en bois du bâton touchait déjà ma joue, interrompant mon geste.

« Tu vois que c’est utile. Bon, ca reste encore trop lent, mais tu commences à comprendre la manœuvre.

- Va te faire voir, espèce de con. »

Le grand sourire qu’il afficha m’énerva encore plus, ce qui lui valut un coup-de-poing dans le ventre. Cette grande montagne de muscle se plia plus sous la surprise que sous la douleur, et je quittais la bâtisse d’un pas rageur. De nouveau à l’air libre, ma colère se dissipa rapidement. Ce genre de coup était fréquent chez lui, et il ne pensait jamais à mal. Mieux, il essayait de m’aider. D’une façon peu conventionnelle et galante, mais toujours bien attentionnée. Un coup d’œil dans mon dos m’informa qu’il me faisait un salut de la main, ce que je lui rendis sans le regarder, m’enfonçant dans les rues de Tulorim.


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Re: Les Habitations

Message par Selen » ven. 3 déc. 2021 19:23

Je ne mis guère de temps à traverser les ruelles de ma cité pour rejoindre les quartiers cossus de ma destination. Je connaissais mieux les ruelles de la basse-ville, bien entendu, peuplés de mendiants, de bandits, de crève-la-faim et d’autres types louches. Mais je m’étais déjà rendu chez ce brave Mathias, et je me rappelai sans peine du chemin.

Arrivé devant la porte, je frappai celle-ci sèchement, à l’aide du heurtoir. Pour confirmer ma présence, j’annonçai à travers le panneau de bois :

« Je suis Selen Adhenor, un des mercenaires engagé par Mathias Belmont. »

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Re: Les Habitations

Message par Gamemaster6 » ven. 3 déc. 2021 19:50

Intervention Pour Selen

Quelques instants après avoir frappé à la porte, celle-ci s'ouvre, et Frida, la servante aux long cheveux sombres, se tient dans l'entrebâillement. Elle adresse un discret salut de la tête à Selen et l'invite, sans un mot, à entrer. Elle semble abattue, déprimée, ne pose aucune question et se contente de mener l'aventurier devant une porte contre laquelle elle frappe avant de l'ouvrir. Elle s'efface pour le laisser entre dans une vaste pièce où se tient la mère de Mathias Belmont. Droite et austère, elle accueille Selen d'une regard à la fois surpris et suspicieux tandis que la servante nouvellement taciturne referme la porte.

- Je vous croyais mort, vous aussi. Pourquoi êtes-vous venus frapper à notre porte ?
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Re: Les Habitations

Message par Selen » ven. 3 déc. 2021 20:03

« Aussi ?! »

La servante qui nous avait reçus, Fromritt et moi, à notre première visite, vint ouvrir la porte et sembla étonnée en me voyant. Elle me mena à travers sa maisonnée, visiblement au bout de sa vie, et je fus bientôt mis face à la mère de Mathias Belmont. Austère, froide, elle sembla elle aussi surprise que sa femme de chambre de me voir. Et ses paroles indiquant elle me croyait mort me mirent le doute. Je la regardai de mes yeux perçants, intrigué, et répétai.

« Aussi ? Quelles nouvelles avez-vous donc eues du Manoir de votre famille ? Je venais ici pour vous prévenir de la débâcle des choses sur place. L’endroit est envahi par des hordes de créatures mortes-vivantes plus dangereuses les unes que les autres. Le premier à mourir, malgré mes soins, fut le garde du corps de votre fils. Il s’est avéré qu’en plus des monstres, des humains à la solde de Gadrius, le frère de Mathias, avaient pour ordre de tous nous réduire au silence, votre aîné compris. »

La nouvelle devait être dure à encaisser, mais je n’avais pas pour habitude de faire dans la dentelle. Je poursuivis, d’un ton grave.

« Le danger, suite à un combat nocturne contre ces sbires assassins, était désormais trop présent. J’ai supplié Mathias de quitter cet endroit de mort, puisque j'avais récupéré sa lettre d’héritage, mais il ne voulut pas me suivre. Je me suis extirpé de la bâtisse avec un autre mercenaire, ser Verlogot, pour sauver la vie de ce dernier, durement blessé. J’ai laissé entre les mains de Mathias son acte d’héritage, espérant que sa passion ardente pour les secrets dangereux de son père ne lui coûte la vie… »

Il garda le regard fixé sur la vieille bourgeoise, attentif à la moindre réaction.

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Re: Les Habitations

Message par Gamemaster6 » ven. 3 déc. 2021 20:18

Intervention pour Selen

Le récit offert par Selen ne semble pas réellement surprendre la matriarche qui, bien que pâle, reste droite et digne, ne montrant aucune réaction particulière, sauf peut-être la petite crispation de son poing fermé sur un morceau de dentelle lorsque Selen évoque son fils, Mathias.

- Mon Fils... Mathias, est mort. Deux de vos compagnons sont revenus et nous en ont informé.

Elle soupire doucement avant de fixer à nouveau Selen, un masque neutre redessiné sur le visage.

- Je vous remercie néanmoins d'être venu jusqu'ici pour apporter ces nouvelles malgré les circonstances. Je ne saurai trop vous conseiller de ne pas croiser la route de Gadrius. Toutefois...

Elle se lève et, après une courte hésitation, ouvre un tiroir duquel elle sort une boite d'un bois finement ouvragé. A l'intérieur se trouve un assortiment de pierres précieuses. Elle s'approche de Selen et lui tend la boîte.

- Pour votre peine. Je ne peux rien vous offrir de plus, votre visite n'était guère attendue. FRIDA !

La porte de la pièce s'ouvre et la servante s'incline en apparaissant dans l'ouverture.

- Raccompagne messire Selen, nous en avons terminé. Je suis lasse de cette histoire, que l'on ne me dérange plus.

La servante s'incline à nouveau et fait signe à Selen de sortir, prête à l'accompagner vers la sortie, la jeune femme ayant visiblement hâte de quitter la pièce.

***

((Les pierres valent 1750 yus et peuvent utilisés pour les transactions.))
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Re: Les Habitations

Message par Selen » mer. 15 déc. 2021 11:28

L’annonce terrible, et pourtant prévisible, ne tarda pas à venir : Mathias Belmont était mort. Et le sale garnement et le mage noir m’avaient devancé. S’ils en étaient sortis vivants, c’était qu’ils avaient trahi notre commanditaire et s’étaient ralliés à la cause de son frère félon, Gadrius, comme le confira bientôt la marâtre de cette étrange famille noble. Elle me conseilla vivement de déguerpir vite fait, sans croiser la route de ce Gadrius, désormais héritier légitime des Belmont.

(Peste soit de ces parjures !)

Elle s’arrêta tout de même un instant pour fouiller dans l’un des tiroirs de la pièce, et en sortit un petit coffret de bois. Elle l’ouvrit pour me montrer son contenu, des pierres précieuses, avant de me le tendre, comme compensation. Je ne m’attendais pas à recevoir la moindre récompense, mais visiblement cela lui tenait à cœur. Je la remerciai d’un signe de tête, qu’elle vit à peine, trop occupée à appeler la servante de la maisonnée afin de me raccompagner à l’extérieure. Elle s’avoua lasse de toute cette histoire. C’était compréhensible. Le visage fermé, la mine sombre, je lui fis mes adieux :

« Désolé pour ce qui s’est passé, Dame Belmont. Je vous laisse à votre deuil. »

Sans émettre le moindre commentaire supplémentaire, je suivis la servante jusqu’à l’extérieur. Ceci mit fin à toute cette étrange aventure… dont on entendrait encore parler, du côté d’Exech. Le manoir était sans aucun doute encore la proie des morts-vivants. Et ce que cachaient ses caves secrètes restait un danger énorme pour toute la région. Une bonne raison pour s’en tenir loin, désormais.

Ainsi allait la vie.

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Cecilia Von Holsen
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Re: Les Habitations

Message par Cecilia Von Holsen » mer. 6 juil. 2022 17:33

Douloureuse rencontre

Pour la deuxième fois en trois jours, me voilà en face de mon ancienne maison.
Et pour la deuxième fois, je n’ai pas la témérité d'aller voir ce qui s'y passe.
Voilà que je sombre dans la lâcheté la plus crasse… J’ai pourtant eu affaire, au cours de ces années, à des «monstres» autrement plus terribles que la perspective de voir mon frère.
Enfin quoi ? Au pire, on me claquera la porte au nez, au mieux... Je ne sais pas... d’heureuses retrouvailles familiales ?

Pour me donner du cœur au ventre – et retarder l’inévitable – je me perds à contempler la façade de la bâtisse et ses rangées de fines briques rouges et de pierre taillée montées en alternance que j'ai toujours trouvé magnifiques. Je m’attarde sur la toiture dont la couleur des tuiles se marie si bien avec les murs, quand soudainement, sans trop savoir pourquoi, j’ai l’impression de regarder une coquille vide.

Perplexe, je passe en revue les fenêtres une à une pour m’apercevoir qu’elles sont bel et bien clôturées. La mosaïque du sol de la petite poterne devant la porte d’entrée est recouverte par une bonne couche de poussière terreuse. Quant aux balcons, les plantes et les fleurs de jadis brillent par leur absence.
Où avais-je la tête pour ne pas m’être aperçu plus tôt que cette maison est déserte ? Et, si j'en juge par tous les signes qui me crèvent désormais les yeux, qu'elle l'est depuis un certain temps déjà.
Je suis troublée par cette constatation, ennuyée. Non pas que mon frère n'ait aucun droit de vivre autre part, mais je ressens cela comme une défection. Une désertion de nos souvenirs passés. Ce qui, venant de moi, est particulièrement risible.
Et tout d’un coup, je me dis que je n’ai plus rien à faire là. Je n’ai pas même l’envie d’aller cogner à la porte pour conforter ma certitude.

Je suis tellement perdue dans mes pensées lorsque je fais volte-face pour rebrousser chemin, que j’entre violemment en collision avec une personne arrivant derrière moi sans crier gare. Ou plus particulièrement avec son menton.
De surprise, je fais un bond en arrière en lâchant ce que d'aucuns appellent une grossièreté mais que personnellement, je qualifie de langage d'humeur.
Une main sur le front, l'autre sur les flèches à mon flanc, je suis prête à l’agonir d’injures pour soulager ma récente déconvenue. De son côté, celui-ci a réagi plus ou moins de la même manière, à la différence près qu'il porte la main à son menton, bien évidemment.

Nous nous dévisageons sans grande aménité pendant plusieurs secondes. Puis dans une simultanéité si parfaite qu’elle aurait fait la joie de tout observateur assistant à la saynète, nous ouvrons chacun de grands yeux ronds.
Non, non, non, non, non... Mon frère.
« Cecilia ? demande-t-il comme s’il s’adressait à mon fantôme.
Nier l'évidence ? Je suis tentée, mais je n’ai plus douze ans.
Johann. »
J’énonce un fait qui veut tout dire. Les dés sont jetés…

De stupeur ou de résignation, je laisse retomber mes bras le long du corps et je le regarde.
Je le vois pour la première fois dans la force de l’âge. Combien d’années ? Trente-sept ? Il n’a pas vraiment changé. Toujours aussi grand, brun, aussi bien fait, bien mis et aussi beau. Il est vrai que je ne suis jamais très objective lorsqu’il s’agit du grand frère, qu’enfant je vénérais.

Nous restons figés à un mètre l'un de l'autre et je peux parfaitement apercevoir ses yeux qui, tour à tour, s'écarquillent, brillent, sourient, se plissent pour finalement se durcir… ce qui aurait dû me mettre la puce à l’oreille.
Car c’est là que, sans sommation, je reçois la plus magistrale des claques de toute mon existence !

Je ne suis pas sûre d'avoir poussé le moindre cri, ni d’avoir particulièrement chancelé, mais ce qui est certain c'est qu’il n’aura fallu que le temps d’une aspiration pour que mon poing droit parte instinctivement et brutalement à la rencontre de son nez.
Drôle de sensation d’ailleurs que ce contact… un froissement, une étrange friction… j’espère que je n’ai rien cass… Oh ! Nom d’un Sturb… C’est rouge, ça coule…

Johann se recouvre la moitié du visage d’une main et farfouille dans ses effets, à la recherche de je ne sais quoi, de l’autre.
Mais tu es devenue complètement folle ! qu’il ose crier.
Moi ?! Mais enfin c’est toi qui m’as frappée ! Qu’est-ce qui t’a pris ?
N’ayant pas trouvé ce qu’il cherchait, je le vois rouler en boule le bout de sa manche et s’en tamponner le nez.
Ce qui m’a pris ? Tu es sérieuse ?
Pourquoi est-ce que j’ai la sensation que, malgré le fait que le sang commence à tarir – je n’ai quand même pas frapper si fort que ça – lui, est loin de se calmer ?
» Treize ans ! Voilà ce qui m’a pris ! Treize… fichues… années !
À la manière qu’il a de marteler ces trois derniers mots, je ne crois pas utile de lui parler de ma dernière visite, il y a dix ans…
» Et pas une seule nouvelle ! Rien ! En treize ans !

Sa voix est encore montée d’un cran. Je le vois inspirer profondément pour essayer de se calmer, contempler sa manche souillée puis vérifier l’état de son nez - qui ne saigne déjà plus - c’était bien la peine d’en faire toute une histoire.
Je pourrais en profiter pour dire quelque chose mais rien ne me vient. Durant ces quelques instants de silence, je prends conscience de la sensation cuisante sur ma joue. Je la touche. Elle est brûlante, en effet. Il y a mis tout son cœur, le bougre…

Il reprend plus posément.
» Et puis maintenant… tu es là,*il me désigne d’une main, effaré* comme par magie. Pire ! Comme si rien ne s’était passé ! C’est juste… *il secoue la tête comme s’il ne trouvait plus ses mots* Enfin, Ceci, nous t’avons même cru morte ! Tu sais ce que nous avons ressenti ? Et à moi, tu sais ce que ça m’a fait ?
Ma gorge se crispe sans que j’y puisse grand-chose. Il n’aurait pas dû dire cela. Maintenant je me sens dans mon plus grand tort, merdeuse au possible… Et je déteste ça, même s’il a raison.
Je sens que je vais dire une grosse ânerie simplement par crânerie.
Finalement, si. J’ai bien toujours douze ans.

Tu aurais préféré que je reste ici ? Que je me marie ? Que je finisse comme nos sœurs ? Ou mieux, en vieille fille pour que je m’occupe de toi et de ton ménage ?
Voilà, comme dit. Je ne me déçois jamais dans mes prédictions.

Il reste un instant sans voix, à m’étudier les yeux plissés.
Comme nos sœurs… mon ménage ? il répète lentement.
Puis il secoue la tête avec désolation et fait un pas vers moi. Je me prépare à recevoir un autre soufflet que je n’essaie même pas d’éviter. Au lieu de ça, il pose une main sur chacune de mes épaules et me regarde droit dans les yeux.
Je suis heureux que tu ailles bien. Vraiment ! Tu ne sais pas à quel point. Mais là... je n’ai pas envie, je n’ai pas la force de te voir. Tu es… bref, tu es toujours la même, tu ne présentes jamais tes excuses… à personne. Il va me falloir un peu temps pour assimiler ta… réapparition.»
Il m’attire à lui, m’embrasse le front et s’en retourne à grands pas, par le chemin d’où il était arrivé, en me laissant plantée là.

Et j’y reste figée un moment – là – baignant dans l’émotion de cette brève rencontre. Je réalise que je ne sais rien de lui, de sa vie, ni de celle mes sœurs. Je me rends compte que je ne lui ai rien demandé et qu’il est trop tard, car il a déjà totalement disparu.

Je ne me sens ni particulièrement vaillante, ni particulièrement fière de moi en me mettant doucement en marche vers l’auberge où je loge.

Morrigane
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Re: Les Habitations

Message par Morrigane » jeu. 20 oct. 2022 20:33

Grofal, celui que les deux Désembrumes avaient affrontés n’avait pas insisté, même si la frustration s’était écrite en grand sur son front. Ardur semblait avoir son respect, et quelques hommes, une demi-douzaine se tenaient non loin, prêts à agir. Morrigane devina qu’il y avait un lien de subordination évident entre ces derniers et son frère quand d’un geste il désigna Rodryk sur le sol, pour que ses subordonnés l’aident à le relever.

Ils sortirent de la taverne après avoir pansé le bras de Morrigane négligemment avec un tissu arrâché et un jet d’alcool fort. Ardur ne jeta pas un regard à la femme ou à peine, il ne fit pas entendre un mot de plus de sa bouche, même quand ils traversèrent les rues. L’ambiance était assurément étrange. Nul ne se regardait, nul ne se parlait. Ardur en tête de groupe avançait tandis que ses hommes suivaient. Deux d’entre eux avaient passés les bras de Rodryk sur leurs épaules et l’aidaient à avancer au rythme de ses râles douloureux, tandis que Morrigane se contentait de suivre à l’arrière, se tenant un avant-bras dont la douleur était encore vivace.. Rodryk essaya bien de prendre la parole pour balbutier des remerciements à son grand frère et sauveur une paire de fois, mais ce dernier répondit à chaque fois la même chose :

« Pas maintenant… »

Contrairement à ce qui se produit lorsque Morrigane et Rodryk arpentaient seuls les rues, on ne les regardait plus. Du moins, plus en face. Les rares personnes et groupes qu’ils croisèrent encore à cette heure louvoyaient dans les ruelles pour éviter une confrontation directe. Morrigane observa ce manège avec attention et en déduisit encore une fois qu’Ardur et son groupe étaient pris au sérieux. Après avoir traversé des ruelles sombres étroites et sales, ils arrivèrent dans des ruelles qui étaient un peu moins sombres étroites et sales et ils entrèrent dans une bâtisse à l’aspect extérieur miteux, gardé par deux hommes à l’entrée.

Lorsque Morrigane pénétra l’endroit à la suite des autres elle constata avec une discrète surprise que le lieux était en état bien plus convenable que ce que donnait l’impression extérieur. Ils étaient dans un grand séjour, avec quelques meubles aux alentours de bonne facture. A peine entrés, une domestique vînt les rejoindre et Ardur lui chuchota quelques mots avant de congédier ses hommes qui sortirent de la bâtisse.

« Installez-vous." ordonna t’il à l’attention de sa fratrie. Rodryk pris place sur un large et long fauteuil visiblement soulagé de pouvoir enfin arrêter de grimacer à chaque pas tandis que Morrigane se contenta de s’asseoir sur une chaise d’un beau bois sombre. Ardur lui, pris place sur un gros fauteuil une place aux larges accoudoirs et il déclara enfin d’une voix sèche :

« Bon, qu’est-ce qui vous amène ici ? »

C’est Rodryk qui répondit d’une voix souffrante et gaillarde à la voix.

« Bah alors frérot, on dirait que tu n’es pas content de nous voir ! »

« Je suis toujours heureux de te voir mon cher frère mais elle… » dit-il en pointant Morrigane de son gros index « Non. »
« Maman ne t’as pas appris que cela ne se faisait pas de pointer les gens du doigt. » répondit Morrigane du tac-o-tac.

« Ferme là toi ! Je t’interdis de parler de notre mère ! Et je t’ai pas sonné ! Je parle de toi mais pas à toi. »

Morrigane mima un instant le choc, posant une main sur son cœur et affichant une expression ahurie.

“Quelle violence !”

Ardur la regarda un long instant, les yeux plissés.

« T’es vraiment restée la même vipère.. »

« Et toi t’es toujours aussi con. »

Ardur se tourna vers un Rodryk l’air gêné et amusé à la fois.

« Sérieusement, pourquoi tu l’as ramené ? »

« On avait un service à te demander. »

« On cherche du travail » renchérit une Morrigane plus directe.

Ardur la regarda un instant silencieux avant de s’esclaffer bruyamment. Un éclat de rire si tonitruant que toute la bâtisse sembla en résonner.

« Ça y est ? Tu t’es lassée d’arnaquer les villageois avec deux trois remèdes aux herbes contre une poignée d’œufs et quelques légumes. »
Morrigane ne réagit pas, peu touchée par les sous-entendus de son frère ainé. Elle s’occupait vraiment des villageois avec le savoir herboriste que lui avait laissé sa mère, même s’il était vrai que pour certains crédules elle avait parfois exagéré leurs maux et leurs remèdes pour qu’ils leurs soient plus redevable. Elle n’en ressentait aucun remord, la débrouillardise était gage de survie, qu’importe ce que la moral préconisait.

Rodryk pouffa et au même moment la domestique fit son entrée déposant sur la table basse un plateau d’argent avec une grande carafe de vin en terre cuite et quelques morceaux de poissons séchés. Rodryk et Andur ne se firent pas prier et se servirent un grand verre d’alcool, mais Morrigane ne suivit pas le mouvement, désintéressée par le réconfort de la boisson.

« Alors, sérieusement, vous êtes là pourquoi ?

« Ce qu'on t'as dit est vrai. On a été contraint de partir. On a eu quelques ennuis au village. »

« Han ? Racontes-moi ça."

Alors Rodryk se mit à raconter toute l’histoire depuis le début. La découverte de jeune Von Boeth à l’article de la mort, l’attaque des bandits, le choix de Morrigane de donner Von Boeth aux bandit s plutôt que de défendre un étranger et enfin leur arrivé ici, à Tulorim. Désintéressée par l’écoute d’une histoire dont elle connaissait déjà les tenants et les aboutissants, Morrigane avait passé son temps à jouer avec la petite fiole de fluide qu’elle avait acquise, absorbée par l’aspect de cet objet qu’elle avait pour la première fois de sa vie entre les mains. Lorsque Roryk eut finit son histoire elle entendit à peine Ardur commenter.

« Ça m’arrache la gueule de le dire, mais la sœurette a eu raison. C’est un monstre sans cœur, mais elle est pragmatique. C’est ce qui te manque à toi, t’es trop émotif… »

Il réfléchit un instant.

« En revanche, je vous conseille de faire profil bas et j’espère pour vous que vous ne recroisererez jamais la route de ce Von Boeth. Cette famille est puissante, et on ne le devient pas à Tulorim en distribuant des caresses à tour de bras. Ici, si tu ne brises pas quelques os, t’es personne. » dit il gravement alors que Morrigane débouchait la fiole et s’apprêtait à ingurgiter son fluide. Ardur l’arrêta.

« Mais bon sang qu’est ce que tu fais ?! »

« Je consomme ce fluide, ça se voit pas ? »

« Je vois très bien, mais c’est loin d’être le moyen de le plus amusant de le faire. Bouge pas ! »

Ardur se leva et alla chercher dans le renfort d’une grande armoire ce qui ressemblait à une seringue. Il pris le fluide des mains de Morrigane et le mis à l’intérieur avec une délicatesse et une adresse qui laissait deviner que c’était loin d’être la première fois qu’il faisait cela. Une fois fait il jeta son regard sur Morrigane.

« Donne ton bras ! »

La magicienne de nature méfiante hésita quelques secondes, mais finit par se laisser faire. Même si ses relations avec Ardur étaient compliquées, elle savait qu’il avait un grand sens de la famille et qu’il n’allait pas lui faire de mal. Lorsque l’aiguille transperça sa peau pour laisser s’écouler le fluide dans ses veines, elle ressentit une grande sensation de chaleur, partant de son bras et aller se répandre dans son thorax, puis dans le reste de son corps. Doucement, sûrement et lorsque la sensation de chaleur lui arriva au niveau de la tête, elle se sentit basculer, vaporeuse, comme si elle avait consommé des litres de l’alcool. Devant ses yeux, apparaissait des images de flammes formant des symboles étranges, parfois sphériques, d’autres plus anguleux avant de prendre des formes plus carrément kaléidoscopiques.
Elle ne se vit pas sourire, elle ne se vit pas passer une main dans ses cheveux, comme pour essayer de contenir cette sensation de bonheur qui lui montait à la tête, cette expérience …spirituelle. Et alors qu’elle commença à sombrer, à perdre la mesure du temps, à s’engager vers les ténèbres d’un sommeil profond, elle entendit une dernière fois les voix de ses frères, lointaines.

« Si on m’avait dit un jour que tu serais attentionné envers elle… C’est le début de la réconciliation ? »

« Tu parles ! Attend de voir son état demain… » répondit Ardur en partant dans un éclat de rire tonitruant, comme il en avait le secret.
Mais Morrigane en avait cure. Déjà les ténèbres l’accueillaient.

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Relonor
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Re: Les Habitations

Message par Relonor » mar. 21 févr. 2023 15:35

Chapitre 3 - Sur le chemin de la nouvelle demeure.
IX.4 L'objectif d'une vie d'elfe.


Le Renard mène Relonor dans un quartier dépourvu de mendiant, de larron, de bâtiments laissés à l’abandon. Les vêtements sont somptueux, armes visibles sont plus des ornements incapables de couper du beurre et les femmes, aux rires joyeux, se promènent tenant le bras d’hommes élégants. Ici et là des hommes armés surveillent que les nobles citoyens se prélassent dans la quiétude. Le tout, cerné de grandes maisons somptueuses. Tel est le quartier riche de Tulorim et telle est la destination des deux hommes. Nombreux sont ceux qui saluent le renard. Plus nombreuses encore, sont les femmes, aux bras de leurs époux, à lui faire des signes discrets.

Shaakt et humain, arrivent ensemble dans une maison à plusieurs étages, dotés de grandes fenêtres et de larges balcons. L’ensemble est cerné par des arbustes assez hauts pour dépasser le mur délimitant la propriété. Un unique portail permet l’accès à une cour intérieure, dont le chemin est élégamment façonné par des pavés. Du portail, on distingue un chemin menant à un espace arrière qui laisse entrevoir un aspect plus privé, à l’abri des regards, si ce n’est les hautes fenêtres du voisinage. Sans être aussi bien décoré que les bâtiments alentours, la demeure donne une impression de richesse correcte.

"J’espère que vous pourrez nous pardonner !" Dit l’homme, avec une note de peur décelable dans la voix.

Lorsqu’ils passent le pas de la porte, l’intérieur est pourtant tout autre. Le plancher est vétuste, les murs sont touchés par des moisissures et le peu de mobilier existant semble avoir connu l’âge des dieux sur Yuimen. En réalité, les seuls vrais éléments neufs, sont les rideaux qui se voient depuis l’extérieur.

"Comme vous l’avez remarqué, l’intérieur n’est pas aussi somptueux que ne le laisse croire l’extérieur ! Nous avons réussi à l’acquérir pour une bouchée de pain grâce à cela, mais au prix de quasiment tout ce que nous avons réussi à obtenir depuis notre arrivée. Une façade qui m’aide à une bonne réputation dans le milieu mondain." Explique le Renard qui joint ses mains contre son torse, dans une posture défensive.

"Ce n’est rien, c’est déjà très bien !" Réplique l’elfe noir.

"…pardon ?" S’interloque son homme de main qui craignait visiblement le courroux du shaakt.

"Tu parlais du milieu mondain, comment se déroule votre présence ici ?" Demande Relonor.

"Bien, très bien même !" Se réjouit l’homme de passer à un autre sujet. "Peut-être pas autant que nous l’aurions espéré, mais nous avons progressé chacun dans des domaines différents ! Je leur ai ordonné de venir sur-le-champ !"

Il invite l’elfe noir à prendre place dans l’unique fauteuil du salon, tandis qu’il présente la situation debout, faute de mobilier supplémentaire.

"En ce qui me concerne, j’ai établi de nombreux contacts auprès des riches familles de la ville. Comme vous l’avez vu dans la taverne, je suis connu et reconnu, m’octroyant une influence non-négligeable. J’ai pu jouer de mes charmes, obtenir des faveurs et réussir quelques petits tours qui ont fait assez parler d’eux pour que l’on pense que j’ai pouvoir et richesse ! En ce qui concerne les autres, Karkow est parvenue à effectuer quelques missions auprès de la milice locale, mais son côté…animal, l’a fortement ralenti. Celui qui a le plus réussi est p’tit George. Grâce à ses talents, il a intégré avec succès un petit groupe de malfrats. Entre mes connaissances sur les emplois du temps de personnes riches et la capacité de Karkow d’éliminer ses rivaux, p’tit George a rapidement monté les échelons !"

"P’tit George ? Voilà qui est curieux !" S‘amuse l’elfe noir, avant que la porte d’entrée ne s’ouvre.

Des pas lourds se font entendre sur le palier de ma demeure, signe d’une importante masse en mouvement. Le lykor noir fait son apparition et à la vue du shaakt, il va se précipiter pour poser genou au sol, aux pieds de son maître.

"Le chien-chien est toujours aussi fidèle à son maître !" Se moque le Renard, provoquant un grognement malveillant de l’intéressé.

"Karkow, lève-toi je te prie. Ne te rabaisse pas ainsi, même devant moi." S’exprime l’elfe noir, posant une main presque affectueuse sur la tête baissée de la bête.

"Fichu Renard ! J’ai des emmerdes jusqu’au coup, en plus de mon travail habituel et toi, tu oses me faire quitter mes responsabilités sans m’en donner la raison !"Hurle-t-il en s’approchant. Le Renard et Karkow cachent l’elfe noir à la vue du sinaris. "Si jamais tu m’as fait venir pour rien, je vais te… !" Il s’arrête brusquement de marcher, de parler et blêmit à vue d’œil, lorsqu’il remarque la présence de Relonor. Puis il reprend parle en bafouillant. "Heu…je…je…ne pa…pa…parlais pas de vou…vous…"

"Approche, p’tit George !" Le coupe finalement l’elfe noir.

Celui-ci s’exécute, mais avec une lenteur et une prudence extrême. le shaakt lui pose la main sur l’épaule, faisant frémir de peur le semi-homme.

"Le Renard m’a détaillé ce que tu as fait ici !"

"Ha ? Il a…il a dit ça ? C’est heu…il a…il a dit quoi ?"Bégaie-t-il.

"Je suis particulièrement fier de toi p’tit George !"

"Hein ?" S’étonne l’intéressé.

"Plaît-il ?" S’offusque le Renard.

"Grrr ?" Grogne Karkow.

Habitués à des réactions violentes de la part du shaakt, les trois individus ne comprennent pas son état actuel. Lui qui avait frappé à mort une innocente femme, sous le regard d’un important public, le voilà neutre face à ce qui pourrait être considéré au mieux, comme une maigre réussite.

"Pardonnez-moi, mais…vous portez-vous bien ? Vous êtes différents d’avant notre séparation !" S’inquiète le Renard.

Assis sur le fauteuil, l’elfe noir prend une grande inspiration, se remémorant la conversation avec un être majeur présent sur le Nyr'tel Ermansi.

"J’ai discuté avec quelqu’un qui m’a ouvert les yeux. Je vois désormais les choses plus…clairement !" Dit-il.

"Voilà qui m’intrigue grandement !" S’exclame le Renard avant de poursuivre, son intérêt titillé. "Autant, je suis curieux savoir qui vous avez vu, mais ce qui attire réellement mon attention c’est cette…vision plus claire dont vous avez fait mention !"

Une certaine fébrilité est présente dans sa voix. Si le Renard a rejoint le shaakt, c’est uniquement par vengeance. Grâce à lui, il a porté un premier coup à un noble à Kendra Kâr et depuis, il espère le mettre à mal jusqu’à son dernier souffle.

(Pense-t-il que je ne souhaite plus user de violence pour parvenir à mes fins ?)

"Nous allons opérer un changement dans notre façon de faire. Il ne sera plus question de massacrer à tout-va. Nous allons nous établir ici, à Tulorim. L’argent est réputé pour y être roi et bien nous allons faire en sorte d’être des acteurs importants. Je garde en tête le même but qu’avant notre départ, mais nous agirons dans l’ombre et en prenant le temps nécessaire pour cela !" Explique Relonor avant de poursuivre. "Je vais également arrêter ces penchants violents, ils seront un frein à ma nouvelle ambition !"

"Prendre notre temps, des plans sur le long terme ? Voilà qui ne vous ressemble guère en effet. Et pouvons-nous savoir quelle est cette nouvelle ambition ?" Questionne le Renard.

Relonor le regarde un instant sans piper mot, puis fait de même avec P’tit George et Karkow. Enfin, il répond.

"La bataille de Kochii, ainsi qu'une intéressante conversation au Nyr'tel Ermansi, m'ont permis de voir les choses différemment, bien plus loin que tout ce que j'ai imaginé jusqu'alors !" Il se lève de son siège, se rendant à la fenêtre pour y admirer la vue en ôtant légèrement le rideau d'une main légère. "Mes ambitions sont grandes, à la mesure de ma longévité. Il sont le but de toute une vie d'elfe ! Mais aussi important est mon objectif, il est également très fragile. Raison pour laquelle vous n'en saurez rien. Il n'est pas question de confiance, mais je n'ai aucun intérêt à prendre le risque tout dévoiler. Peut-être n'en verrez-vous jamais l'aboutissement. Nous verrons. En attendant,..." Il se retourne vers ses hommes avant de poursuivre. "...prenez bien conscience que je mettrais toute mon âme dans ce projet, il sera l’aboutissement de toute mon existence ! Pour les traîtres, je les traquerais, je les trouverais et je promets une longue vie d'agonie, supplient de les arracher à cette vie qui ne sera que douleur. En revanche, pour ceux qui soutiendront ce grand projet, ils seront récompensés à la hauteur de leurs mérites !" Il s'arrête de nouveau, fixant intensément les trois hommes face à lui. "Avant d’entamer ce grand projet, nous allons devoir nous faire connaître auprès de ceux qui détiennent le pouvoir. Alors, raconte-moi comment se passent les choses à Tulorim et ce, à tous les niveaux !"

Devenu le centre d’attention, le Renard se racle la gorge et prend une pose théâtrale.

"Tulorim est connu pour son attrait du gain et pour cause, l’argent est non seulement le centre de tout, mais l’origine de sa provenance n’a que peu d’intérêt tant que les plus riches prospèrent, souvent au détriment des plus pauvres. La cité est dirigée par un conseil de sept marchands, élus à vie. Ils n’ont d’intérêt que s’enrichir eux, ainsi que la ville. Si vous désirez attirer l’attention, il faudra certainement les approcher tôt ou tard. Cependant, ils sont particulièrement puissants et influents, cela ne sera pas chose aisée." Il s’arrête un instant pour se tourner légèrement vers le Liyckor noir.

"Pour ce qui est de la milice, l’ouverture de la ville est totale, mais il faut bien admettre qu’il est toujours un peu compliqué pour les chiens…" Un grognement de Karkow le fait sursauter sur place. "Je disais donc qu’il est difficile pour certaines races cependant d’être bien perçues. Les missions sont diverses et variés, mais seuls sont qui ont de l’argent peuvent se permettre leurs services. L’intérêt va donc toujours aux plus riches !" Puis il fait de même avec p’tit George.

"En ce qui concerne la rue, pour faire simple, c’est le chaos. Il y a une multitude de groupes, de sous-groupes, des rivaux, des accords entre clans pour défaire un plus puissants. Le vol à la tire est fait presque partie de la culture de Tulorim, les assassinats sont également monnaie courante et les disparitions à peine surprenantes. En réalité, tant que vous avez de l’argent, vous pouvez soudoyer qui vous voulez et agir comme bon vous semble, même avec des témoins ! Là où p’tit George a pu faire la différence, comme je vous le disais, c’est grâce à notre intervention commune. J’ai donné des informations très précieuses concernant les habitudes de certaines personnes et les moments où ils étaient les plus vulnérables, quant à Karkow, il a orienté ses quelques missions de milices pour orienter la culpabilité sur les rivaux de la rue et les massacrer. Ce qui a permis à p’tit George de gagner un peu plus d’influence !"

"Je vois !" Répond simplement l’elfe noir qui réfléchit. "Nous allons avoir besoin de beaucoup de fonds. Comment se déroulent les différentes transactions, comme l’importation et l’exportation de ressources ?"

"Par toutes les voies possibles ! Tulorim possède le seul port aérien menant aux autres continents. Pour ce qui est des villes de l’imiftil, elle commerce avec toutes les cités, excepté les déserts de l’Est et de l’Ouest, Khonfas et la sororité qui n’échange d’ailleurs que par voie terrestre. Cependant, les voies maritimes sont bien plus intéressantes, car les navires vont et viennent sur la mer, sans savoir ce qui leur est arrivé en cours de route. Tant qu’ils peuvent faire du profit, peu se soucient où va et d’où provient l’argent ou les ressources !"

"Intéressant !" Marmonne l’elfe noir avant de pousser l’orateur à d’autres spécificités de la région. "Qu’en est-il de la région ?"

"A l’Ouest se trouve un vulgaire village de pêcheurs, sans grand intérêt. A l’Est, non loin de la ville, se trouve le campement du clan de l’aigle, composé de worran tigré et un peu plus au Nord-Est de celui-ci, le Castel O’Nyalis. Un lieu d’exception où se rassemble la haute société de Tulorim pour leurs soirées. A la frontière Est se trouve la ville de Saman. Un véritable bastion pour Tulorim, qui use de sa position pour commercer avec Yarthiss. Contrairement à Tulorim, Saman est assez fermée. Je crois même que seuls les humains étrangers y sont tolérés pour le commerce uniquement !"

"Et qu’en est-il du sud ?" Demande le shaakt curieux d’aucune mention.

"Il n’y a rien à proprement parler. La cité des femmes est plus proche de Yarthiss, ce qui la privilégie pour le commerce terrestre. Il y a une ancienne cité nommée Tanasun, mais il n’y a plus âme qui vive. Du moins, on dit que ceux qui y vivent n’ont plus d’âme ! Il y a un important bois, mais il ne porte pas d’intérêt particulier. La frontière se termine par une importante montagne, à plusieurs jours à cheval, où vivraient des contrebandiers. Comme je vous l’ai dit, il n’y a rien d’utile au sud."

"Je ne dirais pas cela, mais nous nous en occuperons plus tard !" S’exclame Relonor en revenant près de son fauteuil.

(Je vais devoir réfléchir à la suite des opérations à présent. Thimoros lui-même me l’a dit, je dois voir comme un elfe et non avec l’impatience des humains. Je pense que dans un premier temps, il va falloir asseoir ma réputation ici.)

"Je vais me retirer dans mes quartiers, j’y serais plus à l’aise pour réfléchir." Déclare-t-il finalement.

"Ha c’est que.." Commence à bredouiller le Renard, avant que le shaakt ne le regarde avec incrédulité. "Nous n’avons pas eu le temps de nous établir ici, encore moins de vous préparer une chambre pour vous, ne sachant pas quand reviendriez !"

"Dans ce cas, ce n’est pas grave !" S’exclame l’elfe noir, soulageant son interlocuteur. "Je vais m’installer dans la tienne en attendant. Faites-moi monter de quoi manger !" Ordonne-t-il en invitant p’tit George à le conduire.

Comme il le pensait, même dans la précipitation, le Renard sait se faire un nid douillet à l’étage. Un large lit, des décorations avec goût, du mobilier sommaire mais suffisant. Malgré le peu de bien présent, c’est un cocon agréable qui profite actuellement à l’elfe noir. Déposant ses effets personnels, il se met plus à l’aise avant de s’installer sur une chaise, les pieds contre un petit bureau doté d’un miroir. Là, il s’observe, tout en imaginant ses ambitions futures se concrétiser. Hélas, ses désirs ne l’aident pas à établir une marche à suivre pour atteindre son but. Ainsi, il finit par s’installer pour une méditation reposante. Ce n’est qu’une fois celle-ci terminée, que ses idées sont un peu plus claires et moins désordonnées. Grossièrement, il résume les différents points qui caractérisent selon lui Tulorim.

(Marchands. Commerce. Argent. Pouvoir. Renommée.)

Il fait le tour des domaines importants de la cité, cherchant un moyen de profiter du système local pour parvenir à ses fins.

(Ressources de production. Dangerosité de la mer. Routes commerciales sécurisées.)

Sentant avoir trouvé un chemin à arpenter, il développe plus ses idées.

(Prendre un navire. Détourner les convois. Provoquer les pirates. Sécuriser les voies maritimes. Gagner en influence.)

Lentement mais sûrement, il concrétise les possibilités qui s’offrent à lui. Lorsqu’il a enfin tracé les différents objectifs à plus et moins longs termes, il s’en va retrouver ses hommes. Bien que la nuit soit tombée, ceux-ci sont au salon du rez-de-chaussée et échanges sur ce qui est arrivé à Relonor et sur les différentes rumeurs provenant de la bataille de Kochii. Ils se taisent soudainement lorsqu’ils l’entendent, loin de se douter de ce qui les attend.

"A…alors ?" Demande timidement p’tit George.

"Nous allons devenir les protecteurs des convois de marchandises !" Déclare finalement Relonor, sortant de son mutisme. "Que ce soit sur les pirates sur les mers ou bien les divers groupes de bandits sur les voies terrestres, nous allons devenir les garants du profit de Tulorim !"

"Les garants ? Mais contre qui et comment ? Même s’il peut y avoir des navires attaqués, cela n’est pas au point de devenir des protecteurs !" S’étonne le Renard.

"Alors il suffira de le provoquer une chute drastique des convois !" Souris le shaakt.

"Attendez, vous voulez dire que…" Déclare le renard, qui semble être le seul à suivre, avant qu’il ne soit coupé par l’elfe noir.

"Nous allons agir sur deux plans différents ! D’une part, nous nous allons attaquer les convois ! De l’autre, lorsque la situation commencera à être problématique, nous proposerons notre aide, en faisant porter le chapeau sur d’autres. Nous serons le problème ET la solution !"

Les trois hommes réfléchissent de leurs côtés aux tenants et aboutissant de cette manière de faire. De son côté, Relonor réfléchit encore à comment agir.

(Cela ne sera pas suffisant. J’ai besoin de plus, beaucoup plus pour parvenir à mes fins ! C’est une guerre que je mène, longue et fastidieuse, mais c’est le prix à payer pour les retombés que j’escompte. Et le nerf de la guerre, l’élément crucial pour la gagner : c’est l’information ! Je dois trouver un moyen d’obtenir des informations et fiables ! Mais comment faire ?)

Tandis que les trois hommes proposent des idées les uns les autres, ne voulant déranger leur maître dans ses réflexions, l‘elfe noir pose son regard sur le p’tit George. Une idée lui vient en tête.

"P’tit George ! Décris-moi l’organisation que tu gères." Demande-t-il.

"Moi ? Eh bien je…heu…" Bégaie-t-il avant de se ressaisir. "J’ai une dizaine de voleurs à-la-tire sous ma direction. Ils opèrent dans un secteur défini et rapportent le butin. Une lourde taxe est payée pour nous assurer que nous gardons le contrôle du secteur. Sans cela, il est très facile de se faire trancher la gorge. Bien entendu, cela ne vaut que pour le groupe auquel on est affilié et on n'est pas à l’abri qu’une bande rivale tente de tout rafler !"

"D’accord. Tes hommes, dis-leur qu’ils recevront une forte prime s’ils apportent une information d’importance !" Déclare le shaakt.

"Une information ? De quel genre ? Et puis qu’entendez-vous par prime ?" S’intéresse le sinaris.

"Je suis sûr que les informations traînent ici et là. Des rumeurs, des ragots, des sous-entendus, tout ce qu’ils estiment être utiles. Pour la rétribution, cela va dépendre de l’information. Cependant, je suis prêt à payer, cent, deux cents, cinq cents, peut-être même mille yus, si cela peut servir mes intérêts. A force d’être récompensé sur telle ou telle information, ils apprendront eux-mêmes à discerner les bonnes des mauvaises et trouverons un moyen de les dénicher plus facilement. !"

Puis il tourne son attention vers le Liyckor.

"Nous ferons quelques missions pour le compte de la milice. De quoi se faire une bonne réputation au sein de ceux qui ont de l’argent et peut-être même auprès des villageois. Si la rue nous soutient, on gagnera de l’importance !"

Puis il fait de même avec le Renard.

"Il est crucial d’avoir de bonnes relations avec le gratin de la ville. Je te laisse gérer cette partie et n’hésite pas à user de ma réputation à venir pour t’attirer les convoitises. Plus nous nous afficherons avec eux et plus nous parviendrons à tisser des liens que nous exploiterons."

Enfin, il regarde ses trois hommes de main.

"En attendant, il nous faut un capitaine et deux navires !"

"Deux navires ?" S’étonne p’tit George.

"Un pour la piraterie et un autre pour la protection des convois ?" Propose le Renard, qui reçoit l’approbation de l’elfe noir. "Quant au capitaine, je dirais…la protection…non, je pense qu’il commandera les pirates !"

"Je suis impressionné !" Félicite Relonor. "Et pourquoi les pirates au juste ?"

"Aucun de nous ne sait commander un navire et il faudra quelqu’un de confiance pour diriger des hommes prêt à tout pour de l’argent, sauf à nous trahir. Reste à savoir où trouver cette perle !"

"P’tit George, je te laisse établir une liste des hommes capables de prendre la mer. Travail avec le Renard pour faire un rapport des plus complets sur eux !"

"Des informations comme quoi ?"

"Sur la vie actuelle, familles, dette, travail, rumeurs. Il faut qu’on ait assez d’éléments pour savoir comment faire pression sur lui en cas de besoin. Suffisamment, pour qu’il craigne de nous trahir, mais pas trop pour qu’il y trouve aussi son compte !"

"Entendu !" Répond p’tit George.

Puis Relonor se tourne vers le Renard.

"Quant à toi, use de ma réussite à l’arène pour commencer à faire parler de moi auprès de la noblesse marchande. Tu as également tout le loisir pour enquêter sur ton ami Egos. Nous nous occuperons de lui plus tard !"

Puis il se tient face au Liykor noir.

"Pendant ce temps, toi et moi, nous allons commencer à agir auprès de la milice. J’espère qu’ils auront quelque chose d’intéressant à me mettre sous la dent !"


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Re: Les Habitations

Message par Relonor » ven. 21 juil. 2023 16:16

Chapitre 5 - La milice de Tulorim (suite)

IX.6 Etablir un plan.


Après avoir reçu son ordre de mission, Relonor s’en retourne dans sa base d’opération de Tulorim, là où il échafaude de nouveau plan et également, sa nouvelle demeure. Particulièrement tôt dans la journée, le Renard est encore à ses préparatifs pour séduire le haut gratin de la cité. Si le lyckor s’est levé tôt pour accompagner son maître, P’tit George est déjà à son poste pour gérer son petit groupe de voleur, obligeant ainsi l’elfe noir à le faire venir au plus vite.

Grâce au Renard qui dispose de petites mains idéales pour transmettre des messages, P’tit George est rapidement sur place.

"Je vais faire une mission pour le compte de la milice. Le temps que je m’y fasse un nom, il me faut déjà récupérer une somme d’argent d’un certain Harti au pied-mou ! Le réseau d’information que je t’ai ordonné d’établir reçoit donc sa première mission : trouver toutes les informations relatives à cet individu, à commencer par son emplacement actuel."

"Harti ?" S’étonne P’tit George.

"Tu le connais ?" S’étonne Relonor.

"Assez pour savoir qu’il faut l’éviter. Ce type est de la pire race possible, il arnaque les gens et leur soutire tout l’argent possible. Son surnom de pied-mou vient du fait que chacun de ses plans pour se faire de l’argent ne repose sur rien, comme si tout était tenu par des pieds d’argiles pas encore cuit, ou des pieds de boues, ou…des pieds mous, enfin vous avez compris l’idée." Explique-t-il avant de poursuivre. "Faut l’éliminer je suppose ?"

"Pas vraiment non. On doit lui faire rendre une coquette somme d’argent ! Mais s’il est si connu, comment peut-on encore se faire avoir ?" Répond l’elfe noir.

"Lui faire cracher d’l’argent ? Ha ba on est pas dans la merde ! Il n’y a pas plus fauché que lui et le peu qu’il arrive à trouver, il s’le fait récupérer par des créanciers les plus rapides ! Comme il doit beaucoup d’argent, il est comme qui dirait protégé par ceux à qui il le doit. Un type mort ça paye rien comme ils disent ! En général, il scrute les nouveaux v’nus, mais c’est bien la première fois que j’entends parler d’rendre l’argent par le biais d’la milice. Il a dû trouver un pigeon un peu haut placé pour être dans c’te situation, ou ils ont trouvé un pigeon pour s'en charger...heu...je...heu...oubliez c'que j'ai dit !"

"Donc ce que tu dis c’est que je dois récupérer de l’argent et que beaucoup de personnes sont déjà sur le coup ?" Résume le shaakt.

"J’en ai bien peur !"

Relonor se masse le menton en réfléchissant à comment faire pour mener à bien sa mission dans ces conditions.

(Donc si je m’approche de lui, je vais avoir des problèmes si on remarque que je veux lui soutirer de l’argent. Sauf si je me fais passer pour un client potentiel et je suis encore nouveau ici !)

"Il faut que je le rencontre. Où puis-je le trouver ?" Demande l’elfe noir.

"Pour attraper de nouveaux poissons, y’a rien d’mieux qu’le port !" S’exclame le Sinaris.

Modifié en dernier par Relonor le sam. 22 juil. 2023 15:01, modifié 1 fois.

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Re: Les Habitations

Message par Relonor » sam. 7 oct. 2023 15:15

Chapitre 8 - Combat inégal.

IX.9 Repos et préparations.


Les jours qui ont suivi, ont servi au repos mérité après une telle altercation. Si sa magie lui a permis de s'en sortir avec des blessures guéries, il ne peut se remettre de la perte de sang qu'il subit qu'avec du repos. Surtout si Harti lui joue d'autres tours. Ce dernier a été emmené de force, pour ne pas dire séquestré, par p'tit George. Un laps de temps durant lequel Relonor a réfléchi. Le combat qu'a fait déclencher Harti l'a pris de cours et pour l'objectif à long terme qu'il s'est fixé, c'est tout simplement intolérable qu'il ne soit qu'un acteur du scénario. Rien ne vaut la position de l'auteur, celui qui dirige les individus comme un marionnettiste le ferait avec ses pantins, ne laissant les différentes personnes aller et venir, agissant comme ils pensent le souhaiter, mais uniquement au bon vouloir de l'elfe noir.


Au bout de quelques jours, Relonor se sent prêt pour terminer sa mission. Aux derniers propos de Harti, celui-ci a laissé de côté un petit pactole, au cas où il devrait fuir la cité en urgence. Si ses dettes lui ont promis la protection tant qu'il ne les aura pas remboursées, il n'est pas idiot pour autant. Du moins, c'est ce qu'espère le shaakt. Cependant, il sent que les choses ne seront pas aussi faciles. Alors il prépare la scène qui va suivre, à commencer par user de sa magie la veille d'achats. Dans ses épaulettes et sa lame draconique et elfique de qualité, il y incorpore les sorts qui lui permettent de regagner sa vitalité grâce à la magie d'ombre. Son torse et ses jambières auront le droit au sort d'air qui lui permet d'accroître sa vivacité. Enfin son casque et son écu, seront les réceptacles pour générer les obus magiques que ceux qui ont causé la destruction dans les rangs elfiques à la bataille de Kochii. Tout ceci ne pourrait être possible sans user de la magie, visant à ponctionner les esprits du mana qu'ils possèdent, via le sort qui relie l'enchanteur à eux.


Avant de s’atteler à récupérer l’argent que doit Harti, il reste encore d’autres chose à régler. A commencer par se rendre à l’écurie la plus proche. Rien ne vaut un cheval et une charrette pour transporter des biens ou en dissimuler d’autres, quand-il ne s’agit pas de cacher des corps.


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