Le Conseil de la République d'Ynorie

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Gamemaster5
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Re: Le Conseil de la République d'Ynorie

Message par Gamemaster5 » mer. 30 janv. 2019 15:30

Intervention GMique pour Vadokan Og'Elend

En voyant entrer le duo atypique dans son bureau, Sirius Gale haussa un sourcil amusé. Il éclata littéralement de rire quand Jila coupa son acolyte, le prénommé Vadokan.

"AHAHAH ! Toujours aussi spontanée à ce que je vois Jila ! dit en essuyant des larmes de rire le corpulent Conseiller. C'est toujours aussi rafraîchissant de te voir. Par contre, nous nous étions mis d'accord sur le tutoiement, je ne suis plus tout jeune mais ce n'est pas une raison pour me vieillir plus que nécessaire ! le sermonna gentiment Sirius avant de tourner son regard vers son futur garde du corps. Tout comme ton ami ici présent, Vadokan c'est bien cela ? Tes traits ne m'ont pas l"air tout à fait ceux des Shaakts, peut être as-tu un parent qui n'est pas shaakt ? Mmmh..."

Il se lissa la barbe de sa main droite d'un air pensif, avant de chercher sur son bureau un document sur lequel il ne parvint pas à poser la main. Dans un grommellement, il se leva pour chercher sur une étagère et trouva rapidement une feuille avec laquelle il se rassit.

"Quoi qu'il en soit, Jila, peux-tu m'éclairer sur les raisons de ton choix ? Ca m'intéresse. Oh, et j'aimerai aussi entendre tes motivations Vadokan -vous permettez que je vous tutoie ? - Rien contre toi Vadokan, je dois juste m'assurer que tout les forgerons que nous faisons concourir parte entre de bonnes mains." ajouta le Conseiller sur un ton qui se voulait rassurant, tout en souriant.

(Implication RP : De par la présence de l'astrium sur son monocle, il est plus difficile de mentir et de cacher ses émotions devant le Conseiller.)
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Gamemaster5
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Re: Le Conseil de la République d'Ynorie

Message par Gamemaster5 » mer. 30 janv. 2019 17:21

Intervention GMique pour Alfryda Bröhm

Sirius Gale se dirigea vers la Thorkine que l'intendante avait désignée comme la prochaine escorte.

"Bonjour dame Thorkine je vous souhaite la bienvenue dans notre belle cité, Oranan. Laissez moi me présenter : je suis un membre du Conseil de République d'Ynorie, Sirius Gale. C'est à moi que reviens la charge de gérer l'Erementariföji, que j'ai créé il y a bien des années. Vous souhaitez y participer en temps qu'escorte ? Fort bien ! Veuillez me suivre dans mon bureau dans ce cas."

Joignant le geste à la parole, Sirius Gale invita avec un sourire la Thorkine à le suivre au sein du bâtiment. Après une volée de marches et quelques couloirs, ils arrivèrent enfin devant un bureau à la porte de bois clair, qu'il ouvrit. Il entra dans son bureau et prit place non pas sur son siège derrière son bureau, mais sur l'un des deux sièges devant celui-ci. d'un autre geste de la main, il présenta le siège en face de lui.

"Asseyez-vous je vous prie. Tout d'abord, j'aimerai connaître votre nom, ainsi que les raisons qui vous ont poussées à vouloir escorter l'un de nos valeureux forgerons. Voyez-vous, j'apprécie entendre les histoires de chacun, c'est toujours une mine d'informations passionnantes sur la personne en question, déclara le bedonnant Conseiller, le regard pétillant en plaçant son monocle brillant d'une douce lumière sur son oeil. Il va de soit que vous pouvez refuser de me raconter votre histoire, ce n'est qu'un souhait de ma part. En revanche, vos motivations seront primordiales pour me convaincre de vous confier la sécurité d'un de nos forgerons."
Il eu cette dernière phrase avec un regard emprunt de curiosité et s'installa confortablement dans son fauteuil, à l'écoute de son interlocutrice.


(Implication RP : De par la présence de l'astrium sur son monocle, il est plus difficile de mentir et de cacher ses émotions devant le Conseiller.)
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Re: Le Conseil de la République d'Ynorie

Message par Alfryda Bröhm » sam. 2 févr. 2019 15:15

Mon premier ressenti ? Une figure de bienveillance et d'autorité, je dirais. Ce vieux monsieur me fait beaucoup penser à mon grand-père, un Longue-Barbe qui préfère profiter du temps qu'il lui reste plutôt que de ruminer ses erreurs passées. C'était également celui qui m'a poussée à partir pour Oranan, dans le dos de ma mère, bien entendu. Quoi qu'il en soit, c'est un ressenti de confiance qui tire un léger sourire sur mon visage à son approche.

(Dame Thorkine, haha... Qu'est-ce que je ne ferais pas pour qu'on arrête de me traiter comme ces culs-blanches qui gloussent quand elles se font baiser la main.) "Alfryda Bröhm, enchantée."

L'humain se présente comme un membre du Conseil Ynorien du nom de Sirius Gale, m'apprenant par la même occasion que la République entière est dirigée par une assemblée qui se tient dans sa capitale. Concepteur de l'événement, il est celui qui a offert aux forgerons du monde entier la possibilité de faire leurs preuves aux yeux de tous, se gardant même la tâche de l'organiser chaque année depuis certainement très longtemps. J'imagine que c'est à ma tenue et à mon paquetage qu'il a été capable de me désigner comme escorte et c'est sans s'éterniser qu'il m'invite à le suivre dans son bureau pour discuter de ma candidature. La marche se déroule dans un décor soigné qui laisse une nouvelle fois présumer de la richesse du pays, à moins qu'il ne s'agisse plutôt des inégalités qui existent entre les différentes classes sociales.

Nous arrivons rapidement devant une belle porte en bois que j'imaginais bien lui convenir avant même que sa main ne se pose sur la poignée, dévoilant une pièce plus sobre que ce à quoi je m'attendais. L'agencement est simple, les meubles sans grande prétention et alors qu'il attend de fermer la porte derrière moi, il préfère ne pas instaurer trop de minauderies entre nous et se place sur l'un des deux sièges de visiteurs, m'indiquant que le second est pour moi. Confiante malgré l'absence de repères, je m'exécute non sans prendre le temps de placer mon sac au pied de la chaise, vieux réflexe des entretiens qui se déroulent mal. Alors qu'il prend le temps d'enfiler son rond-de-verre à la couleur étrange, le conseiller me soumet à quelques questions sur mon passé et mes motivations, m'indiquant que je suis tout à fait libre de refuser. Je comprends subtilement qu'il est préférable d'aller dans son sens, mes réponses jouant certainement sur la validation sur mon admission à ce travail. Mieux vaut la jouer franc-jeu, donc.

"Et bien, comme je vous le disais, je m'appelle Alfryda. Bröhm de mon père, de qui j'ai tenu à garder le nom après sa mort. J'ai longtemps travaillé comme chasseuse de primes à Mertar après la fin de mon apprentissage, choisissant plus par contrainte que par volonté d’officier dans ma ville natale. Le travail y était... assommant, disons. Il me fallait de l'air, du renouveau. Mon grand-père m'a parlé de ce concours, l'Eremen... Erementariföji, en précisant qu'un forgeron de la cité avait été sélectionné pour y participer. J'ai sauté sur l'occasion, espérant pouvoir me joindre à l'escorte de Bragarr Frappedur sans avoir à subir la concurrence d'autres postulants. Mais j'imagine que ma présence dans ce bureau prouve qu'il n'en a toujours pas trouvé alors que le temps presse, donnant ainsi une bonne image de mes chances..."

(N'allons pas vendre la peau de l'ours avant de l'avoir tué. Je devrais revenir là-dessus.)

"Excusez-moi, j'ai toujours tendance à être un peu trop sûre de moi. Néanmoins, sachez que ce ne sont pas des paroles en l'air et que je prends chaque travail au sérieux, surtout lorsque la paie est intéressante. Au sujet de mes qualifications, j'excelle dans la traque et la chasse d'individus, je me débrouille pour neutraliser sans tuer et je suis tout à fait apte à veiller sur un client lors d'une escorte. Vous avez du comprendre que j'ai peu voyagé au cours de ma vie, mais je n'attends que ça."

Les bras croisés malgré mes jambes trop courtes pour atteindre le sol, j'affiche une expression plutôt confiante, satisfaite de mon discours.

"Qu'en pensez-vous ? Je semble être à la hauteur, conseiller ?"
Modifié en dernier par Alfryda Bröhm le sam. 2 févr. 2019 20:38, modifié 1 fois.
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Re: Le Conseil de la République d'Ynorie

Message par Gamemaster5 » sam. 2 févr. 2019 16:51

Intervention GMique pour Alfryda Bröhm

Sirius Gale écouta son interlocutrice, sérieux mais souriant. Lorsqu'elle eut terminée et lui demanda si il pensait qu'elle pourrait être à la hauteur, il se lissa la moustache avant de répondre amicalement.

"Ma chère Alfryda, je pense que tu as la motivation et le cran nécessaire pour ce poste,
Si tu me permets le tutoiement,
déclara avec un petit rire le Conseiller. Si je pouvais émettre quelques réserves, ce serait que tes compétences actuelles ne sont pas les plus adaptées.
En vérité, les principaux obstacles lors de cette recherche sont d'avantages d'ordre animal. Mais ma foi, ce n'est qu'avec la pratique que l'on peut s'améliorer, tu en convirndras."


Se tournant vers son bureau pour y trouver une feuille qu'il récupéra sous un encrier, il y jeta un oeil discret avant de se focaliser sur la jeune Thorkine.

"Bragarr Frappedur a émit le souhait de pouvoir juger lui-même son escorte. La plupart font confiance à mon oeil avisé, mais lui a tenu à avoir son mot à dire. Pour ma part, je ne vois aucun inconvénient à ce que vous l'escortiez. Vous le trouverez chez l'artificier Uzuki. Ses produits ont semble t il éveillé suffisamment l'intérêt de Bragarr pour qu'il en arrête de faire la fête à l'Auberge des Hommes Libres. L'artificier se trouve au sud de la ville, les gardes à l'entrée pourront sans mal vous guider."
Il confia enfin le papier signé de sa main à la Thorkine.

"Voici la preuve de ma validation à votre candidature. Il refusera de discuter si cela ne lui ai pas présenté. Maintenant, je n'ai plus qu'à vous souhaiter à tout les deux bonne chance !
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Re: Le Conseil de la République d'Ynorie

Message par Alfryda Bröhm » sam. 2 févr. 2019 18:26

L'espace d'un instant, je dois avouer avoir pensé qu'il allait me foutre dehors pour mon insolence, mais le ton qu'il a emprunté par la suite m'a de suite rassuré. Je garde un œil curieux sur le bijou qu'il garde sur son œil, certainement pour un usage autre que celui de corriger la vision étant donné qu'il ne l'avait pas à notre rencontre. Le conseiller prend le temps de lisser sa moustache avec ses doigts dodus avant de prendre la parole, visiblement enthousiaste. Il me demande le tutoiement que j'accorde d'un signe de tête positif, satisfaite de réduire une fois encore les barrières de l'étiquette entre nous. Si mes motivations et le cran que j'affiche lui conviennent, il doute sur mes capacités qui ne semble pas être adéquates avec les risques rencontrés sur la route. Une nouvelle fois, je m'imagine repartir à Mertar la tête basse, mais c'est lorsqu'il mentionne les dangers de la faune que je me redresse, surprise par cette annonce inattendue.

"Des animaux ? Ma foi, je n'ai jamais eu de problème à mater des bestioles, qu'elles soient sarinsas ou bien loups des forêts !"

Le conseiller m'écoute à peine, fouillant sur son bureau pour y récupérer une note sous son encrier sur lequel il jette un bref coup d’œil avant de reposer sur moi son regard de renard. Là, il m'explique que Frappedur souhaite juger de son escorte par lui-même, n'aillant que faire de l'avis du Conseil à ce sujet. L'inquiétude et l'assurance bataillent un instant dans mon esprit, gardant la tête froide en face de Gale.

(Il voudrait me tester ? Non, ça m'étonnerais que ce soit son genre. Grand-père m'en parle comme un pilier de comptoir, tout juste bon à avaler des litres de mousse et à frapper sur du métal. Peut-être qu'il ne souhaite pas qu'on lui envoie un Ynorien et qu'il se réserve le droit de refuser toutes les races qui ne lui conviennent pas...)

Faisant peu fi de ma bataille d'idées noires, le vieil homme prend tout de même la peine de me rassurer et de m'indiquer où trouver le fameux forgeron, semble t-il convié occupé à faire boutique auprès de "l'artificier" de la ville. N'aillant aucune idée de quoi il s'agit, je me contente de récupérer le papier qu'il me tend, préalablement signé de sa main.

"Merci. Il s'agit de...?"

Le conseiller présente le papier comme étant la validation de ma candidature, ce qui tire un sourire sur mon visage. Je me retrouve enfin avec le contrat de travail entre les main, confirmant mon statut de garde d'escorte auprès d'un forgeron de l'Erementarīfōji. Et voilà que j'arrive à le prononcer correctement, maintenant ! Heureuse, je remercie le commanditaire pour ses conseils et ses indications et part rejoindre le client à protéger, non sans afficher une concrète fierté personnelle.

"Je vous remercie, conseiller. Vous ne le regretterez pas."
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Re: Le Conseil de la République d'Ynorie

Message par Vadokan Og'Elend » dim. 3 févr. 2019 11:45

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Le Conseiller sembla surpris, voire amusé en nous voyant entrer dans son bureau. Et il y avait de quoi. Nous formions, elle et moi, un drôle de duo. Une elfe blanche chétive et esthète maniant les rudes arts de la forge, et un mi-garzok mi-shaakt à la gueule patibulaire en costume bien trop étrange pour ces lieux maniant les arts mystérieux de la magie élémentaire de foudre et de glace. Il y avait de quoi être surpris. Voire inquiet, peut-être. Mais le rire que le vieil homme au monocle lança alors coupa toute hypothèse sur une éventuelle crainte de sa part envers moi. Il apostropha familièrement celle qu’il nomma Jila, lui rappelant dans une fausse brimade qu’elle devait le tutoyer et non le vouvoyer. Il étendit cette demande à ma part, et je sentis les poils se hérisser sur mon échine. Pourquoi souhaiter tant de familiarité lors d’une première entrevue ? Il représentait la hiérarchie de cette cité, et nous ne nous connaissions de nulle part. Je fronçai les sourcils, décontenancé par la demande, mais attendis avant de répondre quoique ce soit.

Et je fis bien, puisqu’il poursuivit en se posant des questions sur mes origines. Une demande classique, un exercice auquel j’étais fendu, désormais. Il insista sur mon ascendance shaakt, ne sachant pas exactement quelle bâtardise m’avait donné ces traits moins élégants que ceux des elfes de l’Atha Ust. Je l’observai farfouiller son bureau à la recherche, vraisemblablement, d’un document, sans oser lui répondre pour l’heure. Grommelant, il dut se résoudre à lever sa carcasse imposante pour dénicher ledit parchemin sur une étagère jouxtant son bureau avant de retourner s’asseoir, s’adressant de nouveau à l’hinïonne. Il la questionna sur les raisons de son choix, et revint vers moi pour me demander mes motivations, prétextant vouloir s’assurer de mes aptitudes physiques et morales pour protéger la frêle elfe pendant sa recherche d’Helcéa. Ce faisant, il insista une nouvelle fois sur le tutoiement à mon égard, m’arrachant une nouvelle grimace de malaise, bien involontaire. Il avait beau user d’un ton se voulant rassurant, cette familiarité n’était pas dans mes coutumes. Évidemment, la jeune Na’alem prit la parole en premier, habituée à l’homme qui nous faisait face.

« Tu me connais, Gale. L’intuition, rien de plus. Puis il se trouve que Vadokan manie les fluides de glace. Ça peut être utile, dans ma recherche, n’est-ce pas ? »

Je sentis que cette fois, c’était à moi de répondre. Les regards des deux autres se portèrent sur moi, celui confiant de l’elfe, et celui, plus inquisiteur, du Conseiller, à travers son monocle nobiliaire. J’inspirai lentement, tâchant de réfléchir un brin à l’attitude à adopter face à eux, tant pour faire bonne figure que pour ne pas entrer dans une position malaisante qui trahirait chez moi une nervosité mal placée, plus de contexte que de rigueur.

« Conseiller Gale, vous avez toute latitude pour me tutoyer si vous l’entendez. Pour ma part, je vais m’en tenir au vouvoiement, tel que j’ai été éduqué, c’est une marque de respect plus qu’une marque d’âge. Je tiens aussi à être honnête avec vous : je suis le produit de l’union impie entre une shaakt et un garzok. N’ayez crainte, cependant, j’ai tourné le dos à ces ascendances voici de nombreuses années, et c’est parmi un clan de shaakts rebelles contre Caïx Imoros que j’ai vieilli. En témoigne ce pendentif remis par la Reine Thelenwën de Cuilnen en personne pour prouver ma bonne foi. »

Je présentai au conseiller mon médaillon avant de poursuivre.

« Je suis d’un naturel curieux, et… l’initiative de Jila Na’alem a piqué ma curiosité. J’ai l’esprit aventureux, et des ressources magiques en suffisance pour lui octroyer une bonne escorte, où qu’on aille. Et je dois avouer manier aussi bien l’art de la diplomatie que celui de la magie, ce qui peut s’avérer utile en toute circonstance… Vous en conviendrez. Cela vous suffit-il, Conseiller Gale ? »

Une franchise des plus transparentes, en l’occurrence.


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Re: Le Conseil de la République d'Ynorie

Message par Gamemaster5 » mar. 5 févr. 2019 09:40

Intervention GMique pour Vadokan Og'Elend

Lorsque Vadokan lui présenta le médaillon royal, Sirius Gale se pencha en avant avec intérêt pour examiner de plus près. Satisfait, il se renfonça dans son siège pour terminer d'écouter ce qu'avait à lui dire le métisse en face de lui.

"Mmmh, une histoire des plus intéressante pour sûr. J'apprécie grandement les hommes dans ton genre, honnêtes et assumant leurs origines sans les laisser guider leur vie. Quant à votre maîtrise des fluides de glace... étalant une carte du monde connu, le Conseiller posa son doigt boudiné sur le continent indiqué comme étant Nosveris. M'est avis que les fluides de feu auraient été plus pratiques puisque que vous allez devoir vous enfoncer au plus profond des contrées gelées de Nosveris. L'Helcéa se trouve à proximité des grands glaciers : même si il y en a au sommet des montagnes Thorkines de Nirtim, c'est tout de même peu fréquent, et les métaux élémentaires sont déjà bien assez compliqués à trouver comme ça."

Le Conseiller rangea alors son monocle cerclé d'or dans sa poche intérieur puis s'adressa en souriant au duo.

"Mais il est vrai que le hasard fait bien les choses, un cryomancien pour accompagné la forgeronne d'Helcéa, l'idée me plaît beaucoup ! Vadokan, je te confie Jila. Et toi ma petite, essaye de le ménager un peu, ne va pas te fourrer dans tout les bourbiers sur le trajet," conclut avec un rire franc l'homme bedonnant.
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Re: Le Conseil de la République d'Ynorie

Message par Vadokan Og'Elend » mar. 5 févr. 2019 11:58

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Le Conseiller Gale sembla impressionné par mon médaillon autant que par mon histoire, tel qu’il l’affirma lui-même. Il complimenta mon honnêteté et la franchise sur mes origines, qui ne semblaient pas lui poser souci du moment que je ne me laissais pas guider par elles. Je restai un instant surpris devant cette ouverture, puis ne pus m’empêcher de faire un lien avec sa propre personne, conseiller de la République d’Ynorie sans être lui-même Ynorien. Ou tout du moins son apparence ne le laissait pas présager.

Il laissa planer ensuite l’hypothèse que des fluides de feu auraient été plus efficaces, peut-être, dans les contrées glaciales où nous allions nous rendre pour récupérer de l’Helcéa. Il évoqua sa position, dans les plus hauts et froids glaciers de Nosveris. Il argua qu’on pouvait en trouver également dans les sommets des Monts du Karathren, mais que c’était relativement peu fréquent, les nains ayant œuvré dans leur domaine de prédilection, la mine, pour en extraire les plus gros gisements. Malgré cela, il avoua que l’idée d’un cryomancien accompagnant la forgeronne d’Helcéa ne manquait pas de panache, et conclut en me confiant officiellement la garde de Jila Na’alem. Il termina la conversation en conseillant à l’elfe de ne pas m’emmener dans les plus inextricables bourbiers, ce qui semblait assez coutumier pour elle, apparemment, au vu de son ton plaisantin. Il l’appela « petite » pour ce faire, et je ne pus m’empêcher de me dire qu’il était bien inopportun de la considérer comme telle, la « petite » étant certainement bien plus âgée que lui. L’idée m’arracha un sourire, et je me permis de conclure la conversation alors que Jila haussait les épaules d’un air candide.

« Conseiller Gale, merci de votre confiance. Je tâcherai de ne pas la décevoir. Nous serons de retour en date et heure pour concrétiser la participation de Jila Na’alem au concours des forgerons, métal élémentaire à l’appui. »

Elle ne fit que le saluer de la main, un sourire sagace aux lèvres, et nous quittâmes son bureau sans plus de procession. Notre destination allait donc être, vraisemblablement, la lointaine Nosveris. Une contrée glacée effectivement idéale pour la recherche de l’Helcéa. Mais également une lande inconnue, dont je n’avais jamais foulé la terre gelée. Et j’eus l’impression qu’aucune de mes nombreuses vies antérieures n’y avait mis les pieds, de même. Une expérience plus qu’intéressante pour mes propres recherches, au-delà de cette recherche de métal élémentaire.

Je me tournai vers l’hinïonne et commentai brièvement, alors que nous quittions le bâtiment du Conseil d’Ynorie :

« Je gage que notre prochaine destination est le port de la ville, n’est-ce pas ? Un long voyage nous attend, et nous sommes tenus par le temps. Autant ne pas en perdre. »

Elle acquiesça silencieusement d’un signe de tête, et nous nous dirigeâmes vers le port. J’espérai y trouver un navire en partance pour le continent gelé au plus vite, aujourd’hui même avec beaucoup de chance, ou dans les jours qui viendraient sinon. Les lignes commerciales, bien que Pohélis soit occupée, devaient toujours fonctionner avec les autres cités.

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Re: Le Conseil de la République d'Ynorie

Message par Madoka » mer. 6 févr. 2019 15:56

De toute évidence, il n’est pas opposé à l’idée de voir une jeune femme se présenter ainsi pour ce rôle car il arbore un aimable sourire en m’observant, un de ceux qui se contentent d’accueillir l’autre avec bienveillance, sans jugement et qui l’installent en confiance. Manifestement débordé, il m’invite aussitôt à prendre place sur un siège et y patienter quelques instants, le temps pour lui d’en finir avec une lettre importante.
Je m’exécute en silence et l’observe dans son univers. Tout ici est étincelant, brillant, luxueux et tout se marie fort bien avec le personnage. Ses habits ne sont pas de simples vêtements dont la seule fonction est de couvrir, les siens sont à l’image d’une couronne royale, ils parlent pour lui et vous indiquent sa place et son statut. Le statut d’un homme riche et influent et sa place au sein de notre peuple, fièrement exhibée par les couleurs du pays et l’emblème que j’aperçois gravé sur les boutons de son col.
La pointe de sa plume gratte le papier avec douceur, son geste est appliqué et son trait encore raide mais je doute que beaucoup des nôtres puissent se vanter de l’être moins que ce Varrockien de naissance. Il scelle sa lettre et la glisse dans un étui cylindrique aux couleurs de la ville. Sa mine change alors du tout au tout. Concentré et attentif jusque là, son visage se détend et les rides autour de ses yeux se plissent en raison du grand sourire qui l’anime lorsqu’il évoque la paperasse. Chose qu’il déteste et qu’il considère ne servir à rien mais ajoute sur un trait d’humour qu’au moins cela fait vivre les messagers. Habituée à ne point donner mon avis à outrance et à harmoniser mon humeur avec celle de mes interlocuteurs, je soutiens son rire et son regard amical.

Le trait d’humour n’était d’ailleurs sans doute que cela car il aborde sans plus de transition le vif du sujet qui m’amène : l'Erementarifôji. Il semble ravi d’avoir un peu plus de présence féminine au sein du concours mais souhaite tout de même en savoir plus sur moi, mes motivations et sans aucun doute mes capacités car il ne souhaite pas laisser n’importe qui escorter l’un des forgerons. Son sourire et son regard sont éloquents à plus d’un point à ce sujet et je ne doute pas qu’il soit plus à même dans ce bâtiment à pouvoir juger du bien fondé de nos motivations et de la légitimité de notre présence. Me voyant sur le point de répondre, il émet le souhait de nous voir nous tutoyer et mettre de coté le protocole formel.

Je ne peux empêcher le sourire et le rire qui m’animent alors tandis que je m’imagine tutoyer un membre du Conseil.

« Vous ne connaissez que trop notre affection pour le protocole conseiller Gale. Je ne suis qu’une humble citoyenne et vous un membre de notre élite à plus d’un titre. C’est pour moi une grande marque de respect de pouvoir vous vouvoyer. Cela sera en revanche ma seule entorse à vos demandes. »
Les mots que je m’apprête à prononcer je les ai tus et cachés pendant de nombreuses années et pourtant, ils semblent vouloir sortir d’eux-mêmes.
« Mon nom complet est Madoka Mawari, fille unique des regrettés Commandant Akeshi Mawari et Sergent Chun-Hyang Mawari. Ils sont morts trop tôt pour m'avoir inculqué leur discipline et leur expérience mais le courage et l’audace ne me font pas défaut. Je manie très bien les armes, je suis discrète et rapide et je n'ai aucune compassion pour mes ennemis. J’ai fait partie il y a plusieurs années de ce groupe d’aventuriers qui a empêché, au prix de lourdes pertes, qu’une arme incontrôlable et indestructible ne soit forgée et ne tombe entre les mains de Perailhon. Mes motivations sont simples. J’ai trop longtemps choisi l’ombre et l’anonymat, croyant pouvoir servir mon pays au service d’un petit nombre mais une connaissance m’a appris récemment que c’est dans la lumière qu’on agit le mieux. »
Modifié en dernier par Madoka le jeu. 21 mars 2019 22:19, modifié 1 fois.

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Re: Le Conseil de la République d'Ynorie

Message par Gamemaster5 » jeu. 7 févr. 2019 09:10

Intervention GMique pour Madoka

Le Conseiller écouta toujours en souriant la jeune femme lui expliquer ses motivations, ses capacités et lui rappeler quelques notions de cultures Ynorienne, ce qui l'amusa.

"Il est vrai que la culture ynorienne est connue pour son raffinement et son attention au respect de l'interlocuteur en fonction de son rang. C'est l'une de ses parts qui m'a charmé lorsque je l'ai découverte. Cependant, j'aime à penser que lorsque je dois traiter avec quelqu'un, il est toujours bon d'adopter un ton qui le met à l aise.
Je vois que vous avez été élevée dans les valeurs du rsspect du rang, j'en ferai donx de même avec vous,
déclara-t-il avec amusement et bienveillance. Je déplore la mort de vos parents, bien que je n'ai pas eu l'occasion de les rencontrer. Vous savez, les affaires militaires le domaine d'autres Conseillers bien plus expérimentés que moi comme le Conseiller Tirama ou la Conseillère Shimi. La stratégie militaire et la guerre, ce n est pas vraiment ma tasse de thé... Et en parlant de thé, peut être en voudriez vous une tasse ?" dit-il en sortant de derrière son bureau une théière ainsi que deux tasses qu'il remplit, en tendant une à sa jeune invitée.

Il sirota doucement quelques gorgées du breuvage qui lui tira des "mmmh mmmh" pleins de satisfaction. Il tendit ensuite une feuille à la jeune femme.

"Quoi qu'il en soit, vous m'avez convaincu sur vos motivations et vos capacités ma chère. Voici une liste des différents forgerons restants sans escorte pour le moment. J'ai prit soin de noter quelques petites informations à leur sujet, pour que vous ailliez un aperçu du forgeron avant de le choisir."
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Re: Le Conseil de la République d'Ynorie

Message par Madoka » jeu. 7 févr. 2019 16:25

Le sourire et le rire du monocle de vérité dénotent un amusement certain lorsque j’évoque ma volonté à pouvoir le vouvoyer, peut être aurais-je dû lui signifier qu’il avait toute liberté à me tutoyer mais cela fait aussi partie de l’éducation de mon maître et je me dispense donc de donner conseil à ceux qui me sont supérieurs. Cependant il n’y a apparemment aucune moquerie dans sa réaction car il avoue sans détour que cette singularité à notre culture que d’aucuns considèrent comme du rigorisme l’a charmé au premier regard. Sa nature propre le pousse pourtant à s’adapter au mieux à ses interlocuteurs et à adopter un ton qui met l’autre à l’aise. Un trait de caractère que nous partageons à bien y réfléchir mais je suis sans aucun doute plus assujettie à certaines règles que son origine, son statut et son expérience lui dispensent.

« Une habitude qui sied à merveille à votre première profession mais je vous rassure Conseiller, je ne puis qu’être à l’aise en votre compagnie. »

Il déplore respectueusement la mort de mes parents, avouant ne pas les avoir connus et ne pas être le Conseiller le plus expérimenté en matière de stratégie militaire, loin derrière le capitaine de la milice ou Dame Shimi que ma mère admirait et nommait la Faucheuse.
Rebondissant avec élégance sur le double sens d’une tasse de thé, il sort une théière et m’en propose une tasse que j’accepte avec un grand sourire.

« Avec grand plaisir Conseiller Gale. Vous savez, poursuivis-je en buvant l’exquis thé, depuis sa création ce concours est devenu un symbole fort pour l'effort de guerre et vous en êtes le promoteur … et vous n’avez pas eu besoin d’expérience de terrain pour cela. »

Je l’observe pendant qu’il boit, qu’il déguste serait plus exact tant cet homme sait se satisfaire des petits plaisirs de la vie. A mi tasse, il se redresse et saisit une feuille qu’il me tend en m’expliquant qu’il me pense apte à escorter l’un des forgerons, convaincu que mes motivations sont honnêtes et mes capacités suffisantes.
Je parcours la liste des forgerons encore libre et les annotations qu’il a ajoutées pour chacun. Il leur a été désigné à chacun un métal élémentaire et mon regard se porte automatiquement sur le seul dont je connais le nom, l’Ondyria dont j’ai pensé un moment qu’il était au centre de l’étrange pouvoir des gantelets en ma possession. Mais les notes incluses par le conseiller concernant les candidats me font changer d’avis.

« Ma maîtrise de la langue des signes sera un atout pour accompagner le forgeron Sinari. »
Modifié en dernier par Madoka le jeu. 21 mars 2019 22:16, modifié 1 fois.

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Re: Le Conseil de la République d'Ynorie

Message par Gamemaster5 » sam. 9 févr. 2019 00:54

Intervention GMique pour Madoka

Lorsque la jeune femme évoqua le Sinari muet et les raison de son choix, une lueur amusée brilla dans les yeux du Conseiller.

"Oh, vous maîtrisez la langue des signes ? Voilà qui est une plaisante nouvelle ! Sam Gadgo, le foegeron, a l'habitude de converser avec des personnes qui ne sont pas formées à ce langage. Il sera ravi de pouvoir être accompagné d'une ravissante demoiselle la maîtrisant, déclara Sirius Gale dans un rire sonore. La San-Divyna est un métal que vous ne trouverez qu'au plus profond des terres hostiles, notamment du côté de Kendra Kâr. Si le voyage vous sera certainement plus court que pour les autres, il n'en sera pas moins dangereux croyez-moi !" la mit en garde l'homme après avoir retrouvé son sérieux. Il sortit une missive scellée d'un tiroir de son bureau qui s'ouvrit dans un chuintement discret, puis la tendit a la nouvelle escorte.

"Cela vous permettra de confirmer au forgeron Sam que vous venez en mon nom.
Vous le trouverez au Sablier du Temps, son environnement calme et le silence qui y règne semble l'appaiser. Vous voilà fin prête à partir jeune fille ! Passez de l'ombre à la lumière de la San-Divyna et poursuivez vos convictions pour le bien de notre belle cité !*
Allez, viens mon copain ! Si tu as des questions n'hésite pas !



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Re: Le Conseil de la République d'Ynorie

Message par Madoka » jeu. 14 févr. 2019 22:31

Le Conseiller semble particulièrement ravi de l’apprendre, sans doute craignait-il un déséquilibre ou une iniquité vis-à-vis du Sinari. Et même si ce dernier, n’ayant d’autres choix que l’isolement total, a pris l’habitude de converser avec les autres tant bien que mal, je sais l’inconfort que cela procure de ne pouvoir s’exprimer pleinement, ayant souvent observé ma vieille Non’j être repoussée parce que muette ou être incomprise et dépréciée parce que incapable de profondeur dans ses propos. C’est elle qui m’a tout appris car étant la seule autre femme dans notre entourage il nous fallait nous lier, nous épauler … avec le recul, je pense qu’elle m’a finalement appris plus de choses que celui supposé être mon mentor qui m’a jugée imparfaite parce que incapable d’user de magie.
Lorsque Sirius Gale m’assure que le forgeron sera sans doute enchanté d’être accompagné par une ravissante demoiselle maîtrisant son langage, j’accompagne son rire franc sans réserve ni pudeur d’un sourire et d’un petit rire amusé et flatté.
Nous finissons notre thé aux saveurs épicées sur cet échange léger et amical. J’imite son geste et repose ma tasse sur le plateau en argent finement ouvragé.

Le temps n’est plus au badinage. Le corpulent conseiller devient plus sérieux, ses mains et ses yeux fouillent le bureau à la recherche de quelque chose tandis qu’il m’indique plusieurs éléments quant à ma future expédition. D’après lui, nous pourrions trouver la trace de San-Divyna vers Kendra-Kar en s’enfonçant dans les terres hostiles de la principauté. Une indication sommaire que je compte bien vérifier auprès du forgeron ou de personnes plus érudites que moi en la matière. Je souris ensuite à l’évocation des dangers qui nous attendent, un sourire de façade tant le rappel est sans doute là pour restaurer un certain sérieux à la situation, car je gage qu’il n’est pas homme à oublier que le danger est partout en ce monde et qu’il n’est nul besoin de s’éloigner de cette ville pour s’en rendre compte.
Ses mains finissent par trouver l’objet désiré au fond d’un tiroir dissimulé, une missive scellée et marquée de son nom qui prouvera au forgeron le plein soutien du conseiller à mon égard. Il se lève et fait le tour du bureau pour me la remettre en mains propres.

« Je saurais me montrer digne de votre confiance Conseiller Gale. »

Avant de me laisser partir, il m’indique où trouver le forgeron. Au sablier du temps car, dit-il, le calme et le silence apaisent le Sinari. C’est aussi là où l’on voit de nos yeux le temps défiler, un lieu atypique même pour nous et effectivement très peu fréquenté une grande partie de l’année.
Les derniers mots du conseiller me rappellent ceux d’un elfe bâtard à qui je dois d’être ici au lieu d’une cellule de prison à payer pour un autre. « Passez de l’ombre à la lumière. » Cela me semble presque irréel.

« Pour le bien de notre belle cité. » Fais-je en écho au Conseiller en m’inclinant respectueusement pour prendre congé.

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Hatsu Ôkami
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Re: Le Conseil de la République d'Ynorie

Message par Hatsu Ôkami » ven. 26 avr. 2019 13:26

La fin d'une épopée


La rumeur croissante de la place attira Hatsu qui, habillée pour l’occasion, se frayait un chemin au cœur de la foule qui attendait sous un soleil brillant. Elle s’était levée tôt et avait visité Onoda peu avant qu’il ne se rende au Conseil, lui souhaitant bonne chance avec un sourire avant de se rendre sur la place, prenant son masque de fille de noble pour qu’on ne cherche pas à discuter lorsqu’elle voulait avancer. Elle voulait s’approcher et elle pensait en avoir le droit vu son implication. La foule hétéroclite intéressa Hatsu qui scrutait les visiteurs, races qu’elle ne voyait pas si souvent que cela. Tout le monde semblait sur son trente et un pour assister à la cérémonie. A force de s’avancer en regardant autour d’elle, elle finit par repérer un certain personnage, lui tirant un large sourire que peu de gens pouvaient apercevoir et elle s’approcha, jouant des coudes pour arriver à sa hauteur, se plantant à la droite du jeune homme qui faisait bien une tête de plus qu’elle.

- Une belle journée, pas vrai ? Contente de voir que vous êtes revenu entier et à temps ! Vos pronostics ?

Elle avait gardé son sourire en parlant, détaillant Kage qui était jusque-là concentré sur l’estrade où les quatre forgerons se tenaient, assis chacun sur une chaise. Elle scruta Onoda et leva les yeux au ciel en poussant un soupir en voyant son air si arrogant peint sur son visage avant de revenir sur le jeune homme qui, malgré un air quelque peu fatigué, semblait en bonne santé, lui enlevant un poids qu’elle ne pensait pas avoir dans la poitrine. Les portes du Conseil s’ouvrirent, laissant les conseillers sortir. Le conseiller Gale, évidemment, mais également les conseillers Shimi et Muri qu’Hatsu avait aperçu quelques fois, ainsi que l’antipathique Kapono qui avait une personnalité qui ressemblait bien trop à Onoda à son goût, mais encore plus vicieux. La seule fois où elle lui avait parlé, bien malgré elle, elle l’avait instantanément détesté. Une jeune femme que Hatsu ne connaissait pas, mais qui était probablement conseillère également, accompagnaient les autres, un air légèrement intimidé sur el visage, bien qu’elle n’en laissait que très peu paraître. Le conseiller Gale entama un long discours qu’Hatsu n’écouta qu’à moitié, retenant surtout le nom de la conseillère Fumito. Elle tiqua devant le sourire mesquin de Kanopo.

Les présentations des armures commencèrent et Hatsu, n’y connaissant rien en armure, nota seulement que la forgeronne Oto’o avait précisément créé une « boite de métal » comme le déplorait Onoda. Elle remarqua le sourire narquois qu’il afficha lorsque l’armure fut dévoilée et roula des yeux comme s’il pouvait la voir. Elle nota cependant l’air intéressé de Kage, probablement lié aux particularités magnétiques du métal. La foule applaudit chaleureusement tandis que la forgeronne s’inclinait avec un léger teint rosé, probablement peu habituée à ce genre de manifestation. Hatsu applaudit poliment, sans pour autant participer à la ferveur qui l’entourait, peu encline à se laisser aller ainsi en public.

La seconde, celle du Sinari, était également magnifique, bien qu’étrangement façonnée, prenant une forme effrayante malgré la beauté du métal. Elle nota le masque qui l’intriguait. Kage prit un air étrange qui fit hausser les sourcils de la jeune femme, mais elle attendit la fin du discours pour l’interroger. Discours qui, bien que simple, semblait incroyablement chaleureux et empreint de remerciements sincères et reconnaissants.

- Cette armure vous semble étrange ? Je la trouve trop voyante personnellement… surtout les ailes… Mais il faut avouer que c’est très beau.

Elle applaudit néanmoins comme tout le monde, regardant le Sinari sourire après s’être incliné face à la foule. Puis les deux candidats encore en lice exposèrent leurs armures qui firent apparemment grand effet, la foule devenant soudainement silencieuse devant les œuvres des deux forgerons. Nul doute que cela allait flatter l’égo d’Onoda, elle en était persuadée. Elle avait déjà vu l’armure d’Olath, mais force était de constater qu’elle était impressionnante. Celle faites en Faerunne, d’une couleur verte et grise irisée, aux couleurs de l’Ynorie, lui sembla conçue plus sobrement, mais semblait tout aussi incroyable. Lorsque qu’Onoda s’avança en prenant la parole pour présenter son œuvre, elle ne put s’empêcher de lever les yeux au ciel devant le ton pompeux et arrogant qu’il prenait. Lorsque Kage approuva le travail du forgeron, Hatsu haussa les épaules, un léger sourire sur les lèvres.

- Encore heureux, s’il avait bâclé son travail, je lui aurais botté les fesses ! Surtout après tout le mal qu’on s’est donné pour trouver ce métal maudit.

Elle rougit lorsqu’il la félicita pour son acharnement à ne pas l’abandonner, ayant même un léger rire devant sa remarque.

- Ce ne fut pas facile tous les jours… mais il a de bons côtés. Et de toute façon, j’avais donné ma parole, et je ne le fais jamais à la légère. Himatori semble plus calme et moins arrogant, vous avez bien choisi.

Lorsque le forgeron leva les bras pour recevoir les applaudissements de la foule, Hatsu enfouit son visage dans sa main droite en soupirant. Par Rana qu’il était fatiguant. Elle surprit son voisin en train de détourner le regard et ouvrit la bouche pour savoir de quoi il retournait alors qu’un flash de lumière vive la surprit. Elle porta instinctivement la main à son dos, ayant oublié qu’elle n’avait pas son arme sur elle. Elle jura avant de comprendre que tout cela venait de l’armure du forgeron Himatori qui commença à expliquer ce qu’il venait de se passer, souriant lorsqu’elle vit Kage afficher un air surpris à la mention de son pseudonyme. L’explication du forgeron, bien plus technique que celle d’Onoda, sembla intéresser la foule qui garda un silence total pendant qu’il tournait l’armure à mesure qu’il expliquait son fonctionnement et les différentes parties. Hatsu applaudit comme tout le monde avec sa retenue habituelle, ricanant devant l’air agacé d’Onoda. Elle sentait qu’il avait compris qu’il n’allait pas remporter la palme cette fois.

Lorsque le vainqueur, Himatori, fut désigné, elle s’enquit des réactions d’Onoda qui, bien que grinçant des dents, semblait parfaitement sincère en allant serrer la main du vainqueur. Elle se promit d’aller lui parler peu après, imaginant qu’il allait plutôt mal réagir à l’échec. Les quelques perles qui coulèrent sur les joues de Kage lorsque le jeune forgeron termina son discours étonnèrent Hatsu qui se garda du moindre commentaire, retenant qu’elle avait vu juste en imaginant qu’ils seraient passés pas le Nord.

- Il semble beaucoup vous apprécier. Le garder en vie dans les terres d’Oaxaca n’est pas un mince exploit. Vous êtes vraiment impressionnant…

La dernière partie de la phrase, soufflé tel un murmure, fut à peine audible, couvert par le tumulte de la foule qui saluait le discours du forgeron malgré les quelques chuchotements choqués des dernières minutes après l’annonce de son départ. Une fois de plus, elle applaudit, laissant les forgerons et les conseillers quitter l’estrade avec les mannequins tandis que la foule, surexcitée par les diverses annonces et le classement, devenait un brouhaha épuisant, chacun allant de son petit commentaire ou avis sur les armures, les forgerons ou la beauté de la conseillère Fumito. Loin de participer à l’ivresse collective, Hatsu pensait surtout à la soirée infernale qu’elle allait passer après cela. Kage la sortit de ses pensées en s’approchant, lui proposant d’aller fêter leur retour en vie à l’auberge où ils avaient partagé un repas. Le visage de la jeune femme s’éclaira d’un sourire ravi et tout à fait inattendu. Elle pouvait bien profiter un peu après tout, la soirée était encore loin.

- Avec plaisir. Je vais convaincre Onoda et je vous retrouve là-bas ?

Pressant amicalement le bras du jeune homme, elle fendit la foule après un dernier sourire, se hâtant d’aller trouver le forgeron avant qu’il ne s’enferme chez lui. Elle le trouva en grande discussion avec la conseillère Fumito qui semblait relativement mal à l’aise. L’entendant approcher, le duo se tourna vers elle et Onoda offrit un sourire crispé à la jeune femme qui se présenta aimablement à la conseillère. Celle-ci, ravie de pouvoir s’éclipser, fit de même avant de filer sous le regard déçu du forgeron.

- Pourquoi venez-vous me déranger, Ôkami ?

- Je ne dérange rien visiblement. Et je tenais à vous féliciter, vous avez fait forte impression.

- Il faut croire que ce ne n’était pas suffisant.

Le ton du forgeron fit soupirer la jeune femme qui lui empoigna le bras de force, avant de le tirer malgré ses protestations.

- Non mais ça ne va pas ? Lâchez-mo,i Ôkami !

- Pour que vous alliez vous lamenter ou vous saoulez jusqu’à vous rouler par terre ? Que nenni ! Vous allez venir avec moi, nous allons fêter la fin de tout ça avec Hio Himatori et vous allez me faire le plaisir de…

- Himatori ? Pourquoi j’irais boire avec ce… oh… je vois… son protecteur sera là j’imagine ?

La jeune femme rougit jusqu’aux bout des oreilles, tirant un sourire narquois au forgeron qui accepta sans attendre, devançant même la jeune ynorienne qui regretta soudainement de l’avoir convaincu. Se dirigeant vers l’auberge, elle se dit qu’elle aurait mieux fait d’y aller seule, finalement.

- Oh, j’allais oublier !

A quelques mètres de l’auberge, le forgeron se retourna vers la jeune femme, et sortit un parchemin roulé de sa manche avant de lui tendre. Curieuse, la jeune femme l’ouvrit, haussant un sourcil étonné en regardant le forgeron comme si une deuxième tête venait soudainement de lui pousser.

- Vous êtes sûr ?

- Certain ! Je ne vais pas vous le faire gratuitement, cela me ruinerait, mais au vu de votre implication, je ne peux décemment pas ne pas vous remercier. Quand vous saurez ce que vous voulez, venez me voir, je vous le forgerai à un prix réduit. Bien sûr, je fournirais le métal.

- C’est… inattendu, mais très généreux de votre part… merci.

- Tout le plaisir est pour moi, enfin tant que vous ne m’obligez pas à forger une ceinture de chasteté…

La jeune femme éclata d’un rire franc et cristallin alors qu’ils approchaient de l’auberge, arrachant un large sourire au forgeron. Il la précéda à l’intérieur de bâtiment, commandant une table et de la boisson tandis qu’ils attendaient les deux autres en discutant joyeusement, la jeune femme répondant sans mal aux piques d’Onoda.
Hatsu Ôkami, Chasseuse Ynorienne
Première Née des Ôkami
Réceptacle de l'esprit de Loup
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Armoiries des Ôkami:
l'Or pour la fortune, le Loup pour la noblesse d'âme et la flèche pour le passé guerrier.

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Madoka
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Re: Le Conseil de la République d'Ynorie

Message par Madoka » dim. 28 avr. 2019 00:08

Le spectacle de la fin de l’Erementarīfōji a toujours été une fête à Oranan, mais jamais je n’y avais participé d’aussi près et avec tant d’intérêt et d’entrain. Beaucoup de femmes sont vêtues de leurs plus beaux atours et je ne fais pas exception, dans ma robe rouge et argent qui me vaut de pouvoir m’avancer dans la foule sans jouer du coude. Je me suis levée aux aurores pour rendre visite à Sam et lui assurer que je serais dans la foule, au milieu des anonymes et des curieux, pour le soutenir.
Tout en m’approchant de l’estrade, je remarque ici et là des petits groupes de personnes venus du monde entier ; des humains des trois continents, des elfes des contrées les plus lointaines aux Thorkins et Sinaris rassemblés eux sur des tonneaux et des murets pour apercevoir les forgerons. Les mines enjouées et festives se mêlent aux regards sérieux de ceux qui voient en cette exhibition une réelle performance.

Sur l’estrade, Sam se retrouve aux côtés de trois représentants de mon peuple et je souris de le voir si gai malgré l’extrême fatigue qui se lit sur son visage. Il se tient droit, les mains dans le dos et le menton relevé ; fier de lui, fier d’être face à la foule d’Oranan dès sa première participation.
Le bourdonnement des discussions animées s’éteint peu à peu lorsqu’on entend le bruit des portes du Conseil s’ouvrirent et c’est un silence cérémonieux qui accompagne l’arrivée du Conseiller Gale, encore plus richement vêtu qu’à l’accoutumée, et quatre autres membres du Conseil. A leurs uniformes, je reconnais l’instructeur Muri et la Conseillère Shimi qui nous a fait parvenir le message d’alerte ; le visage pincé du troisième à passer la porte doit être celui du conseiller Kapono, connu pour son regard méprisant et son sourire de vipère, un homme passablement apprécié de quelques uns de mes anciens clients qui partagent une même réputation d’hommes véreux intouchables. Bien que n'ayant jamais eu l'opportunité de lui parler, je reconnais mieux la dernière à s’avancer sur l’estrade. La Conseillère Fumito, grandement appréciée du peuple pour son incorruptibilité, et des femmes pour son courage et sa dignité.

Le Conseiller Gale s’avance, radieux et enthousiaste et s’adresse à la foule d’une voix forte ; mettant ainsi fin officiellement au concours et marquant le début d’une nouvelle ère pour le vainqueur et les participants. La présentation des forgerons et de leurs armures ne se fait attendre. J’entends autour de moi les clameurs, les applaudissements et les différents avis, tant futiles qu’expérimentés, sur la première armure alors que moi, je ne vois … qu’une armure. Je n’y connais rien malgré les longues, très longues heures que Sam a passées à tenter de m’expliquer la complexité de son métier et la diversité des matériaux et de ce qu’un bon forgeron peut en faire.
Lui, il observe l’armure de la jeune fille d’un œil curieux et écoute les explications avec grand intérêt. Il applaudit sans réserve son travail avant de se redresser, tel un écureuil, à l’énonciation de son nom.

Lorsqu’il dévoile son armure, je souris et m’amuse de le voir si fier de son effet. Il ne voulait pas que la lumière de son métal soit simplement éblouissant ou pur. A son arrivée à Oranan, il a pu voir une pièce de théâtre organisée par une troupe de rue, une pièce Kabuki et en était ressorti fasciné par les masques Oni, ayant éprouvé une peur irrationnelle en les voyant ; et marqué par une phrase : "Avant de vaincre par les armes, il faut vaincre par le mental." Il l’a fait et je dois m’avouer surprise. Il voulait une armure qui inspire la peur à son adversaire comme il a eu peur du masque. Le Conseiller Gale fait une pause dans son discours et déplie une lettre écrite par Sam. Un message de remerciement de la part du Sinari, à Sirius Gale pour lui avoir donné une chance, au peuple d’Ynorie pour son accueil et à moi … sa sauveuse et son amie malgré tout, reprenant les mots qui nous avait tant fait rire. Mais aujourd’hui, je sens mon cœur se serrer de fierté pour ce petit homme muet fondamentalement bon, qui a accepté l’inacceptable pour accomplir son rêve. Il n’y a dans son sourire, dans son regard ou dans sa révérence aucune trace de déception de n’avoir point gagné. Il est heureux d’avoir prouvé qu’il était capable de faire de grandes choses, nul doute que les Sinaris présents partagent son bonheur.


Sirius Gale annonce alors que le moment de désigner le vainqueur approche. Les deux derniers finalistes se lèvent en même temps et dévoilent leur armure d’un même mouvement faisant presque penser à un guerrier qui dégaine son arme. Deux armures très différentes l’une de l’autre en raison du métal élémentaire présent, rendant la première plus sombre que les ténèbres et l’autre pleine de nuances irisées.

Mon champ visuel s’obstrue subitement par une vision détestable. Ses cheveux noirs tressés, ses lunettes rondes devant ses yeux antipathiques et sa bouche tordue par une haine à peine contenue. Il fait de gros efforts pour paraître simplement désappointé, cela se voit à sa mâchoire crispée. Il ne veut pas montrer sa rage aux yeux des nombreuses personnes qu'il bouscule pour me rejoindre.

« Par tous les Dieux ! Est-ce ton nom que je viens t’entendre ? Et que fais-tu là à te pavaner, où étais-tu passée ? Sais-tu seulement dans quelle…
- Argh pitié, vous me bouchez la vue là. Déguerpissez. »

Toute la ville ou presque se tient sur cette place, tout le monde a les yeux rivés sur les armures et les finalistes mais non, il a fallu que cette fouine me voit. Quelques minutes plus tard, j’aurais prit plaisir à lui répondre, à l’insulter aussi probablement et le rendre fou de rage ; mais là, non. Je peine à suivre ce qui se passe sur l’estrade. J’entends la voix du forgeron, distingue son ton plutôt hautain et d’une tout autre fierté que Sam mais n’arrive pas à comprendre les détails du discours.

« Mon fils est en prison à cause de toi. »

Encore cette rengaine. Je souffle de mécontentement et le toise d’un glacial mépris.

« Votre fils est en prison parce qu’il a cambriolé la maison de son hôte. Quelques jours ou semaines au cachot lui feront le plus grand bien.
- Tu as trahi notre maison.
- En déjouant votre piège ? Je ne crois pas non. Maintenant, vous permettez, j’aimerais admirer les finalistes et applaudir le gagnant.
- Ne crois pas que tu vas t’en tirer… »

Une détonation retentit derrière lui depuis l’estrade, aussitôt suivi d’une intense gerbe d’étincelles aveuglantes. Les ovations destinées au forgeron du Rempart d’Olath se transformèrent en exclamations de surprise craintive. L’armure du dernier finaliste reste ainsi éclairée, comme en feu, pendant quelques secondes avant qu’il ne l’avance pour la décrire d’une voix assurée et un ton professionnel.

« Tu as des comptes à rendre, à moi, à la milice et à notre Maître.
- Je crois que vous me confondez avec quelqu’un qui a pris part à vos exactions. Je me nomme Madoka Mawari, jeune Ynorienne récemment engagée par le Conseiller Sirius Gale pour protéger l’un des participants de ce prestigieux concours. Ce nom n’est en rien relié à Votre maison je crois, si ?
- Tu ne t'en tireras pas comme ça.
- Je suis intouchable. Chacune de mes actions résulte d’un de vos mensonges. Mensonges que je me ferais un plaisir de révéler à qui de droit. Quand Keyoke voudra me parler, qu’il vienne, je ne suis plus une de ses marionnettes.»

Une autre clameur et salve d’applaudissements nous détournent de notre ennuyeuse discussion. Le jeune forgeron de la plate de Sirocco Aveuglant salue la foule et s’incline respectueusement devant les Conseillers et juges. Sirius Gale reprend la parole et même la fouine Chumaka n’ose parler, ni même chuchoter pendant son discours.
Il encense encore une fois le talent des forgerons et rappelle les qualités de chacune de leurs armures avec entrain avant d’annoncer d’une voix forte le nom du vainqueur. Hio Himatori, fils et petit fils de forgerons.
Ce dernier est acclamé par la foule et chaleureusement félicité par Sam et la jeune femme. Je fais un signe de la main à Sam lorsqu’il s’écarte de l’estrade pour attirer son attention.
La main de Chumaka me retient. Je lui tords le poignet et le force à se baisser à mon niveau pour lui murmurer mes derniers mots.

« Dégage ta face de serpent de ma vue. L’époque où tu pouvais me commander est révolue. »

Je le relâche et le devance sans même prendre le temps d’écouter ses dernières menaces. A partir de maintenant, je vole de mes propres ailes, je fais ce que je veux, comme je veux et à qui je veux.

Je rejoins Sam en bas de l’estrade. Il a une mine réjouie et les yeux débordant de larmes contenues. Il m’accueille avec un grand sourire et un froncement habile des sourcils.

« Quel changement ! On dirait une Dame habillée ainsi.
- C’est un jour de fête. Sam, ton armure est splendide. C’est le griffon qui t’a inspiré ?
- Le griffon de Kamareth oui. Madoka, je suis tellement… »

Il ne trouve pas ses mots. Ses doigts s’enchevêtrent et s’agitent comme si toute la pression descendue et la liberté retrouvée étaient trop fortes pour ce petit roc. Une fois n’est pas coutume, je n’essaye pas de finir sa phrase et le prends dans mes bras sans attendre qu’il le fasse. Je le sens se détendre et souffler dans mon cou en tressautant. Je ne dis rien, le laissant ravaler ses larmes de joie d’avoir vaincu le désert et faire le deuil de sa victoire.
Quand il se redresse, il fouille ses poches et en sort un morceau de parchemin plié. Le sceau officiel du Conseil marque le bas du parchemin, attestant l’offre inscrite dessus.

« Cela sera un honneur pour moi de porter ce que tu forgeras.
- Et un honneur pour moi de le forger. »

Nous nous accordons sur quelques détails dont un qui me tient à cœur ; j’irais jusqu’à Shory, un jour, et ce jour-là je lui commanderai l’armure.

« Allez, viens, je veux te présenter ma famille et mes amis. Ils ont fait demi-tour pour être là à mon retour. Finalement tu avais raison … ils m’aiment même si je suis ambitieux. »

Nous traversons à la hâte la grande place qui se vide petit à petit des badauds et curieux. Sam me présente et un jeune Sinari traduit le récit de nos aventures d’une voix presque chantante. Un conteur-né que je prends plaisir à écouter même si je connais l’histoire dans ses moindres détails.

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Modifié en dernier par Madoka le ven. 28 juin 2019 22:23, modifié 2 fois.

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Vohl Del'Yant
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Re: Le Conseil de la République d'Ynorie

Message par Vohl Del'Yant » lun. 29 avr. 2019 23:15

Devant le bâtiment, sur l'esplanade, une foule éclectique s'est rassemblée. Voilà maintenant plusieurs heures que le mercenaire a laissé son forgeron aux bons soins du Conseiller Gale. L'homme les avait accueillis avec son éternel sourire contagieux avant d'inviter Hïo à prestement leur dévoiler les spécificités de son armure. Kate avait pris congé en assurant au forgeron qu'il assisterait à la présentation officielle : le jeune homme lui avait retourné un sourire confiant mais nerveux. Ses traits un peu marqués par l'aventure et le travail à la forge laissaient apparaître des petits cernes, bien que son regard soit vif et clair. Vohl s'était alors éclipsé sous l’œil d'or de Gale en croyant percevoir l'ombre d'un sourire malicieux.

Il avait eu le temps de voir, par l'embrasure de la porte, deux des conseillers déjà présents dans la salle. Tout d'abord, la Conseillère Fumito, qu'il avait pu complètement identifier car elle restait parfaitement immobile, dans cette posture à la fois digne et intimidée qui la caractérise notoirement. Le second Conseiller n'était pas moins connu, et pourtant nettement moins apprécié...avec une coiffe qui le grandissait de trente bons centimètres. La réputation de ce dernier est on ne peut plus controversée : si la plupart des Ynoriens ne comprennent pas son intérêt ni même sa présence au sein du conseil, quelques rares dissidents à l'opinion générale soutiennent que sa personnalité perverse et condescendante permet d'une part d'unir les autres Conseillers et d'autre part de maintenir la vigilance des Conseillers sur les manœuvres intérieures autant qu'extérieures.

Voir ces deux personnages publics juges de l’événement inquiète un peu Vohl pour son désormais ex-protégé. La présence de Gale et de son monocle rassure le mercenaire sur le déroulement de la cérémonie, tout en laissant un tendre stress sur la victoire de son forgeron. Le protecteur est désormais sur le parvis du bâtiment du Conseil après avoir déambulé dans la capitale effervescente. Le nombre de citoyens et d'étrangers parés de leurs plus beaux atours lui offre un anonymat complet : il en savoure la sécurité, s'arrêtant même aux étals colorés qui font résonner les rues d'annonces alléchantes au dessus du brouhaha ambiant.

À plusieurs reprises, Vohl croise des êtres dont il ne soupçonnait pas l'existence : des elfes bleus en passant par les hïnions, jusqu'à des créatures plus étranges encore. Si certaines ne sont pas familières de par leurs couleurs, plus encore surprenantes sont les races dont l'aspect établit une parentèle avec certains animaux : loups, renards, tigres... Le peuple déjà assez chamarré d'Ynorie prend des allures de patchwork. La stature massive des thaurions côtoie celle des thorkins, les figures basanées de kendrans apprêtés dans des tenues classieuses croisent celles aux tons pastels d'elfes pâles.

Tout ce monde se croise et se salue dans une ambiance prudente mais rendue joyeuse par l'approche des festivités. Vohl flâne un peu, s'approchant des boutiques pour observer les articles parfois improbables qui en garnissent les devantures. Il ne tarde cependant plus trop : il tient à obtenir une place convenable sur l'esplanade. Quelques centaines de personnes se pressent déjà sur les lieux : l'homme des ombres prend place derrière un couple de kendrans, reconnaissables à leur faciès marqué par des traits plus rudes que les Ynoriens. Après encore quelques moments d'attente ou la foule s'accumule, il entend la protestation étouffée mais fleurie d'un thorkins sur sa droite. Il tourne la tête, intrigué et tiré de ses réflexions par le mouvement. Son cœur se fige avant de précipitamment rattraper son retard lorsqu'il voit la figure connue avancer vers lui en lui adressant un large sourire, qu'il lui retourne avec empressement. Il reprend ses esprits alors que Hatsu Ôkami se place à son côté.

"Une belle journée, pas vrai ? Contente de voir que vous êtes revenu entier et à temps ! Vos pronostics ?"

Après cette petite phrase humoristique sur le temps il est vrai radieux, Vohl sourit en acquiesçant à la phrase de la chasseuse. L'introduction de la jeune femme, comme s'ils revenaient tous deux d'une promenade d'agrément, l'a un peu pris au dépourvu : il se reprend lorsqu'elle lui fait part de son soulagement de le revoir en vie. Il la regarde attentivement, à la recherche d'une pointe d'humour ou de moquerie... peine perdue : elle a l'air parfaitement honnête et heureuse de le trouver là. C'est en tout cas ce qu'il perçoit et savoir qu'elle s'inquiétait réellement pour lui le touche profondément. Il incline la tête pour lui rendre son étrange salutation, avant de répondre :

"Je suis également heureux de vous revoir, chasseresse : j'avoue m'être demandé comment la situation se présentait pendant votre voyage... L'olath n'est pas réputé pour être trouvé dans les endroits recommandables ! "

Après un instant de silence, ou plutôt de calme très relatif au niveau sonore ambiant, il reprend d'un ton rieur :

" Haha, eh bien, j'apprécie trop le jeune Himatori pour que mes pronostics se basent sur la raison et l'expérience. Je miserai donc sur mon protégé : mais c'est à l'aveugle...et j'espère par curiosité que certaines armures m'en mettront davantage plein la vue que celle du clan Himatori !" Il continue, un sourire étirant ses lèvres, partageant avec lui même cette touche d'humour. "Même si j'ai des doutes sur ce point précis ! "

La jeune femme tourne son regard vers l'estrade où les quatre forgerons attendent désormais, comme pour vérifier qu'Onoda ne s'est pas volatilisé. Connaissant de réputation le personnage arrogant, il serait surprenant de le voir manquer un moment qui le mettrait très en avant par rapport à ses homologues. C'est donc sans surprise que le mercenaire le voit en suivant le regard de sa protectrice. Sa posture traduit son assurance, peut être excessive, qui l'oppose radicalement à la forgeronne de kéraunos et - bien que dans une moindre mesure - aux autres participants. Il la voit soupirer du coin de l'oeil, ayant détaché son attention d'elle pour regarder lui aussi vers l'estrade. Le comportement du forgeron semble continuer de l'exaspérer malgré la fin de ses obligations.

A cette observation, il la regarde à nouveau. Elle est habillée avec classe, et évocatrice de la richesse de sa famille. Il semble que les chaînes qu'elle était prête à briser il y a quelques mois lui courent encore après. Une attention plus poussée, quoi qu'il l'espère suffisamment discrète, lui laisse remarquer que l'arc dont il se souvenait ne pare plus son dos. Son attention revient vers la scène alors que le Conseiller Varrockien avance accompagné de quatre égaux, dont Shimi et Kapono.

Après avoir rappelé le nom et le métal de chacun des artisans, il présente les juges. A chaque nom, le Conseiller en question fait signe à la foule massée devant eux. Le silence respectueux laisse progressivement moindre des murmures qui deviennent rumeur à mesure que les derniers paris ferment en attendant le premier nom du classement. La quatrième place est attribuée à l'ynorienne O'oto. Les propriétés magnétiques du métal ont été utilisées sur une armure de plates, permettant à son utilisateur de se passer de fourreau. Une idée intéressante, bien que la jeune femme se soit trop concentrée sur les propriétés et pas assez sur la fonctionnalité de l'armure... Mais le métal est incontestablement intéressant pour cet exercice. Vohl applaudit avec respect. Le travail de la benjamine de la compétition reste respectable, malgré de nombreux défauts.

Vient le tour de Sam Gadjo, forgeron de San-Divyna. Lorsqu'il dévoile son armure, Vohl n'en revient pas... que l'on puisse se tromper à ce point. L'armure semble rayonner malgré le temps ensoleillé. Gale la qualifie d'impressionnante. Vohl la trouve d'une stupidité crasse. Pourquoi rendre visible un soldat si ce n'est pour le transformer en une cible parfaite sur le champ de bataille pour les arcs et arbalètes ? Oh, il aura l'air d'un être légendaire rayonnant de puissance, certes ! Mais une fois mort d'une flèche dans l'oeil, son utilité sera nettement moindre...

Et l'armure, en plus de ce défaut majeur, se targue de posséder la plus grande part des défauts actuels de l'armure ynorienne : le col relevé comme les antiques samouraïs, laissant la nuque à la merci des haches omyriennes, et le gorgerin handicapant. Non, décidément, cette armure ne trouve grâce à ses yeux que pour l'apparat. Un esprit Ynoriens aurait sans doute pu lui éviter de tomber dans une sorte de cliché ancien et aujourd'hui désuet. Ses pensées ont du transparaître sur son visage car Hatsu Ôkami se tourne vers lui et l'inspecte d'un œil circonspect avant de lui demander la raison de son expression dubitative. Il lui en présente la teneur générale, partageant l'avis sur la beauté imposante de l'armure.

Lorsque le Conseiller termine de lire la lettre du forgeron muet, Vohl applaudit poliment, avec un enthousiasme dû plus à l'approche de la conclusion de l'Erementerîfôji qu'à un véritable entrain provoqué par la création en métal de lumière. Son regard est figé sur les deux finalistes alors que le Varrockien explique qu'ils présenteront -même leurs créations respectives. Son cœur bat intensément, comme s'il était lui même sur l'estrade. Que n'a-t-il pas traversé pour permettre à Hïo de survivre à cette expédition ? L'envie de voir gagner 'son' protégé prend le pas sur la satisfaction d'avoir accompli sa mission. L'attente du public pèse sur toute l'esplanade : parieurs, férus de ferronnerie et nobles, étrangers comme Ynoriens, tous se tendent dans un silence émaillé de chuchotis.

Chacun de leur côté, les finalistes découvrent leurs ouvrages dans un parfait ensemble. Ils sont les reflets l'un de l'autre. Onoda offre une moue d'autosatisfaction mêlée de fierté, là où Hïo affiche une fierté et une envie de partager sa création. L'un porte un sourire certain de sa supériorité, là où le sourire de l'autre, communicatif, rayonne de plaisir. Il faut avouer que les armures dévoilées sont dignes autant de la morgue que de la fierté des deux forgerons. Le silence, telle une fragile coquille, se rompt avec fracas lorsqu'Onoda d'avance d'autorité pour présenter le Rempart d'Olath, une armure si sombre qu'elle semble absorber la lumière qui l'atteint. Son discours enflammé sur les affrontements oaxiens reçoit le rugissement d'un public déchaîné par ses propos guerriers. Vohl regarde brièvement Hïo, qui semble attendre avec une hâte mâtinée de frustration que son rival cesse de se donner ainsi en spectacle.

Vohl a un petit pincement au cœur en songeant qu'après un pareil discours, il est compliqué de retenir l'attention de la foule. Onoda semble avoir sciemment choisi un discours de clôture, comme si la foule devait se ruer à l'assaut des frontières aussitôt son allocution terminée. Il ne se contente cependant pas de galvaniser la foule, présentant les avantages techniques de son armure : l'aura terrifiante et l'agencement de plates articulées, permettant une souplesse améliorée par rapport aux plates entières. Au contraire de la création de Sam Gadjo, cette armure aux allures d'Oni serait un atout colossal pour se soustraire à la vigilance ennemie. Et en cas d'affrontement, la terrible aura saura peser dans la balance. Vohl acquiesce, approuvant le travail du forgeron, bien que les défauts inhérents à la plate aux formes classiques soient encore présents. Il applaudit avec force, même s'il ne se joint pas aux mugissements bovins de l'assistance. Le travail d'Onoda est largement salué. Le sourire supérieur et verni de cette certitude est néanmoins un trait de caractère qui ne manque pas d'agacer Vohl. Et dire qu'Hatsu l'a supporté - et de près!- pendant plusieurs semaines! Il lui fait part à la fois de son étonnement quant au fait qu'elle ne l'ait pas étripé d'elle-même, après lui avoir partagé son impression sur le Rempart d'Olath. Elle rougit à ses félicitations, ce qui le trouble suffisamment pour qu'il perde un peu le fil de ce qui se passe à côté.

" Encore heureux, s’il avait bâclé son travail, je lui aurais botté les fesses ! Surtout après tout le mal qu’on s’est donné pour trouver ce métal maudit. Ce ne fut pas facile tous les jours… mais il a de bons côtés. Et de toute façon, j’avais donné ma parole, et je ne le fais jamais à la légère. Himatori semble plus calme et moins arrogant, vous avez bien choisi."

Vohl approuve, un sourire dans les yeux. Son attention revient toutefois sur Hïo après un petit grattement de gorge : ce dernier avance tranquillement vers son armure tandis que son adversaire reçoit les louanges du public avec une assurance trop marquée au goût du mercenaire. Qu'il attende donc un peu. Lorsque Hïo saisit la manche de l'armure, portant la petite boule métallique, Vohl a détourné les yeux, voyant où le jeune forgeron veut en venir. Le flash de lumière ne tarde pas et, même ayant détourné le regard, l'aura marque sa rétine pendant quelques secondes. Après une agitation à laquelle il constate avec amusement que Hatsu a participé, un silence attentif revient lorsque le public entier voit la lueur décroître, en provenance de l'armure de faerunne.

Lorsque Hïo commence à parler, il décrit son voyage, allant jusqu'à mentionner le rôle de Vohl. Un petit air surpris se dessine sur le visage du protecteur. Il ne pensait pas que le forgeron irait jusque là : il faut dire que pas une fois son opposant n'a donné le nom de sa partenaire de voyage... Puis l'artisan se lance dans une description de ce que son armure est susceptible d'apporter en confort et en efficacité. Tournant autour de l'armure au fil de ses explications, il donne à voir à tout le public les plates articulées par la maille, qui groupent force et grâce. Les craintes de Vohl s'apaisent : le public semble captivé par les explications techniques, présentées avec simplicité sans perdre l'aspect fonctionnel. Les explications semblent trancher suffisamment avec l'aspect émotion qu'avait exploité Onoda : le silence attentif ne perd pas un mot du jeune forgeron. Lorsqu'il en vient à l'explication du petit soleil né de l'armure, des murmures curieux et admiratifs se font entendre. Enfin, Hïo annonce le nom de son armure. Plate de Sirocco Aveuglant. Le nom reflète la douceur du vent, la force de Rana et l'élément de surprise de l'armure. Le mercenaire sourit. Voilà qui rend justice à leur aventure.

Le public semble penser la même chose, et il ne se fait pas prier pour le faire savoir. Une ovation rugissante marque la fin de la présentation du forgeron de faerunne. Lorsque celle-ci s'apaise, le Conseiller Gale reprend la parole. Un silence complètement différent de l'attention précédente plane sur la place : celui-ci est empli de hâte et d'excitation. Et le nom tombe. Hïo Himatori. Le jeune homme en est presque pétrifié, et ses confères le ramènent sur terre en lui serrant la main avec enthousiasme. Même Onoda lui serre la main, quoi qu'une grimace ténue marque son désarroi un peu rageur. Après un bref instant d'égarement, une solide tape dans le dos accompagnée de quelque remarque comique le tire de son rêve pour le ramener sur le devant de la scène.

Il y donne alors le discours qui clôturera cet incroyable événement. Faisant part de ses projets, il revient sur l'expérience fascinante et presque mortelle qu'a constitué la recherche de la faerunne. La scène s'efface dans ses yeux pour laisser place à de mornes landes, privées de vie : les plaines noires. Dans les pupilles de Vohl, comme en écho, reviennent les morbides scènes qui ne s'effacent que doucement de son esprit. Les scènes partagées par les banshees, théâtre morbide de la souffrance et de la soif de terreur des bourreaux oaxiens. Lui reviennent également la fuite devant l'escouade de faunes décharnés, la traversée de leur camp fortifié. Un fond d'horreur qui se mêle à la reconnaissance qu'il accorde à Hïo de l'avoir intégré une nouvelle fois à son discours, admettant son rôle : des billes chaudes laissent une marque brillante sur ses joues. Le mercenaire les essuie vite. Mais son cœur continue de remercier le forgeron pour cet hommage. Le rôle d'un homme de l'ombre n'est pas toujours facile a accepter... la reconnaissance du forgeron lui redonne un peu l'espoir qu'il ignorait avoir perdu. Le fils prodigue Himatori clôture enfin son oratoire.

"Si nous laissons Oaxaca et ses sbires envahir nos terres, nous n'aurons plus le luxe de faire quoi que ce soit. C'est ma conviction. Pour le bien de la République d'Ynorie !"

La foule explose en un tonnerre d'applaudissement, bien que des regards étonnés se croisent à l'annonce de sa coopération pleine et entière à l'effort de guerre kendran. Vohl applaudit vigoureusement sans pour autant s'adonner aux vocalises gutturales des thorkins placés non loin. Lorsque l'ovation se calme, il prend le temps d'inspirer profondément afin de libérer la pression qui s'est sournoisement infiltrée en lui pendant la cérémonie. Se tournant vers sa voisine, le désormais ex-protecteur savoure la fin de sa mission aussi bien que la phrase de la chasseresse : l'amitié du forgeron lui va droit au cœur, et celui-ci bat plus vite au soupçon d'admiration qui part dans le souffle de la jeune femme.

Il incline la tête devant ses paroles, marquant discrètement qu'il a perçu l'hommage, avant de se fendre d'une proposition.

"J'aimerai vous entendre me parler de votre quête, Hatsu Ôkami : l'Olath n'a pas du être facile à extraire. Que diriez-vous de célébrer notre retour en vie autour de la table qui a marqué le départ de cette quête ?

Lorsque la jeune femme approuve avec un sourire cette idée, il ne peut se retenir d'afficher la même expression.

"Nous pourrions inviter nos forgerons à se joindre à nous : il serait regrettable que les deux meilleurs forgerons du concours n'aient pas à l'idée de faire connaissance !"

La jeune femme acquiesce une nouvelle fois avant de presser doucement son bras. Il retient de justesse un mouvement pour presser sa main. Elle lui sourit encore avant de partir chercher Onoda. Vohl la regarde s'éloigner avant de se rendre compte qu'il doit également aller prévenir Hïo qu'une table requiert sa présence à l'Auberge des Hommes Libres. Son regard se détache de la silhouette vêtue avec sobriété et élégance de la jeune femme. Dire que derrière ces atours se cache une chasseuse qui tente de faire plier le destin auquel elle semble destinée. La volonté de Rana prend bien des formes. Il secoue la tête. Il doit vraiment aller intercepter Hïo avant que ce dernier ne boive la tasse dans la marée de nobles qui tentent déjà de se frayer un chemin vers le forgeron le plus en vue depuis quelques minutes.

Il finit par contourner la foule afin d'attendre Hïo sur le chemin de la forge familiale. Il décide de se placer à l'entrée du passage qui donne sur les appartements, au lieu de se joindre aux passants qui hésitent entre rentrer dans la boutique et ceux qui ne semblent pas s'embarrasser de la paix que peut vouloir le forgeron pour célébrer son jour de gloire. Après de longues minutes, c'est un forgeron un peu rouge qui arrive devant lui.

"Eh bien ! La célébrité va me faire perdre du poids, si ce n'est la raison ! As-tu apprécié mon discours ?"
"Tu t'en es magnifiquement sorti, Hïo, félicitations. Et Onoda ne t'a certes pas facilité la tâche !"
"Oh que non ! J'ai bien cru qu'il ne cesserait jamais de se jeter des fleurs ! J'ai hésité à l'assommer..."
"Hahaha, grand bien t'a pris de t'en abstenir ! Quant à ton projet de forge, c'est une bonne idée. Je ne doute pas que tu auras un grand succès, en te positionnant ainsi. Cela va attirer les curieux en plus des clients ! "
"Certes oui ! Oh, dis moi, Kage : je souhaiterais que tu acceptes ceci."

Le forgeron tend un parchemin, d'un air solennel, vers son mercenaire. Il en décrit brièvement le contenu en même temps que Vohl lit ce dernier. Ses yeux s'écarquillent à mesure qu'il prend conscience de la valeur de cette petite missive.

"Ce sera un honneur de remercier celui qui m'a permis de gagner ce concours avec une pièce de son choix. Et si le besoin s'en fait sentir, n'hésite pas à revenir vers moi : tu seras toujours le bienvenu à l'Enclume de Rana."
"L'honneur est pour moi d'avoir fait la connaissance d'un forgeron aussi digne, Hïo. Ce que tu m'offres ici est sans prix. Laisse moi à ma mesure te remercier...j'ai rendez-vous à l'Auberge des Hommes Libres dans peu de temps. Que dirais-tu de m'accompagner pour célébrer le début de ta nouvelle vie ?"
"Excellente idée !"
"Parfait ! Je préfère te prévenir : Onoda y sera aussi surement. Sa protectrice et moi avons fait connaissance et ..."
"Ah ! Tu as caché une couleuvre dans le saladier, Kage ! Attends une petite seconde...sa protectrice ? Un rendez-vous dans la meilleure auberge de la ville ? Pour me remercier, hein ? Pas la peine d'en dissimuler la vrai raison ! Je crois deviner le pourquoi de tes instants de rêverie sur le chemin du retour !"
"Cesse donc tes imbécillités !"

Les joues de Vohl rosissent légèrement : il en a bien conscience et cela l'agace. Cela l'agace d'autant plus qu'il n'est pas sur de vouloir reconnaître la raison de cette colère qui le prend sans prévenir. Hïo en joue en avançant encore un peu sur la corde sensible.

"Oh, eh bien, alors je suppose que rencontrer une ravissante jeune femme, compte tenu de ma notoriété récente, sera une bonne idée !"
"Cher forgeron, avez-vous conscience que je n'ai plus de rôle de protecteur ?"
"Hahaha, Kage ! Je plaisante, voyons. Je prendrai sur moi pour Onoda : allons-y."

Contournant la devanture de la boutique, ils empruntent quelques chemins tortueux avant d'arriver devant la taverne. Le forgeron d'Olath et sa protectrice - son ancienne protectrice - sont déjà placés à une table, Onoda semblant prêt à faire un sort à son verre de vin dès que la jeune femme le quitterait des yeux. Elle sourit en voyant arriver l'assassin et l'artisan. Cheminant jusqu'à elle, Vohl se charge des présentations. Celles-ci ne sont pas véritablement nécessaires, mais elles permettent d'engager directement la conversation.

"Vous connaissez évidemment Hïo Himatori. Hïo, voici Hatsu Ôkami, une protectrice dont j'ai moi-même été témoin de l'aisance impressionnante avec un arc. Et nul besoin de vous présenter à sire Fuji Onoda."
"Enchanté, mademoiselle. Pour impressionner Kage, je ne doute pas qu'il faille être douée. Fuji Onoda, bonjour à nouveau, et félicitation pour votre armure. Nul doute que les nobles se l'arracheront à prix d'or !"

Après une petite pique d'Onoda que tous prennent à la rigolade pour éviter de s'en offusquer, ils s'installent à la table. Peu de temps après, les assiettes devant eux sont fumantes et l'alcool coule -dans certains verre plus que dans d'autres, mais sous la surveillance étroite des protecteurs. La discussion tourne évidemment autour de ce qu'ils ont croisé pendant leur voyage, et si les forgerons semblent s'être alliés pour un dénigrement en règle mais mené avec humour des capacités de leurs protecteurs, Vohl comme Hatsu ont la répartie facile et leurs propos déliés par quelques verres ont tôt fait de mettre une certaine animation dans l'auberge.

Finalement, la boisson a raison du plus jeune en premier. Onoda, pris d'un élan de solidarité face à la plèbe mercenariale qui ose critiquer leur art et leur talent, se porte volontaire pour le ramener à la forge. Vohl hésite un bref instant, avant que Hatsu ne le convainque d'un geste de la tête. Après avoir tenté de s'éclaircir un peu les idées, il se rend compte qu'il s'agit de la bonne décision. Les deux compères de boisson auront ainsi une bonne base pour établir des rapports qui dépasseront peut-être leur opposition lors de cette compétition. Soudés dans l'alcool, comme qui dirait. L'assassin laisse donc l'ivrogne notoire se charger de raccompagner un jeune homme qui risque d'entendre le marteau frapper l'enclume très, très près de son oreille lorsqu'il sera de nouveau maître de ses sens.

"Je suis impressionné, Hatsu... Peut-être Onoda a-t-il noirci le tableau, mais je doute qu'il ait tout inventé. Votre maîtrise a encore du se parfaire : peut-être me donnerez-vous des cours, si Rana accède à mes souhaits. "

Après une brève pause, la gorge un peu serrée à l'idée que ce ne sera peut-être pas le cas, il poursuit du ton le plus dégagé possible :

"En parlant des problèmes qu'ont présenté ces derniers mois... J'avais l'impression que vous cherchiez des réponses, à votre départ : les avez vous trouvées? Et je vous dois d'ailleurs des excuses...et des remerciements, pour m'avoir veillé. Je n'ai pas osé vous déranger, vous étiez allée au delà de ce que j'aurais pu vous demander... C'est en partie grâce à vos soins que j'ai pu accomplir mon rôle de protecteur. "
Modifié en dernier par Vohl Del'Yant le lun. 13 mai 2019 19:07, modifié 1 fois.

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Faëlis
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Re: Le Conseil de la République d'Ynorie

Message par Faëlis » mer. 1 mai 2019 08:58

Aliéna avait beau être sportive, suivre Faëlis en pleine course à travers la ville n'était pas chose aisée. Elle devait crier la direction dans son dos, mais les elfes ont l'ouïe fine. Le jeune homme s'orienta donc ainsi, en direction de l'immense bâtiment qui serait de siège au gouvernement de la république d'Ynorie. Une grande foule était assemblée là, il semblait qu'une cérémonie touchait à sa fin.

« Qui est-ce qu'on cherche ? »
demanda Faëlis.

« Une femme du nom de Madoka. Prière de ne pas la draguer d'entrée. »

L'elfe haussa les épaules. Comme si c'était son genre ! Il prenait quand même quelques minutes pour les observer, d'abord. Il se dirigea vers un petit groupe comprenant une ynorienne et quelques sinari et lança vivement :

« Excusez-moi, je cherche une certaine Madoka. C'est urgent, savez-vous où elle se trouve ? »

Une femme ynorienne, qui discutait apparemment avec un sinari muet se tourna vers lui :

« Alors c'est votre jour de chance, vous n'aurez pas à la chercher plus longtemps. Je suis Madoka, et tous les deux, vous êtes... ? »

L'elfe marqua un temps d'arrêt sous la surprise. D'autant que la jeune femme était élégante comme une courtisane, loin de l'apparence d'une aventurière. Jeune et gracieuse dans sa robe d'écarlate et d'argent, l'ynorienne semblait prête à se rendre au bal ! Il était si stupéfait qu'il ne répondit pas tout de suite. Une erreur tragique, car cela laissa le temps à sa compagne de le devancer :

« Lui, c'est Faëlis Nyris'trucmuche, un nom imprononçable, comme tous les elfes. Quand il devient trop lourding, il faut lui jeter un seau d'eau à la figure, ou un truc de ce genre. C'est important de le faire redescendre sur terre. Quand à moi, je m'appelle Aliéna, et il n'y a rien de plus à dire sur mon humble personne, éclipsée par Sa Grâce ici présente. »

L'ironie dans ses mots était si mordante qu'elle aurait fait envie à un crocodile. Faëlis se reprit et grogna :

« Faëlis Nyris'Kassilian, de Cuilnen. J'ai besoin d'un guide vers les montagnes de l'est. Ma compagne ici présente m'a suggéré, avec le tact que vous pouvez lui constater, de vous demander service. »

Elle sourit, visiblement amusée par la scène d'Aliéna, seule responsable, assurément, du ridicule de la situation. Elle assura pouvoir les aider, malgré ses apparences. Ainsi, elle avait compris la signification de son regard. Intéressant... et un peu inquiétant ! Elle souhaitait cependant savoir où se rendre exactement et pour quelle raison. Lui en dire trop n'était peut-être pas très prudent, mais il n'avait guère le choix. Il décida cependant de contourner la raison de son voyage :

« Un elfe se dirige vers le palais de la roseraie de la soie, mais un danger mortel pèse sur lui. Je dois le rejoindre au plus vite pour l'avertir. »

En réponse, elle assura connaître le chemin, mais désirait en savoir plus sur ce voyageur, et notamment ses moyens de transport.

« J'ignore tout de lui, soupira l'elfe. Il doit avoir quelques jours d'avance et je ne sais comment il voyage. Quelque chose me dit qu'il voyage comme moi, à pied... mais qu'il cours peut-être assez vite. Comme moi. »

« Ah oui, Faëlis est un grand coureur... » ironisa Aliéna.

Quelque chose lui disait qu'elle n'avait pas aimé le suivre au pas de course à travers la ville ! L'allusion fit sourire Madoka. Le voyage s'annonçait pénible... Enfin, elle se décida à lui donner rendez-vous devant les portes, le temps qu'elle s'apprête. Comme s'il n'avait que ça à faire ! Bon, il faudrait bien en passer par là. Il la laissa donc partir et rejoignit les portes, sous le regard narquois d'Aliéna.

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Madoka
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Re: Le Conseil de la République d'Ynorie

Message par Madoka » sam. 4 mai 2019 22:48

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Sam passe sous silence certaines de nos actions et rencontres qu’il préfère sans aucun doute oublier. Ils sont joyeux tous ensemble, ils écoutent et vivent le récit avec curiosité et une admiration grandissante envers leur compatriote si courageux et si téméraire. La vision de notre voyage de Sam est différente de la mienne, il est revenu avec des souvenirs extrêmement fort, tant le difficile comme l’agréable ; j’ai l’impression de n’avoir fait que survoler les épreuves tant il en est ressorti fébrile et marqué. Le chemin sera long pour vivre pleinement ce qui m’arrive, j’ai trop longtemps joué le rôle qu’on me demandait, au point de ne plus réaliser que les événements qui arrivaient à mes rôles, m’arrivaient aussi à moi. J’étais certes son protecteur, mais j’étais simplement moi … je l’ai d’ailleurs fait remarquer à Chumaka il y a quelques minutes sans même y penser.
A cette pensée, je guette la place à sa recherche mais il n’est plus là, parti faire son rapport au Maître. Je devrais dors et déjà arrêter de le nommer ainsi maintenant que j’ai pris la décision de ne plus être à son service. Un sursaut de devoir m’assaille, me dictant d’aller le quérir pour lui faire face … avant de repenser à notre passé, à ses mensonges quant à ma place auprès de lui, lui qui m’avait tout simplement mise de côté, bannie des sphères importantes de son monde sous prétexte que je ne possède pas de fluides, sans même me le dire. Il me gardait dans un coin, comme un pion sans importance qu’on peut envoyer au casse-pipe de temps en temps. Avoir appris la vérité à ses dépens m’a donné l’impulsion nécessaire pour me présenter au Conseil, mais maintenant … comment on choisit par quoi commencer quand on est à nouveau libre de choisir ?


Une brusque intrusion coupe le fil de mes pensées perdues dans les méandres, presque inconnus, de la liberté. Un elfe immense interrompt le récit de Sam.

« Excusez-moi, je cherche une certaine Madoka. C’est urgent, savez-vous où elle se trouve ? »

Ses cheveux sont plus dorés que mes bijoux et son teint est si lisse que des femmes tueraient pour avoir le même. Il est vêtu assez richement, bien trop pour être un messager et bien trop équipé pour être un simple voyageur. Il est accompagné d’une jeune femme aux cheveux d’un blanc immaculé, au teint tout aussi pâle et aux yeux d’une couleur étonnante, semblable à de l’ambre. Elle est essoufflée tandis que l’elfe parvient à parler sans reprendre sa respiration … il a cependant l’air pressé, réellement pressé.
L’urgence de leur situation se lit sur son visage et dans sa gestuelle particulière. Sa compagne, bien qu’essoufflée, à l’air moins préoccupée.

« Alors c’est votre jour de chance, vous n’aurez pas à la chercher plus longtemps. Je suis Madoka, et tous les deux, vous êtes … ?»

Aussitôt ai-je prononcé mon nom, le visage de l’Hinion se fige de surprise. Il reste muet en m’observant comme une bête curieuse. La jeune femme s’interpose et répond d’une voix légèrement railleuse dans un phrasé sans courbette et sans détour. J’apprends donc qu’il porte un nom imprononçable, comme tous les elfes selon elle et je veux bien la croire. Elle tente une description qui me donne plutôt l’impression d’être une pique destinée à son compagnon, provenant d’une rancune, d’une inimitié ou au contraire peut être suis-je simplement témoin d’une parade amoureuse elfique méconnue. Lorsqu’elle se présente à son tour, elle se hâte de rajouter qu’en dehors de son nom, il n’y a rien d’important à dire de plus sur elle, ce qui veut évidemment dire l’inverse ; elle est plus que l’humble Aliéna accompagnant Sa Grâce Faëlis quelque chose.

Je les observe tour à tour pendant qu’elle parle et je m’amuse du grognement émis par l’Hinion. De manière plus formelle et à peine moins mordante, il se présente : Faëlis Nyris’Kassilian. Un nom effectivement difficile à retenir, encore plus à répéter et assurément inimaginable à écrire.
Il a besoin d’un guide jusqu’aux montagnes de l’est.
A sa demande imprécise, je lève un sourcil sans me départir de mon sourire amusé par leur énigmatique duo. La jeune femme connait mon nom, mais je ne la connais point, ni de visage ni de nom ; le bouche à oreille va décidément très vite dans cette cité, ou peut-être dois-je cette nouvelle réputation à un groupe de Sinaris loquaces.

« Je comprends votre surprise première, dis-je en jouant le jeu du guide face à des clients potentiels. Ne jugez pas la tenue, on vous a bien renseigné. Mais comprenez que même le moins prévoyant des guides ne part pas à l’aveugle. Allons à l’essentiel, où devez-vous vous rendre et quelle est la nature de cette urgence ? »

Cette fois, pas de temps d’arrêt ou d’hésitation ; car il s’agit d’une réelle urgence, du moins pour un elfe en grand danger que Faëlis espère intercepter avant qu’il n’atteigne sa destination finale, qui n’est autre que le palais de la roseraie de soie. En entendant cela, Sam me signe de me hâter sans prendre la peine de se demander si j’avais envie de leur rendre service ; que rester à écouter leurs anecdotes Sinaris ou de prolonger nos adieux déchirants ne vaut pas grand-chose face au danger mortel qui pèse sur l’ami de ce noble Hinion.
Pour l’avoir côtoyé plusieurs semaines, inutile de discuter lorsque ses sens chevaleresques sont en alerte ; autant en profiter pour tester son histoire de « rendre service aux gens, au lieu de les espionner ». Je le serre dans mes bras, finalement pas complètement déçue de devoir partir si vite car les adieux déchirants ne sont pas ma spécialité.

« Je te souhaite un bon retour Sam. Prend bien soin de toi, j’espère te revoir bientôt, quand tu seras devenu le meilleur forgeron de l’est de Nirtim ! »

« Je connais bien le chemin jusqu’au palais, dis-je en me redressant vers le couple discordant. Je peux vous y conduire rapidement, et peut-être même à temps … combien d’avance a-t-il ? Est-il à pied ou à cheval ? »

L’elfe soupire à mes questions. Et étonnamment ce n’est pas d’agacement à ma curiosité mais du fait de son ignorance générale envers cet elfe qu’il tente de sauver en urgence. Mise à part sa race, il ne connait rien de lui et suppose qu’il a quelques jours d’avance et qu’il est peut être à pied, tout comme lui, ajoutant qu’il est sans doute aussi rapide que lui, sans doute du fait de leur race, ou une hypothèse liée à une présomption quant à l’identité de l’elfe à sauver. Cette dernière remarque ne passe pas d’une oreille à l’autre de sa partenaire qui ironise sur cette évidence ; Faëlis est un grand coureur. L’allusion n’est pas subtile mais du peu que j’en ai vu, ce n’est pas un trait de caractère inhérent à la jeune femme … l’ironie en revanche, me fait sourire et je me demande si le fond du problème n’est pas qu’il court vers les mauvaises cibles.

« Qui l’en blâmerait ! Dis-je d’un air taquin.
Si j’ai bien compris, vous êtes prêt à partir à la va-vite à la rescousse d’un inconnu. J’espère que la destination est plus qu’une intuition ; vous n’aurez peut-être pas de seconde chance pour le sauver. Mais bon, que vous lui deviez quelque chose ou l’inverse … ça ne change rien pour moi. On part dans une demi-heure, le temps de m’apprêter convenablement. Rendez-vous aux portes de la ville. »

Il n’a pas l’air particulièrement ravi de devoir m’attendre mais il doit aussi se douter qu’il mettra plus de temps à se renseigner et trouver un autre guide. Il hoche la tête avec une rigidité et hauteur tout elfique et prend la direction des portes de la ville tandis que je rejoins mon logis provisoire.


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Hatsu Ôkami
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Re: Le Conseil de la République d'Ynorie

Message par Hatsu Ôkami » dim. 8 sept. 2019 15:52

Escortée par une douzaine de garde de leur milice privée, les Ôkamis se rendirent au conseil de la République sous les regards parfois étonnés, souvent curieux, des passants. Un tel déploiement de force était parfaitement exagéré, mais il avait été décidé de bien faire comprendre qu’on n’attaquait pas impunément les Ôkamis sans en subir les conséquences, et si toute la ville était au courant, le message n’en serait que plus fort. La milice de la ville avait été prévenue et surveillait le cortège, ajoutant un peu plus d’hommes en armes dans les alentours, ce qui faisait croire à un déploiement de force encore plus important, mais évitait tout débordement potentiel. Hatsu était partagée entre la lassitude et l’amusement face à tout cela, mais elle se tut et se contenta de faire le trajet jusqu’au conseil dans un silence pesant, et quelque peu angoissé dans son cas. Elle avait beaucoup trop à porter sur ses épaules. Elle n’avait pas le droit à l’erreur cette fois.

Arrivés au conseil, les gardes furent délesté de leurs armes, la moitié restant à l’extérieur tandis que le chef et les plus expérimentés escortaient les Ôkamis jusqu’à la salle utilisée pour le procès. A la demande des deux parties, personne d’autre que les concernés, les juges et les témoins n’assisteraient à tout ceci. Les personnes étrangères qui s’y intéressaient auraient seulement le verdict, et c’était bien suffisant. En entrant dans la salle, la tension monta soudainement de plusieurs crans lorsqu’Hatsu et Talabre échangèrent des regards haineux, mais la jeune femme vit surtout quelque chose qui renforça sa détermination ; le doute, dans les yeux de Talabre. Elle alla s’asseoir sur un siège qu’on lui désigna et examina les conseillers présents. Sirius Gale, évidemment, mais aussi Kapono, ce qui n’annonçait rien de bon, et enfin, Le Magistrat Glacial, Genko Yumitsu, dont l’impartialité froide était assurée. Tout ce qu’elle avait à faire était de faire comprendre à quel point laisser un homme comme Talabre s’en sorti serait une erreur et une épine dans le pied de l’Ynorie.

Lorsque tout le monde prit enfin place, on énuméra les charges contre Talabre : Tentatives de meurtres, suspicion de trahison, chantage, possible enlèvement et séquestration, mises en danger et tentatives de meurtres sur des conseillers Ynoriens. Talabre, blanc comme un linge, tremblait de rage tandis qu’Hatsu prenait un air satisfait qui énerva rapidement le capitaine. Il pointa un doigt accusateur sur elle et vociféra.

- Toi ! Tout est ta faute, tu as tout manigancé c’est ça ? C’est un complot ! On veut me faire tomber pour fragiliser l’Ynorie, c’est évident.

- Ce qui est évident Talabre, c’est que vous êtes une ordure de la pire espèce.

Avant que les choses ne dégénèrent, le silence fut ordonné et on passa en revue les chefs d’accusation ainsi que les témoignages des présents. Ce fut long, fastidieux, mais ce qui ressortait était clair. Hatsu avait été empoisonnée et Talabre possédait l’antidote sur lui, des agents Omyriens avaient pénétré la ville, attaqué la maison et enlevé le jeune Ôkami tout en brûlant une partie de la maison. Il fut mis en lumière que tout cela était en effet étrange. Pourquoi Talabre aurait-il fait cela ? Quel était l’intérêt pour lui, qui fut grièvement blessé et sauvé par Hatsu. La question était posée et Talabre s’empressa de répondre, criant une fois de plus au complot contre sa personne, lui qui avait à cœur de défendre l’Ynorie. Il pointa du doigt les Ôkamis.

- ILS sont les responsables, cela ne fait aucun doute ! Il est de notoriété publique que cette jeune femme refusait ce mariage. Elle aura simplement engagé des hommes pour déranger et faire annuler ce mariage en m‘accusant, moi, qui suis pourtant innocent de tous les crimes dont on m’accuse.

Il y eut un blanc dans l’assemblée et tous se tournèrent vers Hatsu qui se leva, lissant le devant de sa robe avec une lenteur délibérée, parfaitement sereine, du moins de l'extérieur.

- Si je refusai ce mariage, c’est parce que vous menaciez mon frère et avait obligé ma famille à vous obéir sous peine de le voir mourir d’une manière que vous auriez rendu déshonorante. Mais soyons honnêtes, Talabre, à qui tout cela profite le plus ? De votre côté, vous avez perdu une partie de votre maison. Du mien, mon frère a été enlevé, ma cousine est toujours alitée et si je n’avais pas résisté aussi longtemps au poison, je serais morte. Les trois potentiels héritiers Ôkamis qui disparaissent d’un coup, avouez que c’est tout de même incroyable. S’il y a complot comme vous dites, il est fomenté contre ma famille. Et par vous !

- C’est ridicule !

- Ridicule ? Avec la certitude que vous ayez mis la main sur mon frère et les autres héritiers morts, mes parents n’auraient eu d’autres choix que d’accepter toutes vos conditions sans jamais pouvoir riposter sans mettre en danger la vie de leur fils. Si votre plan avait fonctionné, vous auriez la fortune des Ôkamis sans avoir à m’épouser et vous auriez suffisamment d’argent vous reconstruire dix fois votre maison. Où est mon frère sombre fils de…

Des coups de marteau retentirent et Hatsu se tut, foudroyant Talabre du regard alors que celui-ci serrait les poings de colère. Hélas pour Hatsu, tout cela n’était que pures spéculations et, sans preuve, rien ne pouvais être fait pour accuser Talabre de ce fait. Cela fit sourire Talabre qui jeta un œil moqueur à Hatsu. Sourire qui disparut devant l’assurance de la jeune femme qui savait déjà que cela ne suffirait pas. Ce n’était qu’une mise en contexte car, même s’il n’y avait pas de preuves, cela instillait l’idée dans les esprits des conseillers et du juge. Onoda lui avait expliqué les ficelles et elle comptait bien faire en sorte que Talabre paie. Vint ensuite l’affaire du poison, que tout le monde avait bien vu agir lors du mariage et assisté au sauvetage in extremis de la jeune femme grâce au flacon que Talabre gardait dans sa poche intérieur. Celui-ci argua que s’il avait voulu empoisonner Hatsu, jamais il n’aurait gardé l’antidote sur lui, ce qui fit sourire Hatsu.

- Bien sûr que si. Parce que vous saviez que j’aurais pu échanger les coupes où vous aviez versé le poison. Raison pour laquelle vous avez voulu accélérer les choses, pour être sûr que je boive la bonne, mais comme vous n’avez pas réussi, vous avez gardé l’antidote dans le cas où j’aurai fait ce que vous redoutiez.

Pâle comme un mort, Talabre enrageait. Le poison utilisé était difficile à se procurer et relativement coûteux, ce n’était pas le premier venu qui pouvait en acheter. Les conseillers et le juge n’ajoutèrent rien de plus et passèrent à la suite, laissant les deux parties dans le flou concernant le verdict du poison. Ce fut ensuite l’élément le plus inquiétant de tout cela qui fut mis en lumière : l’intervention d’agents d’Omyre pour ruiner le mariage. Là encore, Talabre s’insurgea. Il n’était pas un traître, n’avait jamais pactisé avec Omyre et ne le ferait jamais.

- J’ai failli mourir des mains de l’un d’eux et ma maison a brûlé. Pourquoi s’en seraient-ils pris à moi si je les avais engagés ?

La question avait le mérite de faire planer le doute et Hatsu savait que ce pint en particulier était suspect. Aussi joua-t-elle finement.

- Rien ne prouve que ces individus fussent effectivement des agents d’Omyre.

Tous les regards se tournèrent vers elles, la plupart médusés, quelques-uns méfiants et l’un d’eux, amusé.

- Quel agent d’Omyre irait à un mariage ou siègent deux conseillers et un capitaine avec, comme seul fait, d’enlever un simple soldat, de blesser une civile et d’attaquer deux gardes parce qu’ils étaient sur le chemin ?

- Ils portaient des symboles typiques d’Omyre !

- Oh et cela est une preuve ?

Elle sortit une insigne omyrienne de sa manche, la montrant bien faut.

- Ceci, est un trophée que j’ai récupéré lors de l’Erementarifoji en tuant un agent d’Omyre, un vrai, un shaakt fulguromancien! Il n’est pas si improbable d’en obtenir, surtout pour un soldat. Si ces hommes étaient d’Omyre, pourquoi vous laisser en vie Talabre ? Pourquoi ne pas attaquer deux conseillers et pourquoi enlever un simple soldat qui n’a aucun intérêt stratégique pour eux ? Ils ne s’en sont pris qu’aux Ôkamis, sur votre demande. Omyre n’a rien à voir la-dedans !

Un coup de marteau suivit d’un bref ordre fit taire Hatsu qui écarquilla les yeux en voyant un soldat déposer un lourd coffre devant eux avant de l’ouvrir. A l’intérieur, divers papiers, des factures, des lignes et colonnes de chiffres, des lettres officielles. A première vue rien d’étrange et Hatsu ne comprit pas, avant que l’on ne sorte des insignes d’Omyre. Son visage exprima un « je vous l’avais bien dit » évident, mais la suite lui fit décrocher la mâchoire. Une lettre portant le véritable sceau d’Omyre, prévoyant l’assassinat du conseiller Genkishi, était cachée tout au fond du coffre. Hatsu tourna un regard effaré vers un Talabre blanc comme un linge qui se défendit aussitôt, criant au complot.

- Soyez réalistes ! Si j’avais vraiment fait cela, pourquoi aurais-je garder une telle preuve, c’est ridicule. Quelqu’un l’a placé là ! Et comment avez-vous eu accès à ce coffre ?

Lorsqu’il apprit qu’Hatsu avait laissé une lettre décrivant l’emplacement du coffre, il sourit malicieusement.

- Vous voyez, c’est elle qui a placé cela à l’intérieur, c’est évident, c’est probablement un faux. Et jamais le conseiller Genkishi n’a été victime d’une tentative d’assassinat !

A la surprise général, l’intéressé fut appelé à témoigner et confirma la tentative d’assassinat sur sa personne, déjouée in extrémis par quelqu’un qu’il qualifia « d’allié de l’ombre » de l’Ynorie. Et lorsque l’on demanda à Hatsu comment elle avait pu avoir connaissance du coffre, elle haussa les épaules.

- Pour le mariage, je voulais protéger les coupes rituelles ancestrales de ma famille. C’est Talabre lui-même qui m’a montré l’emplacement du coffre en allant les ranger à l’intérieur. Il a d’ailleurs veillé à m’en cacher le contenu…je comprends mieux pourquoi à présent…

Elle se tourna vers lui, une haine palpable sur le visage.

- Vous… espèce d’immonde crevure, vous avez pactisé avec l’ennemi ! Et vous vouliez vous rapprocher de ma famille ?! Jetez l’opprobre sur une lignée qui a toujours servi l’Ynorie depuis la création même de son nom ? Restez à votre putain de place !

A peine avait-elle fait un pas menaçant dans la direction de Talabre qu’un milicien se mit en travers et l’incita au calme, sans grand succès tant elle semblait folle de rage. Il fallut deux miliciens pour l’empêcher de se ruer sur un Talabre au teint transparent qui la regardait néanmoins avec une haine presque aussi forte. Le marteau du juge mit un terme à l’énervement de Hatsu lorsqu’on lui indiqua qu’elle serait conduite à l’extérieur si elle continuait ainsi. Cela ne suffit pas à la calmer mais elle cessa de vouloir arracher les yeux de Talabre, pour le moment. Les regards haineux en direction de Talabre se multiplièrent, mais Hatsu n’était pas dupe. Les preuves étaient maigres concernant son implication avec Omyre et pouvaient facilement être remises en doute et elle s’apprêta à relancer. Mais ce fut Talabre qui, à son plus grand étonnement, joua une carte qu’elle n’avait pas vu venir.

- Je peux affirmer qu’il s’agit d’un complot. Orchestré par nul autre qu’un véritable traître, Volh Del’Yant.

Hatsu écarquilla les yeux et regarda Talabre avec une surprise non feinte. Comment pouvait-il savoir ? Volh avait montré son visage à Talabre ? Mais quelle mouche l’avait piqué ? Elle n’était visiblement pas la seule surprise et les discussions allèrent bon train avant qu’un coup de marteau ne vienne remettre de l’ordre. Lorsque l’on demanda à Talabre de s’expliquer, celui-ci, très fier de son petit effet, se dressa autant qu’il le put et parla d’une voix forte.

- J’ai vu le visage de cet homme au mariage. Ce traître me voue une haine que je ne comprends pas, il m’accuse d’avoir tué son père alors qu’il est mort honorablement en pleine bataille contre les forces d’Omyre. S’il y a un coupable à tout cela, c’est lui, ça ne fait aucun doute ! C’est lui qui a tout organisé, j’en suis persuadé et je ferais tout ce qui est en mon pouvoir pour arrêter ce traître. La lettre doit lui appartenir et il l’aura caché là lorsque j’étais inconscient après sa vile attaque.

Hatsu serra les poings, mais un regard d’Onoda lui fit comprendre qu’elle en dévoilait trop. Elle se reprit tant bien que mal, mais Talabre avait remarqué le changement d’expression de Hatsu.

- Vous semblez connaître ce Volh Del’Yant, auriez-vous par hasard quelque chose à voir avec son intervention ?


La jeune archère fronça les sourcils et ouvrit la bouche, tournant néanmoins la tête lorsqu’une autre personne s’exprima à sa place.

- Le jeune Del’Yant ? Evidemment que ma fille le connait, les Del’Yant sont des alliés des Ôkami depuis trois générations. Rehnger Del’Yant est un ami de la famille. Mais le jeune homme est supposé être mort. Aurait-il miraculeusement ressuscité pour vous nuire ? Une telle haine et abnégation est tout de même curieuse si vous n’avez rien à vous reprocher.

Haut hocha la tête avec conviction, remerciant mentalement sa mère de son intervention, malgré le mensonge évident. Elle ne se souvenait pas d’avoir rencontré Volh avant cette fameuse nuit, mais le fait que sa mère connaisse le nom de l’oncle lui laissa un étrange sentiment de doute. Talabre, loin de se démonter, réitéra ses accusations contre Volh, enrageant peu à peu la jeune femme. Elle ne pouvait hélas rien faire, car si elle prenait sa défense, cela ruinerait absolument tout ce qu’elle avait mise en place. Cet idiot de Volh n’aurait pas dû se dévoiler, pourquoi avait-il fait cela ? Elle craignait que cela ne ruine tous leurs efforts. Mais la défense du jeune homme vint d’un allié inattendu. La victime de la tentative d’assassinat affirma avec conviction que Volh était son sauveur et qu’il œuvrait avant tout pour le bien de l’Ynorie, faisant pâlir Talabre. Lorsque la participation de Volh à l’Erementarifoji fut également mise en avant, le capitaine s’insurgea, criant à la trahison, qu’il était irresponsable de laisser un tel individu en liberté.

- Regardez qui parle… Vous êtes la honte de l’Ynorie, la honte de notre armée et j’espère que vous recevrez la peine maximale. Priez Rana de finir en prison Talabre…

(Parce que moi je ne vous raterai pas si vous vous en sortez.)

(Proie… Hâte.)

Les deux ennemis se foudroyèrent du regard et le greffier toussota, repassant en revue les chefs d’inculpation et les preuves et plaidoyers apportés par les deux parties. La suspicion de trahison y figurait toujours après la découverte de la lettre, tout comme la tentative d’assassinat sur Hatsu. L’enlèvement de Ryo était encore difficile à prouver, de même que le chantage sur les Ôkamis. Les jurés se retirèrent pour délibérer. Hatsu ne pouvait qu’attendre à présent Elle entendit la voix de Talabre et tourna un regard haineux vers son ex-fiancé.

- Tu paieras pour ça Hatsu…

- Soyez prudent Talabre…

Les délibérations durèrent presque une heure, puis les jurés revinrent s’installer et le greffier se leva pour annoncer le verdict.

- Talabre Yamada ! Pour l’accusation d’enlèvement, est déclaré non-coupable. Pour l’accusation de chantage. Est déclaré non-coupable. Pour l’accusation de trahison, une enquête approfondie sera mise en place et il sera suspendu jusqu’à ce que la lumière soit faite sur ces événements. Pour l’accusation de tentative de meurtre sur la personne de Hatsu Ôkami. Est déclaré coupable. Il purgera une peine de prison adéquate et sera démis de ses fonctions de capitaine et devra verser une indemnité à la victime. Le dénommé Volh Del’Yant sera appelé à comparaître pour faire la lumière sur les récents événements, l’assurance qu’il ne sera pas inquiété en se présentant au conseil lui est assuré.

Le coup de marteau final retentit et Talabre hurla au complot une fois de plus, se débattant lorsque deux miliciens vinrent l’encadrer, les bousculant avant de se ruer sur Hatsu qu’il saisit par le col de sa robe, la forçant à se mettre sur la pointe des pieds pour ne pas être étouffée.

- Ce n’est pas fini, Hatsu, je me vengerai.

Le regardant avec toute la haine qu’elle éprouvait pour lui, elle fit apparaître un sourire moqueur, murmurant quelques mots alors que son visage touchait presque le sien.

- Ryo vous envoie ses salutations…Volh aussi.

Talabre écarquilla les yeux et alla pour frapper la jeune femme, mais le chef des gardes des Ôkami ne lui en laissa pas le temps et lui envoya son poing en plein visage, le faisant tituber suffisamment pour qu’il puisse être maitrisé par les miliciens. Ses vociférations continuèrent encore un moment avant qu’on ne l’emmène et que la séance soit ajournée. Soulagée, Hatsu fit un signe de tête à Onoda qui lui fit comprendre qu’ils allaient devoir discuter. Ses parents la serrèrent dans leurs bras avec un soulagement évident, bien qu’elle vit nettement une certaine appréhension dans leurs yeux. Elle ne pouvait hélas pas leur dire que Ryo allait bien, mais les explications viendraient, plus tard. Elle soupira et ferma les yeux. Talabre allait payer, et par-dessus tout, Volh aurait une chance de retrouver sa vie d’avant. C’était tout ce qui lui importait.
Modifié en dernier par Hatsu Ôkami le mar. 1 oct. 2019 23:01, modifié 3 fois.
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Re: Le Conseil de la République d'Ynorie

Message par Hatsu Ôkami » lun. 16 sept. 2019 21:28

- Ôkami, si vous permettez…

Onoda s’était approché et demandait clairement à ce que Hatsu le suive un peu plus loin pour discuter. Elle acquiesça et fit un signe de tête à ses parents qui lui dirent qu’ils attendraient un peu plus loin. Elle suivit le forgeron qui se planta face à elle, bras croisés.

- A quoi jouez-vous ?

- De quoi vous…

- Vohl Del’Yant. Ne me prenez pas pour un imbécile, j’ai appris à déchiffrer vos expressions et vous étiez clairement inquiète à partir du moment où il a prononcé son nom. Quel lien avez-vous avec lui ?

- Je… C’est l’ami dont je vous ai parlé.

- L’ami ? Ou l’amant ? Je sais reconnaître une femme amoureuse lorsque j’en vois une. Vous jouez avec le feu ! Avez-vous tellement confiance en cet homme pour…

- Oui !

Il se tut et les deux s’entre-regardèrent pendant une longue minute avant qu’Onoda ne déclare forfait.

- Fort bien. Mais je vous aurais prévenue. Que comptez-vous faire ?

- Le sortir de son exil pour commencer, j’aviserai ensuite.

- En espérant que le futur mariage soit plus calme.

Cela fit sourire la jeune femme.

- Nous en sommes loin, je ne pense pas vouloir me marier de sitôt. Merci Onoda, pour votre soutien.

- Je vous l’ai dit, je compte bien demander certains avantages en compensation, je n’ai rien fait gratuitement.

- Le contrat sera à votre forge dans la journée de demain. Signé par mon père et par moi-même.

La nouvelle étira un large sourire sur le visage du forgeron, qui s’inclina légèrement avant de s’éclipser, non sans taquiner la jeune femme une dernière fois.

- Cette robe vous va à ravir… j’ose espérer qu’il sait comment la retirer…

Le rouge qui monta aux joues de la jeune femme lui tira un sourire malicieux et il s’en alla, souhaitant une bonne journée aux parents de l’archère qui n’avaient pu entendre la conversation. Voir revenir leur fille avec les joues rosés leur fit hausser les sourcils mais ils s’abstinrent de tout commentaire, ce que la jeune femme apprécia. Escortés par la garde, ils prirent la direction de la sortie, les parents avec une certaine animation du procès, félicitant leur fille pour avoir réussi à garder un certain sang-froid malgré quelques passages plus délicats. Cela fit sourire la jeune femme qui haussa les épaules en disant simplement qu’elle voulait juste qu’il paye, qu’elle avait fait ce qu’elle pouvait. Ils sortirent du bâtiment et Hatsu ne tarda pas à sentir un changement dans l’attitude des gardes qui se figèrent les uns après les autres, portant leurs mains à leurs armes. Elle suivit le regard de leur chef et tomba sur un homme armé qui s’approchait. Il portait un pourpoint bordeaux et des braies grises séparés d’une ceinture de cuir assorties à ses bottes. A son flanc droit, un sabre au fourreau lustré de bonne facture. Hatsu plissa les yeux, mais n’eut pas le temps d’examiner le fourreau plus en détail, puisque l’homme s’arrêta devant eux avant de sortir s'incliner. Hatsu haussa un sourcil et écouta l’homme se présenter.

- Damoiselle Ôkami, veuillez pardonner mon intrusion alors que vous êtes encore convalescente. Je suis Cherock O'Fall, le porteur de la Kizoku-Rana, et je souhaiterai m'entretenir quelque peu avec vous

Elle hocha la tête et s'inclina à son tour sous l’oeil sévère des gardes et ceux plus interrogateurs de ses parents.

- Nous avons un ami en commun, Kage. Pouvez-vous m'accorder un instant de votre temps en privé ? Je ne serai pas long.

- Il n’en est pas…

- Chef Tanis… Le porteur de la Kizoku-Rana est quelqu’un à qui nous pouvons faire confiance. Je ne serai pas longue.

- Sauf votre respect, damoiselle, je doute que cela soit une bonne idée. Vous venez à peine de survivre à une tentative de meurtre. Je désapprouve...

- Votre avis est dûment noté Chef Tanis, vous pourrez me sermonner une fois rentrée.

- Hatsu…

- Tout va bien Mère, faites-moi confiance je vous prie.

Elle se tourna vers le jeune homme et inclina la tête.

- Enchantée Cherock O’Fall. Votre réputation vous précède, porteur de la Kizoku-Rana. Je vous suis.

Une fois à l’abri des oreilles les plus indiscrètes, elle s’arrêta et levar les yeux vers les iris bicolores du jeune homme

- Je vous écoute Cherock O’Fall. J’aimerais simplement savoir quelle est votre relation avec celui qui vous a donné ce nom et comment vous le connaissez. Simple précaution, j’imagine que vous comprenez…

Elle ne voulait surtout pas dévoiler l’identité de Volh si celui-ci continuait de la dissimuler, même à un allié de ce calibre.

(Dangereux... Odeur. Foudroyant.)

(Il va falloir être plus précis Loup.)

Elle l'entendit grogner et reporta son attention sur Cherock, un léger froncement de sourcil venant changer son faciès, attendant patiemment la réponse.
Modifié en dernier par Hatsu Ôkami le mar. 1 oct. 2019 22:57, modifié 1 fois.
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Re: Le Conseil de la République d'Ynorie

Message par Hatsu Ôkami » lun. 16 sept. 2019 21:40

Le jeune homme, après s’être brièvement entretenu avec les parents d’Hatsu, rejoignit cette dernière qui avait pris les devants. Il la rattrapa et la conduisit à un banc qu’elle ignora lorsqu’il lui proposa de s’asseoir, préférant passer immédiatement à ce qui l’intéressait. La réponse ne se fit pas attendre.

- Bien entendu. Il s'appelle Kage No'Otoko. Du moins, c'est sous ce nom qu'il est venu en aide à un de mes proches amis, le forgeron Hïo Himatori.

Le léger pli qui barrait son front se gomma en même temps que certains de ses doutes et elle soupira légèrement. Un allié de Volh. Cela la rassura et elle afficha un air moins méfiant. La suite lui fit pourtant l’effet d’une douche froide. Il lui expliqua que Volh l’avait contacté sous le nom de Kage et, si cela ne la surprit pas, elle déchanta par la suite. Il était celui qui avait fait irruption au mariage, avait foudroyé Shori et enlevé Ryo. Elle tituba et s’affala à moitié sur le banc sous l’annonce. Elle le savait pourtant, que Volh avait créé ce stratagème, elle s’en doutait. Mais l’entendre de la bouche même de celui qui avait enlevé son frère, blessé sa cousine et presque tué un de ces hommes était quelque peu déroutant. Elle se reprit pourtant bien vite, bondissant du banc pour saisir rageusement le jeune homme par le col, le plaçant entre elle et sa famille pour que les gardes ne puissent pas remarquer que quelque chose n’allait pas.

- Vous avez… Par Rana vous avez intérêt à avoir une bonne raison, sinon je vous jure que vous allez regretter d’avoir porté la main sur mon frère et…

Elle sentit plus qu’elle ne vit Cherock lui saisir le poignet et une petite décharge électrique la fit sursauter. Elle lâcha aussitôt prise et le regarda d’un air méfiant tandis que Loup ricanait.

(Chasseresse prévenue. Foudroyant)

- Dame Ôkami, écoutez-moi. Ryo va bien, il est en sécurité et sous ma protection.

Se massant le poignet, plus par réflexe que pour évacuer une quelconque douleur, Hatsu se figea et son masque se craquela, laissant entrevoir un soulagement immense sur les traits fins de la jeune femme. Elle écouta alors attentivement la réponse de Cherock, ses traits se détendant au fur et à mesure. Il allait bien, était caché en ville, tout ça par la volonté de Volh qui voulait le soustraire à Talabre. Lorsqu’il lui proposa d’aller le voir, l’espoir transparut dans les yeux de la jeune femme qui esquissa un sourire lorsque Cherock évoqua la réaction du chef de sa milice et de ses parents. Elle s’inclina alors respectueusement.

- Je vous présente mes excuses pour ma rudesse, j’ai tendance à m’emporter lorsqu’il s’agit de ma famille.

Elle se redressa ensuite et coula un regard pensif vers ceux qui observait l’échange de loin avant de revenir vers son interlocuteur, le regard désormais déterminé.

- Je viens avec vous, je dois le voir, j’ai besoin de m’assurer qu’il va bien. Pas que je remette en doute vos paroles mais… c’est mon jumeau vous comprenez, j’ai besoin de le savoir en sécurité. Je vais les convaincre.

Elle alla directement s’entretenir avec ses parents et le chef Tanis, invitant Cherock à venir avec elle s’il le souhaitait.

- Père, Mère, je dois vous laisser, une affaire urgente avec messire O’Fall doit être menée à bien. Je vous retrouve ce soir.

Les sourcils de tous les gardes se froncèrent à l’unisson, particulièrement le chef Tanis qui pinça les lèvres. Quant à ses parents, ils montrèrent très vite leur désapprobation

- Hatsu… il n’en est pas question, nous avons suffisamment souffert ! Ryo a disparu, je ne veux pas qu’il t’arrive quelque chose tu m’entends ! Tu vas venir avec nous et nous aviserons lorsque…

- J’ai BESOIN d’y aller Mère, c’est important… pour nous tous.

Sa mère la regarda intensément et un instant, le visage impassible laissa entrevoir la mère aimante qui semblait retrouver espoir tandis que Hatsu hochait la tête, comme pour répondre affirmativement à une question silencieuse. La matriarche ferma les yeux une seconde à peine, comme prise par un dilemme intérieur, puis hocha la tête.

- Très bien… va.

- Dame ?

Tanis, choqué, la regardait avec effarement, comme la majorité des autres gardes. Mais l’ordre était clair et il acquiesça, affichant nettement sa désapprobation tout en jetant un regard équivoque à Cherock. Hatsu fit un signe de tête à sa mère, embrassa son père et serra brièvement le bras du chef des gardes avant de se tourner vers celui qui allait le mener à son frère.

- Allons-y Messire.

Elle le suivrait jusqu’à destination avec un certain empressement, ne pouvant cependant pas s’empêcher, après une centaine de mètre, de poser quelques questions.

- J’aurai voulu savoir. Quel est votre intérêt dans tout cela ? Qu’est-ce que V… Kage vous a dit pour que vous risquiez votre vie et votre réputation pour venir en aide à ma famille que vous ne connaissez même pas ?

Elle jeta un regard en biais à la Kizoku-Rana, examinant le fourreau avant de la désigner.

J'ai beaucoup lu à son sujet. Les légendes concernant les épreuves et le fourreau sont-elles vraies ?
Hatsu Ôkami, Chasseuse Ynorienne
Première Née des Ôkami
Réceptacle de l'esprit de Loup
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Armoiries des Ôkami:
l'Or pour la fortune, le Loup pour la noblesse d'âme et la flèche pour le passé guerrier.

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Akihito
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Re: Le Conseil de la République d'Ynorie

Message par Akihito » mer. 18 sept. 2019 22:26

Dans le chapitre précédent...

Deuxième Arc : L’art de faire parler la Foudre

Chapitre XXI.1 : Une réunion touchante

C'était le jour indiqué comme étant le début du procès de Talabre : l'affaire n'avait pas fait grand bruit mais pour ceux au courant comme lui, obtenir quelques informations sommaires n'était pas un souci. Le procès se passerait forcément au bâtiment du conseil de l'Ynorie, instance du pouvoir ynorien sous toutes ses formes. Le bâtiment massif ne se trouvait pas très loin de la maison de Akihiko : il avait donc pu y faire un détour pour se vêtir de sa tenue la plus luxueuse. A son grand regret, elle était loin d'être aussi agréable à porter que le simple pantalon de Ryo, mais il appréciait chacun de ses habits.

C'était donc un Akihiko des mieux appareillés qui patientait sous le timide soleil printanier : un pourpoint bordeaux était passé par dessus sa cotte de mailles qui laissait entrevoir une tunique noire. Des braies gris cendre étaient retenues par une ceinture de cuir brun, de la même couleur que ses bottes de cuir. Étonnamment, les jambières elfiques s'harmonisaient plutôt bien avec sa tenue, donnant un aspect effilé à ses jambes, prêtes à fendre l'espace. Sa ceinture retenait la Kizoku-Rana à la hanche du côté droit et Akihiko avait lustré comme il se devait le fourreau en bois laqué de son arme. Amy s'était montrée de bon conseil dans cette tâche, ayant vu des dizaines de maîtres le faire devant elle.
Son visage avait aussi changé : sous les doigts habiles de sa mère, sa coupe de cheveux était devenu plus courte et surtout, moins sauvage. C'était donc une chevelure blonde de quelques centimètres de long qui ornait sa tête légèrement ondulé sur la droite, comme prise dans un léger souffle. Sa barbe avait été intégralement rasée : ne pouvant finalement plus supporter ces poils lui mangeant constamment la mâchoire, choix avait été fait de les supprimer complément. Cela laissait apparaître la cicatrice fendant son menton, signe de son combat contre son père.

Les yeux vairons du jeune homme scrutaient les allers et venues de la foule : malgré la tenue d'un procès hors norme, il n'y avait pas l'air d'y avoir tant de monde que ça. Pas plus que d'habitude du moins. Adossé à une colonne, Akihiko attendait patiemment que la jeune Ôkami sorte de l'enceinte du bâtiment. Ou, dans le pire des cas, de voir le capitaine Talabre en sortir. Ce dernier point était très embêtant : que faire de Ryo dans ce cas là ? La sortie en toute impunité du conseil ne prouverait que son innocence et donc son maintien au sein de l'armée. Ryo devrait alors soit disparaître complètement du paysage, soit revenir mais prendre le risque d'être de nouveau utilisé ou même confronté à son supérieur.

Ces doutes furent balayés par le brouhaha qui emplit soudainement l'air. Le bruit caractéristique de dizaines de bottes claquant le sol de marbre se fit entendre et bientôt, les portes s'ouvrirent sur une troupe d'une vingtaine de personnes. La grande majorité était des soldats privés de la familles Ôkami, engoncés dans leurs armures et aux aguets du moindre mouvement suspect. Au milieu de cette masse, trois personnes : les deux premiers étaient d'âge mûr et probablement les parents de la troisième, Hatsu Ôkami. Une femme d'une grande beauté, Akihiko pouvant confirmer sa première estimation lors du banquet. Pas étonnant que cette athlétique beauté en robe rouge sombre ai fait chaviré le cœur de son complice : si l'enchanteur n'avait pas eu un faible pour les crinières et les pupilles claires, il serait peut être lui aussi tombé sous son charme.

Akihiko alla à la rencontre de l'escorte : si leurs protégés discutaient insouciamment et avec beaucoup d'enthousiasme, les gardes étaient quant à eux sur le pied de guerre. L'un d'eux ne tarda pas à le voir approcher et faisant passer le message à ses collègues, tous se figèrent et posèrent leur(s) main(s) sur la poignée de leur arme. Akihiko distingua bien que quelques soldats remarquèrent et reconnurent la Kizoku, mais étaient trop sous représentés pour faire l'unanimité.

S'arrêtant à une courte distance de la troupe, Akihiko s'adressa à la jeune femme en faisant abstractions du regard tendu des gardes.

"Damoiselle Ôkami, veuillez pardonner mon intrusion alors que vous êtes encore convalescente. Je suis Akihiko Yoichi, le porteur de la Kizoku-Rana, et je souhaiterais m'entretenir quelques peu avec vous, dit-il avant de tendre devant lui ses mains vides de toute menace. [color=DFBF00]Nous avons un ami en commun, Kage. Pouvez-vous m'accorder un instant de votre temps en privé ? Je ne serai pas long."[/color]

Sous le regard désormais curieux et attentif de la garde Noire et Or, Akihiko focalisa son regard sur la jeune femme qui semblait désormais lui accorder son attention.


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Akihito
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Re: Le Conseil de la République d'Ynorie

Message par Akihito » mer. 18 sept. 2019 23:32

Dans le chapitre précédent...

Deuxième Arc : L’art de faire parler la Foudre

Chapitre XXI.2 : Une réunion touchante


Hatsu Ôkami regarda Akihiko, une étrange lueur dans les yeux. Son entourage, notamment sa mère et celui qui était sans aucun doute le chef de sa garde désapprouvèrent fortement qu'elle puisse ne serait-ce que songer à accompagner l'inconnu qu'il était, légendaire artefact ou non.

Et visiblement, la jeune femme s'en moquait éperduemment. Coupant court à leurs protestations, elle se tourna vers lui.

"Enchantée Akihiko Yoichi. Votre réputation vous précède, porteur de la Kizoku-Rana. Je vous suis."

Et elle partit sans même attendre qu'il ne la guide, sa garde s'écartant devant son pas impérieux. Au sein du crâne de Akihiko, Amy ricana. Apparemment, le caractère de la jenue noble lui plaisait. L'enchanteur quant à lui s'empressa de s'incliner devant le chef de la garde et les parents de la jeune femme.

"Votre fille ne risque rien, je vous le promets. Nous resterons à portée de vue et je m'assurerai de sa protection immédiate si malheur devait arriver."

Le garde grogna et abdiqua devant la situation, certainement habitué à l'attitude très indépendante de sa protégée. Prenant cela comme une autorisation, l'Oranais tourna les talons et rejoignit la jeune femme avant de la mener à un petit banc, à une trentaine de mètres de là. Personne n'était dans leur entourage immédiat et l'absence d'obstacle rendait toute approche visible. Galamment, il l'invita à s'asseoir mais cette dernière refusa.

"Je vous écoute Akihiko Yoichi. J’aimerais simplement savoir quelle est votre relation avec celui que vous appelez Kage et sous quel nom vous le connaissez. Simple précaution, j’imagine que vous comprenez…

- Bien entendu. La personne que nous connaissons tout deux s'appelle Kage No'Otoko. Du moins, c'est sous ce nom qu'il est venu en aide à un de mes proches amis, le forgeron Hïo Himatori."

Les mots de Akihiko firent fondre le plis soucieux qui barrait le front de son interlocutrice. Elle sembla se détendre, mais Akihiko ignorait comment la suite de son discours allait passer.

"Kage est venu me voir il y a quelques jours pour me demander un service. Hïo lui avait chanter les louanges de mes qualités morales avec quantité d'excès, ce qui le poussa à se tourner vers moi. Le service était... spéciale, commença à dire Akihiko, ne sachant comment annoncer à la jeune femme qu'il était celui ayant provoqué un tel chaos. Pour être honnête, ce n'est pas la première fois que nous nous rencontrons. Et à cette occasion, vous aviez la ferme intention de me planter une flèche entre les deux yeux. J'étais là à votre mariage, et c'est moi qui ai enlevé votre frère, Ryo."

L'annonce résonna dans les oreilles d'Hatsu Ôkami qui sous le choc de la découverte, s'assit sur le banc, le regard hagard. Mais c'était pour mieux se relever, une lueur sauvage et meurtrière dans le regard. Plaçant Akihiko entre elle et sa famille, elle prit ce dernier par le col de son vêtement et commença à le menacer.

(C'était à prévoir.) commenta inutilement Amy, toujours amusée par le tempérament farouche de la noble.

(Je me doutais bien que ça allait arriver, ouais. Bon, essayons de lui expliquer avant que tout ne dégénère.)

Calmement, Akihiko saisit sa main et convoquant légèrement ses fluides, envoya une petite décharge sous la peau de la jeune femme. Le chatouillement surprit cette dernière qui lâcha prise. L'enchanteur en profita pour clarifier la situation.

"Dame Ôkami, écoutez moi. Ryo va bien, il est en sécurité et sous ma protection."

La seconde annonce eu le mérite d'éteindre les flammes de la colère pour ne laisser que les braises de l'incompréhension dans le regard de la noble oranaise.

"Sachez que mes intentions sont aussi bienveillantes que celles de Kage : je ne veux aucun mal à votre frère et si je l'ai enle... si je l'ai exfiltré, c'est parce que Kage m'a convaincu de la dangerosité du capitaine Talabre et que votre frère devait être mis en sécurité. Il est en ce moment même chez une de mes amies, dans le quartier nord de la ville. Je peux vous y conduire dès maintenant si vous le souhaitez, bien que je doute que le chef de votre garde approuve que vous vous éclipsiez. Souhaitez vous le voir maintenant ? Nous pouvons également convenir d'un rendez-vous pour que vous vous assuriez de son état à un moment où vous êtes plus libre de vos mouvements..."

Sur cette question, Akihiko observa la jeune femme réfléchir un instant, digérant le flot d'informations qu'il venait de lui asséner. Puis, sa décision tomba.



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Gamemaster9
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Re: Le Conseil de la République d'Ynorie

Message par Gamemaster9 » sam. 23 nov. 2019 11:05

Intervention pour Shirel Benevent.

Le jeune guérisseur fut amené jusqu’au majestueux bâtiment du Conseil d’Ynorie. Le soldat le mena jusqu’à une salle où deux personnes étaient attablée à une sorte de grande table de réunion en demi-cercle : un vieillard ynorien qui semblait presque assoupi dans son siège, et l’un des seuls membres de ce conseil qui ne soit pas ynorien, un Homme chauve à la forte stature portant un monocle lumineux et une grande moustache. Le soldat présenta les deux hommes au guérisseur.

« Voici les Conseillers Sirius Gale et Mizumo Aya. Veuillez leur faire part en détail de ce dont vous avez été témoin. »

Les deux hommes eurent leur attention captée, mais avant même que Shirel put prononcer le moindre mot, deux autres Conseillers entrèrent avec un fracas plus guerrier. Ils étaient tous deux en armure. Le premier, en armure traditionnelle de la contrée, et le second portant les couleurs de la milice locale. Le soldat poursuivit, alors que les deux arrivants s’installaient :

« Et voici le Capitaine de milice Hoga Tirama, et l’Instructeur Shen Muri, tous deux conseillers, eux-aussi. »

La tension était montée d’un cran avec l’arrivée de ces deux derniers. C’était à Shirel de jouer, désomais.
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Shirel Benevent
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Re: Le Conseil de la République d'Ynorie

Message par Shirel Benevent » sam. 23 nov. 2019 17:13

À l'automne, les arbres saignent de leur plus bel éclat et couvrent les pavés d'Oranan d'ocre et de vermeil. Le rouge des érables sur le point de se dénuder pare les allées et les maisons traditionnelles, aux toits courbes et allongés, les vignes vierges étalent leur teint cramoisi sur les façades et les murets. Shirel, tout en avançant à la suite du soldat qui le guidait, observait tout cela avec un air ébahi. Lorsqu'il était parti de Kendra Kâr, c'était encore l'été, solaire et rayonnant : la cité était blanche comme un sanctuaire de Gaïa et irradiait d'une vitalité incroyable. À Oranan, il faisait plus frais : les gens étaient davantage couverts, et les demoiselles parées de kimonos en nankin se voilaient derrière une ombrelle ou un fichu mince. Elles avaient pour lui l'exotisme de l'Orient : les Ynoriennes étaient rares à Kendra Kâr, ou alors elles s'adaptaient à la mode locale ; le jeune homme ne pouvait s'empêcher d'admirer avec une indiscrétion certaine leurs robes de taffetas et leurs broderies stylisées. Il croisait aussi des hommes, bien sûr, mais leur présence était subtilement éclipsée, tantôt par la beauté nouvelle de ces femmes aux mœurs raffinées, tantôt par l'architecture d'une pagode qui se dressait au milieu des habitations, tantôt par l'harmonie des couleurs automnales.

Peu à peu, les rues s'élargirent encore un peu alors qu'ils s'approchaient du centre-ville. Il y avait dans l'air un parfum de richesse et de luxe, comme en témoignaient certains jardins brillamment aménagés et les dorures et damasquinages qui ornaient les porches des maisons. Un bâtiment surélevé se présenta face à eux, dominant une place qui commençait à se vider de ses badauds, et le soldat entreprit d'en gravir les marches, passant devant deux de ses collègues en leur adressant un bref salut militaire. Deux lourdes portes en palissandre s'écartèrent et ils pénétrèrent dans un petit hall orné de diverses statuettes d'onyx ou de marbre représentant divers symboles, juridiques ou militaires, une balance se tenant à proximité d'un soldat en armure rituelle.

Le soldat, après un court aparté avec un secrétaire policé, fit signe à Shirel de le suivre et suivit un couloir sombre jusqu'à une ultime porte à gardée par deux lions de granit, les babines retroussées et la crinière tourbillonnante. Ils fixaient les deux visiteurs d'un œil vorace : leur style hiératique impressionna le jeune Acolyte, alors que leurs yeux vides le sondaient et que leurs crocs rappelaient un peu trop ceux des créatures d'ombre et de chair de la nuit dernière. Mais eux ne bougeaient pas, et ne se battraient pas pour leur patrie lorsque les fauves d'Oaxaca envahiraient le palais du Conseil pour fracasser leurs homologues de pierre au sol.

La pièce suivante était étrangement lumineuse. Il y avait là deux hommes attablés, qui tournèrent indolemment leur regard vers les nouveaux arrivants. L'un d'entre eux était un vieillard visiblement assoupi, qui semblait à peine capable de se lever - à moins que cette apparence de faiblesse ne fût une feinte. Il n'avait pas l'air bien méchant, malgré son air étranger ; pas plus que son homologue, qui avait presque l'air normal. Il fallait comprendre par là qu'il n'était pas Ynorien : il n'était certes pas Kendran, mais les Varrockiens n'étaient guère étrangers à Kendra Kâr, et physiquement plus proches des Kendrans que les Ynoriens. Il était âgé, quoique moins que son collègue ynorien, comme en témoignaient sa moustache chenue et l'absence notable de mèches sur son crâne lisse. Enfin, il était fort, vigoureux, imposant : en un mot moins flatteur, il était gras et gros. Sous son monocle brillant, Shirel crut distinguer une forme de bonté. C'était comme si le cuistot était revenu à la vie.

Le soldat lui présenta les deux conseillers, lui intimant de leur transmettre son message. Shirel ignorait combien de Conseillers il y avait : à Kendra Kâr, il y avait un Roi, des ministres et des généraux, mais ceux-ci n'étaient pas accessibles au commun des mortels, cachés au fin fond du palais royal qui se dressait au centre de la capitale, gardé par des régiments entiers de chevaliers (le même genre dont Shirel avait attendu l'arrivée pendant toute le court pan de bataille auquel il avait eu la joie d'assister). Se retrouver face à deux individus d'une importance semblable, imaginait-il, c'était un privilège inouï : il ne fallait pas faire de gaffe. Mais il était serein : le vieillard avait l'air inoffensif, et le Varrockien amical.

Il s'apprêtait à parler lorsqu'un second groupe entra, et en grande pompe : une porte, derrière la table, s'ouvrit brutalement et deux hommes en armure s'avancèrent, leur bottes claquant contre le parquet et leurs cuirasses cliquetant alors qu'ils se mouvaient. Le soldat, obligeamment, les présenta à leur tour. Celui qui était le plus lourdement protégé prit la peine de retirer son imposant casque, mais guère plus, et l'autre conservait une longue cape bleue dans son dos, qui traînait jusqu'au sol. Malgré la masse de Sirius Gale, ils avaient tous deux l'air d'occuper davantage d'espace : d'ailleurs, ils s'étaient installés confortablement, éloignant les chaises de la table pour pouvoir plus aisément étendre leurs jambes couvertes de mailles. Le Capitaine de la Milice et un Instructeur s'étaient déplacés pour entendre son discours : cela lui serra aussitôt une petite boule au fond du ventre. Ils étaient quatre à présent...

« Je suis... Shirel Bénévent... Acolyte du Temple de Gaïa à Kendra Kâr. »

Il sentit qu'il n'allait pas suffisamment droit au but. Dans les faits, sa situation, tout le monde s'en fichait : en plus, s'il était là, c'était précisément parce qu'il n'était plus vraiment Acolyte. Cette précision risquait d'amener davantage de questions par la suite, questions auxquelles il ne pourrait probablement pas répondre sans avoir à se poser de profonds questionnements sur les intentions réelles de son Temple.

« J'étais dans un camp ynorien au Sud de la Forêt d'Ynorie, hier soir, et des Garzoks ont attaqué sauvagement, alors que le jour tombait. C'était une attaque surprise et plutôt courte... Les pertes étaient importantes, puis ils ont battu en retraite vers la Forêt juste avant que les renforts des camps voisins n'arrivent à l'aide. Il fut décidé de les poursuivre : une première charge de cavalerie fondit sur la Forêt et des troupes à pied commençaient à se rassembler pour les poursuivre, dans la plaine. Déjà, à ce moment, il faisait très sombre et on ne pouvait pas voir ce qu'il était advenu des cavaliers... Et puis, des bêtes énormes ont surgi pour attaquer. »

Il frissonna en se remémorant l'apparence des monstres.

« C'était... des genres de fauves, je crois... Ils jappaient... Ils attaquaient, de façon assez organisée, prenant en tenaille l'armée qui se formait... Contrairement à ce qu'on avait pensé, c'était visiblement un assaut plus important qu'un simple raid. »

Il déglutit. C'était à peu près là que le récit se faisait moins glorieux.

« Je suis venu jusqu'ici aussi vite que j'ai pu pour prévenir. »

Il y avait certainement une grande omission dans toute la dernière partie de l'histoire. Pourtant, il ne mentait pas à proprement parler : c'était ce qu'il avait vu et, dans les faits, il estimait avoir fait ce qui lui semblait juste - et surtout dans la mesure de ses maigres capacités. Cette consolation ne suffisait pas à le rassurer face aux responsables ynoriens, pourtant, et il attendait nerveusement leur réaction.

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