Le Temple de Gaïa

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Yuimen
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Le Temple de Gaïa

Message par Yuimen » jeu. 4 janv. 2018 15:22

Temple de Gaïa
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Salle de prière
Ce temple est sans doute le plus simple de la ville. Au cœur de l'une des places de la cité, c'est un bâtiment classique, on reconnait que c'est un lieu de culte aux nombreux guérisseurs qui occupent sur l'esplanade.

L'intérieur est fort différent, d'une beauté sans mesure, très simple et non exubérante pour ne pas détourner les fidèles de leur prières.

Le sol est en bois lisse pour permettre à ceux qui veulent se déchausser de le faire. Pas moins de huit salles de prières sont accessibles, chacune refermable par des portes coulissantes richement décorées.

Le temple est très lumineux en hommage à Gaïa. De jour par la simple lumière du soleil tombant par les nombreuses fenêtres, de nuit par plusieurs centaines de coupes de feu.

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Nhaundar
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Re: Le Temple de Gaïa

Message par Nhaundar » dim. 24 mai 2020 15:41

VII. 1 Etudes magiques (suite).

Le jour est enfin arrivé. Tôt dans la matinée, Sylve a reçu une missive lui demandant de se rendre auprès de ses supérieurs militaires. La jeune semi-elfe m’a prêté main forte pour ma première mission de milice, alors je compte bien lui rendre la pareille. Je rassemble mes affaires et me rends au temple de Gaïa, suivant les instructions de la guerrière. Il me faut cependant demander mon chemin, à plusieurs reprises avant d’avoir une première réponse positive, pour enfin trouver l’édifice. Plus sobre que son homologue à Kendra Kar, il se démarque même du reste d’Oranan par sa grande simplicité. De nombreuses coupes de feu éteintes sont présentes et servent visiblement pour la nuit. Beaucoup de personnes sont présentes afflues du bâtiment, mais une incroyable tranquillité règne, comme un respect pour la déesse et ses dévots.

J’avance jusqu’à l’entrée du bâtiment sous les regards appuyés qui ne semblent pas apprécier de voir un Shaakt présent. Je suis habitué à ce mépris à peine déguisé, mais il me pèse malgré tout sur le cœur. Je pénètre donc à l’intérieur et invité par la présence de soulier à l’entrée, ainsi que par les personnes à l’intérieur qui se déplacent pieds nus, je fais de même et prends le temps de me déchausser. Je m’avance un peu à l’intérieur et m’incline respectueusement, joignant les mains au niveau du torse aux personnes que je croise. Loin d’afficher du mépris en me voyant, le respect dont je fais preuve m’est renvoyé avec une grande sincérité. Je compte à peu près huit pièces ici, mais ne sachant ni trop où aller, ni qui rencontrer dans ce lieu emplis de lumière, je finis par croiser le chemin d’un homme âgé, chauve et portant des habits ressemblant à des draps entourés sur lui.

"Veuillez me pardonner, mais je vous vois arpenter ce lieu sans visiblement trouver ce dont vous chercher. Désirez-vous mon assistance ?" Me demande-t-il en chuchotant avec un apaisement dans la voix telle, qu’elle m’atteint jusqu’à l’âme. Un léger coup d’œil m’indique qu’il a remarqué ma blessure à la main gauche.

Je lui réponds en m’exprimant de la même manière pour ne pas perturber les personnes en pleine prière.

"Veuillez m’excuser si j’ai perturbé la tranquillité de ce lieu. En réalité, je cherche un maître en magie lumineuse qui accepterait de m’enseigner l’art de la guérison magique."

"Ne vous inquiétez de rien. En entrant dans ce lieu vous avez respecté notre croyance par la discrétion dont vous avez fait preuve. Je vous en prie." M’invite-t-il en tendant le bras pour le suivre à ses côtés. Alors que je le suis, il reprend de nouveau. "J’ai vu beaucoup de choses dans ma vie, mais je crois bien que c’est la première fois qu’en ce lieu je croise un…"

Je vois bien qu’il cherche ses mots et ne semble pas vouloir m’offenser, alors je me permets de finir pour lui.

"Un Shaakt ? Vous pouvez le dire ce n’est pas une insulte. Incapable de servir correctement, j’ai été vendu par ma famille pour servir une Shaakt qui a fait de moi un esclave. Je l’ai servi…du mieux que j’ai pu, principalement pour survivre. Cependant, j’ai réalisé de nombreuses choses lorsque j’ai été libéré. Parmi elles, les croyances que je m’évertuais à chérir. C’est une Oranaise qui m’a fait ressentir cette chaleur lorsqu’on aide autrui. C’est pour cette raison que j’ai décidé d’oublier les traditions religieuses de mes ancêtres afin de m’ouvrir à la bonté de Gaïa."

"Je comprends mieux votre démarche et le chemin que vous avez arpenté ne vous rend que plus honorable." Dit-il en s’inclinant, puis m’invite à pénétrer dans une des pièces. "Avez-vous déjà pratiqué des sorts de lumières ?"

Je souris bêtement et réponds un peu gêné.

"C’est-à-dire que je ne possède pas de fluide de lumière non plus. Comme je possède déjà deux autres types de fluides, le maître magicien qui m’a vendu les fioles m’a conseillé d’attendre un peu avant d’absorber un nouvel élément et de le faire dans un lieu confortable et sécurisé."

Mon interlocuteur semble se perdre un instant dans ses pensées.

"Il a eu raison de vous prévenir et vous de venir ici pour le faire. Asseyez-vous et absorbez votre potion. Je reste à vos côtés si vous subissez un contrecoup violent."

"Un contrecoup…violent ?" Dis-je comme si je n’avais pas bien compris alors que je pose mes fesses sur des coussins fins, mais confortables.

"C’est assez rare, mais cela reste possible. Rassurez-vous, aucun des cas sont apparus ici n’ont eu de séquelles graves. Gardez votre calme et ouvrez votre esprit." Me répond l’homme.

Je me saisis d’une fiole de lumière et me laisse guider par la présence rassurante du fidèle de Gaïa. Le liquide coule en moi pour atteindre chaque partie de mon corps, qui irradie d’une douce lumière. Je ressemble à une très grosse luciole ainsi, mais rapidement un sentiment fort s’empare de moi et me force à fermer les yeux. Une présence rassurante devient perceptible, mais il ne s’agit pas là de mon guide. Non c’est plutôt une présence immatérielle que je sens. Une autre se fait ressentir, puis une nouvelle. De nombreuses présences finissent par m’entourer et avec elles, le sentiment chaleureux d’être entouré. Que peu importe mes faiblesses ou mes échecs, je serais toujours entouré d’êtres prêts à me soutenir dans l’adversité. Je sens qu’ils orientent leurs volontés vers moi. D’instinct mon imagination crée une image d’êtres flous tendant leurs mains dans ma direction. Un torrent d’énergie accourt jusqu’à moi tellement puissant que je sens mon corps vaciller. Chacun de ces êtres m’offrent ce qu’ils ont de plus beau en eux. L’espoir, le courage, la force de volonté et de nombreuses autres émotions s’imprègnent en moi, immobile au milieu d’une tornade de vertu. Il y a tant d’énergie que je me sens presque suffoquer. Mais une toute nouvelle présence fait son apparition, si puissante qu’elle se fait soleil au milieu de lucioles. De même que les autres, elle m’offre un présent. Son immense énergie balaie les autres comme le seraient des papillons dans une tempête. Je crains, l’espace d’un instant, de ne pas être capable d’en supporter autant. Et puis elle m’étreint. Une force si pure que je me sens comme soulevé par une main invisible. Elle me traverse l’âme avec un sentiment si fort qu’il m’est impossible de ne pas en connaître la nature : l’amour. Mais pas n’importe lequel, l’amour de Gaïa. Je commence à croire que c’est un privilège pour moi, qui me suis détourné de mes anciennes croyances obscures, mais je me trompe. Il s’agit de l’amour qui aime chaque être équitablement qu’il soit animal, végétal ou doué de raison. Un amour profond, intense, sans rien attendre en retour. Autour de moi, les autres entités de rassemblent. Je ne suis plus un Shaakt, mais un simple serviteur de la déesse, loin de toute forme de discrimination. Je ne suis plus un, mais une multitude et cette multitude se fond dans l’amour de la déesse dans un perpétuel recommencement.

Je finis par ouvrir mes yeux. Le prêtre est toujours là, attendant patiemment que le processus se termine. Je sens un froid sur mes joues et une vérification à l’aide de mes mains m’indique que des larmes ont coulé.

"Dites-moi, qu’avez-vous ressentit ?" Me demande-t-il.

En moi la présence de la déesse et de tous ses adeptes résonnent encore. Ma réponse ne souffre d’aucun mal pour s’exprimer.

"Je suis un, mais je suis tout ! Car en moi je suis lié à ceux qui partagent leurs forces et leurs abnégations. Je suis tout, mais je suis un ! Ensemble, nous formons cet amour de Gaïa qui s’exprime à travers moi."

"Ainsi naît un nouveau serviteur ! Que l’amour de la déesse nourrisse son dévouement envers les autres !" Clame calmement l’homme devant moi avant de reprendre. "Et il entreprend son initiation par la plus noble des façons. Vous sentez-vous prêt à apprendre la magie de guérison ?"

Je réponds d’un simple hochement de la tête, mais d’un regard qui exprime toute l’attention que je lui porte.

"Parfait ! Il existe plusieurs sorts de soins, mais le plus commun et celui que je vais vous enseigner est celui que l’on nomme : le souffle de Gaïa. Pour commencer qu’est-ce qu’une blessure ? Il peut s’agir d’une coupure qui sépare en deux les éléments qui constituent, comme une lame qui entaille la chair, mais cela peut également être un choc qui déplace les parties du corps ou même dans votre cas, qui brise les os." Détaille-t-il en examinant ma main blessée. "Il y a une chose primordiale à savoir, même sans soin, magique ou naturel avec des plantes, le corps cherche lui-même à se guérir. Bien entendu, parfois sa capacité de guérison n’est pas suffisante, mais elle existe bel et bien. Le souffle de Gaïa, n’est qu’une aide magique pour accroître cette guérison. Commençons !"

Contre toute attente, il se saisit d’une lame de mauvaise facture et s’entaille la paume de sa main droite. Avant que le sang ne coule de trop, il essuie la lame et la pose au sol. La blessure est légère mais le précieux liquide rouge s’extrait abondamment. Il pose sa main blessée, blessure vers le haut et place son autre main haut dessus, paume vers le bas. Il ferme les yeux pour mieux se concentrer et une lueur brillante prend vie de la main gauche et illumine l’entaille. Rapidement, la blessure se referme et il ne reste de sa présence que le sang séché sur sa main.

"Ainsi doit s’utiliser le souffle de Gaïa. Vous devez user du fluide de lumière pour accroître considérablement la capacité de régénération de la zone ciblée. C’est votre première utilisation de ce fluide donc commencez déjà par le matérialiser." Termine-t-il en m’encourageant à faire de même.

Je ferme les yeux et cherche en moi ce nouvel élément pour manifester sa présence hors de mon corps. Suivant l’exemple de mon professeur, je rassemble la magie en une infime source au creux de ma main droite, celle encore valide.

"Vous êtes assez doué. En règle générale il faut un peu plus de temps pour une première manifestation." S’exclame-t-il tout bas.

Ma gène est perceptible, mais je la dissimule autant que possible en écartant un éventuel talent que je ne me sens pas posséder.

"C’est seulement que j’ai l’habitude d’expérimenter moi-même la magie lorsque cela m’est permis. J’étudie longuement les recueils de magies et j’aime reproduire par moi-même des sorts que je rencontre ou que j’imagine."

"Alors vous avez bien choisi en préférant la lumière à l’obscurité." Commence-t-il en inclinant respectueusement la tête. "Nombre de mages sont tentés par la magie noire qui procure une grande puissance, mais souvent elle s’associe à une solitude par la frayeur qu’elle génère. Les sorts de lumières sont très variés et si certains offrent un soutien aux adeptes du bien, ils offrent également certains avantages sur la maîtrise magique. Bien, maintenant vous devez émettre votre magie sur la plaie. La première étape est de saturer la zone en magie. Essayez avec votre main."

Suivant ses conseils je manipule mes fluides de lumière pour les concentrer sur ma main. Ma maîtrise est-elle que je n’ai aucun mal dans mon entreprise, mais je suis rapidement arrêté par mon professeur.

"Loin de moi l’idée de vous critiquer, mais vous vous y prenez mal. Je le vois dans votre émission magique, votre manipulation n’est qu’en superficie. C’est une erreur que beaucoup de novice font. Vous devez étendre votre contrôle de votre magie sur l’intégralité de la blessure et même au-delà. Il n’est pas rare que des dégâts internes soient plus conséquents qu’ils ne laissent entendre. En agissant comme vous le faites, vous ne refermerez la blessure qu’à l’extérieur !"

Je reprends donc ma tâche et étend la zone d’influence de ma magie sur l’ensemble de ma main. Certainement grâce au fait que je m’exerce sur mon propre corps, je sens que mon émission de fluide n’est pas complète. A certains endroits des espaces vides de magie, particulièrement autour des articulations, sont présents. Je redouble d’effort et accroît mon contrôle magique pour que l’ensemble de ma main soit saturée de fluide. Il n’est pas question de laisser des zones non affectées par la guérison.

(Bien maintenant que c’est fait, il ne reste qu’à accroître la guérison. Mais comment fait-on ?)


Je regarde mon professeur et lui pose la question, un brin perdu.

"Je pense être parvenu à insuffler chaque partie de ma main avec ma magie, mais comment puis-je accélérer la guérison ?"

"Oui…oui c’est bien, c’est même très bien !" Dit-il en examinant les traces de fluides de mon membre. "La dernière étape consiste effectivement à donner un coup de fouet à la guérison. Pour cela vous devez transmettre, en même temps que vous émettez votre magie, l’amour et la compassion que vous avez ressentit lorsque vous avez absorbé les fluides de lumière. C’est à cette étape que donne son nom à ce sort !"

De nouveau je concentre mes fluides dans ma main et me remémore le torrent d’émotions que j’ai ressenti quelques instants plus tôt. Ma magie se manifeste dans toute ma main tandis que je cherche à émettre le plaisir de faire partie d’un tout. Je ferme les yeux pour favoriser ma concentration.

"Continuez, ce n’est pas encore assez !" M’encourage l’homme.

Je poursuis mes efforts et me projette cette vision divine qui m’a tant bouleversé.

"Encore, encore !" Insiste-t-il.

(Plus ? Est-ce que j’ai ressenti ne suffit pas ? Si je ne parviens pas à apprendre ce sort, Sylve sera déçue !)

"Voilà vous y êtes, continuez !"

(Sylve ? Serais-ce ce que je ressens pour elle qui est le véritable moteur ? Pus encore que l’amour que l’on a eu pour moi, c’est les sentiments que je fais naître moi-même qui sont plus puissants ?)

Galvanisé par les encouragements, je me remémore les différents moments passés avec la jeune semi-elfe. Son soutien lors des moments difficiles, sa confiance face au danger et la complicité de tous les jours. Tandis que je sens de légers picotements dans ma main, une pression sur mon épaule me ramène à la réalité.

"Vous pouvez arrêter. C’est un excellent travail que vous avez fait là !" Me félicite le dévot de Gaïa.

"Mais, les émotions que vous avez décrites, ceux qui m’ont habité lors de l’absorption !" Dis-je incrédule.

"Vous pensiez être capable de rendre le même amour que la déesse a pour vous n’est-ce pas ? Nous ne sommes que de simples mortels, incapable de comprendre toute l’étendue de son amour. Prétendre aimer la déesse autant en retour est un mensonge. Cela revient à aimer l’amour lui-même ! Mais vos sentiments eux, sont sincères car ils sont nés de vous et vous animent à chaque instant ! Gardez toujours ceci en mémoire."

"Merci, infiniment ! Les instructeurs de combats font payer leurs apprentissages et je souhaite faire de même." Dis-je en cherchant ma bourse tandis qu’une main vient m’arrêter.

"C’est fort aimable à vous, mais je ne puis accepter une compensation. Selon nos préceptes, le savoir de Gaïa ne se monnaie pas, c’est contraire à nos en enseignements."

Je réfléchis quelques instants cherchant une faille dans son discours. Si effectivement, ils n’acceptent pas d’être payer, comment peuvent-ils vivre et dépenser autant pour éclairer le temple ? La réponse est si simple qu’elle me vient rapidement et avec un sourire franc je tends à nouveau l’argent.

"Dans ce cas, accepteriez-vous une donation pour votre temple ? J’insiste !"

"Dans ce cas je ne peux vous refuser cette offrande." Concède-t-il en acceptant l’argent.

Le prêtre m’accompagne jusqu’à la sortie et après m’être incliné face à lui, il m’arrête une ultime fois.

"Vous semblez être un mage vertueux pour vous être ainsi tourné vers la lumière. Aussi je vous encourage à travailler sur le lien qui vous unit à Gaïa. Elle n’est pas la déesse de la connaissance pour rien !"

Je quitte le temple sur cette étrange déclaration et m’en retourne au domicile de Sylve.

VII. 3 Le bataillon des Lances d'Or.

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