Le Bochi (Cimetière)

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Yuimen
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Le Bochi (Cimetière)

Message par Yuimen » jeu. 4 janv. 2018 15:22

Le Bochi (cimetière)


Les décès sont malheureusement monnaie courante dans un pays en guerre. Mais les morts ont droit à un repos paisible dans ce cimetière sacré. A l'entrée de celui-ci, un grand bâtiment dans la partie centrale est construite en pierre massive qui se prolonge en une cheminée richement décorée. C'est le crématorium, étape obligatoire dans les funérailles traditionnelles Ynoriennes. Plus loin, des rangées de tombes en colonnades sculptées sont le lieu de repos final, les cendres étant enterrées sous ces piliers ou casées dans les alcôves à leur sommet.

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Akihito
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Re: Le Bochi (Cimetière)

Message par Akihito » jeu. 27 janv. 2022 11:33

Dans le chapitre précédent...

Interarc : Le rempart des innocents.

Chapitre II.2 : Début d'une errance.

"Force". Telle était la signification de cette dernière rune. Et de la force, il allait en avoir besoin dans les mois qui s'annonçaient... Encore une fois, il regretta de ne pas avoir trouvé une rune action. Si les runes élémentaires, objets et autres étaient des briques, les runes actions étaient quant à elles le mortier qui les reliait. Akihito avait lui un beau paquet de briques, de plus ou moins grandes qualités. Mais sans le mortier, il lui était difficile de faire quoi que ce soit d'intéressant. Et vu l'échec qui avait failli lui coûter la vie face à Karsinar la dernière fois qu'il avait utilisé une rune seule, il n'était pas pressé de recommencer.

Nataku revint alors avec tout ce que l'enchanteur lui avait demandé, non sans l'abreuver de divers conseils. Chasser, notamment, car les rations n'allaient durer qu'un temps et n'étaient pas faites pour être consommées par un combattant actif. Il soupira : voilà bien un domaine dans lequel il n'excellait pas. Lors de son dernier voyage, il n'était pas dévolu à cette tâche et pour une bonne raison. En revanche, ce n'avait pas été un problème pour...

Il réprima comme il put la douleur sourde et remercia le commerçant, avant de se diriger vers la porte.

"Merci, monsieur Arashimasi. Prenez soin de vous."

- Et tâche d'être prudent, hein ? Il y a eu bien assez de ravages, n'ajoute pas ton nom à la liste.

- ... J'essayerai. Promis."

Essayer. C'était tout ce qu'il pouvait faire.

Sortant de la boutique, il avait traversé toute la ville, d'une traite. Les rues étaient encore très clairsemées et les rares passants n'arboraient que des nuances de tristesse sur le visage. Nombreux étaient ceux à prendre le même chemin que lui, la direction de la sortie de la ville. Les plus richement habillés des Ynoriens portaient des urnes entre leurs mains, quand les autres cachaient leurs mains dans leurs manches ou se les tordaient nerveusement. Bien sûr, on le reconnut et les réactions furent diverses et variées : si la plupart ne faisaient que murmurer sur son passage, d'autres éprouvaient du ressentiment.

"Pourquoi est-il en vie ?"

"Mon fils et mon frère sont morts, mais lui a survécu comme par hasard..."

"Porteur de la Kizoku Rana, tu parles..."

Il ne répondit à personne. Qu'aurait-il pu dire, de toute façon ? Se défendre en disant que les conseillers avaient eux aussi survécu ? Avouer qu'il n'avait aucune foutue idée de pourquoi sa vie n'avait pas été fauchée avec toutes les autres ? S'excuser d'être encore en vie ? S'énerver en disant qu'il n'aurait rien pu faire, de toute façon ?

(J'en ai pas la force.)

Certains cherchaient un coupable pour atténuer leur malheur, et il était un miraculeux rescapé d'à peine vingt-trois ans : reliques ou pas à la ceinture, il était aisé de le prendre pour cible. Vouloir répondre n'aurait fait qu'accentuer leur colère et leur peine, quoi qu'il dise.

("Pourquoi moi, et pas les autres", c'est le fardeau des survivants. Tout finira par se tasser, ne leur en veut pas trop.) lui rappela sa Faëra. Lui, il accéléra simplement le pas.

Visible depuis l'extérieur de la ville, les longues langues de fumées noires provenant des charniers qui brûlaient les corps chargeaient l'air d'une odeur de mort et de chair brûlée atroce. C'était sans doute préférable à celle des cadavres pourrissants, mais ne rendait pas pour autant l'épreuve plus facile. Une longue procession de mères abattues, de femmes éplorées et d'enfants en larmes s'étendait de la brèche aménagée à travers les portes de la ville effondrées jusqu'à l'espace où des centaines de corps étaient étendus. Tous, riches comme pauvres, notables comme issu du peuple, espérait pouvoir identifier un proche, un parent, avant qu'il ne soit incinéré. Rares étaient ceux à avoir cette chance, et à pouvoir emmener les corps se faire incinérer au Bôchi.

Le Bôchi était le cimetière de la ville, et consistait en un ensemble de colonnes qui faisaient office de pierres tombales. Après avoir incinéré le défunt, les Ynoriens gravaient son nom dans la colonne de sa famille et enterraient l'urne. Les plus riches exposaient les urnes décorées et finement ciselées dans des alcôves, et leurs colonnes portaient les armoiries de leur famille. Pour le commun des mortels, de simples amphores en terre cuites étaient utilisées et vendu au prix coûtant dans le crématorium.

Akihito fit la queue, comme les autres. Les voix basses qui le suivaient s'éteignirent peu à peu alors qu'ils progressaient dans le charnier, chacun cherchant des yeux l'être aimé. Parfois, une personne sortait de la file et se dirigeait vers un corps étendu, vérifiant son identité. La plupart du temps c'était en pure perte, mais parfois un cri de douleur émergeait et une des personnes chargées des bûchers venaient alors l'aider à empaqueter le corps pour le mener au crématorium. Au bout de la queue, on pouvait accéder à une femme d'une quarantaine d'années au visage blafard, aux traits tirés et au chignon strict. Elle était en charge du lourd registre des morts identifiés et de s'il avaient été déjà brûlés, ou non. Malgré la fatigue évidente ses yeux n'avaient pas perdu leur ardeur d'aider les malheureux endeuillés à offrir une sépulture décente à leur famille tombée au combat. Quand vint son tour, Akihito n'eut que le temps d'ouvrir la bouche.

"Je...

- Ah, Porteur. La Conseillère m'avait prévenu de votre arrivée prochaine. Ceux que vous cherchez sont dans la troisième rangée, septième rang."

(Ceux ?)

Un effroyable espoir émergea. Il n'entendit qu'à peine la chargée du registre s'excuser d'être si expéditive car il s'avançait déjà vers l'emplacement indiqué. Il reconnu sans peine le visage encore enfantin du porteur de potions, dont la peau avait commencé à foncer par la décomposition. Mais nulle trace d'Elle. Car à côté de l'adolescent, c'était les corps d'un couple qui reposaient. Les cadavres. La famille du porteur. Et un nom.

Kento, Arime, Fudô Arashimasi.

Les morts que pleuraient Nataku et sa femme étaient les mêmes qu'il allait enterrer. Il dut se mordre jusqu'au sang l'intérieur des joues pour ne pas être secoué d'un rire nerveux devant l'ironie de la situation, et avala difficilement le sang dans sa bouche quand un des techniciens s'approcha de lui.

"Voulez-vous qu'on les emmène au Bôchi ?

-... S'il vous plait."

La crémation ne dura pas. Les fours marchaient à plein régime car s'ils servaient à incinérer les cadavres identifiés par leur famille, on y brûlait aussi quantité d'anonymes pour ne pas qu'ils pourrissent inutilement dans la plaine. En quelques minutes, Akihito se trouva avec une urne funéraire grise gravée du nom de la famille. La froide réalité de la vitesse à laquelle trois corps avaient été réduits à une poignée de cendres lui glaça le sang, et il se mit à suivre le fossoyeur et le marbrier d'un pas tremblant, alors qu'il le menait vers la colonne familiale. Un simple pilier de marbre poli, grisâtre, marqué du nom des défunts Arashimasi. Parmi eux, le connu Hyori Arashimasi qui siégea au Conseil quelques dizaines d'années auparavant. Les agents du Bôchi remplirent alors leur office : le marbrier grava le nom des trois défunts, puis à côté "C.A". Le Charnier des Âmes. Les victimes du Dragon Noir. Le fossoyeur creusa la terre, et laissa Akihito y placer l'urne avant de l'ensevelir. Puis ils partirent sans un mot, saluant silencieusement le mage avant de repartir s'occuper d'une nouvelle famille. Après un long moment, sa voix résonna à travers le Bôchi.

"Voilà, Kento. Je t'avais promis de t'enterrer, toi que je n'avais pas pu sauver. Je pensais le faire en compagnie de ta famille... Mais c'est peut-être mieux pour eux qu'ils n'aient pas eus à t'enterrer si jeune."

Il tomba à genoux.

"J'ignorais que tu étais de la famille de Nataku. Le hasard s'est montré cruel, une fois de plus. Je suis passé tant de fois chez ton oncle, peut-être que nous nous étions déjà croisés. Peut-être que si nous avions fait connaissance, nous aurions joué ensemble, plus jeunes. Tu aurais été le petit frère que je n'ai jamais eu, et j'aurais été un grand frère pour toi. On aurait pu s'amuser avec Hïo, aussi.
Tu as eu le courage de protéger Oranan malgré ton âge. Et si la guerre n'est pas finie, Oranan reste vulnérable : repose en paix, Kento. Ton sacrifice ne sera pas en vain, je m'en assurerai."


Il se releva et écrasa la larme qui roula sur sa joue. Il voulait aussi ajouter une parole à Son attention mais il n'en eut pas la force, en fin de compte.

Il lui restait une dernière chose à faire, avant de battre la campagne Ynorienne.

"Maman..."

Dans un flash de lumière, Akihito s'enfonça dans les nuages pour rejoindre avec la vitesse de la foudre la seule membre de sa famille qui lui restait.

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Hatsu Ôkami
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Re: Le Bochi (Cimetière)

Message par Hatsu Ôkami » lun. 6 mai 2024 23:50

L'amer survie


Le long défilé semblait n’en pas finir. Les visages portaient tous les mêmes expressions, les mêmes stigmates d’une tristesse et d’une douleur que rien ni personne ne pouvait apaiser. Même le ciel, gris et sombre, pleurait doucement, laissant une fine pellicule de pluie sur la cité en deuil. Personne n’avait été épargnée. Riches, pauvres, soldats, civils, jeunes, vieux, peu importait. La Mort avait fauché et l’Ynorie pleurait ceux disparus. Vêtue d’un kimono noir, les cheveux attachés en une longue queue de cheval, Hatsu observait la scène, des gouttes de pluies ruisselant su son visage, trempant ses vêtements. Elle ne semblait pas y faire attention, ne décrochant pas son regard du triste spectacle de familles déchirées qui revenaient pour constater la mort de leurs proches. Une ombre la recouvrit et la pluie cessa de tomber sur ses cheveux déjà trempés. Elle releva les yeux pour voir un parapluie accompagné d’une mine sombre.

- Tu vas tomber malade, Hatsu. Tu devrais rentrer.

Elle hocha la tête, mais il lui fallut une longue minute pour se mettre finalement à bouger. Elle marcha à pas lent, saluant de la tête certaines personnes connues en sortant du Bochi. Jamais il n’y avait eu autant d’activité dans cet endroit et c’était bien la plus triste nouvelle pour la ville. Même la place commençait à manquer.

- Comment va ton bras ?

- Mieux.

Elle entendit soupirer et se tourna vers son frère. Il l’observait d’un air inquiet et la culpabilité qui rongeait l’archère se dirigea vers lui à ce moment-là. Sa voix se brisa d’un coup alors qu’elle marmonnait quelques mots.

- Désolée, Ryo…

- Tu n’as pas à t’excuser.

- Si j’avais été plus forte…

- Cesse donc, Hastu. Tu te punis pour une faute que tu n’as pas commise. Personne ne pouvait rien faire. Personne n’a rien pu faire…

Elle le vit serrer les poings et elle détourna les yeux, les dirigeant vers les murs que l’on pouvait apercevoir au-dessus des maisons. Elle revoyait encore nettement chaque seconde de cet effroyable instant. Elle ne savait même pas comment elle y avait réchappé. Lorsque le Dragon avait fait son office, elle volait au-dessus de la ville, se hâtant d’aller prêter main forte aux défenseurs. Puis tout s’était arrêté. Elle avait chuté et la dernière chose qu’elle avait pu voir avant de s’écraser plusieurs mètres en dessous fut la vision apocalyptique de son peuple succombant à une force qui n’aurait jamais dû arpenter ce monde. On l’avait retrouvé le lendemain, vivante, contrairement à beaucoup. Et elle se demandait chaque seconde la raison. Pourquoi elle, quand tant d’autres avaient succombé ? Son frère en avait réchappé parce qu’il protégeait le port. Mais elle… Elle était au milieu des autres corps sans vie, mais elle respirait encore. Et elle ne comprenait pas pourquoi.

- Arrête ça !

La voix de son frère la tira de sa morbide contemplation et elle cilla face à son ton sombre. Il la fixait de cet air sévère qu’il avait développé depuis peu. Une nouvelle preuve des ravages de la guerre, lui qui avait toujours été quelqu’un de souriant. Hatsu n’était pas d’humeur à argumenter, alors elle se contenta de hocher la tête et de lui emboiter le pas lorsqu’il prit le chemin de la demeure familiale. Elle devrait être heureuse qu’il soit en vie et elle était à peu près certaine qu’elle l’était, sous toute cette culpabilité, tristesse et colère. Mais elle avait le sentiment qu’il n’était plus le même et qu’elle avait aussi perdu son frère lors de cette bataille. Tout comme elle avait l’impression d’avoir perdu quelque chose au fond d’elle.

Puis le bras de Ryo entoura doucement ses épaules et elle cilla de nouveau. Pendant un instant, les deux jumeaux s’observèrent sans rien dire, une discussion silencieuse prenant place, une discussion qu’eux seuls pouvaient interpréter et avoir conscience. Finalement, Hatsu soupira doucement, ferma les yeux un instant, puis ses épaules se redressèrent, elle redressa la tête, le buste, puis les yeux et elle hocha la tête alors qu’un sourire finit par apparaître sur le visage de son jumeau.

- Allons-y. Ne les inquiétons pas plus que cela.
Hatsu Ôkami, Chasseuse Ynorienne
Première Née des Ôkami
Réceptacle de l'esprit de Loup
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Armoiries des Ôkami:
l'Or pour la fortune, le Loup pour la noblesse d'âme et la flèche pour le passé guerrier.

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Capitaine Hart
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Re: Le Bochi (Cimetière)

Message par Capitaine Hart » mar. 3 sept. 2024 18:59

Sans surprise, le cimetière d'Oranan accueillait plus de monde que le terrain d'entraînement. Des dizaines de visiteurs honoraient leurs morts. Les temps des pleurs étaient passés pour certains, mais du coin de l’œil, Sirius pouvait apercevoir des mères se laissant mourir de faim près des tombes de leurs enfants, et des enfants qui refusaient de quitter celles de leurs parents. Il lui semblait certain qu'au bout d'un certain temps, les gens d'Oranan se mettraient à réclamer du sang omyrien. Oaxaca avait été détrônée, certes, mais la rancune qu'elle avait semée vivrait sur plusieurs générations.

Il continua d'avancer jusqu'à l'endroit convenu, et il vit l'homme qu'il cherchait, debout devant l'une des tombes, au fond du cimetière.

"Mazhui."

L'ynorien se retourna, son expression éternellement figée dans un sourire ambivalent.

"Je t'attendais, mon ami."

La tombe était petite, encore plus que les autres. Les ynoriens avaient pour habitude d'incinérer les corps au grand temple d'à côté, et n'enterraient que les cendres. En de sombres jours comme celui-ci, cela leur servait bien. Mais ils auraient du mal à couvrir tous les morts de Kochii, même dans cette grande plaine de pierre.

"On croyait que tu avais quitté la ville."
"Oh non, j'y étais depuis le début. Navré de ne pas vous avoir accueilli, mais tu comprendras que les circonstances étaient..."

Il regardait la petite tombe.

"Un ami à toi ?"
"De la famille, pour être exact." Son expression était insondable, mais ses yeux reflétaient une certaine mélancolie. "Mais sa mort ne date pas d'hier, rassure-toi. Je n'ai pas grand monde à perdre à Oranan."

Il se tourna vers le borgne, son long manteau de soie soulevé par le vent alors que son sourire remontait.

"Tu as enfin pris contact avec tes confrères. Qu'as-tu pensé d'eux ?"
"Honnêtement, ils ont l'air de se débrouiller assez bien sans moi, mais quand-même..."
"Oui ?"

Il esquissa un rictus satisfait.

"J'les aime bien. Je vais continuer de les emmerder un moment. J'ai l'impression que Mytha lève les yeux à chaque fois que j'ouvre ma grande gueule."
"Cet arbuste pourrait bien t'apprendre un peu de sang-froid. Je dirais que c'est un plus."
"Ha, je t'en foutrais, du sang-froid."

Ils échangèrent un rire. L’œil de Sirius sonda la pierre derrière Mazhui. Le nom était presque impossible à déchiffrer par manque d'entretien, et il n'y avait aucun épitaphe.

"Alors, "capitaine", quels sont tes plans pour la suite ?"
"C'est évident, non ?"

Sirius le regarda à nouveau, cette fois, il semblait déterminé.

"Tulorim. C'est ça, la prochaine étape."
"Je vois, le plan n'a pas changé."
"Eh non."

Mazhui s'écarta lentement de la tombe.

"Dans ce cas, je me ferai un plaisir de préparer le terrain. En attendant, il y a aussi cette affaire de Sangs-Pourpres. Les autres pourront t'en dire plus. J'ai bien peur de leur avoir été d'un piètre conseil."
"Je verrai ça avec Mytha. C'est son équipage, après tout."
"Bien... On se revoit à Tulorim, alors."

Les deux hommes se saluèrent. Mazhui tourna les talons, avant de rajouter.

"C'est mon père, sous cette pierre tombale. Prends garde. Nous, les ynoriens, sommes peut-être amateurs de courbettes, mais c'est pour mieux cacher la traîtrise dont nous sommes capables. Bon vent, Sirius."

Mazhui quitta alors le pirate. Il resta un bon moment devant la tombe, pensif. Il savait qu'il ne fallait pas déterrer ce genre de squelette. Son camarade retors se comportait avec des manières qui feraient pâlir un ambassadeur ynorien, mais il nourrissait en secret un terrible mépris pour cette cité et ses habitants. Néanmoins, le pirate s'agenouilla devant la tombe et y versa un peu d'absinthe. Un geste qui pouvait paraître déplacé pour d'autres, mais il voulait montrer ses respects à la seule personne qui semblait encore retenir les pensées de Mazhui pour son pays natal.

Quelques jours plus tard, Mazhui arriva à Tulorim. Il préparerait l'arrivée de la Confrérie, et le retour de Sirius. Leurs ambitions étaient grandes, et l'avenir incertain, mais une chose était sûre : le destin les mènerait au joyau de l'Imiftil.


FIN





"Mon cher ami,

Je te fais parvenir cette lettre pour t'informer de mon débarquement en Imiftil. J'ai pris la liberté de compiler mes notes et de t'en envoyer une copie. Ta réputation commence à se faire connaître, même dans ce recoin du monde. C'est en partie grâce aux histoires que je relaie aux soûlards et orphelins de la cité. Certaines parties pourront te sembler exagérées ou dramatisées, mais les ouï-dires de tes histoires nous aideront à rallier les tulorains à notre cause, en particulier les marchands qui traitent avec les peuples désertiques marchands d'esclaves.

Je n'aurais pas pu rêver d'une telle fin à mon récit. Peu d'hommes, même parmi les héros, peuvent se vanter d'avoir combattu Oaxaca. Même si, selon tes dires, ton rôle dans cette affaire était dérisoire, ton nom cerné des plus grands héros du continent ne nous apportera que des avantages. J'arrête là les "Aventures du capitaine Heartless" et je te laisse écrire ses nouveaux chapitres par les actes.

En espérant avoir bientôt de tes nouvelles,
Mazhui."


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