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Les Monts Sanglants

Posté : jeu. 23 août 2018 17:29
par Yuimen
Les Monts Sanglants

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Les Monts Sanglants et les ruines d'Astérök vus depuis les plaines


Les Monts Sanglants forment les premiers contreforts du Massif des Jumeaux situé sur le Duché de Luminion et la chaîne du Karathren, donc ils englobent le sommet le plus à l'est, romantiquement nommé le Pic des Crânes, non pas à cause de sa forme mais parce qu'en -25'694 les Garzoks anéantirent une armée Thorkine à son pied et formèrent une pile des crânes des vaincus sur le champ de bataille, si haute que la légende dit qu'il y eut un deuxième pic pendant quelques temps.

Aujourd'hui ces monts sont une région sinistre, désolée et tourmentée où ne poussent que buissons épineux et herbes rêches. Nombreux sont les Garzoks et les Sektegs qui y rôdent, les ignobles créations des Treize, aussi. Pour le voyageur, c'est l'une des zones les plus dangereuse de Yuimen, dans les pays alentours, tous vous diront que s'y aventurer est suicidaire. Les rivières et ruisseaux sont rarement potables, le gibier naturel quasiment inexistant, les plantes vénéneuses omniprésentes. Mais il n'en a pas toujours été ainsi, c'était autrefois une contrée aussi verdoyante que les massifs environnants. Pour comprendre les raisons de ces changements, ainsi que le nom de ces lugubres montagnes, il nous faut remonter de quelques 30'000 ans dans le temps et nous pencher sur leur triste histoire:

En -30'000, une ère glacière s'abattit sur le monde et forma sur ces montagnes de gigantesques glaciers qui perdurèrent près de 8'000 ans. Ce qui n'empêcha pas les Garzok de fonder une cité, Astérök, sur l'une des rares éminences rocheuses dépassant de la glace. De leur côté, les Thorkins de Mertar occupaient le nord de l'actuel Duché Kendran de Luminion, si bien qu'une guerre éclata entre ces deux peuples en -25'720. Elle dura 90 années et la bataille qui donna son nom au Pic des Crânes s'y déroula, ainsi que de nombreuses autres, sans que quiconque ne l'emporte véritablement.

Aux alentours de -22'600, l'ère glacière s'acheva et les glaciers fondirent, engendrant une monstrueuse inondation qui anéantit Astérök et tant de Garzoks que l'eau qui arriva dans les plaines en contrebas était rouge, événement qui donna aux montagnes leur nom de Monts Sanglants. Ils ne tardèrent pas à se recouvrir de végétation, comme les autres montagnes de la région, mais en -21'995, il arriva qu'un Garzok entre en contact avec une étrange pierre et libère le pouvoir des fluides primordiaux dans la nature. Dans les cinquante années qui suivirent, massacres et accidents se multiplièrent, nul ne sachant comment contrôler ces fluides sauvages. C'est à cette époque que des adeptes de la magie d'obscurité se déchaînèrent dans les Monts Sanglants, les dévastant à jamais de leurs expériences et, surtout, de leurs échecs, à tel point que nulle végétation ne survécut.

Par la suite se déroulèrent encore de nombreuses batailles dans cette région désormais stérile, pour des questions religieuses liées aux fluides élémentaires d'abord, entre -21'930 et -20'000, puis entre les armées d'Oaxaca et ses voisins entre -7'850 et -7'700, confirmant la pertinence de son appellation si besoin était.

Aujourd'hui, c'est une zone frontalière entre l'Empire d'Oaxaca et le royaume Kendran, nombreuses sont les escarmouches qui s'y déroulent, teintant une fois de plus en écarlate les rochers et les rivières qui en descendent.

A noter encore qu'on y trouve bon nombre de grottes, presque toutes hantées par des créatures de cauchemar, telle la sinistre Grotte Obscure à laquelle on n'accède que par un pont maudit. Seul refuge contre les dangers innombrables de ces terres damnées, la Maison de la bien étrange Famille Mawess, pour autant que vous ne soyez pas un Garzok ou un Sekteg bien sur, car dans ce cas, peut-être vous sentirez-vous chez vous en ces lieux sinistres?

Lieux particuliers au sein des Monts Sanglants :

Re: Les Monts Sanglants

Posté : dim. 2 févr. 2020 23:25
par Throk Shakirr
Deux semaines. Deux putains de semaines s’étaient écoulées depuis mon évasion, et je n’avais pas encore récupéré de toutes mes blessures. Les cicatrices rouge sombre des épines ayant déchiré mon épiderme vert apparaissaient encore. Elles ne laisseraient pas de marque à terme, mais elles étaient guéries. Les douleurs musculaires et ligamentaires de mon bras et de mes jambes étaient quant à elles toujours bien là. Pas de là à boiter au quotidien, mais j’étais sacrément réduit quand même : je ne pouvais marcher plusieurs heures sans ressentir une douleur croissante. Ça limitait mes possibilités de trajet, et me forçait à un immobilisme qui commençait sérieusement à me gaver. Bordel, je me voyais encore comme un con à ôter ces épines de merde l’une après l’autre, tout en mordant un bout de cuir pour ne pas gueuler à cause de mes hématomes. Quelle pauvre loque. Un vrai faible.

Mais là ça y était, c’était le bon jour pour bouger mon derche et aller de l’avant, pour quitter cette forêt de merde et ses décors gris pourris. J’savais pas où j’allais, et en vrai, je m’en battais la raie. J’avais besoin de bouger, c’était tout. Alors j’me mis à marcher. À marcher, des jours durant, à m’en user les bottes. À ne dormir que peu, à ne me nourrir que de l’essentiel, de viande fraîche et crue qui passait à portée de pogne dans les landes dévastées de l’Omyrrhie. Je marchais à m’en faire brûler les muscles, à m’en péter le dos. Je marchais sous la pluie ou sous le cagnard, indifféremment. Et plus je marchais, plus je sentais la colère monter, la haine vociférer dans mon estomac, dans mes poings serrés.

Et depuis quelques jours, la répugnance était encore pire, car j’avançais vers une destination précise, vers un but : la Tour Noire d’Omyre m’était apparue à l’horizon. Oh bien sûr que non, je ne voulais pas me fourrer dans les pattes de la chienne d’Omyre comme n’importe quelle sous-merde de mon espèce. Non, j’aspirais à bien plus que ça, mais à défaut d’un objectif, ça me donnait un cap, une destination à laquelle m’accrocher sans craindre de finir dans un village de peaux-jaunes d’Ynorie sans crier gare.

Puis vint le jour de choisir une autre destination. Celle-là était devenue trop proche pour la suivre encore sans l’atteindre. J’resterais de ce côté du fleuve, sans traverser cette saleté de pont surplombant l’Orcoduin. Je m’arrêtai juste un moment sur ses berges pour lorgner au loin les contours flous de la cité noire. Après avoir renâclé et craché dans les eaux sombres du fleuve, j’éructai de toutes mes forces face à la tour :


« VA CHIER, CATIN ! »

Oui, c’était elle. Sa faute, sa responsabilité. Je menais une vie de garzok, avant qu’elle ne décide de mener sa guerre à la con, à faire venir dans mes marais un recruteur merdique pour m’enrôler dans son armée de lâches. Moi, alors, je n’avais qu’une guerre à mener : la mienne. Pour mon clan. Et à cause d’elle, je me retrouvais sans clan, affaibli par des années de torture et de servitude au camp de la déportation. Seule l’arène m’avait maintenu comme fort, tout en muscles et en férocité. Et tout ça, c’est à cette pute que je le devais. Celle qui croyait que les garzoks devaient être unis, celle qui ne comprenait pas notre nature intrinsèque à la violence clanique. Salope aux désirs de pouvoir. Rien de plus, rien de moins.

Mais je savais ne pouvoir la confronter de la sorte avec ma bite et sans couteau. Même moi je n’étais pas aussi débile. Non, ce n’était pas mon rôle de la punir, pas ma destinée. Mais je resterais fort, je resterais fier malgré tout. Et de mon vivant, j’échapperais à sa pogne directrice. Je retournai vite à ma route. Vers l’est, désormais. J’avais entendu parler d’une citadelle à cet endroit. Un lieu à sa botte, aussi écœurant que le camp de la déportation, mais où les orques étaient libres. C’est là que j’irais.

Et ainsi, je parvins à rejoindre l’Antre des Exclus.

Re: Les Monts Sanglants

Posté : dim. 16 févr. 2020 16:24
par Eteslë
De l'esprit et des fers

Le cahotement et les secousses qui réveillent Eteslë lui font sentir qu'elle est bien vivante, quoique nauséeuse et avec la force physique d'une larve anémique. Difficilement, elle ouvre les yeux pour apercevoir le ciel dégagé et ensoleillé bouger au-dessus d'elle. Elle sait au moins qu'elle n'est pas morte en se vidant de son sang sur le bord de la route, et cette perspective est plus que réjouissante. Elle referme les yeux et se concentre sur ses autres sens, le toucher et l'ouïe surtout. Ce qui la transporte doit être une charrette, son dos est allongé sur une surface dure. Elle sent quelque chose de froid et lourd autour de ses poignets, mais n'arrive même pas à tenter de les soulever pour en savoir plus. Sa cuisse la lance toujours et sa tête résonne à chaque secousse, mais la douleur est loin d'être aussi vive et violente qu'avant.

Un bruit attire son attention. Un bruit métallique, comme un tintement régulier. Plusieurs même. Ils semblent la suivre à mesure qu'elle se fait transporter. Le bruit de sabots de chevaux ne la renseigne guère, si ce n'est qu'il y en a plusieurs. Elle se crispe après une secousse plus violente et ouvre à nouveau les yeux. Lentement, difficilement, elle tente de se redresser, y parvient bien moins péniblement qu'elle ne l'aurait cru. Elle fronce les sourcils face à ce qu'elle voit et il lui faut quelques instants pour rassembler suffisamment son esprit et ses pensées pour lui permettre d'interpréter correctement ce qu'elle a devant les yeux. Autour de ses poignets, des fers, reliés entre eux par des chaînes épaisses. Le tintement provenait d'une deuxième charrette, similaire à celle dans laquelle elle est étendue, et dans laquelle, derrière le conducteur à l'air goguenard, se tiennent plusieurs individus avec les poignets entravés, comme elle. Une voix, derrière elle, la fait se retourner pour tomber nez à nez avec un humain à l'air vicieux, une oreille à moitié coupée et de longs cheveux sombres et brillants.

- Ah, enfin réveillée. Pose ton cul sur le banc, qu'on puisse remettre ces ordures en place.

Elle fronce les sourcils, n'arrive pas vraiment à comprendre ce qu'elle fait là, ni comment elle y est arrivée. Elle ne bouge pas, inspecte plutôt la charrette, son esprit s'alarmant rapidement du sort de ses effets personnels et du corps de Taloril. Elle les trouve heureusement rapidement du regard, intacts, sous le banc que lui indique le conducteur. La charrette s'arrête soudainement et elle sent la poigne ferme de l'homme l'attraper par la nuque pour la lever et la poser de force sur le banc de la charrette. Elle se débat, lui donnant un coup mollasson avec une de ses mains entravées. Elle ne reçoit qu'un rire moqueur et une violente gifle en retour, laissant un goût métallique dans sa bouche. Elle ne comprend pas ce qu'elle fait là, ni qui ils sont, mais ses pensées sont rapidement accaparées par l'arrivée de plusieurs entravés à ses côtés. Un Thorkin tout d'abord, visiblement affamé au vu de son teint cireux et ses joues creuses. Un autre humain qui lui offre un pauvre sourire, ses yeux ne renvoyant aucune autre expression qu'un apitoiement de son sort. Et enfin une Garzok, massive, mais au dos voûté et à l'un des dents brisée. Une charmante compagnie silencieuse qu'Eteslë ne compte pas accompagner plus longtemps.

- Tu te demandes ce que tu fais là, pas vrai ?

Elle tourne la tête vers l'homme qui vient de parler, celui au regard sombre et vide. Elle a déjà vu ce regard, plusieurs fois. Le regard de ceux qui ont abandonné, qui ne cherchent plus à se battre, qui ont finalement décidé que cela n'en valait pas la peine. Sa voix est tout aussi morne et terne que son regard, elle se demande même comment il est parvenu a exprimer quelque chose d'autre que la défaite. Elle les voit sur son visage, les ombres qui témoignent d'un abattement et d'un sentiment d'échec perpétuel. Comment en est-il arrivé là, elle n'en sait rien et s'en fiche quelque peu, cela ne l'intéresse pas. Tout ce qu'elle veut savoir, c'est ce qu'elle fait ici et qui sont ceux qui ont ainsi osé l'entraver sans raison. Elle se sait trop faible pour tenter de se battre, les deux charrettes sont visiblement gardés par, en plus des conducteurs armés, quatre cavaliers. Elle n'est pas folle au point d'imaginer s'en sortir ainsi. Elle attend donc la suite en hochant la tête.

- Ils t'ont trouvé blessée, avec le truc étrange que tu portais. Ce sont des marchands d'esclaves qui se disent transporteurs de prisonniers. Ils ont vu l'occasion de se faire un peu plus d'argent. Une femme dans sa prime jeunesse, c'est plus rentable qu'un type comme moi, et apparemment ce que tu avais vaut son pesant de yus. Et comme ta parole n'a aucune valeur face à la leur...

Elle ne retient pas un rictus de rage qui semble affoler quelque peu son compagnon d'infortune. Ils l'ont faite prisonnière ? Elle se tourne vers le conducteur, les poings serrés. Il lui serait facile de lui sauter dessus et de l'étrangler avec ses chaînes, mais les regards vigilants des cavaliers la dissuadent rapidement, sans pour autant calmer ses velléités meurtrières. Elle comprend bien ce qu'il va se passer ensuite. Elle sera vendue et sa liberté ne sera qu'un vague souvenir. Son regard vogue d'un prisonnier à l'autre et elle ne retient pas une expression de dégoût. Non pas envers les individus eux-mêmes, mais envers ce que l'enchaînement, l'asservissement, a fait de leurs esprits. Des coquilles vides, sans aucune volonté et désir ardent de reprendre le contrôle de leur vie. Jamais elle ne deviendra ainsi, objet sans âme et sans libre-arbitre. Elle se sait impatiente et prompte à l'action, mais, cette fois, elle se tient, décide de jouer le jeu jusqu'à ce que se présente une occasion de filer. Elle observe à nouveau les autres prisonniers partageant sa charrette. Elle les retire de sa décision, ils ne serviront à rien, elle en est convaincue.

Traverser l'espèce de sentier à travers les monts ne semblent pas être une partie de plaisir, même pour les chevaux, et les conducteurs font descendre les prisonniers pour les faire avancer derrière, histoire de ménager les bêtes lors des chemins les moins praticables. De la deuxième charrette sortent quatre autres prisonniers. Une femme et, étonnamment, un enfant, probablement son fils, un autre Thorkin au regard enragé qui insulte vigoureusement le quatrième, un humain au crâne rasé et à la barbe lui arrivant au bas du cou. Il est rapidement calmé par la lance d'un cavalier qui lui chatouille les côtes et, une fois attachés en file indienne, les prisonniers avancent à la suite d'une charrette. L'expérience, en plus d'être humiliante, est un calvaire pour Eteslë qui tente de ménager sa jambe encore fragile malgré les soins qu'ont lui a prodigué. Heureusement, ces passages sont courts et ils regagnent bien vite les charrettes pour aller plus vite.

Le voyage est en grande partie silencieux, chacun perdu dans ses pensées, plus ou moins sombres. Elle n'essaie pas de faire plus connaissance que cela, ne compte de toute façon pas sympathiser avec qui que ce soit dans une telle situation. Lorsqu'on l'interroge sur la provenance de l'Anyathis, elle répond d'un haussement d'épaule dubitatif, mais, si les prisonniers n'insistent pas, elle reçoit plusieurs coups de la part des gardes en ne répondant pas à la question. Elle n'a pourtant aucune idée d'où venait Taloril, mais elle ne compte pas leur donner la satisfaction de céder face à leurs coups. Ils épargnent son visage, probablement parce que cela est plus facile pour intéresser de potentiels acheteurs. Elle n'est pas dupe, prisonniers ou esclaves, c'est exactement la même chose, la différence ne résident que dans l'achat de liberté, tout le reste est identique. Elle ne cède pas, fierté peut-être mal placée qui lui vaut de beaux bleus sur les côtes et le ventre. Elle finit par gagner, au prix d'une douleur lancinante et perpétuelle pendant plus de trois jours. Elle n'en tire rien d'autre qu'une satisfaction personnelle, mais au moins le sourire narquois qu'elle peut afficher lorsqu'ils abandonnent vaut bien un peu de souffrance.

Au terme d'un long et ennuyeux voyage dans les montagnes, à ne rien faire d'autres que regarder le paysage morne et rocailleux qui l'entoure, elle finit par entendre quelque chose. Une rumeur lointaine, mais pourtant bien audible. Le son du métal frappé contre du métal. Elle tend l'oreille et se redresse. Des cris, elle est certaine d'entendre des cris. Tout cela lui rappelle sa rencontre avec l'effrayant cavalier et elle se demande si une bataille se déroule encore dans les parages. Mais au détour d'un virage, elle comprend finalement. Adossée à la paroi d'une des masses montagneuse, une forteresse sombre et sinistre s'ouvre à leurs yeux. Les sons viennent visiblement de là et le conducteur dirige la charrette droit dessus. Il se retourne alors, un sourire vicieux sur les lèvres.

- Bienvenue à l'Antre des Exclus. Votre dernière demeure, pour le peu de temps que vous y passerez.

Re: Les Monts Sanglants

Posté : jeu. 21 mai 2020 22:17
par Sirat
Ils cheminèrent en silence sur la route bordé de conifères, ils marchaient sur un tapis de brindille qui avait fui les sapins poussé par le vent et craquait sous leur pas.

Sirat observa Hatsu qui marchait devant lui à quelques pas. Elle avait une démarche souple et agile, droite elle avançait, méditative vers sa destination.

Combien de temps pour arriver à destination ?

Il fallait quatre jours vers l'est et une journée au nord. Elle avait répondu sans se retourner.

Sirat acquiesça

Vous êtes songeuse, tout vas bien?

Elle hausse les épaules, elle réfléchissait simplement à ce qu'elle allait faire une fois là-bas.

Il leva les yeux au ciel. Les pics rocheux se perdaient dans les nuages.

Vous jouez déjà la partie... Si vous pensez ce que l'on va faire, c'est que vous savez ce que l'on va trouver, d'ailleurs quesqu'on cherche exactement ?

Elle n'aimait pas se jeter dans l'inconnu sans avoir de plans de secours. Elle ne se sentait pas taillée pour le combat et elle préférait l'éviter et y réfléchir pour en tirer un avantage. Elle jeta un regard derrière son épaule et reprit, ils cherchaient un carquois simplement.

Il esquissa un sourire au mot simple

Je suis taillé pour la bagarre cela vous fait un atout de plus dans votre manche, je suis ravie.

Elle l'observa à la dérobée alors qu'il était remonté à son niveau.
Il lui rendit son regard, elle jaugeait son équipement, lui les formes sveltes et athlétique de la jeune femme.

Il vous plait ? Mon équipement... Des souvenirs de voyage

Dit-il fièrement en bombant légèrement le torse.
Elle haussa un sourcil, il était bien trop encombrant pour elle et trop voyant, de toute façon elle n'aimait pas le contact.

Il laissa s'échapper un rire un peu fort

Le contact ça a du bon, croyez moi. Mais je me doutais bien que vous n'enviez pas mon marteau, à la façon dont vous le regardiez, je parlais plus de ce qu'il représente. Vous êtes toute jeune, mais on ressent que vous êtes pleine d’allant pour ce genre de quête.

Elle avoua que l'aventure l'attirait, qu'elle ne voulait plus être enfermé dans un carcan, entre quatre murs. Le rôle de petite fille sage ne lui convenait pas.

Rien de mieux en effet que l'aventure !

Il laissa un silence s'installer et marcha un peu sans rien dire. L'atmosphère était empli de fraicheur et de l'odeur sucrée de la résine de pin.

Vous n’êtes pas de ce genre... De celui qu'on enferme

Elle sourit, son visage s'éclaira, radieuse au compliment de l'humoran. Elle était une chasseuse et elle aimait la liberté, même si elle préférait la foret à la montagne. Elle contempla les alentours un instant, le froid se lisait partout, sur les pierres, sur le bois, dans l'air.

Elle lui demanda ce qu'il l'avait poussé à venir.

Il la jaugea un instant

L'aventure, je suppose aussi, l'envie de vous aider, des choses simples

Il lui rendit son sourire

Et j'avais besoin d'une bonne chasseuse à mes côtés.

Elle le scruta une seconde avant de reporter son attention sur la route.

Et bien, il ne reste qu'à espérer que ce voyage soit intéressant pour tout le monde.

Ils marchèrent sur le chemin rocailleux encore quatre jours. Le paysage se déroulait devant leurs yeux, en silence. Leurs sacs et leur armement se balançaient au rythme de leur pas, saccadé par instant par la route escarpée.

Il progressait régulièrement et sûrement, sous le couvert des sapins, entre les rochers abrupts et les vallées larges qui séparaient les massifs, toujours cachés dans le brouillard glacial.

Plus il montait en altitude, plus l'effort devenait ardu.

La nuit ils se relayaient pour monté la garde.

Il n'était plus qu'a un jour.

Sirat regardait le ciel, la nuit était claire, s'était son tour de garde. Les étoiles parsemaient une toile ténébreuse. La lune brillait, haute dans le firmament perlé de lumière.
Le duo dormait un peu plus loin. Seul le hululement d'un hibou venait rompre ce silence. Sirat était assis, il respirait lentement. Son esprit vagabondait, il leur restait une journée de marche et il espérait enfin voir de l'action, l'inaction commençait à le peser et son esprit moins afféré se permettait des libertés. Sa mémoire charriait les souvenirs qu'il pensait oublier.

N'kpa, l'île maléfique, leur séparation et le rôle qu'il avait joué. Cette petite archère avait remué des cadavres qu'il espérait enfoui.
Il soupira. Inconsciemment, il se remémora la maison où ils avaient vécu heureux, simplement. Il la voyait, elle chantonnait, tandis qu'il lézardait sur le lit. Il se mit à fredonner, la nostalgie de cet instant, il ne connaissait pas les paroles, mais dans l'atmosphère glaciale des montagnes, il chantonna un air délicat et simple qu'elle lui avait chuchoter jadis.
Il était seul, dans la pénombre, sa cape le protégeait du gel. Mais avec cette chanson il se sentait moins abandonné.

Isolé, il ne l'était pas. Occupé qu'il était à caresser ses pensées, il n'avait pas entendu, non loin de lui, l'archère qui s'était redresser.
Elle avait sorti une flûte d'ivoire en forme de loup qui luisait au clair de lune, un délicat son en était sorti et il se mêlait au fredonnement du zélote.
La mélodie se glissait parmi les rocailles pour l'accompagner.

Il se stoppa un instant, surpris, mais la mélodie qui évoluait sous les doigts et qui était portée par le souffle subtile de la jeune femme, lui plaisait. Il reprit la chansonnette se concentrant juste sur ses sensations et ses désirs.
Lorsqu'elle retira la flûte de ses lèvres et qu'un souffle embrumé s'échappa, elle leva son regard vers l'Humoran avant de poser son instrument avec délicatesse.
Elle espérait ne pas l'avoir dérangé, cela faisait longtemps qu'elle n'avait pas profité de musique et le fredonnement du zélote lui avait donné envie de jouer.

Il s'arrêta et prit un instant pour contempler le crépuscule.

Non, vous ne m'avez pas dérangé, juste un peu surpris au début... Je pensais que vous dormiez.

Il se retourna et la considéra dans l'obscurité. Elle était près du feu, qui s'étiolait, une braise rouge éclairait encore son visage juvénile.

Approchez-vous, je n'aime pas parler à quelqu'un dans mon dos.

Elle haussa un sourcil puis les épaules avant de se lever, emmitouflée dans sa couverture et son manteau. Elle vint s'installer sur la droite du zélote, se postant de sorte qu'il puisse la voir sans se tordre le coup. La lune dessinait sa silhouette élancée dans un jeu de contraste enivrant.
Elle ne dormait pas, elle réfléchissait, torturé, martyrisé par ses réflexions encore. Finalement elle conclut que Kraska avait raison quand il se plaignait qu'elle pensait trop. Elle lui demanda si il pensait lui-même à quelque chose en particulier pendant qu'il fredonnait.

Il attrapa un galet au sol et le jeta dans la pénombre. Puis il observa Hatsu. Elle était jeune et belle, elle avait toute la vie devant elle et lui, il se sentait comme une relique usée par le temps qui cherche éperdument à revivre ses belles années.

Dés fois, j'aimerais penser à rien, comme votre ami, juste dormir, le cœur léger. Mais le sommeil apporte souvent son lot de débris.

Il prit une grande inspiration qui releva ses épaules une mine désabusée.

Je pensais à quelqu'un que j'ai perdu et qui me chantait cette chanson.

Elle ne dit rien, elle l'épiait à la dérobée, puis elle fixa un point invisible dans la voûte céleste. Elle était désolée d'avoir ravivé de vieux souvenirs douloureux.
Il fit la moue.

Il était déjà bien vivace avant que vous me rejoigniez. Mais merci, vous jouez très bien à ce propos.

Elle sourit. Elle avait pris des cours étant jeune. Elle frotta ses mains avant de souffler dessus pour chasser le froid qui les ankylosait. Elle voulait en savoir plus, mais il n'était pas obligé de se confier.
Il enfonça sa tête dans ses épaules et plongea son regard dans le sol. Puis il redressa son visage et examina Hatsu et il rebaissa la tête.

Je ne sais pas... Il prit un instant ennuyé.

C'était ma compagne...

Hatsu détourna le regard, gênée par sa propre curiosité. Elle n'avait jamais vraiment connu ça, la mort d'un être cher. Tous ceux qu'elle connaissait étaient vivants et parmi toute sa famille, celle qui avait failli mourir, c'était elle. Elle était désolée.

Ne le soyez pas, ce n'est pas de votre faute dans ce cas précis, c'est plus le mien.

Elle demanda s'il y avait un lien avec le sceau du dragon. Elle était perspicace.
Il cracha par terre, au point ou il en était, il pouvait en dire plus. Il ne la voyait pas comme une menace et finalement, ce n'était pas vraiment un secret.
Lors de notre rencontre, on avait été kidnappé pour être remis comme esclave. L'humoran se vend bien sur le marché noir. Libéré, on a vécu un temps cours heureux, puis on a été enlevé encore une fois...

Il fit un rictus de dépit.

Mais cette fois-ci s'était différent...

Il prit un instant et passa sa main sur son visage.

On était dans les geôles des treize, ils nous avaient amenées sur un île avec plein d'autres. Avec des colliers, ils pouvaient nous contrôler, nous asservir. Pour la sauver, j'ai prêté allégeance à khynt et au dragon en échange de sa liberté.

Il observa Hatsu dans la nuit.

Elle ne voulait pas, mais je l'ai obligé. Depuis, je ne l'ai plus revu, elle a disparu, morte ou vivante, je ne sais pas.

Elle l'écouta avec gravité et hocha la tête. Elle comprenait parfaitement ce qu'il avait tenté de faire pour sauver celle qu'il aimait. Ce qu'il disait semblait raisonner en elle. Avec beaucoup de soin elle fit la remarque que tout n'était pas perdu et qu'il ne fallait pas baisser les bras. Elle le fixa de ses prunelles sombres, elle était navrée d'avoir douté de lui et de son honnêteté.

Il esquissa un sourire.

Non, vous avez eu raison de vous méfier de moi et vous devez continuer a vous fiez a votre instinct.

Il lui rendit son regard, plongeant dans le sien.

Même si elle n'est pas morte ce que je souhaite, je ne peux plus prétendre à vivre avec elle. Ce qui est passé est mort...

Il revue K'nee dans la grotte le sermonner, elle avait raison, il devait avancer. Il gardait son sourire troublé.

Non, je vais vous aider, car c'est ainsi que cela doit être. Ne vous entichez juste pas de moi, c'est quand je décide de ne pas suivre mon destin que celui-ci se retourne contre moi et ceux que j'aime.

Ses yeux se perdirent dans le vague, un sourire songeur passant fugacement sur ces lèvres.

De manière cinglante, elle répondit qu'elle ne s'enticherait pas de lui, mais cela ne l'empêcherait pas de vouloir en savoir plus sur ceux qui l'accompagnent. Elle pointa un doigt sur Kraska qui dormait toujours. Elle fit remarquer qu'il n'était pas le plus bavard.
Il haussa les épaules et jaugea le garzok

Je ne suis pas bavard non plus, faire des confidences, vous êtes bien la première...

Avec intérêt, mais pudeur dans l'attitude, elle s'en trouva honorée. Elle expliqua qu'elle avait appris à écouter cela devait être un plus.

Ou alors c'est moi qui m'entiche de vous.

Il la taquinait, il voulait mieux la comprendre, malgré le mur qu'elle dressait devant lui. Elle le jaugea un instant, considérant le commentaire de l'humoran, blaguait-il. Il ne laissait en tout cas rien transparaître. Elle trancha finalement et en guise de menace lui déconseilla, son dernier fiancé avait plutôt mal fini et elle y avait veillé.

Voilà donc un point que nous avons en commun et que lui est il arrivé ?

Elle eut un sourire étrange, carnassier et profondément malsain, comme si elle se réjouissait de son sort. La maison du prétendant avait brûlé, il était tombé en disgrâce et il avait fui pour ne pas finir en prison. Elle songeait qu'il devait être en train de fomenter une vengeance quelque part.
l'humoran ne put réprimer un rire, il lui répondit avec ironie.

Finalement, c'est moi qui devrais me méfier de vous. Si je ne veux pas finir comme ce pauvre bougre

Re: Les Monts Sanglants

Posté : jeu. 13 août 2020 12:11
par Hatsu Ôkami
Hatsu scrutait le visage de Sirat, les sourcils froncés, méfiante. Elle voulait savoir s'il était vraiment à la solde d'Oaxaca ou si tout cela n'était qu'un simple malentendu mal amené par un jeune homme visiblement sur les nerfs. L'Humoran se contenta de lui répondre calmement, un sourire aux lèvres, qu'il n'avait rien à cacher, qu'il ne lui avait jamais rien refusé et qu'il consentait à répondre à ses questions, tant que c'étaient les bonnes. Elle trouva cela un peu facile, mais hocha la tête à sa demande de sortir, ce qu'elle fit, les deux autres sur ses talons. Le froid mordant la saisit de nouveau et elle releva le col de son manteau pour s'en protéger, frileuse.

- Êtes-vous à la solde d'Oaxaca ?

Elle ne passait pas par quatre chemins, ne voulait pas perdre son temps malgré l’œillade de Kraska qui semblait sceptique face à sa façon de faire. Sa réponse fut tout aussi claire.

- Je ne suis à la solde de personne, mais je porte le sceau de son dragon. Une mésaventure sur une île. D'autres questions ?

Le regard de la jeune femme se fit davantage inquisiteur. Elle n'était guère convaincue. Une île ? Le sceau du dragon ? Tout cela la rendait davantage suspicieuse si cela était possible. La réponse de Sirat lançait d'autres questions qui allaient probablement lancer à leur tour des réponses amenant à d'autres interrogations.

- Une mésaventure ? Vous l'avez accepté ce sceau ? Ou bien vous a-t-il été imposé ?

Il la fixa et elle soutint son regard avant qu'il ne commence à répondre, d'une voix d'où lma jeune femme pouvait percevoir une certaine contrariété.

- Quand vous m'avez vu, la première fois, vous m'avez jugé pour ce que je suis et non ce que j'étais ou représentais.

La jeune femme haussa les sourcils, mais n'ajouta rien, toujours pas convaincue. Il se tourna vers Kraska, affirmant qu'il pouvait comprendre, lui qui était comme lui parqué dans une case, destiné à être perçu comme sanguinaire aux yeux des autres. Hatsu comprenait bien ce qu'il essayait de dire et le regard de Kraska la conforta dans ses réflexions. Juger cet individu sur les dires d'un autre ne pouvait pas vraiment l'aider.

- Le choix de ce sceau et de son acceptation peut être remis en question quand le Dragon en question vous toise... La vrai question qui vous taraude vous et votre « petit ami », j'y ai déjà répondu. Je ne suis pas à la solde de la magicienne noire et j'aimerais apprendre moi aussi à vous connaitre avant de brûler les étapes et de se raconter nos zones d'ombres de notre passé, je suppose que vous aussi vous avez des secrets...

Elle l'écouta attentivement, certaine de pouvoir déceler un éventuel mensonge. Son visage se déforma en une moue contrariée aux mots « petit ami » qui désignaient Kraska, ce dernier ne retenant pas un gloussement rauque et moqueur qui exaspéra légèrement la jeune femme.

- Comprenez que je ne peux pas me permettre d'avoir des doutes. Je n'ai pas fait tout ce chemin depuis ma ville natale pour me faire doubler. Mais vous avez raison, je ne devrais juger que par vos actes et non votre passé, comme je l'ai fait avec Kraska. Cette mésaventure, comme vous dites, mériterait d'être racontée autour d'un feu... Quand à moi... que voulez-vous savoir ?

Sa promesse de ne pas les doubler ne fit ni chaud ni froid à Hatsu qui restait tout de même méfiante et arqua un sourcil lorsqu'il affirma qu'il aimait les femmes mystérieuses. Elle se demanda s'il était soudainement en train d'essayer de l'amadouer avec un air enjôleur. Elle choisit plutôt de passer outre et d'ignorer cette partie de la phrase.

- Soit... Kraska, une remarque ?

- Une seule. J'ai quand même meilleur goût que de m'enticher d'une humaine dans son genre.

- Hilarant... Mettons-nous en route dans ce cas.

Elle leva les yeux au ciel face à l'air goguenard du garzok et choisit d'ignorer sa remarque pour se concentrer sur l'essentiel : le voyage. Menant le trio, la jeune femme marchait d'un pas souple et assuré à travers les montagnes. Son souffle embrumé la suivait tandis qu'elle sentait son corps se réchauffer par l'effort et ce malgré le froid tenace qui ne semblait pas vouloir faiblir. Le silence de ce voyage l'apaisait et elle se prit à imaginer ce que sera la suite. Elle ne savait rien de l'endroit où elle se rendait et déjà son cerveau travaillait à imaginer de nombreuses possibilités. Quels ennemis ils pouvaient rencontrer, comment tirer parti de son groupe ou de son environnement. Ce fut la voix de Sirat qui la tira de ses réflexions lorsqu'il demanda le temps que durerait le voyage. Elle répondit d'une voix calme, mais sans se retourner.

- Hmm ? Ah! Apparemment quatre jours vers l'est et ensuite un au Nord, et on devrait trouver la passe.

- Vous êtes songeuse, tout va bien ?

Elle se tourna vers lui et se contenta de hausser les épaules.

- Je réfléchissais simplement à quoi faire une fois sur place. Rien de plus.

Cela eut pour effet de lui faire lever les yeux au ciel et la jeune femme se pinça les lèvres face à sa réaction. Comme Kraska, lui ne semblait pas comprendre pourquoi elle tentait de tout prévoir alors que rien n'était prévisible. Il s'informa sur ce qu'ils cherchaient et Hatsu admit qu'elle ne lui en avait pas parlé, ce qui pouvait être dommageable.

- Je n'aime pas me jeter dans l'inconnu sans avoir des plans de secours. Je ne suis guère taillée pour le combat, aussi je préfère l'éviter ou le faire quand j'ai un avantage. Et on cherche un carquois, très simple.

Simple, cela était vite dit. Rien n'était jamais simple, mais, comme le disait Sirat, lui semblait taillé pour le combat, ce qui faisait un atout non négligeable. Elle l'observa à la dérobée, s'attarda sur son marteau, puis son bouclier. L'humoran n'était visiblement plus de première jeunesse, mais il semblait véritablement être un guerrier avec une histoire longue de bien des pages.

- Vous semblez avoir l'habitude du combat... ne serait-ce que votre équipement.

- Il vous plaît? mon équipement... des souvenirs de voyage.

- Me plaire ? Sans façon. Trop voyant, trop lourd, trop au contact.

Cela eut le mérite de faire rire Sirat qui affirma que le contact avait du bon, ne recevant qu'un regard dubitatif en réponse, avant d'enchaîner, persuadé que Hatsu regardait son équipement pour ce qu'il représentait. Une vie d'aventure dont elle semblait apprécier chaque instant.

- Du bon ? très peu pour moi... Disons que j'ai été suffisamment enfermée dans un carcan et que j'ai besoin de voir autre chose que les murs de ma maison. Quoi de mieux que l'aventure ?

Il fut bien d’accord avec elle et un léger silence s'installa entre eux. Pendant quelques instants, on n'entendit plus que le bruit de leurs pas sur la roche et la neige, avant qu'il ne reprenne la parole, faisant tourner la tête d'Hatsu dans sa direction.

- Vous n’êtes pas de ce genre... de celui qu'on enferme.

Cela eut le mérite de la faire sourire. Il ne pouvait deviner ce qui se cachait derrière sa volonté d'indépendance. Le grognement amusé de Loup lui parvint et elle inspira l'air frais et vivifiant avec un plaisir non feint.

- Une chasseuse n'a rien à faire entre quatre murs, vous en conviendrez. Même si je préfère la forêt à ces montagnes... Qu'est-ce qui vous a poussé à venir par ici ?

Il sembla réfléchir à sa réponse, la jaugeant du regard quelques instants avant de répondre.

- L'aventure je suppose aussi, l'envie de vous aider. Des choses simples. Et j'avais besoin d'une bonne chasseuse à mes côtés.

Elle observa son sourire une seconde avant de détourner le regard vers la route, légèrement mal à l'aise avec la façon dont il semblait la considérer. Elle n'en laissa rien paraître, enfonçant davantage son visage dans son manteau.

- Et bien il ne reste qu'à espérer que ce voyage soit intéressant pour tout le monde.

Re: Les Monts Sanglants

Posté : jeu. 13 août 2020 12:18
par Hatsu Ôkami
Sous le clair de lune

Le voyage se déroulait sans encombre. Seul le froid venait gâcher quelque peu ce trajet qui sans ça aurait semblé être une simple balade dans les montagnes. Hatsu parlait peu, souvent perdue dans ses pensées ou concentrée sur son objectif. Elle gardait un œil vigilant sur Sirat, mais finit par se faire aux manières et à la voix rauque de l'humoran. Elle était un peu perturbée de le voir suivre ses directives sans se poser de question et elle n'était pas sûre d'apprécier ce genre de choses. Le paysage n'offrant bientôt rien de plus que des pierres et de vagues connifères, la jeune femme se concentra davantage sur le fait de mettre un pied devant l'autre, se perdant un peu plus dans ses réflexions à chaque instant, ne s'en éloignant que pour les repas ou les tours de garde où elle se forçait à rester clairvoyante.

Après plusieurs jours de marche, le trio se trouvait normalement non loin de leur destination. Enroulée dans sa couverture, la jeune femme peinait à trouver le sommeil cette nuit-là. Était-ce l'excitation d'approcher peut-être du but ? L'idée de quoi faire après cela ? Ou bien les ronflements de Kraska qui dormait quelques mètres derrière elle ? Probablement un peu tout ça à la fois. Elle n'osait pas vraiment imaginer ce qu'elle ferait si elle trouvait finalement ce fameux carquois. Rentrer ? Elle s'était prouvée être capable de se débrouiller seule pendant des semaines, allant même jusqu'à se battre contre une armée. Peut-être que son récit ferait comprendre à ses parents qu'elle avait eu raison. Ils lui manquaient. Eux, son frère... Volh. En pensant au jeune homme, une boule se forma dans sa gorge, mais une douce chaleur envahit son bas-ventre, la faisant sourire en repensant à ce baiser entreprenant qu'il lui avait offert.

(Chasseresse entichée du chasseur. Le rejoindre.)

(Serais-tu en train de me dire de rentrer, Loup ? Je croyais que la nature t'allait mieux?)

(Chasseresse triste. Peut le sentir.)

(Je ne suis pas triste, Loup, je suis juste... inquiète... angoissée par ce qui m'attend. Est-ce que lui m'a attendu ? Je suis partie comme une voleuse et je ne suis pas certaine que mon excuse lui suffise, ni que mon message lui soit parvenu.)

(Toujours inquiète. Trop d'émotions. Pense trop.)

La jeune femme étouffa un gloussement amusé contre col de son manteau.

(On dirait Kraska... Vous vous entendriez probablement bien.)

Un simple reniflement dédaigneux lui répondit et la jeune femme se prit à sourire plus largement tout en se pelotonnant davantage dans sa couverture pour échapper au froid toujours vif en cette heure de la nuit. De nouveau, ses pensées s'égrainèrent avant qu'elle n'ouvre le yeux, surprise. Un son lui parvenait. Une mélodie douce offerte par un fredonnement grave qui la fit se retourner vers la silhouette faiblement éclairée de l'Humoran. Elle l'observa quelques instants, silencieuse. Ses traits marqués ainsi que son regard nostalgique l’interpellèrent et, mue par une volonté de finalement partager un peu d'esprit d'aventure dans ces montagnes désolées, elle tira de son sac la petite flûte en ivoire représentant un loup, symbole de sa famille, qu'elle porta spontanément à ses lèvres. La douce mélodie s'accompagna d'un souffle musical perçant à peine le silence environnant. Quelque chose de doux et lent, une improvisation totale sur ce qu'elle pensait être un souvenir d'un temps révolu. Un temps pour peut-être briser la glace qu'elle avait malgré tout consolidée par sa méfiance.

Elle l'accompagna un moment dans ce moment de calme, fermant les yeux pour apprécier le souffle mélodieux produit par la flûte. Apaisée, l'archère se prit à dodeliner de la tête en accompagnant l'air venant de l'humoran. S'il s'arrêta un instant, probablement perturbé, il se reprit bien vite et, de concert, ils continuèrent quelques instants. Lorsqu'elle retira la flûte de ses lèvres et qu'un souffle embrumé s'en échappa, elle tourna son regard vers l'Humoran avant de poser son instrument avec délicatesse.

- J'espère ne pas vous avoir dérangé? Cela faisait longtemps que je n'avais pas profité d'un peu de musique et votre fredonnement m'a donné envie d'en jouer.

Il affirma ne pas avoir été dérangé après avoir contemplé la nuit quelques instants. Son air mélancolique et l'émotion qui transpirait de sa voix serra doucement le cœur d'Hatsu. Il la fixa finalement, s'étonnant qu'elle ne dorme pas à cette heure. Elle lui répondit d'un simple haussement d'épaules et s'approcha lorsqu'il lui proposa de le rejoindre. Elle se mit sur sa droite, non loin du feu qui diffusait une lumière et une chaleur bienvenues.

- Je ne dormais pas, je réfléchissais. Parfois je me dis que Kraska a raison et que je pense trop. A quoi pensiez-vous en fredonnant cet air ?

Il jeta un galet dans la pénombre, l'écho de la chute se répercutant un instant dans le silence de la nuit, avant d'enchaîner d'une voix morne.

-Des fois j'aimerais ne penser à rien, juste dormir, le cœur léger. Mais le sommeil apporte souvent son lot de débris. Je pensais à quelqu'un que j'ai perdu et qui me chantait cette chanson.

A ses mots, Hatsu l'observa un instant à la dérobée, lisant une peine non-feinte sur le visage de l'humoran. Elle fixa ensuite la voûte céleste, murmurant des excuses du bout des lèvres, gênée d'avoir perturbé un moment qui se foulait probablement personnel et intime.

- Je suis navrée. Je ne voulais pas raviver de vieux souvenirs douloureux.

Il se contenta d'une moue contrite et Hatsu n'ajouta rien de plus. Elle se perdit un instant, le regard dans la nuit, avant de souffler sur ses mains pour les réchauffer tandis qu'il la complimentait sur la mélodie qu'elle avait joué à la flûte.

- J'ai pris des cours quand j'étais plus jeune.

Lorsqu'il avoua qu'elle ne ravivait rien, mais que ses souvenirs étaient bien vivaces, elle ne put s'empêcher d'être curieuse, un peu malgré elle.

- Un être cher ? Vous n'êtes pas obligé en parler...

Il baissa la tête, la rentrant entre ses épaules et la jeune femme détourna le regard, gênée par sa propre curiosité. Elle qui n'avait jamais perdu quelqu'un de proche, elle ne pouvait que compatir à son malheur, pas le partager avec lui. Pourtant l'humoran la fixa un instant avant de porter à nouveau son regard vers le sol.

- Je ne sais pas... C'était ma compagne...

- Je suis désolée...

- Ne le soyez pas, ce n'est pas de votre faute dans ce cas précis, c'est plus le mien.

- Un rapport avec votre marque ?

Elle ne savait pas pourquoi cela lui était venu, mais elle sentit avoir visé juste en voyant le regard de l'Humoran légèrement se plisser, comme s'il l'étudiait. Elle ne lisait pas dans les pensées, mais son esprit était suffisamment vif pour déceler les corrélations. Elle le vit cracher par terre sous son regard perplexe, avant qu'il ne commence à raconter son histoire, qu'elle écouta en silence. Enlevés tous les deux, ils devaient être vendus comme esclaves. Le visage de l'archère s'assombrit à ces mots, mais elle resta muette, l'écoutant expliquer comment il avait été emprisonné avec elle dans une geôle des Treize, puis mené sur un île où il avait, pour la sauver, prêté allégeance à l'un d'entre eux, Khynt, ainsi qu'au dragon. Et cela sans son accord, la forçant à accepter la chose avant qu'elle ne disparaisse et qu'il n'entende plus jamais parler d'elle. Son ton était triste, fataliste et la jeune femme l'observa un instant. Elle comprenait cette fois. Elle aussi aurait tout fait pour celui qu'elle aimait, elle était préparée à se sacrifier pour sa famille et elle l'aurait fait pour lui. Elle avait réussi, tandis que l'Humoran, lui, vivait encore avec ses regrets.

- Tout espoir n'est pas perdu. Ne soyez pas trop prompt à la penser morte si vous n'en êtes pas certain.

Ils s'observèrent un instant, chacun fixant les prunelles de l'autre, comme s'ils cherchaient à comprendre les sentiment que leurs iris pouvaient transmettre.

- Navrée d'avoir douté de vous, et merci pour votre franchise. Je n'aurai pas dû mettre en doute votre bonne foi.

Pour la première fois depuis le début de leur conversation, il esquissa un sourire et la contredit, affirmant qu'au contraire, elle avait eu raison de se méfier et lui conseilla de toujours suivre son instinct. Ce qu'elle faisait, mais parfois sa méfiance prenait le pas sur le reste. Elle était intérieurement soulagée de lui avoir donné une chance et de pouvoir finalement entendre son histoire, aussi tragique était-elle.

Re: Les Monts Sanglants

Posté : jeu. 13 août 2020 13:13
par Hatsu Ôkami
La nuit avançait paisiblement, tout comme la conversation s'animant peu à peu entre les deux compagnons. L'histoire de Sirat faisait écho au sein de l'esprit de Hatsu qui l'avait écoutée avec une concentration presque religieuse. Elle se sentait chanceuse, quelque part, d'avoir pu réussir là où lui avait échoué, même si le contexte étaie très différent. Lui était pragmatique, bien plus qu'elle ne l'était réellement, bien qu'elle tentait de ne pas le laisser transparaître. Elle haussa un sourcil lorsqu'il avoua que, morte ou non, sa compagne n'aurait pu l'accompagner, la vie étant trop dangereuse à ses côtés. Et, tentant de détendre l'atmosphère, lui offrit un sourire taquin.

- Trop risqué ? Et vous nous accompagnez ? Voilà qui va probablement nous porter malchance alors. Mon instinct ne me trompait pas, effectivement.

- Non, je vais vous aider, car c'est ainsi que cela doit être. Ne vous entichez juste pas de moi, c'est quand je décide de ne pas suivre mon destin que celui-ci se retourne contre moi et ceux que j'aime.

Il dit cela en gardant le même sourire et Hatsu se perdit un instant dans la contemplation du paysage, un sourire se dessinant fugacement sur ses lèvres. Comme si elle allait s'enticher de quelqu'un après avoir ressenti toutes ces choses avec Volh. Rien que repenser à leurs baisers, elle en frissonnait.

- Ne vous en faites pas, je ne vais pas "m'enticher" de vous, comme vous dites, mais ça ne m'empêche pas de vouloir en savoir plus sur mes compagnons de route. L'autre là-bas n'est guère bavard.

Elle pointa la masse endormie du garzok qui ronflait du sommeil du juste, attirant un léger ricanement de la jeune femme et un haussement de sourcil de l'Humoran à ses côtés.

- Je ne suis pas bavard non plus, faire des confidences, vous êtes bien la première...

- Vous m'en voyez honorée. J'ai appris à parler et écouter, cela doit jouer.

- Ou alors c'est moi qui m'entiche de vous

Elle le jaugea un instant, essayant de percevoir l'humour dans sa voix, n'aimant guère ce qu'il tentait d'insinuer avec ses mots. Essayait-il vraiment de gagner ses faveurs ou cela n'était-il qu'une boutade innocente ? Elle préféra largement la seconde explication, mais s'arrangea tout de même pour le mettre en garde, à sa manière.

- Je vous le déconseille. Mon dernier fiancé a plutôt mal fini, j'y ai veillé.

- Voilà donc un point que nous avons en commun. Et que lui est il arrivé ?

Il avait dit ça en haussant les sourcils, un large sourire orna son visage. Hatsu, elle, eut un sourire étrange, carnassier et profondément malsain, comme si elle se réjouissait de son sort. Ce qui était honnêtement le cas. Cette ordure n'avait eu que ce qu'il méritait et elle aurait aimé le faire souffrir davantage, si elle avait eu le pouvoir.

- Sa maison a brûlé, son nom est tombé en disgrâce et il a dû fuir pour ne pas finir ses jours en prison. Il doit probablement préparer sa vengeance quelque part.

- Finalement, c'est moi qui devrait me méfier de vous, si je ne veux pas finir comme ce pauvre bougre.

- Nul besoin, tant que vous n'essayez pas de lâchement m'empoisonner ou de détruire ma famille.

- Ce n'était pas dans mes projets. Cependant vous savez déjà que mon passé pourrait vous déplaire.

- Vous avez été franc et j'ai bien compris que tout ça vous pesait. Je ne vais pas vous en tenir rigueur, vous semblez avoir assez souffert. Ce sont vos actes que je jugerai, pas un passé lointain dont je viens juste d'avoir connaissance.

- Je ferai de même, alors. Pas d'autres prétendants ?

Il avait dit cela avec un sourire qui se voulait charmeur et qui mit Hatsu légèrement mal à l'aise. Elle détourna le regard qui se perdit une fois de plus dans les étendues rocailleuses baignées d'obscurité. Que répondre à cela ? Elle aimait Volh, il l'aimait aussi, mais avaient-ils seulement une chance, ensemble ? Elle espérait que oui, elle le désirait vraiment, mais elle savait que cela ne serait pas aussi simple que cela.

- Si.. Non.. Je ne sais pas, c'est compliqué. En quoi ça vous intéresse ?

- Je suis curieux, c'est tout, vous m'intéressez, m'intriguez, je ne peux l'expliquer.

- Ne vous prenez pas trop la tête, je n'ai rien de particulier. Juste une citadine en mal d'aventure et qui rêve de grands espaces... Enfin, j'imagine que je peux répondre à vos questions, vu à quel point vous avez été honnête.

- Et on y est, de grands espaces. Comment vous vous sentez face a ça?

- Vide... incomplète du moins. Un peu envieuse aussi, de ceux qui sont libres depuis si longtemps. Rien de très réjouissant en soit, mais je ne reviendrai pas en arrière, j'apprécie tout ça. Sauf le froid, ça je m'en passerai.


- Pour le vide il se comblera avec le temps, je l'espère, bien que je crois faire la même quête que vous depuis longtemps et je le sens toujours au fond de moi. Mais pour le froid je peux vous aider

Elle l'observa et se contenta de se pelotonner davantage dans ses couvertures. Elle n'arrivait pas à se détendre complètement en la présence de l'Humoran. Était-ce ses petites remarques, placées çà et là ? Elle se demandait s'il ne l'accompagnait pas pour un but différent de ce qu'il prônait. Un silence suivit cet échange, mais, rapidement, un bruit alerta la jeune femme qui se redressa, les sens à l'affût.

- J'ai cru entendre un bruit...

Elle se redressa et ses yeux s'écarquillèrent tandis qu'une horde surgit de l'obscurité, les prenant par surprise. Sirat se releva d'un bond, empoignant son marteau et, du coin de l’œil, la jeune femme vit Kraska se faire déborder par une demi-douzaine de créatures cornues. Du regard, elle chercha son arc, posée à quelques mètres, près de sa couche. Jurant, elle se précipita dessus tandis que Sirat envoyait un puissant coup de marteau dans la créature la plus proche, le tuant sur le coup. Elle était totalement désavantagée dans ce combat. De nuit, contre des créatures leur fonçant dessus à toute vitesse. Elle n'avait pas le temps de lambiner, mais il lui fallait son arc, impérativement.

Re: Les Monts Sanglants

Posté : jeu. 13 août 2020 15:22
par Hatsu Ôkami
Alors qu'elle courrait vers son arc, elle aperçut du coin de l'œil des créatures converger vers elle. Elle retint un juron, mais, avant même de pouvoir agir, Sirat s'interposa, embarquant les trois êtres avec lui dans une mêlée confuse qu'Hatsu ne distinguait que mal dans l'obscurité. Elle se rua plutôt sur son arc et encocha aussitôt une flèche. Regardant autour d'elle, elle vit Kraska en difficulté, submergé et épingla aussitôt l'un de ses adversaires qui s'effondra, la nuque percée. Elle vit son compagnon de voyage chuter et aurait couru à son secours si deux autre créatures n'avaient décidé de se focaliser sur elle. Se sachant parfaitement vulnérable, elle se rua dans la direction de Sirat. Il luttait contre quatre adversaires, à main nues, aussi fonça-t-elle vers lui, évita l'attaque d'une créature d'une roulade avant de lâcher un trait qui fila vers l'Humoran. Il perça le dos de l'un de ses adversaire avant qu'une créature ne se jette sur elle. Les deux roulèrent sur le sol. L'être, bien que petit et trapu, était bien plus fort que la jeune femme et lui frappa le crâne contre le sol, la sonnant légèrement. Fébrilement, elle tâtonna avant d'empoigner une flèche. D'un mouvement brusque, elle l'enfonça dans l'oreille de son adversaire qui émit une plainte avant de s'affaisser, permettant à la jeune femme de se redresser. Du sang coulait de son front tandis qu'une douleur lancinante lui vrillait la tête. Elle encocha pourtant une flèche, prête à agir.

Alors qu'elle observait la suite, elle vit Sirat foncer vers elle a une vitesse ahurissante et lui saisir le bras. Elle le fixa d'un air complètement surpris, mais son regard se fit rapidement dur et froid lorsqu'il commença à l'entraîner au loin.

- Lâchez-moi, je n'abandonne pas Kraska à ces choses !

- Tu n'as pas le choix, petite. On reviendra le chercher, si on reste on mourra tous. En prenant du recul on garde un espoir de le sauver.

Elle hésita un instant avant que le cri d'une des créatures ne la ramène à la réalité. Elle jura sourdement, puis finit par le suivre.

- Je ne l'abandonne pas, ils étaient en train de l'emmener. je partirais à sa recherche. Avec ou sans vous.

Sans rien ajouter, elle se mit à courir.

- Je compte bien dessus, j'abandonne jamais personne. En attendant faut les semer !

Elle hocha la tête avant de bifurquer soudainement, dévalant rapidement une pente.

- Vu leurs particularités, ils doivent craindre la lumière et se repérer avec leur odorat, si on s'éloigne du coin ils ne pourront pas nous suivre.

- Ils n'ont pas d'yeux de ce que j'ai vue. Pour l'odorat je sais pas, mais va falloir cacher notre odeur.

- Surtout la vôtre, vous êtes facile à suivre.

Un cri retentit plus haut, des créatures étaient très certainement à leur poursuite. Hatsu serra les dents, jurant tout bas.

- 'Chier... On peut toujours en tuer un et vous barbouiller de son sang, ça devrait aider.

Elle haussa un sourcil lorsqu'il se renifla après sa remarque sur son odeur et le regarda se mettre en position avant d'envoyer au sol une des créatures d'un violent coup de son imposant marteau, la tuant sur le coup. Lui était pressé de repartir, mais Hatsu ne voulait pas quitter les lieux sans savoir contre quoi ils se battaient

- Oui... Une seconde.

Elle observa plus en détail la créature avant de grimacer.

- Des Segtek cornus... On se dépêche, ils ont probablement tout un réseau de galerie pour se déplacer facilement. Vous pouvez l'emmener ?

- L'emmener où ?

- Avec nous. Son odeur devrait couvrir la vôtre si vous le portez sur votre dos, il vous prendront pour l'un des leurs.

Il ne semblait guère ravi de l'idée, mais ils manquaient de temps et Hatsu le pressait. Il bougonna en portant la créature sur son dos, demanda si la dame était contente, faisant se lever les yeux de la jeune femme.

- On n'a pas le temps. On doit juste les garder à distance quelques heures, on s'en débarrasse après.

Obnubilée par l'idée de ne pas se faire repérer, Hatsu ignora le grognement mécontent de son compagnon de voyage et reprit sa course avant de bifurquer en apercevant un léger renfoncement dans le flanc de la montagne. Une cavité relativement étroite et peu profonde qui aurait au moins le mérite de leur permettre de s'arrêter, leur évitant de courir pendant des heures.

- Ce n'est pas l'idéal, mais on peut s'installer là, on devrait les entendre venir si jamais, mais je doute qu'ils nous cherchent longtemps, l'aube n'est plus très loin.

Elle regarda Sirat entrer difficilement dans la cavité et laisser son fardeau à l'entrée tandis qu'elle se collait au mur du fond, le genoux rabattus contre sa poitrine. Elle vit bien que son compagnon de route se sentait à l'étroit, mais ne fit aucun commentaire et elle se mura dans une attente silencieuse, les sens aux aguets, tandis que la nuit défilait dehors.

- Dormez un peu, je vous réveille en cas de danger.

La promiscuité des lieux n'était pas très agréable, mais Hatsu fit de son mieux pour garder ses sens en alerte tandis que l'humoran essayait de s'installer pour se reposer. Un long silence prit pace, où seuls les bruits de la nuits et leurs respirations étaient perceptibles. Finalement, Sirat brisa le calme, attirant l'attention de l'archère qui le fixa, les lèvres pincées, avant de reporter son regard vers l'extérieur.

- T'inquiète pas petite, on va aller le chercher ton ami.

- Je vous l'ai dit, j'y serai allée, avec ou sans vous. Je n'aurai pas dû l'abandonner... 'chier... c'est ma faute, je dois le retrouver.

Lorsqu'il grogna et souhaita cesser le vouvoiement, elle haussa les épaules. Cela lui importait peu, ce n'était qu'un automatisme. Elle l'écouta en silence, se calant contre la paroi tandis que lui se redressait et se rallongeait. Elle savait qu'il avait raison, qu'elle serait probablement morte ou capturée elle aussi si elle y était retournée, mais elle était trop fière pour l'avouer.

- Si tu le dis... J'ai l'esprit parfaitement clair, cela dit. Je sais faire la part des choses.

Elle bougea légèrement, s'installant plus confortablement contre la paroi, l'humoran collé contre elle.

- Je m'occupe de la traque, tu te charges de les anéantir ?

- Ils vont dérouiller et regretter, compte là-dessus.

Hatsu hocha la tête, essayant toujours, sans succès, de trouver une position confortable. Elle abandonna finalement l'idée et fixa l'entrée de la cavité, les sens aux aguets. Sa tête la lançait, envoyant des pulsions douloureuses qui eurent raison de son entêtement, la fatiguant juste assez pour que l'inaction ne l'emporte finalement dans le royaume des songes.

Re: Les Monts Sanglants

Posté : jeu. 13 août 2020 15:40
par Hatsu Ôkami
Traque dans les ténèbres

Elle sentit la main de Sirat la secouer tandis que sa voix perçait jusqu'à ses oreilles. Elle ouvrit les yeux, papillonna face à la lumière qui provenait du dehors avant de poser son regard embrumé sur l'humoran et de hocher la tête en desserrant sa main, remettant sa flèche dans son carquois. Elle bailla doucement avant de hocher la tête.

- Debout, il est temps de chasser.

- Allons-y alors...

Elle s'extirpa de la cavité avant de s'étirer après cette nuit inconfortable. Elle se frotta la tête, maculant un peu plus sa tempe de sang séché. Dans la panique de la veille, elle l'avait complètement oublié et fouilla sa ceinture et but une gorgée de sa gourde avant d'en verser un peu sur la plaie, stoppant net toute éventuelle infection. Elle regarda autour d'elle pendant que Sirat sortait de leur abri, avant d'examiner plus en détail la créature qu'ils avaient emmenée. Petite et trapue comme un segtek, elle n'avait pas d'yeux mais deux cornes. Elle avait des dents acérées et de curieux motifs ornaient sa peau, comme de grossiers tatouages tribaux. Hatsu l'examina, pensive, avant de se redresser et de fixer le haut de la pente.

- Il faut qu'on retourne à notre feu de camp. De là, je pourrais les traquer, je doute qu'ils soient très discrets.

Joignant le geste à la parole, elle se mit à gravir la pente d'un pas déterminé, sortant simplement un morceaux de nourriture pour le manger en marchant. Une fois revenu au campement, elle examina les alentours après avoir récupéré ses affaires, curieusement intactes. Les corps avaient par contre été récupérés et seules restaient des tâches sombres sur le sol, abreuvant un peu plus la terre déjà gorgée de sang. Elle se pencha, examina des traces à plusieurs reprises, agenouillée et les yeux rivés sur le sol, ses doigts parcourant parfois le contour de quelque chose avant de se redresser et de commencer plus loin. Elle se leva finalement, donnant les résultats de sa longue observation.

- Ils devaient être une quinzaine, peut-être un peu plus. Ils sont partis par là, à bonne allure pour leur taille, vu l'épaisseur des traces. Il y a aussi un peu de sang, je pense qu'on n'aura aucun mal à les suivre. Tu te sens d'attaque ?

Il hocha la tête et ils se mirent aussitôt en route. Après avoir suivit les traces pendant quelques heures, hatsu commença à les perdre. Le sang se faisait sporadique, les roches trop dures pour espérer repérer des empreintes, et le vent était suffisamment fort pour chasser les maigres chances de repérer une trace. Elle dut se rendre à l'évidence: la piste allait être plus difficile à suivre que prévu. ici pas de terre meuble ou de branches cassée pour se repérer, juste un sol froid et rocheux. puis un rocher capta son attention. Rond, comme taillé, il portait une marque en son centre, un symbole qu'elle n'avait jamais vu. Alors qu'elle s'interrogeait sur son sen, elle vit Sirat s'en approcher et poser la main dessus après avoir ôté son gant. Il ferma les yeux et, perplexe, la jeune femme l'observa. Lorsqu'il s'approcha et lui affirma que Kraska était en vie et où la horde était allée, elle haussa les sourcils et le fixa un instant.

- Et comment le sais-tu ? Non pas que je mette en doute ta parole, mais il me faut plus qu'une affirmation après avoir caressé un rocher pour me dire que tu es dans le vrai.

- Petite, es tu sur de vouloir savoir? Je veux dire, si je te dis exactement comment j'ai fait, me croiras tu même si cela va à l'encontre de tes croyances?

Elle tint son regard, fronçant les sourcils. Elle commençait à en avoir assez de ce surnom et qu'il remette en doute ses paroles.

- Bon, on va arrêter avec les "petites", ça n'a rien d'agréable. Et je pense être assez ouverte d'esprit pour entendre beaucoup de choses; plus que tu ne peux l'imaginer. Je t'écoute.

- Certains Dieu confère à leur Hérault des pouvoirs, Zewen est mon dieu, je lui suis dévoué, c'est ce qu'a insinué le vieillard quand nous étions au ruine et j'avais déjà tenter de t'en parler, mais tu avais rejeter l'idée car pour toi les choses ne sont pas écrite. Bref... Jeune Hatsu, je peux voir des choses passés dans le temps quand je rentre en contact avec mon élément. au début je comprenais pas comment l'utiliser mais avec le temps j'ai affiné ce cadeau et c'est ce que j'ai fait. Mais j'ai aussi vu une ombre, souvent les visions sont floues et dépendent de l'interprétation que j'en fait, cependant ton ami respirait et la horde se dirigeait vers là bas...

Il pointa du doigt une falaise qui était relativement proche. Hatsu observa le zélote un instant, sans qu'aucune réaction ne soit visible sur son visage presque figé dans l'expression qu'elle avait au début de leur conversation. Un masque qu'elle maîtrisait à la perfection avant que ses yeux ne reprennent une teinte et une taille normale, plus douce.

- Je ne suis pas certaine de saisir tout ce que ce... don implique, mais soit. Cette histoire semble trop farfelue pour que tu l'inventes de toutes pièces de toute façon.

Elle observa la falaise un instant, une étincelle de détermination passant fugacement dans ses yeux sombres.

- Très bien. Il faut que l'on mette au plan au point, on ne va pas avancer à l'aveugle dans ces satanées galeries sans savoir ce qui nous attend. trouvons l'entrée, et on avisera ensuite, ça te convient ?

Il acquiesça et ils se remirent en route. Face à eux, le pic se dressait fièrement, ombrageant les alentour de sa masse tandis que son sommet perçait les nuages. Hatsu observait les environs tout en suivant Sirat alors qu'ils s'enfonçaient dans un défilé au sol jonché de rochers érodés par le temps et les intempéries. Une forêt de roches que les deux compagnons traversaient silencieusement, passant d'un rocher à un autre. Sirat aperçut l'ouverture d'une grotte et, d'un regard, proposa d'y pénétrer. Il n'y avait pas âme qui vivent, pas de surveillance, mais Hatsu restait méfiante. Ce ne fut pourtant pas la grotte qui interpella son regard, mais un curieux craquement lorsqu'elle fit un pas. Sous ses pieds, un os venait de se briser et, en fouillant les alentours du regard, elle comprit qu'il y en avait d'autres. Probablement qu'une bataille avait eu lieu dans cet endroit car elle en découvrit un certain nombre. Un crâne de Garzok à moitié enfoncé lui donna l'indice qu'elle cherchait et elle observa davantage les alentours, le regard soudainement plus vif.

- Cet endroit... je crois que c'est la passe dont parlaient les écrits et le vieux garzok... ça correspond...

Son regard se posa de nouveau sur la grotte et une moue crispée se peignit sur son visage. Elle voulait en savoir plus tout de suite, mais la vie de Kraska était en jeu, elle n'allait certainement pas le laisser mourir comme ça. Elle arma son arc, tira une flèche de son carquois et l'encocha avant d'inspirer.

- On entre.

Alors qu'elle le suivait, elle lui attrapa le bras et fixa un instant son regard dans celui de Sirat.

- Merci.

Sans un mot de plus, elle pénétra dans l'obscurité de la caverne qui, après un bref couloir relativement bas de plafond, s'enfonçait profondément dans les entrailles de la terre. La jeune femme ne pouvant tenir son arc et une torche, elle en confia une à Sirat qu'elle s'occupa d'allumer à l'aide de son briquet.

- Ils craignent la lumière, cela devrait les effrayer et les empêcher de nous attaquer. Enfin j'espère... Vous êtes prêts ?

Il hocha la tête et leur exploration commença. L'air était opaque, humide, étouffant et la faible lumière offerte par la torche n'aidait guère la jeune femme à se sentir à l'aise. Elle guettait, les sens en alerte, tournant la tête au moindre bruit qu'elle pensait percevoir. Seuls les bruits de leurs pas contre la roche ou l'eau stagnante et leurs respirations parvenaient pourtant à la jeune femme. C'était comme s'il n'y avait pas âme dans ses galeries et elle commença rapidement à perdre espoir de revoir un jour Kraska vivant. Pourtant, à un embranchement, le cri d'attaque d'une créature surpris les deux voyageurs. Hatsu bondit de côté, cherchant l'ennemi du regard tandis qu'elle voyait Sirat tirer son arme et donner un violent coup vers une ombre qui disparut. Puis ce fut l'apocalypse. Un tremblement sourd, puis des tonnes de roches s'écroulèrent. Paniquée, la jeune femme roula sur le côté avant qu'un choc à la tête ne lui fasse perdre connaissance, l'envoyant dans les ténèbres.

Re: Les Monts Sanglants

Posté : lun. 24 août 2020 08:43
par Sirat
Elle haussa les épaules, il n'avait nul besoin de s'en prémunir dés l'instant qu'il n'essayait pas de nuire à sa famille.

Ce n'était pas dans mes projets.

Fit-il calmement. Il se redressa et la jaugea.

Cependant, vous savez déjà que mon passé pourrait vous déplaire

Elle acquiesça, il avait été franc, elle comprenait son embarras et ne comptait pas lui en tenir rigueur. Elle avait décidé de ne pas se porter juge d'un passé lointain.

Je ferais de même alors

Il fit un sourire charmeur.

Et pas d'autres prétendant ?

Son regard se fit distant, il s'égarait sur les étendues montagneuses, s'agrippant à celle-ci et refusant de revenir à la réalité. Elle balbutia un peu gênée, elle ne comprenait pas en quoi, cela pouvait l'intéresser.

Je suis curieux, c'est tout, vous intéressée, m'intriguer, je ne peux l'expliquer.

En fait c'était souvent plus fort que lui, il aimait jouer le charmeur en présence de femme. Elle eut un sourire amusé, elle se décrivait comme une citadine en mal d'aventure et de grand espace. Mais elle acceptait gaiement de se prêter au jeu des questions.

Et on y est .

Il inspira profondément

De grand espace, comment vous vous sentez face a ça?

Elle observa un peu la nuit, et sembla encore une fois s'y perdre. Elle se sentait vide, incomplète et elle avait froid fit elle en souriant.
Il inclina la tête vers elle et se releva. Il décrocha sa cape.

Pour le vide, il se comblera avec le temps, je l'espère... Bien que je crois faire la même quête que vous depuis longtemps sans jamais y parvenir, et pour le froid je peux vous aider.

Elle haussa un sourcil et lui rendit un sourire reconnaissant en se recroquevillant un peu plus sous les couches de vêtements.

Merci... Un silence apaisé s'étendit quelques instant, avant que la jeune femme ne redressa pas la tête en fronçant les sourcils. Elle avait entendu un bruit.

Un craquement, un bruissement, juste un frôlement et ils étaient pris au dépourvu. Dans les ténèbres, s'était glissée une horde aveugle et violente. Elle refermait son piège sur les aventuriers. Des sektegs cornus, monstruosité des ombres, habitants des montagnes et des souterrains les prenaient en embuscade. Ils les attaquaient et l'humoran n'avait rien vu venir. Était il vieux ou distrait ou les deux, il enrageait intérieurement. Kraska réveillé, surpris était assailli déjà par plusieurs d'entre eux, alors qu'un groupe de six grouillant leur sautait dessus.

Il dégaina son marteau rapidement et frappa le premier qui s'était approché d'eux de trop près. Son visage explosa en un geyser d'os et de sang, stoppant net la petite troupe, perplexe d'un tel revirement.



D'un bond, la jeune femme se releva, électriser par la vision d'un Sirat violent et rapide. Elle jura, son arc étant à plusieurs mètres d'elle. En désespoir de cause, elle ramassa un caillou et le jeta, frappant une créature en plein visage, le faisant lourdement basculer sur le sol.
Elle lui cria que son arme était près du feu.

Elle n'attendit pas et fonça aussitôt vers sa cible, espérant l'atteindre à temps.
Il était fait pour cela, nullement rouiller l'alerte d'Hatsu l'enveloppa et il se lança. Quatre gargouilles se jetaient sur elle pas son flanc, alors qu'elle avançait vers son arc. Pris de cours, il se jeta sur les trois bestioles. Il déploya sa masse immense qui emporta les quatre êtres dans un plaquage virulent. Ils roulèrent tous les quatre sur le sol dans une mêlée inextricable. Il avait perdu dans la chute son marteau.

Un bras a la peau glabre et froide lui tirait les cheveux, il ressentait les corps moite et gluant sur lui, mais dans leur chute, il n'arrivait pas à savoir ce qu'il touchait. Ils heurtèrent un rocher et se stoppèrent. Il ouvrit les yeux, son visage à deux centimètres de la gueule béante et baveuse, pleine de crocs, d'un de ses adversaires. il l'écrasait tandis que les trois autres autres étaient sonné et tâtonnaient sur son râble ou à côté. Le gosier du sekteg s'ouvrit, hurlant et crachant sa salive sur le visage de l'humoran.

Sirat fit une grimace de dégoût, plissant les yeux pour ne pas laisser les postillons de cette horreur lui pénétrer les globes oculaires.

Ça va barder !!

Il attrapa la mâchoire inférieure du troglodyte et frénétiquement lui frappa la tête contre la pierre pour qu'il se taise. Il finit par ne plus tenir qu'une mandibule écarlate trempant dans une mélasse informe et ne tenant plus que par quelques tendons...
les trois autres secouer par le geste et l'acharnement de Sirat à éclater le crâne de l'impudent sur le sol, se réveillèrent et se mirent a le frapper et à le mordre.
Le zélote se redressa lorsqu'il sentit des dents s'enfoncer dans sa chaire. Il chercha son marteau, celui-ci gisait à quelques pas, près d'une des créatures qui caressait l'arme avec perplexité. Plus petits, ils avaient la peau blafarde, voir cendré, aveugle leur paupière recouvrait leurs yeux. Mais le monstre reniflait l'arme.

Touche pas à ça toi !

Un coup de griffe dans la cuisse lui rappela qu'il en avait trois sur le dos. Il attrapa celui qui mordillait ses trapèzes et le projeta dans les airs, sa chute fit un bruit sourd dans le noir.
Un crochet, un uppercut et dans une danse infernale le Zélote se battait et se démenait contre ces diablotins de la nuit qui s'accrochait et hurlait sur lui. Une flèche d'Hatsu vint le débarrasser d'un gobelin, perforant son dos d'un trait bref et précis. Il respirait le combat et très vite ses adversaires terminèrent à terre, sonné ou mort.

Il jaugea les alentours Kraska était submergé et se faisait enlever. Le corps happé dans la nuit par les petites mains frétillantes. Hatsu était au sol, blessé, elle luttait tant bien que mal avec un sekteg sur elle. Finalement, elle empoigna une flèche au sol et perfora frénétiquement le visage de son tortionnaire qui s'écroula en convulsant. Elle se redressa fébrilement, le visage en sang. Son marteau était toujours l'objet de curiosité d'un des sekteg
Elle tarderait pas à finir comme Kraska.

Se concentrant, il compressa le temps autour de lui, les gobelins se mirent a bouger plus lentement. Un bruit sourd, qu'il entendait jusqu'au fond de ses entrailles, marqua les secondes qui ralentissaient. Il s'élança alors vers son marteau le récupéra alors que son gardien n'avait même pas encore remarqué que l'humoran avait démarré. Puis il se dirigea vers la jeune archère. À l'instant où il lui attrapa le bras, le temps redevint normal.

On se casse petite !

Il la souleva en la tirant, et se fraya une sortie dans les ténèbres de la montagne.

Elle le fixa d'un air complètement surpris, mais son regard se fit rapidement dur et froid lorsqu'il commença à l'entraîner au loin. Elle ne voulait pas abandonner le Garzok.

Tu n'as pas le choix petite, on reviendra le chercher, si on reste on mourra tous en prenant du recul, on garde un espoir de le sauver.

Elle hésita un instant avant que le cri d'une des créatures ne la ramène à la réalité. Elle jura sourdement, puis finit par le suivre.
Elle jura qu'elle irait le rechercher avec ou sans lui, sans rien ajouter, elle se mit à courir.

Je compte bien dessus, j'abandonne jamais personne. En attendant, il faut les semer !

Elle hocha la tête avant de bifurquer soudainement, dévalant rapidement une pente.

Re: Les Monts Sanglants

Posté : jeu. 27 août 2020 08:14
par Sirat
Ils dévalèrent rapidement la pente, les cris et les hurlements tapissaient la nuit derrière eux, tandis que devant le vent frais fouettait leur visage en même temps que les branches des sapins qui ployaient, mais ne se brisaient pas sous leur cavalcade. Elle fit remarquer, entre deux souffles, que les monstres devaient craindre la lumière et se repérait à leur odorat. Il la suivit instinctivement.

Ils n'ont pas d'yeux de ce que j'ai vue. Pour l'odorat, je ne sais pas, mais va falloir cacher notre odeur.

Surtout la vôtre, vous êtes facile à suivre

Mon odeur?!

Il fit mine de se sentir, perplexe et vexer ne sachant pas comment appréhender la réflexion de la jeune femme. Un cri plus pressent s'extirpa juste haut dessus d'eux, ils étaient clairement en train de les suivre. Elle proposa de se recouvrir d'une des bestioles pour masquer son parfum.

Son idée avait de la jugeote, trouva-t-il. Il se stoppa net, le marteau à la main, il scruta la pénombre. Quand un gobelin jaillit en hurlant un son aigu et strident. Avec un formidable mouvement, il frappa au vol le pauvre bougre qu'il cloua au sol dans un bruit sourd de craquement d'ossement. Inanimé, il gisait désarticulé la gueule ouverte sur la rocaille.

Comme ça ? fit il avec une moue de satisfaction

Elle opina du chef. Elle lui demanda s'il pouvait l'emmener. Il l'observa circonspect.

L'emmener où ?

Elle analysa le pauvre bougre désarticulé. Elle affirma que les troglodytes devaient avoir des galléries un peu partout et qu'ils devaient se hâter. S'il le soulevait et le portait sur son dos, cela suffirait à marquer son odeur.
Il se plia à la volonté de la chasseuse et il souleva la bête, la portant sur ses épaules.

Madame est contente ?

Dit il agacée de devoir porté un poids superflu, elle leva les yeux au ciel.

Il grogna, mais obtempéra, il préférait cette solution à ce rependre les entrailles de la créature sur lui.

Obnubilée, par l'idée de ne pas se faire repérer, Hatsu ignora le grognement mécontent de son compagnon de voyage et reprit sa course avant de tourner en apercevant un léger renfoncement dans le flanc de la montagne. Une cavité relativement étroite et peu profonde qui avait au moins le mérite de leur permettre de s'arrêter, leur évitant de courir pendant des heures. Elle savait que ce n'était pas l'idéal, mais en attendant les premières lueurs du soleil cela suffirait.

Sirat jaugea la cavité en levant les sourcils un peu étonné. Allait-il pouvoir passer la fissure qui servait de porte. Il haussa finalement les épaules et suivit la jeune archère, qui elle profitant de sa silhouette élancée avait déjà pénétrer l'interstice. Les murs frottaient contre ses épaules, sa carrure l'obligeait a se contorsionner. Il dû se débarrasser du cadavre à l'entrée. Finalement, là aussi, il couvrirait leur odeur.

Elle l'observait tandis qu'elle se collait au mur du fond, le genou rabattu contre sa poitrine. Elle vit bien que son compagnon de route se sentait à l'étroit, mais ne fit aucun commentaire et elle se mura dans une attente silencieuse, les sens aux aguets, tandis que la nuit défilait dehors.
Il finit par rentrer, elle lui proposa de s'allonger et de dormir un peu.

Il n'y avait pas beaucoup de place dans l’alcôve, et même si elle l'invitait à se reposer un peu, il allait être collé à elle. Cela ne le dérangeait pas de lui obéir, il savait qu'elle lui en voulait. Pourtant, il ne regrettait rien, il ne pouvait déjà plus rien pour Kraska et au moins il l'avait sauvé. Il glissa son imposante carcasse entre une paroi et la jeune femme. Il observait le plafond et percevait la respiration de l'archère. Doucement, il déclara avec une voix tendre.

t'inquiètes pas petite, on va aller le chercher ton ami.

Elle ne semblait pas à l'aise de le savoir si près de lui, mais s'en accommodait. Elle pinça ses lèvres, la remarque de Sirat l'énervai, elle enrageait d'avoir abandonné le garzok si le zélote ne l'avait pas empêché elle serait resté et pensait que c'était de sa faute à elle si son ami avait disparu. Elle utilisait toujours le vouvoiement alors que l'humoran dés le feu de l'action l'avait perdu. Cela lui semblait une distanciation inutile et un protocole qui le pesait maintenant plus qu'il ne l'amusait au départ.
Sirat grogna


on pourrait commencer par arrêter avec les vous, vu ce qu'ont vie ensemble et que je ne suis pas un baron Kendran.

Il se redressa la poussant de l'épaule.

Si tu y étais allé, tu serais morte, voir capturé toi aussi, crois en mon expérience. Tu l'as dit toi-même le combat rapproché ce n'est pas ton avantage. Tu n'aurais rien pu faire.

Il abandonna le fait d'entre à moitié redresser tellement cela était compliqué et se rallongea contre elle.

Kraska est aussi un guerrier, il connaît le prix de cette vie d'aventure. Débarrasse-toi de cette culpabilité elle ne te servira pas à retrouver le garzok, bien au contraire, tu dois avoir l'esprit clair.

Même si elle était fière et têtue, elle sembla baisser un semblant de garde. Elle avait l'esprit clair et acceptait de ne plus le vouvoyer. il esquissa un sourire. Elle s'allongea contre lui. Elle lui proposait de les traquer et lui s'occuperait de les anéantir.

ils vont dérouiller sévère et regretter, compte la dessus.

Ils restèrent là un instant, sans rien dire. La voûte calcaire à quelques centimètres de leur visage plongé dans la pénombre. Il s'endormit.

Un filet de lumière cristallin vint se poser sur son visage et lui fit plisser les yeux. Dehors, le soleil s'était levé. Il voulut s'étirer, mais l'espace lui rendait la chose impossible. Son corps lui faisait mal, ces vieilles cicatrices tiraient sur ses muscles indolents, abruti par la fraîcheur de pierre dans cette grotte humide. Sur le côté, recroquevillé, une flèche dans la main, une respiration légère, Hatsu dormait encore. Avait elle peur de lui, ou dormait elle toujours ainsi. Il l'observa un instant silencieux, puis prenant conscience de l'inconvenance de sa situation, il la secoua en posant sa main sur son épaule.

debout, il est temps de chasser.

Elle posa un regard embrumé sur l'humoran. Elle hocha la tête en desserrant sa main crispé, elle remit sa flèche dans son carquois et bailla doucement et se redressa agile et alerte.

après toi.

Lui dit-il en joignant le geste à la parole.
Il redoutait de rester bloquer et de gêner sa partenaire.
Il l'observa se faufiler aisément à travers la fissure et lâcha un soupir en la suivant. Elle était svelte, jeune et son corps se modela comme celui d'un félin. Lui qui pourtant descendait des worans, dû se contorsionner difficilement.
Dehors, elle s'étira pleinement, levant les bras au ciel et se grandissant. Elle se frotta le visage maculant sa tempe de sang séché. Elle regarda ce dépôt cramoisi sur ses doigts et fouilla sa ceinture pour en sortir une gourde. Elle le porta à ses lèvres soyeuses et en bue quelques gorgées.

Il fit de même et attrapa une besace d'eau et s'en enfila une bonne razzia, ensuite il s'essuya avec son avant bras avant d'étirer sa carcasse. Ses os craquèrent sous l'impulsion. Il se demanda ou s'était enfui sa jeunesse quand il portât la main à son cou douloureux. Hatsu ne perdait pas de temps, elle zieutait autour d'elle, La jeune archère examinait en détail la créature qu'ils avaient emmenée. Le petit corps gisait dans un rictus figé et ridicule. Sirat la dévisagea et s'en désintéressa préférant observer la montagne alentour. Le paysage était devenu désertique, quelques sapins s'érigeait encore en résistance à cette invasion de rocaille balayée par le vent.

Quand elle se releva, Hatsu proposa de retourner au campement. De là, elle pourrait traquer la horde. Sirat acquiesça, elle lui en voulait pour hier, il le discernait dans le ton bien qu'il ne se sentît pas coupable. Il voulait la laisser diriger et puis elle était sûrement une meilleure chasseuse que lui. Ils reprirent le chemin de leur bivouac de la veille.

Re: Les Monts Sanglants

Posté : jeu. 27 août 2020 08:18
par Sirat
Arrivés là-bas, les corps avaient disparu, seul restait le sang qui tapissait la terre. Elle se pencha, disséqua les traces à plusieurs reprises, agenouillée et les yeux rivés sur le sol, minutieuse, ses doigts parcouraient parfois le contour de quelque chose avant de s'exalter et de recommencer plus loin. Elle se leva finalement, donnant les résultats de sa longue observation. Elle voulait suivre les taches de sang qui remontaient la pente. Sirat pencha la tête en avant, consentent et la suivit sans rien dire.

Après un certain temps de marche, à se laisser guider, les traces s'évanouissaient dans la nature. Ils n'y en avaient plus, juste des rochers à perte de vue ornés de racine et vieilles plantes robuste. Sur l'un deux un symbole était gravé à la pierre ou au silex. Un rond d'ou s'extirpait huit traits, ou des flèches, il ne voyait pas trop, plus au moins gros. Il ne connaissait pas ce symbole.

L'archère continuait d'enquêter, mais semblait ennuyer. Le Zélote, sans rien dire, enleva un de ses gants et déposa sa main sur une pierre. Il ferma les yeux, et le temps passé lui apparu, vaguement au début, puis précisément. Il vit les tempêtes, la neige et l'été flâneur balayé la montagne. Les journées s'écoulaient et les nuits les suivaient. À un instant, il crut apercevoir, quelques choses d'énormes, une ombre immense qui écrasa le rocher. Mais elle se dissipa dans le brouillard de la mémoire. Et par un de ces clairs-obscurs, il vit la horde de sekteg avec Kraska qui vivait, mais qui se faisait tirer par les troglodytes et il perçut le chemin par où ils étaient allés.
Une fois sortis de sa transe, il passa sa main sur ses yeux fatigués. Il se rapprocha de l'archère.

Ils sont partis par là et ton ami est en vie.

La direction indiquait un flan de falaise abrupte plus loin et qui s'érigeait dans le ciel.
la jeune ingénue haussa les sourcils et le fixa un instant.

Et comment le sais-tu ? Non pas que je mette en doute ta parole, mais il me faut plus qu'une affirmation après avoir caressé un rocher pour me dire que tu es dans le vrai.
Il remit son gant et redressa son regard ferme sur la jeune femme.

Petite, es-tu sur de vouloirs savoir? Je veux dire si je te dis exactement comment j'ai fait, me croiras tu même si cela va à l'encontre de tes croyances ?

Hatsu tint son regard, fronçant les sourcils, visiblement contrariée par le comportement de l'humoran.

Bon, on va arrêter avec les "petites", ça n'a rien d'agréable. Et je pense être assez ouverte d'esprit pour entendre beaucoup de choses ; plus que tu ne peux l'imaginer

Sirat esquissa un sourire et obtempéra à la demande.

Certains Dieu confèrent à leur Hérault des pouvoirs, Zewen est mon dieu, je lui suis dévoué, c'est ce qu'a insinué le vieillard quand nous étions aux ruines et j'avais déjà tenté de t'en parler, mais tu avais rejeté l'idée, car pour toi, les choses ne sont pas écrites. Bref... Jeune Hatsu, je peux voir des choses passées dans le temps quand je rentre en contact avec mon élément. Au début, je ne comprenais pas comment l'utiliser, mais avec le temps, j'ai affiné ce cadeau et c'est ce que j'ai fait.

Il reprit un air plus prudent.

Mais j'ai aussi vu une ombre, souvent les visions sont flou et dépendent de l'interprétation que j'en fait, cependant ton ami respirait et la horde se dirigeait vers là-bas... Il désigna encore une fois la direction de la falaise.

Hatsu observa le zélote un instant, sans qu'aucune réaction ne soit visible sur son visage presque figé dans l'expression qu'elle avait au début de leur conversation ; un masque qu'elle maîtrisait à la perfection avant que ses yeux ne reprennent une teinte et une taille normale, plus douce. - Je ne suis pas certaine de saisir tout ce que ce... Don implique, mais soit. Cette histoire semble trop farfelue pour que tu l'inventes de toutes pièces de toute façon. * Elle observa la falaise un instant, une étincelle de détermination passant fugaçement dans ses yeux sombres.* - Très bien. Il faut que l'on mette au plan un plan, on ne va pas avancer à l'aveugle dans ces satanées galeries sans savoir ce qui nous attend. Trouvons l'entrée, et on avisera ensuite, ça te convient ?
Sirat acquiesça, bien qu'il n'est aucune idée de plan précise en tête.

Je te suis.

Ils se rapprochèrent peu à peu de la falaise, celle-ci s'élevait dans le ciel en escalier pour géant qui s'agrippait au flanc des monts. Sirat jaugea la hauteur du pic, mais ne le vit pas, perdu qu'il était dans les nuages. Il reporta son attention sur ce côté abrupte. Le sol était jonché de rocher, il y a des milliers d'années auparavant une autre partie comblait le sol qu'ils foulaient. Mais elle c'était séparée par le vent, les pluies avaient balayés en bas ses restes aux pieds de la montagnes, laissant ce cimetière de menhir dresser vers le ciel. Une grotte troglodyte semblait existé au pied du mur. Ils s'en rapprochèrent silencieusement, passant de rocher en rocher, pour ne pas se faire remarquer. Mais il n'avait pas de vigile, pas de garde, simplement le soleil qui plaquait ses rayons sur cette entrée obscure. Sirat regarda Hastu concentré. Il proposait d'entrer, il n'avait pas besoin de parler, elle comprenait ses intentions.

Re: Les Monts Sanglants

Posté : mer. 9 sept. 2020 23:37
par Hatsu Ôkami
Lorsqu'elle ouvrit les yeux, un mal de tête lancinant la fit grimacer et c'est en se tenant la tête entre ses mains que Hatsu se redressa, préférant s'asseoir plutôt que de rester étendue sur le sol de la grotte. Elle n'entendait rien autour d'elle si ce n'était sa respiration et le léger bruit émit par des gouttes tombant quelque part non loin d'elle. Courbaturée, elle bougea ses membres avec délicatesse, rassurée de constater que rien ne semblait cassé et entreprit de sonder les alentours, tâtonnant dans l'obscurité la plus complète. Elle mit la main sur son sac et ramassa les quelques flèches qui avaient quitté son carquois. Son arc était heureusement intact et elle soupira de soulagement. Ses yeux s'habituaient lentement à l'obscurité et elle perçut une masse à sa gauche. En touchant, elle se rendit compte que c'était un éboulis conséquent et qu'elle n'avait aucun moyen de le dégager.

- Sirat ?!

Elle appela en vain l'Humoran. Elle espérait qu'il s'en était sorti et qu'il était de l'autre côté, mais elle devait penser à elle maintenant, car, perdue au milieu de ces galeries, elle n'était guère rassurée. Pestant contre les maudites créatures qui l'avaient mises dans ce pétrin, elle se releva lentement, essayant de définir la taille du tunnel. Par chance elle pouvait s'y tenir droite, ce qui lui faisait se dire que ce n'étaient pas les segteks qui avaient creusé ces galeries. Quel intérêt pour eux de creuser aussi haut alors qu'ils ne faisaient guère plus d'un mètre cinquante pour les plus grands. Elle fouilla son sac, sortant son ultime torche qu'elle alluma. Elle espérait toujours que cela ferait fuir les segteks, sans en être persuadée, mais si autre chose arrivait, elle voulait être capable de le voir pour agir. Les créatures vivant dans ces galeries avaient forcément l'avantage des sens, elle ne pouvait rester dans le noir complet.

A peine fit-elle un pas que la douleur dans son crâne la fit tituber et elle retourna au sol, s'asseyant pour calmer le tournis qui avait pris place, sa torche roulant à côté d'elle. Elle se tâta doucement la tête, sentant finalement une plaie lui barrer la tempe. Sans être trop grave, elle ne voulait pas qu'elle empire en s'infectant dans l'atmosphère renfermée et humide de la grotte. Fouillant son sac, elle en sortit de l'onguent et s'arrangea pour se bander la tête. C'était rudimentaire, mais au moins cela allait lui permettre de la rassurer. Elle resta ensuite sur le sol pendant ce qui lui parut une éternité, le temps que la douleur ne repasse à un niveau supportable. Avec précaution, elle se remit sur ses jambes et, constatant qu'elle pouvait se mouvoir sans imaginer un nain piochant à l'intérieur de son crâne, empoigna ses affaires puis la torche et se mit à avancer dans le dédale inconnu.

Elle n'entendait que le bruit de ses pas et le crépitement léger de la torche qu'elle tenait à bout de bras devant elle. Ses yeux observaient minutieusement les alentours, cherchant la moindre menace ou la moindre aspérité pouvant se révéler dangereuses pour elle. La galerie descendait en pente relativement douce dans les entrailles de la terre et cela lui rappela un événement dans une fameuse tour. Elle espérait que cela finirait au moins aussi bien pour elle. Même mieux, si cela était possible. Elle marcha pendant un long moment, avec l'impression de ne pas faire un mètre tant la galerie gardait un aspect lisse et identique. Ce fut lorsqu'elle parvint à un croisement qu'elle s'arrêta finalement. Elle fixa un instant la flamme de la torche, mais celle-ci ne vacilla nullement pour indiquer qu'un courant d'air pouvait provenir d'un chemin ou d'un autre.

- Misère... j'avance en aveugle, je n'aime pas ça. Tout droit ou gauche ?

(Instinct, Chasseresse.)

Elle grimaça, pas plus avancée que cela par les dires de l'esprit. En désespoir de cause, elle ferma les yeux et s'accorda une pause, adossée au mur de la galerie. La torche se consumait et elle décida de l'éteindre après s'être assurée que son briquet était bien au sec. Elle ne dormit pas vraiment, l'esprit trop occupé à tenter de percevoir le moindre indice pouvant la faire sortir de là. Elle somnola malgré tout, le sommeil entrecoupé de phases de réveil en sursaut et de songes étranges dont elle ne gardait que l'amer sentiment d'incompréhension au réveil. Lassée, elle se releva finalement et se décida à reprendre ses pérégrinations souterraines. Elle parvint, après bien des essais, à rallumer sa torche et se décida à aller vers la gauche, au petit bonheur la chance.

(Si mon instinct m'a trompé, Loup, tu t'en mordras les pattes.)

Un simple ricanement rauque lui répondit et seul le silence occupa ses oreilles pendant encore un moment qu'elle ne pouvait juger. Brusquement, le sol s'ouvrit devant les pied de la chasseresse qui, surprise, glissa et dévala la pente soudainement abrupte qui était apparue devant elle. La chute ne dura pas, mais l’atterrissage fut brusque et vida l'air des poumons de la jeune femme qui resta au sol en grognant de douleur face au choc. Par réflexe elle avait lâché la torche et placé ses bras devant sa tête et cela lui évita un nouveau choc sur son crâne déjà bien malmené. La torche, elle, alla s'écraser et rouler un peu plus loin, éclairant un spectacle qui surprit la jeune femme qui en resta bouche bée. Devant elle s'ouvrait une immense caverne au haut plafond couvert de stalactites de roche. Un spectacle qui lui fit momentanément oublier le reste. Elle caressa du doigt le sol de couleur crème étonnamment doux avant que son regard ne dérive sur quelque chose qui lui tira aussitôt une grimace. Un crâne. Humain à première vue. Rien de rassurant en perspective pour la jeune femme qui tendit l'oreille sans rien percevoir.

Elle se releva, à l'affût et balaya du regard l'immensité souterraine qui s'ouvrait devant elle avant de remarquer quelque chose. Un trou dans le plafond d'où chuta quelque chose avant de s'écraser au sol dans un fracas épouvantable qui se répercuta contre les parois de la caverne. Hatsu observa la pile qui s’élevait légèrement en direction du trou et finit par comprendre. L'endroit devait être un genre de dépotoir où les créatures jetaient les choses inutiles dont il n'avait plus l'usage. Raison pour laquelle elle apercevait des objets qui n'auraient normalement pas eu leur place ici, telle une marmite tellement rouillée qu'elle semblait prête à tomber en morceau si elle la touchait. Se massant sa nuque douloureuse, la jeune femme se mit en quête d'une sortie après avoir constater que remonter par la pente qu'elle venait d'emprunter malgré elle allait relever du miracle.

Elle se figea pourtant lorsque quelque chose bougea dans l'obscurité à peine perturbée par la torche vers laquelle elle se dirigeait. Elle se baissa aussitôt et scruta les alentours avant de percevoir une haute silhouette, à quelques mètres d'elle, semblant se diriger droit vers l'objet ayant chuté peu avant. Elle n'était pas aussi seule qu'elle le pensait, finalement, et cela n'avait rien de réjouissant pour elle.

Re: Les Monts Sanglants

Posté : ven. 11 sept. 2020 10:33
par Sirat
Hatsu, toujours plein d’initiative et de précaution, fouilla dans son sac et en sortit de quoi allumer une torche. Elle s’attela à faire démarrer une flamme en frottant un briquet. Une fois, cela fait elle la tendit à Sirat qui bien qu’il acceptât se retrouva un peu emprunter avec, son marteau d’une main et la lumière de l’autre. Mais pouvaient-ils faire autrement, lui n’avait pas de capacité de voir dans le noir et aucune lumière ne semblait émanée de l’intérieur. L’antre s’engoufrait dans les tréfonds de la terre. Elle le regarda intensément un cour instant et lui laissa entendre un remerciement à demi étouffer. Sirat aussi loin qu’il se souvenait ne savait pas réellement réagir à ce genre d’attention. Il acquiesça sans rien dire et retourna son attention sur l’entrée.

Ils pénétrèrent à tâtons, dans la grotte. Les parois transpiraient, une humidité gluante, une mousse noire suintait des murs rejoignant le sol dans des flaques de mélasse opaque. Une odeur aigre et fétide enveloppait l’air. Grouillant sur les cloisons des verres et insectes s’enfuyaient dérangé par la lumière de la torche. Peut-être, car il était perdu dans ses pensées, prostré par cet endroit cauchemardesque ou puisqu'il n’était pas dans les meilleures conditions, il ne vit pas venir le sekteg au carrefour. Il était seul, mais prit dans l’urgence le seul réflexe du zélote fut de frapper fort, mais là ou il avait réussit les autres fois, il ne put régler la cible et son coup alla frapper la colonne de pierre qui séparait deux artères. Celui-ci s’effondra sous le choc et entraîna avec lui une partie du plafond dans un torrent calcaire. L’humoran se releva presque aussitôt, dans un brouillard âcre et suffoquant le troglodyte qui avait brillamment esquiver l’attaque n’avait pas eut autant de chance avec l’effondrement et gisait sur le côté le crâne fendu par un rocher. Une muraille anarchique s’élevait maintenant derrière lui, le coupant de la sortie et de la jeune archère. Plongé dans le noir, il hurla son nom dans l’espoir d’entendre une réponse. Qu’avait-il fait, il fut saisi par la culpabilité. Il ne pouvait penser qu’il l’avait malencontreusement tué.

Mais rien, le silence alourdissait son pêché de n'avoir pas su garder son sang-froid. Une pluie fine de boue et de poussière amalgamée retombait sur ses épaules. Il avait promis de la protéger aux vieux garzok. Il pesta contre lui-même. Dans les catacombes, il se laissa tomber sur les fesses, perdu. Les ténèbres l’entouraient. Abattu les épaules recourbées comme un enfant, il attendait que le signal du vacarme attire le reste de la horde et qu’elle finisse ce qu’elle avait commencé, qu’elle le tue, il ne supporterait pas de vivre une seconde de plus. Mais il ne se passa rien, Zewen se jouait de lui. Après un instant à attendre, il se fit impatient. Même la mort se refusait à lui. Il jura et cracha au loin sur le mur. Il se redressa et chercha a toucher une des pierres de celui-ci. Il devait savoir si elle était vivante. Il décida d’utiliser encore une fois son pouvoir et revenir juste avant, il se concentra et la main sur l’éboulement caressa la roche froide. Celle-ci vibrait, raisonnait répondant secrètement aux battements de son cœur. Une discussion secrète avec l'élément fondateur et lui pouvait commencer. Une forme invertébrée lui apparu encore, arthropoïde, le corps divisé en deux tagmes, elle avançait vers les profondeurs abyssale. Il était revenu trop loin, dans le passé, il devait faire un effort pour avancé. Son visage se perlait de sueur. Une peur inconsciente s'empara de lui.

Elle se glissait, cette chose, dans l’air trouble et empoisonné des galeries et s’y enfonçait. Elle se collait à son esprit, l'empêchant de voir autre chose. Puis il vit le corps d’Hatsu, étendu près de sa torche vacillante, son ventre se soulevait délicatement, alors que son visage, recouvert d’une pellicule blanchâtre, ressemblait aux statues divines qui peuplait les temples. Il revint à lui avec une étrange sensation ; il était essoufflé, sa respiration était haletante et son corps était trempé de sueur. L'air frais le fit tressaillir mais il était rassuré que son amie vive et qu’elle ne soit pas morte de sa main stupide et trop leste, mais cette angoissante vision qui se répétait le préoccupai.

Il devait trouver un moyen de la rejoindre, et même si cela voulait dire s’avancer dans la grotte sans autre sens que celui du toucher. Il n’y voyait rien, mais sa main sur le mur, l’autre devant comme pour parer a toute éventualité, il avançait doucement. Sur ses doigts glissaient rampant et insectes. Dans l'obscurité, il ne distinguait pas une forme, mais de multiples qui donnaient vie au mur, comme s'il réagissait au contact de sa main.

Il trébuchait, sur le sol chaotique, aveugle, il sentait les toiles des araignées se déchirer sur son visage et se coincer dans ses cheveux.

Il ne pouvait pas être en état plus faible qu’a cet instant, amblyope. Il faisait une proie facile. Il continuait de suivre la formation rocheuse, fil d’Arianne, qui le mènerai soit a la vie soit a une mort certaine, Zewen déciderait.

Il progressait dans ce noir presque matériel, cette mer opaque, au ralenti. Il buta contre quelque chose et tomba par terre. Il ne put retenir un juron. Une odeur puante de mort émannait du sol et des alentours. Elle était forte et avait suplanter celle de l'humidité.

Sirat ?!

Kraska ?!

Tu es où ?

Je suis sur ta droite attaché au mur.


Tu te fous de moi, je vois rien.

Avance de quelques mètres sur ta droite.

Il leva sa main et remarqua qu’il n’y avait pas de paroie, le tunnel avait du débouché sur une pièce ou était prisonnier Kraska. Il se redressa et à la manière d’un automate désarticulé et saccadé, il avança les bras en avant, petit pas par petit pas.

Kraska étouffa un rire quand il vit l'humoran tituber.

Quesqu’il y a ?

Rien, tu as l’air d’un abruti.

Je viens te sauver, alors ferme ta gueule !

Maugréa-t-il

Où est Hatsu ?
fit il inquiet

Un mur s’est écroulé, elle est resté derrière, elle est vivante, mais on doit trouver un moyen de la rejoindre. Où sont les sekteg ?

Je ne sais pas, ils m’ont attaché là, avec les autres et sont partis vers la gallérie du fond.

Les autres ?

Ce qu’il en reste, des voyageurs comme nous, je pense.

Il tapota du pied, une forme qu’il pensait être un rocher, mais les indications de Kraska lui firent comprendre que cela devait plus être un cadavre.

Avance tu y es presque.

Il bougonna un peu et fit les derniers pas pour toucher enfin Kraska. Il attrapa une jambe flasque, mais de bonne taille et ta potant il remonta jusqu'a sa ceinture.

J’y suis ou sont tes liens.

Ce n'est pas moi.


Quoi?!


Ce n'est pas moi que tu touches.


Il eut un mouvement de recul et de dégoût.


Bordel, par Zewen, tu es où?

Juste à côté.

Il tâtonna et trouva enfin le corps de Kraska, il se fraya un chemin jusqu’à ses menottes et d’un coup de dague libéra le garzok qui était attaché suspendu contre le parapet.

Merci.

On fait quoi maintenant, tu me tiens la main et me guides ?

Patiente.

Kraska s’enfonça dans la salle, Sirat ne pouvait plus que l’entendre. Il semblait fouiller et retourner des corps, des armures. Finalement, Sirat observa dans les ténèbres des étincelles puis une flamme s’allumer et éclairer le visage de Kraska. Il dévisageait l’humoran avec un sourire satisfait de sa trouvaille.

La lumière découvrait une pièce en coupole, un le sol cendré et sale de flaque de sang séchés et des murs bordés des cadavres, d'aventuriers et de chevalier. Tous avaient été les victimes de cette horde. Une véritable orgie, de tas, d'enchevêtrements immonde d'os et de partie de corps parsemait en groupement grossier la salle. Aucun n’était vivant, leur attirail était bien souvent défectueux et laissé à l'abandon de manière anarchique. Ce qui attira le regard de l’humoran, c'étais que les dépouilles le plus fraiches présentaient des traces de morsure comme si on les avait dévorées. Certaines encore attachés à leur pilori, témoignaient de la souffrance de leur mort dans un rictus d’horreur. Cela lui rappelait les charniers d'Esseroth.

C’est quoi ici fit l’humoran avec une grimace.

Un garde-manger, je suppose. Répondit le Garzok en attrapant une lame encore en bon état.

On doit retrouver Hatsu

Sirat acquiesça et sortit son marteau et son bouclier.

Ils s’engagèrent dans la galerie du fond seul issus à leur destinée fatale.

Re: Les Monts Sanglants

Posté : sam. 19 sept. 2020 16:10
par Hatsu Ôkami
Elle avait imaginé beaucoup de chose concernant ce voyage et sa recherche. Cela faisait des semaines qu'elle était partie de chez elle en quête de l'artefact, trouvant finalement une trace après bien des détours dangereux l'ayant mené sur des sentiers tortueux et devant la froide approche de la mort. Mais jamais elle n'aurait pensé tomber sur ce genre de choses durant son périple. Férue qu'elle était de lecture, elle s'était jetée avec avidité sur tout ce qui concernait les créatures du monde connu et dont on faisait la description sur des pages noircies d'encre, étoffant son imaginaire d'autant de féerie que d'horreurs qui peuplaient ensuite les songes de la jeune fille qu'elle était. En revanche, tomber nez à nez avec l'une de ces créatures savamment décrite et dessinée dans un coûteux ouvrage de la bibliothèque d'Oranan la laissait pantoise.

Pourvue de long bras touchant presque le sol, ornée d'une tête cornue où une impressionnante mâchoire hérissée de dangereux crocs, la créature mesurait au bas mot un mètre quatre-vingt, voire davantage. Sa peau glabre reflétait légèrement la lumière vacillante de la torche qui attirait finalement son attention et ses pas feutrés malgré ses puissantes jambes, s'approchaient inexorablement de Hatsu, tassée sur elle-même et en proie à la plus grande fascination. Elle tentait aussi de rassembler ses souvenirs concernant ces créatures adeptes des lieux clos, sans vraiment mettre le doigt sur un détail qu'elle savait important. Comment aurait-t-elle pu savoir que ses pérégrinations allaient la conduire droit sur un Jinn adulte ? Au cœur même de son territoire qui plus est.

(Réfléchis... Réfléchis...)

(PROIE!)

(C'est vraiment pas le moment, Loup!)

(Toujours moment pour la Chasse, Chasseresse!)

(Tu me déconcentres, tais-toi !)

Le reniflement dédaigneux et légèrement outré de son compagnon d'esprit ne lui tira pas l'ombre d'un sourire alors qu'elle cherchait une solution, une suite d'action pour se faufiler sans bruits et sans heurts hors de la tanière du Jinn. Mais sans connaissance d'une possible sortie ni même d'un quelconque moyen de passer la créature sans l'alerter, elle commençait à se préparer à l'inévitable confrontation qui allait se produire à l'instant où le Jinn remarquerait sa présence. Elle n'était pas naïve au point d'imaginer que sa présence passerait inaperçue, mais elle pria tout de même Rana en son for intérieur de lui accorder juste assez de chance pour se sortie de là vivante.

Le hurlement du Jinn, résonnant violemment contre les parois de la cavité, lui ôta aussitôt tout espoir de terminer tout cela sereinement et, se relevant d'un bond, elle se mit à courir aussi vite qu'elle le pouvait, fuyant la créature qui l'avait repérée et immédiatement prise en chasse. Arc en dextre, sa senestre cherchant frénétiquement une flèche dans le carquois pendu à sa taille, elle n'osait regarder derrière elle avant de finalement glisser sur le sol, flèche encochée, pour ne percevoir que l'immense vide obscur une fraction de seconde avant que son esprit ne réagisse à l'absence d'ennemi. Instinctivement, elle leva les yeux et roula aussitôt sur le côté pour éviter de justesse l'assaut brutal du Jinn dont les épaisses griffes raclèrent le sol là où elle se trouvait un instant auparavant.

- Putain de bordel de merde !

Un juron à peine soufflée face à la situation désastreuse à laquelle elle faisait face, et elle se remit à courir, ses yeux furetant de gauche à droite pour trouver n'importe quoi pouvant lui donner un quelconque avantage face à une créature plus grande, plus forte, plus rapide et dans son environnement de prédilection. Le grognement qui fusa à ses oreilles lui glaça le sang et elle se jeta au sol, sentant brièvement un courant d'air passer à ras de sa tête alors qu'elle se retournai après sa roulade désespérée, mettant en joue la créature qui n'était qu'à un mètre à peine. La flèche partie comme prévu, mais ne fit qu'entailler le cuir apparemment dur de la créature qui s'était remise en mouvement bien plus vite que la jeune femme ne l'avait anticipée.

Les griffes passèrent si près de sa gorge qu'une légère entaille écarlate apparut sur la peau de la jeune femme qui bondit en arrière et heurta une stalagmite. La douleur cuisante dans son dos la fit gémir, mais elle se laissa tomber contre le pic rocheux pour éviter un assaut du Jinn avant de rouler hors de portée et de repartir en courant, cherchant désespérément un échappatoire des yeux, sans rien trouver en un laps de temps aussi court. Bien vite, une douleur sourde enfla dans son dos et elle chuta sans retenir un cri de douleur. Le Jinn lui avait lancé quelque chose de lourd dans le dos et elle n'avait rien vu venir. En chutant, ses affaires s'éparpillèrent, de même que ses flèches et elle rampa en gémissant, ses doigts tombant sur quelque chose. Elle raffermit sa prise dessus, reconnaissant le manche d'une arme quelconque qu'elle jeta en se retournant. Si la lame ne se planta pas dans la chair du Jinn, le choc du manche contre son œil le fit reculer en grognant de douleur.

Regardant autour d'elle, Hatsu ramassa en vitesse une flèche qu'elle encocha et, sans attendre, tira sur le Jinn. Le trait fila et se planta profondément dans l'épaule de la créature qui rugit de douleur. Ragaillardie par son succès, la jeune femme tâta le sol autour d'elle et tomba sur un autre objet qu'elle reconnut aussitôt. Elle hésita une seconde, puis un éclair de lucidité lui parvint. Elle lâcha son arc et porta l'objet à ses lèvres avant de souffler. Une douce mélodie s'échappa de la flûte et emplit la cavité, remplaçant les bruits du combat. Une mélodie douce qui attira sans peine l'attention de la créature. Hatsu s'en était souvenue uniquement en touchant sa flûte, mais les Jinn aimaient la musique. C'était même le seul moyen que les voyageurs avaient pour s'en tirer lors d'une de ces rencontres. Avoir la fibre musicale payait dans les situations les plus inattendues. Elle devait en jouer pour s'en sortir et c'est ce qu'elle fit, soufflant une douce partition ancrée dans son esprit. Un chant d'une grande douceur qui sembla plaire au Jinn qui dodelinait de la tête sans plus trop s'occuper de la jeune femme.

Celle-ci en profita et cessa d'user de sa flûte, la remplaçant par sa voix pour libérer ses mains. Une harmonie musicale et mélancolique, vieux chant appris dans ses années d'enfance qu'elle restituait à ce moment précis pour sauver sa peau. Sans cesser de chanter, elle ramassa ses affaires avec la plus grande précaution. Ce petit concert improvisé occupa suffisamment la créature pour que l'archère s'en éloigne légèrement et regagne l'avantage qu'elle n'avait pu exploiter ici : la discrétion. Lorsque sa voix mourut, la créature s'ébroua, sortant visiblement de sa transe et chercha des yeux la silhouette élancée de l'ynorienne qui s'était dissimulée parmi les ombres et les objets qui jonchaient la salle. Le hurlement du Jinn ne perturba pas une seconde la jeune femme qui porta la hampe de sa flèche jusqu'à sa joue couverte de poussière. Elle inspira lentement, bloqua son souffle puis lâcha son trait qui fusa et percuta violemment la créature à la base de la nuque. Elle tituba et manqua s'effondrer sous l'impact, se retenant pourtant.

(Coriace...)

C'était le défaut des flèches. Elles étaient mortelles, mais cela pouvait parfois prendre un peu de temps si aucun organe vitale n'était sévèrement touché. La jeune femme ne se découragea pas et encocha une nouvelle flèche, dont la hampe vint rapidement chatouiller sa joue. Elle tendit l'arc aussi fort qu'elle le put sans plus se soucier d'être vue. Le Jinn la repéra, hurla d'un cri qui résonna dans toute la cavité et lui fonça dessus. Il lui restait dix mètres. Hatsu inspira. Cinq mètres. Elle bloqua sa respiration. Deux mètres. La créature bondit avant que sa tête ne parte en arrière sous l'impact du trait qui se ficha entre ses deux yeux. Emportée par son élan, elle alla s'écraser derrière la jeune femme où elle resta, immobile. Prudente, Hatsu l'observa avant de s'en approcher. Aucun mouvement ne permettait de dire qu'elle vivait encore et les yeux ouverts, fixant le plafond de la cavité, lui suffirent. Elle s'assit en soupirant de soulagement avant de grimacer. Son dos était douloureux, sa gorge lui brûlait et sa tête la lançait à nouveau.

(J'ai besoin d'une pause... )

Et pourtant, l'envie d'explorer cette cavité fut la plus forte. Elle regorgeait de choses anciennes et Hatsu était persuadée d'y trouver quelque chose d'intéressant. L'espoir de trouver ce qu'elle était venu chercher enflant même dans son esprit.

Re: Les Monts Sanglants

Posté : sam. 19 sept. 2020 22:06
par Hatsu Ôkami
Se redressant péniblement, la jeune femme entreprit de récupérer ses flèches, jetant en un soupir celles qui étaient trop abîmées. Dans une autre situation elle aurait pu les garder pour en confectionner de nouvelles, mais elle ne voulait pas s'encombrer de superflu, même le plus léger. Qui pouvait savoir ce qu'elle allait trouver ici ? Son regard se perdit aux alentours et elle devait bien l'avouer, fouiller cette pièce allait être long et compliqué. Il y avait énormément de choses entassées, comme si des siècles d'objets étaient empilés çà et là, à mesure que les Segteks jetaient ici ce dont ils n'avaient pas l'utilité. Les indices qu'elle possédait sur le carquois étaient précis et l'avaient mené jusqu'ici, plus ou moins. Elle était persuadée d'être sous la fameuse passe, tout concordait. Mais rien ne lui permettait de savoir si l'objet était ici ou enterré quelque part dans les kilomètres de roches alentours. Ou même si quelqu'un d'autre s'en était emparé. Trop de possibilités en soi et la jeune femme soupira, quelque peu découragée par la soudaine tâche titanesque qui l'attendait.

(Instinct, Chasseresse.)

(Je ne vois pas en quoi cela m'aiderait... Il me faut des faits, pas de vagues suspicions. Autant chercher un grain de riz dans un champ de blé...)

(Concentration, Chasseresse.)

Elle grogna face à la réponse de l'esprit lupin qui ne l'aidait en rien et passa en vue les informations qu'elle possédait. Un carquois, certes, en peau d'écureuil que son ancêtre avait aidé à chasser. Le propriétaire était accompagné d'un loup et était mort dans une passe en affrontant une horde de Peaux-Vertes. Passe que Hatsu soupçonnait d'être juste au dessus de sa tête. Elle en était persuadée même. Mais cela n'allait pas l'aider à trouver un objet de la taille d'un carquois dans une cavité de cette taille. Si encore elle avait un moyen de repérer un objet magique ou ce genre de choses, mais non, elle n'y connaissait rien en arcanes ou en objets magiques et elle ne voyait absolument pas comment retrouver un objet de ce calibre au beau milieu de ce foutoir complet.

Elle arpenta un temps la cavité, fouillant l'immense salle naturelle du regard, s'attardant parfois sur un éclat ayant attiré son attention, mais sans vraiment mettre de cœur à l'ouvrage face à la tâche titanesque qui se dresse devant elle. Elle soupira et ses yeux vadrouillèrent à nouveau, cherchant davantage une sortie que l'objet de sa recherche. Elle devait retrouver Sirat et surtout Kraska, elle ne pouvait pas perdre des heures ici, même si cela voulait dire devoir y revenir plus tard. L'idée ne l'enchantait guère, mais elle doutait de sa capacité à fouiller un endroit de cette taille seule en un temps assez court pour assurer la survie de son compagnon de route Garzok. Alors qu'elle prenait sa décision et la direction des parois pour trouver une sortie, elle se figea et plissa les yeux, les sens aux aguets.

Lentement, elle tira une flèche de son carquois tout en se baissant pour poser son sac. D'un mouvement vif et parfaitement maîtrisé, elle se retourna en encochant sa flèche, mettant en joue une petite silhouette perchée sur un tas d'objets. La silhouette se figea, deux yeux brillant fixant avec crainte l'archère qui la tenait en joue sans aucune once de bienveillance dans le regard. Sans un mot, l'ynorienne tenait l'apparition soudaine en respect, les doigts retenant tout juste la flèche qu'elle se préparait à décocher au moindre geste suspect de ce qu'elle voyait comme une nouvelle menace. Dans la pénombre, elle reconnut la petite taille des Segtek, mais aucune cornes ne sortaient de sa tête dégarnie. Des haillons couvraient un corps frêle et visiblement chétif surmontée d'une grosse tête entourée de deux grandes oreilles semblables à des ailes de chauve-souris. Le segtek semblait se déplacer plus aisément en utilisant ses quatre membres plutôt qu'en se tenant droit et sa petite voix, à la fois fluette et rauque, fit froncer les sourcils de la jeune femme.

- Étrangère tué grands-pieds. Bigoal remercie étrangère. Bigoal gentil, oui, pas attaquer étrangère tueuse de grands-pieds.

- Qui es-tu ? Qu'est-ce que tu fais ici ?

- Bigoal est Bigoal. Bigoal vit ici. Ça être maison, mais grands-pieds méchant. Bigoal le fuir et maintenant Bigoal libre !

Face à la soudaine joie de la créature qui se mit à faire des bons de célébration, Hatsu resta un instant interdite, perturbée par une apparition aussi étonnante que celle-ci. Elle relâcha légèrement la pression sur la corde de son arc pour alléger la force s'exerçant sur son bras et fixa le segtek en attendant qu'il se calme. Ce qu'il fit soudainement, redevenant stoïque en une seconde à peine, comme si la joie qu'il éprouvait juste avant n'avait jamais existé. Il s'avança légèrement, mais Hatsu retendit sa corde, faisant se figer Bigoal, son visage prenant une expression paniquée alors que l'angoisse transparaissait dans sa voix.

- Gentil. Gentille étrangère. Bigoal pas méchant. Bighoal peut aider.

- M'aider ?

- Oui. Sortir. Cavernes dangereuses, mais Bigoal connaît chemin sûr, oui.

- Je ne peux pas sortir, j'ai des amis à retrouver... ça et un objet. Attends... Peut-être que tu peux m'aider ! As-tu vu un carquois fait en peau d'écureuil et qui ne s’abîme pas ?

Elle doutait un peu de pouvoir faire confiance à cette chose et doutait encore davantage de sa capacité à trouver un objet pour elle, mais elle se disait que tenter ne coûtait rien. L'expression d'incompréhension sur le visage de Bigoal la fit grimacer de déception.

- Carquois ? Bigoal pas connaître.


- C'est... Comme ce que j'ai à la ceinture, mais on dit qu'il a un pouvoir et qu'il reste intact.

- Oh ! Bigoal comprend. Étrangère suivre Bigoal, oui ! Bigoal trouver trésors et garder. Remercier étrangère, oui ! Suivre Bigoal ! Lui connaît le chemin !

Aussitôt, l'étrange segtek fit volte-face et se mit à foncer vers une extrémité de la salle, faisant de grands signes à une Hatsu aussi surprise qu'intriguée par ce que venait de dire Bigoal. Aurait-il reconnu de quoi parlait l'ynorienne ? Loin d'en être convaincue, mais néanmoins poussée par la curiosité et l'espoir d'enfin trouver l'objet de sa longue quête, elle prit la suite de l'étrange petite peau-verte qui semblait impatient de la guider. Pourtant, au fond de son esprit, elle restait méfiante. Il n'avait pas un seul instant montré une quelconque hostilité, mais elle ne parvenait pas à effacer ce sentiment d'inconfort qui la prenait aux tripes. Elle suivait le conseil de Sirat et restait vigilante, prudente, faisant confiance à son instinct qui, jusqu'à présent, ne lui avait jamais fait faux-bond. Pas une fois.

Silencieuse, elle suivit le segtek jusqu'à une ouverture dans la paroi. Elle n'était guère large, mais au moins pouvait-elle y pénétrer en avançant sur ses coudes, suivant le segtek chétif qui semblait bien plus à l'aise dans cet étroit corridor creusé à même la roche de la montagne. Le tunnel sembla continuer pendant ce qui semblait être des centaines de mètres et Hatsu commença à avoir mal aux coudes et aux genoux avant que le tunnel ne débouche finalement sur une salle creusée de taille respectable ou elle pouvait se tenir droite. Elle écarquilla rapidement les yeux devant le spectacle qui s'offrait à elle. Partout des bibelots, des objets, des armes, des armures ou des fioles, vides ou emplis de liquides aux étranges couleurs. Une véritable caverne au trésor qui, bien que moins fourni que l'immense cavité, était bien plus soignée et rangée et trouver son chemin ou un objet en son sein pouvait cette fois relever d'autre chose que du miracle.

Elle suivit le Segtek qui arpentait la salle, frottant ici un objet, caressant un autre du bout des doigts. Et alors que la jeune femme essayait de trouver parmi tout cela la chose qu'elle recherchait, il se tourna vers elle, affichant un large sourire qui ne plut absolument pas à l(archère. Ses dents pointues et ses yeux brillants d'impatience la mirent aussitôt sur ses gardes alors qu'il se frottait les mains.

- Bigoal peut aider étrangère, mais étrangère doit aider Bigoal. Étrangère peut prendre objet, mais Bigial veut goûter.

- Goûter ? Goûter quoi ?

- Bigoal veut goûter chair humaine. Bigoal faim...

Re: Les Monts Sanglants

Posté : dim. 20 sept. 2020 01:00
par Hatsu Ôkami
Le changement d'attitude du segtek prit Hatsu complètement au dépourvu. De calme et enjoué, il était devenu complètement fou. Son visage se creusait sous un sourire mauvais tandis que ses yeux jusque là pétillants luisaient d'un éclat maléfique. Sa langue presque noire passa sur ses dents découvertes avant qu'un cri guttural ne s'échappe de ses lèvres et qu'il ne se mette à bondir. Contrairement à ce que Hatsu imaginait, il ne lui fonça pas dessus, mais se rua plutôt vers le centre de la salle. Il prit un objet et fondit sur Hatsu qui comprit pourquoi il l'avait emmené ici au lieu de l'attaquer dans la salle immense. Ici il avait l'avantage, il connaissait chaque recoin et le plafond bien plus bas ainsi que la taille réduite de la salle lui conférait un avantage non négligeable. Consciente qu'elle n'aurait jamais le temps de manœuvrer correctement, elle fit la première chose qui lui passa par la tête et s'empara d'un objet qu'elle lança sur le gobelin. Il se contenta de sauter en direction du mur pour éviter l'attaque maladroite et repartit à l'assaut.

Hatsu eut tout juste le temps d'encocher une flèche que la lame de la hachette dont s'était emparé le segtek la frôla, l'obligeant à perdre un temps précieux à reculer. L’étroitesse des lieux l’empêchait de se mouvoir autant qu'elle l'espérait et partir en roulade risquait fortement de l'envoyer se cogner la tête contre un mur. Le Segtek, lui, était parfaitement dans son élément et ramassa une épée ébréchée, le regard fou et la langue pendante. Il soufflait comme un bœuf en plein soleil et de la bave dégoulinait sur ses haillons. Ses pupilles dilatées fixaient la jeune femme avec envie, presque désir, alors qu'elle le mettait en joue. Lorsque sa flèche partit, il se remit à bouger, évitant sans mal apparent le trait pourtant précis et se mit à courir sur le mur pour se jeter sur la jeune femme qui, surprise, n'eut d'autre choix que se jeter sur le côté pour éviter de finir découpée par les lames du segtek. Il était vif et incroyablement agile et était déjà sur Hatsu alors que celle-ci se redressait à peine après sa roulade.

- FAIM !!

La lame de la hachette de Bigoal s'abattit et mordit la chair de la jeune femme qui cria de douleur en sentant l'acier meurtrir son épaule. Peu affûtée, la lame n'atteignit pas l'os et la blessure, bien que douloureuse, ne l'handicapait pas suffisamment pour rendre son bras inutilisable, mais le choc et le poids du gobelin suffirent à faire tomber la jeune femme qui échoua sur le sol tandis qu'il se jetait sur elle. Elle eut à peine le temps de sentir le choc qu'une nouvelle douleur la fit hurler lorsque les dents du segtek se refermèrent sur son épaule déjà blessée. Il déchira sa chair, commençant à la dévorer. Assommée par la douleur, Hatsu mit une seconde à réagir suffisamment et tenta de frapper le segtek qui s'écarta vivement, la mâchoire couverte de sang. Son sang à elle, qui ruisselait également de son épaule jusqu'à ses doigts.

Elle se redressa, se mit à genoux, mais la douleur était atroce, son bras trop difficile à bouger pour user de son arc. Respirant difficilement, le front perlé de sueur et la vision brouillée, la jeune femme sentit la panique l'envahir. L'idée de se faire dévorer petit à petit la terrifiait bien plus que l'idée même de mourir. Il y avait des choses qui la terrifiaient bien plus que de finir sa vie, et cette peur-là, primaire, se répandit dans tout son corps comme un électrochoc. Elle se raidit, son souffle s'accélèra, de même que son cœur alors que le gobelin passa de nouveau à l'attaque. Elle ne réfléchit plus. Son corps se mut de lui-même instinctivement, cherchant à se préserver avant toute chose, à échapper à ce funeste destin que seules les proies connaissent : finir dévorer par les plus forts.

(Tu n'es pas la Proie.)

La voix de Loup, calme, s'infiltra dans son esprit. Elle l'écouta, se focalisa sur le grondement rauque provenant au cœur même d'elle-même.

(Tu es la Chasseresse)

Cela servait-il à la rassurer ? La faire réagir ? Elle se sentit moins perdue, davantage maîtresse d'elle-même. Pourquoi douter alors que sa vie était en jeu? Loup avait raison, elle n'était pas la proie, elle ne le serait jamais.

(Tue, Chasseresse ! TUE TA PROIE!)

Elle se fendit sur le côté, évitant l'attaque du gobelin qui la dépassa. Sans réfléchir davantage, elle ramassa un morceau de roche traînant au sol, arma son bras valide et l'envoya sur le gobelin qui se tournait vers elle. La pierre heurta avec violence le crâne du gobelin qui cria à son tour, le sang s'échappant de la plaie qui barrait son front. Sans attendre, Hatsu prit un objet sur sa droite et le lança aussitôt sur le gobelin trop occupé à se remettre de la douleur causée par la roche reçut sur son crâne. L'objet, une pièce d'armure, probablement une épaulière, le frappa dans une jambe, le faisant couiner avant qu'Hatsu ne jette un œil autour d'elle. Son regard s'attarda sur les restes d'une lance brisée. La pointe était vieille et la hampe brisée en son centre, mais elle n'en avait cure et s'en empara. Elle arma son bras alors que le gobelin, fou de rage se ruait vers elle. La lance, devenue javelot improvisé, fendit l'air et se ficha dans le torse du gobelin, l'envoyant au sol, le perçant de part en part.

La jeune femme se redressa et tituba jusqu'à sa flèche tombée au sol. D'un pas lent et incertain, elle la ramassa et s'avança jusqu'au gobelin agonisant qui crachait son sang sur la roche. Son sang à elle traçait un sillon dans son passage, mais elle l'ignora, se concentrant sur sa proie qu'elle jaugea d'un regard froid derrière ses cheveux tombant devant son visage. Aucune pitié dans son regard ou son esprit. Juste la froide détermination de tuer pour vivre, de tuer le plus faible pour être plus forte. Elle s'accroupit et, d'un coup sec, fit taire les sifflements de la respiration du gobelin. Sa flèche perça sa gorge, achevant d'éteindre la flamme de la vie dans un râle d'agonie. Elle lâcha le trait et recula avant de tomber en arrière, se rattrapant de son bras valide avant de chercher ses affaires des yeux.

Elle se traîna jusqu'à son sac, chercha fébrilement des bandages, puis dévissa le bouchon de sa gourde avant de verser sa potion la plus puissante dans sa gorge puis sur sa plaie. Elle ne retint pas un hurlement de douleur en sentant sa blessure guérir, ses chairs se refermer pour ne laisser qu'une blessure bien plus bénigne qu'elle s'empressa de bander après l'avoir badigeonné d'onguent. Alors seulement s’autorisa-t-telle un moment pour souffler, le dos appuyé à la paroi, ses yeux parcourant la pièce dans un dernier espoir. Ses prunelles sombres accroche une vision qu'elle n'aurait jamais pu imaginer. Elle ouvrit la bouche de surprise, puis se traîna, encore faible, jusqu'à l'autre extrémité de la pièce. Un carquois, semblable à ce qu'elle recherchait, était posé là, sans protection ni soin particulier, comme n'importe quel objet présent dans cette salle. Et pourtant, pourtant, il avait attiré son regard et toute son attention restait focalisée dessus. Elle tendit la main, espérant avoir finalement touché au but, avoir enfin l'objet l'ayant entraînée dans toute cette histoire, dans cette recherche insensée de la vérité et du passé. Le passé de la Chasseresse.

***

HRP : tentative d'obtention de la relique : Poche d'écureuil

Re: Les Monts Sanglants

Posté : mar. 22 sept. 2020 15:12
par Sirat
Ils avançaient dans le noir, seulement éclairé par la lumière de la torche qui se lézardait sur les murs ruisselant. La galerie devait bien faire seize pieds de large et tout autant en hauteur, ce qui finit par interpeller le zélote. Comment des êtres aussi petits que des sektegs avaient pu creuser une artère aussi importante et surtout dans quel intérêt. Un silence , juste coupé par le bruit de leur pas, pesait sur leurs épaules, tandis qu’ils pénétraient chaque fois un peu plus dans la moiteur des entrailles de la montagne.

Une brume étrange, presque vivante vint enlacer leur pied puis leur jambe. Épaisse, caressant leur muscle en alerte, elle semblait venir du bout du tunnel. Celui-ci les toisait comme un abysse infini d’où personne ne revient. Mais ils continuaient d’avancer avec la volonté sans faille de retrouver leur amie et surtout mué par l'impossibilité de rebrousser chemin.

Devant eux, s’extirpait de cette mélasse fuligineuse, une forme ovoïde de couleur jade fin presque transparent. Il était posé là, sur son trône de fumée. Ils s’en approchèrent lentement, un air frais leur frappa le visage, ils n’étaient plus dans la galerie, mais dans un espace bien plus grand. Ils n’y prêtèrent sur l'instant pas attention obnubilé par cet objet sortie de terre, agripper par des racines qui nervuraient sa base et se perdaient dans cette nébulosité blafarde qui avalait tout, jusqu’à leur pied qu’ils ne distinguaient plus.

Sirat approcha son visage de l’œuf et une forme squelettique, comme une antenne, à l’intérieur frappa le bord avant de disparaître. Surpris il se recula rapidement, le zélote lança alors un regard interloqué au guerrier garzok qui lui rendit. Le bruit de cette chose, cette esquisse, raisonna un instant dans l'antre avant d’avoir un écho. Un son multiplié, un cliquetis qui venait de partout et qui alla jusqu'a affolé les sens des deux aventuriers. Il venait de partout et les encerclait.

Très vite, ils comprirent que cela n’était pas un écho, mais plus une réponse irréelle à cette chose enfermé, voir plus à leur frère ou leur sœur. Une expression de frayeur traversa le visage de Kraska et lui fit levé la torche plus haut dans le ciel opaque et noir. Ils découvrirent alors entassés non pas un, ni des centaines, mais une grotte en coupole qui abritait bordé de sa brume marécageuse un océan de cocon verdâtre.

Une sueur froide traversa l’échine de l’humoran.

On doit retrouver Hatsu rapidement.

Murmura-t-il à son compagnon d'infortune.

Kraska opina de la tête, ils avaient compris qu’ils ne devaient pas rester là.
Le plafond était percé de stalactite qui eux-mêmes abritaient des poches entières de ces larves nimbées de leur coquille glauque.
Ils slalomèrent entre les lentes, agglomérées entre elles, recouvrant entièrement le sol. Des questions qui en soulevaient d'autres assaillaient l'esprit de Sirat. Si cela était des œufs qui les avaient pondus, où étaient les troglodytes, hormis celui de l'entrée, ils n'en avaient croisés aucun autre. Toutes ses interrogations ne trouvaient aucune réponse qui ne déclencha pas son instinct de survie. Il faisait froid, il avait chaud, ses muscles tenaient fermement son arme et son bouclier tandis qu'il traversait cette marée, pleine de grumeau vivant et luisant maintenant à clarté de la torche.

Finalement, ils trouvèrent une nouvelle galerie, tout aussi grande que celle qu’ils avaient quitté pour trouver cette pouponnière fétide. Ils s’engagèrent prestement sans se retourner.

Re: Les Monts Sanglants

Posté : ven. 25 sept. 2020 09:40
par Sirat
La brume se dissipa, tel un filet de soie que l’on étire, au fur et à mesure qu’ils s’éloignaient de l’incubateur qu’était devenue la grotte.

Ils débouchèrent dans un espace dallé. Ils venaient de quitter le sol chaotique des souterrains et abruptement leur pied avait tapé une forme aplanie et épuré de la moindre imperfection.

Ils sentaient bien, chacun individuellement, que l’endroit était devenu gigantesque. De part et d’autre, des rangées de colonnes en granit, sculpté d’ornement, se dévoilaient à la douce lumière de leur torche. Leurs faces pailletées étincelaient comme des diamants. Elles s’élevaient dans un ciel obscur et épais. Ils avancèrent de quelques pas dans cette nef dormante. Sirat s’approcha de l’un des pylônes pour inspecter les dessins. D’anciennes chamarrures, aux couleurs épuisées par le temps se découvraient sous ses yeux émerveillés. Une calligraphie ancienne, incompréhensible pour l’humoran s’étendait sur chacun d’eux, dansant avec énigmatique arabesque.

Certaines semblaient représenter un peuple, le visage barbu, en casqué qu’on aurait pu affilier au torkin. Un Etre gigantesque, déité aux corps humains, au bras multiples, irréelle de par sa stature et sa taille était représenté sur le haut des glyphes . Il semblait dominer chacune d’elle, comme des figurines, ses bras tentacules surplombaient ses petits hommes qui œuvraient dans des gravures rupestres. Son dessin s’effaçait avec les affres du temps, ce qui rendait la chose plus insaisissable, plus horrifiante. Sa bouche béante, gueule affamé avalant toute chose vivante se déformait de fissure et n’avait plus rien d’humain.

Le monde était ainsi, petit, minable, incapable de relier ce qu’enferme l’univers tout entier. Avec le Sans-visage, avec ces univers, avec Zewen Sirat esquissait à peine sa condition d’être inférieur, abandonnée sur une barque entourée d’un océan enragé et implacable. Le tout cosmique était bien plus grand, plus puissant que chacun d’eux, il en était persuadé et tout cela renforçait sa conviction. Ce temple était une célébration de ces puissances.

Le Zélote était perplexe, il voulut interroger la pierre, se faire espion du chaos, mais Kraska le héla d’un soupir. Il se ravisa et se rapprocha de son compagnon qui avait fait l’investigation d’une autre colonne juste à côté. Celle-ci avait été vandalisée, sauvagement, une forme avait été retaillée sur les hiéroglyphes. Cette forme l’humoran la reconnu, puisqu’il l’avait vu à l’extérieur et il l’avait déjà identifié juste avant la découverte de la grotte. Qui avait pu faire cela, quel ignorant, seul les sektegs stupides choses avaient osé cet affront qui énervai profondément l’humoran.

Ils reprirent leur route dans la crypte, les alignements de pierres se multipliaient, vertèbres par vertèbres, menant jusqu’au chœur. Ils suivaient cette colonne vertébrale arborant l’échine d’une catacombe logée dans cette excavation titanesque. Il n’y avait toujours pas signe de vie des kidnappeurs, ni de Hatsu.

Bien sur le Zélote pensait déjà à Zewen, et comme tout un chacun sur de son fait, argumentait des liens qui associait cette basilique cyclopéenne à son dieu. Mais il se garda d’en parler au garzok de peur de passé pour un fou et d’être incompris.

Ils abordèrent un autel, fait de marche ornementer et sculpté avec minutie. Un travail d’orfèvre qui avait dû prendre des siècles. Chaque dalle racontait une histoire et au sommet de cette pyramide, un caveau, enduit de feuille d’or et fait dans la pierre brute.

Des douves d’un liquide noir et épais entouraient la crédence. Dans des chéneaux, elles s’écoulaient du haut de ce pyré de roche, jusqu’à sa base. Puis, elles s’éloignaient dans l’église dormante et sa forêt de pegmatite et semblaient être le point d’orgue d’un réseau complexe de canalisation.

Kraska avec deux doigts se baissa et toucha l’étrange mélasse pour la porter à ses narines.

Je connais, c’est une sève qui vient des profondeurs et s’enflamme facilement.

Maugréa-t-il au zélote, une grimace sur le visage.

D’un signe de tête, Sirat le remercia et sans rien dire, reporta son attention sur le monument.



Hypnotisé par cette sépulture, Sirat monta les marches pour venir jusqu’à caresser le mausolée. Kraska lui, n’avait pas la même obnubilation pour le sarcophage et d’un cri étouffé pria l’humoran de reprendre leur recherche. Mais le Zélote comme tout fanatique était aveuglé par cette apparition. Il rengaina son fléau et son bouclier. Une saveur d’excitation, électrisait ses papilles. Il posa ses deux mains sur la stèle et se concentrant de toutes ses forces la poussa pour ouvrir le cénotaphe d’ocre et de cendre. La pierre tomba dans un bruit sourd qui se propagea dans l’impénétrable ténèbres du sanctuaire. Il essuya son front qui se perlait de sueur.
Kraska jura, devant ce qu’il jugeait comme un acte stupide et inconsidéré.

Une clameur explosa au loin, une acclamation portée par plusieurs cris, mais qui unis, ne représentait plus qu’un hurlement.

Sirat jeta un regard rapide dans le coffre de pierre qu’il venait d’ouvrir. Un casque d’un métal argenté y était entreposé, accompagné de pièce d’une armure ancienne, un plastron et deux gantelets finement décorées. Poussiéreux et recouverts de toile d’araignée, ils luisaient pourtant d’une obscure clarté. Mais déjà, la huée se rapprochait, anarchique horde dérangée dans son sommeil et qui fondait sur les deux voleurs.

Sirat merde, descend !

L’humoran attrapa l’artefact d’une main et jeta toutes les pièces dans son sac qu’il tenait de l’autre et se hâta de redescendre. La convoitise l’avait submergé, mais il ne pouvait pas encore admirer son larcin et devait attendre.

Un premier sekteg attaqua Kraska sortant de la nuit dans un saut rapide. Sur ses gardes, le guerrier fendit l’animal d’un coup violent et le laissa retombé inanimé sur les dalles de marbre. Un deuxième apparu derrière l’humoran qui n’eut le temps que de faire un vif demi-tour avec son marteau pour emporter la tête de son ennemi loin de son corps.

Mais il en surgissait encore, le rythme s’accélérait et bien loin de rester sur la même tactique la horde vociférant lançait maintenant de plus en plus de pions afin de faire tomber les deux intrus.
Kraska se démenait et Sirat frappait a tout va, mais il en revenait toujours plus. Les corps des troglodytes s’annoncelaient sur le sol ensanglanté, mais leur fièvre rageuse ne s’afaiblissait pas, l’obscurité était leur allié.
Sirat compris cela et après avoir pulvériser le thorax d’un petit ennemi d’un coup de fléau. Il descendit les dernière marche qui l’éloignait de Kraska.

Donne moi ta torche !

Cria t il en lui arrachant le flambeau des mains. Il n’hesita pas alors une seconde à le plonger dans le canal de plasma ébène. Il s’embrasa immédiatement et tout les aueduc de la crypte avec , dans un effet domino infernal. Tout la cathédrale s’éclaira et se parra de mille feu. Ces canalisation, nervuraient et irrigueaient toute la grotte.

Les sektegs hurlèrent et certains s’enflammèrent, créant un vent de pannique dans la horde. Ils fuyaient frénétiquement et ne s’occupaient plus de Kraska et de Sirat. Des torches surement alimentées par des cunettes de cette même mélasse, s’alumèrent en haut des colonnes. Ils pouvaient maintenant voir l’immensité de l’endroit. Des arcades s’étendaient à perte de vue. Le plafond était recouvert d’une toile de soie blanche, traversé par les arcatures qui se noyaient dedans.

C’est quoi ce drap ?

Demanda Kraska intrigué par cette vision incongrue. Alors que les derniers gobelins s’enfuyaient.
Sirat resta un instant à contemplé ce ciel couleur crème. Il observa alors, que celui était en mouvement, un bruissement rapide se rapprochait au-dessus de leur tête.

Ce n’est pas un drap !

S’écria-t-il horrifié.

Au même moment le ciel ivoire se déchira pour en sortir une forme arachnide géante, s’écroulant sur le sol, projetant les deux aventuriers à terre. Elle devait bien faire quatre mètres de haut et pesé au bas mots plusieurs centaines de kilos. Son corps ronds et disgracieux était oint d’une fine pellicule lumineuse et suintante. Ces huit pattes velues, étaient ornés ainsi que le reste du corps de pointes d’acier acérées. Sa couleur pourpre et cramoisie, laissait ressortir une dizaines d'yeux citréens, tous fixant leur nouvelle proie. Deux mandibules, baveuses d’une salive acide qui s’égouttait sur le sol dallé, claquaient frénétiquement toutes excités qu’elles étaient de pouvoir dévorer les deux impudents.

Re: Les Monts Sanglants

Posté : mar. 6 oct. 2020 04:41
par Sirat
La bête se dressait devant eux. Chacun de ses yeux scrutait les deux aventuriers qui se relevaient hébété par ce qui venait de se passer. Une première patte les visa et Sirat n’eut le temps que de pousser Kraska et de rouler afin d’éviter le coup qui brisa les dalles de pierres ou ils se trouvaient. Sirat, arme en main se redressa, bouclier dans l’autre et attaqua, fiévreusement, il esquiva une deuxième patte et ses piques acérés et se glissa juste en dessous pour frapper l’arachnide. Elle recula une stridulation méfiante au bord des mandibules. Cet être hirsute, armé de son marteau, avait étrenné sa carcasse et elle n’avait pas apprécié. Elle cracha alors un jet de toile blafard sur l’humoran qui se protégea avec son bouclier. Celui-ci fut tout engluer et l’araignée commença à l’attirer vers lui. Le zélote résistait, mais refusait de céder sa rondache. Ses pieds se crispaient et glissaient sur le sol, alors qu’il tentait de toutes ses forces de contrer l’attraction. Kraska s’était relevé et voyant la scène hurla à Sirat de lâcher son arme. Mais il n’démordait pas, la sueur perlait sur son front, il ne céderait rien. Pris aux pièges de l’arachnide, il ne vit pas l’un des épieux épointés se dresser au-dessus de lui, pour le fendre. C’est Kraska, qui comprenant la scène, attrapa sa lame et fondit sur une des pattes pour la frapper. L’acarien géant n’eut pas mal, mais le coup offrit une diversion suffisante pour que l’humoran l’emportât et tombant sur son séant, vit la hallebarde tranchante s’écraser entre ses jambes.


Il essuya l’eau qui perlait sur son cou, se leva. La mygale s’était retourné et se dirigeait maintenant vers un Kraska qui reculait et tenait son épée des deux mains en guise de simple rempart. Sirat se concentra comme sur Escarolth la terre alentour semblait vibrer, mais le diapason cette fois était son cœur. Un frémissement le parcourut et il sut que son sort était prêt. Entre les joints des dalles, de la glaise originelle s'extirpa. Comme doter d'une âme propre, elle s'amoncelait et devenait une masse informe aussi grande que le Zélote. De cette argile un double de lui se créa, un doppleganger, lui ressemblant dans chaque trait. Il jeta alors une pierre sur l’abdomen de la bête et courra ensuite se cacher derrière une colonne. La tarentule d’un geste projeta Kraska au loin qui s'écrasa lourdement presque inconscient puis elle fit volte face. Elle s’approcha, sans se douter du subterfuge, de la statue et la frappa violemment ce qui la fit exploser. Étourdie, elle ne vit pas le zélote surgir et l’attaquer d’une double frappe rapide et puissante visant la face. Le coup avait fait mouche et elle roula sur elle-même poussant un cri aigu. Mais l’énergie dépensée pour la botte ne permit pas à Sirat d’éviter une des pattes qui alla loger ses piques dans son thorax, crevant en deux l’armure des Harpies. Un sillon de sang s’était créé, rien de vital, mais celui-ci aurait été mortel sans le plastron qui avait été sacrifié.

Re: Les Monts Sanglants

Posté : jeu. 8 oct. 2020 22:31
par Hatsu Ôkami
Double huitaine

Lorsque la jeune femme posa la main sur l'objet, elle se sentit aussitôt emplie d'un sentiment de victoire et de soulagement. Doucement, comme si elle tenait un vase fragile, elle s'empara du carquois et l'examina. Il ne semblait avoir rien de particulier à première vue. Pourtant la peau qui le constituait semblait avoir gardé une jeunesse malgré sa probable longue période enfouie sous terre. Pas une anicroche, pas le moindre défaut dans la couture de l'objet qui ravissait Hatsu. Il était simple, certes, mais il était unique. En l'examinant davantage, elle put lire une inscription sur le côté, écrit dans la langue de son peuple, lui faisant hausser un sourcil. Elle parcourut l'inscription des doigts, son cerveau traduisant au fur et à mesure.

- Un carquois pour les contenir toutes... Ce serait vraiment..

A la fois interdite et subjuguée, elle jeta un œil à l'intérieur et aperçut un objet qu'elle fit rouler. Une petite pierre tomba dans sa main et un sourire orna le visage de l'ynorienne. Une rune avait visiblement passé un moment dans le carquois. Elle s'empressa de la ranger avec les autres qu'elle possédait. Puis vint l'heure de vérité. Elle devait en avoir le cœur net. Elle retira son carquois de sa ceinture pour le remplacer par celui qu'elle venait de trouver avant d'y déposer une flèche. Elle attendit, sans trop savoir quoi avant de la retirer et la décocher vivement. Elle porta aussitôt la main à son carquois et un sourire ravi se dessina sur son visage avant qu'elle ne baisse des yeux écarquillés. Le carquois était plein, remplies de flèches d'une qualité indiscutable. Elle en examina l'empennage et en testa l'équilibre avant de presque sautiller de joie. Enfin, elle avait trouvé !

- Oui, oui, oui !

(Chasseresse hystérique...)

(Tu ne peux pas comprendre Loup. C'est un trésor que j'ai à la hanche, un vrai trésor ! J'ai hâte de le montrer à ma famille!)

Le soupir ennuyé de Loup ne put contenir la bonne humeur de la jeune femme qui, malgré la douleur de ses blessures toutes juste guéries, ne pouvait contenir son enthousiasme. Ses yeux se posèrent pourtant sur le corps de l'étrange gobelin et la joie déserta le visage de la jeune femme qui revint au présent. Elle s'ébroua et, malgré la satisfaction qui emplissait chaque parcelle de son corps, elle savait qu'elle devait se bouger et retrouver ses deux compagnons au plus vite. Elle avait ce qu'elle était venu chercher, oui, mais elle n'était pas pour autant tirée d'affaire. Elle fouilla rapidement la salle aux trésors de Bigoal, trouvant tant de choses qu'en emporté une simple fraction lui serait impossible. Après une courte, mais intense, réflexion, elle s'empara d'une paire de gants longs qui semblaient en cuir et les fourra dans son sac, se promettant de les examiner plus tard. Puis elle se dirigea vers la sortie de la pièce.

Le boyau qui la ramena à l'immense salle l'obligea de nouveau à ramper en émettant des soupirs de frustration. Elle détestait sincèrement ce genre de galeries, et encore plus en imaginant quelqu'un soudainement surgir en lui bloquant la sortie. Fort heureusement, rien de tel n'arriva et elle s'extirpa de l'étroit tunnel avec autant de bonheur que lui permettait la situation. Elle s'étira, sentant ses os et ses muscles demander du repos, mais elle était loin d'avoir un tel loisir et se remit à examiner la salle. Le Jinn n'était pas arrivé ici tout seul, il y avait forcément une sortie et la jeune femme se mit à longer les murs, espérant voir un sortie quelconque. Il lui sembla passer un long moment à chercher avant de finalement tomber sur un autre boyau qui montait. Rien à voir avec la pente glissante qui l'avait précipitée ici, mais, si s'y faufiler était plus simple que le tunnel précédent, elle allait tout de même avoir un problème avec la pente, bien trop raide pour y marcher normalement.

(Oh je sens que je vais détester ça...)

Elle s'engagea dans le boyau, plaqua son dos d'un côté et ses jambes de l'autre. Elle avait passé son sac et son arc sur son torse et, petit à petit, elle commença à grimper en poussant sur ses jambes d'un côté, et en s'aidant de ses mains de l'autre. Il ne lui fallut pas plus de cinq minutes pour être en nage et maudire l'entièreté des créatures vivant dans ces galeries. Le ricanement de loup exaspéra un peu plus la jeune femme qui, après ce qu'elle estimait être une bonne demi-douzaine de mètres, fit une pause pour essuyer son front couvert de sueur. En levant les yeux, elle aperçu son ouverture de salut et, inspirant pur se donner du courage, grimpa petit à petit le reste du boyau pour basculer dans un autre plus large et, merci Rana, horizontal. Elle resta quelques instant sur le dos, s'autorisant une pause plus que bienvenue. Ses jambes la lançaient et son dos allait visiblement lui demander de rester allongée une fois ses muscles refroidies.

(Je vais finir plus courbée qu'un ancien atteint de rhumatismes si ça continue...)

Se faisant violence, elle se redressa et avança vers l'autre extrémité du tunnel, dans une obscurité presque totale et une étrange sensation d'être sur un tapis mou et collant. Elle pesta en se souvenant de sa torchée totalement consumée dans la salle-décharge et tata le sol avec sa main gantée. Elle fut surprise de sentir la roche sous une impressionnante couche d'une matière presque élastique et collante. Elle en arracha une partie et l'approcha de son visage. Elle se surprit à la renifler, faisant ricaner l'esprit lupin qui l'accompagnait, avant de constater que cela ressembler à de la soié très épaisse.

- C'est quoi cette histoire ?

Elle releva soudainement la tête, une lueur attirant aussitôt son regard. À plusieurs dizaine de mètre, quelque chose éclairait suffisamment pour la laisser entrevoir la sortie de ce tunnel. Sans plus attendre, elle se mit à avancer en lâchant le fragment de l'étrange soie blanche. Silencieuse, elle approcha et examina une scène qui lui fit écarquiller les yeux de stupeur. Entourée d'une nappe de flamme dont l'origine lui était inconnue, une étrange pyramide occupait l'espace d'une large cavité où, à la plus grande horreur de la jeune Ynorienne, se tenait une araignée d'une taille colossale. Même si elle lui tournait le dos, Hatsu pouvait entendre le cliquetis de ses mandibule et voir ses nombreuses en action, attaquant deux silhouettes étrangement familières.

- Kraska ! Sirat !

Sa voix, malgré la réverbération de la grotte ne sembla pas les atteindre et ce fut avec horreur qu'elle vit le corps de Garzok être violemment projeté tandis que l'Humoran faisait vaillamment face, seul. Encochant une flèche, elle sauta hors du tunnel, retombant deux mètres plus bas en grimaçant, ses jambes lui renvoyant des picotements de douleur. Contournant l'imposante pyramide entourée de flamme, elle se rua vers son camarade garzok qui, par miracle, bouge encore. D'une roulade, elle évite les pattes de l'araignée qui cherche à attaquer Sirat en bougeant ses appendices, rendant l'approche délicate, bien que possible puisque l'animal ne semblait pas avoir remarquée la jeune archère. Cette dernière s'accroupit auprès de Kraska qui, bien que blessé et visiblement fatigué, s'en sortait bien.

- Joli vol plané. Tu peux te lever ?

Le Garzok s'étrangla en lâchant un rire douloureux, mais acquiesça et, aidé par la jeune femme, se releva. Sa lame d'emprunt avait volé un peu plus loin et il alla la récupérer, Hatsu visant l'araignée géante. Malgré quelques tirs, aucun ne parvint ne serait-ce que percer l'épaisse carapace chitineuse qui la protégeait.

- Merde... Faut que je vise les yeux...

Plus facile à dire qu'à faire vu les mouvements chaotiques de la créature qui combattait l'humoran. Ce dernier semblait visiblement apte à lui coller la rouste de sa vie et Hatsu ne put qu'être impressionnée par la dextérité et la force de Sirat. Il n'avait visiblement pas l'intention de laisser l'araignée faire sa loi et la jeune femme, plutôt que porter un coup fatal à la créature, préféra utiliser sa relique nouvellement acquise à son plein potentiel, afin d'en tester les limites, si toutefois elle en avait. Ssprendre le temps de viser correctement, elle tira encore et encore sur la tête de la créature, la harcelant sans relâche de projectiles plus énervant que réellement dangereux. Le but était surtout de trouver une ouverture ou d'en créer une pour l'humoran. Elle espérait qu'il comprendrait son manège et en joue au maximum pou profiter de l'occasion d'en finir avec cette horreur.

Re: Les Monts Sanglants

Posté : ven. 9 oct. 2020 12:37
par Sirat
Alors que Sirat constatait les dégâts et que l’araignée géante s’apprêtait à renouveler son attaque. Un trait fin frappa sa carcasse, puis un autre. Un sifflement distinct d’une flèche se fit alors entendre avant de frapper un des yeux de la monstruosité. Celle-ci s’arrêta net en hurlant un cri strident qui fit tressaillir l’humoran. Près de Kraska était apparu la jeune archère et elle arrosait la bête de ses flèches. Elle lui donnait du temps. Mais très vite l'animal comprit comment éviter les tirs et s'en prémunir.

Elle se dirigeait vers le garzok et l’humaine bien décidé à en finir. Le zélote ne pouvait laisser faire. La jeune ynorienne venait de le sauver et Kraska aussi. Son cœur battait dans sa poitrine, ses artères bouillonnaient de la magie qui s’infiltrait par chaque parcelle de sa peau. Il leva la main et l’arachnide trébucha, s’emmêlant entre ses pattes. Elle tenta de se relever, mais semblait désorientée. Le sol se confondait maintenant avec le plafond, la droite n'était plus si droite et ses sens l'abandonnait. Sirat la rattrapa et d’un violent coup de marteau la renvoya à quelques mètres du couple.

Le sort n’avait durée que quelques secondes, mais avait laissé le temps à l’humoran de la frapper. Elle se redressait maintenant plus puissantes et plus en rage que jamais. Elle avait retrouvé ses esprits. Une première lance se perdit à quelques centimètres du Zélote qui venait de l’esquiver. Mais une deuxième patte manqua de le décapiter.

Fatigué par ses sorts successifs, il se savait en sursis. Il n’avait pas encore récupéré pleinement toutes ses capacités. Il essuya la sueur sur son visage avec son avant-bras. Il analysait chaque faille, tandis qu’il dansait autour de l’insecte qui ne cessait de l’attaquer. Il ne pouvait plus suivre, chaque fois, les lames se rapprochaient de lui. Elle carressait heureusement son bouclier.

Cacher vos yeux !!

Cria-t-il aux deux autres aventuriers. Il leva alors son marteau vers le ciel et un puissant jet de lumière aveuglant transperça l’espace. L’araignée grognait tout en se recroquevillant. Elle ne voyait plus rien.

Sirat soufflait, ses poumons brulaient. Il devait en finir vite. Il se concentra fit appel à la dernière ressource magique qu’il avait au fond de lui et frappa le sol avec son marteau.

Des tréfonds de la terre, des stalagmites d’argile et de pierre sortir du sol pour pourfendre la bête. Elle fut littéralement transpercée de part en part. La douleur lui arracha un beuglement qui s’envola dans le temple alors que sa tête retombait, bavant et encore vivante.

La bestiole couinait, tout en se vidant d’un liquide verdâtre et jaune par ses plaies. Elle souffrait, il le ressentait et ne pouvait la laisser ainsi.

Sirat approcha doucement et avec respect, souleva une dernière fois son arme, pour la mise à mort. Le choc fut terrible. Le crâne couvert des yeux de l’araignée explosa sur le coup, se rependant sur le sol dallé en une multitude de petite bille pale nageant dans une mélasse carmin.

Il se retourna épuiser vers ses deux compères un sourire satisfait aux lèvres.

Si on sortait.

Fit-il en titubant. Il prit un instant pour retrouver ses esprits.

Faudrait manger un truc aussi, j’ai une faim de loup.

Re: Les Monts Sanglants

Posté : ven. 9 oct. 2020 16:02
par Hatsu Ôkami
Les yeux fixés sur la bête, Hatsu ne put s'empêcher de l'étudier malgré le danger. Ses huit yeux de tailles différentes luisaient dans la semi-pénombres, surmontés ses mandibules acérées qui cherchaient à pourfendre l'humoran qui dansait avec elle. De ses immenses pattes articulées et couvertes de poils sombres provenaient des crissements lorsque la chitine raclait férocement la pierre. Puis ce fut un hurlement strident qui emplit l'air lorsque l'une des flèches de la jeune femme percuta un des yeux de la créature. Celle-ci darda ses huit billes noires vers Hatsu et avança vers elle. Jurant, l'archère continua ses tirs qui avaient autant d'effet que de lancer des graviers sur une muraille. Elle recula, percutant Kraska qui s'avançait, prêt à en découdre de nouveau malgré sa respiration sifflante.

Pourtant, sous les yeux ébahis de l'ynorienne, l'araignée trébucha et sembla soudainement désorientée, incapable de s'orienter correctement et Hatsu et son compère Garzok en profitèrent pour se repositionner, lui faisant barrage devant la jeune femme qui recommença à tirer sur la bête. Sirat, lui, fonça sur la créature et lui asséna un violent coup de marteau qui la repoussa, attirant un sifflement admiratif du Garzok qui avait visiblement envie d'en découdre sans pour autant vouloir quitter sa position de défenseur improvisé. Bien lui en prit lorsque l'araignée, folle de rage, attaqua l'humoran qui avait osé la frapper ainsi. Rapidement, la mêlée devint confuse et Hatsu hésitait à continuer de tirer à l'aveugle de peur de toucher Sirat alors que la tête de la bête était à son niveau.

- Cachez vos yeux !

La vois grave de l'humoran emplit la salle et, sans demander son reste, la jeune femme tourna aussitôt la tête. Elle put voir les reflets d'une puissante lumière jaillir d'elle ne savait où avant qu'elle ne s'estompe. Prise au dépourvu, l'ynorienne ne put que constater que l'araignée, aveuglée, commençait à battre en retraite, se recroquevillant sur elle-même. Sirat n'eut cependant pas l'envie de la laisser partir et, jaillissant du sol, une forêt de stalagmites transperça la bête qui hurla de douleur, les pointes rocheuses rapidement recouvertes d'un épais liquide. La bête mourrait et, dans un dernier effort, Sirat leva son marteau, fracassant la tête de l'horreur arachnéenne qui hantait ces grottes. Le silence se fit enfin et Hatsu, les bras endoloris, baissa son arme tandis que Sirat approchait, le front couvert de sueur et la respiration sifflante, mais un sourire satisfait sur le visage

- Et si on sortait ?

- Pas besoin de me le dire deux fois.

La jeune femme lui renvoya un sourire à mi-chemin entre le soulagement et le remerciement. L'humoran tituba quelque peu et Hatsu tendit le bras dont il n'eut pas besoin, se reprenant visiblement bien vite avant d'annoncer qu'il avait une faim de loup. Cela tira une moue amusée à l'archère tandis que Kraska approuvait d'un grognement. Elle fixa un instant la carcasse géante de l'araignée mais se détourna bien vite. Elle ne souhaitait guère tenter l'expérience et même Kraska, pourtant loin d'être difficile, ne semblait pas prêt à essayer lui-même. Il leur fallait donc sortir pour préparer un campement et se nourrir comme il se devait.

Laissant à ses deux compagnons le soin de se reposer, elle étudia la salle et finit par dénicher une sortie différente, Kraska ayant affirmé que l'autre menait uniquement à l'éboulement provoqué par Sirat et qu'ils ne pourraient pas passer par là. Elle examina rapidement le tunnel et appela ses compagnons avant de prendre la tête du trio retrouvé. Les boyaux s'enchaînèrent les uns avec les autres et, à part une rencontre avec une créature au crâne conique qui s'enfuit à toute allure, ils ne rencontrèrent rien de plus avant de finalement sentir la fraîcheur du dehors. La jeune femme s'extirpa la première, dardant son regard dans les environs puis, assurée de la tranquillité des lieux, informa ses camarades qui sortirent à leur tour.

Le temps était radieux malgré la fraîcheur et le soleil déjà bien haut dans le ciel témoignait de la durée de leur escapade involontaire dans les cavernes souterraines. Désireux de mettre le plus de distance entre eux et cet endroit, Kraska les força à avancer jusqu'à une zone plus basse où ils se restaurèrent brièvement avant de repartir, encore plus bas. Ils évitaient toute discussion inutile, la montagne renvoyant sans mal les sons et l'écho risquait d'attirer créatures ou sous-fifres d'Omyre. Ils se firent discrets jusqu'au soir où, collés à un promontoire rocheux, ils purent enfin monter le camp et installer un feu sur lequel Hatsu posa une marmite qu'elle commença à remplir, sous les yeux impatients des deux ventres sur pattes qui l'accompagnaient.

- Bon, maintenant qu'on a le temps, comment vous êtes tombés sur cette satanée araignée ?

- Par malchance, on a même croisé une salle entière remplies d'œufs. Immonde.

Hatsu frissonna, tout aussi dégoûtée que le Garzok. Elle se mit à son tour à raconter son séjour, sa rencontre avec le Jinn charmé par sa flûte, ainsi que l'étrange segtek qui gardait nombre de trésors auprès de lui. C'est ainsi que, un sourire aux lèvres, elle brandit son carquois, laissant les deux autres y jeter un œil.

- J'ai encore du mal à croire que je suis parvenue à le trouver, même si ça n'a pas été de tout repos. Merci à vous Sirat. Je doute d'avoir été capable de sortir de ces souterrains sans vous. Cette araignée nous auraient dépecés sans difficulté. Vous êtes un sacré guerrier, c'est certain.

Elle lui sourit sincèrement, lançant un regard narquois à Kraska qui se renfrogna dans son coin, visiblement atteint dans son ego par son statut de Garzok en détresse dans une partie de cette expédition au cœur du royaume souterrains. Le repas fut rapidement et goulûment avalé par chacun et, après avoir distribué les tours de gardes, Hatsu regarda ses compagnons s'allonger et, malgré la fatigue, resta alerte suffisamment longtemps pour que Kraska la réveille pour prendre son tour. Ce fut avec soulagement qu'elle put enfin s'étendre pour profiter d'un repos bienvenue et mérité.

Re: Les Monts Sanglants

Posté : sam. 17 oct. 2020 17:23
par Sirat
La jeune femme lui renvoya un sourire, qu’il copia. Puis elle se mit en chasse d’une sortie. Seul avec le Garzok, Sirat s’écroula sur le dos contre une colonne et se laissa glisser jusqu’au sol. Kraska s’approcha de lui et monta la garde sans rien dire, laissant en suspens les questions qu’il se posait au sujet de l’humoran. Ce genre de situation se passait de mot et la fierté des deux hommes leur empêchait de parler, même si chacun d’eux comprenait ce que disait l’autre avec son silence.

Cet aparté d’amour-propre fut coupé par la jeune archère qui avait trouvé une artère qui pouvait se révéler être une sortie.

Sirat se redressa et reprit la marche. Il restait silencieux, il était saoul de fatigue. Mais avec abnégation, il suivait son guide. Finalement, ils s’extirpèrent de la montagne. Le soleil, haut dans le ciel, brillait, mais ne parvenait pas à réchauffer une atmosphère montagnarde.

Cette fraîcheur, frappa l’humoran et le requinqua le temps de la descente. Hatsu, heureuse et volubile se mit à raconter son aventure. Sirat écouta en silence un sourire aux lèvres. Elle avait trouvé son artefact et le montrait fièrement.

Le zélote était content, il avait finalement pu l’aider dans sa quête et réaliser le destin de cette jeune fille. Il se doutait bien qu’un jour cette petite ingénue deviendrait une archère renommée.

Il félicita Hatsu et continua de suivre, somnolent. Ses jambes tremblaient, mais elle continuait de descendre la pente. La journée s’écoula lentement, il restait léthargique, suant malgré le froid qui les enveloppait.

Ils arrivèrent finalement près d’une rivière où ils jetèrent leur dévolu sur un emplacement au sec et propice à une nuit de repos.

L’humoran se laissait porter. Les sons lui paraissaient être des bourdonnements. Il dormait quasiment debout. Il laissa ses deux compères monter le camp. Il se réchauffa près du feu, que le garzok avait fait. Il mangea le gibier que l’archère avait préparé, avec foracité. Mais toujours dans un mutisme complet. Il ne répondait que par des sourires ou des signes de tête ensommeillé. Après avoir bien mangé et bien bu, il demanda le dernier tour de garde et sombra dans une torpeur dont plus rien ne pouvait l’en extirper.

Quand on vint le réveiller, il allait déjà mieux. Sa tête était moins lourde et le froid de la nuit le vivifiait. Il se leva et s’étira tout en prenant sa garde. Seul, dans la nuit qui s’étirait et devenait plus claire, il sortit sa trouvaille. Il avait été comme aimanté par l’hôtel et il avait dérobé ces objets. Les pièces d’armure luisaient légèrement. Il entreprit de les nettoyer. Le casque était en forme d’ogive, deux cornes métalliques en sortaient au niveau du regard et se rejoignaient sur l’horizon. Il le plongea dans l’eau du ruisseau.

Le poitrail formé de deux épaulettes en plate se joignait sur un filet de maille et de plaque de cuir résistant. Sirat observa le plastron des harpies éventré avec une moue de dépit. Deux gantelets couleur argent s’offrait comme troisième présent en sortant de l’eau.

Sirat retira le plastron et ses gants pour s’habiller avec cette armure. Il déposa le casque sur sa tête. Tout lui allait à merveille. La cuirasse était légère, mais semblait tout aussi solide. Il bougea lentement afin d’apprécier chaque mouvement. Il se jaugeait en regardant son reflet dans la rivière.

Le matin se levait, il jeta un regard en arrière empreint de nostalgie sur le campement. Hatsu dormait et non loin d’elle le Garzok aussi. Il avait apprécié accompagner ses deux-là, mais leur route s’arrêtait là.

Il déposa ses affaires, le plastron déchiré et ses vieux gantelets dans le sac. Il attrapa le reste de son barda. Il traversa le cours d’eau, éclairé par les premières lumières du jour, sans se retourner et plongea dans la forêt de sapins qui se trouvait en face.
hrp : lien vers une image de l'armure : https://cdn.discordapp.com/attachments/ ... armure.jpg

Re: Les Monts Sanglants

Posté : mar. 22 déc. 2020 11:32
par Hatsu Ôkami
Un dernier signe

- Fulminer pendant des heures ne va pas changer la situation.

Le regard noir que lança Hatsu au Garzok lui fit lever les bras en geste d’apaisement, mais le guerrier n'ajouta rien de plus pour tenter de calmer la mauvaise humeur de l'archère qui ne décolérait pas depuis son réveil. Mauvaise humeur dû au départ silencieux de l'humoran qui avait tout bonnement disparu pendant qu'ils dormaient tous les deux. Si au début Hatsu avait craint pour la vie de Sirat, elle avait vite compris que ce dernier était simplement parti au beau milieu de la nuit en les laissant derrière et cela la mettait en rage. Elle avait l'impression d'être rien de plus qu'un poids abandonné sur le côté de la route et l'impression ne lui convenait pas du tout. Kraska avait beau dire qu'il était parti car sa mission était accomplie, l'ynorienne se sentait touchée dans son ego, et toutes les belles paroles du monde n'auraient pas pu lui faire entendre raison.

Après ce réveil quelque peu colérique, les deux comparses avaient pris la direction de l'ancienne cité d'Asterok. Hatsu ayant trouvé le fameux carquois, elle projetait de retourner à Oranan dont les toits pointus et la bonne nourriture lui manquaient. Elle pensait à sa famille et ne souhaitait pas les inquiéter plus longtemps puisqu'elle avait trouvé ce qu'elle était venue chercher. Kraska comprit parfaitement et se décida à l'accompagner jusqu'à ce qu'ils arrivent à la cité en ruine où il se poserait quelques temps, à la fois pour se reposer et veiller aussi sur l'enfant qui avait été confié aux quelques âmes vivant sur place. L'idée de voir le garzok s'occuper d'un bébé amusa la jeune femme qui se garda bien de tout commentaire lorsque son sourire moqueur fit grogner le guerrier aux muscles noueux. Le voyage jusqu'à la cité étant censé durer plusieurs jours, il s'acharnèrent à mettre une bonne distance entre le lieu de leurs récents déboires et eux, ne s'arrêtant qu'à la nuit tombée. Hatsu n'avait aucune envie de retomber sur ces segteks aveugles et encore moins sur une autre de ces araignées géantes dont les œufs tapissaient apparemment le sol d'une caverne entière.

- Étonnant qu'elles ne soient pas en surnombre au vu de la quantité d’œufs qu'on a vu.

- Les bébés araignées ont tendance à se dévorer entre eux, quand ce n'est pas la mère qui le fait. Il ne doit pas y avoir beaucoup de survivants quand ils éclosent tous.

Le visage de Kraska se para d'une grimace de dégoût, probablement autant à l'idée d'une araignée en dévorant une autre que de l'idée de voir des centaines d’œufs écorent pour vomir leurs abominations à huit pattes. Hastu, elle, ne cessait d'examiner son carquois encore et encore, comme si elle avait du mal à croire qu'elle avait réellement mis la main sur un tel objet. Même s'il ne payait pas de mine au premier abord, la finesse des coutures, l’ergonome et le poids de l'objet étaient on ne peut plus aboutis, même s'il fallait observer l'objet pour s'en rendre compte. Aux yeux de n'importe qui de peu observateur, ce n'était qu'un carquois fait en peau, loin d'attirer les passions à première vue, ce qui convenait à la jeune femme. Elle n'avait nulle envie d'attirer voleurs et chercheurs de trésors à elle, les seconds pouvant être encore plus vils que les premiers si le jeu en valait la chandelle.

- T'en n'as pas marre de regarder ce truc ? Il n'a pas changé depuis la dernière fois.

- Tu ne peux pas comprendre. C'est un objet unique au pouvoir incroyable !

- Pfff... ça ne vaut pas une bonne hache.

L'archère lança un regard navré au garzok avant de secouer la tête de dépit face à la vision pour le moins étriquée de son compagnon de voyage. Tout le monde ne pouvait saisir l'intérêt d'un tel objet, visiblement... Ledit carquois battant sa hanche, Hatsu continua de marcher aux côtés de Kraska jusqu'à la cité d'Astérok, prenant le même chemin qu'à l'aller, à travers la neige, le froid et le vent parfois glacial qui prenait la jeune femme jusqu'aux os malgré son manteau. Kraska, comme à son habitude, semblait se ficher complètement des températures, au point qu'Hatsu se demanda s'il ressentait quelque chose, allant jusqu'à l'envier un peu alors qu'elle grelottait, recroquevillée sur elle-même près du feu pour tenter de se réchauffer alors que le guerrier ronflait comme un bienheureux à côté.

Le voyage dura quelques jours, puis les premières ruines de la cité furent en vue et les deux compères surent que le voyage touchait à sa fin pour l'un d'eux, au moins pour un temps. Hatsu profita pendant quelques jours de l'hospitalité des habitants, se protégeant du froid jusqu'à ce qu'une accalmie lui permette de reprendre la route, trois jours après leur arrivée. Tandis qu'elle s'équipait et vérifiait que rien ne lui manquait, Kraska l'observait, appuyé contre un mur, le bras croisés. Il semblait en proie à un dilemme intérieur, aussi la jeune femme leva les yeux vers lui.

- Crache le morceau, Kraska.

- Je te dois toujours une vie.

Hatsu hocha la tête. Elle n'avait pas oublié, mais elle ne voyait pas comment elle pouvait rentrer chez elle avec un garzok à ses côtés, elle serait accusée de trahison avant même d'avoir pu ouvrir la bouche pour s'expliquer.. Elle balança son sac sur ses épaules et s'arrêta à son niveau, posant une main amicale sur son bras.

- Veille sur l'enfant et protège la. Apprends-lui à survivre et tu auras sauvé une vie.

- Pas la tienne.

- Et bien. Si jamais j'ai besoin d'un service, je viendrai ici et tu seras mon obligé. Cela te conviens ?

- Hrmpf... j'ai le sentiment de me faire avoir.

La jeune femme lui offrit un sourire amusé qui sembla servir de réponse, le garzok levant les yeux au ciel avant de finalement acquiescer. Il escorta l'ynorienne à l'extrémité de la cité où, d'un salut de la main, il se dirent adieu, lui retournant dans les ruines de ce qui fut une preuve de la grandeur de son peuple tandis que la jeune femme s'enfonçait dans les montagnes, cherchant à retourner auprès des siens. Elle se retourna une dernière fois et son regard capta la silhouette du garzok qui avait fait de même. Un sourire sur le visage, elle fit de nouveau un signe avant de finalement partir sous les croassement d'une corneille qui ne les avait pas lâché des yeux.