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par Cio Wulfunma » jeu. 13 août 2020 23:57
Cio avançait en direction de la route, en ligne droite depuis la forêt. L'herbe sous ses coussinets était humide, la rosée s'y déposait déjà. Il marchait, recroquevillé sur lui-même. En effet, une masse sombre de 2,10 m qui se balade dans l'obscurité, cela peut être effrayant pour les Humains des villes. Ainsi, il avançait, sa capuche remontée jusqu'à son museau. Il faisait l'effort de garder sa queue touffue sous sa cape, histoire de paraître moins effrayant encore. Ses bras, d'un poil sombre, se terminant sur des griffes propres et immaculées, pendaient mollement le long de ses flancs.
À mi-chemin, Cio s'arrêta. Était-il prêt ? Allait-il savoir marcher sur les traces de son père ? La réponse était simple : Oui. En mémoire pour Frann, il ferait l'effort. Cela lui rappela un passage de son enfance. Au début de ses parties de chasse. Il avait 5 ans. Avec son père, ils étaient sur la piste d'un petit de Brok'nud. Alors que Cio devait le pousser à aller vers Frann pour lui tendre une embuscade, la créature se tourna vers lui. Il s'était figé, son coeur battait la chamade, il était complètement tétanisé. La bête sauta sur l'occasion pour s'échapper. Cio resta fixe, le souffle court. Frann revint vers lui, perplexe, et le prit dans ses bras. Cio se décontracta d'un coup et se mit à pleurer.
- ''Désolé...*snif*, je ne sais pas ce qu'il m'a prit ! À cause de moi, le repas est partit...*snif*.''
- ''Là, là, ne t'en fait pas Cio.''
lui dit Frann, de manière réconfortante et en lui caressant le dos,
- ''Cela arrive à tout le monde d'avoir peur ! Il ne faut pas t'en vouloir. Par contre, il ne faut pas rester paralysé par la peur, sinon tu te feras croquer tout cru !''
- ''Mais...*snif*, que dois-je faire alors ?''
demanda-t-il en reniflant et se frottant l'oeil droit.
- ''Ma botte secrète, mon petit Cio, c'est de fermer les yeux, inspirer profondément et d'expirer par la bouche lentement. Cela fonctionne à tous les coups ! Vas-y, essaye.''
Cio s'exécuta : une profonde inspiration et une longue expiration. Sa tête s'allégea et aucune larmes ne remontaient à ses yeux gris. Certes son museau continuait de dégouliner, mais beaucoup moins. Alors, ils repartirent sur les traces du Brok'nud et, au soir, ils festoyèrent autour de sa carcasse.
Son souvenir terminé, Cio ferma les yeux. Il inspira profondément et expira lentement. Il avait retrouvé ses esprits et une nouvelle lueur, emplie de détermination, brillait au fond de ses pupilles.
La lune, haute dans le ciel, en était à son premier quartier. Cela permettait à Cio de voir dans l'obscurité. En effet, étant nyctalope, il y voyait comme en plein jour. Cependant, les Humains ne le sont pas. Ainsi, quand une masse sombre imposante s'approche de vous depuis l'obscurité, cela n'est déjà pas très rassurant, mais si en plus, la seule chose que vous apercevez au travers d'une cavité plus sombre encore, au niveau du visage, c'est une paire d'yeux d'un gris réfléchissant sur des reflets de crocs blancs, vous prenez vos jambes à votre cou ! Et bien, il en fut de même pour les personnes qui se baladaient le long de la route pavée reliant Breen à Kendra Kâr, cette nuit-là. Il avait beau essayer différentes techniques : marcher vers eux en souriant ? Fuite. Attendre assis avant de les interpeller ? Fuite. Courir vers eux les bras tendus, pour les empêcher de fuir ? Fuite et cris d'épouvantes ! Il décida de se mettre en route et à couvert lorsque la milice de Kendra Kâr avait été informée par l'un des passants ''agressés''. C'est donc péniblement, après une heure de recherches infructueuses, que Cio fit demi-tour et redescendit la route, en vue de rentrer dans sa tanière, le moral dans les coussinets.
Alors qu'il quitta la route pour remonter vers la forêt, Cio entendit un son. Non, plus précisément un bruit : un ronflement. Sachant directement d'où provenait ce bruit disgracieux suite à son ouïe fine, il repéra un homme assoupi sous un arbre. L'homme était donc endormi, allongé contre un pommier, les bras croisés, la tête pendant vers son corps. De ce fait, il distingua mal les traits de son visage. Cependant, il nota ces cheveux blancs disposés en trois épis : gauche, droite et le dernier pointant vers le ciel. Un bâton était posé à ses côtés. Essence de frêne selon son odorat. Deux plumes y était accrochées. Cio ne connaissait pas l'animal arborant ce type de plumage. Il portait une multitude de babioles et ceintures. Il était habillé simplement avec une longue robe de voyageur, usée par les trajets de son porteur. L'oeil de Cio fut attiré par un livre accroché à sa taille. Il avait des petites bases de lecture, enseignées par les femmes de son ancien village, en Ynorie. Il adorait lire, ou du moins, les histoires que racontaient les livres.
Alors que Cio rêvassait, il nota une autre présence. Celle d'une créature. En cherchant un peu, il tomba sur un asternia, un petit félin rouge pullulant dans les alentours. Il était aplati dans l'herbe, les yeux fixés sur le dormeur. Alors que Cio allait se détourner et continuer sa route, il se stoppa. Et si cette créature voulait du mal au dormeur ? Cela ne le regardait pas, mais il avait un livre... Peut-être que s'il chasse la boule de poils, il pourra lire un passage ? Ou lui emprunter ? Cela faisait une éternité qu'il n'avait plus lu...
Cio prit son courage à deux mains et s'approcha de l'asternia.
Il essaya de le chasser, d'abord avec des grands gestes, ensuite en émettant un grondement sourd. Il avait beau tout essayer, la créature ne bougea pas. Alors, il retroussa ses babines pour découvrir ses dents et il aboya, toujours pour la faire fuir. Le seul résultat qu'il obtint fut un mouvement du côté du dormeur. Il s'était retourné dans son sommeil. Cio commençait à en avoir assez. Tout d'abord, personne ne veut l'embaucher, puis, en plus, les gens s'enfuient à son approche. La garde intervient, le félin ne bouge pas et, comble de tout cela il se sent abandonné et seul. Pour palier à cela, Cio plongea sur la bête. Ca, au moins, il saura le faire.
Le combat fut bref. Cio plongea donc sur la bête, toutes griffes dehors. Alors qu'il tenta d'esquiver, l'asternia glissa sur l'herbe couverte de rosée. Cela permit à Cio de saisir la créature et de lui tordre le cou, d'un mouvement sec. En un instant, l'asternia ne se débattit plus, les membres ballants dans le vide. Cio aura un en-cas en rentrant. Sur cet entre-fait, l'homme endormi émit un petit gémissement et il commença à ouvrir les yeux...