Les Terres Cultivées autour de Kendra Kâr

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Yuimen
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Les Terres Cultivées autour de Kendra Kâr

Message par Yuimen » mer. 27 déc. 2017 16:37

Les terres cultivées autour de Kendra Kâr



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Kendra Kâr est entourée de champs plus ou moins diversifiés. Ils s'étendent sur plusieurs kilomètres autour des remparts. Outre les traditionnelles cultures de maïs et de blé, vous trouverez aussi des champs d'orge, de houblon et autres céréales.

Certains champs sont aussi réservés aux cultures de légumineux: courges, carottes, betteraves, ou autres. Si vous avez faim, vous pourrez toujours essayer d'en voler durant la bonne saison, mais attention aux fermiers.

Qui dit cultures dit aussi fermes. Elles sont peu nombreuses et assez disséminées. Il y a bon nombre de petits chemins de terre, outre les routes principales.

Outre cela, vous trouverez aussi des bois, certes pas gigantesques (quelques hectares au maximum), mais relativement giboyeux.

On dit que sous les terres cultivées se cache un réseau souterrain de tunnels secrets... Ces galeries d'origine naturelle s'étendent sur des dizaines et des dizaines de kilomètres. Certains endroits sont habités par des créatures diverses et variées, d'autres par des organisations de bandits ou de hors la loi en tous genre pourchassés par la milice de Kendra Kâr, bien qu'ils soient très difficilement décelables.

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Fenouil
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Re: Les Terres Cultivées autour de Kendra Kâr

Message par Fenouil » mar. 2 juil. 2019 13:12

<<-- Grande Plaine du Sud (Comté de Bouhen)

Après quelques journées de marche supplémentaires, sa besace et son estomac vides, il arriva enfin sur les terres cultivées autour de Kendra Kâr. Jetant un œil gourmand sur les champs cultivés, il augmenta le rythme de ses pas : c’était le jour du marché… façon gobelin bien entendu puisqu’aucun yus ne sortirait de sa bourse. Il quitta donc le chemin tracé pour couper à travers champs, le temps de ramasser une bonne dizaine d’épis de maïs qu’il éplucherait le moment du repas venu. Il fit ensuite un détour vers un poulailler où il en profita pour chaparder quelques œufs. À sa deuxième journée, il fit un petit jogging de quelques kilomètres, histoire de se dégourdir les pattes, mais surtout de fuir un chien de haute stature et à la mâchoire surdimensionnée qui n’avait pas apprécié l’intrusion de Fenouil sur les terres de son maître. Le soir venu, le gobelin s’affairait à désinfecter les traces de morsures à ses chevilles ainsi qu’à son arrière-train.

Foret du nord Kendran-->>

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Akihito
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Re: Les Terres Cultivées autour de Kendra Kâr

Message par Akihito » ven. 27 déc. 2019 02:04

Dans le chapitre précédent...

Deuxième Arc : L’art de faire parler la Foudre

Chapitre XLII : Une forêt pas si inhabitée.


Le bosquet qui entourait le manoir était composé pour la plupart de feuillus dont Akihiko ne connaissait pas le type. Les feuilles avaient bien commencé à refaire leur parure verte. Certains plus en retard étaient encore au stade du bourgeonnement, mais la vaste majorité couvrait le ciel d’une couche de verdure. La forêt bruissait de vie, ils pouvaient entendre les oiseaux pépier, certains buissons bouger sur le passage d’un animal. Ils croisèrent même un petit groupe de Bouloumes, ces créatures petites, rondes et couvertes d’une fourrure bleue on ne pouvait plus voyante. Akihiko se demandait d’ailleurs comment une telle espèce pouvait avoir pu survivre jusqu’ici alors qu’elle ne devait disputer la dernière place de la discrétion qu’avec les pachydermes qu’étaient les éléphants. Si cela avait été dans d’autres circonstances, Akihiko aurait apprécié se balader dans un tel lieu avec Anthelia. Sauf qu’ils étaient là pour se battre, et pas de la plus courtoise des manières. Il espérait sans trop y croire qu’il n’aurait pas à verser le sang, mais c’était un doux rêve.
La route pavée avait bien résisté au temps, malgré l’absence d’entretien. La trouver et la parcourir ne posa aucun problème et elle les mena directement au manoir abandonné. En le voyant en vue, ils entrèrent dans les fourrés pour quitter la route et s’approcher discrètement de la bâtisse de deux étages de même taille, en plus d’un éventuel grenier sous le toit. Elle était entourée d’une bande herbée d’une vingtaine de mètres de large, désormais en friche mais qui avait dut être un somptueux jardin lorsqu’il était encore bien entretenu. Il pouvait voir çà et là des statues abîmées gisant au sol, certaines couvertes de mousses, d’autres auxquelles il manquait un membre. Était-ce l’œuvre des pillards qui investissaient le manoir ? Peu importait. Il fallait avant tout qu’ils découvrent combien était à l’extérieur. Akihiko plissa les yeux et après une poignée de minutes et un tour complet de l’enceinte du bâtiment sous le couvert des bois, il ne décela la présence à l’extérieur du manoir que de deux personnes. Ils étaient assez loin pour qu’il ne puisse pas les observer très clairement, mais l’un semblait simplement armé d’un gourdin quand l’autre portait une imposante hache de bûcheron sur laquelle il s’appuyait. Ils restaient au même endroit, à discuter de choses dont la distance rendait les propos intelligibles, devant l’un des seuls accès du bâtiment, celui qui faisait face à la route. L’arrière du manoir avait lui une petite plateforme couverte qui avait dû être aménagée à l’époque pour profiter d’une collation tout en profitant de l’air frais, mais les piliers de bois étaient désormais mangés par la vigne. La porte qui menait à l’intérieur était encore intacte, mais il n’avait pu dire si elle était condamnée ou pas.

« Ecoute Anthelia, il faut d’abord s’occuper de ces deux gusses, cela sera ça de moins à gérer sur la troupe qui a investi les lieux.

- Je suis d’accord avec toi. Je vais faire la voyageuse perdue pour les attirer ici.

- Mmmh, ce plan me plaît moyen…

- Tu préfères foncer dans le tas peut-être ? Si c’est une pauvre femme sans défense, dit la tatoueuse en prenant une moue adorable et un air de chien battu, ils ne se méfieront pas.

- Bon très bien. Tu les attires mais tu fuis si ça tourne au vinaigre, on est d’accord ?

- C’est nouveau que tu sois prudent maintenant ? Après avoir manqué de te faire réduire en cendres par cette foutue boule de mes deux ?

- Là on parle de toi. Alors ça change la donne, j’ai pas envie qu’il t’arrive quoi que ce soit. Allez, je me mets en position. »

Laissant une Anthelia quelque peu amusée par ces dernières paroles, il alla se poster dans les fourrés. Il trouva un tronc épais près d’un buisson et s’accroupit dans l’angle végétal qu’ils formaient. Il se délesta du marteau, trop voyant et encombrant, et le posa au sol. Il fit signe à la jeune femme qu’il était prêt et attendit qu’elle se présente à l’orée de la forêt avant de donner de la voix.

« Excusez-moi ! Je suis perdue et je cherche la route pour la capitale, vous pouvez m’aider ? »

Akihiko n’entendit pas les bandits interrompre leur discussion, mais il se douta qu’ils devaient venir dans leur direction. Il se prépara à bondir et entendit les pas de la jeune femme un ou deux mètres sur sa gauche, sur la route. Il avait besoin qu’elle recule pour qu’il puisse surprendre l’un des deux malfrats par-derrière, et il lui faisait suffisamment confiance pour savoir qu’elle allait penser à se reculer. Il entendit le bruit de pas des deux hommes s’approcher, de même que la voix de l’un d’eux.

« Alors ma belle, on s’est perdue dans les bois ?

- Oui… Je viens de Bouhen et j’ai dû me tromper de chemin. Vous pouvez m’indiquer la route ?

- Mais bien sûr. Mais pourquoi ne pas nous rejoindre ? Après un si long voyage, tu dois être fatiguée. La ville est encore loin, alors viens te reposer.

- Euh… je ne sais pas si… » dit Anthelia en reculant, d’une voix chevrotante. Il ne savait pas si elle feignait très bien la peur ou la ressentait vraiment, mais toujours est-il que le brigand partit dans un grand éclat de rire avant de se rapprocher d’elle. Sa voix résonna de nouveau dans le bois et les bruits de bottes passèrent devant lui. Il allait être temps d’agir, bientôt. Puis, un cri d’Anthelia fit réagir Akihiko.

« Lâchez-moi ! »

L’enchanteur se releva brusquement et bondit en dehors des fourrés. Il aurait aimé que les brigands se soient avancés un peu plus pour les prendre à revers, mais il se contenterait de l’effet de surprise. Sur le chemin, un grand type barbu enserrait dans sa main le poignet d’Anthelia, celui armé d’un gourdin. Le second, avec une hache, se trouvait juste sur la trajectoire de Akihiko. Il fut surpris de l’arrivée du jeune homme et reçut sa charge d’épaule de plein fouet, l’envoyant au sol en lâchant son arme. De son côté, Anthelia réagit à une vitesse surprenante. Son visage apeuré se durcit subitement et elle envoya son genou dans l’entrejambe de son agresseur qui se plia sous la douleur. Ne s’en faisant donc pas pour elle, l’enchanteur continua son assaut sur l’homme désormais au sol. Un choc de Valyus le cloua au sol et avant qu’il ne puisse réagir, il s’accroupit à son niveau, serra son poing ganté des écailles fraîchement assemblées et l’envoya par deux fois dans le visage du pauvre type qui tomba inconscient, sans avoir eu le temps de réagir. Akihiko se retourna vers Anthelia pour voir que de son côté, elle avait plaqué son adversaire contre un arbre et qu’un couteau de lancer touchait dangereusement sa gorge. Il tenait encore ses parties génitales de ses deux mains et l’ynorien aperçut que la tunique au niveau de son épaule était légèrement roussie, sûrement le résultat d’un des projectiles de flammes d’Anthelia. Voyant que le combat était déjà fini, il attrapa l’homme inconscient et le traina avec quelques difficultées dans le sous-bois à la suite de la tatoueuse, qui regardait toujours avec une lueur froide l’homme qu’elle menaçait de son couteau. Akihiko vint poser une main sur son épaule, ce qui la fit sursauter avant de faire fondre son masque de dureté.

« Le coup de genou n’était pas très réglo, s’amusa-t-il avant de se tourner vers leur prisonnier. Bon, on ne va pas y aller par quatre chemins. Combien êtes-vous dans ce manoir.

- J’dirais r-

- Je te préviens tout de suite, mon amie que voici n’hésitera pas à utiliser sa magie ou ses lames pour te tailler en pièces si tes réponses ne nous conviennent pas. Quant à moi… continua-t-il en faisant crépiter sa magie et avec un sourire qu’il voulait sinistre sur le visage, je m’occuperai de faire en sorte que tu restes éveillé. Alors choisie bien tes mots.

- On-on est six en nous comptant ! »

Un orbe de foudre vint frapper le tronc à quelques centimètres du visage de l’homme, provoquant un petit cratère dans le bois et projetant des échardes dans toutes les directions, dont une qui griffa superficiellement la joue du brigand.

« Dernier avertissement. Je veux la vérité, je sais que vous êtes plus.

- C-c-c’est la vérité ! Nos trois chasseurs sont partis chasser alors il n’y a plus que nous deux, Seran l’archère, les frères Scotte et notre chef Filor !

- Et qu’est ce que vous foutez dans le manoir des Jiila ?

- On savait pas à qui c’était ! On s’est juste installé, j’vous le jure ! supplia l’homme.

- Mmmh. Et ils sont où tes petits copains ? Y a des mages parmi vous ?

- Filor est avec Seran à l’étage, les autres j’sais pas, ils doivent se balader dans la maison ou je sais pas quoi ! Et on a pas d’magiciens avec nous, F-Filor déteste ça-

- Merci de tes indications. Bonne nuit maintenant.

- Bonne… ? »

Il n’eut pas le temps de dire un mot de plus que la main de Akihiko recouvrait son visage pour le tirer avant de violemment cogner l’arrière de son crâne contre le tronc, l’assommant lui aussi. Il s’écroula comme un pantin sur le sol, au pied de l’arbre. Puis, il se mit à déshabiller les deux sous l’œil circonspect d’Anthelia.

« Tu sais qu’on n’arrivera pas à se faire passer pour eux.

- Evidemment. Par contre, on peut utiliser leurs vêtements pour les ligoter un tant soit peu. Sauf si tu as une corde sous la main, et dans ce cas je suis preneur.

- J’en ai pas, mais l’idée est bonne. Je vais t’aider. Et ton bras… Ca va ? »

Alors qu’ils découpaient les tuniques des deux brigands pour en faire des liens de fortune pour les bâillonner et attacher leurs mains et leurs pieds, Akihiko fit circuler la magie dans son bras désormais guéri. Malgré son assurance face au bandit, son sort avait été lancé la boule au ventre, tout comme le Choc de Valyus sur son acolyte. Son bras lui répondait parfaitement et il n’avait senti aucune gêne, comme si rien ne s’était jamais passé. Le souvenir encore vivace de la douleur qui engouffrait tous les sens de son bras lui revint et il referma sa main sur son poignet gauche tremblant, tentant d’en arrêter les mouvements incontrôlables. La main d’Anthelia se posa sur son bras et ce simple geste l’aida à reprendre le contrôle de son corps. Il lui sourit.

« Ca va. Je n’ose pas encore utiliser à pleine puissance ma magie, mais elle circule au moins sans problème dans mon bras. C’est déjà ça dirons-nous.


- Mmmh. Si quelque chose ne va pas, tu me le dis hein.

- Ne t’inquiète pas pour ça.

- C’est le cas, malheureusement. »

Dans un sourire désolé, Akihiko s’assura que leurs prisonniers étaient bien attachés. Les liens les empêcheraient de bouger un certain temps s’ils se réveillaient, mais il ne se faisait pas d’illusion sur leur viabilité à long terme. Cela leur laisserait au moins largement le temps de s’occuper de leurs collègues. Il prit le reste du tissu et estima qu’il pouvait restreindre encore une personne. Il alla chercher son marteau et se rapprocha de nouveau de la lisière du bois, pour voir si d’autres bandits étaient sortis. Et ce n’était apparemment pas le cas : le devant de la maison et la volée de marches menant à l’entrée principale était toujours vide. L’absence des chasseurs était une aubaine leur permettant de prendre d’assaut ce manoir. Mais cela n’allait pas les empêcher d’être prudent et de procéder méticuleusement.

(Deux hommes en bas, on devrait pouvoir les neutraliser avant de monter à l’étage…)

(Je préfère te prévenir, je n’irais pas en éclaireuse.)

(Je comptais pas te le demander. J’ai bien compris que tu n’aimais pas être séparée trop longtemps de moi ou de la Kizoku.)

(C’est pas que je n’ai pas envie… C’est surtout que c’est pas naturel chez nous.)

Il hocha la tête et focalisa son attention sur la maison, à la recherche de ses autres occupants. Malheureusement, aucun ne daigna passer devant les rares ouvertures qui étaient présentes. Pourtant, son attention fut attirée par un mouvement sur le toit. Il plissa les yeux avant de les écarquiller. Sur le toit, marchait nonchalamment un type barbu et bedonnant, tout habillé de rouge et de blanc, un énorme sac marron sur le dos. Sa longue barbe blanche battait sa poitrine, et il s’approchait d’un pas décidé de la cheminée se trouvant à l’extrémité du toit. Anthelia l’avait visiblement vu également puisqu’elle le secoua d’un air excité en le pointant du doigt.

« Par tous les dieux Aki, regarde ! C’est… C’est… C’est le Père No Hell ?! »

Son murmure contenait une excitation et une joie qu’elle peinait à dissimuler. Il s’en serait bien amusé s’il n’avait pas lui-même été sous le choc. Le Père No Hell. Un conte bien connu de tous les enfants et les adultes ayant gardés leurs rêves d’avant, une figure légendaire distribuant cadeaux et présents aux enfants qui le méritaient. Il avait toujours cru que c’était un simple stratagème pour assagir les petits, mais force était de constater que la légende avait sa part de vérité. Cette même légende qui disait que les adultes qui avaient la chance de l’apercevoir pouvaient recevoir un présent, comme quand on fait un vœu en voyant une étoile filante. Un ramassis d’inepties, pensait jusque là Akihiko. Mais bon, il pensait aussi que le vieux monsieur qui distribuait des cadeaux aux enfants sages de Yuimen faisait aussi partie de ces inepties, alors bon… Peut-être qu’avec un peu de chance...?

(Un présent… Quelque chose d’utile… Maintenant…. Un cadeau pour Anthelia ? Non, mieux vaut que je le fasse moi-même. C’est quelque chose que le Père No Hell m’adresse personnellement… Mmmh…)

Il pensa alors à ce qui avait mené la jeune femme à l’accompagner ici. Son apprentissage du tatouage, notamment. Il avait pour l’instant du matériel de débutant, mais peut être était-ce l’occasion de mettre la main sur des outils de meilleure qualité ?

(Une aiguille… Mais pas une aiguille qui ignore la douleur, c’est un indicateur pour bien la manier. Je risque de ne jamais savoir bien tatouer si j’y vais comme un bourrin parce qu’elle ne génère aucune sensation. Une aiguille qui pointe parfaitement ? Mmmh. Non plus. Il n’y aurait plus de mérite à savoir tatouer si l’aiguille fait tout à ma place. La couleur ? Oh ; une aiguille qui utilise toujours la bonne couleur: ça, ça serait vraiment pratique. Le geste reste intact, mais je n’aurais pas à me trimballer avec toutes les encres du monde. Est-ce que c’est même possible un truc pareil ?)

Akihiko n’eut pas le temps d’aller plus loin dans sa réflexion. Le père No Hell, après avoir jeté quelque chose dans la cheminée, se tourna vers eux et leur fit un signe de la main, joignant son index et son pouce en un cercle. Puis, il sauta du toit, de l’autre côté de la maison, disparaissant de leur vue. Plusieurs minutes passèrent, mais le Père No Hell ne réapparut pas. Avait-il vraiment sauté ? Où était-il passé ? Toujours est-il que l’attention de Akihiko fut attirée par du bruit dans leur dos. Se retournant vivement, il aperçut un hinïon, les dévisageant à quelques mètres d’eux. Il avait plusieurs lames à sa ceinture, mais n’avait rien d’agressif dans son attitude. Il avait même l’air plus perdu qu’autre chose, avec un air hagard sur le visage. Tout de même soupçonneux, Akihiko l’interpella à voix basse, prêt à lancer un sort et dégainer la Kizoku au moindre geste suspect.

« Qui êtes-vous ? »


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Silinde
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Re: Les Terres Cultivées autour de Kendra Kâr

Message par Silinde » ven. 27 déc. 2019 07:27

Après de nombreux détours imprévus, majoritairement dus à un terrible manque d’orientation, et aussi partie dus à une mémoire plus que douteuse des chemins menant à la seule ville dont il se rappelait plus clairement que les autres, la grande cité de Kendra-Kâr, Silinde se trouvait dans un bosquet, non loin de cette dernière.

Si d’un côté, il se sentait là bien plus à l’aise que sur la route, proche des racines de son peuple, ou tout du moins le peu dont il arrivait à se rappeler, il ressentait en même temps un certain malaise. Non pas dû au lieu en lui-même, mais probablement ce qu’il représentait pour lui.

Partagé entre l’idée de retrouver la route principale, et continuer dans ce bosquet, qui même dans ces conditions restait plus appréciable à traverser qu’une bête route; c’est à ce moment-là qu’une discussion un peu plus au loin, encore à peine perceptible, titilla sa fine ouïe elfique. Intrigué, il commença à se diriger dans cette même direction.

Avant même d'avoir la chance de sortir du bosquet; ce qu'il rencontra le laissa plus que perplexe.
Un grand homme, tout de rouge et de blanc vêtu, se déplaçant tellement rapidement dans la direction opposée qu'il n'était pas sûr s'il était en train de courir ou bien de voler.

A la vitesse où il allait; Silinde eut à peine le temps de l'entre-apercevoir tourner sa tête de vieil homme barbu, et afficher un sourire, avant de disparaitre dans les profondeurs du bosquet, en portant sur son dos derrière-lui un gros sac marron.
Mais aussi, ses oreilles jurant avoir perçu un « Oh! Oh! Oh! » venant de l'individu qui venait de le passer à toute vitesse.

L'elfe n'était pas totalement sur de ce qui venait de se dérouler.

(Qu'est-ce que... Non. J'ai dû rêver. Je ne sais absolument pas ce que je viens de voir, et j'ai le sentiment qu'il ne vaut mieux pas m'en mêler plus que ça...)

Reprenant ses esprits, et n'apportant pas plus d'importance à ce qu'il venait de vivre alors qu'il venait de rencontrer une véritable légende vivante, Silinde repris la direction des voix qu'il avait entendues.

Finalement, de la lumière, et l'elfe se révéla en sortant du bosquet, tombant proche d’un manoir qui même si semblant abandonné, impressionnait encore du à sa modeste taille. A quelques mètres seulement de lui, toujours entre le bosquet et le manoir, se tenaient deux personnes. Humaines. Un homme, et une femme. Et deux de plus non loin d’eux au sol, ligotés.

L'elfe leur faisait face, surpassant par la taille même l'homme pourtant très grand pour un humain; mais sa silhouette cependant n'était que l'ombre de ce qu'il était longtemps auparavant. Jadis un elfe imposant, à la musculature anormalement sculptée, aujourd'hui devant eux se tenait un elfe brisé, qui même s'il avait une posture encore assurée, et une prestance certaine, trahissait avec certitude une forte fatigue et des blessures récentes. Son visage, lui aussi trahissait cette même fatigue. Non pas celle d'un vieil homme, mais le visage d'un homme qui à vu et vécu des horreurs, et qui ne peux retirer cette expression de son visage.

Immédiatement, c’est l’attitude de l’homme, qui interpela Silinde, ce qui lui donna des doute sur ce qu’un total étranger pourrait imaginer immédiatement dans une telle situation, et spécialement alors que ce dernier l’interpella à voix basse, comme pour ne pas attirer l’attention de quiconque se trouvant au manoir:

« Qui êtes-vous ? »

Silinde avait ses mains reposant sur ses lames à la ceinture lors de cet échange. Non pas en signe d’agressivité, mais simplement par réflexe et précaution.
Alors qu’il s’apprêtait à répondre à l’illustre inconnu, il fut brièvement retardé par une interruption de sa Faera, Scylla, commençant à s’animer du médaillon dans lequel elle aimait à résider, et se manifesta. Chose étrange. Même s’il ne partageait sa compagnie que depuis peu de temps, ce n’était définitivement pas quelque chose qu’elle faisait de manière commune.

(A moins que… ? Il aurait une Faera aussi, c’est ce que tu essaie de me dire, Scylla ?) pensa l’elfe, dirigeant ses pensées vers sa petite partenaire ailée, cette dernière lui répondant brièvement par télépathie.

(Oui. Je ne la vois pas, mais il y a définitivement une Faera avec lui. Fais attention, il ne semble pas mauvais, mais je ressens une forte présence de fluide de foudre en lui… C’est un mage; et il n’est définitivement pas faible.)

L’échange, se déroulant entre les deux esprits, ne pouvait pas être ni entendu, ni même vu. Seul un œil avisé pouvait déceler éventuellement une faible énergie émanant du médaillon dans lequel Scylla résidait, et un détenteur de Faera pourrait définitivement en retour être conscient lui aussi de la présence de cette dernière.

Il ne s’était passé que deux à trois secondes depuis la question posée par le mage inconnu, suffisant à Silinde pour avoir ce court échange avec sa partenaire, mais pas assez long pour instaurer un blanc dans la tentative de discussion, lorsque ce dernier, relâchant sa garde et s'approchant des deux personnes, répondit:

« Silinde. Maitre d’armes. »

Jetant un œil volontairement en direction du manoir, pour attirer l’attention de ses interlocuteurs, il reprit alors:

« Un manoir douteux au milieu de nulle part, des hommes ligotés, et des échanges à voix basses… Un problème par ici, peut-être puis-je vous offrir mes services ? »

Avant même une réponse, l’attention de Silinde était déjà retournée en direction du manoir. Quelque chose clochait... Même avec ce corps fatigué et meurtri, ses sens étaient toujours intacts. Peut-être même plus affutés qu’auparavant. Et même s'il ne pouvait pas mettre le doigt sur ce qui le dérangeait avec ce manoir, quelque chose, une présence le mettait mal à l'aise...
Modifié en dernier par Silinde le jeu. 13 févr. 2020 17:21, modifié 1 fois.

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Gamemaster6
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Re: Les Terres Cultivées autour de Kendra Kâr

Message par Gamemaster6 » sam. 28 déc. 2019 00:24

Intervention du Père No-Hell pour Cherock et Silinde

Tes yeux ne t'ont pas trompé, mais déjà tu repars, pressé par une quête qui t'es propre, sans remarquer le léger poids supplémentaire qui se charge dans ton sac pourtant fermé. Un art qui lit deux âmes, deux cœurs qui battent l'un pour l'autre, un vœu de magnifier ce qui rend ce travail si particulier. Tu hésites, mais elles sont là. Dans ton sac, soigneusement emballées dans un écrin, deux fines aiguilles parfaites dont la pointe semble chatoyer sans raison. Sublime ton art, Cherock.

Aiguilles prismatiques du tatoueur: Jeu d'aiguilles spécifiquement créées pour le tatouage. Elles sont extrêmement faciles à manipuler et offrent toujours la couleur voulue par leur utilisateur, sans que celui-ci n'ait à les tremper dans l'encre et ne semblent jamais s’abîmer.

***

Que fais-tu ici ? Que veux-tu ? Tu ne le sais pas toi-même, toi qui erres depuis peu en étant pourtant sur ces terres depuis bien longtemps. Tu te sens faible, meurtri par les combats et un passé encore trouble dans ton esprit. Cette rencontre serait-elle le début d'un nouveau départ ? Et alors que tu contemple l'étrange manoir qui te semble douteux, le rire entendu plus tôt résonne à nouveau à tes oreilles alors qu'un léger poids alourdi ton sac. Un étrange flacon transparent aux reflets irisés qui, une fois ouvert, semble apaiser ton corps et ton esprit. Avance, vis dans présent, Silinde.

Parfum apaisant : Flacon transparent aux reflets irisés. Une fois ouvert, diffuse une douce odeur calmant les troubles du corps et de l'esprit de son utilisateur et des personnes proches pour quelques temps. Ne soigne en aucun cas une quelconque blessure.
Image

Quand on l'appelle, il apparaît !!
Et il reste, alors gare !

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Akihito
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Re: Les Terres Cultivées autour de Kendra Kâr

Message par Akihito » sam. 4 janv. 2020 03:27

Dans le chapitre précédent...

Deuxième Arc : L’art de faire parler la Foudre

Chapitre XLIII.1 : Assaut de la colère.


« Silinde. Maitre d’armes. »

Au moins, la présentation de l’elfe avait le mérite d’être des plus claires : il énonça son prénom et sa profession. Son ton peu hostile l’incita à revoir son hostilité vers des niveaux plus neutres et il le détailla du regard. Grand, élancé, une chevelure blonde cascadait sur ses épaules, entourant un visage agréable sans être exceptionnel, assombris par des yeux d’un doré ternis, comme s’il avait vu bien trop de choses en ce bas monde. Son équipement se composait d’un ensemble d’armures assez légères, dans un métal d’un bleu froid qu’il soupçonna d’être de l’Helcéa, le métal élémentaire de la glace. Il n’en avait jamais vu, mais après s’être renseigné sur les différents métaux, il avait une idée assez globale de l’apparence de tous les métaux. Son œil n’était pas assez expert pour confirmer ses suppositions, et l’heure n’était pas à cela. En revanche, la qualité de son armure le distinguait clairement des bandits : il y avait donc vraiment peu de chance qu’il en face partie. Le dénommé Silinde semblait néanmoins assez perspicace, puisqu’il devina l’ensemble de la situation d’un simple coup d’œil.

« Un manoir douteux au milieu de nulle part, des hommes ligotés, et des échanges à voix basses… Un problème par ici, peut-être puis-je vous offrir mes services ?

- Vos services ? Vous êtes un mercenaire ? »

Il hocha la tête, acquiesçant. Akihiko fut de son côté plongé dans une hésitation toute légitime : d’un côté, l’Hinïon n’émanait d’aucune intention belliqueuse et proposait de lui-même son aide, ce qui le rangeait à priori de son côté. Mais de l’autre, c’était un pur étranger. Pouvait-il faire confiance au premier venu ? Son expérience lui avait malheureusement prouvé le contraire. Il s’apprêta à refuser son aide et à l’envoyer voir ailleurs quand des voix rauques se firent entendre plus loin sur la route. Y avait-il autant de passage dans cette foutue forêt ?! Tendant le bras, il attrapa la manche de l’elfe et l’attira à lui pour le mettre à couvert dans les feuillets. Il tenta de résister et de protester, mais l’enchanteur tendit le doigt tendu devant ses lèvres dans un signe de silence. L’elfe obtempéra, non sans lui lancer un regard furieux. Puis il se focalisa sur les voix qui venaient, tout comme celui qui l’avait tiré.
Une petite minute plus tard, il aperçut trois hommes rentrer en discutant, portant sur leur dos le corps d’une jeune femme en habits de paysan. Tendant l’oreille, leur discussion lui glaça le sang : c’était les fameux « chasseurs » évoqués par le type qu’il avait assommés quelques minutes plus tôt et malgré les arcs et les dagues qui pendaient à leur dos et ceinture, ils n’avaient pas l’air d’avoir chassé de bêtes sauvages. Non, ils avaient vraisemblablement enlevé cette pauvre fille et s’il avait bien entendu, elle allait avoir un destin peu glorieux entre les mains -les griffes ?- de Filor avant d’être abandonnée à la merci de ses sbires qui allaient « Bien s’amuser » avec elle. Un crime qui ne pouvait rester impuni aux yeux de Akihiko, dont la mâchoire se crispa sous la tension. Si avant il avait eu des scrupules à attaquer des personnes pour la simple raison qu’on les avait désignés comme des bandits, ce n’était plus le cas. Il venait d’avoir sous les yeux d’abord avec Anthelia puis avec cette jeune fille que ces types n’avaient rien de bienveillant.

(Par Valyus, elle doit même pas avoir dix-sept ans !)

Il n’avait plus aucun problème à les blesser voir même les tuer : ce genre d’action ne pouvait rester impuni, et il considérait même que le second précepte de Valyus n’avait même pas lieu d’être avec de telles raclures. Un simple regard en coin l’assura qu’Anthelia semblait elle aussi prête à en découdre et dégaina déjà ses étoiles de jet, un air sombre sur le visage. Le maître d’armes, lui, avait une expression indéchiffrable sur le visage. Que pouvait-il bien penser ? Il n’avait pas le luxe de se préoccuper de ça. D’un geste conjoint avec Anthelia, il s’élança en dehors des fourrées. La tatoueuse projeta deux volées de deux shurikens chacun, allant se ficher dans le dos de deux des hommes. L’un deux s’enfonça même dans le bras d’un archer, qui poussa un cri de douleur mais ne lâcha ni son arme, ni ne s'écroula. Les trois hommes firent donc volteface et le blessé fut accueillit par un globe de foudre qui vint le percuter en pleine poitrine, le faisant grogner de souffrance.

(Contre des archers, provoque le combat au corps à corps.) lui rappela précieusement Amy, entrée dans un mode de combat agressif. Il courut donc vers les archers, Kizoku au clair, et prépara ensuite son sort de renvoi des métaux pour anticiper la contre-attaque des chasseurs. Car ces derniers semblaient bien moins manchots que les deux sentinelles devant le manoir : ils semblaient expérimentés, aguerris et très belliqueux. Il n’hésita pas et poursuivit sa charge. Silinde le suivrait-il dans cette attaque complètement improvisée ? Il l’espérait car ajouter un épéiste adverse à la mêlée n’avait rien de séduisant.



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Silinde
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Re: Les Terres Cultivées autour de Kendra Kâr

Message par Silinde » sam. 4 janv. 2020 12:53

« Vos services ? Vous êtes un mercenaire ? »

La réponse de l’humain fit se retourner Silinde, détournant alors l’attention qu’il portait en direction du manoir et de ses potentiels occupants.
Le jeune mage était en train de le dévisager, de l’observer, comme s’il essayer d’estimer ses capacités, et de décider s’il devait le considérer comme un allié, ou comme un potentiel ennemi.

Alors que l’elfe allait lui répondre, il fut tiré par le bras par son interlocuteur, qui s’était rapidement dissimulé dans les fourrés qui entouraient le manoir.
Trois hommes de plus rentraient alors en direction du manoir, l’un d’eux portant son butin, une jeune femme inconsciente mais bien en vie, sur son épaule.

(Pitoyable…) pensa Silinde, alors que ses potentiels nouveaux compagnons de fortune était déjà en train de prendre l’initiative.
La jeune femme accompagnant le mage avait lancé plusieurs volées de shurikens sur les bandits, qui avaient fait mouche, et ce dernier, après avoir lancé un sort de foudre sur l’un d’eux, était déjà en train de les charger.

(Oh… ? Il n’est donc pas juste un banal magicien? Intéressant…)

Silinde avait alors encore un avantage.
L’intervention du jeune humain l’ayant forcé à se dissimuler plus tôt le cachait encore de la vue des trois bandits, qui était plus occupés à se préparer à intercepter ce dernier qui était en train de foncer droit sur eux, lame en main.

(A mon tour de jouer.)

Sans se relever totalement pour autant, l’elfe se lança dans une charge lui aussi, la main sur le fourreau de son arme à la ceinture. C’était un katana, juste comme celle que le mage s’apprêtait à utiliser sur leurs ennemis.
Continuant sa charge, en rasant le sol, il comptait bien utiliser cet effet de surprise pour faire mouche, et porter une première attaque décisive. Il ne pouvait pas se permettre de prendre trop de risque, son corps était encore affaibli, et il était loin de ses capacités physiques d’il y a des années.

La chance était avec lui.
L’attaque initiée par les deux humains plus tôt avait totalement détourné l’attention des trois bandits, et ils ne virent pas l’elfe qui gardait sa position basse foncer sur eux.

Il prit pour cible l’un des deux archers, celui qui n’avait pas été touché par le sort lancé par le mage plus tôt, alors que ce dernier commençait à bander son arc, prêt à riposter sur le mage qui les approchait.

(Oh non je ne vais pas te laisser faire gamin!)

Arrivé à portée, sans avoir même été détecté, l’elfe dégaina son katana et en un seul rapide mouvement, plongea se dernier en direction du torse de son adversaire.

(((Attaque Aile d’Argent)))

Malheureusement, du à son manque récent d’entrainement, et sa forme physique diminué, Silinde manqua de peu les organes vitaux, laissant donc un bandit meurtri, avec un katana en travers de son ventre, une blessure certes béante, mais suffisante pour que ce dernier lâche son arc, se saisisse de sa dague, et attaque son assaillant en se retournant.

L’elfe fit un bond en arrière, évitant de justesse l’attaque fort heureusement de très courte portée. N’ayant pas eu le temps de récupérer son arme, encore plantée dans le ventre du bandit, Silinde dut dégainer ses deux épées argentées, et fit face à son adversaire, bien préparé et décidé à achever ce qu’il venait de commencer.

L’homme commençait à paniquer. Chose qui est amenée à se passer lorsqu’on a une épée plantée dans le ventre.
L’elfe vit même le jeune mage humain finalement arriver à portée de sa cible, le dernier bandit qui n’avait pas encore été engagé, celui qui portait la toute jeune femme, leur prisonnière.

(Il est temps d’en finir. Sinon, ce jeune mage risque de se retrouver à deux contre un.)

Faisait tournoyer ses lames, le maitre d’arme reprit son assaut.
Cela n’allait pas être trop compliqué, le bandit, de sa seule dague armé, était simplement en train de frapper dans le vide, en espérant fortement que cela suffirait à tenir l’elfe à distance.

Parant avant tout avec facilité la dague avec l’une de ses épées, empêchant son adversaire de continuer de mouliner dans le vide, Silinde abattit ensuite sa deuxième lame sur le bras porteur de ce dernier, l’entaillant fortement, et lui faisant lâcher son arme.
L’homme, blessé, avec toujours une lame en travers de son corps était à bout, il se retourna alors, et s’apprêta à fuir en direction de l’un de ses compagnons, cherchant leur aide.

(Ne jamais tourner le dos à son adversaire en plein combat…)

Silinde n’hésita pas à saisir l’occasion présentée sur un plateau d’argent devant lui.
Le bandit n’eut pas le temps de fuir, et les deux longues lames argentées de l’elfe s’abattirent dans son dos.
Il tomba à genoux ; à bout de force, mais encore en vie, puis son corps tomba en avant sur le sol, ce qui enfonça alors la lame toujours en travers de son ventre plus profondément encore, causant de nouvelles et graves blessures dont il ne résulta qu’un long et intense cri de sa part, avant qu’il ne cesse finalement de respirer…

(Et d’un.)

Silinde, avec l’aide de son pied retourna le corps de son adversaire, et se saisit de sa lame pour la retirer de son cadavre.

C’est alors qu’il subit les conséquences de ne pas avoir suivi lui-même le bon conseil qu’il avait pourtant pensé quelques secondes plus tôt.
L’autre bandit le plus proche avait jugé qu’il était plus proche et ferrait une meilleure cible que ses deux autres compagnons de fortune, et lui avait décoché une flèche dans l’épaule.

Ce n’était pas une grave blessure, et n’ayant pas touché ni tendon, ni muscle, n’allait même pas impacter l’elfe plus que cela, mais il était maintenant tout aussi fâché contre lui-même pour s’être laissé bêtement toucher, que contre l’homme pour lui avoir tiré dessus.

Son armé retrouvé, et une fois de plus à sa ceinture, et ses deux lames argentées toujours en main, il était en garde, face à l’homme à l’arc, à seulement quelques dizaines de mètres de lui. Et Silinde était maintenant furieux.

(((Un bandit mort, une Attaque Aile d'Argent utilisée, une flèche dans le dos reçue pour une blessure légère)))

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Akihito
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Re: Les Terres Cultivées autour de Kendra Kâr

Message par Akihito » mar. 7 janv. 2020 01:04

Dans le chapitre précédent...

Deuxième Arc : L’art de faire parler la Foudre

Chapitre XLIII.2 : Assaut de la colère.


L'Hïnion le suivit, est avec panache. Profitant du chaos qu'il semait, Akihiko aperçut l'elfe malingre foncé à une vitesse prodigieuse, baissant son centre de gravité pour porter une frappe venant de bas, très bas. Une attaque qui lui rappelait celle que portait son père au début de chaque attaque à l'aide de son sabre : une frappe rapide, venant d'un angle difficilement évitable, rapide et surtout efficace. Mais Akihiko n'eut pas vraiment le loisir d'observer jusqu'à son terme l'attaque, il avait son propre adversaire : comme prévu, l'archer déjà frappé par sa foudre darda son arc malgré une crispation de douleur dans sa position. La flèche fut décochée et Akihiko relâcha son sort. L'effet ne fut... Pas ce qu'il avait escompté. Au lieu de renvoyer la flèche à son expéditeur, le champ magnétique qu'il généra fluctua violemment et ne fit que dévier la flèche, qui se perdit dans la forêt sur sa droite, heureusement loin d'Anthelia. Akihiko jura.

(Fait chier ! Connerie de magie qui fonctionne mal !)

Il pestait, mais il savait pertinemment qu'il en était la cause de cet échec. S'il n'avait pas commencé à avoir peur de sa magie, il aurait sans doute réussi son sort et frappé son adversaire avec sa propre flèche. Mais l'heure n'était pas à ça : il avait plus urgent. Le bandit qui portait la jeune fille sur son épaule dégaina une courte épée, incapable de manier son arc dépassant dans son dos avec une seule main. Akihiko laissa l'archer à Anthelia qui continua de le harceler et se focalisa sur le ravisseur. La Kizoku se nimba d'éclairs et il engagea le combat avec ce dernier. Un problème de taille se posa donc à lui ; si l'homme était loin d'être un grand escrimeur à la façon dont il agitait son épée et la tenait, il utilisait avec lâcheté le corps inconscient qu'il transportait comme un bouclier humain, incitant l'enchanteur à la prudence. Il essaya de le contourner, de frapper son flanc, mais son adversaire se débrouillait toujours pour mettre le corps de la fille entre lui et l'ynorien, ce qui commença à l'agacer prodigieusement.

((Elle doit peser son poids cette fille, il ne pourra pas la trimbaler bien longtemps comme ça épuise le !)

Encore une fois, sa Faëra lui procura un excellent conseil. Profitant de son agilité, il tourna autour de lui et essaya de le prendre à revers. Rapidement, l'homme s’essouffla et Akihiko en profita pour entrer dans son rayon d'action. Surpris, il donna un coup d'épée assez hasardeux, que l'enchanteur para avec les écailles de Drakarn. Pour avoir lui-même fait les frais de la résistance de cette cuirasse, il n'avait aucun doute sur leur capacité à arrêter une attaque aussi faiblarde. La lame ripa comme prévu sur les écailles et il enfonça le pommeau de la Kizoku dans le flanc du bandit. Un grognement étouffé sorti de sa barbe drue et il lâcha son fardeau qui s'écroula au sol. Une chute peut-être douloureuse, mais qui n'était pas chère payée pour le sauvetage.Désormais libre de le frapper sans restriction, Chreock libéra la Furie de Rana pour submerger son adversaire. Le premier coup de taille fit sauter la garde peu assurée du bandit, quand le second coup en diagonal trancha à travers son plastron de cuir, une partie des lanières au passage. Un troisième coup formant un X dans les airs avec le coup précédent trancha les autres lanières, faisant tomber son armure alors que la riposte de son adversaire s'écrasait contre la maille de Faerunne sans parvenir à la percer. Enfin, la quatrième frappe traça une ligne sanglante sur son torse, suffisamment profonde pour toucher ses organes vitaux. Le bandit tomba au sol, hurlant de douleur, alors que des étincelles dansait sur sa plaie béante. Akihiko répugnait à tuer un homme sans défense, mais il ne pouvait pas le laisser se vider de son sang : avec un poumon si ce n'était les deux touchés, il n'en avait plus pour longtemps. Il aurait pu tenter de le sauver avec des potions.... Mais il ne le méritait pas. C'est pourquoi il abrégea ses souffrances d'un coup de sabre qui lui trancha sa gorge, traçant une gerbe de sang sur l'herbe.

(Et d'un.)

En se retournant, il vit que le dernier archer avait non seulement réussi à tenir à distance Anthelia, mais aussi a trouver l'opportunité de tirer un trait dans le dos du maître d'armes. Une blessure qui avait l'air superficielle, mais néanmoins douloureuse. Sans attendre, Akihiko le chargea. Dans sa main se concentra un globe de foudre qu'il lança vers son adversaire, mais là aussi son attaque manqua de puissance, aussi ne fit-elle que le déranger. Il se retourna vers lui, une flèche encochée. Son regard montra un instant de panique, avant qu'il ne tourne son regard brièvement vers Silinde qui le chargeait aussi, avec un peu de retard. Se rendant compte qu'il était pris entre deux épéistes le chargeant, il ne sut quoi faire et hésita un peu trop longtemps. Un puissant jet d'eau sous pression sortit d'entre les arbres, perçant sa cuisse comme si de rien n'était. L'homme s'écroula, lâchant arc et flèche en se tenant la jambe. Des larmes de douleur dans les yeux, il implora.

« Pitié ! »

Loi de Valyus, précepte n*4 : "Tu pardonneras celui qui t'implore sincèrement."
Malgré la colère qu'il ressentait pour ces malfrats, l'homme en face de lui était désormais inoffensif et implorait sa clémence. Leur clémence. Il inversa donc la prise sur sa lame et le coup qui lui aurait ouvert la cervelle en temps normal l'envoya au sol, ayant frappé avec le côté non-tranchant de la Kizoku mais néanmoins recouvert de foudre, ce qui l'avait sûrement sonné au passage. Mais restait à convaincre l'hïnion enragé d'épargner l'homme à terre, et cela allait s'avérer difficile car ce dernier était presque sur lui.

(Se prendre une flèche dans le dos, ça ne met pas de bonne humeur...)

Pourtant, il tenta tout de même de l'arrêter.

« Silinde, attendez ! »



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Silinde
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Re: Les Terres Cultivées autour de Kendra Kâr

Message par Silinde » mar. 7 janv. 2020 11:08

Après ce qui n’avait été finalement que quelques longues secondes, ou une courte minute tout au plus, le combat dans lequel les trois compagnons de fortune s’étaient littéralement lancé tête baissée, allait toucher à sa fin.

Pendant son combat contre le premier archer, dont le corps gisait maintenant au sol, une plaie ouverte béante assez imposante au niveau de l’abdomen, Silinde n’avait pu percevoir le reste du combat que par de petits détails.

Il avait aperçu le jeune mage passer derrière, au loin, prêt à frapper sa cible, et il avait entendu le dernier bandit, celui ayant été la cible des attaques surprises des deux humains, décocher quelques flèches sur ces deux derniers, sans pour autant sembler faire mouche.

C’est lorsque celui-ci se retourna contre l’elfe, par le moyen d’une flèche dans l’épaule, qu’il se retourna, et qu’alors qu’il était prêt à en découdre avec lui, furieux autant contre cet archer bien malhabile, que contre lui-même, que la voix du mage le fit réagir:

« Silinde, attendez ! »

Le dernier bandit était en réalité déjà à terre. Partiellement maitrisé par le mage, qui lui aussi en avait fini avec son combat.

Il détourna rapidement son regard en direction du corps du bandit qui jadis portait la jeune femme sur son épaule, alors que lui aussi gisait au sol, la gorge tranchée, sa tête baignant dans son propre sang.

De nouveau, son attention porta sur le dernier homme encore en vie, alors qu’ils les suppliaient de le laisser en vie.
Et pour une raison dont il n’était pas totalement sur, le jeune mage de foudre semblait vouloir l’épargner, alors qu’ils venaient tout deux, d’éliminer un homme sans aucune pitié.
Cependant, ce n’était pas le moment de se faire des ennemis.
Silinde oublia la douleur, et la fureur qu’il ressentait, et ayant fini de s’approcher du dernier des bandits au sol, lui dit:

« Hypocrite. » avant de lui donner un violent coup de pied dans l’estomac, ce qui fit s’évanouir ce dernier, non sans douleur.

Il rangea alors ses lames, avant de se détourner vers la jeune humaine qui était en train de les rejoindre, le danger maintenant passé.
Cependant, tout n’allait pas pour le mieux.
Son visage affichait de la souffrance, et alors qu’elle s’approchait de l’elfe, certainement pour le dépasser et rejoindre son compagnon, Silinde vit qu’elle avait une flèche traversant son avant-bras.
L’homme qu’il venait de frapper devait avoir fini par faire mouche sur elle, avant de se retourner contre lui.

Une fois qu’elle était arrivée à sa portée, l’elfe l’intercepta en lui attrapant l’autre bras, puis se saisi délicatement de son bras blessé.

« Hum… Ce n’est pas une bien jolie blessure. Il va falloir rapidement soigner ça, mais en attendant… »

Alors que lui-même avait toujours une flèche plantée dans son épaule, Silinde brisa l’arrière de la flèche logée dans l’avant-bras de de la jeune humaine, pour la retirer sans douleur, et sans causer plus de dommages qu’elle n’avait causé en entrant.

Il relâcha alors son bras, pour qu’elle puisse rejoindre son compagnon.

Il s’apprêtait maintenant à retirer tant bien que mal la flèche de son épaule. L’elfe se détourna vers les deux humains, et annonça:

« Bien. Et maintenant ? »
Modifié en dernier par Silinde le jeu. 13 févr. 2020 17:22, modifié 1 fois.

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Akihito
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Re: Les Terres Cultivées autour de Kendra Kâr

Message par Akihito » mer. 8 janv. 2020 14:21

Dans le chapitre précédent...

Deuxième Arc : L’art de faire parler la Foudre

Chapitre XLIII.3 : Assaut de la colère.


SIlinde jeta un regard méprisant vers l'archer à terre, avant de lui décocher un violent coup de pied dans l'estomac. De la violence gratuite et pas forcément nécessaire, mais l'enchanteur n'en fit pas grand cas. Il était toujours en vie, ce qui était déjà ça vu comment Silinde était prêt à l'étriper une poignée de secondes auparavant.

« Aki... »

Entendant la voix de la jeune femme, le jeune homme se retourna dans sa direction en rengainant son sabre. Et ce qu'il vu ne lui plut pas, mais alors pas du tout. Anthelia émergea des fourrées, une flèche traversant de part en part son avant-bras. La blessure était nette et cela devait être très douloureux. Ca l'était même, il le lisait dans ses yeux. Une violente envie de tabasser l'archer à ses pieds lui effleura l'esprit, mais il serra les dents. Silinde, qui marchait à l'origine dans sa direction, se retourna lui aussi vers la tatoueuse. Elle voulait visiblement rejoindre Akihiko, mais l'elfe la retint par son bras valide.

« Hum… Ce n’est pas une bien jolie blessure. Il va falloir rapidement soigner ça, mais en attendant… »

Akihiko voulut l'arrêter, peu désireux de laisser sa toute nouvelle amante entre les mains d'un inconnu. Et avant qu'il ne puisse faire quoi que ce soit, l'Hinïon cassa la hampe de la flèche avant de la faire ressortir délicatement par là où elle était rentrée. La tatoueuse grimaça de douleur, mais tint bon. Les gestes de Silinde paraissaient adroits : peut-être avait-il déjà eu à faire avec ce type de blessure ? Dans tous les cas, le projectile fut retiré efficacement, au prix d'une douleur quelque peu aiguë mais pas si chère payée. Elle regarda l'elfe et lui sourit avec gratitude, malgré la douleur qu'elle affichait.

« Merci. »

Puis elle se précipita vers Akihiko, le visage crispé et se tenant le bras pour empêcher le sang de s'écouler trop. Se saisissant de la gourde magique à sa ceinture, il lui fit boire une potion qui résorba sa blessure, sans la faire guérir complètement. Mais au moins, le saignement se stoppa et le trou se résorba, à leur plus grand soulagement.

« Ouf. Tu m'as fait peur Anthelia à sortir comme ça, avec ta flèche dans le bras.

- Crois-moi bien que si j'avais eu le choix, je ne l'aurais pas prise, cette flèche.

- Bien. Et maintenant ? »

L'Ynorien se tourna vers l'elfe. Il essayait visiblement de se retirer sa propre flèche, mais en étant plantée dans son dos, son accès était difficile.

(Il va aggraver sa blessure si il s'y prend mal comme ça.)

« Silinde, attendez. Je m'en charge, vous allez vous faire mal. »

Akihiko s'approcha et après l'avoir dévisagé un instant, il accepta et lui présenta son dos, fléchissant un peu les genoux pour se mettre à la hauteur de Akihiko. Il examina la plaie : il avait eu plus de chance qu'Anthelia, la flèche n'ayant fait que pénétrer sa chair sans rien toucher d'apparemment trop sensible. Il tapota sur son épaule et lui passa les entraves de tissus qu'il avait improvisé quelques minutes auparavant.

« Mordez là-dedans : je vais retirer la flèche d'un coup sec, il serait regrettable que vous vous sectionniez la langue. »

Obéissant, l'elfe prit une profonde inspiration et hocha la tête à son attention, lui signalant qu'il était prêt. Une main posée à plat sur son dos, l'autre refermée autour de la tige de bois, il la retira d'un coup sec. L'homme grogna à travers le tissu et le sang gicla quelque peu avant de se mettre à couler de la plaie. Il lui tendit sa gourde.

« Buvez ça, ça vous guérira votre blessure. Inutile de me remercier, considérez que c'est pour avoir retiré la flèche de mon amie et pour votre aide au-pied-levé dans cet affrontement. »

(Tu es au courant qu'il ne connaît toujours pas ton prénom ?) lui signala Amy, ce que s'empressa de corriger le jeune homme, gêné.

« J'en ai oublié de me présenter. Akihiko Yoichi, d'Oranan. Et voilà ma... Mon amie, Anthelia Marine, d'Oranan également. Merci pour votre aide. Nous prévoyions originalement de débarrasser ce manoir de bandits, car nous sommes à la recherche de quelque chose qui s'y trouve probablement. Mais avec Anthelia désormais blessée, je ne peux pas m'en occuper seul.

- Vas-y avec lui. Moi, je m'occuperai de tenir nos "amis" tranquilles s'ils se réveillent. Et je veillerai aussi sur elle, ajouta-t-elle en pointant du doigt la jeune femme encore inconsciente.

- Mmmh...

- Arrête de t'en faire pour moi. Je peux très bien lancer mes couteaux de l'autre main, et j'ai encore pas mal de fluides. Je ne tomberai pas à court avant d'avoir pu battre en retraite si ça devait tourner mal.

- Dans ce cas... Maître d'Armes Silinde, seriez vous d'accord pour me prêter votre... Vos lames ? Cette bâtisse abrite encore quatre bandits dont un Woran, et votre aide ne serait clairement pas de refus. Évidemment, vous ne ferez pas ça gratuitement. »

Il s'inclina légèrement face à lui en lui formulant sa demande, avant de plonger son regard bicolore dans ses yeux d'or sombre.



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Silinde
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Re: Les Terres Cultivées autour de Kendra Kâr

Message par Silinde » mer. 8 janv. 2020 15:36

Le calme était revenu.
L’ensemble des bandits étaient soit étalés dans leur propre sang, ou inconscients.
Les trois compagnons de fortune essoufflés, mais pas épuisés, allaient enfin pouvoir récupérer pendant quelques minutes, et s’occuper de leurs blessures.

La jeune femme aux longs cheveux blonds, à laquelle Silinde avait retiré une flèche de son avant-bras, l’avait même remercié, malgré le fait qu’elle semblait avoir du mal avec la douleur, et qu’elle était probablement méfiante de l’elfe qui ne lui avait pas laissé le temps de répliquer quoi que ce soit d’autre.

« Merci. »

Alors qu’elle rejoignait son ami, Silinde pu écouter leur conversation, et finalement au détour de celle-ci, apprendre le nom de cette jeune femme:

« Ouf. Tu m'as fait peur Anthelia à sortir comme ça, avec ta flèche dans le bras. »

Il ne porta pas autant d’intérêt au reste de leur conversation, en partie parce qu’il ne voulait pas s’immiscer dans un moment privé entre eux, mais lorsqu’il allait finalement retirer la flèche de son dos, sans bien pouvoir voir ce qu’il faisait et ce d’un coup sec, il fut interrompu par le jeune mage.

« Silinde, attendez. Je m'en charge, vous allez vous faire mal. »

Même si l’elfe n’était pas trop inquiet, et confiant qu’il aurait pu le faire de lui-même, de manière probablement un peu rustique, il aurait certainement été insultant auprès du jeune homme de refuser son aide, surtout qu’il venait d’en faire de même, auprès de la jeune femme, sans lui demander son avis à elle.

« Mordez là-dedans : je vais retirer la flèche d'un coup sec, il serait regrettable que vous vous sectionniez la langue. »

Silinde s’exécuta. Il ressentit la douleur, bien sûr, mais entre son corps encore partiellement endormi, et les nombreuses blessures qu’il avait subies par le passé, celle-ci n’était que bien peu de chose.
Une fois la flèche retiré, l’homme lui tendit même sa gourde.

« Buvez ça, ça vous guérira votre blessure. Inutile de me remercier, considérez que c'est pour avoir retiré la flèche de mon amie et pour votre aide au-pied-levé dans cet affrontement. »

Il avait raison. Même s’il ne voulait pas profiter de la situation, c’était le meilleur choix.
Si Silinde était suffisamment fatigué pour faire une erreur aussi bête contre des adversaires aussi médiocres, ce qui pouvait se trouver dans ce manoir pouvait être bien plus redoutable.
Il but une gorgée de potion, et sentit rapidement un effet, alors que la douleur certes faible de son épaule commençait déjà à se dissiper…

Alors qu’il tendit le bras pour lui rendre sa gourde, et avant qu’il n’ait le temps de le remercier, le mage reprit la parole et se présenta finalement:

« J'en ai oublié de me présenter. Cherock O'Fall, d'Oranan. Et voilà ma... Mon amie, Anthelia Marine, d'Oranan également. Merci pour votre aide. Nous prévoyions originalement de débarrasser ce manoir de bandits, car nous sommes à la recherche de quelque chose qui s'y trouve probablement. Mais avec Anthelia désormais blessée, je ne peux pas m'en occuper seul. »

Silinde connaissait maintenant ses deux nouveaux partenaires.
Alors qu’il s’apprêtait à avancer vers le manoir, et pendant une nouvelle discussion entre les deux humains ou Anthelia décida de rester en arrière pour surveiller tout ce petit monde qu’ils venaient de laisser derrière-eux, Cherock reprit une dernière fois la parole:

« - Dans ce cas... Maître d'Armes Silinde, seriez-vous d'accord pour me prêter votre... Vos lames ? Cette bâtisse abrite encore quatre bandits dont un Woran, et votre aide ne serait clairement pas de refus. Évidemment, vous ne ferez pas ça gratuitement. »

En effet. Les choses allaient s’avérer plus compliquées que prévu. Mais c’était peut-être justement exactement ce dont il avait besoin pour commencer à retrouver sa splendeur d’avant, tout en laissant l‘arrogance à la porte cette fois-ci.

« C’est donc du deux contre quatre. Quatre et demi même, s’ils ont un Woran avec eux… » soupira-t-il.

En minimisant le bruit qu’il faisait en se déplaçant, l’elfe s’approcha du manoir, puis de la porte. Il n’y avait pas de fenêtres à portée pour observer l’intérieur, mais réciproquement, cela voulait aussi dire que les bandits à l’intérieur ne pouvaient pas les voir arriver.
Ce qui donnait potentiellement ici, un avantage à l’elfe.

Il colla son oreille à la porte, et sans bruit, écouta pendant quelques secondes.

Ceci étant fait, il se rapprocha se des compagnons, pour leur faire un court rapport de la situation:

« Deux hommes; en bas dans le hall, ils sont en train de parler, mais ils ne semblent pas paniquer, nous avons peut-être limité suffisamment le bruit dehors pour ne pas les alerter.
Si nous ouvrons brusquement la porte, nous aurons l’initiative, mais ils seront à même de riposter.
Je n’entends pas l’autre bandit, ni le Woran. Ils sont soit dans une pièce plus loin dans le manoir, soit à son étage. »


Il fit une courte pause avant de reprendre.

« Il va falloir agir rapidement, et efficacement. Je peux retenir les deux hommes pour autant de temps que j’arriverais à tenir, et je compterais sur votre soutien pour m’aider à les éliminer, ou bien pire, si les autres bandits devaient se joindre à la fête…
Qu’en pensez-vous ? »


Cherock acquiesça. C’était finalement un plan simple, mais ils n’avaient guère le choix.
Laissant Anthelia derrière eux, les deux hommes arrivèrent juste devant la grande double porte du manoir. Silinde leva sa jambe, et se prépara à frapper la porte, ses deux lames déjà dégainées et en main. Il savait que Cherock comprendrait, et estimait que de par sa grande taille, et ses capacités physiques bien développées pour un mage, il pourrait en faire de même.
Il chuchota alors un décompte:

« 3… 2… 1… Allez ! »

Simultanément, les deux hommes abattirent leur jambe sur la double porte qui s’ouvrit avec fracas, et chargèrent dans le hall du manoir, ou en effet, deux hommes à la ressemblance frappante les attendaient.
L’un était équipé d’un bouclier léger, et d’une hache d’armes, un peu plus courte que les épées de l’elfe, mais l’autre lui, portait une lance, et pouvait être une menace.
Le temps n’était pas à la réflexion, les deux hommes, surpris par le bruit fracassant, se retournaient, alors que les deux compagnons fonçaient droit sur eux.

Ayant tout juste le temps de courir entre les deux frères, se plaçant juste derrière eux, et dos à un escalier un peu plus loin qui montait certainement à l’étage, Silinde se mit en position défensive avec ses deux lames, prêt à intercepter n’importe quelle attaque venant vers lui, et à contre attaquer à ces dernières. Affichant un sourire provocateur, il lança à ses nouveaux adversaires:

« Salut les filles! Vous nous attendiez pour commencer votre petite fête? On va danser ensemble alors!»

Prêt à entamer le combat, et protéger Cherock, Silinde attendait la réaction de ce dernier avant de passer à l’offensive.

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Akihito
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Re: Les Terres Cultivées autour de Kendra Kâr

Message par Akihito » lun. 20 janv. 2020 02:26

Dans le chapitre précédent...

Deuxième Arc : L’art de faire parler la Foudre

Chapitre XLIV.1 : Entrée en fanfare.


« C’est donc du deux contre quatre. Quatre et demi même, s’ils ont un Woran avec eux… »

Le « et demi » lui tira un sourire, et sans qu’il ne puisse réagir, l’elfe profita de l’occasion pour se glisser vers le manoir, progressant discrètement à pas de loup. Est-ce qu’il devait prendre ça pour un oui de sa part pour l’aider ? Il n’en était pas vraiment sûr. Alors qu’il s’apprêtait à le suivre, Silinde lui fit signe de rester là où il était. Il souhaitait faire de la reconnaissance, semble-t-il.

(S’il se porte volontaire… Tant mieux, je ne vais pas me plaindre.)

L’enchanteur se tourna donc vers Anthelia.

« … Tu es sûre que ça ira ?

- Bon sang, Akihiko, je suis pas en sucre ! Arrête de me materner, merde ! »

Plus agacée que réellement en colère, la tatoueuse dissuada son compagnon d’en rajouter une couche. Pour s’occuper, il porta le corps inconscient du larron qu’il venait d’affronter auprès de ses deux compères, avant de faire de même avec la jeune fille qu’il mit un peu à l’écart, mais au moins à l’abri des regards venant de la route. Il en profita pour délester les hommes de ce qu’ils pouvaient bien avoir, c’est-à-dire pas grand-chose dans leurs bourses à part quelques pièces. Il songea un instant à faire des liens supplémentaires, mais ça n’allait pas s’avérer nécessaire tout compte fait. Il ne comptait pas vraiment les épargner sauf s’ils se rendaient désormais. Et de toute manière, il doutait que de simples bouts de tissus puissent restreindre ne serait-ce qu’une demi-seconde un Woran déchaîné. Il n’en avait jamais vu, mais la simple combinaison de : homme-tigre + jusqu’à trois mètres de haut en moyenne suffisait à lui donner une bonne idée de la force que pouvait dégager un tel individu.
Sur cette entrefaite, le maître d’armes réapparu et se rapprocha d’eux, leur délivrant le contenu de son inspection.

« Deux hommes en bas dans le hall, ils sont en train de parler, mais ils ne semblent pas paniquer, nous avons peut-être limité suffisamment le bruit dehors pour ne pas les alerter.

- On a de la chance… Mais il faut dire qu’on est assez loin du bâtiment et si c’est un manoir, on doit être sur des murs très épais. Un bon point pour nous, dans tous les cas.

- Le retour de Akihiko le maçon… se moqua Anthelia alors que Silinde continuait son explication.

- Si nous ouvrons brusquement la porte, nous aurons l’initiative, mais ils seront à même de riposter. Je n’entends pas l’autre bandit, ni le Woran. Ils sont soit dans une pièce plus loin dans le manoir, soit à son étage.

- Ils sont à l’étage : c’est ce que disait ce type-là quand on l’a interrogé. Le Woran se trouvait selon lui à l’étage avec une femme. Et ça coïncide avec ce que tu nous rapportes. »

Il fit une courte pause avant de reprendre.

« Il va falloir agir rapidement, et efficacement. Je peux retenir les deux hommes pour autant de temps que j’arriverais à tenir, et je compterais sur votre soutien pour m’aider à les éliminer, ou bien pire, si les autres bandits devaient se joindre à la fête…
Qu’en pensez-vous ? »


Le plan semblait… Basique. Rudimentaire même. Mais parfois, la solution la plus simple était tout simplement la meilleure. Silinde se débrouillait indéniablement mieux que lui au corps-à-corps, le laisser se battre en première ligne pendant que lui arrosait d’éclairs de derrière était une bonne idée, c’est pourquoi il approuva.

« Allons-y alors. »

Akihiko se prépara à partir, avant qu’Anthelia ne le retienne par la manche. Se demandant ce qu’elle voulait, il se tourna pour lui faire face et elle planta un baiser sur ses lèvres.

« Bonne chance. SI tu veux en avoir d’autres, t’as intérêt à revenir en un seul morceau.

- Compte sur moi pour ça. »

Le cœur léger, il tourna les talons et rejoignit silencieusement SIlinde. Plus habitué que lui à se déplacer en toute discrétion, il n’eut aucun mal à le rattraper et ensemble, ils arrivèrent devant la porte double du manoir. Comment allait-il procéder pour entrer ? Il pouvait faire sauter le verrou avec son marteau, si verrou il y avait. Silinde, lui ne s’embarrassa pas de ce genre de considération et était déjà prêt à enfoncer la porte, une jambe levée pour la taper du pied. Une façon d’ouvrir la porte qu’il n’avait pas vraiment envisagée… Mais question entrée surprise, on pouvait difficilement faire mieux. Akihiko prit néanmoins le temps d’inspecter la porte. Tenter d’enfoncer une porte qui s’ouvrait vers l’extérieur ou verrouillée allait s’avérer difficile. Mais les gonds lui indiquèrent que la porte s’ouvrait bien dans le bon sens et que même si un verrou était présent, la porte était dans un état lamentable : le verrou resterait peut-être en place et ce serait tout le bois autour qui se désagrégerait, rongé par le temps et les intempéries. Dégainant son marteau, il se mit lui aussi en position et assura sa prise au sol à l’aide du long manche de son arme.

« 3… 2… 1… Allez ! »

Simultanément, les deux hommes frappèrent du talon la porte. Elle n’offrit qu’une faible résistance avant de s’ouvrir violemment sous l’assaut, claquant contre les murs. A l’intérieur, adossé à deux piliers qui ornait un vaste hall qui aurait pu être beau à la grande époque, se relevèrent en sursaut. Les fameux frères Scotte sans aucun doute, tant la ressemblance entre les deux était flagrante. Même menton carré, même nez aquilin, mêmes yeux marrons -plutôt beau, se fit-il étrangement la réflexion- et même coupe de cheveux noirs en bataille. Brigandines et bracelets d’aciers composaient leur armure, toutes deux aux couleurs de la ville de Kendra-Kâr. Un butin de guerre, sans aucun doute… Mais là où ils se démarquaient, c’est que si l’un était équipé d’un petit bouclier en bois cerclé de métal et d’une hache à une main soigneusement entretenue, l’autre attrapa une longue lance à la pointe lourde effilée.

(Pas de fluides en eux, comme prévu… Par contre, ils ont l’air de savoir se débrouiller avec des armes en mains.)

(Ouais. Celui avec la lance surtout, il m’a l’air vicieux.)

Un rapide coup d’œil l’informa de la topographie de la pièce. A gauche et à droite, deux portes à moitié fermées. En face de lui, deux escaliers droits montant vers l’étage, dont on voyait la coursive reliés les deux hauts des marches et protégées par une rambarde. Et en dessous de cette rambarde, entre les deux escaliers, le hall se finissait sur une double porte ouverte où on pouvait apercevoir une longue table. La pièce dans laquelle il se trouvait était en soit dans un état pitoyable, avec des débris partout mais qui n’allait à priori pas le gêner dans ses déplacements. Et, soudain, SIlinde eu un geste qu’il n’expliqua pas. Il fonça tête baissée entre les deux frères, les dépassa et tourna le dos à l’escalier de gauche, croisant ses lames devant lui en une position défensive. Si cette manœuvre osée eu l’avantage de les prendre par surprise, Akihiko fut lui bien trop surprit pour le suivre dans cette entreprise. Ils furent donc séparés. Silinde se fendit alors d’une petite provocation, qui ne manqua pas d’attirer leur attention.

« Salut les filles! Vous nous attendiez pour commencer votre petite fête ? On va danser ensemble alors! »

Il vit alors l’expression de surprise de ce dernier en croisant son regard, resté à l’entrée de la pièce et donc derrière les deux hommes qu’il venait de provoquer. Il avait dû penser que l’enchanteur l’avait naturellement suivi… Mais il oubliait de prendre en compte que Akihiko n’était pas aussi agile ou rapide que lui. Il était fort à parier qu’il aurait pris un méchant coup en passant derrière le maître d’armes. Mais ce n’était pas si grave. Cette configuration offrait elle aussi des avantages : ils pouvaient prendre les deux frères en tenaille. Deux frères qui se tournèrent instinctivement vers l’elfe fou furieux qui non seulement les insultaient, mais se trouvait aussi dans leur dos. Une aubaine pour Akihiko qu’il ne manqua pas. Les fluides commencèrent à s’accumuler dans ses veines et un globe de foudre se forma à la tête du marteau. Un swing de ce dernier permit à l’enchanteur de le projeter dans le dos de celui qu’il avait estimé directement comme le plus menaçant : le lancier. L’orbe éclata sur son fessier, perçant et brûlant le tissu pour laisser une trace rougie et presque cloquée sur ce dernier. Une blessure superficielle… Mais qui eu le mérite de le faire se retourner. Akihiko approcha et nimba son marteau d’éclairs. S'ils resserraient l’étau avec SIlinde, ils allaient leur mettre une pression monstrueuse et l’un allait d’eux allait forcément montrer son dos à lui ou à l’elfe… Il n’y aurait plus que l’occasion à saisir.

(Et on va en profiter maintenant…)

Le second brigand au bouclier lui tournait le dos, toujours face à Silinde. Il décida donc de lui envoyer un Choc de Valyus dans le dos et tendit la main, visant entre ses omoplates. Ce qu’il n’avait pas prévu, c’est qu’à l’aide de la hampe de sa lance en bois, le lancier intercepte le sort en plein vol. Coup de chance improbable ou véritable prédiction de la zone ciblée de son sort ? Il n’en savait rien, mais il raffermit la prise sur son marteau en continuant de se rapprocher. Le combat s’annonçait moins facile que prévu…


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Silinde
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Re: Les Terres Cultivées autour de Kendra Kâr

Message par Silinde » lun. 20 janv. 2020 10:48

Maintenant en plein combat avec les deux bandits, si similaires qu’ils étaient probablement frères, ou même jumeaux, Cherock avait rattrapé Silinde après sa charge, et avait même saisi l’opportunité offerte par l’elfe pour prendre l’initiative dans ce combat.
Un sort habile avait pu blesser le lancier, et détourner son attention du maitre d’armes; et un second sort, destiné au frère portant la hache et le bouclier, lui tournant encore le dos, avait malheureusement été détourné par la lance du premier.

(C’est déjà ça) avait immédiatement pensé l’elfe. Quelque part, le lancier était pour lui l’ennemi le plus dangereux, de par l’allonge supérieure à la sienne qu’il possédait.
L’autre frère avec sa simple hache, qui même si dangereuse, n’avait quasiment aucune allonge, et dans sa position défensive, Silinde ne le considérait presque pas comme dangereux. Un simple obstacle.

Et il allait justement tenter de passer cet obstacle pour profiter une nouvelle fois d’une occasion trop belle pour ne pas la saisir: le frère lancier, le plus dangereux des deux autant pour lui-même que pour son compagnon mage, lui tournait maintenant le dos. Une parfaite occasion à saisir pour essayer de rapidement prendre l’avantage, et se débarrasser de lui sans risquer de se faire trop grièvement blesser alors que les renforts étaient certainement sur le point d’arriver.

Faisant tournoyer ses deux lames argentées, Silinde s’apprêtait à charger.
Ce petit geste simple, mélange d’esbroufe et de confort pour lui-même était devenu une habitude maintenant.
Le bandit à la hache, malgré la vitesse de l’action, avait définitivement compris ce que l’elfe s’apprêtait à faire, et était bien décidé à l’en empêcher.
Mais le maitre d’armes savait qu’il avait l’avantage. Il avait bien remarqué l’équipement certes de bonne qualité que portait les deux frères, mais surtout dépareillé, probablement un butin obtenu quelque part, et prouvant définitivement que même s’ils n’étaient pas faibles, loin de là, ils n’étaient pas non plus entrainés et habitués à ces armes et armures spécifiquement.

Ceci; plus la vitesse et l’habileté de l’elfe en position défensive allait être suffisant. Il devait passer le premier frère, et éviter l’attaque de sa hache qui pouvait s’avérer dévastatrice, pour atteindre le second frère, et le frapper dans le dos.
Silinde évita de justesse la hache qui frappa dans le vide, mais n'avait pas prévu le coup de bouclier qui suivit.
Cela ne le blessa pas, mais l'empêcha d'atteindre son objectif premier et dû se résoudre à abattre ses lames sur l'adversaire qui venait de le bloquer; lui assenant une double frappe combinée de ses épées argentées, alors qu’il n’avait plus de défenses levées, dû aux frappes qu’il venait d’effectuer avec sa hache et son bouclier.

Ce n’était pas la solution optimale, d’autant plus que son armure encaissa une bonne partie des dégâts de la contre-attaque de l’elfe, mais suffisant pour entailler sa chair au niveau du torse, lui arrachant un cri de douleur que même son frère, le dos tourné et ne pouvant pas se retourner pour regarder, entendit.

Silinde recula alors de quelques pas, se préparant pour une nouvelle offensive.

Cherock, de son côté rencontrait lui aussi de la résistance, avec le bandit lancier le tenant à distance, le menaçant par la pointe de son arme et son allonge.
Mais lorsque les deux frères se rapprocher, dos à dos, se surprenant même l’un l’autre, le mage saisit l’opportunité, et avant de lancer un sort hurla en direction de l’elfe:

« Silinde! Reculez! »

S’en suivi l'explosion d'une rune plutôt puissante au sol, délivrant une forte énergie électrique aux deux bandits, tous deux dans sa zone d’effet.

« Splendide! » s’exprima Silinde, qui avait tout juste eu le temps de sauter en arrière pour éviter de se trouver lui aussi pris dans le sort.
Cherock avait vraiment pu blesser les deux frères, et il s’agissait maintenant de ne pas relâcher la pression mise sur eux par les deux compagnons.

C’est alors que l’elfe entendit quelque chose, et rapidement, en averti son compagnon:

« Sir Cherock, j’entends du mouvement au-dessus de nous. De LOURDS mouvements. Les deux et demi qui nous restent ne vont pas tarder à débarquer, nous devons en finir rapidement avec ces deux demoiselles! »

Malgré la gravité potentielle de la situation, l’elfe ne se priva pas d’utiliser un ton amusé, et d’afficher un sourire, profitant encore d’une occasion pour provoquer ses adversaires, et faire un peu d’esbroufe, avant de relancer un nouvel assaut.

Il chargea de nouveau.
Si son objectif était exactement le même qu’auparavant, cette fois-ci la méthode qu’il allait employer était légèrement différente.
Il décida de faire mine de charger le bandit au bouclier, qui lui faisait face et n’avait pas encore totalement récupéré de l’impact du sort qu’il venait de recevoir, titubant partiellement.

Au dernier instant, alors que celui-ci releva son bouclier, prêt malgré tout à tenter de se défendre de l’attaque imminente de l’elfe, ce dernier fit une volte à quelques centimètres seulement de lui, pivota, et obtint une royale opportunité de frapper l’autre frère à la lance, faisant toujours face à Cherock, au niveau du flanc.

C’est exactement ce qu’il fit, le frappant de ses deux lames, juste en dessous de sa brigandine, au niveau de sa hanche là où il n’était pas protégé, faisant jaillir une gerbe de sang.

Par réflexe, le bandit lâcha sa lance qu’il ne tenait plus que par une main pour poser l’autre sur son flanc meurtri. Il était à deux doigts de s'écrouler à tout instant.
L’attaque avait aussi fait se décaler les deux frères, qui n’étaient maintenant plus en contact, ce qui eut pour conséquence d’exposer de nouveau le dos du second frère, celui à la hache et au bouclier, à Cherock, libre d’exploiter cette nouvelle opportunité.

Ce qu’il ne se priva pas de faire.

Silinde fut plutôt surpris de voir son compagnon, qui pour l’instant s’était plutôt illustré par des prouesses presque essentiellement magiques, utiliser son gros marteau de manière habile, ce dernier nimbé d’énergie électrique, et acheva le lancier d’un coup violent qui brisa autant son armure que ses os.

(Je ne m’attendais pas à ça pour sûr) pensa l’elfe, reprenant rapidement sa concentration, alors que le dernier frère survivant, réalisa sa situation, et dans un dernier élan de rage avec pour but certainement de venger son frère, chargea le maitre d’armes.

Le combat n’était pas terminé. Sous-estimer une personne désespéré, et prête à sacrifier sa vie n’était pas une bonne idée, et SIlinde le savait. Le bandit n’avait plus rien à perdre, et semblait bien disposé à donner sa vie pour prendre la sienne fort probablement.
L’elfe, bien fort peu disposé à en arriver là, changea une nouvelle fois de tactique.

Toujours sur la défensive, il échangea quelques coups avec l’homme à la hache, qui frappait frénétiquement de toutes ses forces, essayant de passer les défenses de Silinde qui jusqu’à là, parvenait à parer ou esquiver ses attaques.
Mais réciproquement, il semblait aussi réussir à dévier les attaques de ce dernier habillement avec son bouclier, dans son dernier élan, avec l’énergie du désespoir, il comptait bien parvenir à son objectif.

La taille de l’elfe blanc, d’une bonne dizaine ou quinzaine de centimètres plus grand que son adversaire, pourtant plutôt grand, utilisa cela à son avantage une nouvelle fois.
Attendant la parfaite opportunité, lorsque le bandit leva sa hache au-dessus de lui pour l’abattre une nouvelle fois avec fracas, Silinde lâcha l’épée qu’il tenait dans sa main gauche, et celle-ci attrapa la hache en plein vol, alors qu’elle venait à peine d’entamer son mouvement vers le bas, et ainsi la bloqua.

Non sans subir une coupure au niveau de sa main, faute à la hache malgré tout acérée, ce n’était heureusement qu’une blessure bégnine. Mais l’action de l’elfe, totalement imprévisible surpris le dernier des frères, qui prit une seconde de trop pour tenter de lever son bouclier, pour se protéger de l’attaque imminente du maitre d’armes, qui avait toujours son épée dans la main droite, alors que cette dernière s’abattait en direction de son cou.

La blessure était grave. Pas assez pour le tuer sur le coup, mais assez pour que, avec toutes ces blessures cumulées, l’homme s’écroule à genoux, lâchant ses armes, la hache toujours maintenu par l’emprise de l’elfe et sa main ensanglantée, puis tombe au sol, toujours conscient, mais perdant beaucoup de sang ne lui donnant plus que quelques minutes tout au plus à vivre, juste assez pour voir le corps de son frère, gisant sur le sol, en face de lui.

Silinde lâcha son emprise sur la hache qui tomba elle aussi au sol, son tranchant toujours couvert par le sang de ce dernier.
D’un mouvement de pied habille, l’elfe projeta son épée qui était au sol non loin de là, et la rattrapa avec sa main entaillée, se remettant en garde, et faisant face aux escaliers.

Les deux compagnons pouvaient maintenant entendre distinctement les bruits de pas de course qui s’approchaient. Les renforts étaient arrivés.

« Sir Cherock, nos invités sont arrivés! »

Ce dernier avait bien compris que les choses allaient se compliquer.
Même s’ils avaient pu éviter le pire, en éliminant les deux frères avant l’arrivée des renforts, et ainsi ne pas se retrouver dans une situation désavantageuse, elle n’était pourtant pas non plus à leur avantage immédiatement.

« Valyus tout puissant… » s’exclama Cherock, qui avait eu la bonne initiative de se rendre au pied du second escalier du manoir.

Leurs nouveaux adversaires leur faisaient face, chacun en haut d’un escalier.
Au-dessus du mage se tenait une jeune femme, avec de longs cheveux roux, et clairement équipée d’une armure de cuir et de nombreux couteaux d’une qualité définitivement plus haute que l’équipement que les deux frères, gisant dans leur sang au sol non loin des pieds de Silinde, étaient équipés avec.

« Enfoirés ! Je vais vous étriper! »

Ayant suivi un rugissement intimidant, cette menace provenait de l’adversaire faisant face à l’elfe, en haut de ses escaliers. Le woran contre lequel Cherock l’avait mis en garde plus tôt.
Sa taille gigantesque, dépassant d’un bon mètre celle de l’elfe, et la musculature anormalement développée de ce dernier fit très rapidement comprendre au maitre d’armes que cela n’allait pas être une partie de plaisir.

(Voilà le un et demi je suppose. Comment vais-je bien pouvoir m’y prendre?)

Silinde affichait toujours un sourire au coin de sa bouche, mais celui-ci était beaucoup plus crispé qu’auparavant. Finies les plaisanteries, il fallait passer aux choses sérieuses.

Alors que de son côté Cherock échangeait quelques paroles avec son adversaire, auxquelles l’elfe n’avait pas réellement le privilège et le temps d’y faire bien attention, il savait qu’il devait trouver un moyen de retenir cet adversaire bien au-dessus de ses capacités actuelles, pour que son compagnon puisse en finir avec la jeune femme, et le rejoindre.

En un instant, il échangea sa lame dans sa main gauche entaillée, qu’il venait pourtant tout juste de ramasser, et se saisi du bouclier à terre, juste à ses pieds. Il rangea son épée argentée, et de et sa main droite se pose sur son katana, toujours dans son fourreau à sa ceinture.
Toujours en position défensive, cette fois-ci beaucoup plus solide avec un bouclier en main, l’elfe s’exprima finalement:

« Nous étriper? C’est nous qui allons te dépecer! Je t’attends le poilu ! »

Provoquer cette montagne de muscle et de rage n’était probablement pas la meilleure des idées. Mais Silinde n’avait pas beaucoup de choix. Il était plus faible que ce woran. Il le savait bien. Se protéger au mieux qu’il le pouvait en attendant le support de son compagnon mage était définitivement la seule chance que tous deux avaient de s’en sortir.

Bouclier levé, montrant du doigt vers le haut des escaliers en forme de défi, le maitre d’armes était prêt à entamer cette nouvelle danse, alors que son adversaire accepta cette invitation, et alors qu’il montrait les croc et grognait, bondit en bas des escaliers directement sur l’elfe.

Pas le temps de réfléchir. Silinde ici aurait pu simplement éviter cet assaut évident, mais il choisit de garder ses positions. S’il n’était pas en mesure d’encaisser une telle attaque qui serait dévastatrice pour lui, même avec le bouclier levé, il pouvait cependant utiliser ce dernier pour dévier la trajectoire du woran, utilisant sa propre force contre lui, et le rendant totalement incapable de réagir à la chose.

Pendant le court instant où le bouclier fut en contact avec la montagne de poils et de muscles, et que l’elfe pivota légèrement pour le dévier, il dégaina son katana en un éclair lorsqu’il était dans l’angle mort de son adversaire, et frappa ce dernier en un seul mouvement, sans que celui-ci ne puisse se rendre compte de la situation.

Le woran dévié, ce dernier pu malgré tout se rétablir, et atterrit sur le sol lourdement, mais il ne prit qu’une seconde tout au plus pour bondir sur ses pieds, et faire face au maitre d’armes à nouveau, encore plus énervé qu’auparavant.
La chute n’avait eu aucun effet sur lui, à part de lui faire manquer son assaut initial, ce qui était bien suffisant pour l’elfe, mais l’attaque opportuniste de ce dernier par contre, avait touché au but.
Ce n’était qu’une simple entaille, au niveau de la hanche, pas assez pour vraiment gêner son adversaire, mais c’était déjà un début.

Levant à nouveau son bouclier, son katana posé sur l’épaule, prêt à l’abattre à la prochaine opportunité de contre-attaque, Silinde attendait le prochain assaut.

« C’est quand tu veux boule de poils, je n’ai pas toute la journée ! »

L’esbroufe de Silinde commençait à se faire rare. Même s’il ne s’en privait pas, contrairement à ses précédents échanges et combat, on aurait pu le qualifier de calme et silencieux cette fois-ci. Il savait bien qu’il était en désavantage, et qu’une simple erreur ici lui couterait la vie.

(Je n’ai pas le temps pour me laisser mourir ici! Pas avant d’avoir des réponses à mes questions.)

Son sourire laissant place finalement à une expression plus sérieuse et démontrant sa concentration, il était prêt alors que le woran le chargeait à nouveau après un grognement bruyant.

Il bondit à nouveau. Cette fois ci, le maitre d’armes ne pourrait pas aussi facilement le dévier, il le savait bien. Il savait aussi que de par leurs différences de tailles et de poids, il n’avait aucune chance d’encaisser totalement l’attaque.

Tentant d’éviter l’assaut en pivotant sur le côté au moment opportun, il put éviter le pire.
Cependant, cela eut aussi des conséquences.
Non seulement l’elfe fut projeté violemment sur le sol, plus loin, vers la porte du manoir, mais aussi les longues griffes que portait le woran purent entailler sa chair au niveau du bras.
Ce n’était fort heureusement pas la plus grave des blessures, mais il n’allait pas pouvoir continuer longtemps ainsi si chaque échange devait se terminer de la sorte.

Silinde était totalement concentré sur son propre combat, et n’avait pas eu un instant pour essayer de voir où en était son compagnon. Un manque d’attention tel que celui-ci, même pour un bref regard, pourrait lui couter la vie. Il devait tenir, seul, en attendant que Cherock puisse le rejoindre pour cet adversaire qui les dépassaient tout deux…

Se relevant difficilement, et se remettant en garde tant bien que mal, l’elfe se préparait pour un nouvel assaut.
Fort heureusement il n’avait pas d’os cassés, mais il titubait un peu à cause de la force de l’impact. Il n’allait pas pouvoir éviter de nombreuses attaques comme cette dernière, il allait devoir employer une tactique différente.

Lorsqu’il vit le woran l’approcher normalement, décidé à en finir avec cette proie qui évitait ses bonds, il voulut saisir l’occasion. Il était prêt à subir une attaque, et prendre le risque, pour pouvoir contre-attaquer là où ça fait mal auprès de la montagne de muscles.

Arrivé à la portée de son adversaire, le woran sauta et attrapa l’elfe, ouvrir sa grande bouche et s’apprêta à le mordre au niveau du cou, tel un véritable prédateur. C’est exactement ce que l’elfe attendait. Il n’allait pas pouvoir se sortir de l’étreinte de la boule de poils, ni même éviter sa morsure. Mais ce qu’il allait pouvoir faire, c’est éviter une morsure mortelle pour lui, et profiter de la distance à son avantage pour attaquer à nouveau.

Se débattant juste assez au moment opportun, l’elfe glissa juste suffisamment dans l’étreinte du woran pour que la morsure de ce dernier n’atteigne pas la cible escomptée. Ses crocs acérés pénétrèrent la chair du maitre d’armes, juste au niveau de son épaule blessée dans le précédant combat à l’extérieur du manoir.

C’était le moment.
Malgré la douleur intense, Silinde avait pu éviter le pire, et maintenant, était bien décidé à en profiter. Crispant les dents pour oublier la douleur ne serait-ce qu’un instant, il donna un violent coup de genou au niveau des bijoux de famille de la montagne de muscles, juste en dessous du pagne qui les protégeait.

Le woran poussa un grognement, mélange de rage et de douleur évident, relâchant la prise de sa morsure et de son étreinte, et l’étourdit pendant un instant, opportunité que l’elfe saisit pour planter sa lame dans son estomac.

Malgré son cuir solide, la lame pénétra sa chair, et lui arracha un nouveau cri de douleur. Ce dernier repoussa fortement le maitre d’armes, qui, ayant toujours cette fois-ci une forte poigne sur sa lame, se retrouva projeté à quelques mètres de là, la lame toujours avec lui, laissant une nouvelle plaie béante au niveau de l’abdomen de son adversaire.

Voyant ce dernier toujours debout, semblant plus enragé que gêné par la blessure, l’elfe compris que cela n’avait probablement pas touché d’organes vitaux malheureusement.
Cependant, cela serait peut-être suffisant pour ralentir cette montagne de muscles quelque peu, ou bien au moins le faire hésiter à attaquer de nouveau avec tant de confiance.

L’elfe, bien plus diminué que son adversaire, se remit en garde, et espéra qu’il allait pouvoir encore contenir les assauts incessants en attendant que Cherock puisse le rejoindre.

Une fois de plus, c’est ce qui arriva, juste à point nommé.
Le mage avait fini avec son adversaire depuis peu semblait-il, et avait pu rassembler tant bien que mal sa concentration pour incanter un sort, plus long, mais aussi plus puissant qui frappa le woran, ne s’attendant absolument pas à cela, de deux puissants éclairs jumeaux.

« C’est fini Flior. Rends-toi si tu ne veux pas rejoindre ta copine chez Phaïstos. » s’exclama ce dernier, menaçant la montagne de poils et de muscles, espérant probablement écourter le combat.

Mais ce dernier avait peu à peu été provoqué par l’esbroufe du maitre d’armes, la perte de ses laquais, puis de celle qui était peut-être sa compagne, des attaques et blessures qui ne lui avaient pas été fatales mais définitivement humiliante, et maintenant, le jeune humain lui aussi le provoquait?

Cela en était visiblement trop pour le woran.
Alors que Silinde avait de nouveau resserré la distance entre eux, et était presque à portée de lui, il fut envoyé voler au loin par un revers de ce dernier.
Il changea ensuite de cible, chargeant en un éclair Cherock, qui avait prévu le coup, et au préalable, préparé un piège, sous forme d’une rune électrique sur le trajet qu’il devait emprunter pour l’attaquer.

Ce fut un succès, et le woran déclencha le piège, subissant une nouvelle décharge d’énergie électrique, mais cependant non suffisant pour l’arrêter dans son élan.

Arrivé au contact de Cherock en moins de temps qu’il ne fallait pour le dire, le woran le échangea plusieurs coups avec lui, que le mage parvint à bloquer ou éviter tant bien que mal, jusqu’à que finalement, un dernier assaut puissant l’envoya voler à plusieurs mètres de là où il se tenait, s’écrasant lourdement contre un mur, et laissant entendre un bruit trahissant qu’il venait probablement de se faire casser plusieurs os.

Ce dernier rencontrait des difficultés à se relever, ce qu’il essayer de faire péniblement, et allait lui prendre du temps. Du temps qu’il ne pouvait pas perdre à cet instant, avec un terrible adversaire qui allait profiter de cette opportunité pour en finir avec lui, tel le prédateur qu’il était.

Mais Silinde de son côté n’était pas resté inactif. Il avait poursuivi le woran, même si moins rapide que celui-ci, il était maintenant presque à portée de lui pour tenter de l’attaquer, ou d’en finir avec lui, et dans le pire des cas, essayer une nouvelle fois de détourner son attention pour laisser le temps à con compagnon de se remettre sur ses pieds.

Lâchant son bouclier, il sauta sur le dos de ce qui était juste un animal sauvage maintenant, et s’agrippa autant que possible aux poils de celui-ci d’une main, le frappant au niveau de l’épaule et du cou avec sa lame dans l’autre main.
Il espérait que cela allait fonctionner, mais malheureusement ce n’était toujours pas suffisant.

Encore une fois lors de ce combat, c’est un violent mouvement du woran qui envoya voler Silinde en arrière, son emprise n’étant pas assez pour rester accroché au dos de ce dernier.
Son attention était toujours concentrée sur le mage qu’il voulait visiblement vraiment éliminer.

(Combien de sorts, combien de blessures encore nous faudra-t-il pour qu’il tombe enfin?) pensa l’elfe, commençant à s’exaspérer de la résistance anormale de leur adversaire.

Tentant le tout pour le tout dans ce combat qui n’allait pas pouvoir durer bien plus longtemps ni pour l’un des côtés ou l’autre, l’elfe ramassa la lance qui était au sol non loin de lui, et chargeant leur terrible adversaire, la lui enfonça dans le dos. Malheureusement très peu habitué à ce type d’arme en particulier, et fatigué par le combat, il manqua une nouvelle fois les organes vitaux, empalant seulement le woran partiellement, le cuir solide de ce dernier ayant stoppé net la lame avant qu’elle ne finisse de le traverser de part et d’autre.

Cette fois-ci, cependant, il tourna la tête pour essayer de voir le maitre d’armes qui venait de l’attaquer, détournant brièvement son attention de Cherock qui, finalement relevé, profita de l’occasion pour le charger, son marteau en main, pour un dernier assaut.

Et malgré l’état dans lequel il était, avec définitivement des os cassés et supportant la douleur, le mage s’était en effet relevé, et avait compris l’intention de Silinde, bien disposé à l’aider dans ce dernier assaut désespéré pour en finir avec cet adversaire qui les avaient déjà épuisés.

Abattant son marteau en plein milieu du torse du woran, la pointe de la lance fut finalement enfoncée plus profondément, traversant enfin le cœur de la créature, qui tenta de se débattre comme jamais, pendant quelques secondes, avant de faiblir, puis, s’arrêter de bouger, définitivement.

Ils avaient réussi.
Ils étaient en piteux état, mais ils étaient en vie.

« Ca aura pas été évident, mais merci, maitre d’armes Silinde. Sans vous, ça aurait été une autre paire de manche. » déclara son compagnons, après quelques secondes de silences pendant lesquelles les deux hommes avaient tout simplement repris leur souffle.

Puis immédiatement, un bruit se fit entendre à l’extérieur du manoir :

« Tiens, on dirait que la cavalerie se pointe enfin… »

Avant qu’ils n’arrivent, Silinde répondit à Cherock :

« Pas de problèmes. Ce fut particulièrement difficile, mais je suppose que c’était un bon moyen de se remettre dans le bain après si longtemps. » puis, en regardant vers le sol, là ou le woran gisait :

« Le plus important, c’est que nous sommes toujours en vie. Et que nous tenons encore partiellement debout. Ce n’est plus le cas de ce tapis glorifié qui git au sol… »

Après cette dernière plaisanterie, un petit groupe de la milice fit son apparition dans le bâtiment.

Plusieurs échanges s’en suivirent, auxquels Silinde ne participa pas.
D’un côté, Anthelia s’inquiétait pour son compagnon, et ensuite ce dernier fut celui qui expliqua la situation à la milice, n’étant pas surprit de les voir arriver.

Leur petit groupe était aussi accompagné d’un soigneur qui s’occupa avec sa magie de guérison des blessures des deux hommes qui tenaient à peine debout après ce combat éprouvant.
Ce n’était pas assez pour repartir le pied léger, et totalement oublier ces blessures, mais assez pour les refermer, et laisser un bon repos faire le reste.

A un certain moment, durant la conversation entre Cherock et le sergent de la milice, le nom de l’elfe fut mentionné, ce qui fit réagir ce dernier, qui lui adressa enfin la parole:

« Silinde? Instructeur Silinde, c’est vous? »

Le maitre d’arme ne le reconnaissait pas, mais, son nom lui semblait être reconnu.

« Lui-même. C’est… Une longue histoire. Je vous suivrais à la milice, je souhaitais justement y aller pour plusieurs raisons… »

Il détourna ses yeux vers son compagnon, qui lui aussi avait pu se faire soigner, et lui dit:

« Je suppose qu’il ne me reste plus qu’à récupérer mon paiement, et nos chemins pourront se séparer Sir Cherock, je suis sûr qu’après ce combat vous ne désirez aussi qu’une bonne douche et du repos en bonne compagnie. »

La douleur étant maintenant plus ou moins partie, il affichait de nouveau son sourire narquois habituel.

« Il me reste malheureusement encore des choses à faire dans ce manoir. Mais oui, le paiement… Alors… » répondit l’humain.

Même si Silinde n’avait pas utilisé un ton agressif, Cherock lui avait promis paiement contre son aide, et ainsi, c’était une manière pour eux de finir leur accord passé. Même si l’elfe n’attendait pas grand-chose en retour, certain que l’expérience acquise par cette petite remise en forme serait la plus grande récompense au final.
Cependant, surtout dans un monde qui était totalement inconnu pour lui aujourd’hui, un peu d’argent ne serait pas de refus…

Cependant, son compagnon de fortune lui fit une offre quelque peu différente de ce qu’il attendait.

« Je pourrais vous payer en yus, mais pour un guerrier comme vous, les yus se rassemblent tous, non? Les miens ne seront que des pièces parmi tant d’autres. J’aimerais vous remercier d’une façon plus… personnelle. »

Il lui expliqua le fonctionnement du transfert magique, avec pour seul prérequis de la part de l’elfe, un simple objet pouvant servir de réceptacle à ce dernier, et contenir le sort que Cherock stockerait dans celui-ci.

« Reste à savoir quel sort je peux vous donner. Vu que vous n’êtes pas un mage, j’ai du mal à vous imaginer lancer un quelconque éclair ou toute autre projection un peu… ésotérique ? De la magie. Mais il se trouve que je connais un sort baptisé ‘’Arme Magique’’, qui pourrait créer une arme de foudre pure avec laquelle vous pourriez vous battre au corps à corps l’espace d’un combat. La lame ne sera pas solide et vous ne pourrez pas parer avec… mais les armures adverses non plus. Qu’en pensez-vous ? »

Silinde prit quelques instants pour réfléchir, quand une idée lui vint.
Il fouilla son sac, pour sortir la garde de son arme pas encore complètement assemblée.
Cela pourrait certainement contenir le sort du mage, et sera parfait pour utiliser la dite lame de foudre.
Il le présenta alors au mage, simplement acquiesçant à son idée.

Ce dernier répondit alors:

« C’est tout à fait possible oui. Si vous voulez bien me le laisser quelques instants… »

Sans comprendre bien ce qu’il faisait, l’elfe comprit au moins que c’était un processus fatiguant, et cela pris quelques longs instants avant que le mage, finalement rende à Silinde son arme.

« Voilà. Si ce paiement vous suffit… Je n’ai plus qu’à vous souhaiter bonne route messire Silinde. Encore merci, et j’espère que nos chemins auront l’occasion de se recroiser. »

Le maitre d’arme sourit.

« J’en suis persuadé. Merci à vous pour cette opportunité, et pour ce sort qui sera fort utile le moment venu! Nous nous reverrons Sir Cherock, prenez soin de vous et de votre compagne! »

Avec un dernier sourire narquois, l’elfe tendit la main et serra celle de son compagnon de quelques instants seulement, avant de suivre le membre de la milice qui l’avait interpelé, bien décidé à retourner en ville pour avoir une discussion avec l'elfe.

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Re: Les Terres Cultivées autour de Kendra Kâr

Message par Akihito » lun. 17 févr. 2020 02:20

Dans le chapitre précédent...

Deuxième Arc : L’art de faire parler la Foudre

Chapitre XLIV.2 : Entrée en fanfare


Silinde, de son côté, tenta de faire la même chose que son compagnon d'assaut en attaquant le frère qui lui tournait le dos. Mais il ne put pas aller bien loin : l'homme au bouclier couvrit les arrières de son frère et parvint à repousser l'assaut des lames de l'Hinïon et à le maintenir à distance d'un moulinet de hache. L'enchanteur, de son côté, attendait de voir ce que le lancier allait faire en s'approchant prudemment. Soudain, la pointe se baissa, s'avança entre ses pieds avant de remonter brusquement vers lui, dans une tentative de l'ouvrir en deux. Akihiko para le coup précipitamment, mais ne dut son salut qu'à un pas en arrière quand la tête de la lance manqua de l'embrocher. Il avait pu arrêter sa course avec le manche du marteau et le lancier avait tenté de l'avancer un peu plus. Désormais hampe contre garde, Akihiko se décala sur la droite pour s'avancer dans la garde de son adversaire.

(Je me mets au moins à l'abri de cette fichue pointe !)

Le brigand grogna et modifia la prise sur son arme et barra la progression de l'enchanteur. Leurs armes croisées, un duel de force s'installa entre les deux combattants, duel dont l'issue se dessina rapidement : bien qu'étant en très bonne forme, il ne pouvait résister très longtemps face aux muscles noueux et puissants de son adversaire. Le crissement de l'acier et un cri de douleur plus tard vit le frère qu'affrontait Silinde percuter le dos de celui que lui-même affrontait. Ce choc déstabilisa suffisamment le lancier pour donner une brève seconde de répit à Akihiko, qui eu une idée. D'un bon, il sauta en arrière et tendit la main vers le sol sous les pieds des brigands, paume ouverte.

"SILINDE ! RECULEZ !"

Mû par un instinct de guerrier ayant survécu à nombre de combats, le concerné sauta lui aussi en arrière. Bien lui en prit : un petit cercle runique composé d'étincelles dansantes se forma autour de leurs adversaires. L'instant d'après, elles brillèrent avant de libérer une puissance fluidique qui foudroya les deux hommes.

"Splendide !"

L'elfe semblait très satisfait du résultat de son sort. Puis, sans se départir de son sourire, il lui apprit que les "deux et demi" restants approchaient, et qu'il fallait qu'ils se débarrassent rapidement des deux "demoiselles" qui les occupaient actuellement. Akihiko était on ne pouvait plus d'accord, et s'apprêtait donc à profiter de la paralysie passagère du lancier pour l'achever d'un coup de marteau bien placé. Il prit le marteau en position basse et se lança vers lui.
Silinde eut une approche des plus... Surprenante. Il chargea vers son propre adversaire et alors que ce dernier levait son bouclier pour se protéger, il pivota sur son côté protégé pour passer dans son dos. Dans le dos de son frère, notamment. Qui ne vit jamais les deux lames s'abattre dans son flanc. De derrière. Une de ses mains se porta instinctivement à son flanc dans le but d'arrêter le sang qui coulait de ses plaies. Sa main restante tenait toujours la lance et tenta de lui porter un coup. Sa prise, faible, ne fit qu'ouvrir sa cuisse.
En revanche, le coup de marteau qu'il lui porta était lui avait bien toute la puissance d'une vraie attaque. La masse lourde éclata son armure et les éclairs parcoururent les bandes d'aciers de sa brigandine, électrocutant tout son corps. Le craquement de ses os annonça une mort douloureuse.
Ne restait plus que le pauvre porteur de bouclier qui venait de voir son frère mourir devant lui. Malgré la douleur, il poussa un cri de rage et se jeta sur eux. Silinde étant le plus proche, il allait donc être le premier à faire les frais de sa furie... Mais pouvait-il affronter le maître d'armes ? Rien n'était moins sûr pour lui. Néanmoins, Akihiko chargea un Choc de Valyus dans sa main, prêt à soutenir son compagnon. Le combat entre les deux combattants se déclencha, sans aucune forme de surprise. Ils ferraillèrent tout deux, échangeant coup pour coup. Akihiko tenta de trouver une ligne de mire pour lancer son sort, sans succès. Ils bougeaient beaucoup trop pour qu'il puisse libérer sa foudre sans risque de blesser son compagnon.

(De toute façon, il a l'air de s'en sortir.)

En effet, les lames de l'Hinïon, peu à peu, submergeaient l'homme à la hache, malgré toute sa hargne. L'enchanteur prit donc la liberté de le laisser finir son combat. Désactivant son sort, il décida de se préparer à l'assaut du Woran dont il entendait lui aussi les pas lourds. Puisque les combattants occupaient déjà un escalier, il se dirigea au pas de course pour rejoindre l'autre et commença à le gravir, marche quatre à quatre. Arrivé à la moitié, il vit une dague se planter devant lui, dans le bois du mur. Regardant dans la direction d'où venait la dague, il aperçut une jeune femme à la longue chevelure rousse, vêtue d'une armure intégrale de cuir épais brun. Il y avait sur sa veste et sa ceinture plus de couteaux qu'il ne pouvait en compter. Sa façon de se battre était on ne peut plus clair. De même que...

"Valyus tout-puissant..."

Le dénommé Filor était une vraie montagne de muscles. Les trois mètres de haut étaient peu exagérés. Il pouvait voir les muscles roulés sous les poils longs, eux aussi roux et blancs. Un terrible rugissement déchira le hall alors que le chef des bandits voyait le dernier de ses subordonnées mourir devant lui.

"ENFOIRÉS ! JE VAIS VOUS ÉTRIPER !"

Puis, il se rua sur l'Hinïon qui achevait son adversaire. Akihiko, lui, dut faire face à la jeune femme qui lui envoya deux lames en même temps. Malheureusement pour elle, l'enchanteur lui renvoya ses deux lames à l'aide de son sort magnétique. L'un rata sa cible, mais l'autre vint se planter dans son épaule et elle poussa un grognement de douleur.

"Fils de pute ! J'vais te saigner !

-D'aussi horribles paroles dans la bouche d'une dame...

- Va te faire foutre !"

(Merde, voilà que je me fais influencer par Silinde maintenant...)

Mais il n'eut pas plus l'occasion de se soucier de ce genre de détail, car la rouquine le chargeait déjà armée de deux longs poignards effilés. Il devait vite s'en débarrasser, sans quoi Silinde se retrouverai seul pour affronter l'homme tigre dont le bras gantelé d'acier sur toute sa longueur allait assurément pauser de sacrés problèmes au bretteur.



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Re: Les Terres Cultivées autour de Kendra Kâr

Message par Akihito » lun. 17 févr. 2020 02:53

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Deuxième Arc : L’art de faire parler la Foudre

Chapitre XLV : Un adversaire de taille


Dans son dos, Silinde partit dans une énième bravade envers le Woran. Akihiko se demanda un instant si c'était du courage ou simplement de l'inconscience, de provoquer tous ses adversaires. Puis la croix d'acier qui passa devant ses yeux le ramena à son combat. Comment s'appelait-elle déjà ? Serine ? Seran ? Seran. C'était ainsi que les types qu'ils avaient maîtrisés dehors avaient nommé la femme avec le Woran Filor. Et la bougresse se débrouillait un peu trop bien avec ses lames. Une tempête argentée se déroulait devant lui, en haut de l'escalier qu'il avait monté. Un coup horizontal, puis une estoc, une attaque visant sa cuisse, avant que l'autre poignard ne ripe contre les écailles protégeant ses bras, puis de nouveau un coup de taille... Akihiko se trouva rapidement submergé. Son lourd marteau n'était pas du tout approprié contre une telle adversaire, qui ne lui laissait pas le temps de lancer le moindre sort. Il devait créer une ouverture, ou les blessures allaient commencer à s'accumuler. Effectuant un balayage large de son arme pour créer de la distance, il détailla son adversaire.

(Elle fait quoi, soixante kilos à tout casser ?)

Le Marteau Runique de Valyus était clairement trop lourd pour elle. C'est pourquoi, avant qu'elle ne se jette de nouveau contre lui, il le lui envoya, littéralement. Tête en avant, le mouvement de balancier projeta la lourde arme dans le ventre de la scélérate. L'arme profita du momentum pour frapper au bas-ventre la jeune femme, surprise par le lancer qui allongeait considérablement... Eh bien, l'allonge de l'enchanteur. Mais sans sa force derrière pour manier la masse de Keraunos et d'or runique, l'arme ne causa que peu de dommage à son adversaire. Mais cela la ralentit suffisamment pour permettre à Akihiko de dégainer la Kizoku, bien plus indiquée dans un combat où la rapidité serait le facteur décisif.

Akihiko se permit même le luxe de lui envoyer un éclair. Il aurait aimé en envoyer un plus fort, histoire de la mettre hors d'état de nuire le plus rapidement possible... Mais encore une fois, ce foutu blocage l'empêcha d'employer son plein potentiel. L'éclair s'écrasa donc sur la poitrine de Seran, qui grogna sous la douleur mais ne parut pas le moins du monde affectée. Pire, la lueur meurtrière qui dansait dans ses yeux s'alluma avec une férocité redoublée. Il avait l'air de vraiment l'avoir mise en rogne ce coup-là.

"Pourriture de mage...

- Parce que le renvoi des couteaux plus tôt, c'était pas de la magie ?

- !!"

Un torrent d'insultes le frappa en même temps que les longs poignards. Mais cette fois, il se défendit bien plus convenablement. Mettant à profit son allonge supérieure, l'enchanteur para un coup visant ses parties génitales qui lui donna des sueurs froides et envoya ses fluides dans sa lame, la faisant crépiter de foudre. Le contact avec l'arme adverse transmit une décharge dans la main gauche armée de la jeune femme, qui la lâcha sous l'effet de la surprise. Probablement pour des raisons de dextérité, ses doigts étaient les seules parties de son corps avec le visage à ne pas être couvert de cuir. Le poignard de l'autre main profita de l'inattention de Akihiko devant cette petite victoire pour se faufiler sous son bras et tenter de s'enfoncer entre ses côtes. La cotte de Faerunne remplit alors son office et empêcha le coup de pénétrer sa chair, bien que l'impact du coup n’eût rien de très agréable.

La main libre se dirigea elle vers les multiples couteaux ornant la poitrine de la rousse pour se saisir d'une lame. Pensant qu'elle allait de nouveau se lancer dans un corps-à-corps furieux, Akihiko remonta sa garde après avoir descendu une marche par prudence. Mais au lieu de se jeter sur lui avec ses deux nouvelles lames, Seran dégaina sa lame de son rangement et dans le même mouvement fluide, l'envoya en une ligne droite mortelle vers son visage.

À si courte distance, la Magnétisation Balistique était complètement inefficace. Un mouvement de tête au dernier moment le sauva d'avoir l'œil crevé, mais un sillon sanglant traça une ligne rouge dans ses cheveux. Il l'avait échappé belle, mais il n'était pas tiré d'affaire. Et à entendre les hurlements bestiaux du Woran et l'absence de bravade de Silinde, le combat ne devait pas être en faveur du dernier. Il fallait donc en finir, et vite, avec la lanceuse de couteaux qui affichait en sus un sourire satisfait de prédateur.

(On va voir si tu vas continuer de sourire longtemps...)

Un léger vent souffla dans la pièce, alors que Seran dégainait un second poignard rangé dans son dos. La Furie de Rana, de nouveau, se déclencha et les mouvements de Akihiko devinrent flous, empreints de vitesse. La longue lame irisée trancha une, deux, trois fois devant lui. Surprise par ce regain de vitesse, son adversaire croisa ses lames en une position défensive qui lui rappelait étrangement celle de Silinde. Aucun coup ne la toucha directement, mais les chocs électriques transmis par son arme se propagèrent bel et bien dans ses membres, eux. Le quatrième coup fut porté à une seule main, l'enchanteur tendant une main dans son dos pour y accumuler de la magie. Se battre et concentrer ses fluides étaient une tâche ardue, mais la première tâche consistait en l'occurrence à simplement agiter sa lame pour mettre la pression à son adversaire. Le cinquième coup frappa son bras, tranchant en biais sans souci le cuir et mordant la chair tendre en dessous. Seran cria de douleur et de rage, lança son poignard de sa main blessée et engourdie par les différents chocs de foudre. Mais la lame, mal équilibrée pour le lancer, ne fit que cogner le ventre de Akihiko avec la garde, ce qui n'eut pour ainsi dire aucun effet.

Le dernier coup de la Furie de Rana eut pour objectif d'ouvrir largement la poitrine à partir de l'épaule gauche de la rousse en deux mais le geste prévisible rencontra la lame en prise inversée d'une dague sortie de Valyus savait où. Elle guida le coup pour que la relique Ynorienne aille se planter dans la rambarde de bois sur leur gauche, ce qu'elle fit. Fière d'avoir arrêté son coup et immobilisé son arme, la scélérate eue un sourire triomphant. Sourire que lui rendit Akihiko. Dans sa main droite, la lance de foudre qu'il avait patiemment accumulée durant la furie de Rana était enfin prête et dans une estoc foudroyante, elle passa à travers les lames croisées de la jeune femme, son armure et vint se ficher dans sa poitrine, lui infligeant un terrible choc de foudre. Sa bouche se crispa, ses yeux se révulsèrent et elle tomba dans les marches. Ses mains lâchèrent ses armes pour agripper sa poitrine, ressentant la terrible douleur des fluides de Valyus. Akihiko abattit alors une seconde fois sa lance qui perfora de nouveau son torse. Un dernier spasme secoua son corps avant qu'elle ne s'immobilise, morte ou simplement trop blessée pour continuer à se battre.

D'un revers de main, Akihiko essuya le sang qui coulait dans son cou et ramassa son marteau, quelques marches plus haut. Il aurait bien aimé souffler un peu, mais il ne pouvait se le permettre. Silinde avait besoin de lui. Il se dépêcha donc de monter les dernières marches pour arriver en haut de l'autre escalier où bataillait encore le maître d'armes et le Woran. la situation semblait encore relativement stable. D'un côté, Silinde était encore un seul morceau et à part une plaie assez moche à l'épaule -le woran l'avait mordu ?- il semblait encore en état de se battre, près du début de l'escalier gauche. De l'autre, le Woran près de la porte d'entrée arborait plusieurs blessures mais aucune d'entre elles ne semblait réellement l'embêter. À bien y penser, c'était tout de même inquiétant : combien d'attaques les deux compères allaient-ils devoir lui infliger pour faire tomber le colosse de fourrure ? Akihiko allait devoir envoyer tout ce qu'il avait. Il sentait ses réserves de magies encore à un niveau acceptable, mais le combat ne devait pas s'éterniser. Il allait falloir frapper vite, mais surtout fort.

marteau en main, il prit le temps de fermer les yeux quelques instants, se concentrant sur ses fluides. Une condensation de foudre commença à s'accumuler dans sa main, mais lorsqu'il voulut rajouter plus de puissance, une griffe invisible chauffée à blanc lui donna l'impression qu'on épluchait littéralement son bras. Une profonde terreur l'étreignit et son sort en formation se dissipa, retournant dans son corps.

(Akihiko, concentre toi bon sang !)

(J'essaye ! J'essaye, mais je n'y arrive pas...)

Il n'y arrivait toujours pas. Dépasser un certain seuil de fluides, il n'arrivait décidemment pas à lancer les sorts les plus puissants de son arsenal. Le souvenir brûlant et douloureux de la sphère de Valyus continuait de planer au dessus de lui. Un rugissement bestial se fit entendre et, prenant une curieuse posture, son épaule cuirassée devant lui, l'homme tigre semblait prêt à charger droit sur le maître d'armes. La simple vue de la position qui indiquait une charge imminente lui fit froid dans le dos, quand bien même il n'était pas la cible.

(Il a dû affronter ce monstre tout seul ?! Merde, j'aurais vraiment dû me dépêcher...)

Silinde méritait tout son respect, mais aussi tout son soutien. C'est pourquoi il allait avorter la charge d'épaule tête baissée. Réunissant à nouveau ses fluides, il projeta un Choc de Valyus composé de deux éclairs jumeaux qui vinrent foudroyer leur adversaire. Akihiko eut un sourire satisfait en entendant le grondement surpris et douloureux de celui qui pensait être protégé par sa cuirasse d'acier lourde.

(Eh non mon con, ton armure ne peut rien contre la foudre.)

Ledit con braqua son regard vers l'origine des éclairs, écarquilla les yeux avant de regarder dans la direction où la lanceuse de dagues aurait dû se trouver. Il semblait réellement abasourdi de le voir ici : vraisemblablement, il estimait que la dénommée Seran allait venir à bout de lui. Profitant du statu quo qui se profilait, Akihiko tenta une dernière fois de calmer le jeu et d'éviter un combat éprouvant. Il prit donc une voix dure et menaçante.

"C'est fini Filor. Rends toi si tu ne veux pas rejoindre ta copine chez Phaïtos."

Sa mise en garde n'eut pas le moindre effet sur le Woran, qui poussa de nouveau un rugissement bestial. Cette fois, il était emprunt d'une colère et d'une fureur hors norme. Le jeune homme se demanda qui pouvait bien être cette femme pour lui pour qu'il se plonge dans un état pareil. Il avait bien sa petite idée, mais les conventions anatomiques l'empêchaient d'imaginer un tel scénario. Quoi qu'il en était, c'était désormais vers lui que le colosse de poils dirigeait toute sa fureur. Dans sa course, il écarta sans ménagement le maître d'armes, malgré le coup de katana que ce dernier lui infligea au passage. Il voulait mettre en pièces l'enchanteur.
Akihiko s'était attendu à pareille réaction : c'est pourquoi il avait, à l'aide de son marteau runique, placé préalablement un cercle protecteur au début de l'escalier. Le Woran marcha dedans et fut de nouveau foudroyer, les runes brillant d'un éclat bleu avant de libérer leur puissance. Ce qu'il n'avait pas prévu, en revanche... C'était que dans sa rage, le tigre se fiche éperdument de son sort et continue sa folle charge. Ce n'était qu'une question de secondes avant qu'il ne l'atteigne. Le Woran arriva en un instant sur lui. La seule chose qu'il eu le temps de faire, c'est de mettre le manche de son marteau entre sa tête et les griffes mortelles de son adversaire. Bien lui en prit : l'impact le fit reculer de deux pas, sur le palier. La bête folle furieuse ne lui laissa pas de répit et tenta d'abattre son énorme poing sur l'enchanteur. Il avait déjà les bras tremblant du dernier coup, il savait que jamais, au grand jamais, il ne pourrait encaisser un tel coup. Il esquiva en plongeant du côté opposé au poing et perçut du coin de l'œil un sourire mauvais dévoiler les crocs du prédateur.

(Et merde.)

Filor devait être habitué à ce genre d'esquive : c'est pourquoi en voulant se protéger du coup de poing, il se jeta vers la jambe tendue et fouettante du pugiliste. La force du coup l'envoya voler sans la moindre difficulté contre un mur. Ses côtes gémir sous l'impact et son crâne cogna violemment le mur...

CRAC

Un bruit de bois qui se brise. Quoi que ce soit, l'objet de bois avait empêcher que Akihiko ne se fracasse le crâne contre la pierre, et il ne s'en tirait donc qu'avec un violent tournis et une vision obscurcit, effondré contre le mur. Il sentait son sang couler sur sa peau, dans sa nuque, dans son cou. Le contact familier du marteau dans sa main lui permit de rester un tant soit peu éveiller, lui rappelant qu'il était encore en danger de mort. Chassant avec peine les étoiles qui obscurcissait sa vue, il vit qu'il était encore en vie uniquement grâce à l'intervention de Silinde qui, courageusement -ou inconsciemment ?- s'était jeté sur les épaules de l'homme tigre, tentant de taillader sa gorge, sans grand résultat. Une ruade envoya le malheureux rouler en arrière, hors de la vue de Akihiko. Il entendit sa chute dans les escaliers, une chute régulière, comme s'il avait réussi par il ne savait quel miracle à contrôler cette descente involontaire et chaotique.

(Akihiko, c'est pas le moment de traînasser !)

La voix de sa Faëra résonna dans son esprit, lui permettant de reprendre un peu d'emprise sur son corps encore sonné par le choc. Le Woran le regardait, un sourire cruel et barbouillé de sang. Le sien ? Celui de Silinde ? Il ne se souvenait plus. Et était ce de la colère qui déformais aussi ce rictus cruel ? Il ne l'espérait pas, car cette colère semblait exclusivement tournée vers lui. Et c'était loin d'être une bonne nouvelle.

(Je vais pas mourir là quand même ?!)

Il venait tout juste de découvrir ce qu'était l'amour. Il y avait Anthelia qui l'attendait, dehors, et lui avait ordonné de revenir en vie. Il ne pouvait pas rompre cette promesse, autant pour elle que pour lui. Et en ce moment-là, c'était FIlor qui se dressait entre l'apprenti tatoueur et son amante de professeure. Une colère, sourde, résonna dans sa poitrine. Il n'allait pas laisser cette foutue boule de poil lui barrer plus longtemps le passage !

Meus par l'urgence de la situation et sa fureur, la main de Akihiko se referma plus fermement sur son marteau, faisant circuler ses fluides furieusement dedans. Sa main gauche libre se dirigea elle vers le torse de Filor, verrouillant la cible de sa foudre. Les fluides de Valyus se déversèrent avec furie dans son bras, rompant un à un les barrages que son corps avait inconsciemment mis en place. La sphère de Valyus l'avait blessé, et alors ?!

(Moi, j'utilise mes fluides depuis mes cinq ans !)

Trois éclairs dansant se formèrent dans le creux de sa main, avant de déchirer l'espace séparant l'enchanteur de son adversaire, qui avait déjà fait un pas sur le palier. Et, pour la première fois, il vit le Woran flancher. Il avait poussé un rugissement de douleur et s'était arrêté ! Enhardis par cette vision, Akihiko se releva à l'aide du mur et de son arme. Sa cage thoracique gémit et il se sentit faiblir. Il n'avait pour ainsi dire plus beaucoup d'air dans les poumons, les rachitiques goulées d'air qu'il avait prise n'avait pas permit de remplir convenablement ses poumons. Avec le peu qui lui restait, il pouvait s'autoriser une dernière attaque, peut être deux, avant de s'écrouler au sol par manque d'air. Ils allaient devoir en finir, et vite.

(Silinde, vous êtes un génie du timing !)

Car le maître d'armes avait choisi ce moment précis pour revenir à la charge, armé d'une lance, avec la ferme intention d'embrocher dans le dos leur adversaire décidément d'une résilience à toute épreuve. L'impact de la lance secoua le monstre bipède qui rugit une nouvelle fois. Le jeune homme n'en était pas sûr, mais le coup de lance n'avait pas l'air d'avoir suffisamment percé, vu comment l'embroché se débattait encore. Ou peut être était-ce simplement son barroud d'honneur ? Dans les deux cas, il n'avait rien à perdre à "aider" le fer de la lance à poursuivre son chemin dans la poitrine de Filor. C'est donc pour cela que l'enchanteur chargea le monstre, arma son coup avec les dernières forces restantes. Il cria en abattant la masse en plein milieu de la poitrine de fourrure, autant de rage que de douleur. Il devait s'être fêlé quelque chose, ou se l'être cassé, il savait pas, mais ça faisait mal. Très mal. Il parvint tout de même à voir avec satisfaction la pointe de la lance ressortir de la poitrine du Woran, près du coeur. Touché, il devait l'être car enfin, la lueur meurtrière dans ses yeux s'éteignit petit à petit. La lance enfoncée jusqu'à la hampe, ce dernier tentât une ultime fois de tendre ses griffes vers la gorge de Akihiko avant de s'écrouler en avant. Akihiko se laissa plus tomber qu'autre chose sur le côté, manquant de se faire écraser par la carcasse imposante.

Son pied resta néanmoins bloqué, fort heureusement sans être cassé. Il resta ainsi, haletant alternant entre moments d'égarement pour juguler la douleur qui venait de tout son corps et ceux nécessaires pour faire fonctionner ses poumons, eux aussi douloureux. Il finit par apercevoir le visage de Silinde au dessus de lui, livide même pour un hinïon, mais en un seul morceau de ce qu'il voyait. Il lui tendit une main qu'il accepta avec soulagement et après beaucoup d'efforts et de grognements -les deux étant à bout de forces- l'enchanteur fut enfin libéré. Chacun reprenait son souffle et parvenant à reprendre le contrôle de son corps, il identifia les différentes douleurs qui en émanait. Les coupures à la cuisse et sur le reste du corps : douloureuses, mais soignables. La blessure à sa tête ? Plus inquiétante, mais un bandage suffirait à stabiliser le tout le temps de trouver un guérisseur. Quant à ses côtes... Heureusement, aucune n'était cassée ou ne le semblait : il savait quelle sensation cela faisait, mais il était plus probable qu'une ou deux soient fêlées. Et ça, seul un soin magique pourrait le régler... Avec l'aide d'Anthelia, il parviendrait à retourner à la ville sans trop de soucis... Normalement.

(Beau travail Akihiko.)

(Merci... C'était pas évident, encore une fois.)

Se relevant, il fit face à Silinde qui avait visiblement mieux subit ce combat. Pour un expert du corps-à-corps, rien de plus normal...

"Ca n'aura pas été évident, mais merci, Maître d'armes Silinde. Sans vous, ça aurait été une autre paire de manches."

Tendant l'oreille, il entendit le bruit de plusieurs bottes claquant en rythme.

"Tiens, on dirait que la cavalerie se pointe enfin..."



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Akihito
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Re: Les Terres Cultivées autour de Kendra Kâr

Message par Akihito » lun. 24 févr. 2020 23:41

Dans le chapitre précédent...

Deuxième Arc : L’art de faire parler la Foudre

Chapitre XLVI.1 : Fouille


"Pas de problème. Ce fut particulièrement difficile, mais je suppose que c’était un bon moyen de se remettre dans le bain après si longtemps, lui répondit-il, avant de continuer : Le plus important, c’est que nous sommes toujours en vie. Et que nous tenons encore partiellement debout. Ce n’est plus le cas de ce tapis glorifié qui gît au sol…"

"Tapis glorifié", l'expression eue le mérite de faire rire Akihiko, rire qui se transforma rapidement en grimace sous la douleur des côtes gémissantes. Il n'était presque pas contre manger un autre morceau de la sucrerie d'Anthelia.

(Et quand on parle du loup...)

"Aki !"

De par les grandes portes ouvertes, trois silhouettes entrèrent, lames au point, suivit de la tatoueuse. Elle se rua sur son amant pour ausculter ses blessures, sans même jeter un oeil à Silinde.

"Ca va ?! Par tout le panthéon je t'avais dit d'être prudent !

- Je l'ai été... Mais regarde moi ce bestiau, il a été difficile à faire tomber... Et doucement, tu me fais mal là."

Le relâchant un instant, elle posa son regard sur le tigre humanoïde et son visage pâlît un peu.

"... Certes. J'imagine que tu... Vous vous en tirez bien, après tout ce bazar.

- À peu près... Au moins, le manoir est libre. Mais je vais avoir besoin de soins. Ma gourde et...

- Non non, pas la peine. La milice est là et elle a amené un guérisseur de guerre avec eux."

Devant le regard perdu de l'enchanteur, elle lui expliqua.

"C'est un guérisseur qui sait se battre au corps-à-corps, dans l'armée Kendran. Il n'est pas aussi doué qu'un guérisseur normal, mais il permet de donner les premiers soins sur les champs de bataille, le temps de rapatrier les blessés. Il pourra pas vous guérir complètement vos grosses blessures, mais il les rendra moins graves, regarde ce qu'il a fait sur mon épaule !"

Elle lui montra son épaule, où la vilaine plaie n'était plus qu'une blessure qui se résorberait d'elle-même en quelques jours, sans soucis. Sur ces entrefaits, et après que les miliciens aient confirmés le décès de tout les malandrins, ils s'approchèrent d'eux. À sa grande surprise, il s'agissait des deux gardes qui étaient en faction devant le camp, accompagné d'un troisième qui portait une étoile blanche visible sur son plastron. Akihiko n'eut pas à le voir employer sa magie pour deviner qu'il était le fameux guérisseur de guerre : la douce lumière qui l'enveloppa apaisa avec soulagement la douleur qu tiraillait son corps meurtri, sans la faire disparaître complètement. Le guérisseur lui prodiga ensuite quelques conseils pour entretenir ses blessures et les aider à leur guérison, comme éviter les mouvements brusques à défaut de passer voir un vrai guérisseur ppur terminer les soins de premiers secours. Il put donc regarder avec satisfaction le soldat novice lui jeter un regard médusé, alors que ses yeux passaient de lui au Woran étalé et que le guérisseur de guerre se dirigeait ensuite vers Silinde.

"Eh bah, s'avança le sergent, vous avez été sacrément efficaces.

- Pourquoi vous êtes venus ?

- La gamine que vous avez sauvé. Il se trouve que son enlèvement à été signalé juste après votre départ. Jusque-là, la bande de Filor n'avait rien fait de vraiment répréhensible, se contentant de foutre la trouille aux paysans environnants. Mais un enlèvement, ça a poussé le commandement à intervenir. Enfin... Il faut croire que vous n'avez pas eu besoin de nous !

- De vous, non. Mais j'ai eu la chance de croiser le maître d'armes Silinde, il a été d'un grand secours."

À ces mots, le sergent fronça les sourcils en scrutant l'Hinïon, jusque là silencieux, qui se faisait à son tour guérir par le mage blanc. Akihiko profita de ce moment de battement pour se relever avec l'aide d'Anthelia, un redressement douloureux mais supportable.

"Si....Linde ? Instructeur Silinde, c'est vous ?"

Un peu surpris, Silinde acquiesça à la question du sergent qui le regardait toujours, médusé.

"Oh bah merde alors... Ca fait des années qu'on vous a pas vu, vous étiez où ?" marmonna à moitié le sergent pendant que Silinde se tournait vers lui.

"Je suppose qu’il ne me reste plus qu’à récupérer mon paiement, et nos chemins pourront se séparer Sir Akihiko, je suis sûr qu’après ce combat vous ne désirez aussi qu’une bonne douche et du repos en bonne compagnie.

- Il me reste malheureusement encore des choses à faire dans ce manoir. Mais oui oui, le paiement... Alors..."

Combien devait-il lui donner, au juste ? 100, 500, 1000 yus ? L'aide qu'il lui avait apportée avait été précieuse, mais il n'arrivait pas à l'estimer à un prix qui lui parlait.

(Et ce n'est pas le genre d'homme qui accorde de l'importance à l'argent, je pense.)

(Tu crois ? Mmmh.. Ce n'est pas impossible.)

L'enchanteur cherchait sa bourse tout en pensant à quelque chose qui pourrait bien lui montrer sa gratitude. L'image d'Aurora, la dernière personne qui lui avait rendue pareil service, s'imposa à lui, et il sourit.

"Je pourrais vous payer en yus, mais pour un guerrier comme vous, les yus se ressemble tous, non ? Les miens ne seront que des pièces parmi tant d'autres. J'aimerai vous remercier d'une façon plus... personnelle."

Il lui expliqua alors brièvement le principe du transfert magique : l'enchâssement d'un sort dans un objet, son utilisation unique mais garantie qui pourrait lui servir d'atout caché ou d'urgence... Et l'idée eue l'air de l'intéresser.

"Reste à savoir quel sort je peux vous donner. Vu que vous n'êtes pas un mage, j'ai du mal à vous imaginer lancer un quelconque éclair ou toute autre projection un peu... Ésotérique ? De la magie. Mais il se trouve que je connais un sort baptisé "Arme Magique", qui pourra créer une arme de foudre pure avec laquelle vous pourrez vous battre au corps-à-corps l'espace d'un combat. La lame ne sera pas solide et vous ne pourrez pas parer avec.... Mais les armures adverses non plus. Qu'en pensez vous ?"

L'Hinïon prit un air songeur avant qu'une lueur d'intérêt ne viennent poindre dans ses yeux : l'idée lui plaisait. Fouillant un instant dans sa besace, il sortit la garde noble et ouvragée d'un katana ynorien, un style que Akihiko reconnu du premier coup d'œil. Le maître d'armes lui demanda alors s'il était possible d'utiliser cette poignée comme réceptacle du sort pour en faire un sabre de foudre.

"C'est tout à fait possible oui. Si vous voulez bien me le laisser quelques instants..."

Sa requête fit hésiter une fraction de seconde l'elfe avant qu'il ne lui tende finalement l'objet. Akihiko s'en saisit délicatement, prenant conscience que l'objet était vraisemblablement important pour lui. Sous son regard attentif et celui d'Anthelia et des gardes, il se saisit de la poignée et de la garde vide, il agrégea peu à peu la foudre de son autre main. Il l'éloigna progressivement et quelques secondes plus tard, une vibrante lame de katana d'un bleu doré vibrait entre ses doigts. Le sort formé, il fallait maintenant l'enfermer dans la garde. Paume sur la pointe de l'arme magique, il condensa la puissance fluidique au creux de sa main et compressa petit à petit la lame avant de complètement l'enfermer dans la poignée. Il traça la rune de maîtrise sur le pommeau et y injecta les dernières forces magiques qu'il avait pour compléter son sort.
Un crépitement plus tard, le symbole runique se mit à luire, prouvant la réussite de son sort. Les traits tirés par la fatigue due à son épuisement de ses fluides, il rendit la poignée au maître d'armes.

"Voilà... Vous n'aurez qu'à appuyer sur cette marque et penser à l'arme pour rompre le sceau qui retient le sort. Vous n'aurez qu'à appuyer sur cette marque et penser à l'arme pour rompre le sceau qui retient le sort."

Silinde reprit l'objet, le regarda sous toutes ses coutures puis finit par le ranger, son sourire aux lèvres.

"Voilà. Si ce paiement vous suffit... Je n'ai plus qu'à vous souhaiter bonne route Maitre Silinde. Encore merci, et j'espère que nos chemins auront l'occasion de se recroiser.

- J’en suis persuadé. Merci à vous pour cette opportunité, et pour ce sort qui sera fort utile le moment venu ! Nous nous reverrons, Sir Akihiko, prenez soin de vous et de votre compagne !"



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Akihito
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Re: Les Terres Cultivées autour de Kendra Kâr

Message par Akihito » mar. 10 mars 2020 15:11

Dans le chapitre précédent...

Deuxième Arc : L’art de faire parler la Foudre

Chapitre XLVI.2 : Fouille.


Les deux hommes échangèrent une poignée de main, avant que l’elfe ne tourne les talons et rejoigne les soldats qui menottaient de façon plus convaincantes les bandits qu’ils avaient assommés dehors. Le sergent revint quant à lui à leurs côtés, ce qui étonna Akihiko : il ne l’avait pas vu partir ! Il leur confirma d’un air entendu qu’il n’y avait sans doute plus personne dans le manoir après son tour d’inspection, mais qu’il n’avait fait que vérifier sommairement : ils devraient tout de même faire attention.

« Oh, et voilà pour vous, au passage. J’avais pris la prime prévue par le capitaine en partant, pour le cas où vous auriez déjà nettoyé le manoir à notre arrivée. Et comme c’est le cas… Enfin, merci pour votre aide. Ce n'est pas grand-chose, mais c'est surtout pour le geste.

- Oui oui, nous n’avons pas fait ça pour l’argent en premier lieu. Vous en avez déduit une partie pour Silinde ?

- Bien entendu.

- Très bien. Alors… Nous ne vous retenons pas plus longtemps, sergent. »

Ce dernier hocha la tête et tourna rapidement les talons pour aller rejoindre ses compagnons. Lorsqu’enfin il sortit de la bâtisse et que Akihiko se retrouva seul avec Anthelia, il s’effondra sur le sol adossé au mur. Il avait tenu le coup et maintenu une posture assurée jusque-là, mais il n’en menait pas large avec toutes ses blessures, sa fatigue aussi bien fluidique que physique. Il poussa un soupir de contentement quand il sentit les mains de la tatoueuse guidé sa tête pour la faire se reposer contre elle.
Le temps s’écoula et Akihiko dut bien fermer les yeux une bonne heure sans s’en rendre réellement compte. En tous cas, lorsqu’il ouvrit, il découvrit avec plaisir le doux visage de la tatoueuse au-dessus de lui, lui caressant les cheveux.

« Alors, on est enfin réveillé ?

- Mmmh… Ouais. Ca m’a fait du bien.

- Si tu pouvais avoir la décence de t’effondrer près d’un lit ou de quelque chose de plus confortable à l’avenir…

- Au moins ça. Avec une corbeille de fruits à proximité aussi ?

- Mmmh, bonne idée. »

Le sourire qui étira ses lèvres à cette discussion absurde se crispa un peu quand il voulut se relever. Ses muscles et son dos n’appréciaient pas vraiment la manœuvre, mais il n’en tint pas compte. Il avait d’autres chats à fouetter. En voulant se remettre en route, son regard se posa sur les cadavres des bandits et de Filor, laissés sur place. Sa première réaction fut d’hausser un sourcil en se demandant pourquoi la milice n’avait rien fait, puis il se rappela qu’ils devaient déjà ramener du monde à leur campement et que trimballer la carcasse d’un Woran aussi massif ne devait rien avoir de facile.

(Et en plus, c’est un manoir abandonné. Ce n’est pas comme si quiconque allait se plaindre.)

(C’est bien vu. Tiens, tu ne m’incendies pas pour les risques que je viens de prendre ?)

(J’ai abandonné l’idée de te prévenir à chaque fois que tu te mets dans une situation pourrie. Puis j’ai une bonne idée de tes capacités de combat : ce Woran était dans tes cordes, même si tu as dû baver pour en venir à bout.)

Cela fit sourire Akihiko, qui se tourna donc vers sa compagne.

« Bon, toi qui es une femme, si tu devais planquer des lettres importantes, où est-ce que tu le ferais ?

- Dans ma chambre, probablement ?

- Classique. Je doute qu’on soit les premiers à visiter sa chambre depuis que cette maison est abandonnée, mais on cherche quelque chose de différents des habituels pillards. Avec un peu de chance, personne n’a mis la main dessus. »

Le couple se mit donc à la recherche de ce qui aurait pu être la chambre de la célèbre tailleuse. La plupart des pièces étaient ouvertes ou n’avaient tout simplement plus de porte : il était donc facile de les inspecter et de les éliminer. Ici ce qui devait être un placard, là un petit salon… Une chambre sans dessus dessous, mais qui était trop « modeste » pour accueillir l’héritière de l’époque. L’exploration de l’aile droite ne donna rien, aussi rebroussèrent-ils chemin pour explorer l’autre partie du manoir. Une partie qui avait visiblement les traces de la vie des bandits : s’ils avaient dû enjamber divers débris et inspecter des pièces relativement insalubres, cette zone là était bien plus propre et entretenue. Enfin, aussi entretenue que pouvait l’être un bâtiment occupé par des bandits peu respectueux de la loi. Leur progression se déroula plus facilement et enfin, une chambre d’une belle taille se révéla. La double porte qui la séparait du couloir était grande ouverte et laissait apercevoir un grand lit qui avait connu des jours meilleurs, mais semblait encore tout à fait fonctionnel. Ca et là, des affaires traînaient, féminins pour la plupart. Surement la jeune femme qu’il avait affrontée. Ce qui lui fit froncer les sourcils, c’était aussi les différentes touffes de poils orangées qui traînaient partout, jusque dans le lit où elles étaient belles et bien visibles.

« Eh bah… Cette Seren savait… S’amuser ? »

La remarque d’Anthelia fit rougir Akihiko. L’idée qu’une humaine ait ce genre de relation avec un Woran, bien plus massif qu’un être humain normal…

(Bien plus massif, à bien des égards.)

(Mh, je me passerai des détails, merci Amy.)

(C’est toi qui vois !)

Le ton narquois de sa Faëra le fit rougir un peu plus, rougeur qu’il chassa en toussotant et en promenant son regard sur la pièce. Regard qui s’arrêta sur un bureau en bois massif, faisant face à l’une des deux fenêtres de la chambre. Il se dirigea donc vers lui et commença à le débarrasser de tout ce qui était superflu, à savoir des restes de repas, une dague plantée dans le bois et divers bouts de bois grossièrement taillés. Une fois le ménage fait, il ouvrit un à un les tiroirs qui étaient, bien entendus, tous vides. Pas la moindre trace de papier ou d’une quelconque lettre.

« Tu peux me dire ce qu’on cherche au moins ?

- Oh, avec tout ça j’ai oublié de t’en parler… On cherche des lettres. Des lettres qui auraient constitués une correspondance entre Trish Jiila et l’enchanteur Silverberg. Et avec, peut-être l’indication d’où sont ces bottes.

- Et pourquoi ne pas prendre celles gardées par l’enchanteur ? Les prêtres de Valyus doivent bien savoir où elles se trouvent non ?

- Oui, mais elles sont inaccessibles : il a tenu à être enterré avec, dans un cercueil de pierre très bien protégé. Au Mausolée des Héros, tu dois connaitre cet endroit j’imagine.

- Enterré… Avec ? répéta la jeune femme en fronçant les sourcils, avant que ces derniers ne se haussent et qu’un air surprit marque son visage. Oh. Ce genre de correspondance… ?

- Oui. Pas besoin de t’expliquer pourquoi le prêtre n’a pas souhaité que tu l’entendes. Et officiellement, tu n’en sais rien, bien entendu.

- Mmhmmh, évidemment. Sacré Silverberg. »

Leur inspection les mena à retourner tous les tiroirs du bureau, tapoter du poing pour vérifier s’il n’y avait pas un compartiment secret dans le bureau, mais toutes ces recherches s’avérèrent infructueuses. Le reste de la chambre ne montra rien de particulier et avait lui aussi été soigneusement fouillé par les précédents locataires. Peu désireux de se reposer sur un lit qui avait subit les ébats d’un Woran avec une humaine, les deux tatoueurs s’assirent quelques instants sur l’unique divan encore en bon état, devant la chambre. Ils discutèrent, échangèrent et en vinrent à la conclusion suivante : si de pareils documents étaient tombés entre les mains de personnes mal intentionné, il aurait été fort à parier qu’il n’y aurait pas eu qu’une simple rumeur. Soit les lettres se trouvaient encore quelque part dans le manoir, soit elles avaient été détruites.

« Et une rançon auprès du temple ? Pour éviter que les lettres se propagent ?

- Le prêtre Maxime m’en aurait parlé. Il n’avait aucun intérêt à me cacher une information pareille. Ou du moins, je ne vois pas la raison pour laquelle il m’aurait révélé qu’une partie de l’histoire. »

Ils se mirent donc à fouiller une seconde fois la maison, à la recherche d’une quelconque pièce qui aurait pu servir à la tailleuse pour cacher ces lettres. Une pièce suffisamment importante ou symbolique pour cache ce qui devait être parmi ses biens les plus précieux. Malheureusement, l’exploration de l’étage ne donna rien, pas plus que le rez-de-chaussée. Ce dernier concentrait les parties communes, une grande salle à manger, une cuisine, un garde-manger, une petite chambre qui avait dû servir au petit personnel, mais rien de particulièrement marquant. Après une heure à retourner chaque recoin de la maison poussiéreuse, l’envie de prendre l’air les força à sortir à l’air libre par la porte de la grande salle à manger, qui donnait sur l’arrière de la propriété comme il s’en était rendu compte lors de son tour d’exploration. La petite plateforme de bois était désormais mangée par la vigne, mais ils s’assirent sur les marches en prenant de grandes goulées d’air et en profitant du paysage. Malgré le jardin qui n’avait pas été entretenu depuis belle lurette, il flottait une certaine sérénité dans l’atmosphère. Il se détendit dans cette ambiance, laissant la jeune femme s’appuyer contre lui et, dans un geste qui était encore peu naturel, l’attira à lui en la prenant par les épaules. La concernée poussa un grognement amusé et se colla plus contre lui, déposant un baiser dans son cou. Le contact le fit frissonner et pour ne pas laisser ses émotions prendre le dessus, il se focalisa sur ce qu’il avait en face de lui pour penser à autre chose. C’est ainsi qu’il aperçut le passage qui serpentait du perron envahit de végétation vers la forêt. Un sentier fait de dalles de pierres disposées sans alignement particulier, simplement pour indiquer un chemin désormais lui aussi recouvert par la mousse. Et en se concentrant, il parvint à distinguer une petite structure à travers la forêt, à peine une dizaine de mètres après la lisière.

« Anthelia, tu vois ce truc dans la forêt ?

- Mmmh Aki, tu devrais prendre le temps de faire attention quand ta chère et tendre amante se montre affectueuse avec toi au lieu de penser à autre chose, protesta la jeune femme en enfonçant son visage dans son cou, ses bras l’enserrant un peu plus fort.

- Ca me ferait certes plaisir de passer ce moment avec toi, mais dans un lieu plus approprié non ?

- Pfff, il y a décidément tout à t’apprendre. Oui, je vois bien un truc en pierre. Tu veux aller voir ?

- S’il te plaît. Je suis sûr en plus que c’est un lieu plus approprié.

- Tsss. Moque-toi de moi, petit malin. » grommela la jeune femme en se relevant, imité par Akihiko. Les deux amants se dirigèrent donc vers la mystérieuse installation qu’il n’avait pas vu quand il avait fait son tour de repérage, trop occupé à focaliser son regard sur le manoir. Les arbres dévoilèrent bientôt un petit kiosque de pierre, dont les colonnades abritaient une vieille table à moitié effondrée et un siège en meilleur état, mais qui avait subit les affres de la météo. Et à la grande surprise de Akihiko, sa prédiction s’était réalisée : le lieu était bel et bien plus propice à un moment de calme et de repos avec la tatoueuse. La quiétude était ici encore plus étouffée par la végétation environnante, si bien que seul le discret bruissement des feuilles venait perturber le silence reposant. Anthelia semblait elle aussi surprise par cette ambiance qui la prenait complètement au dépourvu. Il s’approcha de la table et quelque chose attira son attention : une tâche noire, circulaire, incrustée dans le bois. En s’approchant de plus près, il se fit à l’idée que c’était les reste d’une tâche d’encre qui avait infiltré le bois. Quelqu’un avait probablement écrit sur cette table, à l’abri de tout regards et dans le plus grand calme. Quelqu’un comme… Trish Jiila. La tatoueuse, en le voyant se focaliser sur quelque chose en particulier, se pencha par-dessus son épaule pour regarder ce qui pouvait accaparer autant son attention. Elle aperçut l’encre séchée et en vint à la même conclusion que Akihiko. Ils se mirent donc tout deux à fouiller les environs.


(Là, j’avoue que je vous suis pas.)

(Imagine que tu devais… Enfin pour une Faëra, s'est compliqué de s’imaginer ça… Bref, Trish Jiila tenait cette relation secrète, elle ne pouvait pas se balader avec ses lettres partout. Elle devait donc les cacher quelque part et si c’est bien là qu’elle répondait à Silverberg, elles sont peut-être encore dans le coin.)

(Et qui te dit que c’est bien là qu’elle répondait à son amant ?)

(Pas grand-chose ; mais c’est une possibilité et pour l’instant, la seule qu’il nous reste. Alors ça ne coûte rien de chercher ici.) répondit le jeune homme en tentant d’inspecter le toit, à la recherche d’une quelconque cache. Anthelia, elle, fouillait les alentours. Dans la souche d’un arbre, un trou dans la terre, n’importe quoi. Mais pour stocker ces lettres, fragiles, il fallait sûrement un contenant. Sinon, les lettres auraient tôt fait de s’abîmer. Dans une petite boîte ou quelque chose dans le genre. Et une boite probablement cloutée, ou au moins avec une serrure en fer pour la fermer dignement. Et ça, du métal, Akihiko pouvait le chercher. Fermant les yeux, il se concentra et étendit ses sens et les quelques maigres forces magiques qu’il avait pu récupérer après sa courte sieste. Et il la sentit. Sous ses pieds. Une petite cassette, toute faite de métal. Il ne parvenait pas à en deviner l’origine, mais il y avait bien quelque chose sous ses pieds. Regardant plus attentivement le sol, il remarqua que les dalles qui le composaient n’étaient pas parfaitement jointes. Il était sûrement possible de la déloger.

« Anthelia ! J’ai quelque chose. Apporte-moi un de tes couteaux, s’il te plaît. »

La concernée ne se fit pas prier et lui tendit rapidement une de ses lames de jet, qu’il enfonça dans la jointure de la dalle. Alors qu’il allait tenter de décoller la dalle par la force, ses sens magnétiques l’avertirent de la présence d’un autre métal, dans la structure. Il ne l’avait pas remarqué car bien plus mince que ce qu’il cherchait à la base et une fois la cassette trouvée, il n’avait pas poussé plus loin son analyse. Mais désormais, il sentait bel et bien les multiples petites pièces qui parcouraient le sol, avant de remonter une des colonnes et s’arrêter au niveau d’une gravure qui l’ornait, semblable à toutes les autres. Intrigué, Akihiko l’inspecta et décela finalement un relief de jarre portée par une jeune fille gravée qui semblait plus marqué et usé que les autres. Il appuya sur ce dernier et, dans un cliquetis grinçant, tout un mécanisme se mit en branle. Ses sens n’étaient pas assez affûtés pour sentir les engrenages sous ses pieds s’actionner distinctement, mais il percevait tout de même leur mouvement. Enfin, dans un grondement, la dalle qu’il s’apprêtait à forcer se souleva difficilement, avant de se bloquer à mi-parcours ; le mécanisme n’avait semble-t-il pas apprécié la course des ans sans entretien. C’est donc avec beaucoup de grognements que Akihiko aidé de son amie parvint à forcer le reste de l’ouverture, non sans un grand fracas. Le mécanisme était sans aucun doute foutu, mais il n’aurait sans aucun doute plus l’occasion de servir de toute façon. Anthelia tapa sur son épaule en le félicitant, puis extirpa de la cache une cassette finement ouvragée, que les intempéries et le temps avaient patiné la surface et lui faisant perdre une grande partie de la beauté qu’elle avait pu avoir lors de son élaboration. La boîte semblait bien plus lourde qu'elle ne devrait l''être si elle ne contenait que des lettres : peut être la tailleuse y avait placé quelques babioles en plus des lettres ? Quoi qu’il en était, c'est d’un coup de pommeau que Akihiko fit sauter le fermoir rouillé et ouvrit la petite boîte.



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Anastasie Terreblanc
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Re: Les Terres Cultivées autour de Kendra Kâr

Message par Anastasie Terreblanc » dim. 15 mars 2020 19:12

Ce qu'Anastasie s'apprêtait à faire à Zekiel n'était rien d'autre qu'une exécution, il n'y avait besoin d'aucun mot entre eux pour que chacun comprenne la motivation et la portée de ce geste, même si le Vaahs'Umbra était maintenant incapable de lire dans les pensées de la jeune femme. Pour autant il n'y avait aucune rancœur, aucune haine. Ils étaient deux soldats ennemis dans une guerre qui n'avait pas grand chose à voir avec eux. Au moins la comtesse avait-elle choisi d'y prendre part activement, là où l'ombre était magiquement lié à Tal'Raban, qui lui refusait jusqu'à son libre arbitre. Pour autant, rien de ce que ne pouvait faire Anastasie ne saurait changer cela, Zekiel ne serait jamais qu'un ennemi, peu importait la compassion qu'elle éprouvait maintenant pour lui. Et peu importait à quel point cette situation était injuste, pour lui comme pour elle. Aussi corrompue son âme pouvait-elle être, il n'en restait pas moins un individu, capable de singularité, d'amour, de loyauté.

C'est le crâne plein de ces pensées moroses que la jeune femme traversait le territoire de son enfance ; c'était bien la première fois que revoir ces prairies après un long voyage ne la réjouissait pas. Après tout, elle s'était promis de se débarrasser de Zekiel avant son retour à Kendra Kâr et la capitale n'était maintenant plus qu'à une bonne semaine de marche.

( Ne crois-tu pas qu'il est temps de me poser tes questions ? ) formula dans son esprit l'ombre, qui sentait sa nervosité.

Son ton était résigné, las.

Eh bien... ) hésita la jeune femme avant de se reprendre : ( C'est que lorsque tu refuseras de répondre, je devrai te charcuter pour fouiller ta mémoire. )

Un certain amusement était perceptible dans l'esprit de son hôte.

( Prends-tu souvent en pitié tes ennemis ? Cela ne semble pas très productif. )

Une grimace parcourut le visage de la jeune femme à ces mots. Ce n'était certes pas productif, mais elle redoutait le jour où elle cesserait d'éprouver de la peine à l'idée d'exécuter quelqu'un. Elle avait déjà tué de sang-froid, mais y trouver du plaisir était un pas qu'elle se réjouissait de ne pas avoir encore franchi.

Où aimerais-tu mourir ? ) éluda-t-elle finalement.

Elle sentit la perplexité de son interlocuteur à l'écoute de cette question. S'il était d'ordinaire plutôt doué pour deviner ses pensées, ce n'en était pas une qu'il avait vu venir.

( Je ne suis pas vraiment vivant. )

Un silence s'installa. La vie et la mort étaient des concepts différents pour une humaine et un amas d'âmes trépassées et trafiquées par sorcellerie. Pour autant, nul doute qu'en tant qu'individu la finalité était la même : il cesserait bientôt d'exister, d'être lui-même. C'était une pensée terrifiante pour tout être doué de raison. Lui-même devait bien s'en rendre compte, car après un certain temps il reprit la parole, dans ce qui semblait être un souffle dans l'esprit de la jeune femme.

( Près de l'eau. )

Anastasie esquissa un sourire doux. Voilà qui était étonnamment poétique pour une créature des ombres.

Autre chose ? ) demanda-t-elle.

La créature sembla hésiter quelques secondes avant de finalement continuer.

( Ton refuge... Il est... Apaisant. )

La comtesse hocha la tête, silencieuse. Le refuge qu'elle avait acheté à Kendra Kâr était destiné à tous les exclus après tout. Pour lui qui ne pouvait mourir près des siens, c'était probablement la meilleure alternative. Dans un refuge... Près de l'eau... De nuit. Voilà qui scellait sa mort. L'heure de son exécution. Lorsqu'ils seraient enfin à la capitale, son heure viendrait le soir même.

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Akihito
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Re: Les Terres Cultivées autour de Kendra Kâr

Message par Akihito » mar. 17 mars 2020 02:41

Dans le chapitre précédent...

Deuxième Arc : L’art de faire parler la Foudre

Chapitre XLVII : Lettre d’un autre temps


Les charnières étaient envahies par la crasse, la rouille ou quoi que pouvait être l’origine d’une telle difficulté pour l’ouvrir. Mais elle ne résista pas bien longtemps et dévoila bientôt son contenu aux yeux de Akihiko, qui en vida délicatement le contenu sur la partie de la table qui était encore à peu près droite. D’abord, une poignée de yus se trouvaient là ; une somme toute modeste, dont la présence lui échappait un peu, mais qu’il ramassa tout de même. Les lettres, elles, étaient soigneusement empaquetées dans un tissu blanc qui avait désormais bien vieillit. Conscient qu’il avait entre les mains des documents vieux de plusieurs siècles, c’est avec une précaution extrême qu’il dévoila les correspondances de Jiila Trish. Une pile d’une quinzaine de lettres, à la surface craquelée par l’âge. Il pouvait presque sentir les coins des feuilles s’effriter sous ses doigts, aussi ne prit-il la peine que de lire celle qui se trouvait sur le dessus, sûrement la plus récente. Certains mots étaient désormais illisibles sans pour autant gêner la lecture de la lettre.

« Ma douce Jiila,

Tu as eu beau vouloir me cacher la vérité, je sais ce qu’il en est réellement. Et je ne t’en veux pas. Probablement aurais-je fait la même chose dans ta situation. Mais le guérisseur Hild est un de mes amis, il n’a pu se résoudre à me mentir malgré que tu lui ais dit de ne rien me dire. Il est des maux que même le plus habile des prêtres de Gaïa ne puissent guérir. Pourquoi a¬-t-il fallut que tu en sois la cible ? Pourquoi toi, parmi tant d’autres ? j’ai songé ces derniers temps que les dieux se montraient bien cruels de nous infliger un tel malheur. Au point d’en douter d’eux. Mais mes frères m’ont réconforté ; ils m’ont aidé à affronter la vérité : tout n’est que la volonté du destin, de Zewen et de son livre qui contient le passé, le présent et le futur, enchâssés dans autant d’innombrables runes. Mes frères pensent que mon chagrin vient de l’affection que je te porte en temps qu’amie, mais ne sont nullement au courant de l’amour que je te porte et que tu me portes en retour. Dans une autre vie, nous n’aurions pas eu à nous cacher. Mais encore une fois, le destin…
Ces bottes que nous avons confectionnées ensemble, elles resteront à jamais le plus grand accomplissement de ma vie. Je sais que tu veux que je poursuive les enchantements sur les autres, mais je ne suis pas sûr de pouvoir tenir cette promesse. Je préfère que l’œuvre de notre vie soit unique, plutôt que de se préoccuper des envies de quelques gradés de l’armée. Ils se sont bien passés de nos bottes pendant des années avec les Messagers, je ne vois pas pourquoi ils en auraient subitement besoin. Et puis, Porem se débrouille très bien avec… Mais je doute qu’une personne puisse les reprendre par la suite. Une personne digne de confiance, à qui nous pourrions sans nous inquiéter les confier. Je pourrais les laisser au temple, une fois que Porem ai quitté l’armée. Mais nous verrons ça en temps et en heure, il est pour l’instant à Tulorim. »

La lettre sembla brusquement s’interrompre, avant de reprendre, d’une écriture plus tremblante, moins sûre.

« … On vient de m’apprendre sa mort. Porem. Notre ami. Ce qui devait arriver est finalement arrivé. Peut-être est-ce par cette lettre que tu aurais appris sa disparition, et sache que ma peine n’en est qu’amplifiée.
J’ai pris ma décision. Ces bottes, Il faudra les mériter. Quiconque voudra les porter devra me prouver sa valeur. Mais je ne suis pas immortel : viendra un jour où je ne pourrais plus assurer cette tâche. Cependant, Valyus a fait de moi un enchanteur : en m’adressant aux bonnes personnes, je pourrai créer un gardien. Il protégera ces bottes, après ma disparition. Ce vieux tunnel sous ta tombe du Mausolée servira à quelque chose, finalement…
Ceci est ma dernière lettre à toi, mon amour. Je la rangerai avec les autres, dans cette petite trappe que tu avais insisté pour installer, têtue que tu étais.
Tu auras tout de même apporté un deuxième soleil dans ma vie. Coucher sur le papier tous les souvenirs heureux que j’ai en ta présence demanderait plus de papier que les livres de la grande bibliothèque de Kendra-Kâr pourraient en fournir, et je pense que quelque part, ils sont surtout inscrits dans mon cœur. Comme ils le sont probablement dans le tien, où que tu sois désormais.

Reposes en paix, mon amour. Je te rejoins bientôt.

Ton « abruti » d’enchanteur,

Théo Silverberg. »


Akihiko reposa la lettre délicatement. La lettre était touchante : il ne connaissait l’enchanteur Silverberg qu’à travers les histoires qu’on racontait à son sujet et ce depuis quelques jours à peine, mais il pouvait aisément dire à travers ces mots qu’il aimait passionnément la tailleuse. Anthelia, qui avait lu la lettre par-dessus son épaule, posa sa tête sur cette dernière et se colla contre lui.

« C’est beau.

- … Oui. »

Après un petit silence, Akihiko se détacha de l’étreinte de la jeune femme et s’assit dans le fauteuil, avant de lui attraper la main pour l’attirer à lui. Sans un mot, elle s’installa sur lui, ses jambes battant dans le vide. Ses bras s’enroulèrent autour du cou de Akihiko et lentement, elle l’embrassa avant de se laisser aller contre lui. Le principal concerné savoura cet instant, se demandant un instant s’il avait cette fois bien lu « la situation ». L’attitude d’Anthelia lui assura que oui et il se laissa bercer par le bruissement de la verdure et la respiration chaude qui réchauffait la peau de son cou. Ce fut la tatoueuse qui mit fin au moment de grâce en se relevant, non sans embrasser une dernière fois son amant, un sourire satisfait sur les lèvres.

« Tu vois, quand tu peux. »

Elle l’aida ensuite à se relever et après quelques petites secousses pour chasser les fourmis qui avaient envahis ses jambes, il termina l’inspection de la cassette qui recelait deux surprises de tailles : la première, une rune inconnue à Akihiko, qu’il mit avec plaisir dans la bourse contenant les autres ; il allait l’inspecter sur le chemin du retour. La seconde surprise prit la forme d’un écrin long d’une vingtaine de centimètres et large de cinq, qu’il ouvrit, curieux. L’ouverture fit résonner un rire qu’il reconnut pour l’avoir entendu pas plus tard qu’aujourd’hui, celui du Père No-Hell. Et à l’intérieur de cet écrin trônait deux longues aiguilles faites dans un cristal iridescent qu’il n’avait jamais vu auparavant. En l’occurrence, il s’agissait de deux aiguilles de tatouage. Le vœu formulé plus tôt lui revint en mémoire : il avait bel et bien demandé des aiguilles à la mythique figure, mais avait rapidement oublié car n’y croyant pas vraiment. Mais force était de constater que le légendaire et généreux bonhomme existait bel et bien.

(Mais dans ce cas… ?)

Il sortit avec empressement la peau de cochon traitée sur laquelle il travaillait, son petit maillet de tatoueur et réalisa une ligne de point en souhaitant y voir une ligne continue de points… Bleus. Et contre toute attente, sans même avoir besoin de planter dans de l'encre bleue ! Il réessaya en tentant cette fois de faire une ligne de points verts… Qu’il obtenu également. Le père No-Hell avait décidément été bien généreux avec lui, ce qui ne manqua pas d’échapper à la tatoueuse qui jeta un regard envieux aux deux aiguilles prismatiques dans sa main.

« Le père No-Hell existe…

- Oui.

- Et c’est ce que tu avais demandé ?

- Oui ! acquiesça de nouveau, dans un large sourire, le jeune homme. Je n’y croyais pas trop, mais j’ai bien fait de tenter ma chance quand même. Et toi Anthelia, tu as souhaité avoir quelque chose ?

- Pas vraiment… J’ai été surprise, alors rien ne m’est venu le temps qu’il ne disparaisse. Alors j’ai juste souhaité que ton souhait se réalise. »

L’apprenti tatoueur regarda les tiges translucides entre ses doigts, puis en tendit une à sa professeure qui la repoussa gentiment, arguant qu’elle n’en avait pas besoin : elle était simplement contente qu’il ai obtenu pareil cadeau. Il remit donc les aiguilles dans leur écrin, qu’il glissa dans son sac avant de regarder la cassette ne contenant désormais plus que les lettres. Devait-il la remettre à sa place ? Un instant de réflexion plus tard, il décida de les emporter tout de même : elles lui seraient peut être utiles dans les potentielles épreuves qu’il lui restait à passer pour mettre la main sur l’héritage des deux amoureux.

Les deux tatoueurs retournèrent donc sur leur pas et passèrent par la maison. Sur leur chemin, ils passèrent devans les cadavres de leurs adversaires, fraîchement regroupés en tas, probablement que la garde s’apprêtait à revenir les chercher pour les brûler. Il aperçut non loin du tas de corps les différentes armes et autres équipements qui avaient pu être ceux de feu la bande de FIlor. Les armes étaient malgré la nature déplorable de leurs anciens propriétaires d’excellente facture, aussi aurait-il été dommage de ne pas en profiter : la forge d’Argaïe lui en proposerait sans doute un prix décent. Il glissa à sa ceinture les deux dagues qui lui avaient donné tant de problème dans les mains de l’habile femme, la lance ailée qui avait sonné le glas de Filor et un bouclier qu’il passa dans son dos, par-dessus le marteau. Ainsi harnaché, il manqua de chuter mais en s’aidant de la lance, retrouva son équilibre.

« Tu crois pas que tu en fais trop ? »

(Tu crois pas que t’es assez blessé comme ça pour en plus te surcharger ?)

« Si tu tiens à m’aider, prend ce bouclier, ça me soulagera. »

Levant les yeux au ci… Au plafond, elle porta le bouclier et tout deux finirent par quitter pour de bon le manoir Trisha, désormais vide de son secret. En route, et sous un soleil désormais haut, ils prirent le temps de savourer l’air frais et le vent balayant la plaine. Anthelia en profita pour dire à Akihiko tout ce qu’elle savait du Mausolée des Valeureux : une impressionnante construction de l’autre côté de la ville, abritant les sépultures de tout les hommes et les femmes qui avaient marqué l’histoire de Kendra-Kâr. Surveillé en permanence pour éviter les profanations et pillages en tout genre, y pénétrer était possible pour n’importe qui jusqu’à la tombée de la nuit, heure à laquelle seuls les soldats étaient autorisés à pénétrer. En encore, tous les soldats étaient des individus triés sur le volet pour assurer un repos éternel et digne à toute personne assez vertueuse pour être enterrée ici.

« Alors je ne sais pas où ni comment on va trouver ce fameux tunnel, mais ça ne risque pas d’être facile. »

Hochant la tête, Akihiko décida qu’ils verraient de toute manière bien comment tout allait se passer sur place : inutile de se prendre la tête maintenant. Ce qui l’intéressait sur le moment précis, c’est ce qui résidait dans sa petite bourse : la rune Pi. Quel mot pouvait-elle bien renfermer ? L’enchanteur avait déjà sa petite idée.

(« Ni » pour « Défendre », « Vi » pour « Attaquer » : mes deux seules runes de verbe. Si mon intuition est bonne, il devrait donc s’agir d’une rune du même typs. Allez, on essaye !)

Fermant le poing en s’appuyant pas sur la lance, Akihiko se concentra sur les pulsions magiques de la pierre pour en extraire son sens.


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Gamemaster2
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Re: Les Terres Cultivées autour de Kendra Kâr

Message par Gamemaster2 » mar. 17 mars 2020 10:35

Intervention pour Cherock O'Fall

><

Les battements du cœur de la rune parurent difficiles à capter, mais ils finirent par adopter le même rythme que le pouls de l'enchanteur. À l'unisson, ils chantaient son nom qui ne tarda pas à s'imager dans son esprit. Quelque chose de frêle qui gagne en maturité, en solidité. Quelque chose de faible qui frappe plus fort que la foudre. Un nom qui sonne comme le roc et le tranchant d'une lame tout juste polie, un nom qui "Renforce"...


(((Identification de la rune "Pi" = "Renforcer")))
"Bwaf Assistance, que puis-je faire pour vous ?"

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L'appel au standard "Bwaf Assistance" est taxé à hauteur de 90 Yus suivi d'une tarification de 25 Yus par minute. La discussion est susceptible d'être enregistrée s'il y a un os.

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Akihito
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Re: Les Terres Cultivées autour de Kendra Kâr

Message par Akihito » dim. 5 avr. 2020 02:23

Dans le chapitre précédent...


Interarc : Apprendre des meilleurs

Chapitre II.1 : Un peu de météorologie.


Le cahotement de la charrette ne parvint pas à troubler la conversation qui animait les trois humains. Frans, qui visiblement savait conduire un attelage, avait les rênes en main ; Akihito était assis à côté de lui et racontait depuis presque une heure les différentes aventures qui l’avaient menées ici et en possession des reliques qu’il avait ; Anthelia, confortablement installée à l’arrière, se contentait d’écouter et d’agrémenter le récit d’Akihito de petites anecdotes qu’il avait oublié ou de remarques soulignant le courage (et l’inconscience) de l’Ynorien. Avec la fin de l’histoire vint le moment de manger et Anthelia leur passa diverses rations pour qu’ils puissent tous manger sans avoir à s’arrêter. Ils n’allaient pas prendre la route la plus rapide pour éviter d’éventuelles embuscades ayant parfois lieu sur les chemins les plus fréquentés des marchands. Ils en avaient donc pour un petit mois de route à profiter du climat doux du printemps. Climat également un peu orageux, mais ce n’était pas pour les déranger, bien au contraire.
Après le repas, la jeune femme déclara qu’elle allait faire une petite sieste ; ces derniers jours à courir partout l’avaient un peu épuisée. Appuyée contre le coffre soigneusement verrouillé par Frans contenant le Keraunos, la tatoueuse s’installa et sombra dans un léger sommeil, sous le regard attendri d’Akihito qui hésitait presque à la rejoindre. Mais il avait des choses bien plus intéressantes et excitantes qui retenaient son attention sur le moment.

« Cette Anthelia a du caractère, souleva le vieux fulguromancien qui avait adopté le tutoiement rapidement. Tu ne t’es pas embarqué dans une mince affaire avec elle.

- Comme vous avez pu l’entendre, c’est elle qui ne s’est pas choisi l’homme le plus calme.

- Ce n’est pas faux, dit-il en souriant légèrement. Bon, si tu me montrais ce que tu savais faire ? Il faut que je sache ce dont tu es capable en premier lieu. »

Akihito s’exécuta et déploya les uns après les autres les sorts qu’il avait appris : le choc de Valyus évidemment, la magnétisation balistique, l’arme magique, le transfert magique... Il expliqua aussi toutes les applications qu’il avait appris à faire à l’aide de ses fluides en manipulant un yus à distance, en créant un arc électrique pour éclairer ou en indiquant qu’il pouvait sentir les métaux autour de lui en se concentrant suffisamment.

« Et tu as appris tout cela tout seul ?

- J’ai eu parfois l’aide de quelqu’un comme Anthelia, mais la plupart du temps par mes seuls moyens, oui.

- Ce n’est pas mal du tout, mais on voit que tu as des lacunes dans ta manipulation des fluides.

- Lesquelles ? questionna Akihito, curieux.

- L’exemple le plus flagrant, c’est que tu n’utilises que tes mains pour utiliser tes fluides. C’est évidemment le moyen le plus commode et le plus pratique, mais ce n’est pas la seule façon. Et je vais t’apprendre à le faire avec ton corps avec le premier sort que tu as vu au-dessus du port ce matin : la création de nuages d’orage, l’orage terrifiant. »

Le mage se concentra et un instant plus tard, un minuscule nuage apparut au-dessus de la jument qui tractait paisiblement l’attelage, la faisant renâcler nerveusement. Puis, aussi soudainement qu’il était apparu, il se dissipa dans l’air. Le vieux mage lui commença à lui parler du principe du sort en lui posant une simple question au début : qu’étaient les nuages ? L’enchanteur, bien qu’il se soit déjà vaguement posé la question, n’en avait aucune idée et Frans lui expliqua.

« Vois les nuages comme une quantité innombrable de petites gouttelettes d’eau, si légères qu’elles flottent dans l’air mais une fois rassemblées les unes avec les autres, donnent ces étranges forment cotonneuses volantes. C’est ainsi que se forment les nuages. Je ne saurais t’expliquer comment elles se forment naturellement et aussi haut dans le ciel, ni pourquoi la pluie tombent de certains nuages et pas d’autres ; mais tu n’as pas besoin de savoir tout ça : tout ce qui t’importe, c’est de comprendre la nature d’un nuage.

- Mais, on ne maîtrise que la foudre nous, pas les fluides d’eau. Comment serions-nous capables de créer des nuages ?

- En « trichant » avec l’humidité de l’air. »

Selon Frans, l’air lui-même était saturé de minuscules gouttes d’eau plus ou moins nombreuses, ce qui donnait parfois cette impression que l’atmosphère était lourde, car chargée en humidité. La création d’un nuage d’éclair se déroulait en deux étapes qu’il appelait l’électrisation et la condensation. L’électrisation consistait à relâcher un grand nombre de petites étincelles, qui allait se loger dans l’humidité de l’air. La création de ces minuscules gouttes d’eau électrifiée était un processus long lorsque lancé avec la main, mais dont la vitesse était démultipliée quand c’était l’ensemble du corps qui relâchait ces étincelles. La phase de condensation elle…

« Attendez, je crois savoir. Avec toutes ces petites gouttes d’eau volantes, pour les rassembler, les « condenser » comme vous dites, on va les attirer avec le magnétisme ?

- C’est exactement ça, reconnut Frans, surprit. Tu as l’esprit vif.

- Je manie les fluides de foudre depuis mon enfance… Alors même s’il me manque beaucoup de connaissances, leur manipulation et leurs applications n’est pas une découverte.

- Dans ce cas, on va commencer par la phase d’électrisation. Utilise d’abord ta main pour t’entraîner, puis étend progressivement ça à l’ensemble de ton corps. »

Akihito tendit la main devant lui et ferma les yeux pour focaliser aisément son attention sur l’intérieur de son corps et cette masse bouillonnante d’énergie. Il en isola une petite partie dans sa main et essaya de la relâcher dans l’air, hors de son corps. Un crépitement parvint à ses oreilles, immédiatement suivi de la voix de Frans lui disant que c’était bien trop gros comme étincelles, qu’il ne devait entendre aucun crépitement. Akihito opina du chef et recommença son exercice.

(Plus petit, plus petit…)

Il se pencha sur la structure de sa peau, sa pulpe, sa surface d’apparence lisse. Mais il ressentait bien qu’elle était parcourue de centaines, de milliers de petits trous qu’Anthelia lui avait appris être les « pores » de la peau. Cela servait à faire respirer la peau selon elle, et c’était aussi ce qui permettait à l’encre de mieux se diffuser à travers la peau. L’enchanteur, au rythme de ses respirations de plus en plus profondes, se focalisait et observait sa peau de plus en plus près. Les pores lui apparurent bien visibles, nettement plus présent au dos de sa main que sur la paume. Peut-être était-ce parce que la seconde était bien plus épaisse, écrasée et utilisée au quotidien ? Cette raison lui alla et il ordonna à ses fluides de s’échapper par ces petits orifices exclusivement. Il n’eut pas la présence d’esprit de brider le débit et il sentit une douleur cuisante se répandre dans sa main alors qu’une masse bien trop importante de fluide essayait de passer à travers une ouverture pas plus grande que la tête d’une aiguille. Il coupa l’opération et siffla de douleur en secouant la main, essayant de chasser la désagréable sensation. L’ex maître magicien le regarda faire en gardant un œil sur la route mais ne dit rien.

L’enchanteur n’abandonna pas pour autant : chacun de ses sorts s’était appris dans la douleur des premiers essais, et ce dernier n’allait pas faire exception. Pendant l’heure qui suivit, Akihito s’efforça de maîtriser le processus d’électrisation. Chaque tentative était moins douloureuse que la précédente, mais le commentaire de Frans restait toujours le même.

« Plus petit. »

« Plus petit. »

« Plus petit. »

« Plus petit. »

« Plus petit. »


Jusqu’à ce que Akihito arrive enfin à relâcher une partie de ses fluides sans qu’aucun son, aucune lumière ne soit émis. Frans passa sa propre main au-dessus de celle d’Akihito et un nuage noir, de la taille d’une pomme, se forma. Il grossissait lentement à mesure que Akihito l’alimentait en particules de foudre, mais à un rythme bien trop bas.

« Voilà, tu maîtrises l’électrisation… Mais uniquement à l’échelle de ta main. Maintenant, il faut faire ça sur tout ton corps.

- Ah… D’accord mais d’abord… Ah.. Vais boire. »

Une longue rasade d’eau plus tard, Akihito se ré-attaqua à son entrainement. La journée passa ainsi. Le mage, peu désireux d’avoir la sensation d’avoir pris un coup de soleil sur l’ensemble du corps, ne se précipita pas dans l’expansion du processus. Progressivement, il étendit l’évacuation de ses fluides à son avant-bras, puis à son bras en entier. Il était au milieu de la propagation au niveau du torse quand Anthelia, réveillée, perturba sa concentration en déposant un baiser dans son cou. Elle argua qu’il fallait aussi qu’il se détende et dorme, mais Akihito était trop fasciné par la découverte d’un nouveau sort pour se plier à cette injonction. La tatoueuse lui demanda d’au moins aller faire son manège à l’arrière de la charrette bâchée, pour qu’elle puisse discuter aisément avec leur conducteur. Des brides de leurs conversations lui vinrent pendant qu’il s’exerçait mais il n’y prêta pas attention. Les tatouages magiques, c’était une discussion qu’ils avaient tout deux eu en long, en large et en travers.

Le soir vint et pile au moment où la charrette s’arrêta dans une petite ouverture dans la forêt, Akihito parvint à, selon lui, faire sien le processus d’électrisation.

« C’est vrai ? Voyons ça tout de suite alors. »

Les deux fulguromanciens se firent face, sous l’œil d’Anthelia qui réaménageait les reste d’une fosse à feu laissée là par un ancien bivouac. Akihito se mit à vibrer d’énergie, libérant une grande quantité de particules de foudre dans l’air ambiant. Un instant plus tard, Frans posa la main sur son orbe et au-dessus d’eux, un imposant nuage noir se forma. Il n’était pas aussi gros que celui qu’il avait vu le matin même, mais il était fier de voir les résultats d’un travail de longue haleine comme celui-là. Frans le félicita en dispersant le nuage qui s’évapora dans la nuit tombante.

« Voilà un nuage d’orage d’une taille tout à fait convenable. Bravo Akihito, tu maîtrises la partie la plus exigeante du processus. La condensation est plus un coup de main et un concept à saisir qu’une réelle difficulté. Quant à la dernière étape… Tu verras bien. »

- Si vous avez fini de vous amuser, allez plutôt me chercher du bois ! » les apostropha Anthelia, ce qu’ils firent en s’éclairant à l’aide de leurs arcs de foudre. Celui de Frans étant nettement plus puissant, il dénicha bien plus de combustible que Akihito s’empressa de ramasser ; il n’oubliait pas que malgré son énergie apparente, Frans n’était plus dans sa meilleure forme et venait de tenir les rênes toute une journée.
Une fois de retour, l'enchanteur n’eut pas le temps de se reposer : la tatoueuse se mit en tête de lui apprendre la cuisine de campagne et il dût préparer, cuire et assaisonner le ragoût du soir à l’aide des aliments encore frais qu’ils avaient embarqué. Anthelia qualifia le repas de « comestible » quand Frans déclara que cela lui rappelait les rations militaires de l’armée Kendran. En un mot comme en cent, ce n’était pas une réussite. Ensuite, Akihito dût s’exercer à l’art du tatouage. Il eut beau protester et demander grâce pour un peu de repos, sa professeure se montra intraitable. Il s’attela en grommelant à sa tâche, sous l’observation curieuse de Frans qui sortit une pipe et se mit à en fumer, relâchant des volutes bleutées. Il s’interrogea en voyant Akihito ne planter sa pointe dans aucun pot d’encre, mais parvenir à tatouer le tout nouveau stock de peaux qu’Anthelia avait réalisé à leur départ. C’est cette dernière qui expliqua à Frans.

« Il a reçu un cadeau du père No Hell.

- Le père No Hell ? Ce fameux bonhomme qui apporte des cadeaux à travers le monde ? Tu ne serais pas en train de te moquer de moi jeune fille ?

- J’aimerais bien vous dire que non, mais vous vous en rendrez compte vous-même : ce qui se passe autour d’Akihito dépasse souvent le sens commun.

- Euh… Je suis sensé le prendre comment ? demanda Akihito en relevant le nez temporairement de son ouvrage.

- Tu es sensé bossé surtout mon p’tit père, alors hop hop hop, on reste concentré.

- C’est presque de la tyrannie !

- Tu t’es engagé en connaissance de cause, » répliqua-t-elle en lui souriant, ce qui le fit soupirer avant de se remettre à travailler.

La soirée se poursuivit et bien que Frans assurait que la rue était sûre et encore relativement proche de la capitale, le souvenir du manoir des bandits leur faisaient dire que non. Les deux jeunes gens décidèrent de monter la garde pour cette nuit, laissant le mage dormir dans la charrette à proximité du Keraunos. Akihito prit le premier tour, continuant son apprentissage dans le silence du ronronnement du feu, Anthelia dormant non loin. Puis, à bout de force, il réveilla la jeune femme doucement pour qu’elle prenne sa place et il s’effondra sur la couche. Il sentit à peine la jeune femme le recouvrir de la couverture qu’il sombrait déjà dans le sommeil, vidé.


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Re: Les Terres Cultivées autour de Kendra Kâr

Message par Akihito » dim. 5 avr. 2020 23:28

Dans le chapitre précédent...


Interarc : Apprendre des meilleurs

Chapitre II.2 : Un peu de météorologie.


Le lendemain fut un réveil rude pour Akihito qui remonta plus endormi que réveiller sur le banc du conducteur aux côtés de Frans. Mais une combinaison des éclairs de ce dernier et des flatulences de Betty la jument le réveillèrent pour de bon.

« Pouah ! Quelle odeur infecte ! Et c’était obligé, ce coup de jus ?!

- Obligé non, mais le résultat est là. Prêt à reprendre la suite de l’entraînement ? Oui ? Alors commence par électriser l’air autour de ta main. Voilà, comme ça. Tu vas t’entraîner sur de petits nuages pour commencer, inutile d’en faire des énormes qui risquent plus de faire paniquer Betty qu’autre chose. La condensation, c’est simple : il suffit d’envoyer une dernière particule de foudre très fortement magnétisée qui va attirer les autres autour d’elles, qui feront de même, jusqu’à créer le fameux nuage. Plus cette particule sera fortement magnétisée, plus le nuage va rapidement se constituer. Normalement, c’est une étape qui prend beaucoup de temps car le concept de magnétisme n’est pas évident pour les apprentis fulguromanciens. Mais toi qui maîtrises déjà certaines de ses applications, tu... Eh bien voilà. »

Au-dessus de la paume d’Akihito, un petit nuage commençait déjà à se former. Charger magnétiquement une particule de foudre n’avait pas été très compliqué pour lui : il avait imprimé un mouvement de rotation à ses fluides dans sa paume, avant d’en expulser une petite partie à travers les pores de sa peau, ce qui avait déclenché le processus de création du nuage. Curieux, Akihito planta le doigt de son autre main dans la masse obscure : une sensation de froid et de picotement l’envahi rapidement, avant que le nuage ne se disperse. Frans lui demanda de s’entraîner à le faire plusieurs fois, mais en amplifiant le pouvoir magnétique du « déclencheur » comme il l’appelait pour accélérer la formation du nuage. Au bout d’un certain temps, le nuage se formait si rapidement que Akihito pensait qu’il apparaissait comme par magie dans sa main. Frans lui expliqua que sur un vrai nuage, la propagation se verrait à l’œil nu de part sa taille plus imposante.

« Mais alors, pourquoi ne pas créer directement des particules chargées ? Ca réduirait le temps de création.

- Il y a bien une raison, mais fait le : tu comprendras vite pourquoi on ne procède pas ainsi. »

La raison apparue, claire comme de l’eau de roche : les minuscules gouttes chargées se regroupaient dès leur création, ce qui entourait Akihito d’une nappe de nuage noir qu’il dispersa rapidement en arrêtant à temps le processus.

« Errrh… D’accord, je vois. Avec un déclencheur, on peut le projeter suffisamment loin au-dessus de nous pour qu’il ne commence pas le nuage autour de nous.

- Voilà. Bien, maintenant que tu sais créer un nuage d’orage, qu’est ce qu’on en fait ?

- Mmh… On apprend à faire tomber la foudre ?

- C’est aussi une des applications, mais on va d’abord commencer par le faire tonner.

- Le faire tonner ? demanda Akihito, un peu dubitatif.

- Exactement. Ne sous-estime pas la terreur que peut provoquer un orage qui éclate au-dessus du champ de bataille : cela a scellé le destin de bien des affrontements, et je vais t’enseigner comment arrêter un conflit avant même de l’avoir commencé. »

Le principe était simple : il avait un nuage, avec une grande quantité d’énergie de foudre circulant dedans. Le tout était de produire le son du tonnerre pour terrifier ceux en dessous. Mais comment le reproduire ? En déclenchant un éclair qui allait circuler dans le nuage. La puissante énergie, passant de bulles d’eau en bulle d’eau, allait les faire chauffer à des températures extrêmes et les faire éclater. Provoquant le son de craquement et de grondement caractéristique du tonnerre jusqu’à ce que le nuage se soit complètement évaporé. Frans demanda donc à Akihito de libérer le déclencheur au sein de son nuage pour lancer la première impulsion. Akihito, lui, n’avait pas prévu de faire une telle chose et en fut bien incapable. Il essaya plusieurs minutes avant de finir par reconnaître qu’ainsi, il n’y arriverait pas. Il dispersa donc son nuage, pour recommencer tout depuis le début et créer un déclencheur comme il le souhaitait.
Le processus d’activation lui rappela un sort qu’il avait déjà maîtrisé, le transfert magique. Il avait enfermé le sort dans une pellicule de fluide qui pouvait se craqueler et donc libérer son contenu. Il suffisait de faire de même, non ? Akihito s’attela donc à la tâche : il isola d’abord une minuscule portion de son pouvoir, le recouvrit d’une fine couche de fluide et se mit à le faire tourbillonner dans le creux de sa paume, lui faisant acquérir les propriétés magnétiques qu’il désirait. Il l’expulsa enfin dans le but de créer le petit nuage. Mais rien ne se passa comme les fois précédentes : l’étincelle, pas assez protégée, se libéra et le nuage pas encore tout à fait formé, émit un faible grondement avant de s’effondrer sur lui-même.

(Une enveloppe trop fine se rompra durant la création du nuage… Essayons avec plus épais.)

Le second test donna un nuage se formant trop lentement, et une pellicule qui se fissurait mal. Ayant deux extrêmes comme points de comparaison, Akihito continua ses tests et affina progressivement son déclencheur. L’heure du déjeuner sonna et à force de répéter inlassablement les mêmes manipulations fluidiques, la création de nuage d’orage devint presque naturelle. De plus, il avait semble-t-il trouvé le compromis idéal pour générer rapidement son nuage tout en préservant son étincelle initiatrice. Le nuage qu’il tenait dans sa main était éclairé de minuscules éclairs le parcourant, provoquant un ronronnement grave. Avisant un court d’eau, Frans s’arrêta pour laisser boire leur cheval et Akihito sauta sur l’occasion.

« Frans, je pense que cette fois c’est bon.

- Prêt à passer au test grandeur nature ?

- Euh, attendez que je tienne les rênes de Betty, il ne faudrait pas qu’elle s’échappe, » intervint Anthelia.

Une fois la jument sécurisée, Akihito inspira profondément et de tous les pores de sa peau, d’invisibles étincelles s’échappèrent. Il serra le manche du marteau pour accélérer et renforcer sa maîtrise fluidique, augmentant significativement la phase d’électrisation. Puis, il créa son déclencheur en calibrant du mieux que ses tests lui avaient permit avant de l’envoyer au-dessus d’eux. Une traînée cotonneuse sombre se propagea dans son sillage, avant de rapidement s’étendre haut dans le ciel. Un nuage noir d’orage d’une taille imposante recouvrit l’espace et Akihito ordonna mentalement au déclencheur de libérer sa charge.
Au début, il ne se passa rien. Puis, un léger tremblement se fit entendre. Un tremblement qui se répéta, tout en s’amplifiant. Des éclairs crevèrent sporadiquement la surface de la masse nuageuse les uns après les autres, laissant tonner leur puissance. Akihito se précipita aider Anthelia qui peinait à retenir une Betty affolée, gardant un œil sur sa création, loin dans le ciel. Si le tonnerre ne l’avait jamais effrayé…

(Je veux bien comprendre que ce genre de phénomène en face flipper plus d’un.)
complémenta Amy.


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Akihito
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Re: Les Terres Cultivées autour de Kendra Kâr

Message par Akihito » lun. 6 avr. 2020 23:47

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Interarc : Apprendre des meilleurs.

Chapitre III : Du rêve au cauchemar.


Les jours qui suivirent ce premier apprentissage furent bien plus calmes en comparaison. Frans chercha à faire progresser son apprenti sur la maîtrise de son élève des différentes applications de la foudre : manipulation magnétique, création d’éclairs, détection de métal, tout y passa. Il découvrit également qu’il était capable de magnétiser une pierre pour la rendre capable de trouver le nord, telle une boussole. Mieux : en se concentrant suffisamment, il pouvait laisser une marque, une trace magnétique sur une personne ou un objet et donc connaître sa direction à l’aide d’une pierre magnétiser pour la traque. Akihito s’entraîna sur des oiseaux, des passants qu’ils croisaient sur la route, et était capable de les voir se déplacer en suivant l’orientation de la pierre. L’effet durait une grosse journée, largement de quoi traquer une personne ou un animal en fuite.
Lorsqu’il ne s’entraînait pas sous la houlette de Frans, c’était la tatoueuse qui prenait le relai. Le rythme infernal que ses deux professeurs lui imposaient le laissait complètement vanné à la fin de chaque journée, mais il voyait les progrès qu’il faisait dans ces deux disciplines. Et ce simple fait suffisait à le motiver.

Bien entendu, il profitait de chaque arrêt dans un petit village ou dans un relai d’auberge pour dormir du sommeil des justes une pleine nuit. Et sur un territoire comme celui de Kendra-Kâr, ce genre de structures était fréquent. Ce soir-là, ils étaient justement en train de se reposer dans l’un de ces relais et profitaient d’un repas chaud dans la salle commune de l’auberge. Akihito appréciait d’autant plus ces moments car on ne lui demandait pas de faire la cuisine.

(Tu es si mauvais que ça ?)

(Si on prend en compte que le meilleur compliment qu’on m’a fait c’est « J’ai réussi à finir mon assiette », je pense oui.)

(Mais tu t’améliores donc. C’est déjà ça.) l’encouragea la Faëra en l’observant terminer la pomme de terre rôtie qui lui servait de plat.

« Je me posais une question, Frans.

- Oui ?

- On voit bien que vous êtes très fort. Theli et moi, en s’y mettant à deux, on aurait du mal à vous mettre en difficulté. Alors pourquoi avoir besoin d’aide ?

- Je ne suis pas omnipotent ni invincible : des attaquants suffisamment nombreux peuvent me submerger. Et puis malgré ce que tu dis, je suis un vieillard désormais : si mes connaissances et mon expérience me permettent de t’instruire, mes fluides ont du mal à suivre la cadence. Puis c’est surtout bien plus agréable de voyager accompagné que seul, conclut-il en levant son verre à leur encontre.

- Pour avoir voyagé seule un grand nombre de fois, je ne peux qu’approuver.

- Ca fait sens. Et pourquoi vous le demander à vous ? Le temple de Valyus n’a pas les Messagers de la Foudre pour ce genre de tâche ?

- Parce que j’en suis un tout simplement ! Et qu’ils me font confiance. Je n’en suis pas à ma première livraison il faut dire. »

Une explication simple et efficace. Le repas se termina sur des banalités tournant principalement sur les différences de mode de vie entre celui d’Oranan et de l’Ynorie en général avec celui du Comté de Shory, où habitait le magicien. L’heure vint enfin d’aller se coucher, le départ étant prévu à l’aube comme chaque fois. Les deux amants dormaient évidemment dans la même chambre, proche de celle de Frans et proche de l’entrée, comme d’habitude. Ils voulaient pouvoir intervenir vite si une quelconque personne s’approchait de l’étable où la charrette se trouvait.
L’enchanteur, une fois arrivé dans la petite chambre sommairement meublée, se dirigea comme chaque soir vers ses outils de tatoueur. Sauf que cette fois-ci, il fut interrompu par Anthelia.

« Il faut que tu te reposes de temps en temps aussi, non ? »

Il ne dit mot et se contenta de suivre la jeune femme qui le tirait à elle. Le lit derrière la tatoueuse accueillit rapidement les deux corps enlacés des amoureux. Jusqu’à présent, les caresses et les baisers avaient été les seuls contacts intimes entre eux. Mais ce soir, Akihito sentait que l’ambiance était… Particulière. La façon qu’elle avait de sourire, son étreinte un peu plus serrée que les autres nuits, la lueur dans ses yeux. Son cœur se mit à rapidement s’accélérer en comprenant ce que son instinct lui criait quelque part dans son crâne. C’était le moment. Un moment autant redouté qu’attendu. Est-ce que tous les hommes se posaient autant de questions alors qu’ils étaient sur le point de fusionner pour la première fois avec une femme ?
La bouche d’Anthelia ramena l’enchanteur à des préoccupations plus concrètes et pressentes. Un à un, les vêtements des deux jeunes gens glissèrent au sol ou se mêlèrent aux draps de mauvaise qualité qui composaient le lit. Akihito se retrouva au-dessus de la jeune femme, ses mains de part et d’autres de sa tête, la fixant dans les yeux. Inexorablement, les siens glissèrent vers les attributs féminins d’Anthelia, pour vite remonter à son visage, ce qui la fait rire. Un son léger, clair, heureux. Elle enroula ses avants bras autour de son cou et murmura dans le silence de leur petite chambre d’une auberge, perdue au milieu de la campagne kendrane.

« Viens. »

Ce qui suivit, les mots ne suffiraient pas à le décrire. Une expérience intense, rendue plus exquise encore par une Anthelia expérimentée. Une nouvelle fois, l’univers se résuma à la jeune femme : la douceur de sa peau, la chaleur brûlante de ses caresses, la danse hypnotique de son corps s’unissant au sien. Akihito ne vit pas le temps passer et ne l’aurait pas voulu quoi qu’il en soit ; ce moment était un serment, une promesse qu’il ne souhaitait passer avec personne d’autre.

Il ne sut pas dire si c’était le plaisir ou la fatigue qui avait eu raison de son corps, mais il se réveilla au milieu de la nuit. Le corps endormi d’Anthelia reposait contre lui, le pressant avec délice. C’était une satisfaction simple de sentir un cœur battre contre le sien, une main glissée dans la sienne, la respiration lente et chaude dans son cou.

Un à un, les souvenirs frais de quelques heures à peine lui revinrent. Tout n'avait été qu'un tourbillon de sensations intenses dont chaque moment était pourtant d'une netteté parfaite. De ces souvenirs, il pouvait encore sentir les brûlantes caresses de ses doigts dans son dos, creusant des sillons ardents. Il pouvait entendre les battements effréné de son coeur alors que la jeune femme se cambrait au-dessus de lui et le dévorait d'un regard intense de jade. Il entendait enfin, clair comme du cristal, les promesses qu'ils s'étaient murmurés alors que leurs corps essoufflés, rompus d'un plaisir sans commune mesure, mêlaient leurs respirations.

Le jeune homme prit enfin la mesure de ce qui venait de se passer et en eu presque une sensation de vertige, allongé dans ce lit. Il était... Désormais... Un homme. Il s'était donné, plein et entier, à la femme qu'il aimait. Et elle l'avait accepté avec l'infini douceur dont seule une femme était capable. Son coeur se serra et il en fit de même avec le corps de la belle endormie. Quelques larmes de joie roulèrent sur ses joues alors qu'il déposait tendrement un baiser sur son front et qu'Anthelia, naturellement malgré son sommeil, se blottit un peu plus contre lui. Était ce normal qu'il soit si ému ? Il n'en eu cure. Elle était son monde, son univers. Désormais, il en était persuadé : rien ne pourrait remplacer l'amour incandescent qu'il lui portait. Rien ne serait plus jamais pareil... Et ca lui allait parfaitement.

« Je t'aime Theli, murmura le jeune homme en replaçant une mèche derrière son oreille. Plus que tout au monde... »

L’enchanteur passa enfin, comme beaucoup de nuits, un long moment à la regarder dormir incapable de s’arracher à ce spectacle. Ses doigts suivaient délicatement le tracé de l’encre dans son dos nu, s’enroulaient dans ses longs cheveux d’or cendré dont il ne pouvait plus se passer du contact. Et alors qu’il sentait de nouveau le sommeil l’entraîner dans un repos plus réparateur que tout ceux qu’il avait eu durant sa vie…

ZBBBREAHM.

Le son d’un sort de foudre s’activant mit tous ses sens en alerte. Anthelia se réveilla en sursaut et Akihito se leva en trombe. Un éclair allumé lui permit de mettre uniquement la main sur ses braies qu’il enfila en vitesse, le reste de ses vêtements étant éparpillés ou mélangés à ceux d’Anthelia. La Kizoku en main, il sorti en vitesse de la chambre en intimant à Anthelia de rester là. Frans sorti une courte seconde après lui, sommairement habillé également. Comme un seul homme, ils se ruèrent tout deux vers l’entrée et sortirent dans la nuit noire, un halo de lumière perçant les ténèbres grâces aux fluides d’Akihito. Ils rejoignirent l’étable où étaient stockés Betty, un autre cheval et leur attelage. Les deux bêtes étaient paniquées et menaçaient presque de sortir de leur box à coups de sabots.
Akihito sauta dans la charrette pendant que, éclair crépitant dans la main, Frans s’apprêtait à foudroyer le moindre intrus. L’enchanteur trouva le corps étendu et sans vie d’un homme d’une trentaine d’années, les vêtements de cuir rapiécés fumant encore de la foudre qu’il avait encaissé. Au sol, gravées dans le bois, les runes du Cercle Protecteur qui avait été placé autour du coffre contenant le Keraunos perdaient progressivement de leur lueur, ravivée après avoir libéré toute leur énergie.Le coffre était intact.

(Amy, dis-moi si tu détectes quelque chose dans les environs, vite !)

« Frans ! Le coffre est intact et on a un cadavre sur les bras.


- Par les saintes couilles de Valyus, jura le magicien sous le regard choqué d’Akihito qui ne s’attendait pas à un tel juron. Fais moi voir à quoi ressemble ce type. Raaaah c’est ce que je craignais, c’est un bandit. Il doit faire partie d’une bande.

- Comment tu peux en être sûr ?

- Sa tenue, regarde : des morceaux de cuir rapiécés dans tous les sens, une seule épaulette en acier et une épée avec le blason de la milice kendrane. Ce type s’est équipé sur des cadavres, et les brigands en solo ça ne court pas les rues. Ils sont comme des loups, ils se regroupent pour chasser en meute.

- Bordel… Et où sont les autres ?

- Évaporés dans la nature en voyant le piège et le barouf qu’il a fait. Pas le choix, le soleil ne se lève pas avant une bonne heure mais on va devoir y aller. Désolé de ruiner votre petite nuit romantique, mais on lève le camp. Ne me regarde pas avec ces yeux de merlan frits, je ne suis pas sourd la nuit venue et tu as une jolie collection de griffures sur le torse. »

(Akihito, y a rien dans les alentours. A part vous, je ne ressens aucune présence de fluide.)

(Garde l’œil ouvert alors.)

Le feu aux joues, Akihito retourna en vitesse dans la chambre où il s’attendait à retrouver une Anthelia encore sous les draps, attendant plus de nouvelles. Mais il eut la surprise de la voir en train de finir de s’équiper de son plastron de cuir et elle manqua de lui lancer une dague entre les deux yeux quand il fit irruption dans la pièce.

« Oh pardon c’est toi…

- On a essayé de voler le coffre, alors on part tout de suite.

- C’est ce que j’avais compris. Je suis prête, je vais aller aider Frans tout de suite. »

Elle sortit prestement et il l’entendit échanger avec une femme, probablement l’aubergiste, sur l’origine de tout ce bazar nocturne. Akihito de son côté s’habilla en vitesse et ramassa son paquetage qu’il n’avait même pas eu l’occasion de défaire. Cinq minutes plus tard, c’était une Betty qui trottait d’un pas anxieux sur la route, transportant ses passagers loin de l’auberge qui commençait à s’activer. Frans tenait toujours les rênes et seule la lueur blafarde de la Lune leur permettait de distinguer la route. Akihito étendit ses sens, à la recherche de la moindre trace magnétique indiquant la présence d’un adversaire dans l’obscurité environnante, trahi par son arme ou son armure. Anthelia était elle aussi aux aguets, deux lames de jet dans chaque main.
Une longue, très longue demie heure passa avant que l’aube ne pointe enfin le bout de son nez et que l’attelage ne soit arrêté pour laisser souffler la pauvre jument qui avait bien été sollicité. Tout le monde se relâcha et pendant que Frans flattait l’encolure de Betty pour la calmer, la tatoueuse s’approcha de son amant et déposa un baiser fougueux sur ses lèvres, le prenant complètement au dépourvu.

« Le réveil mis-à-part, c’était parfait.

Ce qui ne manqua pas de faire plaisir au jeune homme, qui ne trouva pas de meilleure réponse que de l’embrasser à son tour avant de rejoindre le mage.

« On fait quoi maintenant ?

- On continue, quelle question. Mais maintenant, il faudra faire encore plus attention aux alentours. Je doute que ces types, qui qu’ils soient, laisse la mort d’un des leurs impunis. Camaraderie ou honneur de la bande bafoué, ils reviendront, j’en mets mes deux mains à couper.

- On avait bien besoin de ça, maugréa Akihito en reprenant place sur le banc du conducteur, leur monture s’étant de nouveau calmée grâce à une pomme achetée la veille par Frans.

- Tu te souviens de cette histoire de traqueur magnétique dont je t’avais parlé ?

- Celui qu’on utilise avec une boussole ?

- Oui. Eh bien, il existe une version un peu plus pratique pour le combat. Aux vues des circonstances, je pense que c’est une bonne chose de te l’apprendre maintenant. On aura peut-être à faire avec des petits malins cachés dans l’obscurité. »

(Un nouveau sort ? Cette attaque a du bon quelque part.) pensa amèrement l’enchanteur en écoutant les explications du fulguromancien.

« C’est un sort un peu plus simple qu’il n’y parait, et qui n’est pas réservé à la fulguromancie.

- Un sort omni-élément, comme l’obus magique ?

- C’est ça. Ça consiste concrètement à laisser une partie de tes fluides sur ta cible. Ainsi, juste en suivant la trace de ta magie, tu ne pourras pas perdre leur trace malgré les obstacles, l’obscurité. Bon, tu ne pourras pas frapper à travers lesdits obstacles, mais ça reste un avantage : tu pourrais même te battre les yeux bandés.

- Ah, sur ce point, je vais pouvoir t’aider. Le balisage magique, ça me connais, intervint la tatoueuse en passant sa tête entre les deux hommes.

- Balisage magique ? J’ai toujours appelé ça le traçage magique, mais l’idée reste la même.

- Ah bah parfait, me voilà avec deux professeurs pour le même sort, que demander de plus ? »

(Une mise en situation réelle ?)


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Akihito
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Re: Les Terres Cultivées autour de Kendra Kâr

Message par Akihito » lun. 13 avr. 2020 19:34

Dans le chapitre précédent...


Interarc : Apprendre des meilleurs.

Chapitre IV : Traque et gobelets.

Akihito observait les deux mages voyageant avec lui débattre de la manière à suivre pour lui enseigner le sort en question. Le premier préférait qu’il se penche davantage sur la théorie, quand la seconde ne jurait que par la pratique et souhaitait l’emmener avec elle dans les bois pour chasser le gibier à l’aide de ce sort. Ce fut lui qui, après s’être étonné de la méthode de chasse d’Anthelia, qui trancha.

« On va plutôt suivre la méthode de Frans. Si on a une bande de voleurs aux trousses, mieux vaut ne pas trop trainer dans les bois.

- Mmmh. Pas faux. Bon, laisse moi te trouver un moyen de te faire pratiquer en attendant que tu apprennes le reste avec Frans. »

Les jambes pendantes dans le vide, Anthelia se mit à l’arrière de la charrette qui s’était remise en route, observant d’un œil attentif la forêt qui les entourait depuis peu. Akihito ne put s’empêcher de jeter lui aussi un coup d’œil, mais ne trouva rien.

(C’est bien notre veine : se faire tomber dessus par des brigands juste avant de rentrer dans une… Ah. C’est pour ça en fait.)

(Et je n’ai même pas besoin de te le faire remarquer. Tu t’améliores mon grand.)

« Bon, on va faire vite. La balise magique -ou le traceur magique, appelle ça comme tu veux- est une partie de ton fluide que tu laisses sur l’individu. Tu peux penser que c’est le même processus que pour la marque magnétique que tu peux laisser sur une personne et que tu suis à l’aide d’une boussole, mais c’est sensé être faux. Tous les manieurs de fluides sont sensés apprendre ce type de sorts, alors on ne peut pas passer par des raccourcis aussi évidents. Enfin, ça… C’est ce que je te dirais si j’étais un professeur dans une quelconque école ou académie magique. Sauf que ces vieux grincheux d’érudits sont trop occupés à théoriser la magie que la pratiquer. Alors on va quand même utiliser le même procédé.

- Donc, laisser une marque sur une personne puis utiliser une boussole ?

- Oui, mais tu ne vois pas un problème ?

- Mmh… Tenir une boussole, c’est pas pratique en plein combat ou en plein mouvement.

- Voilà. Mais on en a quand même besoin, alors on va simplement transférer la boussole dans un contenant qui contient déjà les fluides magiques nécessaire. »

Joignant le geste à la parole, il tapota du doigt la poitrine d’Akihito. Il allait être sa propre boussole pour repérer sa marque. Il se demanda alors pourquoi il ne faisait pas déjà ça d’emblée avec le marquage magnétique et essaya sur un oiseau qu’il vit passer au-dessus de la frondaison. Il parvint bien à laisser sa marque, mais au moment où il tenta d’utiliser ses propres fluides comme source de reconnaissance, il ne se connecta à rien. Il sentit une grande force répondre à son appel et le retour mental lui vrilla instantanément le crâne. L’enchanteur stoppa son expérience et comme il ne parvint pas à focaliser sa recherche magnétique sur le volatile, le temps qu’il réessaye ce dernier était bien trop loin. Lui faisant part de cette tentative ratée, Frans lui expliqua que c’était pour une raison très simple : il n’avait pas encore une maîtrise aussi raffinée de ses fluides. La puissante perturbation qu’il avait ressentie était la force émise par le monde sur lequel il vivait. A la connaissance du vieux mage, personne ne savait expliquer ce phénomène mais une chose était sûre : pour générer une telle puissance, il fallait soit être un Dieu, soit être quelqu’un ou quelque chose d’incroyablement imposant… Comme le monde lui-même.

« C’est d’ailleurs ainsi que la boussole fonctionne et montre toujours le nord. Elle semble suivre ce phénomène. »

Akihito devait donc user de subterfuges pour contourner cette difficulté. D’abord, il allait devoir réduire sa zone de détection avec sa boussole interne : une vingtaine de mètres, tout au plus. Premièrement car c’était largement suffisant pour une utilisation en plein combat, mais aussi parce qu’il limitait ainsi l’influence de la force colossale qui l’avait agressé plus tôt. En y réfléchissant, le jeune homme dut bien admettre que lors de son essai sur l’oiseau, il n’avait pas réellement bridé son pouvoir et s’était contenté d’émettre sa boussole à pleine puissance.

« La seconde astuce, c’est le marqueur, la balise. Sur ton petit sort, tu laisses une signature très faible pour ne pas frapper la cible lors du marquage. Sauf qu’encore une fois, tu vas utiliser ce sort sur des cibles que tu comptes affronter, pas besoin de se retenir. Englobe ta trace magnétique d’un peu de foudre et envoie le tout. La marque va donc émettre avec plus de force, mais sur une durée plus courte puisqu’elle va consommer ses réserves d’énergie à une vitesse folle. Tiens, essaye donc. »

Il prit une pièce en étain et d’une pichenette, la jeta en l’air. Akihito réagit instantanément et envoya une munition de foudre contenant son marqueur sur la pièce. Frappée de plein fouet, elle tomba au sol et à mesure que la charrette avançait, la pièce s’éloignait de lui. Pourtant… Sans même le vouloir, il ressentait en partie la direction de la pièce par rapport à lui. C’était une sensation diffuse, très vague. Il était pourtant convaincu de la direction de sa cible marquée, avant que cette impression ne disparaisse.

« J’ai réussi à la sentir sans utiliser ma boussole interne, s’étonna Akihito.

- Oui, car c’est une partie de ton corps après tout dont tu viens de te séparer. Alors tu y es encore lié, quelque part. En te concentrant et en utilisant tes fluides pour la localiser, tu seras capable de situer précisément ta cible. »

D’un mouvement du doigt, Frans fit voler le yus de nouveau dans sa main, avant de le projeter en l’air une seconde fois. Akihito répéta de son côté l’opération mais cette fois-ci, il se mit à faire tourner ses fluides dans son corps pour simuler sa boussole. Peut désireux de faire de nouveau l’expérience d’une sensation aussi désagréable, l’enchanteur eu l’idée de commencer par émettre doucement, puis d’étendre progressivement ce rayon pour qu’il puisse en connaître la limite sans que son crâne n’explose.
L’opération se répéta plusieurs fois. A force d’essais plus ou moins douloureux, le fulguromancien parvint à établir son rayon d’action maximal. Une vingtaine de mètres, comme l’avait dit Frans. C’est à ce moment-là qu’Anthelia intervint.

« Bon je suis votre petit manège depuis un baille. On dirait que ça commence à rentrer dans ta tête, je me trompe ?

- On peut rien te cacher, se plaignit faussement Akihito.

- Parfait, alors j’ai pensé à un petit jeu pour te tester. Suis-moi à l’arrière de la charrette. »

Akihito la rejoignit et regarda d’un air circonspect les trois gobelets de bois posés sur le plancher de bois et la pièce posée sur l’un d’eux.

« Tu comptes quand même pas me faire ce tour de passe-passe… ?

- Bien sûr que si ! Et les yeux fermés, qui plus est. Tu vas devoir uniquement te baser sur tes sens. Allez, on ferme les yeux.

- Et comment je suis sensé marquer la pièce si je vois rien ?

- T’occupes, laisses moi faire. »

Akihito obtempéra et ferma les yeux, assis en tailleur devant les gobelets. Il sentit quelques instants plus tard les lèvres de la jeune femme, reconnaissable entre mille à leur fragrance, et ne put que se satisfaire de cette surprise bienvenue.

« Héhé, c’était trop tentant. Bon, je te donne la pièce dans ta main, tu la marques puis la poses par terre. Je la ferai bouger dans les gobelets, et tu me diras à la fin dans lequel elle se trouve. Ca peut te paraître simple, mais à une si courte distance, la précision que ça va te demander est conséquente. C’est parti ! »

Elle déposa le yus dans sa main et il injecta ses fluides de la même façon que s’il lançait sa balise magique. Le bout de métal se mit à lui picoter un peu et il le reposa au sol. A peine eut-il le temps de retirer sa main et de commencer sa localisation que déjà, Anthelia le faisait bouger. Le son du bois raclant contre le bois le perturba, le déconcentra et lorsque vint le moment de donner une réponse, il ouvrit les yeux et en désigna un au hasard, faute de mieux. Il eut de la chance et trouva le yus du premier coup, mais la tatoueuse ne comptait pas le laisser s’en tirer à si bon compte. Elle lui demanda de recommencer en fermant les yeux et cette fois, il parvint à maintenir le contact assez longtemps. Sauf qu’avec aussi peu de distance entre les gobelets, il hésitait entre celui du milieu et celui de gauche. Une chance sur deux, et il se trompa cette fois-ci.

(C’est amusant comme apprentissage je trouve.)

(Rappelle toi que c’est parce qu’il y a du monde à vos trousses, reste concentré.) l’avertit Amy, ce qui lui fit replonger dans le jeu. Le temps passa et Akihito affina de plus en plus sa localisation. L’intérêt d’un tel jeu, c’est qu’Anthelia se montrait impitoyable et n’attendait pas bien sagement qu’il lance son sort et sa localisation ; elle le forçait a aussi améliorer le temps qu’il mettait à lancer son sort. Quand il commença à trouver presque à tout les coups la pièce, Anthelia augmenta la difficulté de la tâche : plus rapide, plus de gobelets, une seconde pièce fut même ajoutée : Akihito marquait les deux et devait ne pas se perdre dans son marquage. Il mit bien plus de temps à franchir ce cap, mais il y parvint au bout d’une matinée d’acharnement continu. A la fin, il réalisait les différentes opérations sans même y penser et pouvait sans aucun mal identifier les deux pièces sous cinq gobelets différents. Anthelia, satisfaite, le félicita d’un second baiser alors que la faim commençait à se faire sentir chez les voyageurs. Akihito était, en prime, complètement vanné. Lancer ces sorts à répétition avait largement entamé ses ressources fluidiques et il décida de mâchouiller son morceau de bœuf séché allongé sur le plancher de bois, profitant d’un moment de calme. Le doux rythme du pas de Betty le berçait, et il se demandait quand avait été la dernière fois qu’un apprentissage l’avait autant épuisé.

(Je crois bien que c’est sur la Slive…)

A ce moment là, Akihito avait profité d’un orage pour absorber une partie de sa puissance et refaire le plein d’énergie. Cela avait été d’une grande aide mais malheureusement, il n’avait pas d’orage à proximité.

(Mais attends voir…)

Un orage, il savait le produire désormais. Il se releva et s’apprêta à lancer son sort lorsqu’Amy lui refroidit brusquement ses ardeurs : il ne pouvait pas maintenir le nuage assez longtemps pour qu’il en extrait l’énergie. Il devait utiliser un sort qui pouvait rester aussi longtemps qu’il le souhaitait… Et son regard tomba sur la Kizoku à sa ceinture. Arme qu’il électrifiait régulièrement et qui, tant qu’il ne le décidait pas, ne s’arrêtait jamais.
Une idée farfelue lui vint en tête : recharger ses fluides à partir de cette lame de foudre. Cela paraissait absurde, mais quelque chose lui disait que ça pouvait marcher. La lame au clair fut rapidement parcourue d’éclairs et de son autre main, Akihito appela sans trop y croire cette énergie, dans le but de la faire sienne. Et, à sa grande surprise, cela marcha. Étincelle par étincelle, un corridor de foudre se forma entre le plat de la lame et la paume de sa main droite, intégrant peu à peu son corps. Bien qu’extrêmement surpris par ce revirement de situation, l'enchanteur se focalisa rapidement sur son raffinage. Les questions viendraient plus tard.
Une dizaine de minutes plus tard, il se sentait mieux avec ses fluides de nouveau à un niveau acceptable. Et la Kizoku continuait de vibrer d’une énergie électrique. Comment était-ce encore possible ? Ne venait-il pas de s’auto-alimenter, re-remplissant ses réserves à l’aide d’un enchantement de sa lame qui n’avait pratiquement pas consommé dudit fluide ? Cela le dépassait et lui apprenait que, encore une fois, sa compréhension des fluides était loin d’être complète. Mais il n’allait pas s’en priver pour autant.

(Désormais, acheter des potions de restauration de fluides n’est plus essentiel pour moi !)

Plusieurs dizaines de minutes plus tard, c’était un Akihito en pleine possession de ses moyens qui rejoignait le banc conducteur. Et alors qu’il allait s’adresser à Frans, il crut percevoir un mouvement dans la forêt environnante. Il tourna la tête, mais n’aperçut rien. Victime d’un mauvais pressentiment, il se mit à détecter la présence de métaux autour de la charrette. En plusieurs endroits, tout autour d’eux. Ils étaient encerclés.

« Je crois qu’on a de la compagnie…

- Ils se montrent enfin ? murmura Frans en faisant mine de n’avoir rien vu. Parfait. Montre moi que ce que je t’ai appris , tu peux dès à présent le mettre en application.

- Avec joie, maître Frans.

- La chasse est ouverte, » conclut Anthelia.


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Akihito
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Les Terres Cultivées autour de Kendra Kâr

Message par Akihito » lun. 13 avr. 2020 19:45

Dans le chapitre précédent...


Interarc : Apprendre des meilleurs.

Chapitre V.1 : Combinaison de sorts.


Akihito jeta un regard un peu étonné à sa compagne, ne lui reconnaissant pas cet aspect des plus belliqueux. Il mit rapidement cette interrogation de côté et lança immédiatement sa création d’orage. De sa peau, des milliers d’étincelles s’envolèrent et quand il leva la main, une étincelle plus brillante que les autres s’envola et forma rapidement un nuage. Il entendit des cris étouffés dans les fourrés et le début d’une charge désordonnée.

(Vous vouliez m’interrompre ? C’est trop tard.)

L’enchanteur referma le poing et au-dessus de la forêt désormais assombrie, le roulement du tonnerre éclata. Les premiers adversaires qui sortirent freinèrent abruptement en jetant des regards affolés au ciel désormais bien sombre et qui semblait vouloir s’ouvrir sur eux. Une grave erreur, puisqu’un puissant courant électrique frappa le premier avant de se transmettre à un second, puis un troisième, avant de se perdre dans le sous-bois où les hurlements de douleur se poursuivirent. Akihito jeta un regard admiratif et assez intéressé à Frans qui était à l'origine de ce sort et qui se contenta de lever la main avant de pointer de l’autre côté de la charrette.

(« Plus tard, occupe-toi de l’autre côté. » Ok, compris.)

Il sauta du banc et se trouva à la portion forestière est, quand l’arrière était couvert par Frans. Trois hommes se précipitaient sur lui, tous armés d’épées et de boucliers, ainsi que du même genre de pièces disparates qui formaient une armure semblable à celle du voleur de la veille. Marteau en main, Akihito accueillit le premier d’une combinaison de trois éclairs qui le projeta en arrière, renversant son camarade au passage. Et à la vue de la violence de l’impact, l’homme foudroyé était probablement mort. Ca aurait dérangé Akihito si l’urgence de la situation ne l’avait pas poussé à riposter immédiatement. Le second précepte de Valyus ne pouvait pas toujours s’appliquer.

Le troisième, lui, se cacha derrière son bouclier et encaissa le coup de marteau que Akihito lui asséna en grognant. Il riposta avec un coup d’épée que Akihito para avec le manche de son marteau qui donna un coup de la pointe du manche en retour, mais lui aussi fut bloquer. L’enchanteur recula d’un pas et essaya de frapper son adversaire par en dessous, mais là encore le bouclier parvint à encaisser le coup. L’échange aurait pu durer bien longtemps ainsi par les capacités de guerrier d’Akihito somme toute limitées, mais c’était sans compter sur la présence de son orage. Un craquement du tonnerre fit sursauter le bandit visiblement très nerveux qui avorta son attaque d’estoc, ouvrant sa garde. Le jeune homme en profita, écarta d’un revers du marteau le bouclier et projeta une munition élémentaire à bout portant sur son adversaire qui s’effondra en hurlant. Akihito n’eut pas le temps de souffler qu’un carreau vola dans sa direction, vers sa poitrine. Il se planta juste en dessous de plexus solaire, transperçant de peu sa cotte de maille. Avec le mauvais pressentiment que le projectile n’allait pas être seul, il invoqua le puissant champ magnétique autour de lui. Bien lui en prit car deux carreaux furent ainsi détournés, se perdant dans les arbres sans qu’il sache s’ils avaient touché leurs tireurs au passage. Il profita de la brève accalmie pour retirer le carreau en grognant et le jeter sur le côté avant de se tourner vers le cri de rage qui s’approchait de lui.
Le troisième assaillant s’était relevé et chargeait le fulguromancien avec un regard fou, bien décidé à venger ses camarades. Ce qu’il ne vit pas venir malheureusement pour lui, c’était que celui qu’il chargeait chaussait des bottes qui lui permirent de réduire la distance à une vitesse bien trop rapide pour être celle d’un humain. Akihito ne lui laissa pas le loisir de préparer son assaut et enfonça la tête de son marteau dans ses côtes. Le craquement des os se fit entendre et le cri étouffé du malandrin ne fut étouffé que par l’éclair qui s’abattit sur lui de la paume d’Akihito.

Seuls les archers restaient, mais déjà d’autres hommes surgissaient sur la route principale. Il leur aurait bien envoyé un obus de foudre, mais le temps de lancer son sort le rendrait bien trop vulnérable aux arbalétriers. C’est donc tout naturellement qu’un obus de flammes descendit sur eux, explosant en une gerbe de feu. Anthelia, qui avait visiblement fini avec ses assaillants, changeait de front. Il l’entendit murmurer « Z’avez salopé ma première nuit… » tout en créant deux javelines d’eau compressées dans ses mains. Akihito lui cria de faire attention aux carreaux et fonça dans le sous-bois. L’obscurité y était plus présente, mais il aperçut sans mal un des arbalétriers se tourner pour s’enfuir plus en avant dans la forêt. Peu désireux d’avoir à le perdre dans la végétation, l'enchanteur employa le second sort qu’il avait ajouté à son arsenal. Une munition élémentaire vola vers l’arbalétrier, le frappa dans le dos en une gerbe d’étincelles, manquant de la faire tomber. Akihito tenta alors d’en activer le marqueur, mais il ne fut pas assez rapide dans cette situation de combat. Un autre carreau fusa à travers le bois et se planta dans sa cuisse, juste en dessous de sa cotte de maille. Là, rien ne vint arrêter le projectile qui s’enfonça dans la chair en la déchirant au passage. L’enchanteur mit un genou à terre et voulut retirer d’un coup sec le carreau, comme le précédent. Une redoutable erreur car la douleur qui s’en suivit le fit crier à son tour, tant la douleur était immense. Il jeta sur le côté un carreau maculé de sang et à la tête barbelée, ce qui avait provoqué cette douleur anormalement importante.

Akihito sentait le sang couler abondamment et doutait de pouvoir réduire la distance avec l’arbalétrier dans son état. C’est pourquoi quand ce dernier repointa le bout de son nez, le jeune homme était prêt à lui rendre la monnaie de sa pièce. Il n’entendit que le claquement de la corde de l’arme qui se détend, sans connaître sa position. En revanche, il la vit très bien s’arrêter avant de retourner vers son envoyeur et se planter dans son épaule, à une vingtaine de mètres de lui. Il ne laissa pas passer cette occasion et enchaîna tout de suite avec une balise magique qui s’écrasa sur son plastron de cuir. La blessure était minime pour le coup, mais Akihito parvint cette fois-ci à activer sa balise et sentit très clairement la présence commencer à s’éloigner en même temps qu’elle disparaissait derrière l’épais chêne qui l’avait couvert. A cet instant précis, Akihito rêvait de pouvoir faire tomber la foudre sur le fuyard qui lui avait bousillé la jambe. Et étrangement, il sentit le nuage qu’il avait invoqué plus tôt répondre à son appel.

Sans savoir pourquoi ni comment, il ressentit un lien, une tension se créer entre sa balise et son déclencheur au cœur du nuage d’orage qui continuait de tonner. Il ordonna instinctivement à la foudre présente dans le nuage de relier ces deux points via cette tension. L’instant d’après, le sombre nuage s’ouvrit en deux et un terrible éclair fendit le ciel et foudroya littéralement l’arbalétrier fuyard. Akihito ne le voyait plus, mais il sentait que sa balise avait cessé de bouger. Le tonnerre s’atténua quant à lui avant de disparaître, relâchant de nouveau les rayons solaires au cœur de la végétation. L’Ynorien déboucha la gourde contenant ses précieuses potions de soin, en but une a même de guérir sa blessure grave sans être handicapante, La douleur reflua mais laissait sa jambe fragile pour le moment, incapable de le soutenir seule avant un bandage bien serré et des soins appropriés. Les sons de batailles s’atténuaient et alors qu’il s’approchait de l’arbalétrier, la voix d’Anthelia retentit.

« Aki ! Où es-tu passé bon sang !

- Juste là ! » répliqua le jeune homme en s’accroupissant à côté de la silhouette à terre. L’arbalétrière -car il s’avérait que c’était une femme- était allongée sur le dos, la respiration sifflante et le teint blafard. Elle tourna un regard aux yeux creusés et ternes vers lui, emplis d’une terreur et d’une certaine… Folie ?

(Mais qu’est-ce qu’ils ont tous ces types ?)

« Non non non… La sorcière… Elle va nous mettre en pièces… »


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