Les Steppes gelées

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Yuimen
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Les Steppes gelées

Message par Yuimen » jeu. 14 nov. 2019 13:16

Les Steppes gelées

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Voisines de la Grande Plaine du Royaume de Pohélis, leur frontière commune suivant approximativement le cours d’un fleuve nommé Napp’a par les populations locales et descendant du lointain massif des glaces pour traverser de haut en bas tout le continent, les Steppes Glacées s’étendent entre les deux forêts du Domaine de Sinenfain.

Glacées l’hiver, couvertes d’une couche de neige plus ou moins épaisse balayée par les vents glacés de Nosveris, couverte d’herbes sèches l’été, où paissent de nombreux troupeaux de Mammouths et de zones plus humides résultant de la fonte des glaces et des neiges, c’est un endroit où il ne fait guère bon vivre. Ni même se promener, si l’on a une santé fragile.

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Nhaundar
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Re: Les Steppes gelées

Message par Nhaundar » lun. 12 mai 2025 17:09

IX 18 L'excitation de Mange-Botte.

IX 19 Promenons-nous vers les bois.


Lorsque nous sommes enfin dehors, je libère Mange-Botte et le laisse gambader à sa guise. Il déploie une force ahurissante pour ce qui est de courir, guidé par sa seule envie ou l’attrait de n’importe quoi qui attire son attention. Les arbres sont ainsi hydratés au-delà de ce qu’ils ont l’habitude de connaître, tant en hauteur qu’en abondance et une forte odeur me laisse à penser qu’une importante quantité de…d’engrais, pourrait être utile aux plantations.

"Ca existe de l’engrais à base de crotte de chien ?" Fais-je à Aëgis.

"Bonne question. D’ordinaire, ces…créatures, ne laisse jamais...assez pour y avoir songé." Réplique l’elfe blanc avec un visage dégoûté. "Je doute néanmoins que cette possibilité soit retenue, ne serait-ce par crainte de voir son propre corps grandir."

"Qui sait ? Peut-être qu’il est possible de n'agrandir qu’une seule partie du corps. Beaucoup d’hommes y verraient un atout considérable pour leur virilité." Dis-je, amusé par l’idée.

"Tu crois ?" Enchaîne l’hinion peu convaincu. "Et…tu sais qu’elle taille il faisait avant d’avoir cette…carrure impressionnante ?"

En effet, pour avoir été là et faire la taille d’un lutin à l’époque, je peux estimer assez facilement l’agrandissement qu’il a subi. Ainsi, je peux imaginer l’effet qu’il aurait, reproduit sur…autre chose.

"Si je me fis à mes estimations, je dirais que cela pourrait remplacer une jambe amputée. Si en revanche c’est…manié avec adresse, cela peut bien devenir une arme mortelle. Aussi bien physiquement que pour l’ego de la victime." Dis-je amusé par l’image que je me fais dans la tête.

"Le bifleur des champs-de-bataille !" Déclare Aëgis en riant, masquant une crainte que je perçois cependant.

"C’est Mange-Botte qui te met en garde ?"

"Je…oui." M’avoue-t-il. "Une telle taille ce n’est…pas naturel. Cette créature ne devrait pas exister !"

Sa réponse me laisse un goût amer dans la bouche. Le seul responsable de l’état particulier de Mange-Botte n’est autre que moi-même. Trop curieux de voir l’effet du produit des lutins sur lui, je n’ai pas envisagé les nombreuses répercussions qui en ont découlé.

"Ne t’inquiète pas pour cela. Il est trop content de gambader pour s’occuper de nous. Va donc promener ton cheval, il n’a pas eu l’occasion de brouter l’herbe à l’extérieur depuis un moment."

"Bonne idée ! Tu ne comptes pas te soustraire à ma surveillance hein ?" Lâche-t-il avec amusement qui se propage jusqu’à moi.

"M’enfuir ? Et comment ? Un shaakt à pied sur le territoire de Lebher ou à dos de chien géant ? On repassera pour la discrétion."

Il s’éloigne et me laisse seul. Seul avec mes pensées. Seul loin de toute menace dangereuse pour moi. Seul avec simplement l’air froid du Nosvéris et le vent qui souffle en relevant mes cheveux. Quel merveilleux sentiment qu’est la liberté, bien que partielle. Certes, je suis soumis à quelques règles concernant ma liberté de mouvement, oui j’ai besoin d’une nourrice pour mettre un pied dehors. Mais depuis mon arrivée ici, je savoure enfin l’impression de ne plus être un moins-que-rien, une bouche de trop à nourrir. Je profite de ce froid quelques instants, avant de finalement porter mon bonnet magique. Immédiatement, le froid disparaît m’offrant même le luxe de m’asseoir sur le sol gelé de ces terres.

Mon regard se porte aux différents points de vue à ma disposition. Au loin, la Forêt Ancestrale d’Astirya. Une forêt à l’allure aussi sombre que les rumeurs qui la décrivent. Nombre de dangers y résideraient quand il ne s’agirait pas d’une patrouille elfique qui pourrait voir en ma personne une menace pour leur cité. Entre deux arbres et l’atmosphère sombre des lieux, la présence d’un shaakt suffit à décocher des flèches mortelles, avant de s’inquiéter si l’attaque était légitime ou non. Beaucoup plus loin à l’ouest, une immense plaine à perte de vue dont l’horizon est formé des montagnes enneigées du Nosvéris qui y trônent. Pourtant si loin, la forme de ces monts si haut est décelable à l’horizon. Au sud, l’immensité de l’océan. Froid, implacable et mortel pour qui n’a pas les compétences d’y voguer correctement. Le Nosvéris est une terre rude et ô combien dangereuse. Elle recèle cependant une importante histoire et nombreux sont les ouvrages qui en ont fait mention. J’espère que lorsque j’aurais acquis une plus grande liberté, je pourrais jouir de quelques explorations des lieux, plutôt que de rester enfermé entre ces murs.

Voir Mange-Botte gambader avec joie me rappelle mon séjour chez les lutins. J’y ai appris beaucoup chez eux et pas que d’apprécier les plaisirs simples. Antonio et la Panseuse ont également été des maîtres qui m’ont beaucoup appris. D’ailleurs, avant que je ne parte de force, l’effet de mon rétrécissement arrivant à son terme, la Panseuse m’a laissé partir de chez elle en usant d’un sort sur moi. Elle a engendré une sorte de boue qui m’a empêché de bouger, jusqu’à ce que je brise mon entrave. Cependant, connaissant ces petites créatures, je n’y ai vu qu’une partie. Pour preuve, après m’avoir enseveli une partie du corps, elle a ensuite continué son sort en allant plus haut, sans me dire jusqu’où elle pouvait s’arrêter. Ayant fui Tulorim et ne recevant que des problèmes en arrivant ici, je n’ai pas eu la possibilité de m’exercer à ce sort. Jusqu’à présent.

Je fais le point dans mon esprit et rassemble les informations dont je me souviens. La magie s’est agglomérée autour de mes jambes, pour m’empêcher de me déplacer avant de remonter plus haut. J’ai la certitude que le sort que j‘ai vécu n’était pas complet. Pour l’heure, la première chose à faire est de parvenir à répliquer ce que j’ai déjà expérimenté.

Je rassemble mes fluides de terre et laissant de côté ma capacité à transformer mes sorts pour engendrer une magie pure, inutile en l’état. Dans un premier temps, je monopolise mes fluides pour les centrer autour de mes jambes. Ayant déjà l’expérience de sort de protection terrestre, cette étape m’est élémentaire et me permet de passer rapidement à la suivante. Assis sur le sol, mes fluides m’englobent jusqu’à la taille et je les transforme pour leur donner de la consistance. Par habitude, mes fluides se transforment en pierre, loin du résultat voulu, beaucoup plus mou. Idéal pour se prémunir des coups, beaucoup moins pour immobiliser quelqu’un. L’agglomération de pierre n’empêche pas les mouvements de la cible. Il faut donc une consistance plus molle pour ne faire qu’un bloc uni et solide.

Un résultat un peu moins solide que la pierre se soldera par mon sort de protection de terre. Il me faut donc rendre l’ensemble encore plus mou. Ma tentative suivante se solde par une vase, plus liquide que solide. La tâche est plus complexe qu’il n’y paraît. Trouver la texture que j’estime être la plus propice au sort est ardue et ce n’est pas l’exigence que je m’impose pour mes sorts qui va m’aider. Avec du temps et beaucoup de tests, je parviens à obtenir ce que je souhaite créer, en fonction de ce que je me rappelle avec la Panseuse. Une matière entre solidité suffisante pour faire office de maintien et la flexibilité requise pour englober tout le corps.

Grâce au sort qui me permet de regagner mon mana, je n’ai pas à souffrir de la dépense magique et en use allègrement. J’arrive ainsi à englober la partie inférieure de mon corps avec une boue que je trouve très similaire à celle de la Panseuse. Elle l’avait fait remonter, laissant entrevoir que ce sort était en mesure d’aller au-delà de ce que j’ai expérimenté. Je remonte ainsi mon sort pour qu’il atteigne mon abdomen, puis ma poitrine et je prends une inspiration lorsque le sort m’englobe jusqu’au sommet du crâne.

Mon sort est un succès. Du moins cette partie-là et il n’y a rien d’extraordinaire là-dedans. D’autant plus qu’en testant la solidité de ma prison, celle-ci cède assez facilement, même pour moi qui ne suis pas doté d’un physique impressionnant. Il me faut donc trouver un moyen de renforcer tout cela. Dans un premier temps, j’essaie d’utiliser mes connaissances de mes quelques sorts de renforcement. Dans l’agglomération de la boue, j’y incorpore des parties plus solides, comme les plaques de pierre du sort de protection du même nom. Hélas, les pierres ne forment qu’un poids supplémentaire et entraînent la boue de leur poids. Même pas besoin d’effort pour se libérer. A mes pieds, les blocs de terre se regroupent pour former un amas dur mais pas indestructible, autant de l’intérieur que de l’extérieur. Un effet curieux que je garde en mémoire. Y aurait-il un moyen d’y trouver une solution ?

(Peut-être que mimer les effets du bouclier de terre serait plus utile. Il s’agit d’une gangue terrestre et si elle est moins solide que sa consœur de pierre, l’associer à mon sort serait plus en symbiose avec la boue.)

Je retente ainsi l’expérience en renforçant la boue comme je le fais avec mon bouclier de terre. La boue perd son côté liquide pour prendre une texture plus solide. Pourtant, je sais déjà que cela n’est pas encore le résultat attendu. En effet, lorsque la boue me recouvre au moins jusqu’à la taille, celle-ci cède avec un peu plus de difficulté. Durcir davantage la boue ne risque pas de me rapprocher de la solution. Néanmoins, cela me permettra de savoir comment réagissent ainsi les fluides terrestres.

Peut-être ai-je des dons de voyance, ou est-cela simplement les résultats de mes nombreux efforts pour maîtriser la magie, mais mon expérience suivantes est un succès complet. Enfin, si on s’attend à un échec. Plus solide qu’avant, il m’est plus difficile de manipuler la boue et le résultat se termine en plaques de terre qui me compressent plus le corps qu’elles ne me bloquent.

(Des plaques qui me compressent ? Jusque-là je n’avais fait que disposer de la boue sur le corps. Cependant, ne faut-il pas exercer une force pour être en mesure de bloquer quelqu’un ? Même un garde à besoin de ceinturer avec force les menaces.)

Je réfléchis à plusieurs moyens de mettre cela en pratique. La seule solution que j’entrevois pour exercer une compression est de faire circuler une partie des fluides dans la boue qui s’agglomère autour de la cible et de la lier. Lier tout l’ensemble en une prison de boue unie, dont le maintient se fait avec une magie qui la nourri et lui donne sa force.

Cette idée m’intrigue et c’est avec enthousiasme que je m’empresse de m’y atteler. Je recouvre ainsi tout le bas du corps avec une partie de mes fluides que je transforme en une boue assez solide. Le reste de mes fluides s’y insère avec facilité jusqu’à se répandre partout dans cette prison magique et lie l’ensemble pour ensuite me compresser afin d’empêcher tout mouvement. Mon sort fonctionne, du moins, c’est là ma première impression. Mes membres paraissent incapables de bouger, mais en forçant, je suis capable de me libérer. Je réitère une nouvelle fois ma tentative, mais en le reproduisant sur tout le corps. Une des possibilités est que mon sort ne recouvrant qu’une partie de mon corps, il est incomplet et donc fragile.

Toujours pas. Ma prison ne résiste pas à mes mouvements répétés, même moi qui ne suis pourtant pas réputé pour ma force physique. Isoler un bœuf ainsi serait vain. D’autant plus que le sort de la panseuse est parvenu à m’arrêter en isolant que la partie inférieure.

(Plus de choix possible, il faut que je compresse encore et encore.)

Alors je réitère, j’insiste et je persévère. Je renforce encore et encore la compression qui s’exerce uniquement sur le bas de mes jambes. Au début, mon sort était gênant. Il est devenu pénible physiquement lorsque j’ai commencé à le compresser sur moi-même, maintenant il est à un point où je me retiens à peine de hurler de douleur. La pression est si forte sur mes jambes que je crains de me les briser. Pourtant, c’est une douleur que j’apprécie ensuite avec un grand plaisir. Peu importe mes efforts, je suis à présent incapable de bouger et mon sort ressemble énormément, pour ne pas dire à la perfection, à la démonstration de la panseuse.

(J’y suis arrivé. Je ne me souviens pas avoir subi une blessure de ce genre avec elle, mais le résultat est là. Il me reste maintenant à faire de même sur une cible autre que moi-même. Quelque chose qui représenterait une difficulté pour éprouver le sort.)

Je guéris mes blessures aux jambes, lorsque je vois Aëgis qui revient. Une idée me traverse l’esprit et je sens que l’elfe à la chevelure doré va me faire la gueule pendant un temps.

"Aëgis ! Attache ton cheval et viens me voir, j’ai besoin de ton aide pour…je ne sais pas comment te le décrire." Lui dis-je au loin.

Intrigué, l’hinion s’exécute et vient vers moi avec le regard empli d’une profonde curiosité et une malice aux lèvres.

"Qui a-t-il ? Je vois que malgré cette capacité à apprendre de toi-même l’occultomancie, il y a encore des domaines où tu requiers mon expertise." Dit-il en prenant une posture pour se donner de l’importance.

"Tu ne crois pas si bien dire. Je rencontre des difficultés dont toi seul est en mesure de m’aider. Cependant, ce n’est pas sans risques." Fais-je en faisant l’image mentale d’un problème insoluble, pour ne pas me faire démasquer.

"Tu m’as sauvé la vie, alors si je peux t’aider je le ferais. Mais…tu me caches quelque chose ?" Demande-t-il en sentant que je prépare quelque chose.

"MANGE-BOTTE ?" Fais-je sans attendre, avant que l’elfe blanc ne comprenne.

"Nhaundar ? Tu fais quoi là ?" S’inquiète-t-il avec raison.

Au lieu de répondre, je dissimule mes bottes sous ma robe d’arcane, tandis que le Corgy géant dresse sa tête dans notre direction.

"LES BOBOTTES ! ELLES SONT POUR QUI LES BOBOTTES ?" Fais-je en désignant celles d’Aëgis.

Après une seconde d’hésitation, l’énorme chien se met à courir dans notre direction avec ardeur et provoque chez mon camarade une crainte bien fondée.

"Nhaundar, à quoi tu joues ?" Tremble-t-il.

"N’aie crainte, il ne te fera aucun mal. En revanche à ta place, je me mettrais à courir vite, très vite !"

"NHAUNDAR ARRETE-LE ! ARRETE-LE JE T’EN CONJURE !" Hurle l’hinion qui détale comme un lapin.

Ce n’est qu’une question de temps avant que Mange-Botte n’attrape sa proie. Cependant, je prends un malin plaisir à regarder ma monture passer devant moi, la langue pendante, courant avec plaisir vers son jouet qui, en plus d’être tout neuf, bouge tout seul. Aëgis me sort de ma rêverie en hurlant à nouveau.

(Il me faut faire vite. L’Hinïon ne va pas tarder à se faire prendre.)

A défaut de mettre à l’épreuve mon nouveau sort en situation de stress comme un combat ou un danger immédiat, la course de ma cible me sera un défi suffisant. Tandis qu’il évite d’un bond sur le côté, la charge de Mange-Botte, il reprend sa course pour tenter de le distancer. De mon côté, je lance mes fluides sur lui et les transforme pour former de la boue. Celle-ci se transforme comme je l’entends, mais la transformation de mes fluides n’est pas assez rapide pour ma cible. Des morceaux de boue se séparent de l’elfe blanc à peine transformé.

"NHAUNDAR ! TU N’AS PAS OSE ?" Hurle Aëgis qui semble comprendre la raison de sa mauvaise situation.

Ignorant ses plaintes, d’autant plus que mes essais le ralentissent, je persiste dans mon sort et privilégiant une plus grande vitesse de déploiement de ma magie pour parvenir au terme de mon sort. Mes fluides foncent vers ma cible et se déploient sur elle. Lorsque ma magie le touche, je la transforme plus rapidement en une gangue de boue pour l’emprisonner. N’usant pas de mon épée magique, je ne crains pas d’engendrer quelques blessures que je soignerais par la suite. La boue se forme et s’agglomère autour d’Aëgis, qui court à perdre haleine. Encore une fois, la course de ma cible est une véritable épine et Aëgis tente de ralentir Mange-Botte avec des sorts d’eau.

"Ne lui fais pas de mal, il veut juste jouer." Dis-je, craignant qu’il ne blesse mon chien.

(Ses mouvements disloquent la formation de boue à peine formée. Aucune chance de générer un étau de boue uni. Mon sort en lui-même fonctionne, mais je dois revoir la façon de le générer. Mes fluides se transforment en boue dès qu’ils atteignent ma cible. Je pensais que cela l’aurait ralenti pour faciliter le reste du sort de se former, mais au contraire, cela ne génère que des plaques de boues qui tombent à cause des mouvements. La solution : transformer mes fluides en boue sur l’intégralité du corps en même temps.)

Pour cela, il me faut lancer mes fluides, attendre jusqu’à ce qu’ils englobent parfaitement la cible et les transformer presque instantanément. Perdu dans mes pensées, je ne remarque qu’un peu tard un changement dans le "jeu" entre l’hinïon et Mange-Botte. Aëgis a désormais opté pour une autre stratégie afin d’arrêter ce qu’il doit estimer être une mascarade : il fonce désormais sur moi.

Je n’ai que l’espace d’une dernière tentative avant qu’il n’arrive. Je mobilise donc mes fluides sur lui, l’englobe entièrement et lorsque je les sens entourer l’ensemble de son corps, je les transforme en un instant en une boue solide. Mes fluides parcourent cette prison pour lier l’ensemble de la matière magique générée et compresser ma cible.

Cette fois-ci, ma magie a fonctionné. Elle est parvenue à emprisonner l’elfe blanc dans sa course, au grand malheur de ma monture qui renifle de déception les pieds de l’hinïon, ne sentant que de la boue et non cette odeur de cuir qu’il affectionne tant. Il s’en va gambader plus loin. Moi je m’approche de la statue de boue et contemple ce qui est presque une réalisation artistique. Une sculpture démontrant l’agilité et la grâce elfique en plein mouvement.

Le sort se rompt et libère la malheureuse victime. Je guéris les blessures qui parsèment l’intégralité de son corps.

"Tu…tu as osé…t’entraîner sur moi." Déclare-t-il haletant après cette course effrénée.

"Ba quoi. Ne savais-tu pas ce qui allait se produire avec le capitaine, alors qu’il supposait la présence d’un espion ?" Lui dis-je avec un petit sourire en coin. "Tu es en vie, en bonne santé et moi, j’ai réalisé que je possédais des dons de sculpteur uniques."

"Tu…tu…" Fait-il encore sous le coup d’un souffle saccadé. "Plus jamais tu ne me refais ce coup-là ! Compris ?"

"D’accord, d’accord. Quel rabat-joie !"

"Et moi qui voulais t’emmener voir voir les jumeaux. Ma bonté aura raison de moi." Déclare Aëgis avec un air vexé.

"Les jumeaux ? Qui sont-ils ? Des mages émérites ? Des érudits possédant de grandes connaissances sur les arts magiques ? Des alchimistes ?" Fais-je, ma curiosité piquée.

"Rien de tout cela. Ce sont des forgerons. Je me disais que vu qu’on n’est pas très loin d’eux et que tu te trimbales des armes dont tu ne te sers pas, autant les vendre. Mais après ce sale coup avec ton chien, je suis plutôt d’avis de te laisser te débrouiller tout seul !" Répond-il en faisant une sale tronche.

"Tu marques un point en effet. Hélas, si tu ne souhaites pas m’y accompagner c’est dommage." Lui dis-je avant d’appeler ma monture.

Mange-Botte se précipite vers nous et de peur, Aëgis se place derrière-moi pour ne pas être de nouveau ciblé comme un lapin. Mon Corgy arrive à mon niveau et je le calme d’une main dans sa direction lorsqu’il arrive à moi. Je prends place sur ma monture après avoir rassemblé mes affaires.

"Moi qui pensais que tu aurais plus de respect envers celui qui t’a sauvé la vie. A toi et aux autres, je suis profondément déçu. Tant pis." Dis-je en prenant la route.

Il ne faut pas longtemps avant qu'Aëgis ne me rattrape.

"Tu as changé d'avis ?" Fais-je souriant.

"Tu es sous ma responsabilité. Je n'ai pas le droit de te laisser circuler tout seul et puis, la forge est de l'autre côté." Réplique-t-il avant de nous diriger vers la bonne direction.


IX 20 Une transaction pas si tranquille.

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