Profitant de l'ensoleillement et du climat qui y règne, de nombreuses fermes parsèment les alentours de Tulorim. Les plus connues sont la propriété de riches magnats, qui y produisent de nombreux vins reconnus jusqu'à Kendra Kâr – et qui ne sont pas à l'abri des contrefaçons de basse qualité. Mais on y trouve également des vergers d'agrumes ou d'oliviers et des cultures de céréales, plus classiques, ainsi que des élevages qui se multiplient lorsqu'on descend vers le Sud. Si les terres les plus proches de Tulorim sont la propriété de riches personnages et présentent des installations à l'aspect superbe malgré la misère relative des fermiers employés, cette tendance disparaît au fur et à mesure que l'on descend vers le Sud et que les terres deviennent plus sauvages et moins cultivées qu'occupées par divers cheptels.
Les Fermes autour de Tulorim
- Yuimen
- Messages : 2484
- Enregistré le : mar. 26 déc. 2017 19:17
Les Fermes autour de Tulorim
Les fermes autour de Tulorim
Profitant de l'ensoleillement et du climat qui y règne, de nombreuses fermes parsèment les alentours de Tulorim. Les plus connues sont la propriété de riches magnats, qui y produisent de nombreux vins reconnus jusqu'à Kendra Kâr – et qui ne sont pas à l'abri des contrefaçons de basse qualité. Mais on y trouve également des vergers d'agrumes ou d'oliviers et des cultures de céréales, plus classiques, ainsi que des élevages qui se multiplient lorsqu'on descend vers le Sud. Si les terres les plus proches de Tulorim sont la propriété de riches personnages et présentent des installations à l'aspect superbe malgré la misère relative des fermiers employés, cette tendance disparaît au fur et à mesure que l'on descend vers le Sud et que les terres deviennent plus sauvages et moins cultivées qu'occupées par divers cheptels.
- Annette
- Messages : 4
- Enregistré le : mar. 13 août 2019 05:41
Re: Les Fermes autour de Tulorim
L'après-midi approchait sa fin. Les ombres vibrantes des arbres fruitiers zébraient la route désormais dorée par les rayons du soleil descendant alors qu'un vent frais se levait enfin sur la région de Wiehl. Annette ferma les yeux pour accueillir l'air de fin de journée contre ses joues rougit par son long voyage sous le soleil ardent. C'était le matin même, tout juste avant que l'aube ne montre ses premières couleurs qu'elle avait quitté la maison. Elle avait embrassé pour une dernière fois sa mère, qui, après une caresse et une demande de promesse de retour, garda un œil attentif sur sa fille jusqu'à ce qu'elle disparaisse à l'horizon.
Le vent s’engouffrant désormais dans ses cheveux, Annette soupira puis sourit, un sentiment de doute et de bonheur se mélangeant dans son cœur. Elle essuya les quelques gouttes de sueurs qui perlaient sur son front alors qu'autour d'elle, de petites maisons et fermes commençaient enfin à se dessiner. Se protégeant la vision du soleil pour mieux les percevoir, elle remarqua les silhouettes d'une femme et d'un enfant la devançant. En s'approchant d'eux, Annette remarqua que tous deux semblaient porter chacune un panier bien lourd. Leur vitesse en étant affectée, la jeune femme les rejoignit bien rapidement et constata avec étonnement que la dame chantonnante portait avec elle beaucoup plus qu'un fardeau de pêches fraîchement cueillit, mais aussi, au creux d'un ventre bien rond et proéminent, la vie nouvelle. Inquiète, Annette ne put se retenir de s'exclamer:
" Madame! Pardonnez-moi! Je... je me prénomme Annette et en vous voyant j'ai... je me demandais si vous accepteriez mon aide pour transporter votre panier."
La dame ne semblait pas avoir vu la jeune femme l'approcher et se retourna haletante, tout en laissant une odeur de fleur d'oranger s’échapper de ses longs cheveux brillants et dévisagea l'inconnue d'un air méfiant. Annette lui sourit avec toute la sincérité du monde. Elle avait l'habitude que les gens prennent un temps pour déchiffrer ses traits singuliers.
" Et... vous venez d'où?"
Annette n'avait pas l'allure d'une femme du peuple de Wiehl et savait bien que son apparence avait tendance à semer le doute. En revanche, la futur mère, de sa beauté, en portait bien le nom. Sa peau lisse et basanée miroitait sous les rayons orangés du soleil mettant en valeur ses yeux du vert d'une jeune olive toujours accrochée à sa branche.
" Et bien.. Je viens d'un tout petit village à une journée de marche d'ici. Peu de personnes ne le connaissent vraiment. Certain m'ont dit qu'on pourrait le comparer à Melwasul, mais sans la pêche, en moins connu et en encore plus petit si vous pouvez vous imaginer plus petit. Hahaha..."
Tout en l'écoutant, la dame reconnu l'accent du coin, lui rendit le sourire, charmée et laissa échapper un soupir de soulagement.
" C'est un plaisir de vous rencontrer. Je suis Maltide. J'accepterais volontiers votre aide ... Anne?"
" Annette. Enchantée!" S'exclama-t'elle les bras tendus vers le panier habilement tressé.
"Oh,Désolé. Annette. "Se reprit Matilde. Faites attention, c'est assez lourd... AH, je sais! Échangeons plutôt."
En toute confiance, Annette échangea son sac de voyage en cuir usé contre le panier. Matilde le posa sur son épaule et observa d'un œil attentif les genoux de son aidante fléchir sous le poids inattendu du panier.
" Vous êtes sûre que..?"
" Ah.. oh oui oui!"
Faisant mine d'être en toute maîtrise, cette dernière reprit le pas, débalancée, tremblante et grandement ralentit. Matilde la suivit de près, attentive à ses difficultés, clairement inquiète de la situation de sa bénévole. Elle faufila ses doigts nerveux entre les quelques mèches de cheveux qui obstruaient son visage.
" Je suis vraiment désolée, les sangles du panier ont brisées ce matin même et j'espérais être en mesure de faire sans elles pour aujourd'hui, mais je constate que c'était une très mauvaise idée. Mon mari est..."
Elle s'arrêta nette le regard porté au loin. L'enfant qu'Annette avait aperçut plus tôt se trouvait à bonne distance maintenant.
" Ariane! Ariane ne t'éloigne pas!""
Annette leva les yeux du contenu de son panier pour voir la petite fille qui les attendait avec impatience. Elle était vêtue d'une robe de la couleur des fruits qui mûrissaient dans les arbres bordant la route et portait des traits similaires à ceux de sa mère.
" Ah..Je suis.. impressionnée!" Souffla-t'elle. Ah... Votre... votre fille est.. est très forte."
L'enfant portait sur son dos un panier presque aussi remplis que le sien. La petite, aux mots de l'étrangère bomba le torse et prit la pose pour montrer ses muscles dans les meilleures positions, l'air fière et le sourire taquin.
" Et vous, vous avez une drôle de tête."
" Ariane!" S'indigna Matilde.
Annette ne broncha pas.
" Haha, non.. Non. Je vous en pris ne vous inquiétez pas. Haha.. ha. J'ai bel et bien... une drôle de tête... Ma maman m'appelle même... sa petite.. sa petite souris."
La petite s’esclaffa.
" Haha! C'est rigolo. Moi j'aime bien les souris, mais maman a très peur."
L'enfant rigola davantage et Annette la rejoignit sous le regard embarrassé et un brin soulagé de Matilde. Les trois conversèrent ainsi jusqu'à rejoindre un embranchement qui les éloignait de la route principale menant vers Tulorim. Annette profita de l'occasion et prit une pause pour souffler et rattacher sa sangle de soulier si usée qu'on se demandait bien comment elle pouvait encore tenir, puis, une gorgé d'eau plus tard, elles reprirent chemin tout en suivant désormais leurs ombres qui s'étiraient devant elle. Annette parlait de son village et Matilde de leur ferme alors que la petite Ariane s'amusait à piétiner la tête de leur ombres en ricanant et chantant toute sorte de chansons enfantines.
Le ciel s'habilla doucement de ses plus beau habits rouges et même si son soleil continuait de leur chauffer la nuque, l'air commençait à se refroidir. Ariane se tenait désormais tranquille entre sa mère et Annette, leur tenant à chacune la main. Elle marchait en silence, plus ou moins attentive à la conversation. Puis soudainement, son regard sembla reprendre vie et lâcha son emprise pour pointer l'horizon du doigt. Au bout du chemin, de nouvelles silhouettes se dessinaient. Annette crut y voir un homme à la haute stature et aux épaules larges accompagné de ce qui semblait être deux jeunes garçons. Matilde joignit les mains de contentement.
" Vous êtes sauvée. Voilà mon mari."
Le mari aux cheveux noirs et ruisselant de sueur s'approchait à grand pas, un regard fixe et sévère. Il était suivit de près par ses deux fils essoufflés, visiblement plus agés qu'Ariane.
"Pardonne moi, nous avons eu des problèmes sur le chemin, mais Je t'avais pourtant dit de nous attendre ou de laisser les paniers derrière! Je ne veux pas que tu... "
" Allons, ça va." Le coupa Matilde, ses yeux olive aussi dures que ceux d'azur de son mari. "C'est parce que j'ai reçu de l'aide que j'ai prise la décision de prendre route. Je te présente Annette."
Elle présenta cette dernière d'un gracieux mouvement de main.
" Et voici mon mari, Alem. "
"Ah..."
L'homme venait tout juste de remarquer l'intruse et resta béa un instant, embarrassé. Son air se détendit et laissa paraître de jolis dents bien droites.
" Mes excuses. Je vous remercie grandement de votre aide. Je soupçonne que ma femme ait tenté de faire preuve d'un peu trop de zèle. Attendez, je vous débarrasse."
Annette ne jugea pas nécessaire de confirmer que Maltide avait bel et bien essayé de revenir chargée et laissa Alem prendre avec beaucoup d'aisance, le panier. Il le tendit ensuite à l’aîné de ses garçons et commanda à lui, son frère et sa sœur d'aller le ranger avec les autres.
Les yeux sur les enfants qui couraient ensemble aux loins et sans le moindre effort, Annette se secoua les bras et tenta de replier ses doigts engourdies. Elle allait les remercier et reprendre sa route initiale, lorsque Matilda, l’œil aiguisé, déposa une main sur une épaule.
" Je suis vraiment désolée pour le détour. Y a t'il endroit où vous devez être?"
Annette sembla surprise de la question.
" Ah euh... non. Pas spécialement. Mais... n'ayez aucunes inquiétudes, ce fut un réel plaisir."
Maltide répondit au sourire d'Annette avec un sourire encore plus resplendissant.
"Alors Laissez nous vous inviter à notre table. Vous avez marché toute la journée. "
Le bout des oreilles d'Annette prirent des couleurs
" Oh, c'est bien gentil, mais ce n'est vraiment pas nécessaire. Je suis toujours ravie de... "
" C'est une bonne idée." L'interrompit Alem.
" Il y a longtemps que nous n'avons pas accueillit quelqu'un à notre table et c'est la moindre des choses entre bonnes gens de Wielh."
Annette acquiesca en silence et se laissa tirer par Matilde sur la route leur demeure, les joues et les oreilles rougit d'embarras, mais plus encore, de reconnaissances.
Le vent s’engouffrant désormais dans ses cheveux, Annette soupira puis sourit, un sentiment de doute et de bonheur se mélangeant dans son cœur. Elle essuya les quelques gouttes de sueurs qui perlaient sur son front alors qu'autour d'elle, de petites maisons et fermes commençaient enfin à se dessiner. Se protégeant la vision du soleil pour mieux les percevoir, elle remarqua les silhouettes d'une femme et d'un enfant la devançant. En s'approchant d'eux, Annette remarqua que tous deux semblaient porter chacune un panier bien lourd. Leur vitesse en étant affectée, la jeune femme les rejoignit bien rapidement et constata avec étonnement que la dame chantonnante portait avec elle beaucoup plus qu'un fardeau de pêches fraîchement cueillit, mais aussi, au creux d'un ventre bien rond et proéminent, la vie nouvelle. Inquiète, Annette ne put se retenir de s'exclamer:
" Madame! Pardonnez-moi! Je... je me prénomme Annette et en vous voyant j'ai... je me demandais si vous accepteriez mon aide pour transporter votre panier."
La dame ne semblait pas avoir vu la jeune femme l'approcher et se retourna haletante, tout en laissant une odeur de fleur d'oranger s’échapper de ses longs cheveux brillants et dévisagea l'inconnue d'un air méfiant. Annette lui sourit avec toute la sincérité du monde. Elle avait l'habitude que les gens prennent un temps pour déchiffrer ses traits singuliers.
" Et... vous venez d'où?"
Annette n'avait pas l'allure d'une femme du peuple de Wiehl et savait bien que son apparence avait tendance à semer le doute. En revanche, la futur mère, de sa beauté, en portait bien le nom. Sa peau lisse et basanée miroitait sous les rayons orangés du soleil mettant en valeur ses yeux du vert d'une jeune olive toujours accrochée à sa branche.
" Et bien.. Je viens d'un tout petit village à une journée de marche d'ici. Peu de personnes ne le connaissent vraiment. Certain m'ont dit qu'on pourrait le comparer à Melwasul, mais sans la pêche, en moins connu et en encore plus petit si vous pouvez vous imaginer plus petit. Hahaha..."
Tout en l'écoutant, la dame reconnu l'accent du coin, lui rendit le sourire, charmée et laissa échapper un soupir de soulagement.
" C'est un plaisir de vous rencontrer. Je suis Maltide. J'accepterais volontiers votre aide ... Anne?"
" Annette. Enchantée!" S'exclama-t'elle les bras tendus vers le panier habilement tressé.
"Oh,Désolé. Annette. "Se reprit Matilde. Faites attention, c'est assez lourd... AH, je sais! Échangeons plutôt."
En toute confiance, Annette échangea son sac de voyage en cuir usé contre le panier. Matilde le posa sur son épaule et observa d'un œil attentif les genoux de son aidante fléchir sous le poids inattendu du panier.
" Vous êtes sûre que..?"
" Ah.. oh oui oui!"
Faisant mine d'être en toute maîtrise, cette dernière reprit le pas, débalancée, tremblante et grandement ralentit. Matilde la suivit de près, attentive à ses difficultés, clairement inquiète de la situation de sa bénévole. Elle faufila ses doigts nerveux entre les quelques mèches de cheveux qui obstruaient son visage.
" Je suis vraiment désolée, les sangles du panier ont brisées ce matin même et j'espérais être en mesure de faire sans elles pour aujourd'hui, mais je constate que c'était une très mauvaise idée. Mon mari est..."
Elle s'arrêta nette le regard porté au loin. L'enfant qu'Annette avait aperçut plus tôt se trouvait à bonne distance maintenant.
" Ariane! Ariane ne t'éloigne pas!""
Annette leva les yeux du contenu de son panier pour voir la petite fille qui les attendait avec impatience. Elle était vêtue d'une robe de la couleur des fruits qui mûrissaient dans les arbres bordant la route et portait des traits similaires à ceux de sa mère.
" Ah..Je suis.. impressionnée!" Souffla-t'elle. Ah... Votre... votre fille est.. est très forte."
L'enfant portait sur son dos un panier presque aussi remplis que le sien. La petite, aux mots de l'étrangère bomba le torse et prit la pose pour montrer ses muscles dans les meilleures positions, l'air fière et le sourire taquin.
" Et vous, vous avez une drôle de tête."
" Ariane!" S'indigna Matilde.
Annette ne broncha pas.
" Haha, non.. Non. Je vous en pris ne vous inquiétez pas. Haha.. ha. J'ai bel et bien... une drôle de tête... Ma maman m'appelle même... sa petite.. sa petite souris."
La petite s’esclaffa.
" Haha! C'est rigolo. Moi j'aime bien les souris, mais maman a très peur."
L'enfant rigola davantage et Annette la rejoignit sous le regard embarrassé et un brin soulagé de Matilde. Les trois conversèrent ainsi jusqu'à rejoindre un embranchement qui les éloignait de la route principale menant vers Tulorim. Annette profita de l'occasion et prit une pause pour souffler et rattacher sa sangle de soulier si usée qu'on se demandait bien comment elle pouvait encore tenir, puis, une gorgé d'eau plus tard, elles reprirent chemin tout en suivant désormais leurs ombres qui s'étiraient devant elle. Annette parlait de son village et Matilde de leur ferme alors que la petite Ariane s'amusait à piétiner la tête de leur ombres en ricanant et chantant toute sorte de chansons enfantines.
Le ciel s'habilla doucement de ses plus beau habits rouges et même si son soleil continuait de leur chauffer la nuque, l'air commençait à se refroidir. Ariane se tenait désormais tranquille entre sa mère et Annette, leur tenant à chacune la main. Elle marchait en silence, plus ou moins attentive à la conversation. Puis soudainement, son regard sembla reprendre vie et lâcha son emprise pour pointer l'horizon du doigt. Au bout du chemin, de nouvelles silhouettes se dessinaient. Annette crut y voir un homme à la haute stature et aux épaules larges accompagné de ce qui semblait être deux jeunes garçons. Matilde joignit les mains de contentement.
" Vous êtes sauvée. Voilà mon mari."
Le mari aux cheveux noirs et ruisselant de sueur s'approchait à grand pas, un regard fixe et sévère. Il était suivit de près par ses deux fils essoufflés, visiblement plus agés qu'Ariane.
"Pardonne moi, nous avons eu des problèmes sur le chemin, mais Je t'avais pourtant dit de nous attendre ou de laisser les paniers derrière! Je ne veux pas que tu... "
" Allons, ça va." Le coupa Matilde, ses yeux olive aussi dures que ceux d'azur de son mari. "C'est parce que j'ai reçu de l'aide que j'ai prise la décision de prendre route. Je te présente Annette."
Elle présenta cette dernière d'un gracieux mouvement de main.
" Et voici mon mari, Alem. "
"Ah..."
L'homme venait tout juste de remarquer l'intruse et resta béa un instant, embarrassé. Son air se détendit et laissa paraître de jolis dents bien droites.
" Mes excuses. Je vous remercie grandement de votre aide. Je soupçonne que ma femme ait tenté de faire preuve d'un peu trop de zèle. Attendez, je vous débarrasse."
Annette ne jugea pas nécessaire de confirmer que Maltide avait bel et bien essayé de revenir chargée et laissa Alem prendre avec beaucoup d'aisance, le panier. Il le tendit ensuite à l’aîné de ses garçons et commanda à lui, son frère et sa sœur d'aller le ranger avec les autres.
Les yeux sur les enfants qui couraient ensemble aux loins et sans le moindre effort, Annette se secoua les bras et tenta de replier ses doigts engourdies. Elle allait les remercier et reprendre sa route initiale, lorsque Matilda, l’œil aiguisé, déposa une main sur une épaule.
" Je suis vraiment désolée pour le détour. Y a t'il endroit où vous devez être?"
Annette sembla surprise de la question.
" Ah euh... non. Pas spécialement. Mais... n'ayez aucunes inquiétudes, ce fut un réel plaisir."
Maltide répondit au sourire d'Annette avec un sourire encore plus resplendissant.
"Alors Laissez nous vous inviter à notre table. Vous avez marché toute la journée. "
Le bout des oreilles d'Annette prirent des couleurs
" Oh, c'est bien gentil, mais ce n'est vraiment pas nécessaire. Je suis toujours ravie de... "
" C'est une bonne idée." L'interrompit Alem.
" Il y a longtemps que nous n'avons pas accueillit quelqu'un à notre table et c'est la moindre des choses entre bonnes gens de Wielh."
Annette acquiesca en silence et se laissa tirer par Matilde sur la route leur demeure, les joues et les oreilles rougit d'embarras, mais plus encore, de reconnaissances.
- TGM
- Messages : 117
- Enregistré le : mer. 6 mars 2019 15:17
- Localisation : Le Manoir Déchu
Re: Les Fermes autour de Tulorim
-----E-----
Ah que j'aime ces villes sans murailles. La possibilité d'entrer et sortir sans devoir passer devant des gardes est vraiment agréable. Je songe néanmoins à me faire un peu oublier après mon dernier coup d'éclat et chevauche vers le Sud. En chemin, je croise un marchand itinérant se dirigeant vers la ville qui m'interpelle en me croisant.
"Jeune homme ! Avec une si belle monture, êtes-vous un aventurier ?"
Intrigué, je m'arrête près de lui et réponds en bombant le torse.
"Bien vu, l'ami ! Vous avez une mission à me confier ? Loin de la ville si possible, je n'y suis pas à l'aise."
Le voyageur, sur sa charrette tirée par un âne, éclate alors d'un rire gras avant de répondre :
"Rassurer-vous, aventurier, cela aurait lieu dans les bois. Si vous êtes intéressés, continuez vers le Sud jusqu'au village lutin de Tuiles-aux-Rimes. J'ai cru comprendre qu'ils recherchaient des aventuriers."
Lorsque je lui demande plus de détails, en particulier sur la récompense, il me dit de m'adresser directement aux lutins lorsque je les verrai, expliquant qu'il ne fait que commercer avec eux. Bien que je ne sache pas du tout en quoi cette mission consiste, elle tombe à point nommé. Il ne me reste qu'à voir si elle est suffisamment bien payée pour les risques pris. Pour cela, je n'ai d'autre choix que de suivre les indications du marchand et rencontrer ce peuple de fables qui m'est encore inconnu. Je me sépare donc de l'homme en le saluant et m'enfonce au cœur de ce continent que je commence seulement à découvrir.
281mots
- Syelsa
- Messages : 72
- Enregistré le : dim. 23 août 2020 12:40
Re: Les Fermes autour de Tulorim
Connexion spirituelle
Le reste du retour en bateau se fait surtout en silence, moi perdue dans mes pensées liées au bois, et Halatir occupé à gérer la barre, grognant parfois lorsqu’il doit faire un effort malgré mes recommandations d’y aller doucement. Le soleil est encore loin de se coucher et le vent chargé d’iode me fouette le visage, me forçant à garder une main sur mon chapeau pour ne pas qu’il s’envole. Rapidement, le petit bateau retrouve la direction du port pour finalement y entrer. De nouveau les bruits, l’agitation et les odeurs m’assaillent les sens et j’inspire une dernière fois l’odeur du large avant que Halatir ne manœuvre pour nous porter à quai. Captant probablement mon regard désolé sur son bras, il ouvre la bouche.
- Tu te fais pas trop de soucis pour moi. J’en ai vu d’autres. C’est le quotidien d’un pêcheur. J’espère que tu vas réussir à rentrer chez toi saine et sauve et que tu trouveras le moyen de guérir tes arbres.
Avec son aide, je saute sur le quai et lisse ma robe avant de réajuster la sacoche sur mon épaule. Je lui souris, reconnaissante de ce qu’il a fait pour moi. Je ne peux pas me forcer auprès de lui pour sa guérison ? j’espère qu’il ira bien.
- J'espère que vous vivrez longtemps, Halatir, et heureux. Et si un jour vous avez besoin, le Bois aux Sorcières vous sera ouvert, car je ne vais pas le laisser mourir.
Je le salue une dernière fois avant de prendre le chemin de la sortie de la ville, ma mission ici étant terminée. Je tiens toujours mon chapeau face au vent qui s’est levé et lui fait un signe de la main lorsqu’il me dit lui aussi au revoir une dernière fois. Il a beau avoir un sale caractère et prompt à la provocation, ça n’en reste pas moins quelqu’un de bien et j’espère que la vie lui sourira autant que possible.
Avec une certaine impatience, je marche en boitillant un peu vers la sortie la plu proche de la ville, droit vers l’ouest, évitant les lieux les plus bondés et les rues les plus sombres. Avoir vu le reflet d’une arme et le regard perçant d’un seul humain dans l’un d’elle m’a suffi à ne plus jamais en approcher une seule. Sortir de la ville m’est plus long que je ne l’aurai aimé, mais je parviens finalement à mettre le nez dehors en soupirant de soulagement. Devant moi s’étendent les vastes plains me conduisant chez moi et cela suffit à me faire sourire. Je ne vais sans doute pas croiser la caravane qui m’a conduit à l’aller, mais ce n’est pas grave, un peu de calme me fera un peu de bien pour le retour.
Une fois suffisamment éloignée de la ville, je profite de l’ombre d’un olivier pour allonger mes jambes en m’adossant au tronc noueux de l’arbre. Je sens aussitôt la vie de l’arbre et souris, ravie de sentir autre chose que le vide que je ressentais à Tulorim. Je ferme les yeux, écoute avec plaisir la nature vivre tout autour, enfonçant mes doigts dans la terre un peu sèche, mais fraîche à l’ombre de l’arbre. Quelques oiseaux chantonnent au-dessus de moi et je peux humer le parfum des olives tandis que quelques cigales chantent dans les parages.
Fouillant dans mon sac, j’en retire une des fioles de fluides de terre que j’ai acheté aux marchands. L’épais liquide de couleur maronnasse n’a à première vu rien d’engageant, mais il me suffit d’ouvrir la fiole pour sentir l’odeur de la terre après un orage, les senteurs de la mousse et du lichen de la forêt. Je ne sais pas si Isqua serait d’accord avec cette utilisation des fluides. Elle n’a jamais parlé en bien ou en mal de ce genre de chose, se contentant de m’informer de leur existence sans donner le moindre jugement. J’imagine que cela signifie que je peux en user sans crainte. Je renifle à nouveau la fiole en souriant et finis par l’ingurgiter. Le liquide n’est ni froid, ni chaud, mais il est épais, comme un sirop de baies tout juste fait. Il glisse dans ma gorge sans peine et le goût est étrange, mais ce n’est pas le goût de terre auquel je m’attendais.
Je remets la fiole vide dans mon sac et ferme les yeux. J’ai l’impression qu’il ne se passe rien au début et cela me semble étrange, mais, soudainement, les odeurs de terre m’assaillent violemment et j’inspire un grand coup ? Ma peau me gratte et j’ouvre les yeux pour voir qu’elle est couverte d’une fine pellicule semblable à de l’écorce. Mes veines sont d’un vert sombre presque noir sous ma peau et tout mon corps semble rigide. Je ferme à nouveaux les yeux, plantant mes mains dans le sol le temps que l’effet des fluides s’imprègne à mon corps.
Je sens ma conscience s’intégrer au sol. Je sens les racines sous la terre, toute la vie qui s’y abrite. J’ai l’impression de plonger toujours plus profondément, dans une fraicheur réconfortante. Puis il y a comme une présence qui s’éveille. J’ai le sentiment de pouvoir la toucher et pourtant mes doigts ne sentent que la terre sur laquelle je suis assise. Un long grondement enfle, résonne et deux immenses yeux de la couleur de l’émeraude s’ouvre et me fixe. Ils sont flous, comme indistincts, sans pupille, mais je sais qu’il me fixe. Le grondement s’amplifie et je perçois comme un son ; un simple mot.
- Curuni
J’inspire brutalement et ouvre les yeux. Autour de moi, l’obscurité a commencé à tomber et ma peau est redevenu normale. Seule la sensation me reste encore. La présence à disparu et je n’ai aucune idée de ce qu’il vient de se passer. J’inspire avant de froncer les sourcils en sentant quelque chose sous mes doigts. Sortant mes mains de la terre, je retire une pierre brillante d’un vert vivant, entourée de racines qui semblent incrustées en son sein. Je l’observe et sens une énergie similaire à la mienne en émaner. Je passe un moment à l’observer, fasciné par la pureté de la pierre. Je finis par la reposer au sol, mais l’envie de la garder avec moi est si forte que je la reprends en main aussitôt. Je sens quelque chose avec cette pierre, une sorte de connexion. Peut-être est-ce de cela dont parlait Isqua lorsqu’elle me disait de trouver une pierre pour mon bâton. Une pierre qui serait unique pour moi et qui me conviendrait.
- Est-ce vraiment si simple, Isqua ?
Je l’ai cherché longtemps, même alors que j’essayais d’aider les lutins, mais je pensais devoir être dans une forêt pour qu’elle vienne à moi. Mais cet instant… cette connexion avec la terre. Tout cela est venu si naturellement, si instinctivement… je finis par prendre la pierre et la gadrer avec moi. Elle est plus grande que ma main mais n’est pas lourde. Elle est encore pleine de terre, mais cela me semble être la meilleure chose. Je finis par la ranger dans ma sacoche, entourée des herbes que j’ai rangées. Les senteurs de la terre ont faibli, mais je les sens toujours avec bonheur. Mon regard se porte finalement vers l’Ouest, vers le Bois où je vis.
Il est temps de rentrer.
***
Absorption d'un fluide de terre 1/4
Le reste du retour en bateau se fait surtout en silence, moi perdue dans mes pensées liées au bois, et Halatir occupé à gérer la barre, grognant parfois lorsqu’il doit faire un effort malgré mes recommandations d’y aller doucement. Le soleil est encore loin de se coucher et le vent chargé d’iode me fouette le visage, me forçant à garder une main sur mon chapeau pour ne pas qu’il s’envole. Rapidement, le petit bateau retrouve la direction du port pour finalement y entrer. De nouveau les bruits, l’agitation et les odeurs m’assaillent les sens et j’inspire une dernière fois l’odeur du large avant que Halatir ne manœuvre pour nous porter à quai. Captant probablement mon regard désolé sur son bras, il ouvre la bouche.
- Tu te fais pas trop de soucis pour moi. J’en ai vu d’autres. C’est le quotidien d’un pêcheur. J’espère que tu vas réussir à rentrer chez toi saine et sauve et que tu trouveras le moyen de guérir tes arbres.
Avec son aide, je saute sur le quai et lisse ma robe avant de réajuster la sacoche sur mon épaule. Je lui souris, reconnaissante de ce qu’il a fait pour moi. Je ne peux pas me forcer auprès de lui pour sa guérison ? j’espère qu’il ira bien.
- J'espère que vous vivrez longtemps, Halatir, et heureux. Et si un jour vous avez besoin, le Bois aux Sorcières vous sera ouvert, car je ne vais pas le laisser mourir.
Je le salue une dernière fois avant de prendre le chemin de la sortie de la ville, ma mission ici étant terminée. Je tiens toujours mon chapeau face au vent qui s’est levé et lui fait un signe de la main lorsqu’il me dit lui aussi au revoir une dernière fois. Il a beau avoir un sale caractère et prompt à la provocation, ça n’en reste pas moins quelqu’un de bien et j’espère que la vie lui sourira autant que possible.
Avec une certaine impatience, je marche en boitillant un peu vers la sortie la plu proche de la ville, droit vers l’ouest, évitant les lieux les plus bondés et les rues les plus sombres. Avoir vu le reflet d’une arme et le regard perçant d’un seul humain dans l’un d’elle m’a suffi à ne plus jamais en approcher une seule. Sortir de la ville m’est plus long que je ne l’aurai aimé, mais je parviens finalement à mettre le nez dehors en soupirant de soulagement. Devant moi s’étendent les vastes plains me conduisant chez moi et cela suffit à me faire sourire. Je ne vais sans doute pas croiser la caravane qui m’a conduit à l’aller, mais ce n’est pas grave, un peu de calme me fera un peu de bien pour le retour.
Une fois suffisamment éloignée de la ville, je profite de l’ombre d’un olivier pour allonger mes jambes en m’adossant au tronc noueux de l’arbre. Je sens aussitôt la vie de l’arbre et souris, ravie de sentir autre chose que le vide que je ressentais à Tulorim. Je ferme les yeux, écoute avec plaisir la nature vivre tout autour, enfonçant mes doigts dans la terre un peu sèche, mais fraîche à l’ombre de l’arbre. Quelques oiseaux chantonnent au-dessus de moi et je peux humer le parfum des olives tandis que quelques cigales chantent dans les parages.
Fouillant dans mon sac, j’en retire une des fioles de fluides de terre que j’ai acheté aux marchands. L’épais liquide de couleur maronnasse n’a à première vu rien d’engageant, mais il me suffit d’ouvrir la fiole pour sentir l’odeur de la terre après un orage, les senteurs de la mousse et du lichen de la forêt. Je ne sais pas si Isqua serait d’accord avec cette utilisation des fluides. Elle n’a jamais parlé en bien ou en mal de ce genre de chose, se contentant de m’informer de leur existence sans donner le moindre jugement. J’imagine que cela signifie que je peux en user sans crainte. Je renifle à nouveau la fiole en souriant et finis par l’ingurgiter. Le liquide n’est ni froid, ni chaud, mais il est épais, comme un sirop de baies tout juste fait. Il glisse dans ma gorge sans peine et le goût est étrange, mais ce n’est pas le goût de terre auquel je m’attendais.
Je remets la fiole vide dans mon sac et ferme les yeux. J’ai l’impression qu’il ne se passe rien au début et cela me semble étrange, mais, soudainement, les odeurs de terre m’assaillent violemment et j’inspire un grand coup ? Ma peau me gratte et j’ouvre les yeux pour voir qu’elle est couverte d’une fine pellicule semblable à de l’écorce. Mes veines sont d’un vert sombre presque noir sous ma peau et tout mon corps semble rigide. Je ferme à nouveaux les yeux, plantant mes mains dans le sol le temps que l’effet des fluides s’imprègne à mon corps.
Je sens ma conscience s’intégrer au sol. Je sens les racines sous la terre, toute la vie qui s’y abrite. J’ai l’impression de plonger toujours plus profondément, dans une fraicheur réconfortante. Puis il y a comme une présence qui s’éveille. J’ai le sentiment de pouvoir la toucher et pourtant mes doigts ne sentent que la terre sur laquelle je suis assise. Un long grondement enfle, résonne et deux immenses yeux de la couleur de l’émeraude s’ouvre et me fixe. Ils sont flous, comme indistincts, sans pupille, mais je sais qu’il me fixe. Le grondement s’amplifie et je perçois comme un son ; un simple mot.
- Curuni
J’inspire brutalement et ouvre les yeux. Autour de moi, l’obscurité a commencé à tomber et ma peau est redevenu normale. Seule la sensation me reste encore. La présence à disparu et je n’ai aucune idée de ce qu’il vient de se passer. J’inspire avant de froncer les sourcils en sentant quelque chose sous mes doigts. Sortant mes mains de la terre, je retire une pierre brillante d’un vert vivant, entourée de racines qui semblent incrustées en son sein. Je l’observe et sens une énergie similaire à la mienne en émaner. Je passe un moment à l’observer, fasciné par la pureté de la pierre. Je finis par la reposer au sol, mais l’envie de la garder avec moi est si forte que je la reprends en main aussitôt. Je sens quelque chose avec cette pierre, une sorte de connexion. Peut-être est-ce de cela dont parlait Isqua lorsqu’elle me disait de trouver une pierre pour mon bâton. Une pierre qui serait unique pour moi et qui me conviendrait.
- Est-ce vraiment si simple, Isqua ?
Je l’ai cherché longtemps, même alors que j’essayais d’aider les lutins, mais je pensais devoir être dans une forêt pour qu’elle vienne à moi. Mais cet instant… cette connexion avec la terre. Tout cela est venu si naturellement, si instinctivement… je finis par prendre la pierre et la gadrer avec moi. Elle est plus grande que ma main mais n’est pas lourde. Elle est encore pleine de terre, mais cela me semble être la meilleure chose. Je finis par la ranger dans ma sacoche, entourée des herbes que j’ai rangées. Les senteurs de la terre ont faibli, mais je les sens toujours avec bonheur. Mon regard se porte finalement vers l’Ouest, vers le Bois où je vis.
Il est temps de rentrer.
***
Absorption d'un fluide de terre 1/4
- Syelsa
- Messages : 72
- Enregistré le : dim. 23 août 2020 12:40
Re: Les Fermes autour de Tulorim
La simplicité de la vie
J’ai repris la route après l’intense et étrange expérience avec cette fiole de fluide. Les questions se bousculent dans ma tête et j’ai hâte de demander à Isqua si elle a déjà eu affaire à une telle expérience. Il y a tant de choses qui restent à découvrir. La magie est un sujet si vaste et passionnant qu’il me tarde d’enfin commencer ma formation la concernant. Les préceptes du monde, de la vie, de la mort, de la nature, des plantes, des animaux, des autres races intelligentes foulant ce monde, tout ça a rythmé mes études durant ces dizaines d’années. Et pourtant, j’ai l’impression d’en apprendre encore davantage à chaque pas que je foule, à chaque individu que je croise. Comme cet homme sur son âne qui me salue jovialement alors qu’il emmène des paniers emplis d’olives en ville. Ou ces deux individus en armures qui me dépasse, montés sur leurs chevaux en me jetant simplement un regard avant de hocher la tête et de repartir. Il y a aussi cette femme et sa fille qui cueillent des oranges dans un verger entouré de petites barrières en bois.
Je les observe quelques instants et voit la plus jeune se hisser sur la pointe des pieds pour tenter, en vain, de cueillir les fruits dans les branches les plus hautes. Elle persiste et je souris devant la scène, avant de lui donner un peu d’aide. Usant du don de l’arcane, je fais doucement pencher les branches les plus hautes qui semblent s’incliner devant la jeune fille, amusant cette dernière qui s’empresse de pointer cela du doigt à sa mère avant de ramasser les fruits. C’est sa mère qui me repère et semble comprendre rapidement puisqu’elle fait un signe de la main auquel je réponds en inclinant la tête avant de repartir. J’ai à peine fait quelques pas qu’une petite voix fluette m’interpelle. Je me retourne pour voir l’enfant courir vers mois, foulant le sol de ses souliers, soulevant sa robe pour ne pas se prendre les pieds dedans, ses cheveux tressés en natte voltigeant derrière elle. Elle s’arrête à ma hauteur, les joues rougis d'avoir couru ainsi, avec un immense sourire aux lèvres et les yeux pétillants.
- Maman m’a dit que c’est toi qui as baissé les branches ! C’est vrai ?
- Et bien… oui. J’ai vu que tu avais du mal à atteindre celles du haut.
- Wahou, merci beaucoup ! C’est pour toi ! Maman a dit que c’est pour te remercier.
Elle me tend une des oranges qu’elle vient de ramasser et je l’accepte de bon cœur avant de saluer de la main l’enfant qui repart vers sa mère. J’observe un instant le fruit, retire mes gants, puis commence à l’éplucher en reprenant la route, amusée par cette rencontre aussi douce qu’inattendue. Peut-être que les humains sont plus plaisants quand ils sont jeunes ou lorsqu’on les aide… ou alors c’est simplement le fait de vivre en dehors de la ville qui les rend moins pressés et soupçonneux que ne le sont les citadins. Je reste dubitatif sur la façon dont vivent ainsi les peuples, loin de la nature, mais il semble y avoir autant de modes de vie que de races sur ce monde. Peut-être qu’ailleurs, tout est différent.
Une fois le fruit épluché, je le mange tout en marchant, savourant la chair juteuse et acidulée de ce fruit que je n’ai pas eu l’occasion de goûter souvent. Les orangers sont inexistants dans le Bois et la plaine sèche qui l’entoure n’accueille hélas guère d’arbres susceptibles de donner ce genre de savoureux mets. C’est en me léchant les doigts que je remarque que les vergers changent du tout au tout selon les endroits. Ici des oranges, là des citrons, plus loin des olives ou des figues. Cela donne un charme à l’endroit tout en offrant le son des cigales, l’odeur fruitée ajoutée à celle de la mer qu’on aperçoit parfois au sommet d’une colline dominant le paysage.
Sentant la chaleur du soleil devenir de plus en plus forte, je profite qu’il y ait autant d’arbres pour m’aventurer dans l’un des vergers et m’installer contre un olivier pour reposer mes jambes et boire un peu d’eau. Je ferme les yeux, savourant la brise et le son des feuilles que les branches des arbres agitent doucement sous le vent. La terre est douce et pleine de vie ici. Les insectes volent tranquillement, les abeilles travaillent d’arrache-pied et leur bourdonnement, autrefois si familier, me semble presque nouveau à présent. Le Bois a tellement souffert de la corruption que même les insectes l’ont déserté, incapable de subvenir à leurs besoins parmi les arbres morts et les plantes devenant chaque jour moins vivantes. Mon premier but a toujours été de rejoindre le Convent et de rendre fière Isqua en faisant partie des Sorcières après toutes ces années qu’elle a passé à m’enseigner. J’espère que devenir l’une d’entre elles me donnera la force de raviver la vie dans le Bois…
- Hey là maraud ! Vire tes miches d’mon terrain ou il t’en cuira !
Une voix grave et pleine de colère me fait tourner la tête. J’aperçois un homme portant un chapeau de paille usé, de hautes bottes et un pantalon tout aussi usé. Il porte un grand panier sur le dos et un long bâton qu’il brandit comme si voulait effrayer les oiseaux. Il s’approche en soufflant comme un bœuf, ses yeux fixés sur moi, une moue réprobatrice sur son visage brunit par le soleil. Il ralentit finalement le pas en approchant et retire son chapeau, dévoilant un crâne presque aussi nu que son torse. Il s’incline, à ma plus grande surprise.
- Pardon mam’zelle, j’pensais mirer ces maudits vauriens de rej’tons d’l’autre empaffé d’Horel. Les auriez pas vu, par hasard ?
J’ai du mal à suivre ce qu’il raconte avec son accent à couper à la faucille et les mots qu’ils mâchent à moitié, mais j’ai bien compris qu’il m’a prise pour quelqu’un d’autre. Je me lève néanmoins et hoche la tête pour retourner son salut en retirant également mon chapeau avant de le remettre. Je suis bien incapable de lui dire si quelqu’un d’autre est dans les parages et cela suffit à le faire repartir en maugréant après m’avoir néanmoins souhaité une bonne route. Je reste interdite face à ce court échange qui prend finalement sens lorsque je le revois, quelques minutes plus tard, courir après un petit groupe d’enfant en train visiblement de se servir dans son oliveraie avant de partir en courant et en riant sous les vociférations du pauvre homme bien incapable de les rattraper. D’un mouvement de la main, une racine d’un arbre proche de leur route se lève, faisant trébucher le premier, entraînant ensuite le petit groupe qui finit par se faire enguirlander par le vieil homme tandis que je reprends ma route, amusée par l’insouciance de ces enfants et par le vieil homme acariâtre.
Les jours commencent ainsi à se succéder. Le jour étouffant laisse la place aux nuits plus fraîches que je passe à marcher pour rattraper les heures que je passe à l’ombre pendant la journée. Voyager de nuit offre d’autres visions. Des groupes de lucioles autour d’un point d’eau servant à irriguer les champs alentours offrent un ballet lumineux et hypnotique lors d’une nuit sans lune et j’ai bien souvent le nez levé vers le ciel à contempler les étoiles, les constellations et les nuages colorés offerts par le ciel nocturne. Plusieurs fois, cela me vaut de mettre le pied sur un défaut du sol ou de la route et manque de me faire tomber. Je veille alors à bien regarder où je vais, marchant toujours dans l’herbe malgré certains endroits où elle a souffert de la chaleur. La sensation de douceur sous mes pieds est réellement incomparable avec celle de marcher sur la terre battue ou la roche de la route.
J’ai repris la route après l’intense et étrange expérience avec cette fiole de fluide. Les questions se bousculent dans ma tête et j’ai hâte de demander à Isqua si elle a déjà eu affaire à une telle expérience. Il y a tant de choses qui restent à découvrir. La magie est un sujet si vaste et passionnant qu’il me tarde d’enfin commencer ma formation la concernant. Les préceptes du monde, de la vie, de la mort, de la nature, des plantes, des animaux, des autres races intelligentes foulant ce monde, tout ça a rythmé mes études durant ces dizaines d’années. Et pourtant, j’ai l’impression d’en apprendre encore davantage à chaque pas que je foule, à chaque individu que je croise. Comme cet homme sur son âne qui me salue jovialement alors qu’il emmène des paniers emplis d’olives en ville. Ou ces deux individus en armures qui me dépasse, montés sur leurs chevaux en me jetant simplement un regard avant de hocher la tête et de repartir. Il y a aussi cette femme et sa fille qui cueillent des oranges dans un verger entouré de petites barrières en bois.
Je les observe quelques instants et voit la plus jeune se hisser sur la pointe des pieds pour tenter, en vain, de cueillir les fruits dans les branches les plus hautes. Elle persiste et je souris devant la scène, avant de lui donner un peu d’aide. Usant du don de l’arcane, je fais doucement pencher les branches les plus hautes qui semblent s’incliner devant la jeune fille, amusant cette dernière qui s’empresse de pointer cela du doigt à sa mère avant de ramasser les fruits. C’est sa mère qui me repère et semble comprendre rapidement puisqu’elle fait un signe de la main auquel je réponds en inclinant la tête avant de repartir. J’ai à peine fait quelques pas qu’une petite voix fluette m’interpelle. Je me retourne pour voir l’enfant courir vers mois, foulant le sol de ses souliers, soulevant sa robe pour ne pas se prendre les pieds dedans, ses cheveux tressés en natte voltigeant derrière elle. Elle s’arrête à ma hauteur, les joues rougis d'avoir couru ainsi, avec un immense sourire aux lèvres et les yeux pétillants.
- Maman m’a dit que c’est toi qui as baissé les branches ! C’est vrai ?
- Et bien… oui. J’ai vu que tu avais du mal à atteindre celles du haut.
- Wahou, merci beaucoup ! C’est pour toi ! Maman a dit que c’est pour te remercier.
Elle me tend une des oranges qu’elle vient de ramasser et je l’accepte de bon cœur avant de saluer de la main l’enfant qui repart vers sa mère. J’observe un instant le fruit, retire mes gants, puis commence à l’éplucher en reprenant la route, amusée par cette rencontre aussi douce qu’inattendue. Peut-être que les humains sont plus plaisants quand ils sont jeunes ou lorsqu’on les aide… ou alors c’est simplement le fait de vivre en dehors de la ville qui les rend moins pressés et soupçonneux que ne le sont les citadins. Je reste dubitatif sur la façon dont vivent ainsi les peuples, loin de la nature, mais il semble y avoir autant de modes de vie que de races sur ce monde. Peut-être qu’ailleurs, tout est différent.
Une fois le fruit épluché, je le mange tout en marchant, savourant la chair juteuse et acidulée de ce fruit que je n’ai pas eu l’occasion de goûter souvent. Les orangers sont inexistants dans le Bois et la plaine sèche qui l’entoure n’accueille hélas guère d’arbres susceptibles de donner ce genre de savoureux mets. C’est en me léchant les doigts que je remarque que les vergers changent du tout au tout selon les endroits. Ici des oranges, là des citrons, plus loin des olives ou des figues. Cela donne un charme à l’endroit tout en offrant le son des cigales, l’odeur fruitée ajoutée à celle de la mer qu’on aperçoit parfois au sommet d’une colline dominant le paysage.
Sentant la chaleur du soleil devenir de plus en plus forte, je profite qu’il y ait autant d’arbres pour m’aventurer dans l’un des vergers et m’installer contre un olivier pour reposer mes jambes et boire un peu d’eau. Je ferme les yeux, savourant la brise et le son des feuilles que les branches des arbres agitent doucement sous le vent. La terre est douce et pleine de vie ici. Les insectes volent tranquillement, les abeilles travaillent d’arrache-pied et leur bourdonnement, autrefois si familier, me semble presque nouveau à présent. Le Bois a tellement souffert de la corruption que même les insectes l’ont déserté, incapable de subvenir à leurs besoins parmi les arbres morts et les plantes devenant chaque jour moins vivantes. Mon premier but a toujours été de rejoindre le Convent et de rendre fière Isqua en faisant partie des Sorcières après toutes ces années qu’elle a passé à m’enseigner. J’espère que devenir l’une d’entre elles me donnera la force de raviver la vie dans le Bois…
- Hey là maraud ! Vire tes miches d’mon terrain ou il t’en cuira !
Une voix grave et pleine de colère me fait tourner la tête. J’aperçois un homme portant un chapeau de paille usé, de hautes bottes et un pantalon tout aussi usé. Il porte un grand panier sur le dos et un long bâton qu’il brandit comme si voulait effrayer les oiseaux. Il s’approche en soufflant comme un bœuf, ses yeux fixés sur moi, une moue réprobatrice sur son visage brunit par le soleil. Il ralentit finalement le pas en approchant et retire son chapeau, dévoilant un crâne presque aussi nu que son torse. Il s’incline, à ma plus grande surprise.
- Pardon mam’zelle, j’pensais mirer ces maudits vauriens de rej’tons d’l’autre empaffé d’Horel. Les auriez pas vu, par hasard ?
J’ai du mal à suivre ce qu’il raconte avec son accent à couper à la faucille et les mots qu’ils mâchent à moitié, mais j’ai bien compris qu’il m’a prise pour quelqu’un d’autre. Je me lève néanmoins et hoche la tête pour retourner son salut en retirant également mon chapeau avant de le remettre. Je suis bien incapable de lui dire si quelqu’un d’autre est dans les parages et cela suffit à le faire repartir en maugréant après m’avoir néanmoins souhaité une bonne route. Je reste interdite face à ce court échange qui prend finalement sens lorsque je le revois, quelques minutes plus tard, courir après un petit groupe d’enfant en train visiblement de se servir dans son oliveraie avant de partir en courant et en riant sous les vociférations du pauvre homme bien incapable de les rattraper. D’un mouvement de la main, une racine d’un arbre proche de leur route se lève, faisant trébucher le premier, entraînant ensuite le petit groupe qui finit par se faire enguirlander par le vieil homme tandis que je reprends ma route, amusée par l’insouciance de ces enfants et par le vieil homme acariâtre.
Les jours commencent ainsi à se succéder. Le jour étouffant laisse la place aux nuits plus fraîches que je passe à marcher pour rattraper les heures que je passe à l’ombre pendant la journée. Voyager de nuit offre d’autres visions. Des groupes de lucioles autour d’un point d’eau servant à irriguer les champs alentours offrent un ballet lumineux et hypnotique lors d’une nuit sans lune et j’ai bien souvent le nez levé vers le ciel à contempler les étoiles, les constellations et les nuages colorés offerts par le ciel nocturne. Plusieurs fois, cela me vaut de mettre le pied sur un défaut du sol ou de la route et manque de me faire tomber. Je veille alors à bien regarder où je vais, marchant toujours dans l’herbe malgré certains endroits où elle a souffert de la chaleur. La sensation de douceur sous mes pieds est réellement incomparable avec celle de marcher sur la terre battue ou la roche de la route.
- Izel
- Messages : 26
- Enregistré le : mar. 9 juin 2020 21:21
Re: Les Fermes autour de Tulorim
Izel avait passé les jours suivant son départ du refuge des lutins à parcourir la contré sauvage. Elle n'avait hélas pas trouvé encore de faune remarquable, mais avait au moins noté quelques plantes. En revanche, elle ne savait plus vraiment où elle était, se demandant même si elle était encore dans les environs de Tulorim.
Continuant à marcher inlassablement, convaincu que ses pieds la mèneraient forcément en un lieu ou un autre, elle finit par suivre une route, espérant y trouver quelqu'un qui pourrait lui indiquer les lieux remarquables proches.
De fait, elle trouva quelqu'un. Et même deux personnes. L'une était un impressionnant woran à la fourrure blanche à la lourde épée. Sur ses épaules, se trouvait une petite femme à la peau et aux cheveux verts, avec une robe et un château pointue. Un peu surprise, Izel s'approcha et salua :
« Que les dieux vous gardent. Je suis une humble voyageuse et je cherche s'il y a un lieu remarquable ou une ville proche à découvrir. »
De ce qu'elle apprit, il n'y avait dans les environs que villes dangereuses, malfrats et déserts mortels. En revanche, ils avaient connaissance de la ville des lutins, et affirmaient qu'il y avait aussi un « campement ».
« Je viens précisément de chez les lutins mais... un campement ? Je n'ai rien vue. Je suis un peu perdu, à vrai dire. »
Il s'agissait apparemment d'un camp woran, le clan de l'aigle. La fille verte lui proposa de les suivre :
« Vous pouvez faire le trajet avec nous si vous voulez ! Comme ça vous ne serez plus perdue et peut-être que vous trouverez votre voie en chemin. »
« Ma voie est celle que les dieux me donnent. Mais, qu'Utu vous bénisse, je vous suivrais avec plaisir. Je suis curieuse de rencontrer les woran des contrées lointaines. »
Elle sourit :
« Si je puis me permettre, êtes-vous une sorte d'elfe ? Ou apparentée au dryades qu'on dit pourtant éteinte ? »
Ils se présentèrent comme Fanangä le woran et Syelsa la taurionne. Elle souleva son chapeau, sur lequel était posé un papillon. Ce nom de peuple n'était pas inconnue d'Izel, car on disait qu'ils vivaient aussi dans la jungle, quoique ne s'approchant des grandes villes ayajpak que rarement. Elle inclina la tête :
« Izel Ilhuicoatl, de l'Oianid Macktiuelti d'Eniod. Je suis en voyage pour rédiger un codex sur la faune, la flore et les peuples de l'Imiftil. »
Et, en réponse à Fanangä qui s'interrogeait sur la raison pour laquelle les dieux l'auraient amené ici, elle sourit :
« Je l'ignore aussi, mais j'ai confiance. Notre rencontre est peut-être un signe d'Utu ? L'avenir le dira. »
Ils lui proposèrent leur aide assez spontanément, ce qui était surprenant, et plutôt une bonne nouvelle. D'autant que la taurionne se décrivait comme une « sorcière des plantes ».
« Je dois voir et non m'entendre raconter des histoires, mais si vous acceptez de me conseiller, ce sera avec grand plaisir ! Mettons-nous en route ! » lança-t-elle.
Ils se mirent donc en marche, tandis que la jeune fille demandait avec curiosité pourquoi elle voulait faire un codex.
« C'est... compliqué. Disons que c'est la meilleure contribution que je puisse apporter à mon peuple, je pense... »
Izel se fit un peu plus distante. Ses raisons étaient trop personnelles pour être exposées ainsi... Cependant, quelque chose l'avait interpellé :
« Comment m'avez-vous appelé ? »
Elle expliqua alors que dans son couvent, les noms avaient une grande importance et le devaient pas être employés à la légère, c'est pourquoi elle préférait nommer les gens par d'autres noms. Le woran était ainsi Sorno silma « l'aigle blanc », et Izel serait Colehtë, du nom d'un oiseau surnommé le porte-lance. Cela la fit sourire :
« Voilà une tradition intéressante. Je m'en souviendrais. Mon peuple à une tradition similaire, et nos noms ont souvent une signification. Le mien signifie « l'unique serpent céleste ». C'est ainsi que mes parents m'ont nommés. Nos peuples ne sont peut-être pas si éloignés. »
« Je ne connais pas bien les traditions de votre peuple et je n'ai pas vu un des miens depuis de nombreuses saisons, je ne saurais dire. Vous avez un joli nom, en tout cas. »
La suite du chemin fut plus silencieuse. Syelsa s'arrêtait régulièrement pour récolter des plantes. Izel en profitait pour lui demander le nom et les vertus de ces plantes, s'efforçant de tout mémoriser comme une vraie exploratrice Ayajpak. Pour sa part, elle partit de sa propre initiative chercher à manger. Si elle ne parvint à capturer aucune proie, elle trouva au moins des baies et des champignons qu'elle savait comestible. Elle les prépara le soir, tout en récitant une courte prière à Shezal Macktotl pour le remercier de leur accorder la subsistance. Puis, comme la nuit tombait et que Huarakohatli établissait son empire, elle laissa échapper un frisson. Chaque nuit, elle se demandait si son père spirituel n'allait pas venir la chercher, si elle allait vraiment se réveiller le lendemain matin...
Mais si, elle se réveillait toujours, et ils atteignirent bientôt le camp de l'aigle.
Les worans avaient établis là un ensemble de tentes et de constructions rudimentaires. Il régnait une certaine activité, mais la principale préoccupation d'Izel était la réputation sauvage des hommes-félins. Aussi, elle se tourna vers le compagnon de route poilu pour demander s'il avait connaissance de choses à faire ou de traditions à respecter pour ne pas froisser les habitants.
« Ne répondez jamais à une quelconque provocation ou vous risquez d'avoir à vous battre devant tout le village, selon les lois Woran... qui ne seront guère à votre avantage. Les étrangers sont rarement bienvenus et, même si nous avons requis l'aide de la petite sorcière, cela s'applique tout de même. Faites preuve de respect envers les prêtresses, particulièrement la matriarche et observez ce que j'ai fait pendant le voyage, à savoir rester calme pendant la nuit, lorsqu'Utu n'est plus maître du ciel. Restez près de moi et tout ira bien. D'autres questions avant que nous n'approchions ? Les sentinelles nous ont surement déjà remarqué. »
Des avertissements sages à défaut d'être rassurants. Parfaitement impassible, Izel hocha la tête et prit le chemin du village.
Continuant à marcher inlassablement, convaincu que ses pieds la mèneraient forcément en un lieu ou un autre, elle finit par suivre une route, espérant y trouver quelqu'un qui pourrait lui indiquer les lieux remarquables proches.
De fait, elle trouva quelqu'un. Et même deux personnes. L'une était un impressionnant woran à la fourrure blanche à la lourde épée. Sur ses épaules, se trouvait une petite femme à la peau et aux cheveux verts, avec une robe et un château pointue. Un peu surprise, Izel s'approcha et salua :
« Que les dieux vous gardent. Je suis une humble voyageuse et je cherche s'il y a un lieu remarquable ou une ville proche à découvrir. »
De ce qu'elle apprit, il n'y avait dans les environs que villes dangereuses, malfrats et déserts mortels. En revanche, ils avaient connaissance de la ville des lutins, et affirmaient qu'il y avait aussi un « campement ».
« Je viens précisément de chez les lutins mais... un campement ? Je n'ai rien vue. Je suis un peu perdu, à vrai dire. »
Il s'agissait apparemment d'un camp woran, le clan de l'aigle. La fille verte lui proposa de les suivre :
« Vous pouvez faire le trajet avec nous si vous voulez ! Comme ça vous ne serez plus perdue et peut-être que vous trouverez votre voie en chemin. »
« Ma voie est celle que les dieux me donnent. Mais, qu'Utu vous bénisse, je vous suivrais avec plaisir. Je suis curieuse de rencontrer les woran des contrées lointaines. »
Elle sourit :
« Si je puis me permettre, êtes-vous une sorte d'elfe ? Ou apparentée au dryades qu'on dit pourtant éteinte ? »
Ils se présentèrent comme Fanangä le woran et Syelsa la taurionne. Elle souleva son chapeau, sur lequel était posé un papillon. Ce nom de peuple n'était pas inconnue d'Izel, car on disait qu'ils vivaient aussi dans la jungle, quoique ne s'approchant des grandes villes ayajpak que rarement. Elle inclina la tête :
« Izel Ilhuicoatl, de l'Oianid Macktiuelti d'Eniod. Je suis en voyage pour rédiger un codex sur la faune, la flore et les peuples de l'Imiftil. »
Et, en réponse à Fanangä qui s'interrogeait sur la raison pour laquelle les dieux l'auraient amené ici, elle sourit :
« Je l'ignore aussi, mais j'ai confiance. Notre rencontre est peut-être un signe d'Utu ? L'avenir le dira. »
Ils lui proposèrent leur aide assez spontanément, ce qui était surprenant, et plutôt une bonne nouvelle. D'autant que la taurionne se décrivait comme une « sorcière des plantes ».
« Je dois voir et non m'entendre raconter des histoires, mais si vous acceptez de me conseiller, ce sera avec grand plaisir ! Mettons-nous en route ! » lança-t-elle.
Ils se mirent donc en marche, tandis que la jeune fille demandait avec curiosité pourquoi elle voulait faire un codex.
« C'est... compliqué. Disons que c'est la meilleure contribution que je puisse apporter à mon peuple, je pense... »
Izel se fit un peu plus distante. Ses raisons étaient trop personnelles pour être exposées ainsi... Cependant, quelque chose l'avait interpellé :
« Comment m'avez-vous appelé ? »
Elle expliqua alors que dans son couvent, les noms avaient une grande importance et le devaient pas être employés à la légère, c'est pourquoi elle préférait nommer les gens par d'autres noms. Le woran était ainsi Sorno silma « l'aigle blanc », et Izel serait Colehtë, du nom d'un oiseau surnommé le porte-lance. Cela la fit sourire :
« Voilà une tradition intéressante. Je m'en souviendrais. Mon peuple à une tradition similaire, et nos noms ont souvent une signification. Le mien signifie « l'unique serpent céleste ». C'est ainsi que mes parents m'ont nommés. Nos peuples ne sont peut-être pas si éloignés. »
« Je ne connais pas bien les traditions de votre peuple et je n'ai pas vu un des miens depuis de nombreuses saisons, je ne saurais dire. Vous avez un joli nom, en tout cas. »
La suite du chemin fut plus silencieuse. Syelsa s'arrêtait régulièrement pour récolter des plantes. Izel en profitait pour lui demander le nom et les vertus de ces plantes, s'efforçant de tout mémoriser comme une vraie exploratrice Ayajpak. Pour sa part, elle partit de sa propre initiative chercher à manger. Si elle ne parvint à capturer aucune proie, elle trouva au moins des baies et des champignons qu'elle savait comestible. Elle les prépara le soir, tout en récitant une courte prière à Shezal Macktotl pour le remercier de leur accorder la subsistance. Puis, comme la nuit tombait et que Huarakohatli établissait son empire, elle laissa échapper un frisson. Chaque nuit, elle se demandait si son père spirituel n'allait pas venir la chercher, si elle allait vraiment se réveiller le lendemain matin...
Mais si, elle se réveillait toujours, et ils atteignirent bientôt le camp de l'aigle.
Les worans avaient établis là un ensemble de tentes et de constructions rudimentaires. Il régnait une certaine activité, mais la principale préoccupation d'Izel était la réputation sauvage des hommes-félins. Aussi, elle se tourna vers le compagnon de route poilu pour demander s'il avait connaissance de choses à faire ou de traditions à respecter pour ne pas froisser les habitants.
« Ne répondez jamais à une quelconque provocation ou vous risquez d'avoir à vous battre devant tout le village, selon les lois Woran... qui ne seront guère à votre avantage. Les étrangers sont rarement bienvenus et, même si nous avons requis l'aide de la petite sorcière, cela s'applique tout de même. Faites preuve de respect envers les prêtresses, particulièrement la matriarche et observez ce que j'ai fait pendant le voyage, à savoir rester calme pendant la nuit, lorsqu'Utu n'est plus maître du ciel. Restez près de moi et tout ira bien. D'autres questions avant que nous n'approchions ? Les sentinelles nous ont surement déjà remarqué. »
Des avertissements sages à défaut d'être rassurants. Parfaitement impassible, Izel hocha la tête et prit le chemin du village.
- Syelsa
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Re: Les Fermes autour de Tulorim
Les dents de l’herbe.
Après quelques jours de voyage, les grandes plaines à la végétation jaunie et rachitique qui bordent les Bois laissent bientôt la place à de petites collines verdoyantes aux arbres fruitiers et où on peut apercevoir, ça et là, de petites habitations entourant des champs. La route elle-même semble retrouver un second souffle, mais je continue de marcher dans l’herbe, me délectant de la sensation de fraicheur et de vie qui effleure chacun de mes pas, bien loin de la dureté irritante de la route pavée que mon compagnon de route m’enjoint à prendre. Je suis simplement plus à l’aise dans l’herbe, autant parce que je vais pieds nus, que parce que je préfère la sensation de l’herbe à la pierre taillée par l’homme. Je n’ai pas peur des chardons et autre plantes piquantes. Après des décennies à marcher ainsi, j’ai appris à rapidement retirer mon pied au moindre changement dans le sol, m’évitant de me retrouver à marcher sur des épines.
- Je préférerais te ramener en un seul morceau auprès des miens.
Je lui souris, touchée par sa prévenance. Il semble surpris et détourne le regard, me laissant perplexe, même si je n’ajoute rien. Il semble embarrassé pendant un instant. Tout comme il l’est lorsque, profitant d’un ruisseau, je me déshabille pour me laver avant de sécher au soleil. Il est resté dos à moi tout du long, comme si son regard risquait de me gêner. Cela me rappelle ce pêcheur qui semblait lui aussi gêné par ma nudité lorsque j’avais été cherché les plantes sous-marines qu’Isqua m’avait demandé de récupérer. J’admets avoir du mal à comprendre ce qui dérange tant les gens de voir quelqu’un sans vêtements. Une fois rhabillée, nous reprenons notre route et je me tourne vers Sorno silma, cherchant une réponse à mon interrogation. Cela semble l’embarrasser encore plus.
- Et bien… c’est juste… comme ça. On ne se dévoile pas devant n’importe qui. Regarde, tu portes une robe.
- C’est une robe de sorcière, c’est la tradition. Je pensais juste que les Worans ne s’encombraient pas d’habits.
- Nous ne sommes pas des animaux !
Il semble soudainement s’énerver contre moi en me fixant d’un air furieux. Tout ça alors qu’il a mal compris mes mots. Je soupire et secoue la tête.
- Ce n’est pas ce que j’ai voulu dire. Simplement, de ce que je sais de votre mode de vie, je vous pensais davantage comme mon peuple.
- Ton peuple ?
- Les Taurions, ou elfe verts ou elfes des bois si vous préférez. Cela fait longtemps, mais, dans mes souvenirs, nous vêtir n’était pas notre première préoccupation. Mais nous ne vivons pas aussi proches des humains que vous, peut-être que c’était par nécessité.
- Peut-être, oui.
Et la conversation s’arrête là et je ne renchéris pas. Le sujet ne semble pas vraiment lui plaire et je n’ai pas pour habitude d’insister lorsque mon interlocuteur souhaite mettre fin à la conversation. Au lieu de ça, nous marchons en silence et je profite du vent qui rafraichit quelque peu mon visage agressé par le soleil dardant ses rayons sur nous depuis le milieu de la matinée. Nous croisons finalement quelques personnes, mais ceux-ci ne s’attardent pas et préfèrent même passer leur chemin rapidement. Lorsque j’en demande la raison à voix haute, curieuse, Sorno silma reste muet, mais je peux apercevoir une certaine tension dans sa mâchoire. Une fois de plus, je me retiens d’insister. Communiquer n’est pas vraiment évident par moment.
Après une halte pour manger quelques provisions devenant éparses dans nos sacs respectifs, nous reprenons la route. Le village de son clan n’est plus qu’à quelques jours de marche, alors Sorno silma semble plus heureux. Tout comme moi je le suis en revenant auprès d’Isqua. L’atmosphère se détend et il parle un peu des siens, d’Utu, le dieu soleil, des épreuves de son peuple et de sa volonté de trouver une belle woran à qui faire des enfants. Cela m’arrache un sourire et je lui conte quelques moments de ma vie, de mon apprentissage et du seul voyage que j’ai pu faire depuis que j’ai commencé à habiter dans les bois. Lui voyage beaucoup, étant une sorte de messager tout en étant un guerrier. Et chaque soir, avant que le soleil ne se couche pour de bon, il s’entraine et je l’observe manier son épée qui semble être plus grande que moi en me demandant à quoi peut bien servir pareil instrument.
J’obtiens la réponse le lendemain. Comme à mon habitude, je marche dans l’herbe, un fruit en main et une chanson soufflant entre mes lèvres, observant le paysage qui se colore toujours un peu plus en se couvrant d’arbres fruitiers et de maisons de moins en moins dispersées. Puis, une douleur terrible me prend à la cheville et je tombe au sol en criant. J’entends un juron de la bouche de mon compagnon avant de jeter un œil à mon pied. Quelque chose s’y est agrippé en le mordant violemment. Quelque chose qui ressemble à une plante, mais avec des dents qui me transpercent la cheville. Ni une ni deux, Sorno silma tranche la plante d’un coup de son épée, mais sans que cela n’enlève sa tête de ma cheville. Il s’agenouille et tente de tirer, mais je l’arrête bien vite, le pied encore plus douloureux.
- Arrêtez ! Arrêtez !
- Il faut l’enlever…
- Je sais.. Aïe… pas comme ça ! Vous allez m’arracher le pied !
- D’accord, d’accord. Je vais écarter ses mâchoires, alors retire ton pied dès que tu peux.
Je hoche la tête, les yeux humides à cause de la douleur alors qu’il s’accroupit. Des ses grandes mains, il tire de chaque côté de la mâchoire de la plante, ignorant les dents qui ne semblent pas passer ses épais gants de cuir et tire. Je récupère ma jambe avant que la mâchoire ne se referme d’un claquement sec lorsqu’il la relâche. Puis, sans hésiter, il écrase la plante du plat de son épée avant de venir vers moi alors que je tente de sortir mes propres plantes de ma sacoche, les doigts tremblants.
- Je t’avais dit de marcher sur la route…
Je ne réponds rien, gardant les lèvres serrées. Il soupire et tend la main, m’offrant un regard encourageant. Je finis par lui donner ma sacoche et il en tire le baume que je cherchais avant de l’appliquer délicatement sur ma cheville. Qui aurait cru que d’aussi énormes mains puissent être si douces ? Il enroule le tout dans un linge propre et me bande la cheville avant de se relever pour venir à ma hauteur, un sourire aux lèvres.
- Tu ne peux pas marcher dans cet état… allez !
Sans efforts et sans demander, il me soulève d’un coup et me juche sur son épaule ou je me cramponne à sa tête avant qu’il ne proteste et que je ne le lâche malgré mon appréhension. Il garde une main sur mon genou pour me garder stable et reprend la route sans plus s’attarder. Je finis par annoncer, pleine d’une mauvaise foi que je ne pensais pas posséder.
- Je pouvais marcher.
Cela le fait rire. Un rire puissant, mais doux et je me prends à rire aussi. Ma cheville me lance toujours et il faudra sans doute quelques jours avant que ça ne soit guéri, mais qu’importe. Je ne vais pas arrêter de marcher dans l’herbe pour si peu.
- Mets des bottes au moins.
- Jamais !
Après quelques jours de voyage, les grandes plaines à la végétation jaunie et rachitique qui bordent les Bois laissent bientôt la place à de petites collines verdoyantes aux arbres fruitiers et où on peut apercevoir, ça et là, de petites habitations entourant des champs. La route elle-même semble retrouver un second souffle, mais je continue de marcher dans l’herbe, me délectant de la sensation de fraicheur et de vie qui effleure chacun de mes pas, bien loin de la dureté irritante de la route pavée que mon compagnon de route m’enjoint à prendre. Je suis simplement plus à l’aise dans l’herbe, autant parce que je vais pieds nus, que parce que je préfère la sensation de l’herbe à la pierre taillée par l’homme. Je n’ai pas peur des chardons et autre plantes piquantes. Après des décennies à marcher ainsi, j’ai appris à rapidement retirer mon pied au moindre changement dans le sol, m’évitant de me retrouver à marcher sur des épines.
- Je préférerais te ramener en un seul morceau auprès des miens.
Je lui souris, touchée par sa prévenance. Il semble surpris et détourne le regard, me laissant perplexe, même si je n’ajoute rien. Il semble embarrassé pendant un instant. Tout comme il l’est lorsque, profitant d’un ruisseau, je me déshabille pour me laver avant de sécher au soleil. Il est resté dos à moi tout du long, comme si son regard risquait de me gêner. Cela me rappelle ce pêcheur qui semblait lui aussi gêné par ma nudité lorsque j’avais été cherché les plantes sous-marines qu’Isqua m’avait demandé de récupérer. J’admets avoir du mal à comprendre ce qui dérange tant les gens de voir quelqu’un sans vêtements. Une fois rhabillée, nous reprenons notre route et je me tourne vers Sorno silma, cherchant une réponse à mon interrogation. Cela semble l’embarrasser encore plus.
- Et bien… c’est juste… comme ça. On ne se dévoile pas devant n’importe qui. Regarde, tu portes une robe.
- C’est une robe de sorcière, c’est la tradition. Je pensais juste que les Worans ne s’encombraient pas d’habits.
- Nous ne sommes pas des animaux !
Il semble soudainement s’énerver contre moi en me fixant d’un air furieux. Tout ça alors qu’il a mal compris mes mots. Je soupire et secoue la tête.
- Ce n’est pas ce que j’ai voulu dire. Simplement, de ce que je sais de votre mode de vie, je vous pensais davantage comme mon peuple.
- Ton peuple ?
- Les Taurions, ou elfe verts ou elfes des bois si vous préférez. Cela fait longtemps, mais, dans mes souvenirs, nous vêtir n’était pas notre première préoccupation. Mais nous ne vivons pas aussi proches des humains que vous, peut-être que c’était par nécessité.
- Peut-être, oui.
Et la conversation s’arrête là et je ne renchéris pas. Le sujet ne semble pas vraiment lui plaire et je n’ai pas pour habitude d’insister lorsque mon interlocuteur souhaite mettre fin à la conversation. Au lieu de ça, nous marchons en silence et je profite du vent qui rafraichit quelque peu mon visage agressé par le soleil dardant ses rayons sur nous depuis le milieu de la matinée. Nous croisons finalement quelques personnes, mais ceux-ci ne s’attardent pas et préfèrent même passer leur chemin rapidement. Lorsque j’en demande la raison à voix haute, curieuse, Sorno silma reste muet, mais je peux apercevoir une certaine tension dans sa mâchoire. Une fois de plus, je me retiens d’insister. Communiquer n’est pas vraiment évident par moment.
Après une halte pour manger quelques provisions devenant éparses dans nos sacs respectifs, nous reprenons la route. Le village de son clan n’est plus qu’à quelques jours de marche, alors Sorno silma semble plus heureux. Tout comme moi je le suis en revenant auprès d’Isqua. L’atmosphère se détend et il parle un peu des siens, d’Utu, le dieu soleil, des épreuves de son peuple et de sa volonté de trouver une belle woran à qui faire des enfants. Cela m’arrache un sourire et je lui conte quelques moments de ma vie, de mon apprentissage et du seul voyage que j’ai pu faire depuis que j’ai commencé à habiter dans les bois. Lui voyage beaucoup, étant une sorte de messager tout en étant un guerrier. Et chaque soir, avant que le soleil ne se couche pour de bon, il s’entraine et je l’observe manier son épée qui semble être plus grande que moi en me demandant à quoi peut bien servir pareil instrument.
J’obtiens la réponse le lendemain. Comme à mon habitude, je marche dans l’herbe, un fruit en main et une chanson soufflant entre mes lèvres, observant le paysage qui se colore toujours un peu plus en se couvrant d’arbres fruitiers et de maisons de moins en moins dispersées. Puis, une douleur terrible me prend à la cheville et je tombe au sol en criant. J’entends un juron de la bouche de mon compagnon avant de jeter un œil à mon pied. Quelque chose s’y est agrippé en le mordant violemment. Quelque chose qui ressemble à une plante, mais avec des dents qui me transpercent la cheville. Ni une ni deux, Sorno silma tranche la plante d’un coup de son épée, mais sans que cela n’enlève sa tête de ma cheville. Il s’agenouille et tente de tirer, mais je l’arrête bien vite, le pied encore plus douloureux.
- Arrêtez ! Arrêtez !
- Il faut l’enlever…
- Je sais.. Aïe… pas comme ça ! Vous allez m’arracher le pied !
- D’accord, d’accord. Je vais écarter ses mâchoires, alors retire ton pied dès que tu peux.
Je hoche la tête, les yeux humides à cause de la douleur alors qu’il s’accroupit. Des ses grandes mains, il tire de chaque côté de la mâchoire de la plante, ignorant les dents qui ne semblent pas passer ses épais gants de cuir et tire. Je récupère ma jambe avant que la mâchoire ne se referme d’un claquement sec lorsqu’il la relâche. Puis, sans hésiter, il écrase la plante du plat de son épée avant de venir vers moi alors que je tente de sortir mes propres plantes de ma sacoche, les doigts tremblants.
- Je t’avais dit de marcher sur la route…
Je ne réponds rien, gardant les lèvres serrées. Il soupire et tend la main, m’offrant un regard encourageant. Je finis par lui donner ma sacoche et il en tire le baume que je cherchais avant de l’appliquer délicatement sur ma cheville. Qui aurait cru que d’aussi énormes mains puissent être si douces ? Il enroule le tout dans un linge propre et me bande la cheville avant de se relever pour venir à ma hauteur, un sourire aux lèvres.
- Tu ne peux pas marcher dans cet état… allez !
Sans efforts et sans demander, il me soulève d’un coup et me juche sur son épaule ou je me cramponne à sa tête avant qu’il ne proteste et que je ne le lâche malgré mon appréhension. Il garde une main sur mon genou pour me garder stable et reprend la route sans plus s’attarder. Je finis par annoncer, pleine d’une mauvaise foi que je ne pensais pas posséder.
- Je pouvais marcher.
Cela le fait rire. Un rire puissant, mais doux et je me prends à rire aussi. Ma cheville me lance toujours et il faudra sans doute quelques jours avant que ça ne soit guéri, mais qu’importe. Je ne vais pas arrêter de marcher dans l’herbe pour si peu.
- Mets des bottes au moins.
- Jamais !
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Re: Les Fermes autour de Tulorim
La jeune Porte-lance
Après l’incident, Sorno Silma a décidé de me garder sur son épaule dès que nous nous mettions en route. Lui ne souffrait que bien peu de l’exercice, le qualifiant même de facile comparé à ce qu’il avait déjà fait et je ne risquais pas de me faire hacher le pied à nouveau. La route reprend donc, calme et paisible. Nous croisons fermiers et familles, qui sont étrangement plus distantes que dans mes souvenirs. Mon compagnon de route accepte le fait qu’il y soit sans doute pour quelque chose et je soupire. Je comprends d’un côté la méfiance face à un guerrier, mais j’ai surtout le sentiment que c’est lié à une réputation que les worans se sont forgés à cause de quelques incidents qui n’ont rien à voir avec lui. Quand j’en parle, un soir, il dit simplement qu’il a l’habitude et clôt la conversation. Tout cela ne me semble pas juste, mais je sais que changer les mentalités serait un travail de longue haleine. Il ferme les yeux et je reste là à me demander si cela pourrait changer un jour.
Le lendemain, toujours juchée sur son épaule, j’aperçois une silhouette solitaire bien différente de toutes les personnes que nous avons croisées jusque-là. Une jeune femme, humaine, à la peau sombre et à la chevelure sauvage avance, seule, au milieu de la route. Ses habits sont simples et peu couvrants, ce qui me semble étonnant sur une humaine. Elle porte des bijoux fait d’or ainsi qu’une curieuse lance à la longue lame verte et ornée de ce qui ressemble à du gui rouge. Cette fameuse lance posée sur l’épaule, elle s’arrête devant nous, demandant conseils et directions après nous avoir salué. Sa voix est agréable à l’oreille et je lui souris en lui faisant un signe de la main tandis que mon compagnon, toujours sérieux, lui répond.
- Qu'Utu éclaire votre chemin, Ayajpak, il est rare de croiser les vôtres par ici. Je vous déconseillerais néanmoins de poursuivre vers l'Ouest, il n'y a que désert et ville de malfrats pour vous accueillir, sans compter les arpenteurs défunts qui jalonnent les sentiers déjà peu sûrs...
Ayajpak… Ce nom ne m’est pas inconnu, mais c’est la première fois que j’en vois une vraie. Isqua m’a parlé de ces humains qui vivent dans les jungles au Sud, même si elle n’a jamais vraiment pu entrer dans les détails, leur ethnie étant bien loin de nous et vivant dans des endroits difficiles d’accès, de ce qu’elle en sait. Curieuse, je me penche, intriguée par les tatouages qui peignent son visage avant d’ajouter, pour ne pas sembler la dévisager.
- Il paraît que c'est pire que Tulorim, qui est déjà affreuse... Là d'où vous venez il y a une forêt avec des lutins et un vieil Oudio solitaire, mais très gentil. Ah et il y a le campement où nous allons, aussi !
Elle admet connaître le lieu de vie des lutins, ce qui me surprend. Je pensais les petites créatures plus enclines à protéger la localisation de leur village. Les dangers seraient nombreux si des Grands venaient à trop s’en approcher. Et alors que Sorno Silma lui décrit le campement où vit son peuple, une idée me vient. Elle cherche visiblement une direction et, puisqu’elle ne sait pas où aller et que nous lui avons déconseillé l’Ouest...
- Vous pouvez faire le trajet avec nous si vous voulez ! Comme ça vous ne serez plus perdue et peut-être que vous trouverez votre voie en chemin ?
Elle accepte, autant par curiosité envers les worans vivant dans la région que par croyance que les dieux, d’une manière ou d’une autre, pavent sa route et la direction qu’elle prend. Sorno Silma se montre également curieux à propos de la jeune femme et son peuple et des raisons l’ayant amenée ici, tout comme moi. Je souris à la question qu’elle me pose, demandant si je suis une elfe ou apparenté aux dryades, ces créatures dont Isqua m’a parlé et qui ont une origine en dehors de notre monde. Je retire mon chapeau où se trouve toujours le petit papillon bleu, dévoilant mes cheveux couleur de feuilles et mes oreilles, si différentes des siennes.
- Elfes verts, elfes des bois, les humains nous donnent différents noms. Je suis une Taurionne, et mon nom est Syelsa.
- Izel Ilhuicoatl, de l'Oianid Macktiuelti d'Eniod. Je suis en voyage pour rédiger un codex sur la faune, la flore et les peuples de l'Imiftil.
Un programme fort intéressant et un nom qui sonne doux à mes oreilles, même si sa signification me reste inconnue. J’espère en apprendre sur son peuple pendant le temps que je passerai avec elle. Mon compagnon de route assure pouvoir l’aider dans ses recherches et annonce qu’en tant que magicienne des plantes, je serais sans doute à même de faire pareil. Je hoche la tête, mais rectifie néanmoins une chose.
- Sorcière serait plus exacte, mais c'est ça. J'étudie, manipule et protège les plantes et la nature. Je serai ravie de vous aider également. Signe ou non des dieux, cela tombe à pic en tout cas !
- Je dois voir et non m'entendre raconter des histoires, mais si vous acceptez de me conseiller, ce sera avec grand plaisir ! Mettons-nous en route !
Sa façon de voir les choses me plaît, bien que je me demande d’où cette envie de créer un tel ouvrage peut bien lui venir. Nombreux sont les chercheurs, mages et érudits à s’informer sur tout ce que notre mon a à offrir, je me demande bien comment elle compte faire.
- Je serai heureuse de vous aider, Colehtë. Pourquoi avoir décidé de faire ce codex ?
Ses raisons semblent… personnelles. Elle se montre moins loquace à ce sujet, presque distante et je n'insiste guère, comprenant sans mal que ce n’est pas quelque genre dont elle souhaite discuter. Ma curiosité est piquée, mais je sais me tenir et garde les lèvres closes, du moins jusqu’à ce qu’elle pose me demande la raison du nom que je viens de lui donner sans même y penser. Sorno Silma ricane et je lui renvoie une moue contrariée avant de m’expliquer, espérant ne pas l’avoir froissé sans le vouloir.
- Colehtë, c'est le nom dans la langue de mon peuple pour un oiseau que les humains appellent Porte-lance et qui vit dans les forêts du Sud. Je ne voulais pas vous offenser. C'est juste une habitude de nommer ainsi les gens autrement. Les noms ont un vrai pouvoir chez les Sorcières et je préfère ne pas utiliser ceux des gens à la légère.
- Elle m'a appelé Sorno silma, "L'aigle blanc", pour vous donner une idée.
- Voilà une tradition intéressante. Je m'en souviendrais. Mon peuple à une tradition similaire, et nos noms ont souvent une signification. Le mien signifie « l'unique serpent céleste ». C'est ainsi que mes parents m'ont nommée. Nos peuples ne sont peut-être pas si éloignés.
D’une certaine façon, elle a sans doute raison et sans doute ont-ils cohabité à une certaine époque, si tous les deux vivent au sud, dans les forêts. Pourtant je n’ai aucun souvenir d’avoir croisé un quelconque Ayajpaks dans les villages des miens dans mon enfance. Peut-être était-ce il y a longtemps. Je suis de plus ravie de connaître la signification de son nom, qui est vraiment jolie, il faut le reconnaître.
- Je ne connais pas bien les traditions de votre peuple et je n'ai pas vu un des miens depuis de nombreuses saisons, je ne saurais dire. Vous avez un joli nom, en tout cas.
Et c’est ainsi que débute le voyage en compagnie de Colehtë. Un voyage calme et bucolique au cours duquel je prends le temps, une fois ma cheville suffisamment guérie pour marcher un peu, de ramasser plantes baies pouvant être utiles et expliquant leurs propriétés et intérêt à Colehtë qui se montre intéressée tandis que notre woran de compagnon s’occupe des repas. Je reste la plupart du temps sur son épaule, d’ailleurs, à sa demande, le temps que ma cheville récupère vraiment. A force de soins, elle va déjà mieux, mais mieux vaut éviter de trop en faire. Comme à son habitude, c’est lui qui arrête notre marche lorsque la nuit approche et qui dresse le camp tandis que j’étudie les environs, cueille des fruits dans les arbres environnants tandis que la jeune humaine part à la cueillette de baies et de champignons. Notre trio s’habitue rapidement à vivre ainsi, jusqu’à ce que le fameux campement n'apparaisse enfin, en haut d’une colline. Marchant derrière les deux autres, j’entends Colehtë demander s'il y a des précautions ou gestes à observer. La réponse est sans appel, attendue, mais néanmoins importante.
- Ne répondez jamais à une quelconque provocation ou vous risquez d'avoir à vous battre devant tout le village, selon les lois Woran... qui ne seront guère à votre avantage. Les étrangers sont rarement bienvenus et, même si nous avons requis l'aide de la petite sorcière, cela s'applique tout de même. Faites preuve de respect envers les prêtresses, particulièrement la matriarche et observez ce que j'ai fait pendant le voyage, à savoir rester calme pendant la nuit, lorsqu'Utu n'est plus maître du ciel. Restez près de moi et tout ira bien. D'autres questions avant que nous n'approchions ? Les sentinelles nous ont surement déjà remarqué.
Aucune de nous n’en a, aussi, nous nous dirigeons droit sur le campement et la hâte de connaître le fin mot de l’histoire commence à se faire ressentir à nouveau.
Après l’incident, Sorno Silma a décidé de me garder sur son épaule dès que nous nous mettions en route. Lui ne souffrait que bien peu de l’exercice, le qualifiant même de facile comparé à ce qu’il avait déjà fait et je ne risquais pas de me faire hacher le pied à nouveau. La route reprend donc, calme et paisible. Nous croisons fermiers et familles, qui sont étrangement plus distantes que dans mes souvenirs. Mon compagnon de route accepte le fait qu’il y soit sans doute pour quelque chose et je soupire. Je comprends d’un côté la méfiance face à un guerrier, mais j’ai surtout le sentiment que c’est lié à une réputation que les worans se sont forgés à cause de quelques incidents qui n’ont rien à voir avec lui. Quand j’en parle, un soir, il dit simplement qu’il a l’habitude et clôt la conversation. Tout cela ne me semble pas juste, mais je sais que changer les mentalités serait un travail de longue haleine. Il ferme les yeux et je reste là à me demander si cela pourrait changer un jour.
Le lendemain, toujours juchée sur son épaule, j’aperçois une silhouette solitaire bien différente de toutes les personnes que nous avons croisées jusque-là. Une jeune femme, humaine, à la peau sombre et à la chevelure sauvage avance, seule, au milieu de la route. Ses habits sont simples et peu couvrants, ce qui me semble étonnant sur une humaine. Elle porte des bijoux fait d’or ainsi qu’une curieuse lance à la longue lame verte et ornée de ce qui ressemble à du gui rouge. Cette fameuse lance posée sur l’épaule, elle s’arrête devant nous, demandant conseils et directions après nous avoir salué. Sa voix est agréable à l’oreille et je lui souris en lui faisant un signe de la main tandis que mon compagnon, toujours sérieux, lui répond.
- Qu'Utu éclaire votre chemin, Ayajpak, il est rare de croiser les vôtres par ici. Je vous déconseillerais néanmoins de poursuivre vers l'Ouest, il n'y a que désert et ville de malfrats pour vous accueillir, sans compter les arpenteurs défunts qui jalonnent les sentiers déjà peu sûrs...
Ayajpak… Ce nom ne m’est pas inconnu, mais c’est la première fois que j’en vois une vraie. Isqua m’a parlé de ces humains qui vivent dans les jungles au Sud, même si elle n’a jamais vraiment pu entrer dans les détails, leur ethnie étant bien loin de nous et vivant dans des endroits difficiles d’accès, de ce qu’elle en sait. Curieuse, je me penche, intriguée par les tatouages qui peignent son visage avant d’ajouter, pour ne pas sembler la dévisager.
- Il paraît que c'est pire que Tulorim, qui est déjà affreuse... Là d'où vous venez il y a une forêt avec des lutins et un vieil Oudio solitaire, mais très gentil. Ah et il y a le campement où nous allons, aussi !
Elle admet connaître le lieu de vie des lutins, ce qui me surprend. Je pensais les petites créatures plus enclines à protéger la localisation de leur village. Les dangers seraient nombreux si des Grands venaient à trop s’en approcher. Et alors que Sorno Silma lui décrit le campement où vit son peuple, une idée me vient. Elle cherche visiblement une direction et, puisqu’elle ne sait pas où aller et que nous lui avons déconseillé l’Ouest...
- Vous pouvez faire le trajet avec nous si vous voulez ! Comme ça vous ne serez plus perdue et peut-être que vous trouverez votre voie en chemin ?
Elle accepte, autant par curiosité envers les worans vivant dans la région que par croyance que les dieux, d’une manière ou d’une autre, pavent sa route et la direction qu’elle prend. Sorno Silma se montre également curieux à propos de la jeune femme et son peuple et des raisons l’ayant amenée ici, tout comme moi. Je souris à la question qu’elle me pose, demandant si je suis une elfe ou apparenté aux dryades, ces créatures dont Isqua m’a parlé et qui ont une origine en dehors de notre monde. Je retire mon chapeau où se trouve toujours le petit papillon bleu, dévoilant mes cheveux couleur de feuilles et mes oreilles, si différentes des siennes.
- Elfes verts, elfes des bois, les humains nous donnent différents noms. Je suis une Taurionne, et mon nom est Syelsa.
- Izel Ilhuicoatl, de l'Oianid Macktiuelti d'Eniod. Je suis en voyage pour rédiger un codex sur la faune, la flore et les peuples de l'Imiftil.
Un programme fort intéressant et un nom qui sonne doux à mes oreilles, même si sa signification me reste inconnue. J’espère en apprendre sur son peuple pendant le temps que je passerai avec elle. Mon compagnon de route assure pouvoir l’aider dans ses recherches et annonce qu’en tant que magicienne des plantes, je serais sans doute à même de faire pareil. Je hoche la tête, mais rectifie néanmoins une chose.
- Sorcière serait plus exacte, mais c'est ça. J'étudie, manipule et protège les plantes et la nature. Je serai ravie de vous aider également. Signe ou non des dieux, cela tombe à pic en tout cas !
- Je dois voir et non m'entendre raconter des histoires, mais si vous acceptez de me conseiller, ce sera avec grand plaisir ! Mettons-nous en route !
Sa façon de voir les choses me plaît, bien que je me demande d’où cette envie de créer un tel ouvrage peut bien lui venir. Nombreux sont les chercheurs, mages et érudits à s’informer sur tout ce que notre mon a à offrir, je me demande bien comment elle compte faire.
- Je serai heureuse de vous aider, Colehtë. Pourquoi avoir décidé de faire ce codex ?
Ses raisons semblent… personnelles. Elle se montre moins loquace à ce sujet, presque distante et je n'insiste guère, comprenant sans mal que ce n’est pas quelque genre dont elle souhaite discuter. Ma curiosité est piquée, mais je sais me tenir et garde les lèvres closes, du moins jusqu’à ce qu’elle pose me demande la raison du nom que je viens de lui donner sans même y penser. Sorno Silma ricane et je lui renvoie une moue contrariée avant de m’expliquer, espérant ne pas l’avoir froissé sans le vouloir.
- Colehtë, c'est le nom dans la langue de mon peuple pour un oiseau que les humains appellent Porte-lance et qui vit dans les forêts du Sud. Je ne voulais pas vous offenser. C'est juste une habitude de nommer ainsi les gens autrement. Les noms ont un vrai pouvoir chez les Sorcières et je préfère ne pas utiliser ceux des gens à la légère.
- Elle m'a appelé Sorno silma, "L'aigle blanc", pour vous donner une idée.
- Voilà une tradition intéressante. Je m'en souviendrais. Mon peuple à une tradition similaire, et nos noms ont souvent une signification. Le mien signifie « l'unique serpent céleste ». C'est ainsi que mes parents m'ont nommée. Nos peuples ne sont peut-être pas si éloignés.
D’une certaine façon, elle a sans doute raison et sans doute ont-ils cohabité à une certaine époque, si tous les deux vivent au sud, dans les forêts. Pourtant je n’ai aucun souvenir d’avoir croisé un quelconque Ayajpaks dans les villages des miens dans mon enfance. Peut-être était-ce il y a longtemps. Je suis de plus ravie de connaître la signification de son nom, qui est vraiment jolie, il faut le reconnaître.
- Je ne connais pas bien les traditions de votre peuple et je n'ai pas vu un des miens depuis de nombreuses saisons, je ne saurais dire. Vous avez un joli nom, en tout cas.
Et c’est ainsi que débute le voyage en compagnie de Colehtë. Un voyage calme et bucolique au cours duquel je prends le temps, une fois ma cheville suffisamment guérie pour marcher un peu, de ramasser plantes baies pouvant être utiles et expliquant leurs propriétés et intérêt à Colehtë qui se montre intéressée tandis que notre woran de compagnon s’occupe des repas. Je reste la plupart du temps sur son épaule, d’ailleurs, à sa demande, le temps que ma cheville récupère vraiment. A force de soins, elle va déjà mieux, mais mieux vaut éviter de trop en faire. Comme à son habitude, c’est lui qui arrête notre marche lorsque la nuit approche et qui dresse le camp tandis que j’étudie les environs, cueille des fruits dans les arbres environnants tandis que la jeune humaine part à la cueillette de baies et de champignons. Notre trio s’habitue rapidement à vivre ainsi, jusqu’à ce que le fameux campement n'apparaisse enfin, en haut d’une colline. Marchant derrière les deux autres, j’entends Colehtë demander s'il y a des précautions ou gestes à observer. La réponse est sans appel, attendue, mais néanmoins importante.
- Ne répondez jamais à une quelconque provocation ou vous risquez d'avoir à vous battre devant tout le village, selon les lois Woran... qui ne seront guère à votre avantage. Les étrangers sont rarement bienvenus et, même si nous avons requis l'aide de la petite sorcière, cela s'applique tout de même. Faites preuve de respect envers les prêtresses, particulièrement la matriarche et observez ce que j'ai fait pendant le voyage, à savoir rester calme pendant la nuit, lorsqu'Utu n'est plus maître du ciel. Restez près de moi et tout ira bien. D'autres questions avant que nous n'approchions ? Les sentinelles nous ont surement déjà remarqué.
Aucune de nous n’en a, aussi, nous nous dirigeons droit sur le campement et la hâte de connaître le fin mot de l’histoire commence à se faire ressentir à nouveau.
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Re: Les Fermes autour de Tulorim
Précédent.
Après la bataille, le groupe se regroupa pour reprendre son souffle. Le convoi était désormais entre leurs mains, et les hommes de Vallen s’affairaient à sécuriser le butin. Morrigane, épuisée mais satisfaite, observait le résultat de leur victoire. Le ciel, teinté d’une lueur pâle, annonçait l’aube prochaine. Le bruit des charrettes et des voix des hommes remplissait l’air alors qu’ils préparaient le chargement pour sa nouvelle destination. Les ombres des montagnes au loin se fondaient avec l’obscurité de la nuit qui s’éclipsait.
Ardur, bien que toujours visiblement tendu, semblait légèrement apaisé par la victoire. Son visage marqué par la fatigue était presque impassible, mais ses yeux trahissaient une certaine satisfaction. Il se tourna vers Morrigane, son expression plus neutre que lors de leur dernier échange. Rodryk, à ses côtés, jetait des regards furtifs vers elle, essayant de déchiffrer ce qu'elle pensait après l'affrontement.
« Nous allons vers les fermes. Une planque nous attend, », annonça Vallen, rompant le silence. Il semblait toujours en contrôle, malgré la fatigue évidente. « Il est temps de se mettre un peu au vert... » ajouta-t-il avec un regard significatif vers Ardur, qui hocha la tête en signe d'accord.
Le retour fut silencieux, ponctué par les bruissements des feuilles sous la brise légère et les discussions feutrées des hommes à propos du butin. Ils arrivèrent en fin de matinée dans une petite ferme modeste, située dans une zone rurale discrète, là où les terres étaient arides et peu exploitées. Le bâtiment ne payait pas de mine, mais il servait de planque à Vallen. La grange délabrée, avec ses portes grinçantes et ses poutres en bois usées, cachait désormais leur cargaison précieuse.
Une fois sur place, Vallen et Ardur remirent une petite somme aux mercenaires, qui partirent rapidement pour Tulorim, laissant le groupe réduit à quatre : Vallen, Ardur, Rodryk et Morrigane alors que le calme retombait sur la ferme.
Rodryk, euphorique après leur succès, s'exclama avec enthousiasme : « On est riche ! Tu as vu tous ces artefacts ? » dit-il en jetant un regard à Morrigane.
Ardur, avec sa voix grave et résignée, répliqua : « Riche ? Absolument pas. Ça ne marche pas comme ça dans le coin. C’est un système pyramidale et nous sommes loin d'être à la tête de tout ça. Il y a des gens au-dessus de nous qui récupéreront la plus grosse part, et peut-être même quelques grands marchands au-dessus d’eux. Ensuite, il y a nous, et quand je dis nous, je parle de Vallen et moi. Vous, les gamins, vous êtes tout en bas de l'échelle. »
Vallen renchérit, jetant un regard complice à Morrigane : « Exactement. Tiens, voilà une petite avance. » Il lui lança une bourse de cuir, son sourire en coin révélant que cette avance représentait sa part pour les gemmes qu'elle lui avait confiées. Morrigane, en saisissant la bourse, comprit rapidement le message.
Rodryk, frustré, se plaignit : « Et ma part à moi ? »
Vallen, amusé, répondit : « Toi, tu travailles pour Ardur. Gèrez ça entre frangin. » Rodryk fit une moue, mais Ardur intervint, plus sérieux : « Des hommes de notre commanditaire viendront demain pour récupérer les marchandises et nous payer. Tu auras ta part à ce moment-là. »
“Et vous en avez marre d’être au service des autres ?” demanda Morrigane avec le tact qui était le sien.
“C’est pas si facile. Pour monter dans les hautes sphères de ce boulot, il faut de la crédibilité, et beaucoup d’argent. C’est ce qui mène ici. “ répondit Vallen.
“Et parfois buter un type influent pour prendre sa place,”renchérit Ardur.
Vallen soupira, expliquant : « Nous ne sommes des sortes de sous-traitants, des indépendants. Ardur et moi étions des petits mercenaires en bas de l’echelle à l’époque. On a gagné cette place à force de travail. Un empire ne se fait pas en un jour. Bon assez parlé,” trancha t’il. “Je suis crevé moi. Faîtes comme chez vous, trouvez vous un petit coin pour vous reposer jusqu'à demain. Comme vous avez pu le voir, c’est pas la grand luxe ici, mais au moins c’est discret.”
Morrigane pris Vallen au mot et se trouva un coin discret pour faire la sieste avant de se réveiller en pleine après-midi obsédé par le fait de pouvoir réussir son sort. La ferme de Vallen, offrait des espaces à extérieurs, parfait pour parfaire sa magie.
Elle installa son espace de travail à une centaine de mètre prés d’un tas de bois. Elle sortit son grimoire et se mit en position, prête à essayer de nouveau le sort « Cuisson ». La concentration était essentielle cette fois-ci. Morrigane se remémora les enseignements de la bataille précédente, où elle avait frôlé la maîtrise.
La chaleur commença à monter en elle, une sensation familière, mais cette fois-ci, elle la dirigea plus précisément. Ses mains se fermèrent autour de l’orbe noire, le pouls de l’énergie magique résonnant doucement dans ses paumes. Elle se concentra sur la chaleur, visualisant le feu se formant exactement comme elle le souhaitait, relié à sa main par un fil fluidique invisible. Elle leva la mains, ses yeux fermés en concentration. La chaleur s’intensifia et une flamme contrôlée apparut devant elle. Morrigane ajusta son souffle et dirigea le feu vers une petite pile de bois, choisie comme cible pour cette expérience. Le sort « Cuisson » fut lancé avec une précision méticuleuse. Les flammes se formèrent en une boule stable, tourbillonnant autour du bois. Contrairement à la fois précédente, la chaleur était contenue, contrôlée.
Le bois commença à se consumer lentement, les flammes dansant de manière harmonieuse. Morrigane garda le contrôle, ses yeux se délectant du spectacle. Le sort fonctionnait parfaitement. Elle avait réussi à canaliser la magie sans que cela ne devienne une explosion incontrôlable.
Un sourire satisfait étira ses lèvres alors qu’elle regardait le bois brûler en une flamme contrôlée. C’était une victoire personnelle, un signe clair qu’elle avait franchi un seuil important dans sa maîtrise de la magie.
Quand elle quitta son coin de pratique, elle se sentait renforcée par ce succès. Morrigane retourna auprès du groupe, la fierté de sa réussite illuminant ses yeux. Elle était prête à affronter les prochains défis avec une confiance renouvelée, forte de ce qu’elle avait accompli et des leçons apprises.
HRP : (Suite et fin ?) d'apprentissage du sort cuisson
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Après la bataille, le groupe se regroupa pour reprendre son souffle. Le convoi était désormais entre leurs mains, et les hommes de Vallen s’affairaient à sécuriser le butin. Morrigane, épuisée mais satisfaite, observait le résultat de leur victoire. Le ciel, teinté d’une lueur pâle, annonçait l’aube prochaine. Le bruit des charrettes et des voix des hommes remplissait l’air alors qu’ils préparaient le chargement pour sa nouvelle destination. Les ombres des montagnes au loin se fondaient avec l’obscurité de la nuit qui s’éclipsait.
Ardur, bien que toujours visiblement tendu, semblait légèrement apaisé par la victoire. Son visage marqué par la fatigue était presque impassible, mais ses yeux trahissaient une certaine satisfaction. Il se tourna vers Morrigane, son expression plus neutre que lors de leur dernier échange. Rodryk, à ses côtés, jetait des regards furtifs vers elle, essayant de déchiffrer ce qu'elle pensait après l'affrontement.
« Nous allons vers les fermes. Une planque nous attend, », annonça Vallen, rompant le silence. Il semblait toujours en contrôle, malgré la fatigue évidente. « Il est temps de se mettre un peu au vert... » ajouta-t-il avec un regard significatif vers Ardur, qui hocha la tête en signe d'accord.
Le retour fut silencieux, ponctué par les bruissements des feuilles sous la brise légère et les discussions feutrées des hommes à propos du butin. Ils arrivèrent en fin de matinée dans une petite ferme modeste, située dans une zone rurale discrète, là où les terres étaient arides et peu exploitées. Le bâtiment ne payait pas de mine, mais il servait de planque à Vallen. La grange délabrée, avec ses portes grinçantes et ses poutres en bois usées, cachait désormais leur cargaison précieuse.
Une fois sur place, Vallen et Ardur remirent une petite somme aux mercenaires, qui partirent rapidement pour Tulorim, laissant le groupe réduit à quatre : Vallen, Ardur, Rodryk et Morrigane alors que le calme retombait sur la ferme.
Rodryk, euphorique après leur succès, s'exclama avec enthousiasme : « On est riche ! Tu as vu tous ces artefacts ? » dit-il en jetant un regard à Morrigane.
Ardur, avec sa voix grave et résignée, répliqua : « Riche ? Absolument pas. Ça ne marche pas comme ça dans le coin. C’est un système pyramidale et nous sommes loin d'être à la tête de tout ça. Il y a des gens au-dessus de nous qui récupéreront la plus grosse part, et peut-être même quelques grands marchands au-dessus d’eux. Ensuite, il y a nous, et quand je dis nous, je parle de Vallen et moi. Vous, les gamins, vous êtes tout en bas de l'échelle. »
Vallen renchérit, jetant un regard complice à Morrigane : « Exactement. Tiens, voilà une petite avance. » Il lui lança une bourse de cuir, son sourire en coin révélant que cette avance représentait sa part pour les gemmes qu'elle lui avait confiées. Morrigane, en saisissant la bourse, comprit rapidement le message.
Rodryk, frustré, se plaignit : « Et ma part à moi ? »
Vallen, amusé, répondit : « Toi, tu travailles pour Ardur. Gèrez ça entre frangin. » Rodryk fit une moue, mais Ardur intervint, plus sérieux : « Des hommes de notre commanditaire viendront demain pour récupérer les marchandises et nous payer. Tu auras ta part à ce moment-là. »
“Et vous en avez marre d’être au service des autres ?” demanda Morrigane avec le tact qui était le sien.
“C’est pas si facile. Pour monter dans les hautes sphères de ce boulot, il faut de la crédibilité, et beaucoup d’argent. C’est ce qui mène ici. “ répondit Vallen.
“Et parfois buter un type influent pour prendre sa place,”renchérit Ardur.
Vallen soupira, expliquant : « Nous ne sommes des sortes de sous-traitants, des indépendants. Ardur et moi étions des petits mercenaires en bas de l’echelle à l’époque. On a gagné cette place à force de travail. Un empire ne se fait pas en un jour. Bon assez parlé,” trancha t’il. “Je suis crevé moi. Faîtes comme chez vous, trouvez vous un petit coin pour vous reposer jusqu'à demain. Comme vous avez pu le voir, c’est pas la grand luxe ici, mais au moins c’est discret.”
Morrigane pris Vallen au mot et se trouva un coin discret pour faire la sieste avant de se réveiller en pleine après-midi obsédé par le fait de pouvoir réussir son sort. La ferme de Vallen, offrait des espaces à extérieurs, parfait pour parfaire sa magie.
Elle installa son espace de travail à une centaine de mètre prés d’un tas de bois. Elle sortit son grimoire et se mit en position, prête à essayer de nouveau le sort « Cuisson ». La concentration était essentielle cette fois-ci. Morrigane se remémora les enseignements de la bataille précédente, où elle avait frôlé la maîtrise.
La chaleur commença à monter en elle, une sensation familière, mais cette fois-ci, elle la dirigea plus précisément. Ses mains se fermèrent autour de l’orbe noire, le pouls de l’énergie magique résonnant doucement dans ses paumes. Elle se concentra sur la chaleur, visualisant le feu se formant exactement comme elle le souhaitait, relié à sa main par un fil fluidique invisible. Elle leva la mains, ses yeux fermés en concentration. La chaleur s’intensifia et une flamme contrôlée apparut devant elle. Morrigane ajusta son souffle et dirigea le feu vers une petite pile de bois, choisie comme cible pour cette expérience. Le sort « Cuisson » fut lancé avec une précision méticuleuse. Les flammes se formèrent en une boule stable, tourbillonnant autour du bois. Contrairement à la fois précédente, la chaleur était contenue, contrôlée.
Le bois commença à se consumer lentement, les flammes dansant de manière harmonieuse. Morrigane garda le contrôle, ses yeux se délectant du spectacle. Le sort fonctionnait parfaitement. Elle avait réussi à canaliser la magie sans que cela ne devienne une explosion incontrôlable.
Un sourire satisfait étira ses lèvres alors qu’elle regardait le bois brûler en une flamme contrôlée. C’était une victoire personnelle, un signe clair qu’elle avait franchi un seuil important dans sa maîtrise de la magie.
Quand elle quitta son coin de pratique, elle se sentait renforcée par ce succès. Morrigane retourna auprès du groupe, la fierté de sa réussite illuminant ses yeux. Elle était prête à affronter les prochains défis avec une confiance renouvelée, forte de ce qu’elle avait accompli et des leçons apprises.
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Modifié en dernier par Morrigane le mar. 1 oct. 2024 04:14, modifié 1 fois.
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Re: Les Fermes autour de Tulorim
Précédemment
Le lendemain matin, à l’heure du rendez-vous, une tension palpable régnait à la ferme. Ardur et Vallen discutaient à voix basse près de la grange, lorsque Morrigane et Rodryk sortirent les rejoindre. Morrigane observa leur posture. Le regard porté sur l’horizon, Ardur faisait les quatre cents pas aux côtés d’un Vallen au visage crispé. Si Morrigane ne comprenait pas bien les sentiments, elle avait appris à lire les signes corporels pour tenter de deviner l’état d’esprit de son interlocuteur. Peu douée, il lui arrivait d’être complètement à côté de la plaque, mais là, elle en était sûre, quelque chose n’allait pas.
“Qu’est ce qui se passe ? ” Lâcha t’elle.
Vallen répondit d’une voix tendu, et d’un signe de tête il montra l’horizon où quelques silhouettes à cheval se dessinaient.
“Voilà ceux qui viennent récupérer la marchandise. Ils sont étonnamment nombreux et accompagnés de notre commanditaire Kibarg dit le boucher, un type influent du milieu… Et qu’il vienne en personne récupérer le chariot d'artefacts c’est un fait très inhabituel.”
Ardur renchérit : “Ses apparitions sont rares mais avec lui c’est toujours la même chose. On le rencontre avant un boulot mais jamais à la fin. Normalement il se fait discret, il limite les risques. Il n’est jamais sur place lors des transactions finales. Sa venue n’augure rien de bon.”
“Vous croyez qu’il y a un problème ?” s’inquiéta Rodryk.
“On va vite le savoir.” Répondit sèchement Vallen.
L’aube était à peine levée lorsque le commanditaire arriva, accompagné d'une dizaine d'hommes montés et lourdement armés. Morrigane cru le reconnaître. C’était le type de l’entrepot, mais ici, elle pouvait le voir bien plus clairement. C’était un homme imposant, bien bâti, avec une carrure qui aurait été intimidante même sans ses hommes armés à ses côtés. Sa silhouette massive se détachait nettement sous un long manteau de cuir noir, usé par les années.Il descendit de cheval, imité par ses hommes et commença à marché, lentement et théâtralement en observant les Morrigane et les trois autres. Sa démarche lente et assurée trahissait une autorité naturelle, une présence qui forçait le respect autant que la crainte.
Ce qui frappait en premier, c'était son énorme chapeau. Large et sombre, avec un bord rigide, il semblait presque disproportionné sur sa tête, mais il ajoutait à son aura menaçante. Le chapeau masquait partiellement son visage, laissant ses yeux perçants, d’un gris métallique, briller d’un éclat calculateur. Chaque regard qu’il lançait semblait jauger les intentions des autres, comme s'il pouvait lire dans les pensées de ceux qui osaient le défier.
Son visage, marqué par l’âge et l’expérience, était dur et anguleux. Une barbe courte et soigneusement taillée encadrait une mâchoire serrée, et quelques cicatrices traçaient des lignes sur sa peau tannée. Ses doigts, couverts de bagues en argent et en or, étaient constamment en mouvement, comme s'il évaluait constamment les risques, ou pesait mentalement des vies dans la balance.
Ce type était assurément charismatique. Lui et ses hommes entourèrent rapidement le petit groupe, formant un cercle menaçant. Le chariot chargé des artefacts volés était devant la grange, prêt pour le départ, mais l'atmosphère était chargée de méfiance. Le regard de Kibarg était dur et implacable. Ses yeux glacials balayèrent les Desembrumes et Vallen.
« Je vais être direct. Vous me devez !», dit le commanditaire d’une voix grave, brisant le silence. « Et vous savez pourquoi. Vous m’avez livré trois coffres de gemmes et d’après mes informations il y en avait quatre… »,
Ardur prit la parole : “ Kibarg, je te l’assure, il n’y avait que trois coffres dans le chariot. Peut-être que les gardes s’étaient servis en amont.”
Le boucher regarda Ardur de travers. “Pourtant des rumeurs courent... des rumeurs disant qu'une de ces gemmes s’est retrouvée entre les mains de cette fille », continua-t-il, désignant Morrigane d'un geste brusque. Elle en aurait échangé une à Grigwig le beau. »,
Bien que Morrigane ne ressentait que peu la peur, un léger frisson parcourut sa colonne vertébrale mais elle ne montra rien de son trouble. Elle venait de comprendre qu’elle avait merdé en proposant cette gemme au tenancier de la taverne. Elle savait qu'elle devait réfléchir vite, inventer quelque chose pour se sortir de cette situation. Lui donner une partie de la vérité pour détrourner son attention. Elle afficha un sourire confiant, tout en levant les mains dans un geste de reddition théâtral.
« C’est vrai », dit-elle calmement. « J’avais une gemme. Je l’ai volée… à Ardur pendant qu’il avait le le dos tourner après qu’il ai ramené les coffres chez lui. C’était une petite vengeance pour la manière dont il m’avait traité. Je ne savais pas que ces gemmes appartenaient à quelqu’un d’autre. Je vous prie de bien vouloir accepter mes excuse», ajouta-t-elle en enjoignant les mains dans une fausse supplication de celle qui était confuse.
Ardur, d’abord abasourdi, réagit violemment. « Quoi ?! Mais non c’est pas possible les coffr… »
Vallen intervint rapidement, comprenant la gravité de la situation. Le cofffre s'était lui qui l'avait il n 'y avait que lui et Morrigane d'au courant. « Attendez, attendez ! Il est possible que, dans la confusion, quelqu'un d’autre ait volé les gemmes sans que nous le sachions. Ce n’est pas impossible, regardez le nombre de mercenaires qui circulaient, le chaos qu’il y avait avec l’incendie. Quelqu’un aurait pu te voler sans que tu le vois.. n’est-ce pas Ardur ? » Dit Vallen en plantant un regard à la mine figé à Ardur, comme si il essayait de lui faire comprendre quelque chose.
Le gaillard hésita, il baissa la tête comme un enfant grommelant, “Non…J'sais pas… Peut-être oui. C’est possible.”
Le commanditaire fronça les sourcils, regardant successivement Morrigane, Ardur et Vallen. Un long silence s’installa, le vent qui couchait la végétation et le chant des oiseaux matinaux à proximité de la ferme étaient les seuls sons audibles. Il semblait peser chaque mot, chaque réaction.
« Peut-être, » dit-il enfin, d’un ton tranchant. « Peut-être que quelqu'un d'autre a volé les gemmes. C’est une éventualité. Mais je ne suis pas un imbécile. Ça fait longtemps que je suis dans le métier et des petits merdeux qui se croient plus malins que les autres il y en a chaque recoin de rue. Les chances pour que l’un ou plusieurs d’entre-vous soit impliqués sont grande. » Il passa une main sous son menton. “Je pourrai vous faire torturer, ici même et j’aurai le fin mot de l’histoire.”
Le commanditaire fit un signe à ses hommes, qui abaissèrent légèrement leurs armes, mais sans complètement relâcher la tension. « Je vous laisse le bénéfice du doute, car jusqu’à maintenant vous avez toujours été très propres mais bizarrement,” dit il en tournant le regard vers Rodryk et Morrigane, “ le jour où sa merde il y a ces deux novices dans le coin…” Il s’arrêta un instant comme si il était dans une profonde réflexion.
“Ce qui est sûr c’est que cette femme m’a volé au moins une gemme. Je vais faire mine de croire qu’elle ne savait pas que cela m’appartenait mais en retour vous allez devoir faire un petit quelque chose pour moi an paiement pour cette fleur que je vous fait. »
« Quelle est cette tâche? » demanda Vallen, les mâchoires serrées.
« Vous saurez bien assez tôt, » répondit froidement le commanditaire, « et si vous échouez il n’y aura plus un seul endroit de Tulorim où vous serez en sécurité. »
Il retourna vers son cheval, prêt à partir.
“Je vous contacterai. N’ayez pas la stupide idée d’essayer de quitter la ville. Aucun d'entre-vous.”lâcha t’il avant de repartir avec ses hommes et la marchandise.
Morrigane jeta un regard rapide à Rodryk, puis à Vallen et Ardur. Le poids de la menace planait sur eux et un silence pesant s’était installé. Rodryk jetait à Morrigane un regard de reproche, Ardur lui semblait sur le point d’exploser, tandis que Vallen préféra s’éloigner en passant une main nerveuse dans ses cheveux.
Au bout de quelques secondes Ardur ne contint plus. D’un coup de pied violent, il fit voler un seau qui traînait près de la grange. Son visage était rouge de colère, et il se tourna brusquement vers Morrigane.
« Tu te fous de nous ?! Tu as pris cette gemme, et maintenant on doit payer pour tes conneries ? D’ailleurs je suis sûr que le coffre c’est toi sale petite peste ! » Il s’avança, les poings serrés. « Tu nous mets en danger, tu te mets en danger ! Qu’est-ce qui t’a pris, bordel ? »
Rodryk, plus calme mais tout aussi contrarié, intervint avant que la situation n’empire : « Morrigane, pourquoi tu ne nous en as pas parlé ? On aurait pu éviter cette situation. »
Morrigane, immobile et impassible, haussa légèrement les épaules, comme si tout cela n’était qu’une broutille. Ses yeux noirs et profonds balayaient calmement leurs visages furieux. Elle prit une grande inspiration avant de répondre, sa voix froide et détachée.
« Ce n’est pas la première fois que vous vous retrouvez dans une situation merdique, n’est-ce pas ? Ce n’est pas un mensonge de ma part qui va changer grand-chose. Vous saviez déjà que ce monde est plein de risques. »
Ardur ouvrit des mains crispés prêts à se serrer contre une nuque, visiblement à deux doigts de lui sauter dessus. « Putain mais tu changes pas ! Tu es incroyable… Tu te rends même pas compte des conséquences. Ce n’est pas un jeu, Morrigane. On parle de Kibarg. Tu sais pas qui c’est toi ! Il ne rigole pas ce type ! »
Elle le fixa longuement, son expression toujours aussi neutre. « Et alors ? Qu’est-ce que ça change Ardur ? Tu bossais déjà pour lui. C’est pas comme-ci ta situation changeait. »
Rodryk, bien que plus modéré, partageait une partie de la frustration d’Ardur. « Tu dis ça comme si ça n’avait aucune importance… Mais ce genre de comportement peut nous tuer. Tu es trop imprévisible Morrigane ! »
Morrigane ne sourcilla même pas. « Imprévisible, peut-être. Mais jusqu’ici, vous êtes toujours vivants, non ? Ce qui prouve que mes choix, aussi discutables soient-ils, ne sont pas si désastreux que ça. »
Ardur explosa de rire, un rire sans joie, presque fou. « Vivants ? Pour combien de temps ?! Si on échoue dans ce que Kibarg nous demande, tu penses vraiment qu’on aura une chance ? »
Vallen, qui était resté silencieux jusque-là, se retourna brusquement. « Ardur, ça suffit. » Sa voix, grave et résignée, coupa court à l’échange. « Se battre entre nous ne nous avancera à rien. Kibarg a posé ses conditions. Il faut qu’on s’y plie, que ça nous plaise ou non. »
Ardur, les mâchoires serrées, finit par détourner le regard. « Mais elle… » commença-t-il, en pointant un doigt accusateur vers Morrigane.
Vallen le coupa : « On sait ce qu’elle a fait. Mais c’est trop tard pour revenir en arrière. Maintenant, on doit avancer. »
Ardur le regarda amer.
“Arrête un peu de faire le mec sage toi ! C’est aussi de ta faute ! Je t’avais dit qu’elle était un danger et que je ne voulais pas l’impliquer.”
Vallen ne répondit pas, se contentant de secouer la tête, comme accusant le coup. Un long silence s’installa s’implement entrecoupé de la respiration bruyante et accéléré d’Ardur. Morrigane, imperturbable, resta sur place, observant calmement les autres se débattre avec leurs émotions. Pour elle, la situation n’était qu’un obstacle de plus sur un chemin semé d’embûches, rien de plus.
Rodryk, visiblement lassé de cette impasse, soupira lourdement et se dirigea vers la grange, laissant Ardur et Morrigane face à face. « Ce n’est pas terminé », lança Ardur d’une voix grondante avant de se tourner à son tour, suivant Rodryk.
Morrigane resta un moment à observer les silhouettes de ses frères disparaître quant-elle se retourna pour vaquer à ses occupations, elle tomba nez à nez avec Vallen, un air fermé sur le visage.
"Tu m'avais dit que personne d'autres ne savait pour les gemmes. Alors comment ça se fait que Grigwig le Beau en avait une ?"
"J'avais négligé l'importance de cette information," répondit elle froidement.
Le visage de Vallen su durcicat d’autant plus sous la colère qu’il tentait de contenir. Ses yeux noirs fixaient Morrigane avec une intensité qui aurait pu déstabiliser n’importe qui, mais elle, comme à son habitude, resta impassible.
"Tu avais négligé ?" répéta-t-il, incrédule. "Tu sais ce que cette erreur aurait pu nous coûter ? Kibarg n’est pas un type à prendre à la légère, Morrigane. On aurait tous pu finir égorgés, là, sur cette ferme. Et toi, tu as juste... oublié ?"
Morrigane le regarda sans ciller. "Oui."
Cette réponse, aussi simple que déconcertante, sembla rendre Vallen encore plus furieux. Il s’avança d’un pas, se retrouvant presque nez à nez avec elle, cherchant à capter une émotion, un regret, n’importe quoi qui trahirait un remord chez elle. Mais il n’y avait rien. Juste son regard froid et distant, comme si toute cette conversation n’avait aucune importance.
"Tu te rends compte de ce que tu fais, Morrigane ?" cracha-t-il, sa voix basse mais remplie de rancœur. "On parle de nos vies ici. Pas d’un simple jeu de manipulation. Tes actions ont des conséquences."
Morrigane haussa légèrement les épaules d'un geste désinvolte.
"J’ai fait ce qu’il fallait pour faire tourner une situation à mon avantage," dit-elle, toujours aussi calme. "J’ai minimisé les chances qu’il y avait pour qu’il y ait un lien entre un simple tavernier et ce Kibarg. Si j'avais su, j’aurais fait les choses différement."
Vallen, passa une main dans ses cheveux en un geste exaspéré. "C’est tout ce que tu trouves à dire ? On a failli y passer, et tu penses que ça va suffire ?"
"Que veux-tu que je dise ?" répliqua Morrigane d'une voix égale. "C’est fait. Kibarg a accepté une solution. Nous sommes encore en vie. Fin de l’histoire."
"Ce n’est pas la fin de l’histoire," siffla Vallen. "On est maintenant redevables à ce type. Pour quelque chose que toi tu as causé."
"Vous étiez déjà en affaires avec lui," rétorqua Morrigane, l’air légèrement las. "C’est juste un autre accord. Rien de plus."
Vallen secoua la tête, visiblement frustré. "Tu ne comprends pas... Il ne s’agit pas d’une affaire de contrat. Il s’agit de faire les choses correctement, de respecter un minimum de loyauté envers ceux avec qui tu travailles."
"De quelle loyauté tu parles ?" demanda Morrigane, son ton devenant plus tranchant. Elle en avait marre de cette discussion stérile face des êtres guidés par leurs émotions. "Elle était où la tienne face à Ardur quand tu as accepté un coffre dans le dos de ton associé ? Et tu oses me faire la leçon ? Tu m’as utilisée autant que je vous ai utilisés. N’essayes pas de faire passer cela pour quelque chose de noble. "
Le silence tomba lourd et pesant. Vallen semblait déçu. Comprenant enfin sans doute, que Morrigane ne voyait les choses qu’à travers son propre prisme, celui d’une froide logique dénuée de véritable empathie. Finalement, il recula, résigné. "Que ce soit clair, Morrigane. Si je ne mets pas fin à notre collaboration c’est parceque il est hors de question que tu n’assumes pas ta propre merde. Quand on aura fait ce que Kibarg demandera, ce sera finit. Jusque là, si tu fais encore cavalier seul, tu assumeras toute seule. Parceque moi je ne marcherai plus ça m’éttonerait que tes frères bougent encore le petit doigt pour toi."
"Très bien ! " répondit-elle, sans émotion, avant de se tourner en laissant Vallen à sa frustration.
Le lendemain matin, à l’heure du rendez-vous, une tension palpable régnait à la ferme. Ardur et Vallen discutaient à voix basse près de la grange, lorsque Morrigane et Rodryk sortirent les rejoindre. Morrigane observa leur posture. Le regard porté sur l’horizon, Ardur faisait les quatre cents pas aux côtés d’un Vallen au visage crispé. Si Morrigane ne comprenait pas bien les sentiments, elle avait appris à lire les signes corporels pour tenter de deviner l’état d’esprit de son interlocuteur. Peu douée, il lui arrivait d’être complètement à côté de la plaque, mais là, elle en était sûre, quelque chose n’allait pas.
“Qu’est ce qui se passe ? ” Lâcha t’elle.
Vallen répondit d’une voix tendu, et d’un signe de tête il montra l’horizon où quelques silhouettes à cheval se dessinaient.
“Voilà ceux qui viennent récupérer la marchandise. Ils sont étonnamment nombreux et accompagnés de notre commanditaire Kibarg dit le boucher, un type influent du milieu… Et qu’il vienne en personne récupérer le chariot d'artefacts c’est un fait très inhabituel.”
Ardur renchérit : “Ses apparitions sont rares mais avec lui c’est toujours la même chose. On le rencontre avant un boulot mais jamais à la fin. Normalement il se fait discret, il limite les risques. Il n’est jamais sur place lors des transactions finales. Sa venue n’augure rien de bon.”
“Vous croyez qu’il y a un problème ?” s’inquiéta Rodryk.
“On va vite le savoir.” Répondit sèchement Vallen.
L’aube était à peine levée lorsque le commanditaire arriva, accompagné d'une dizaine d'hommes montés et lourdement armés. Morrigane cru le reconnaître. C’était le type de l’entrepot, mais ici, elle pouvait le voir bien plus clairement. C’était un homme imposant, bien bâti, avec une carrure qui aurait été intimidante même sans ses hommes armés à ses côtés. Sa silhouette massive se détachait nettement sous un long manteau de cuir noir, usé par les années.Il descendit de cheval, imité par ses hommes et commença à marché, lentement et théâtralement en observant les Morrigane et les trois autres. Sa démarche lente et assurée trahissait une autorité naturelle, une présence qui forçait le respect autant que la crainte.
Ce qui frappait en premier, c'était son énorme chapeau. Large et sombre, avec un bord rigide, il semblait presque disproportionné sur sa tête, mais il ajoutait à son aura menaçante. Le chapeau masquait partiellement son visage, laissant ses yeux perçants, d’un gris métallique, briller d’un éclat calculateur. Chaque regard qu’il lançait semblait jauger les intentions des autres, comme s'il pouvait lire dans les pensées de ceux qui osaient le défier.
Son visage, marqué par l’âge et l’expérience, était dur et anguleux. Une barbe courte et soigneusement taillée encadrait une mâchoire serrée, et quelques cicatrices traçaient des lignes sur sa peau tannée. Ses doigts, couverts de bagues en argent et en or, étaient constamment en mouvement, comme s'il évaluait constamment les risques, ou pesait mentalement des vies dans la balance.
Ce type était assurément charismatique. Lui et ses hommes entourèrent rapidement le petit groupe, formant un cercle menaçant. Le chariot chargé des artefacts volés était devant la grange, prêt pour le départ, mais l'atmosphère était chargée de méfiance. Le regard de Kibarg était dur et implacable. Ses yeux glacials balayèrent les Desembrumes et Vallen.
« Je vais être direct. Vous me devez !», dit le commanditaire d’une voix grave, brisant le silence. « Et vous savez pourquoi. Vous m’avez livré trois coffres de gemmes et d’après mes informations il y en avait quatre… »,
Ardur prit la parole : “ Kibarg, je te l’assure, il n’y avait que trois coffres dans le chariot. Peut-être que les gardes s’étaient servis en amont.”
Le boucher regarda Ardur de travers. “Pourtant des rumeurs courent... des rumeurs disant qu'une de ces gemmes s’est retrouvée entre les mains de cette fille », continua-t-il, désignant Morrigane d'un geste brusque. Elle en aurait échangé une à Grigwig le beau. »,
Bien que Morrigane ne ressentait que peu la peur, un léger frisson parcourut sa colonne vertébrale mais elle ne montra rien de son trouble. Elle venait de comprendre qu’elle avait merdé en proposant cette gemme au tenancier de la taverne. Elle savait qu'elle devait réfléchir vite, inventer quelque chose pour se sortir de cette situation. Lui donner une partie de la vérité pour détrourner son attention. Elle afficha un sourire confiant, tout en levant les mains dans un geste de reddition théâtral.
« C’est vrai », dit-elle calmement. « J’avais une gemme. Je l’ai volée… à Ardur pendant qu’il avait le le dos tourner après qu’il ai ramené les coffres chez lui. C’était une petite vengeance pour la manière dont il m’avait traité. Je ne savais pas que ces gemmes appartenaient à quelqu’un d’autre. Je vous prie de bien vouloir accepter mes excuse», ajouta-t-elle en enjoignant les mains dans une fausse supplication de celle qui était confuse.
Ardur, d’abord abasourdi, réagit violemment. « Quoi ?! Mais non c’est pas possible les coffr… »
Vallen intervint rapidement, comprenant la gravité de la situation. Le cofffre s'était lui qui l'avait il n 'y avait que lui et Morrigane d'au courant. « Attendez, attendez ! Il est possible que, dans la confusion, quelqu'un d’autre ait volé les gemmes sans que nous le sachions. Ce n’est pas impossible, regardez le nombre de mercenaires qui circulaient, le chaos qu’il y avait avec l’incendie. Quelqu’un aurait pu te voler sans que tu le vois.. n’est-ce pas Ardur ? » Dit Vallen en plantant un regard à la mine figé à Ardur, comme si il essayait de lui faire comprendre quelque chose.
Le gaillard hésita, il baissa la tête comme un enfant grommelant, “Non…J'sais pas… Peut-être oui. C’est possible.”
Le commanditaire fronça les sourcils, regardant successivement Morrigane, Ardur et Vallen. Un long silence s’installa, le vent qui couchait la végétation et le chant des oiseaux matinaux à proximité de la ferme étaient les seuls sons audibles. Il semblait peser chaque mot, chaque réaction.
« Peut-être, » dit-il enfin, d’un ton tranchant. « Peut-être que quelqu'un d'autre a volé les gemmes. C’est une éventualité. Mais je ne suis pas un imbécile. Ça fait longtemps que je suis dans le métier et des petits merdeux qui se croient plus malins que les autres il y en a chaque recoin de rue. Les chances pour que l’un ou plusieurs d’entre-vous soit impliqués sont grande. » Il passa une main sous son menton. “Je pourrai vous faire torturer, ici même et j’aurai le fin mot de l’histoire.”
Le commanditaire fit un signe à ses hommes, qui abaissèrent légèrement leurs armes, mais sans complètement relâcher la tension. « Je vous laisse le bénéfice du doute, car jusqu’à maintenant vous avez toujours été très propres mais bizarrement,” dit il en tournant le regard vers Rodryk et Morrigane, “ le jour où sa merde il y a ces deux novices dans le coin…” Il s’arrêta un instant comme si il était dans une profonde réflexion.
“Ce qui est sûr c’est que cette femme m’a volé au moins une gemme. Je vais faire mine de croire qu’elle ne savait pas que cela m’appartenait mais en retour vous allez devoir faire un petit quelque chose pour moi an paiement pour cette fleur que je vous fait. »
« Quelle est cette tâche? » demanda Vallen, les mâchoires serrées.
« Vous saurez bien assez tôt, » répondit froidement le commanditaire, « et si vous échouez il n’y aura plus un seul endroit de Tulorim où vous serez en sécurité. »
Il retourna vers son cheval, prêt à partir.
“Je vous contacterai. N’ayez pas la stupide idée d’essayer de quitter la ville. Aucun d'entre-vous.”lâcha t’il avant de repartir avec ses hommes et la marchandise.
Morrigane jeta un regard rapide à Rodryk, puis à Vallen et Ardur. Le poids de la menace planait sur eux et un silence pesant s’était installé. Rodryk jetait à Morrigane un regard de reproche, Ardur lui semblait sur le point d’exploser, tandis que Vallen préféra s’éloigner en passant une main nerveuse dans ses cheveux.
Au bout de quelques secondes Ardur ne contint plus. D’un coup de pied violent, il fit voler un seau qui traînait près de la grange. Son visage était rouge de colère, et il se tourna brusquement vers Morrigane.
« Tu te fous de nous ?! Tu as pris cette gemme, et maintenant on doit payer pour tes conneries ? D’ailleurs je suis sûr que le coffre c’est toi sale petite peste ! » Il s’avança, les poings serrés. « Tu nous mets en danger, tu te mets en danger ! Qu’est-ce qui t’a pris, bordel ? »
Rodryk, plus calme mais tout aussi contrarié, intervint avant que la situation n’empire : « Morrigane, pourquoi tu ne nous en as pas parlé ? On aurait pu éviter cette situation. »
Morrigane, immobile et impassible, haussa légèrement les épaules, comme si tout cela n’était qu’une broutille. Ses yeux noirs et profonds balayaient calmement leurs visages furieux. Elle prit une grande inspiration avant de répondre, sa voix froide et détachée.
« Ce n’est pas la première fois que vous vous retrouvez dans une situation merdique, n’est-ce pas ? Ce n’est pas un mensonge de ma part qui va changer grand-chose. Vous saviez déjà que ce monde est plein de risques. »
Ardur ouvrit des mains crispés prêts à se serrer contre une nuque, visiblement à deux doigts de lui sauter dessus. « Putain mais tu changes pas ! Tu es incroyable… Tu te rends même pas compte des conséquences. Ce n’est pas un jeu, Morrigane. On parle de Kibarg. Tu sais pas qui c’est toi ! Il ne rigole pas ce type ! »
Elle le fixa longuement, son expression toujours aussi neutre. « Et alors ? Qu’est-ce que ça change Ardur ? Tu bossais déjà pour lui. C’est pas comme-ci ta situation changeait. »
Rodryk, bien que plus modéré, partageait une partie de la frustration d’Ardur. « Tu dis ça comme si ça n’avait aucune importance… Mais ce genre de comportement peut nous tuer. Tu es trop imprévisible Morrigane ! »
Morrigane ne sourcilla même pas. « Imprévisible, peut-être. Mais jusqu’ici, vous êtes toujours vivants, non ? Ce qui prouve que mes choix, aussi discutables soient-ils, ne sont pas si désastreux que ça. »
Ardur explosa de rire, un rire sans joie, presque fou. « Vivants ? Pour combien de temps ?! Si on échoue dans ce que Kibarg nous demande, tu penses vraiment qu’on aura une chance ? »
Vallen, qui était resté silencieux jusque-là, se retourna brusquement. « Ardur, ça suffit. » Sa voix, grave et résignée, coupa court à l’échange. « Se battre entre nous ne nous avancera à rien. Kibarg a posé ses conditions. Il faut qu’on s’y plie, que ça nous plaise ou non. »
Ardur, les mâchoires serrées, finit par détourner le regard. « Mais elle… » commença-t-il, en pointant un doigt accusateur vers Morrigane.
Vallen le coupa : « On sait ce qu’elle a fait. Mais c’est trop tard pour revenir en arrière. Maintenant, on doit avancer. »
Ardur le regarda amer.
“Arrête un peu de faire le mec sage toi ! C’est aussi de ta faute ! Je t’avais dit qu’elle était un danger et que je ne voulais pas l’impliquer.”
Vallen ne répondit pas, se contentant de secouer la tête, comme accusant le coup. Un long silence s’installa s’implement entrecoupé de la respiration bruyante et accéléré d’Ardur. Morrigane, imperturbable, resta sur place, observant calmement les autres se débattre avec leurs émotions. Pour elle, la situation n’était qu’un obstacle de plus sur un chemin semé d’embûches, rien de plus.
Rodryk, visiblement lassé de cette impasse, soupira lourdement et se dirigea vers la grange, laissant Ardur et Morrigane face à face. « Ce n’est pas terminé », lança Ardur d’une voix grondante avant de se tourner à son tour, suivant Rodryk.
Morrigane resta un moment à observer les silhouettes de ses frères disparaître quant-elle se retourna pour vaquer à ses occupations, elle tomba nez à nez avec Vallen, un air fermé sur le visage.
"Tu m'avais dit que personne d'autres ne savait pour les gemmes. Alors comment ça se fait que Grigwig le Beau en avait une ?"
"J'avais négligé l'importance de cette information," répondit elle froidement.
Le visage de Vallen su durcicat d’autant plus sous la colère qu’il tentait de contenir. Ses yeux noirs fixaient Morrigane avec une intensité qui aurait pu déstabiliser n’importe qui, mais elle, comme à son habitude, resta impassible.
"Tu avais négligé ?" répéta-t-il, incrédule. "Tu sais ce que cette erreur aurait pu nous coûter ? Kibarg n’est pas un type à prendre à la légère, Morrigane. On aurait tous pu finir égorgés, là, sur cette ferme. Et toi, tu as juste... oublié ?"
Morrigane le regarda sans ciller. "Oui."
Cette réponse, aussi simple que déconcertante, sembla rendre Vallen encore plus furieux. Il s’avança d’un pas, se retrouvant presque nez à nez avec elle, cherchant à capter une émotion, un regret, n’importe quoi qui trahirait un remord chez elle. Mais il n’y avait rien. Juste son regard froid et distant, comme si toute cette conversation n’avait aucune importance.
"Tu te rends compte de ce que tu fais, Morrigane ?" cracha-t-il, sa voix basse mais remplie de rancœur. "On parle de nos vies ici. Pas d’un simple jeu de manipulation. Tes actions ont des conséquences."
Morrigane haussa légèrement les épaules d'un geste désinvolte.
"J’ai fait ce qu’il fallait pour faire tourner une situation à mon avantage," dit-elle, toujours aussi calme. "J’ai minimisé les chances qu’il y avait pour qu’il y ait un lien entre un simple tavernier et ce Kibarg. Si j'avais su, j’aurais fait les choses différement."
Vallen, passa une main dans ses cheveux en un geste exaspéré. "C’est tout ce que tu trouves à dire ? On a failli y passer, et tu penses que ça va suffire ?"
"Que veux-tu que je dise ?" répliqua Morrigane d'une voix égale. "C’est fait. Kibarg a accepté une solution. Nous sommes encore en vie. Fin de l’histoire."
"Ce n’est pas la fin de l’histoire," siffla Vallen. "On est maintenant redevables à ce type. Pour quelque chose que toi tu as causé."
"Vous étiez déjà en affaires avec lui," rétorqua Morrigane, l’air légèrement las. "C’est juste un autre accord. Rien de plus."
Vallen secoua la tête, visiblement frustré. "Tu ne comprends pas... Il ne s’agit pas d’une affaire de contrat. Il s’agit de faire les choses correctement, de respecter un minimum de loyauté envers ceux avec qui tu travailles."
"De quelle loyauté tu parles ?" demanda Morrigane, son ton devenant plus tranchant. Elle en avait marre de cette discussion stérile face des êtres guidés par leurs émotions. "Elle était où la tienne face à Ardur quand tu as accepté un coffre dans le dos de ton associé ? Et tu oses me faire la leçon ? Tu m’as utilisée autant que je vous ai utilisés. N’essayes pas de faire passer cela pour quelque chose de noble. "
Le silence tomba lourd et pesant. Vallen semblait déçu. Comprenant enfin sans doute, que Morrigane ne voyait les choses qu’à travers son propre prisme, celui d’une froide logique dénuée de véritable empathie. Finalement, il recula, résigné. "Que ce soit clair, Morrigane. Si je ne mets pas fin à notre collaboration c’est parceque il est hors de question que tu n’assumes pas ta propre merde. Quand on aura fait ce que Kibarg demandera, ce sera finit. Jusque là, si tu fais encore cavalier seul, tu assumeras toute seule. Parceque moi je ne marcherai plus ça m’éttonerait que tes frères bougent encore le petit doigt pour toi."
"Très bien ! " répondit-elle, sans émotion, avant de se tourner en laissant Vallen à sa frustration.