Les Cimes Sifflantes

Répondre
Avatar du membre
Yuimen
Messages : 2483
Enregistré le : mar. 26 déc. 2017 19:17

Les Cimes Sifflantes

Message par Yuimen » lun. 10 déc. 2018 13:47

Les Cimes Sifflantes



Image



Au nord d’Oranan, au pied duquel se trouve le Temple de Rana, s’élève les Cimes Sifflantes, de hautes montagnes escarpées et dangereuses à escalader. Le tout est considéré comme un immense sanctuaire naturel à la gloire de Rana par les Ynoriens. Les pèlerins, prêtres et missionnaires capable de survivre à son escalade y voyagent parfois lorsqu’ils sont pris d’un désir de s’isoler.

La base de ces montagnes est composée d’une extension des forêts d’Ynorie, avec des créatures semblable les habitant; mais plus haut, le vent devient de plus en plus violent, arrachant même la plupart arbres.

La végétation restante est surtout composée de mousse et d’arbustes. Les seules arbres poussant à ces hauteurs sont soit incroyablement vieux et résilients, ou bien une espèce qu’on ne trouve nul part ailleurs, les Charmes de Rana, adapté au climat de ces montagnes. Diverses créatures vivent sur le haut des Cimes, notamment griffons, skadis et sylphes. Ces derniers aident parfois les voyageurs, en particulier les adeptes de Rana.


Lieux particuliers au sein des Cimes Sifflantes :

Avatar du membre
Nhaundar
Messages : 140
Enregistré le : dim. 30 déc. 2018 20:08

Re: Les Cimes Sifflantes

Message par Nhaundar » ven. 30 oct. 2020 21:03

VII. 3 Le bataillon des Lances d'Or.

Au bout d’un long périple, Sylve fait installer le campement dans les Cimes Sifflantes sur le versant Est. Cette position élevée à plusieurs centaines de mètres d’altitude nous offre un excellent point de vue, tout en respectant les mises en garde du commandant des Lances d’Or. La guerrière excelle dans cette région de l’Ynorie. Habituée à observer la frontière avec Omyre, elle sait se fondre dans le paysage et éviter les prédateurs. Nous avons pu observer un Woger de loin. Une étrange créature capable de manier la fulguromancie. A deux nous aurions pu chasser cette bête, mais notre rôle d’observateur ne nous permet pas de prendre le risque d’être remarqué.

Le temps passe dans les montagnes, sans que rien ne vienne troubler la tranquillité de ce lieu. Le plus dur dans notre mission, est de rester concentrer. De l’absence d’action, vient la lassitude et le relâchement. Nous profitons de ma capacité à me reposer rapidement et d’être plus capable d’observer de nuit pour nous partager le travail. Nous évitons un maximum l’utilisation de feu pour éviter d’être repéré et pour palier à ce problème, j’use régulièrement de ma magie pour augmenter la température là où nous nous trouvons. Elle m’apprend les rudiments des observateurs, en cherchant les détails allant d’un feu de campement à une envolée soudaine d’oiseaux. Lorsque je pense avoir détecté un élément suspect, je lui en fais part, mais pour le moment, ce n’était que de fausses alertes !

Par de brefs moments, pour ne pas diminuer trop rapidement mes réserves de magie, j’use de ma nouvelle capacité à incruster mes sorts dans nos équipements et renouvelle mes ressources grâce aux esprits présents dans la montagne. J’y ai beaucoup réfléchi, principalement concernant ma camarade. L’utilisation efficace de sort dépend de la maîtrise magique de son utilisateur. C’est une chose d’utiliser un sort sur une cible immobile, s’en est une autre durant la confusion d’une bataille, contre un ennemi qui ne cesse de vous harceler psychologiquement et ne prenant même pas la politesse de recevoir gentiment vos coups. Sur son armure et ses jambières, je transfère mon armure de pierre, le plus puissant et plus efficace pour une guerrière de sa trempe. Doubler un même sort permet de le réitérer en cas d’échec prévisible. Sur son casque et ses brassards, j’appose mon sort de soin. Ainsi nous aurons techniquement la possibilité qu’elle se soigne d’elle-même sans que je n’aie à intervenir. Enfin sur les deux lames qu’elle manie désormais ensemble, je lui octroie ma brûlure sournoise. Même si elle peut désarmer un adversaire au corps-à-corps, elle pourra ainsi désarçonner un adversaire hors de sa portée. Pour ma part, je porte également les mêmes précautions pour ma tunique et mes braies qui se voient obtenir le sort de protection. Mon chapeau et mes gants quant à eux obtiennent la capacité de faire appel aux esprits afin de recouvrer mon mana. Ce sort me permettra de recouvrer mes réserve magiques si je venais à les utiliser jusqu’à la dernière parcelle. Enfin mon bâton magique se verra octroyer le sort de boule de feu. Le grand avantage à pouvoir préparer mes sorts à l’avance est que ceux-ci peuvent être utilisés à pleine puissance.

Alors qu’aucune présence ennemie n’a été repérée, Sylve décide d’aller faire un bref tour de l’autre côté des Cimes Sifflantes et me laisse seul en post. Cela démontre la confiance qu’elle me porte à présent. Elle quitte notre campement en début de matinée et ne revient qu’en milieu d’après-midi, courant jusqu’à moi. C’est avec un affolement qu’elle m’en explique brièvement la raison.

"Nous devons nous rendre de l’autre côté des Cimes. Une épaisse fumée est présente !"

Nous préparons notre départ en ne laissant que de quoi nous sustenter et dormir avant de prendre la route dès que nous serons prêts à découvrir la raison de ce feu.

VII. 5 Une rencontre musclée.
Modifié en dernier par Nhaundar le ven. 30 oct. 2020 21:11, modifié 1 fois.

Avatar du membre
Nhaundar
Messages : 140
Enregistré le : dim. 30 déc. 2018 20:08

Re: Les Cimes Sifflantes

Message par Nhaundar » ven. 30 oct. 2020 21:10

VII. 4 Observations, préparations.

Nous partons en début de matinée, lorsque les premières lueurs de l’aube font scintiller les massifs rocheux encore humides. Un léger brouillard se lève lorsque le rayonnement fait disparaître la fine pellicule d’eau en surface, rendant notre chemin plus périlleux qu’il ne l’est déjà avec cette humidité environnante. Au bout de quelques heures, Sylve guette le moindre indice sur le panache de fumée qu’elle a perçue la veille, en vain. Elle est tendue. Son visage crispé démontre un mélange de crainte et de nervosité. Loin de moi l’idée de mettre en doute ses certitudes d’hier, alors je préfère me taire. Il s’agit de son terrain, son élément de prédilection. Elle a acquis une grande expérience dans son domaine. Ma confiance en elle est plus grande que les doutes qui m’habitent en ce moment.

Nous continuons notre chemin jusqu’à la tombée de la nuit lorsque nous atteignons enfin le sommet du versant et que la voix de la semi-elfe se fait enfin entendre.

"Là, la fumée !" Dit-elle avec un regain de confiance après avoir toute trace de son existence.

"Je ne vois rien !" Dis-je cherchant dans la même direction que la camarade, plissant les yeux à cause du soleil.

"Tu n’oses tout de même pas me prétendre folle ?" Réplique-t-elle alors qu’elle redouble la cadence, après cette courte pause.

"Non ! Simplement que je ne voie pas aussi bien que toi lorsque je regarde en direction du soleil !" Fais-je alors que sors un peu d’eau pour me désaltérer ainsi que ma monture.

"Dépêche-toi bon sang !" S’insurge-t-elle en me regardant durement.

Je soutiens son regard et tente de calmer ses ardeurs avec un ton aussi calme et apaisant que le prêtre dans le temps de Gaïa. Cependant c’est avec les bons arguments que je dois l’arrêter.

"Nul besoin de nous précipiter ! On ne sait pas ce qu’il s’y trouve et nous aurons probablement besoin que nos montures soient en de bonnes dispositions le moment venu ! J’ignore où nous allons, mais nous risquons d’arriver à destination au beau milieu de la nuit. Mieux vaut s’arrêter là pour le moment et laisser nos montures se reposer !"

Mes mots ont l’impact escompté et la semi-elfe s’arrête également afin de monter le camp pour la nuit. Le lendemain matin, après une brève collation, nous reprenons la route avec la crainte de voir ce qui nous attend au bout du chemin. Nous y arrivons en milieu de matinée. Face à nous sur un plateau, un village de fortune construit avec les matériaux environnant a été décimé par les flammes. Du bois, de la paille, de la glaise, tout ce qui peut permettre une construction rapide, mais avec le risque de brûler facilement. Nous attachons nos montures un peu plus loin et en nous rapprochant nous faisons face à un spectacle insoutenable. Là sont entassés des cadavres de Garzoks brulés. Hommes, femmes, enfants, toute une tribu semble présente au milieu des cendres. Les corps gisent décapités pour les plus chanceux, alors que certains semblent avoir été enchaînés vivants lorsque le feu s’est répandu.

"Qui a pu commettre une telle atrocité ?" Fais-je sans vraiment m’attendre à une réponse.

"Je l’ignore." Commence Sylve. "Mais je ne connais personne à Oranan qui ait pu faire une telle chose !"

"Avec les pertes subies, tu ne penses pas que certains hommes pourraient…" Dis-je comme si l’évidence était là. Nous sommes sur le territoire d’Oranan qui a récemment subi une défaite.

"J’ai déjà eu l’occasion de voir certaines pratiques inavouables en temps de guerre, mais ça…c’est d’un tout autre niveau." Déclare-t-elle en s’enfonçant plus à l’intérieur du village.

Nous observons l’intérieur de ce qui reste des bâtisses et le constat est sans appel : ce n’est pas un avant-poste militaire. Une enclume et des outils de forgeron, des peaux de bêtes coupées pour habiller un petit Garzok, des fers à cheval ainsi que ne nombreuses empreintes d’équidés et d’imposants loups à monter. Sylve suit la piste des bêtes qui ont quitté le secteur, suivie par un grand nombre d’empreintes. On s’attendrait à y voir des traces de pas d’homme, mais la taille et la profondeur font état d’un être humanoïde bien plus massif qu’un homme.

"Des Garzoks !" S’exclame soudainement Sylve.

"Où ça ?" Dis-je en observant les alentours avec une posture de défense.

"Ce sont des Garzoks qui sont venus pour exterminer ce village !" Réplique-t-elle en scrutant à son tour les environs.

"Quoi ? Mais…mais pourquoi ? Dans quel but ? Ca n’a pas de sens !" Fais-je incrédule.

"Les traces partent vers le Nord ! Ils ont contourné les Cimes Sifflantes depuis le Nord et sont revenus ici. Quant à savoir pourquoi, je n’en sais fichtrement rien !" Détaille-t-elle.

"Nous devrions rebrousser chemin, j’ai un mauvais pressentiment sur ce lieu lugubre !" Dis-je suppliant presque ma camarade d’accepter ma demande.

"Je suis d’accord avec toi, on va vite…" Répond-elle avant d’être interrompu par le hurlement d’une bête, à vous tordre les boyaux.

A plus d’une centaine de mètres de nous, un Garzok portant quelque chose sur ses épaules, se tient debout, hurlant à pleins poumons un cri déchirant. Il s’arrête, les poumons vraisemblablement vidés de tout l’air qu’ils contenaient. Il fait tomber lourdement au sol ce qu’il porte sur son épaule et cela ressemblerait au corps d’un cerf, mais avec d’énormes cornes. Il brandit un objet métallique qui réfléchit la lumière, une hache. Il fait un pas dans notre direction, puis un autre. Petit à petit il accélère jusqu’à devenir une charge furieuse. Le choc de ses pas à atteindre des proportions telles que nous commençons à les ressentir, ou est-ce la peur qui nous le fait croire. Désormais à bonne distance pour faire rugir mes fluides, je lance ma boule de feu la plus puissante dans sa direction. Le projectile magique se dirige vers lui pour l’atteindre au visage. Sans chercher à esquiver le coup, il place son énorme main gauche devant lui et balaie mon sort d’un simple revers de la protection qu’il possède sur son avant-bras. Si mon plus puissant sort l’a à peine ralentit, sa fureur ne prend que plus d’ampleur.

"Prépare-toi à esquiver de ton côté et moi du mien !" M’ordonne la guerrière à ma gauche.

Alors que le monstre arrive sur nous, elle hurle à mon attention en me poussant de mon côté.

"Maintenant !"

Prenant chacun une direction opposée, nous bondissons hors d’atteinte du monstre au dernier moment. Emporté par son élan, il nous manque tous les deux et termine sa course plusieurs mètres plus loin. Il prend le temps de nous observer l’un l’autre durant lequel je peux faire de même et aisément me faire une opinion sur lui.

Il faisait déjà peur de loin, mais à cette distance c’est tout simplement la personnification de la terreur qui me fait face. Il possède un important ensemble d’armure lourde sur lui. Ses bottes possèdent trois sortes de crocs, idéales pour arracher des tripes d’un simple coup de pied. C’est à peine si je fais attention à son pantalon lorsqu’en remontant les yeux je fais face à une énorme ceinture protégeant son abdomen. Le crâne d’une bête y siège pour augmenter l’effroi à ses adversaires. Ses deux avant-bras son protégés par des gants sur lesquels ont été ajoutés des planques métalliques comprenant des crochets. J’ignore s’il ne vaut pas mieux mourir directement après un revers de sa main. Seule son épaule droite est protégée par une importante protection. La meilleure des lames n’y ferait pas une entaille. Son autre épaule nue, permet de comprendre comment un seul individu est capable de porter autant de poids sur lui. Il possède une musculature terrifiante, presque autant que la haine perceptible dans ses yeux. Seuls ses cheveux noirs décorent son visage avec une queue de cheval entourée par un nœud rouge. Alors qu’il prend la décision de sa première victime, il s’avance vers moi et saisit sa hache devant lui avec ses deux mains. Si celle-ci n’a qu’un seul tranchant, l’autre côté possède une multitude de pics dont je risque bientôt de connaître l’utilité.

Loin d’être gêné par sa masse, il se rue sur moi tandis que je me relève. J’esquive d’un second saut sur le côté tandis que Sylve arrive en courant, ses deux lames en mains. Alerté par sa présence et ne me craignant visiblement pas, il se tourne vers elle pour imposer sa puissance physique. Tournant sur à droite, il délaisse sa hache pour frapper avec sa protection et j’entends les clochettes magiques m’alerter d’un danger imminent.

(Folle que tu es, tu y vas en oubliant de te protéger !)

Je n’ai que le temps de générer une protection de terre avec un minimum de mana sur elle, avant que le coup ne l’atteigne. Le choc est violent et la guerrière projetée plusieurs mètres plus loin. Elle se dresse rapidement, signe que mon sort a opéré à temps. Malheureusement à cette distance elle ne pourra être en mesure de me porter assistance pour ce qui arrive.

Comprenant la réelle étendue de mes capacités, le monstre se tourne vers moi avec des yeux plus terrifiant. Il se saisit de sa hache pour me frapper latéralement de son tranchant. Je place mon bâton pour me protéger le long de mon corps et use de mon sort installé sur ma tunique pour générer à nouveau la même protection de pierre. Avec une telle puissance, il faut au moins cela pour résister. L’arme me frappe violemment sur le flanc, mais si je parviens à résister bien positionné sur mes jambes, j’ai cependant ressenti l’impact au travers de ma protection. La puissance du tranchant de son arme étant amoindrit avec mon armure, il la ramène jusqu’à lui et me frappe à nouveau avec cette fois-ci le revers garnis de pics. Plus rapide que moi, je n’ai que le temps de me positionner de la même manière. Les muscles gonflés à blocs, il me frappe d’un coup colossal et me projette en arrière. Mon envol ne s’arrête qu’en rencontrant un rocher à quelques mètres de là. Le choc est rude et mon dos prend cher. Touchés, mes poumons m’obligent à tousser emportant avec l’air qu’ils contiennent, une gerbe de sang. Je tente de me relever, mais une blessure me fait un mal de chien. Ma jambe droite a percuté une excroissance rocheuse suffisamment fort pour limiter ma capacité de mouvement.

Le monstre lui ne s’arrête pas à cela. Il se rue sur moi avec l’idée d’en finir rapidement, sans prendre le temps de savourer cet instant où sa victime le supplie du regard. Je rassemble mes fluides pour chauffer son arme et le rendre moins dangereux. J’y mets toute la puissance dont je suis capable et sa hache change de couleur avec la température. Pourtant, même si cela à l’air de le gêner, le Garzok ne s’arrête pas. C’est à peine s’il ralentit. Mon armure ne va pas tenir indéfiniment et même avec, cette chose a prouvé qu’elle avait la puissance de faire très mal. Remarquant un mouvement derrière-lui, je lui assène une colonne de pierre avec tout ce qu’il me reste en magie terrestre. Il ne cherche pas à esquiver et va même porter un coup de tête avec son crâne nue, pulvérisant mon sort et ne laissant qu’une marque ensanglantée sur son front. Si son intention était bien de m’effrayer cela fonctionne. Cependant j’avais pour but de le ralentir assez pour que la guerrière arrive dans son angle mort et lui plante ses deux lames dans le dos.

Il hurle de douleur. Son cri est puissant, mais malgré tout, j’ai plus été figé par son hurlement lorsque nous l’avons vu. Comment la vue d’une Oranaise et d’un Shaakt peut-elle est perçue plus durement que deux lames dans le corps ? En moi je sens que quelque chose m’échappe sans être capable de mettre le doigt dessus. Mais pour l’heure, l’ennemi qui nous fait face avec toute sa hargne est une priorité majeure avant de pouvoir résoudre cette énigme. Il tourne sur lui-même pour frapper la guerrière qui esquive en sautant sur le côté. Elle ne semble pas souffrir de dommage particulier malgré les coups particulièrement rudes et il est fort probable qu’elle ait déjà usé des sorts de soin que je lui ai octroyé. Je profite de ce moment pour soigner mes blessures. L’énergie magique coule en moi avec un soulagement salvateur. Les dégâts subis sont résorbés en partie, mais il me faut réitérer mon sort à la jambe pour me permettre de bouger convenablement. Cependant, en moi je sens qu’il me reste juste assez pour générer ma plus petite boule de feu.

Bien qu’une lame soit restée dans le corps de ce monstre, il semble complètement l’ignorer et continue de se battre comme un dément. Sylve se bat aussi bien qu’elle peut avec une seule lame et son bouclier, mais je doute qu’elle survive avant que notre adversaire ne succombe à ses blessures.

(Mes sorts offensifs ne semblent pas l’affecter et je doute que mes techniques psychiques puissent avoir un effet sur lui. Il est complètement dément ! Peut-être devrais-je utiliser mes sorts d’une autre manière !)

Seule Sylve est parvenue à lui faire réellement mal et il est temps que je pose ma propre pierre à l’édifice. J’use de mon sort contenue dans mon chapeau et appelle les esprits pour recouvrer les trois quarts de mes ressources magiques. Puis pour conserver mes réserves, je rassemble mes fluides pour chauffer au minimum non pas son arme, mais celle de ma camarade encore en lui. Une nouvelle fois, le monstre hurle sa rage et sa souffrance. Il frappe la guerrière avec sa hache qui recule de plusieurs mètres et extirpe finalement l’arme de son dos avant de s’approcher d’elle pour l’achever.

"Hey cervelle de piaf ! C’est moi qu’tu veux non ? Alors viens donc m’affronter si tu en as le courage !" Fais-je en le provoquant d’un signe du doigt de venir à moi, désirant détourner son attention de la semi-elfe.

A nouveau il se tourne vers moi. J’ignore pourquoi, mais j’ai le sentiment qu’il me porte une haine toute particulière. Le Garzok se rue sur moi. Derrière-lui la guerrière tente de la poursuivre, mais alors qu’elle tombe au sol, je comprends qu’elle a atteint ses limites et ne me sera d’aucun secours cette fois-ci ! Je me prépare tandis que le monstre arrive.

(Je sais que mes sorts ont un impact sur lui, que ce soit la lame chauffée ou même ma colonne de terre. Il n’est clairement pas immunisé face à mes sorts alors je ne dois pas le craindre. Je dois avoir confiance en moi !)

Alors qu’il arrive, je me cale sur sa course. Plus particulièrement sur les mouvements de sa jambe. Je n’ai guère de temps, mais ma maîtrise magique est avec moi. Au moment où sa jambe droite le propulse en avant et se laisse dépasser par sa consœur, je lance ma boule de feu avec ce qu’il me reste. Elle percute le genou en arrière et déstabilise son équilibre. Bien que sa situation soit précaire, il ne tombe pas. Je décide de prendre les devants et m’élance pour réduire le peu d’écart qu’il reste, en revêtant mon sort de protection contenue dans mes jambières. Un bref instant avant l’impact, mon corps est entièrement protégé. Pensant avoir une occasion en or pour frapper, il lève sa hache en l’air. Malheureusement pour lui, je me laisse tomber dans ses jambes et l’oblige à tomber au sol.

Il commence à fatiguer de ce combat et peine à reprendre ses esprits après tous les coups qu’il a pris. Je ne compte pas laisser passer cette chance d’en finir. Brandissant mon bâton au-dessus de moi, je rassemble l’intégralité de ma magie terrestre et matérialise ma frappe du golem la plus puissante. Je n’ai pas le droit à l’erreur car cela laissera à mon ennemi le temps de se remettre. J’abats mon sort avec toute ma volonté sur la tête du Garzok, qui se retrouve frappée entre deux éléments de terre. Mon sort est tout aussi ferme que le sol lui-même et un énorme bruit se fait entendre lors du choc, en soulevant un nuage de poussière. Je m’écarte du corps inerte pour éviter un coup porté dans le vide. Quelques secondes plus tard, le nuage de poussière se dissipe, laissant le corps complètement immobile au sol.

"Tu l’as tué ?" M’interroge Sylve qui est revenue vers moi en claudiquant.

Je prends le risque de me rapprocher assez pour lui toucher la gorge et sentir son pouls. La pulsation est légère, mais tout de même présente.

(Quel monstre ! Malgré tout ce qu’on lui a infligé, il reste encore en vie !)

Son dos est découvert et laisse en évidence la profonde blessure que nous lui avons infligée. Elle finira par lui être fatale d’ici peu de temps. La lame chauffée par mon sort a beau avoir cautérisé une partie de la chair, le sang coule malgré tout. Je mobilise ma magie lumineuse et guéris cette plaie pour l’éloigner de la mort.

"Mais qu’est-ce que tu fais ? Tu es fou !" S’étonne la semi-elfe.

"Je compte bien avoir des réponses." Lui dis-je avant de poursuivre en désignant les ruines. "On dirait un village, pas un avant-poste et tu as vu cette haine contre moi ? Commence à détacher ses armures, je vais refaire le plein de magie pour être prêt lorsqu’il se réveillera."

VII. 6 Les mauvaises rencontres valent les pires cauchemars !
Modifié en dernier par Nhaundar le sam. 31 oct. 2020 15:15, modifié 2 fois.

Avatar du membre
Nhaundar
Messages : 140
Enregistré le : dim. 30 déc. 2018 20:08

Re: Les Cimes Sifflantes

Message par Nhaundar » ven. 30 oct. 2020 21:22

VII. 5 Une rencontre musclée.

Une fois que mes réserves magiques sont revenues, je soigne les blessures de la guerrière avant de refaire le plein et l’aide à enlever les imposants éléments d’armures. Le Garzok est un monstre de muscle et les nombreuses cicatrices qu’il a sur le corps démontrent une vie particulièrement rude.

"Encore une fois, ce n’est pas une bonne idée. Il est clairement dangereux !" S’inquiète une nouvelle fois Sylve.

"Je crois qu’on va bientôt le savoir !" Dis-je alors que celui que nous avons mis à terre commence à émerger. Je me dresse en m’assurant d’être hors de sa portée et tends mon bâton en direction de sa tête. "Tu comprends la langue commune ?" Sa grimace m’indique que non. "Et ma langue tu la comprends peau verte ?" Cette fois-ci la réaction ne laisse pas de doute. "Soyons clair, tu es en vie par mon simple désir. Tente quoique ce soit et je m’assurerais que tu meurs de la façon la plus humiliante. Je te mettrais à terre pour te guérir et recommencer. Maintenant dis-moi, quel est ce… ce village en cendre ?"

Le Garzok me regarde avec perplexité. Cependant sa réaction ne vient pas de ma question, mais d’un élément particulier du traitement que je lui ai promis.

"Me guérir ?" S‘étonne-t-il.

"Tu ne me crois pas ?" Fais-je alors que je tends le bras pour mobiliser ma magie lumineuse et soigner une petite estafilade sur lui.

"Arrêtes !" Grogne-t-il finalement avant de poursuivre. "Comment est-ce possible ? Une peau noire avec de la lumière en lui ?"

"C’est moi qui pose les questions !" Fais-je en montant le ton. "Ce village, c’était un village de Garzoks et il a été détruit par d’autres. Pourquoi ?"

Il ne semble pas d’accord pour parler, alors je tends ma main vers une de ses blessures ce qui le fait réagir immédiatement.

"D’accord, d’accord ! Nous sommes…nous étions la tribu des loups de sang. Nombre des nôtres sont morts sur le champ de bataille, pour la gloire d’êtres qui n’ont aucune estime pour ses soldats. Nous avions pris la décision de fuir la guerre et de trouver un lieu pour nous installer, mais ils nous ont retrouvés." Explique-t-il.

(Donc il y a un groupe de Garzoks armé dans la région ! Ce n’est pas bon.)

Sylve qui ne comprend pas ma langue sollicite des explications.

"Il prétend que lui et les siens ont fuit l’influence d’Oaxaca pour s’installer ici, mais ils ont été rattrapés par un groupe armé, certainement ceux qui ont laissé les empreintes que tu as remarquées." Lui dis-je.

"Des ennemis sont présents ? Il nous faut des détails !" S’inquiète-t-elle.

Je reporte mon attention sur notre prisonnier et reprend l’interrogatoire.

"Parle-moi de cette troupe. Je veux tout savoir, nombre, armement, chef, tout !"

"Nous étions poursuivis par une expédition punitive principalement composée de mon propre peuple. Il devait y avoir quelques archers ainsi que des mages Shaakts. Ils étaient menés par une peau noire avec une arme étrange, comme un fouet je crois. Nous pensions les avoir semés et après notre installation je suis parti explorer les environs. Quand je suis revenu le village était en cendre et que je vous ai vu, j’ai immédiatement pensé que vous faisiez partie des responsables." Explique-t-il.

Les détails sont intéressants et d’après ce que je peux voir sur son visage, les muscles sont détendus et son pouls n’a pas l’air de s’accélérer : il ne semble pas mentir. Cependant je commence à perdre le fil des informations lorsqu’il est mention d’un leader armé d’un fouet étrange. Sylve remarque que mon état subit d’importantes perturbations. C’est à peine si je le ressens, mais tout mon être est parcouru de tremblement et des sueurs parcours déjà tout mon corps, tout comme ce long frisson glacé le long de ma colonne vertébrale. La guerrière attire mon attention, mais je me focalise sur le Garzok. Je veux m’assurer de la véracité de mes craintes qui altèrent mon comportement calme du début, en une agressivité injustifiée.

"Ce leader, qui étais-ce, un homme, une femme ? Son nom ?" Fais-je les yeux sortant de leurs orbites.

"Aucune idée ! Tu auras beau faire tout ce que tu peux je ne peux révéler ce que j’ignore ! On ne m’a que rapporté les faits de nos éclaireurs !" Répond-t-il calmement en portant un regard triste sur les décombres de son village.

Sylve multiplies les secousses pour m’arrêter, mais tout comme moi elle s’interrompt brusquement. Mes clochettes sonnent et alors que je porte instinctivement mon regard sur elle. La guerrière a se regard si particulier lorsque son ouïe fine détecte un bruit anormal, ou même dangereux et visiblement cela vient de derrière. Mes clochettes ne sont pas là pour la décoration. Jusque-là, elles m’ont permis de protéger un être cher d’un danger imminent. C’est ce désir de protéger Sylve qui me pousse à l’entourer d’une armure de pierre avec un minimum de magie terrestre. L’instant suivant, un lien métallique entoure son coup puis se resserre avec force. Sans mon armure, sa tête volerait avec légèreté. Au lieu de cela, la semi-elfe n’est que renversée en arrière.

Mué par un réflexe de défense, je me retourne pour faire face à un unique adversaire et sans prendre le temps de le détailler, je lance une première boule de feu avec un minimum de mana au sol, pour projeter un bref écran de sable et enchaîne avec le même sort, mais cette fois-ci en usant de toutes mes ressources infernales sur l’individu. Il se prend le coup de plein fouet et recule de plusieurs pas en arrière. Désormais à bonne distance, je peux mieux détailler ce sournois assassin.

Il porte une armure de cuir particulièrement sombre avec des reflets violets, tandis que le contour semble composé d’or pur. Le métal qui a attrapé ma camarade est un fouet composé d’une multitude de pièces de métal reliées ensemble comme une longue chaîne. Seul le manche qui sert à manier l’arme est en cuir. Quand à sa tête, elle est enfoncée dans une capuche dissimulant son visage. Seuls ses yeux violets de Shaakt sont visibles et lorsque nos regards se croisent, ils s’écarquillent comme jamais je ne l’ai vu avant sur un être vivant.

"Toi ! Misérable chien, tu es donc encore en vie !" Fais une voix féminine venant de l’elfe noire qui nous fait face.

"On se connait ?" Fais-je en usant également dans ma langue natale, tandis que ma voix se fait tremblante.

"Ho que oui !" Répond-elle en découvrant lentement son visage. "Et tu maudiras le jour où je n’ai pu te tuer !"

Je comprends mieux ce sentiment de peur qui m’animait. Il s’agit d’un lieutenant de mon ancienne maîtresse à Omyre. A ma connaissance, la seule chose qui soit parvenue à lui échapper, c’est moi. Ce visage me rappelle tant de souvenirs douloureux auprès de mon ancienne maîtresse, la torture, la faim, le froid de mon cachot et d’autres atrocités subies durant des décennies aux services de cette odieuse Shaakt. Ces souvenirs douloureux refont surface au plus mauvais moment.

"De gré ou de force tu me suivras ! Alors fais-moi plaisir et résiste !" Déclare-t-elle en lançant son fouet dans ma direction.

Les éléments métalliques du fouet se déploient pour atteindre une longueur disproportionnée et permettant de m’atteindre d’aussi loin. Cependant l’arme se stoppe net en rencontrant une des lames de Sylve qui s’est dressée pour me protéger.

"J’ignore qui vous êtes, mais visiblement vous ne semblez pas une bonne connaissance de mon ami." Déclare la semi-elfe provoquant la stupéfaction de la Shaakt. "L’avantage avec les armes, c’est qu’elles se comprennent dans toutes les langues !" Hurle-t-elle en fonçant sur notre ennemi.

Le combat fait rage entre les deux femmes, mais je sais de quoi est capable cette femme venue des tréfonds de mon passé et elle se joue de la guerrière avec un plaisir horrifiant. Je devrais aider Sylve, mais je n’y arrive pas. Mon esprit hurle de bouger, mais mon corps est une pierre immobile. Les souvenirs me hantent et sont un mur infranchissable avant d’espérer le moindre mouvement de mon corps. Mon pouls s’accélère, de même que ma respiration, puis c’est ma poitrine qui me fait un mal de chien tandis que mon corps entier tremble. A côté de moi et malgré les blessures qui l’handicape grandement, le Garzok se relève péniblement.

"Que…que fais-tu ?" Dis-je terrifier.

"De ce que je comprends, c’est cette femelle peau noire qui a massacré les miens et je compte bien lui rendre la pareille !" Répond-il.

"Tu n’es clairement pas…en état de…de te battre !" Fais-je en cherchant à contrôler mes tremblements.

"Nous avons fui pour vivre et combattre libre ! Si je dois mourir, se sera en tant qu’être libre ! Va, fuis et laisse cette femelle peau blanche se battre seule si tu en as le courage !"

(Bon sang, mais que m’arrive-t-il ? J’ai affronté tant d’épreuves depuis ma libération et voilà que je perds tous mes moyens dès que mon passé surgit !)

Alors que le Gazrock peine à se mouvoir à cause de ses multiples blessures, la Shaakt semble en avoir assez de ce petit jeu avec Sylve et montre ses véritables capacités. La semi-elfe fait preuve d’une défense exemplaire, mais la différence de force va briser son endurance.

(Allez bouge !)

Sylve n’arrive pas à suivre les multiples agressions du fouet et se voit obligée de reculer petit à petit devant le sourire carnassier de l’elfe noire.

(Ne reste pas à ne rien faire. Bouge !)

La Shaakt augmente la vitesse de ses frappes et profite d’un moment de faiblesse pour désarmer une des lames de la guerrière.

(Ne te laisse pas dominer par ton passé et agis !)

La semi-elfe glisse et pose un genou à terre tandis qu’elle subit sans interruption les puissantes attaques de son adversaire qui la fait ployer. Un nouveau coup du fouet métallique attrape la lame pour la désarmer. Ma clochette se met à sonner, signalant un danger imminent pour Sylve et un dernier avertissement pour agir.

(Maintenant !)

Ce signal d’alerte est le déclencheur qui me permet de bouger à nouveau. Alors que le Garzok halète comme un bœuf sans être capable de bouger sa propre masse, je mobilise mes fluides terrestres pour projeter un pilier de pierre avec toute la magie que je suis capable de générer pour frapper la Shaakt. Le coup la touche de plein fouet au torse et la projette au loin. Avant de retrouver la guerrière, je laisse mon sac au Garzok et lui explique la raison.

"A l’intérieur il y a un étrange objet rayé rouge et blanc. C’est un sucre d’orge magique. Mange-le et il te guérira sans avoir recours à la magie blanche ! Tu as ma parole !"

Suite à quoi je me précipite vers la semi-elfe et me place de sorte à prendre les coups à sa place.

"Le petit chien a appris à montrer les crocs pour sauver sa nouvelle maîtresse ? Tu as finalement appris à maîtriser ta magie. La dame sera heureuse de l’apprendre. Tu te souviens d’elle et de vos activités n’est-ce pas ?" Déclare-t-elle, mais je sens désormais que c’est une provocation qu’elle fait. Elle cherche à me déstabiliser pour m’atteindre plus facilement.

"J’ai essayé de chauffer son arme, mais on dirait qu’elle est résistance au feu !" M’explique Sylve toujours un genou au sol.

"Une protection ignifugée !" Fais-je presque ravi de voir une manifestation magique qui est peu commune. "J’ai entendu parler de protection élémentaire, mais je n’en ai jamais vu jusque-là ! Tu as une blessure particulièrement sévère ?"

"Oui à la cuisse, mais j’ai utilisé tes sorts de soin durant le combat contre le Garzok." Me répond-elle.

Faisant attention à la Shaakt, je mobilise mes fluides lumineux pour résorber autant la blessure qu’il m’est possible de le faire.

"Comment ?" S’étrangle l’elfe noire. "La magie blanche ? Tu as renié tes dieux ?" Fait-elle en maniant rageusement son fouet dans ma direction.

"Pas seulement." Lui dis-je. "J’ai prêté allégeance et fidélité à la république d’Ynorie ! J’ai déjà commencé à œuvrer pour la milice, mais je compte bien faire davantage au nom de la déesse Gaïa !"

"Misérable larve !" Grogne-t-elle en s’élançant rageusement vers moi.

Elle manie son fouet avec rapidité, mais ne rencontre que la lame protectrice de Sylve qui s’est dressée pour me protéger. Enroulée autour de l’arme de la guerrière, j’ai tout le loisir d’envoyer une boule de feu majeur sur la Shaakt en pleine poitrine. Même si elle s’est protégée avec ses gants ignifugés, elle n’est clairement pas sortie indemne.

"Sylve, il faut que tu…" Dis-je avant d’être interrompu.

"T’inquiètes pas j’ai compris. Je peux l’occuper pendant que tu fais le plein !" Déclare la guerrière qui commence à bien comprendre les problèmes que rencontrent les mages purs et qui cerne mieux mon style de combat.

Alors que je mobilise les esprits environnant pour retrouver mes ressources grâce au sort contenu dans mes gants, Sylve rejette l’arme de notre adversaire pour éviter de se faire désarmer. Le combat fait rage entre les deux femmes, mais le temps qui m’est alloué me permet d’augmenter mes réserves et c’est aux trois quarts de mes ressources désormais que je me mêle à la danse.

Nous n’en sommes pas à notre premier affrontement avec Sylve et avec le temps, nous avons appris à reconnaître le style de combat de l’autre et à nous y adapter. En fine bretteuse, la guerrière reste au corps-à-corps et accentue l’attention sur elle en ondulant sa position de gauche à droite. De mon côté, je joue avec les déplacements de la guerrière qui me laisse des ouvertures grâce à ses mouvements de penduliers. Mes sorts ont beau être générés avec un minimum de magie pour privilégier l’endurance de mes ressources, leurs multitudes les rend efficaces. Qu’ils échouent ou non, Sylve profite de chaque occasion pour acculer encore notre adversaire. Cependant avec le temps, je vois bien que globalement nous n’arrivons pas à prendre le dessus. Profitant que je rassemble mes énergies magiques, la Shaakt passe à l’offensive et rompt notre formation. Les coups pleuvent sur nous et m’oblige à user de sorts de protections.

"Tiens bon jusqu’à l’arrivée des renforts !" Fais-je à la semi-elfe.

"Des renforts ? Mais où ça ?" Déclare-t-elle qui doute soudainement de ma santé mentale.

En lieu et place d’une longue explication, peu appropriée dans ces circonstances, un cri de rage survient. Ce même cri qui nous a tétanisés Sylve et moi lorsqu’il nous était adressé, nous laisse encore des séquelles psychologiques avec un frisson sur l’ensemble de notre corps. Pourtant ce n’est pas contre nous qu’il est adressé. Preuve à l’appui, la masse énorme du Garzok charge comme un troupeau de Brok'nud à lui seul et force l’elfe noire à esquiver un piétinement ravageur. Un nouvel intervenant entre dans ce conflit. Cependant s’il devait être un l’atout qui nous manquait, ses coups très puissants manquent non seulement de précision, mais notre ennemi commun fait preuve d’une intelligence du combat particulière en se déplaçant de sorte que nous nous gênions les uns les autres. Le Garzok, et son imposante carrure, empêche la guerrière de se positionner correctement et cela rend mes interventions plus compliquées, m’obligeant à prendre du recule.

Cependant il s’avère que ce n’était que le prélude à une véritable montée en puissance de la Shaakt. Renonçant à frapper avec son fouet l’espace d’un instant, elle scinde son arme en deux de même longueur, mais d’épaisseur moins importante. L’effet est quasi immédiat. Bien que les coups soient portés avec moins de poids, l’utilisation d’une arme plus maniable dans chaque main est effroyablement efficace. Les coups pleuvent tandis qu’elle esquive avec aisance les assauts contre elle. J’ignore comment le Sylve et Garzok le perçoivent, mais de mon point de vue éloigné le combat tourne clairement à notre désavantage.

(Bon sang réfléchis ! Tu ne peux certes pas utiliser ta magie comme tu le fais d’habitude, mais il y a bien un moyen d’agir ! La brûlure sournoise est peu efficace à cause de ses gants. J’en sais assez sur elle pour oublier la torture mentale. Elle possède une tolérance à la douleur particulièrement travaillée ce qui va rendre ma torture mental moins utile. Mon sort de corruption ne fonctionne que sur les techniques employant les ressources internes et ne nous sera pas d’un grand secours. Je vais devoir trouver un autre moyen, un autre type de magie psychique pour l’atteindre. Bon réfléchis. C’est une guerrière accomplie. Elle est agile, puissante, sournoise, les sens dangereusement aiguisés…)

Je m’arrête quelques instants avec cette notion de sens dans l’esprit.

(Je suis parvenu à pénétrer l’esprit des individus pour accroître leurs peurs et les empêcher d’utiliser leurs capacités. Techniquement si j’atteins ses sens, je pourrais user de ma magie pour les influencer !)

Avant de passer à l’action, je recouvre à nouveau les trois-quarts de mes réserves magiques et rassemble mes fluides pour les envoyer dans la tête de l’elfe noire, comme je le fais habituellement pour mon sort de corruption. Ma magie pénètre la tête de ma cible et change ma perception de mon environnement. Je perçois toute l’activité présente, mais seule la partie concernant les sens m’intéresse. Je n’ai guère le temps pour m’intéresser à tout cela et focalise mon attention sur le plus évident : les yeux. Une sorte de lien est présent et se dirige à l’arrière de la tête. Ayant déjà perdu du temps, j’immisce mes fluides dans cet étrange lien et y perturbe l’activité.

Ma magie m’obéit avec une aisance qui fait gonfler mon égo. Cependant de retour à la réalité, si les effets de mon interaction semblent présents, cette Shaakt ne semble pas être tant gênée que cela. Soit elle est capable d’agir avec une gêne visuelle, soit elle use de ses autres sens pour se repérer. Elle sent que quelque chose ne va pas et intensifie ses attaques sur ses deux opposants.

Dans ce cas je retente l’expérience avec rapidité et me focalise sur l’activité autour de ses oreilles. Un lien est également présent, mais à ma grande déception il ne se rend pas au même endroit. Je fais de même avec les autres sens et un rapide constat se fait : il me sera possible d’attaquer qu’une seule et même zone en agissant ainsi. Alors que je sonde l’intérieur de sa tête, je perçois que les interférences visuelles que j’ai causées se sont déjà estompées. Il est inutile d’agir sur l’un puis l’autre, je dois œuvrer sur les autres en même temps.

J’ai perdu du temps plongé dans mes observations magiques et alors que je regarde avec mes propres yeux, je remarque que la Shaakt perçoit dans mon attitude en retrait, que je manigance quelque chose et cherche à se frayer un chemin dans ma direction. Je ne peux me permettre d’agir avec trop de précautions. Je mobilise à nouveau mes fluides dans la tête de ma cible et infuse ma magie dans chacun des liens, pour perturber sa perception venant de ses sens. Je transforme mes fluides pour qu’ils se fondent dans ce lien que je perçois et perturber ainsi sa perception sensorielle.

Mon sort semble affecter la Shaakt car une fois que je reprends le court réel des choses, une intense contrariété est palpable sur son visage. L’elfe noire comprend que je m’attaque à elle et que petit à petit cela l’affecte de plus en plus. Cependant mes efforts ne semblent pas encore suffisants car elle continue de se battre comme une dément. D’ailleurs elle se rue sur moi et reçoit un puissant coup du Garzok qui la déporte de la zone de combat et lui ouvre un champ libre pour m’atteindre.

Je n’ai que le temps d’une ultime tentative pour complètement chambouler sa perception de l’environnement et je décide de mettre le paquet en usant du maximum de mana que je suis capable de générer. Mes fluides pénètrent dans sa tête à la recherche de ces fameux liens sensoriels, que je retrouve facilement à présent.

(Bon quitte à embrouiller ses sens, autant les transformer en un champ de fleurs après le passage d’une tribu de Garzoks ! Ma belle, tu vas connaître le plaisir de sentir par les pieds !)

Plutôt que de parasiter les liens sensoriels, je change leurs trajets de chacun pour qu’ils atteignent une destination différente. Ainsi elle aura beau avoir les sens les plus développés, elle sera incapable d’y faire face sans subir d’importants changements. Durant ma précédente tentative, ma magie s’est transformée pour ressembler à ces étranges liens entre les éléments sensoriels, comme le nez ou les oreilles. Il m’est désormais facile de changer la nature de mes fluides qui s’immiscent dans la tête de la Shaakt. Prenant le contrôle de chacun des liens, je les redirige à l’aide de ma magie là où un autre lien aurait dû se rendre. Ainsi, l’elfe noir peut sentir par sa peau, voir par son nez, entendre par sa bouche, goûter par les oreilles et avec le toucher grâce à ses yeux.

L’effet est immédiat et la terrible guerrière se vautre lamentablement au sol en me manquant d’un bon mètre. Même si j’ignore que son cerveau fait un travail colossal pour trier les informations et les remettre dans l’ordre, la réalité est suffisamment déformée pour qu’elle ne devienne plus cette guerrière émérite qu’elle était il y a peu. A mon tour de me délecter de sa faiblesse, mais c’est un jeu auquel je ne suis que novice et la première leçon que j’en tire est qu’il ne faut pas se laisser dominer par sa suffisance. Malgré sa faiblesse, l’elfe noire use de ses fouets pour brasser l’espace autour d’elle et m’atteindre aux jambes en me faisant lourdement tomber au sol. Le sol tremble, mais ma chute n’en est pas la raison. Alors que Sylve vient à mon chevet, le Garzok charge comme un dément, le corps mutilé par d’innombrables lacérations plus ou moins profondes et la frappe de toutes ses forces. Cette fois-ci, la Shaakt oppose bien moins de résistance qu’auparavant et reçoit deux autres puissants coups qui la font tomber au sol tandis que ses deux fouets gisent à plusieurs pas d’elle.

Je reste stupéfait face à ce déferlement de puissance. Le colosse vert ne cesse d’harceler sa proie et contre toute attente son adversaire se redresse, saute à bonne hauteur et percute le guerrier d’un puissant coup de ses deux pieds réunis. Le coup est précis et perturbe l’équilibre du mastodonte qui se voit emporté à quelques mètres de sa cible. Mon sort ne semble plus lui faire effet. De notre côté, nous avons le loisir d’observer la femme dans un état lamentable. Son corps est particulièrement ensanglanté. Un de ses bras paraît inutilisable, une jambe est grièvement blessée et elle possède également une large plaie au thorax. Sa respiration est haletante et son regard résigné. Le Garzok se relève et charge à nouveau sur elle. Cependant l’elfe noire adopte une nouvelle stratégie et éclate au sol un objet qui génère un épais nuage gris et la fait disparaître de notre vue. Le monstrueux guerrier brasse le nuage devant lui de sa hache, mais ne rencontre que la résistance du vent. Au bout de quelques secondes le nuage disparaît, frappé par une brise, ne laissant plus aucune trace de l’elfe noire. Ne restent que ses deux fouets qui attestent de sa présence plus tôt et face à l’incapacité de prendre sa revanche, le Garzok hurle à nouveau de rage.

VII. 7 Se dire au revoir.
Modifié en dernier par Nhaundar le sam. 31 oct. 2020 15:34, modifié 3 fois.

Avatar du membre
Nhaundar
Messages : 140
Enregistré le : dim. 30 déc. 2018 20:08

Re: Les Cimes Sifflantes

Message par Nhaundar » ven. 30 oct. 2020 21:30

VII. 6 Les mauvaises rencontres valent les pires cauchemars !

Au bout de quelques temps, où j’ai profité de l’absence de menace pour recouvrer une partie de ma magie et guérir mes blessures ainsi que celles de Sylve, nous concluons que l’elfe noire ne reviendra pas nous déranger à nouveau. Seul le Garzok a refusé que je le soigne en accord avec ses interdits religieux. Si sa colère a diminué, il est désormais pris d’un profond sentiment de frustration pour ne pas été capable de venger sa tribu.

"Au fait, je suis Nhaudar et voici Sylve. Comment te nommes-tu ?" Fais-je attirant l’attention de la semi-elfe en prononçant son nom.

Le monstre vert ne me regarde pas dans l’immédiat, me laissant croire qu’il se terre dans un mutisme complet. Alors qu’il s’occupe seul de la cérémonie mortuaire des siens, il finit cependant par répondre.

"Kal Zhun’Tal !"

Après cette première victoire je continue de l’interroger, loin des méthodes donc j’ai fait preuve à ma première interaction.

"Que vas-tu faire à présent ?"

"La dernière partie de ce rituel consiste à massacrer de mes mains la personne responsable de la mort des miens. Je vais donc partir en chasse !"

Si la réponse paraît évidente, elle insinue des détails que je tiens à soulever.

"Donc tu comptes repartir dans les terres d’Omyre et prendre le risque de te faire attraper et traiter comme un traître ?"

"Mon devoir est désormais de la tuer pour l’acte qu’elle a provoqué. Quel choix ai-je si je ne me rends pas à Omyre ?" Déclare-t-il presque sans prendre en considération le sort qui lui sera réservé.

"Pourquoi ne pas rester ici ?" Fais-je avant de poursuivre. "Crois-moi, lorsqu’elle parlera de ma présence ici, sa maîtresse se fera non seulement un malin plaisir de la punir, mais elle l’obligera à venir me chercher. J’ai servi pour la même maîtresse durant des années alors je sais de quoi je parle !"

Le Garzok plante son regard dans le mien et visiblement il ne semble pas apprécier ma proposition.

"Laisse-moi comprendre, tu veux que je reste seul en territoire Ynorien en attendant l’hypothétique venue d’une peau noire ?"

Je ne me laisse pas démonter et tourne ses arguments dans mon sens.

"Non je te propose de veiller sur ce lieu où repose les tiens, loin de la cité humaine et où tu seras en mesure de préparer ta vengeance !"

Il ne répond rien. Visiblement mes arguments ont suffi à lui faire admettre l’évidence de sa situation. Retourner en Omyrie c’est s’attendre à une mort particulièrement douloureuse. Cependant, il n’est pas complètement confiant pour rester ici.

"C’est bien gentil, mais lorsque la rumeur qu’un Goarzok réside dans ces montagnes, combien de temps penses-tu que les humains mettrons avant de venir réclamer ma tête ?"

"Encore faudrait-il qu’ils le sachent !" Fais-je avant de tourner mon regard vers Sylve qui, malgré être restée près de moi pour me protéger, s’est complètement désintéressée d’une conversation dans une langue qu’elle ne comprend pas.

"Quoi ?" Demande-t-elle tout simplement ?

Sylve possède une ouverture d’esprit plus large que la moyenne depuis que je suis à ses côtés et avoir échangé des coups face à un ennemi commun a radicalement changé sa perception du monstre vert. Je perçois toujours une méfiance à l’égard de Kal Zhun’Tal, mais loin de la profonde hostilité à notre rencontre.

"Il se nomme Kal Zhun’Tal et il désir venger les siens en tuant l’elfe noire responsable de ce massacre. Cependant, si je l’ai dissuadé de partir en Omyrie et risquer de se faire tailler en pièces pour traîtrise. Cependant, il craint une battue dans l’éventualité où sa présence viendrait aux oreilles de tes supérieurs." Dis-je en résumant la conversation.

"En gros, tu veux que je mente ouvertement lors de mon rapport, c’est ça ?" Me lance-t-elle comme si c’était un affront que je lui faisais.

Je tente de la calmer en offrant un point de vue légèrement différent.

"Mentir ? Non ! Tout de suite les grands mots ! Cependant, il n’est peut-être pas nécessaire de donner tous les détails de cette affaire. Au vu de ce que nous avons vu du village, n’importe qui penserait que tous ont été tués ! Le massacre d’une tribu Garzok qui s’est détournée de sa reine."

"Tu oublies qu’il s’est occupé des morts ? Comment l’expliques-tu s’il n’y a aucun survivant ?" Me rétorque-t-elle en cherchant visiblement n’importe quelle faille dans mon plan.

(Touché ! Il est vrai que ceux qui les ont massacrés n’auraient pas eu d’égard pour des traîtres.)

Je réfléchis à la remarque et propose une contre-argumentation.

"Même si dans l’éventualité où quelqu’un connaîtrait les us et coutumes des Garzoks en matière et rites funèbres, il devrait savoir que ces rites s’achève par la vengeance. Il y a donc peu de chance qu’un éventuel survivant reste donc ici. Tôt au tard des humains trouveraient ce campement et ils ne s’attendraient pas à trouver quelqu’un rôdant dans les parages. C’est en plein cœur du danger qu’il sera le mieux caché !"

La semi-elfe me regarde avec un certain dédain. Si mes arguments lui semblent probables, il n’en est pas moins qu’ils sont diamétralement opposés à son sens du devoir militaire. Elle se lève et s’avance d’un pas certain vers Kal Zhun’Tal qui la voit venir en serrant sa hache et se lève à son tour en la toisant d’une bonne tête.

"Traduis pour moi !" Me fait-elle avant de reporter son attention sur le Garzok. "Si tu blesses pour une raison ou une autre un Ynorien, qu’il soit armé ou non, prie tes dieux que je ne l’apprenne pas, car je te pourchasserais jusqu’aux confins du monde pour arracher ton hideuse tête du reste de ton corps !" Sans quitter le regard du monstre vert des yeux, elle continue à mon attention. "Et traduit bien chacun de mes mots !"

Avec réticence je m’exécute, mais le Garzok se doute bien d’une partie des propos concernés. Une fois que j’ai terminé, alors que Kal Zhun’Tal est toujours face à la guerrière, il brandit sa hache au-dessus de sa tête et l’abat d’un coup sec sans que Sylve n’esquisse le moindre geste. La hache se plante dans le sol à quelques centimètres des pieds de la semi-elfe. Désarmé, le Garzok incline ensuite la tête comme s’il était à la merci de ma camarade. Finalement il finit par se redresser et celle qui lui fait face hoche brièvement la tête avant de faire demi-tour. Elle s’éloigne en me fusillant du regard. Son acte est bien loin de celui qu’elle escomptait, lorsqu’elle a entendu parler de l’assaut des troupes d’Oaxaca sur l’Ynorie, massacrant un grand nombre de soldats.

J’observe ensuite Kal Zhun’Tal. Il regarde la guerrière partir avec une certaine incrédulité. Son geste était plein de soumission et pourtant elle n’a pas profité de cet avantage pour tuer d’un simple geste le monstre vert. Cela lui prouve bien que certains humains sont prêts à tendre la main aux Garzoks, dans une certaine mesure.

"Que comptez-vous faire à présent ?" Me demande-t-il.

Je le regarde sans trop savoir ce à quoi il pense exactement en cet instant et finis par lui répondre en toute franchise.

"La présence de cette elfe est particulièrement dangereux pour moi. Lorsque sa maîtresse aura vent de ma présence en Ynorie, elle fera tout pour m’éliminer. Du moins j’espère qu’elle fera ainsi, car je ne pourrais survivre aux châtiments qu’elle me réservera si elle me capture vivant. Il va donc me falloir améliorer ma magie d’une manière ou d’une autre. Et toi ? Où vas-tu aller ? J’ai besoin de le savoir si je souhaite te prévenir de son retour !"

"Je vais rester dans les parages et attendre le moment où je serais en mesure de me venger !" Dit-il en retirant d’un coup sec sa hache, comme s’il l’extirpait du crâne de l’elfe noire.

"Dans ce cas, on se donne rendez-vous ici !" Lui dis-je. "Je ferais signe en utilisant ma magie comme le font certains éclaireurs avec leurs flèches ! Prend soin de toi Kal Zhun’Tal, je suis l’exemple même qu’il est possible pour nous d’être accepté parmi les Ynorien !"

"Il y a une différence entre un Shaakt et un Garzok, mais c’est bon de rêver !" Me répond-il en partant direction la forêt. "Je ne souhaite pas être accepté par les Ynoriens, simplement la paix !

Ainsi s’achève cette étrange rencontre avec un monstrueux Garzok. Alors que nous nous sommes battu pour vaincre l’autre il y a peu, c’est avec la peine de voir un ami partir que je regarde Kal Zhun’Tal. Nos chemins se croiseront j’en suis certain et j’espère qu’il parviendra à obtenir la vengeance qu’il réclame. De notre côté, nous rassemblons nous affaires pour retourner à Oranan et bien entendu, je garde avec moi ces étranges fouets métalliques de l’elfe noire. Je pourrais les utiliser d’une manière ou d’une autre pour provoquer sa colère le jour où nous nous reverrons.

VII. 8 De retour chez soi.

Avatar du membre
Yūgure Kuranashi
Messages : 9
Enregistré le : lun. 15 févr. 2021 16:32

Re: Les Cimes Sifflantes

Message par Yūgure Kuranashi » mer. 17 févr. 2021 18:59

Les sifflements acérés du vent ne suffisaient pas à masquer les hurlements de douleur des gardes du sanctuaire. Au contraire, les bourrasques portaient le son du massacre aux oreilles de Yūgure qui progressait difficilement sur un chemin irrégulier et sinueux sculpté à même la montagne. Le semi-elfe savait qu’il ne parviendrait sans doute pas jusqu’en bas d’ici que les garzoks aient fini de s’amuser. Il lui fallait alors trouver un endroit à l’écart, discret et si possible à l’abri du vent, afin d’attendre que les orques ne retournent d’où ils venaient. Il observa un temps le flanc de la montagne qui lui paru d’une inclinaison praticable à condition de s’y prendre avec prudence. En contre-bas, à une distance d’environ vingt mètres, se trouvait un amas de grands rochers qui semblait composer un semblant de cavité. Yūgure estima qu’il s’agissait de la meilleure option et entreprit la descente vers l’amas. Il le fit sans se précipiter, car encore plus bas se trouvait un précipice terrifiant. Néanmoins la tâche ne fut pas si ardue car par chance, le vent soufflait directement contre le flanc de la montagne, réduisant drastiquement le risque de chuter. Ainsi, en quelques minutes, le demi-elfe parvint à se glisser dans la cavité étroite formée par les rochers. Il y était à l’abri du vent et parfaitement bien caché : pas de risque qu’une bourrasque puisse faire remonter son odeur jusqu’aux narines d’un garzok. Yūgure s’installa alors le plus confortablement possible et entra en phase de méditation. Sa respiration et son rythme cardiaque ralentirent progressivement et jusqu’à un point étonnant. Il ferma les yeux, vida son esprit et demeura là deux heures durant.

Quand la transe prit fin, le vent semblait s’être partiellement calmé. Le demi-elfe en profita pour s’extirper discrètement de la sombre cavité et guetter les environs. Il balaya les alentours du regard avec grande attention et tendit tout aussi bien l’oreille. Tout semblait calme, pas de garzoks à l’horizon. Manifestement, ils s’en étaient allés, ou peut-être étaient-ils demeurés au sanctuaire. Qu’importe, Yūgure ne pouvait pas rester ici indéfiniment. Il lui fallait rapidement quitter ces montagnes, ne serait-ce que pour trouver de quoi manger. Mais le semi-elfe hésitait encore sur la direction qu’il devait prendre. S’il allait au sud où il savait qu’il trouverait Viskori, lieu de résidence de son oncle, il s’exposerait à de nombreux risques, cela reviendrait à se jeter dans la gueule du loup. Mais s’il parvenait effectivement à approcher suffisamment Yorinobu, il pourrait lui soutirer des informations capitales sur ses origines. D’un autre côté, s’il allait au nord… Le nord ne lui offrait pas une meilleure solution, car sa seule issue serait alors le territoire d’Oaxaca où quiconque accoutré en samouraï ne ferait pas long feu. A moins qu’il ne se déguisa en orque… Mais pour aller où ?

Enfin, il fallait déjà redescendre cette montagne, il aurait tout le temps d’y penser en s’y accolant. Alors il entreprit de remonter jusqu’au chemin, en prenant bien soin de ne pas mettre le pied sur des roches suspectes. Malgré cela, il ne passa pas loin de dévaler toute la montagne quand une pierre vicieuse décida de provoquer un léger éboulement sous son poids. Il parvint néanmoins à se rattraper quelques mètres plus bas. Yūgure parvint finalement jusqu’au chemin après avoir reprit son ascension avec toujours plus de prudence. Il était désormais temps d’entamer la redescente qu’il connaissait assez bien et dont il savait qu’elle lui prendrait environ quatre heures. Une fois en bas, il lui faudrait impérativement prendre une décision.

Ce ne fut pas plus long que prévu. Il faut dire que c’était loin d’être la première fois qu’il empruntait ce chemin, que cette montagne demeurait relativement praticable en comparaison de ce que l’on s’attendrait à trouver en parcourant les Cimes Sifflantes, et que la méditation l’avait mis en bonne condition. Était venu le moment de faire un choix. Yūgure décida finalement de partir au sud, faire profil bas jusqu’à Viskori, et d’établir un plan une fois arrivé là-bas. Il espérait également qu’en sortant rapidement de la zone rocailleuse des Cimes Sifflantes il aurait plus de chance de tomber sur un voyageur à qui il pourrait extorquer des vivres. Cela lui paraissait être la seule solution pour se sustenter ; Ayant comme seule arme son sabre, il lui aurait été bien trop difficile de tenter sa chance à la chasse. De plus, la nuit n’allait pas tarder à tomber. Il lui fallait pourtant continuer, il entama donc un longue marche en direction de l’extension des forêts d’Ynorie bordant le massif montagneux à son point le plus au sud. La nuit étant tombée rapidement, il ne croisa alors rien ni personne, même s’il eut plusieurs fois l’impression d’entendre des bruits inquiétants qui aurait très bien pu être le fruit de son imagination. Le demi-elfe progressait alors seul dans l’obscurité au beau milieu d’une immense plaque rocheuse dont le paysage était morne et menaçant.

Au terme de plusieurs heures de marche, Yūgure parvint devant la forêt qu’il n’avait pas remarquée avant du fait de l’obscurité. Il décida naturellement de la contourner pour ne pas avoir à la franchir dans une telle pénombre et espérant rapidement tomber sur une route ou un chemin. Pendant qu’il en longeait la lisière, il restait très attentif aux sons qui provenaient de l’intérieur de la forêt. Il fut confronté à nombre de choses qu’il n’avait jamais entendues et les résonances de la faune lui apparurent alors comme une musique apaisante. Cependant il demeurait prudent, car derrière les arbres régnait une profonde obscurité qui laissait planer l’inconnu sur ce qui se trouvait au-delà. Après encore quelques heures de marche durant lesquelles Yūgure avait tous les sens en éveil, il parvint enfin aux abords d’un chemin qui venait du Temple de Rana, un peu plus loin au nord. Il repéra rapidement un talus sur le bas côté, celui-ci représentait l’endroit parfait pour se cacher et attendre qu’un malheureux passe par là.

Suite.

Avatar du membre
Akihito
Messages : 304
Enregistré le : mar. 29 janv. 2019 14:26

Re: Les Cimes Sifflantes

Message par Akihito » mer. 14 sept. 2022 11:34

Dans le chapitre précédent...

Interarc : Le rempart des innocents.

Chapitre VIII : Quand s’abat la tristesse.

Dépression d'Akihito, découverte d'un village abandonné pendant la guerre. Rencontre d'une sylphe de Rana qui lui rappelle ses aventures.

Répondre

Retourner vers « République d'Ynorie »