Le Val d'Abondance

[Aenaria]

Faëlis approuva tout comme Xël. Comme l'hinion le fit remarquer, c'était le calme avant la tempête, nous devions en profiter un maximum car nous ne savions pas ce que l'avenir nous réservait. Pour ma part, j'attendais le débriefing de la personne en charge de ce campement, à ce moment seulement nous saurions exactement contre qui nous allions nous battre. Passerions-nous vraiment tout notre à temps à combattre, nous reposer et panser nos blessures ou bien allions-nous trouver des subterfuges pour prendre l'ennemi à revers ? Il était encore trop tôt et la stratégie ne m'appartenait pas.

L'elfe continua dans mon sens en avouant qu'il n'était pas du genre à être en première ligne mais plutôt à rester en arrière en tant que soutien magique et aérien. Il semblait sur de lui et de ses capacités, j'avais hâte de voir de quoi il était capable car de telles compétences seraient bien utiles. Il ajouta dans ses propos qu'il sentait bien que le kendran, était comme lui, un mage qui gardait ses distances, deux mages à disposition, si leurs éléments étaient différents, cela apporteraient une aide précieuse. Xël réfuta alors ses propos, arguant qu'il s'était fortement entraîné afin de prendre part au combat en première ligne. Un mage qui se battait en première ligne, un protecteur à l'arrière et ma petite personne en plus, c'était une équipe qui était déjà bien équilibrée.

Après quelques secondes marche, Faëlis fut le premier qui nous dénicha un petit coin tranquille afin de discuter, nous nous y posâmes avec plaisir. Me délestant de mon sac, je posai confortablement afin de continuer d'écouter ce que l'humain avait à dire. Il fut de toute évidence ravi de savoir que Faëlis était un archer et il se proposa de lui montrer un petit quelque chose d'intéressant. Je me pris au jeu et le regardai faire avec attention. Il prit une flèche et usant de sa magie l'enchanta en y incrustant un dragon magique fait à partir de fluides que je connaissais bien car j'en possédais moi-même, de l'air. Quelle pouvait être l'utilité d'un tel ajout à une flèche ? En faire un projectile magique oui, mais qu'est-ce que cela lui apporterait ?

L'hinion fut admiratif de la technique de l'humain lorsqu'il lui présenta sa flèche enchantée, il y avait de quoi. Par chance, le lieu où nous nous étions arrêté possédait des cibles de tirs à une bonne distance. Faëlis prit la flèche et l'encocha pour la tester, on aurait dit un enfant qui découvrait le cadeau qu'il avait toujours attendu. Alliant précision et dextérité, il lâcha son trait qui prit une direction inattendue mais grâce à la magie du dragon, il atteignit le centre de la cible. C'était comme si la magie avait permis à ce tir d'atteindre son but, un technique des plus remarquables, j'applaudis devant la maîtrise magique de Xël et la maîtrise technique de Faëlis. Ce dernier était tellement content qu'il voulut que l'humain recommence son sort afin de l'apprendre, une excellent idée que celle-ci.

- "Vous avez raison de partager vos savoirs messieurs, il faut profiter de ce temps calme, si je puis me permettre, pour faire le plein de connaissance."

Si j'avais été douée pour me battre à distance, j'aurais profité de ce moment pour apprendre cette technique également mais je devais d'abord montrer deux trois petites choses à ces personnes. Mobilisant mes fluides de foudre, je voulus attirer à moi l'une des flèches présentes dans le carquois de Faëlis, il me fallait quelques secondes pour réussir à me concentrer. Ouvrant ma paume gauche, je sentis une petite résistance mais finalement, je vis les plumes se lever et enfin la tête de la flèche apparaître jusqu'à attirer à moi le carreau que j'attrapai au vol.

- "Non seulement je sais me battre mais je possède également quelques qualités magiques qui sont toujours fort utiles lorsque je me bats. Je n'irais pas jusqu'à vous montrer l'attaque la plus puissante que je connaisse mais sachez qu'en cas de besoin, je peux faire une place énorme sur un champ de bataille."

Devais-je leur prouver que je pouvais faire bien plus que cela ? Je ne les connaissais pas encore suffisamment, la confiance s'acquérait avec le temps mais je possédai un réel avantage. J'avais vraiment envie de partager ce secret avec eux mais c'était trop tôt. Le temps jouerai en ma faveur, je l'espérais.

[Xël]

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Faëlis semble émerveillé devant ma magie et ne tarde pas à l’expérimenter. Il saisit son arc et décoche la flèche qui, portée par les ailes du dragon d’air, se plante dans la cible. Il se met à courir pour récupérer le projectile avant de revenir avec le même entrain en me demandant comme un enfant de recommencer. Son enthousiasme ne manque pas de me faire rire.

Aenaria réagit à son tour, affirmant que partager nos savoirs est une bonne idée et qu’il faut profiter de ce temps calme pour faire le plein de connaissance. Elle montre alors qu’elle aussi possède des fluides magiques en attirant vers elle une flèche du carquois qui se soulève doucement pour venir se poser dans sa main. Elle affirme qu’elle sait se battre et que la magie lui est très utile quand elle combat tout en précisant qu’au besoin elle peut faire de la place sur un champs de bataille. J’invite Faëlis à s’installer à nouveau tout en m’adressant à Aenaria.

« Je connais un autre sort qui pourrait vous être utile à vous aussi. »

A nouveau j’inspire pour me concentrer et user de ma magie en toute tranquillité. Loin du tumulte des combats et du poids du regard de Bogast sur mes épaules. C’en est même agréable de communier ainsi avec sa magie sans que ma vie ne soit menacé. Je tends mon bras devant moi, paume ouverte et laisse les fluides d’air glisser le long de mon bras pour atteindre ma main. Je façonne alors ma magie pour qu’elle prenne la forme d’une lame, une épée aux mêmes couleurs que le dragon, qui n’a rien d’exceptionnel si ce n’est qu’elle est pour l’instant volatile comme un nuage. Je concentre alors la magie d’air, lui donnant corps, la rendant solide. Je la pointe vers le sol et l’enfonce doucement dans la terre pour montrer qu’elle est bien capable de trancher la chair.

« Et voilà. »

Je lâche le manche de mon arme et elle disparait aussitôt, privée de lien magique, elle s’évapore comme un nuage de fumée. J’adresse un nouveau sourire à l’elfe grise avant de me tourner à nouveau vers le projectile de Faëlis tout en lui posant la question que Bogast m’a posé en voulant m’apprendre ce sort.

« Vous avez déjà vu un dragon ? »

J’essuie mon front d’un revers de la main et lui explique comment procéder pour reproduire mon sort, ne voulant pas non plus épuiser toutes mes réserves de magie.

« Vous devez lier votre magie à votre flèche. Imaginez que votre projectile fait partie de votre sort et que le dragon n’en est qu’un morceau. Le plus difficile est de façonner le dragon et d’y concentrer la bonne quantité de magie. Si vous n’en mettez pas assez, il n’aura pas la force de porter votre flèche et si vous en mettez trop... eh bien... »

Je fais une grimace embêtée avant d’ajouter.

« Vous risquez de déclencher une tempête dans le port de Bouhen... »

Je m’éclaircis la gorge avant de reprendre.

« Posez votre flèche et essayez d’abord de reproduire un petit dragon dans le creux de votre main. Quand vous arriverez à en créer un aux formes régulières, qui ne vacille pas, alors vous pourrez commencer à le lier à un projectile. »

Je lui adresse un sourire encourageant avant de conclure.

« Le général Bogast m’a assuré que le plus dur c’est de créer un dragon correct. »


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((Utilisation du sort arme magique rang 2 ))

[Faëlis]

Aenaria approuvait pleinement l'échange de savoirs sur leurs compétences, et elle fit elle-même une démonstration... en soulevant une des flèches de l'archer depuis son carquois à la seule force de sa volonté ! L'elfe rit en la rattrapant des mains de la sindel :

« Au voleur ! Je vais finir par croire que tout le monde en veut à mes flèches ! »

Elle expliqua également est doté d'un pouvoir destructeur redoutable dont elle préférait ne pas faire la démonstration. Xël, en revanche, était tout à fait ouvert à expliquer son élégant sortilège. Après avoir montré à la jeune femme comment créer une arme de magie, il expliqua qu'il fallait visualiser un dragon, et imaginer qu'il ne faisait qu'un avec le projectile. Si en soit, l'invocation ne divergeait guère de tout autre sortilège, la difficulté était de créer un dragon qui soit vraiment efficient.

Suivant ses conseils, Faëlis sortit une flèche et mobilisa ses fluides pour générer un mince flux d'énergie lumineuse. Il le laissa s'enrouler autour de la flèche, mais la forme, après avoir déroulé son serpentin, s'éteignit d'elle-même. Bon, c'était plus difficile qu'il le disait ! Mais Faëlis n'avait pas pour habitude d'abandonner si facilement. Il continua à essayer de concentrer la forme, jusqu'à obtenir quelque chose qui ne se dissipait pas. Hélas, le « dragon » obtenu était si concentré qu'il en était difforme et presque inutilisable. Tout étant affaire de persévérance, il insista, tentant progressivement d'alléger sa création et, point crucial, de lui donner une belle apparence.

Après plusieurs tentatives infructueuses, mais quelques progrès, il déclara, en écho à Aenaria :

« Personnellement, j'ai également quelques pouvoirs particuliers. Il me faudra du papier et un crayon, mais je devrais pouvoir transmettre des messages de n'importe où. En outre, la magie mentale n'a pas d'effet sur moi et... »

Il laissa sa phrase en suspens, tout en invoquant son muutos. Aussitôt, des ondes lumineuses se déployèrent autour de lui.

« … disons que je ne manque jamais de lumière ! »

[Aenaria]

D'un geste de la main, Xël proposa à Faëlis de s'asseoir afin de regarder une autre démonstration de ses compétences en créant à l'aide de ses fluides d'air une épée qui s'avéra être aussi tranchante que la mienne. Très impressionnante utilisation de sa puissance magique, je compris par la même occasion qu'il ne possédait qu'un seul type de fluide, l'air, car il l'avait mobilisé à deux reprises. Un aéromancien comme on les appelait, il avait peut être d'autres bottes dans sa manche qui pourraient s'avérer utile pour moi. En lâchant le manche de son épée, son sort prit fin instantanément, Xël en profita pour me lancer un petit sourire que je lui renvoyai.

Le kendran s'intéressa de nouveau à l'hinion en lui proposant un petit cours particulier pour apprendre la technique qu'il avait utilisé pour enchanter sa flèche précédemment. Il lui demanda de visualiser la forme d'un dragon afin de pouvoir modifier sa flèche. Faëlis récupéra la flèche que j'avais toujours en main afin de tenter de mettre en pratique les propos de l'humain. Pas assez de magie et la flèche n'atteindrait pas sa cible, un peu trop de magie et on pouvait déclencher un cataclysme comme un tornade. Au moins le message était passé, l'hinion n'avait qu'à bien se tenir et à bien mesurer la quantité de magie qu'il allait insuffler dans sa créature. Il tenta à plusieurs reprises de former un dragon qui tienne la route mais ses tentatives furent vaines même si sur la fin, il y avait du mieux. Il était persévérant, une belle qualité qu'il fallait cultiver surtout dans les temps de guerre.

Ne voulant pas se fatiguer, il arrêta ses tentatives et se fit l'écho de mes propres paroles en déclarant qu'il possédait lui aussi des pouvoirs particuliers comme la capacité de transmettre un message peu importe l'endroit où il se trouvait, quelque chose de très utile sur un champ de bataille. Il ajouta ensuite qu'il était immunisé à la magie mentale, ce qui était un vrai plus et qui m'aurait bien aidé dans mon combat contre Tamìa au manoir de Faronia. Ces vagues de tortures mentales mélangées à ses fluides d'obscurité m'avaient énormément de mal. Je revins au moment présent lorsque des ondes lumineuses parvinrent jusqu'à moi, elle provenait de Faëlis qui pouvait ainsi les utiliser comme bon lui semblait.

Mon analyse de soldat aguerrie me fit dire que ces deux recrues étaient excellentes. Je pouvais leur faire confiance, il m'avait montré leurs talents respectifs, m'impressionnant même chacun à leur manière, je pouvais en faire de même en leur partageant mes secrets.

- "Vous êtes tous les deux dotés d'incroyables capacités. On se connait à peine, nous sommes presque des étrangers les uns pour les autres et pourtant, nous arrivons à partager nos secrets. Je pense qu'il est temps pour moi de faire de même."

Je m'installai en tailleur sur la pierre où je m'étais assise puis regardant Xël avec insistance, je lui transmis un message.

N'aie pas peur Xël, c'est moi Aenaria.

Levant simplement un sourcil, je coupai la connexion que je venais d'établir avec l'humain pour faire de même avec l'hinion.

Faëlis, est-ce que tu m'entends ? C'est Aenaria

Je souris grandement car je savais qu'ils allaient tous les deux chercher à comprendre comment cela était possible. Je pris donc les devants pour leur expliquer au mieux ce qui venait de se passer.

- "Non, messieurs, vous ne rêvez pas. Je viens bien de communiquer mentalement avec vous. Cette forme de communication ne fonctionne que dans un seul sens, il n'y a que moi qui peut communiquer avec vous de cette manière. Ne me demandez pas d'où cela vient mais j'ai connu quelques dérèglements dans ma magie et ce fut l'un des effets positifs. Et maintenant, si vous me laissez deux trois minutes, je vais pouvoir vous en montrer une autre de mes capacités sans aller jusqu'au bout."

M'asseyant en tailleur, je fermai mes poings et les serrai l'un contre l'autre avant de commencer à inspirer par le nez et expirer profondément par la bouche afin de mobiliser mes fluides, tous mes fluides. Je me mis à visualiser dans ma tête ce que je voulais faire, créer mes quatre boules de fluides, les faire danser ensemble avant de les faire disparaître, je ne voulais pas lancer mon attaque la plus puissante, je ne contrôlai pas tout encore. Je fermai les yeux et fit monter mes fluides dans mes mains, les fluides de lumière, d'air, de foudre et de feu arrivèrent les uns après les autres dans mes doigts.

Rouvrant les yeux d'un seul coup, j'écartai les bras, paumes ouvertes vers le ciel et je fis apparaître une première boule de fluide depuis ma main gauche, une boule de foudre. Restant bien concentrée, une boule de feu pointa le bout de son nez depuis ma main droite, puis ce fut le tour de l'air et enfin la petite dernière apparut dans ma gauche, la boule de lumière. Les quatre sphères se mirent à tourner les unes autour des autres formant des cercles irréguliers. C'était presque envoutant à regarder mais je ne pouvais pas me complaire dans cette divine et magique contemplation. Gardant mes yeux sur mes fluides qui volaient, je m'adressai aux garçons.

- "En combat, je suis capable de manipuler tous mes fluides, le feu, la foudre, l'air et la lumière. En d'autres termes, si je veux lancer un sort de foudre mais que je n'ai pas assez de magie dans ma réserve, je peux affaiblir un autre fluide pour lancer mon sort."

Se disant j'attrapai de la main droite la boule de fluide d'air et fis mine de la lancer vers le ciel, la sphère de feu atterrit dans le feu devant nous, celle de foudre également et ne me restant que la lumière, je claquai simplement des doigts dans la main gauche afin de la faire disparaître. Je pus respirer de nouveau normalement, car cela m'avait mis beaucoup de pression mais j'étais fière d'avoir réussi à tenir cette petite épreuve.

(Je suis fière de toi Naria.)
(Merci Crystallia, ça me touche et je dois dire que je suis plus que soulagée.)

Je détendis un peu plus mes muscles que j'avais involontairement crispé pour rester maître de mes mouvements.

[Xël]

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L’elfe blanc s’exerce à façonner un dragon avec sa magie de lumière. C’est interessant de voir une autre magie que la mienne. Ce n’est pas encore gagné mais il persévère. Je l’encourage d’une tape dans l’épaule tandis qu’Il nous fait part de quelques pouvoirs particuliers qu’il possède. Le don de pouvoir transmettre des messages de n’importe où, d’être insensible à la magie mentale et de ne jamais manquer de lumière. Tout en s’exprimant, son corps se met à irradier de lumière.

« Ah bah ça j’imagine que c’est plutôt pratique. Ca m’aurait bien servi récemment. »

Dis-je en repensant à l’exploration de la grotte au fond du Bois aux Lutins. Aenaria juge qu’il est temps pour elle aussi de dévoiler un peu plus de sa magie. Elle s’installe alors en tailleur sur son siège et m’observe avec insistance. J’ai d’abord peur qu’elle fasse pousser quelque chose sur mon visage mais je suis vite rassuré quand j’entends sa voix résonner dans ma tête. Une magie que j’avais déjà expérimenté sur Aliaénon même si c’était de façon bien moins agréable. Penser à Aliaénon me fait immédiatement me souvenir des moments difficiles que j’ai passé là-bas. Mon sourire s’amincit, je sens mon regard se perdre dans le vide. Aenaria poursuit sa démonstration que j’observe tout de même avec intérêt. Elle se concentre et serre ses poings l’un contre l’autre avant de les écarter à nouveau, libérant l’une après l’autre, devant mes yeux médusés, des boules de fluides d’éléments différents. Quatre sphères qui voltigent autour d’elle, je reconnais sans peine le fluide d’air que l’elfe grise attrape dans sa main avant de la faire s’envoler dans le ciel. Il y a aussi une sphère de feu qu’elle fait atterrir dans le feu de camp, une de foudre également et enfin une de lumière qu’elle fait disparaître d’un claquement de doigt. Elle explique être capable de manipuler tous ses fluides à volonté, pouvant même se servir de la magie d’un autre élément pour lancer un sort.

« Alors ça... ça c’est incroyable. »

Dis-je en agitant l’index. Pour moi qui ne contrôle qu’un seul élément et qui ait parfois du mal, je n’ose pas imaginer la difficulté d’en contrôler plusieurs en même temps. D’ailleurs la démonstration lui a visiblement prit beaucoup de ressources. Je me lève pour faire part d’une dernière particularité à mon sujet.

« J’ai une dernière chose à vous montrer. »

Je me concentre un court instant, libérant une volute de magie d’air de ma main qui vient former une forme ovale de ma taille à côté de moi. L’air y devient trouble comme si une zone avait été découpée et n’agissait plus naturellement avec l’air qui l’entoure. Je rentre dans mon portail, glissant d’abord un bras qui y disparaît, puis une jambe, puis tout le corps. Disparaissant complètement des yeux des elfes pour apparaitre derrière eux. Sans même m’annoncer, je m’exprime avec un sourire farceur, espérant les faire sursauter.

« Si vous avez entendu mon nom au sujet de l’arène Faëlis, j’imagine que vous avez aussi entendu le surnom qu’ils m’ont donné : le plieur d’espace. C’est pour ça. »

Dis-je en désignant de chaque main les deux portails encore ouvert.

« Je peux ouvrir des portails entre deux points éloignés pour y faire passer des personnes, des objets ou même des sorts. »

Je rentre à nouveau dans mon portail pour revenir à la place que j’occupais avant et ramasser un bout de bois qui traîne par terre pour le glisser lui aussi dans mon sort. Je prends une attitude plus sérieuse pour expliquer que si mon portail venait à se fermer quand quelque chose le traverse alors cette chose serait tranchée en deux. J’en fais la démonstration, coupant mon lien avec mon sort pour fermer le passage entre les deux endroits. Le bout de bois est coupé aussi sec, tombant des deux côtés du petit coin où nous nous sommes installés. Sur une note plus enthousiaste je conclue.

« C’est assez pratique pour voyager. »


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[Jorus Kayne]

VIII.4 Retour au Nirtim.

Mon angoisse grandit à mesure que nous nous rapprochons de l’emplacement de l’armée. Personne n’a objecté lorsque je suis venu rejoindre les rangs pour partir avec le ravitaillement. Le contraire m’aurait étonné. Pourquoi refuser quelqu’un qui peut prendre une lame à votre place ? Craignant que je ne sois un espion envoyé pour saboter les réserves militaires, je suis cependant mis à l’écart des vivres et munitions. En dehors de cela, le voyage se passe sans aucune complication. Puis, au loin, une importante masse grouillante finit par percer l’horizon. Le responsable du convoie se doit de forcer la cadence qui est étrangement devenue plus lente avec cette vision et la promesse que beaucoup ne s’en sortirons pas.

Finalement nous arrivons à destination. Je laisse les soldats s’occuper de mener le ravitaillement, tandis qu’on m’envoie me déclarer comme mercenaire. Je m’avance en compagnie d’un soldat venu m’escorter jusqu’au post de garde, s’assurant ainsi que je ne m’éclipse pas. Je prends le temps d’une profonde respiration avant de me présenter et signer peut-être, mon arrêt de mort.

"Je suis Jorus Kayne et je souhaite me joindre aux forces de Kendra-Kâr !"

[Cromax]

La Fin d’une Ere
(Jorus)

Le gardien auquel Jorus se présente, au cœur du campement, est vêtu d’une armure d’apparat des forces spéciales kendranes pour la surveillance personnelle du Roi, lui-même. Il détaille l’arrivant de haut en bas alors qu’il se présente, le jaugeant à partir de ses paroles.

« Je n’ai pas l’honneur de vous connaître. Pourriez-vous me dire quels sont vos hauts-faits les plus marquants ? »

Apparemment, l’entrée des mercenaires dans ce camp était triée sur le volet. Mieux valait balancer du lourd. Et du vrai.

[Faëlis]

Comme on en était aux démonstrations les plus impressionnantes, Aenaria se décida à montrer sa véritable puissance, et le moins qu'on puisse dire, c'est qu'ils n'étaient pas prêt ! Elle s'assit tranquillement par terre et... Xël sursauta !

(Faëlis, est-ce que tu m'entends ? C'est moi, Aenaria.)

Il haussa un sourcil, un peu surpris. Bon, après le manoir hanté de Kendra Kâr, il avait vu suffisamment de tous de passe-passe mentaux pour ne pas réagir plus que ça, mais c'était là un pouvoir fort intéressant, qu'elle puisse ainsi communiquer avec eux à distance et en silence !

Ensuite, elle passa à la vitesse supérieure, matérialisant des sphères de fluides avec lesquelles elle se mit à jouer. Ces énergies chaotiques répondaient à sa volonté et lui permettaient d'altérer ses sorts de manière redoutable. S'il avait eu le moindre doute, ils étaient balayés ! Cette femme était dotée d'un pouvoir dévastateur terrifiant ! À croire qu'elle était une incarnation de la langue d'Aliéna... Il se sortit cette pensée de la tête. En même temps, ces cheveux blancs, cet air fier et conquérant et cette capacité à cacher des ressources hors du commun... il réalisait qu'elles avaient un peu trop en commun pour qu'il se sente à l'aise. Aussi, il n'applaudit pas à sa juste valeur la démonstration, plus troublé qu'autre-chose.

Heureusement, Xël se lança dans le concours lui aussi, lui permettant de se changer les idées. En digne mage, les prodiges qu'il avait déjà accomplis n'étaient que le début. Sous leurs yeux ébahis, il réalisa ce qui aurait pu être un tour de magie de carnaval si ça n'avait pas été bien réel, devant eux : il ouvrit un véritable trou dans l'air pour s'y glisser et disparaître... avant que sa voix ne résonne juste derrière eux ! Il avait littéralement ouvert un portail magique lui permettant de se déplacer instantanément d'un lieu à l'autre. Le plieur d'espace, on l'appelait, dit-on. Ce nom était inconnu de l'elfe, mais parfaitement mérité !

Il laissa échapper un petit rire :

« Voilà bien une fine équipe capable de miracles ! Nous en aurons bien besoin ! Espérons que l'état-major saura utiliser nos compétences à bon escient... »

Tout en disant cela, il retenta de faire apparaître un petit dragon de lumière, sans succès. Assurément, il n'avait rien d'aussi impressionnant à leur montrer, mais il ferait de son mieux !

[Jorus Kayne]

L’homme à qui je me présente, porte une armure que même moi je suis en mesure de reconnaître : les forces spéciales de Kendra Kâr. On dit d’eux qu’ils travaillent directement comme protecteur du roi lui-même, ou un truc du genre. C’est donc clairement pas un p’tit gratte papier, ou un fils de riche qui a ciré les pompes des bonnes personnes. Déjà déstabilisé physiquement par l’homme, il me lance ensuite ne pas me connaître et exige savoir quels sont mes hauts faits !

(C’est quoi un haut fèt ? Un truc en hauteur ?)

(Mais non, un haut fait c’est un exploit, une action marquante comme ton passage sur Aliaénon ou au Naora !)

Je prends une grande inspiration pour me calmer avant de répondre.

"J’ai participé à la bataille de la Lande Noire sur le monde d’Aliaénon, combattant le dragon noir à dos de femme-dragonne et participé au sauvetage d’une partie des membres du Conseil d’Or, face à l’assaut d’un Titan. Je reviens tout juste du Naora où j’ai été remercié par le prince lui-même pour avoir défendu le peuple Sindel et découvert une race naine, caché dans les montagnes de Farcha depuis quatorze mille ans. Et…"

(Non Jorus, je sens que tu vas en jouer une !)

"…et je sais faire un cygne ivre avec l’ombre de mes mains comme ça !" Je tente une étrange gestuelle des mains, mais sans grand succès avec l’absence d’une lumière propice aux jeux d’ombres. Et puis, je n'ai jamais réussi à le faire ce cygne d'ailleurs. "Désolé, tout ça me rend nerveux et j’essaye d’évacuer ça du mieux possible !"

[Aenaria]

Suite à ma démonstration, Xël me fit un compliment sur mes compétences magiques que j'acceptai par un sourire. Il ajouta qu'il avait lui aussi un dernier tour à nous montrer, cela devait être quelque chose de vraiment impressionnant s'il l'avait gardé pour la fin. C'était bien connu, un bon magicien gardait toujours son meilleur tour pour la fin du spectacle. De la main, il forma un cercle imparfait composé de volutes d'air et s'engouffra à l'intérieur sans que je le vois apparaître de l'autre côté. Levant un sourcil interrogateur, je le cherchai du regard tout autour de nous.

Sa voix retentit derrière nous, me faisant sursauter. En tournant la tête, je distinguais le même cercle imparfait par lequel il venait de ressortir. Il adressa une phrase à l'intention de Faëlis, lui expliquant que cette capacité lui avait valu son surnom dans une arène, le plieur d'espace. Il pouvait littéralement créer des portails à travers lesquels il pouvait se déplacer d'un endroit à un autre. Qui pouvait dire la distance qu'il pouvait parcourir grâce à ce pouvoir ? C'était tout simplement prodigieux et fort utile comme pouvoir, surtout sur un champ de bataille pour permettre à des troupes de passer d'un endroit à un autre rapidement en tant que renfort.

(Toujours à réfléchir en tant que soldat ?)
(C'est mon métier, j'ai passé des années à me former pour ça, j'ai gagné des grades grâce à toutes mes connaissances.)
(Tu as fini à quel grade ?)
(Lieutenant, c'est le cas des cinq premiers de ma promotion.)
(C'est Zotar qui devait être fier de toi.)
(Très fier même.)

La fierté paternelle, je l'avais cherché durant toute ma formation en excellant autant que je le pouvais dans tous les domaines car je voulais l'égaler. J'aimerais avoir une aussi belle carrière que lui au sein de la guilde mais également au sein de notre grande armée. Remettre un peu d'ordre partout sur le Naora mais surtout continuer de traquer mon frère qui m'échappait encore pour le moment, sans compter ces mystérieux elfes dont Tamìa m'avait parlé et qui lui avait donné une puissance magique si impressionnante qu'elle dépassait de loin la mienne.

Faëlis mit un terme au cours de mes pensées en faisant un commentaire que je m'étais également faite, notre équipe possédait de nombreuses capacités que l'état-major devrait utiliser au mieux. Encore faudrait-il réussir à se faire entendre parmi tous les soldats qui étaient massés dans ce camp ! Cela serait probablement plus compliqué à dire qu'à faire. Nous savions maintenant tous de quoi nous étions capable, devions-nous continuer à apprendre à nous connaître au risque de se voir mutuellement mourir au combat ou bien lors d'une mission spéciale ? Je le pensais.

- "Alors messieurs, vous avez de la famille qui vous attend à la fin de cette guerre ? D'ailleurs avez-vous déjà vu des combats impliquant autant de monde ? Il suffit de voir le nombre de tentes qui constituent ce camp, nous allons être des centaines à nous battre..."

Je me remémorai les différentes batailles auxquelles j'avais pu participer par le passé avec l'armée sindel. J'en avais vu des camps, j'en avais monté et démonté à plusieurs reprises, je ne connaissais que trop bien les rituels des soldats...

- "Nous les sindeldi, lorsque nous avons une quarantaine d'années, nous devons choisir notre voie dans la vie en fonction de notre ascendance. Il est facile pour vous de comprendre à mon équipement que j'ai choisi la voie des armes, celle des Hirdams. J'ai connu cinquante ans de formation, de batailles rangées, d'escarmouches, d'attaques surprises, de sièges. J'ai été blessée à maintes reprises, capturée une dizaine de fois, je suis passée à côté de la mort deux trois fois. Je n'ai pas peur de me battre, je suis même fière de me battre aux côtés de partenaires tels que vous."

[Xël]

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Nous arrêtons là nos démonstrations de pouvoirs en espérant qu’ils seront utilisés à bon escient. Faëlis tente à nouveau de faire apparaître un dragon, je suis content de voir qu’il n’abandonne pas si facilement. Aenaria souhaite visiblement en apprendre plus sur nous et demande si de la famille nous attend après la bataille et si nous avons déjà vu des batailles qui impliquaient autant de monde. Elle nous raconte qu’en choisissant la voie des armes à ses quarante ans elle est entrée dans un chemin de batailles, de sièges et de violence où elle a été blessée, capturée et proche de la mort à plusieurs reprises. Elle n’est cependant pas effrayée et elle est même fière de pouvoir se battre à nos côtés. C’est amusant de voir la similitude entre nous deux, à l’exception que je n’ai pas choisie cette voie vers la guerre, elle est tombée sur moi ou plutôt je suis tombé sur elle par hasard en mettant le pied sur Aliaénon presque par accident. Un malheureux concours de circonstance à laquelle ma naïveté de l’époque m’a mené. J’y ai vu la guerre, de très prés. Esseroth, Fan-Ming, Treoof, j’y ai aussi vu une raison de me battre. En voyant les armées d’Oaxaca dévaster Aliaénon je ne pouvais pas m’empêcher de penser à mon foyer, à mes proches. Comment reprendre alors ma vie d’avant à me prélasser toute la journée loin du tumulte de la guerre ? Surtout quand la guerre à frapper à la porte de la frontière du royaume. Luminion... ce n’était pas la pire bataille que j’ai vécu mais c’est celle qui m’a le plus traumatisé. Si proche de chez moi avec l’assurance qu’en cas de défaite mes proches seraient directement menacés. Je ne pouvais que pleinement me jeter dans la défense du royaume et dans la voie de la guerre. A présent c’est similaire, nous sommes quasiment chez moi, je n’ai pas le droit d’échouer. Tous les lieutenants d’Oaxaca doivent périr, définitivement, pour que je puisse m’assurer que l’horreur n’atteindra pas Kendra Kâr. Sans m’en rendre compte, mes pensées noires m’ont fait serrer les poings et durcir le regard, effacer mon sourire pour le transformer en grimace de colère. Je peux sentir la volonté brûler mon pupilles et même sentir les fluides magiques s’agiter en repensant au premier des Treize que j’ai rencontré à Luminion. Je ferme un instant les yeux, me concentrant pour reprendre mon calme avant de répondre brièvement.

« Oui de la famille m’attend à Kendra Kâr et oui j’ai connu une bataille de la même ampleur. Celle de Fan-Ming sur Aliaénon, quand les peuples de ce monde ont rassemblés leurs armées pour combattre les forces d’Oaxaca qui ravageaient leurs terres. Avant que les Titans ne se réveillent... »

Je lève mon regard vers le capitaine Offusqué en remarquant qu’un autre aventurier est venu se présenter. Je plisse les yeux et me redresse doucement, pensant voir un visage familier.

« Mais ce serait pas... »

Dis-je à voix haute avant de ramasser mon casque et de m’excuser auprès des deux elfes. Je m’approche alors du capitaine pour m’assurer que le visage que je vois m’est bien connu et quand j’en suis certain quand je reconnais ce corps fin, ces cheveux bruns et cette façon de faire des choses étonnantes. D’ailleurs j’ignore ce qu’il fait avec ses mains mais ça n’a pas d’importance. Je m’exclame haut et fort en arrivant à portée de voix.

« Mais oui ! C’est bien Jorus ! »

Je m’avance encore et le serre dans mes bras tout en commentant que je suis content de le voir en vie. Je me tourne ensuite vers le capitaine pour lui adresser la parole en prenant une posture plus correct.

« Capitaine. Voici Jorus. Il était avec moi sur Aliaénon. Il a fait partie du groupe d’aventuriers qui m’a aidé à faire disparaître Vallel et son laboratoire de manière définitive. »

Je tourne ensuite mon regard vers l’aventurier.

« Et il m’a aussi sauvé la vie quand la Tour d’Or s’est effondrée. Je vous assure que malgré ses manières bizarres et son air un peu ahuri il sera d’une grande aide. »

Je m’éclaircis à nouveau la gorge avant de déclarer.

« Je voulais aussi m’excuser pour mon attitude de tout à l’heure. Je ne voudrais pas passer pour un trou du cul alors... désolé. Peut être que je pourrais à nouveau rester à vos côté. En voyant Jorus je me dis que je pourrais reconnaitre d’autre aventuriers qui se présenterait. »

Des excuses sincères et une véritable volonté d’accueillir les prochains volontaires venu défendre, indirectement, la famille que je cherche tant à tenir loin de la guerre.

>>>

[Faëlis]

Après ces démonstrations, fatalement, devait venir la mauvaise idée. Chacun précisa ses expériences, car ils étaient tous deux des soldats de métier. Aenaria s’entraînait depuis l'enfance et Xël comptait bien protéger sa famille à Kendra Kâr. Les batailles commencées sur un autre monde s'étaient rapprochées et l'urgence se faisait pressante. Faëlis, de son côté, n'avait pas grand chose à dire. Baissant légèrement les yeux, il soupira :

« Pour ma part, ma formation de soldat, à peine entamée, remonte à quelques années. J'étais né pour être un simple courtisan, avec juste le verni militaire des nobles, et je préférais sécher les entraînements pour courir après les jolies filles et les beaux garçons ! Puis, j'ai voulu protéger une humaine d'un noble masqué qui s'est révélé être mon père... et me voilà à parcourir les routes ! J'ai combattu de nombreuses fois, mais n'ai jamais connu de véritables batailles... »

Heureusement, cet instant embarrassant fut interrompu par l'arrivée d'un nouveau venu, qui était connu de Xël, apparemment, car celui-ci se précipita pour l'accueillir. Il s'agissait d'un jeune humain à l'air un peu ahuri mais qui avait, aux dires de Xël, lui aussi combattu sur d'autres mondes, et lui avait même sauvé la vie !

Faëlis se leva pour aller lui adresser la révérence :

« Salutation, l'ami ! Cela peut paraître osé, pour une arrivée dans un camp militaire juste avant la bataille, mais bienvenu ! »

[Kiyoheiki]

~Auparavant~

~8~

Cette fois, cela y est. Le navire nous amène au port provisoire des forces kendraines. La tension monte d'un cran, la réalité de la situation se concrétisant bel et bien. Casque sous le bras, je débarque, menant mon gigantesque percheron à terre. Après tout ce temps passé en mer, il me faut un moment pour chasser l'impression étrange que la terre est trop immobile et afin que mon corps reprenne ses habitudes. Autour de nous, de l'agitation. Sans doute pas pour nous mais pour ce que le navire transporte à fond de cale. J'oriente mon regard vers mes compagnons de voyage, le ser Cherock menant son étrange monture à laquelle j'ai encore un peu de mal à me faire. Une sorte de grand cerf noir avec une longue queue, et une coiffe difficile à qualifier entre les bois.

La bête est grande, comparable voire supérieure à un cheval en terme de carrure. À peine a-t-elle mis la patte sur la terre ferme que Ganko émet un hennissement puissant, la tête tournée pour pouvoir garder un œil sur l'autre monture. Je guide mon étalon un peu plus en avant puis me tourne vers le ser Cherock, dame Anthelia et dame Yliria.

"Si vous le pouvez, essayez de tenir votre monture un pas après la mienne. Ganko est assez... Hmm. Laissez-moi illustrer."

J'incite l'autre ynorien à s'avancer et à stopper sa monture à la hauteur de mon percheron. Immédiatement, l'animal haut sur sabots pousse un souffle puissant des naseaux et fait résolument un pas le plaçant au-devant de l'autre. Nouvel essai, même chose. J'évite de réitérer la démonstration, notant les soubresauts dans sa musculature. Je tapote l'encolure de l'étalon, flattant sa crinière claire et hausse légèrement les épaules. Toujours son petit caractère, et comme le hongre de Hidate n'est pas là pour le calmer par sa présence, son côté dominateur se fait plus oppressant.

J'avise le petit groupe, en particulier dame Yliria. Le ser Cherock va certainement mettre son nom et sa réputation en avant pour réitérer sa garantie quant à la présence de la demie-shaakte. Je ne sais pas si cela suffira, aussi je préfère mettre les choses au clair.

"Je ne suis peut-être pas kendrain, mais je demeure un gradé. Si la parole du ser Cherock ne suffit pas, vous aurez également mon appui, dame Yliria."

Vue la situation, j'émets une autre pensée sans trop y croire.

"Toutefois, le Roi de Kendra Kâr demandant lui-même le soutien de merc... d'aventuriers, les consignes seront peut-être un peu plus souples."

Je lui adresse un signe de tête puis me tourne vers les volutes de fumées proches, attendant l'assentiment de mes compagnons de voyage pour mener le groupe plus avant.

~Suite~

[Aenaria]

Xël répondit qu'il avait de la famille à Kendra Kâr qu'il voulait protéger, qu'il avait déjà contenu des combats sur Aliaénon contre des forces d'Oaxaca, ma fera sortit alors de ma bague de fiançailles et j'en profitai pour l'interroger du regard.

(Aliaénon ?)
(Probablement un autre monde, tout comme Eden, celui d'où viennent les Sindeldi.)
(Je note.)

Mais d'un seul coup, une autre personne qui venait d'arriver au camp attira son attention. Il s'excuse poliment et rejoint ce nouveau venu, un humain. Tendant l'oreille, je compris que les deux se connaissaient et avaient déjà combattu ensemble sur ce fameux monde dont je ne connaissais pas l'existence. Une nouvelle recrue de poids qui avait déjà connu les combats contre les troupes d'Oaxaca. Xël expliqua au garde en poste à l'entrée du camp que c'était un homme de confiance qui lui avait sauvé la vie.

Faëlis répondit à son tour à ma question m'expliquant qu'il avait commencé une formation de soldat, mais qu'il s'était retrouvé plus doué pour faire la cour aux jeunes demoiselles et aux jeunes damoiseaux plutôt qu'à prendre part à des combats. Cependant, le plan qu'il avait échafaudé pour sa vie était tombé à l'eau car il avait protégé une humaine de son propre père, ce qui le jeta sur les routes, le forçant parfois à se battre. Je peux voir qu'il se sentait presque honteux dans ses propos mais il n'y avait aucune honte à n'avoir pas connu de grands combats, c'était même une bénédiction à vrai dire.

Il salua ensuite le nouveau venu avec un petit trait d'humour qui était plutôt rafraichissant. Ne voulant pas paraître impolie, je fis de même rejoignant le petit attroupement qui venait de se former derrière le garde en poste à l'entrée.

- "Jorus, comme a pu le dire Faëlis, bienvenu parmi nous. Toute l'aide supplémentaire d'aventuriers sera forcément utile, n'est-ce pas ?"

J'avais prononcé cette phrase en m'adressant au garde, espérant faire amende honorable pour ma méprise il y a peu.

[Cromax]

La Fin d’une Ere
(Jorus, Xël, Faëlis, Aenaria)

Le Gardien commença à écouter les dires de Jorus avec circonspection. Il n’avait pas l’air d’avoir entendu parler d’Aliaénon, et s’il savait que Naëmin de Tahelta avait bien été rapatrié chez lui, de voir l’humain tenter vainement de faire un cygne de ses doigts parut le convaincre d’une chose, qu’il ne tarda pas à commenter :

« Monsieur, ceci est un campement sérieux et un recrutement dangereux, nous n’avons que faire de plaisantins dans votre g… »

Et là ré-intervint le trio déjà présent, avec Xël en tête. Une fois encore, le soldat d’élite parut exaspéré, mais écouta néanmoins les dires de Xël sans ciller. Même s’il avait quand même de sérieux doutes sur cette histoire de Vallel et d’Aliaénon. Mais il avait entendu que le lieutenant d’Oaxaca avait été vaincu. Peut-être cette histoire était-elle fondée, finalement ? Il voulut répondre, mais les interventions de Faëlis et d’Aenaria l’en empêchèrent.

Il souffla par les narines d’un air contrit, baissant sa hallebarde à l’horizontale d’un air défait. Il secoua la tête, puis annonça, las :

« Bon. Bon. Qu’il soit le bienvenu »

À cet instant le sieur Du Val ne s’était jamais senti plus inutile.


[HJ : 0,5XP pour Jorus pour l'arrivée au camp]

[Akihito]

Dans le chapitre précédent...

Troisième Arc : Encre de feu, Ancre de sang.

Chapitre XXVII : La fin d’une ère.

La terre tassée par des centaines, des milliers de bottes. Telle était le paysage qui s’offrait à Cherock. Une vue qui remplaçait les contrées verdoyantes de son pays natal et qui faisait mal au cœur de l’Ynorien, quelque part. C’était un sacrifice nécessaire, et n’était pas sentimental au point de regretter quelques champs si c’était la clé de la survie de la République.

Bride de Brume à la main, Cherock descendit du pont au grand plaisir de sa monture. Kiyohëiki l’attendait déjà, caparaçonné de son armure. Il échangea un regard souriant avec l’enchanteur, ce qu’il lui rendit bien. Après son tatouage, Cherock avait dormi pendant une bonne heure avant de reprendre connaissance. Là, il avait retrouvé le milicien et lui avait peu à peu expliqué son tatouage. Et il plaisait visiblement à ce dernier, sentant une autre des barrières de prudence et de méfiance s’effondrer pour être remplacée par un pont de confiance. Kiyoheïki ne douterait plus de lui et s’il serait présomptueux de les considérer comme des amis, un lien s’était tissé. Ensemble, ils avaient observé les effets du tatouage arcanique, nom trouvé par Anthelia pour les différencier des anciens tatouages magiques. Comme prévu, le fluide se rechargea progressivement et Kiyoheïki parvint à lancer un nouveau sort une journée plus tard. Aucune perte de puissance n’était à remarquer, ni aucun effet secondaire désagréable. Une parfaite réussite pour le nouvellement bombardé « Tatoueur Arcanique ».

À peine la renne se place derrière l’imposant destrier du milicien que celui-ci se met déjà à hennir avec force, ce qui tire un froncement de sourcil à l’enchanteur. La monture semble dotée d’un caractère bien plus affirmé que son placide de maître. Maître qui ne tarde pas à en faire une démonstration.

« Si vous le pouvez, essayez de tenir votre monture un pas après la mienne. Ganko est assez... Hmm. Laissez-moi illustrer. »

Cherock mit sa monture au même niveau que l’étalon et instantannément, ce dernier s’avançait pour rester en tête, soufflant bruyamment de ses nasaux. Une seconde tentative se solda par le même résultat, en plus d’un battement du sabot agacé contre la terre meuble. Le message était clair : ledit Genko ouvrirait la marche avec le semi-shaakt. Peu disposé à argumenter un cheval que même son maître avait abandonné l’idée de dresser sur ce point-là, l’enchanteur resta comme conseillé, un pas en arrière.

« Je ne suis peut-être pas kendrain, mais je demeure un gradé. Si la parole du ser Cherock ne suffit pas, vous aurez également mon appui, dame Yliria. »

Un soutien de poids que Cherock accepta volontiers : son prestige et sa réputation n’étaient pas aussi impressionnants auprès des kendrans, et il doutait que la Kizoku Rana ait la moindre importance à leurs yeux. Yliria, de son côté, affirma que si elle appréciait l’initiative, elle avait ses propres arguments à faire valoir pour intégrer la force d’aventuriers mandatée par la Cité Blanche. Ce qui fit hausser un sourcil à Cherock, avant d’être distrait par une main tirant sa manche. Au bout de la main, Anthelia.

« Cherock, c’est ici qu’on se sépare.

- Mais… Pourquoi ? Comment ? Tu voulais venir avec moi, pourtant.

- Après qu’on ai affronté ce Drakarn, j’ai pu constater le fossé entre moi et vous, et je ne veux pas être un boulet pour votre mission, déclara-t-elle en secouant la tête. Je me battrai pour défendre Oranan, mais avec les forces régulières.

- Alors que tu n’es pas une militaire… ? Tu penses qu’ils vont te laisser les rejoindre ?

- Kendra-Kâr ne crachera pas sur une magicienne de mon envergure je pense. Allez, va, Monsieur le Héros. »

Passant ses bras autour de son cou, elle l’embrassa tendrement avant de plonger son regard d’émeraude dans ses yeux, très sérieuse.

« Mais je t’interdis de mourir, c’est bien clair ?

- Comme si j’avais le choix…

- Yliria, je te confie ce grand dadais. »

La semi-shaakte eu un petit rire amusé, et les deux femmes se souhaitèrent au revoir. Elle salua ensuite poliment le milicien et vola un dernier baiser à son amant avant de s’éloigner, demandant son chemin à un soldat. Cherock la regarda s’éloigner, sa chevelure dorée aux reflets caramel lentement se balançant dans son dos. Elle avait raison, quelque part : si la mission qu’on leur confiait requérait des combattants de sa trempe, Anthelia serait probablement plus en danger avec lui qu’au milieu de milliers de soldats.

(C’est une baroudeuse, Cherock. Elle s’en sortira.)

(Ouais, je sais… Mais je peux pas m’empêcher d’être inquiet.)

Se frappant les joues des deux mains, il se reconcentra sur sa tâche immédiate : trouver le campement où leur trio devait se rendre. Une information promptement réalisée par Kiyoheïki, qui les mena au travers du camp. Cherock avait bien proposé à la semi-shaakte de monter sur Brume derrière lui, mais elle avait catégoriquement refusée. Il pouvait lire sur son visage une peur irrationnelle de tout ce qui avait une vague forme équine. Ce qu’elle confirma ensuite de vive voix. Devait-il marcher à côté de Brume pour ne pas la laisser seule et ridicule ? Amy le tança alors, exaspérée.

(Monte sur ce foutu renne, Cherock. Tu crois pas que vous aurez l’air encore plus ridicules de vous balader avec une monture sans la monter ?)

Il abdiqua et dans un geste mal assuré, chevaucha Brume. L’équitation n’était pas une activité qu’il avait souvent pu pratiquer, et les quelques notions qu’il avait remontaient à des années. Mais Brume était parfaitement obéissante et intelligente, aussi se mit elle à suivre le hongre du milicien devant elle. Après quelques moments gauches à ne pas trouver la bonne position ni le bon rythme, l’enchanteur finit par trouver une situation confortable. La selle d’excellente facture aidait beaucoup et tant qu’ils ne dépasseraient pas le léger trot, il était plutôt sûr de lui quant à maintenir une apparence avec un minimum de dignité.

Leur traversée du camp ne se fit pas discrètement : deux semi-shaakts, dont l’un chevauchant un puissant cheval de bataille, accompagné d’un combattant sur une renne à nez rouge et pompon. Ses deux compagnons attirèrent cependant bien plus les regards… Très inamicaux, pour la plupart. Et il ne pouvait pas les blâmer : ils étaient sur le pied de guerre, prêt à affronter des forces d’Oaxaca dont certains seraient sans aucun doute des elfes noirs. Et voilà que deux d’entre eux se promenaient au milieu de leur camp ! La seule raison qui devait les empêcher d’agir, c’était que leur petit groupe sortait également de l’ordinaire par leurs équipements et la sensation de puissance qu’ils devaient dégager : ils n’étaient pas n’importe qui.
Ils arrivèrent enfin au lieu indiqué : une grande tente flanquée de plusieurs oriflammes. À son entrée, plusieurs individus discutaient : un groupe bigarré d’elfes et d’humains en pleine discussion semblait-il, qui tournèrent un regard curieux en les voyant arriver. Ces individus étaient selon lui des aventuriers, des mercenaires qui étaient là pour la même raison que son groupe. Cherock reporta rapidement son attention, car un autre colosse cuirassé s’approchait d’eux. Des traits clairement kendrans et à son plastron richement décoré et de très bonne facture, il devait être un gradé de l’armée Kendran.

(Les présentations avec les autres attendront,) pensa Cherock en mettant pied à terre. Il s’avança aux côtés de Kiyoheïki, son heaume sous le bras et la main droite posée sur la garde de son sabre. Une posture qu’il voulait militaire. Il ne prendrait pas la peine d’annoncer Yliria : cette dernière avait semble-t-il ses propres cartes à jouer, aussi décida-t-il de la laisser faire et plongea ses yeux vairons dans le regard du gradé en face de lui.

« Sergent D'Esh Elvohk Kiyoheiki, milice d'Oranan. Mandaté par le Conseil de la République d'Ynorie pour soutenir l'effort de guerre.

- Cherock O’Fall, d’Oranan. Je suis également mandaté par le Conseil de la République d’Ynorie. »

À suivre...

[Yliria]

<< Précédemment

J'inspirai longuement pour contenir la nervosité qui m'assaillait. Nous avions atteint notre destination, finalement. Un embarcadère provisoire au beau milieu de ce qui devait être nulle part à l'origine. Et devant moi, des dizaines de monstrueux navires de guerre mouillaient non loin de la côte. La flotte de Kendra-Kâr, comme l'avait mentionné l'un des marins. C'était un spectacle impressionnant et perturbant dont j'eus du à me détacher lorsqu'il fallut quitter le navire pour rejoindre l'embarcadère. La tension semblait avoir saturé l'air et la quantité de personnes présentes aux abords me fit automatiquement glisser ma main vers mon masque. Je me retins de justesse et le laissai pendu à ma ceinture au moment de grimper sur le ponton.

Le sergent Kiyoheiki menait la marche, tenant par la bride un destrier à qui je jetai des coups d’œil, méfiante. J'avais un peu de mal avec les chevaux, surtout de ce gabarit. Je n'avais pas beaucoup eu l'occasion de m'entretenir avec le semi-shaakt durant le voyage. D'une part parce que je ne savais pas si l'aborder était une bonne idée, et d'une autre parce qu'il semblait garder une distance avec chacun, ce que j'identifiai comme une sorte de méfiance naturelle et que je ne voulais surtout pas la braquer sur moi. Il m'avait semblé plus ouvert après le combat contre le Drakarn, mais cela concernait surtout Cherock a qui il avait laissé l'opportunité de lui tatouer le dos. J'avais observé la chose de loin, à la fois curieuse et un peu envieuse. Le résultat fut un assemblage de symbolique que je ne comprenais pas vraiment, mais l'ensemble était magnifique avec de curieux reflets pourpres qui semblaient parcourir les lignes délicates du dessin formant un Y dans son dos.

Le sergent se tourna d'ailleurs vers nous, conseillant à Cherock de garder son renne à distance de son cheval. Je jetai un regard moqueur à la monture de Cherock avant de vite reculer en voyant l'étalon piaffer et bouger de manière étrange. Malgré l'explication du sergent concernant le caractère nerveux de sa monture, cela ne me calma pas vraiment et je gardai un œil sur l'équidé. Kiyoheiki me fixa alors et je lui rendis un regard curieux qui s'écarquilla à ses paroles. Il affirma que j'avais son appui en plus de celui de Cherock si celui-ci ne suffisait pas, même s'il espérait que les gardes seraient plus souples au vu de l'appel fait aux aventuriers. Si je ne partageai qu'à demi son optimisme, je le remerciai néanmoins.

- Merci Sergent. J'espère ne pas à avoir à en arriver là, mais c'est une preuve de confiance que je ne décevrai pas. J'ai de toute façon quelques cartes en main si je devais démontrer quoi que ce soit.

Il restait cependant un léger détail à régler.

- En revanche.. Cessez de m'appeler « Dame », par pitié. Yliria suffira amplement, vraiment.

Dame Yliria... Je détestai ça, ça me faisait trop penser à ma mère et je préférai ne rien avoir en commun avec elle, fusse un simple mot se voulant respectueux. Et cela me semblait de toute façon tellement hors de propos en ce qui me concernait. Je détestai les sobriquets sur mon âge ou ma taille, mais de là à me faire appeler « dame », il y avait un monde que je ne voulais pas traverser pour le moment. Ni même un jour, tout compte fait. Mon père m'avait trouvé un prénom que j'appréciai particulièrement, les gens n'avaient qu'à l'utiliser tel quel.

A ma grande surprise, Anthelia décida de nous quitter à ce moment-là et je détournai le regard pour leur laisser ce petit moment d'intimité volé au beau milieu d'un lieu clairement pas adapté à des adieux de ce genre. Je ne pus néanmoins retenir un léger rire lorsqu'elle me demanda de prendre soin du grand dadais qu'elle aimait. Avec un pincement au cœur, je lui en fis la promesse et lui fis également mes adieux avant de suivre les deux autres en me faisant aussi discrète que possible.

(Avec une armure en Xiulh, une cape magique mauve et tes cheveux blancs, c'est très efficace!)

(Ton sarcasme n'est vraiment pas nécessaire, parce que je sais déjà que c'est peine perdue.)

Le camp s'étendait aussi loin que mon regard se portait. Des tentes de tailles diverses mais rangées avec une telle précision que c'en était presque trop. Suivant le sergent sur son cheval et Cherock sur son... renne, je traversai le camp en captant ça et là quelques regards inamicaux, mais rien de plus, ce qui allégea quelque peu la nervosité qui n'avait cessé de croître depuis que nous avions aperçu les premiers navires de guerre. Au moins nous étions entrés. Cherock avait bien tenté de me faire grimper avec lui sur Brume, probablement pour aller plus vite et éviter ainsi de rester à vue trop longtemps, mais l'idée de grimper sur ce truc ne me tentait guère et je lui répondis simplement que je n'étais pas à l'aise avec les chevaux en général.

Nous arrivâmes finalement à ce qui devait être notre point de chute en la forme d'un homme équipée d'un armure brillante qui me donnait l'impression d'être bien trop ornée et lourde pour être efficace. Son hallebarde avait déjà l'air plus utile, mais son visage carré, lui, reflétait plutôt un mélange entre l'exaspération et la lassitude. Il ne devait pas particulièrement apprécié son poste, visiblement. Il semblait garder une grande tente d'où s'élançaient dans le vent divers étendards. Je pus apercevoir quelques personnes derrière lui et fronçai les sourcils. Le visage de l'un d'entre eux me semblait étrangement familier... de deux d'entre eux même.

Mon attention fut accaparée par mes deux compagnons de route qui se présentèrent l'un après l'autre au garde en armure rutilante, clamant leur nom et le fait qu'ils étaient mandaté par le Conseil d'Ynorie. Je n'avais certainement pas prévu de m'annoncer comme ça, et comme je n'étais pas mandatée pas qui que ce fusse, je restai muette. Peut-être qu'il allait considérer que j'étais avec eux et donc intégrée d'office ? On pouvait toujours espérer...

À Suivre >>

[Cromax]

La Fin d’une Ere
(Jorus, Xël, Faëlis, Aenaria, Cherock, Kyyoheiki et Yliria)

Déjà un peu défait, le garde tenta, à l’arrivée des trois nouveaux venus, de regagner une certaine consistance. À la présentation des deux envoyés d’Oranan, il opina sentencieusement du chef, avant de rétorquer militairement :

« Bienvenue à vous deux, Elu de Valyus ; Protecteur d’Ynorie. »

Il avait eu leur nom, leur grade et la raison de leur présence. Enfin un peu d’ordre dans cette folle journée. Il détourna cependant rapidement les yeux vers la troisième intervenante.

« Et… elle, qui est-ce, messires ? Que vient-elle faire ici ? »

Peut-être était-ce malvenu de ne pas s’adresser directement à la jeune batarde… mais c’est la voie qu’il choisit.

[Sirat]

Le lendemain, l’armure brillait. Le travail du nain avait été précis et passionné. Sirat n’en revenait pas, il l’enfila avec un plaisir enfantin.

Sibelle avait décidé de vendre des affaires et en avait acheté d’autres.

Ils étaient enfin prêts, si tenter que l’on puisse être prêt pour affronter la mort. Car s’était cela qui les attendais au loin les tambours de guerre sonnaient déjà leur litanie et les guerriers se préparaient pour que leur dernier voyage puisse leur faire honneur. Sirat et Sibelle en étaient conscients et le silence qui s’était installé entre eux n’était fait que d’un profond respect mêlé de pudeur.

La mort ne faisait pas peur à l’humoran, bien au contraire, il ne voulait pas vivre vieux, sentir sur lui pesé cette douce agonie, il répugnait cette idée, il voulait vivre, se battre jusqu'à son dernier souffle, être reconnu à travers Yuimen : lui le fils batard, lui le rejeton du destin.

Il attrapa un gosse des rues, un paysan mal fagoté, les cheveux bruns en bataille.

Gamin rapporte ses chevaux à la commanderie, dit leur de les garder pour Sibelle danseuse d’Opale.


Il ouvrit la main du petit et y glissa quelques pièces, bien plus qu’il n’en fallait. Il fut accueilli par un sourire édenté et franc. Le gamin s’en alla prestement tenant la bride des deux canassons.

Sirat se retourna vers son amie.

Tu voulais que je monte sur ton dos pour voler, j’accepte ta proposition.


Dit-il calmement. La rouquine lui répondit qu’elle ne pouvait décemment pas le faire dans une ruelle. Il acquiesça et ils sortirent de la ville.

Elle lui expliqua qu’une fois transformé, elle ne pourrait plus lui répondre. Il faudrait que le zélote parle en question fermé ou elle pourrait répondre en remplaçant les oui et les nons par des cris.

À l’abri des regards, la guerrière commença sa mutation. Sirat l’observa toujours impressionné, l’hippogriffe le jaugea et l’invita à monter. Il voulait le caresser et tendit la main, mais s'il le faisait cela voulait-il dire qu’il caressait Sibelle. Il hésita un instant, la main suspendue en l’air, puis chassa cette idée et grimpa sur le dos de l’animal qui s’envola dans l’air frais des montagnes.


Deux jours de voyage, deux jours de silence, deux jours d'une indicible cohésion, il y avait des rires parfois, simple, pudique et une volonté commune tournée vers la guerre future, souvent.

Dans la sueur d’une journée de printemps parsemé de nuages, ils survolèrent enfin le camp. Il n’avait pas l’air d’un camp, mais d’une ville, un océan de tente, de soldat, d’étendards asphyxiait une plaine jadis verdoyante.


Une véritable fourmilière grouillait sous leur pied, s’agitant et s’apprêtant pour leur survie. Il paraissait misérable, vu de la haut, si insignifiant malgré leur nombre. Le vacarme qu’ils faisaient, emportés par la brise légère de cette demi-saison, s’envolait dans l’air et parvint aux oreilles de l’humoran et de l’hippogriffe.

Ils se posèrent en lisère du camp, en toute discrétion afin que la jeune femme puisse reprendre sa forme originelle.

Sirat la laissa faire, il jeta un regard vers le nord, l’horizon était paisible. Pourtant là-bas sur les terres de la sorcière se préparait une armée puissante et destructrice qui allait fondre sur les royaumes humains. Mais là-bas s’était aussi pour Sirat des amis, K’nee et son frère, une famille adoptive. Et ici, il jaugea le camp qui lui apparaissait plus que jamais comme étouffant, il y avait sa vraie famille, son père peut être et sûrement son frère.

Il vit Sibelle qui l’attendait, belle et fatale, dans sa brigandine pourpre qui épousait ses formes.

Allons au-devant de notre destin

Dit il un sourire aux bords des lèvres.

Il mit son casque et prirent la direction de l’entrée de ce colossal cantonnement.

[Jorus Kayne]

Alors que je mime mon cygne avec les mains et que le garde commence à m’envoyer paître en me désignant comme plaisantin, quelqu’un arrive vers moi et m’enlace. Si sa voix m’est familière, je ne connais personne qui soit équipée comme un tas de ferraille. Il se recule et prend une posture de soldat avant de me nommer et de narrer des exploits que seul quelqu’un présent sur Aliaénon saurait. Ce n’est que lorsqu’il explique que je lui ai sauvé la vie que je remets enfin le nom derrière cette armure massive. Xël ! Le mage complètement cinglé qui a eu les couilles d’affronter le dragon noir à notre arrivée dans la Lande Noire. Il s’excuse ensuite d’un comportement précédent et espère pourvoir rester si d’aventure d’autres aventuriers qu’il connait passerait ici. De mon côté, je crains le comportement qu’il a eu et je commence presque à regretter qu’il m’ait associé à lui maintenant.

Derrière Xël, un Hinïon vient également me souhaiter la bienvenue. Possédant également une armure lourde et de bonne facture, je vais finir par croire que je vais finir en passoire dès les premiers affrontements. Puis c’est au tour d’une elfe, mais pas n’importe laquelle, une elfe grise. Surpris de voir un membre des Sindeldi ici, je passe presque à côté de ses salutations amicales. Finalement le garde et son armure rutilante consent à me laisser intégrer les forces armées, même si son comportement vis-à-vis des interventions de Xêl et des deux elfes, laisse entendre la lassitude d’un combat perdu d’avance.

Heureux que les choses se soient plutôt bien passées…

(Oui en même temps c’est pas grâce à tes magnifiques exploits avec tes mains ! Mais quelle idée aussi !)

Les choses s’étant donc bien passées, je frappe un coup amical sur l’armure de l’aéromancien.

"Bon sang Xêl, j’ai bien faillit ne pas te reconnaître sous ce tas de ferrailles ridicules !" Je me tourne ensuite vers le garde d’élite, qui risque de se sentir visé par la remarque. "Par contre sur vous c’est particulièrement intimidant !"

(Tu devrais partir avant de te faire foutre dehors à coups de pieds !)

Suivant les conseils de ma faéra, je me rapproche du trio afin de parler de sorte qu’ils soient les seuls à m’entendre.

"Si cela ne vous dérange pas, il serait préférable de partir avant que je ne dise une autre bêtise ! Ca m’arrive souvent lorsque je suis stressé !" Mais avant toute action, je m’intéresse à la Sindel. "Par contre je croyais que le prince n’avait dépêché aucun Sindeldi avec les évènements du Naora ? J’aurais mal compris ?"

Dans le même temps, trois autres individus arrivent et attirent mon attention. Un Shaakt ou semi-Shaakt avec un heaume plus solide que le reste de sa tenue, un humain avec une solide armure et une troisième personne qui me dit quelque chose.

(Bien sûr ! Elle était présente avec toi au Noara.)

(Oui exact, c’est quoi son nom déjà, Lilou, Lily…)

(Yliria ! C’est Yliria ! Mais t’as des courants d’air dans le crâne pour avoir une mémoire aussi trouée ?)

(Je peux pas me souvenir de tout le monde, si ? Et puis de mémoire, je ne l’ai pas revu après la réunion !)

(Non effectivement. Par contre fait ressortir le symbole de l’Opale !)

(Ha ? Pourquoi cela ?)

(Comme ça, une intuition !)

Sans trop savoir pourquoi, je me contente d'obtempérer aux instructions. et décide de rester pour observer comment va se passer la présentation de la jeune semi-Shaakt. Si les deux individus qui l’accompagnent sont désignés comme l’Elu de Valyus et le protecteur d’Ynorie, Yliria ne paraît pas avoir de faits d’arme qui lui valent une certaine notoriété et la tranquillité d’esprit qui irait avec.

Je lève la main vers Xël et ses deux acolytes, tout en regardant la jeune enchanteresse et m’assurer que rien de problématique ne lui arrive avant de terminer.

"En même temps on est pas pressé !"

[Sibelle]

Sibelle revêtait un nouvel équipement complet et Sirat brillait dans le sien remis à neuf. Ainsi équipés, ils se préparaient malheureusement à une guerre qui risquait d’être sans merci. L’immense force armée d’Oaxaca n’avait qu’un but unique : faire tomber Oranan qui leur avait depuis trop longtemps résisté.

Tous les deux, combattants aguerris, Sibelle et Sirat avaient pesé l’importance de cette mission qui serait peut-être leur dernière. Sibelle n’avait jamais fait de plan d’avenir autour d’un petit noyau familial, car elle savait qu’un jour ou l’autre c’était au combat qu’elle perdrait la vie. Elle ne craignait pas la mort si cette dernière survenait lors d’une bataille.

Une fois hors de la forge, Sirat apostropha un gamin pauvrement vêtu aux cheveux hirsutes et lui demanda d’aller porter leurs chevaux à la commanderie d’Opale. L’humoran fut généreux et ce fut piécettes dans sa main droite bien fermée pour ne pas les échapper que l’enfant attrapa les rênes des chevaux et partit aussitôt.

Les sourcils légèrement froncés d’incompréhension, Sibelle ne dit mot, et faisant confiance à son compagnon, elle attendit calmement les explications. Ces dernières ne tardèrent pas, puisque sitôt retourné vers elle, il lui signifia qu’il acceptait la proposition qu’elle avait faite un peu plus tôt, de voyager à dos d’hippogriffe.

La guerrière sourit. Reprendre le vol lui ferait le plus grand bien pour son corps et pour son esprit.

« Il nous faut d’abord quitter la ville, je ne veux pas attirer l’attention sur nous en me transformant ici. »

L’humoran acquiesça et ce fut d’un pas pressé qu’ils se rendirent aux portes de la cité. En chemin, Sibelle crut bon de lui fournir quelques informations.

« Sous la forme d’hippogriffe, je peux comprendre ce que tu me dis, mais il m’est impossible de répondre. Si tu veux me poser des questions, assure-toi que je puisse répondre par oui en poussant un cri bref ou par non en en poussant deux…. Et n’hésites surtout pas à m’agripper les plumes, ou l’encolure pour bien te tenir. »

Une fois à l’extérieur de la cité et après s’être assuré qu’il n’y avait personne dans les environs, elle ferma ses yeux, prit de longues inspirations et laissa la transformation s’opérer. Cela fait, elle ouvrit les yeux. L’hippogriffe étant plus haut qu’un cheval, elle plia ses genoux avant afin de permettre à l’humoran de prendre place sur son dos. Elle le vit lever sa main, comme l’aurait fait un cavalier pour caresser sa monture, mais il s’arrêta, sans doute par respect envers elle. Pour toute réaction, elle pencha légèrement sa tête sur le côté, songeuse.

Sibelle galopa, ouvrit ses ailes et s’envola. Ne connaissant l’aisance en haute altitude de son cavalier, elle y alla en douceur, progressant par palier régulier. Au bout d’une heure de vol, elle sentit les jambes de l’humoran se desserrer de ses flancs, de même que sa prise sur son encolure, elle se permit donc de prendre de la vitesse. Tout en enfilant les kilomètres, elle admirait le paysage sous elle et profitait de l’air frais sur son visage. Elle se sentait à sa place dans les cieux,… libre. Puis, elle vit les massifs des jumeaux, et l’endroit approximatif où son compagnon ailé avait péri, elle poussa alors une longue plainte en signe d’adieu. Elle croyait à tort faire ainsi son deuil et refermer une porte derrière elle. Mais il s’agissait de son premier deuil d’un être qui lui était cher. Elle était loin de se douter que ce décès pourrait la troubler des années durant et même jusqu’à sa propre mort.

Au bout d’une journée, elle se posa dans une plaine, et se permit un repos de deux heures afin de méditer. Elle savait bien que l’humoran avait besoin de plus de sommeil, mais il n’en voulait davantage, pressé qu’il était de se rendre le plus vite possible sur les lieux.
La deuxième journée fut semblable à la première, à l’exception qu’elle aperçut une armée naine au bord des montagnes.

À la troisième, en début de journée, ils s’approchèrent enfin de leur destination. Le ciel dégagé et sa vision d’aigle lui permirent de percevoir le camp construit bien droit et ses belles rangées tout alignées.

Elle se posa à quelques minutes de marche et reprit son apparence elfique.

L’humoran se sentait d’attaque tandis que Sibelle sentait une boule de nervosité au creux de son estomac. Elle avait hâte d’en connaître plus sur la mission qui les attendait, mais elle craignait le pire sur ce qui pouvait arriver.

Alors que l’humoran mit son casque, elle retira le sien et marcha à ses côtés en direction du cantonnement.

[Xël]

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Je ne m’y attendais pas mais les deux elfes avaient décidés de me suivre. Je suis donc surpris de les voir et de les entendre saluer Jorus alors que je me suis tourné pour m’excuser auprès du capitaine Offusqué. Celui-ci semble fatigué de l’être d’ailleurs puisque d’un air las il souhaite la bienvenue à mon ancien compagnon de voyage. Rassuré, Il s’exclame qu’il a bien faillit ne pas me reconnaître sous mon armure qu’il qualifie de tas de ferraille et il se reprend bien vite pour ne pas mettre celle du capitaine dans le même sac. Je gratifie Jorus d’une tape dans l’épaule pour lui souhaiter la bienvenue tandis que le capitaine se reprend vite, regagnant une certaine consistance pour accueillir trois nouveaux venus. Et pas n’importe qui, Kiyoheiki, une connaissance d’Aliaénon est présent, accompagné d’Yliria, l’elfe que j’avais croisé à Bouhen. Sa présence est une amusante coïncidence, je ne pensais pas la revoir un jour mais en la voyant je ne peux m’empêcher de lui adresser un sourire. Le troisième est moins remarquable que sa monture que j’observe d’un air étrange, un renne au nez rouge habillé d’un bonnet à ponpon, un peu chaud pour la saison. Je lève finalement les yeux pour voir le cavalier : un jeune homme qui semble grand, aux cheveux blonds et aux yeux en amandes typique des Ynoriens. Je les laisse se présenter en gardant le silence tout en attendant que le capitaine donne son avis à leurs sujet. J’apprend alors que chevaucheur de renne s’appelle Cherock. Anton leur souhaite la bienvenue à l’exception d’Yliria dont il demande la raison de sa présence aux deux Ynoriens plutôt que de s’adresser directement à elle. Je réagis, tentant de rattraper sa maladresse, m’adressant directement à elle.

« Je ne pensais pas vous revoir si tôt Yliria. Vous sembliez être très inquiète la dernière fois. Je suis content de voir que vous allez bien et que vous êtes en bonne compagnie. »

Je dirige mon visage souriant vers Kiyo.

« Mais je ne suis pas étonné de vous voir. Je ne pensais pas venir participer à la libération de l’Ynorie sans croiser son Dragon d’Or. »

Je m’approche de lui pour le serrer dans mes bras à son tour.

« Je suis aussi content de voir que vous allez bien. »

Je suis sincèrement ravi et rassuré de le voir. Sur Aliaénon nous n’avions pas eu beaucoup d’occasions de nous parler mais je sais qu’il était autant attaché que moi à ce monde. Nous avions partagés des choses similaires et je me sentais plus proche de lui que je ne pouvais l’être de Jorus alors que nous avions passé moins de temps ensemble. Drôle de sensation. Je me recule un peu et salue finalement Cherock en me présentant.

« Ravi de vous rencontrer Cherock. Je suis Xël. »

Je me remets en suite en poste à côté du Capitaine avec une posture plus militaire, réajustant mon heaume sous le bras en lançant un sourire encourageant au capitaine pour qu’il les laisse passer.

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[Yliria]

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Premiers échanges

Le garde sembla connaître autant le sergent que Cherock, les appelant tous deux par un titre loin d'être anodin. Élu d'un dieu et protecteur d'un pays, ce n'était pas rien. À côté d'eux, je ne reçus qu'un simple regard dédaigneux et le garde ne daigna même pas s'adresser à moi. Non, il demanda aux deux autres qui j'étais, comme si me parler était indigne de sa personne. Ça avait quelque chose d’extrêmement vexant, finalement, d'être ignorée de la sorte. Mais avant même que je ne puisse lui dire le fond de ma pensée à cet épouvantail plein de dorures moches, les autres s'approchèrent et je compris pourquoi certains me semblait familiers. Je reconnus le soldat croisé à Bouhen, qui cette fois portait une épaisse armure et non pas l'uniforme de la ville. Il me salua comme une vieille connaissance en affirmant être soulagé de me vois en bonne santé et bien accompagné. Je lui jetai un regard confus avant de répondre après une courte hésitation. Il était amical, alors je n'avais pas de raison de me méfier.

- Je ne m'attendais pas à vous revoir non plus, Xël. Les choses se sont arrangées, je vous remercie. Vous n'étiez pas soldat finalement ? Vous portiez l'uniforme pourtant...

Me serais-je trompée la dernière fois ? Difficile à dire vu les circonstances de notre rencontre, mais je l'avais peut-être catégorisé un peu trop vite. L'autre visage familier attira ensuite mon attention et je mis quelques secondes à me souvenir où je l'avais croisé. Jorus, Naora, salle de réunion sous le bâtiment de la Garde Militaire. Une fois les souvenirs revenus, je le saluai d'un hochement de tête qui se bloqua à mi-chemin en apercevant le symbole de l'Opale descendant sur son torse. Un sourire étira mes lèvres alors que je le saluai plus amicalement tout en sortant à mon tour le fameux bijou.

- Bonjour Jorus, cela faisait longtemps. Joli pendentif.

Il fallait à tout prix que je trouve un moment pour discuter avec lui et obtenir des informations sur la situation au Naora. Si j'avais dû le quitter précipitamment sur ordre de Lyann et de Sylënn, ce n'était peut-être pas son cas et il pourrait me dire quelle était la situation en ce moment. Certaine d'avoir quelques alliés dans cet endroit, je me sentais un peu plus rassurée et fit face au garde avec une expression déterminée.

- Je peux me présenter moi-même, je vous remercie. Yliria Varnaan'tha, Commandante en second de la Commanderie des Danseurs d'Opale de Tulorim et Pourfendeuse de la Peste-Mer.

Il voulait des informations ? Il en avait maintenant. Ça avait quand même quelque chose de profondément dérangeant de parler de moi-même de cette façon.

(Hey, s'ils veulent un concours tu peux quand même te défendre. Tu peux parler du manoir des brumes, de l'île interdite, de...)

(Oui, oui, restons sur cette base déjà et j'aviserai ensuite. Je suis pas là pour étaler ma vie.)

(Dommage, ça lui aurait rabattu son caquet à ce type.)

Je me retins de lever les yeux au ciel. J'avais quand même mieux à faire que jouer à qui avait la plus grosse. Tant qu'on me laissait entrer, ça me suffisait.

À Suivre >>

[Cromax]

La Fin d’une Ere
(Jorus, Xël, Faëlis, Aenaria, Cherock, Kyyoheiki, Yliria, Sirat, Sibelle)

À l’entrée du campement, Sirat et Sibelle furent accueilli par une jeune recrue qui semblait s’occuper des écuries. Un petit rouquin aux nombreuses taches de rousseur, qui s’adressa à eux d’un air fier et enjoué :

« Oh, vous, vous d’vez être des aventuriers vu votre allure. La classe ! Suivez-moi, je sais où ils vous attendent ! »

Il les mena tous deux jusqu’au cœur du campement, où un rassemblement d’aventuriers hétéroclites côtoyait de grandes tentes d’état-major aux couleurs du Royaume Kendran. Parmi eux, il y avait un gardien fort élégamment armuré, qui devisait avec une petite mi-shaakte avec l’air embarrassé.

Le gardien sembla d’abord interloqué du culot de la jeune semi-elfe à s’adresser à d’autres avant de satisfaire sa curiosité. Il fronça les sourcils et les garda ainsi jusqu’à ce qu’elle daigne s’adresser à lui. Il semblait excédé de tout ce monde qui papotait autour de lui comme si de rien n’était. Il passa une main dans sa nuque, comme pour détendre une subite tension, et s’avoua vaincu.

« Bon. Bon. Vous… pouvez attendre avec eux, mademoiselle. J’imagine. Je crois. Enfin… »

Il s’interrompit : il venait de remarquer l’approche de l’elfe blanche et de son poilu compagnon. Il blêmit encore davantage et balbutia de plus belle, assez haut pour se faire entendre des arrivants et de tous les autres aventuriers :

« Le bâtard Ybellinor, porteur de la marque de la Déesse Noire… Suis-je maudit ? Que venez-vous faire ici, traître à votre patrie ? Et qui êtes-vous, vous ? »

Ces derniers mots étaient adressés à SIbelle, qu’il regarda sommairement sans paraitre la connaitre avant de revenir sur Sirat. Nerveux, il raffermit sa prise sur sa hallebarde et l’abaissa en pointant l’humoran. Le rouquin qui les avait menés là s’était carapaté, de peur de se voir puni de sa maladresse. Le gardien semblait prêt à en découdre, et regarda d’un tour d’horizon les aventuriers qui l’entouraient : des alliés fiables, avait-il jugé. Aussi parut-il confiant.


[Yliria, Cherock et Kiyoheïki : 0,5XP pour l'arrivée dans le campement.]

[Heartless]

Le Masamune se fraya au milieu des navires militaires. On demanda une identification au capitaine au moment de débarquer, et il se présenta comme Sirius Heartless, chef de la Confrérie d'Outremer. Gallion le prit à part.

- Bon, Sirius. Je vous laisse ici. Si vous êtes tous encore en vie d'ici là, bah... On s'reverra en mer, sans doute.

Heartless, Plagg, Iguru et Elias firent leurs adieux au gorille des mers, confiants de le revoir un jour. Bien que ses récentes actions le présentaient comme un allié de valeur pour Kendrâ Kâr, il était évident que ses antécédents de piraterie, ainsi que son comportement insolent, ne valaient pas à Heartless le respect des hommes d'armée. Pour changer.

- En voyage officiel ?
- Ouais, on a entendu dire que vous vous cherchiez des gros bras ?
- Je croyais que votre Confrérie s'occupait principalement du commerce dans le Sud.
- On élargit nos horizons. Alors, où est ce qu'on doit se rendre pour proposer ses services, hein ? demanda le borgne en se frottant les mains.

On lui indiqua la direction du camp qui accueillait les aventuriers. Heartless fit signe à ses camarades de rester sur le navire et se mit en marche.

- Dire que je dois encore me coltiner ce genre d'emmerdeurs...