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La Veine et les Artères
Posté : sam. 21 sept. 2024 12:24
par Cromax
Re: La Veine
Posté : sam. 21 sept. 2024 12:45
par Cromax
La Cité des Ombres
La Veine
Jour 1 – début d’après-midi.
Ezak tombait de haut. De très haut. Une chute de cent mètre, ça n’est pas rien. Il n’avait beau pas ressentir la peur, l’adrénaline lui percutait tempes et palpitant avec ferveur. Il ne fallait pas se manquer, à l’atterrissage. À cette vitesse, une erreur de calcul, et c’était une purée d’humain qui l’attendait. Et Ezak n’était pas physicien. Loin. Loin, très loin de là. Et dix mètres, c’était court, très court. Trop court. Il se téléporta bien, mais un peu tard : sa jambe saine avait déjà brutalement touché le sol. À la sortie de sa communion des ombres, il put sentir toute la douleur de ce qui venait de se passer : elle était disloquée, brisée en morceaux dans ses armures et habits. Au moins avait-il réussi à se transposer in extremis : il venait d’avoir un avant-goût de ce qui serait arrivé à tout son corps s’il s’était lancé une fraction de secondes plus tard (s’il avait fait 1 point de moins aux dés). Il se ramassa donc, appuyé sur le flanc de la tête du Dragon Noir. Le son de son grognement au plus proche de ses oreilles, faisant vriller sa raison, faisant remonter son estomac au fond de sa gorge, sentir sa tête tourner brutalement. Il n’entendait plus rien d’autre que lui, Lui. Cet ennemi par-dessus tous les autres ennemis. L’Ultime Plaie de Yuimen.
Enfin pas exactement. Car il entendit aussi les plaintes, cris de douleur et de panique des gens qui étaient coincés… sous la tête. Partiellement ou totalement. Brisés, éclatés, démembrés, ressemblant à des pantins désarticulés, à des poupées de chiffon sanglantes. La douleur marquait leurs mines affreuses, et c’était d’autant plus horrible qu’ils semblaient… en vie. Tous. Même ceux qui ne devaient clairement plus qu’être cadavres, à la tête éclatée et ouverte, répandant cervelle au sol. Vivants, tous. Rampant, gesticulant en maugréant.
La scène semblait hors du temps. Comme enfermée dans une bulle qu’aucun son extérieur ne pouvait percer. En dehors, Ezak put apercevoir des silhouettes de soldats organiser une sorte de ceinture autour du chef draconique, pour écarter les curieux. Des soldats frappés d’un écusson de soleil pale sur fond noir, alors que leurs armures étaient noires et or, comme la patrouille 100 mètres plus haut.
Une de ces silhouettes approcha, à l’armure plus ornementée que les autres, et portant un bouclier en plus de son épée au fourreau. Une jeune brune à l’air sévère et au visage grêlé. Elle apostropha Ezak.
« Vous, éloignez-vous si vous le pouvez. Le Soleil Noir gère la situation. »
[HJ : On peut aparter avec la dame, ou tu peux agir directement de manière plus ponctuelle si tu veux.]
Re: La Veine
Posté : dim. 22 sept. 2024 21:54
par Xël
Le chant s’arrête ou du moins on ne l’entend plus. En bas, le plongeur était devenu trop petit pour le distinguer parmi la foule. Etait-ce vraiment celui que je pensais avoir reconnu ? Ezak, celui qui m’avait accompagné lors des derniers assauts du Charnier des Âmes ?
Derrière moi la patrouille, ou en tout cas celle qui la commande, semble entendre raison et nous laisse agir, prenant conscience du danger que représente ce morceau de dragon. Hélas je comprends rapidement que mon sort ne suffit pas à arrêter celui du dragon.
« Ça ne fonctionne pas. »
Lâchais-je avec gravité avant d’adresser un regard à Akihito.
« J’y vais. »
L’instant d’après je fais un pas en avant pour traverser un portail me menant sur la tête du Dragon Noir, laissant le passage se refermer derrière moi. Le son me revient, ce grincement macabre qui remue les tripes jusqu’à donner des nausées. Il s’y mélange des plaintes et des cris d’agonies qui manquent de me faire perdre ma concentration. Je dois faire cesser ce chant, faire cesser ce bruit, ou ça va recommencer. Je ne veux pas revivre ça. Je refuse de revivre ça !
Je saisis une rune dans ma besace et l’inspecte pour m’assurer que ce soit la bonne. Quatre traits, formant une croix, c’est elle. La rune « détruire ». Je l’impose sur le sommet du crâne et y concentre toute ma rage, toute ma haine, toute ma peine, tous les sentiments accumulés depuis la bataille devant les portes d’Oranan et avec toute la volonté d’en finir une bonne fois pour toute je prononce le mot divin.
« ARI ! »
((Utilise un portail pour rejoindre le crâne du dragon et utilise la rune détruire. Capacité du maître des runes. Equilibriste.))
Re: La Veine
Posté : lun. 23 sept. 2024 21:17
par Ezak
Je me laissai sombrer, intrépide, sans qu’aucun frisson ne vienne troubler mon épiderme. Le porteur de l’armure de Mongoor Vlash, le dragon mauve, ne pouvait ressentir ce sentiment insignifiant qu’est la peur. Pourtant, je n’étais pas en pleine possession de mes moyens. La chute était vertigineuse, et jamais je n’avais accompli pareille folie — car comment nommer cela autrement ? Le vent hurlait à mes oreilles, m’enfermant dans un véritable chaos sonore. Mes yeux ne pouvaient discerner qu’un flou d’images, brouillé par la vitesse. La descente me parut interminable, et mon cœur battait à tout rompre, submergé par l’adrénaline.
Je tentai de rester concentré, et lorsque je fus suffisamment proche du sol pour utiliser mon pouvoir, je le fis. Trop tard. Une fraction de seconde de trop, sans doute, pour me téléporter sans dommages. Mais pas assez pour ne pas finir écrasé comme une fiente d’oiseau tombée des cimes.
Ma jambe, mon unique jambe, toucha le sol juste avant que je me téléporte, appuyé sur le flanc de la tête. Un hurlement m’échappa, malgré tous mes efforts pour contenir la douleur insoutenable. Ma jambe n’était plus qu’un amas de chair déchiquetée, chaque os fracturé, chaque ligament arraché, chaque muscle broyé. La souffrance était si intense qu’elle me projeta dans un ancien cauchemar : celui de ma jambe dévorée à vif sur Aliaénon par cette charogne, avant que je ne doive me la faire amputer à la scie. Un souvenir aussi affreux qu’épidermique.
Mon esprit vacillait sous l’assaut de la douleur, alors que le chant du dragon, désormais tout proche, me plongeait dans une confusion grandissante. Ma vision se troublait, et mon souffle devenait court. Autour de moi, la scène était d’une horreur sans nom : des corps démembrés, arrachés, désarticulés, jonchaient le sol. Néanmoins, malgré leur état, certains corps se mouvaient encore; d’autres maugréait, hurlait et cela défiait toute logique. Beaucoup d’entre eux ne devaient être autre chose que mort et inanimé.
Un peu plus en retrait de cette scène de guerre, formant un cordon de sécurité, des membres du Soleil Noir , au vu de leur accoutrement semblable à ceux de l’étage, repoussaient les civils, mais étrangement je ne percevais aucun son venant d’eux. C’était comme s’ils évoluaient dans une autre dimension.
Je secouai la tête, tentant de comprendre pourquoi je divaguais à ce point. Était-ce la douleur ? Le chant ? Ou ce monde étrange ?
Une voix féminine perça soudain le brouillard de mes pensées. Une femme brune, au visage marqué par une ancienne brûlure, se tenait devant moi. Elle portait une armure noire et or, et était armée d’une épée et d’un bouclier. Son autorité naturelle la distinguait des autres soldats qui l’entouraient. Elle m’apostropha : « Vous, éloignez-vous si vous le pouvez. Le Soleil Noir gère la situation. »
Avec un effort considérable, j’attrapai la gourde à ma ceinture et avalai une potion en grande quantité. Les dents serrées, je sentis mes os, muscles et tendons se ressouder avec une lenteur douloureuse. Je lâchai des râles douloureux à chaque os qui se reformait dans un craquement caractéristique. J'en lâchai presque un filet de bave tellement c'était éprouvant et vif. Ça faisait un mal de chien !
Je pris quelques secondes pour encaisser la douleur, ma jambe, toujours à vif, blessée gravement, était de nouveau fonctionnelle… et soignable. C’était suffisant pour moi. Habitué à tolérer la douleur, je pouvais désormais parler sans hurler.
Je répondis à la supérieure brune sceptique face à ce que cette femme affirmait. Je ne savais pas à quel point le Soleil Noir était compétent, mais je doutais sérieusement qu’il soit prêt à affronter ce qui allait suivre. Personne ne pouvait l’être.
« Et le Soleil Noir compte faire quoi ? Si ce dragon finit son chant, nous mourrons tous ! » dis-je en jetant un regard sur les corps animés avant de reprendre. « Et ce sera pire que la mort ! Il va dévorer nos âmes, et il n’y aura aucun retour possible. Il faut agir MAINTENANT, ou il sera trop tard. »
Son visage, déjà dur, se crispa davantage. « Que venez-vous de boire ? Et comment connaissez-vous les pouvoirs de cette chose ? » demanda-t-elle.
Sans attendre ma réponse, elle m’ordonna tout de même sèchement: « Alors allez-vous en, citoyen. Laissez faire mon ordre. »
Je compris d’un simple coup d’œil qu’elle n’était pas totalement sûre de ses propres mots. Je ne la comprenais que trop bien. Comme tout soldat, elle suivait le protocole, mais ici, suivre les règles risquait de nous condamner.
« Je ne suis pas un de vos citoyens ! » répliquai-je sans animosité, mais avec une urgence croissante dans la voix, tandis que le chant du dragon brouillait mes pensées. Ce même malaise que j’avais ressenti à Kochii s’insinuait de nouveau en moi, rendant mes jambes faibles et mes idées confuses. Dans un accès de désespoir, je hurlai, espérant couvrir le son du chant par ma propre voix pour rester intelligible.
« Écoutez, ce sera difficile pour vous de me croire, mais il existe d’autres mondes que le vôtre. Ce dragon et moi venons d’un autre où j’ai vu cette créature aspirer les âmes de milliers de personnes en quelques secondes. Ce que je bois est un remède de là-bas. Si vous ne me croyez pas, contentez-vous d’observer ce monstre étranger à votre monde. Cela devrait suffire comme preuve. »
Tout en parlant, je palpai la tête massive du dragon, cherchant l’origine de sa voix, ses cordes vocales, l’endroit où je devrais frapper, mais il semblait qu’il n’y avait aucune source à son grondement. Ce chant semblait être formé magiquement. Aucun air ne faisait vibrer quoi que ce soit dans cette tête, d’ailleurs dépourvu de gorge.
Je continuai de plaider ma cause.
« Si votre ordre n’a aucune idée de ce qu’il doit faire, et que vous ne voulez pas que les âmes de vos hommes et de vos citoyens soient perdues à jamais, vous devez m’aider à le faire taire. Sinon, ce lieu va se transformer en charnier… bien pire que ce qu’il n’est déjà. Vous le sentez aussi, ce malaise qui s’insinue en vous. Ce sont nos âmes qu’il tente d’aspirer… Il ne nous reste que quelques secondes. »
Elle me regarda, perplexe. « Vous divaguez complètement, mais soit. Si vous pensez pouvoir faire quelque chose, faites-le ! »
J’avais gagné sa confiance, ou tout du moins son accord verbale. Je sortis « Oaxaca et Turé », mon arme à deux lames, et la lui tendis. Chaque lame portait le nom d’un ennemi vaincu, une coquetterie que seul un spadassin maître d’armes zélé comme moi pouvait se permettre. La lame bleue, d’un métal clair et presque transparent, symbolisait Yuiïa-Turé, « l’Esprit des Glaces ». La lame noire, terrifiante, faite de la dent du Dragon Noir, représentait Oaxaca, la « Reine Noire ».
« Aidez-moi. Dites... à vos hommes de former un périmètre, et vous… plantez la lame noire là, où... Là où vous pouvez atteindre sa chair. » dis-je en ayant de plus en de mal à parler.
Je n’étais pas sûr de mon plan, mais j’avais vu Faëlis détruire définitivement Turé, création de Yuïa, en enfonçant le croc du dragon dans sa relique. Alors pourquoi pas ? Et si les dents du dragon noir étaient un remède contre les créations incontrôlées des divins ? Et si ce qui pouvait vaincre la création de Phaïstos venait d’elle-même ? Ça, c’était le plan B, incertain, mais il fallait couvrir toutes les possibilités. Inventer une solution à un problème insoluble.
Sans hésiter, la brune s’empara de l’arme et se dirigea vers la créature, tandis que d’un geste de la main circulaire elle ordonna à ses subordonnés d’élargir le cercle de sécurité. Bien ! Car c’était le moment pour le plan A et je le savais, il y avait une chance pour que ça nous explose à le gueule à tous. Autant y exposer le moins de monde possible.
Je me laissai guidé par mon expérience. J’avais vu face un d‘autres créatures semi-divines à quel point les runes étaient puissantes, réduisant à néant les efforts du demi-dieu de la Liberté Cromax et de sa Lysis millénaire quand ils avaient voulus s'opposer à la décision du groupe de sauver Rielle. Ma main alla se glisser dans ma besace à rune et je sortis la rune Ari que j’appliquai sur la gueule entre-ouverte du dragon. J’hurlai son nom, alors que mon cri trouva étrangement écho au-dessus de moi. Quelqu’un avait eu la même idée. Aux grands maux...
"ARI !"
Hrp : Utilisation de ma rune Ari sur la gueule entrouverte du Dragon. Et prête ma "Pique double" faite en dent du Dragon Noire à la "cheffe".
Re: La Veine
Posté : sam. 28 sept. 2024 14:36
par Cromax
La Cité des Ombres
La Veine
Jour 1 – milieu d’après-midi.
La situation était des plus confuses, autour de la tête du Dragon. Le cordon de gardes du Soleil Noir maintenait la foule hors de la bulle de silence de Xël. La chevalière de l’ordre, armée de la pique d’Ezak, se ruait vers le côté tranché de la gorge du saurien. Tout se passa en même temps : alors que Akihto arrivait des cieux, tel un superhéros à l’arme crépitant de foudre, Xël et Ezak plaquèrent une rune identique sur le dragon. Une sur sa gueule entrouverte, l’autre sur le sommet de son crâne. La femme en armure asséna au même moment un coup puissant du côté noir de sa pique dans la chair à nu, noire comme la mort, du Dragon.
Les runes eurent un effet similaire. Celle d’Ezak eut comme effet de fendre la lèvre d’obsidienne de l’émissaire des Enfers. Celle de Xël fit céder en plusieurs morceaux une écaille de son crâne, sans qu’elle se déloge pour autant. La lance noire pénétra les chairs efficacement… mais vainement : ça ne semblait avoir aucun effet.
Pourtant… pourtant le chant terrible s’arrêta. Et avec lui toute sensation de tournis, tout malaise. Le Chant du Dragon avait été… inefficace. Inutile. Aucun mort à déplorer, aucune âme dévorée. Un miracle ? Seuls subsistaient là les plaintes terribles des êtres écrasés sous la tête, broyés mais toujours vivants. Des suppliques infernales de cadavres qui ne voulaient pas mourir, et en grand nombre.
Alors qu’Akihito posait le pied au sol, la chevalière semblait satisfaite. Elle pensait apparemment le monstre vaincu. Elle s’adressa avec fermeté aux trois hommes :
« Bien. Maintenant déposez tous trois armes et gardez vos mains bien en évidence : nous allons procéder à votre arrestation, toute résistance sera pun… Et merde ! »
Elle fut interrompue par une lumière vive provenant des couloirs attenants à la Veine. Comme des centaines de petits vaisseaux sanguins rattachés à cette dernière et formant le rez-de-chaussée de la cité, bien plus répandu que les voies aériennes au-dessus d’eux. La lumière venait d’une artère plus grande, s’approchant rapidement de leur position. La jeune femme leur intima :
« Ne bougez pas ! Ne tentez rien, si vous voulez survivre. »
Sa voix était toujours aussi ferme, mais teintée de… peur ? Même elle qui voulait les arrêter ne semblait pas envier le sort qui attendait apparemment si le trio agissait sans réfléchir. Tous furent témoins d’une scène presque irréelle. Le peuple alentour se tut. Même les gémissements furent moins nombreux, moins présents, quand l’apparition arriva. Dégageant une lumière solaire, presque éblouissante, un être humanoïde d’au moins deux mètres de haut arriva par les airs, volant d’une énorme paire d’ailes immaculées. Il arborait une armure blanche et or impressionnante, et son visage était masqué d’un casque d’or à cornes pales.

Il était accompagné d’un escadron d’une dizaine d’êtres semblables, quoique moins impressionnants, revêtus aussi d’une armure blanche et or, et auréolés de lumière. Portés par des ailes également, mais moins grandes. Sans un mot, ils cernèrent la scène autour de la tête du Dragon Noir, inerte désormais. Les « soldats » de ce chevalier aux airs de paladin angélique posèrent les mains sur la tête et une force… éminemment magique, mais qui semblait être la force physique des guerriers ailés la souleva de terre comme si elle ne pesait rien. Sans un mot, ils commencèrent à l’emmener vers là d’où ils venaient. Xël était toujours juché sur le front de la créature, emmené avec elle.
Le Chevalier-Ange restait, lui, immobile, en vol stationnaire. Il semblait regarder, analytique, en direction de la chevalière du Soleil Noir et des deux autres yuimeniens.
[Xël : 0,5 (Mode Dr. Strange activé), 3 (situation)
Ezak : 0,5 (mode Ezak activé), 3 (situation)]
Re: La Veine
Posté : sam. 28 sept. 2024 20:52
par Akihito
Mon marteau crépitant d'éclair -mine de rien, cette vue m'avait sacrément manqué sur Aliaénon- j'observai les runes faire effet sur le Dragon. Un effet destructeur, puisque lèvre et écailles se fendirent. Puissant ? Non. C'était loin, bien loin d'être suffisant. Un fragment infinitésimal d'un Dieu, même le plus puissant d'entre tous, ne pouvait pas réussir là où Brytha avait échouer. Mais au moins les deux avaient eu le mérite de tenter ce qu'ils pouvaient, tout comme l'officier du Soleil Noir qui tentait de frapper avec une lance au bout de laquelle un croc du Dragon Noir avait été fixé. Xël n'avait jamais rien eu de la sorte, il devait donc appartenir au second. Il était lourdement armé et cuirassé, aussi je n'arrivai pas à déterminer ses traits; mais sa possession d'un croc indiquait clairement qu'il avait été à la bataille de Kochii, ce qui expliquait l'impression de déjà vu.
Bon, je faisais quoi, moi maintenant ? Avec un ou deux sauts bien placés, aidé d'Amy, je devais pouvoir arriver sur le crâne du Shinigami et poursuivre ce que la rune avait commencé. C'était... Mieux que rien ?
Puis soudainement, toute sensation de malaise disparue. Plus de frisson, plus de nuque glacée, plus d'oreille bourdonnante. Seul subsistait une migraine qui s'évaporait petit à petit. Le sort... Le sort avait disparu. Echoué ? Interrompu ? Par qui, quoi ? Est ce que l'immortalité dont avait parlé la blonde plus haut y était pour quelque chose ? Beaucoup de questions, aucune réponse. L'officier du Soleil Noir pourrait peut-être nous-
« Bien. Maintenant déposez tous trois armes et gardez vos mains bien en évidence : nous allons procéder à votre arrestation, toute résistance sera pun… Et merde ! »
Visiblement, elle avait d'autres plans pour nous, qui étaient eux aussi contrariés. Contrariés par l'arrivée au loin d'une multitudes de canaux de lumière pure serpentant dans notre direction à grande vitesse, remontant une grande avenue avec célérité.
« Ne bougez pas ! Ne tentez rien, si vous voulez survivre. »
La voix impérieuse se teintait de peur, à son tour. Comme sa collègue de tout à l'heure. Les lumières étaient annonciatrices de l'arrivée d'un supérieur craint ?
« ... Oh, » laissai-je échapper malgré moi en voyant un nouveau venu arrivé. Et quel nouveau venu ! Une silhouette humanoïde armurée de plates scintillantes d'un blanc pur réhaussées d'or, un masque imposant et cornu d'or, deux immenses ailes blanches de colombes dans le dos et le tout auréolé d'une lumière qui paraissait venir de partout et de nul part... J'avais beau ignorer qui il était ou sa position, c'était clair que la chaîne de commandement locale passait désormais d'abord par ce type. Même ses subordonnés arboraient des traits similaires bien que moins imposants et clinquants : auréole lumineuse, armure d'or et de blanc, ailes immaculées ; leur petite dizaine se déployèrent en volant et apposèrent leur mains sur la tête du Marcheur de Mort. Et là... La tête se souleva. Par... Magie, je ne voyais pas d'autre explication à cela. La tête se mit donc à voler, puis à repartir vers l'endroit d'où ils venaient.
Nous laissant là, avec le général ailé nous toisant de toute sa hauteur. Je faisais quoi, maintenant ?
(Ne... tente rien ? Comme t'as dit la femme ?)
(Certes... Mais pour prouver notre bonne foi et qu'on est pas de mauvaises inten-)
Je m'interrompis. Trop occupé par mon arrivée -qui m'avais presque fait salir mes braies, si je devais être honnête avec moi-même- et le combat perdu d'avance imminent dans lequel je comptais m'engager, je n'avais pas fait attentions à certains "détails". Comme les gémissements de douleurs, les pleurs. Les corps brisés, mutilés horriblement, broyés par la chute de la tête. Des hommes et des femmes qui contre toute attente, étaient bels et bien immortels : mais qui devaient souffrir milles supplices. Maintenant que la tête avait été soulevée, je ne pus que les voir et je... Je ne savais que trop bien ce que c'était. Cette sensation de sentir ses os brisés un à un, broyés, la peau détrempée de notre propre sang. Mon passage dans le cristal de Justice était encore vivace et j'avais pu l'oublier. Ou c'était ce que je pensais, je n'avais fait que le sceller, le repousser dans le coin le plus profond de mon esprit.
Un goût de bile me remonta furieusement dans la bouche et je me sentis chanceler. J'eus de nouveau envie de retirer tout mes vêtements, tout ce poids qui m'oppressait, comprimait ma peau, m'emprisonnait, et allait me serrer, me torturer, m'écraser, me réduire en bouillie sanguinolente, me....
(Aki ! AKI ! Rana toute puissante, reprends-toi !)
Sa voix parvint difficilement à m'atteindre et ma vue redevint nette, petit à petit. J'avais le souffle court et je sentais mon dos ruisseler de transpiration. Je chassai les larmes d'un revers de manches, éloignais mon regard des corps brisés par ma faute. Ma faute, ma responsabilité. Je ne pouvais pas attendre que l'on me juge : je devais faire amende honorable et payer pour ce que j'avais fait.
Rompant l'enchantement autour de mon arme, je m'agenouillais à l'aide de mes genoux qui n'attendaient que de céder sous mon poids, et m'asseyais sur mes talons, à l'Ynorienne, mon marteau posé à côté de moi.
« Je me rends. Je répondrai à toutes les questions que vous voudrez. Sachez simplement que nous... Je... Je n'ai jamais eu l'intention de nuire à votre cité. »
Re: La Veine
Posté : mar. 1 oct. 2024 18:16
par Ezak
La rune fendit la lèvre du dragon, mais sans plus d'effet. L'officier de l'Ordre du Soleil Noir planta alors, comme je lui avais préconisé, la lame noire dans la chair du monstre, mais rien n'y fit. De toute évidence, nous avions échoué. Je baissai presque la tête, accablé par le dépit, quand un mouvement détourna soudain mon attention. Je relevai la tête, apercevant le type au marteau descendre de l’étage, comme flottant et attérir en insultant le dragon. Ce mouvement de tête me permit de constater que, sur le front du dragon se trouvait Xël. C’était donc lui qui avait utilisé sa rune…
(Deux runes et ça n’avait eu aucun effet…)
J’étais abasourdi. Car j'avais eu, à plusieurs reprises, l'occasion de voir la puissance des runes en action, et je savais que ces objets étaient d'une force inouïe. Mais là, face au FléauNoir, rien n’y faisait. Je fermai les yeux, m’attendant à sentir le choc, à vibrer de tout mon être comme pendant la bataille, ou pire encore... ne plus rien sentir. Mais rien ne vint. Pas un souffle, pas un frisson. Rien. Des questions se bousculèrent dans mon esprit. Avions-nous réussi ? Quelqu’un avait-il agi sans que je ne le remarque ? Cela avait-il un quelconque lien avec ces corps, qui, bien que meurtris et censés être inanimés, ne cessaient de gémir dans une plainte continue ? Pour la énième fois depuis mon réveil, mon esprit fit le grand saut, sombrant dans la confusion. J’étais perdu.
Une autre ne l'était pas, c’était l'officière qui avait accepté de me laisser agir. Elle nous ordonna de nous débarrasser de nos armes, pour nous faire prisonnier, mais elle n'eut pas le temps de finir sa phrase qu’elle jura brusquement.
Une lumière éclatante surgit alors d'un des nombreux couloirs qui nous entouraient, illuminant ce qui semblait être le rez-de-chaussée de la ville verticale. Ce signal provoqua une telle crainte chez l'officière de l'Ordre qu'elle nous intima de ne pas bouger si nous voulions garder la vie sauve. J’étais confus. N'était-elle pas censée garantir l'ordre civil ? De quoi pouvait-elle bien avoir peur, elle qui disposait de la force légitime de sa cité ? Était-ce des supérieurs ? Autre étrange détail : les blessés graves, qui ne cessaient de gémir, avaient soudain cessé, bien que leurs blessures dussent les faire souffrir le martyre.
(Mais qu’est-ce qu’ils craignent tant, ces gens de l’Ordre du Soleil Noir pourtant craints de tous les autres ?)
Je ne tardai pas à comprendre. Un être d'une majesté inouïe fit son apparition. Il était porté par d’immenses ailes blanches, semblable à un guerrier tout droit sorti des confins du ciel. Vêtu d'une armure et d’un casque d’or et de blanc, d'une élégance divine, il couvrait chaque parcelle de son corps. Son allure imposante et son aura transcendante imposaient le respect. À ses côtés, une dizaine d’êtres à peu près semblables, mais plus menus, plus quelconques s'approchèrent de la tête du dragon et la soulevèrent comme si elle ne pesait rien avec Xël toujours juché dessus. Je tiquai.
(Ce n’est pas de la magie, ça ? Ils ont le privilège de l’utiliser, ceux-là ?)
Le plus imposant de ces êtres resta là, nous fixant. L'officière, le nouveau venu et moi. Je décidai d'adopter une technique de survie simple. Ne me trouvant pas chez moi, ignorant tout des rapports de force actuels, je me fia à l'attitude de l'officière. Visiblement, il valait mieux avoir affaire à l'Ordre du Soleil Noir qu'à ces... Chevaliers des Cieux ? Le terme, que la petite elfe avait prononcé, me revint en mémoire au même instant. Quoi qu’il en soit, j’adoptai une posture neutre, imitant l’officière : je ne dis rien, je ne bougeai pas me contentant de regarder l’être pour ne pas donner l’air de fuir du regard. « Dans une Cour étrangère on y fait comme ses courtisans », disait l’adage. Je ne ferais rien de plus. Sans aucune information, je ne comptais même pas lui parler, à moins qu’il ne m’adresse la parole. Peut-être que, dans ce monde, s’adresser à ces êtres relevait de l’insulte. Quoi qu’il en soit, l’officière gardait le silence, alors je fis de même.
Ces types volants étaient arrivés et n’avaient même pas daigné jeter un regard aux blessés, comme s’ils comptaient bien peu. Peut-être que, pour eux, les gens d’ici, sans les mêmes privilèges, n’étaient rien de plus que des insectes. Avec un peu de chance, ils s’en foutraient du chaos provoqué ici. Ils repartiraient comme ils étaient venus, et nous pourrions alors gérer nos problèmes avec l'Ordre du Soleil Noir; J'avais respecté la hiérarchie de ce lieu, agit avec l’accord de l’officière, on trouverait bien un terrain d’entente. Tout irait bien, et nous essayerions ensuite de comprendre où nous nous trouvions, puis comment rentrer chez nous. Un peu de patience et…
"Je me rends. "
(Putain...)
Je voulus mourir sur place, mais je ne le pouvais pas. Une chose ! Il n’y avait qu’UNE SEULE PETITE CHOSE à faire : ne rien faire ! Et voilà que le type au marteau risquait d'attirer l'attention sur nous en ouvrant le bouche pour se dénoncer. C’était un sale coup ! Et qui pouvait bien se rendre alors que la force légitime n’en avait même pas encore fait la demande ? C'était un acte irréfléchi et mal mesuré.
Pas étonnant, puisqu’il semblait agir sous le poids du remords. Les paroles de la petite elfe prenaient enfin sens. C’était probablement lui, le typa à la foudre qui avait utilisé la magie en attaquant la « gentille elfe », sans doute Silmeria, même si ce qualificatif et ce nom n'allaient pas ensemble. Et pour une raison ou une autre, ils avaient la tête du dragon avec eux, qui avait commencé à grossir... -Cette partie restait encore floue pour moi.- Quoi qu'il en soit, ce type avait créé un sacré désordre, mais je m'abstins de le juger pour le moment. Silmeria entrait dans l'équation, et j'avais passé suffisamment de temps à ses côtés pour savoir qu'elle était complètement tarée.
Dans cet instant suspendu, je parvins à regarder l'homme contrit de plus près. Ses traits étaient difficiles à discerner sous son heaume, mais sa posture au sol, typiquement ynorienne, et l'arme légendaire à sa ceinture, connue de tout mon peuple, m'orientaient sur le fait qu’il venait probablement, comme moi, d'Oranan. J'abandonnai alors la langue commune pour chuchoter en ynorien, très bas, de sorte que le Chevalier ailé ne puisse entendre.
« Reprenez-vous. Vous êtes en train d’attirer l’attention sur des personnes qui n’en veulent pas… »
Re: La Veine
Posté : mer. 2 oct. 2024 21:44
par Xël
Alors c’est tout ? Voilà la puissance d’une rune détruire ? Alors c’est vrai que jusqu’ici j’avais vu peu de choses briser l’armure impénétrable du Dragon Noir. J’avais bien réussi à fissurer son écaille, à créer une faille, mais pour autant j’ai du mal à croire que cette attaque et les autres qui ont touchés la bête immonde suffisent à faire taire le pire sort que j’ai pu voir. Non il y a autre chose, c’est certain.
Je dois me concentrer sur l’important, le sort n’a pas fonctionné et les habitants ne sont pas tous tombés comme des mouches. La tête a reprit sa taille normale donc les risques les plus importants sont … passés ?
Le risque étant passé je perçois un peu mieux ce qui se trouve à côté de moi, ou plutôt en dessous … Je sais que la chute du crâne à causer des victimes et j’aurais préféré que ce soit vraiment le cas plutôt que d’être témoins du vacarme agonisant de ceux qui se trouvent la dessous. Je me laisse tomber à genoux et retire mon casque pour prendre une respiration plus longue et me retenir de vomir.
« Bien. Maintenant déposez tous trois armes et gardez vos mains bien en évidence : nous allons procéder à votre arrestation, toute résistance sera pun… Et merde ! »
Je redresse la tête, d’abord pour observer la femme qui veut nous arrêter puis pour suivre son regard, ou plutôt la lumière que suit son regard. Le silence retombe tandis qu’apparait ce qui doit être les Chevaliers des Cieux. Portant une armure blanche et or et sentant la magie à plein nez, sinon comment pourraient ils soulever cette tête de dragon pour l’emporter avec moi dessus avec tant d’aisance.
Parmi eux, un. Chevalier plus grand, doté d’ailes et dégageant une lumière presque éblouissante. Il darde son regard vers la Garde, Ezak et Akihito qui avait également sauté semble t-il. Celui-ci s’excuse alors qu’Ezak écoute le conseil de la femme en noir et or. Je décide de faire de même et de rester sur la tête du Dragon Noir, trouvant une prise où m’accrocher pour ne pas tomber. Je suis curieux de voir où ils emmènent le crâne et je dois être certain que le Dragon Noir ne causera plus de dégâts.
Re: La Veine et les Artères
Posté : sam. 5 oct. 2024 11:57
par Cromax
La Cité des Ombres
La Veine et les Artères
Jour 1 – milieu d’après-midi.
Quelle était la bonne stratégie à adopter ici ? Chacun sembla faire son choix en âme et conscience. Akihito choisit la voie d’une totale sincérité, mettant en avant sa responsabilité contre le conseil de la Chevalière du Soleil Noir. Conseil qu’Ezak, lui, suivit en tentant de rattraper l’initiative de son collègue. Et plus respectueux encore de ce conseil, Xël ne fit… rien. Et il avait ses raisons, de rester ainsi sur le dragon.
L’être ailé étant resté pour contempler le trio ne répondit pas un mot au mea culpa du fulguromancien. En lieu et place, il s’avança vers lui, de sa haute stature, se posant brièvement au sol pour attraper ce dernier sans un mot et le soulever de terre sans l’once d’un effort, tout agenouillé qu’il était. Dans un silence complet, l’être l’emmena avec lui, se détournant des deux autres pour rejoindre d’un coup d’ailes ses pairs et la tête du Dragon (à toi de me dire si tu emportes ton marteau ou si tu le laisse au sol). La capitaine du Soleil Noir, elle, posa une main ferme sur le poignet d’Ezak. Pas contraignante, mais de sorte à lui faire comprendre de ne pas agir, de ne rien tenter pour sauver son partenaire. Elle souffla :
« Il a fait son choix. On ne peut plus rien pour lui. »
Xël ne sembla pas remarqué par les transporteurs de la tête, qui l’emmenaient sur cette artère principale d’où ils étaient venus. En revanche, lorsque l’être ailé à l’armure de neige et d’or se rapprocha avec Akihito entre les mains, il ne fit aucun doute qu’ils savaient sa présence. Le Chevalier des Cieux s’approcha à la hauteur de l’aéromancien et, ne tenant plus Akihito que par une main, le laissant pendre dans son armure qu’il tenait fermement, il pointa un doigt vers Xël. Doigt qu’il déplaça vers le côté. Vers le bas. Vers la rue. Le message était clair : il lui intimait de descendre. Était-ce de la douceur autoritaire ou de l’assurance posée et inébranlable ? Il n’y avait aucune violence dans ce geste pourtant impérieux.
[HJ : Actions ponctuelles de nouveau. Ezak, tu peux choisir : soit rester avec la nana pour un aparté, soit suivre le cortège (soit toute autre action d’éclat dont tu aurais l’envie)]
[XP :
Akihito : 0,5 (sacrifice de soi)
Ezak : 0,5 (pas d’accord)
Xël : 0,5 (Don’t move – premier degré)]
Re: La Veine et les Artères
Posté : mar. 8 oct. 2024 15:14
par Akihito
Celui que Xël avait appelé Ezak -un nom qui me disait décidément quelque chose...- pris la peine de me chuchoter rapidement quelques mots dans une langue que je ne m'attendait vraiment pas à entendre ici : du vieil Ynorien. Mes pensées troublés et ces sonorités inattendues me firent marquer un temps, et je mis plus de temps que nécessaire à comprendre ce qu'il me disait.
« Reprenez-vous. Vous êtes en train d’attirer l’attention sur des personnes qui n’en veulent pas… »
Il s'incluait sans doute dans les personnes. Je ne pouvais pas lui en vouloir, et c'était sans doute le choix le plus rationnel à faire. Mais... Je ne voulais pas que chaque reflet de moi renvoie l'image d'un homme qui avait fuit le cauchemar dont il était responsable en grande partie, et dont des innocents pâtissaient. Me taire était l'assurance de regrets qui ne m'auraient probablement jamais quittés.
Un bruissement se fit entendre distinctement, bien qu'il ne collait pas à la stature et l'amplitude des ailes du chevalier blanc qui se pencha sur moi. Il se saisit de moi avec une précaution étonnante alors que je me désignai comme un coupable du chaos ambiant, mais je sentis à sa poigne ferme que je n'avais pas non plus le choix. Ma main se referma instinctivement sur mon marteau, l'emportant avec moi tandis que je m'élevai dans les airs, allant à la rencontre de la cohorte ailée qui soulevait par des moyens clairement magique la tête du Dragon Noir et sur laquelle était juché Xël. Se libérant un bras et me retenant donc par la même occasion uniquement par le col de mon plastron, il pointa l'aéromancien du doigt et lui fit signe de descendre, vers le sol. Une silencieuse intimation à descendre.
Je n'avais ni le coeur, ni intérêt à parler. Cherchant du regard celui du mage des portails, je secouais légèrement la tête, amer. Il n'avait pas à me suivre. J'assumerai seul le poids de nos pêchés.
Re: La Veine et les Artères
Posté : ven. 11 oct. 2024 20:47
par Ezak
L’être ailé ne réagit pas aux paroles de l’homme contrit. Pas un mot, pas un geste superflu ne vint troubler la majesté de sa prestance assurée. Il descendit des cieux, sans brusquerie, pour le saisir avec une aisance désarmante.
Je profitai de sa proximité pour scruter son armure, cherchant la moindre faiblesse, un indice, un détail imperceptible qui aurait pu m’éclairer sur la nature de cet être. Peut-être un fragment de peau dépassant par mégarde d’une armure imparfaitement conçue. Mais rien. L’armure semblait parfaitement hermétique, d’une confection irréprochable. Ce qui frappait le plus, c’étaient ses yeux luisants. Rien de vivant ne transparaissait dans ce regard. Je n’avais jamais vu rien de semblable.
L’incompréhension m’envahissait face à ce que j’avais devant moi, et je haïssais cette ignorance. Mais je dus me résigner à accepter cette frustration, car déjà, l’être s’éloignait, emportant cet homme dont j’ignorais toujours l’identité. Peut-être ne le saurais-je jamais, car il ne prononça pas un mot. Il avait renoncé.
Je n’étais guère à l’aise face à ce qui se déroulait devant moi. Certes, je ne connaissais pas cet homme, mais dans cet endroit totalement étranger, où tous mes repères étaient ébranlés, il n’était pas simplement un autre, il était un autre comme moi. Cela suffisait à faire naître en moi une certaine gêne en le voyant ainsi "enlevé" par cette créature. Que pouvais-je faire ? Ne s’était-il pas condamné lui-même par ses actes ? Après tout, ne méritait-il pas, en quelque sorte, ce sort s’il était véritablement coupable de ce carnage ? Que n’aurais-je réservé à quelqu’un qui serait arrivé à Kendra-Kâr pour massacrer une multitude de mes concitoyens ?
Il y a avait de ces questions auxquelles on ne pouvait pas répondre sur l’instant et ce furent les mots de la capitaine qui vinrent clore mes hésitation alors qu’elle posa une main ferme sur mon poignet :
« Il a fait son choix. On ne peut plus rien pour lui »
Certes, admettons. Et Xël qui partait sur la tête ? Devais-je abandonner un frère d’arme ? Un futur confrère de chevalerie à l’allégeance commune ?
Mais je ne pouvais rien faire. Pas avec autant de potentiels ennemis autour dont je méconnaissais les forces. D’autant qu’il semblait rester par choix. Voulait-il aller espionner jusque dans le repaire de ces Chevaliers et aider l’autre homme ? Je devais temporiser ma nature impulsive pour le moment et lui faire confiance. Avoir un plan d’action avant de faire quoi que ce soit.
Le visage tourné vers l'artère principale, perplexe, je les regardai s'éloigner, ne retirant pas mon poignet de la main de l'officière, ne voulant pas donner l’impression de me rebeller.
"Où sont ils amenés ? Que va t'il leur arriver ?"
"À la surface. Là où ils se débarrasseront de la tête. Votre ami est un imbécile, et l'autre ferait bien de descendre de cette tête. Ce qui leur arrivera, nul ne le sait. Mais rien de bon."
Elle les regarda s'éloigner.
Il aurait mieux fait de m'écouter.'
Je fronçai légèrement les sourcils à ses paroles.
(Comment peut-elle affirmer qu’il ne leur arrivera rien de bon si elle-même ne savait ce qui l’attendait. Ces propos sont hors de toute logique.)
En ne quittant toujours pas le convoi de vue, je lâchai :
“Il aurait mieux fait, oui. C’est un imbécile, peut-être, mais il est perdu comme moi-même dans un monde inconnu qui ne ressemble à rien de ce que nous connaissons. Nous sommes comme des enfants qui devons apprendre, et nous avons dû le faire dans l’urgence. Ce qui se passe est…insensé… Il est facile de faire une erreur dans ces conditions.”
Je me sentais perdu, complètement lâché, à l’abandon. J’avais la même sensation que lorsque je m’étais réveillé dans le bagne des Treize alors que la quelques instants auparavant je menais ma vie à Kendrâ-Kâr.
Lentement mon regard alla balayer les corps déchiquetés, explosés, désarticulés, démantibulés et qui pourtant geignaient encore.
“ Pourquoi ils ne sont pas morts ? Et pourquoi ces Chevaliers des cieux pratiquent la magie alors qu’elle est interdite ? Pourquoi vous les craigner ? Pourquoi certains habitants vous craignent vous ?” Mes questions sortirent dans un souffle, comme ceux d’un enfant qui avait un trop grand besoin de savoir.
"Pour moi aussi, tout ça est insensé. Cette tête, vos apparitions de nulle part... mais votre ami n'a aucune excuse, perdu ou pas : j'ai dit quoi faire et il a désobéi. S'il ne croit pas une capitaine de l'Ordre, qui croira-t-il alors ?"
Elle posa son regard sur les corps écrabouillés et plaintifs avec dépit.
"Nous sommes immortels, au sein de la cité. Mais leur vie sera désormais pire que la mort, et ils prieront sous peu les Chevaliers des Cieux de les emmener. Pourvu qu'ils soient cléments et leur accorde un trépas digne."
Elle eut un sourire.
"Ils sont ceux qui interdisent la magie, car elle pourrait créer des perturbations dans la leur. Celle qui nous protège de la mort, qui nous fait naître et permet de subvenir à nos besoins. Ils sont les seuls à pouvoir la pratiquer."
Et enfin elle engagea le sujet de la crainte que son ordre inspirait sur un ton un peu hargneux :
"Parce qu'ils ont quelque chose à se reprocher ? Nous faisons régner l'ordre. S'il est mis en péril, la punition est la déchéance. Passer de la Cité haute aux Bouges. Puis aux Tréfonds. Aussi ne commettez pas d'impair, vous et vos semblables, car en l'absence des Chevaliers, c'est notre justice qui règne."
Je restai un peu abasourdi par toutes ces informations. Il y avait beaucoup de mots que je devais assimiler. Et certains détails, notamment concernant les Chevaliers des Cieux me semblait inimaginables. Comme le fait que leur magie les faisaient nâitre et les permettaient d’être immortels. Du moins, elle semblait le croire.
Il me fallait en savoir davantage. Toutes ses réponses n’avaient fait que soulever davantage de questions en moi. Pour l’instant, elle semblait disposée à y répondre, alors je devais saisir cette opportunité. D’autant plus que, peut-être, en jouant la carte de la sympathie, parviendrais-je à lui ôter l’envie de m’appréhender, comme elle en avait manifesté l’intention quelques instants auparavant. Je devais faire preuve de finesse, ne pas apparaître comme une menace.
"Je n'en commettrai pas, du moins... je ferai de mon mieux... Mais pour ça j'ai besoin de votre aide pour savoir ce que je peux faire ou pas. Vous voulez bien m'aider à comprendre votre monde, vos règles, vos us et coutumes ? "
Je lui tendis une main. Celle qui n'était pas prise par la sienne.
"Je m'appelle Ezak d'Arkasse. Dans mon monde je suis chevalier d'un royaume que l'on nomme Kendrâ-Kâr. Et chez nous... nous ne sommes pas immortels."
Elle prit ma main.
"Ezra Beaufort. Capitaine Ezra Beaufort, division du Bastion de la Veine."
Son ton était ferme solennel. Elle avait l’air d’être quelqu’un de droit. Une soldate avec l’attitude qu’on en attends. Moi qui me fut habitué au commandement j’appréciai ce genre de profil. Ceux-là faisaient bien leur travail et on pouvait se reposer sur eux pour déléguer. Pas étonnant qu’elle eut atteint le grade élévé de Capitaine, elle en avait les qualités.
"Vous le savez désormais, l'usage de la magie est proscrit. Pour le reste... c'est du bon sens. Enfin, ça l'est pour moi en tout cas : pas de violence, un respect absolu des habitants des voies supérieures à la sienne, pas de provocation, révolte, vols, harcèlement. Ne pas résister aux interpellation du Soleil Noir, et éviter tout contact avec les chevalier des Cieux. Enfin... cette dernière c'est surtout pour votre propre sécurité."
Elle reprit pour elle ses mains.
"Ici, vous aussi serez immortels. Quant à nos coutumes... ça serait long et fastidieux. Aujourd'hui, par exemple, c'est le Jour du Don. C'est ce qui explique le monde présent dans la Veine. Toutes les ressources de la semaine qui n'ont pas été utilisées sont rassemblées ici. Ceux qui en ont besoin les prennent librement. Le reste, s'il en reste, est distribué dans les Bouges. Dans la cité inférieure. Leur seul moyen de subsistance."
J’hochai de la tête en écoutant. Il existait donc encore une ville sous nos pieds, mais à l’écouter ça devait être la misère. Les informations que j’obtenais étais très intéressantes, mais il y avait toujours ce foutu soucis de lexique qui me faisait défaut.
"Capitaine Beaufort, jusqu’à présent, vous m’avez asséné des termes qui, pour moi, demeurent vides de sens en ce qui concerne votre géographie : Les Bouges, la Veine, la Surface... J'entends bien que votre société est structurée en strates et en niveaux, mais concrètement, combien en comptez-vous ? Quelle est la hiérarchie qui les régit entre elles ? Vos classes sont-elles déterminées par l'hérédité, ou existe-t-il des moyens de les transcender ?"
Elle me prévint :
"Ce sont des termes que vous devrez maîtriser : il est inconcevable que vous répandiez la rumeur de l'existence d'un autre monde, ou que sais-je. Cela créerait des troubles malvenus."
Et toujours ce soucis de l’ordre. La capitaine Beaufort était fascinante dans sa droiture à la limite du zèle. Elle me rappelait un peu Duval me disais-je alors qu’elle prit une grande inspiration pour développer son exposé.
"La Veine est l'endroit où nous nous trouvons. Le cœur de la cité, en quelque sorte. Partout autour à ce niveau, les habitants d'Ashaar vivent. Le tout venant, le peuple. Monsieur tout le monde, si vous préférez. Ces alentours sont les artères. Vastes ou plus petites."
Elle pointa vers le haut :
"Au-dessus ce sont les Voies. Quatre niveaux divisés en deux catégories : les Voies Médianes, pour les commerçants d'un certains standing, et les Voies Hautes, pour les bourgeois et fortunés. Enfin... ceux qui veulent le paraître en tout cas : il y a des gens riches à tous les niveaux."
(Là d’où j’ai sauté donc…)
Elle désigna plus loin dans la Veine une immense porte lumineuse, visible déjà depuis les hauteurs.
"Ce passage mène à l'Entresol. Une séparation nette entre la Cité Supérieure et la Cité Inférieure. Il est habité par mon ordre, c'est notre base ultime, siège de tout ce qui nous concerne. Nous sommes la barrière protégeant le haut du bas. Les geôlier qui gardent en bas ceux qui doivent y rester."
Elle eu une grimace dédaigneuse.
"La lie du peuple. Les criminels, moins-que-rien et troublions. Un immense conglomérat chaotique d'habitations en tous genres. Notre présence est assurée là bas par les chevaliers de notre Ordre. Ce lieu a ses propres règles, nous y chassons juste ceux qui prétendraient vouloir user de magie. Ceux là sont envoyés... dans les tréfonds. Obscurité infinie d'où nul ne revient."
Elle conclut :
"L'or. Le prestige. C'est le seul moyen de monter. Et c'est difficile. Et dangereux, car la chute n'en est que plus rapide et douloureuse."
Je sortis immédiatement ma bourse.
"De l'or comme ceci ?" dis-je en montrant le contenu fait de quatre pièces d'or et quelques unes d'argents et bronze.
Elle regarda un instant les pièces d’or et les désigna de son index.
"Celles-ci, oui. Et vous n'allez pas aller loin avec. Enfin... haut, en tout cas. C'est déjà mieux que certains dans les artères.”
Puis elle observa les autres pièces d’argent et de bronze.
"Celles-là ne valent rien. Nada. Que pouic. Seul l'or compte."
Je rangeai ma bourse, pensif. Je regrettai d’avoir laissé ma petite fortune à Kendra-Kâr. Cela voulait dire, que mon champs d’action était limité à ces niveaux. Néanmoins mes connaissances continuaient à croitre et c’était le plus important.
"Très bien. Je commence à mieux cerner et appréhender votre univers. Toutefois, il reste certains points sur lesquels j’aimerais revenir pour les approfondir, capitaine. Tout d’abord, le sujet de l’immortalité. Dois-je comprendre que vous ne succombez jamais à la vieillesse ? Et, si ces pauvres... blessés avaient conservé l’intégrité de leur corps, auriez-vous été en mesure de les rétablir ?" dis-je, jetant un regard empreint de pitié sur les corps étendus.
"Ensuite, un deuxième sujet m'intrigue : celui des Chevaliers des Cieux. Vos propos me laissent perplexe. Comment pouvez-vous affirmer que le sort réservé aux mages est terrible, alors que vous ignorez ce qui leur arrive là-haut ? En avez-vous réellement vu exécuter ne serait-ce qu’un seul ? Qu’est-ce qui vous garantit qu’ils ne les enlèvent pas pour renforcer leurs propres rangs ? Enfin, à qui ces Chevaliers obéissent-ils ? Servent-ils un monarque, un dieu ? Sont-ils eux-mêmes vos divinités ? Vous disiez que les blessés les prieraient pour qu'ils les emmènent "
La capitaine marqua son étonnement à mes propos.
"Succomber à la vieillesse ? Ça semble bien curieux. Elle apporte la sagesse. Parfois la faiblesse physique, mais en ces cas les Chevaliers des Cieux les enlèvent à la ville."
Elle indiqua la direction du groupe d'ailés embarquant la tête fu Fléau Noir, Xel et le type au marteau que l’on voyait encore un peu plus loin.
"Ceux qui partent ne reviennent pas. Qui sait ce qui leur arrive ? Pas moi. Personne ici bas. Et ça nous suffit à y préférer nos propres solutions. Internes à la cité."
Son regard revient vers moi.
"Nous ignorons tout d'eux : ils viennent, donnent des vies et nous font parvenir des ressources. Et des fois, ils viennent et purgent à leur gré la population qui ne leur revient pas. Ils les prennent et on ne les revoit pas. Les miséreux, mages, criminels dont nous n'aurions pas pu nous charger. Nous les sauvons, en un sens, en les envoyant dans la Cité Inférieure. Les Lumineux n'y vont guère. C'est le domaine qu'ils ont confié à mon ordre. Prier pour qu'ils les achèvent hors de la cité, où l'immortalité n'est guère. Des dieux... sans doute se voient-ils ainsi. Mais ils n'inspirent que la crainte. Ils sont la main qui donne et qui punit."
(Oui… Donc vous ne savez pas ce qui arrive aux mages qui partent avec les lumineux mais avec vous c’est un allé simple dans un lieux misérable repaire de criminel ou pire d’un lieu dont on ne revient jamais. En quoi c’est mieux ? C’est possiblement pire. )
Elle prend un temps, pensive, et finit par poursuivre sur le fait de de soigner les “irréparables ?” :
"Pas à ce point de destruction. Les blessés peuvent être soignés, mais là... seuls les..."
Et d’un coup son regard changea en croisant le mien. Il devint plus dur.
"Non. Non c'est impossible."
(AH !)
Je sentis que j’effleurais un point sensible, quelque chose qu’elle ne souhaitait pas dévoiler. Il était hors de question que je renonce à obtenir cette information. Je plongeai mon regard dans le sien, déterminé à utiliser toute ma capacité de persuasion, affinée par les intrigues politiques de Kendra-Kâr auxquelles je m’étais peu à peu familiarisé depuis mon entrée dans la Cour.
"Capitaine Beaufort, jusqu'à maintenant j'ai été extrêmement honnête avec vous. J'ai été franc sur ma provenance quitte à passer pour un fou à vos yeux. J'ai obéis à vos ordres et agit que dans le seul cadre que vous m'avez définit. Vous êtes la seule personne apte à m'aider. S’il arrivait malheur à moi ou à un autre yuimenien, j'aimerais savoir comment faire, rien de plus. Alors je vous en prie, dîtes moi ce que vous savez ."
Elle résista d’abord…
"Visiter un soigneur et prendre le temps du rétablissement. C'est la meilleure option, croyez-moi."
Et puis, elle finit par céder, les dents serrés.
"Toute autre solution serait vous exposer à un bannissement de la ville haute, car vous devriez vous accointer avec un ordre fanatique qui manie drogue et acharnements sanglants. Le Clan Carmin. Dans la cité Inférieure. A éviter autant que les Lumineux. Ils ne sont que malsains. Et l'efficacité de leurs traitements occultes n'est que légende."
Un léger sourire effleura mes lèvres, trop heureux d’avoir pu obtenir cette information tandis que j’inclinais légèrement la tête :
"Je vous remercie, Capitaine. Votre franchise est grandement appréciée."
Je marquai une pause, réfléchissant à la direction que prendrait notre conversation, m’interrogeant sur sa capacité à maintenir cette franchise face à ma prochaine question. Jusqu’à présent, j’avais joué prudemment. Mais le moment approchait où il me faudrait sonder les dissensions, évaluer les forces et les faiblesses de chacun. Le stratège en moi commençait à se déployer, prêt à manœuvrer dans cette partie encore incertaine.
"Veuillez excuser mon franc-parler, mais… Ne ressentez-vous pas une certaine lassitude face à cette situation ? Être confinés dans cette cité sans jamais savoir ce qu’il se passe au-delà de ses murs. S’il y a d’autre cités et d’autres peuples ? Être privés de tout savoir, et contraints de vivre perpétuellement sous la menace de ces dictateurs 'Lumineux' ? Et lorsque je dis 'vous', je fais référence à votre peuple. Il a dû y avoir, dans l’histoire de cette ville, des soulèvements, des révoltes ? Des individus ont forcément tenté de combatre les Lumineux et le font encore ? Aucun peuple n’est fait pour une soumission totale, et il se révolte quand ses dirigeants ne travaille pas à leurs interêt. C’est ce que l’étude de l’Histoire de mon monde dans mes jeunes années d’instruction m’a appris."
Elle pinca les lèvres face à mes remerciements.
"N'allez pas répandre ces informations. Les rumeur concernant ce Clan cause déjà assez de terreur dans la cité supérieure. Et vous devriez répondre de vos connaissances."
(Répondre de mes connaissances ? Tiens, tiens… )
Comme cette expression semblait pleine de sens dans une ville où celle-çi semblait être la clé du pouvoir. Un pouvoir qui semblait jalousement gardé par les Lumineux qui les plongeaient dans l'ignorance.
"Aucune lassitude, je vis pour mon devoir et ma fierté est de voir la cité paisible. C'est une bonne chose qu'il n'y ait aucune révolte ici. Nous les punissons sévèrement. Je les punis sévèrement. C'est ma responsabilité à cet étage. Si une révolution parvient aux oreilles des Lumineux, c'est l'ordre complet qui sera purgé. La cité entière, même. Alors quand bien même il y aurait autre chose dehors - ce qui est nié par les dogmes des Chevaliers des Cieux - nul ici n'a envie de le voir. De prendre le risque."
Je hochai lentement la tête, un air entendu sur le visage. Je commençais à mieux saisir la mentalité qui régnait dans cette cité, ou du moins celle du Soleil Noir. L'ordre semblait être leur priorité absolue, un ordre dicté par la nécessité d'éviter à tout prix tout contact avec les Chevaliers des Cieux. La peur, en somme... Celle d'être purgé, celle de perdre les dons des Lumineux. J’avais beaucoup de mal avec cette logique, mais il n’était pas question de faire de vagues pour le moment.
“Je ne vous mentirai pas en prétendant que je suis à fait à l’aise avec le fonctionnement de votre cité, mais j’apprécie néanmoins votre sens du devoir, et sans y adhérer, je comprends vos motivations. Aussi, je n’ai nullement l’envie de vous porter préjudice Capitaine Beaufort, alors je prétendrai que cette conversation entre nous n’a jamais existé. Je n’ai pas pour habitude de couper la main de ceux me la tendent. ”
Elle eut un signe de tête reconnaissant et je posai une main sous mon menton, en pleine reflexion.
“Vous semblez croire dur comme fer que les Lumineux vous “purgeraient” en un instant. Hormis leur supériorité magique, êtes-vous en mesure de quantifier leurs effectifs ? Combien il y a-t-il d’êtres aussi singuliers que ce Chevalier Ailé qui a emporté mon compatriote ? Et vous, quelles sont les forces de votre ordre ? Disposez-vous d’autres ressources que votre infanterie ? J’ai remarqué des troupes dépourvues d’armes, et, en y repensant, je trouve cela pour le moins intrigant."
"Tous ne les voient pas comme une menace. Les citoyens les craignent et pourraient se dire qu'ils y réchapperaient en les aidant. Une guerre interne qui finirait par la destruction de chaque être. Les Lumineux n'auraient qu'à ramasser les misérables miettes. Ça augmenterait leur force, quelle qu'elle soit. Quant à les vaincre eux... on ne connaît pas leur nombre, et nul n'a réussi à leur porter le moindre coup. Il ne serait pas bon de les provoquer, pour le bien de tous."
Elle poursuivit.
"L'Ordre dispose d'assez de forces pour imposer le respect au sein d'une cité de plus d'une centaine de milliers d'individus. Et contrôler les autres, en bas, pour les empêcher de remonter. Chacun y joue son rôle. Les troupes non armées que vous avez vues dans les Voies sont dissuasives. Une présence pour rappeler notre existence à ces quartiers calmes. Des armes les transformeraient en menace ou sous entendaient qu'il y a un problème. Mais n'ayez crainte, ailleurs nous sommes équipés."
Je pris le temps d’accuser ses informations.
« Bien… Cela fait déjà beaucoup d’informations à assimiler, mais je crois que je comprends déjà mieux votre monde. Une dernière chose cependant sur la magie des Lumineux. Vous dîtes qu’elle vous rend immortels ? Comment en êtes vous sûr ? De même vous dîtes qu’elle vous fait naître ? Ça veut dire que vous ne baisez pas ?" Je me repris, précisant ma pensée.
" Pour procréer j’entends… »
"Évidemment nous sommes sûrs : ne voyez vous pas ces pauvres ?" Dit-elle en désignant l'amas de corps toujours geignant dans un horrible spectacle répugnant. Elle poursuivit le sourcil levé :
"Bai...baiser ? Comme embrasser ? Toute vie ici est amenée par les Lumineux de la Surface. Tout individu. Rien ne nait et rien ne meurt ici..."
Elle regarda encore au sol avant de planter son regard dans le mien :
"Éloignons-nous. Je ne tiens pas à rester là si ils reviennent. Suivez-moi jusqu'au Bastion, mes supérieurs pourraient vouloir vous interroger sur vous et vos pairs. Il est de mon devoir de vous mener à eux."
Je lui fis signe d’avancer, montrant mon intention de la suivre sans broncher. De toute façon, au vu de sa rigueur que, elle n’irait pas contre son devoir. De plus je n’étais pas contraint physiquement comme cela devait l’être avant l’arriver fortuite des Lumineux. Cela voulait dire que je n’étais pas considéré comme criminel pour le moment. De plus je voulais bien rencontrer ses supérieurs. Pour la simple raison qu’en tant que dirigeant de la plus grosse forces légitime de cette ville cela faisait d’eux les personnes les plus puissantes de ce lieu, à priori. Avec un peu de chance et de finesse, peut-être pourrais-je manœuvrer pour les rallier à notre cause d’une façon ou d’une autre. Mais avant tout, il me fallait élucider cette information qui me laissait perplexe.
“Vous vous moquez de moi, Capitaine, ou est-ce parce que je me suis permis d’employer un langage un peu trivial que vous ne comprenez pas ? Je ne parle pas d’embrasser, mais bien de faire l’amour, de forniquer, du sexe, ou peu importe les termes que vous utilisez ici... Allons, tout de même ! Vous n’allez tout de même pas me mettre dans la position embarrassante de vous donner un cours d’anatomie ? Vous n’allez pas me faire croire que dans votre cité, il n’y a aucune relation charnelle, et qu’il n’y a pas non plus de grossesses ? Qu’est-ce que cela signifie ? Vous n’avez pas de parents, pas de familles ? Il viendrait d'où votre patronyme de Beaufort ? Les Lumineux vous déposeraient ici quand vous êtes nourrissons, tout comme ils vous offrent parfois des ressources ? Ou comme vous donnez parfois des dons aux miséreux ?» lançai-je, incapable de dissimuler mon ahurissement face à une telle révélation.
Re: La Veine et les Artères
Posté : ven. 11 oct. 2024 21:24
par Xël
Le plus imposant des chevaliers soulève le fulguromancien sans hostilité pour l’amener à ma hauteur tandis que les autres ne m’ont visiblement pas remarqué. Je n’avais pas l’intention de quitter le crâne mais je n’ai à priori pas le choix à moins de vouloir défier une créature dont je ne sais rien sur un monde où je ne sais pas grand chose, si ce n’est que les mages ont à priori étés éradiquer par les entités comme ceux qui portent la tête de dragon en ce moment.
Je me redresse pour observer le plus majestueux qui m’intime d’un geste de descendre, accompagné d’un regard d’Akihito qui m’encourage à obéir. En dessous je peux percevoir le résultat de mes choix précédents, des gens qui gigotent pour lutter contre leurs blessures normalement mortelles.
J’incline la tête pour montrer ma coopération auprès de la créature et m’avance vers le vide pour sauter vers le sol. Je lance un nouveau sort discrètement pour amortir ma chute, feintant même de me faire mal avec un mauvais atterrissage pour ne pas attirer l’attention des Chevaliers Anti Magie, espérant qu’ils n’aient pas de moyen de le detecter. Je simule donc une chute et me retrouve allongé sur le sol en observant la lumière qui éclaire l’avenue et la tête de dragon qui s’éloigne avec Akihito dessus. Si je l’ai bien compris dans l’Antre du Sans Visage, il a les moyens de nous rejoindre si ça tourne mal…
((Saute du crâne de dragon et utilise un amortissement de chute pour éviter une blessure. Feint de se faire mal en atteignant le sol.))
Re: La Veine et les Artères
Posté : sam. 12 oct. 2024 14:35
par Cromax
La Cité des Ombres
La Veine et les Artères
Jour 1 – milieu d’après-midi.
Ezra rougit aux propos d’Ezak, mais pinça les lèvres et commenta d’un ton acerbe :
“Ce ne sont pas des discussions à avoir en public avec un inconnu. De telles choses existent, évidemment. Mais elles n’ont aucun lien avec notre arrivée en ville : nous y apparaissons adultes, au sein de la famille qui nous est confiée. Voilà tout. Maintenant, suivez-moi, et taisez-vous.”
Elle traversa la foultitude de personnes de la Veine en compagnie du guerrier. Il y avait tant de monde que c’était la pagaille : entre les curieux qui venaient observer la scène, ceux qui préféraient la fuir, les soldats qui tentaient de gérer le tout, c’était un peu chaotique. Mais le peuple s’ouvrait toujours sur les pas de la Capitaine Beaufort. Comme s’ils la craignaient, ou la respectaient au-delà de tout.
En avançant, Ezak put avoir un exemple de ce que le “jour du Don” était : des charrettes pleines de vivre circulaient, et les hères s’y servaient en nourriture, boissons et produits de première nécessité. Elles avançaient toutes dans la même direction qu’eux : le cœur de la Veine. La porte menant au Bastion, où elles s’engouffraient, défaites de la plupart de leurs biens.
La porte était immense, une dizaine de mètres de hauteur, et d’une largeur bien suffisante pour laisser passer plusieurs charrettes de front.

(vue depuis l’intérieur du Bastion)
Mais alors qu’ils s’apprêtaient à y entrer, ils croisèrent deux visages connus : Yliria et la Capitaine Shirel, blonde chevalière en armure des Voies Médianes. Cette dernière avait emmené la demi-shaakt hors de l’ascenceur jusqu’à cette immense porte. Les deux gradées s’arrêtèrent, l’une en face de l’autre, s’apostrophant froidement :
“d’Eshalor.”
“Beaufort.”
La capitaine de la Veine, Ezra, reluqua Shirel, puis posa un regard inquisiteur sur Yliria. Elle commenta à l’attention de la blonde :
“Qu’est-ce qu’une parvenue comme vous vient faire dans la plèbe ?”
Mais celle-là ne répondit pas, préférant s’exclamer à la vue d’Ezak :
“Par le Soleil Noir, comment avez-vous pu survivre à une telle chute !!?”
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La chute de Leyna, Mitya et Silmeria leur parut interminable. Ils croisèrent une autre voie navigable comme celle dont elles provenaient, à mi parcours, mais ne s’y arrêtèrent guère. Elles atterrirent dans de l’eau, profonde et bienvenue. Sonnées par la chute. Silmeria était toujours inconsciente, Mitya tourneboulée, et Leyna souffrant toujours d’une crampe horrible. Elles purent néanmoins regarder autour d’elles.
Elles étaient arrivées dans un énorme lac souterrain bordé, d’un côté, d’une centaine de mètres de quais bondés de monde. Des navires étaient accostés tout du long, déchargeant des ressources nombreuses. Les rares qui semblaient avoir aperçu leur chute, à une cinquantaine de mètres du bord, étaient plus curieux qu’aidant, lorgnant les trois corps sans daigner aider. Mitya put voir flotter non loin d’elle, impertinent, le petit champignon qui lui avait échappé des mains.
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Xël pensa bien faire en se jetant du dragon. Et sans doute était-ce la chose à faire au vu du doigt impérieux du Chevalier lumineux et ailé. Et s’il parvint indemne au sol grâce à son sort, cela immobilisa immédiatement l’être transportant Akihito. Il fondit sur le mage d’un coup d’ailes et l’attrapa de sa main, le soulevant du sol. Apparemment, il n’était plus de l’avis de les laisser s’en aller.
Sans un mot, il suivit le cortège. Arrivés sur une place plus grande, vaste et illuminée d’une vive lumière provenant du dessus, loin au-dessus, ils virent les sbires lumineux emporter vers ces hauteurs la tête du dragon, remontant un puît assez large pour la faire passer. Le chevalier ailé, par contre, laissa tomber les deux zigues devant un humanoïde paré d’une armure blanche et or. Il avait un casque, mais on lui voyait le visage. Des cheveux immaculés, des yeux lumineux et… pas d’ailes. Il semblait être le gardien du Puîts. Il s’adressa aux deux d’une voix qui résonna en eux comme la plus pure qu’ils aient jamais entendue.
“Mage et responsable du Chaos de la Tête. Tels vous êtes présentés. Nous ne vous connaissons pas, nous n’avons nulle connaissance de votre existence, de votre provenance. Parlez. Dites-nous tout ce qu’il y a à savoir. Et n’omettez rien ni ne mentez : vous seriez purgés sans plus de chance de vous en sortir.”
[HJ : Yliria et Ezak, discussion à quatre si vous êtes ok. Sinon on fait ça message par message. Prévenez-moi sur discord. Mitya et Leyna, action ponctuelle. Xël et Aki, même proposition qu’Yliria et Ezak. Prévenez-moi.]
[XP :
Akihito : 0.5 (se fait emporter)
Ezak : 0.5 (discussion), 0.5 (arrestation acceptée)
Xël : 0.5 (saut)]
Re: La Veine et les Artères
Posté : jeu. 17 oct. 2024 18:52
par Ezak
Le Capitaine Beaufort me réprimanda finalement, ayant compris où je voulais en venir. Elle m'expliqua, visiblement agacée, qu'on ne parlait pas de ce genre de choses avec un inconnu, et encore moins en public.
(Sans blague !)
Néanmoins, j'appris qu'ils arrivaient dans cette cité directement en tant qu'adultes, confiés à des familles. L'idée d'un monde sans maternité ni enfants me déstabilisa profondément. Soit les lois naturelles qui régissaient ce peuple étaient radicalement différentes, soit les Lumineux se moquaient royalement du peuple d'Ashaar. J'avais ma petite idée sur la question, mais impossible de la vérifier. Cette révélation, comme toutes les autres, ne fit que soulever de nouvelles interrogations. Pourtant, avant que je ne puisse approfondir, Ezra me somma de me taire. À en juger par la teinte de ses joues, j’avais visiblement plongé la farouche capitaine dans un embarras certain avec mes questions indiscrètes sur les mœurs d’Ashaar. Elle n'était donc pas aussi inébranlable qu'elle voulait le faire croire.
J’haussai les épaules, me contentant de la suivre vers son bastion.
« Si vous n’aviez pas joué les innocentes, nous n’en serions pas là, Capitaine. »
Elle me mena à travers la foule sans prononcer un mot, fendant la masse compacte avec une aisance déconcertante, alors que la place débordait de monde. Tous s'écartaient sur son passage, comme si les couleurs de l'Ordre, arborées fièrement, suffisaient à imposer respect et autorité dans les environs. Une effervescence palpable régnait autour des corps meurtris laissés par la chute de la tête, tandis qu'un peu plus loin, la foule se pressait autour des chariots de vivres. On se servait mais semblait t’il avec une certaine discipline puisque personne ne se battaient pour ces quelques marchandises données aux miséreux. Je pouvais mettre une image sur ce fameux jour du Don.
En avançant parmi ces gens si différents de moi, mes pensées vagabondèrent vers l'organisation de leur société. Une structure rigide composée de strates bien définies pour chaque classe sociale... Ce niveau semblait offrir, en apparence, des conditions de vie dignes. Mais qu'en était-il sous nos pieds ? Cela devait ressemblait à Omyre, peut-être même à quelque chose de bien pire. Cette société était empreinte de folie, malade, frappée d'une étrange moribondité, mais c'est précisément ce qui la rendait si fascinante. Elle dégageait une aura de mystère, comme si d'innombrables secrets, enfouis au cœur de ces cieux austères régis par les lumineux , attendaient d’être exhumés, révélés au grand jour. Ceux qui avaient la clé étaient à la surface et la gardaient jalousement. Probablement responsables des causes du mal qui rongeait cette Cité.
Nous arrivâmes devant la porte massive du bastion, mais notre progression fut interrompue. Deux visages familiers apparurent devant nous. L'une était une jolie blonde que j'étais certain d'avoir aperçue plus tôt, lorsque l'ancien avait paniqué à l'approche du Soleil Noir. L'autre était celle qui s'était présentée comme Yliria, la semi-elfe noire. Mon regard se posa sur elle, rempli d'interrogations. Elle n'avait pas l'air d'être aux arrêts. Se dirigeait-elle, elle aussi, vers une rencontre avec les supérieurs du bastion ?
Les deux femmes de l'Ordre s'échangèrent des salutations froides, s'appelant simplement par leurs noms. Le Capitaine Beaufort ne paraissait pas particulièrement apprécier sa comparse d’Eshtalor, qu'elle semblait considérer comme une sorte de privilégiée n'ayant pas sa place à ce niveau. Je devinai qu’elle devait exercer dans les niveaux supérieurs, là où l'élite se tenait à l'écart du reste de la cité.
Le visage de de la blonde se décomposa lorsqu'elle reporta son attention sur moi.
“Par le Soleil Noir, comment avez-vous pu survivre à une telle chute !!?”
(Et merde…)
Si j'avais été totalement honnête avec le Capitaine Beaufort, j'aurais dû mentionner l'usage de magie après avoir sauté de la balustrade. Mais, je n'avais aucune intention de finir jeté dans la Cité Inférieure contre mon gré. Je me préparais à nier catégoriquement si la question venait à être soulevée, mais pour cela, il me fallait rapidement concocter une histoire crédible. Le moindre faux pas, et je pouvais me retrouver dans une situation bien plus délicate que prévu. Je me baissai, faisant glisser ma botte pour montrer le haut de ma prothèse.
« Je porte une prothèse faite d’un métal indestructible et qui a vraisemblablement absorbé tout le choc. »
Je montrai mon autre jambe blessée gravement encore à vif.
« Celle-ci n’a pas eu la même chance et c’était pire avant que je me soigne. Elle était en charpie. Il faut croire que j’ai eu beaucoup de chance. »
Mais je n’avais pas l’intention de m’en tenir là. Pour éviter d’autres questions inutiles qui, par leur nombre, risqueraient par me faire commettre un impair, il me fallait agir rapidement. J’avais bien sûr remarqué l’animosité entre les deux femmes, et raviver cette tension me semblait être le meilleur moyen de détourner l’attention de moi-même. Je me tournai alors vers le Capitaine Beaufort, affichant un air délibérément candide :
« Capitaine Beaufort, je pensais que vous étiez en charge à ce niveau. Est-ce l'une de vos supérieures ? »
La blonde parut aussi perplexe qu’impressionnée par mes explications.
"Mais... à cette hauteur, vous auriez dû ressembler à une vieille crêpe de chair. Ou de la bouillie. Prothèse ou pas."
( Tu vas passer à autre chose, oui ? )
Heureusement la Capitaine Beaufort intervînt :
"Il faut croire qu'il cache un système d'amortissage complexe. Car le voilà sauf."
Puis elle se tourna vers moi un air dédaigneux sur le visage.
"Ma supérieure ? Nous sommes du même grade. Et je suis en charge des interventions d'élite dans la Veine. Elle n'est capitaine... que d'une force de surveillance dissuasive dans la partie la plus planquée de la cité. Rien à voir, donc. Les privilèges familiaux, vous voyez ?"
Le blonda fronça les sourcils et serra les poings. "Il n'y a aucune gradation entre nos troupes. Si les Voies Médianes sont plus sûres, c'est parce qu'on y fait bien notre boulot."
Elle marqua une pause narquoise avant de porter une estocade qui fit fulminer Beaufort :
"Nous."
Ainsi, elles avaient mordu à l’hameçon. La blonde, celle qui semblait accuser un rang supérieur, avait finalement abandonné l'idée d'approfondir cette histoire de saut d'un étage à l'autre. Un soupir de soulagement silencieux m'échappa. Je remerciai intérieurement les intrigues politiques de la Cour, où j’avais appris à esquiver avec habileté les questions embarrassantes, surtout lorsqu’elles concernaient des alliances délicates. Ici, comme là-bas, il s’agissait de détourner l’attention, de semer juste assez de doute pour échapper à des interrogations plus pressantes, comme lorsqu'on me demandait à quel prétendant au trône ma préférence allait.
Mais ce n’était que la première étape. Je devais maintenant jouer subtilement pour ne pas laisser cette opportunité s'évanouir.
La semi-elfe intervînt l’air agacée par les tensions entre les deux Capitaines. Elle cherchait à savoir ce qui était advenu de deux hommes descendus. J’imaginais bien de qui elle parlait et c’était un sujet de conversation idéal pour encore un peu plus faire oublier mon cas.
" Vous parlez de Xël, et de l’autre avec un énorme marteau ? Ils se sont fait prendre par les Lumineux. Le type avec le marteau s’est rendu de son plein gré et Xël ... je ne sais pas trop," lachai-je ne sachant pas vraiment quels étaient les buts du mage.
La Capitaine Beaufort renchérît après avoir repris son sang-froid.
"Celui que vous appelez Xël a été piégé sur la tête de ce... dragon ? quand il a été embarqué par les Chevaliers ailés. L'autre a désobéi à mon ordre direct de ne pas interférer et à voulu... je ne sais pas... jouer les héros en se disant responsable de tout. Une erreur qui risque de lui coûter plus que la vie."
Elle regarda au loin là où ils avaient été amenés.
"Ils le purgeront inévitablement s'ils le croient. Et avant ils le feront parler. Vous serez tous en danger, qu'importe votre nombre. Et nous aurons de la chance si ça s'arrête là. Tous ceux qui sont entrés en contact avec vous ou qui oserait se souvenir de votre venue seront purgés aussi."
(Attendez ! Quoi ?)
J’étais un peu déstabilisé face à cette information. Les droits dans cette cité semblaient réduits à rien si juste le fait d’avoir été en contact avec des individus nous rendaient complice de quoi que ce soit. Je comprenais un peu mieux la réaction du vieux la-haut. Et je goutaî peu l'idée d'être associés aux actes d'autres yuimeniens que je ne connaissais pas. Chacun devait être responsable de ses actes.
(Saloprie de société malade…)
La semi-elfe sembla contrariée et demanda s’il était possible de parler aux Lumineux. La Capitaine répondit :
"Je crains que non. Enfin... il y a bien le Gardien du Puits, mais il refusera sans doute de vous parler si vous ne révélez pas votre identité. Et... votre identité vous amènera à l'arrestation."
Réponse qui sembla désarmée cette Yliria qui semblait s’inquiéter sincèrement pour ses compagnons.
« Bien… Et maintenant mes capitaines ? On entre ? » dis-je à l’attention des deux officières, pressé d’avancer. Ce n’était pas en discutant ici qu’on sauverait qui que ce soit.
La blonde me rétorqua qu’elles avaient leur propre mission. Ce qui eut le don de me provoquer un haussement de sourcil.
Le Capitaine Beaufort fit un rappel néanmoins à son homologue.
"Rappelez-vous que votre grade vous autorise à faire temporairement appel à mes troupes, si vous les croisez et en avez besoin."
Elle regarde les mains et ceintures vides d'armes de la blonde probablement à la tête de ces fameuses forces dissuasives.
"Et vous en aurez sans doute besoin."
Et enfin elle se tourna vers moi.
"Entrons. Mes supérieurs seront ravis d'entendre ce que vous aurez à dire."
Je me tournai pour entrer, bien décidé à laisser les deux femmes à leur mystérieuse mission lorsque la semi-elfe nous arrêta net. Visiblement, elle avait pour mission de ramener les Yuimenien à une Colonelle du même patronyme que la Capitaine d’Esthalor et précisait que que nous pourrions rentrer chez nous si cela était fait rapidement.
Je me figeai sur le pas de la porte avant de me retourner rapidement, suspicieux mais aussi intéressé par la possibilité de pouvoir rentrer dans notre monde sans plus attendre.
« Qu’est-ce qu’elle nous veut cette Colonelle ? Elle a un moyen de nous faire rentrer ? »
Le Capitaine Beaufort reprit.
"Cette colonelle veut précisément ce que je m'apprête à faire : vous recenser officiellement comme parcourant la cité, vous apprendre et vous expliquer nos lois. Sauf que je me passe d'entremetteur de la haute en vous conduisant directement à un Général de l'Ordre. Car la soeur de notre belle Shirel n'a aucun droit de prendre décision vous concernant, et encore moins le pouvoir de vous ramener chez vous."
La blonde, boudeuse, se tourna vers Yliria.
"Hé bien ça en fera un de moins à chercher. Allons-nous voir les autres ? S'ils sont confrontés au Gardien du Puits, nous pouvons encore les atteindre avant qu'ils soient emmenés."
Ezra Beaufort ne semblait pas convaincue vu comme ses yeux roulèrent dans leur orbite. Yliria sembla hésiter avant de céder, ne voulant pas se mêler de leurs querelle politiques selon ses dires.
"Sieur D'Arkasse, faites ce qui vous semble le plus utile, je vais tenter de récupérer les deux idiots pas capable de rester loin des ennuis plus de cinq minutes."
J’hésitai un instant. Le capitaine Beaufort représentait indéniablement un atout de part sa position, mais un nouvel élément imprévu venait de s’immiscer dans l’équation. Peut-être était-il encore temps d’apporter mon soutien à un frère d’armes, un compatriote contrairement à ce que m’avait affirmée la Capitaine quelques instants auparavant. Plus nous étions de Yuimeniens et plus notre force en serait consolidée. Toutefois, je me retrouvais enserré dans les filets de cette capitaine qui détenait un contrôle absolu sur mon sort. Comment la convaincre de suivre une voie similaire à celle de sa rivale sans qu’elle y perçoive une atteinte à son autorité ? J’avais tenté de tirer parti de leurs dissensions ; il me fallait désormais trouver le moyen de les unir. Peut-être la solution résidait-elle dans l’art de jouer sur leurs conflits personnelles, les amenant ainsi à prouver le contraire. Après tout, l’ordre apparaissait comme leur priorité commune, et il était possible qu’elles refusent de dévoiler la moindre faille dans leur cohésion. C’était risqué, certes, mais je ne pouvais me permettre de ne pas essayer.
Je jetai aux capitaines un regard sévère. Il était temps de les piquer dans leur sens du devoir et la coopération.
« Vous êtes des gradées et vous vous permettez de laisser éclater vos dissensions devant des personnes qui ne font pas partie de votre Ordre. Pire, qui ne font pas parties de votre cité. Vous vous rendez compte que je pourrai me retrouver devant votre Colonelle ou votre Général et raconter que le première chose que j’ai appris en tant qu’étranger de ce monde c’est qu’il y a probablement une faille opérationnelle à exploiter entre les voix hautes et les voix médianes à cause de relents personnelles entre les capitaines Beaufort et d’Esthalor ? En tant que soldat d'élite je trouve ça hallucinant. Vous devriez vous remettre en question toutes les deux. » lâchai-je froidement.
Puis je me tournai vers Ezra spécifiquement reprenant un ton neutre et calme.
« Accompagnons-les. Vous aurez tout le loisir de me ramener à votre Général ensuite. S’il y a une chance de récupérer mes compatriotes je veux en être. »
Le Capitaine fronça les sourcils face à mes accusations. Elle n’appréciait visiblement pas et c'était le but.
"Faites cela, oui. Et tous les privilèges que j'ai daigné vous accorder tomberont instantanément. Il n'y a aucune faille au sein de notre Ordre. Juste..."
Elle regarda son homologue avec dédain.
"Quelques inimitiés personnelles nullement exploitable par quiconque. Car on sert les mêmes lois, quoiqu'il arrive."
Elle jeta un regard perçant vers son homologue , qui cette fois montra une mine déterminée en opinant du chef. Beaufort poursuivit.
"Faisons-ça, si ça peut nous permettre de les récupérer plutôt qu'ils aillent nourrir les Lumineux."
"Oui, hâtons-nous." S’accorda la Capitaine d'Esthalor.
Çà s’était beaucoup mieux passer que ce que j’imaginais. Mon coup de bluff avait fonctionné, j’en étais heureux. Un sourire franc de celui qui avait obtenu ce qu’il voulait se dévoila sur mes lèvres, dévoilant toutes mes dents alors que j’inclinai légèrement la tête face à Beaufort.
« Merci Capitaine. C’est toujours un plaisir de traiter avec vous. »
Et je me remis en marche à leur suite en direction du cortège de Lumineux.
En marchant je positionnai aux côtés de la semi-elfe.
« Étant donné que nous allons faire face aux « Lumineux », je pense qu’il serait plus sage de vous tenir au courant de ce que j’ai appris sur leur sujet, pour que nous puissions manœuvrer sagement avec toutes les données en tête. Que savez-vous sur eux jusqu’à maintenant ? »
Elle ne savait pas grand-chose, la base. Qu’ils rammenaient vivre et effectif parfois et qu’ils absorbaient la magie. Cella-là, je ne l’avais pas vu venir par contre.
« Ils... absorbent la magie ? » dis-je en jetant un regard interrogateur vers le capitaine d'Esthelor puis vers Ezra Beaufort.
« L’information que j’ai surtout obtenue, c’est que personne ne sait réellement ce qu’il advient des personnes qu’ils emmènent à la surface. Cela pourrait tout aussi bien être pour siphonner leur magie, comme vous le dites, ou encore pour les enrôler. Le Soleil Noir ne sait absolument rien à leur sujet, et c’est cette ignorance qui les terrifie. Ils enlèvent les vieillards trop mal en point, ramènent des personnes à l’âge adulte, et apparemment, il n’y a pas d’enfants dans cette cité. Ils ne savent même pas ce que c’est qu’une grossesse. Il est bien possible qu’ils se prennent pour des dieux… Mais d’après ce que j’ai compris, personne n’a jamais osé se révolter contre eux. Et ces dames empêcheraient toute révolte par crainte d’une purge qui pourrait anéantir l’ordre, voire la cité tout entière. Il se pourrait même que certains citoyens se retournent contre les révoltés si jamais cela arrivait. »
Ezra Beaufort reprit :
"Absorber la magie... ce n'est qu'une hypothèse sans preuve. Les seules qu'on puisse se permettre concernant ces Surfaciens. Nous ne sommes pas terrifiés, nous sommes juste prudents face à un pouvoir qui se présente comme absolu. Des rafles majeures ont déjà eu lieu par le passé, des purges de quartiers complets. Nous évitons, par notre service, aux citoyens de déclencher l'une d'elles. En se révoltant par exemple."
La blonde l’interrompit :
"Mais ce sont des informa..."
"Confidentielles, oui.", tonna la capitaine de la Veine. "Et je les donne à des personnes qui sont à même de les entendre si nous voulons les tenir au courant de nos connaissances et nos buts. Nombreux sont ceux qui les voient comme des dieux. Des êtres de lumière tout puissants. Ca a peut-être une part de vérité, mais ils ne sont pas les divins miséricordieux qu'ils croient. Ca, j'en suis persuadée."
Décidément, plus le temps passé en compagnie du capitaine Beaufort s’écoulait, plus je venais à l’apprécier. Droite et dotée d’un caractère affirmé, elle n’en demeurait pas moins éloignée de cet excès de zèle qui pousse certains à suivre les règles aveuglément, comme de simples moutons. Elle savait faire la distinction subtile entre ce qui lui était imposé et ce qui, à ses yeux, relevait du nécessaire. C’était ça un vrai leader à mes yeux.
Yliria sembla un peu abattue par les informations, arguant avec vérité que le manque d’informations offrait bien trop d’hypothèses sur ce qui se passait vraiment là-haut. Elle chercha à connaître depuis quand existait cette Cité.
"Depuis plus longtemps que quiconque y vivant. Il n'existe aucune archive à ma connaissance." Répondit Beaufort.
« Vous n’avez même pas, d’archives vivante ? Un vieillard avec beaucoup de connaissances ? Et dans la Cité inférieure ? Ils pourraient avoir des informations que vous n’avez pas ? »
C’est la Capitaine d’Esthalor qui répondit :
"Le Grand Maître de l'Ordre du Soleil Noir est sans doute l'être le plus ancien de la cité. Mais..."
Ezra poursuit :
"Nul ne le rencontre à l'exception de ses généraux. Il pourrait tout à fait ne pas vraiment exister."
"Ezra !" s’exclama la blonde visiblement outrée.
La brune serra les dents, avant de poursuivre.
"Aucun membre de l'ordre n'a répertorié d'individu aux connaissances plus anciennes dans la Cité Inférieure. Mais c'est un territoire si vaste et chaotique qu'il est impossible d'en être certain."
Je levai un sourcil. « Il se retranche où ce Grand Maître ? Et quel âge a t-il ? »
Je m’arrêterai net, me rendant compte que c’était une question qui n’avait pas le moindre sens dans ce monde.
« Comment vous faites pour donner des âges si vous arrivez à l’âge adulte ? Et vous arrivez sans aucun souvenir de la surface ? Pas même des bribes ? »
Yliria reprit à ma suite. "Une hypothèse que j'ai serait qu'il existe d'autres cités de ce genre d'où ils piochent ceux ne suivant pas les règles, leur efface la mémoire et les amènent dans une autre cité. Ça expliquerait d'où viennent les gens et les produits qu'il apportent ici. Ça reste une théorie, cela dit. »
D’Esthalor reprit Yliria.
"Il est dit que dehors, hormis sur la zone au-dessus de la cité, nul ne peut survivre."
Beaufort hocha de la tête.
"C'est là qu'ils emmènent la tête de ce Dragon. En tout cas c'est ce qu'ils attendent qu'on croie." Dit-elle en se tournant vers moi.
"Il se terre dans le Coeur du Grand Bastion, dans l'Entresol. Inaccessible à des bas gradés comme nous. Et encore plus à des étrangers comme vous."
"Nous n'avons... pas d'âge. Nous vieillissons à un rythme qui semble aléatoire, mais qui dépend peut-être de notre valeur intérieure, de nos actes. Et la surface, c'est comme si nous n'y étions jamais allés. Pour chacun, nous sommes nés adultes au sein de la famille à laquelle les Surfaciens nous ont confié."
« Il est dit » soufflai-je en reprenant les mots de Shirel d’Esthalor.
« Le problème est que vous n’avez que le choix de croire ou non. C’est de l’ordre de la croyance pas de l’information. La Capitaine Beaufort a raison de faire la distinction. De plus que d’après ce que j’entends, ces Lumineux n’ont pas l’air d’être franchement plein de compassion et de vertus. Ça pourrait tout aussi bien être une prison ici, ma... concitoyenne à raison. »
En marchant je passai une main dans mes cheveux, en pleine réflexion. Revenait encore cette histoire d’êtres confiés à des familles.
"Les Surfaciens vous confient à des familles donc ? C'est eux qui choisissent ? Se pourrait-il que certaines familles dans les Voies Hautes aient des rapports privilégiés avec eux ou vous êtes tous logés à la même enseigne ? "
La brune rétorqua : "C'est évident que les gens d'la Haute ont des avantages. C'est sûr et certain que Papa d'Esthalor a commandé deux jolies blondes pour glorifier sa lignée."
Shirel serra les poings, mais se tourna vers moi ignorant Beaufort.
"Le fait est que nous n'en savons rien."
(Elle me prend pour un imbécile ou c’est si bizarre que ça en a l’air ?)
« Je ne suis pas sûr de comprendre Capitaine. Vous ne savez pas quelles relations entretient votre père avec les Lumineux ? Qui est-il au juste ?”
Yliria intervînt affirmant que c’était un elfe d’après ses informations.
Et le blonde reprit.
"Non, j'ignore s'ils sont en contact. Mon père est..."
Beaufort l’interrompît.
"Le plus riche des richards de la ville. Il a la mainmise sur beaucoup de chose, et ses pions sont même dans l'Ordre..."
Shirel baissa les yeux, fâchée mais ne s’opposa pas à la Capitaine brune qui, décidement, avait constamment le dessus sur elle.
Elle s’offusqua que nous nous attardions sur le fait que son père avait des oreilles pointus, arguant que ce n’était qu’un trait physique comme un autre.
“ Personnellement, je n’ai aucun grief envers les elfes, peu importe leur origine. Et au regard du métissage de ma concitoyenne, je doute qu’elle attache une quelconque importance à la longueur des oreilles… ou à la couleur de la peau. Connaissant le monde d’où nous venons, je suppose qu’elle a bien plus subit la discrimination que le contraire. Enfin, je ne vais pas m’aventurer à parler à votre place… J’ai peut-être tout faux,” déclarai-je, en m’adressant à Yliria qui confirma mes dires.
Je portai ensuite une main sous mon menton, pensif.
“ Hmmm… Il semblerait que deux figures pourraient nous apporter des éclaircissements. Le Grand Maître de l’Ordre et ce Sieur d’Esthalor. Le premier est hors de portée, mais peut-être que le second accepterait de nous recevoir, à condition que sa fille chérie en fasse la demande ? “ ajoutai-je, en scrutant du regard l’intéressée.
Shirel insista sur le fait qu'il n'y avais pas d'elfe chez eux et qu'ils étaient tous de la même espèce. Je refkechissai un instant aux personnes que j'vais croisé. Il est vrai qu'il en avait de toutes sortes. Oreilles pointus, rondes, des gros, des petits, des grands. Peut-être que des races métissés.
Elle posa un regard dubitatif sur moi.
"Je peux lui en toucher un mot, mais... je doute qu'il accepte. Il ne rencontre que ceux pour qui il a un intérêt notoire. Et il n'a d'intérêt que pour augmenter sa fortune et faire diminuer celle des autres. Il faudrait que vous ayez une somme incroyable pour qu'il accepte. Ou des informations croustillantes sur ses rivaux des Hautes Voies. Mais... Même là vous ne pourriez aller. Quoique... votre écusson le permettrait peut-être." dit-elle en regardant Yliria, ce qui me fit remarquer qu’elle possedait effectivement un ecusson du Soleil Noir.
(Qu’est-ce que c’est que ce bordel ? )
"Enfin. Tout ça pour dire que j'aurai beau demander, ça ne suffira pas."
"Votre père ressemble étrangement au mien..." lâchai-je plein d'amertume en pensant à mon paternel intéréssé que par le fait de faire du profit, et dont nos relations n'étaient celles que de partenaires aux intérêts communs.
"C'est pour quoi je sais qu'il acceptera de nous rencontrer, car il à l'esprit des commerçants. Réflechissez... Nous venons d'un autre monde. Cela veut dire que nous avons forcément des ressources qu'il ne peut avoir nulle part ailleurs. Des objets uniques, que personne d'autres ne pourrait posséder dans ce monde à part lui. Ce qui veut dire qu'il sera libre d'en fixer le prix, n'ayant aucune concurrence. Tenez-par exemple..."
Je me tortillai pour sortir de ma besace un bloc de San-Dyvina illuminant de sa lumière.
"Avez-vous de tels métaux chez vous ?"
"Évitons de trop attirer l'attention sur ce qu'on possède. Je n'ai pas envie que tous les riches de la ville nous envoie des sbires pour voler mes affaires et mes équipements." Préconnisa Yliria.
Et bien... On aurait simplement qu’à leur briser quelques os et trancher quelques membres ! Cela les remettrait sûrement à leur place. Où était donc le problème ? La plupart des individus étaient faibles, dotés de compétences martiales pour le moins médiocres. Je n’allais tout de même pas m'inquiéter pour de simples hommes de main. C’était à eux de trembler, non l'inverse. Cependant, avant que je ne puisse formuler le fond de ma pensée, une réaction inattendue de la capitaine d’Esthalor me déstabilisa. Son regard s'illumina d'une lueur dévote, trahissant un sentiment qui me laissa perplexe.
«Ça ressemble à un Don des Chevaliers des Cieux. Êtes-vous là pour nous tester ? Êtes-vous leur envoyé ?"
La Capitaine Beaufort pouffa d'un rire incontrôlable, commentant à mon attention.
« Vous voyez, quand je vous disais qu'ils avaient cette aura religieuse... Et sinon, j'suis de l'avis de la petite dame : gardez ce genre d'atout pour des moments critiques. Parce que je doute que le Sieur d'Esthalor se suffise d'un seul morceau : il lui faudrait un approvisionnement constant pour être contenté. Vous sous-estimez le bonhomme."
Personnellement, je n'avais guère l'esprit à la plaisanterie. Combien d'âmes, semblables à cette capitaine, étaient-elles embrigadées jusqu'à ce point ? Il m'aurait été aisé, avec un peu de finesse, de lui faire croire à n'importe quelle fable, et ce uniquement grâce à ce métal lumineux que je possédais. Il y avait là, sans nul doute, un potentiel à exploiter. Toutefois, cela signifiait tirer avantage de la crédulité de personnes probablement de bonne foi. Bien que je me sentisse quelque peu réticent à l’idée, je gardais cette option en réserve. Si la situation l'exigeait, et si ça pouvait servir nos intérêts, je n'hésiterais pas à m'en servir.
Je finis donc par hocher de la tête aux propos d’Yliria et Ezra, pensif.
« Bien… On en reparlera. »
Et nous continuâmes vers ce fameux puit.
Re: La Veine et les Artères
Posté : jeu. 17 oct. 2024 21:39
par Xël
Ah. Donc ils ont un moyen de détecter la magie ou alors il est fâché que je ne me sois pas péter la gueule de manière plus spectaculaire. En tout cas je me fais rapidement ramasser comme du linge sale et je n’ai que le temps de me cramponner à mon casque pour ne pas le laisser tomber.
Nous suivons la tête du Dragon Noir à travers l’avenue jusqu’à une vaste place éclairée par un puit de lumière. La tête et ses porteurs s’envolent vers la surface tandis qu’Akihito et moi sommes relâchés devant un autre gardien blanc. Sans ailes celui-ci et dépourvu de casques et capable de s’exprimer car il s’adresse à nous d’une voix qui me fait plisser les yeux. Elle résonne d’une pureté qui m’inspire … de la méfiance. Je crois que c’était à Kôchii, avec le roi de Yuimen, la dernière fois que j’ai ressenti autant de pureté dans un timbre de voix. Est-ce que ce sont des divinités ? Il n’est pas omniscient en tout cas car il veut en savoir plus sur nous.
Akihito range ses armes et résume la situation, d’où nous venons, comment nous sommes arrivés ici. Il explique l’incident de la chute de ce qu’il reste du Dragon Noire et met en garde contre sa dangerosité. Quant à moi je mets mon casque sous le coude et me présente à mon tour, admettant qu’il a plutôt bien résumé la situation. Cela semble convaincre notre interlocuteur qui nous avait menacé d’être purgés en cas de mensonge ou d’omissions. Il poursuit cependant les questions, voulant en savoir plus sur notre nombre, l’endroit où se trouvent les autres et qui ils sont.
"Ils viennent de Yuimen comme nous, et ont affronté le Dragon avec nous pour la plupart. Quant au nombre... 7... 8 ? Honnêtement, je ne sais pas combien nous sommes a avoir été transporté, car nous ne sommes pas tous arrivés en même temps. Et la tête du Dragon a rapidement mobilisé mon attention..."
Répond l’Ynorien, rapidement suivi par moi:
« Plutôt 9 … 10 … mais c’est difficile à dire. Nous ne savons pas si certains sont arrivés avant ou après nous. Comme il dit notre priorité c’était la tête du Dragon. »
Je regarde par dessus mon épaule avant de demander avec préoccupation:
« Que va t-il arrivé aux blessés ? Comment ça se fait qu’ils sont encore en vie ? J’ai vu leur état. Ils devraient être morts. »
Moi aussi j’avais des questions après tout et j’étais inquiet du sort de ces gens. C’était moi qui n’avait pas réussi à retenir la chute du crâne. Mais il balaie mon inquiétude d’une réponse sommaire, assurant qu’ils s’en chargent ? Mais qui ? Je n’ai vu personne leur venir en aide. De plus il ignore mes questions, poursuivant les siennes et je comprends que son simple but et de trouver les autres pour on ne sait quels raisons. Il demande une description de ceux que nous avons vu et Akihito se montre plutôt réticent.
"Pourquoi voulez vous les retrouver ? Qu'attendez vous de nous ? Si vous cherchez un responsable, vous l'avez en face de vous."
« Et si c’est des portraits que vous voulez je suis très mauvais en dessin. »
Mais malgré notre refus la situation ne semble pas s’envenimer, le gardien semble ouvert à la négociation et finit par noter que nous refusons d’aider sans garantie avant de nous toiser de son regard lumineux. Il semble comprendre qui il a en face de lui avec ce court échange et qu’il n’obtiendrait pas une délation de notre part si cela met en danger les nôtres.
« Vous savez aucun de nous n’a sans doute l’intention de rester ici. Nous voulons nous assurer que notre mission de neutraliser le dragon est accomplie et trouver un moyen de retourner sur Yuimen. Si vous nous aider, si vous pouvez le faire, alors nous partirons et c’est comme si l’erreur n’aura jamais existé. »
Dis-je pour faire écho aux paroles du fulguromancien demandant comment nous pourrions prouver notre bonne volonté.
"Bien. Nous vous offrons cette garantie : nous n'effacerons pas les vôtres tant que vous resterez fidèles à nos consignes. Devenez tous deux nos agents dans Ashaar : il est des endroits que la lumière n'atteint pas. Et nous sommes curieux d'en connaitre certains aspects. Satisfaites-nous, et nous vous offrirons notre aide pour partir d'ici. Avons-nous un accord ?"
Je suis assez surpris. Je ne m’attendais pas à ce genre de propositions et à un tel aveu. Il y a des lieux qui ne peuvent pas atteindre ? Pourquoi ? Et surtout qu’est-ce qu’il attend de nous. Une phrase me revient en tête, ne pas entacher son honneur ou celui du Royaume. Si je devais agir pour eux afin de pouvoir tous nous ramener sur Yuimen c’était une solution que je pouvais accepter mais pas à n’importe quel prix. J’interroge brièvement Akihito du regard alors qu’il reste silencieux avant de prendre la parole:
« Cela ma semble un peu flou comme accord. Qu’est-ce que vous voulez savoir exactement sur ces lieux inaccessibles et jusqu’où comptez vous nous faire aller ? Ce serait simplement de l’observation ? Si c’est le cas cela pourrait m’aller. »
"Nous ne vous demanderions pas d'aller jusque dans ce qu'ils nomment les Tréfonds. C'est ce qui se passe dans la Cité Inférieure et dans le Bastion du Soleil Noir qui nous intéresse. Nous vous contacterons pour vous transmettre des objectifs précis, qui mêleraient observation et infiltration. Un objet doit parvenir de la Surface prochainement, dans ce but. Avons-nous un accord ?"
Ah bah il en a de la chance ! Il a face à lui des spécialistes de l’infiltration ! On a déjà fait nos preuves !
« Tant que ça n’entache pas mon honneur ou celui des miens et qu’il mène au retour de mes semblables au plus vite sur Yuimen je pense que nous pouvons nous entendre. »
Je tends ma main après avoir donner mes conditions pour conclure l’accord. Je ressens quelque chose de curieux à propos de ces chevaliers des cieux. Un étrange mélange de méfiance, d’interêt et malgré tout de confiance. Il n’a pas l’air de vouloir nous entourlouper. C’est ni plus ni moins de l’aide qu’il demande pour accéder à des informations qu’il ne peut pas avoir malgré la force que ses collègues possèdent. Et la compréhension, le calme et sa capacité à négocier sans que l’on s’effarouche me démontre qu’il est intelligent, sage et qu’il n’est pas un trouduc’. Nous verrons bien si je me trompe.
((Tend la main pour conclure l’accord selon certaines conditions.))
Re: La Veine et les Artères
Posté : ven. 18 oct. 2024 02:10
par Mitya
La pauvre avait beau gigoter ce malheureux fongus dans tous les sens rien ne fit. Ils se dirigeaient toujours irrémédiablement en direction de la chute. Ne comprenant pas pourquoi ça n'avait pas marché, elle fronça les sourcils et gonfla les joues d'incompréhension. Elle oublia alors, l'espace d'un instant, ce qui était en train de se passer, portant toute son attention sur ce champignon têtu et incompréhensible.
Sa réflexion quant au fonctionnement du sporophore qu'elle tenait en main s'arrêta instantanément lorsqu'un choc cogna leur tonneau, lui faisant lâcher son compagnon. S'en suivit alors un cri atroce mêlant stupeur et désarroi.
« Noooooon !!! »
Son qui accompagna sa chute lorsque qu'un des tonneaux de leur embarcation se brisa, détachant ainsi le leur du reste du groupe.
Trop effrayée par la chute, elle ferma les yeux et serra fort le corps inerte de sa camarade pour éviter que celle ci ne décède à l'arrivée, le crâne explosé tel un œuf fracassé sur la roche au pied d'un arbre. Quand enfin elle rouvrit les yeux, sa vision mit un certain temps à se stabiliser. Sa tête avait violemment frappé ce qui semblait être un lac souterrain dans lequel elle bataillait à se maintenir hors de l'eau. Avant même d'analyser son environnement, ses yeux se posèrent sur son compagnon d'aventure, flottant tranquillement près d'elle. Faisant preuve d'une énorme joie, elle sauta pour rattraper celui-ci avant qu'il ne s'imbibe entièrement d'eau puis se retourna, le sourire aux lèvres vers ses camarades. Ou plutôt sa camarade car la deuxième était sur le point de couler.
D'une grâce digne d'un canidé, elle alla repêcher celle qui avait été si proche d'elle durant sa chute. Seulement elle n'avait pas l'aisance de son amie à la peau bleutée qui elle aussi, d'ailleurs, était dans l'embarras. Un soupire pour se donner du courage avant de patauger en direction de la rousse. Mais les deux mains prises, il était difficile de progresser. Il lui fallut donc coincer le champignon entre ses dents afin de pouvoir traîner l'elfe blanche avec elle. Embarrassée et complètement dépassée par ses deux camarades et l'eau, elle n'était plus si sûre de réussir à aider tout le monde. Par chance, à force de gesticuler dans l'eau elle finit par apercevoir de pauvres planches de bois, seuls témoins de ce qui fut leur embarcation, et finit par charger l'elfe bleue sur l'une d'elle. Ce n'était pas miracle, mais ca avait au moins le mérite de faciliter le trajet jusqu'aux quais.
[Il me semble que je dois prévenir ici que j'ai fini de faire tourner mon champignon dans les Voies Médianes également !]
Re: La Veine et les Artères
Posté : ven. 18 oct. 2024 18:39
par Leyna
L'entreprise fut couronnée de succès. Là était l'essentiel. Leyna sourit, se laissant porter la le courant tout en dissimulant au mieux la douleur qui montait dans sa jambe. Elle ferma les yeux et se laissa emporter jusqu'à la chute d'eau, confiante dans le sort que Moura lui réserverai. La vie ou la mort, ce serait à elle d'en décider, maintenant...
… la douleur était lointaine. Car la force permet d'ignorer la douleur. La douleur était lointaine car ceux qui croient en leur destin savent que la douleur est comme le doute : un simple ralentissement qui obscurcissait l'esprit sans rien apporter en retour. Quel était ce lieu ? Elle l'ignorait. Où était passé le capitaine ? Elle l'ignorait. Où tout cela allait la mener ? Elle l'ignorait.
Mais elle savait que sa vie, comme la marée, pouvait sembler douloureusement basse, mais qu'elle n'en finirait pas inévitablement pas remonter...
… une traction lui fit ouvrir les yeux. Une des enfants elfes était tombé avec elle et l'avait repêché, la tirant vers un radeau de fortune. Elles étaient tombée dans une vaste caverne sous-terrain artificielle, qui servait apparemment d'embarcadère. Elle avait déjà rattrapé une autre elfe qui était tombée avec eux, toujours inconsciente. Peinant toujours à bouger, Leyna s'accrocha comme elle put au radeau et sourit vers sa sauveuse :
« Soyez bénie. Je suis Leyna'sëraya de Moura, fille des deux océans. J'ignore dans quelle galère nous sommes embarqué, mais je ferai de mon mieux pour vous aider comme vous m'avez aidé. »
Re: La Veine et les Artères
Posté : ven. 18 oct. 2024 21:02
par Yliria
Post squelette
- Suit la Capitaine
-Discute avec Ezak
-Se rend auprès du Gardien du puit.
Re: La Veine et les Artères
Posté : ven. 18 oct. 2024 23:11
par Akihito
Post squelette
Discussion avec le responsable des lieux
"Tout comme mon compagnon, j'accepte selon les mêmes conditions. Mais une chose m'inquiète, vous n'avez pas eu l'air de prendre trop en considération nos inquiétudes vis à vis de la tête du Dragon Noir... Que comptez vous en faire ?"
Re: La Veine et les Artères
Posté : sam. 19 oct. 2024 15:34
par Cromax
La Cité des Ombres
La Veine et les Artères
Jour 1 – milieu d’après-midi.
Dans l’eau, trois elfes faisaient flic-floc. Mitya se débattait pour rester à la surface, encombrée qu’elle était par le corps inerte de Silmeria. Mais elle y parvenait tant bien que mal. Leyna, qui s’était appurée sur un débris de planche du tonneau (pas assez large pour grimper dessus, mais juste pour s’y agripper), put laisser ses fesses se reposer un peu de leur crispation douloureuse. Ce n’est hélas pas comme ça qu’elles allaient rejoindre les quais du bord du lac souterrain. Mais un guetteur bienveillant avait fini par intervenir. Deux rameurs menèrent une embarcation, pas très grande mais assez pour se tenir debout sous la toile qui lui servait de toit.
L’un des deux bateliers s’approcha de la proue et lança une corde à l’eau. Lorsqu’il découvrit celles qu’il allait sauver, trois drôles de dames dont l’une à la peau bleutée, il fit une tête à nul autre pareil. Mélange de stupeur, de doute et de questionnements profonds.
Son partenaire, bien plus flegmatique, se pencha par-dessus bord pour aider les demoiselles à grimper sur l’embarcation. Soulevant d’abord Silmeria de l’eau, avant d’aider Mitya puis Leyna à monter sur le pont. Ses yeux bleus reflétaient les flots, et sa moustache bougea en un sourire léger.
« Hé bien, mesdames, d’où tombez-vous donc ainsi ? »
Mais elles n’eurent guère le temps de répondre que des cieux de pierre, deux autres individus churent à l’eau. La chute fut moins douce, ou en tout cas plus angoissante : arrivés, après cinquante mètres de chute libre, à hauteur de la Voie Médiane inférieure, ils constatèrent que le trou menant plus bas… se refermait. Un disque métallique glissait sur lui-même, comme la lune obscurcissant le soleil lors d’une éclipse, pour fermer le passage. Par chance, ils passèrent in extremis sans percuter l’obstacle, ce qui leur eut été fatal, et tombèrent dans l’eau glacée du lac souterrain. La table qui les suivait manqua de s’écraser sur la tronche du Capitaine Pirate, mais il s’en sortit d’un plongeon magistral, habitué à la navigation. Le chauve, toujours aussi empli de perplexité, envoya une nouvelle cordée aux deux arrivants, afin qu’ils s’en emparent pour se faire tracter jusqu’à la barcasse.
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Les rues qu’empruntèrent Ezak, Yliria et leur élégante escorte du Soleil Noir étaient nettement moins bondées que la Veine, cet endroit central donnant sur les Voies supérieures. Ici, le plafond était plus bas, les rues de tailles différentes et les habitations de facture modeste. Pas d’une grande richesse. Au détour d’un quartier, qui les fit rejoindre une artère plus large, celle qu’avait empruntée Xël et Akihito quelques instants auparavant, le quatuor tomba sur une petite troupe à l’allure inquiétante, mais aux couleurs du Soleil Noir. Une sorte de crâne était peint sur la visière de leur casque, rendant à leur allure un côté menaçant. Armure lourde, bien plus que celle des soldats croisés précédemment par Ezak, ils étaient armés d’espèces de matraques métalliques. Une quinzaine de soldats d’élite.
Ezra, les voyant, s’exclama d’un ton autoritaire :
« Ah, vous voilà ! Venez avec nous. »
Ils obtempérèrent sans discuter l’ordre, ce qui donnait à la scène un côté presque ridicule tant leur stature imposante contrastait avec la silhouette plus frêle, quoiqu’autant armurée, de leur capitaine. Elle se permit de brève présentation aux yuimeniens.
« Voici ma force de frappe : Le Groupe d’Intervention contre les Grosses Nuisances. »
Ils s’en allèrent donc vers le puît de lumière, où ils aperçurent les silhouettes de leurs compagnons en pourparlers avec un être lumineux (voir màj précédente pour son portrait).
Avant l’arrivée de la troupe, du côté de Xël et Akihito, le Gardien avant écouté leurs derniers dires sans la moindre réaction émotionnelle. De sa poigne gantée, il serra la main de Xël, qui se sentit comme… investi d’un pouvoir nouveau, non maîtrisé. Lorsque le Gardien le lâcha, sa main luisait d’une lumière dorée, qui s’estompa rapidement.
Il tendit la main à Akihito à son tour, précisant :
« Ne vous inquiétez plus de cette tête, nous allons la gérer de notre côté. Nous vous en donnerons des nouvelles sous peu. La marque sur votre main nous permettra de voir par vos yeux et d’entrer en contact avec vous. »
Qu’Aki ait ou non serré la main, il se raidit subitement, regardant par derrière eux. La petite troupe du Soleil Noir, accompagnée de deux visages connus, approchait. Avant qu’ils arrivent à portée de voix, le Gardien leur souffla :
« Nous comptons sur votre discrétion. »
[HJ : On entre en phase de discussion. On peut la régler en plusieurs màjs ici, chacun insérant son intervention au sein de son post, ou on peut réaliser deux channels de discussion sur Discord, selon votre préférence. Attention, il s’agit de deux groupes de 4, donc c’plus complexe d’organisation que si vous n’étiez que deux. J’attends l’accord de TOUS les participants pour les créer, sinon la première option sera choisie.]
[XP :
Ezak : 0,5 (discussion), 0,5 (balade)
Xël : 0,5 (discussion), 0,5 (serment)
Mitya : 0,5 (post 1), 0,5 (post 2)
Leyna : 0,5 (plif plouf)
Yliria : noté quand complété
Akihito : noté quand complété.]
Re: La Veine et les Artères
Posté : lun. 21 oct. 2024 18:40
par Xël
Akihito accepte avec les mêmes conditions que moi, s’inquiétant de ce qu’il va advenir de la tête du Dragon, remarquant que notre interlocuteur ne semble pas s’en inquiéter. Il saisit ma main pour conclure l’accord et si ce que je ressens à ce moment est une preuve de sa magie alors lui, et j’imagine ses semblables, sont incroyablement puissants car je me sens investie d’un pouvoir immense et incontrôlable. Un pouvoir qui laisse une marque lumineuse sur ma main lorsqu’il la relâche. Je l’observe avec curiosité tandis qu’elle s’estompe rapidement.
Il répond au fulguromancien de ne plus s’occuper de la tête et j’ai le sentiment à présent que c’est en effet un problème qu’ils peuvent gérer. Il assure en plus que nous en aurons bientôt des nouvelles, notre nouvelle marque leur permettant de communiquer avec nous et de voir à travers nos yeux. Il se raidit soudainement et regarde par dessus notre épaule. Je tourne la tête pour suivre son regard et aperçois Ezak et Yliria accompagnés d’une troupe de personnes arborant une armure avec un symbole identique. Je reconnais même celle qui était à la tête de la patrouille qui voulait nous interpeller devant la boutique du borgne.
Les deux Yuiméniens n’ont pas l’air d’être aux arrêts et ne semblent pas être sous la contrainte non plus. Je leur fait un grand signe de la main avec un sourire rassurant après que le Gardien du puit fait remarquer qu’il compte sur notre discrétion. J’ignore si cela signifie que je ne dois rien dire aux autres Yuiménien mais ce qui est certain c’est que le Soleil Noir ne doit pas le savoir, leur bastion étant désigné comme un lieu d’observation que leur lumière ne peut pas atteindre, ça et la cité inférieur. Il a aussi parlé des Tréfonds même si il a précisé qu’il ne nous demanderait pas d’aller jusque là. Ça laisse entendre beaucoup sur le lieu que c’est.
Une fois à portée de voix je prends la parole:
« Content de voir que vous allez bien ! Vous vous inquiétiez ? Tout va bien par ici, ce charmant monsieur nous assure qu’ils peuvent se charger de la tête de Dragon et étant donné que nous ne savions rien de ce monde il accepte de passer l’éponge tant qu’on se tient tranquille. Il ne reste plus qu’à trouver les autres et à coopérer en bonne intelligence pour qu’on puisse retourner chez nous une fois assuré que le Dragon Noir est bel et bien neutralisé. N’est-ce pas ? »
Demandais-je d’un regard au Gardien à côté de moi.
Re: La Veine et les Artères
Posté : lun. 21 oct. 2024 21:04
par Ezak
À mesure que nous progressions à travers les dédales de la cité souterraine, les rues se faisaient de plus en plus désertes. Mon regard se portait avec une curiosité incessante sur tout ce qui m’entourait : les habitations austères, les individus qui y résidaient, leurs comportements. Chaque détail m’était nouveau, et donc, tout paraissait fascinant.
Soudain, au détour d’une ruelle, nous tombâmes sur un groupe d'une quinzaine de soldats qui ne semblaient pas appartenir aux contingents habituels. Ils étaient lourdement équipés, leurs corps protégés par des armures de plates sombres qui ne laissaient aucune partie exposée. Sur leur poitrine, trônait un emblème distinctif, évoquant un symbole de soleil noir. Ce qui frappait le plus était leurs casques ornés d’une tête de mort, un choix qui renforçait leur aspect imposant. Chacun d'eux tenait fermement une masse d'armes tout aussi sombre et menaçante. En tant que spadassin, je discernais aisément qu'avec ce type d'armes ces hommes n’étaient pas de ceux qui s’embarrassaient de subtilité dans l’action.
Le capitaine Beaufort les héla d’un ton autoritaire et sans attendre, ils obéirent, se rangeant derrière elle avec discipline. Elle les présenta ensuite sous le nom du "Groupe d’Intervention contre les Grosses Nuisances"—un titre quelque peu long et pompeux à mon goût. Pour ma part, je me contenterai de l'acronyme qui en découlait. GIGN était bien plus succinct et adapté.
J'observai les soldats avec l'œil critique de l’officier que j’étais autrefois, comparant instinctivement leur allure à celle de feu mes propres hommes.
« Hmmm… Pas mal. Ils en imposent. » consentis-je finalement à dire, m’adressant au capitaine avec un demi-sourire. « Reste à voir ce qu’ils valent sur le terrain, ce n'est que dans ces conditions que l’on voit qui est qui.»
À cet instant, j’aperçus au loin des silhouettes familières : Xël, accompagné de l’autre homme, et d’une troisième figure nouvelle. Cette dernière semblait être un membre des Lumineux, reconnaissable à sa peau sombre, revêtu d’une armure somptueuse en or et blanc, décorée de motifs finement dorés. Ses yeux brillaient d’une lueur dorée surnaturelle, accentuant encore davantage son apparence mystique.
(Encore ces étranges yeux illuminés… Ces êtres étaient décidément bien singuliers.)
Bien que je n’éprouvais pas de sympathie particulière pour les Lumineux, si l’on se fiait à ce que j’avais entendu à leur sujet, je constatais toutefois que Xël et son compagnon ne semblaient pas en danger. En fait, Xël paraissait même détendu et nous salua de la main en nous apercevant au loin. Il prétendait que tout allait bien, que les lumineux voulaient s’occuper de la tête et qu’ils pardonnaient les crimes que nous aurions pu commettre. Il utilisa même le terme “coopérer” qui me fit tiquer fortement. J’avais écouté attentivement tout ce qu’Ezra Beaufort m’avait dit et la coopération ne semblait pas faire partie d’un lexique que connaissait ces “Lumineux”. Ils avaient plutôt l'air de parfaits dictateurs. Je lâchai bas à l’intention du capitaine de sorte à ce que d'autres n'entendent pas.
“Depuis quand ces Lumineux coopèrent avec qui que ce soit ?”
Puis je m’adressai à Xel à voix haute.
“Je suis heureux de vous savoir bien portant Ser… Xël.” Me repris-je me rappelant qu’il n’était pas encore adoubé. “J’aurais été fortement attristé de devoir annoncé une mauvaise nouvelle à Dame Méli et de devoir venger l’honneur d’un héros du Royaume. Je crois que avons de nombreuses choses desquelles nous devons discuter à son propos et j’ai hâte de pouvoir le faire au calme. ” lâchai-je dans un sourire avant de jeter un regard à ce fameux Gardien, sans m’adresser à ce dernier directement.
“Ils peuvent bien garder la tête du Fléau Noir si ils veulent. Elle à l’air inoffensive dans cette cité d'immortelles, alors je suppose que sa place est mieux ici que chez nous où elle risquerait encore de menacer bien trop d’innocents qui n'ont pas cette ... particularité locale. Mais si je peux me permettre, que voulez-vous dire exactement par "coopérer en bonne intelligence ? Que nous proposent-ils ?”
Re: La Veine et les Artères
Posté : lun. 21 oct. 2024 22:44
par Yliria
A mesure que je suivis les capitaines et Ezak, la cité sembla évoluer. Les rues étaient différentes dans ces quartiers : plafond plus bas, demeures plus modestes, rues moins bondées. Une différence de richesse, sans doute. Peu importait le monde, l’argent et le pouvoir semblaient encore régir celui-là et on en avait la preuve sous nos yeux, en plus des dires des deux capitaines. Pas de bol, je n’étais ni riche ni puissante au sens politique du terme, donc il allait falloir trouver d’autres moyens pour obtenir ce qu’on voulait. Mais pour l’heure, une seule chose m’importait vraiment : retrouver Xël et, surtout, Akihito.
Soudainement, un groupe de type en armure noire casqués d’un crâne déboula au détour d’une rue. D’instinct, je portai la main à Stellarhyss, mais Beaufort en était visiblement la cheffe et leur ordonna comme ordre de nous suivre. Elle nous les présenta et… C’était quoi ce nom ridicule ? Grosses nuisances ? Et pourquoi pas Enormes Emmerdeurs ou Epais Malandrins ? Je me gardai bien d’émettre le moindre commentaire vexant et suivis le mouvement. J’entendis Ezak complimenter l’allure de la force d’intervention de Beaufort. Essayait-il de se mettre la capitaine dans sa poche ou était-il sincère ? J’étais bien plus d’accord avec la deuxième partie de sa remarque. Avoir l’air menaçant c’est bien beau, mais si on n’est pas foutus d’agir, j’en voyais mal l’intérêt.
(Si tu te peins un crâne sur ton masque…)
(Mouais… Je préfère ne pas avoir l’air trop menaçante. Être sous-estimée c’est bien plus efficace.)
(Plus grand monde te sous-estime sur Yuimen, t’es connue maintenant.)
(Une chance qu’on ne soit pas sur Yuimen… Enfin, façon de parler.)
J’aurai préféré qu’on y soit, que tout soit rentrer dans l’ordre et que je puisse enfin avoir un peu de temps avec Akihito. On n’a pas eu une seconde à nous depuis cette nuit et voilà qu’il disparait, emmenée par ces Chevaliers… s’il lui est arrivé quelque chose… Mon cœur se serra à cette idée. On venait à peine de se trouver et voilà qu’on arrivait sur un monde inconnu, avec tout un tas de bordel à gérer et aucune idée de comment rentrer chez nous. Cinq minutes de répit avec Aki c’était trop demandé ? Sérieusement…
Finalement, j’aperçus un être vêtu d’or et de blanc. Sans doute le fameux gardien. Et à ses côtés, se tenait Xël, bien vivant et entier. Et à ses côtés… je sentis tout le poids de mes épaules disparaître d’un coup. Il allait bien. Il était vivant, entier et visiblement en pleine conversation. J’eus l’étrange envie de lui en coller une et de l’embrasser à le voir là après qu’il se soit jeté dans le vide, plus tôt. Qui fait ça ? QUI ? Par les dieux, j’allais le… j’inspirai profondément, fis craquer mon cou et bandai mes muscles avant de sprinter directement sur lui, sans vraiment trop m’inquiéter des capitaines et autres spectateurs. Xël nous vit et Akihito commença à se tourner, juste assez pour que je le percute de plein fouet en l’enlaçant. Je ne m’attendais pas à ce qu’il se vautre, par contre, en m’entrainant avec lui, mais ça en valait la peine, vu sa tête. Je le saisi par le col de son armure pour le redresser assez pour qu’il me regarde droit dans les yeux.
« Te jeter dans le vide ? Sérieusement ? T’avais pas pire idée espèce d’abruti ?! La prochaine fois je te jure que c’est moi qui te balance dans le vide si t’as l’idée de remettre ça espèce de... de… »
Le voir là, vivant… j’étais tellement soulagée. Toute la tension accumulée depuis que je l’’ii se jeter dans le vide et être emmenée par ces Chevaliers venait de s’écouler comme un torrent et j’inspirai profondément.
« Me refais jamais ça, Aki… »
Re: La Veine et les Artères
Posté : mar. 22 oct. 2024 16:21
par Akihito
Lorsque l'homme de lumière et Xël se serrèrent la main, un doux éclat de lumière s'en échappa. La poignée de main fini, je vis sur la paume de l'aéromancien comme une fissure de lumière lentement s'éteindre. J'étais curieux : quel était sa signification ? Un pacte, une sécurité de ces êtres pour s'assurer de notre bonne conduite ? Un peu des deux, car je l'appris quand il me tendit la main à mon tour, tout en répondant à mon inquiétude sur le Shinigami.
« Ne vous inquiétez plus de cette tête, nous allons la gérer de notre côté. Nous vous en donnerons des nouvelles sous peu.»
Ca, c'était une bonne nouvelle.
« La marque sur votre main nous permettra de voir par vos yeux et d’entrer en contact avec vous. »
Ca, en revanche, ça me plaisait nettement moins. Ces êtres de lumière n'avait pas vraiment l'air de vouloir s'embarrasser de ce que les humains lambda comme nous pouvaient penser. Il avait royalement évité la moitié de nos questions et s'était contenté d'exigé ce qu'il voulait de nous. Quelque chose ne me plaisait pas là dedans, j'avais l'impression de jouer dans un jeu dont je n'avais pas tous les aboutissants. Et cet espionnage... Si a tout moment, il pouvait voir à travers nos yeux, ça nous rendait très vulnérable.
Non, franchement, j'aimais pas ça. Mais j'avais pas le choix... Si ? Je considérai la main, tout en levant la mienne. J'avais besoin d'un peu plus d'informations pour prendre ma décision.
« Voir à travers nos yeux ? Et ca va se manifester comment ? Je veux dire, si on doit s'infiltrer et que nos yeux se mettent à briller sans raison, on va- »
Je m'interrompis en le voyant se raidir, et son regard impassible se teinter d'une tension imperceptible mais bien réelle alors qu'il regardait derrière nous. Tendant l'oreille, j'entendais maintenant le cliquètement du métal sur le métal et la pierre, annonciateur d'un groupe important nous rejoignant. Et ça n'avait pas l'air de plaire à notre futur nouvel employeur. Par contre, je n'aurais pas su dire s'il était méfiant, anxieux ou juste ennuyé de l'arrivée de ces invités imprévus.
« Nous comptons sur votre discrétion. »
Au moins, ça me laissait un peu plus de temps pour moi.
« Content de voir que vous allez bien ! Vous vous inquiétiez ? »
Ah ? Je regardai Xël qui s'était déjà tourné pour faire face aux nouveaux venus.
(Des Yuiméniens ?)
(Pas que, et- Oh. Comète en approche.)
J'aurais bien demandé plus de précision à Amy sur cette comète, mais une cavalcade de pas précipités m'alerta. On courait. Vers nous. Et sacrément vite.
Je fis volte-face, portant la main à la Kizoku-Rana : si quelqu'un voulait se venger de moi pour le chaos que j'avais provoqué... J'étais prêt à en payer les conséquences, mais pas de ma vie. J'avais encore des choses à faire, des gens à revoir. Une personnes en particulier...
Une personne qui était en train de me foncer dessus. Mes yeux s'écarquillèrent alors que je lâchais ma prise sur mon arme et écartai les bras pour encaisser l'impact. Trop tard : Yliria me percuta m'enserra dans ses bras, sa vitesse suffisant à me faire chuter sur le dos malgré son petit gabarit. J'eus le souffle coupé et me trouvai étalé au sol, un peu sonné et dominé par un visage où se mêlait inquiétude, soulagement et agacement. Deux mains agrippèrent le col de mon manteau et me redressèrent approchant mon visage du sien alors qu'elle me tançait.
« Te jeter dans le vide ? Sérieusement ? T’avais pas pire idée espèce d’abruti ?! La prochaine fois je te jure que c’est moi qui te balance dans le vide si t’as l’idée de remettre ça espèce de... de… »
Elle me secouait dans tous les sens tout en me réprimant, rendant le rire heureux qui montait en moi en un hoquet haché tandis que mon souffle revenait difficilement. Elle était là. Elle n'était plus un corps inerte entre mes bras. Elle était en vie. Xël et les autres n'existaient même plus : il n'y avait dans monde, dans ma vue que les traits vivants que je voulais voir animés, des yeux mouchetés d'or qui reprenait lentement une douceur, un souffle court s'échappant de lèvres qui me faisaient terriblement envie.
« Me refais jamais ça, Aki…
- Désolé, Yli, mais si c'est pour toi, je resauterai cent fois me frotter au Dragon Noir s'il le faut. »
Je l'entendais déjà râler, me dire que j'étais un abruti et que je savais très bien ce qu'elle voulait dire. Mais elle aussi savait ce qui se cachait derrière mes mots.
Elle avait ce pouvoir sur moi, de me faire oublier l'espace d'un moment tous mes soucis, la culpabilité de ceux qui souffraient le corps en miettes, mes doutes sur l'homme ailé. Passant un bras derrière sa nuque, je l'attirai pour couper court à ses réprimandes et l'embrasser. Car c'était tout ce qui comptait pour moi, maintenant.
Re: La Veine et les Artères
Posté : mar. 22 oct. 2024 16:41
par Cromax
[Entrefilet]
« Exact. » rétorque le Gardien du Puits à Xël, très sommaire dans son intervention. Il a récupéré sa main pour lui avant que le groupe armé arrive à leur hauteur, laissant traîner son regard un peu plus longtemps sur Akihito, sans qu’on puisse deviner les pensées derrière ce masque inexpressif.
Ezra, au commentaire d’Ezak concernant les Lumineux, réagit d’un
« Pchhht. » intimant au guerrier de ne pas aborder le sujet pour le moment. De se la fermer, en somme.
Ce fut le gardien qui répondit à la question d’Ezak.
« Un simple échange de services. Mais n’ayez crainte, celui-ci sera le responsable du bon déroulé des choses. Nous voudrions prioritairement recenser chacun des vôtres, afin de ne laisser échapper aucune information ou de devoir intervenir violemment contre l’un d’entre vous sans connaître son identité. Cet autre pourrait prendre cet objectif en charge ? »
Il désigna Xël, puis Akihito. Puis il décida de ne pas prêter attention aux deux amants roucoulant baveusement dans leur coin. Ezra leva les yeux au ciel, agacée, sans lâcher du regard le Gardien, auquel elle répondit :
« Nous nous chargeons d’ores et déjà de recenser ces arrivants, votre Seigneurie. Nul besoin pour vous d’intervenir, vous aurez prochainement notre rapport. »
Il la fixa du regard, sans rien dire. Shirel, elle, regardait sans retenue les lèvres se mêler de langues saliveuses des deux amoureux retrouvés. Une curiosité qui la fit s’approcher des deux, comme pour analyser la chose d’un air curieux et troublé.