Les Bouges

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Ezak
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Re: Les Bouges

Message par Ezak » ven. 6 juin 2025 19:48

Le campement des Maraudeurs Noirs se tenait figé dans une sorte de calme tendu. Le temps me parut presque long dans ce silence relatif, avant que ne réaparaisse le colosse aux deux épées. À sa suite, une quinzaine d’hommes formaient une ligne discrète. Ils traînaient la misère derrière eux, vêtus de loques, les armes rares et émoussées. Une belle bande de bras cassée à première vu. Bataillon-la-Misère aurait pu être leur appellation. Celui qu’ils semblaient suivre, tout aussi singulier, se présenta comme Capitaine Hart. L’homme était un brin… excentrique.

Il avait la dégaine d’un chien de guerre abandonné au bord du chemin. Cheveux hirsutes, barbe mal entretenue, ses vêtements en lambeaux pendaient à ses épaules comme une peau trop grande. Mais son regard… cet unique œil droit exprimait une certaine vivacité d’esprit.

« En effet, c’est bien l’homme que j’avais rencontré à Kochii. » glissai-je à mes compagnons. Revoyant cet homme, celui-là même qui faisait partie de l’équipe envoyé par Kandrâ-Kâr sauvé mon père. L’un de ceux qui m’avait confirmé l’entente entre mon père et Karsinar. Comment pouvais-je oublier ce visage ?

Alors qu’il s’immobilisait à quelques mètres de nous, une autre silhouette émergea du campement, l'air tout aussi peu engageant. L’homme avançait d’un pas assuré, presque suffisant. Un faciès de brute patibulaire, couturé de cicatrices, la moitié du crâne rasée, tatouée jusqu’à la tempe. Son œil gauche était laiteux, mort, mais l’autre brillait d’une vigilance glaciale. Une moustache épaisse et un bouc soigneusement entretenu donnaient à sa

Je lâchai, plus bas encore, à la seule intention de mes comparses : « Oh ?! Deux borgnes pour nous accueillir… Vous pensez que c’est leur manière d’avoir un œil sur tout ? »

Un sourire fendit mes lèvres, discret, presque complice. Mieux valait garder la langue vive, pour oublier la tension qui flottait.

L’homme se campa, non loin de nous. Il avait ce port de tête des hommes qui ont a appris à commander par la peur. Il ne demanda pas la parole. Il la prit.

“Dragh, intendant du camp. Parait qu’y’a des indécis ici qui savent pas quoi faire de nos formules ‘tout compris’.”

« Je suis Ezak, et ici je ne suis personne... Quant à vos formules “tout compris”, c’est pas le genre de buffet qu’on picore sans en connaître le prix. Alors on prend le temps de regarder la carte, de discuter des termes… et peut-être qu’on commandera. »

Je fis un pas vers lui, sans agressivité, simplement pour m’ancrer dans l’échange. Bras croisés, regard droit.

« Mais si vous êtes l’intendant, alors vous êtes aussi celui qui sait combien chaque chose coûte et rapporte. Nous cherchons à faire diffuser un message dans les Bouges, quel serait votre prix ? »

L'intendant se para d'un sourire un peu narquois avant de reprendre.

"Voyez vous, cher potentiel client, nous sommes une association qui vise à l'égalité des chances. Ainsi nos tarifs varient entre 'Tout ce que vous avez' ou le 'proposez sans nous décevoir' pour ce qui est d'une protection durable et assurée. Le reste est plus simple : votre bras, votre fidélité... ou tout votre corps. De fait, un service comme celui que vous demandez saura être compris dans la formule 'Protection' moyennant quelques discussions préalables." Il surjouait ce rôle de marchandage de manière théâtrale, ne se souciant guère des trois autres.

Hart, lui m’interrogea sur la nature du message.

« Un message qui n’évoquera rien de sensé pour aucun d’entre vous. Mais mettez-vous en tête que notre but est de ramener tous les enfants de Yuimen chez eux. »

Et je pivotai lentement vers l’intendant, relançant la conversation avec un ton feintement amusé :

« Hm. Jolie question. »

Je le regardai comme un marchand scrute une balance, pesant plus les intentions que les mots.

« Mon bras droit est déjà pris. Mon corps est capricieux, et ma fidélité… disons que certains ont regretté d’avoir cru l’avoir. »

Un silence, un souffle. Puis, dans une fausse réflexion :

« Sauf si vous préférez mon oreille gauche. J’en fais peu usage…. »

Le rictus se dissipa. Je repris mon sérieux, plus grave :

« Je crois qu’on va rester sur l’option protection. Nous, tout ce que nous voulons, c’est diffuser notre message. »

Mon regard glissa vers Xël, la question prête :

« Qu’est-ce qu’on a pour le payer ? »

Xel se tourna à vers l’intendant, se détournant d’une discussion parrallèle entamé avec le pirate, affirmant que nous avions un petite quantité d’or.

« Ça parle à quelqu’un, un groupe de mages ? »

L’intendant, sans perdre une seconde, tendit la main vers moi, ses lèvres se tordant dans un demi-sourire :

“Un peu ? Comment ?”

Puis, d’un mouvement souple, il se tourna verx Xel et Hart rentrant dans leur discussion. Le pirate cherchait à savoir sous l’impulsion de Xel si ses suivants avaient entendu parler de mages. Et ils savaient quelque choses, au vu de l’attitude de certains mais tous ne semblaient pas vouloir le dévoiler.
Je me permis de répondre à l'intendant qui s’interrogeait sur le pourquoi des mages nous mènerait dans les Bouges?

« On n’en sait rien du pourquoi. C’est qu’une hypothèse, pour le moment. On est arrivé ici magiquement, alors les responsables maîtrisent donc forcément la magie— et au pire, ce seront encore les plus à même de nous aiguiller. Si la magie nous a amené ici, c'est elle qui nous permettra de rentrer. »

Puis, je me tournai vers Xël attendant qu'il paye notre interlocuteur.

Il plongea sa main dans se bourse sortant une pièce d’or et demandant le service que l’on pouvait obtenir pour cette somme.

L’intendant, lui, n’attendit pas qu’on reprenne notre souffle. Ses yeux se posèrent sur la pièce que Xël avait sortie — un éclat de métal étrange, assez pour piquer la curiosité de n’importe quel chacal à l’affût.


"Pas mal. Pas mal du tout. Mais... vous semblez en posséder bien plus. Notre volonté d'équité est réelle, et votre mécénat serait apprécié à la juste valeur de vos possessions..."

La réaction me tendit quelque peu. Je fronçai les sourcils. Il essayait de nous pousser à plus, il flairait un trésor caché derrière nos airs expérimentés. Et puis ça voulait dire quoi “ la juste valeur de nos possessions. Le quart ? La motié ? Les deux tiers ? Et qu’en savait-il de nos possessions. Je n’aimais pas ce flou dans les négociation.s Il ressemblait au même désagréable sentiment que j’avais eu avec la fille des Carmin. Tourner autour du pot, pour essayer d’obtenir plus, ça devait être une méthode ashaari..Je m’apprétais à répondre mais une information venant de la bouche de Sirius, alléguant que ceux étant allés sur Aliaénon imputaient à Silmeria notre présence sur Ashaar, détourna mon attention quelques secondes. Je glissai donc dabord un regard surpris à Hart, puis à Xël accusant information. Ce n’était pas vraiment ce que Xël m’avait dit.

Je me permis alors d’avancer de quelques pas, assez pour planter mes mots comme une lame à portée de gorge. Mon ton resta calme, mais portait cette fermeté qu’on apprend dans les plaines : celle qui évite les combats inutiles.

« Les apparences sont parfois trompeuses… Nous avons l’air d’avoir plus, mais ce n’est plus le cas. Les Carmins nous ont déjà bien siphonnés après notre passage à la bataille du Don. Vous devez savoir ce que ça coûte de remplacer des membres… et des organes. »

Je marquai une pause. C’était un mensonge bien entendu, mais mieux valait pas crier ses possessions reelles devant ce genre de chacals.

« L’équité… encore une de vos charmantes notions humanistes. Chez vous, elle ressemble surtout à un test de générosité forcée. Mais voilà le souci : le mécénat ne fait pas partie de nos fonctions. Nous ne sommes pas là pour financer votre camp. Ce qu’on est venus chercher, c’est un service. Et ce qu’on vous offre là, c’est une preuve de bonne volonté, pas l’ouverture d’un coffre-fort. »

Je le fixai droit dans l’œil — l’unique. Son regard ne cilla pas, mais je savais qu’il écoutait. Ces types-là pesaient chaque syllabe comme une promesse à trahir plus tard.

« On parle ici de faire diffuser un message, et après être passés chez les Carmins, nous savons ce que vaut exactement cette pièce. Et une chose est sûre : c’est bien cher payé pour un simple relais d’information»

Un silence s’installa. Pas tendu. Juste assez pour que mes mots résonnent. Puis, d’un ton plus posé, presque didactique :

« Et si vous êtes un tant soit peu commercial, vous comprendrez qu’il vaut mieux traiter avec nous honnêtement aujourd’hui. Parce que demain, on pourrait revenir et acheter d’autres de vos services. Encore et encore… »

Je levai la main vers mes compagnons, les désignant d’un geste large :

« Regardez-nous. On est armés jusqu’aux dents. Et on sait s’en servir. On survivra longtemps ici. »
Je me tus. Il n’était pas question ici de jouer au coq. Juste d’exister. De prouver qu’on n’était ni des proies, ni des ennemis declarés. De simples types dans la galère qui auraient des raisons de revenir si ils étaient satisfaits. Le simple constat qu’il serait malin de penser à l’avenir plutôt que de nous plumer tout de suite.

Hart fit un pas vers moi, comme s’il craignait que l’atmosphère ne vire au carnage. Son sourire sonnait faux. C’était le sourire typique des arnaqueurs et des saltimbanques. Il essayait visiblement de prévenir une vive réaction de l’intendant.

« Ha ! Vous avez l'air d'y tenir à ce message, dites donc, c'est que ça doit être vachement important ! J'ai une proposition ! »
Il tourna sur lui-même, sautillant presque d’un interlocuteur à l’autre, jouant au marchand dans une halle fictive, un doigt levé pour rythmer ses paroles. Rien à dire, le pitre savait attirer l’attention. Il proposa à l’intendant de s’occuper nous. Que lui et ses hommes diffuseraient notre message et que nous en échange on les tiendrais au courant. Ça me paraissait assez équitable bien que je ne comprenais pas encore ce qu’impliquait exactement le “s’occuper” de nous.

Je le détaillai quelques instants dans cette tentative maladroite d’arrondir les angles. Il jouait l’homme de la situation, le négociateur providentiel, mais ses gestes trahissaient une certaine tension. Peut-être sentait-il, lui aussi, que cette mascarade pouvait déraper à tout instant. Ce message, oui, j’y tenais. Je voulais rentrer chez moi. Je fixai Dragh, scrutant ce visage buriné où l’ironie se logeait comme un parasite endémique. Il semblait peser ses options, mesurer la balance entre le profit et le profit… par le sang.

“Z'êtes retombé dans le premier degré ? Fallait prévenir. On n'est pas humanistes, et on rend pas des services. On enlève des gens pour les vendre, on rackette les faibles et on recrute les forts. Y'a pas de propositions intermédiaires, pas de demi-mesures ou autres conneries de ce genre. On est des maraudeurs, pas un service social. Et pas non plus commercial.”

Son ton tranchait, désabusé. Il ne vendait pas des mots. Il les assénait comme des coups de trique. Il pointa la bourse de Xël.

“Nos services ils se vendent à ceux qu'on protège, qui paient déjà pour cette protection. Ça c'est la base. C'est l'option que vous avez choisie. Cette pièce d'or, c'est votre 'abonnement' à nos services passifs. Faut raquer pour chaque demande supplémentaire. Votre message, on peut le faire passer. Aisément. Vous en avez besoin, et ce genre de truc se paie. En main forte, en prisonniers, en or, en armes. Y'a moyen de moyenner. Mais marchander, ça vous faites pas.”

Je notai le mouvement de sa main. Il venait de faire signe vers le camp. Et déjà, des silhouettes émergeaient des ombres – silhouettes armées, prêtes, silencieuses. Un avertissement muet.

“Ne vous avisez pas non plus de nous menacer. Même en sous-entendu. Vous savez sans aucun doute manier vos armes. Nous aussi, et nous sommes plus nombreux. Si je ressens le moindre danger de votre provenance, vous êtes détruits sur place. Suis-je clair ?”

Je retins une remarque acerbe. Il jouait à vouloir effrayer des loups. C’était vain.

Il se tourna vers Hart :

“L'offre de recrutement est toujours d'actualité. Si c'ui là veut vous prendre sous son aile, et la responsabilité de vos connerie, ça m'va. La Dame n'acceptera pas moins.”

Alors c’était ce que ça voulait dire “s’occuper” de nous. Rejoindre les maraudeurs sous le commandement de Hart. C’est à dire l’option fidélité. Leur donner mes bras. Outre le fait que je n’avais aucunement l’envie d’être sous le joug de ces sales types, nous étions affiliés officiellement aux Hordes. Multiplier les “ allégeances”, d’autant plus entre des factions qui se tapaient dessus chaque semaine ,ça nous retomberait forcément sur le coin de la tête, surtout avec une Capitaine du Soleil Noir à nos côtés. Et puis par la Couronne, il était gentil le Hart, mais aller me mettre sous les ordres d’un pirate…J’en frissonnais rien que d’y penser. Au moins dans les Hordes je n’avais pas un type au dessus de ma tête; Alors que j’émiettais toutes les bonnes raisons qui me poussait à refuser la corde au cou gentiment proposé, un des types du Bataillon-la-Misère s’excita en pointant Xël du doigt.

“Vous. Vous êtes souillés par la Lumière du Dehors. Un espion des Surfaciens !”

À cette accusation, une tension sourde fusa dans l’air comme une étincelle sur un tonneau de poudre. Les hommes de Hart eux-mêmes se raidissaient, tous muscles et regards tendus.

J’étais perturbé dans mon fort intérieur par cette accusation mais je ne comptais le montrer. Hors de question que je laissai apparaître le moindre signe de divergences entre nous. Xël, fidèle à lui-même, répondit avec calme, disculpant les allégations. Il ne semblait pas inquiet. Moi, je reportai mon attention sur l’intendant nullement impressionné par sa dernière tirade théâtrale. J’avais affronté des êtres plus mesquins, des créatures autrement plus effrayantes. Lui, il n’était qu’un homme dans un costume de brute. Je levai un sourcil, puis fouillai tranquillement dans mon sac, préparant une possible retraite. Je commençai a disposer mes fumigènes à ma ceinture, le geste calme de celui qui ne s’agite pas outre mesure.

« Il n’y a jamais eu de sous-entendus de mon côté. Votre réaction est excessive. » lâchai-je ennuyé.

Mais il y avait avantage à la tension soudaine qu’il avait voulu imposer. Il était devenu soudain plus clair sur le tarif de son option protection. Je préférais ça. Je sortis donc une nouvelle pièce d’or. La lumière y dansait comme une promesse.

« Revenons à nos affaires, maintenant que vous êtes clairs. Sa pièce pour la protection. Celle-ci, c’est pour le message. »
Le pirate se frappa le visage l’air ahuri par mes paroles. Sans doute ne comprenait-il pas pourquoi nous preferions payer que d’être sous le joug de vulgaires coupe-jarrets. Comme on disait en Ynorie ; ce que tu ne sais pas te dépasse, et il en était l’exemple à cet instant. Je jetai un regard bref sur les archers à l’arrière, tous postés comme des sentinelles muettes, puis du pouce, je fis tournoyer la pièce d’or dans l’air. Elle décrivit une spirale dorée avant d’atterrir dans la paume de l’intendant.

« La Noire a fini de jouer, elle a envie de revoir sa blonde, là où elles se sont vues la dernière fois. »

Un temps. Le silence. Puis je conclus, le regard ancré dans celui de l’intendant :

« C’est le message. »
Et cette fois, il n’y avait plus rien à discuter. L'Intendant Dragh eut un regard circonspect, avant d'exploser de rire.


"Oh merde ! Ca c'est du lourd, comme message codé. Pour sûr, personne va l'oublier. Pouahahaha."

Xel lui, s’avanca pour lui donner sa pièce en main propre, en tentant, je le sentais bien, d’éveiller son désir de liberté, mais l’homme en eu cure.
J’haussai les épaules à la réaction de l’intendant avant de conclure :

« Je crois que nous en avons finis ici. »

Je me tournai vers le pirate en particulier.

« On a rendez-vous avec d’autres yuimeniens d’ici deux jours, au bordel. C’est une zone neutre où on pourra discuter. On s’est dispersé pour glaner ce qu’on pouvait. Là-bas, on mettra tout en commun. Si vous voulez en être, vous savez où nous trouver. »

Le Capitaine avait l’air d’accord

"Vous verrez, en deux jours, je connaîtrai ces Bouges comme ma poche ! Si le capitaine Hart ne se distingue pas avec des infos géniales, il peut bien ranger son tricorne !"


Je le regardai s’agiter , trop enthousiaste, incapable de retenir un sourire en coin. Il en faisait des tonnes, mais au fond… il y avait quelque chose chez lui qui me rappelait moi. Cette volonté de croire que rien ne nous était impossible.

« Je ne doute pas que vous finirez par connaître les Bouges comme votre poche. Après tout, vous avez fait le choix de rejoindre ceux qui les vident." dis-je en jetant un oeil à l'intendant. " Faîtes attention à vous d’ici-là.» lâchai-je cette fois dans sa direction, avec sincérité. Ceux qu'il avait choisis de se coltiner ne paraissaient pas être des enfants de choeur. Je commençai à tourner les talons mais je m’arrêtai sur l’intendant paraissant dans mon champs de vision.

« Une dernière chose, Intendant… Il circule des rumeurs, des murmures étouffés qu’on attrape en tendant l’oreille. On raconte qu’autrefois, les Bouges étaient presque paisibles. Que le Soleil Noir se donnait corps et âme pour que chacun ait de quoi survivre… que l’intention était bonne, presque naïve. Et que ce sont les vôtres, les maraudeurs, et d’autres qui auraient décidé que ça ne se passerait pas comme ça. Que le partage, c’était pour les faibles, et qu’il valait mieux s’emparer de ce qui ne vous appartenait pas. Et qu’en quelques sorte vous seriez responsable collectivement de la situation chaotiques des Bouges. Rumeurs ou vérité ? »



"Vivez un certain temps dans les Bouges, et vous serez les premiers à profiter de votre force et armes pour garantir la survie des vôtres." Il secoua la tête. "Les Bouges n'ont jamais été en paix. C'est une prison surpeuplée et violente où trop peu de ressources sont envoyées pour que chacun puisse manger. A cause de ceux de la surface qui vivent dans l'opulence en nous laissant crever." Il cracha au sol.

"Nous battre pour les nôtres, voilà tout ce que nous faisons, là où d'autres cèdent au cannibalisme ou laissent d'autres se battre pour eux."

Il n'attendit pas de réponse et s'en retourna vers les siens.

Ezra clama, sombre : "Partons d'ici” Je commençai donc à m’éloigner. Attendant d’être arrivé assez loin pour lui glisser : "T'as reconne des types que tu as envoyé dans les Bouges ?"

Puis un peu plus fort :

"Blanche t'es dans le coin ?"

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Xël
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Re: Les Bouges

Message par Xël » ven. 6 juin 2025 22:53

J’avais vu juste en croyant reconnaitre la description du maraudeur, bien qu’il manque deux personnes sur les trois. Je retire mon casque pour me faire reconnaître du pirate et engager la conversation avec lui tandis qu’Ezak démarre les négociations avec l’intendant du camp. Un autre borgne, ce qui au passage inspire Ezak pour une remarque amusante, au visage grave et décoré de cicatrices.

J’invite le capitaine à échanger des informations mais il m’informe rapidement qu’il vient d’arriver, s’inquiétant plutôt de ce qui est arrivé au dragon noir. Je lui explique que la tête est entre les mains des lumineux et que j’ignore ce qu’ils comptent en faire. Je poursuis ensuite en lui expliquant que nous cherchons des mages capables de nous ramener chez nous avant de répondre à Ezak que nous avons un peu d’or pour acheter la paix avec les maraudeurs. Cela a le mérite d’attiser sa curiosité sur le nombre de pièces d’or que je possède. Je lui en dévoile une sans m’en séparer, demandant quel genre de protection cela pouvait valoir. Je sens que la tension monte entre Ezak et l’intendant alors que le pirate fait mention de l’Oudyo qui aurait expliqué que c’est la faute de Silmeria si nous sommes ici tandis qu’un des type qui l’accompagne se fait intimer l’ordre de fermer son bec alors qu’il voulait cracher une information sur les mages, attirant mon regard tout en commentant.

« Aucune magie sur Aliaénon ne permettrait une telle chose. Mais il semblerait que les mages d’ici sont bien différents. Peut-être qu’ils cherchent une solution pour se sortir d’ici et je ne peux que les comprendre car jamais je n’accepterais d’être enfermé ici pour l’éternité. »

Il avoue qu’il est d’accord avec moi avant de se mêler à l’échange entre l’intendant et le chevalier pour éviter que cela se transforme en bagarre. Un type à l’oeil bleu m’accuse alors d’être un espion des surfaciens, expliquant que je suis souillé par la lumière. Ah. J’avais oublié cette histoire. C’est vrai que le gardien du puits m’avait dit pouvoir voir et entendre grâce à la marque dans ma main. Je joue la carte de la naïveté et de l’ahurissement et l’observe d’un oeil curieux:

« Vous parlez des types avec les ailes ? J’ai discuté avec le gardien du puits pour qu’il me dise comment rentrer chez nous mais c’est tout. Qu’est-ce que vous sous entendez par souillés par la lumière du dehors ? »

Il ne dit rien de plus, retournant dans son mutisme, prouvant de ce fait qu’il en sait plus que ce qu’il veut le faire croire. Heureusement le sujet passe vite à autre chose. Le pirate me demande simplement ce que je sais à propos des lumineux.
Je darde mon regard vers celui aux yeux bleus quelques instant avant de déclarer d’un ton amusé:

« Pour un type qui m’a l’air de cacher pas mal de choses je vous trouve bien généreux en accusations. »

Je remets mon casque et m’approche de l’intendant pour lui tendre la pièce d’or tout en répondant au capitaine.

« Ce que je sais sur les types de la surface c’est qu’ils sont assez puissants pour restreindre la magie du Dragon Noir, ce que les Titans d’Aliaénon peinaient à faire. Je sais qu’ils vivent à la surface et qu’ils ont apprivoisés ceux qui vivent en dessous, les enchainant par la terreur de les emporter ou de leurs faire perdre leur immortalité. Ce que je pense c’est que ce bouclier sensible à la magie qui rend Ashaar immortel c’est de la connerie et que si l’occasion m’était donné d’emmener les Ashaariens à la surface alors je le ferais. Pour qu’ils puissent voir le ciel, les montagnes, l’océan, les forêts, les prairies... Ils comprendraient alors que ça vaut bien plus que quelques pièces d’or. »

Concluais-je d’un ton plus grave en observant l’intendant. Mais la liberté ne semble pas faire partie de ses projets. Le message se transmet, la négociation se termine. Nous perdons deux pièces d’or mais nous gagnons la protection des maraudeurs ainsi que le message de Blanche à transmettre. Va t-elle d’ailleurs réapparaitre cette sorcière ? Ezak partage également le lieu de rendez-vous des Yuiméniens pour le pirate et chacun repart de son côté.

Une fois à bonne distance et alors qu’Ezak essaie de retrouver Blanche je plonge la main dans ma bourse pour en compter les Yus.

« Il me reste 10 Yus d’or. Je ne sais pas si nous pourrons payer tous les clans des Bouges… »

Commentais-je à Ezak.

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Capitaine Hart
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Re: Les Bouges

Message par Capitaine Hart » sam. 7 juin 2025 03:16

J’ai été escorté hors du camp, suivi par ma petite compagnie. Rejoint par l’intendant Dragh, je suis retombé sur deux visages familiers. Le premier, l’image du parfait kendran, un grand chevalier blond, armé de mauve et au visage dédaigneux, s’est présenté sous le nom d’Ezak. Je me souviens avoir échangé quelques mots déplaisants avec lui à Kochii. J’avais été commandité pour libérer son père, Vandrak d’Arkasse, que l’état-major kendran croyait prisonnier des omyriens. Il s’était révélé être un de leurs collaborateurs. Le fils, sans doute pétri de noblesse et de chevalerie, avait très mal pris la nouvelle.

Derrière lui, deux compagnons de route. Une jeune femme qui ne me disait rien, et un autre homme, un mage guerrier au vu du bâton à sa ceinture, sa seule arme apparente, couplé à un bouclier et une armure de métal. Le plastron était incrusté de symboles étranges, et le bouclier portait les couleurs blanches et bleues de l’armée kendrane. Je me rappelle vaguement l’avoir vu brandir son bâton lors de la lutte finale contre le Dragon Noir.

En me voyant arriver, il a ôté son casque, et bien que son visage rondelet et sa coupe militaire ne lui donnait pas vraiment une apparence mémorable, j’avais du mal à me défaire d’une sensation de déjà-vu. J’avais déjà vu cette trogne quelque part, avant l’assaut final des oaxiens, mais je ne suis pas parvenu à le placer.

Ezak a échangé des messes basses avec lui, un sourire aux lèvres. Pas difficile d’imaginer pourquoi, avec la bande qui m’accompagnait. J’étais habitué, à force, à la condescendance kendrane. Toujours à se croire les maîtres de tout. Il s’est adressé à l’intendant :

« Nous cherchons à faire diffuser un message dans les Bouges, quel serait le prix de ce service ? Votre ... vigie, nous a dit que ça sonne comme ‘entrer sous votre protection’. »
« Quoi comme message ? »
« Rien qui n’aurait du sens pour vous, je vous assure. Mais tout ce que nous faisons, c’est dans le but de pouvoir ramener les enfants de Yuimen chez eux. »

Dragh s’est paré d’un sourire narquois.

« Voyez vous, cher potentiel client, nous sommes une association qui vise à l'égalité des chances. Ainsi nos tarifs varient entre 'tout ce que vous avez' ou le 'proposez sans nous décevoir' pour ce qui est d’une protection durable et assurée. Le reste est plus simple : votre bras, votre fidélité... ou tout votre corps. De fait, un service comme celui que vous demandez saura être compris dans la formule 'protection' moyennant quelques discussions préalables. »
« Une association équitable… Voilà qui fait chaud au cœur. Vous me rassurez. J’étais inquiet de tomber sur un simple ramassis de coupe-jarrets, mais me voilà soulagé de découvrir un groupement aux valeurs humanistes. »

La parlote, c’était dans son sang bleu. Je l’ai laissé à ses négociations sarcastiques pour parler boutique avec le mage soldat.

« J’imagine que nous voulons tous rentrer sur Yuimen, peut être que nous avons des informations à partager ? »
« Bonne idée, mais t’attends pas à grand-chose, j’viens d'arriver. Oh ! Le Dragon Noir. Y s’est passé quoi ? J'ai entendu son cri, puis plus rien. »
« Ce sont les Lumineux qui l’ont récupéré. Je ne sais pas ce qu’ils vont en faire. »

Il disait être à la recherche d’un groupe de mages à la puissance sans son pareil dans la cité inférieure, les potentiels responsables de notre arrivée à Ashaar. Alors qu’Ezak et son groupe moyennait sur les services des Maraudeurs, je me suis rappelé de la petite pièce de théâtre de cellule de Dracaena.

« Hé, vous faites partie du groupe qui a affronté le Dragon Noir à Aliaénon, c'est ça ? Dracaena m’a tout raconté. Selon lui et Jorus, c’est Silmeria qui nous a amené ici. Semblerait que les fluides sont instables à Aliaénon et qu'ils auraient répondu à ses pensées. Si c’est vrai, ça expliquerait pourquoi j'ai été aspiré dans ce monde avec vous. »

Rester vague sur ma connaissance de Hrist. Elle n’était pas du genre à se faire beaucoup d’amis. Et du peu que je sais sur Silmeria, Hrist était la moins toxique des deux. J’ai remarqué que le regard d’Ezak avait bifurqué sur moi dès qu’il a entendu son nom. Je me suis tourné vers le groupe de Brianne.

« Et vous, ça vous dit quelque chose, cette histoire de mages ? »
« Bah y’a bien ces mages qui se cachent vers... »
« Non ! »

Le jeune à l’œil bleu s’était extirpé de son mutisme pour étouffer l’affaire. Et ça lui a valu bien des regards interrogateurs.

« Non. Non, ça ne nous dit rien. »

Ezak a décidé de l’ignorer pour revenir à ses négociations. Dragh et lui échangeaient des formules ironiques depuis un bon moment, et la tension montait malgré les sourires faux. Le sorcier, visiblement intrigué par l’intervention maladroite du jeunot, a reporté son attention sur moi.

« Aucune magie sur Aliaénon ne permettrait une telle chose. Mais il semblerait que les mages d’ici sont bien différents. Peut-être qu’ils cherchent une solution pour se sortir d’ici et je ne peux que les comprendre car jamais je n’accepterais d’être enfermé ici pour l’éternité. »

Sur ça, je ne pouvais qu’acquiescer. En tout cas, il était sur une piste encourageante. Mais il y avait encore trop d’inconnus, trop d’incertitudes. J’avais du mal à croire que notre irruption dans ce monde soit le fait d’une organisation magique. Elle avait été trop chaotique, et j’avais du mal à comprendre pourquoi nous aurions été choisis. C’était peut-être juste ma fixette, mais la théorie Silmeria me semblait plus crédible. De l’autre côté, la discussion entre Dragh et Ezak semblait s’envenimer.

« On parle ici de faire diffuser un message, et après être passés chez les Carmins, nous savons ce que vaut exactement cette pièce. Et une chose est sûre : c’est bien cher payé pour un simple relais d’information. Et si vous êtes un tant soit peu commercial, vous comprendrez qu’il vaut mieux traiter avec nous honnêtement aujourd’hui. Parce que demain, on pourrait revenir… et acheter d’autres de vos services. Encore et encore… Regardez-nous. On est armés jusqu’aux dents et on se sert magnifiquement bien de nos armes. On survivra longtemps ici. »

Je n’aimais pas la tournure que ça prenait. Pour les moins perceptifs, Ezak jouait les négociateurs entêtés, mais sa posture racontait une toute autre histoire. Le placement de ses jambes, la lenteur calculée de ses bras qui descendaient vers les deux épées à sa ceinture, son regard gris acier qui fixait loin derrière son interlocuteur. C’était un maître-lames qui pouvait faire tomber des têtes à n’importe quel moment. Son armure écaillée lui donnait l’allure d’un dragon mauve, féroce et cruel. Il y avait quelque chose d’exotique dans sa posture, quelque chose d’ynorien, et j’ai remarqué la forme légèrement en amande de ses paupières. Il était l’héritier des deux peuples les plus orgueilleux du Nirtim.

« Ha ! Vous avez l'air d’y tenir à ce message, dites donc, c’est que ça doit être vachement important ! J'ai une proposition ! »

Je me suis placé entre eux avec mon plus beau sourire commercial. Je ne pouvais pas permettre que les choses ne dégénèrent, quitte à passer pour un marchand de tapis.

« Un service contre un service. Mes gars et moi, on peut relayer votre fameux message partout où on ira, et en échange, vous nous tenez au jus sur ces fameux mages. S’ils sont vraiment capables d’ouvrir un portail vers d'autres mondes plus hospitaliers, nul doute que ça intéressera la patronne, pas vrai, Dragh ? Je me porte garant de ces Yuiméniens. Laissez-moi m’en occuper, et la fortune sourira aux Maraudeurs sans qu'ils aient besoin de se mouiller. Regardez-les, si vous les mettez sous protection, les ennuis qu’ils vous causeront vont vite dépasser l’or qu'ils peuvent offrir. »

À en juger par la manière dont il ont ignoré mon offre, je n’ai pas fait grand-chose d’autre que me placer dans la trajectoire des épées d’Ezak. L’intendant, loin d’être intimidé, n’a pas démordu du regard du kendran, son rictus devenu plus prédateur.

« Z’êtes retombé dans le premier degré ? Fallait prévenir. On n’est pas humanistes, et on rend pas des services. On enlève des gens pour les vendre, on rackette les faibles et on recrute les forts. Y’a pas de propositions intermédiaires, pas de demi-mesures ou autres conneries de ce genre. On est des maraudeurs, pas un service social. Et pas non plus commercial. »

Il a rappelé aux visiteurs que la menace était peu judicieuse devant les Maraudeurs, mais visiblement, la dangerosité apparente d’Ezak intriguait son esprit mercenaire.

« L’offre de recrutement est toujours d’actualité. Si ç’ui là veut vous prendre sous son aile, et la responsabilité de vos conneries, ça m’va. La Dame n’acceptera pas moins. »

Comme si l’air n’était pas déjà assez froid, l’œil azur, qui scrutait le sorcier depuis un petit moment, s’est exclamé :

« Vous. Vous êtes souillés par la lumière du dehors. Un espion des Surfaciens ! »

Le mage a levé un sourcil. Dur de dire si c’était dû à l’arrogance des kendrans ou sa discipline militaire, mais il n’a pas eu l’air de broncher, sa posture restait détendue en toutes circonstances.

« Vous parlez des types avec les ailes ? J’ai discuté avec le gardien du puits pour qu’il me dise comment rentrer chez nous mais c’est tout. Qu’est-ce que vous sous entendez par souillés par la lumière du dehors ? »

Pas de réponse. Ce minet, j’allais devoir lui apprendre deux-trois choses sur la retenue s’il voulait tant garder ses petits secrets. Le mage brun en avait l’air amusé, malgré la suspicion qui planait désormais sur lui :

« Pour un type qui m’a l’air de cacher pas mal de choses, je vous trouve bien généreux en accusations. »
« Ouais ? C'est quoi ces accusations ? D'où tu tiens ça ?
"Ah, faites pas attention à lui, c’est un original, il a dû prendre un mauvais coup quand les Maraudeurs l’ont aiguillé ! C’est qu’ils font pas dans la dentelle ces gars-là, hahahaha ! »

Je lui ai mis une tape nerveuse sur l’épaule. Juste assez forte pour lui intimer de bien fermer sa gueule pour l’instant. J’allais avoir des questions à lui poser plus tard. Désireux de recentrer la conversation, j’ai repris avec le sorcier.

« Le gardien du puits ? Qu’est-ce que tu sais sur ces types-là ? »

Alors qu’il enfilait à nouveau son casque, les négociations de l’autre côté arrivant à des termes plus cordiaux, il s’est donné la peine de me dire tout ce qu’il semblait savoir à leur sujet.

« Ce que je sais sur les types de la surface, c’est qu’ils sont assez puissants pour restreindre la magie du Dragon Noir, ce que les Titans d’Aliaénon peinaient à faire. Je sais qu’ils vivent à la surface et qu’ils ont apprivoisés ceux qui vivent en dessous, les enchaînant par la terreur de les emporter ou de leurs faire perdre leur immortalité. Ce que je pense, c’est que ce bouclier sensible à la magie qui rend Ashaar immortel, c’est de la connerie et que si l’occasion m’était donnée d’emmener les Ashaariens à la surface alors je le ferais. »

Le monde de Yuimen, bien plus accueillant que cette prison souterraine, valait bien plus qu’une somme d’or, dans ces circonstances. Ezak et Dragh se sont finalement mis d’accord sur le tarif. Une pièce d’or pour relayer le message, une autre pour la « protection » des Maraudeurs Noirs.

« La Noire a fini de jouer, elle a envie de revoir sa blonde, là où elles se sont vues pour la dernière fois. C’est le message. »
« Oh merde ! Ça c'est du lourd, comme message codé. Pour sûr, personne va l’oublier. Pouahahaha. »

Ezak a haussé les épaules avant de tourner les talons. Dur de dire s’il connaissait lui-même le sens de son message.

« Je crois que nous en avons fini ici. »

Il s’est arrêté à ma hauteur.

« On a rendez-vous avec d’autres Yuiméniens d’ici deux jours, au bordel. C’est une zone neutre où on pourra discuter. On s’est dispersés pour glaner ce qu’on pouvait. Là-bas, on mettra tout en commun. Si vous voulez en être, vous savez où nous trouver. »

C’était peut-être la meilleure nouvelle de la journée. Si les Yuiméniens dispersés dans les Bouges avaient convenu d’un tel rendez-vous, ça allait être plus facile de coopérer. Je n’avais vraiment pas envie de me frotter à des gens de mon monde en quête de leur propre solution à cet exil forcé. J’ai bombé le torse devant le kendran, une partie de ma fierté de Wiehl refaisant surface.

« J’y serai aussi, alors. Vous verrez, en deux jours, je connaîtrai ces Bouges comme ma poche ! Si le capitaine Hart ne se distingue pas avec des infos géniales, il peut bien ranger son tricorne ! Hahahahaha ! »

Là où je croyais ne voir que de la fierté mal placée, j’ai vu un soupçon de complicité dans le regard d’Ezak.

« Je ne doute pas que vous finirez par connaître les Bouges comme votre poche. Après tout, vous avez fait le choix de rejoindre ceux qui les vident. Faites attention à vous d’ici-là. »

Avant de s’en aller, il s’est arrêté devant Dragh.

« Une dernière chose, Intendant… Il circule des rumeurs, des murmures étouffés qu’on attrape en tendant l’oreille. On raconte qu’autrefois, les Bouges étaient presque paisibles. Que le Soleil Noir se donnait corps et âme pour que chacun ait de quoi survivre… que l’intention était bonne, presque naïve. Et que ce sont les vôtres, les Maraudeurs, et d’autres qui auraient décidé que ça ne se passerait pas comme ça. Que le partage, c’était pour les faibles, et qu’il valait mieux s’emparer de ce qui ne vous appartenait pas. Et qu’en quelques sorte vous seriez responsable collectivement de la situation chaotique des Bouges. Rumeurs ou vérité ? »

Impassible, Dragh l’a scruté de son seul œil valide, avant de rétorquer :

« Vivez un certain temps dans les Bouges, et vous serez les premiers à profiter de votre force et armes pour garantir la survie des vôtres. Les Bouges n’ont jamais été en paix. C’est une prison surpeuplée et violente où trop peu de ressources sont envoyées pour que chacun puisse manger. À cause de ceux de la surface qui vivent dans l’opulence en nous laissant crever. Peuh. Nous battre pour les nôtres, voilà tout ce que nous faisons, là où d’autres cèdent au cannibalisme ou laissent d’autres se battre pour eux. »

Sa réponse était brute et teintée de cruauté, mais elle correspondait à l’impression que j’avais eue d’eux jusque là. Je ne m’étais pas aligné avec des parangons de justice et d’équité, mais je compatissais avec leur cause. Dans des circonstances similaires, j’aurais sans doute usé des mêmes méthodes. Du coin de l’œil, j’ai remarqué que la jeune femme qui était restée silencieuse jusque-là faisait sombre mine devant les déclarations de Dragh, qui s’en allait au camp des Maraudeurs, son marché conclu.

« Partons d'ici. »

C’est la seule chose que je l’ai entendue dire. Je me suis tourné vers les deux kendrans pour leur adresser un geste de la main et un sourire confiant.

« Bonne chance. Si vous avez besoin d’un coup de main, hésitez pas. Entre Yuiméniens, autant s’entraider. »

J’ai rejoint Dragh à l’intérieur du camp, intimant à Brianne et à son groupe de me suivre. J’ai rattrapé l’intendant, désignant les anciens prisonniers.

« Ces gars ont besoin de boire et manger. Qu’est-ce qu’on peut faire pour se rendre utile ? Ah, et euh… cette histoire de noire et de blonde, t’y as compris quelque chose ? »
Modifié en dernier par Capitaine Hart le sam. 14 juin 2025 00:49, modifié 3 fois.

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Dracaena Paletuv
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Re: Les Bouges

Message par Dracaena Paletuv » sam. 7 juin 2025 03:30

Bonne nouvelle: notre bon prisonnier avait ramassé son épée.
Mauvaise nouvelle: il restait sans bouger dans son coin et s'était mit à me regarder avec un air que j'aimais pas, mais alors PAS du tout. Un air que j'avais déjà vu dans le regard de beaucoup trop d'yeux globuleux. Un air que j'avais aussi vu parfois dans l'eau, face à mon reflet, dans les lueurs qui me servaient à voir.

De la folie.

Hors de question que ce type ne craque la et se mettent à attaquer les mauvaises personnes.

Je pris la parole, m'adressant à lui. Si j'arrivais à le calmer, à en faire un allié... On avait tout à y gagner vu la situation.

"...Je r'connais ce regard mon gars. J'ai le même dans les situations désespérées.
Perd pas autant la boule, s'pas moi ton ennemi. Ni mes potes. C'est les gars qui t'ont enchainés ici les méchants.
Si tu m'attaque, tu res'tra coincé la, avec eux, pour toujours. Mais si tu m'aide vraiment... Dans tout s'bordel, j'pourrais trouver d'quoi éclater tes chaines
J'ai été aussi enfermé et tor'turé pendant des décennies, t'as qu'à r'garder mon corps. Y a personne qui pourra t'comprendre autant que moi ici. Choisi bien mon gars. "



Malheureus'ment, il ne semblait même pas m'entendre. Et je n'pouvais pas dire si c'était du aux rires de nos assaillants qui résonnaient de partout, ou si c'était parce que la raison l'avait définiti'vment quittée...
Bon, clair'ment, j'pouvais pas en faire un atout durant cette bataille. Mais au moins, j'pouvais m'assurer qu'il lui arrive rien. Après tout, c'était notre objectif, et... j'avais espoir que comme moi, il puisse voir passé la folie, avec le temps.

"...Krmblblrblbl... Bon... Fait pas d'connerie en attendant."


M'éloignant suffisa'ment d'lui pour pas m'prendre un coup d'épée dans l'dos, je r'dirigeai mon attention sur la bataille qui s'passait à quelques mètres. Je tentai une fois de plus de concentrer le feu en moi pour le tirer sur l'un des ennemis, mais j'avais définit'vment du mal à contrôler ce pouvoir. Faut dire qu'c'était encore assez nouveau pour moi. Je vis un trait de feu naitre de ma main (me provoquant un frisson mélangeant peur et plaisir) avant de partir en direction de ma cible... pour finalement rater royal'ment cette dernière, et aller s'écraser sur un mur.

Bonne nouvelle: ça avait fait une jolie tache noire.
Mauvaise nouvelle: un des hilare hostile avait réalisé que j'existais, et il me fonçait droit dessus, chaines à la main. Je pouvais essayer de l'attendre, l'affronter au corps à corps avec ma masse, mais j'n'étais clair'ment pas un guerrier du calibre de Silmeria, Mathis ou Yliria en combat rapproché. Et autant j'avais pas peur des poings fait de chair fragile et d'os cassable sur ma fière écorce, autant les chaines de ce types semblaient largement capable de m'arracher un bras.

Et d'un coup, ça me frappa: cette silhouette, avançant vers moi, avec des chaines en main et entouré des rires de ces comparses... Combien de fois ça m'était arrivé ça... Venu pour me prendre, m'emporter, m'enfermer. Venu pour m'enchainer car j'avais osé faire ce que personne n'avait osé. Ces souvenirs ravivait le brasier en moi... Je pouvais sentir... une plus forte chaleur, la cendre se former sur mon corps... Oooooh ,que j'aurais voulu à l'époque la libérer cette chaleur. L'infliger à ceux qui le méritaient vraiment...

Mon bras se leva tout seul. Mes yeux furent attiré par une lueur, qui semblait venir de mon torse. La suivant du regard, je la vis remonter le long de mon épaule et parcourir mon bras tendu, rougeoyant sous les craquelures de mon écorces. Cette braise finit par jaillir dans ma main sous la forme d'une flamme dont je n'arrivais pas à détacher le regard: les précédentes étaient juste belle, mais celle la, celle la...

Elle me faisait autant peur qu'elle me fascinait.

C'était une vraie flamme. Du même genre que celles qui m'avaient tout prit. Celles qui avaient ravagé mon corps. Celles qui m'avaient remodeler.

Une flamme comme ça contenait tout ce qu'il fallait pour comprendre la beauté terrifiante qu'avait le feu. Et un tel savoir...


Se devait d'être p a r t a g é !


Mon mouvement fut rapide, fluide, naturel. Je projetai la flamme d'un geste vif en direction de mon futur agresseur. Et cette dernière l'atteignit au visage en un instant. A l'impact, elle m'offrit un spectacle des plus singulier: une explosion, de chair, de sans, d'os et de flamme.


Le corps de mon assaillant s'effondra inerte sur le sol, au milieu des restes noircis de son crane. Personne ne semblait avoir vu ça. Personne n'avait rien remarqué.
Je pouvais donc voir, en toute impunité, le champ de bataille. Je pris le temps d'observer si je repérais quelque chose comme un chef, mais je vis surtout mes collègues d'infortunes, et Leyna, en proie avec nos ennemis. Et son adversaire semblait se remettre sur pied. Mais elle semblait prête à enchainer. Ne voulant pas prendre le risque de la toucher elle plutôt que son opposant, je me mi à viser l'ennemi le plus proche d'elle et qui attaquait un de nos alliés. Je me concentrai, générant une nouvelle flamme dans la main et tirant sur lui, visant une fois de plus une partie découverte.

Mon regard se posa rapid'ment sur le corps sans tête, avant que toute ma concentration ne se redirigent vers mon attaque actuelle. C'était définitiv'ment une bonne chose que personne ne m'ai remarqué.

Parce que vu le rictus que j'avais, on aurait pu m'confondre avec les fous tout autour de nous.


[Drac tire un trait de feu sur un ennemi attaquant un des maraudeurs près de Leyna. Il vise de nouveau une partie découverte de la cible, de préférence la tête. ]

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Mathis
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Re: Les Bouges

Message par Mathis » sam. 7 juin 2025 03:46

À ma demande, Rubis s’allongeât à mes côtés sur le lit.

“J’ai vu tes différences, oui. T’inquiète, on juge pas ici.”

Tout en passant sa main dans mes cheveux, elle rajouta :

“T’en as des questions, mon beau. J’espère que tu sauras récompenser le service à la hauteur de mes renseignements.”

Malgré mon charme évident, elle semblait tout aussi intéressé par mon argent. Cependant, elle n’attendit pas la confirmation à sa demande pour me répondre.

“Y’a des clans, y’a des quartiers. T’en connais déjà quelques uns visiblement : les Chevaliers de l’Ordre du Soleil Noir patrouillent pour dénicher des mages et les envoyer dans les Tréfonds. Leur quartier général est le Bastion Sombre, plus bas. Ici, c’est le territoire des Hétaïres, et l’endroit où tu te trouves est notre Temple. Nous... n’apprécions pas vraiment le terme de Bordel. C’est une zone où toute violence physique est proscrite. Nous y veillons scrupuleusement. Ici, les guerres de clan n’ont pas lieu, sont mises de côté. Il n’y a que des individus qui souhaitent se libérer des tensions des Bouges, ici. Aucune appartenance d’aucune sorte.”

( Le clan des Hétaires, le temple, je me souviendrai)

Après avoir légèrement grimacé, elle rajouta

“T’as été dans des quartiers morbides, mon chou. Celui de ceux qui ne meurent ni ne vivent. Protégé par les Affamés qui empêchent les imprudents de tomber dans les pièges des cannibales. Ils ne quittent pas leur nid infect, heureusement. Sans doute sont-ils protégés, ou attirés, par l’immense brouillard d’ombre qui avoisine leur domaine.”

Sans attendre, elle poursuivit

“Il y a la Horde. Des paumards qui se rassemblent entre eux pour faire front uni. Ils comptent sur la quantité plus que sur la qualité. Ils sont nombreux, sales, pouilleux, mais au moins ils sont solidaires entre eux. Un peu comme les Néos. Des idéalistes lâches qui jouent les vautours près de l’entrée des Bouges. Ils quittent pas leurs toits – ou rarement – et se contentent de piller les restes laissés par les autres.”


Sans l’interrompre, je lui fis signe de la tête de continuer.

Y’a deux clans nomades. Ou dont on ignore les bases. Le premier c’est les Maraudeurs Noirs. Des mercenaires et racketteurs professionnels. Bien équipés, vêtus de sombre, entraînés au combat. Ils sont à éviter. Mais pas tant que le Clan des Chaînes. Des cinglés qui ont pété une durite. Des sadiques qui enchaînent ceux sur qui ils tombent au détour des ruelles. Ils leur lavent le cerveau et il ne reste plus de leurs victimes qu’une coquille creuse. Et ça, c’est quand ils sont sympa. On raconte qu’il existe un groupe de mages unis, mais... ils sont secrets. Nul ne les connait. On dit qu’ils se promènent parmi nous, intégrés dans chaque clan. Ils ont un domaine, pour sûr mais... personne ne sait où. Dans les Ombres.”

S’appuyant sa douce joue contre mon torse viril, elle dit

Puis y’a tous les autres. Les sans-clan. Ceux qui refusent ce système, qui se la jouent solo, ou qui forment de petits groupes indépendants. J’ai rien de spécial à dire sur eux. Ils sont isolés, faibles la plupart du temps, ou assez puissants pour faire face seuls aux menaces des Bouges.”

Ayant terminé sa réponse, elle se redressa afin de voir mon expression et probablement vérifier le degré de ma satisfaction.

Je regardai Rubis dans les yeux, le sourire aux lèvres, nettement satisfait de toutes ses réponses.

"Bien sûr que je te récompenserai pour toutes ses réponses, tu n'as qu'à me demander comment je peux le faire."

Sans attendre, elle me fit part de ses désirs:

"T'as de l'or. Ton collier est joli, aussi. Ou une de tes armes. T'en as beaucoup trop pour tes deux mains."

J'enlevai le collier de mon cou, et je lui offris :

"Il est à toi. "

Je lui souris, puis je lui demandai:

"Et parles-moi un peu de toi. As-tu toujours fait partie de Hétaïres ? Et ça fait longtemps que tu travailles au temple ?.. "

Elle trouva une petite place pour le bijou dans son décolleté pourtant déjà bien rempli.

"Depuis que je suis dans les Bouges. Avec mon physique, les recruteuses m'ont de suite repérée. J'bosse ici depuis. Serveuse d'abord, masseuse, puis la totale. C'est l'chemin habituel pour la plupart d'entre nous."

Tout en lui souriant je lui demandai
"Et avant les bouges ? "

Ces fut plus sérieusement qu’elle me répondit:

"C'était une autre vie. Un autre nom. Elle n'a plus d'importance."

Je n’insistai pas.

"Je comprends, parfois il faut mettre un X sur le passé et repartir à zéro.... mais j'avoue que j'en suis pas là et que j'aimerais bien retourner chez moi... mais en attendant, certains de mes compagnons devraient me rejoindre, ici. Est-il possible pour moi de rester ici quelques jours ? Je paierai repas et gite, bien entendu."

"Bien entendu, c'est tout à fait possible. Et tes journées seront bien occupées...", sous-entend-elle en te faisant un clin d'oeil. sous-entend-elle en te faisant un clin d'oeil.

Je fis un clin d'oeil à mon tour et je lui demandai:

" Serait-il possible de manger, je suis affamé, et je te paie ton repas, si tu acceptes de me tenir compagnie."

"Mes repas sont gratuits, ici. Ma compagnie, en revanche, est payante. Mon temps en ta compagnie un manque à gagner, si je le passe sans être rémunérée."

Me dit elle tout en me souriant.

"Je comprends, tu ne resteras pas pour mes beaux yeux, tu as besoin de gagner.
Je te propose de m'accompagner pendant mon repas, je te paierai. Mais je comprendrai si tu préfères alors voir d'autres clients plutôt que de simplement me tenir compagnie et répondre à ma curiosité"


"Non, si tu paies, ça me va. Ta compagnie est agréable."

Ce disant elle me fit signe de la suivre et j’obéis de bon cœur.

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Akihito
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Re: Les Bouges

Message par Akihito » sam. 7 juin 2025 12:27

(C’est qu’elle est lourde, celle là !)

(C’est sûr que c’est pas le même gabarit qu’Yliria.)

(Quand je parlais de la soulever, je pensais pas dans ce sens là.)

(Moooh.)

Le ricanement de ma Faëra résonna dans ma tête, un bon moyen de me distraire de l’ambiance plus que malsaine qui nous entourait, Laédia et moi.
Laédia qui montrait dignement son statut de Chevalier car malgré une constitution fine, elle n’en restait pas moins musclée : cela rendait le déplacement du poids mort qu’était la mage cannibale bien plus simple que si j’avais dû m’en occuper seul. Un de ses bras autour de chacune de nos épaules, le frottement de ses pieds contre les pavés inégaux et notre respiration lourde n’étaient que les seuls sons qui perturbaient les rues désertes. Malgré ça, nous restions prudents et alertes : en territoire hostile et traînant une mage cannibale inconsciente, on avait toutes les bonnes raisons de s’attirer l’inimitié de la plupart des personnes arpentant les Bouges.

Enfin, ça, c’était sur le papier. Tout sur nos gardes que nous étions, réagir à des portails magiques laissant apparaître des mages sortis littéralement de nulle part, c’était pas le genre de chose qui était facile. En un clin d’œil, nous fûmes encerclés par quatre mages : trois devant nous, avec une sorte de guerrière magique agissant d’avant-garde avec ses dagues pour protéger ses deux acolytes ressemblant plus à des mages -robes, barbes grises et autres orbes. Le dernier mage lévitait au dessus de nous, et je le sentis alors même qu’il apparut sans un bruit : la sensation familière de mes poils se dressant en présence d’une manifestation de foudre me fit lever les yeux, voyant un elfe gris auréolés d’éclairs mauves.

« Merde. La SOMA. »

Me confirmant ce que je soupçonnais, Laédia lâcha notre encombrant fardeau et se saisit de sa lance, et je fis de même. Sans ma magie, j’avais vraiment pas envie de me frotter à quatre mages qui avaient l’air de tout sauf d’être des amateurs. La lancière du Soleil Noir était sans doute rompue au combat contre des mages, mais la réciproque devait être tout aussi vrai. Adoptant une posture plus défensive qu'hostile, je m'adressai d'une voix aussi calme que possible à la femme sortant du portail en face de moi.

« J'imagine que vous n'êtes pas disposés à discuter ? Parce que ça m'arrangerait, moi.

- Parle. »

Le plus âgé et le plus éloigné de nous prit la parole d’une voix parcheminée par l’âge. Leur leader, sans doute ? Mais avec une autorité limitée, car déjà une fumée opaque s’échappa de l’orbe de celui le devançant, se dirigeant vers Laédia. Canalisée dans un rayon, il était suffisamment lent pour que je me poste devant, bouclier levé.

« On peut s'affronter et si on en sortira pas vainqueur, il est sûr qu'au moins deux d'entre vous le sentiront passer. Vous gagnez rien à nous attaquer, et nous non plus. Alors est ce qu'on peut éviter les fumeroles et essayer de régler de façon civilisée ?

- Ne rien gagner ? Immobilisez une fanatique anti-magie et faire main-basse sur l'un de ces curieux étrangers qui parcourent les Bouges comme s'ils étaient chez eux ? Cela vaut bien quelques plaies et bosses. »

Le tracé de magie commença à me contourner, continuant sa course vers la lancière que j’entendis avoir un pas de recul. N’aimant pas être ignoré, je balayai la fumerole d'un violent coup de marteau en durcissant quelque peu le ton.

« Alors à vous de voir. Des cages thoraciques en miettes sous ma masse, ou une discussion apaisée. »

La fumée se dissipa, provoquant un soupir exaspéré de son créateur. Le vieux mage lui m’invita à parler, bien qu’il doutait que cela change quoi que ce soit. Un peu rassuré par ce changement d’attitude, je faisais moi aussi un pas dans cette direction en relâchant un peu ma posture combative tout en restant sur mes gardes.

« Vous avez raison, je suis un étranger, ici. Venu par une magie inconnue, que je pense venir de l'un d'entre vous puisque seuls vous la pratiquez. Je cherche a rentrer chez moi alors le seul moyen, c'est par la magie. Sauf... »

Laissant traîner ma phrase en regardant derrière moi la lancière qui avait l’air atterrée, je repris.

« ... Sauf que je refuse d'être responsable de l'oblitération d'un quartier par les Chevaliers des Cieux. D'une manière ou d'une autre, il faudrait que la magie ici soit autorisée -ce que vous voulez- mais elle est interdite car cela pourrait perturber l'immortalité dont vous bénéficiez tous. Et de mon point de vue, après avoir vu les cannibales, les non vivants, et la boucherie sans nom du jour du Don déversé dans les Bouges, cette immortalité est plus une malédiction qu'autre chose. Que ce monde tournerait peut être mieux sans. Plus d'immortalité, ça voudrait dire plus de souffrance pour ceux qui ne peuvent pas manger, plus de raison d'interdire la magie, plus de raison d'opposer Soleil Noir contre SOMA. Plus de raison pour que des innocents soient punis si on utilise la magie pour ramener moi et les miens chez nous. »

C’était une pensée qui avait commencée à trotter dans ma tête à force de constater à quel point ce monde était dysfonctionnel de mon point de vue. Mais je n’avais pas vraiment la volonté d’imposer ma vision à ces personnes : tout ce que je voulais, c’était retrouver Oranan, les miens. Si je pouvais le faire en causant le moins de dégâts possible voir même en « corrigeant » Ashaar, tant mieux.

« Seuls nous la pratiquons. C'est bien la première nouvelle, s’étonna dans un premier temps le mage à l’orbe, avant que son chef ne précise.

- Nous sommes les seuls à la pratiquer sans craindre quiconque, et nous le faisons avec une discrétion toute relative. Sauf quand nous tombons sur de telles exceptions, bien sûr.

- On n'est pas là pour vous faire du mal. Enfin. A ce monstre, là, peut-être. »

A ma surprise, la porteuse de dagues désigna la mage cannibale.

(Des factions de mages, pourquoi pas, mais de là à la traiter de « monstre » ?)

(Je pensais moi aussi qu’ils étaient ensemble, et que c’est pour ça qu’ils vous tombaient dessus.)

Toujours sur un ton provocateur, elle désigna ensuite Laédia à qui elle pensait réserver un sort plus ou moins similaire. Pas de surprise ici, mais ça ne me plaisait pas pour autant. C’était une personne bien plus mesurée que ses collègues, j’avais un début de sympathie pour elle.

« Toi, on veut juste te poser des questions. Savoir d'où tu viens, qui tu es, tout ça. Mais pas ici. Dans un environnement plus... propice.

- Alors veuillez ranger toutes vos armes et velléités de violence, et laissez-vous restreindre par ma magie, que nous vous transportions en ces lieux indiqués.

- Laissez la partir. C’est mon idée d'aller ici, elle n'a fait que me suivre. Vous avez plus à perdre à exciter le Bastion avec sa disparition plutôt qu'à la laisser tranquille. Sauf si vous tenez à m'accompagner, précisai-je en la regardant, la laissant décider de son destin.

- Parce que vous croyez que le rapport d'une attaque de l'une des leurs en plein milieu de nulle part ne les excitera pas ? Et n'essayez pas de nous faire croire qu'elle n'en dira rien, blablabla. Les promesses creuses on en a soupé. Tâchez de vous presser cependant : mon ami ci-dessus n'a pas notre patience. »

L’air se mit à sensiblement crépiter au dessus de moi, en un avertissement indirect.

« Elle risque plus à dire qu'elle a laissé partir quatre mages sans combattre qu'à se taire de sa hiérarchie. Et vous avez sans doute expérimenté les promesses creuses des types de l'ordre. »

Rangeant le marteau dans mon dos, je m'approchais de la mage de combat toujours bouclier en main mais en abandonnant toute posture hostile. Simplement confiant : ma parole avait un poids, et je tenais à ce que ça se sache.

« Pas les miennes.

- Elle risque ? Mais elle a le devoir de rendre compte. Et elle le fera.

- Donne moi tes armes. »

Ma bravade n’avait pas vraiment eu l’effet escompté, et j’entendis le tintement de la lance chutant sur le sol derrière moi. Laédia se rendait, et cela me fit douter. Est-ce que c’était le bon choix ? Je jaugeai une nouvelle fois mes interlocuteurs. Méfiants, ils l’étaient. Mais hostiles ? Je n’en était pas sûr. Ils avaient l’air raisonnables dans une certaine mesure. Je me sentais plus capable de discuter avec eux qu’avec l’Ordre.

Il fallait néanmoins que je reste cohérent avec mes actes sans passer non plus pour un agneau sacrificielle se jetant dans la gueule du loup, la gorge tendue. D’autant plus qu’on me demandait de me séparer de la Kizoku et du Marteau de Valyus.

« J'y tiens particulièrement, alors je vais devoir refuser. Dites-vous que je m'amuse pas à me rendre de moi-même et à éviter le conflit pour ensuite vous prendre en traître : je vous suivrai sans chercher à m'en servir. J'ai mes principes. »

Juste avant que le crépitement de foudre ne me frappe avec douleur dans un sort qui ressemblait à s’y méprendre à l’Immobilisation de l’école de fulguromancie, j’entendis le « Quoi ?! » presque indignée de la lancière dans mon dos. Qu’est ce qui dans ma phrase pouvait bien provoquée une telle réaction ? Je lui demanderai plus tard, mais j’allais d’abord devoir gérer ce qui se passait devant moi. Les dents serrés par la douloureuse paralysie, je plongeais mon regard dans celui de la femme devant moi.

« Eh bah servez-vous ? Je vais pas pouvoir vous donner quoi que ce soit, là.

- C'est bien le concept. Vous auriez dû nous écouter. »

Elle fit disparaître ses dagues et me délesta de mes deux armes, non sans me faire grincer des dents. La présence du sifflet à mon cou me rassura, au moins. Je pouvais les récupérer à n’importe quelle moment, en théorie.

« Y'en a autre part ? Je dois faire une fouille ? »

Une réponse aussi évidente que graveleuse me brûla les lèvres, mais je me fis violence pour ne pas la lâcher. Quand l’homme à l’orbe me demanda s’il avait besoin d’user de sa magie pour me faire avancer, je répondis aux deux questions par une seule réponse, les regardant tour à tour.

« Pas besoin.

- Bien, » conclu le mage la barbe blanche, qui matérialisa d’un geste circulaire un nouveau portail mauve dans les airs. Je l’observais avec curiosité, constatant des différences avec ceux de Xël : avec les siens, on pouvait voir ce qui se trouvais de l’autre côté du portail quand celui-ci était parfaitement opaque. Mes armes furent les premières à franchir le passage magique dans les bras de la femme, suivi du mage de fumée qui poussait de sa magie Laédia.

« A toi. Et pas de coup fourré.

- Tant que la sécurité de la femme est assurée, il n'y en aura pas. Je pense avoir fait preuve jusqu'ici de suffisamment de bonne foi pour vous demander ça, non ? »

Il soupira, m'indiquant le portail.

« Je prend ça pour un oui. Merci. »

Puis j’entrai dans le portail, bouclier au bras.

Bilan : plus d’armes à proximité immédiate, une magie encore absente mais Laédia était plus ou moins en sécurité, j'étais indemne et en route pour un échange d'informations que j'espérais cordial. Victoire ?
Modifié en dernier par Akihito le mar. 10 juin 2025 14:13, modifié 3 fois.

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Cromax
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Re: Les Bouges

Message par Cromax » sam. 7 juin 2025 15:30

La Cité des Ombres

Les Bouges

Jour 2 – Après-midi.




La mission des Maraudeurs visant à libérer une victime du clan des Chaînes ne se passait pas vraiment comme espéré. Le tout s’était transformé en une bataille chaotique et dangereuse. L’attaque à la tête de Leyna porta, mais le casque de son adversaire absorba tout le choc, ne permettant pas à la dague de le traverser. La nouvelle tentative de Drac d’user de ses pouvoirs récemment acquis s’avéra être un échec : une nouvelle trace noire sur un mur du coin, et aucun blessé face à l’assaut du feu.

Un changement de stratégie net marqua le combat. Les ordres vinrent de leur cheffe d’expédition.

“Repli ! On se tire de là !”

Les maraudeurs s’arrangèrent pour mener des attaques répulsives contre leurs adversaires, les forçant à stagner alors que les alliés du duo reculaient en un bloc organisé.



_________________________


Au campement de ces mêmes maraudeurs, Hart venait de quitter des visages familiers, s’en retournant au feu en compagnie de l’intendant. Celui-ci rétorqua :

“Désolé, mon gars. Toi, tu t’es embauché chez les Maraudeurs, pas eux. C’est tes possessions, c’est à toi de te charger de leurs besoins. T’as le droit à ta part, comme chacun de nous. A toi de voir si tu veux la partager avec eux.”

Il tendit au pirate une gamelle d’une mixture brunâtre chaude avec des morceaux d’origine inconnue dedans. Ça payait pas de mine, mais ça sentait plutôt bon. Il poursuivit.

“Rien pigé à leur message. Mais bon, on peut le faire passer tel quel. Ça m’regarde pas, et l’accord qu’on a passé sera respecté. D’ailleurs, tu pourrais faire d’une pierre deux coups : on a repéré un camp de coupe-jarrets pas très loin. Des ‘clients’ à nous. Tu pourrais aller avec ta bande leur rappeler notre bon souvenir : ça fait un peu longtemps qu’on n’a pas eu de legs de leur part. Si tu vois ce que je veux dire. Obtiens ça d’eux, et laisse-leur faire passer le message où qu’ils aillent fureter. Appâte-les en leur offrant une ‘réduction’ sur leur dû.”

Il regarda les alentours.

“Si vous faites ça bien, tes prisonniers auront de quoi grailler. Khotor te montrera le chemin et supervisera le tout, mais c’est ton expédition, c’toi qui parle. J’crois que tu le connais déjà...”

Il tendit à Hart une main :

“Partant ?”



___________________________



S’éloignant du-même camp, Ezak, Ezra et Xël ne furent pas – trop – surpris quand Blanche apparut subitement dans leur dos, grand sourire aux lèvres.

“Alors, les moches : tout s’est bien passé ? De mon côté, j’ai été plutôt productive.”

Elle ouvre les mains et dévoile un certain nombre de pièces d’or. Des Yus de Yuimen. Elle en tend un à chacun, rempochant le reste. Ezra prend le sien sans hésiter.

“ça doit vous dire quelque chose, non ? Le message est passé ?”



___________________________



Dans le Temple des Hétaïres, Mathis se faisait dorloter par le charme enivrant des lieux. Lui fut servi un plaisant repas, et même un verre de vin (un peu capiteux). La compagnie de Rubis avait tendance à rendre le tout plus doux et agréable. Elle joua son rôle d’escorte avec un entrain visible, un professionnalisme assuré.

“Alors, tu en sais plus sur moi et l’endroit, mais je ne sais que trop peu sur toi. Dis-moi ton histoire. Raconte-moi, si tu le souhaites, ces différences corporelles que j’ai pu noter. T’es pas commun, ça c’est certain...”



___________________________



Scarla pressait le pas d’une course rythmée pour fuir cette rencontre sanglante. Elle se retournait à peine pour voir Huyïn la suivre. À moins que ce fut pour s’assurer de l’absence à leur suite de leur assaillant ? Lorsqu’il lui parut être en sécurité, elle arrêta, haletante, et s’avança vers toi, yeux toujours rougeoyants, aura toujours écarlate. Elle posa une main sur la gorge blessée de l’animal bipède et la plaie sembla doucement se résorber. Lentement, mais sûrement. Alors qu’elle œuvrait à sa magie, elle parla au chat :

“Ces mecs sont timbrés. C’est vain de leur faire entendre raison. Au moins on a appris qu’on était sur la bonne piste. Mais toute information est bonne à prendre : as-tu un indice sur l’endroit où le sire de Vienne a pu aller ?”

Serait-elle en bout de course sur les indices laissés par le Violet ?



__________________________



Le portail violet franchi, Akihito se retrouva dans un paysage sans queue ni tête, à forte dominante violette. Des bâtiments stylisés flottaient sur des roches semblant avoir été arrachées du sol. Il y avait au-dessus d’eux un ciel (illusoire ?) de nuit et nuages blancs éclairant l’endroit, parcouru de volutes éthérées allant du rose au bleu dans toutes les nuances intermédiaires. Il se trouvait sur l’une des structures visibles les plus massives : une sorte de parvis d’un castel/temple aux tours élevées, au centre d’un glyphe luminescent.


Image




Des personnes ayant traversé le même portail que lui, il ne restait que le barbu aux cheveux argentés et lui-même. Oups ? Ce mage semblait capable de créer des portails multi-directionnels. Ses équipements offensifs étaient donc... quelque part, avec la nana aux dagues. Peut-être. Une silhouette sortit de la batisse imposante. Un homme à la peau sombre, richement vêtu de mauve et d’or, cape sertie d’améthyste et yeux luisant d’une couleur violacée. Il regardait Akihito comme on regarde un objet incongru. Une curiosité de la nature. Il s’approcha, le regardant de la tête aux pieds en émettant un son guttural occasionnel.

“Hmm.”


Image






Il inclina la tête, sans un regard pour le mage aux portails qui l’escortait. Sur son front luisait un losange d’or. Dans son dos, un bâton noir et doré. Il prit la parole gravement.

“Hmm. Bien. Ainsi vous êtes de ceux qui sont venus d’ailleurs. Expliquez-vous, je vous prie. Présentez-vous le plus précisément possible, en restant dans la synthèse. Préservez-moi de vos affects et vues subjectives, si vous y êtes apte.”

Son regard impérieux, son ton doux mais ferme, sa prestance naturelle, tout semblait indiquer un personnage d’une importance notable.







[HJ : Drac et Leyna : indiquez votre réaction face à la demande de repli. Hart, on peut aparter un peu avec Dragh/ton groupe/Khotor (selon ton choix). Ezak et Xël, aparté possible. Mathis, aparté possible. Huhyïn, aparté possible. Aki : Je ne te surcharge pas d’un aparté tant que ton post de la semaine passée n’est pas complété. Si tu le fais rapidement, on pourra songer à en faire un.]



[XP :
Leyna : 2 (combat).
Huyïn : 0,5 (discussion), 2 (combat)
Ezak : 0,5 (discussion), 1 (rencontre avec les Maraudeurs)
Xël : 0,5 (discussion), 1 (rencontre avec les Maraudeurs)
Hart : 0,5 (discussion)
Drac : 2 (combat).
Mathis : 0,5 (discussion)
Aki : noté quand complété.]

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Ezak
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Re: Les Bouges

Message par Ezak » mar. 10 juin 2025 07:03

À peine avions-nous quitté le camp que je sentis mes épaules se libérer du poids invisible de leurs regards. Mes muscles, qui étaient prêts à toute éventualité, se déraidirent.

Peut-être était-ce ce relâchement qui fit que Xël fit remarquer la valeur de l'argent dépensé entre les mains des clans des Bouges, ce qui me mit en alerte. Il n’avait pas tort. J'étais moi-même presque à sec, ayant laissé la plupart de mes biens financiers à Kendra-Kâr. Il fallait couper le robinet. On devait en garder encore en cas d'urgence.

Ezra, elle, me renseigna sur ceux qu’elle avait repérés.

« Un des types de la bande de pouilleux derrière votre ami me disait quelque chose. Mais il venait des Voies Hautes, si je ne me trompe pas. J’ai pas reconnu les autres. Mais j’ai pas vu les visages des maraudeurs qui nous surveillaient de loin. »

Un type des Voies Hautes, dans ce bourbier ? C’était pour le moins intéressant. Je marchai en silence quelques secondes, jusqu’à ce qu’une silhouette bondisse et apparaisse derrière nous, toute guillerette, comme une chanson malicieusement mal placée.

« Alors, les moches : tout s’est bien passé ? De mon côté, j’ai été plutôt productive. »

Je n’en fus pas étonné connaissant ses capacités, mais la soudaineté de son apparition n’en paraissait pas moins impressionnante. C’était Blanche, bien entendu. Elle avait cet air satisfait d’un chat qui venait de faire tomber un vase.

« Ça doit vous dire quelque chose, non ? Le message est passé ? »

Je me tournai pour répondre, le ton encore las de la joute avec Dragh, mais mes mots se figèrent à la vue de l’or.

« Oui, le message est passé, on a… »

Oui, dans ses paumes ouvertes scintillait l’or d’un autre monde. Des Yus. Des pièces de Yuimen. Mon cœur manqua un battement. Elle m’en tendit une, ainsi qu’à Xël. Je pris la pièce entre mes doigts. Mon souffle se suspendit.

« Par la Couronne… Où as-tu trouvé des Yus ? Ça vient de notre monde, ça ! »

À côté de moi, Xël observait l’objet avec la même attention, visiblement impressionné.

Blanche ricana en rangeant le reste des pièces.

« Ooooh, à force de les semer comme vous le faites un peu partout, il va se mettre à en pousser ! » dit-elle dans un tintement de pièces triomphant.

« Ils avaient une tente bien gardée… j’ai été les alléger de ce petit souvenir. »

Un rire m’échappa, franc.

« Bien joué, Blanche ! Ça leur fera les pieds à ces tocards à vouloir nous racketter ! Je savais que tu serais un bon élément pour l’équipe. »

Mais le rire laissa place à une pensée plus pragmatique. Je fixai à nouveau la pièce, son éclat doré devenant une énigme.

« Mais quand même… C’est pas bizarre qu’ils aient autant de Yus ? Ils auraient racketté d’autres Yuimeniens avant nous ? Ou… on ne serait pas les premiers à être projetés dans ce monde ? »

Xël interrogea Ezra sur la possibilité d’un tel fait.

Elle secoua la tête.

« C’est la première fois que j’entends parler d’étrangers à Ashaar, en tout cas. Peut-être vos amis qui ont raqué ? Ou d’autres encore, arrivés plus ou moins en même temps mais ailleurs ? Vous croyez que c’est possible ? »

Blanche, moqueuse, ne rata pas l’occasion de me lancer une pique.

« Moooh, le petit guerrier a failli se faire racketter par les grands méchants brigands. »

Je ne répondis pas à sa raillerie, non par lassitude, mais parce qu’à cet instant, elle m’avait fait plaisir. Blanche se montrait un atout précieux par ses talents. Elle avait pris une initiative et avait partagé son larcin avec nous, rien ne l’y obligeait. Son caractère était ce qu’il était — acide, provocateur, insolent. Mais ça pesait moins, quand elle se rendait ainsi indispensable. Pour l’instant, elle se révélait être un bel atout, et j’étais content d’avoir insisté pour l’avoir avec nous.

Je souris donc malgré moi.

« Heureusement, il a la Noire à ses côtés. »

Puis, me tournant vers Ezra, le ton plus sobre :

« Je ne parierais pas sur ce qui est possible ou non ici. »

Blanche haussa les sourcils et reprit la tête de la route en chantonnant, l’air ravie. Heureux du sale coup joué au Maraudeur, je repris ma marche, un sourire espiègle aux lèvres.

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Huyïn
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Re: Les Bouges

Message par Huyïn » jeu. 12 juin 2025 18:08

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-43-



Le binôme, composé d'individus pouvant difficilement être plus physiquement opposés, fait pourtant route dans la même direction, fuyant un ennemi commun de longs moments. Parfois, la jeune femme jette un œil par-dessus son épaule mais impossible de dire si c'est pour s'assurer qu'il la suit ou que l'autre ne les pourchasse pas. Après plusieurs changements de passages, ils finissent par ralentir et s'arrêter. Gueule ouverte et haletante, Huyïn se tourne vers leur point d'arrivée et fait basculer son luth dans sa position initiale. Il se masse ensuite lentement des muscles de bras crispés par l'assaut et la tension de la fuite. Quand il reporte son attention sur la Carmin, il est pris de court par la main de cette dernière venant se plaquer contre sa gorge blessée. Les pupilles verticales s'affinent d'elles-même et les crocs commencent à se dévoiler instinctivement, jusqu'à ce qu'il perçoive une sorte de tiraillement. Sa peau incisée commence à se tendre sous la magie impulsée puis les bords se rapprochent et se ressoudent. Bien que tendu, le Woran comprend aisément qu'elle lui prodigue des soins et atténue son apparence hostile, non sans parvenir à retenir certains à-coups parasites de son appendice caudal.

Tout en s'affairant, elle s'adresse à lui pour lui confirmer que ce genre d'individus est trop fou pour accepter d'entendre raison. Elle relativise ensuite, rappelant qu'ils sont sur la bonne piste. Le Tigre ne peut que moyennement approuver, parce que leur course éperdue les aura probablement également écartés de la piste du Dragon. Et elle le confirme indirectement en lui demandant s'il a lui-même des indices sur sa destination.

"Hasarder un lieu m'est impossible, mais deux éléments me viennent en tête. Le premier est qu'il poursuit notre but commun : trouver les mages les plus puissants d'Ashaar.", dit-il, marquant un court temps d'arrêt pour se remémorer la conversation surprise plus tôt entre la Blanche et le yuiménien. "Probablement ceux désignés par 'SOMA'. Le second est plus flou. Dépendant de ce que les vôtres ou ce boucher ont pu évoquer, il s'est peut-être mis à la recherche d'individus qu'on lui aurait décrits semblables à lui-même. Chevelure violette et magie puissante... Les deux points étant peut-être liés, maintenant que j'y songe."

"Il aurait bien de la chance de tomber au hasard sur la Société Occulte des Mages d'Ashaar. Ils se planquent pour jouer leurs tours.", répond-elle en haussant les épaules. "On dit d'eux qu'ils sont dissimulés par un rideau d'ombre. Mais j'ignore où il se trouve."

Toujours un élément de plus qu'auparavant. Lorsque son interlocutrice fait un pas en arrière après avoir terminé, le Woran donne un bref coup de langue à sa main sans griffes. Il s'en sert pour frotter le sang de sa fourrure afin de l'effacer, et rajuster le sens de son poil malmené.

"On dit aussi d'eux qu'ils peuvent se montrer s'ils décèlent du potentiel pour leur cause. J'imagine mal comment ils pourraient nier l'intérêt de qui peut devenir Dragon et se jouer de l'Ordre quasiment à son gré.", enchaîne-t-il, se raclant un peu la gorge en gardant les doigts dessus, testant une possible sensibilité mais force est de constater que la magie a fait son office. "D'autres le sauront certainement. Hm. Quels sont 'leurs tours' au juste ?"

"Je l'ignore. Je ne suis pas ancienne dans les Bouges, vous vous souvenez ?"

Huyïn croise les bras et la lorgne de pied en cap cette fois, là où son regard avait tendance à ne prendre que deux ou trois indications de son expression depuis cette rencontre inconfortable avec les siens. Elle lui parle de la chose comme si elle en était persuadée, mais entre leur bref échange en présence de son père, son rapt et leur escapade à travers les Bouges, ils n'ont pas eu grande occasion de s'appesantir sur le sujet.

"C'est là un point que nous n'avons jamais abordé, non. Nous devions discuter de ce qui vous y avait amené une fois à l'abri auprès des vôtres...", indique-t-il, laissant son appendice caudal passer d'à-coups brutaux à un lent mouvement latéral. "Vous avez tout de même une vague idée de l'agencement des Bouges ? Puisqu'il y a un quartier rouge, je gage que d'autres ont aussi une identité ?"

L'expression de la jeune femme se fait difficile à lire. Une sorte de mélange entre de l'agacement, du dépit ou quelque chose qui la contrarie. Et elle le confirme rapidement.

"Je ne connais pas bien les Bouges, à part le chemin entre l'entrée et le Clan Carmin.", finit-elle par avouer. "Peut-être devrons-nous nous trouver un guide. Trouver les traces de votre compagnon, en tout cas."

Fâcheux, évidemment. Le Tigre évoque l'impossibilité de retourner sur leurs pas avec cette menace en pagne dans les parages et il songe que cela rendrait aussi la piste suivie jusque-là froide. En ce qui concerne la possibilité de trouver quelqu'un pour les aiguiller, nul doute qu'il faudra montrer patte blanche ou avoir de quoi négocier en premier lieu. Quand ils font le point là-dessus, ils se rendent vite compte de leurs limites. Pas d'or à employer parce qu'elle n'a pas volé les siens avant de partir. Il ne dispose lui-même que de quelques habits et de ses talents musicaux, tout comme elle a ses compétences de soin basiques et sa parole de Carmin de fournir un lien avec son clan.

Ils échangent brièvement sur la prochaine étape, la jeune elfe souhaitant savoir s'il est plus judicieux de se rapprocher de l'entrée des Bouges ou de faire le contraire. Huyïn réfléchit à la question un moment, tournant ses oreilles çà et là pour entendre venir de possibles importuns.

"La logique voudrait que les mages ne se tiennent pas trop près des bâtiments de l'Ordre. Trop risqué, même pour les plus audacieux. Poursuivre à l'opposé me semble plus adéquat..."

"Vers l'inconnu, donc... Bien.", fait-elle, ne cherchant pas même à opposer le moindre argument aux dires du Félin.

Elle pivote et s'engage dans une direction sans que le Fauve ne décèle la plus petite trace de Dragon qui appuierait le choix. Il la laisse faire puis lui emboîte le pas, revenant aisément à sa hauteur.

"Vous sembliez sûre de vous plus tôt, concernant la trace de sang. Ce n'est plus le cas ?"

"On a vu où cela nous a menés. Avec une telle scène, je suis bien incapable d'en détecter davantage. D'autant que... les miens devaient nous ouvrir la route. Sans le savoir."

Après avoir laissé entendre une confirmation grognée, Huyïn se tait brièvement, attentif aux alentours. Il finit par s'étonner que le clan Carmin ait été décrit par le boucher comme à la poursuite du Dragon, arguant qu'ils se sont présentés comme des pacifistes et ne donnent pas l'impression d'apprécier traquer des individus. La de Montfort répond qu'il s'agissait là d'une simple surveillance, pour s'assurer qu'il quitte bel et bien le quartier. Selon ses dires, pour préserver la paix, il faut s'assurer être bien protégé. En repensant au spectacle désastreux de ses adelphes, sans doute n'ont-ils pas tenu compte d'avertissements de Naral Shaam leur signifiant de le laisser tranquille, et ils ont été pris au dépourvu quand ce dernier en a eu assez d'eux. Il les aura probablement rendus aussi paralytiques que le de Montfort imbuvable et jetés aux pieds du blafard.

Quand le Félin s'étonne d'ailleurs que les autres membres du clan n'aient pas eu l'air d'avoir fait appel à des pouvoirs pour se défendre et s'enquiert des siens, l'elfe au féminin l'informe aisément.

"Les nôtres ne pratiquent pas automatiquement la magie. Sauf ceux qui suivent le rituel qui m'a été... imposé. Vous l'avez vu, cela me confère des pouvoirs de soin... basiques. Et d'autres, mais je n'ai pas le droit d'en parler."

Classique. La conversation se poursuit, le Tigre curieux quant aux raisons de sa présence lors de la confrontation alors qu'elle aurait pu profiter de l'occasion pour filer avertir les siens du massacre. Apparemment, elle s'est donnée une mission et ne changera pas de cap avant de l'avoir menée à bien. Sans doute fait-elle référence à la récompense qu'elle veut donner au Dragon, mais quand Huyïn tente d'en savoir davantage sur celle-ci, son interlocutrice se contente de confirmer qu'il s'agit de son appui dans les Bouges. Circonspection. À quoi peut-elle faire référence au juste ? Parce que si c'est pour fournir l'appui des siens, la dernière rencontre rend la chose quelque peu invraisemblable. Et si c'est pour le guider, là encore son utilité est limitée.

Tous deux progressent avec prudence, prenant garde à d'éventuels bruits différents de ceux qu'ils font eux-mêmes. Après un instant, Huyïn indique que sa curiosité est satisfaite, offrant la scène à la jeune femme pour laisser libre cours à la sienne avant qu'ils tombent sur le prochain 'timbré'. Elle veut en savoir plus sur l'aspect percutant de sa musique et s'il dispose d'autres capacités. Il se contente d'évoquer son Don de manipulation de l'air, la prévenant que sa puissance est largement amoindrie suite à son emploi contre le boucher, le laissant à peine capable de faire de petites choses. Elle l'informe que le contraire la concerne, que ses pouvoirs ont drastiquement augmentés, mais qu'elle ignore dans quelles proportions ou comment les contrôler. Les oreilles noires papillonnent à cette nouvelle information, l'une tournée vers une paroi proche jusqu'à l'assurance que ce n'est qu'un effet visuel et pas une présence, l'autre vers la chauve.

"Le sacrifice ne s'est pas accompagné d'un entretien à cette fin ? N'avez-vous pas reçu le plus simple élément théorique auprès des vôtres ?"

"Normalement, si.", rétorque-t-elle avec un ton assombri. "Quand ce n'est pas infligé de force et avec violence comme punition."

"Et malgré ces... Lacunes... Vous avez été autorisée à quitter votre foyer ?", demande-t-il en lorgnant dans sa direction, hasardant une hypothèse. "Ou avez-vous prétexté une envie d'aller faire quelques pas qui se sont vite multipliés ?"

"Oui. Je suis libre. Enfin. Si tant est que ce terme existe dans les Bouges. C'est ici que je trouve ma liberté.", lâche-t-elle, hésitant entre plusieurs passages possibles avant d'en choisir un et d'y presser le pas. "Aucun besoin de prétexte."

Sentant qu'elle préférerait peut-être éviter le sujet, ou tout autre, le Woran se contente de marcher à ses côtés, non sans demeurer vigilant. Il glisse une patte dans sa besace, effleurant brièvement un yu d'un côté et de l'autre. Il se demande si ce sera cette chance qualifiée d'insolente par la Carmin ou la guigne de cette dernière qui sera la plus favorisée par l’Équilibre, au sujet de la prochaine rencontre. Se hasarder ainsi dans des lieux inconnus diminue les possibilités de tomber sur la seule personne qu'ils veulent revoir, mais qui sait ? Peut-être que ce même hasard leur fera une fleur et réunira au même endroit tous les éléments recherchés.

Le Tigre pousse un bref souffle par la truffe, ne pouvant s'empêcher de se demander si la trace sanguine suivie par la de Montfort était réellement celle de Naral Shaam. Et si tel était bien le cas, s'il aura déniché de quoi s'en occuper et ne souffre pas de quelque poison ashaari inconnu. L'idée de savoir cet être affaibli et vulnérable au premier 'timbré' venu ne lui plait pas du tout. Vivement qu'ils lui remettent les griffes dessus, que cet inconfort se dissipe.



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Re: Les Bouges

Message par Leyna » ven. 13 juin 2025 18:29

La dague divine, hélas, ripa sur le casque de la cible. À ce moment là, l'ordre de replis fut donné. Leyna serra les dents, mais garda un calme de façade. Quel échec ! Mais alors, elle entendit Drac qui appelait. Il allait quand même tenter de libérer le prisonnier ! La prêtresse se rua alors à ses côté pour saisir les chaînes de l'homme et tirer de toutes ses forces. Avec un peu de chance, elle donnerait l'opportunité à son compagnon de les briser.

(((Utilise sa force de prêtresse pour tirer sur les chaînes du prisonnier dans l'espoir de les briser ou, au moins, de les fragiliser pour Drac)))

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Re: Les Bouges

Message par Xël » ven. 13 juin 2025 22:12

Blanche ne tarde pas à réapparaître, exposant avec fierté des Yus d’or. Elle en distribue un à Ezak et un à moi avant de conserver le reste. Une journée rentable pour elle. Sans doute la meilleure depuis longtemps. J’imagine qu’on ne troque par grand chose contre des bouts de bite. Où a t-elle dérobé ça ? Au pirate ? Sans qu’on le remarque ? Non, ça me paraissait peu probable. Je l’inspecte pour vérifier qu’il ne s’agit pas d’un faux qu’elle aurait fait apparaître par magie mais je ne remarque rien. J’avoue être impressionné quand elle explique qu’elle a prit ça aux maraudeurs.

Nous nous interrogeons alors sur la quantité que les maraudeurs possèdent, se demandant si d’autres Yuiméniens seraient passés avant nous.

« Le Soleil Noir s’en serait rendu compte non ? »

"C'est la première fois que j'entends parler d'étrangers à Ashaar, en tout cas. Peut-être vos amis qui ont raqué ? Ou d'autres encore, arrivés plus ou moins en même temps mais ailleurs ? Vous croyez que c'est possible ?"

Je hausse les épaules. Comme Ezak le souligne, comment savoir ce qui est possible ou non ici ? Nous poursuivons la route silencieux et j’en profite pour observer le sol. Peut-être y verrais-je d’autres runes ?

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Capitaine Hart
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Re: Les Bouges

Message par Capitaine Hart » ven. 13 juin 2025 23:48

L’intendant m’a répondu en me tendant une gamelle de soupe brunâtre. Elle n’avait pas l’air très appétissante, mais au moins, les morceaux qui flottaient à la surface ne ressemblaient pas à de la chair humaine. Et ça sentait plutôt bon.

« Désolé, mon gars. Toi, tu t’es embauché chez les Maraudeurs, pas eux. C’est tes possessions, c’est à toi de te charger de leurs besoins. T’as le droit à ta part, comme chacun de nous. À toi de voir si tu veux la partager avec eux. »

Concernant le message, Dragh n’en connaissait pas la signification non plus, et il s’en fichait. Il respecterait son accord, et tant qu’à faire, je pouvais l’y aider. Un groupe de brigands avait été vu en train de rôder non loin du camp. Des clients. Des abonnés. Il m’a chargé de leur rappeler leur dette auprès des Maraudeurs, et je pouvais les convaincre de répandre le message à notre compte en agitant une jolie réduction devant leur nez.

« Si vous faites ça bien, tes prisonniers auront de quoi grailler. Khotor te montrera le chemin et supervisera le tout, mais c’est ton expédition, c’toi qui parle. J’crois que tu le connais déjà... »

Une bonne nouvelle en soi. L’idée de participer à leur racket ne m’enchantait pas, mais il fallait que je provienne aux besoins de mon nouveau groupe. Nous avons échangé une poignée de main, et alors que je goûtais à la mixture, j’ai demandé plus de détails.

« Et il s’élève à combien, leur dû, à la base ? »
« Ils le savent bien : de quoi nous contenter. Ils n’oseraient pas nous décevoir. Laisse-les proposer ce dû, puis propose toi-même la réduction. Ils sauteront sur l'occasion. »
« Ah, je vois le genre. C’pas mauvais, ça. »

Sa soupe avait un goût de poulet. C’est à dire, un goût dur à définir, mais au moins, c’était bon. Je l’ai passée à Brianne. Mon dernier repas commençait à dater, mais ces loubards avaient séjourné bien longtemps dans les Bouges, ils méritaient bien un petit encouragement.

« Tiens, partage ça avec les plus costauds. Bientôt, y’en aura assez pour tout le monde. »

Je me suis enquis d’autres questions auprès de l’intendant. Je m’attendais à ce qu’il soit plus sec à mon égard, mais il semblait déjà m’accepter parmi leurs rangs. Je lui avais peut-être fait une bonne impression, ou alors les Maraudeurs accordaient bien vite le respect à ceux qui rejoignaient leurs rangs. Il m’a confirmé que si je voulais m’équiper pour l’expédition, retaper des bouts d’armure ou même les repeindre à leurs couleurs, le camp avait les artisans pour, mais pour la magie, que dalle. Dragh n’avait jamais entendu parler de runes ou d’enchantement d’armure, à priori. Il a accepté de me fournir le nécessaire d’expédition : corde, grappin, de quoi allumer un feu, et une de leurs étranges lanternes. J’allais en avoir besoin, dans l’obscurité des Bouges.

Les cibles étaient un groupe de paumés qui survivait tant bien que mal à des clans plus dangereux. Faciles à intimider, peu dangereux. Leur territoire leur appartenait seulement parce qu’il était trop insignifiant pour être réclamé par qui que ce soit d’autre. Tout indiquait une besogne facile, j’étais surpris que l’on me confie l’expédition plutôt qu’à Kothor, mais c’était sans doute pour me tester.

J’ai pris congé de Dragh pour voir comment les anciens prisonniers se répartissaient la nourriture. Brianne n’avait pas caché son engouement pour cette petite bouffe, mais elle l’avait partagé avec ses hommes, à l’exception de Sebastian et de Bleusœil.

« Bon, pas très glorieuse, comme expédition, mais faut bien gagner sa croûte. Si vous avez des demandes ou des questions, c'est le moment. »
« C’est bon chef, on suit tes ordres. », a déclaré Brianne entre deux bouchées.
« Oui ! Oui, nous sommes prêts ! Même si on n’a pas tous mangé la croûte en question... »

Brave gars, ce petit Esteban Sebastian, il avait l’air d’être la victime du groupe, mais il avait du cœur. J’ai résisté à l’idée de lui mettre une petite tape sur le dos, pour le moment.

« Bien ! Je vous préviens, notre guide sera le gars qui vous a mis sous les verrous en premier lieu. Si ça vous pose problème, mieux vaut le dire maintenant. »
« On est sous tes ordres à toi, et il peut plus nous arrêter. On s’en fiche de qui c'est. »

Elle m’a arraché un sourire. Certes, ce n’est pas bien difficile, mais ça a son mérite. J’étais optimiste quant à cette petite bande de bras cassés.

« Alors c’est parfait ! On attend Kothor et on y va. »

Mes questions pour Brianne et Bleusœil attendraient. Sur la route, il y allait avoir moins d’oreilles indiscrètes.



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Dracaena Paletuv
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Re: Les Bouges

Message par Dracaena Paletuv » sam. 14 juin 2025 00:41

Peut être que l'excitation que j'avais ressenti c'était retournée contre moi: j'avais beau essayer d'arroser de flamme mes adversaires, rien n'y faisait: je n'touchais que dalle. Et je n'eu pas le temps d'ressentir d'la frustration, car par dessus ça, notre "patronne" avait soudain'ment sonner la r'traite.
Je r'gardais au loin les maraudeurs se mettre en formation et se concentrer sur des attaques déblayant le passage, plutôt que sur l'élimination d'nos adversaire. De toute évidence, ils étaient habitué à s'genre de chose.

J'avais pas d'temps à perdre, j'devais les suivre rapid'ment pour pas être laissé derrière. Mais, me retournant, je vis notre objectif principal, le prisonnier, toujours les yeux fous, cambré sur le sol, comme perdu au milieu du chaos. Y a pas à dire, un gars comme ça ça m'rendait... nostalgique. Enfermé, blessé, abandonné de tous... que de souv'nir... Que de mauvais souv'nir...

Peut être que c'était sa situation si similaire à mon ancienne vie. Peut être était ce l'excitation que ce crâne carbonisé m'avait provoqué. Ou peut être était-ce l'étrange action de Sirius, qui plus tôt avait décidé de montrer une clémence pleine de sincérité auprès de la cannibale enchainée, et m'inspirait. Mais j'avais envie de tenir ma promesse pleine de vide prononcée plus tôt, et de réellement libérer ce gars.

"M'DAME LEYNAAAAA!!!"

Je sorti ma masse.

"J'AI B'SOIN D'VOTRE AIDE! FILEZ MOI UN COUP D'MAIN POUR BRISER CES CHAINES!!!"

Leyna c'était montré, comme Sirius, plus que déterminée à me sauver la vie contre les mecs du port. Et contrair'ment au borgne, elle, elle semblait pas me regarder avec un oeil lubrique. Elle avait ptet des relent de fanatique, mais il fallait que j'applique s'que j'avais appris sur Aliaénon, et qu'j'apprenne à accepter que tous les lécheurs de dieu n'étaient pas des monstres, et que certains étaient, peut être bien, juste des gens avec un bon fond, mais de mauvaises directions.

Et... visiblement, j'avais raison la concernant. L'être de chair et de bleu se rua vers moi, et se mit à attraper les chaines du prisonnier et à les tendres avec une force surprenante. J'avais l'impression qu'avec un peu plus de temps, elle aurait pu briser ces maillons d'elle même.

Regardant le prisonnier une dernière fois, je lui dis:

"J'sais pas si t'es en état d'm'entendre, mais j't'ai dis que j'étais pas ton enn'mi! Il est grand temps d'le prouver!"

Mettant le plus de force possible dans mon action, je me mis à frapper le point semblant le plus fragile des chaines avec ma masse, jusqu'à ce qu'elles se brisent!



[Drac utilise sa masse pour essayer de briser les chaines du prisonnier.]

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Mathis
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Re: Les Bouges

Message par Mathis » sam. 14 juin 2025 04:03

post squelette


-Mathis mange un repas et discute avec Rubis

-Il réponds aux questions de celle-ci ã son sujet, lui expliquant l’utilité des mamelons et comme se forme un être humain sur Yuimen
-Mathis lui explique l’existence des créatures à quatre plates et lui propose de lui présenter Praliné
-Tout d abord je ramassai un morceau de lard puis je dis à Rubis

« Elle entièrement recouverte de poils, elle a un nez plat, des oreilles pointues, et une longue queue. Je l’ai nommée Praline. »

Cela dit, je plaçai mon sac sur les genoux de façon à ce que seul Rubis puisse voir le contenu du sac. Et je mis le morceau de lard près de l’ouverture tout en appelant mon chat d’une voix douce..

« Viens manger Praline »

Quelques secondes s’écoulèrent, puis Praline sortit sa tête du sac, puis ses deux pattes avant puis ramassa le lard et le mangea. Après quoi je la sortis délicatement du sac et la déposai sur mes genoux tout en caressant son pelage ce qui produisit un léger ronronnement

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Akihito
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Re: Les Bouges

Message par Akihito » sam. 14 juin 2025 10:02

Post squelette
Discussion avec théosien

Le suis en demandant

"Puis je savoir ce que vous comptez faire de la femme m'ayant accompagné ? Bien qu'elle fasse partie du Soleil Noir, elle n'est pas aussi fanatisée que ses confrères."

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Cromax
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Re: Les Bouges

Message par Cromax » sam. 14 juin 2025 15:55

La Cité des Ombres



Les Bouges



Jour 2 – Soirée.




Dracaena et Leyna n’obéirent pas aux ordres de retraite de la Meneuse de leur expédition. En lieu et place, ils retournèrent vers le prisonnier pour tenter de le libérer, tentant le tout pour le tout. Et ils le firent de la plus efficace des manières. La force golémique de la bleuette tendit les chaînes jusqu’à ce qu’elles soient proches de leur point de rupture. Un tour de force remarquable. Et Drac ne fut pas en reste : le coup de masse qu’il plaça, risqué au demeurant tant il était proche de sa compagnonne elfe, fut à la fois précis et puissant. De quoi briser net les entraves du prisonnier du Clan des Chaînes. Abasourdi, il regarda l’étreinte métallique tomber au sol, avant de reporter son attention sur son arme, et ensuite sur les guerriers aux chaînes. Car oui, si les Maraudeurs avaient réussi à se reculer en un bloc soudé, ça laissait désormais le trio en plein milieu des sadiques. Et ils ne semblaient pas leur vouloir de bien.

Dracaena et Leyna virent derrière leurs adversaires le groupe de maraudeurs se replier et fuir le combat. Ils croisèrent le regard - désolé mais las – de la meneuse qui les laissait sur place.

Ils durent rapidement rapporter leut attention sur les déchaînés : ceux-ci se ruèrent sur eux comme un seul homme. Ils allaient devoir se défendre ardamment. Si pas leur vie, au moins leur liberté...


__________________________



Le quatuor formé d’Ezak, Xël, Ezra et Blanche arrivèrent au même moment que le duo formé de Huyïn et Scarla de Montfort (mais par des voies différentes), sur une place ample dans une grotte spacieuse. Au centre, une bâtisse cernée d’une foule ivre. L’intérieur se confondait avec l’extérieur, l’ambiance rappelait la folie, la débauche. Les ébats envahissaient l’univers sonore et visuel. Publics ou privés, les danseuses et prostituées se tortillaient contre des client(e)s nombreux et serrés. Ça avait beau être grand, on eut dit que l’endroit dégueulait de monde. L’obscurité était percée de lueurs de couleurs différentes et nombreuses, qui éclairaient çà et là des scènes de stupre, des filles dénudées, des alcôves vides, des sourires hagards et des regards enivrés. L’air était saturé de musc, de lascivité, de moiteur. Aussi écœurant que désirable, aussi repoussant qu’irrémédiablement attirant.

Blanche héla ses compagnons :

“Voici l’endroit où tous les mots se mêlent, où les ragots filent vers l’intégralité des Bouges en moins de temps qu’il ne faut pour le dire : Le Bordel, comme ils disent.”

Ce dernier commentaire fit tiquer Ezra, qui commenta :

“Vous semblez en connaître beaucoup sur ce lieu...”

Blanche sourit largement, répondant avec jeu :

“C’est pour ça qu’une fois encore, vous irez sans moi !"

Et comme à son habitude, elle... disparut. Laissant le trio face à ce nouveau décor. Ezra sembla attirée par quelque chose, ou plutôt quelqu’un, qui sortait d’un tunnel à une quinzaine de mètres du vôtre.

“Elle. La nana en rouge. C’est Scarla de Montfort. Le type qui l’accompagne... ça serait pas un des vôtres ?”

Elle indiqua la direction où le duo se trouvait du regard, sans les pointer du doigt. Un Huyïn et une Scarla étaient bel et bien là.

De leur côté, le duo fut plus surpris de tomber sur un tel spectacle. Scarla parla au chat noir :

“Merde... je crois que c’est le Bordel. Un lieu de débauche dans les Bouges où les prisonniers viennent de tous les coins pour soulager leurs envies.”

Elle avait l’air un peu écoeuré. Huyïn ne remarqua guère, pour l’instant du moins, la présence d’autres yuimeniens dans le coin.

“Au moins ici nous sommes en sécurité. Plus ou moins. Peut-être pourrions-nous en apprendre plus sur les déboires du sieur de Vienne en interrogeant le tout-venant.”

À l’intérieur de la bâtisse, heureux comme un paôn, Mathis se régalait d’un repas sommaire, mais agréable, avec la plus charmante des compagnies. Après qu’elle eut fait de même avec lui, il lui déballa sa chatte. Une Praline tentaculaire qui devait sembler bien étrange aux gens du cru. Rubis, comme promis, retint sa réaction, main sur la bouche dans une expression de surprise. Elle avait contenu un cri, et posait désormais un regard paniqué sur Mathis.

“C’est... par la Fange... je ne sais que...”

Elle était interdite, mais prit subitement conscience d’une chose :

“Il faut la cacher ! Vite !”

Mais le mal était fait, et bien vite un cri retentit de la foule de clients et professionnel(le)s qui cernaient la scène. Les regards furent attirés, la curiosité aussi, et bien vite le monde s’amassa autour d’eux pour apercevoir, comme un phénomène de foire, la chatte à Mathis. Une cohue qui pouvait vite tourner à la bagarre générale, au vu du public bougeux. Peut-être les effluves suaves retenaient pour l’heure ces élans violents. Mais cela tiendrait-il ?



____________________________



Khotor ne tarda pas à rejoindre l’équipée du Capitaine. Il jeta un œil plein de jugement sur la troupe du borgne, commentant à ce dernier :

“Curieux choix d’alliés : des paumés défaillants déjà touchés par la défaite.”

Mais il mena le groupe sans commenter davantage. Dragh avait apporté à Hart l’équipement demandé, moins le grappin. C’était pas si courant, apparemment.

Ils marchèrent un certain temps dans les couloirs sombre, à la lueur des lanternes de Khotor et Sirius. Ils parvinrent au détour de couloirs à croiser plusieurs types au visage masqué.


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Khotor commenta :

“Voilà. Les Encoulés, comme ils s’appellent. J’vous laisse faire ce pour quoi vous êtes là.”

Les types avaient l’air sur la défensive, faiblement protégés, mais épées courtes au clair. L’un d’eux, dont la barbe grise dépassait de la capuche cousue de cuirs rapiécés, s’approcha et se fit apparemment leur porte-parole.


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“Z’êtes avec les Maraudeurs, c’ça ? Vous voulez quoi ?”

Le bonhomme n’avait pas l’air sympathique.



_______________________________



Akihito fut emmené à l’intérieur avec pour seul commentaire de Théosien une brève réponse impertinente à sa question :

“Oh mais vous ne savez pas ? C’est nous les fanatiques.”

L’intérieur était à l’image de l’extérieur : murs sombres et lueurs violettes sortant comme si c’était naturel de vitraux monochromes. Lugubre, mais cossu. Spectaculaire, même.


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Ils traversèrent ce temple vide de toute âme pour se rendre dans une salle adjacente via une porte transversale. Il s’agissait là d’une... bibliothèque. Du moins d’un premier regard. Des étagères lourdes d’une multitude d’ouvrages ornaient les murs sur deux étages. Mais ce n’était pas le plus spectaculaire : un symbole magique luminescent brillait au sol, cercle d’arcane violacé. Des racines intangibles sombres semblaient en sortir en volutes inquiétantes se perdant dans les hauteurs de la salle.


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Une personne était présente. Une dame aux airs d’elfe, envelopée dans une toge mauve aux allures moins tape-à-l'œil que le sieur Bel’Art. Totalement chauve, les yeux violets intenses et cernés de noir, elle portait au front une marque qu’on eut dit tracée à la main.


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Théosien ne demanda pas son reste, et dans un commentaire sortit de la pièce en prenant soin de refermer la porte derrière lui.

“Je vous laisse entre de bonnes mains. Ne nous décevez pas.”

Il ignorait si ce dernier commentaire lui était destiné, ou s’il s’adressait à la dame à l’air fermé qui lui indiqua d’un doigt assuré le cercle lumineux au sol, invitation à y grimper.





[HJ : Leyna et Drac : combat libre ici pour vous, tenant compte des consignes suivantes : Leyna a le dessus sur pas mal de ses adversaires, qu’elle doit blesser mortellement pour qu’ils arrêtent de se battre, tombant au sol. Le guerrier libéré est d’une aide correcte : il semble se réveiller pour prendre votre parti. Drac, tu as nettement plus de mal : malgré tes munitions élémentaires et l’usage éventuel de ta masse, tu te fais vite submerger. Ils sont nettement plus forts que toi. Issue du combat : Drac et le guerrier sont contraints, blessés et maintenus à genoux par leurs adversaires. Leyna fait face à un choix : se sauver seule, ou se rendre pour rester avec l’arbre et l’aliéné. Mathis, Ezak, Xël et Huyïn, vous êtes dans la même zone. Je vous demande juste une réaction à ce que vous voyez. Dites-moi dans votre post ce que vous faites. Hart : on peut gérer ça en aparté. Avant la rencontre si tu as des questions à poser à Khotor ou tes hommes, et après la rencontre pour les parlementations. Aki, je te laisse réagir à la situation dans ton post.]


[XP :
Ezak : 0,5 (papote), 0,5 (reprise de la marche)
Huyïn : 0,5 (papote), 0,5 (promenade)
Leyna : 0,5 (Hercule !)
Xël : 0,5 (papote), 0,5 (reprise de la marche)
Hart : 0,5 (papote), 0,5 (mise en route)
Drac : 0,5 (briser les chaînes)
Mathis : noté quand complété.
Akihito : noté quand complété.]

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