Oyé oyé, Riz-pain-sel,
demi-solde et jeunes valets.
Prêtez-moi une oreille
pour ouïr cette histoire sans pareille
C'était lors d'une froide soirée
Et probablement... Légèrement alcoolisée
Que cette sordide histoire est arrivée.
Von Klaash d'un pas déglingé,
Ne parvenais à avancer sans tituber,
Copieusement saoulé par un alcool frelaté,
A la croisée des chemins il chantait.
Emboîtant le pas derrière mon ami,
Je reniflais ma cape qui empestait le whisky,
Manquant à chaque pas de laisser échapper mon vomis,
C'est là que le Capitaine le vit.
Au carrefour des chemins tors,
Là où les villages sont seuls comme la Mort,
Echoué et abandonné à son triste sort,
Von Klaash tâta de la botte les flancs de son corps.
Bonhomme tout de rouge vêtu,
Face contre terre, on le devinait vieux et barbu,
Le crâne enfoncé dans un bonnet rouge et touffu,
Son corps brisé sous l'attelage de son chariot,
Voyait son sang, par litres s'écouler comme un ruisseau,
Par une grande hotte d'osier, s'échappaient de nombreux lots,
Tous éparpillés, on y voyait poupées de chiffons et petits chevaux,
A coup sûr, ce gros lourdaud,
Epuisé d'avoir sur lui un si gros fardeau,
S'était renversé non loin du temple de Meno.
Ses côtes enfoncées et son crane en morceaux,
Il ne restait plus que son grand pardessus en lambeaux
Pour tâcher de reconnaître ce vilain maraud
Sa tête décollée de la boue, de son visage, ne laissait plus rien paraître,
Pire encore, à la lueur de la lune, sa face semblait être labourée par un rètre,
Mais sa bedaine généreuse et sa fourrure rouge et blanche n'avaient rien de piètre,
Bien que le contenu de sa bourse ne nous laisse dans un mal-être,
Pour tout trésor, le vieux portait avec lui une liste de nom d'enfant,
Allait-il se rendre au temple de Meno où les prêtres organisaient une Kermesse ?
Von Klaash, arrachait au défunt son grand feutre en riant
" Si le vieux, à tous ces enfants a fait une promesse,
Il serait bien mal avisé que nous n'honorions pas la volonté d'un mourant "
Je suivais alors mon ami alcoolisé enveloppé dans ce grand manteau
Portant sur mes épaules une hotte pleine à craquer
Nous apercevons les lueurs du temple de Meno,
J'entendais déjà Von Klaash s'exciter
D'avance, le Capitaine s'imaginait les enfants qui nous attendaient
Rendu agressif par un alcool mal distillé et bon marché,
Mon bon ami frottait sa lame sur sa pierre à affûter,
Je sentais qu'on allait passer une excellente soirée.