Le Karhen-Kark

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Yuimen
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Le Karhen-Kark

Message par Yuimen » sam. 1 févr. 2020 14:54

Le Karhen-Kark

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Signifiant littéralement "Le Hall Sanglant", le Karhen-Kark désigne l'immense salle centrale de toute cité Rakhaunen. C'est là que le chef siège, rend la justice expéditive propre à ce peuple belliqueux et règle tous les problèmes de la ville, en compagnie parfois de ses plus proches conseillers, toujours devant une foule plus ou moins conséquente. C'est aussi là qu'ont lieu les rares cérémonies des Rakhaunens, qui se produisent principalement pour honorer la mort d'un grand guerrier, lors d'un départ en guerre ou pour célébrer une victoire militaire.

C'est aussi dans cette salle que se déroulent les duels officiels, notamment lorsqu'un mécontent défie le chef en poste, ce qui donne alors lieu à un rassemblement si conséquent que des huîtres dans leurs coquilles sembleraient privilégiées au niveau de l'espace disponible.

Contrairement au reste de la cité, ce hall est massivement éclairé par de gros braseros utilisant du minerai de charbon extrait de la montagne, autant dire qu'il n'y fait jamais froid !

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Gamemaster7
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Re: Le Karhen-Kark

Message par Gamemaster7 » sam. 1 févr. 2020 16:55

Émergence : màj pour Yurlungur, Jorus et Sibelle


Yurlungur et Jorus d'un côté, Sibelle d'un autre, tous trois franchirent les impressionnantes défenses de la cité et purent découvrir de vastes salles, véritables cathédrales souterraines, où vaquait une foule considérable de Rakhaunens. Loin de n'être qu'une modeste bourgade, c'était clairement une vaste métropole qui s'offrait à leurs regards, peuplée sans doute de nombreux milliers de Thorkins à la peau grise. La plupart portaient de simples habits très peu colorés, troublants de normalité après n'avoir vu quasiment que des guerriers harnachés dans leurs pesantes armures noires : ce n'était pas une armée qu'ils voyaient là, mais bel et bien tout un peuple avec ses femmes, ses enfants, ses artisans. Malgré tout, l'ambiance était différente de toutes les cités que les aventuriers avaient pu visiter jusqu'à ce jour : ici, une rigueur quasiment militaire émanait de tout un chacun, pour ce qu'ils en voyaient les rires et autres plaisanteries semblaient rares, même parmi les plus jeunes, et nulle bousculade ne venait troubler les déambulations.

La notion de "bientôt" des Rakhaunens pouvait elle aussi surprendre car il fallut encore largement plus d'une heure de marche aux deux groupes, de salles en galeries, de galeries en escaliers et d'escaliers en salles, pour parvenir finalement à l'entrée d'une immense salle vivement éclairée par de grands braseros rougeoyants. Capable d'accueillir au bas mot plusieurs milliers de personnes, bien qu'il n'y en eut présentement guère plus d'une centaine, il y régnait une chaleur d'autant plus écrasante que les trois compères avaient passé de longs jours dans la fraîcheur mordante des cavernes.

Les deux groupes furent conduits au fond de cette nef colossale, où ils purent découvrir leurs présences réciproques d'une part, mais aussi une estrade à laquelle on accédait par plusieurs hautes marches et qui accueillait un grand et magnifique trône de pierre massive. Sur ce dernier, un sévère Rakhaunen à la pilosité d'un roux très inhabituel et au visage couturé de cicatrices était assis :


Image


Muni d'une splendide mais macabre armure noire, un lourd marteau de guerre à deux mains posés à côté de lui, il se dégageait de lui une aura presque palpable d'autorité et d'assurance. A l'approche des trois étrangers, désormais réunis, il fronça les sourcils et les scruta sans un mot durant de longues secondes d'un regard gris foncé aussi pesant que la montagne sous laquelle il était assis. Puis, toujours sans émettre le moindre son, il tourna les yeux vers les Rakhaunens ayant accompagnés les aventuriers. Rakhaunens qui se mirent aussitôt en demeure, l'un après l'autre et sans le moindre désordre, à lui parler dans leur langue, expliquant probablement la raison de la présence incongrue de trois étrangers au sein de leur cité. Un nouveau silence succéda à ces explications, puis l'impérial personnage reposa les yeux sur les trois visiteurs et parla enfin, d'une voix grave et soigneusement modulée :

"Parrrlez. Je veux savoirr qui vous êtes, ce que vous faites ici et ce que vous voulez. Mentez-moi et vos têtes roulerront au sol."


*****


Gain d'XP :

Jorus : l'xp te sera attribuée une fois ton post complété.
Yurlungur : interaction avec Maerg : 0,5XP
Sibelle : interaction avec tes guides : 0,5XP

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Sibelle
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Re: Le Karhen-Kark

Message par Sibelle » ven. 7 févr. 2020 04:44

Plusieurs jours de marche harassantes se suivirent où les deux guerriers et Sibelle parlèrent peu, échangeant à l’occasion au sujet de quelques banalités. Si Sibelle avait moins d’endurance que les deux compères pour ce qui était de la marche sous les montagnes, elle bénéficiait d’un avantage certain, celui de nécessiter moins de sommeil pour récupérer.

Puis ils entrèrent dans une immense salle où les lichens pendaient du plafond et se rendaient par endroit presqu’au sol, même les parois rocheuses étaient recouvertes par ce végétal qui constituait la nourriture première des Rakhaunens. Une quantité assez importante de ces derniers, habillés plus léger que les guerriers, se trouvaient dans cette salle, affairée à récolter les végétaux blanchâtres.

Sibelle attira l’attention de quelques Rakhaunens, mais ne s’en préoccupa guère et suivit ses guides dans la salle suivante qui était destinée cette fois à la culture des champignons. Après quelques heures de marche dans ces immenses cultures, ils parvinrent à une gigantesque porte gardée par une douzaine de gardes.

Ce fut avec une fierté non dissimulée que l’un des deux nains gris lui annonça qu’ils allaient bientôt arriver à Khaz-Kherral, la grande cité Rrakhaunen.

Les guerriers de gardes s’avérèrent réticents à laisser Sibelle traverser la porte dont ils défendaient l’entrée. Mais après une discussion passablement animée, ses deux guides obtinrent le droit de passage pour l’hinionne.

Une fois les portes franchies, Sibelle découvrit de nouvelles salles aussi vastes les unes que les autres et occupées par de nombreux Rakheunens, femmes, artisans et enfants qui vaquaient à leurs occupations. Sibelle n’aurait jamais pu deviner, ou même soupçonner que les montagnes abritaient une si grande cité. Même cest Rakheunens habillés en civile semblaient presqu’aussi disciplinés que les guerriers en armures précédemment rencontrées.

Ce fut en voyant ces nombreux Rakheunens, que Sibelle prit conscience qu’elle ne connaissait pas l’identité de ceux qui l’avaient accompagnée depuis quelques journées. En fait, Sibelle réalisa peut-être un peu tard qu'il lui serait surement utile d'avoir plus d'informations sur ses guides. Tout en traversant la cité, elle leur demanda:

« Et vous deux, vous avez épouses et enfants qui vous attendent ici ? »

Fronçant les sourcils d’incompréhension, ils lui répondirent qu’ils avaient des enfants, mais que ces derniers ne les attendaient pas. Pour ce qui était des épouses, il n’en connaissait pas la signification. La guerrière tenta alors de préciser.

« La mère de vos enfants. »

Semblant trouver les questions de l’hinionne plutôt étranges, ils répondirent que les enfants avaient plusieurs mères et qu’elles ne les attendaient pas davantage.

Cette fois ce fut une Sibelle déboussolée et piquée dans sa curiosité qui questionna de nouveau :

« Et y a-t-il des femmes parmi vos guerriers ? »

Un sourire apparu sur les lèvres de la guerrière lorsqu’ils lui répondirent que les Rakhaunens étaient tous guerriers. Mais un peu mélangée par ces mœurs si particuliers pour elle, elle questionna de nouveau :

« Peu importe qu’ils soient mâle ou femelles ? »

Les nains hochèrent la tête tout en répétant que c’était bien le cas.

Se souvenant du nain âgé aux longs cheveux et barbes très longues qui portaient une toge brune, elle leur demanda :

« Mais l'homme qui m'a interrogée aux portes, et qui vous a demandé de vous conduire ici, n'était pas un guerrier... Qui était-il et quelle est sa fonction ? »

Ils lui répondirent qu’il s’agissait d’un grand guerrier, mais également un druide. Voulant en savoir un peu plus, elle enchaîna :

« Et comment s'appelle-t-il ? Et comment vous appelez-vous en fait ? Moi, c'est Sibelle. »

Le druide se prénommait Arakr alors que ses deux guides s’appelaient Hart et Trenn.

Ce fut donc en compagnie de Hart et Trenn que Sibelle marcha encore au moins une heure, traversant salles, galeries, escalier qu’ils arrivèrent enfin à l’entrée d’une immense salle éclairée occupée par une centaine de Rahhaunens et vivement par de grands et ardents brûleurs disposés de part et d’autre de la pièce. Ce fut seulement une fois au fond de la salle que Sibelle aperçut Yurlungur et Jorus. Ce dernier semblait avoir oublié son agressivité envers Sibelle puis qu’il l’interrogea du regard, montrant ses deux doigts. N’étant pas certaine, mais se doutant qu’il la questionnait de l’absence d’Arkalan, elle fit un discret signe de négation de la tête suivie d’un clin d’œil. Elle lui expliquerait plus tard ce qu’était devenu de l’elfe noir. Ou bien, il pourrait lui-même en déduire lorsqu’elle répondrait aux questions du chef de cette impressionnante cité souterraine.

En parlant de chef, il était justement bien assis sur un splendide trône de pierre, lui-même disposé sur une estrade accessible via plusieurs marches. D’une chevelure rousse plus pâle que celle de Sibelle, ce nain austère au nez aquilin arborait la même peau grise que ses sujets. De nombreuses marques et cicatrices dans son visage témoignaient des nombreux combats qu’il avait à son actif. De ses yeux perçants et sévères surmontés d’épais sourcils broussailleux, il scruta silencieusement les trois aventuriers originaires de Yuimen avant de s’adresser aux Rakhaunens dans leur langue commune. L’un après l’autre, sans se couper la parole, les nains gris parlèrent à leur chef, à la suite de quoi ce dernier garda le silence un petit moment avant de tourner son regard sévère vers les aventuriers. De sa voix grave, il leur demanda dans la langue commune bien maitrisée, ce qui ils étaient, ce qu’il faisait là et ce qu’il leur voulait, tout en les prévenant qu’un mensonge les amènerait à une décapitation sans délai.

Sibelle préféra attendre les explications, des deux autres aventuriers, curieuse de connaitre la raison de leur présence en ces lieux.

Après un court moment, ce fut la gamine qui prit la parole. Tout en souriant et saluant Sibelle, elle exprima sa surprise à la retrouver dans cet endroit. Tout en la priant de s’exprimer la première. Sibelle se contenta d’un signe de tête en guise de salutation et d’acquiescement.

Elle tourna ensuite son regard vers le chef et entreprit de répondre à ses questions :

« Je suis Sibelle, une elfe blanche originaire de Nirtim, un autre continent de Yuimen. J’ai été engagée ainsi que d’autres aventuriers pour mener une mission d’enquête. »

Puis tout en pointant Jorus et Yurlungur, elle poursuivit :

« Je n’ai aucune idée de la mission qu’ils ont effectuée. Je ne parlerai donc que pour moi. »

Elle répéta en gros ce qu’elle avait expliqué au Druide, n’ayant aucunement l’intention de lui mentir, jugeant qu’elle n’avait rien à se reprocher.


« Je suis partie en direction d’un camp dévasté en compagnie d’un elfe noir nommé Arkalan. Nous enquêtions sur un camp qui avait été dévasté il y avait moins de 2 semaines. Et bizarrement, la nature avait repris ses droits comme si l'évènement s'était déroulé il y a des centaines d'années. Nous avons été recrutés par Sylënn'tar Ithil, commandante de la Garde Militaire de Nessima. Il s'agissait d'une mission d'enquête seulement, pas de tuerie. Un elfe gris nous a rencontrés à ce camp, et nous a orientés vers une faille, un véritable canyon fendant la montagne, nous laissant y aller seul sans davantage explication. Il s'est servi de moi et de mon compagnon comme appât, mais ça je ne l'ai constaté que trop tard. »

Elle s'arrêta quelques secondes, puis reprit:

« Une fois dans la faille, vos guerriers nous ont attaqués. J'ai demandé alors de cesser le tir, expliquant nos intentions pacifiques. Mais les vôtres n'ont pas obtempéré, ils étaient six et nous n'étions que deux. Un combat a eu lieu et nous en avons tué 3 des vôtres dans le combat. »

Sibelle connaissait le risque de faire un tel aveu, mais elle considérait que c’était le mieux qu’elle avait à faire. Après tout, ces attaquants étaient au départ trois fois plus nombreux qu’eux et elle n’avait fait que se défendre à la loyale après avoir demandé pacifiquement de cesser le combat.

« Un des vôtres a demandé l'arrêt du combat et nous avons obtempéré. Alors que nous étions en train de nous identifier et discuter avec eux, des flèches ont volé dans le ciel et ont tué deux des vôtres. C'était les sindeldi. Ils nous ont alors dévoilé leur plan, et avoué qu'ils tueraient le dernier survivant, pour le moment assommé, une fois qu’ils l'auraient interrogé. Ils avaient l'intention de s'infiltrer sournoisement dans vos retranchements dans le but de vous éliminer. »

« Je n'étais pas d'accord avec ce plan que je jugeais déloyal. J'ai donc ramassé ce cor… » Dit-elle tout en montrant le cor attaché à sa ceinture.

« Et j'ai soufflé dedans dans le but de prévenir votre peuple. Les sindeldi se sont alors enfuis ainsi que mon compagnon elfe noir. Ils n’ont rien tenté contre moi pensant que je me ferais tuer sans délai par les vôtres. Je suis donc restée auprès du Rakhaunen inconscient et j’ai attendu le cor en main. »

Elle décida d’omettre le passage où elle s’était réfugiée dans l’arbre, elle ne voulait parler du pouvoir de son sabre devant Yurlungur. Elle enchaîna donc directement avec l’arrivée du druide.

« Un grand guerrier et druide nommé Arrrakrr m’a interrogée et je lui ai tout raconté. Il a alors désigné Harrrt et Trrrenn pour qu’ils me conduisent jusqu’à vous. J’ai accepté de mon plein gré. »

Cela dit, Sibelle se tut, attendant les commentaires du chef ou les explications de Yurlungur et Jorus.

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Jorus Kayne
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Re: Le Karhen-Kark

Message par Jorus Kayne » ven. 7 févr. 2020 16:08

Une fois les portes franchies, l’intérieur de la cité est encore plus spectaculaire. En son sein, c’est un peuple entier qui y est présent, contrairement aux troupes de guerre que nous avons l’habitude de rencontrer. Pourtant s’il s’agit d’un peuple, la notion d’esprit militaire reste présente dans chacun des habitants de la cité et ils sont nombreux. Ici il n’y a pas de bousculade ou même de rire et je conçois un peu mieux les explications de Maerg concernant l’esprit de vengeance qui règne. On nous guide encore une bonne heure jusqu’à une vaste salle où j’ai le grand plaisir de retrouver l’elfe-poulet avec qui je me suis pris de bec devant la commandante de Nessima. De mémoire elle était partie avec un Shaakt qui manque à l’appel. Discrètement je la regarde en jouant avec deux doigts de ma main, pour demander ce qui était advenu de son compagnon, mais elle semble répondre en faisant non de la tête et termine en un…

(Clin d’œil ? Sérieusement ?)

(Hé bien tu ne t’es montré ni hostile, ni grossier, je pense que ça aide !)

(Ma foi c’est surtout l’absence du Shaakt m’a marqué, ils devaient faire voyage ensemble si j’ai bien compris. Et puis son signe de tête ça veux dire quoi, il est tombé au combat et ne s’en est pas sorti ? Ou alors il a mangé un truc pas comestible et s’occupe actuellement de vider ses tripes par tous les orifices ?)

(Ou alors il l’a traité de poulet géant et elle n’a pas apprécié. Tu n’as qu’à attendre le moment propice pour lui demander, mais pour l’heure je te serais gré de ne plus faire des commentaires répugnants. Ces images restent figées dans ma mémoire !)

Nous sommes rapidement mis devant ce fameux grand guerrier, chef des Rakhaunens à la barbe rousse. Celui-ci trône de toute son autorité, en nous toisant de sa hauteur. Il est encore plus impressionnant que ceux que j’ai vu dans son armure noire, son marteau de guerre nous menaçant de part sa proximité. On vient lui parler dans leur langue, certainement pour relater les faits nous concernant, puis le grand guerrier nous somme de nous expliquer, dans une parfaite maîtrise de la langue commune, qui nous sommes et pourquoi nous sommes ici. Il nous met en garde de ne pas mentir, sans quoi nos têtes iront faire un tour sans le reste du corps. Je ne sais pas quoi lui répondre et sachant que Yürlüngür a déjà attisé la méfiance de Maerg, il peut être bon qu’elle soit franche ou qu’elle s’abstienne.

Finalement c’est Sibelle qui commence en se présentant puis évoque une mission d’enquête sans entrer dans les détails. Elle nous désigne, moi et Yürlüngür, déclarant qu’elle ignore les raisons de notre présence et ne parlera qu’en son nom.

(Elle ne compte parler que pour défendre sa propre tête. Tu la trouves toujours aussi sympas ?)

(Ca vaut pour elle aussi. Ses actes, quels qu’ils soient ne vous affecterons pas !)

Elle débute son récit évoquant un camp dévasté, accompagné de l’elfe noir.

(J’avais bien raison, ils sont partis à deux ! Moi je parie sur une tentative de séduction qui a mal tourné et toi ?)

(C’est tellement puéril de ta part ! Moi je vote pour un rituel sombre avec l’elfe en sacrifice ! pas besoin de préciser que ça n’a pas marché.)

(Hooo bien vue !)

(Trop tard, plus le droit de changer !)

Selon les propos de Sibelles, le camp a été dévasté deux semaines avant qu’ils n’arrivent, hors son état laissait l’impression que l’attaque remontait à plusieurs siècles. Elle évoque notre mandataire, Sylënn la commandante de Nessima et la nature de la mission qui n’a pas vocation à des combats sanglants. Tous deux ont rencontré un elfe gris qui les a orientés vers une faille dans les montagnes. Mais visiblement cette, orientation n’était qu’un appât visant à faire sortir des Rakhaunens de leurs cachettes. La présence des deux elfes, bien qu’ils ne soient pas Sindel, ont fait surgir des nains venant pour les mettre en pièces. Les nains n’ont pas obtempéré lorsque l’Hinïonne a demandé de cesser le feu et un combat à deux contre six s’est déroulé jusqu’à ce qu’il ne reste plus que trois agresseurs.

(Après réflexion, je suis d’accord pour séparer les faits et éventuelles accusations. Il serait dommage que nos agissements l’affecte…et inversement !)

Finalement le combat a cessé par l’intervention d’un des survivants et une brève discussion s’est déroulé jusqu’à l’interruption d’un groupe de Sindeldi et leurs flèches aux arguments mortels. Une fois les nains défaits, ils escomptaient pénétrer dans les retranchements pour éliminer le reste de la menace. Trouvant cet acte déloyal, la guerrière s’est saisie du cor, qu’elle présente à sa ceinture et s’en est servi pour prévenir les autres nains cendrés présents, provoquant la fuite les elfes gris et de l’elfe noir. Elle termine son histoire en détaillant peu sa rencontre avec les nains qui l’ont accompagné jusqu’ici.

(Ainsi donc les Sindeldi savent pour les Rakhaunens ? Du moins, ils en ont une meilleure appréhension. Mais enfin c’est comme ça qu’ils se sont séparés ?)

(Je suis tellement déçue aussi, pourtant j’y croyais à cette histoire de sacrifice !)

(Et moi donc ! Bon et bien, c’est à nous.)

Je fixe le chef des nains et fais un pas en avant avant de prendre une grande respiration.

"Grand chef Rakhaunen, je me nomme Jorus Kayne et voici la jeune Yürlüngür. Tout comme l’Hinïonne, nous sommes des étrangers à ce continent, mandaté par la même personne. La commandante de Nessima a reçu des rapports signalant la présence de troupes armées et a jugé de faire appel à des individus qui ne partagent pas l’exacte idéologie des Sindeldi. Elle ignorait la raison, mais cette décision a visiblement été des plus judicieuses compte tenu des récents propos. Nous avons pris le cap à bord d’un navire pour atteindre le fleuve Sithialë. Je vous passe le voyage en mer et notre arrivée au village portuaire, dont la présence d’étrangers n’était clairement pas appréciée dans sa majorité. Une femme Sindel qui a aperçu vos hommes nous a guidés là où elle a vue de petits êtres en armures de guerre pour la première fois. Nos chemins se sont séparés lorsque nous sommes tombés face à un large espace complètement déboisé. Ce n’est qu’en remontant le sillage, laissé par vos hommes je présume, que nous avons fait la rencontre de Maerg et une dizaine de ses hommes, cependant aucune victime n’est à déplorer. C’est lorsque nous avons appris que vous étiez présent avant la venue les efles gris, que nous avons accepté de suivre vos guerriers. Pour le reste, vos hommes peuvent attester que nous nous sommes battus, sans chercher à fuir lorsque des goules nous sont tombées dessus. Je tiens à préciser qu’à ce moment, nous ignorions l’étendue du labyrinthe tortueux qui mène ici."

Je prends le temps de reprendre mon souffle, tenter de calmer ma nervosité avant de terminer par le plus important.

"Voilà les faits tels qu’ils sont et si les propos de l’elfe son exacte, cela signifie que les Sindeldi sont au courant de votre présence et que le Throng-Khura va débuter sans retour en arrière. Oui, j’ai profité de la longue route pour apprendre à connaître votre peuple et j’en conclue deux choses essentielles. La première est que je ne chercherais pas à vous détourner de votre vengeance, c’est une entreprise totalement veine. La seconde, c’est l’ennemi que vous comptez affronter et si vous me permettez de poursuivre, je vous expliquerais pourquoi les Sindeldi eux-mêmes ne sont pas la source de vos problèmes, ou du moins, ils ne le sont plus."

Je recule d’un pas pour laisser le soin à la jeune fille d’évoquer certains points que j’aurais oublié, ou d’attendre la réponse du chef des Rakhaunens.

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Yurlungur
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Re: Le Karhen-Kark

Message par Yurlungur » ven. 7 févr. 2020 17:19

...

Une fois les portes franchies, les deux humains purent pénétrer à l'intérieur de la capitale des Rakhaunens. Celle-ci était ceinte de structures défensives qui semblaient en protéger tous les accès : contrairement à d'autres cités plus conventionnelles, il ne devait pas y avoir de passage souterrain qui fût ici inconnu de la force dirigeante de la ville, au contraire. Mais c'était surtout la taille de cette cité hypogéenne qui valait le coup d'œil : alors qu'ils n'avaient pas croisé de grands groupes de Rakhaunens jusqu'ici, rarement plus d'une vingtaine à la fois, c'était à présent toute une populace qui se massait entre ces murs, une foule de nains cendrés qui, du reste, ne portaient pas tous ces armures noires qui, à l'extérieur des murs protecteurs de la ville, étaient caractéristiques de ce petit peuple.

Yurlungur, tout en avançant, observait avec attention le moindre détail qui passait à sa portée. Ils attiraient moins le regard qu'auparavant, le nombre de Rakhaunens étant plus élevés que dans les mines, et elle pouvait clairement observer certains individus dans leur état naturel, au repos. Elle avait cru longtemps que la tension de ces nains s'expliquait d'une part par leur entraînement militaire, d'autre part par le fait qu'ils étaient confrontés, pour la première fois de leur vie peut-être, à une autre race que la leur : mais c'était tout à fait faux. Même à l'intérieur de la cité, en observant des nains qui vaquaient à leurs occupations sans les avoir explicitement remarqués, des nains qui ne semblaient pas être de véritables soldats, il émanait de ceux-ci une discipline peu commune. Il n'y avait pas de chants, pas de rires : aucune exclamation joyeuse ne venait troubler la vie sombre de ces habitants des cavernes. C'était un peu triste, d'ailleurs. Yurlungur n'appréciait qu'à moitié cette atmosphère. C'était un peu trop loin de l'ambiance dahràmaise.

Elle finit néanmoins par se lasser d'observer les groupes de Rakhaunens qui allaient ici et là : cela faisait à peu près un quart d'heure qu'ils marchaient à travers les vastes rues de la cité, et Maerg semblait déterminé à continuer à avancer. En arrivant au terme de leur parcours dans Khaz-Kheral, elle n'avait plus qu'une certitude : cette cité était décidément bien trop grande, ou les Rakhaunens bien trop nombreux. Elle ignorait même comment il était possible de contrôler une ville aussi grande : un incident, un siège pouvait être entamé d'un côté de la ville, et être achevé avant même que le centre ne soit mis au courant... D'ailleurs, elle ne parvenait pas à se représenter la ville : celle-ci lui semblait grande, trop grande, gigantesque, monumentale. C'en était presque terrifiant.

En entrant dans cette nouvelle salle, la chaleur commença aussitôt à l'étouffer et le malaise continua. Il y avait là une centaine de Rakhaunens, bien que la salle pût en accueillir bien plus. Rapidement, elle détermina la source de cette chaleur écrasante : des braseros éclatants étaient répartis tout autour et brûlaient sans discontinuer, la fumée s'échappant vers les ténèbres du plafond. Il fallait espérer qu'il y avait là-haut un système de ventilation pour évacuer les fumées : néanmoins, celui-ci paraissait clairement inefficace pour rafraîchir la pièce. Ils durent encore marcher un peu vers l'estrade tout au fond, sur laquelle se dressait un trône de pierre massive. Et là, le chef des Rakhaunens.

Elle prit la peine de le dévisager, assez bêtement d'ailleurs. La chaleur l'étourdissait : elle fixait bêtement cette tignasse rousse, ces cicatrices qui barraient un visage fermé et renfrogné, cette lourde armure noire, ce marteau à deux mains... Il fronçait les sourcils en le voyant et Yurlungur se sentait mal. Il faisait décidément bien trop chaud. Elle se sentait un peu fiévreuse, et les idées lui manquaient : elle ne parvenait plus à réfléchir distinctement. C'était lui, leur roi, sans doute - qu'avait dit Maerg déjà ? Le plus grand des guerriers ? Il n'était pas si impressionnant... Elle ne savait plus trop... Il l'agaçait, aussi, à froncer les sourcils ainsi. Il lui rappelait un peu Maerg, et elle se souvenait vaguement qu'elle avait une raison de lui en vouloir, à lui. Mais non ! Maerg n'était pas roux. Celui-là était un autre type, mais ce n'était pas son genre. Trop grognon.

Il y avait quelqu'un d'autre avec eux : elle tourna la tête et découvrit Sibelle, qui semblait faire des gestes vers eux. Yurlungur fronça les sourcils et eut un sursaut de lucidité, entremêlé d'un début de paranoïa. Si elle estimait la valeur martiale de Sibelle, il lui paraissait que ces signes pouvaient être ceux d'un mage qui s'apprêtait à lancer un sortilège : un sortilège mesquin, sans doute, comme tous les sortilèges. Elle avait peut-être appris quelques tours auprès de Xël, cet idiot... D'ailleurs, l'elfe arrêta ses gestes lorsque la jeune fille se tourna vers elle, puis fit un clin d'œil à Jorus. Yurlungur lui lança rapidement un coup d'œil. L'avait-elle ensorcelé lui, afin de l'anéantir elle ?

Elle se sentait mal. C'était comme s'il n'y avait plus que des ennemis autour d'elle, et la chaleur n'arrangeait rien. Des gouttes commençaient à suer sur son front. Le passage la fraîcheur des galeries à l'ardeur de cette salle avait été trop brutal : d'autre part, elle s'était poussée à bout les derniers jours, au cours du combat contre les goules, puis lors de ces marches intensives et de ces courts repos, et par-dessus cela cette vieille blessure au cours du combat contre l'Urükuë, qui n'avait pas encore bien cicatrisé et qu'elle avait sacrément négligée. Elle n'avait rien dit, mais la fatigue s'était accumulée, brisant peu à peu sa lucidité. Oui, décidément, elle avait un peu de fièvre : mais comme tous les déments qui sentent à peine la pente sous leurs pieds, elle tentait de faire bonne figure.

Le chef Rakhaunen venait d'écouter le récit de ses subsides : il remonta son regard vers eux trois et les interrogea.

Yurlungur ne voulait pas parler. Un court silence s'installa : elle réalisa que Sibelle voulait peut-être aussi la laisser parler, sans doute afin de contredire ensuite son récit, de façon perverse et mensongère. Ces idées lui venaient et elle prit une grande inspiration, voila son visage d'un sourire aimable et se tourna vers l'Hinïonne :

« Bonjour Sibelle... Je ne m'attendais pas à te retrouver ici ! Mais je te laisse l'honneur d'expliquer les raisons de ta présence la première. »

Elle fit un pas en arrière, derrière Jorus. Celui-ci semblait ainsi la protéger, face au chef rakhaunen : en même temps, elle cherchait à déterminer quelles issues se trouvaient à proximité, mais il y avait des Rakhaunens de tous côtés. Elle se sentait prise au piège. C'était terrible : l'étourdissement de la chaleur et de la fièvre s'intensifiait de minute en minute et elle avait l'impression qu'un fer brûlant commençait à se loger dans sa cervelle.

Sibelle commença par expliquer l'enquête qu'elle avait menée de son côté. Elle évoqua un camp dévasté, la rencontre avec les Rakhaunens, le combat et la traîtrise des Sindeldi qui les utilisaient comme appâts. Yurlungur ne put retenir un rictus de dégoût. C'était curieusement cohérent avec la nature de ces elfes pédants, d'utiliser les races inférieures comme pur leurre dans leur guerre personnelle. Et elle s'était retrouvée ici, ensuite... Soit.

C'était leur tour. Yurlungur n'avait aucune envie de parler. Si elle avait voulu, il aurait fallu inventer une histoire, une histoire cohérente avec celle de Sibelle, une histoire flatteuse pour le chef Rakhaunen, et elle ne s'en sentait pas la force. Elle ne parvenait plus à embrasser l'ensemble des éléments en sa possession dans sa réflexion : tout était devenu flou, et sa tête lui faisait mal. Peu à peu, son masque de tranquillité, celui qu'elle composait d'ordinaire avec aisance, cette figure disparaissait et laissait apparaître un malaise réel. Mais la fierté luttait contre la fièvre : il fallait rester digne et imperturbable. Lorsque Jorus fit un pas en avant pour parler le premier, elle retint à peine un soupir de soulagement.

Il conta leur voyage jusqu'ici sans détours ni inventions : il l'allégea bien sûr de quelques remarques sur l'ostracisme des Sindeldi, mais ce n'était à vrai dire que la pure vérité. D'ailleurs, Yurlungur était d'accord : tout ça, c'était la faute des Sindeldi. D'aussi loin qu'elle pouvait se rappeler, ils avaient toujours été un tas de crétins orgueilleux à l'origine de tous les problèmes récents qu'elle devait affronter. Elle se souvenait qu'ils les avaient refoulés au village côtier, que leur guide les avait méprisés pour avoir abattu courageusement une puissante bestiole, que leurs marins étaient incapables de tenir sur le pont d'un navire... Elle se souvenait particulièrement de leur mépris, à l'entrée de Nessima et au quai d'embarquement à Oranan. Tout cela l'exaspérait. En plus, c'était de leur faute si elle se trouvait là, et les Rakhaunens aussi.

Aussi, lorsque Jorus conclut que les Sindeldi n'étaient pas leurs véritables ennemis, elle fronça les sourcils et s'exclama :

« Pas nos ennemis ? Tu rigoles ! »

Elle ne sentait plus vraiment ce qu'elle allait dire : d'ailleurs, elle ne réfléchissait plus trop, avait un peu oublié face à qui elle se tenait, et commençait doucement à délirer.

« Ce sont des abrutis finis qui n'ont pas cessé de nous mépriser alors que nous leur avions originellement proposé notre aide... Qu'ils aillent pourrir dans les Enfers de Phaïtos, leur destin m'est bien égal. Incapables de la moindre compassion, incapables de considérer les autres races que la leur comme autre chose que des êtres inférieurs qui devraient les remercier lorsqu'ils daignent nous adresser la parole... »

Elle serra les dents et se mit à grogner.

« Et c'est leur faute, si tout va mal. Si je pouvais, je planterais ma dague en travers de la gorge de cette imbécile de commandante de Nessima ! Je ne leur dois rien, et je les hais autant que je vous hais tous. »

Elle croisa les bras et se tut, frissonnant légèrement, alors que sur son front coulaient encore quelques gouttes de sueur. Son regard s'était perdu sur une dalle du sol : elle ne cachait guère plus son mal, et lentement s'approcha de Jorus, jusqu'à pouvoir s'appuyer légèrement contre lui. Son souffle était haletant et son front brûlant.

...
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Gamemaster7
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Re: Le Karhen-Kark

Message par Gamemaster7 » sam. 8 févr. 2020 17:55

Émergence : màj pour Yurlungur, Jorus et Sibelle


L'austère chef des Rakhaunens écouta les trois aventuriers sans les interrompre ni même esquisser le moindre geste, évoquant indiciblement une rugueuse statue taillée dans le granit plus qu'un être vivant. Seul son regard était mobile, incisif mais rigoureusement indéchiffrable, troublant, il semblait ne rien perdre des expressions passant sur les visages de aventuriers. Lorsqu'ils eurent achevé leurs explications, il garda un silence lugubre durant quelques secondes encore, puis lâcha d'un ton aussi inflexible qu'une sentence de mort :

"Vous êtes envoyés par ces verrrmines de Sindeldi."

Il leva une main pour signifier qu'il n'en avait pas terminé et poursuivit sévèrement :

"Peu imporrrte maintenant que la verrmine connaisse notrre existence : la Thrrong-Khurra a déjà commencé. Le temps des orreilles pointues touche à sa fin. Et avec eux pérrirront tous ceux qui les serrvent."

Il s'interrompit brièvement, fixant tour à tour chacun des trois aventuriers de ses impitoyables prunelles grises puis acheva :

"Mais vos parrroles pourrraient indiquer que vous avez été trrompés, comme nous l'avons été voilà des millénairrres. Aussi vais-je vous donner une chance, une seule et unique chance, de sauver vos vies : apprrrenez-moi tout ce que vous savez sur ces trrraîtrrres de Sindeldi. Vous avez vu Nessima et d'autrrres villes peut-êtrrre, vous avez vu leurs machines volantes. Vous avez vu leurrs soldats, vous connaissez cerrrtains de leurrrs officiers. Prrrouvez-moi que vous n'êtes pas avec eux et vous vivrrrez."

Pendant le temps qu'avaient duré ces discours, plusieurs dizaines de Rakhaunens en armes s'étaient rapprochés, formant désormais un demi-cercle attentif et silencieux derrière les trois aventuriers. Pour l'heure ils ne semblaient pas ouvertement hostiles, mais leur tension était néanmoins palpable et il ne faisait aucun doute qu'ils interviendraient au moindre signe de leur chef.


*****


Gain d'XP :

Jorus : rp du quotidien : 0,5xp ; explications à Harken : 0,5XP; interaction avec ta Faëra : 0,5XP ; Total 1,5XP
Yurlungur : rp du quotidien : 0,5XP ; paranoïa fiévreuse 1XP ; Total : 1,5XP
Sibelle : interaction avec tes guides : 0,5XP ; rp du quotidien : 0,5XP ; explications à Harken : 0,5XP Total : 1,5XP

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Sibelle
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Re: Le Karhen-Kark

Message par Sibelle » dim. 9 févr. 2020 22:56

Sibelle ayant terminé de raconter sa version, elle recula d’un pas afin de laisser la parole à un autre. Ce fut Jorus qui après avoir avancé d’un pas, prit la parole. Son introduction ressemblait fort à celle de Sibelle. C’était la suite de la mission qui différait. Lui et la jeune fille étaient partis en navire dans le but d’atteindre le fleuve Sithialë. Une fois à destination, ils furent guidés par une femme sindel qui avait aperçu les Rakhaunens. Ils ont ensuite rencontré le rakheunens qui les accompagnaient.

Sibelle fronça les sourcils. Elle avait l’impression que Jorus omettait volontairement des détails. Il n’avait pas expliqué comment s’était déroulé cette rencontre et s’il y avait eu combat ou pas, se contentant de dire qu’aucun n’avait péri. Ils ont dû ensuite affronter des goules se battant vaillamment sans chercher à fuir. Il termina en affirmant qu’il ne chercherait pas à les détourner de leur vengeance et que les sindeldi n’étaient pas la source de leur problème. Ayant terminé ses explications, il laissa la parole à sa compagne de route.

Cette dernière ne semblait pas au mieux de sa forme. De la sueur perlait sur son front, et il n’était pas certain que la chaleur intense des lieux en soit l’unique cause. Les sourcils froncés, d’un ton affolé, elle s’écria que les sindeldi étaient leurs ennemis. Et comme si elle n’avait pas jeté suffisamment d’huile sur le feu, elle en rajouta une couche. Elle expliqua que les sindeldi les avaient méprisés et qu’elle ne souhaitait qu’il aille pourrir en enfer. Elle décrivit ensuite leur condescendance et leur mépris envers les races autres que la leur. Sur ce point, Sibelle n’était pas en désaccord avec la gamine. Mise à part la commandante, les sindeldi démontraient en effet d’une certaine étroitesse d’esprit et de dédain envers les autres ethnies. La gamine sembla perdre tout contrôle d’elle-même et s’exclama que les sindeldi étaient responsables de tout leur problème et que si l’occasion lui était donnée, elle planterait sans hésiter sa dague au travers de la gorge de la commandante de Nessima. Elle termina en déclarant qu’elle détestait autant les sindeldi qu’elle détestait les rakhaunens. Si Sibelle avait toujours pressenti l’instabilité mentale de la fillette, elle ne l’avait jamais observée aussi clairement jusque-là. Après avoir exprimé toute sa haine, Yurlungur se croisa les bras, et tout en s’approchant de son compagnon, elle s’appuya légèrement contre lui.

Aussi discipliné que son armée, le chef des Rakhauniens les avait écoutés attentivement sans les interrompre une seule fois. Il était en effet resté de marbre, ne dévoilant pas ses sentiments face aux propos qui lui étaient racontés. Seul son regard attentif leur indiquait qu’il n’avait pas perdu une bribe des informations exposées que ce soit par leurs paroles, leurs attitudes ou expressions faciales.

Après avoir laissé le silence s’installer, il le brisa de sa voix rauque et autoritaire. Il cracha sa haine envers les sindeldi qu’il qualifia rien de moins que vermine. Il déclara qu’ils allaient tous périr ainsi que tous ceux qui les servaient. Sibelle ne put s’empêcher de grimacer lorsqu’il parla d’oreilles pointues, même si elle savait que cette remarque ne lui était pas directement adressée. Elle était par contre fière de cet attribut et surtout de son ouïe fine qui en découlait.

Il ne fit aucunement mention des rakhaunens que Sibelle avait tués, ce qui démontra à celle-ci qu’il faisait preuve de bon sens et avait compris qu’elle avait agi en légitime défense. Il avait aussi saisi que les sindeldi s’étaient joués d’eux. Cependant, il n’octroyait pas la vie sauve aux yuimeniens aussi facilement, il leur réclama des informations au prix de leur liberté.
Sibelle avait de toute façon décidé de lui donner certaines informations. Elle n’était cependant pas certaine que le chef les considérerait assez importantes.

Bien que Sibelle accordait une certaine confiance au chef, elle demeurait tout de même méfiante. Et le rapprochement des Rakhaunens armés formant un demi-cercle ne lui avait pas échappé.

Croyant toujours à la mission qu’on lui avait attribuée, elle décida de prendre la parole. Elle répéta ce qu’elle avait dit au druide, espérant que le chef serait plus réceptif à ces informations.

« Comme vous le savez, la force d’une armée ne réside pas seulement en la capacité de combattre de ses soldats. La discipline, l’ordre et l’unité sont aussi des facteurs importants. Or, les sindeldi ont perdu l’unité au sein de leur peuple. »

Elle s’arrêta quelques secondes le temps de jeter calmement un regard au demi-cercle de nains qui les encerclaient, puis elle reprit :

« Les sindeldi sont divisés. Il y a ceux qui veulent vous exterminer et il y a les autres, ceux qui ont comme but ultime l'Harmonie et l'équilibre sur Yuimen. Ces derniers veulent empêcher l’éradication d’un peuple. Le sindel qui m’a piégé appartient à la première catégorie, alors que la commande Sylënn'tar Ithil appartient au second. »

Une fois de plus, tout comme elle l’avait fait au druide, elle dévoila son médaillon.

« La commandante appartient à un ordre nommé : Les danseurs d’Opales. Cet ordre est composé de plusieurs races et ethnies différentes, sa devise est : « C’est par ma seule volonté que mes armes se meuvent. » Et son but ultime en est l'Harmonie et l'équilibre sur Yuimen. Dans cette optique l'ordre agit pour empêcher l'éradication d'un peuple, l'avènement d'un pouvoir trop absolu ou encore l'abus de l'usage des fluides. Je suis une elfe blanche et j’appartiens à cet ordre. Je pense qu’il est possible de vous rendre justice, de vous redonner vos terres, sans pour autant détruire tous les sindeldi. D’autant plus qu’une partie d’entre eux, moins imbus d’eux-mêmes, ne désire aucunement votre extermination.»

Sibelle s’arrêta un moment, puis reprit :

« Je suis prête à vous aider à reprendre vos terres et à vous rendre justice et à vous faire entendre des autres peuples habitant votre île. Je suis une bonne combattante et mes oreilles ne sont pas que pointues, elles sont très fines, ce qui peut s’avérer très utiles. Mais je refuse de participer à l'extermination d’une race entière, que ce soit la vôtre ou celle des sindeldi. Certains Sindeldi devront mourir certes, faute d’entendre raison. Mais ils ne méritent pas tous la mort. »

Bien qu’elle était consciente de la hardiesse de ses propos, elle avait choisi cette fois qu’elle considérait la plus juste.
Modifié en dernier par Sibelle le sam. 22 févr. 2020 04:11, modifié 2 fois.

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Jorus Kayne
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Re: Le Karhen-Kark

Message par Jorus Kayne » mer. 12 févr. 2020 14:23

Je m’attendais à une certaine surprise après mes propos, mais certainement pas une telle réaction venant de Yürlüngür. La jeune fille s’offusque et présente les Sindeldi comme des abrutis qui nous ont méprisés et dont l’égo envers les autres races semble ne souffrir d’aucun rival. Elle finit en évoquant la commandante de Nessima, dont elle aimerait accessoiriser d’une dague au travers de la gorge et qu’elle les hait autant que tous ceux présents.

(Et merde ! Ca sent pas bon cette histoire.)

Plus encore que ses propos, le comportement de Yürlüngür m’inquiète. Alors qu’elle se rapproche de moi jusqu’à ce que je lui serve d’appuis, je vois son front perler de sueur tandis qu’elle halète fortement. Ne sachant quoi faire, je place un bras protecteur autour d’elle pour m’assurer qu’elle ne tombe pas au sol.

(Elle n’a pas l’air bien ! Tu sais s’il existe un mal des montagnes, un effet secondaire au manque de lumière ?)

(Pas à ma connaissance, mais peut-être a-t-elle été blessée durant l’affrontement avec les goules et que ça c’est infecté !)

(Dans ce cas il faut lui faire voir un guérisseur!)

Le chef des Rakhaunens conclu simplement que nous sommes envoyés par les Sindeldi, des espions en sommes, cependant il lève sa main pour signifier qu’il n’a pas fini et que ses hommes devront attendre avant de nous trancher en fines lamelles. Il poursuit en évoquant que la Thrrong-Khurra a déjà commencé, maintenant que l’existence des Rakhaunens a déjà été révélé et que le temps de la domination des elfes gris sur le Naora arrive à son terme. Avec eux, ceux qui les servent périront également.

(Oui…non. Très peu pour moi ! )

Il nous fixe chacun à notre tour avant de reprendre après une brève pause. Même s’il nous pense honnête, nous avons pu être trompé comme l’ont été les nains cendrés il y a des millénaires. Il nous laisse une possibilité de garder nos têtes avec le reste du corps, si nous lui donnons des informations utiles concernant les moyens militaires dont disposent les Sindeldi. Derrière-nous de nombreux Rakhaunens armés se sont rapprochés. Sans être très menaçant dans l’immédiat, ils sont surtout une force de persuasion physique, attendant le moindre signe de leur chef pour agir.

(Dans l’immédiat, je doute qu’on vous autorise à voir qui que ce soit hormis peut-être un bourreau. Si tu veux qu’elle soit soignée, il n’y pas d’autre choix que de répondre au grand guerrier. D’ailleurs, même sans être malade il est fortement conseillé d’obtempérer !)

(Je n’aime pas l’idée de massacrer les Sindeldi, mais je ne peux non plus permettre que les nains se fassent exterminer à nouveau.)

De nouveau, Sibelle est la première à prendre la parole. Elle évoque la discipline, l’ordre et l’unité qui sont d’une importance cruciale dans une armée, alors que le dernier point fait défaut aux Sindeldi. Elle explique cette division entre les elfes gris qui veulent asseoir leur suprématie sur le Naora et ceux qui cherchent l’équilibre et l’harmonie sur Yuimen. Je me fige sur place, droit comme un piquet. Mon esprit est soudain affûté lorsqu’elle prononce le mot harmonie.

(Quoi, l’harmonie ? Ce même principe que m’a inculqué Panaka ? J’ai voyagé sur trois continents, deux mondes différents et c’est la première fois que j’en entends parler depuis mon maître ! Comble de l’ironie, il faut que ce soit elle qui l’évoque.)

Fixant un point devant moi, je suis complètement focalisé sur les propos de l’elfe. Elle poursuit en évoquant l’appartenance de la commandante de Nessima à un ordre nommé les danseurs d’Opales. Une image se forme dans mon esprit où je vois la commandante danser avec une parure ornée de pierres d’opales en guise d'unique vêtements. Etrangement un frisson glacé me parcours le dos. L’Hinïonne décrit le fameux ordre comme un regroupement de races et d’ethnies différentes et dont la devise est : "C’est par ma seule volonté que mes armes se meuvent." Tout comme la commandante, elle est membre de l’ordre qui, afin de conserver le but de l’harmonie et de l’équilibre, agit pour empêcher l’éradication d’un peuple, la naissance d’un pouvoir trop important ou l’abus de l’usage des fluides. Elle poursuit en en expliquant que, selon elle, il est possible de rendre justice aux Rakhaunens sans tuer tous les Sindeldi car beaucoup ne partage pas cette notion de race supérieure. Elle termine en offrant ses compétences aux nains, mais refuse d’exterminer tous les Sindeldi.

(Etrange, elle est capable de voler et n’en fait pas mention. Pourtant je suis sûr qu’une telle aptitude serait fortement appréciée pour sa capacité de reconnaissance.)

(Si elle ne l’a pas fait, elle a probablement ses raisons et ne l‘évoquera qu’au moment voulu. Je pense que de toute façon, c’est sa décision d’en parler ou non.)

Je fais un pas en avant et prend une grande inspiration. J’ai été mandaté pour enquêter sur une menace pour les Sindeldi, mais ce que je m’apprête à faire est comparable à une trahison. Plus encore qu’un moyen de survivre, c’est une idée qui a émergé depuis que j’ai connaissance des évènements d’il y a plusieurs milliers d’années.

"Grand guerrier. Je doute être capable de vous donner les renseignements utiles que vous attendez. Depuis mon arrivée j’ai été sous bonne escorte et dans l’impossibilité d’aller là où je n’avais pas à être. Au mieux je pourrais vous dessiner un plan grossier de la ville, mais franchement vous ne voulez pas voir ça. Concernant leurs engins volants, c’est un atout qu’ils conservent secrètement, ces engins étant manipulés uniquement par les elfes gris. Que je sache, ces appareils sont toujours sur des plateformes d’embarcations et toujours sous bonne garde."

Je marque une pause et mes propos n’étant pas ceux escomptés, je lève une main devant moi pour signifier que je n’ai pas terminé.

"Cependant, il existe une menace que je prendrais au sérieux : les météo-mages. Les Sindeldi, possède des utilisateurs de fluides dont la puissance permet de contrôler le climat. Ca n’a peut être pas l’air ainsi, mais imaginer que vos troupes à l’extérieur, armées pour un combat imminent, viendraient à être la cible d’une puissante tempête qui transformerait le sol en bourbier. Cela limiterait votre progression et dans des milieux comme la jungle, j’userais d’archers bien placés pour faire feu sur vos hommes incapables de se défendre correctement. Dans le cas où vous seriez à flanc de montagne, des écoulements de boues seraient fatals ! Il y a aussi les effets potentiels sur les galeries souterraines. Jusque-là ils ignoraient votre existence, mais que se passerait-il s’ils découvraient un de vos accès cachés menant ici et provoqueraient des trombes d’eaux ? Les galeries souterraines sont immenses, mais si vous n’avez pas des évacuations pour ce genre de possibilités, ce n’est finalement qu’une question de temps avant que tout ne soit submergé. Cependant le gros problème est que j’ignore leurs localisations. J’estime qu’ils sont en hauteur et pour contrôler le climat d’un continent entier, ils doivent former des groupes."

A nouveau je marque une pause où je regarde un bref instant l’elfe blanche.

"Je vous ai évoqué précédemment que les Sindeldi n’était pas votre ennemi et mes propos rejoignent ceux de Sibelle. Votre ennemi, c’est leur idéologie selon laquelle ils sont une race supérieure aux autres. Cette profonde certitude les a poussés, même s’ils sont présents sur les autres continents, à s’enfermer sur le Naora en refusant toutes venues étrangères. Nous sommes peut-être les premiers depuis des millénaires. Cependant durant mon voyage, j’ai rencontré des elfes gris qui ne partagent pas cette idée, ils en sont même à l’opposé, désirant s’ouvrir au reste du monde. Malheureusement, même si ces êtres existent, j’y ai également vu les chefs réprimer ce désir de coexistence par leur simple autorité. Il en va de même pour les dirigeants Sindeldi. Comme l’a mentionnée Sibelle, si les propos de la commandante de Nessima sont avérés, le pouvoir même des elfes gris est partagé. Dans l’idée, il suffirait de placer à leurs têtes des elfes gris favorables à l’ouverture de leurs terres, ainsi qu’à la présence de Rakhaunens, d’Eurions sur le Naora et bien entendu de rendre leurs terres à leurs propriétaires légitimes. Ce que je vous propose est tout bonnement de fomenter un coup d’état au sein des elfes gris qui vous sera bénéfique. Hors, les Sindeldi qui règnent actuellement aiment à la domination de leur race sur ces terres et vous pouvez être sûr que du sang coulera."

Je reporte mon attention sur la jeune fille puis reviens au chef Rakhaunens.

"Nous n’étions pas seuls envoyés par la commandante, mais les autres sont bien trop loin de nous pour que nous puissions les joindre. Ce n’est probablement pas les informations que vous désirez, mais se sont bien là les seules qui sont susceptibles de vous servir. Cependant, cette jeune fille ne se porte pas bien et aurait besoin de soins rapidement."

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Yurlungur
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Re: Le Karhen-Kark

Message par Yurlungur » mer. 12 févr. 2020 16:03

...

Lorsque Jorus l'aida à se soutenir en l'enlaçant d'un bras, elle en profita pour se relâcher encore un peu. Elle sentait bien qu'il y avait quelque chose qui n'allait pas, et n'allait pas refuser qu'on l'aide un peu à se tenir debout, alors qu'elle avait l'impression que sa tête allait exploser. Il y avait un brasier immense juste en-dessous de son front, et tout autour ; lorsqu'elle eut fini de parler, d'ailleurs, il y eut comme un court silence, heureux moment de repos. Elle n'avait plus trop la force de réfléchir lucidement, et se laissait simplement porter par ses idées comme un naufragé se laisse emporter par les courants. C'était la solution de facilité, où il n'y avait rien à faire qu'à attendre puis à réagir aussi spontanément que possible. Elle logea sa tête dans le creux du coude du jeune homme et attendit un peu en cherchant à respirer autre chose que cet air brûlant, mais il n'y avait guère que lui, aussi essayait-elle de le supporter tant bien que mal.

Le chef Rakhaunen conclut sobrement, après une courte réflexion, qu'ils étaient effectivement envoyés par les Sindeldi. Yurlungur se sentit devenir un peu plus grincheuse. Un coup c'étaient les gris qui les méprisaient et les rejetaient, un coup c'étaient les cendrés qui les accusaient d'être passés chez les gris... Cette situation n'avait aucun sens. Et le petit gars, avec sa barbe rousse, il l'énervait. Elle avait envie de lui faire perdre de sa superbe, de lui montrer qu'elle n'était pas aussi négligeable qu'elle en avait l'air. Parce qu'elle se sentait confuse et faible, elle avait l'impression qu'il fallait qu'elle se montre d'autant plus violente et hargneuse, comme pour montrer qu'il valait mieux ne pas essayer de profiter de son affaiblissement : c'était la réaction d'un animal blessé, qui grogne et mord tout ce qui s'approche.

Le rouquin continua en annonçant que l'ère des Sindeldi allait néanmoins bientôt s'achever, et conclut à nouveau par une menace à leur encontre, prédisant la perte des elfes ainsi que de tous ceux qui les avaient servis ; mais il leur laissa une dernière chance : s'ils trahissaient les Sindeldi, ils auraient la vie sauve. Rien de plus simple. Yurlungur se sentait hésiter entre lui donner ce qu'il exigeait et pouvoir enfin trouver un lit pour se reposer, ou lui tenir tête. Cette dernière idée la titillait et elle hésitait sérieusement à se laisser aller à la gratter un peu plus fort. Lorsqu'elle s'aperçut qu'autour d'eux les Rakhaunens s'étaient rapprochés pour former un demi-cercle dans leur dos, prêt à les exécuter sur un simple ordre de leur souverain, elle sentit qu'elle n'avait en fait aucune envie d'accorder satisfaction à ce couillu personnage qui croyait qu'il pouvait l'impressionner de la sorte.

Mais son esprit était incapable de conserver une idée en place plus qu'une demi-minute. Sibelle prit la parole la première et, à la fin de son explication, Yurlungur se sentait la volonté de la contredire elle, et plus le chef Rakhaunen ; puis vint Jorus et, à son tour, elle eut cette pulsion de ne pas lui accorder raison. D'ailleurs, lorsqu'il conclut sur le fait qu'elle avait besoin d'un guérisseur, montrant ouvertement qu'il avait décelé son état de fatigue, elle se recula brusquement de lui, se redressa et lui lança un regard furieux.

« Je vais très bien... grinça-t-elle. »

Elle avait néanmoins la bouche tordue dans une expression de souffrance et il semblait qu'elle faisait des efforts pour se tenir aussi droite, presque roide, au milieu de la salle. Elle déplaça son regard d'animosité à Sibelle et poursuivit :

« L'harmonie, c'est bien beau, mais ils ne la méritent pas, ces gris. La seule raison pour laquelle vos gars défendent une ouverture à l'extérieur ou que sais-je encore, c'est parce que ça leur accordera plus de pouvoir au sein de leur propre société, si ça réussit... »

Son ton se faisait triste : elle articulait ses phrases avec un découragement palpable.

« Dès qu'ils arriveront au pouvoir, ils seront comme leurs prédécesseurs. Moi, j'leur fais pas confiance. »

Elle reporta son regard vers le chef Rakhaunen et lâcha :

« Il y a un village non défendu, Aly... Alo... je sais plus. C'est des paysans qui nous ont refoulés quand on est arrivés, du côté où on est arrivés, en-dessous du Delta... Si vous attaquez là, vous n'aurez aucune difficulté à vaincre, ça attirera des renforts et vous pourrez attaquer Nessima tranquillou. En plus, c'est à Nessima qu'y a plein de soldats, donc si la ville est prise, l'armée Sindel sera complètement désorganisée. »

Elle lui sourit, mais c'était un sourire de fauve qui sert davantage à montrer les crocs qu'à se rendre aimable.

« Je vous ai donné une info, et j'ai la flemme de réfléchir pour en trouver plus, là, maintenant. Vous avez peur de nous, à vouloir placer vos soldats aussi près de nous, juste dans notre dos ? Je croyais que vous étiez le plus grand guerrier : si vous avez des tripes, venez donc m'affronter directement. »

Elle avait cet air provocateur qui caractérise les enfants turbulents : d'ailleurs, elle n'avait pas l'air de se rendre compte dans quel pétrin elle se fourrait et la proximité du danger, ainsi que la volonté furieuse de n'être pas prise pour une faible, la dotaient d'un surplus d'énergie. Elle avait le haut du dos légèrement voûté, comme un chat qui se fait gros pour impressionner un dragon, et ses poings étaient serrés ; dans son regard brillait davantage de méfiance et de ressentiment que de véritable défi, c'était le regard noir des aigris.

...
Modifié en dernier par Yurlungur le ven. 21 févr. 2020 18:42, modifié 1 fois.

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Gamemaster7
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Re: Le Karhen-Kark

Message par Gamemaster7 » sam. 15 févr. 2020 12:20

Émergence : màj pour Yurlungur, Jorus et Sibelle


Tout comme précédemment, le chef des Rakhaunens écouta avec une attention soutenue, et un immobilisme quasiment total, les réponses des aventuriers. Déchiffrer ses traits rudes et peu expressifs n'avait rien d'aisé mais, aux paroles de Sibelle, un infime froncement de sourcils sembla indiquer qu'il réfléchissait très sérieusement à ce qui venait de lui être dit et qu'il soupesait soigneusement les informations données et la proposition de l'Elfe de les aider. Il ne réagit cependant pas davantage et écouta ensuite semblablement Jorus, ne trahissant ses pensées que par un discret plissement des yeux lorsque le jeune homme évoqua les mages météorologues des Sindeldi. Apparemment il avait ignoré, jusque là, leur existence.

Aux derniers mots de l'humain, il scruta Yurlungur qui y alla de son petit couplet hargneux. Un petit hochement de tête indiqua que le Rakhaunen n'en pensait pas moins lorsqu'elle déclara ne pas faire confiance aux Elfes Gris et, sans doute, la situation aurait-elle pu tourner en faveur des trois compères si la jeune femme n'avait alors poursuivi sa diatribe en défiant purement et simplement son interlocuteur.

Cette fois, la surprise fut bien visible sur les traits du petit guerrier cendré, et un silence de mort s'installa avec une rapidité stupéfiante dans la vaste nef, troublé seulement par les légers crépitements issus des braseros. Puis, comme au ralenti, un sourire n'ayant rien d'aimable, glacial, naquit sur le visage du Rakhaunen qui se leva sans hâte et s'empara, presque distraitement, de son lourd marteau de guerre :

"Tu as plus de brrravourre que de jugeotte, jeune humaine. Écarrtez-vous, vous autrrres."

A ces mots, qui s'adressaient aussi bien à Jorus et Sibelle qu'à ses compatriotes, les Rakhaunens présents reculèrent rapidement en frappant bruyamment leurs armes contre leurs boucliers ou contre leurs armures, engendrant un vacarme phénoménal. Lequel vacarme sembla se répandre comme la marée, bien au delà de la salle sans doute car presque aussitôt un flot de Rakhaunens se déversa par les portes, tous apparemment fort excités et désireux d'assister au combat qui se profilait.

Quant à Yurlungur, elle avait désormais un duel sur les bras, et non des moindres. Sa fièvre avait-elle obscurci son jugement pour qu'elle se pense capable, dans son état de faiblesse actuelle, à même de triompher du plus redoutable guerrier de ce petit peuple tout entier voué à la guerre ? Elle n'allait pas tarder à le savoir.


*****


HRP : l'XP vous sera attribuée à la fin de la présente situation.

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Yurlungur
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Re: Le Karhen-Kark

Message par Yurlungur » ven. 21 févr. 2020 18:41

...

Le roi Rakhaunen n'avait pas trente-six possibilités pour réagir à son défi. Tous les nains présents semblaient abasourdis par le culot de la jeune fille, qui entendait le silence se faire autour d'elle comme si, au milieu d'un songe, elle était devenue sourde - mais il y avait encore le chuintement des braseros et les battements de son cœur malade. Puis le roi lui sourit, de cet air qui signifiait qu'il comptait l'écraser, et elle lui sourit en retour, leurs regards se croisant avec l'audace des fous qui se trouvent aux instants les plus violents de la bataille. Il se leva - ce qui ne changea pas particulièrement sa taille, à vrai dire - et saisit presque distraitement l'énorme marteau qui reposait à ses côtés, s'avançant vers elle en répondant sarcastiquement. La bravoure, n'était-ce pas quelque chose qu'ils valorisaient ? Quant à la jugeotte de Yurlungur, ils verraient bien si elle en avait... Oh, elle se faisait sans doute des illusions terribles si elle imaginait pouvoir vaincre facilement cet adversaire-là, mais en réalité, elle n'y pensait même pas tout à fait. Elle était devenue incapable de former un raisonnement correct et réagissait à l'instinct, brusquement, dès qu'une parole portait jusqu'à ses oreilles, dès qu'un rictus l'agaçait un peu trop.

Il n'en fallut pas plus pour que les Rakhaunens restants forment un cercle autour d'eux, frappant soudainement de leurs armes et de leurs boucliers contre le sol. Un vacarme énorme retentit dans la salle, qui contribua à accroître la confusion de l'assassine. Elle se sentait défaillir, et ce tintamarre aggravait ses maux de tête : elle aurait voulu que ça s'arrête, mais autour d'elle les Rakhaunens semblaient trop nombreux, ou de plus en plus nombreux. Elle se tenait au centre du cercle, à peu près, l'air hagard et le visage haineux, prête à se battre, ou à tout ce qui pouvait survenir entre elle et le roi.

Mais justement, ce fut Jorus qui survint. Il s'interposa entre eux deux, dégainant ses armes et refusant que le combat prenne place. Il prétexta qu'elle n'était pas dans son état normal, qu'elle était épuisée après son périple sous la montagne, et qu'il était indigne des nains cendrés d'accepter un duel sous ces conditions. Puis, se tournant vers elle, il lui donna un coup de manche contre la tête, pensant visiblement qu'elle ne sortirait de l'affrontement que sévèrement blessée, voire morte. Elle ne savait pas s'il disait vrai - elle était peut-être un peu fatiguée, certes - mais elle n'avait pas envie d'y réfléchir.

D'ailleurs, elle n'en eut pas l'occasion, car les Rakhaunens sortirent des arbalètes et les pointèrent vers le jeune homme, tandis que le chef menaça de le tuer en premier s'il refusait de s'écarter. Yurlungur rétorqua à son tour :

« Écarte-toi, je m'en sortirai toute seule. »

Jorus était un bon combattant, mais elle n'avait pas l'intention de faire dans la demi-mesure. Du reste, elle se fichait complètement d'avoir des alliés dans le duel suivant : son unique objectif était de se lâcher un bon coup, de faire ravaler son orgueil à ce roi nain, de faire taire cette douleur sourde qui lui tiraillait le crâne par l'adrénaline du combat... Mais Jorus ne se calma pas. Il s'adressa à nouveau aux Rakhaunens, indiquant qu'il serait bien déçu si jamais leur première “victime” était une jeune fille “malade” qui était tout aussi opposé qu'eux aux Sindeldi.

Yurlungur trembla. “Victime”. “Malade”. Elle tirait ces mots de leur contexte et, sentant qu'ils lui étaient attribués, cela l'écœurait. Elle avait combattu, elle s'était entraînée pendant des semaines auprès d'Arsok, elle avait souffert, elle avait abandonné tout, famille, patrie, et même une part de son honneur, pour qu'on continue toujours à la considérer comme une enfant folle qu'il ne fallait pas prendre au sérieux. Même le roi Rakhaunen avait des accents de mépris dans son discours, quoiqu'il eût relevé le défi, au moins. Mais Jorus souhaitait l'en priver, il estimait qu'elle était trop faible sans doute, qu'elle n'était pas capable de se débrouiller seule... Le chef rétorqua effectivement que l'issue du duel, à son avis, ne faisait aucun doute : il avait seulement la délicatesse de relever que cette mort serait honorable.

Puis vint le coup fatal. Sibelle prit la parole à son tour. Elle qui s'était tue jusqu'ici, elle que Yurlungur avait failli oublier, décida de l'enfoncer encore un peu plus. Elle pensait que l'assassine n'était “pas au meilleur de sa forme”, et voulait elle aussi repousser l'affrontement. En regardant autour d'elle, Yurlungur eut le sentiment affreux que tous la considéraient comme une ennemie que le roi Rakhaunen vaincrait aisément. Implicitement, tous montraient dans leurs propos qu'ils ne la croyaient pas capable de vaincre, qu'ils ne l'envisageaient même pas sans doute. Ils ne l'estimaient simplement pas assez. Ils la jugeaient folle, sans doute. Faible.

Elle se tenait là, droite, presque raide, les poings serrés contre les jambes. Son visage était parcouru par un tremblement tandis que ces pensées se frayaient un chemin à travers sa conscience, et une grimace triste assombrissait son visage. Et d'un seul coup, elle craqua et fondit en larmes. Le sanglot était rauque : ce n'était pas celui d'un enfant, mais d'une âme en peine.

« Mais pourquoi vous pensez toujours que je suis faible ? Moi je veux être forte, moi je veux te battre, roi Rakhaunen, moi je veux vous montrer que je ne suis pas qu'une gamine inutile et inoffensive ! Laissez-moi me battre ! Laissez-moi avoir cette gloire ! »

Elle avait crié avec toute la force du désespoir : en relevant le regard, ses yeux encombrés de larmes ne distinguèrent que des formes floues. Elle tenta de se calmer, de contrôler son souffle, essuya ses larmes du bout de la manche, mais il en coulait toujours un peu.

« Zut... Je ne vous vois plus bien maintenant... »

Le chef Rakhaunen, elle ne voyait plus son expression. Mais, suivant l'avis de Sibelle, il consentit à repousser le duel de deux jours, toujours aussi certain de sa victoire à venir. Elle se crispa. Il fallait qu'elle réplique quelque chose, n'importe quoi. Il fallait qu'elle récupère son honneur perdu devant cet hideux petit être aux contours incertains, qu'elle réponde qu'elle était prête à le suriner tout de suite, qu'elle avait juste besoin de sécher un peu ses larmes et que ce serait bon... Jorus s'interposa encore une fois et, cette fois, alla dans son sens. Elle n'eut même pas le réflexe de penser que c'était une flatterie.

« Évidemment ! Je vais le saigner jusqu'à la dernière goutte, proféra-t-elle suffisamment fort afin que l'intéressé entende, et il pourra pleurer ses ancêtres de m'avoir pris de haut ! »

Des gardes s'approchèrent alors, prêts à les mener vers leurs quartiers. La séquence avait épuisé Yurlungur, aussi bien moralement que physiquement : Jorus à ses côtés, elle suivit sans faire d'histoires, le regard vide. Elle ne demandait qu'un bon lit pour se reposer, et dormir. Dormir longtemps, et espérer ne pas se réveiller...

...
Modifié en dernier par Yurlungur le mar. 3 mars 2020 19:49, modifié 1 fois.

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Jorus Kayne
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Re: Le Karhen-Kark

Message par Jorus Kayne » ven. 21 févr. 2020 21:23

Loin de vouloir se laisser soigner, Yürlüngü s’écarte de moi et prétend bien se porter en me jetant un regard noir. Tandis qu’elle se tourne vers Sibelle, elle rétorque que les Sindeldi ne méritent pas l’harmonie. Elle semble prétendre que le désir d’ouverture vers l’extérieur n’est qu’un prétexte visant à obtenir plus de pouvoir et lorsqu’ils auront la place tant convoitée, rien ne changera. Elle évoque ensuite le village où nous avons accosté et précise qu’aucune défense n’existe, permettant une prise facile tout en attirant les renforts, afin d’amoindrir les défenses de Nessima.

Je n’aime guère l’idée d’attaque le village, ce ne sont que des pêcheurs et une attaque comme elle l’évoque finira en bain de sang. Pourtant la jeune fille va plus loin, allant jusqu’à même pousser le chef des Rakhaunens à un duel. Un silence tout simplement effrayant prend place, alors qu’un nombre incalculable de nains cendré sont présents. Aucun mot n’est prononcé lorsque le roi sous la montagne se lève, prend son marteau de guerre et fait écarter ses hommes pour un duel.

(Non d’une petite luciole, elle est complètement folle !)

(…)

(Jorus ?)

La panique s’impose en moi. Dans son état, la jeune fille cour à une mort certaine et mon corps se meut de lui-même. Alors que le roi des Rakhaunens s'avance marteau en main vers la jeune Yürlüngür, je m'interpose entre eux et dégaine ma dague de glace ainsi que mon boomerang.

"C'est hors de question !" Dis-je en clamant haut et fort pour que tous les nains présents entendent. "Je ne permettrais pas qu'une telle chose se produise ! Cette jeune fille est clairement dans un état second et incapable de se battre correctement. Nous avons affronté des bêtes hors de ces grottes, des goules, marché je ne sais combien de temps sous la montagne et nous voilà épuisé. Roi sous la montagne est-ce là le fameux courage des Rakhaunens ? Combattre une jeune humaine à peine en âge de porter la vie, sans avoir eu une once de repos correct ?"

Je me tourne vers Yürlüngür et lui donne un coup de manche sur la tête.

"Et toi sombre idiote. Tu veux massacrer des Sindeldi, mais comment tu t'y prendras avec la tête en bouillie ? Admettons que tu parviennes à remporter ce combat, tu penses sincèrement que tu seras indemne ? Tu te battras beaucoup moins bien avec une jambe en moins !"

(Heu tu es sûr de ton coup là ?)

(Il faut gagner du temps et espérer qu’avec des soins elle se portera mieux !)

Autour de moi la tension est palpable. Les nains cendrés brandissent leurs armes quand ce n’est des carreaux d’arbalètes orientés vers nous trois. Le chef lève une main pour retenir ses hommes, mais c’est pour mieux montrer son autorité. Il me regarde d’un mauvais œil et d’une voix glaciale, me rétorque que je ne suis rien et n’ai pas permission d’interagir. Il termine en m’ordonnant de ranger mes armes et de m’écarter si je ne veux pas être le premier à perdre la vie.

De son côté, la jeune fille ne prend toujours pas conscience de la gravité de ses actes et rétorque qu’elle s’en sortira seule. Sibelle y va aussi de son intervention, mais elle se contente de poser une main sur mon épaule pour m’inciter à reculer. Même si j’ai toujours un grief contre elle, elle est celle qui garde le plus la tête sur les épaules. Pourtant si je ne fais rien, Yürlüngür va droit à la mort. Sans rejeter la main de Sibelle, je m'avance d'un pas pour m'en échapper. Je regarde le chef et parle suffisamment fort pour que tous entendent.

"Est-ce là le fier peuple Rakhaunens dont on m'a tant vanté l'honneur ? Quatorze mille ans à attendre pour votre vengeance et la première victime du Throng-Khura est une enfant malade et de surcroît opposée aux sindeldi ?"

Le chef des Rakhaunens continue de me fixer sans piper mot durant de longues secondes. Puis il lâche avec un mépris non dissimulé que la jeune fille l’a défié et qu’une mort glorieuse l’attend. En revanche, si je prononce encore le moindre mot je serais assailli de carreaux d’arbalètes.

(Bon sang, je commence à comprendre les raisons qui ont poussé les Sindeldi à les exterminer !)

(Calme-toi et surtout ne dit plus rien. C’est un roi et en tant que tel, il te fera exécuter puisqu’il l’a affirmé devant son peuple ! S’il ne le fait pas il perdra la face devant les siens.)

(Tu as probablement raison. Mais tuer une enfant malade…il est où l’honneur ? Ces nains ne valent pas mieux que les Sindeldi !)

(Pour commencer tu vas rien dire de tout ça, j'insiste sur ce point ! Ta vie est en jeu alors ne la risque pas pour quelqu’un qui aurait tendance à s’en moquer !)

Sibelle se décide enfin à prendre la parole, mais je sens surtout que c’est à moi que ses propos sont énoncés lorsqu’elle parle de Yürlüngür qui a défié le roi sans contrainte, obligeant le chef à répondre par son honneur. Elle poursuit cependant que la jeune fille n’est pas en pleine possession de ses moyens et que combattre un ennemi affaibli retire sa gloire. Elle propose finalement que le duel soit différé d’un à deux jours.

La jeune fille me regarde et plisse les yeux tandis que sur son visage, des tremblements sont visibles. Malgré tout, elle se tient tellement droite qu’elle en est raide, ses poings serrés le long de ses jambes. L’intervention de Sibelle finit par la fait fondre en larme.

"Mais pourquoi vous pensez toujours que je suis faible ? Moi je veux être forte, moi je veux te battre, roi Rakhaunen, moi je veux vous montrer que je ne suis pas qu'une gamine inutile et inoffensive ! Laissez-moi me battre ! Laissez-moi avoir cette gloire !"

Elle cherche à reprendre son souffle et essuyer ses larmes, mais ses yeux en sont si pleins que sa vue est trouble. Le roi sous la montagne quant à lui secoue la tête, visiblement la scène que nous lui offrons ne lui plait guère. Il regarde Sibelle puis Yürlüngür avant de grogner que dans deux jours le duel aura lieu, permettant ainsi à la jeune fille de comprendre pourquoi c’est lui qui est assit sur le trône. Il nous ordonne finalement de partir, mais je ne l’écoute déjà plus. Je range mes armes et rapproche de la jeune fille, cherchant à capter son regard.

"Deux jours. Dans deux jours, je veux que tu lui fasses bouffer ses dents ! On est d'accord ?"

La jeune fille me répond qu’elle ira jusqu’à lui faire pleurer ses ancêtres et le vider de son sang. Bien entendu, elle dit ceci suffisamment fort pour que le chef des nains l’entende. Alors que des guerriers nous font signent de les suivre, je reste près de la jeune fille et lui pose ma main sur l’épaule.

"J'ai hâte de voir ça !"

Le temps qu’elle se repose, je reste auprès d’elle pour m’assurer qu’elle soit en pleine forme. Je m’intéresserais bien à leurs méthodes de guérison, mais après ma façon d’interpeller leur chef, je doute que l’on me laisse faire quoi que ce soit.

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Re: Le Karhen-Kark

Message par Sibelle » sam. 22 févr. 2020 05:37

Sibelle venait tout juste de reculer que sans attendre Jorus pris le relai en avançant d’un pas. Il commença son petit discours en expliquant au préalable qu’il n’était pas certain que les informations dont il disposait auraient de la valeur aux yeux des Rakhaunens. Il leur raconta que les engins volants des elfes gris consistaient en un atout certain. Cependant, le pilotage de leur petit bijou était réservé à des sindeldi exclusivement, et les plateformes d’embarcations étaient toujours bien gardées. Après une petite pause, il rajouta qu’à son avis les météo-mages représentaient une menace sérieuse.

(Météo-mages ?)

N’ayant, jusqu’à présent jamais entendu parler de ce type de mages, Sibelle écoutait attentivement les explications de Jorus, elle voulait comprendre les pouvoirs de ces mages. A ce qu’elle avait compris, ces mages possédaient des pouvoirs certains sur les éléments. Provoquer une inondation de leurs galeries souterraines pouvait constituer une de leur option.

Après s’être accordé une seconde pause, Jorus tint un propos qui surprit grandement Sibelle qui ne s’en cacha aucunement. En effet, ce dernier partageait l’avis de Sibelle, les Sindeldi bien qu’ambitieux et imbus d’eux-mêmes, n’avaient pas tous cette envie de conquérir le continent, certains désiraient plutôt s’ouvrir au reste du monde. Il termina en précisant qu’Yurlungur ne se portait pas bien et que son état nécessitait des soins.

Commentaire qui fit réagir immédiatement la gamine qui le contraria en exprimant qu’elle allait très bien. Pourtant, l’expression de son visage tordu de douleur, n’encensait pas ses paroles. Elle était contrariée, certes, mais elle semblait également épuisée et pas entièrement bien dans sa tête. A ses propos, Sibelle fronça les sourcils puisque la gamine, contrairement à elle et Jorus, mettait tous les sindeldi sur un même pied, les croyant tous coupables. Elle ne faisait confiance en aucun d’entre eux. Sans hésiter, elle indiqua au chef des nains, un petit village de paysans en dessous de Delta qui ne représenterait aucune difficulté à l’armée des Rakhaunen.

Au désespoir de la guerrière la petite, prenant de l’assurance, devint provocatrice. Elle insinua que la présence de ses nains les encerclant laissait supposer qu’ils craignaient les trois aventuriers Yuimeniens. Et puis, sans crier gare, elle le provoqua en duel.

Alors qu’il avait à peine réagi aux propos de Sibelle et de ceux de Jorus, le chef des nains cette fois, ne put cacher sa surprise devant l’effronterie de Yurlungur. Le silence fut immédiat, non seulement de la part des trois aventuriers, mais également du petit peuple.

Ce que Sibelle craigna, arriva. Esquissant un sourire mauvais, il se leva tout en empoignant machinalement son lourd marteau de guerre. Lui précisant qu’elle faisait preuve de bravoure, mais pas d’intelligence, il ordonna à tous de se reculer. Il avait vraisemblablement décidé d’accepter ce combat. Les Rakhaunens présents frappèrent alors bruyamment leur arme contre leur bouclier en signe d’encouragement pour leur chef, mais surtout pour alerter une bonne partie de leur armée.

Voulant protéger son ami, Jorus ne perdit pas une seconde et s’interposa entre le nain et Yurlungur, dégainant sa dague de glace et son boomerang. Il s’opposa fermement à ce duel en affirmant que Yurlungur n’était pas en état de se battre. Il se tourna ensuite vers sa protégé et tout en lui donnant un léger coup du manche de son arme sur la tête de celle-ci, il tenta de lui faire entendre raison.

Les petits êtres gris intervinrent rapidement et dégainèrent leur marteau pour certains et leur arbalète pour d’autres, les brandissant et les pointant vers les trois aventuriers. Après avoir contrôler les ardeurs de ses troupes d’un simple geste de la main, le roi mit Jorus en garde. Il lui ordonna de ranger ses armes et de s’écarter, sinon, il allait mourir le premier.

(Et ce nain, est un combattant rompu, il tiendra sa promesse si Jorus n’obtempère pas.)

Yurlungur ordonna également à Jorus de s’écarter, elle croyait pouvoir s’en sortir seule.

Sibelle, très attentive à la situation, mit sa main sur l'épaule de Jorus pour l'inciter à reculer et la suivre en retrait. Elle ne sentit pas le besoin de parler, son intention était limpide. Jorus avança alors d’un pas avant de s’adresser de nouveau au roi des nains. Il tenta de dissuader le chef de combattre en lui parlant de l’honneur que son peuple semblait posséder et qu’il n’en serait pas à la hauteur en tuant une enfant malade.

Sans perdre Jorus du regard, le chef répliqua, non sans mépris dans la voix et dans sa mimique, que Yurlungur l’avait défié et qu’elle allait mourir glorieusement. Puis il prévint le jeune homme de ne plus rajouter un mot s’il voulait demeurer vivant.
Sibelle se décida enfin à parler à tous, mais à Jorus en particulier pour commencer :

« Yurlungur l'a défié sans contrainte et c'est donc en agissant avec honneur que le chef a relevé le défi. »

Puis se tournant vers l’adversaire de Yurlungur, elle rajouta à son intention :

« Mais elle n'est pas au meilleur de sa forme. Le combat pourrait être plus intéressant, si elle l'était. Combattre un ennemi déjà affaibli, c'est moins glorifiant. Et si le duel aurait toujours lieu, mais était différé d'une journée ou deux ? "

Ce fut en larmes devant la position de ses compagnons que Yurlungur se récria. Elle voulait être considérée comme forte et non comme une gamine inutile et inoffensive.

Secouant sa tête, le roi annonça qu’il accepta le délai demandé par Sibelle. Le combat aurait lieu dans deux jours et Yurlungur comprendrait pourquoi c’était lui le roi.

Jorus rangea ses armes et s’approcha de la gamine.

Sibelle ne dit rien de plus, et se contenta de faire un signe de tête montrant son accord au chef nain qui avait retrouvé le sourire et sa place sur son trône. L’entretien étant terminé, quelques guerriers s’approchèrent d’eux pour les escorter et Sibelle les suivit sans résister.
Modifié en dernier par Sibelle le ven. 6 mars 2020 01:50, modifié 2 fois.

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Gamemaster7
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Re: Le Karhen-Kark

Message par Gamemaster7 » sam. 22 févr. 2020 16:09

Émergence : màj pour Yurlungur, Jorus et Sibelle


Les trois aventuriers décidèrent de suivre les guerriers Rakhaunens sans résister, et sans doute était-ce sage car, bien que la situation se soit un peu apaisée, les petits combattants étaient indubitablement tendus après ce qui venait de se passer, la manière dont ils tenaient leurs armes indiquait sans conteste qu'ils étaient prêts à s'en servir au moindre éclat supplémentaire.

Sibelle, Yurlungur et Jorus furent ainsi conduits par près d'une dizaine de Rahaunens hors de la salle, parcoururent une longue galerie de grandes dimensions puis descendirent un long escalier qui les amena dans une partie encore inconnue de la cité. Les couloirs, quasiment déserts, étaient étroits, permettant tout juste à deux personnes de se croiser, et faiblement éclairés de loin en loin par des sortes de lampes à huile aux lueurs tremblotantes. De lourdes portes de pierre, toutes fermées, jalonnaient chacun des couloirs qu'ils empruntèrent, et ce fut devant l'une d'elle que leurs guides finirent par s'arrêter. L'un des Rakhaunens fit jouer un mécanisme invisible en appuyant sur une espèce de poussoir en pierre saillant de la paroi, faisant pivoter le pesant battant avec force grincements.

Derrière cette porte, les trois compères purent apercevoir une pièce carrée de taille assez modeste, six mètres sur six environ, dont le plafond ne dépassait que de peu les deux mètres. Cette salle était aussi nue qu'il était possible, dépourvue de meubles ou de la moindre décoration, mais quatre niches, des sortes de couchettes peut-être au vu de leur taille et forme, avaient été creusées dans les parois. L'un des Rakhaunens précisa alors de sa voix rauque :

"Vous entrrrer et attendrrre."

Les trois aventuriers allaient-ils obéir sans discuter et pénétrer en ce lieu évoquant plus une geôle qu'une confortable habitation ? Leurs accompagnants n'en paraissaient pas absolument convaincus et se tenaient visiblement prêts à intervenir de façon musclée si tel n'était pas le cas.


*****


Gains d'XP :

Yurlungur : interactions : 0,5XP ; confrontation périlleuse avec les Rakhaunens: 3XP ; Total : 3,5XP
Jorus : interactions : 0,5XP ; confrontation périlleuse avec les Rakhaunens: 3XP ; Total : 3,5XP
Sibelle : interactions : 0,5XP ; confrontation périlleuse avec les Rakhaunens: 3XP ; Total : 3,5XP

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Yurlungur
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Re: Le Karhen-Kark

Message par Yurlungur » mar. 3 mars 2020 19:48

...

Aussitôt arrivée à la salle qui leur était attribuée, Yurlungur s'approcha de la couchette la plus basse et s'y effondra. Jorus et Sibelle tentaient de dialoguer avec les Rakhaunens, mais rapidement, elle sombra dans un sommeil agité par la fièvre. Quelques heures plus tard, elle fut réveillée lorsqu'une guérisseuse du peuple cendré s'approcha pour lui administrer des soins. Elle se laissa manipuler sans réagir, tandis que Jorus surveillait l'ensemble. Elle était exténuée. La guérisseuse dut donner quelques conseils à Jorus alors que Yurlungur se rendormait ; le soir, au dîner, il prit soin de lui faire avaler quelques décoctions médicamenteuses et elle ne pensa pas à résister.

Le lendemain, elle se sentait un peu mieux, comme au lendemain d'une soirée très arrosée. Trop arrosée. Elle se leva, retira en un instant le déguisement d'ombres qui la faisait paraître inoffensive et, après avoir demandé aux Rakhaunens, fut menée à une salle d'entraînement. Elle était accompagnée de Rakhaunens aux armures grises, et non noires comme précédemment, mais ne s'en souciait guère. L'image du roi Rakhaunen, grossie dans son esprit par l'effet de la fièvre sur les souvenirs, s'imposait à elle comme une évidence funeste. Elle s'efforçait de répéter pompes, abdominaux, flexions ; elle se battait contre un ennemi invisible, ou répétait les mouvements d'une feinte ou d'une dérobade au ralenti, pour mieux les maîtriser ensuite.

Tout cela ne servait à rien. D'ailleurs, elle s'épuisait vite, bien plus vite que ce qu'elle aurait espéré. Après seulement une heure, elle s'adossa à un mur pour prendre une pause et se laissa tomber lentement jusqu'à avoir le cul au sol, se prenant la tête entre les mains. Elle était perdue.

Elle finit néanmoins par se relever, se rapprocher des gardes Rakhaunens qui l'avaient menée là et demander :

« J'aimerais parler à votre roi. »

C'était la seule chose à faire. Elle songeait que c'était toute sa fierté qui s'envolait, mais tant pis. Elle était morte de trouille, maintenant que la démence était passée. D'ailleurs, pour bien la faire mariner, on la laissa patienter une bonne heure, pendant laquelle elle espéra très fort qu'on ne préviendrait ni Jorus ni Sibelle. Elle n'avait pas besoin d'avoir à supporter leur jugement en plus. Lorsqu'enfin elle put entrer dans le Karhen-Kark, le roi l'attendait, entouré de nombreux Rakhaunens, sans davantage exprimer d'émotions que la dernière fois. Elle s'avança jusqu'au milieu de la salle, gardant elle aussi une attitude aussi neutre que possible ; mais malgré tout ses sourcils étaient froncés et sa mine grave.

« Roi Rakhaunen je viens... m'excuser pour mon attitude d'hier. »

Rien que lâcher ces mots avait été pénible, et cela devait se sentir. Elle se tenait bien droite, dressée là, le menton haut et le front fier, mais elle songeait qu'elle devait faire bien piètre figure devant ce peuple guerrier. Tant pis... Il fallait s'expliquer, tenter de sauver ce qui pouvait l'être de son propre orgueil :

« Je t'ai défié sous le coup de la fièvre et je n'avais pas les idées claires. Voilà. »

La justification était courte, mais sincère, et Yurlungur n'avait pas envie de faire dans la finesse aujourd'hui. Elle voulait se sortir du guêpier qu'elle s'était elle-même lancé à la figure : la tâche était suffisamment désagréable pour qu'elle n'ait pas besoin de l'allonger par des flagorneries, qui du reste auraient probablement eu bien peu d'influence sur le roi Rakhaunen. Après quelques instants, elle conclut :

« Si tu souhaites tout de même te battre contre moi, soit. Je serai ton adversaire et je me battrai jusqu'à la mort. »

Ces deux dernières phrases, elle les avait préparées, elle avait pensé qu'il fallait que le Rakhaunen ait aussi un rôle dans l'abandon du duel, qu'il devait avoir eu le choix, et avoir accepté qu'ils s'en sortent tous les deux sans confrontation. C'était un risque à prendre, mais cela lui permettait de décharger en partie la responsabilité de sa seule conscience... Le roi réfléchit quelques instants, puis reconnut la sagesse de la jeune fille. Un instant, il sembla hésiter à passer l'éponge, faisant référence à des textes de lois qui l'auraient empêché, mais compta sur un flou dans cette juridiction qui ne couvrait pas les étrangers - et cela passa. Yurlungur put constater qu'il avait vérifié que personne ne contestait sa décision au sein de l'assemblée présente, comme si cela aurait pu mettre sa propre place en péril. Et comme contrepartie, il demanda à ce qu'elle lui apporte tous les renseignements qu'elle avait sur les Sindeldi. Logique. Elle s'en sortait presque trop bien : c'était exactement ce qu'il avait demandé la veille, et en mettant cela en scène comme une punition pour l'hubris de l'assassine, pour avoir voulu monter sur le trône, il n'alourdissait finalement pas réellement la pression sur elle.

En revanche, elle ne se souvenait pas très bien de ce qui avait été dit, et elle n'avait pas énormément d'informations sur les Sindeldi, contrairement à ce qu'il avait l'air de croire. Elle haussa un sourcil et rétorqua :

« Beaucoup veulent sans doute prendre ta place... Mais ce ne serait effectivement pas si sage. Que veux-tu savoir ? »

Il répondit aussi vaguement qu'elle, annonçant voulant tout ce qui était connu des elfes gris. Elle ouvrit la bouche, prête à répliquer qu'elle n'avait pas grand-chose à lui dire, puis la referma à temps. Ce n'était pas l'heure de jeter de l'huile sur le feu.

« Je n'ai pas grand-chose à ajouter que ce que j'ai déjà dit. Je viens d'un autre continent, sur lequel les Sindeldi sont quasiment absents. Ils emploient seulement leur technologie aéronautique pour faire payer aux autres races les voyages qu'ils nous procurent, mais ils restent autrement très distants de nous. Le Naora a longtemps été fermé aux étrangers, et nous ne pouvions simplement pas le rejoindre. Je suis venue au Naora avec Jorus, car les gris proposaient pour la première fois depuis des siècles, des millénaires peut-être, à des aventuriers de tous bords de venir les aider dans la gestion de certaines crises qu'ils rencontraient. Nous avons été chargés d'enquêter sur des mouvements de troupes dans la Sylve, où nous avons rencontré Maerg et ses hommes. Mais même en nous refilant cette tâche, les Sindeldi se sont montrés méprisants, hautains, et ceux d'Alythaë, le village à l'est de la Sylve, nous ont carrément rejeté hors de chez eux. »

Elle mêlait des informations utiles à des points de détail qui pouvaient souligner sa propre défiance envers les Sindeldi. Celle-ci était réelle, mais elle aurait préféré la conserver cachée, ou alors la simuler devant les Rakhaunens pour s'en faire des alliés. La veille, elle s'était carrément lâchée : elle avait dû glisser qu'elle n'appréciait pas beaucoup plus les Rakhaunens et leur xénophobisme, mais cela ne paraissait plus être d'actualité, et c'était d'autant mieux. Après une courte pause, elle reprit :

« Nous n'avons donc finalement pas eu beaucoup d'occasions d'en apprendre davantage sur eux. Nessima est bien défendue, mais c'est Sylënn'tar Ithil qui en est à la tête. Elle nous a indiqué quels étaient les troubles actuels dans la province : la venue prochaine des vôtres, mais aussi l'agitation des Eürions, auprès desquels vous pourriez trouver des alliés contre les Sindeldi qui les ont également opprimés pendant des siècles. »

Elle réfléchit encore un peu. Qu'avait-elle vu des Sindeldi ? Elle n'était passée qu'à Nessima...

« Je ne crois pas disposer de beaucoup plus d'informations sur eux. Ah, si, peut-être : à Nessima, les quartiers pauvres sont très mal défendus, et les patrouilles y sont quasiment absentes. »

Elle y était passée effectivement : les quartiers pauvres étaient à la fois un bon endroit à frapper pour exterminer les Sindeldi, et en même temps un fort mauvais choix de cible, car les troupes Sindel n'en avaient rien à cirer du trépas de leurs citoyens de seconde zone, et pourraient profiter de l'assaut sur ces quartiers pour se réorganiser. Mais c'était au roi de décider ce qu'il faisait de cette information... Les quartiers pauvres, somme toute, étaient une cible facile, mais ne comportait qu'un intérêt stratégique minime. Le roi garda le silence quelques instants, en pleine réflexion, avant de la remercier pour ces ajouts, et de questionner sur les autres aventuriers venus enquêter.

« Oui... Nous avons retrouvé Sibelle ici, mais je crois qu'elle était partie avec un Shaakt, un elfe noir... Deux aventurières se sont portées volontaires pour tenter de dialoguer avec les Erüions, ou les mater, je ne sais pas ; l'une était encore très jeune, une elfe aussi, et l'autre une jeune femme à la chevelure rousse. Et puis... il y avait un Sindeldi aussi, le seul du lot, qui a décidé de se rendre à Tahelta je crois. Sylënn s'attendait à ce que des Sindeldi hauts placés tentent de nous mettre des bâtons dans les roues : et d'ailleurs ce fut le cas, puisque le navire que Jorus et moi empruntâmes fut la cible d'une tempête, alors même que les Sindeldi disposent de mages météorologues. »

Elle réfléchit quelques instants puis confirma :

« Ce sont tous les étrangers que j'ai vus sur place. Peut-être que d'autres sont arrivés par la suite. »

Le roi conclut que ces Yuiméniens seraient bien incapables de sauver les Sindeldi. Il paraissait bien sûr de lui, mais ne posa pas d'autres questions : Yurlungur, profitant de l'ouverture, lui adressa un court signe de tête puis retourna à sa cellule.

Là, elle y retrouva Jorus et Sibelle. En entrant, elle leur annonça sobrement :

« Il n'y aura pas de duel avec le roi Rakhaunen. Je suis allé le voir, et on s'est expliqués. »

Puis elle se glissa sur sa banquette. Elle préférait ne rien préciser de plus. Comment réagiraient-ils s'ils savaient ce qu'elle avait révélé à leurs geôliers pour sa propre survie ? Bah, elle éluderait. Et puis, les Rakhaunens ne faisaient confiance à aucun d'entre eux, donc ils ne les préviendraient pas de sa fourberie. Jorus s'approcha et, avec une douceur qui la toucha, lui proposa d'en parler un peu. Objectivement, cela lui aurait probablement fait du bien, mais Yurlungur possédait une âme fière et ardente pour lesquelles le dialogue, s'il est tout aussi nécessaire qu'aux autres individus, est vu comme un signe de faiblesse. Elle sourit néanmoins à cet ami cher et répondit :

« Ça va. T'inquiète pas pour moi. »

Puis elle s'allongea sur la banquette, tournant le dos à la pièce. Son visage était crispé, et la culpabilité commençait à y monter. Elle avait un peu honte. Tant pis...

...
Modifié en dernier par Yurlungur le ven. 13 mars 2020 20:51, modifié 2 fois.

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Jorus Kayne
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Re: Le Karhen-Kark

Message par Jorus Kayne » jeu. 5 mars 2020 22:17

Suivant les guerriers Rakhaunens, ces derniers nous accompagnent sous bonne escorte. Pourtant la tension reste palpable, même si elle s’est amoindrie. Les nains ont la mine fermée et les armes prêtes à servir au moindre pet de travers. Nous traversons une galerie particulièrement longue aux dimensions importantes, débouchant sur un escalier. En bas de celui-ci, nous arrivons dans une zone étrange de la cité puisque les couloirs sont déserts et étroits au point où même deux individus auraient du mal à traverser. En plus, la faible lumière présente transforme les ombres en danse morbide. De nombreuses portes sont présentes et c’est à l’une d’elles que nos guides, armés pour une soudaine rébellion, s’arrêtent. Par un mystérieux mécanisme qui m’est impossible de voir, l’imposante porte s’ouvre sur notre chambre.

Une pièce carrée de six mètres sur six, la hauteur sous plafond dépasse un peu les deux mètres. Assez pour que Sibelle n’ait pas à se baisser. A l’image de la décoration pour venir ici, la pièce est aussi dépourvue de meuble qu’elle l’est d’âme. Au mieux, quatre sortes de niches ont l’air de ressembler à des couchettes. L’espace d’un instant je croirais presque à une cellule de cachot.

(Peut-être parce que c’est le cas !)

(Un cachot, mais pourquoi ?)

On nous force à entrer tandis que nos guides campent fermement devant l’entrée.

(Je sais pas, vous avez provoqué l’honneur de leur chef et toi tu l’as menacé avec tes armes. Tu t’attendais tout de même pas à une couchette grand luxe et des servantes qui déposeraient du raisin directement dans ta bouche ?)

(Arrête de parler de ça, tu me fais un effet monstre !)

(Comment ? J’ignorais que tu étais porté à ce point sur la chose !)


(Mais non, je te parle du raisin ! Ha que ne ferais-je pas pour un fruit gorgé de sucre et de soleil ! Ras-le-bol de leur steak de champignon !)


(Quatorze mille ans qu’ils en bouffent ! Ca explique un peu leur côté aigri non !)

Alors que j’entre dans la pièce toujours aux côtés de la jeune fille, Sibelle reste à l’entrée et exigerait presque qu’on lui apporte à manger.

(Ben tiens, quand on parle de bouffe dégueux !)

Celui qui tient le rôle de guide en chef lui rétorque que des vivres vont nous être emmenés. L’elfe déclare en croisant les bras vouloir également vider sa vessie et poursuit en prétextant que nous nous sommes livrés sans résistance et qu’ils n’ont pas à nous craindre de la sorte. Je regarde le spectacle pendant que Yürlüngür va se coucher sur une banquette. Sentant que Sibelle est sur le départ, une petite voix dans ma tête me dit de lui parler. Etrangement cette petite voix ne vient pas de ma faéra. Serait-ce ma conscience ?

"Sibelle !"

Je l’observe en train de me regarder, se demandant certainement quelle bêtise je vais encore sortir. Je prends une inspiration, pour m’aider à sortir ce truc que je garde depuis la salle du trône et qui me pèse comme l’ancre d’un bateau.

"Merci !"

Cela devait être dit ? Après tout, c’est grâce à son intervention que l’on a gagné deux jours. Pour toute réponse, l’elfe me sourie et prétexte qu’elle a agi pour l’équité et la justice. Je commence à me demander ce qui serait advenu si Naral n’avait pas existé. Son principal interlocuteur précise qu’ici nous sommes en sécurité à cause de la dangerosité des galeries et contrairement à ce que l’on peut penser, nous ne sommes pas considérés comme des prisonniers.

(Ha oui ? Eh bien je veux même pas savoir quels châtiments ils réservent à des individus hostiles ! Bon sang, il faut vraiment que l’on aide ce peuple, ne serait-ce que pour leur apprendre l’incroyable avancée technologique de l’oreiller rembourré en plume !)

Sibelle rétorque qu’elle est une guerrière et qu’à ce titre, elle est pleinement capable de se défendre, mais demande cependant la nature des dangers que nous risquons. Elle ne laisse pas le temps d’une réponse et vient rapidement à un point que pensons tous sans l’avoir soulevé la question.

"Si j’entre dans cette salle de repos, vous allez la verrouiller ou pas ?"

Le nain rétorque que nous ne saurons pas où aller, les galeries étant probablement un dédale tortueux sans fin. Les portes resteront ouvertes, cependant les gardes resteront si nous avons besoin. La réponse semble satisfaire l’elfe car elle se détend légèrement. Mais pour ma part mes craintes grandissent en comprenant que nous allons dormir sur ces trucs jusqu’à notre éventuel départ.

N’ayant pas besoin de beaucoup de sommeil, l’Hinïonne fait une nouvelle demande en désirant occuper son temps en s’entraînant et va même jusqu’à désirer affronter les nains cendrés. Après quelques mots dans leur langue, l’interlocuteur de Sibelle répond qu’il lui suffira de demander lorsqu’elle sera prête. Voyant l’attitude des nains vis-à-vis de Sibelle, j’ai moi aussi une demande a faire.

"Ma jeune camarade ne se sent pas bien, consentez-vous à ce que j’offre mon aide pour la confection de remèdes ?"

Le nain me regarde d’un air des plus étrange avant de me demander si je suis un guérisseur. Je secoue la tête en premier lieu pour exprimer mon regret.

"Malheureusement non, je n’ai clairement pas les compétences nécessaires pour être désigné de la sorte, mais c’est un domaine qui m’intéresse. De plus, je suis assez curieux de savoir comment vous guérissez vos maux, sachant que vous n’avez accès à la flore en extérieur du Naora. Je pense avoir beaucoup à apprendre de vos guérisseurs."

Malheureusement le Rakhaunen voit sa suspicion à mon encontre s’accentuer lorsqu’il comprend que je ne suis pas guérisseur et rétorque que mon aide n’est pas accepté. Néanmoins ma présence est tolérée si je me contente d’observer. Je reste satisfait de la réponse, même si le nain affiche le même enthousiasme qu’une virée de plusieurs semaines dans les tréfonds de la montagne.

Finalement il nous laisse dans notre…chambre. Nos vivres arrivent une dizaine de minutes plus tard et la guérisseuse dans les vingt minutes qui suivent. Si l’elfe part assouvir ses besoins naturels, je préfère rester auprès de la jeune fille, observant comment des êtres enfouis sous la montagne opèrent pour guérir les maux. J’affiche une légère déception lorsque la guérisseuse se contente de faire boire un produit visiblement peu gouteux, à voir la figure de Yürlüngür et applique des linges humides sur le front et la nuque. En revanche l’odeur est exécrable. Quitte à découvrir des techniques innovantes d’inoculation de produit, peut-être que je serais capable de découvrir des plantes aux capacités surprenantes, mais non. La guérisseuse quitte les lieux et je me refuse de laisser la jeune fille dans son état.

Le lendemain matin, Yürlüngür se porte déjà mieux, sans être remise complètement. Elle va jusqu’à s’entrainer elle aussi, mais bien que je veuille la suivre pour m’assurer qu’elle accepte de boire cette immonde remède, elle désire s’entraîner seule. Le fait que des nains soient présents dans la salle me peine un peu, mais la jeune fille a son caractère bien à elle et c’est déjà un miracle que l’on soit parvenue à repousser le combat avec le roi sous la montagne. Je reste donc à l’entrée avec un nain qui ne comprend visiblement pas ce qui se passe et attend que je bouge, tandis qu’un autre reste auprès de Yürlüngür.

(Et donc tu comptes faire quoi maintenant ?)

(Bonne question. Si elle ne veut pas que je reste, je n’ai qu’à m’exercer aussi.)

(Tu vas te battre ?)

(Non, non. Je pensais simplement à des étirements. Cela fait un moment que je n’ai pas pris le temps d’assouplir mes membres. Ca va me faire du bien !)

Finalement je désigne une autre salle à mon guide privé qui m’emmène un peu plus loin. Bien entendu, elle est déjà occupée, mais je n’ai pas besoin de beaucoup de place. A mon arrivée, les coups s’arrêtent et un silence pesant s’abat soudainement le temps que je m’installe. Je commence à étirer le haut de mon corps qui ne semble pas trop souffrir de la raideur. En revanche, c’est une autre histoire concernant mes jambes. Marcher, je ne sais combien de temps sans prendre le peine de s’étirer n’est vraiment pas bon et je ne parle pas de la qualité de sommeil. Je multiplie les mouvements pour étirer au maximum mes membres. Je commence à avoir chaud, mais ce n’est que le début. Il est temps de vérifier que je suis capable de quelques acrobaties. Je me place à un bout de la salle, prend un peu d’élan et la traverse en longueur en exécutant divers sauts de côté, salto avant et arrière. Je réitère plusieurs fois le procédé en diversifiant les acrobaties, jusqu’à ce qu’un Rakhaunen vienne à moi et me demande avec les sourcils froncés, visible malgré le casque lourd qu’il arbore, de même que le reste de son armure complète.

"Quoi toi fairrre depuis tout à l’heurrre ?"

Je suis quelque peu surpris par la question. C’est la première fois il me semble qu’un nain s’intéresse à ce que je fais. Je prends le temps d’une respiration pour lui répondre, car mine de rien c’est tout de même fatiguant. Et puis vu la corpulence des nains cendrés, je ne doute pas qu’ils n’en ont jamais vu.

"Ce sont des acrobaties ! Des gestes fluides qui permettent d’esquiver les attaques avec un minimum d’effort ?"

"Esquiver ?" Répète-t-il comprenant qu’il s’agit d’une utilisation au combat. "Acrrrobatie distrrrayante, pas utile au combat !" Termine-t-il en me tournant le dos.

Je sens comme une insulte, ou une pique me visant. En tout cas, je suis touché dans mon égo et ne compte pas me laisser malmener verbalement par un être qui n’a jamais vu la lumière du jour et ses dangers.

"C’est certainement ce que se sont dit les adversaires que j’ai affrontés. Malheureusement ils ne sont plus là pour en parler. Ha la réflexion si, une dizaine de Rakhaunen ont tenté de m’abattre et ont faillit me casser un ongle !" Dis-je en voulant toucher à son tour son égo.

"Ca pas êtrrre possible, ou toi fuirrre comme un lâche !" Rétorque-t-il sans se retourner.

"Et si cette fois-ci je ne fuyais pas ?" Fais-je, alors que ma proposition, bien que non énoncée clairement, suffit à stopper le nain.

"Toi vouloirrr te battrrre avec Rrrakhaunen ? Pourquoi toi vouloirrr mourrrirrr ?" Dit-il comme s’il n’était pas intéressé par un affrontement. Pourtant je sens que c’est bien là la raison de son approche vers moi. Un piège visant à prouver sa supériorité et dans lequel je suis tombé à pieds joints.

"Mourir ? Encore faudrait-il qu’un Rakhaunen parvienne à me toucher !" Fais-je, alors que mes mains caressent le pommeau de mes dagues.

"Ca êtrrre rrrapide !" Dit-il alors qu’en plus de l’armure lourde qu’il porte, il dégaine une petite hache et un bouclier imposant.

En guise de réponse je dégaine mes armes et les fais jouer dans mes mains, exhibant une certaine confiance en moi.

(Où ais-je déjà vu ce genre de hache ?)

Le nain cendré me donne la réponse en faisant deux pas dans ma direction puis en lançant la hache de jet vers moi. D’une simple pirouette du corps, j’évite le jet qui passe loin de moi. Cependant je suis encore tombé dans un traquenard. La hache n’était là que pour me distraire, tandis que le nain me charge avec une masse plus imposante et destinée au combat rapproché. Loin d’être gêné par sa masse, il arrive rapidement sur moi et brandit son arme. Le duel se serait rapidement terminé si je n’avais pas l’habitude de minimiser mes déplacements aériens. Je touche le sol suffisamment tôt pour esquiver la charge d’un bond et m’éloigner de lui. Nous nous regardons l’un l’autre quelques instants avant de reprendre.

Pour remporter ce duel je ne peux me permettre de bondir encore et encore, donc j’adopte une posture plus propice à l’esquive sans perdre ma capacité à répliquer les coups. J’arrive rapidement sur le nain qui s’apprête à frapper de côté et j’esquive en sautant par-dessus lui, arrivant dans son dos. Ma position est désormais idéale pour mettre fin à l’affrontement. Alors que mon adversaire se tourne rapidement sur sa droite, je frappe de ma main principale, mais ne rencontre que la solidité de sa protection. En retour sa masse s’approche de moi, mais dans sa rotation, nos bras se heurtent l’un l’autre et minimise l’impact. Je suis néanmoins envoyé au loin et mon adversaire reprend sa posture initiale.

"Toi dirrre moi pas toucher !" Me nargue-t-il.

"Et toi tu n’as pas dit que ça allait être rapide ?"
Lui dis-je sur le même ton.

Un sourire carnassier apparaît sur son visage et nous nous élançons tous deux l’un contre l’autre. Je suis plus rapide que lui et frappe avec mon autre dague pour le surprendre. Je vise le manche de son arme et parvient à le stopper dans son élan. Profitant de l’occasion qui m’est offerte je frappe avec mon autre dague et non seulement son bouclier rend mon coup inutile, mais il me repousse également en me percutant avec. Sans me laisser le temps de respirer, il me charge et j’évite le coup d’une pirouette sur la gauche. Son flanc droit ouvert, je profite de l’occasion pour attaquer. Je m’élance en évitant d’un mouvement rapide sur le côté, la masse qui arrive. Je place un coup rapide, mais le bouclier vient de nouveau se dresser sur mon chemin. Encore une fois, je bondis pour m’extraire de la zone de danger, mais un coup vient cependant me cueillir sur le flanc. Hors de portée mais blessé, le constat est sans appel.

(Bon sang j’arrive à passer sa garde, mais son fichu bouclier est toujours dans mes pattes. C’est comme une forteresse infranchissable !)


(Même les murs impénétrables ont des faillent ! Prends-le par surprise, frappe avec un coup rapide comme un serpent !)


(Pourquoi pas ? Ce n’est pas comme si je n’avais pas d’autres options si je veux le vaincre au corps-à-corps.)


Encore une fois je cours vers le nain. Je m’apprête à sauter, mais il anticipe la manœuvre et recule pour ne pas se faire avoir. Il a vite compris que mes acrobaties m’offrent en plus d’une esquive, une capacité de frappe avantageuse grâce un meilleur positionnement. En reculant, même s’il ne me frappe pas, il m’empêche de bénéficier de mon avantage. J’arrive sur lui en passant par sa droite, à l’opposé du bouclier. Alors que je condense mon énergie dans mon bras, je fais mine de sauter avant de continuer d’avancer et frappe avec force, grâce à mes muscles gorgés d’énergies. De nouveau le bouclier bloque le chemin, mais cette fois-ci il arrive avec un temps de retard. Il me suffit d’être encore plus rapide. Malheureusement pour moi, mon adversaire a d’autres plans en tête. Son bouclier vient me percuter dans le but de me faire perdre l’équilibre. Il enchaîne ensuite avec une charge et brandit son marteau. Pendant ce temps mon esprit s’agite et se mêle à ma faéra.

(J’ai accroit la force de mon bras, mais c’est une impulsion dont j’ai besoin pour une attaque rapide.)

(La gonflette ne résout rien, crois en mes nombreuses années à arpenter le monde. Il te faut utiliser ton énergie comme une détente !)

(Un peu comme ton serpent en somme !)


Puisant dans mes ressources, je place mon pied gauche bien en retrait pour stabiliser mon équilibre et lève le pied opposé pour incliner mon corps en avant. Mon pied droit vient frapper le sol pour donner une impulsion, droit sur le nain. Loin d’être surpris, il abat son arme tandis que de mon côté, je concentre à nouveau mon énergie en une compression, puis relâche tout comme le ferais un serpent lorsque je frappe. Mon coup est fulgurant. Le bouclier n’est pas capable de stopper mon coup, mais je ne parviens pas à le contrôler non plus et manque ma cible. A l’inverse, le marteau adverse frappe mon épaule avec force. Je hurle de douleur, autant que le Rakhaunen se gausse sans bruit derrière son bouclier. J’ignore l’étendue des dégâts, mais si je parviens encore à bouger mon bras gauche, un coup supplémentaire comme celui-ci et je n’aurais plus qu’à me faire amputer du bras. Je prends de la distance, le temps de remettre mes idées en place.

(Fichu nain. Sans son équipement, je l’aurais déjà mis à terre !)

(Tu aurais bien plus d’efficacité en te battant sérieusement !)

(Je ne veux pas non plus prendre le risque de lui trancher la gorge avec le boomerang. A mes yeux ils restent des alliés.)

(Ne cherches pas à me duper, tu veux simplement avoir le dessus en combat rapproché !)

(Je l’admets, mais je peux y arriver ! Non, je veux y arriver !)

Je commence à fatiguer. Les exercices ajoutés à ce combat commencent à me mettre à bout. J’ai besoin d’en finir et rapidement. Pour cela, il me suffit de frapper vite tout en gardant le contrôle de mes gestes. Ce n’est pas une mince affaire. Je garde le souvenir de dernier coup porté en tête. La rapidité du geste et me concentre sur ce moment où j’ai perdu le contrôle. C’est là que tout ce joue. Nos regards se croisent encore et je vois dans ses yeux qu’il perçoit ma faiblesse physique. C’est la raison pour laquelle il est le premier à charger. Il doit certainement penser que je ne peux plus esquiver ses coups, mais il me reste assez de force pour une dernière acrobatie. Cette fois-ci, je bondis sur la droite. La surprise est nette puisque non seulement j’évite le coup, même si je sens que c’est bien la dernière fois, mais en plus je me place du côté du bouclier. Une fois sur pied, je me rue sur le nain qui se tourne rapidement vers moi. Je ne peux me permettre de le laisser porter un coup. Je rassemble mon énergie en la compressant et la relâche en même temps que je déploie mon bras. Cette fois-ci, à mesure que cette force intérieure se déploie, je la conserve dans mon poignet et le guide jusqu’à ma cible. Le coup est fulgurant et dépasse la capacité défensive du nain, tandis que ma main vient placer d’un geste rapide, la lame sur la gorge du Rakhaunen et se stoppe net. Mon adversaire quant à lui, continue sa rotation dans son élan et me frappe de son bouclier. Je tombe au sol et roule sur moi-même. Sonné, il me faut quelques secondes pour reprendre les esprits, durant lesquelles le nain arrive sur moi rapidement. Il brandit son arme et frappe de toutes ses forces. A quelques centimètres de moi, je vois le marteau bien trop près de mes yeux à mon goût. Celui-ci a formé une sorte de trou dans le sol et les échos de l’impacte se répercutent encore dans la salle d’entrainement.

"Pourrrquoi toi pas frrrapper ? Ca pas êtrrre combat honorrrable !" Grogne-t-il.

(L’honneur est une chose essentielle pour ce peuple. Mais aller jusqu’à mourir, n’est-ce pas un peu trop ?)

Je me lève difficilement avec mon bras meurtrie et fait face au nain.

"Chez moi il y a un dicton : << L'amour n'est qu'un plaisir, l'honneur est un devoir.>> Ton devoir est sur le champ de bataille qui va bientôt arriver. Après tant de temps, n’aimerais-tu pas affronter ces Sindeldi ?" Lui dis-je cherchant à calmer la blessure que j’ai faite à son égo.

"Mieux vaut mourrrirrr en honneurrr que de vivrrre en déshonneurrr ! Ca êtrrre prrroverrrbe Rrrakhaunen." Grogne-t-il à nouveau.

(Mais ils savent faire autre chose que grogner à longueur de temps ?)

"Ton honneur est entaché ? Lave-le face aux Sindeldi et si tu es encore en vie après tout ça, je t’affronterais à nouveau et cette fois-ci je me battrais avec tout ce que j’ai !" Fais-je en frappant légèrement du poing sur son bouclier. "Je dois partir, j’ai une blessure qui doit vite guérir si je veux être prêt également."

Je rassemble mes affaires et quitte la salle sans demander mon reste en buvant une potion de soin. Je rejoins notre charmante salle de repos et lorsque je croise Sibelle et Yürlüngür, je fais au mieux pour ne pas montrer mes blessures. Nous avons mis tant de temps pour atteindre la cité naine, mon bras devrait avoir le temps de guérir d’ici là. Enfin j’espère.

Lorsque la jeune fille arrive elle annonce, avant de se coucher sur la banquette qu’elle s’est expliquée avec le roi et qu’il n’y aura pas d’affrontement. L’espace d’un instant je voudrais crier victoire, mais je crains d’attirer ses foudres en même temps. Alors qu’elle est sur sa couchette je tente un dialogue.

"Tu veux en parler ?"

Je suis surpris, car si elle me répond ne pas vouloir en parler, c’est le sourire qu’elle affiche qui me déstabilise. Je fais mine de rien et n’entre pas sur un terrain dangereux. Sibelle non plus d’ailleurs. Je me repose autant que possible et lorsque la guérisseuse vient à nouveau, je l’interpelle dans le couloir pour finalement lui demander si elle a quelque chose pour m’aider à guérir plus rapidement de mes récentes blessures. Il serait idiot de ne pas être en pleine capacité le moment venu.
Utilisation d'une grande potion de soin.
Tentative d'apprentissage de la technique Frappe du serpent.
Demande à la guérisseuse si elle peut améliorer la guérison de mon bras.

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Sibelle
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Re: Le Karhen-Kark

Message par Sibelle » ven. 6 mars 2020 05:47

Sibelle laissa Jorus et Yurlungur prendre les devants et suivre les deux Rakhaunens qui avaient pris la tête. Deux autres l’encadraient de parts et d’autres alors que quelques autres fermaient la marche. En tout, près d’une dizaine de nains gris pour escorter trois aventuriers qui les avaient suivis de leur plein gré.

Tout en marchant dans cette longue galerie, Sibelle s’interrogeait sur la raison qui avait poussé le roi à encombrer d’une escorte si importante. Se méfiaient-ils d’eux malgré les explications qui leur avaient été fournies ? Redoutait-il leur supériorité à combattre malgré ses affirmations contraires ? Quoiqu’en tant que guerrière, elle comprenait sans peine ce réflexe de se méfier des étrangers. Lorsqu’ils atteignirent un long escalier, Sibelle en profita, tout en faisant attention où elle mettait les pieds afin de ne pas faire de faux mouvements, pour examiner de plus près l’équipement de ces petites créatures vivant dans l’obscurité. Cette partie de la cité s’avérait beaucoup moins peuplée que celles déjà visitées et par conséquent, ses corridors se révélaient beaucoup plus étroits et éclairés seulement par endroit par des flammes tremblotantes provenant de mèches trempées dans un contenant rempli d’un liquide non identifié par l’hinionne. Malgré la faible lueur laissée par ses lampes, il était possible de distinguer de lourdes portes de pierre tout au long de leur parcours. Leurs guides finirent par s’arrêter et l’un d’eux tripota sur une espèce de poussoir de pierre. Sibelle ne put voir les gestes qu’il exécuta, par contre, elle entendit clairement, le mécanisme se mettre en marche suivit du fort grincement de la pierre qui pivota rendant ainsi visible la pièce qui se cachait derrière. Une petite salle carrée, sombre, dépourvue de meubles, et d’une hauteur légèrement supérieure à Sibelle, comportant seulement quatre enfoncements dans la pierre faisant apparemment office de couchettes. Un des nains gris brisa le silence en annonçant qu’ils devaient entrer dans cette pièce et attendre.

Méfiante, Sibelle se passa la tête par l'embrasure pour voir la pièce, mais n'y entra pas, contrairement à ses deux compagnons, dont Yurlungur qui se coucha sans perdre un instant. Après avoir examiné brièvement les lieux, la guerrière reprit ensuite position dans le corridor et déclara:

« Nous avons à peine mangé, j'ai faim. Je voudrais manger d'abord. »

Sans hésiter, et en bon hôte, le petit homme hocha la tête en annonçant qu’il allait bientôt leur apporter eau et nourriture. Cette réponse ne satisfit pas Sibelle. Tout en fixant sévèrement le nain qui lui avait répondu de ses magnifiques yeux noisette, elle répliqua

« Je dois aussi vider ma vessie et mes intestins... Nous nous sommes livrées sans résistance, vous n'avez pas à nous craindre et à nous emprisonner comme de vulgaires prisonniers. »

Sibelle avait certes besoin de satisfaire ses besoins naturels, mais il était clair qu’il s’agissait d’un prétexte pour ne pas obtempérer à l’ordre de se rendre cette petite pièce aux allures de cellules pénitentiaires.


Emmurée dans sa décision, sans lâcher son vis-à-vis du regard, elle croisa ensuite ses bras et attendit la réponse du nain et celles de ses compagnons.

Ce fut Jorus qui rompit le silence, encourageant Sibelle à aller se soulager, précisant qu’il tiendrait compagnie à Yurlungur. Après une brève hésitation, il interpella de nouveau Sibelle, la gratifiant d’un merci sincère, précisant que sans elle, ils n’auraient pas obtenu ce délai de deux jours. Voyant que Jorus avait adopté une attitude moins agressive à son endroit, Sibelle sourit et elle lui répondit calmement et avec franchise.

« C'était naturel, il fallait que justice et équité soient établies. »

En effet, Sibelle ne l’avait pas fait au nom de l’amitié pour Yurlungur, car elle n’envisageait aucunement se lier d’amitié avec cette dernière donc elle se méfiait, et se méfierait tant qu’elles se côtoieraient. Elle avait dévoilé la vraie raison de son intervention au jeune Jorus. La justice et l’équité avaient été ses seules préoccupations.

Après la dernière demande de Sibelle, deux des nains se consultèrent dans leur langue, puis l’un d’eux annonça sa décision : Ils allaient lui apporter le nécessaire, elle devait rester sur place pour le moment.

L’hinionne opina du chef, mais demeura dans le corridor les bras croisés, elle n’avait pas l’intention d’entrer dans la pièce qui leur avait été assignée. Après avoir donné ses ordres à ses subalternes, le Rakhaunen prise une pause similaire à Sibelle et tout en soutenant son regard, il précisa que ce lieu leur assurait la sécurité, les galeries étant dangereuses, il répéta qu’ils étaient n’étaient pas des prisonniers.

Le duel des regards se poursuivait et Sibelle questionna une fois de plus.

« Je suis guerrière et apte à me défendre. Quels sont les dangers que je dois craindre ? »

Mais sitôt sa phrase terminée, elle réfléchit un court moment et se ravisa sans attendre la réponse à sa précédente question :

« Si j'entre dans cette salle de repos, vous allez la verrouiller ou pas ? »

Tout en haussant les sourcils, il expliqua qu’ils n’avaient aucune raison de verrouiller puisqu’ils ne savaient pas où aller. Par contre, les gardes allaient rester en place pour aider les aventuriers si besoin.

Sibelle se détendit aussitôt, si la salle n'était pas verrouillée, elle n'avait pas d'opposition à y entrer.

« Alors je consens à y aller pour me reposer. Mais je n'ai pas besoin de beaucoup de repos. Je veux m'occuper. Pourrais aller m'entrainer avec vos guerriers, une fois mes besoins digestifs satisfaits ? »

Au grand soulagement de la rouquine, le nain gris acquiesça à sa requête. Elle n’aurait qu’à lui faire signe lorsqu’elle serait prête.

Quelques minutes plus tard, deux nains arrivèrent l’un portant un pot et un autre des bouts de tissus propres. Sibelle demanda l’ouverture d’une autre salle pour satisfaire ses besoins en toute intimité. A son soulagement, il s’avéra qu’elle avait été plutôt victime de flatulence que de diarrhée. Une fois que les odeurs furent dissipées, elle rejoint ses compagnons et elle contenta sa faim et sa soif.

Elle prit place dans une couchette trop courte, repliant ses jambes pour un meilleur confort. Elle médita ainsi quelques heures puis se releva sans bruit.

Affublée des petites créatures grises comme escorte, elle remonta le grand escalier et parcourut quelques corridors avant d’atteindre une grande salle ou s’entrainaient quelques nains. Elle s’adossa alors au mur et les observa attentivement. Bien qu’elle ait eu un aperçu de leur savoir-faire précédemment, elle tenait à observer davantage leur technique de combats, s’intéressant aux approches différentes des siennes. Après une bonne heure d’observation, elle se leva et dégaina la hache de guerre des nains qu’elle portait à la ceinture, s’exerçant à la manœuvrer. Lorsqu’elle sentit qu’elle maîtrisait davantage cette nouvelle hache, et ce des deux mains, elle retourna à la salle qui leur avait été assignée.

Puis, le lendemain, en revenant d’une séance d’entrainement, Yurlungur leur apprit que le duel contre le roi était annulé. Elle l’avait rencontré et s’était expliquée. Sans plus d’explication, elle se coucha dans sa niche de pierre.

Sibelle fronça les sourcils, elle sentit anguille sous roche. Méfiante, elle ne posa tout de même pas de questions.
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Gamemaster6
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Re: Le Karhen-Kark

Message par Gamemaster6 » sam. 7 mars 2020 15:57

Émergence : màj pour Yurlungur, Jorus et Sibelle


Après deux jours d'attente, une troupe d'une demi-douzaine de rakhaunens vint finalement chercher les trois aventuriers. Toujours enchâsses dans leurs épaisses armures de métal, ils encadrèrent le trio pour les mener devant leur Roi. En chemin, les aventuriers purent déceler d'infimes changements, çà et là. Des rakhaunens se hâtaient en tout sens à travers les galeries et une étrange tension semblait emplir l'atmosphère alors que les pas des aventuriers les menaient dans l'immense salle qu'était le Karhen-Kark.

En entrant, ils ne furent pas surpris de voir le Roi, assis sur son trône de marbre, mais, plus surprenant, une elfe se tenait à ses côtés. De longs cheveux bruns encadraient un visage dur à la peau sombre et couturée de cicatrices. Elle portait une solide armure faite d'un métal rouge sombre, tenant son casque d'une main. De l'autre, une longue lance pointée vers le sol et dans son dos un épais bouclier. Elle les observa avec attention tandis que le trio approchait, mais ce fut le Roi qui prit la parole.

- Etrrrangers, j'ai écouté vos parrroles. Nos ennemis sont faibles et divisés, c'est le moment pourrr frrapper. Une arrrmée se dirrrige en ce moment verrs la cité Sindel pour l'assiéger.

La nouvelle semblait réjouir chaque Rakhaunens présent, mais le silence se fit rapidement. Étonnamment, ce fut l'elfe qui prit à son tour la parole après l'aval du Roi.

- Etrangers, je me nomme Isstra et suis envoyée par les tribus Eruïonnes. Votre présence ici n'est pas surprenante pour moi, d'autres étrangers ont pris contact avec mon peuple il y a peu pour éviter cette guerre, instaurer la paix.

Une émotion de dégoût passa furtivement sur le visage pourtant si inexpressif du Roi, mais il se garda d'interrompre l'Eruïonne.

- Certains sont pour, d'autres contre, mais la guerre est inévitable à présent. Dites-moi étrangers, puisque vous connaissez ces Sindeldi, quelles chances ont-il face à notre fureur ? Dans quel camp êtes-vous ?

Elle les scruta intensément. Le Roi, lui, toujours inexpressif, faisait de même, patiemment.

*****


Gains d'XP :

Yurlungur : interaction avec le Roi: 0,5XP Rp du quotidien 0,5XP ; Total : 1XP
Jorus : interactions : 0,5XP ; Rp du quotidien 0,5XP ; Duel avec un rakhaunen 2XP ; Total : 3XP
Sibelle : interactions : 0,5XP ; Rp du quotidien 0,5XP ; Total : 1XP
Image

Quand on l'appelle, il apparaît !!
Et il reste, alors gare !

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Re: Le Karhen-Kark

Message par Yurlungur » ven. 13 mars 2020 20:50

...

Ça n'allait pas fort. Après être revenue de son entretien avec le roi Rakhaunen, Yurlungur était restée toute la journée allongée sur sa couchette. Elle ne dormait pas, parce qu'elle n'avait aucune raison d'être fatiguée, et avait l'air d'attendre la mort, tournée vers le mur de la cavité dans laquelle était creusé son lit. Elle se trouvait pitoyable. Dire qu'elle s'était dégonflée ! Il aurait presque valu se laisser écrabouiller par le marteau du Rakhaunen, et tant pis pour sa vie. Elle avait décidément perdu tout son honneur. Elle essayait de se rassurer en s'expliquant qu'elle l'avait défié à cause de la fièvre qui la tourmentait alors, qu'elle se serait bien mieux tenue en d'autres circonstances, que s'excuser était la seule voie raisonnable ; et en même temps, elle songeait qu'elle était bien faible, autant moralement que physiquement. Les idées folles qui lui étaient venues pendant la conversation avec le roi, l'idée qu'on la méprisait pour ce qu'elle était, une adolescente, et que les seules qui avaient su l'estimer à sa juste valeur, les harpies, étaient disparues peut-être à jamais à travers le fluide, cela la déprimait.

Au cours de ces ruminations, elle se souvint des deux plumes qu'elle avait trouvées l'autre jour dans son sac. C'était un maigre souvenir, et elle ne se souvenait même plus en avoir conservées après la bataille de la Forêt d'Émeraude. Ce devaient être celles de Guigne, puisque c'était la seule qu'elle avait aperçue sous sa forme de harpie, bien qu'elle ait eu connaissance de cette faculté chez les autres : elle se souvenait de l'avoir vu atterir, récupérer Elisha'a, et repartir... Elle se souvenait aussi qu'Elisha'a avait refusé de la prendre comme élève. Peut-être avait-elle eu raison. Elle avait déjà aperçu, autrefois, cette faiblesse devant la mort qui n'aurait pas dû entraver une véritable Ombre d'Arothiir. Elle se sentait vraiment nulle.

Mais en examinant les deux plumes, elle ressentait un étrange pressentiment. Il y avait quelque chose qui clochait. Déjà, elles ne semblaient pas provenir de la même harpie : la couleur en était nettement différente ; d'autre part, elle aurait clairement dû s'en souvenir si elle avait emporté ces plumes avec elle depuis Arothiir, ou même depuis la Tour d'Or. Elle avait voyagé entre temps, mais lorsqu'elle avait trouvé ces plumes à son réveil, après ce rêve mystérieux, elles étaient intactes : ce n'était qu'ensuite qu'elles avaient commencé à se froisser un peu, dans son sac. Mais si elles étaient restées dedans tout ce temps, le processus de dégradation n'aurait-il pas dû commencer bien plus tôt ?

Elle les examinait, les tournait dans tous les sens - et soudain, elle se piqua le doigt avec l'une d'elle et pesta, mais pas bien longtemps. Entre elle et le fond de la cavité qui formait sa couchette, quelques mots apparurent, quelques lignes, qui flottèrent dans les airs le temps qu'elle les lise, avant de disparaître. De la lumière, la mort pour le solitaire, le vent et la chaleur qui se mêlaient, la roche qui s'égraine... Ça ne pouvait faire penser qu'à un seul lieu. Un désert. Mais il devait se trouver au bord de l'océan, pour la référence à la mer, à la fin... Il y avait de nombreux déserts en ce monde, et de longues côtes au bord de ceux-ci. Où donc ? Elle chercherait...

Avec précipitation, elle saisit l'autre plume et se piqua au même endroit, faisant à nouveau sortir une goutte de sang : de nouvelles indications apparurent, bien plus sombres et inquiétantes. L'obscurité, le mensonge, une référence explicite à l'esclavagisme ? Les deux dernières lignes restaient encore énigmatiques pour elle. Après avoir souhaité connaître les informations des deux plumes, elle se trouvait à présent face à un sacré dilemme. Laquelle rechercher en premier ?

Pendant les jours qui suivirent, elle resta allongée dans sa couchette, à se torturer le cerveau, autant pour essayer de déterminer s'il y avait des messages cachés dans ces apparitions, dont le texte était resté gravé dans sa mémoire, que pour deviner de quel côté elle devrait se rendre en premier. Finalement, lorsqu'on leur indiqua qu'ils devaient suivre un groupe armé de Rakhaunens, elle se leva immédiatement et sortit et se rendit docilement jusqu'à la salle du trône. Là, si le roi était toujours présent, il y avait cependant une autre invitée, plus surprenante : une elfe. Elle n'était pas grise, bien sûr, mais devait appartenir à cette espèce, les Eruïons, qu'on leur avait décrits à Nessima.

Le roi expliqua qu'ils allaient assiéger Nessima, et qu'une armée était en route ; ensuite, l'elfe se présenta, évoquant la possibilité désormais évanouie de conclure une paix, puis demanda leur avis aux aventuriers sur les chances de succès dans cette guerre. Yurlungur lança un regard à Sibelle et Jorus, préférant laisser l'un d'entre eux prendre la parole le premier. La question lui paraissait surprenante : est-ce que leur avis quant au succès de cette entreprise avaient une véritable importance ? S'imaginait-elle qu'ils étaient dotés d'esprits stratégiques si subtils qu'ils savaient estimer cela sans avoir connaissance des forces envoyées par les Eruïons et les Rakhaunens, et avoir seulement entraperçu Nessima au cours de leur rapide passage sur place ?

Sibelle parla la première, expliquant aussitôt qu'elle était favorable à la paix. C'était osé d'avancer ça devant le roi Rakhaunen, qui naturellement fronça les sourcils. L'elfe blanche tenta d'argumenter à propos du nombre de morts, comme si les Eruïons ne souffraient pas déjà du trépas de tous ceux des leurs qui étaient opprimés par les Sindeldi... D'ailleurs, cela semblait tout à fait idiot de reculer à présent. Elle fit un pas en avant et s'exprima à son tour :

« Vous avez encore l'avantage de la surprise si vous attaquez dès maintenant avec vos forces rassemblées. Négocier la paix dès à présent vous le ferait perdre, alors que le tenter après la prise de Nessima vous mettrait en position de force. »

Si les Rakhaunens acceptaient une telle négociation... Dans tous les cas, qu'ils voulussent la paix ou non, il fallait se lancer dans la bataille à présent. D'autre part, elle n'y croyait pas trop, à cette histoire de paix, comme elle l'expliqua après un bref haussement d'épaules :

« À vrai dire, j'imagine que les Sindeldi refuseront la paix et chercheront à vous exterminer quoiqu'il arrive, que vous attaquiez ou non, que vous tentiez ou non de négocier, mais je n'en sais rien. Vous pouvez toujours essayer, mais ce serait idiot de le faire avant d'avoir profité de l'ignorance qu'ils ont encore de votre existence et de l'étendue de votre puissance militaire. »

Elle se recula, pour laisser Jorus parler à son tour, mais Sibelle revint à la charge aussitôt, indiquant que les Sindeldi connaissaient l'existence des Rakhaunens. Leur existence, certes, mais la discussion qu'ils avaient eue avec Sylenn en début de mission indiquait clairement qu'ils n'avaient aucune idée du danger qu'ils représentaient pour leur royaume... Elle doutait que les elfes gris aient pu envahir le royaume souterrain des Rakhaunens sans l'intervention de l'Hinïonne, mais elle n'avait aucune preuve à avancer. D'ailleurs, Isstra rétorqua à Sibelle que son peuple préférerait mourir pour la liberté que sous la tyrannie des Sindeldi, et remarqua la justesse des propos de la jeune assassine, non sans se fendre d'une expression qui dénotait un certain étonnement. Yurlungur sentit à nouveau cette pointe d'agacement qui montait en elle.

Le roi Rakhaunen à son tour se montra fort belliqueux, sans surprise. Il refusait toute négociation, ce qui était visiblement très apprécié de ses sujets, bien qu'Isstra en fut un peu désolée. Mais l'Eruïonne n'avait aucun pouvoir ici... Et la paix n'était pas un mot que les Rakhaunens appréciaient.

Jorus prit enfin la parole, une longue tirade, qui n'était pas dénuée de sens ni d'une construction assez admirable. Yurlungur l'écoutait attentivement, et pensa qu'un tel discours, bien moins radical que celui de Sibelle, pouvait avoir une chance d'aboutir. D'ailleurs, il n'avait pas complètement tort : l'extermination de masse des Sindeldi, Yurlungur s'en fichait un peu, mais elle imaginait bien que ce n'était pas la solution optimale. En revanche, son compagnon d'aventures se perdit dans les dernières lignes, évoquant un possible coup d'état, ce qu'Isstra ne manqua pas de relever comme étant peu réalisable. D'ailleurs, le roi repoussa cette éventualité également, s'appuyant sur toute la haine qu'ils avaient accumulée après des millénaires à vivre cachés sous la montagne. L'assassine était à peu près fixée. Rien ne perturberait celui-ci : or il disposait probablement des forces les plus importantes, des réserves d'armes et d'une armée de métier à lancer au combat. S'il voulait poursuivre la guerre, ils n'étaient pas de taille à l'en empêcher...

Jorus, un peu désemparé, proposa alors de prendre Nessima, mais de le faire... avec l'aide de la commandante. C'était une idée démente. La commandante, livrer sa ville à des forces étrangères ? Et puis quoi encore ? Il était visiblement désespéré, cherchant seulement une porte de sortie autre que la guerre totale : mais si les seules idées qui lui venaient étaient aussi folles que celles-ci, c'était probablement effectivement peine perdue. Il voulait sans doute favoriser une victoire facile des Rakhaunens, proposant même d'ouvrir eux-mêmes les portes de la cité si jamais ils n'arrivaient pas à convaincre Sylenn - comme si elle les laisserait vaquer librement à leurs projets après avoir entendu leurs arguments pour faire prendre Nessima... L'assassine s'approcha de lui et chercha à le raisonner :

« Tu penses vraiment que ça peut marcher ? Je doute que Sylënn laisse les Rakhaunens et les Eruïons entrer dans Nessima sur notre seule parole. Au contraire, elle défendra sa cité face à l'invasion, au risque d'être définitivement lâchée, ne serait-ce que par son père. »

Elle haussa des épaules.

« Tu peux essayer, mais... sans moi. »

Elle espérait que cette dernière phrase le ferait reconsidérer sa décision ; mais Sibelle en profita pour expliquer qu'elle était favorable à un tel plan et qu'elle s'y rendrait s'ils le lui permettaient. Elle parla de la voie des airs, sans que Yurlungur comprenne ce à quoi elle pensait, mais ne précisa pas sa pensée. Peut-être disposait-elle d'un appareil volant issu de la technologie Sindel ? Yurlungur estima que la proposition de Sibelle changeait sans doute la donne pour Jorus, que le roi autorisait implicitement à tenter son coup, très sûr de sa victoire, et ne voulait pas l'abandonner complètement. Afin de se donner une raison de l'accompagner, elle proposa :

« Je pourrais vous aider, si vous m'envoyez à Nessima et que vous avez besoin qu'on vous facilite l'entrée, je pense. À moins que vous n'ayez pas besoin de ça ? » demanda-t-elle en s'adressant au roi, mais celui-ci rétorqua que son armée sera arrivée bien avant elle. Un peu penaude, Yurlungur se justifia : « Je ne sais pas où se trouve votre armée. J'étais dans les souterrains pendant plusieurs jours puis dans cette cité... je n'ai aucune idée de ce qui se passe au-dehors. »

Sibelle avança qu'elle arriverait à Nessima avant eux, s'ils y allaient à pied, toujours très certaine de ses capacités à négocier la paix entre le roi belliciste et la commandante. Elle se proposait comme messager, enchérissant sur une phrase à l'idéologie naïve et un peu pathétique aux yeux de l'adolescente. Oui, c'est cela, jamais que des perdants lors d'une guerre ! On expliquera ça à la Trinité qui, au cours de la guerre dans la Forêt d'Émeraude, avait réussi à prendre possession à l'intégralité du Royaume Pâle.

Isstra leur fournit quelques indications sur la position de leurs armées, puis le roi leur fournit l'autorisation de faire ce qu'ils voulaient, les assurant qu'ils ne seraient pas la cible des Rakhaunens, à condition bien sûr qu'ils ne cherchent pas à s'opposer à eux. La réponse d'Isstra, ainsi que l'attitude du roi, rendaient finalement cet entretien des plus risibles aux yeux de la jeune fille, qui repensait aux questions initialement posées par l'elfe.

« Vos armées sont en route... Finalement, à quoi bon nous poser ces questions ? Vous auraient-elles empêché d'assiéger Nessima ? Et qu'attendez-vous de nous, à présent ? Allez-vous nous laisser ici, ou nous emmenez-vous jusqu'au front ? »

Sibelle enchaîna en demandant une forme de sursis : elle voulait qu'on lui laisse un peu de temps pour négocier, et qu'ensuite seulement ils pourraient attaquer, si jamais elle échouait. L'Ombre doutait que le roi accepte, d'autant que l'elfe blanche voulait obtenir la fin de tous les affrontements. Le roi, las, lui autorisa à faire comme bon leur semblait, sans paraître vouloir changer ses propres plans. L'échange s'amollit alors : plus personne n'ayant quelque chose à rajouter, Yurlungur s'apprêta à rejoindre ses quartiers, espérant pouvoir discuter avec Jorus de ce qu'ils prévoyaient à présent, mais le jeune homme se dirigeait avec Sibelle à la suite d'Isstra. La jeune fille haussa des épaules. Elle avait bien saisi que l'Eruïonne ne l'appréciait pas trop. Elle attendrait qu'ils aient fini.

Elle rejoignit sa cellule et commença à empaqueter ses possessions, puis elle attendit. Un peu trop longtemps. Elle finit par s'impatienter et se risqua au-dehors, demandant aux Rakhaunens s'ils avaient vu Jorus : on lui apprit alors qu'il était parti, avec Sibelle. Elle ne pouvait pas le croire. Il était parti, comme ça, sans même la prévenir ! Curieusement, elle n'avait même pas tant de colère en elle en apprenant cela. Elle était juste déçue. Il y avait un peu de dépit qui se formait, et de la rancœur, mais peut-être plus contre elle-même. Elle se dirigea vers la salle du trône, et y retrouva le roi Rakhaunen, toujours à sa place.

« Roi Rakhaunen, je te demande l'autorisation d'accompagner tes troupes jusqu'au siège de Nessima. T'y rendras-tu également ? »

S'ils l'avaient laissée en arrière, elle s'arrangerait pour les rejoindre, mais de l'autre côté des remparts. Elle n'avait plus trop le choix à présent : de toute façon, pour espérer retrouver Guigne ou Jess, il fallait qu'elle parvienne à quitter ce fichu archipel, à moins qu'elle ne décide d'explorer un peu le désert dans lequel vivaient les Eruïons au préalable... mais pour cela, autant être du côté de ceux-ci lors de la guerre qui s'engageait. Le roi consentit à sa demande, et confirma qu'il irait lui aussi à la bataille. Elle sourit en opinant du chef.

« Je vous aiderai dans la mesure des capacités. Quand est-ce qu'on part ? »

Il expliqua qu'un cor sonnerait sous peu, et qu'un Rakhaunen viendrait alors la guider. Elle s'inclina rapidement puis regagna sa cellule, qu'elle était désormais la seule à occuper : mais elle avait bien plus qu'auparavant, elle avait des plans qui germaient à nouveau, elle avait un objectif, qui était de retrouver les deux harpies, elle avait les deux plumes.

...
Modifié en dernier par Yurlungur le dim. 15 mars 2020 12:03, modifié 1 fois.

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Jorus Kayne
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Re: Le Karhen-Kark

Message par Jorus Kayne » sam. 14 mars 2020 05:11

Deux jours après notre entrevue avec le roi, nous sommes de nouveau guidés vers la salle du trône. Encerclés par un cortège de nain en armure de guerre, mon ouïe me donne l’impression de me balader avec un marchand d’ustensiles de cuisines ou de babioles en métal. Un changement visuel s’offre à nous. Là où nous avions eu l’habitude de voir des nains disciplinés, nous les voyons désormais courir dans tous les sens. La tension dans la salle du trône est palpable lorsque nous y entrons et si le roi sous la montagne est toujours vissé sur son siège comme s’il ne le quittait jamais, une elfe se tient près de lui. De longs cheveux bruns et un visage fermé à la peau sombre. Elle possède une armure de guerre en métal rouge son casque sous un bras, une lance dans l’autre et dans son dos un épais bouclier. Voilà une panoplie des plus importantes.

Elle nous observe du regard et alors que nous arrivons pour la séance royale, c’est le chef des Rakhaunens qui parle le premier. Très certainement pour montrer que personne ne parle avant lui. Il déclare avoir écouté nos paroles et annonce que les Sindeldi sont désormais faibles et divisés, marquant un moment idéal pour frapper. Il termine en évoquant le déplacement d’une armée vers la cité Sindel pour l’assiéger. Si les nains présents semblent ravis par cette déclaration, le silence se fait rapidement, laissant à l’elfe de prendre la parole.

Elle se nomme Isstra des tribus Eruïonnes et évoque d’autres étrangers venus parler de paix. Elle a vraisemblablement croisée la jeune Shaakt et la rouquine qui sont parties vers le désert. La mention de paix déplait visiblement au roi, mais il se garde de tous commentaire. L’elfe continue en expliquant que si certains sous pour et d’autres non, la guerre sera inévitable. Enfin, elle nous demande quelles sont les chances de remporter la victoire face aux Sindeldi avec notre connaissance des elfes et surtout dans quel camp nous sommes.

Après un court laps de temps, Sibelle prend la parole la première. Calme mais ferme, elle se présente avec une sorte de fierté palpable dans la voix et enchaîne sur la solution de paix, la plus profitable pour les peuples, usant de la division au sein des Eruïons comme argument. La proposition de paix est loin d’être l’idée de la jeune Yürlüngür qui s’appuie sur l’élément de surprise pour avoir un avantage décisif dans cette bataille qui s’annonce et de chercher la paix une fois la bataille remportée. Elle rétorque ensuite que selon elle, les Sindeldi refuseront la paix et chercherons l’extermination. Elle termine en enfonçant le clou vis-à-vis de l’ignorance des Sindeldi par rapport aux Rakhaunens et encourage l’affrontement à la diplomatie. Cependant la remarque ne plaît pas à l’Hinïonne qui balaie les arguments en prétextant que les Sindeldi connaissent déjà l’existence des Rakhaunens et que sans son intervention, ils les auraient envahis.

Nos interlocuteurs ne montrent pas de signes émotionnels, au mieux l’Eruïonne lève un sourcil, puis parle en s’adressant plus particulièrement à Sibelle. Selon elle, son peuple souffre depuis des millénaires et s’ils peuvent espérer avoir une partie de terres fertiles au prix de la vie de leurs hommes alors cela en vaut la peine. Par le passé ils ont fait maintes tentatives de paix, mais aucun des émissaires n’est jamais revenu. Puis elle se tourne vers Yürlüngür et lui confirme avoir les mêmes intentions. Contrairement auc Sindeldi, les Eruïons ont tout à gagner. Le roi des nains cendrés prend la parole et inviterais presque les elfes gris à envahir la montagne qui deviendra leurs tombeaux. Il termine en assurant aux siens qu’il n’y aura pas de négociation, si ce n’est la mort de tous les Sindeldi en échange d’une paix durable. Ce à quoi Isstra jette un regard étrange au roi, visiblement elle ne partage pas le même point de vue.

Pour ma part, le choix a déjà été fait lorsque j’ai compris que ces nains se terraient sous la montagne depuis quatorze mille ans, après que les elfes gris ont tenté de les massacrer. J’oriente légèrement la tête durant les prises de parole et lorsque visiblement on attend que je m’exprime, je prends une grande inspiration et me lance.

"Je me nomme Jorus Kayne. Roi sous la montagne, dame Isstra, je ne peux tout simplement pas accepter que des peuples entiers aient dû se cacher sous la montagne ou dans le désert parce qu’un autre peuple les considère comme inférieur. Ce que les Sindeldi ont commis il y a de cela des millénaires est un crime impardonnable et je me joindrais à vous pour rendre la justice qui vous revient. Cependant, comme je l’ai mentionné il y a deux jours, l’ennemi n’est pas le peuple entier des elfes gris, mais leur idéologie selon laquelle ils sont une race supérieure aux autres. C’est elle qu’il faut affronter et leurs dirigeants religieux qui la prêchent. Il existe des Sindeldi à l’esprit plus ouvert et lorsqu’ils apprendront le crime que leurs ancêtres ont commis, il est possible qu’ils veuillent laver ce déshonneur en retournant leurs armes contre leurs dirigeants. J’ignore malheureusement nos chances de réussite, mais je suis certain d’une chose. La guerre apporte son lot de mort et de blessés. Si vous désirez remporter cette guerre et atteindre les objectifs que vous vous êtes fixés que ce soit avec les mines Rakhaunens ou les terres fertiles pour les Eruïons, il vous faudra affronter leur armé, vaincre leurs dirigeants et épargner ceux qui ne seront pas une menace pour vos peuples. Ne commettez pas les mêmes erreurs que ces elfes gris en désirant les éradiquer jusqu’au dernier. Les Eruïons sont la preuve qu’une forte volonté de vivre est une résistance à toute épreuve. Vous engendrerez une guerre qui ne connaîtra pas de fin, bien que je comprenne votre désir ardent de revanche."

Je marque une pause pour laisser le temps à tous de digérer ces douloureux propos, un peu loin du désir de vengeance qui les anime.

"Roi sous la montagne, vous avez la preuve que d’autres étrangers ont été mandaté pour une paix durable avec les Eruïons et par là même, qu’il existe des Sindeldi opposés à l’idéologie prédominante des elfes gris. Nous pourrions remporter la guerre par un coup d’état. En remplaçant les dirigeants par des elfes plus prompts à la paix et au retour des mines sous le contrôle des Rakhaunens et de terre fertiles pour les Eruïons."

Encore une fois je marque une pause avant de reprendre.

"Si je puis me permettre, comment savez-vous qu’ils sont actuellement divisés et qu’est-il ressorti des étrangers qui sont venus rencontrer les Eruïons ?"

A la fin de mon petit discours, le silence s’abat et l’ambassadrice Eruïonne me fixe du regard. Tandis que le roi reste de marbre, c’est l’elfe qui prend parole. Elle sait que tous les elfes gris ne sont pas des meurtriers, sa tribut bénéficiant d’aide de leurs parts depuis quelques temps et parfois ils accueillent des rejetés. Enfin elle me demande personnellement ce que j’espère ? Qu’ils perdent leurs seules chances d’obtenir ce qu’ils ont besoin pour survivre, au profit d’un complot incertain ? Ce à quoi le roi répond que la domination Sindeldi arrive à son terme. Un coup d’état comme je le propose ne suffira pas pour endiguer la haine qu’ils vouent aux Sindeldi depuis des millénaires. L’Eruïonne reprend à nouveau la parole pour évoquer une semi-elfe sombre ayant eu le même discours. Elle a prouvé la loyauté en ses arguments en sauvant une de leurs dirigeantes. C’est d’elle qu’ils tiennent leurs informations et mes paroles s’y mêlent comme un écho. Cela a d’ailleurs provoqué le doute chez les Eruïons, mais il faudrait bien davantage pour faire changer la majorité.

"Bien vous n'avez d'yeux que pour Nessima et je ne vous le reprocherais pas. C'est un lieu assez fortifié, même si je n'en est vu qu'une partie. La cité est fondée sur les ruines d'une autre, à l'architecture souterraine des Shaakts. Il existe peut-être un accès par les souterrains, mais depuis tout ce temps les Sindeldi les ont probablement fermé." Je m'arrête un instant avant de reprendre. "La personne qui nous a mandaté, ainsi que la jeune semi Shaakt, est la commandante de la garde militaire de Nessima. Nous pourrions tenter de la rallier de notre côté ainsi que des hommes de valeurs. Ainsi, nous serions en mesure d'ouvrir les portes gardées de la cité et de pénétrer les défenses." Je fixe le chef nain qui doit voir dans mes propos une idée stupide en demandant l'aide d'une Sindeldi et commandante qui plus est. "Cela peut paraître insensé, mais qu'avez-vous à perdre ? Et si nous ne parvenons pas à nous faire aider, nous pourrions tenter de les ouvrir à nous trois."

A ces propos je jette des regards à Sibelle et Yürlüngür, mais cette dernière ne semble pas convaincue. Elle prétend que Sylënn défendra sa cité au lieu de laisser une armée étrangère dans ses murs. Ses arguments ont du sens, mais Sibelle rejoints mon avis. Elle se porte volontaire pour se rendre à Nessima par la voie des airs pour échanger avec Sylënn. Cette dernière faisant partie des elfes gris les plus ouverts d’esprit.

Isstra reprend mes paroles selon lesquelles je suis pour la paix, mais prêt à ouvrir les portes à une armée assoiffée de vengeance. Elle se fait subitement arrêter par le roi qui clame la fin de Nessima. Libre à nous de nous y rendre, mais il est trop tard selon lui.

Yürlüngür se propose de se rendre à Nessima pour faciliter l’entrée, mais le roi lui rétorque que son armée sera sur place bien avant elle et la proposition impossible. La tête basse, la jeune fille répond qu’elle ne pouvait le savoir puisque nous sommes terrés sans savoir ce qu’il se passe dehors.

(Ainsi ils n’ont pas attendu pour envoyer leurs troupes ! Ils ont au maximum deux jours d’avance sur nous.)

Sibelle explique brièvement qu’elle peut se rendre à destination avant l’armée et si elle accepte de transmettre un message, elle ne le fera pas pour faciliter l’extermination des Sindeldi. Elle se tourne vers moi puis regarde L’Eruïonne et raconte que des nombreuses batailles qu’elle a menées, il n’y a jamais de gagnant dans aucun camp. Elle termine en confirmant sa confiance en la commandante à l’ordre des danseurs d’Opale et la semi Shaakt Yliria.

J'enchaîne aux propos de Sibelle et réponds aux interrogations de l'Eruïonne.

"Dame Isstra, je suis effectivement pour la paix, même si mon plan pour faire pénétrer vos troupes dans la cité semble contradictoire. Cependant si je veux sauver un maximum de vies, soit j'arrête cette guerre avant qu'elle ne débute, soit j'accélère la victoire et ces derniers jours en compagnie des Rakhaunens m'ont bien fait comprendre qu'un affrontement est inévitable."

Tout en observant l’Hinïonne, Isstra reprend le cours de l’échange et répond à Yürlüngür que si rien n’est fait, l’armée ayant traversée la frontière du désert assiègera la ville d’ici quelques jours. Alors que le roi ne semble pas prêter attention à la discussion, je remarque que l’ambassadrice fait une sorte de signe de tête à la guerrière et parle à son attention tout autant qu’à la mienne. Elle explique que cette guerre a déjà débutée, sans avoir cessé ces derniers millénaires. Les Eruïons ont trop souffert pour s’arrêter maintenant, mais elle ne nous empêchera pas de faire ce qui nous semble juste. Le roi sous la montagne quant à lui se lève pour annoncer qu’ils prendront bientôt la route. Certainement un deuxième contingent de troupes. Ils ne comptent pas tuer des étrangers, mais n’hésiterons pas non plus si nous nous dressons face à eux.

La remarque fait réagir Yürlüngür qui demande quel est le sens de ces questions puisque les troupes partiront tout de même. Bien entendu, son inquiétude va vers notre liberté de déplacement ainsi que celle de nous battre pour un camp. Sibelle tente de calmer les choses et propose une tentative de négociation en partant avec un autre étranger par la voie des aires. Mais personnellement je doute qu’une paix soit possible sans une réelle démonstration de force.

Je me gratte nonchalamment la gorge. En écoutant les propos de Sibelle. J'incline ma tête dans sa direction et parle assez bas pour ne pas être entendu du roi et de l'Eruïonne.

"Tu y crois encore qu'il n'y aura pas de bataille ? En plus, si conflit armé il y a, nous auront plus de facilité de nous déplacer si les troupes sont occupées à défendre les portes."

Ce a quoi la guerrière chuchote qu’elle y croit encore, mais en parlera davantage une fois à l’extérieur. Le roi répond à Yürlüngür qu’avec ou sans notre participation le résultat aurait été le même. Si un nouveau signe se fait entre Sibelle et Isstra, le roi ne le remarque pas et reprend finalement que nous sommes libre. Maintenant que les Sindeldi connaissent l’existence des Rakhaunens il est trop tard pour faire machine arrière. La séance se termine ainsi et alors que tous prennent des chemins différents, je suis Sibelle qui prend la même direction que l’ambassadrice. Une fois seules, l’Eruïonne explique le motif de cette mise à l’écart.

"Vous semblez vous aussi croire que la paix est possible, alors je vais vous expliquer. Mon peuple souhaite cette guerre, autant par esprit de revanche que pour enfin sortir du désert qui nous tue à petit feu. En revanche, nous avons appris des erreurs du passé, les nôtres comme celles des Sindeldi, et bien peu sont ceux au sein de mon peuple qui souhaitent leur anéantissement pur et simple, contrairement aux Rakhaunens."

Assise, elle pose ses coudes sur ses genoux avant de reprendre.

"Vous semblez déterminer à trouver une solution, aussi je vais vous dire ceci. Certaines matriarches, dont celle de ma tribu, pensent qu'une discussion est possible. Mais pas avec n'importe qui. Si jamais vous arrivez à convaincre un haut placé chez les Sindeldi, sachez que certains seront prêts à écouter et trouver un terrain d'entente. Je ne pouvais décemment pas dire cela devant le Roi, les Rakhaunens n'ont nullement l'intention de discuter, à moins d'y être contraints. Avez-vous une idée ?"

Sibelle qui a remarqué ma présence, me fait signe d’avancer puis répond que la commandante pourrait être une aide et quand bien même elle ne serait pas assez influente, elle connaîtra certainement quelqu’un qui le sera. Elle se tourne soudainement vers moi et me propose de l’accompagner.

(Hein ? Moi ? Voler à dos d'hippogriffe ?)

(Ha tient, ce n’est plus un poulet géant maintenant ?)

(Un poulet ? Mais quelle insulte tu fais là !)

(Pfff, j’y crois pas ! Mais quel faux-cul !)

(Sauf que nous sommes trois. Que va devenir Yürlüngür ?)

Je fixe Sibelle dans les yeux et hoche la tête en signe d'approbation.

"Que fait-on de Yürlüngür ?"

La guerrière répond simplement qu’il n’y a de place que pour une personne. De plus, elle ne croit pas à la paix et son imprévisibilité sera un obstacle à nos plans. Elle s’arrête pour me jauger du regard et me lance que si je ne peux partir sans la jeune fille, elle ira seule. J'ouvre la bouche pour m'opposer a ces accusations, mais le fait est que tout est vrai. J'ai eu le loisir de l'apercevoir à plusieurs reprises.

"Non l'enjeu est trop important. Et puis c'est une grande fille. Elle saura se débrouiller seule !" Je m'arrête un instant et demande."Quand part-on ?"

L’Hinïonne répond qu’elle souhaite partir le plus tôt possible et demande à Isstra si elle connait un chemin rapide pour atteindre l’extérieur. Malheureusement c’est une information qu’elle ne possède pas. Selon elle, les Rakhaunens gardent pour eux de nombreux secrets, même à leurs alliés.

J'écoute le bref échange, mais comme nous sommes désormais à courir après le temps, je presse les choses.

"Dans ce cas ne perdons pas de temps !" Je cherche l'attention de Sibelle avant de reprendre. "Nous devrions prendre des rations pour le voyage. Selon toi, combien de temps nous allons mettre pour atteindre Nessima une fois dehors ?"

Après une brève réflexion, l’elfe blanche me répond que cela dépend de notre position une fois sortie de la montagne. Perplexe, je hausse un sourcil et ne peux m’empêcher d’une remarque de mon cru.

"Je dirais quelque part près de la montagne !"

Sans prêter attention à ma remarque, l’hinïonne sort de la pièce pour interpeler le premier nain du couloir et lui demander s’ils peuvent nous conduire vers l’extérieur en empruntant la voie la plus proche. A son retour, Isstra nous souhaite simplement bonne chance avant qu’on nous emmène. Lorsque nous prenons congé de l’ambassadrice, nous demandons à ce qu’on nous guide jusqu’à la sortie, mais pas sans quelques vivres sur le chemin. J’ai encore le souvenir du trajet dans la jungle en devant chercher notre propre nourriture. Je prends une bouffée d’air frais lorsque nous atteignons enfin l’air libre. La sensation d’un vent vivifiant sur mon visage me fait un bien fou. Vu le visage de l’elfe, je ne suis pas le seul à apprécier ce moment hors de la montagne. Elle me demande justement si je ne crains pas le vertige et me conseille vivement de bien m’accrocher.

(Le vertige ? J’ai quand même chevauché un dragon dans le ciel d’Aliaénon !)

Je regarde la guerrière avec un air de défis dans les yeux.

"J’ai chevauché une femme-dragonne, je pense que je serais en mesure de tenir."

Elle me sourit dans un premier temps avant de m’expliquer qu’elle ne sera plus en mesure de parler, même si elle me comprendra toujours.

(Sinon on peut toujours faire un cot pour oui et un cocotte pour non !)

(Ca y est, ça te reprend ?)

Sibelle continue en proposant justement un cri bref pour oui et deux pour non.

(Je te déconseille de l’ouvrir à moins que tu ne veuilles faire le trajet dans ses serres !)

(Quelle rabat-joie tu fais !)

Je réprime autant que possible l’envie de rire, mais ne parvient pas à m’empêcher de sourire complètement. J’ai le droit d’admirer l’étrange métamorphose de Sibelle vu de très près cette fois-ci et c’est assez spectaculaire. Une fois dans sa nouvelle forme elle m’invite à la monter.

(Ca c’est du rapprochement ! J’en connais une qui n’aimerait pas que je chevauche une autre femme !)

Timidement, je monte sur la créature ailée sans trop savoir où je mets les mains. Elle reste une femme avec ses attributs spécifiques qui n’appartiennent qu’à la gente féminine. Finalement, après quelques pas jusqu'au bord de la falaise, elle prend son envole.
Modifié en dernier par Jorus Kayne le sam. 14 mars 2020 21:36, modifié 1 fois.

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Re: Le Karhen-Kark

Message par Gamemaster6 » sam. 14 mars 2020 14:52

Émergence : màj pour Yurlungur

A peine quelques heures après le départ de Jorus et Sibelle, un puissant cor résonna depuis le cœur de la montagne. Presque aussitôt, un rakhaunen vint trouver la jeune fille et l'emmena auprès du roi. Partout où elle posait les yeux, des rakhaunens en armes s'affairaient, jusque dans le Krahen Kark où le Roi, portant une lourde armure d'un métal noir, étaient entouré d'une centaine des siens portant une armure similaire. Seul son casque finement ouvragé et son imposant marteau le différenciaient des autres. Il se tourna vers la jeune fille lorsque celle-ci fut amenée jusqu'à lui.

- Nous parrrtons sous peu. Si tu souhaites nous aider, rrrejoins l'avant-garrrde. Le trrrajet serrra long et dangerrreux, soit prrrête.

Sans plus de cérémonie, il reporta son attention sur ses subalternes, donnant visiblement des ordres dans sa langue, d'une voix dure et sèche. Le rakhaunen qui accompagnait Yurlungur, lui, se tenait toujours près d'elle, prêt à la conduire où elle le voulait ou répondre à ses éventuelles questions.

***

Gains :
Interactions avec le Roi : 0,5xp Total 0,5xp

Dis moi en mp ce que tu comptes faire et je te donnerai les directives pour la suite.
Image

Quand on l'appelle, il apparaît !!
Et il reste, alors gare !

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Re: Le Karhen-Kark

Message par Sibelle » sam. 14 mars 2020 19:57

Au bout de deux jours, six nains gris vinrent les chercher à leur petite chambre qui avait tout d’une cellule, alors que les Rakhaunens affirmaient le contraire, pour les guider une fois de plus vers la salle du trône. Bien que Sibelle avait été attentive au chemin emprunté à l’aller, elle était aussi désorientée et n’aurait pu elle-même retrouver son chemin, ce qui la contrariait, elle n’aimait pas se retrouver à la merci d’autrui. En route, elle nota que l’ambiance n’était plus la même au sein de ces galeries. Les nains gris étaient beaucoup plus agités et pressés. Pour sa part, elle se contenta de les observer sans poser de questions.
Ce fut donc sous l’escorte de petits soldats tout en armure qu’ils retrouvèrent le roi assis sur son trône de marbre. Une surprise, grande, élancée et aux longs cheveux bruns, les attendait auprès du roi Rakhaunen. Sibelle avait bien reconnu ces oreilles pointues qui trahissaient son appartenance à la race elfique, mais elle ne pouvait en dire plus. Elle savait que cette peau sombre n’avait pas la pigmentation de celle des shaakts, mais elle ignorait à quel type d’elfe, elle avait affaire, elle n’était ni blanche, ni grise, ni noire.

Lorsque le roi prit la parole, l’attention de Sibelle quitta l’elfe au visage dur et fortement cicatrisé pour se porter sur celui-ci. D’après ce que les trois aventuriers lui avaient raconté, le petit homme en avait déduit que les sindeldi étaient faibles et divisés, et qu’ils étaient alors grands temps de les attaquer. D’ailleurs une armée de soldats nains était déjà en marche pour assiéger la cité sindel. Alors que les Rakhaunens présents se réjouissaient de la nouvelle, l’elfe portant une armure de métal rouge prit la parole. Prénommée Isstra, elle s’avérait être une Eruïonnes et avait été envoyée par les tribus de son peuple. Contrairement au Roi, elle n’avait pas été étonnée de leur présence, puisque d’autres aventuriers avaient pris contact avec les tribus Eruïonnes pour éviter la guerre. Bien que le roi conserva la silence, il ne put réprimer une moue de dégoût à l’énoncé d’une tentative de paix. Isstra précisa qu’il n’avait pas consensus dans les tribus Eruïonnes, mais elle estimait qu’il était trop tard pour éviter la guerre. Elle les interrogea ensuite afin de connaître leur chance de vaincre les Sindeldi, et surtout de savoir dans quel camp, ils se retrouvaient.

Sibelle prit le temps de bien jauger l'elfe, son équipement et de se répéter les paroles de cette dernière afin de bien en comprendre le sens avant d'émettre un commentaire. Elle laissa installer le silence un court moment, puis prenant un ton calme, mais ferme et fier, elle annonça ses couleurs.

« Je me présente, Sibelle, elfe blanche originaire d'une autre contrée. Je suis du camp de la paix. Je pense qu'il s'agit de la meilleure solution pour tous les peuples. Vous-mêmes, Isstra, vous dites que les Eruïonnes sont divisés...une guerre pourrait coûter cher en vie à votre peuple, peu importe l'issue du combat. »

La gamine fit alors un pas en avant et donna son point de vue. Contrairement à Sibelle, elle préconisait la guerre. Elle croyait qu’ils auraient encore l’avantage de la surprise s’ils ne tardaient pas à attaquer. Et tout en haussant les épaules, elle supposa que les elfes gris refuseraient la paix et ne chercherait qu’à les exterminer.


Sibelle un peu contrarié par l'attitude de Yurlungur, reprit la parole sans attendre les commentaires des autres. Il était important qu’elle rétablisse les faits qui avaient été déformés par la gamine.

« Les sindeldi connaissent l'existence des Rackhaunen ainsi que l'une des portes d'entrée. Si je ne vous avais pas alerté à l'aide du cor, ils vous auraient envahis. »
Les bras croisés, les sourcils froncés, Sibelle attendit.

Le Roi et Isstra les avaient écoutés patiemment, si le Roi était resté de marbre, l’elfe avait levé un sourcil à l’écoute de son discours de haine. Quant à l’assistance de nains, ils s’agitèrent lorsqu’ils apprirent que les sindeldi connaissaient non seulement leur existence, mais aussi une de leur porte d’entrée dans leur monde souterrain.

Ce fut Isstra qui prit la parole en s’adressant d’abord à l’hinionne. Ce peuple souffrait depuis des millénaires des attaques barbares des elfes gris. Cette guerre pourrait leur permettre de survivre et de sortir du dessert. Ils avaient déjà tenté de négocier. Les messagers envoyés n’étaient jamais revenus. S’adressant ensuite à Yurlungur, elle avoua partager son opinion au fait que les sindeldi avaient tout à perdre et eu tout à gagner. Le Roi renchérit en affirmant que les montagnes seraient leur tombeau. Il ne voulait aucunement négocier, il voulait les tuer jusqu’au dernier. Sibelle remarqua alors le regard que Eruïonne jeta au Roi, elle ne partageait vraisemblablement pas le même avis.

Jorus qui s’était contenté de les observer prit enfin la parole. Il commença son discours en expliquant qu’il n’approuvait pas que les sindeldi, par leur suprématie, obligent les autres peuples à se terrer, dans les montagnes ou dans les déserts. Il convenait également que leur crime était impardonnable et qu’il se joindrait à eux pour leur rendre justice. Son discours était par contre plus nuancé que celle de la gamine, ce que Sibelle apprécia. Il croyait cependant que le problème n’était pas le peuple, mais plutôt l’idéologie de supériorité qu’ils véhiculaient. Tout comme Sibelle, il savait qu’il existait des sindeldi qui pensaient autrement. Il n’était pas contre la guerre, par contre, il recommandait d’épargner ceux qui n’étaient pas une menace, afin d’éviter les mêmes erreurs commises par les elfes gris. Il proposa un coup d’état. Sourcils froncés Sibelle écoutait attentivement.

Ce fut Isstra qui répondit à l’interrogation de Jorus. Elle avoua que les sindeldis n’étaient pas tous des criminels sans pitié. Sa tribu avait reçu de l’aide des certaines d’entre eux. En retour, ils avaient accueilli les mis à part. Ni l’elfe, ni le Roi, n’étaient en faveur du coup d’état. Les Rakhaunens ne vivaient que pour se venger et récupérer leur terre. Afin de répondre à la dernière question de Jorus, elle avoua connaître Yliria. Si elle ne la nomma pas par son prénom, sa description suffit à Sibelle pour reconnaitre la semi-elfe. Cette dernière ayant sauvé l’une de leur dirigeante d’une attaque des sindeldi.

Connaissant l’architecture de la ville de Nessima, qui en est une fortifiée, Jorus proposa d’utiliser les souterrains afin de s’y infiltrer et ouvrir les portes de la cité pour permettre les nains d’y entrer. Il comptait sur la participation de la commandante.
Ayant écouté les propos du nain, de l'elfe et de Jorus, Sibelle s'apprêtait à prendre la parole lorsque Yurlungur la devança.
Cette dernière ne partageait pas l’avis de Jorus. Elle pensait que la commandante allait défendre bec et ongle sa cité. Elle indiqua clairement qu’elle ne participerait pas à ce plan.

Une fois Yurlungur ayant annoncé ses couleurs Sibelle dit ce qu'elle avait en tête:

« Je suis de l'avis de Jorus. Je me porte volontaire pour y aller comme messagers. La commandante sera favorable à notre discours. Elle fait partie des Sindeldi plus conciliants. »

Elle hésita un moment puis rajouta:

« Nous pourrons emprunter la voie des airs, ce sera plus rapide. »

Rajouta-t-elle omettant volontairement de donner plus de détails. Elle ne désirait pas faire mention de sa capacité de se transformer en hippogriffe. Elle considérait plus prudent de ne pas dévoiler tous ses atouts.

Isstra semblait surprise de la proposition de Jorus, elle ne lui cacha pas qu’elle trouvait ses propos contradictoires. D’un côté, il envisageait la paix et de l’autre, il voulait les aider à pénétrer plus facilement Nessima. Le Roi mit fin à ce questionnement. Il semblait confiant de vaincre les sindeldi sans difficulté. Il jugeait donc inutile l’aide proposé par Jorus.

Sibelle pensive regarda la gamine. Il n’y avait pas de doutes, la petite était prête à apporter son aide pour l’extermination des elfes gris. Elle s’offrit même à ouvrir les portes de Nessima. Une fois de plus, le Roi rejeta l’offre du revers de la main, en précisant qu’ils seraient là bien avant elle. À cette précision, Sibelle fronça les sourcils. Conservant son air fier, elle répliqua au Roi.

« Si vous y allez à pied, je serais là avant vous ! »
Mais afin d’éviter une méprise quant à sa position, elle rajouta :
« … mais je ne veux pas vous faciliter la tâche pour que vous exterminiez les sindeldi... mais je peux faire le messager. »
La précision devenait nécessaire puisque les trois aventuriers avaient des positions différentes. Yurlungur était pour la guerre, Jorus en partie, et Sibelle voulait l’éviter.

L’hinionne regarda Jorus, puis l'elfe qui semblait hésitante.

« Il n'y a jamais de gagnants dans les guerres, que des perdants, de chaque côté, et je l'ai vécu à plus d'une reprise.... »


Elle se souvenait de la guerre entre les carnivores et les herbivores, aucun des deux n’ayant gagné. Les deux parties avaient été trahies par les harpies qui avaient profité de ce conflit pour prendre le pouvoir.

Après une courte pause, elle reprit :

« J'ai vraiment confiance en la commandante, à l'ordre des danseurs d'Opales, et à la jeune Yliria. »

Jorus eut la bonne idée de tenter de clarifier sa position. Il expliqua donc être pour la paix. Mais il jugeait que si celle-ci n’était pas possible, il souhaitait accélérer la victoire des nains afin de sauver le maximum de vies. Cet éclaircissement n’aida pas davantage Sibelle qui demeura perplexe quant à la vision de Jorus.

Isstra annonça que ses armées avaient déjà passé la frontière du désert et qu’ils filaient vers Nessima. Ce disant, elle regarda Sibelle, lui faisant un discret signe de tête pour ensuite expliquer à Jorus que son peuple avait assez souffert des mauvais traitements des sindeldi. Par contre, elle ne l’empêcherait pas de faire ce qui lui semble juste. Le Roi coupa court cette discussion en annonçant son départ imminent. Il n’avait pas l’intention de tuer les aventuriers, mais il se montrerait sans pitié s’ils se retrouvaient en travers de son chemin.

Sibelle fronça les sourcils aux réponses de Isstra et du roi. Elle trouvait l'intervention de Yurlungur inutile. Tenace, elle tenta de nouveau:

« Vous êtes en route, mais pas arrivées. Laissez-nous tenter une trêve, laissez-moi m'envoler avec l'un de mes camarades qui sera volontaire, et promettez-moi de ne pas attaquer avant qu'on ait tenté une dernière fois d'obtenir une entente sans guerre. »

Sibelle ne craignait pas les combats, mais elle jugeait que celui-ci pouvait être évité et c’était pour cette raison qu’elle s’entêtait à leur proposer une alternative à la guerre.

L’hinionne sentit la proximité du visage de Jorus, mais ne broncha pas. À voix basse afin de n’être entendu que par elle, il lui demanda si elle croyait vraiment que la bataille pouvait être évitée. Sans se détourner la tête afin de ne pas attirer l’attention sur eux, elle lui répondit en chuchotant :

« Oui j’y crois encore, on se parlera plus librement une fois sortie d’ici »

Le Roi répondit à la demande de la gamine en confirmant une fois de plus qu’ils étaient libres, son regard las envers Sibelle était sans équivoque, elle ne réussirait pas à le convaincre et il ne tenterait plus de la convaincre du contraire. Isstra hocha de la tête afin de signifier à la guerrière qu’il était inutile de tenter de dissuader le Roi d’entrer en guerre. En revanche, elle lui fit un discret signe de tête, l’invitant à discuter avec elle. Sibelle accepta alors l’invitation par un discret hochement de tête.

La discussion était terminée, Isstra sortit de la salle faisant signe à Sibelle de la suivre, ce qu’elle fit tout en remarquant que Jorus en fit autant, tout en gardant ses distances. L’elfe brune l’emmena dans ses appartements, une petite salle en tout point similaire à celle qu’elle avait partagée avec Jorus et Yurlungur.

Sans se préoccuper de la présence de Jorus, elle va aller directement au but, sur un ton neutre, quelque peu intriguée.
« Je vous écoute. Que me voulez-vous ? »

Isstra prit le temps de s’asseoir avant de s’adresser à elle. Tout en l’écoutant, Sibelle prit place en face d’elle, s’assoyant sur la couche libre. Puisqu’elle avait remarqué que Sibelle aurait préféré la paix à la guerre, elle décida de lui expliquer plus en détail la situation vécue par le peuple des elfes bruns. Ils souhaitaient la guerre, par souci de vengeance, certes, mais aussi pour sortir du désert. Cependant, peu de Eruïons souhaitaient l’extermination des elfes gris, contrairement au Rakhaunens. Après avoir posé ses coudes sur ses genoux, elle poursuivit. Puisque Sibelle s’entêtait à trouver une alternative à la guerre, elle avait décidé de lui confier quelques informations. Certaines matriarches croyaient encore à la discussion, mais pas avec n’importe qui. Si la guerrière pouvait convaincre un sindel de haut rang dans la hiérarchie, certaines matriarches seraient disposées à l’écouter et à trouver un terrain d’entente.

Étant parfaitement consciente de la présence de Jorus à proximité dans le corridor, Sibelle se leva et lui fit signe d’avancer. Sibelle considérait qu’il pourrait être avantageux de le faire participer à la conversation. Cela fait, elle reprit sa place et répondit à Isstra.

« Je pense que la commandante pourrait nous aider. Je peux m'y rendre à dos d'hippogriffe, j'arriverai plus tôt. Si elle n'est pas assez influente, elle connaitra surement quelqu'un qui le sera plus. »

Bien qu’elle faisait assez confiance à la déléguée des elfes bruns, elle préférait lui cachait qu’elle était elle-même la monture en question. Elle jugea que cette omission ne ternissait en rien l’engagement qu’elle prenait envers le rétablissement de la paix.

Se tournant vers Jorus :

« M'accompagnes-tu ? »

N’ont pas qu’elle craignait la solitude ou encore qu’elle ne se croyait pas à la hauteur de la situation, mais elle jugeait que jeune homme possédait un certain charisme. Il jugeait qu’elle devait mettre toutes les chances de son côté afin de convaincre la commandante de Nessima et que Jorus pouvait l’aider grandement dans ce sens.

Après avoir planté son regard dans les yeux de la guerrière, il approuva du chef, tout en demandant si Sibelle pensait proposer la même chose à Yurlungur. L’hinione n’appréciait pas la gamine, elle ne lui faisait aucunement confiance et elle savait pertinemment qu’il en était autrement pour le jeune rôdeur. Mettant son aversion de côté, elle se contenta d’énoncer calmement les faits, sans émettre le moindre jugement.

« Il n'y aura pas de place sur l'hippogriffe, il ne faut pas le ralentir... et Yurlungur ne croit pas en la paix, elle risque de défaire nos plans et elle est trop imprévisible. »

Elle se savait capable de porter un cavalier, et savait qu’elle prendrait plus de temps et serait plus lente si elle devait en porter deux, même si la gamine n’était pas lourde.

Elle se tut un instant afin de mieux jauger Jorus avant de rajouter :

« Si tu ne peux pas partir sans elle, soit, je partirai seule. »

Au grand soulagement de l’hinionne, Jorus ne prit pas la défense de Yurlungur. Il considérait qu’il devait accompagner Sibelle et que la jeune fille pouvait se débrouiller sans lui. Il s’enquit donc de leur départ et la guerrière répondit :

« Le plus tôt possible. »

Puis se tournant vers l'elfe, elle rajouta:

« Connaissez-vous une sortie qui nous permettrait d'arriver à l'air libre sans marcher des jours dans ces souterrains ? »

L’intéressée répondit négativement, elle connaissait peu ces labyrinthes souterrains.

Conscient qu’il n’y avait plus de temps à perdre, Jorus suggéra de prendre des rations de nourriture pour le voyage et lui demanda combien de temps durerait celui-ci.

Sibelle réfléchit un moment avant de répondre :
« Cela dépend, où nous serons une fois à l'extérieur. »

Elle avait en effet marché plusieurs jours sous terre, elle n’avait donc aucune idée où ils pouvaient se trouver dans cette chaîne de montagnes.

Jorus ne trouva rien à dire, enfin, rien qui ne pouvait les faire avancer dans leur questionnement. Sibelle sortir donc momentanément de la petite salle et interpella un des nains dans le corridor.

« Le roi nous a libérés. Pouvez-vous nous conduire à la sortie vers l'extérieur la plus proche. ? »

Faire le guide n’étant sûrement pas dans ses fonctions, il partit en chercher un. Sibelle retourna donc dans la salle où l’elfe leur souhaita bonne chance.

Lorsque le guide arriva, à la demande de Jorus, un autre nain avait apporté suffisamment de nourriture pour que Sibelle et lui puissent tenir quelques jours. Ils suivirent donc le guide sans tarder et se retrouvèrent à l’extérieur après une petite heure de marche.

Arrivée à la porte, Sibelle laissa le guide enclencher le système d’ouverture de la lourde porte de pierre et le remercia avant de traverser l’embrasure de la porte.

Aussitôt à l’extérieur, le visage de Sibelle s’éclaircit d’un resplendissant sourire. La présence de la lumière du jour lui fit le plus grand plaisir, malgré le bref ajustement de ses pupilles à l’arrivée inopinée d’une telle quantité de lumière. Elle savoura également la délicate brise d’ouest sur sa peau blanche.

Après s’être accordée quelques minutes d’adaptation, elle regarda les alentours. Ils se retrouvaient à flanc de montagnes, et la descente n’aurait pas été facile pour eux, s’ils avaient dû la faire à pied.

Elle se tourna enfin vers son compagnon et lui demanda :

« Puisque tu as accepté de monter sur mon dos sous ma forme d'hippogriffe, j'imagine que tu ne souffres pas de vertige ? Quoi qu'il en soit, je te conseille de bien t'agripper à mon plumage. »

Le jeune homme regarda l’hinionne, ses yeux pleins de défi, il déclara qu’il avait chevauché une femme dragonne et qu’il pensait tenir sur un hippogriffe.

Sibelle lui répondit par un sourire narquois. Elle allait peut-être en profiter pour faire des acrobaties aériennes, non par esprit de vengeance, ou si peu, mais surtout par plaisir de voler et de se retrouver au grand air.

Elle rajouta toutefois une dernière directive avant de se transformer :

« Une fois sous ma forme animale, je pourrai comprendre ce que tu me dis, mais je n'aurai plus le don de la parole. Donc je ne pourrai que te répondre par oui, un cri bref ou par non, deux cris brefs. Ça te va ? »

Pour toute réponse il fit un signe de tête accompagné d’un petit sourire en coin.

Sibelle s’éloigna donc de quelques pas afin de ne pas le bousculer durant sa transformation. Elle prit une grande respiration et s’imagina dans un corps plus imposant, recouvert de plumes et muni de serres à l’avant et de sabots à l’arrière. Progressivement, elle sentit les muscles de ses jambes se gonfler et sa puissance augmentée. Elle perçut de forts picotements derrière les omoplates. Les yeux fermés, bien qu’elle ne voyait sa transformation, elle la sentait dans tous les muscles de son corps.

Une fois dans la peau de l’hippogriffe, elle plia ses pattes de devant afin de faciliter la montée de Jorus. Elle sentit l’hésitation de la part de celui-ci, il ne sembait pas trop savoir comment s’accrocher à elle.

Lorsqu’elle sentit son cavalier en place, elle fit les quelques pas nécessaires pour se rendre sur le bord de la falaise, ouvrit ses ailes et se laissa tomber. Le vent la portat quelques instants et elle profita de cette sensation enivrante de liberté qui l’avait manqué plus qu’elle ne le pensait. Après un court instant, elle battit des ailes et reprit de l’altitude. Heureuse de voler ainsi librement, elle en oublia toutes les contrariétés qu’elle avait ressenties lors de la discussion avec le Roi des Rakhaunens. Puis après quelques minutes de vol, sachant que Jorus l’avait rassuré quant à son aisance dans les airs, elle ne put résister à la tentation de faire quelques acrobaties aériennes. Tout de même consciente des risques encourus, elle tourna sa tête d’aigle vers son cavalier et lança un long cri grave comme pour le prévenir. Puis augmenta sa vitesse et tout en conservant son déplacement horizontal, elle exécuta une première rotation sur elle-même. Elle attendit quelques secondes et lorsqu’elle n’entendit aucune plainte, elle lâcha le même cri et puis fit cette fois quelques rotations. Le tonneau fut la première figure acrobatique que la fierté d’Azur apprit, mais tout de même sa préférée.

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