Les Portes

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Yuimen
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Les Portes

Message par Yuimen » sam. 25 janv. 2020 17:49

Les Portes

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Bien que Khaz-Kheral soit en quelque sorte une immense mine dont les galeries s'entremêlent en un inextricable labyrinthe, offrant ainsi un grand nombre d'accès mineurs aux parties périphériques de la cité, il n'est possible d'atteindre son centre qu'en franchissant l'une des trois puissantes portes érigées par les Rakhaunens pour le protéger de toute incursion.

Massives et austères, closes par de pesants battants de métal sombre, elles sont assez larges pour permettre le passage simultané de six Rakhaunens, hautes de près de dix mètres et surplombées par des mâchicoulis ainsi que de nombreuses meurtrières. Une fois franchies, elles donnent accès à une galerie d'une trentaine de mètres de long aux murs et plafonds également percés de meurtrières qui s'achève sur une lourde herse, dernier obstacle avant de déboucher sur les vastes salles du coeur de Khaz-Kheral.

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Gamemaster7
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Re: Les Portes

Message par Gamemaster7 » sam. 25 janv. 2020 17:51

Émergence : màj pour Yurlungur et Jorus


Les explications de Yurlungur ne convainquirent visiblement qu'à moitié le rugueux Maerg, mais il s'en contenta et répondit durement à Jorus après qu'il ait confirmé les allégations de la jeune femme et quelque peu usé sa brosse à reluire :

"Toi rrretourner veste souvent, humain. Prrrendrrre moi pour idiot pas bonne idée, toi te souvenirrr."

Plus aimablement, il répondit ensuite aux questions posées par les deux aventuriers, en commençant par celle de Yurlungur :

"Brrrûler avec quoi ? Pas bois ici, pas lave. Nous venir cherrrcher plus tarrrd."

A l'attention de Jorus, il ajouta :

"Beaucoup années avant, mages penser pouvoirrr fairre arrrmée avec Rrrakhaunens morrrts. Eux les rrrelever, mais morrrts pas obéirrr, tuer beaucoup Rrrakhaunens et s'enfuirrr. Depuis, eux se cacher et attendrrre nous pourrr manger. Nous devoirrr rreparrtirr, maintenant, eux pouvoirrr rrevenirr."

Sans plus tarder il donna le signal du départ, abandonnant leurs morts sur place sans paraître le moins du monde affecté par ces pertes. Et l'interminable voyage dans les profondeurs de la terre reprit, interrompu seulement par de brèves périodes de repos. Combien de jours marchèrent-ils ainsi, les aventuriers n'auraient pu le dire avec exactitude. Le temps semblait se diluer dans ces abysses où l'alternance jour/nuit ne pouvait plus servir de repère, mais ils finirent par rejoindre des zones plus fréquentées et ne tardèrent pas à croiser d'autres Rakhaunens vaquant à leurs occupations. Ils traversèrent de vastes salles étonnantes où de gros champignons blafards proliféraient en impressionnantes quantités, visiblement cultivés et récoltés par le petit peuple. Dans d'autres salles, des lichens immenses de couleur grisâtre pendaient des plafonds en paquets compacts, semblables à des barbes géantes. Là encore des Rakhaunens s'activaient, récoltant ces étonnants végétaux pour un usage inconnu des voyageurs. Tous, sans exception, observèrent les deux compères avec une surprise au moins égale à leur méfiance, mais nul ne s'avisa de leur barrer la route, accompagnés qu'ils étaient par les leurs.

Après plusieurs heures de marche dans ces surprenantes cultures, Yurlungur et Jorus parvinrent devant une impressionnante porte taillée à même le roc, gardée par une douzaine de Rakhaunens en armes. Ils avaient enfin atteint leur destination, ou presque : une cité plus secrète qu'aucune autre sur Yuimen sans doute, que Maerg présenta avec fierté :

"Nous presque arrrrivés, ça Khaz-Kherrral ! Jamais étrrrangers voirrr."

Si jusque là nul ne leur avait interdit le passage, il en alla tout autrement avec les gardes défendant l'huis monumental et Maerg dut parlementer durant plusieurs minutes avec eux avant qu'ils ne daignent les laisser passer. Pour la première fois de l'histoire, des étrangers allaient pouvoir découvrir une cité Rakhaunen, et à en juger par son entrée elle ne devait rien avoir à envier aux légendaires villes souterraines des Thorkins.


*****


HRP : apartés toujours possibles avec Maerg si vous le désirez.

Gain d'XP :

Jorus : interaction avec Maerg et Yurlungur : 0,5XP
Yurlungur : interaction avec Maerg et Jorus : 0,5XP

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Yurlungur
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Re: Les Portes

Message par Yurlungur » ven. 31 janv. 2020 17:58

...

L'interrogatoire passa et, à son grand soulagement, ses réponses semblèrent satisfaire Maerg. Évidemment, Jorus la soutint, confirmant ses propos sans pouvoir s'empêcher de préciser que lui-même n'en avait pas su grand-chose jusqu'à présent. Elle ne savait que penser de cette candeur. Dans un sens, c'était idiot de révéler cela : ça signifiait qu'il ne pouvait pas vraiment assurer la véracité de l'explication de la jeune fille, et dans cette optique cela la desservait ; dans un autre, c'était souligner qu'elle leur faisait confiance, elle, de leur livrer autant d'informations. Mais son camarade s'embourba dans une flatterie peu subtile pour rattraper l'affront qu'il avait fait tout à l'heure, ce qui lui attira une réponse méprisante du Rakhaunen, qui l'accusait de changer d'avis trop rapidement pour être digne de confiance.

Yurlungur commençait à se lasser de ce climat de méfiance constant. Elle ne savait pas si tous les nains étaient ainsi : elle savait, bien sûr, que la plupart étaient grincheux, mais elle pensait que cela tenait à ce que ceux qu'elle voyait à Dahràm n'appréciaient pas trop la cité, et se faisaient aussi rares que possible. Dans ces conditions, loin de leur foyer et de leurs congénères, il était tout naturel qu'ils fassent la tête : ici, c'était une autre affaire et elle avait seulement l'impression que Maerg poussait le bougonnement sans réelle raison. D'ailleurs, elle se sentait épuisée. Le combat contre les goules avait poussé ses capacités physiques à bout et, bien qu'elle ressentît le besoin impérieux de prendre une grande pause, elle se doutait bien que c'était une mauvaise idée. Il fallait qu'elle marche un peu, qu'elle continue à se remuer doucement, le temps que la tension baisse, au risque de se trouver fourbue le lendemain. Faire brûler les corps, par exemple, était une activité pas trop gourmande en énergie, rentable et suffisante pour cela : mais Maerg, bien qu'il sembla plus détendu, rejeta la proposition, arguant qu'ils n'avaient pas de quoi faire un feu durable. Plus tard... Elle songeait que, plus tard, les corps seraient peut-être relevés : mais c'était son problème.

Mais la question de Jorus quant à l'origine de ces goules était plus intéressante : si l'assassine s'était imaginé des sorciers cachés au fond des souterrains, ou même peut-être l'émergence naturelle de telles monstruosités depuis les ombres (après tout, ce n'était pas une hypothèse si farfelue de son point de vue, car elle n'y connaissait rien en magie et associait seulement la ranimation des cadavres à l'art occulte des fluides d'ombre, qui devaient bien se trouver dans les abîmes au cœur des montagnes), si l'assassine avait donc émis pour elle-même quelques suppositions, la vérité sur leurs origines était bien plus précise que cela, et mettait directement en jeu les Rakhaunens eux-mêmes. Ils avaient donc tenté de relever des morts-vivants pour leur propre compte, sans succès... Soudainement, elle se sentait beaucoup moins de sympathie pour cette race. Ils payaient déjà le prix de leur hubris, cela dit, et Maerg sous-entendait qu'ils avaient abandonné cette voie depuis un moment. Mais elle se rendait compte que, inconsciemment, elle avait naturellement pensé qu'ils étaient incapables de magie, peut-être parce qu'elle n'avait pas vu de mage parmi leur troupe, ou peut-être par un préjugé latent sur cette petite race trapue qui disait qu'ils étaient bien incapables de lancer correctement un sort, et qui devait avoir été inventé par un elfe. Elle se rendait désormais compte de sa méprise et cela l'agaçait, puisqu'elle était incapable de reconnaître que cela l'apeurait également.

D'ailleurs, au lieu d'accorder un moment de répit aux combattants, il ordonna la reprise de la marche, puisque selon lui d'autres goules pourraient survenir. L'argument était honnête, et Yurlungur prit sur elle pour éviter de se plaindre, essayant de paraître forte à cette assemblée de rudes combattants. Mais ils étaient naturellement plus endurants qu'elle et, jour après jour, elle sentait le poids de la fatigue s'accentuer sur ses nerfs et ses épaules, tandis que les Rakhaunens n'avaient pas l'air le moins du monde exténués par les longues marches qu'ils traversaient. En ajoutant à cela l'anxiété de se faire percer à jour, si jamais son illusion flanchait, et maintenant l'existence de nécromanciens parmi les Rakhaunens, c'était suffisant pour la placer dans un état d'abattement.

Mais l'abattement ne se manifeste pas d'emblée comme une résignation muette. Au contraire : chez elle, il y avait d'abord un peu d'intrigue. D'ailleurs, cet effet était contrebalancé par un autre : elle estimait avoir fait de Maerg un allié durable, maintenant qu'elle s'était distinguée sur le champ de bataille. Un coup de maître, en y repensant (elle aimait se flatter ainsi en se reconnaissant une foule de mérites qu'elle était la seule à pouvoir remarquer : et c'était un bon baume à l'ego, qui calmait l'angoisse latente) : elle avait réussi à abattre une grande quantité de goules, à ne pas dévoiler son piège aux Rakhaunens, et à les embrouiller d'une histoire à moitié inventée. En s'approchant de Maerg, néanmoins, c'était encore le sujet des mages qui la préoccupait.

« Vous avez des mages, je veux dire des mages puissants parmi votre peuple ? »

Il opina du chef et Yurlungur eut une moue peu rassurée.

« Je dois reconnaître que je n'apprécie pas trop la sorcellerie nécromantique. »

C'était loin d'être exclusif à cette magie-là, mais elle pouvait déjà reconnaître aux autres sorciers un code moral plus élevé, qui en faisait des individus dont elle pouvait se permettre de moins se méfier : ceux qui avaient attaqué Dahràm et pris la ville, c'étaient des mages d'ombre et des courtisans de cadavres. D'ailleurs, l'autre mage puissant qu'elle connaissait, c'était Xël, et il avait reconnu lui-même n'avoir pas la force morale de s'en prendre à elle. Du reste, elle faisait une confidence à Maerg, espérant ainsi s'attirer son amitié.

« Qu'est-ce que vos sorciers sont devenus après avoir échoué à contrôler les goules ? »

C'était la chose la plus importante. Comment avaient-ils traité ces échecs ? Avaient-ils accepté les sorciers parmi eux, comme si de rien n'était ? Les avaient-ils bannis ? Les avaient-ils exécutés ? (C'est probablement ce qu'elle aurait fait. Un sorcier de moins, fût-il un allié, c'était une source de danger en moins : et puis, s'il y avait une excuse pour s'en débarrasser...) Il répliqua que c'était il y a longtemps, et que ces sorciers étaient morts depuis longtemps, sans donner davantage de précision. Il précisa qu'ensuite les Rakhaunens n'avaient plus tenté d'éveiller des goules, mais c'était évident. Il refusait plus ou moins de répondre à cette question et elle plissa les yeux, méfiante. C'était à son tour de jouer ce rôle-là dans leurs discussions.

« Mais donc... vos mages sont plutôt des praticiens de la magie d'ombre, encore aujourd'hui ? »

Il nia : la plupart des magiciens de son peuple maîtrisaient la terre ou le feu, et beaucoup moins l'ombre. C'était un peu plus rassurant. Les mages de terre étaient connus pour leur loyauté : ils ne tenteraient pas d'action invraisemblable de leur propre chef, probablement, ni de sournoiserie comme en étaient capables les mages noirs. Quant à ceux de feu, on les disait plus impulsifs : mais c'était aussi la qualité de certains guerriers et elle avait appris à jouter contre ce genre de personnalité depuis longtemps. Ce n'était pas un défaut dont elle fut tout à fait exemptée, d'ailleurs. Au moins cette réponse était-elle déjà un peu plus satisfaisante que l'idée de s'être associée à un peuple dont les sorciers manipulaient tous des fluides d'ombre. Elle pensa qu'il fallait changer de sujet et demanda :

« Je me demandais... Comment est-ce que vous êtes organisés ? Je veux dire, vous avez un roi, ou des seigneurs ? Ou vous vous gouvernez différemment ? »

Elle se souvenait qu'à Dahràm c'était un roi qui régnait, mais un roi fantoche, tandis que les pirates n'en faisaient qu'à leur tête. Oh, c'était moins le cas depuis qu'Oaxaca était arrivée, mais c'était rigolo tout de même, de voir la lutte d'influence entre la volonté d'organisation et de stabilité de l'empire de cette fausse déesse et l'impétuosité bouillonnante des seigneurs pirates. Cela produisait parfois des escarmouches sur les quais, sur les docks, dans les tavernes, ou en mer. On disait que les pirates dahramais n'avaient jamais essuyé une défaite navale face à la Reine noire ; ou, si c'était le cas, on taisait la bataille, ou on prétendait que ce n'était pas vraiment un navire dahràmais, du coup.

Mais sa question, qu'elle avait presque posé afin de poursuivre la conversation, par pur intérêt et sans arrière-pensée (ce qui était assez rare chez elle), lui attira à nouveau la méfiance du chef. Celui-ci la traita de petite espionne, remarquant qu'elle posait de nombreuses questions, puis reconnut tout de même qu'ils étaient dirigés par un chef, le plus grand guerrier. La jeune fille sentit une pointe d'amertume au fond de son cœur. Cela commençait à bien faire. Elle venait de risquer sa vie pour leur permettre une plus prompte victoire face aux goules, et il trouvait encore à l'accuser d'espionnage ? Elle haussa les épaules, essayant de contenir sa rancœur, sans toutefois y parvenir.

« Je m'intéresse à vous. Si ça vous gêne et si vous pensez toujours que je suis une espionne, j'arrête là. Au revoir. »

Elle se sentait insultée. Bien sûr, en d'autres circonstances, elle ne se serait pas énervée pour si peu : mais étant donné son état de fatigue mentale actuel et la situation dont elle venait de sortir, ainsi que l'impression constante d'échouer constamment à se faire accepter par les Rakhaunens, elle ne se sentait plus capable de jouer encore à l'adolescente agréable (quand bien même ces deux mots mis bout à bout sembleraient un oxymore). De l'extérieur, elle devait avoir l'air d'une enfant qui boude : mais c'était ignorer la violence qui l'habitait et qui grondait en elle depuis de nombreux mois. La rage chez elle était prompte à grandir et à broyer d'autres sentiments plus nobles, raisonnée seulement par l'imagination, lorsque celle-ci lui faisait voir le succès d'une trahison plus lointaine, à un moment plus opportun.

Afin de s'écarter de Maerg, elle s'était détournée de lui, trop énervée pour vraiment regarder où elle allait : il la railla en pointant sa susceptibilité et, secoué d'un rire gras, relevant qu'elle prenait la mauvaise direction. La fureur monta d'un cran. Elle ne put s'empêcher de trépigner : pour un peu, elle se serait jetée sur lui et l'aurait égorgée. Qu'importe qu'il y ait autour d'autres soldats Rakhaunens, elle se rêvait en train de les abattre, un par un, afin d'étancher son vif désir de vengeance. Ce n'était pas un désir raisonnable : c'était une pure pulsion, et paradoxalement, c'était ce qui avait toujours nourri cette jeune fille. On trouve dans le monde des individus qui ne sont guidés que par une unique obsession, l'argent, l'art, ou l'amour : elle, c'était la fierté et l'orgueil. Oh, elle était probablement loin d'être la seule à se saisir de cette passion et pour en faire une idole en son cœur, mais il était rare qu'on poussât aussi loin qu'elle l'adoration de cette vanité.

Le plus curieux, sans doute, était l'écart gigantesque entre l'image qu'elle renvoyait et les nœuds funestes qui se liaient dans son cœur. Autant de l'extérieur elle avait l'air inoffensive, un peu grognonne seulement, autant bouillait en son sein une frénésie qui la portait à désirer qu'on verse un peu de sang pour se calmer. Le seul point où l'âme se découvrait, c'était le regard, un regard sombre et cruel : il fallait seulement espérer que, comme tous les enfants, elle ait oublié cette anecdote d'ici le lendemain, après un bon repos. Cela dépendait de l'humeur, de la qualité du sommeil, et d'une foule d'autres paramètres incontrôlables qui faisaient que les questions de vie ou de mort étaient, chez cette adolescente, aussi changeantes et inconsistantes que les affaires de cœur des courtisanes de Kendra Kâr.

Ils continuèrent à avancer toute la journée, s'il y avait seulement ce qu'on pouvait appeler des journées par ici. Au fur et à mesure, ils commençaient à croiser d'autres Rakhaunens, affairés à récolter des champignons luisant dans l'obscurité. Ils semblaient approcher de leur but : ils devaient se trouver dans les environs de la capitale, à proximité de quelque village, quelque satellite du centre névralgique de la nation Rakhaunen. Et ils finirent par aboutir à une large porte, taillée à même la roche et gardée par une troupe de soldats lourdement armés. Maerg semblait enthousiaste, enfin : Yurlungur s'abstint de tout commentaire. Elle s'était calmée, naturellement, et cherchait encore à décider si elle se vengerait du nain ou non. Elle laisserait probablement le hasard décider : si elle avait une opportunité...

Elle resta simplement en compagnie de Jorus, les bras croisés, en attendant que leur protecteur parvienne à convaincre les gardes de les laisser passer. De toute façon, s'ils intervenaient, cela n'aiderait probablement pas...

...
Modifié en dernier par Yurlungur le ven. 7 févr. 2020 17:20, modifié 1 fois.

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Jorus Kayne
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Re: Les Portes

Message par Jorus Kayne » ven. 31 janv. 2020 21:57

Maerg ne semble pas apprécier le compliment que j’ai fait à ses aïeux et pense même que je retourne ma veste. Je préfère laisser tomber et le laisse répondre à Yürlüngür sur l’éventualité de brûler les corps. Il rétorque qu’il n’y a pas de quoi les brûler et qu’ils viendront chercher leurs corps plus tard. Il revient finalement vers moi en m’expliquant qu’autrefois, les mages pensaient faire une armée avec leurs morts. Ces choses n’ont jamais obéis et se sont enfuies après avoir tué un grand nombre de nains cendrés. Depuis ils se cachent et attendent l’opportunité de manger.

Rapidement nous quittons le secteur sous l’ordre de Maerg, alors que nous abandonnons les corps morts sans aucune peine visible. Nous parcourons encore les entrailles de la montagne en perdant la notion de temps et d’espace. Je ne saurais absolument pas où nous nous trouvons ni quand. C’est à croire que ce dédale tortueux est ce qu’ils ont appris de leur contact avec les Sindeldi. Durant une de nos pauses, je m'approche de Maerg avec une de leurs étranges victuailles dans les mains.

"Maerg, pouvez-vous me parler de votre peuple ? Que ce soit vos chefs, vos croyances et vos traditions ?"

Il grogne, me regarde d’un air à se demander quel œil il va frapper en premier, pour finalement me répondre avec une réticence habituelle que leur chef est le plus grand guerrier Rakhaunen. Ils croient uniquement en Thimoros et n’ont pour seule tradition le Throng-Khura.

(Thimoros ? Est-ce en rapport avec les Shaakt qu'ils ont rencontrés avant la venue des Sindeldi ?)

"Throng-Khura ? De ce que je commence à comprendre de vous ce doit être un rituel afin de prouver votre bravoure lors d'un combat ! J'ai bon ?"

Il secoue négativement la tête avant de me répondre qu’il ne s’agit pas d’un rituel comme je me l’imagine, mais tout simplement de la vengeance contre les Sindeldi.

"Ha...oui."

(Bon je comprends qu’ils en veuillent aux gris, mais ils n’en font pas un peu trop là ?)

(On parle de nains qui ont faillit être exterminés. On dit que si les efles vivent longtemps, la rancune des nains dure plusieurs vies d’elfes !)

(Oui et ils en sont la preuve ! Je suppose qu’ils doivent avoir de nombreux textes sur ce qui est arrivé à l’époque.)

(Il n’y a qu’un moyen de le savoir !)

Je prends le temps de considérer la chose et reprend ma conversation.

"Cela fait des milliers d'années que vous éprouvez cette haine envers les Sindeldi, mais comment est inculquée l'histoire de vos aïeux ?"

Il m’explique que l’histoire des Rakhaunens se transmet de père en fils depuis toujours. Même si le temps a effacé bon nombre de choses, certaines légendes persistent.

(L'idée que le savoir se transmet ainsi ne me plaît pas ! Il n'y a rien de mieux pour altérer les faits afin qu'ils correspondent aux attentes voulues.)

"Des légendes Rakhaunens ? C'est intéressant, dites m'en plus !"

Il hausse les épaules et me relate les faits avec un certain dédain. Selon lui, ces vieilles histoires n’intéressent que les enfants et les vieux. Il y a longtemps, les nains vivaient dans les montagnes de l’île Tolenya riche en métaux. Les Sindeldi ont commencé à commercer avec les Rakhaunens, mais dans leurs avidités, ils ont trahi les nains cendrés, manquant de les massacrer. Ces derniers ont survécu en traversant une grande étendue d’eau avec des troncs d’arbres pour s’installer ici.

L’annonce me met une belle gifle au visage. Que les faits soient avérés ou non, cela semble être le même type d’échange amicale avec les Shaakts de l’époque. Prenant la terre qui ne leur appartenait pas. J’en viens à penser à haute voix.

"Je me demande s'il y a des archives, dans la bibliothèque des sindeldi, qui fait mention de ceci. Une telle révélation provoquerait une scission au sein des elfes gris."

Maerg me répond qu’il l’ignore et je pense qu’il s’en fout très certainement.

(Je ne peux m’empêcher de penser à tous ces elfes qui sont contre l’idéologie globale qui règne ici. S’ils avaient connaissance de cela, les choses pourraient prendre un tournant bien différent.)

Je marque une pause avant de reprendre.

"Vous savez tous les sindeldi sont assez racistes envers les autres races. Nous l'avons constaté lors de notre venu ici à quel point c'était ancré dans leurs êtres. Cependant, ce n'est pas le cas de tous. Parmis le peuple rakhaunen, existe-il des êtres qui ne partagent pas cette haine des sindeldi ?"

Il secoue de la tête pour m’affirmer que non et s’explique en déclarant que tous les Rakhaunens ne vivent que pour se venger des Sindeldi, haïssant ses derniers. J'ai une moue de réprobation lorsque Maerg me répond. Je commence à craindre une extinction de masse, comme l’on presque vécu les nains il y a des milliers d’années.

"Et vous ne vous arrêterez pas tant que le dernier sindel sera en vie je présume ? Mais une fois que vous aurez assouvie votre vengeance, que ferez-vous ?"

Le réponse est loin de ce que j’imaginais. Les elfes auront le choix, mourir ou partir et une fois cette vengeance réalisée, ils reprendront leurs terres, leurs mines afin de vivre dans la paix. Je réfléchis un instant puis pose une question qui le trotte dans la tête depuis quelques temps.

"Ne craignez vous pas de faire face à une armée importante ? Je veux dire, vous êtes restés sous terre pendant des milliers d'années, vous ignorez qu'elle est la situation sur cette île, ou plus au nord !"

(Ont-ils connaissance de la présence des forces d’Oaxaca ? Leur plan de reconquête pourrait être un véritable problème avec cette menace, à moins qu’ils en aient fait un allié !)

J'évite délibérément le sujet d'Oaxaca pour savoir ce dont ils ont connaissance, mais sa réponse ne me plaît pas. Maerg me raconte que les Rakhaunens ne craignent rien et qu’ils en savent plus que moi. Pour ce qu’ils ignorent, nous sommes là pour pallier à ce manque. Etrangement, sa façon de le dire me rappelle que nous ne sommes pas tout à fait des invités dans l’histoire. Je remercie Maerg pour avoir pris le temps de me répondre et le laisse à ses occupations et à notre reprise de la route.

Le temps continue dans ces galeries et aucun changement de paysage ne se fait jusqu’à atteindre d’autres nains cendrés occupés à récolter des champignons énormes et en quantité astronomique dans de vaste salle. Dans d’autres espaces, c’est une sorte de lichen qu’ils font pousser ou encore d’étranges plantes. Notre présence ne passe pas inaperçu et où que nous allons, nous sommes la source de toute l’attention.

Enfin, nous arrivons à destination, ou presque selon notre guide. Devant nous, gardée par une douzaine de petits gars en armure, se dresse la porte de Khaz-Kheral, où aucun étranger n’a foulé le sol. Je ralentis malgré moi pour admirer l’incroyable savoir faire de ce peuple. La porte doit faire dans les dix mètres de hauteur et possède des mécanismes pour tenir à l’écart toutes tentatives d’invasion de ceux qui seraient, par miracle, arrivée jusqu’ici sans guide. Je prends une importante respiration, car derrière ces murs une armée de prépare à marcher sur les Sindeldi.
Modifié en dernier par Jorus Kayne le dim. 2 févr. 2020 09:59, modifié 1 fois.

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Gamemaster7
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Re: Les Portes

Message par Gamemaster7 » sam. 1 févr. 2020 16:53

Émergence : màj pour Sibelle


Après plusieurs jours de marche éreintante dans les profondeurs désertes des Montagnes Grises, Sibelle et ses guides pénétrèrent soudain dans une vaste salle, longue de près de cent mètres, large de la moitié et haute de plus de vingt mètres, évoquant une sorte d'ancestrale forêt aux arbres couverts de grands pendeloques de lichens. Bien sûr il n'y avait pas véritablement d'arbres, les lichens pendaient du plafond, touchant souvent le sol, et ruisselaient le long des parois avec tant de vigueur qu'il était quasiment impossible de discerner ces dernières. Bon nombre de Rakhaunens, dépourvus d'armures contrairement à tous ceux que Sibelle avait aperçu jusque là - exception faite de l'ancien avec qui elle avait conversé aux portes des souterrains- s'activaient là à récolter les végétaux livides. Si Sibelle s'était questionnée sur la nature de la pitance qui lui avait été fournir tout au long du trajet, elle tenait sans doute désormais la réponse.

Sous les regards étonnés des Rakhaunens présents, le petit groupe traversa cette salle sans ralentir, puis une autre, similaire, et une autre encore où poussaient, blafards, une profusion de gros champignons semblablement récoltés. Enfin, après plusieurs heures de marche au sein de ces étranges cultures, Sibelle et ses guides parvinrent devant une titanesque porte, défendue par une douzaine de gardes Rakhaunens. Les deux qui accompagnaient l'Elfe se rengorgèrent comme des paons à cette vue, et l'un d'eux déclara avec emphase :

"Nous bientôt arriver. Ça Khaz-Kherrrral, grrrrande cité Rrrrakhaunen !"

Les vaillants défenseurs de la porte scrutèrent Sibelle avec une méfiance largement teintée d'hostilité mais, après quelques vigoureuses palabres dans leur langue, les guides parvinrent finalement à les convaincre de la laisser entrer et, toujours accompagnée de ses deux chaperons, Sibelle put pénétrer dans la mystérieuse cité.

La suite ici.

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