Avenue d'Abondance

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Yuimen
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Avenue d'Abondance

Message par Yuimen » mar. 12 avr. 2022 13:12

Avenue d’Abondance

Image


Haenian est une cité commerçante et si il y a bien une rue dans la ville qui le démontre c’est l’Avenue d’Abondance. Artère principale de la cité, on y trouve toutes sortes de boutiques. Un vieil adage dit même que si on ne trouve pas ce qu’on veut à l’Avenue d’Abondance c’est qu’on a mal cherché.

Couturiers, armuriers, boutiques magique, marchands de tapis, fleuristes, bouchers, fromagers… Rien ne manque si ce n’est des artisans car si l’on peut tout acheter à Haenian à quoi il servirait de le fabriquer soi même ?

><

Objets vendus par les marchands :

Équipement (De bonne qualité maximum) :
  • Arme magique 1 main : Orbe
  • Arme magique 2 mains : Bâton
  • Protection corps : pourpoint - robe
  • Protection tête : diadème - capuche
  • Capes
  • Bijoux magiques
  • Ceinture de consommables
Fluides magiques d'éléments :
  • Fluide 1/16e, 1/8e, de tous les types d'éléments.
Divers :
  • Objets RP
  • Gourdes magiques et potions (sauf les immenses potions)
  • Carquois et projectiles.

Fonctionnement :
  • Achat :
    • Objets personnalisables : Choisir le type d'objet dans la liste, lui donner un nom, un niveau, un rang de qualité et en calculer le prix via la règle des équipements.
    • Objets uniques : Choisir l'objet dans la liste présentée.
  • Vente : Le vendeur ne reprend que les objets du même type que ceux qu'il vend.
  • Calcul des prix de vente, achat, réparation : via la Règle sur les équipements
  • La demande doit être postée, avec le lien du post, dans le sujet d'Interventions GM.

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Haple Mitrium
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Re: Avenue d'Abondance

Message par Haple Mitrium » lun. 27 janv. 2025 16:44

06. Dans le rôle du Petit Poucet...

Si la plupart des boutiquiers n’avaient pas encore ouvert leurs volets, d’autres révélaient déjà leur marchandise en vitrine, éclairées par la douce lumière matinale que filtraient les bâches tendues de part et d’autre de l’avenue pour abriter les badauds du soleil comme de la pluie. Tout en cherchant des yeux l’emplacement du marchand de minerai, Haple s’avança dans l’allée commerçante en détaillant et enregistrant dans sa mémoire toutes ces nouveautés.

Ici, un marchand, spécialisé dans la vente de plumes de moa et autres volatiles exotiques aux couleurs criardes, attirait les regards envieux de jeunes filles sans le sou, espérant peut-être un jour se pavaner avec des ornements pareils à ceux dont les bourgeoises de Haenian paraient leur chapeau. Là, un fleuriste – ou plutôt son assistant qui larbinait probablement pour une paye misérable – déchargeait une cargaison de chardons aux épines violettes et de fleurs de cire au parfum aussi délicat que la teinte crème de leurs pétales. Partout où son regard se posait, des biens de consommations provenant des quatre coins du continent (et au-delà) s’offraient à ses yeux et l’incitaient à alléger sa bourse pour des frivolités.

(Une robe… ça, j’en aurai bien besoin, non ?)

Elle portait ses vêtements de rechange depuis deux jours maintenant – son ancienne tenue ayant été abîmée au-delà de toute réparation lors de sa mésaventure avec la Sœur Nétone. Haple songea que ce ne serait probablement pas la dernière altercation, et que ses yus trouveraient meilleur usage sur des produits qui l’aideraient à sortir victorieuse la prochaine fois…

(Une prochaine fois…)

L’adolescente détourna son regard de l’étal du couturier devant lequel ses pas l’avaient arrêtée traitreusement. C’est alors qu’elle remarqua l’enseigne : une gemme taillée présentant ses facettes multicolores aux passants. La boutique qu’elle annonçait était cependant fermée. Haple pesta en se rapprochant ; le marchand de minerais n’était de toute évidence pas un matinal. Ou bien, peut-être que les acheteurs potentiels de pierres précieuses et autres marchandises minérales faisaient plutôt leurs affaires en plein jour.

Parvenue devant la porte du magasin, Haple distingua la plus grande clarté qui en marquait les joints, ainsi que les fentes des volets. (De la lumière à l’intérieur). Sans hésiter, Haple tapa à la porte. (Pas de réponse). Haple cogna à la porte, plus fort.

- J’arrive, j’arrive, lui parvint une voix étouffée de derrière l’épais panneau de bois.

La porte s’entre-ouvrit, arrêtée par une chaîne de sécurité.

- Oui ? l’interrogea un œil au sourcil levé à hauteur de sa poitrine.
- Bonjour Monsieur, je souhaiterais vous parler.
- On ouvre dans une heure, jeune fille.
- Je ne serai pas longue…

La porte se referma sur ses mots comme une fin de non-recevoir. Désemparée, Haple tenta à tout hasard d’une voix qu’elle espérait porter à travers le bois :

- Ça concerne le voleur de runes !

Quelques visages se retournèrent dans l’allée, mais Haple conserva son attention fixée sur la porte. Après quelques secondes de silence, le bruit d’une chaîne qu’on glisse dans son ornière se fit entendre et la porte rouvrit :

- Entrez, grommela un Thorkin patibulaire, serrant son peignoir contre lui pour se protéger de l’air frais qui entrait. Allez, plus vite…

Haple ne se fit pas prier deux fois et vint se mettre au chaud. L’unique pièce qui constituait la boutique était éclairée par un brasier crépitant au fond d’un large âtre en granit. Un brasero taillé dans une colonne de la même roche complétait l’éclairage à l’autre bout de la pièce. Haple embrassa l’espace d’un regard : c’était un assemblage hétéroclite de présentoirs sous verre contenant des pierres précieuses de toute les teintes et de toutes les tailles imaginables, ainsi que de bacs contenant en vrac de grandes quantités tantôt de banales améthystes polies, tantôt de longilignes cristaux de quartz blanc, rosé ou fumé… Chaque centimètre carré d’espace disponible était utilisé ! Des fossiles imprimés par le temps sur de larges ardoises ornaient même les murs, mais l’inspection de l’adolescente Hinïonne s’arrêta là.

- Qu’avez-vous à me dire au sujet de ce vaurien, jeune elfe ? Je suis tout-ouïe.
- A vrai dire, je suis à sa recherche, et… poursuivit-elle en hâte détectant que le nain perdait déjà patience devant cette conversation qui ne lui apprendrait visiblement rien de nouveau, j’espérais que vous pourriez me raconter quel méfait il a commis envers vous ?

Elle avait délibérément choisi de présenter sa question sous un angle susceptible de réveiller la colère qui grondait sourdement sous son épaisse barbe brune. Celle-ci frémit alors que le nain ouvrait la bouche, puis la refermait, les lèvres blanches et tremblantes d’indignation :

- Ce malfrat… blasphématoire… s’en prendre à mes pierres ! On ne verrait pas ça à Mertar, ah non… Le ciel lui tombe sur la tête ! Maudits humains !
- C’était donc un humain, un homme ? chercha à confirmer l’enquêteuse.
- Un homme ?! Pouah !... De cette engeance qui a renié tout honneur, alors… M’offrir à boire, « à Valnyus, à Kübi et à tous les dieux qui nous unissent ! » a-t-il osé toaster… Et profiter de ma joie de vivre pour m’en ôter l’envie… Mes runes… Mes pauvres runes…

Haple notait religieusement chaque détail de son récit, ainsi que chaque expression faciale qui passait successivement sur son visage. (Il pourrait rejoindre l’académie – un vrai comédien…)

- Quelle fausseté, quelle malice ! confirma la ménestrelle avant d’aller chercher les détails manquants. Et quand est-ce que ce scélérat à renier toute humanité ?
- N’en a-t-il jamais eu… je me demande. Mais pour ce qui est de son crime envers moi, circonstance aggravante s’il en est, il a profité du festival de la bière pour endormir ma méfiance ! Car, aurait été bien indigne de sa barbe le Thorkin qui refuse une libation en pareilles circonstances, n’est-ce pas ?

Jamais quelqu’un n’était passé aussi rapidement devant elle d’un interlocuteur récalcitrant à un moulin à paroles. Encore un point à éclaircir et elle pourrait fausser compagnie à l’épuisant geignard :

- Mais, Maître Thorkin, amorça-t-elle pour adoucir l’insulte de la question qui devait suivre, comment a-t-il su où trouver vos runes ? Lui en aviez-vous parlé… ?

Heureusement, le marchand ne prit pas ombrage de la sottise que lui prêtait implicitement la ménestrelle. Faisant écho à la jeune fille qui l’écoutait si attentivement, il répondit :

- Je me suis posé la même question, figurez-vous. C’est un fulguromancien – et moi qui, à ce titre, croyait pouvoir lui faire confiance… Un fulguromancien, dis-je, et certains peuvent utiliser leurs fluides pour détecter des minerais spécifiques. Alors pourquoi pas des runes ?... Parce qu’elles étaient cachées, bien cachées – je peux vous le dire maintenant… Dans ce bac contenant de vulgaires cailloux, tout au fond, là où personne ne met jamais la main, précisa-t-il d’un geste théâtral pour désigner le tiroir immédiatement à la droite de Haple.

Celle-ci laissa ses doigts courir sur la surface des cailloux polis par les forces érosives des courants et du vent. Alors, l’inspiration la frappa ; elle en saisit une poignée.

- Sauriez-vous me décrire les symboles qui figuraient sur ces runes ? Que je puisse vous les identifier si je les retrouve.

Le Thorkin se redressa et leva sa tête vers l’elfe blanche comme s’il la regardait vraiment pour la première fois. Un trémolo dans la voix, il gronda des profondeurs de sa gorge tremblante d’émotion :

- Mademoiselle, vous faîtes honneur à votre race. Venez, je vais vous les dessiner.
- Ce n’est pas nécessaire : je peux les graver à la main sur ces cailloux.
- Ah… une géomancienne. Nul doute que votre courage vous vient de votre affinité avec la roche. Je vous aime bien ! tonna-t-il en se frappant le poitrail, derrière lequel un cœur battait d’une nouvelle force.

Quelques inscriptions runiques et déclarations d’amour interracial plus tard, Haple rangeait dans sa besace quatre simili de runes. Alors qu’elle s’apprêtait à sortir, le marchand l’arrêta pour, une dernière fois, lui témoigner sa sympathie :

- Dame elfe, prenez cette rune. Elle ne pourrait pas trouver meilleur usage qu’à vos côtés tandis que vous traquez le malfrat qui m’a enlevé ses sœurs. Et prenez garde à ses fluides d’électricité – la sournoiserie ne sera sûrement pas sa seule arme…
- Je n’oublierai pas. Ni de vous rendre justice, professa la ménestrelle avant de se retirer sur cette envolée lyrique qui n’engageait à rien…

(((La rune donnée par le marchand est celle obtenue en récompense du dernier chapitre)))

>>> Suite : 07/14
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Haple Mitrium
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Re: Avenue d'Abondance

Message par Haple Mitrium » lun. 27 janv. 2025 22:31

08. Enchantée, vraiment...

Parcourant l’Avenue d’Abondance pour la deuxième fois de la journée, Haple ne reconnut pas l’artère commerçante. Une heure s’était écoulée depuis son départ et déjà la foule avait envahi les lieux. Ce fut avec peine qu’elle parvint à arrêter une matrone chargée comme une mule avec d’énormes rouleaux de tissus qui menaçaient d’éborgner les imprudents sur un rayon de deux mètres… Et de lui demander la direction du magasin de magie, car elle s’était rendue à l’évidence : elle ne trouverait pas son chemin seule dans pareille cohue.

Après s’être faufilée tant bien que mal à travers le flot d’acheteurs pressés, et après avoir encaissé moults coups de coude et occasionné au moins autant de pieds écrasés, l’enquêteuse arriva à destination. La boutique était d’allure clinquante. Des vitraux colorés donnaient une vie propre aux fenêtres et les colombages peints reprenaient leur vif coloris. La porte, si diligemment décorée soit elle, était … fermée. (Encore…)

Désormais habituée à forcer les évènements, la ménestrelle impatiente actionna lourdement le heurtoir en forme d’une gueule de lion (Elégant…) :

- L’enchanteresse s’est absentée, ma puce, l’informa familièrement la boulangère d’en face. Elle va pas tarder à revenir.

C’était bien sa chance. L’adolescente signifia d’un hochement de tête qu’elle avait compris et alla attendre dans la ruelle attenante pour échapper à l’agitation oppressante qui régnait dans l’avenue. Là, la lumière ne parvenait pas jusqu’au sol, si rapproché était les murs. Haple jugea néanmoins qu’il y avait suffisamment de place pour se dérouiller les fluides un petit coup. Pour tuer le temps. Et parce qu’il lui tardait de mettre en pratique l’approche du sort de dédoublement explosif qu’elle avait conçue plus tôt. (Donc laisser les fluides façonner mon double plutôt que l’inverse … puis, boum !)

Comme souvent, Haple ferma les yeux pour chasser toute distraction visuelle. Encore que dans la ruelle ombragée, ce préambule était probablement superflu… Elle se figura alors les fluides circulant derrière ses paupières closes, tourbillonnant sous son crâne puis descendant en spirale dans son torse, gagnant ses bras et ses jambes avant de rejoindre l’immensité du sol auquel ils appelaient à retourner ! (Oui, je vous sens.)

Bras tendus, paumes ouvertes vers l’espace devant elle, la ménestrelle invita une partie de ses fluides à se jeter dans le courant tellurique, escomptant qu'ils garderaient la mémoire de leur précédente enveloppe charnelle. Elle serait bientôt fixée : d’un geste ascendant de ses mains, Haple les fit resurgir à deux mètres devant elle. Une éruption terrestre s’ensuivit ! Comme devant un miroir terni, l’adolescente observait la silhouette grossière d’une jeune fille au corps svelte… c’était tout ce qu’on pouvait en dire, car la ressemblance avec sa créatrice s’arrêtait là. Peut-être qu’avec plus d’entraînement (et plus de puissance magique) la copie ressemblerait plus fidèlement à l’original ?

Au demeurant, l’essentiel restait, songea la ménestrelle, que le golem de fortune explosât au contact comme dans le récit de l’ancêtre des Désirelle. Haple, plus prudente cette fois, s’empara d’un bâton posé contre le mur de la boutique et, tendue d’anticipation autant que d’appréhension, porta un coup d’estoc à la sculpture fluidique.

Alors, une douleur indicible lui fendit le crâne en deux. Malgré l’obscurité ambiante, il lui sembla que le soleil brillait d’une lumière blanche, impitoyable, brûlant ses yeux écarquillés par l’agonie. Sans lui accorder de répit, une voix de crécelle lui vrilla les tympans :

- Qu’est-ce que tu fabriques dans mon allée, toi. Allez, oust ! Ou je te jette un mauvais sort ! Ces jeunes, tsss… conclut sèchement la vieille femme en claquant la fenêtre qui venait, l’instant d’avant de heurter violemment le crâne de la ménestrelle injustement châtiée.

(Et pour rien… elle est à tout le monde cette allée !) Pour vraiment rien, en plus : Haple rouvrit les yeux pour constater son échec. Si la copie de terre avait bien pris forme dans un délai compatible avec une situation de combat, elle n’avait cependant pas éclaté au contact de son bâton. Au lieu de cela, elle s’était tout simplement effondrée…

Se frottant la tête, Haple se consola en constatant que la fenêtre qu’elle venait de se prendre dans le carré donnait sur la boutique de magie. Et que, par conséquent, la mégère qui l’avait chassée devait être l’enchanteresse revenue d’on ne savait où. Sur la pensée réconfortante d’entretenir une conversation avec l’aimable bonne femme et sa voix à réveiller les morts, la ménestrelle s’ébroua pour se remettre du choc et revint sur ses pas jusqu’au seuil de la porte au heurtoir léonin.

- Toi, encore ? Dégage ! Fous le camp !

Ça allait être plus compliqué que prévu.

- Je suis venue…
- Oust ! J’appelle la garde !
- … vous acheter quelques produits, tenta-t-elle pour l’amadouer avant de lui poser les questions qui motivaient vraiment sa visite.

La marchande s’arrêta dans sa litanie hostile. La porte pivota sur des gonds abondamment huilés et révéla un petit brin de femme aux cheveux grisonnants, bras croisés, sourcils froncés et lèvres cousues. (Une teigneuse…) Revêche, la vieille chouette pencha la tête de côté pour mieux inspecter de ses yeux verts l’importune sous tous ses angles. Mi-figue, mi-raisin, elle céda finalement et fit un pas de côté pour laisser entrer l’adolescente.

Haple pénétra dans la boutique ; le regard braqué de la propriétaire lorsqu’elle lui passa devant lui fit l’effet d’une douche glacée. La tension était palpable et elle n’avait pas une minute à perdre. Il lui fallait l’amadouer, et de toute évidence la perspective d’une vente était la seule raison pour laquelle elle n’avait pas été chassée à coups de balai (ou de sortilèges…).

- Merci Madame. Vendez-vous des potions ? J’aurais besoin d’une grande potion de soin et aussi… Je ne connais pas le nom, mais, par le passé, j’ai acheté à l’un de vos confrères une potion qui permet de voir la nuit. Est-ce que vous avez quelque chose dans ce goût-là ?

La ménestrelle s’arrêta pour reprendre sa respiration. Et pour préserver son budget, car elle avait d’autres dépenses à faire afin de se préparer à un éventuel affrontement avec le voleur de runes. Alors, sans décroiser les bras, la marchande répondit :

- Tu fais allusion aux potions de nyctalopie et de clairvoyance. J’en ai effectivement en stock… Mais avant tu dois me montrer que tu as de quoi payer.

Sa voix était ferme ; elle serait intraitable sur ce dernier point. (Qu’à cela ne tienne…)

- Ah oui, c’est ça. « Nyctalopie », un drôle de nom… et quel effet produit une potion de clairvoyance, dites-vous ? J’ai de quoi payer, précisa-t-elle pour lui délier la langue en détachant sa bourse de sa ceinture. Enfin, je crois que ça devrait suffire.

Haple lui laissa le loisir de vérifier le contenu de la bourse, si elle le souhaitait, songeant qu’il était compréhensible que son apparence rustique n’inspirât pas confiance chez la commerçante. Cependant, celle -ci ne prit pas la peine d’inspecter le petit pactole de l’Hinïonne ; elle sembla juger à l’œil son volume suffisant. Et ce fut cet élément qui la décontracta enfin… Elle décroisa les bras et ses sourcils se détendirent, surplombant de leur douce grisaille ses yeux verts apaisés. Elle répondit alors à la question de sa cliente d’une voix neutre :

- Je considère que cette potion s’avère surtout utile lors des combats puisqu’elle permet de bloquer les effets magiques qui diminuent la vision.

Bien heureuse que la dame commençât à se détendre, Haple pressentit qu’elle pourrait bientôt pose la question qui l’amenait ici en premier lieu. Mais d’ici là, la ménestrelle préféra consolider le lien par l’achat de ces potions. Et d’autres services :

- Ça m’a l’air for intéressant. Donnez m’en une alors, s’il vous plaît, ainsi que la grande potion de soin. Et puis aussi ; quatre de vos plus petites fioles de fluide tellurique, s’il vous plaît. Mais je me dis que puisque vous vendez des marchandises si spéciales, amorça-t-elle dans une tentative de flatterie, alors vous aurez peut-être de quoi retravailler mon tambour ? Je souhaiterais en améliorer la qualité autant que vous le pourrez. Ne lésinez pas sur la qualité des matériaux !

Cette dernière requête, elle l’avait appuyée en faisant tinter le contenu de sa bourse, car il lui été désormais clair que sous ces cheveux grisonnant se cachait une âpre commerçante, plus sensible au tintement des yus qu’aux envolées flatteuses. Et, de fait, à mesure que la liste de la commande s’allongeait, la vieille chouette laissa presque échapper un sourire.

- Oui, je peux améliorer ton tambour, accorde-moi quelques minutes, hulula-t-elle avant de disparaître dans son arrière-boutique.

Haple s’agita au comptoir. Il lui faudrait attendre que celle-ci revienne avec son tambour pour constater les modifications apportées, car de là où elle se trouvait, même en se haussant sur la pointe des pieds comme elle le faisait, la curieuse ne pouvait pas voir ce qui tramait de l’autre côté du portique à double-battant derrière lequel son fidèle instrument avait disparu.

Lorsque la magicienne revint enfin, elle portait le tambour amélioré entre ses mains, et Haple l’accueillit, ses mains dans un geste empreint de révérence. Cependant, la ménestrelle ne s’attarda pas à examiner le travail accompli, car la vision de la marchande en train d’additionner le coût de ses différents achats en plaçant ceux-ci sur le comptoir lui donna des sueurs froides qui firent disparaître toute curiosité de son esprit.

- Amélioration d’un tambour : 500 yus. Une potion de clairvoyance : 50 yues. Une grande potion de soin : 100 yus. Quatre fluides de terre : 200 yus. Et, avec deux potions moyennes de mana pour 100 yus, ça nous fait donc un total de … 950 yus ! claironna-t-elle avidement comme devant le spectacle d’un campagnol courant à découvert sous le clair de lune.

Comme en réaction au sourire satisfait qui éclaira alors le visage de la vieille chouette, Haple sentit sa mine se décomposer. Effarée par la somme due, elle déposa sa bourse sur le comptoir dans un lourd bruit métallique, qui eût au moins pour mérite de masquer le soupir profond qui lui échappa. (Espérons qu’elle sera maintenant plus disposée à répondre à mes questions…)

- Dites-moi, pourriez vous m’aider à identifier ces runes ? demanda-t-elle en lui présentant le contenu de sa bourse de runes pour entrer doucement en matière.

Après avoir ramassé son dû, et une fois que Haple eût ramassé ses achats, la marchande accepta de bon cœur d’examiner les runes de sa cliente hinïonne.

- Puisque vous connaissez le nom de ces petites pierres, savez-vous de quoi il en retourne, ou bien je dois tout vous expliquer dès le début ? s’enquit-elle d’une voix ou ne transparaissait aucune hostilité.
- J’ai appris la théorie de l’écriture divine, mais je viens seulement d’apprendre qu’elles ont une utilité pratique, utilisée comme ça, puis … pouf ! s’exclama-t-elle en imitant la manière dont elle imaginait une rune se volatiliser après que son pouvoir ait été consumé. Donc, en fait, c’est surtout de savoir quel pouvoir recèlent ces intrigantes pierres dont j’ai besoin. Connaissez vous leur nom en langage commun ?

La magicienne sembla rassurée de ne pas avoir à tout expliquer, et passa donc directement à l’essentiel :

- Il existe près de 300 runes différentes. Je ne les connais donc pas toutes, mais les plus courantes. Donc, voyons voir ce que tu as…

Du bout des doigts, elle en repoussa deux de côté, et commença par les trois autres.

- Ce ne sont pas les plus communes, ni les plus rares. Donc, celle-ci est la rune Si, ce qui signifie « Fermer ». Celle-là, Ten, pour « Maîtrise », et enfin Ni pour « Défendre », lista-t-elle en les rendant une à une à leur propriétaire. Je ne connais pas les deux autres, mais je vais trouver leur signification.

Suite à cette annonce énigmatique, la magicienne grisonnante mit la première dans la paume de sa main ridée et ferma les yeux :

- Hi, c’est la rune Hi. Elle permet de localiser, déclara-t-elle en rouvrant les yeux, avant de répéter le processus avec la seconde : Taot, pour « Magique ».

L’espace d’un instant, Haple avait eut peur que la magicienne n’utilise pour son propre bénéfice les deux dernières runes, et elle récupéra donc avec soulagement les deux dernières runes identifiées par ce procédé qui laissa bouche bée l’ancienne nonne zewenite qu’elle était… Que de nouvelles informations ! Elle ne savait pas encore ce qu’elle ferait de ces runes, mais elle brûlait déjà d’élaborer ruses et stratagèmes faisant appel à leurs propriétés exceptionnelles. (Mais d’ici là…)

La ménestrelle plongea une main dans sa poche et en ressortit les cinq répliques de runes volées. C’était le moment de vérité… si le voleur était bel et bien venu les faire identifier dans cette boutique la veille, elle ne pourrait que les reconnaître. Car, en effet, celle du capitaine, tracée d’un simple cercle, signifiait « Toujours », lui avait-il révélé, et était rarissime.

Sans surprise, un seul coup d’œil sur le contenu de sa main tendue suffit à la magicienne :

- Je ne ressens aucune magie dans ces cailloux. Ce ne sont que de vulgaires répliques.

(Vulgaires, vulgaires…)

La vieille dame semblait sur le point de détourner son attention des pierres gravées par la main de la géomancienne lorsqu’elle se ravisa, et regarda attentivement les cinq copies :

- C’est toute une coïncidence, hier j’ai identifié quelques runes, des vraies, et c’étaient à peu près les mêmes que celles-ci, révéla-t-elle les yeux et le front plissés avant d’en pointer une en particulier : En tout cas, si vous tombez un jour sur celle-là, il s’agit de la rune Ba, qui signifie « Toujours ». Elle est assez rare.

(Houra !!!) Jusqu’ici tout concordait. Son intuition ne l’avait donc pas trompée : le voleur était bien venu les faire identifier ici. Et il ne les avait pas vendu… donc il devait toujours les avoir sur lui. Les runes volées pouvaient donc encore être récupérées et rendues à leurs propriétaires légitimes. Bien que ce ne soit pas son objectif principal…

- Ynorien, un mètre soixante-dix ? Un charmeur aux yeux verts d’une vingtaine d’année … ? Je le suspecte d’avoir dérobé les runes qu’il vous a présentées. Celles-ci sont des répliques, en effet, que j’ai réalisées d’après les descriptions de leurs propriétaires légitimes. Vous a-t-il dit quoi que ce soit qui puisse indiquer où il se trouve à présent ? Était-il pressé ? Vous a-t-il demandé d’autres renseignements ?

La vieille dame réfléchit un moment, regardant Haple droit dans les yeux. Et ce fut d’un ton méfiant qu’elle répondit :

- Cette description correspond effectivement à un client que j’ai servi hier en fin de journée… Il ne semblait pas pressé du tout. Et surtout, il ne s’est pas caché dans ma ruelle, lui, avant de se rendre ici. Et, tout comme toi, il a acheté quelques potions, de soins essentiellement, avant de demander d’identifier ses runes.

Elle s’arrêta, réfléchit un moment, puis poursuivit :

- Tu ne dois pas oublier que cette ville est située sur le carrefour des grandes routes traversant tout le royaume kendran. Rien ne peut m’indiquer où il est allé, s’il est parti d’ici. Et pour les achats, cette ville regorge de diverses boutiques. Il a probablement fait des achats ailleurs… Et non, il ne m’a pas posé d’autres questions.

Haple déchanta. Elle avait cru toucher au but ! Mais non… Elle s’estimait néanmoins heureuse d’avoir identifié l’endroit où il s’était rendu après avoir floué le capitaine de la garde. C’était un petit pas, certes, mais un petit pas dans la bonne direction. (« Directions » … elle a raison : il a pu partir dans toutes les directions et être à présent n’importe où dans le royaume)

Haple s’ébroua pour refouler la poussée de désespoir qui menaçait de la submerger. Elle n’aurait qu’à rayonner à partir de la boutique de magie. Elle trouverait bien quelqu’un qui l’aura croisé. Après tout, les Ynoriens n’étaient pas foule dans l’Est kendran. Et comme l’avait suggéré la vieille dame, il avait peut-être fait d’autres emplettes.

La ménestrelle, ruinée mais optimiste, rassembla donc ses affaires, admirant au passage une nouvelle fois son tambour rutilant, et sortit après avoir remercié la magicienne pour ses services.

Une fois n’était pas coutume...

(((Intervention réalisée en apparté avec GM8)))

>>> Suite : 09/14
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Re: Avenue d'Abondance

Message par Haple Mitrium » dim. 23 févr. 2025 14:15

09. La ritournelle de l'enquêteuse

De retour dans le tumulte de l’Avenue d’Abondance, Haple se mit aussitôt en quête d’information. Elle remonta la rue commerçante sur sa gauche, slalomant entre les passants chargés de paquets sur le trottoir et les travailleurs poussant des charrettes à bras ou roulant des tonneaux remplis de marchandises. Afin de ne laisser aucune place à la chance, l’adolescente entêtée procéda systématiquement : à chaque boutique, elle poussait la porte, et à chaque étal elle s’arrêtait pour demander :

- Auriez-vous croisé un Ynorien, hier en fin de journée, la vingtaine, un mètre soixante-dix, les yeux verts et un air charmeur ?

Le « non » catégorique de l’armurier résonna contre les murs hérissés de lances et de plastrons métalliques. Le dresseur… ? Sa réponse négative claqua comme le fouet avec lequel il matait les animaux dans leur enclos. Néanmoins, lorsqu’elle parvînt chez l’antiquaire, Haple eut bon espoir que l’Hinïonne qui y vendait des bijoux anciens et autres héritages familiaux avait pu croiser le chemin de ce receleur d’objets volés… Que neni. Ce ne fut qu’un maillon de plus dans une longue et fastidieuse chaîne de « Ynorien, la vingtaine, un mètre soixante-dix, yeux verts » … « Merci quand même … »

Revenue à son point de départ, le moral dans les chaussettes, l’adolescente se planta au milieu de la chaussée, s’attirant les foudres des piétons et charretiers pressés. Elle n’en avait que faire ; une idée, née de sa frustration, accaparait tout son esprit. La marchande de magie lui avait-elle menti ? Cette vieille chouette l’avait prise en grippe avant même de lui avoir donnée une chance… (Maudite… non, reprends-toi Haple. C’est l’amertume qui parle. Reprends-toi).

Cela dit, c’était plus facile à dire qu’à faire, songea-t-elle en se frottant le ventre. Si son humeur morose diminuait son appétit, son corps en pleine croissance ne manquait pas de la rappeler à l’ordre par l’intermédiaire de son estomac vide. Il était l’heure du déjeuner, et arpenter l’Avenue d’Abondance lui avait fait (inutilement) consommé l’énergie de son gruau matinal.

L’odeur de miches de pain huilé lui parvint de derrière son dos. Alors, elle fit soudainement volte-face et retourna sur le trottoir au grand soulagement des humains qui l’exhortaient de plus en plus pressamment de bien vouloir dégager le passage. La boulangère qui l’avait informée plus tôt dans la matinée de l’absence temporaire de la magicienne l’accueillit distraitement :

- Alors petite, tu as trouvé ce que tu cherchais chez Madame Irma ?
- Madame Irma… ? répéta la ménestrelle démoralisée d’une voix dénuée d’émotion.
- La magicienne, c’est bien toi qui la cherchais ce matin, non ?

La matrone ne la regardait qu’occasionnellement lorsqu’elle relevait la tête pour souffler une mèche de cheveux rebelle qui se balançait devant ses yeux à chaque brassée de pétrissage. Toute à son ouvrage, la boulangère déblatérait de cette manière automatique qu’ont les travailleurs manuels chez qui l’habitude du métier a découplé le corps du cerveau. Ainsi, elle reprit machinalement :

- Je suis physiomoniste, tu sais…

(Physionomiste, peut-être)

- … je n’oublie pas un visage facilement. Sûrement quand il n’est pas d’ici ; et qu’il est porté par un corps vêtu d’une tenue montagnarde. Tu viens d’où comme ça ?

Un vrai moulin à paroles, cette femme. Ses mots retinrent cependant l’attention de la ménestrelle et celle-ci, plutôt que de répondre à sa question sans intérêt, décida de souffler à contre-courant dans ses voiles enfarinées :

- A tout hasard, vous n’auriez pas vu un Ynorien, dans la vingtaine, un mètre soixante-dix ? lista-t-elle en illustrant son propos d’une main levée au-dessus de sa tête. Il a des yeux verts, et portait une tenue verte et brune lorsqu’il est passé hier soir par ici…
- Non, pas vu de bonhomme qui correspond à cette description.

Une nouvelle douche froide.

- Hé, Henri ! héla la boulangère à son voisin de rue.

Haple tourna la tête dans la direction de la boutique mitoyenne. Un Kendran de son âge présentait aux passants des petits verres disposés sur un plateau rond. Sa tête blonde se tourna vers la boulangère, un regard interrogateur dans ses yeux châtains.

- Tu n’aurais pas vu un Ynorien, dans la vingtaine, un mètre soixante-dix, yeux vers, tenue verte et brune, hier soir dans l’avenue ?

Haple ne put qu’admirer la mémoire de la boulangère, tandis qu’elle attendait sans grand espoir la réponse du grand dadais :

- Non, grommela-t-il des profondeurs de sa cage thoracique en pleine expansion.
- Eh bien, demande à ton père, grand nigaud. Ces jeunes, je vous jure…

La boulangère leva une nouvelle fois ses yeux sur l’adolescente devant elle. L’espace d’un instant ses mains se crispèrent sur la pâte, avant que ne reprennent simultanément mécanique gestuelle et sa litanie verbale :

- Excuse-moi, je ne t’incluais pas dans le lot. Est-ce que tu désirais quelque chose ? J’ai des brioches et du pain blanc, ou bien des friands au lard et des quiches aux blettes et champignons si tu souhaites quelque chose de plus savoureux…

L’eau lui en vint à la bouche ; elle aurait bien mangé tout cela à la fois. Sa bourse était malheureusement réduite à peau de chagrin… Il lui faudrait se serrer la ceinture. (Et me refaire les poches, mais d’ici là…). Tandis qu’elle tentait difficilement d’arbitrer entre la rentabilité calorique d’une ennuyeuse miche de pain et la jouissance éphémère d’un juteux friand, la cloche de la boutique voisine retentit.

Un homme chauve et fin comme un fil en sortit derrière l’adolescent et son plateau. Il portait un tablier de sommelier et Haple l’identifia instinctivement comme le père du jeune vendeur et propriétaire de la boutique. Une intuition qu’il confirma lorsque sa voix étonnamment grave et puissante au vu de sa maigre carrure retentit dans la rue :

- Henri me dit que tu cherches quelqu’un ?
- Pas moi, la petite, ici… Un Ynorien, dans la vingtaine…
- …un mètre soixante-dix, yeux verts… l’accompagna-t-il dans cette ritournelle qui donnait désormais des nausées à l’adolescente affamée. Oui, oui, je l’ai vu hier.

(Qu… quoi ?!)

- Il est passé à la boutique. Il a rien acheté, le saligaud ! M’a posé plein de questions. Mais il m’aurait pris une liqueur d’algue, une p’tite bière de Shory, une bouteille de Saké ? Ah ça, il voulait bien goûter, mais payer ? Ha !

Revivant la frustration de sa rencontre de la veille, le marchand d’alcools semblait avoir oublier la raison de sa venue, et s’apprêtait à retourner dans sa boutique frotter rageusement des bouteilles de vin poussiéreuses, lorsque Haple l’interrompit de justesse :

- Attendez, Monsieur, attendez ! Et qu’est-ce qu’il vous a demandé ?
- Pardon ? lui demanda le chauve, sourcils froncés et bien en mal de se rappeler pourquoi une jeune Hinïonne lui parlait.
- Ces questions que l’Ynorien vous a posées… qu’est-ce qu’il voulait ?
- Rien d’intéressant. Voulait savoir la date du prochain festival de spiritueux, vu que celui de la bière était fini.
- Et ?

Le marchand la regarda comme si l’adolescente était une idiote, avant de réaliser qu’elle n’était qu’étrangère.

- Je lui ai dit que le festival du vin serait dans treize jours.

(Voilà !)

- Et que s’il était pressé de profiter du labeur d’honnêtes commerçants, il pouvait toujours aller à celui de Beauclair dans 6 jours ! S’avère qu’il était pressé : il est parti sur le champ.

(Beauclair !)

Soudain, l’animation de l’avenue commerçante se fit fête, et le tumulte des voix qui fusaient à tout va lui fit l’effet d’une chorale d’ange ! Haple se sentit pousser des ailes : tournant le dos au marchand qui l’avait déjà oubliée, tout à sa diatribe contre les festivaliers ingrats qui traquaient les opportunités de boire gratuitement sur le dos des honnêtes commerçants, l’enquêteuse à l’espoir renouvelé se rua vers la boulangère.

- Merci ! Merci pour votre aide ! s’exclama-t-elle du fond du cœur, oubliant sa retenue ordinaire. Je vais vous prendre une miche de ce pain, là, ET une brioche !

Echangeant l’une de ses dernières pièces de monnaie contre ces ordinaires victuailles transformées par la joie – et l’appétit retrouvé – en véritable festin, Haple fit ses adieux à celle qui par deux fois aujourd’hui lui avait fait bénéficier de son bavardage désintéressé. Et la ménestrelle s’élança, mordant avidement dans le quignon, avec une seule pensée en tête.

(Un cheval. Puis, à nous deux !)

>>> Suite : 10/14

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