Episode 2 : Du Mauve et du Noir

[Yurlungur]

...

Ses questions résonnèrent dans le vide. L'être aux yeux vides ne semblait même pas avoir compris qu'elle lui parlait : il continuait à balayer la pièce, à la façon d'un zombie, sans modifier aucunement son comportement par la présence de visiteurs. C'était comme s'il était privé d'âme... Elle ignorait qui il était, mais cela l'inquiétait et l'agaçait en même temps - l'un allant rarement sans l'autre chez la jeune assassine. Était-ce le nouveau propriétaire de la Tour qui avait ainsi altéré l'esprit de ce qui devait autrefois être un humain ? Elle claqua de la langue en se détournant - il n'y avait visiblement rien à craindre de ce côté-là.

Quant à Jorus, sa réponse ne fit qu'amplifier le sentiment de méfiance de la jeune fille. Ils se rendaient dans un terrain inconnu, au beau milieu d'événements inexplicables ; un lieu où Naral Shaam, aux pouvoirs pourtant impressionnants puisqu'il était capable de se changer en un majestueux dragon - et Endar le savait pertinemment - s'était fait piéger, et où sa pierre de vision avait été, selon ce qu'ils en savaient, anéantie. Elle répliqua au jeune homme qui n'y était pour rien d'un ton qui ne cachait guère son énervement :

« Eh bien qu'il crève ! »

Curieusement, l'avenir ne devait pas réellement lui donner tort.

Mais Kívan avait repéré, dans le hall d'entrée, la venue d'un nouvel individu - un véritable habitant de la Tour, sans doute. Elle s'approcha doucement, observant le type antipathique qui descendait d'une sorte de siège capable de monter et de descendre, accroché à un système de poulies probablement. Il s'arrêta assez tôt, à près de trois mètres du sol, comme pour éviter un coup fourré de ses invités... Et la précaution, au vu de l'expression renfrognée de Yurlungur, semblait nécessaire. Celle-ci tentait de se calmer pour offrir à ce nouvel interlocuteur un visage aimable, mais elle conservait pour l'heure encore une expression méfiante, malgré elle. C'est qu'il n'avait pas l'air très digne de confiance, et sa façon insupportable de parler ne fit que rallonger un peu plus le temps nécessaire à l'assassine pour reprendre le contrôle de ses expressions...

...

[Endar]

La descente de la nouvelle volée de marches pour atteindre le second pallier était encore plus difficile à présent. Son corps était devenu une prison, une cage dans laquelle se trouvait furieuse son âme désirant acquérir encore plus de pouvoirs. Être un sauveur ne suffisait pas, il n'avait pas assez de pouvoir et il le savait depuis la fin de la Grande Guerre. Endar l'avait compris depuis leur combat contre le Titan de magie et depuis l'invasion des dragons sur tous les territoires d'Aliaénon. Il lui fallait beaucoup plus de puissance autant physique que magique s'il désirait vraiment changer les choses sur cette planète. Utiliser les corps modifiés créés de concert par Vallel et Gregan constituait une première étape décisive, mais il lui fallait absolument en apprendre plus sur le Sans Visage et l'histoire de la magie elle-même.


C'est sur ces pensées qu'il s'arrêta devant deux portes qui s'offraient à lui. Ni lumière ni son ne semblait provenir de ces portes, mais si sa formation militaire à Khonfas lui avait enseigné une chose c'était bien de toujours être sur ses gardes. Son regard se porta ensuite en direction des sous-sols de la Tour, les ténèbres accueillantes l'invitant à descendre au plus profond de l'édifice. Jusqu'à quelle profondeur la Tour s'enfonçait-elle ? Alors qu'il voulait faire un pas de plus dans ces ténèbres, il entendit qu'une porte s'ouvrait doucement et que de lourds pas s'approchaient dangereusement de sa position. Le shaakt jura intérieurement face à cette malchance.


(Par Thimoros, cette créature était censée s'être éloignée !)

Il était bienheureux qu'il n'eut ouvert la précédente porte en songeant que la créature s'éloignait. L'idée d'ouvrir une des portes au hasard le mettait affreusement mal à l'aise, c'était un saut vers l'inconnu et potentiellement vers sa mort, ce qui le dérangeait énormément pour un tas de bonnes raisons. Finalement, il choisit un peu au hasard l'une des deux portes, s'engouffrant à l'intérieur de la pièce et la refermant délicatement. Il cherchera par la suite à trouver une zone d'ombre dans la pièce pour s'y camoufler, songeant intensément à devenir une ombre parmi les ténèbres en invoquant sa magie.

(Choisi l'une des deux portes au hasard, la referme et fait usage de la capa rp camouflage au rang 2)

[Gamemaster9]

Lande Noire – Elscar’Olth.

Alors que Thensoor s’en va pour suivre Sibelle à la recherche de Simaya, et que Xël se prostre au chevet d’Elurien d’Assamoth, ce dernier tend une main vers la porte, tentant de retenir les partants :

« Attendez ! Gnnnnh… C’est… c’est moi qui ai permis à Sirat et… Rhhhh… et Xël de pénétrer l’esprit de Simaya. Elle est inconsciente, elle… elle ne peut rien pour vous pour l’instant. Il faut… il faut d’abord me sauver… Il faut que vous fassiez venir le Marcheur de Mort ici, à Elscar’Olth. Je… Je ne suis pas assez puissant pour retenir éternellement Vallel : il est trop ancré dans ce… dans ce monde. Dans sa haine… Il… Il vous faut faire vite ! Lui pourra me purger de lui, l’absorber… »

Thensoor se tourna, pensif, porta une main squelettique à son visage. On l’eût dit en proie à un dilemme. De sa voix d’outre-tombe, il commenta brièvement :

« Sauver Elurien d’Assamoth, Grand Archisorcier d’Elscar’Olth, requin avide de pouvoir, mais opposant d’Oaxaca… Nul doute que le Sans-Visage puisse absorber l’âme de Vallel et… ses pouvoirs. Et sa haine… »

Il se tourna vers Xël et Sibelle. C’était à eux d’exposer leur avis sur la question. Était-il utile d’aller voir Simaya directement ? Elurien était-il vraiment nécessaire pour ça ? Et le Sans-Visage, fallait-il réellement le faire venir à Elscar’Olth, alors que Simaya semblait vouloir absolument le fuir, le tenir écarté ?

Subitement, Elurien avait agrippé le bras de Xêl. Et s’il était toujours aussi pâle, son regard bleu avait changé. Il semblait animé, orangé, d’une rage folle. Il souffla :

« Kendra Kär brûlera d’un feu infernal, comme Esseroth brûla autrefois, et la chair de ses habitants m’appartiendra à jamais, remugles monstrueux et difformes à ma merci. »

Ça sonnait comme une promesse. Elurian lâcha Xël. Son regard redevint normal et il s’affaissa, visiblement au plus faible, dans son oreiller. Vallel venait-il ne proférer une menace ? La pierre de Sibelle grésilla une nouvelle fois, et si elle put reconnaître la voix de Jorus, les interférences étaient cette fois trop fortes pour qu’elle en comprenne le moindre mot, à part « Gregan, Trifalgin et gestionnaire », le reste étant trop confus.

Lande Noire – Tour d’Orsan

Le petit homme pendu à son treuil donna du lest à celui-ci et descendit encore un peu, ses pieds n’étant plus qu’à un mètre cinquante du sol alors qu’il détaillait les personnes présentes de son regard chafouin.

« Ohh noooon, nooooon, pas accueillante du touuuuut. Fort loiiiiin d’Elssssscar’Olthhhh vous êêêtes. Perduuuuuus. Aucun visiteuuuuuuur qui n’y ssssssoit attenduuuuuuu, nooooon. Nul ne vieeeeent iciiiii pour le plaisiiiiir. Mais…. Mais l’on ne sssssse peeeeeerd paaaaaas dans le Cooooomté d’Orsssssssan. On fuit ssssssses montaaaaaaaagnes de mooooooorts et sssssssa purulencccccce. Ffffffous que vous êêêêêtes d’être venuuuuuuus jusssssqu’iciiiiiii. Chanceuuuuuux de n’avoir pas été dévoréééééés… »

Il finit de descendre de son treuil, le laissant pendre mollement entre les escaliers. Les outils métalliques dans ses poches cliquetaient au moindre de ses mouvements.

« Vouuuuus pouvez vouuuuuuus repossssser. Je craiiiiiins cepeeeeeendant que le confoooooort ne sssssssoit un peu sssssommaiiiiiire… »

Puis, se tournant vers Jorus :

« Je ne sssssuiiiiiis chef iciiiiiiii que depuis le trépaaaaas de Gregaaaaaaaaaaan. Ssssssssombres sont les hissssssoires d’Orsssssan. Elles ne sssssseraient pas bienvenuuuuuuues. »

Dans son coin, Ariane avait finalement contourné le Gregan balayeur et avait ouvert, sans difficulté, la porte derrière lui. Il ne s’agissait en réalité que d’un petit cagibi, une sorte de placard où étaient rangés divers ustensiles : seaux, balais, tisonniers et autres ferrures non-identifiables mais ayant sans doute une utilité. Et puis, surtout, au milieu de ces objets, une silhouette impressionnante, dépassant Ariane de deux têtes, au moins. Immobile, droite comme un « i »

L’être avait dû être un garzok, autrefois. Ses jambes, ses bras et épaules, son bassin et son visage étaient bardés d’un acier argenté, et une aura de puissance, de force brute incroyable émanait de lui, bien qu’il soit totalement immobile et n’ait pas réagi à l’ouverture de la porte.


Quelques étages plus bas, Endar avait réussi à se dissimuler derrière l’une des deux portes. Il attendit patiemment que les bruits de pas traînés dans les escaliers se tarissent, ainsi que le souffle rauque de la créature qui y patrouillait, pour observer les alentours. L’être qu’il fuyait semblait être descendu aux niveaux inférieurs de la tour. Endar, lui, se retrouva dans un long couloir assez sombre, cerclés de portes fermées. Des portes de fer, des cellules. Sur chacune, une petite trappe à hauteur de visage pouvait être ouverte… Sans doute pour voir ce que contenaient celles-ci. Du vivier pour un nouveau corps ?

[Kivan : 0,5 (ruse)
Ariane : 0,5 (ouverture de porte)
Sibelle : 0,5 (discussion)
Xël : 0,5 (discussion).
Jorus : 0,5 (stratagème) (rien pour le post précédent)
Yurlungur : Noté quand complété.
Endar : 0,5 (dissimulation).]

[Ariane]

Dans l’autre pièce, la discussion bat son plein avec celui s’étant présenté comme le gestionnaire de la tour d’Orsan. Yurlungur et Jorus sont revenus sur leurs pas, me laissant seule dans la salle des gardes. Je n’ai guère envie de perdre du temps en mondanité avec qui que ce soit, nous sommes là pour une seule raison : trouver Naral.

J’entends sans vraiment écouter la voix de Jorus s’élever après celle de Kìvan, puis celle du maître des lieux qui leur répond alors que je suis en train d’ouvrir doucement la porte. Il faut quelques secondes à peine pour que mes yeux commencent à deviner ce qui se cache derrière. A première vue, rien de bien transcendant : c’est un placard. Peut-être celui duquel provient le balai de Gregan. Mon regard passe d’un seau à un tisonnier avant de s’arrêter sur une forme plus épaisse, on dirait une pièce d’armure. Relevant la tête, je me rends alors compte dans un sursaut que quelqu’un se tient debout dans cet étroit débarras.

Ma main vole vers la poignée de ma lame mais y reste au repos, voyant que l’inconnu ne semble pas bouger d’un pouce. Reculant d’un pas, espérant laisser passer plus de lumière, j’observe l’être qui n’est pas loin de mesurer huit pieds de haut. De l’original je ne devine pas grand-chose, à part un torse nu qui me permet de constater que je fais peut-être face à un Garzok… figé. Sans doute une des multiples expériences des lieux, quoi qu’un placard à balai soit tout de même un étrange endroit où le… stocker. Si les pièces d’armures qu’il porte mériteraient que l’on s’y attarde tant elles semblent finement travaillées, je me contente de repousser doucement le battant de la porte, espérant que la créature ne sortira pas de sa catalepsie.

Gardant cette fois-ci mes yeux sur la porte et Gregan, je recule aussi tranquillement que je suis arrivée, restant aux aguets, pour revenir à l’entrée de la salle des gardes et rejoindre mes compagnons, saluant d’un « Messire » poli l’homme chauve dans son étrange tenue de travail. De retour dans l’entrée, je compte fermer également la porte de la salle des gardes.

J’aurai au moins déterminé une chose, Naral Shaam n’est pas au rez-de-chaussé. Endar est parti dans les sous-sols de la tour, c’est l’endroit le plus susceptible de renfermer des prisonniers, quoi qu’ils semblent ici ranger les choses où ils trouvent de la place. Je fais pars de mes conclusions à Al-Ayrad et joignant la pensée à l’action, nous nous approchons des escaliers menant aux sous-sols avant de reporter notre attention sur le sieur Trifalgin qui a accédé à la requête de Kìvan. Ce dernier ayant entamé la conversation, je lui laisse pour l’instant le soin de la poursuivre.


[J’ai avancé le RP mais si le Garzok ou Gregan agissent avant ou après que j’ai fermé la porte, tu me dis GM9, je supprimerais la fin de mon message. ]

[Xël]

Elurien tend une main vers la porte. Il prétexte que c'est lui qui m'a permis de pénétrer l'esprit de Simaya et qu'elle ne peut rien pour nous tant qu'elle est inconsciente. Il faudrait d'abord le sauver lui. Au premier abord je n'y crois pas, cela ressemble à une ruse pour sauver sa peau. Je plisse un œil et plisse le second l'instant d'après quand il nous demande de faire venir le Sans-Visage ici pour qu'il purge le sorcier de Vallel. Un plan qui ne me convient pas du tout. Pas plus qu'à Thensoor qui commente les derniers propos du malade en expliquant le dilemme que cela produit; laisser le Sans-Visage absorber l'âme de Vallel, ses pouvoirs et ses émotions meurtrières. Le squelette nous observe tour à tour moi et Sibelle en attendant probablement une remarque de notre part. Je n'ai pas le temps de faire un commentaire qu'Elurien saisit mon bras et plonge son regard dans le mien. Un regard enragé de la couleur d'un brasier. Il profère une menace, celle de faire brûler ma belle cité blanche comme il l'a fait avec Esseroth et d'en transformer ses habitants en monstres difformes. Je retiens mon désir d'écraser mon poing sur son nez, encore conscient que ces menaces sont celles d'un trou du cul sur le point de prendre le dessus. Il peut m'entendre, me voir. Je laisse mon visage courroucé se changer en un air provocateur et un sourire cynique se fendre sur mon visage.

"Quand on arrive pas à prendre une petite cité fortifié perché sur une falaise avec une armée immense on ne fait pas croire que l'on est capable de mettre le feu à la grande cité de Kendra-Kar. " le provoquais-je avant de conclure.

"Tu me trouveras toujours sur ton chemin Trouduc' et je t'empêcherais une bonne fois pour toute de nuire."

Tout comme lui l'instant d'avant, cela sonne comme une promesse. Si même maintenant dans la mort Vallel n'est pas complètement neutralisé, je jure que ce n'est qu'une question de temps.

Je me redresse pour m'approcher du duo formé par Sibelle et Thensoor. La guerrière lui demande d'ailleurs si il est capable de pénétrer l'esprit de Simaya tout comme peut le faire Elurien. Sa réponse ne m'étonne pas, il s'agit d'une magie propre au dirigeant de la Lande. A mon tour je pose une question au conseiller d'Or.

"Et vous ? Vous ne pouvez pas absorber l'âme de Vallel ?"

Il répond qu'il ignore s’il est capable de prendre le dessus et qu'il ne sait pas comment les âmes se transmettent de corps en corps. Je soupire avant de donner mon avis.

"Simaya m'a clairement dit que le Sans-Visage ne devait pas l'approcher, je ne veux pas qu'il vienne dans cette cité tant qu'elle est ici. Je ne suis pas non plus enthousiaste à l'idée que l'esprit de Vallel se lie à celui d'une divinité. Ca me semble presque ... Presque..."

Difficile à expliquer mais j'ai la quasi-certitude que c'est ce que Vallel voudrait. J'essaie tout de même de me faire comprendre.

"Presque comme si ça sonnerait la fin pour nous. J'ai un sale pressentiment à ce sujet. "

Je jette un œil vers le dirigeant fiévreux avant de poursuivre.

"Je ne veux pas que le Sans-Visage vienne ici pour le sauver mais si Vallel prend pleinement possession du dirigeant d'Elscar'Olth il pourrait à nouveau faire venir une armée immense sur Aliaénon et une autre guerre éclaterait... N'est-ce pas ?"

Demandais-je à Thensoor avec un air inquiet.

"Il reste peut-être une solution qui permettrait de sauver Elurien sans risquer de créer un être mi-Sans Visage mi-Vallel. Elurien, est-ce que vous auriez encore la force de nous faire pénétrer votre esprit tous les trois pour en chasser le parasite qui vous fait souffrir ?"

En attendant sa réponse je me tourne à nouveau vers le duo.

"Si ce n'est pas possible ou trop dangereux et que vous tenez absolument à faire venir le Sans Visage ici alors ce ne sera pas avant que j'emmène Simaya loin d'ici, en sécurité."


(( Je fais 2 propositions: - Entrer dans l'esprit d'Elurien pour en chasser Vallel
- Emmener Simaya en sécurité avant de demander au Sans-Visage de venir.))

[Kívan]

<<<

Pendant mon court discours, j’observe Jorus et Yurlungur se rapprocher de moi, faisant ainsi face au nouveau venu. Le jeune homme prend alors la parole après ma dernière question et j’ai soudainement peur que ce dernier, un tantinet trop bavard, ne fasse capoter mon histoire en se répandant dans un flot de paroles. Il n’en est rien et il se contente de tenter d’obtenir des informations de Trifalgin en lui posant une question beaucoup trop ouverte selon moi, ce qui ne me semble pas être la meilleure stratégie dans notre situation. Yurlungur, quant à elle, se contente de rester muette et d’observer d’un regard mauvais le nouvel arrivant. Je n’ai cependant aucune idée de ce que fait Ariane dans mon dos, Al-Ayrad étant toujours stoïquement planté à mes côtés.

Trifalgin nous adresse alors la parole, sa voix traînante et sifflante étant désagréable à l’oreille, rendant la compréhension des ses paroles parfois difficiles. Il me semble cependant assez loquace et, en posant les bonnes questions, nous devrions pouvoir obtenir quelques informations subsidiaires sur cette Tour. Il nous signale ainsi que personne ne vient ici pour le plaisir et que personne n’y est attendu non plus. Il finit de faire couler la corde qui attache son siège au plafond de la Tour jusqu’à atteindre le sol, faisant tinter les instruments métalliques qui occupent les poches de son long tablier sombre à chaque mouvement. Je n’arrive pas à identifier l’utilité de ces outils d’un rapide coup d’œil mais ceux-ci ne me disent rien qui vaillent. Nous sommes après tout dans l’ancien bâtiment d’un chirurgien réputé pour ses expérimentations discutables, et, malgré l’apparence chétive du petit homme, il n’en semble pas moins dangereux.

Notre hôte nous signale alors que nous sommes la bienvenue dans cette Tour et que nous pouvons nous y reposer pour reprendre des forces. Il se tourne alors vers Jorus et lui répond de manière très vague comme je l’avais parié un peu plus tôt. C’est le moment que choisit Ariane pour nous rejoindre, visible bredouille de son inspection de la pièce. Elle se dirige vers les escaliers descendant dans les tréfonds de la Tour, accompagnée de son compagnon félin. Elle salue sommairement Trifalgin au passage puis me regarde, semblant visiblement attendre que je poursuive mon interrogatoire.

Je m’incline alors en direction de celui-ci, essayant de trancher par mes gestes et mes paroles avec mon apparence d’être sauvage tout droit sorti de ses bois.

« Merci pour votre accueil. Veuillez excuser notre impolitesse. Mon nom est Kívan et je laisserai mes compagnons d’infortune ici présents se présenter s’ils le souhaitent. »

Je préfère laisser sous silence le fait que le sixième membre du groupe soit en train d’explorer les sous-sols du bâtiment. Mes questions précédentes ne m’ont pas réellement permis d’obtenir les réponses que je souhaitais, tout en ne sachant pas non plus si mon interlocuteur a été honnête dans ces dernières. Je flaire le danger sans pour autant savoir exactement quelle forme il prendra… Nous n’avons de toute façon pour le moment pas d’autres pistes et le reste du groupe semblant attendre que je poursuive la conversation, il va falloir que je m’exécute pour récupérer le maximum d’informations avant qu’un événement non souhaitable ne se déclenche. De mon expérience à Bouhen, j’ai appris que les humains aiment être flattés. Peut-être que si je joue sur ce tableau, en tentant de m’intéresser à notre hôte, nous pourrions obtenir quelques bribes de renseignements supplémentaires. Je me racle la gorge, tentant de trouver les bons mots :

« Travaillez vous seul ici ? Cet endroit semble nettement plus grand une fois à l’intérieur ! Et cela doit être tellement compliqué en étant isolé dans cette Lande, loin de toutes les autres cités… »

Je me tourne alors vers Gregan, tentant d’apercevoir à ma distance s’il possède la moindre trace au niveau du coup qui signalerait le fait qu’il s’est réellement pendu. Je suspecte très fortement Trifalgin d’être affilié à cet homme par le passé, les ustensiles effrayants n’étant qu’un des éléments me poussant à cette conclusion. J’en viens même à me demander si notre hôte ne nous mens pas et s’il n’est finalement pas lui-même l’ancien propriétaire de la Tour, fidèle de Vallel et chirurgien fou, Gregan. Je désigne alors l’homme en train de balayer et enchaîne :

« Quand cet événement fâcheux s’est-il donc produit ? »

Je jette un regard appuyé aux autres, et notamment aux détenteurs des informations précises relatives à notre mission, pour savoir si les explications fournies par Trifalgin concordent avec la disparition de l’individu que nous recherchons. Si cette nouvelle série de questions faussement désintéressées ne nous permet pas d’en savoir plus sur les occupants de cette Tour, peut-être qu’elles laisseront à Endar plus de temps pour être efficace de son côté avant d’être découvert.

>>>

[Jorus Kayne]

Yurlungur nous rejoint non sans avoir au préalable pesté contre le Shaakt et son désir de s’aventurer dans la tour seul. Le maître des lieux descend de nouveau à notre hauteur, lui permettant de mieux nous observer. Pour le moment son attitude ne démontre pas qu’il puisse douter de notre parole. Il nous explique que la tour est fort loin d’Escar’Olth et que nul ne vient ici pour le plaisir ou même s’y perdre. La tour est le seul refuge et c’est un abri contre ce qui se trouve à l’extérieur qui y est recherché. Selon lui nous sommes chanceux de n’avoir pas été dévoré.

(Chanceux ? Mes fesses oui ! Ces molosses avaient la même plaque métallique que Gregan et c’est cet homme qui l’a visiblement rafistolé !)

Tout en descendant complètement son fauteuil, il nous propose de nous reposer, même s’il craint que le confort ne soit que très léger. Personnellement c’est toujours mieux que de se geler les miches au milieu des cadavres puants en évitant d’attirer les bêtes avec un agréable feu. Il finit par se tourner vers moi en me répondant qu’il n’est le chef que depuis la mort de Gregan ou sa non-vie d’après moi. Orsan possède bien des histoires entre ses murs, mais elles sont sombres et notre hôte ne semble pas vouloir nous les compter.

Ariane nous rejoint avec son compagnon à fourrure tandis que Kivan se présente, nous laissant le soin de le faire nous même. Il demande s’il travail seul dans ce lieu et si l’isolement des autres cités rend la vie et le travail ici compliqué.

(Mmm en y réfléchissant, il ne semble pas être un homme à faire de sales besognes. Il doit avoir des larbins qui se chargent de telles choses. D’ailleurs combien en a-t’il en plus de Gregan ?)

Je jette un regard en direction de la pièce précédente, là où le terrible savant fou se trouve.

(Trop de personnes nous ont averties sur la dangerosité que représente Gregan et celui-ci se serait donné la mort lui-même ? A moins que son acte n’ait un but derrière tout ça ? Le…domestique possède une plaque sur la tête, tout comme les chiens que nous avons rencontrés avec Yurlungur. Ca me rappel qu’Endar cherchait un nouveau corps. Et si Gregan était parvenu à la même chose ? S’il avait trouvé le moyen de vivre à travers un autre corps que le sien sans avoir besoin de la magie ? Et si Gregan, le véritable, se trouvait juste en face de nous ? Et si je me posais trop de question ?)

En demandant ce qui est arrivé à Gregan, Kivan me sort de pensées qui m’accablent et la réflexion n’a jamais été mon fort. Je préfère agir par l’instinct et celui-ci me dit de bien observer les faits et gestes de l’homme. Je fais mine de me gratter le dos alors que ma main gauche se rapproche de mon boomerang. J’ignore ce que Kivan a en tête, mais trifalgin a bien déclaré que Gregan s’est suicidé lui-même. Le semi-elfe nous lance des regards appuyés sans que je parvienne à comprendre leur teneur. Peut-être souhaite-il que nous posions également des questions ?

Essayant de ne pas montrer mon inquiétude je cherche à en savoir davantage sur la similarité rencontrée.

"Je me nomme Jorus, seigneur Trifalgin."

(Toujours caresser dans le sens du poil c’est la base !)

"En venant ici j’ai remarqué des créatures avec des choses rappelant ce que possède Gregan à la tête. Est-ce votre œuvre ? Sans vouloir vous offenser, elles n’avaient pas l’air très amical et si d’autres individus comme Gregan ont subi le même changement, je préfère ne pas être pris au dépourvu dans l’éventualité où ils seraient moins dociles que lui."

[Sibelle]

Xël décida de demeurer près d’Elurien au lieu d’aller rejoindre Simaya, ce qui étonna grandement Sibelle. Au froncement de sourcils de celle-ci, Xel s’expliqua. Pendant sa vision, il avait communiqué avec Finarfin et avait partagé avec ce dernier des souvenirs et des émotions. Il supposa que Vallel faisait la même chose avec Elurien, et Xël voulait en apprendre plus. Il préférait donc rester près de l’archi-sorcier pour lui soutirer davantage d’informations avec l’intention de les rejoindre plus tard.

Sibelle et Thensoor se dirigeaient vers la porte, entendant clairement Xël tenter de provoquer Vallel en le dénigrant effrontément, lorsque Elurien intervint à nouveau, leur demandant d’attendre. Sibelle se retourna donc pour voir Elurien, le bras tendu, le visage blême faire de gros efforts pour leur parler. Il leur demanda de rester pour le sauver lui d’abord, argumentant que Simaya inconsciente, ils ne pourraient rien retirer d’elle. Il rappela que c’était lui qui avait pénétrer le cerveau de Simaya. Il leur demanda donc de faire venir le Sans-visage à Escar’Olth, prétextant que seul ce dernier pourrait le sauver en absorbant Vallel.

Sibelle demeura perplexe. Bien qu’Elurien affable et aimable lui avait donné une bonne impression à l’infirmerie, elle n’était plus certaine de pouvoir lui faire confiance. Dans cette chambre elle lui découvrait une personnalité qui lui semblait tout autre, comme si dans la douleur, il ne pouvait cacher sa vraie nature.

Thensoor se tourna vers Sibelle et son compagnon commentant brièvement la situation, décrivant Elurien comme un être avide de pouvoir, mais opposant à Oaxaca. Il n’avait par contre aucun doute sur la capacité du sans-visage d’absorber l’âme de Vallel et ses pouvoirs.

Elurien la sortie de ses réflexions en agrippant le bras de Xël, son regard jadis bleu devenu orangé et animé d’une rage folle, il menaça de brûler la cité de Kendra Kâr tout comme ce fut le cas pour Esseroth. Puis, il lâcha le bras de Xël, s’affaissa dans son lit, et son regard reprit son éclat bleuté. Il n’avait pas de doute pour Sibelle, Vallel avait réussi à reprendre le dessus quelques instants.
A ce moment, la voix de Jorus se fit une fois de plus entendre à travers la pierre de vision. Par contre, le message n’était pas clair et couvert par des grésillements. Sibelle ne put percevoir que trois mots : Trifalgin, Gregan et gestionnaire. Elle ne comprenait pas le message qu’il voulait lui transmette et jugea qu’elle avait autre priorité que de lui répondre pour le moment.

Retournant à leurs préoccupation, et pour éviter de prendre une décision hâtive, elle se tourna vers Thensoor tout en lui demandant :

« Êtes-vous capable de pénétrer l’esprit de Simaya tout comme l’a fait Elurien ? »

Thensoor lui répondit que malheureusement il ne possédait pas ce pouvoir qui était propre à Elurien, les pouvoirs de Thensoor couvraient les ombres.

Cherchant tout comme Sibelle de trouver une solution autre que celle proposée par Elurien, Xël questionna à son tour Thensoor. Il lui demanda s’il lui était possible d’absorber l’âme de Vallel. Thensoor n’était pas certain de prendre le dessus, il craignait qu’à travers lui, Vallel contrôlerait la chair et les ombres. Pour Elurien, c’était différent, puisqu’il était maîtres des esprits.

Ce fut Xël qui prit la relai en répétant une fois de plus que le Sans-Visage ne devait pas l’approcher. Il ne voulait le voir dans cette cité, tant qu’elle y serait elle aussi. Il craignait aussi que l’esprit de Vallel se lie à celui d’une divinité. Il avait un mauvais pressentiment à cet effet et craignait une guerre si jamais Vallel réussissait à prendre possession d’Elurien.

Puis Xël fit une proposition qui sembla saugrenue à Sibelle. Il suggéra qu’Eulérien leur permettre de pénétrer son esprit afin qu’ils combattent Vallel. Puis sans attendre la réponse, il dit que que si sa première hypothèse ne s’avérait pas possible, il emmènerait Simaya au loin en sécurité.

Sibelle réfléchit un instant, le nez plissé, puis fit une contreposition.

« Je ne veux pénétrer l’esprit de personne, je n’ai aucune force de ce côté, je ne ferais que nuire. Je crois que l’on doit conserver notre plan d’origine. Simaya souhaitait la présence de Thensoor à ses côtés et puis elle voulait que le Sans-Visage en soit éloigné. C’est dans ce sens que nous devons réfléchir. Je pars donc avec Thensoor comme prévu pour rejoindre Simaya. Reste à savoir, Xël si vous voulez toujours nous rejoindre par la suite, ou si vous venez immédiatement. Si jamais vous voulez convoquer le Sans-Visage, prévenez-nous afin qu’on transporte dans un lieu sûr auparavant. »

Sibelle était consciente de la souffrance d’Elurien, mais elle trouvait sa requête trop risquée pour tous le peuple d’Aliaénon.

[Yurlungur]

...

La jeune fille, après s'être approchée pour entrevoir le fameux Trifalgin, avait gardé le silence en écoutant Jorus et Kĩvan entamer la conversation. Revenant progressivement dans le hall, elle n'avait pas aperçu le colosse caché dans l'armoire : elle écoutait, les mains dans le dos, un sourcil relevé et l'attention affûtée, les paroles du maître des lieux. Il fallait préciser que sa diction, elle le sentait, finirait tôt ou tard par l'insupporter : pour l'heure, comprenant que Kĩvan ne souhaitait pas expliciter tout à fait la raison de leur venue à Orsan, elle reconnaissait que cette ruse pouvait avoir quelque valeur et qu'il pourrait être utile qu'elle joue, elle aussi, un certain rôle. Celui qui lui venait en tête immédiatement était le masque de la petite fille, inoffensive, voire mignonne. Avec ses cheveux courts, le sang des chiens de garde qui avait éclaboussé son armure par endroits et toute la panoplie d'équipements qu'elle arborait sans gêne, c'était quelque peu raté.

Mais en même temps... Elle se disait que Trifalgin, s'il avait réussi à devenir maître à Orsan, à réanimer le cadavre de Gregan, à instaurer cet ingénieux système de montée et descente de chaise et à se rendre compte de leur arrivée, devait être bien plus malin qu'il ne le précisait. C'était un jeu de dupes, et Kĩvan aurait ce rôle s'il pensait pouvoir berner cet être malingre par ses seules paroles. Leur groupe était hétéroclite, original, imprévu : ils arrivaient précisément quelques semaines après la venue de Naral Shaam, disparu dans la Lande noire. Et il était de notoriété commune que des Yuiméniens venait parfois sur mandat du Conseil d'Or pour exécuter diverses missions. Il était fort improbable qu'après l'échec de l'invasion d'Aliaénon par les forces d'Oaxaca cinq ans plus tôt, un des sbires de Vallel oubliât ce fait. De là à dire qu'il avait déjà reconnu le groupe comme provenant de Yuimen et qu'il se doutait qu'ils étaient là pour Naral, il n'y avait qu'un pas.

Mais Yurlungur était retorse. Elle allait jouer. Avec sa démarche, son équipement et son air de garçon manqué, il était évident que le rôle ne lui collerait pourtant pas : mais s'il fallait être encore plus bête que leur hôte, elle s'en donnerait à cœur joie.

Elle fit un pas en avant et, un sourire ingénu sur les lèvres, alors que brillait dans ses yeux un éclat facétieux, elle fit une courte révérence :

« Messire, je m'appelle Yurlungur. »

Son sourire s'évanouit en laissant place à cette expression d'étonnement des enfants face à une belle histoire ou un conte de fées - c'était presque de l'émerveillement :

« Il y a effectivement eu des sortes de chiens bizarres qui ont voulu nous manger tout crus en arrivant. Heureusement, Jorus était là pour me protéger. »

Elle adressa un sourire et un regard tendre au jeune homme. S'il ne comprenait pas que c'était un jeu, à ce point-là du développement, c'est qu'il était vraiment niais.

« Vous habitez là-haut ? fit-elle en désignant d'un signe du menton les hauteurs sombres de la Tour. Est-ce que... Moi, j'aimerais bien visiter. Il doit y avoir plein de salles et de cachettes, par là. »

Elle adressait à Trifalgin ce genre de regards qui est tantôt celui d'un enfant réellement naïf, tantôt celui d'un adulte à l'ironie acerbe qui traite avec une condescendance monstrueuse son interlocuteur. L'ambiguïté de la situation rendait cet ensemble réellement satisfaisant, pour elle au moins. Dans un certain sens, elle voulait qu'il comprenne qu'elle tentait de le rouler : sans pour autant qu'il saisisse qu'elle souhaitait ce dernier point. Un plan compliqué, mais qui aplanissait les choses : dans l'hypothèse fort improbable où il les prendrait véritablement pour des voyageurs égarés et elle pour une adolescente bien équipée mais quelque peu candide, ils avaient toujours cet avantage qu'il ignorait leurs vrais dessins ; dans celle où, comme elle le pensait, c'était lui qui croyait les avoir percés à jour, elle espérait que son jeu, sans être excessif, simplement incohérent avec sa tenue et son allure, le conforterait dans sa ruse et qu'elle aurait ainsi sur lui encore une longueur d'avance.

[Endar]

Alors que les pas s'approchaient, Endar parvint de justesse à se cacher derrière l'une des portes l'empêchant de ce fait de voir la créature qui semblait inlassablement le poursuivre dans les sous-sols de la Tour d'Orsan.


Ce souffle rauque, il l'entendait à présent derrière la porte, la créature semblait s'être arrêtée avant de finalement poursuivre son chemin dans les profondeurs de la Tour. Finalement cela avait été une bonne chose de choisir l'une des deux portes plutôt que de continuer à descendre avec un corps dans un état pitoyable.


En parlant de corps, lorsqu'il entendit la créature s'éloigner de sa position, il put à nouveau se concentrer sur son environnement . Il y vit des cellules et des portes de fer gardant sans le moindre doute des prisonniers. Endar allait enfin pouvoir découvrir les expérimentations de Vallel et de son subordonné Gregan. Avisant une trappe à hauteur de visage, il entreprit de regarder prudemment ce qui se cachait à l'intérieur de chacune des cellules, espérant trouver ce qui se rapprochait d'un shaakt.

[Gamemaster9]

Landes Noires – Elscar’Olth

Elurien semblait au bord de l’évanouissement, faible, plus pâle encore que le visage d’os de Thensoor. Ce dernier opina du chef à la première question de Thensoor. Une invasion massive d’Aliaénon par Oaxaca était encore possible, si Elscar’Olth lui était dévolue. À la seconde question du mage, Elurien toussota, puis répondit d’une voix faible.

« Dans… dans mes beaux jours, je pourrais faire une telle chose… Kof. Mais là encore je vous mettrais en garde… Vallel est… Vallel a un esprit puissant, et s’il peut plier le mien, il ne fera qu’une bouchée du vôtre… »

Cela faisait-il partie de la stratégie de Simaya ? Écarter la menace de Vallel en l’enfermant en celui qui résisterait le mieux à son âme puissante et haineuse ? Il toussota encore un peu, puis poursuivit.

« Vous… vous pouvez approcher de Simaya. Elle se trouve toujours dans l’infirmerie, inconsciente. Les Conjurateurs vous laisseront passer. Mais ne l’emmenez pas hors de la Cité ou hors de la Lande Noire : son pouvoir maintient tout ça dans une cohésion certaine, je le sens en moi… SI elle n’est plus là… Tout s’effondrera. »

Il fit mine de bougeotter dans le lit, faible.

« Si… Si c’est le seul recours que vous avez, je veux bien tenter de faire pénétrer l’âme de Thensoor en contact avec celle de SImaya. Si vous me soutenez, me portez jusque-là. »

Thensoor opina encore sentencieusement du chef, sans autre meilleure solution à proposer, visiblement.

Landes Noires – Tour d’Orsan

Ariane ferma la porte du placard, puis celle de la salle des gardes, isolant toute la petite troupe dans le couloir et laissant à peine le temps à Kivan de regarder le cou du balayeur. Son haut col et l’empressement de la femme du désert ne lui permirent pas de voir quoique ce soit, et il faudrait qu’il s’en approche davantage pour en savoir plus.

Trifalgin, lui, ne sembla pas tenir cette fermeture en compte et continuait de les regarder de son sourire malsain. Son regard ne parvint que difficilement à se détacher d’Ariane pour qu’il regarde le semi-elfe afin de lui répondre.

« Nooooooon, nooooooon, je ne sssssssuis pas sssssseeeeeeuul. Mais il ne faut être guèèèère nombreuuuuux pour réalissssssser mon oeuuuuvre. Queeeelques crééééatures m’aiiiident, comme cccccces jolis toutouuuuuuus qui veiiiiiillent ssssssur la touuuuuuur, et que vous avvvvvvez rencontrééééés. »

Il montra les hauteurs d’où sa chaine descendait.

« Nooooon, pas sssssssssi graaaand, là-hauuuut. Ssssssalle de chhhhirurgiiiiiie, quelques cccccellulles, mes appartemeeeeeeents, cccceux de ffffffffeu Greeeeeeegan et lllles llllogis des enffffffants de Vallllllel ou de Greeeeeegan ayant suffffffffisamment de consssssscience pour y logeeeeer. »

Il regarda Yurlungur avec attention, elle qui semblait intéressée par des cachettes.

« Noooooon. Nooooon. C’est en baaaaaaaaas qu’il faut aller pour ssssse cachhhheeeer. Nooooooombreeeeeuuuuses celluuuuules, nombreuuuuuuses créatuuuuures sssssans ââââââme. Dangereuuuuuuuuses. Profoooooond, profoooooond dans la Laaaaaaaaande. »

Il revint à Kivan.

« Lllle nnnooooooble ssssssieur Gregaaaaan fut arrrrrrrrêté ssssssuite à la débâcle de l’armééée de Valllllllel, ainssssi que l’ancccien Comte du Duchhhhhé d’Orssssssan. A Elssssscar’Olth ils furent emmurés, mais le ssssssssssavant ne ssssssssupporta pas longtemps l’enferrrrrmement. Il ne lui fallut que quelques ssssssemaines pour se sssssssuicider. Les Conjuratttttteurs le retrouvèèèèèrent dans sssssa celluuuuuule, pendu. De ssssses maiiiins crasssssseuses et enssssanglantéééées il avait écrit au sssssol un ssseul mot : Orsssssan. Ils accédèèèèèrent à sssssssa dernièèèèèère volontéééééé en le menant icccccccci. Et là je pris ssssssssssoin de luiiiiiii… Je n’ai été que peu de temps sssssssssssson élèèèèèève. Je ssssssuis originaiiiiiire d’Andel’Ysssssss, que j’ai quittéééééééééée après la Graaaaaande Gueeeeeeerre. Il ne m’a pas transsssmis tout sssssssson aaaaaart : contraiiiiirement à lui et à sssssson maîiiitre Vallel, je ne peux donnnnner raissssson à mes crééééééations… »

Il avait l’air presque déçu, mais reporta son intérêt sur Ariane.

« Maiiiiiiiiis… L’un des habitaaaaaants de la touuuuur était à Elscar’oooooolth pour me ramener une femme accompagnéééée d’un liooooooon. Doooooont le lieeeeeen était puisssssssssssaaaaaaaaaaant. Pour que je puissssssse compreeeeeeendre les lieeeeens entre les ââââmes et les cooooorps… Nécesssssaires et précieuuuuuuuse est votre présennnnnnce, très chèèèèèèèèèèèère. Cccccc’est un honnnnnnneur que vous me faiiiiiiiites…. »

Il s’évertua à s’incliner devant Ariane.

[Endar : je vois avec toi par MP]

[Ariane : 0,5 (fermer des portes)
Xël : / (toujours la même discussion)
Kivan : 0,5 (enquête visuelle)
Jorus : /
Sibelle : /
Yurlungur :
Endar : 0,5 (Fouille du couloir)]

[Sibelle]

Pour un témoin non au courant du combat qu’il livrait dans son cerveau, il aurait été difficile de croire que l’homme qui gisait dans ce grand lit à Baldaquin était un puissant sorcier. Faible, le visage pâle comme la mort, il luttait pour ne pas tomber dans l’inconscience. Par conséquent, c’était grâce à la force de son esprit qu’Elurien avait résisté pour le moment aux attaques de Vallel.

Parlant avec effort, Elurien leur expliqua que Vallel était un esprit puissant et qu’il ne ferait qu’une bouchée de celui de Xël. Sibelle acquiesça à ces remarques. Elle en déduisit que Simaya avait fait les bons choix, Elurien semblait le mieux adapté pour combattre Vallel. Après s’être permis une courte pause, l’archisorcier reprit la parole. Il les prévint du risque de sortir Simaya de la Lande Noire. Il expliqua que c’était le pouvoir de Simaya qui maintenait tout ça en place.

Puis, comme résigné au fait que les aventuriers suivraient leur plan sans appeler le Sans-Visage, comme il l’avait initialement demandé, il leur proposa son aide. Il accepta de tenter de faire pénétrer l’âme de Thensoor en contact avec celle de Simaya s’ils voulaient bien l’emmener jusque-là. Thensoor approuva silencieusement cette proposition.

Sibelle poussa un soupir de soulagement. Pour une fois, elle n’était pas impuissante et pouvait accomplir une action qui était dans ses cordes. Sans attendre, elle exposa son intention à Elurien.

« Je vais vous prendre dans mes bras et nous allons sortir de cette pièce. Une fois sortie, je vous transférerais dans les bras de Xël, qui vous soutiendra le temps que je me transforme en hippogriffe. Ensuite, Xël et Thensoor vous aideront à prendre place sur mon dos, et Xël vous tiendra tout le long de la descente. Une fois en bas, nous vous transporterons jusqu’à l’infirmerie. »

Puis Sibelle, en fière guerrière, passa de la parole aux gestes. Elle s’approcha d’Elurien, le prit dans ses bras et l’apporta jusqu’à l’extérieur. Une fois là, elle le remit dans les mains de Xël, le temps qu’elle prenne la forme de la fierté d’Azur.

Se sentant à son aise dans cette nouvelle forme, même avec des passagers sur son dos, elle battit des ailes et suivit les directives de ses compagnons pour se rendre au bon endroit. Elle ressentit une fois de plus ce bien-être de liberté, mais n’en fit pas part à ses compagnons.

Une fois au sol, elle reprit sa forme humaine et tout en soutenant Elurien, ils se rendirent à l’infirmerie. Traversant la salle des convenances, ils ouvrirent la porte afin de pénétrer dans l'infirmerie, cette salle qui contenait la puissante magicienne.

[Xël]

Entrer dans le crâne d’Elurien est impossible. Emmener Simaya en sécurité est déconseillé. Tout cela sonne à mes oreilles comme une défaite. Affaibli, le dirigeant de la Lande fait une dernière proposition, tenté de créer un contact entre l’esprit de Simaya et celui de Thensoor. Mais pour cela il fait le déplacer. D’un regard, Sibelle et moi tombons d’accord. Elle propose de le porter et d’utiliser sa nouvelle forme volante pour nous épargner la descente des escaliers. Je soupir de soulagement à l’idée de ne pas me farcir à nouveau toutes ces marches. J’accepte d’un hochement de tête et nous commençons sans tarder à aider Elurien. Sibelle le prends dans ses bras musclés et me le confie le temps qu’elle se transforme. Loin d’être aussi musclé, je le soutiens simplement par les épaules pour ne pas qu’il s’écroule.

" Vraiment pratique. " Dis-je en descendant la haute tour à dos de Sibelle.

Elle reprend ensuite le relais pour soutenir Elurien jusqu’à l’infirmerie.

[Gamemaster9]

Lande Noire – Elscar’Olth

Ils arrivèrent à quatre devant l’infirmerie, gardée par deux conjurateurs masqués qui les laissèrent entrer. Simaya était toujours allongée, inconsciente, sur son lit. Quatre conjurateurs la surveillaient, aux quatre coins de la pièce. La sécurité semblait maximale. La porte fut refermée derrière eux, et Thensoor approcha Simaya, posant une main squelettique sur son front lorsqu’Elurien, faible, lui indiqua. La transe dura moins longtemps et fut sans doute moins spectaculaire que lorsque Sirat et Xël étaient à la place de la liche, mais après quelques instants, Thensoor recula d’un pas, comme sonné. Elurien semblait vraiment au plus mal, et dut aller s’allonger à son tour sur un lit de l’infirmerie.

Thensoor entra en pleine introspection, mains squelettiques autours du crâne. Le mouvement, lui, vint des paupières de Simaya. Elles vacillèrent un instant, comme si la vie l’animait de nouveau, jusqu’à ce que ses yeux soient mi ouverts. Ses lèvres entrouvertes et moites murmurèrent un propos presque inaudible, pour qui ne faisait pas attention.

« Plus…qu’un… sauvez… Shaam… »

Elle semblait tout aussi faible que Elurien, qui ne se déplacerait sans doute pas de ce lit-ci pour rejoindre le sien tout en haut de la tour. Mais au moins montrait-elle signe de vie. Cela avait-il fonctionné ? Son esprit avait-il été purgé de l’âme du dénommé Gregan ? Thensoor sembla le confirmer l’instant d’après. Il semblait hésitant, pour une fois.

« Les… horreurs de cet être sont abjectes. Il n’avait aucune éthique, aucune morale. Mon esprit a broyé le sien. Mais désormais, je sais comment manipuler les âmes, les rattacher à des corps… Je… Je crois du moins. »

[Ariane]

Kìvan a la drôle d’idée de donner son nom au sieur Trifalgin mais a la courtoisie de nous laisser le choix ou non de révéler notre identité au gestionnaire. Il poursuit son discours, semblant très à l’aise avec le fait de converser malgré le sinistre de l’endroit ou en tout cas cachant bien ses véritables pensées.
Jorus se présente lui aussi et ajoute quelques interrogations à celles de Kìvan, tentant d’en apprendre plus sur ce qu’il se trame dans la tour d’Orsan, quoi que les expériences paraissent claires comme le jour que nous ne semblons pas prêts de voir dans la Lande Noire.
La jeune Yurlungur s’avance à son tour, se fendant même d’une révérence à l’encontre de notre hôte alors que je suis toujours immobile près des escaliers qu'a empruntés Endar. Les paroles de Jorus et Yurlungur m’expliquent au moins la raison pour laquelle le jeune homme était blessé lorsque Vâkkar Ti a réuni notre groupe. Oubliant Gregan qui, vu son état, n’a plus vraiment d’intérêt pour nous, l’enfant essaye d’en savoir plus sur la configuration de la tour. C’est la plus jeune d’entre nous mais elle ne perd pas le cap.

Pendant ce tour de présentation, mon regard va et vient entre mes compagnons et le maître des lieux, dérangée par le fait qu’il ne semble observer qu’une seule personne… Cette personne étant la mienne.

(Tu me comprends maintenant ?)

Il y a quelques minutes à peine Al-Ayrad m’a fait part de sa désagréable sensation lorsque Jon Trifalgin a posé ses yeux sur lui.

(Oui, je ne sais pas ce qu’il a à nous regarder ainsi. S’il ne t’avait pas observé également, je me serais dit que je lui avais peut-être tapé dans l’œil…)

Ma boutade ne fait pas mouche chez mon compagnon qui me répond d'un ton sérieux.

(Souviens-toi des paroles de Vâkkar Ti…)

Je me retiens de tordre le nez lorsque Al me répète les mots du Marcheur de Mort, des essais sur les liens spécifiques entre les âmes. Est-ce que cela pourrait expliquer l’intérêt accru que me porte notre interlocuteur ?
Je mets de côté cette pensée et écoute avec attention l’homme qui décrit les pièces de la tour. Des cellules, des appartements. Ce sont sûrement les cellules qui nous intéressent et ces dernières semblent être nombreuses ici, cela ne nous facilitera pas la tâche. Naral possède-t-il encore son âme ?
J’apprends que le dénommé Gregan était enfermé avec mon ancien voisin de cellule, Erthog Dol’Ther. Le nom d’Andel’Ys ne me dit par contre rien du tout, avec ma récente découverte de l’existence d’une vie sur d’autres mondes, mes connaissances en géographie en ont pris un sacré coup.

Mes pensées sont interrompues par le regard de Trifalgin se reposant sur moi. Est-ce du sieur Elurien qu’il parle ? Celui qui m’a dit que mon destin m’attendait à la tour d’Orsan ? A quel jeu jouerait d’Assamoth ? Je retiens une grimace en entendant que le gestionnaire est bien intéressé par une étude du lien qui me lie à Al-Ayrad. Si je comprends bien, cela lui permettrait d’apprendre à redonner une âme à des corps ramenés d’entre les morts. Je ne suis pas sûre d’être en accord avec l’éthique de ces recherches et l’observe, intriguée, s’incliner devant moi. Lui rendant une simple inclinaison du chef, je réponds d’une voix neutre, à la limite froide.

« Messire, si votre recherche comporte l’usage d’un des outils que vous transportez ou inclus le risque de terminer comme le sieur Gregan, j’ai le regret de n’avoir rien à vous offrir. »

Naral et le dragon ! Peut-être même Naral est le dragon. Est-il possible qu’il soit également ici pour subir des expériences sur son lien entre l’humanoïde et l’animal, sur sa capacité à se transformer ? Quoi qu’il n’y aurait alors qu’une seule âme.

« Est-ce que d’autres personnes ont été arrêtées et enfermées ici après les évènements que vous avez évoqués ? Un étudiant sur la voix de la maîtrise tel que vous n’a pas du se limiter à exercer sur des chiens et le cadavre du sieur Gregan ?»

Pourquoi y aller par quatre chemins, Jon Trifalgin semble fier de son travail, s'il a expérimenté sur Naral Shaam, il nous en parlera peut-être volontiers.

[Jorus Kayne]

Après ma prise de parole, Yurlungur fait une étrange déclaration concernant notre rencontre avec les chiens et m’octroie le fait d’arme de notre affrontement avec les molosses. Je ne suis pas du genre à prendre pour moi ce qui appartient à autrui, cependant le regard qu’elle me lance me déstabilise quelque peu. Dans le doute jouons son jeu ! Elle demande à Trifalgin de faire une visite des lieux en évoquant des cachettes et le fait comme si elle était une enfant. L’idée n’est pas mauvaise car nous nous encroûtons sans rien apprendre d’utile. Si en plus Endar venais à surgir du sous-sol sans crier gare, notre hôte commencerait à avoir de gros soupçons sur notre histoire.

Alors qu’Arianne nous rejoint, devenant soudainement le centre d’attention du maître des lieux, celui-ci répond à nos interrogations à commencer par les autres êtres de la tour que sont ses serviteurs, comme les chiens rencontrés précédemment. Il détail ensuite les pièces de la tour comprenant une salle de chirurgie, des chambres avec barreaux pour invités agités, ou prisonniers selon le point de vue, ses appartements et de feu Gregan et enfin les logis des enfants de Vallel ou Gregan qui ont assez de jugeote pour s’y rendre. De la façon dont il évoque la chose, j’ai l’impression que certains cobayes doivent tenter d’ouvrir les portes en mâchouillant les poignées, malgré la présence de mains. A la question de la jeune fille concernant les cachettes, Trifalgin précise que le sous sol possède bien des cellules pour s’y cacher avec également des créatures sans âmes. Un endroit dangereux, s’enfonçant visiblement loin dans la Lande.

Ensuite il explique à Kivan les raisons qui ont poussé Grégan à se suicider. Lors de la défaite de Vallel et d’un vieux compte d’Orsan, Gregan s’est fait arrêter. Malheureusement il n’a pas supporté l’enfermement et s’est pendu au bout de quelques semaines.

(Oui ce ne doit pas être facile à vivre quand on personne à mutiler sous la main pendant des jours et des jours ! Et puis ce genre de pratique ça rapproche pas trop pour les parties de cartes entre compagnons de cellules !)

Sentant ma concentration faiblir, ma faéra me rappel à l’ordre ;

(Essaye un minimum de porter de l’attention, ou au moins fait semblant !)

Trifalgin continue en expliquant que Gregan a laissé une dernière volonté en écrivant Orsan comme dernier lieux de repos. Il s’est occupé de lui de la façon dont on a pu le voir actuellement et explique de ne pouvoir donner une conscience à ses créations comme le pouvaient Vallel et Gregan. Il affiche une moue triste jusqu’à ce qu’il reporte enfin son attention sur Ariane. Il évoque un habitant de la tour, chargé de ramener une femme accompagnée d’un lion et possédant tous deux un lien fort. Un tel lien pourrait lui permettre de mieux comprendre la relation entre le corps et les âmes. Fort heureusement il semble encore courtois vis-à-vis de la femme.

Comme je l’imaginais, Ariane ne semble guère enthousiaste à l’idée de servir de cobaye pour le maître des lieux et refuse poliment toutes propositions d’aide si cela nécessitait l’utilisation d’outils piquants, coupants et accessoirement mortellement douloureux. Elle enchaîne en demandant si d’autres ont été arrêtés et enfermés, histoire de voir autre chose que des chiens à mutiler ou des cadavres à ressusciter. Une façon de demander quasi explicite si Naral est présent ou non.

Pour ma part je me tourne vers Yurlungur et reprends sa remarque sur notre rencontre avec les chiens de garde. Je me remémore les gardes d’Eniod lorsqu’ils faisaient face à leurs supérieurs lors d’une remontrance. Droit comme un piquet, les mains le long des jambes, je me penche en avant dans un salut protocolaire.

"Je n’ai fait que mon devoir jeune fille et je dois encore vous demander de me pardonner. Il s’en est fallu de peu pour que la bête ne vous croque et vous voilà à présent couverte de son sang. A mes yeux, je le vis comme une marque de déshonneur et d’échec."

(Je n’aime guère l’intérêt soudain pour Ariane, nous devrions séparer Trifalgin d’elle !)

Je retourne ensuite mon attention sur celui-ci.

"Si la question de la jeune fille peut paraître étrange, elle n’en est pas moins juste dans le sens où nous pourrions avoir besoin d’un lieu de repos. Sans vouloir vous offenser, votre hall est magnifique, mais je crois que la jeune dame aimerait bien laver ses effets personnels."

Je fais mine de regarder les escaliers avant de regarder Arianne et son compagnon.

"Voilà qui pose problème. Peut-être que les escaliers vont être un obstacle pour votre animal."

Je reviens finalement vers notre hôte et lui demande poliment.

"Si cela ne vous dérange pas seigneur Trifalgin, pourriez-vous nous guider dans les étages supérieurs ? Je pense que mes camarades ne seraient pas contre un peu d’eau et notre voyage nous a malheureusement délesté du peu qu’il nous restait. Je ne crois pas avoir vu de point d’eau dans la pièce précédente et si vous avez un, je me chargerais d’en apporter à nos amis jusqu’ici dès que vous nous m’aurez montré le chemin."

(J’espère qu’il mordra à l’hameçon. Yurlungur et moi pourrions monter à l’étage pendant qu’Ariane aura le loisir d’explorer le sous-sol et je pense que Kivan ne voudra pas la laisser seule. Enfin en plus de son lion !)

[Kívan]

<<<

Suite à ma déclaration, Jorus décide lui aussi de se présenter, tout en signalant la présence de créatures possédant des plaques métalliques sur le corps, tout comme Gregan que nous avons pu apercevoir un peu plus tôt. Yurlungur l’imite ensuite et corrobore la déclaration de l’humain concernant la présence de molosses à l’entrée de la tour, ce qui a sûrement pu expliquer l’état du jeune homme lorsque nous sommes arrivés. Elle demande ensuite à aller explorer les hauteurs de la Tour, prétextant une pressante envie de jouer à cache-cache. La jeune fille affiche un regard niais et une attitude puérile, mais une lueur dans ses yeux indique qu’elle joue avec notre hôte. Sans oublier son harnachement et la présence de dagues à ses côtés. A voir si celui-ci sera dupe de tous nos jeux, ne sachant lequel d’entre nous est le plus mauvais pour prétendre être innocent, notre seule présence en ce lieu nous trahissant avant même que nous n’ayant quoique ce soit à déclarer. Cette conversation se transforme petit à petit en jeu de dupes, chaque parti tentant de prendre son adversaire pour un abruti, le premier faisant un mauvais pas dans sa supercherie polie étant le perdant…

Je remarque alors que Trifalgin n’a d’yeux que pour Ariane depuis son entrée dans la pièce et il ne la quitte pas des yeux malgré nos différentes interventions. Il finit par la lâcher de son regard pour enfin le diriger vers moi, m’indiquant qu’ils ne sont pas nombreux dans cette tour et que cela n’est de toute façon pas nécessaire pour ses expériences. Tant mieux, si cela peut nous éviter des combats inutiles ! Encore que, vu l’état du jeune homme, si toutes ses rares aides sont aussi violentes que les chiens mentionnés auparavant, cela peut-être nettement plus dangereux que prévu… Il déclare ensuite à Yurlungur qu’il n’y a « rien » dans les hauteurs de la tour. Juste la salle de chirurgie, des cellules et les appartements du gestionnaire de la tour, ceux de Gregan ainsi que les pièces de ceux qu’il appelle les enfants de Vallel… Il indique en revanche que le sous-sol regorge de cachettes, comme des cellules abritant des créatures sans âme et potentiellement dangereuses… Il se retourne alors vers moi, me racontant l’histoire du trépas de Gregan, comme quoi celui-ci avait été enfermé à Elscar’Olth avant d’être rapatrié ici suite à sa dernière volonté après son suicide dans sa cellule. Trifalgin confirme qu’il était son élève, et par conséquent l’élève de Vallel et il faut se méfier de cet homme et de ses déclarations.

Plusieurs conclusions me viennent alors à l’esprit. La première est que les geôliers d’Elscar’Olth font de piètres gardes pour laisser se suicider un de leur prisonnier, de cette importance qui plus est. La seconde est que la mort de Gregan, et par conséquent la prise de fonction de Trifalfin dans la Tour d’Orsan, sont antérieures à la disparition de Naral Shaam, d’après les informations que j’ai pu réunir. Cet homme est donc responsable de son enlèvement et nous cache donc sa présence quelque part dans la Tour. Enfin, la troisième est qu’Elscar’Olth a accepté de déplacer le corps de Gregan. J’imagine très bien que ce dernier n’a pas indiqué le nom d’Orsan pour le plaisir de s’y faire enterrer mais qu’il devait sûrement avoir un plan en tête… Trifalgin n’a pas cessé de mentionner les notions de corps et d’âme depuis le début de sa conversation et je me demande si Gregan n’a pas trouvé un moyen de préserver son âme avant de se faire enfermer et qu’il cherche désormais à retrouver son corps. Soit Trifalgin pourrait être le réceptacle actuel de celle-ci, soit… Je secoue discrètement la tête… Cela va peut-être un peu trop loin dans les hypothèses pour le moment et avec aussi peu d’informations… Mais je préfère tout de même me méfier de Trifalgin et de la soi-disant coquille vide de Gregan qui se trouve derrière la porte.

Notre hôte poursuit ses explications, déclarant que l’un des habitant de la Tour s’était rendu à Elscar’Olth pour lui envoyer une femme accompagnée d’un « lion », qui lui permettrait sûrement de poursuivre ses travaux. Au vu du regard appuyé de Trifalgin sur Ariane et Al-Ayrad, j’imagine qu’il doit s’agir de cette dernière, découvrant par la même occasion le nom vernaculaire du félin l’accompagnant. Ce qui ne me rassure pas cependant, c’est que ce fameux habitant de la Tour, potentiellement un traître dans les proches d’Elurien, connaissant la présence d’Ariane à Elscar’Olth, ce qui nous a jetés directement dans la gueule du loup. Il est de toute façon trop tard pour faire marche arrière…

La principale concernée prend enfin la parole, déclarant ne pas être très intéressée par participer aux expérimentations de notre hôte. A ma grande surprise, elle décide de ne pas poursuivre notre jeu de dupes et demande de but en blanc à Trifalgin s’il ne possède pas quelques prisonniers non déclaré sur lesquels il tente actuellement d’autres expériences de son côté, flattant par la même occasion son égo pour tenter de lui faire cracher le morceau plus facilement.

Pour l’instant, je suis plus intéressé par ce qui se passe dans les étages supérieurs de cette Tour. Trifalgin nous a délibérément directement orienté vers les tréfonds du bâtiment, mais je suis quasiment sûr que nous pourrions trouver des réponses à nos multiples questions là-haut, que ce soit entre la salle de chirurgie ou les appartements des deux derniers propriétaires de la Tour. De plus, Trifalgin a mentionné la présence de cellules à l’étage, et Naral pourrait s’y trouver, étant comme je l’imagine, un des sujets d’étude les plus intéressants pour notre expérimentateur en herbe. J’aurais souhaité m’y rendre, et si possible sans notre hôte pour tenter d’y voir un peu plus clair…

Cependant, Jorus me devance et prétexte le besoin de Yurlungur de nettoyer ses vêtements, demandant par la même occasion à Trifalgin de les accompagner dans les étages supérieurs. J’imagine qu’il souhaite séparer notre hôte d’une partie du reste du groupe pour permettre d’explorer une autre partie de l’édifice. J’aurais choisi pour ma part d’explorer les étages supérieurs mais je décide de rentrer dans son jeu. Je me rapproche alors de Yurlungur, avant que celle-ci ne puisse réagir, et pose alors une main protectrice sur son épaule avant de me fendre de mon sourire le plus faux à destination de la jeune fille.

« Et je suis sûr que tu dois être épuisée… Ce voyage était long et je pense qu’il serait bon que tu te reposes afin d’être en pleine forme demain matin ! »

Je lève mes yeux vers notre hôte sans pour autant ôter ce sourire factice qui orne mon visage.

« Pourriez-vous profiter de cette occasion pour trouver un lit pour cette jeune fille dans vos étages supérieurs ? Je pense qu’elle a besoin de sommeil… »

Mon infantilisation de Yurlungur terminée, je rejoins alors Ariane et Al-Ayrad et m’arrête à leur côté, souhaitant leur indiquer de cette manière le fait que je ne les laisserai pas à la merci de l’excentrique scientifique. Mon regard revient alors vers Trifalgin et je m’adresse à ce dernier.

« Nous vous attendrons ici pour le moment, je suis sûr que nos conversations entre adultes pourront attendre. »

>>>

[Yurlungur]

Post-squelette :

Répond d'un sourire mielleux à Kĩvan, en opinant du chef.

Elle ouvre grand les yeux et questionne, d'un air curieux :

« Vous dites que vous arrivez à engendrer de nouvelles créatures ? Vous travaillez sur quoi en ce moment ? »

Et puis, après un regard vers Ariane :

« Mais j'espère que vous ne ferez aucun mal à ma copine Ariane, ni à Al-Ayrad. »

Et d'un ton un peu plus grave et sérieux :

« Je n'aimerais pas du tout. »

Et avec un grand sourire, reprenant sa posture précédente :

« Alors ? On peut monter ? »

[Xël]

L’infirmerie est toujours surveillée est cela me rassure. Simaya est en sécurité, en tout cas tant que Vallel ne prend pas le contrôle d’Elurien. Cette pensée m’obsède. L’idée qu’une armée d’Orcs envahisse à nouveau ce monde. Le dirigeant de la Lande Noire parvient à crée un lien entre Thensoor et Simaya avant d’allé s’allonger sur un lit, de plus en plus mal en point.

Quand Simaya ouvre les yeux pour murmure quelques mots je lui attrape la main et la serre fort dans les miennes. Je suis si inquiet, pourvu qu’elle s’en remette. Elle nous demande de sauver Shaam, si ça peut la sauver, je suis prêt à le faire.

Le squelette nous confirme qu’il a réussi à broyer l’esprit de ce fameux Gregan et que désormais il sait rattacher des âmes à des corps.
Toujours obnubilé par Vallel, je propose :

" Elurien pourrait vous céder à nouveau le contrôle de la Lande, Thensoor, le temps qu’on trouve une solution. Ca éviterait une nouvelle invasion au cas où… "
Je ne termine pas ma phrase, mais je jette un regard appuyé vers Elurien.

" Les conjurateurs présents pourraient certifier cette passation de pouvoir. Ensuite on pourrait partir à la recherche de Naral… "

[Sibelle]

Voyant qu’Elurien et Thensoor les accompagnaient, les conjurateurs qui gardaient l’infirmerie firent quelques pas de côté pour les laisser passer.

Parmi tous les lits, un seul était occupé. Simaya y était allongée et toujours inconsciente. Sibelle détacha son regard de la jeune et jolie magicienne et remarqua les quatre conjurateurs, situés un à un à chaque coin de la pièce.

Une fois la porte refermée, Thensoor s’approcha de Simaya et déposa sa main squelettique sur le front de celle-ci dès qu’Elurien lui fit signe. Sibelle les observa en silence, ne sachant pas trop à quoi s’attendre. Au bout d’un moment relativement court, Thensoor retira sa main et se recula. La guerrière le fixa alors attentivement, se demandant s’il allait se retrouver dans le même état que Elurien après cette séance auprès de Simaya. Ce dernier semblait se concentrer, ses deux mains encerclant son crâne. Elurien, pour sa part, épuisé par le grand effort qu’il venait de fournir et par Vallel qui tentait de prendre le dessus sur lui, s’étendit sur un des lits disponibles afin de se reposer.

Puis, les paupières de Simaya bougèrent légèrement et s’entrebaillèrent laissant ses yeux à mi- ouverts. Ses lèvres s’entrouvrirent et elle murmura quelques mots que Sibelle perçut plus facilement grâce à son ouïe aiguisée d’elfe. À l’aide de quatre mots, la magicienne leur dit qu’il n’y en avait plus qu’un et leur demanda de sauver Shaam. Elle n’était guère plus forte qu’Elurien, mais elle était à présent éveillée.

Thensoor rompit ensuite le silence pour les informer qu’il avait broyé l’esprit de Gregan. Ce dernier ayant perpétré des horreurs, ne possédant aucune valeur morale ou éthique. Il conclut en affirmant qu’il pouvait désormais manipuler des âmes et les rattacher à des corps. Sibelle fronça légèrement les sourcils. Elle n’était pas certaine d’avoir saisi la portée de ces paroles.

Craignant sans doute la victoire de Vallel sur Elurien, Xël proposa à Thensoor de reprendre le contrôle de la lande noire à la place d’Elurien. Il suggéra que les conjurateurs pourraient faciliter cette passation du pouvoir. Il semblait vouloir ce changement de gouvernance avant de partir à la recherche de Naral.

Sibelle restait perplexe, ne pouvant statuer si Xël voyait juste ou si ses craintes étaient injustifiées.

« Il faut trouver Naral sans délai, mais où le chercher. »

Elle reprit sa pierre de vision et fit un message à Jorus qui se trouvait à la tour d’Orsan.

« Avez-vous trouvé Naral ? C’est urgent ! »

Message à Jorus via la pierre de vision : « Avez-vous trouvé Naral ? C’est urgent ! »

[Endar]

Le couloir n'est meublé que par des cellules en fer munies d'une trappe lui permettant de regarder leur occupant. Il n'y avait rien pour le préparer à la vue de ces expériences, non que cela l'écoeurait, les horreurs provoquées par son peuple et le carnage laissé par les guerres étaient une bien pire vision, il s'agissait plus d'un étonnement voire d'une stupéfaction. Les premières cellules contenaient leur lot d'erreurs de la nature, informes masses infécondes dépourvues de chair et aux os apparents, aux bras surdimensionnés et aux yeux absents. D'autres expériences étaient dotées de plusieurs visages mais cette assemblage était des plus curieux. Le dernier monstre semblait être une créature aquatique, mais il ne saurait vraiment dire laquelle. Certaines créations semblaient plus abouties par rapport à d'autres indiquant de ce fait plusieurs auteurs jouant sans vergogne ni dignité avec la vie de leurs cobayes. Que ce soit Vallel ou son disciple, Gregan, ils avaient un certain don pour créer des horreurs en tout genre.

Continuant à parcourir le couloir, s'arrêtant à chaque fois près d'une cellule pour découvrir de nouveaux spécimens, Endar finit par trouver les corps qu'il cherchait tant depuis tant d'années. Voler les jouets de Vallel était quelque chose d'assez excitant, il devait bien l'admettre. Tirant vers lui la première trappe, il y vit une shaakt ou tout du moins ce qu'il en restait. Le corps féminin était bien trop svelte pour que ce soit une humaine, il devait bien s'agir d'une elfe. Son visage ou plutôt son manque de faciès constituait un détail des plus marquants. Il n'y avait plus qu'une sorte de masque d'un crâne stylisé, à moins qu'on lui ait effectivement enlevé toute la peau du visage. Immobile au milieu de sa cellule, elle n'en était sans doute pas moins dangereuse.

La cellule annexée à celle-ci abritait un shaakt ou une créature s'en approchant, ses yeux couleur ambre totalement éteints pour le moment. Une chevelure sombre était encadrée par deux cornes recourbées et il semblait y avoir un étrange symbole émettant une faible lueur mauve sur son poitrail. Ce nouveau corps lui plairait bien assurément.

La troisième cellule était habitée également par un mâle shaakt doté de plusieurs paires de bras. Il était certain que pour travailler, il ne manquait pas de bras. Sa peau tirait vers l'anthracite.


Se déplaçant tranquillement vers la quatrième cellule, il y put voir une shaakt. Ses yeux rouges semblaient le fixer intensément et tout dans son apparence transpirait l'araignée. Il se faisait la réflexion que ce corps lui plaisait également, songeant qu'après tout il pouvait aussi changer de sexe s'il le désirait. Toutefois son âme rejeta cette idée, il ne se sentait pas prêt à abandonner son sexe. Après tout, son genre constituait en partie sa personnalité et faisait parti de son histoire. S'il avait été une shaakt, sa destinée aurait été bien différente et peut-être plus agréable, néanmoins il n'aurait jamais foulé le sol d'Aliaénon.

Une cinquième cellule accueillait un shaakt ou tout du moins une créature nocturne à la peau grisâtre et dotée d'ailes pareilles à celles de chauve-souris. Son visage semblait a priori humain, mais il s'avérait en réalité trop fin pour une telle race et de surcroît il était doté de cornes pointant vers l'avant. Un demi-elfe ? C'était possible. Ce corps aussi avait attiré son attention, ce vivier était des plus qualitatifs et quantitatifs à la fois.

La dernière cellule manqua de le faire jurer tout haut. Il se recula presque immédiatement, plus par instinct que par peur face au shaakt dont le corps inférieur était celui d'une araignée et dont même les yeux relevaient plus de l'insecte que de l'humain. C'était un R'arthagas, un shaakt à l'origine puni par les prêtresses de Valshabarath dont les membres inférieurs se faisaient remplacer par le corps d'une araignée. Il ne savait pas qui de Vallel ou de Gregan avait créé cet être ou s'il avait été en parti ainsi à son arrivée à la Tour d'Orsan, mais un tel être constituait un blasphème aux yeux de la société shaakte.

Pendant quelques minutes, il tergiversa avant de finir par faire un choix: il s'agissait de l'occupant de la seconde cellule qu'il ouvrit sans perdre plus de temps en faisant coulisser la barre qui maintenait la cellule fermée. Pénétrant à l'intérieur de la cellule, il se saisit de son épée garzok et l'amena en direction de sa gorge non protégée par son armure de plates. Sa main tremblée, il doutait à présent du bienfondé de son action au pire moment. Il respira lentement pour reprendre contenance, le shaakt n'avait jamais songé à quel point changer de corps était une épreuve importante, lui qui avait passé un siècle dans cette enveloppe charnelle. Il leva un instant les yeux vers le plafond, murmurant : "Je refuse d'être ton esclave Zewen, je suis le seul maître de mon destin…"
D'un geste fluide, il trancha sa gorge avec la lame de son défunt ennemi, sentant son sang tâcher son armure et couler de sa gorge ouverte. Avant que les ténèbres ne s'emparent de lui, il regarda son futur corps en arborant un sourire pervers mais forcé, puis il s'écroula contre le sol.


(Ouvre la cellule, prend son épée garzok et se tranche la gorge)

[Gamemaster9]

Landes Noires – Tour d’Orsan.

[Vu le retard pris, ce dont je m’excuse, je me permets de « sauter » quelques étapes RP d’immersion du monde d’Aliaénon et de discussion sans but fondamental pour les objectifs de la quête ayant peu d’intérêt pour des personnages n’ayant pas participé à la quête 30, afin d’aller droit au but.]

Le Chirurgien aux instruments étranges répondit d’abord à la remarque d’Ariane.

« Oooooh, à mmmmmoins que vous ne sssssouhaitiez-vous pendrrrrre, il n’y a aucuuuuune rrrrraison pour que vous finisssssssiez comme Gregan. Et rassssssurez-vous, je n’auuuuurai pas à vouuuuus charcutttttter. »

Il leva un sourcil à la seconde question de la coureuse, à laquelle il ne répondit pas pour se concentrer sur celle de Jorus.

« Ouiiiiii, ouiiiii, je vaiiiiiis vous meneeeeer dans les hauteuuuuurs de la touuuuurs. Làààà où vous ssssssereeeeeez les mieuuuuux. Les llllllogiiiiis ssssssooooont pourvuuuuus d’accèèèèès à l’eauuuu. Vvveneeeez touuuuus. Je gaaaaaaaage que vouuuuus trouvereeeeez égaaaaalemeeeent de quoi ssssssatissssfaiiiiire votre cuuuuuriosité sssssur mes travauuuuuux… »

Il jeta un œil à Yurlungur et à Kivan, d’un air entendu. Était-il vraiment dupe ?

C’est alors que dans un fracas tintibulant surgit des profondeurs des sous-sols une créature pour le moins curieuse, et potentiellement affreuse, inhumaine dans l’apparence.

Mais le plus surprenant était que de ses deux longs bras biscornus et difformes elle traînait deux corps inertes. Un bien connu des aventuriers, puisqu’il ne s’agissait de rien de moins qu’Endar, à moitié conscient, la gorge à moitié tranchée, un sang noir s’écoulant de la plaie béante. Et un autre être, plus spécial, ayant sans doute des origines shaakts, mais au corps irrémédiablement modifié (et nu), des espèces de cornes lui ayant possé sur la tête, des touffes de poils noirs couvrant ses avant-bras et tibias, et des cornes osseuses dépassant de ses épaules et coudes. Une peau tirant plus sur le mauve, à la musculature saillante, où des marques fushia transparaissaient, au niveau du torse et du front. L’être semblait inanimé. Il avait dans le dos deux petites ailes noires, mais qui semblaient plus esthétiques que réellement praticables pour le vol, bien trop petite pour la masse totale du corps.

La créature difforme geignit plaintivement, lâchant ses bagages de chair, et tourna en sautillant tristement autour de Trifalgin, qui avait ouvert de grands yeux surpris. Il s’exclama.

« Quel inconssssscient, quel inconssssscient, de croiiiiiire qu’il pouvait brrrrraver les rrrrrègles de la mmmmmort ssssssseul… Jjjjje dois le sssssssauver au pluuuuuuus viiiiiite, sssssssinon ssssssson ââââme sssssera absooooooorbée par les llllllimbes de la Lllllande Tanathhhhhéenne, Rrrrrrrroyauuuuume des mmmmmmoooorts. Inconssssscieeeents, vvvvvvouuuus, de m’avvvvvvoir cachhhhhhé sssssssa prrrrrrésennnnnnnce. »

Il s’affaira pour jucher sur son treuil le corps inerte d’Endar, conscient de ce qui se passait mais sentant la vie de nouveau lui filer entre les doigts, et son âme, qu’il pensait maîtriser, tenter de s’échapper de son corps non pas pour pénétrer celui qu’il avait choisi, mais irrémédiablement attirée vers le nord, vers une lande brumeuse où les morts faisaient la loi. Une lande dont il ne sortirait jamais… Il devait se battre. Se battre pour ne pas mourir, lui qui venait de se trancher volontairement la gorge, impétueusement…

Une fois Endar installé, il se plaça à côté, se servant de son tablier déjà ensanglanté pour tenter de ralentir l’hémorragie. Et avant d’actionner la chaine qui lui permettrait de remonter, il indiqua aux personnes présentes :

« Sssssssuivez-mmmmmoi par les esssssscalieeeeers. Vvvvvvotre ammmmmi aura peut-êêêêtre bessssssoin de vous… Et dddddans le caaaaaas contraiiiiiire, vvvvvvotre cuuuuuriossssssité ssssssera sssssatissssfaiiiite. »

Il ne laissa à aucun le temps de répondre, et commença la longue ascension. La créature muette et difforme chargea sur son dos de chairs déformées l’autre corps cornu, et commença lui-même la montée des marches, geignant de plus belle à chaque pas, d’une plainte qui signifiait toute la douleur et le malheur du monde, sans qu’il sache même l’exprimer autrement. Ce fut à ce moment que la pierre de Jorus cracha de nouveau, non sans quelques grésillements nouveaux, quelque friture sur la ligne, la voix de Sibelle :

« Av…vous trouv… Naral ? …. Urgent ! »

La tour était haute, bien que nettement moins grande que celle d’Elscar’Olth, et l’escalade des marches était rude, surtout en suivant le rythme du treuil. Pourtant, Trifalgin donnait de précieuses indications à divers étages qu’ils traversaient.

« Iccccciiiiii, des llllogemeeeeeents pouuuuur cccceuuuuux qui ont bessssssoiiiiin de repooooos. »

Et effectivement, une porte s’ouvrait sur un couloir, une enfilade de chambres au confort modéré, voire spartiate. Puis, plus haut.

« Mmmmmmes appaaaaaartemeeeeeents. Défennnnnnnssse d’entreeeeeeer, cccc’est privéééééé ! »

La porte, close, était sans doute verrouillée. Puis, encore plus haut :

« Làààà, vouuuuus trouvereeeeeez celuiiiiii que vous êtes venus chercheeeeeeeer. »

Le couloir derrière la porte donnait cette fois sur une série de cellules, vides pour la plupart, à part la dernière, vaste, éclairée d’une lumière blafarde, à la porte même pas verrouillée. Ceux qui avaient suivi jusque-là pourraient apercevoir en son centre, immobile, un être dont l’esprit semblait avoir été brisé. Un être seul, à genoux, effondré sur lui-même, le regard vide. Un elfe à la peau pâle, sans doute un elfe blanc, mais dont la chevelure ne laissait aucune équivoque sur son identité : elle était d’un violet vif. Les yeux d’or de Naral Shaam étaient ouverts, mais aucune vie ne les habitait. Il semblait… absent. Défait.

Mais le treuil continuait à monter, pour ceux qui suivaient encore, et pour Endar, une fois de plus entre la vie et la mort. Délaissé de son sac et de son épée garzok, restés en bas dans les cellules. Le dernier étage, au sommet de la tour, Trifalgin ne l’expliqua guère. Il n’y en avait nul besoin : c’était son lieu de travail. Une immense salle toute de métal, surprenamment propre dans son matériel en métal asceptisé. Plusieurs tables larges de métal étaient au centre de la salle, sans doute pour y opérer ceux et celles qui périssaient hors de la tour. Pour jouer avec la chair. Cet endroit respirait Vallel à plein nez. Mais ce n’est pas vers l’une d’elle que le chirurgien d’Andel’Ys se tourna. Il alla vers une sorte de… machine dotée de deux compartiments assez vastes. Dans l’un d’eux, il mit Endar, toujours conscient, apte à la parole s’il forçait, mais guère plus. Et dans l’autre, la créature plaça le corps du cornu, choix de l’elfe noir pour représenter son avenir… Mais était-ce désormais compromis ?

Deux bulles de verres se posèrent sur les plateformes, reliées à une machinerie étrange centrale par deux tubes souples. Trifalgin se tint un instant près d’un levier, prêt à l’actionner, semblant attendre une contestation. Il commenta sobrement :

« Sssssssi vous crrrroyez en un dddddieu, ccccc’est le mmmmmommmment de le prrrrrrrier. »

[Indiquez à quel étage vous vous rendez. Ceux qui s’arrêtent à un étage n’ont bien sûr aucune information sur les étages supérieurs, ni d’autres informations sur les étages inférieurs sauf les commentaires de Trifalgin.]

Lande Noire – Elscar’Olth.

Thensoor répondit de sa voix grave et ténébreuse à la proposition de Xël.

« Ce n’est pas comme cela que cela se passe, ici. Le pouvoir à Elscar’Olth a quelque chose de sacré. C’est le trône de la salle de gouvernance, relié à l’esprit de tous les habitants de la cité, qui décide du dirigeant de la ville en transmettant la volonté de la majorité des citoyens. Si quelqu’un s’y assied sans avoir cette majorité… Il meurt instantanément. S’il survit, il devient chef élu d’Elscar’Olth. Archi-sorcier. Et cette place ne me revient plus, hélas. Il n’y a rien que je puisse faire : mon influence a bien trop baissé ici, quand bien même serait-ce pour aider Elurien d’Assamoth dans sa tâche. Nous risquons à tout moment de voir la ville repasser aux mains de Vallel, s’il parvient à s’emparer de son corps… »

Il se tourna vers les deux aventuriers, et eut un regard de ses orbites vides vers Simaya.

« Gregan savait magiquement lier les corps et les âmes, mais ne pouvait les dissocier qu’à l’aide d’une machine, présente à Orsan. Je l’ai vue dans ses souvenirs. Il nous faudrait aller là-bas pour avoir une chance de supprimer Vallel et de rendre la pleine possession de ses moyens à Elurien. Mais il nous faudrait prendre le risque d’emmener avec nous Simaya. Nous ne pouvons plus la laisser seule ici. Trop de dangers rôdent. Et les dangers pour elles seront plus grands encore, à Orsan… Mais au moins serons-nous là. »

Il était sévère, sérieux, grave.

« Soit nous y allons tous en prenant des risques énormes usant de nos pouvoirs pour voyager prestement, soit nous restons emmurés ici, ne comptant que sur la force propre d’Elurien pour prendre le dessus, et la célérité de vos compagnons, dépourvus à ma connaissance de moyen de voyage rapide pour ramener au plus vite Naral Shaam à nos côtés. Un sort qui me semble tout aussi hasardeux et risqué. »

Il se tut, enfin. La décision leur revenait.

[HJ : Les XP suivront plus tard. J'ai plus le courage là. Merci de votre compréhension.]

[Xël]

Quand le sorcier squelette m'explique la manière dont est cédé le pouvoir ici je ne peux m'empêcher de ricaner.

"Evidemment, ce serait trop facile sinon."

Je soupire. Rien n'est simple ici et la décision que l'on doit prendre ne fait pas exception. Soit nous restons ici, à attendre que Vallel prenne le dessus sur Elurien soit nous partons tous pour Orsan, dans l'espoir de retrouver Naral rapidement. J'observe Simaya, encore affaiblie, mes mains serrant toujours la sienne.

"Allons-y. Éloignons là de cette cité."

Je jette ensuite un regard vers Sibelle, m'assurant qu'elle partage mon avis.

[Kívan]

<<<

Yurlungur rentre mon jeu ce qui m’arrange et permet d’éviter plus de dissensions dans le groupe qu’il n’en existe déjà. Suite à nos différentes sollicitations, notre hôte accepte notre requête et décide de nous mener dans les étages supérieurs de la Tour. La négociation aura été moins difficile que prévue finalement... Triffalgin finit cependant ses paroles en jetant un regard appuyé à la jeune fille ainsi qu’à moi-même, semblant indiquer par la même occasion qu’il est tout à fait au courant de la raison de notre venue en ces lieux.

Un bruit retentit derrière nous me faisant immédiatement me retourner. Une créature difforme s’extirpe avec difficulté des escaliers menant aux étages inférieurs. Je recule instinctivement d’un pas à la vue de cette aberration, prêt à me défendre si cela peut devenir nécessaire. C’est alors que je remarque que cette dernière traîne derrière elle deux lourds objets s’apparentant à des corps d’êtres humanoïdes. Elle les dépose à nos pieds avant de rejoindre son maître. L’un des corps est aisément reconnaissable. Il s’agit de celui d’Endar, mais ce dernier a la gorge tranchée. Le second est, quant à lui, celui d’un elfe à la peau mauvâtre, dont la tête est ornée de cornes et les épaules de petites ailes semblables à celles des chauves-souris.

À la vue de ces deux corps inconscients, Triffalgin commence à s’agiter, nous déclarant que le shaakt risque de mourir si rien n’est fait très rapidement, nous accusant par la même occasion de lui avoir caché la présence de l’elfe noir dans les tréfonds de la Tour. Notre hôte charge alors le corps d’Endar dans sa nacelle et s’empresse de monter aux étages supérieurs, nous sommant de le suivre, pendant que l’étrange créature difforme lui emboite le pas dans les escaliers, portant sur son dos l’autre corps inerte. Je jette un coup d’œil au reste du groupe quand un bruit surgit à nouveau du sac de Jorus, faisant entendre la voix de Sibelle malgré quelques bruits parasites. Je ne saisis que les mots « Naral » et « urgent », le reste étant passablement inaudible…

Nous n’avons de toute façon plus le choix et je décide de suivre Triffalgin dans les étages supérieurs sans concerter le reste des membres du groupe. Cela avait été mon idée première et ma curiosité allait enfin être satisfaite concernant ce qui se tramait dans les hauteurs de cet édifice. Le petit homme nous fait en parallèle de sa montée le tour du propriétaire, nous indiquant ce qu’il nous est possible de trouver à chaque étage du bâtiment. Au niveau de ce qui semble être le troisième étage, les paroles de Triffalgin m’interpellent. Celui-ci nous indique en effet que nous pourrions y trouver celui que nous étions venus chercher en ces lieux, indiquant par la même occasion que nos jeux de dupes ne l’avaient pas du tout berné… Je me tourne alors vers Ariane, Al-Ayrad, Yurlungur et Jorus :

« Le destin d’Endar m’importe peu désormais et nous avons une mission à remplir, avec ou sans lui. C’est donc ici que je m’arrêterais, à vous de faire votre choix… »

Je franchis alors la porte de l’étage et m’enfonce le plus discrètement possible dans un couloir flanqué de différentes cellules, profitant de mon passage pour tenter d’identifier les potentiels occupants de ces dernières. Une fois au niveau de celui que je devine comme étant le dénommé Naral Shaam, notamment aidé par les paroles de Triffalgin. Celui qui semble avoir des origines elfiques du fait de sa physionomie élancée et sa peau pâle possède en revanche de longs cheveux violets et des yeux d’or que je devine peu communs chez les elfes. Ces derniers sont cependant complètements éteints, comme si le corps que j’ai en face de moi n’est plus qu’une coquille vide. Je me rapproche alors de l’elfe et tente d’ausculter rapidement son corps, pour voir si certaines marques ou blessures y sont facilement identifiables. J’en profite par la même occasion pour prendre son pouls au niveau du cou et je claque des doigts devant ses yeux en attente d’une quelconque réaction de ce dernier. Je jette rapidement un rapide coup d’œil derrière pour voir si tout ou une partie du reste du groupe m’a suivi ou non. Cette situation pourrait être une bonne occasion de retenter d’utiliser ma magie si aucune réaction de la part de Naral Shaam n’est observée…

>>>

[HRP : utilisation de l’aptitude déplacement silencieux lors des déplacements, identifications des potentiels locataires des autres cellules et diagnostique physique de Naral]

[Jorus Kayne]

J’espère avoir répondu aux attentes de la jeune fille en agissant de la sorte. Au moins Kivan semble avoir compris la même chose et demande à Trifalgin s’il se trouve avoir des lits dans les étages supérieurs. S’il explique vouloir rester ici, je doute qu’il reste avec Ariane sans rien faire sachant qu’Endar a disparu dans les tréfonds de la tour. Yurlungur continue son petit jeu de duperie et interroge notre hôte sur ses capacités à générer des créatures. Son ton change soudainement lorsqu’elle évoque ne pas apprécier que du mal soit fait à Arianne et son compagnon.

(Ben et moi alors ? Bon même si je ne suis pas digne d’intérêt pour ce cinglé, on a quand même passé du temps, lové l’un contre l’autre. Ca compte pas ça ?)

(Rhooo sois pas jaloux ! Moi je suis là !)

(Oui, au moins j’ai quelqu’un comme toi. Par contre reste bien dans le médaillon, je ne voudrais pas que son intérêt se tourne vers toi et moi !)

Alors que la jeune fille propose elle aussi à monter dans les étages, Trifalgin explique à Arianne qu’elle n’a pas besoin de mourir, ni qu’elle subisse quelques opérations pour ses recherches. Il ne répond pas à sa seconde question et se tourne vers moi. Ma proposition de monter semble lui plaire car en plus de chambres et de points d’eau, notre hôte aura le loisir d’exhiber ses travaux. Je m’apprête à monter tandis que le propriétaire des lieux lorgne sur Yurlungur et Kivan.

(S’est-il aperçu de la supercherie ?)

Soudain un brouhaha provenant des sous-sols retentit. Une chose hideuse, à peine capable de rentrer dans la catégorie humaine avec sa tête et ses membres, même dans des emplacements plutôt originaux. La créature traîne avec elle deux corps. Si l’un des deux est sans conteste Endar avec une plaie ensanglantée à la gorge qu’on ne lui connaissait l’autre m’est complètement inconnu. Aux côté de l’elfe noir il semble avoir une sorte de lignée en commun avec les Shaakts, même si cette race infâme ne possède pas de cornes, d’ailes dans le dos ou même une forte pilosité sur les tibias et avant-bras. Une chose est sûre, il semble aussi mort que le sournois de service. La vision provoque une réelle surprise à notre hôte. Celui se plaint de ne pas l’avoir prévenu de la présence du Shaakt et semble pressé de vouloir lui sauver la vie.

(Ainsi il ne serait donc pas mort ?)

Trifalgin semble réellement déterminé à le sauver. Il se hâte de positionner l’elfe noir sur un treuil et use de son propre tablier pour stopper l’hémorragie, tablier qui a visiblement déjà servie pour quelque chose de similaire. Alors qu’il s’apprête à remonter les étages, il nous invite à le suivre. Si je laisse de côté la remarque voulant qu’Endar serait notre ami et aurait besoin de nous, l’annonce de notre curiosité assouvie me titille l’esprit. Alors que je m’apprête à suivre le cortège je sens la pierre de vision qui s’agite. Je souhaitais la cacher pour ne pas attirer l’attention, mais dans un moment pareil, l’heure n’est plus à ce genre de considération. Je l’extirpe de mon outre où je l’avais mise et entends la voix de Sibelle. J’ai l’étrange impression que notre charmante elfe parle avec une salade de cailloux dans la bouche. J’arrive néanmoins à distinguer correctement deux mots : Naral et urgent.

(Ha ! Comment dire, on vient à peine d’arriver à Orsan. Avec cet idiot qui s’est probablement frotté à plus sournois que lui, la recherche va être compliquée.)

Durant notre ascension Trifalgin prend le temps de nous détailler les usages des étages. Les logements pour se reposer puis les appartements privés du maître de ces lieux avec une interdiction d’y pénétrer. Comme si on souhaitait visiter la chambre de quelqu’un comme lui. Ensuite vient celui que nous sommes venu chercher.

(Pardon ?)

Visiblement je ne suis pas le seul qui réagit, Kivan annonce qu’il compte voir ce qu’il en est. Si effectivement Naral, que nous sommes venus chercher est présent, je me dois d’avertir Sibelle. Nous pénétrons dans un espace garnis de cellules, toutes vides. Toutes, non ! La dernière, habitée par un elfe à la peau pâle résiste encore et toujours à la mort. L’être est brisé et semble loin des propos de chaos sanglant qu’on m’a narrés. Pourtant c’est bien Naral Sham. Sa chevelure voilette et ses yeux d’or même éteints ne trompe pas. Je me saisis rapidement de la pierre et me concentre sur Sibelle. Si les propos échangés sont peu compréhensibles, je me contente de répéter en boucle le principal :

"Naral trouvé Orsan. Naral trouvé Orsan. Naral trouvé Orsan… "

Me remémorant les propos d’Al’Sabbar, je cherche sur l’elfe et les alentours la pierre de vision du dragon mauve. Le Sans-Visage n’avait visiblement pas tord, ils peuvent tout briser ici, même les plus solides esprits.

Je fouille Naral puis sa cellule.