Episode 2 : Du Mauve et du Noir

[Gamemaster9]

Lande Noire – Alentours de la Grotte de Sombreroc.

Le puissant Dragon Noir regarda les deux appeaux au sol à ses pieds tout en écoutant d’une oreille les paroles des deux yuimeniens. Avant de leur répondre, il posa son imposante patte sur les deux petits objets, les écrasant, les réduisant en miettes sur le sol noir de la Lande. Ça sembla lui procurer un certain plaisir malsain, et il reporta ensuite son attention et ses yeux sauriens sur Sibelle et Xël.

« Ggrrrrf. Bien, vous ne mourrez pas aujourd’hui de ma main. Mais ça ne peut être que partie remise. »

Il lorgna sur la pierre de Xël.

« Nombre sont ceux qui peuvent détruire ces pierres, ici. Je le peux. L’être à vos côtés, Thensoor Val’Crooh, le peut. Nul doute que les plus puissants sorciers d’Elscar’Olth le peuvent aussi. »

Puis, vers Sibelle :

« Vous aurez été mal renseignés alors, ou avez mal compris. Ces appeaux sifflent dans les airs et tous les dragons alentours les entendent, et peuvent choisir ou non de venir. Le Dragon d’Or… N’a plus intérêt à pointer son museau brillant par ici. Il n’aurait pas dû le faire, et il le savait pertinemment. Vous pouvez voler, oui, si ça vous chante. Vous n’êtes guère une menace à mes yeux. Prenez garde, cependant à n’être pas trop appétissante : des fois, la faim me guette et j’aime chasser tout ce qui vole à ma portée… »

Dans un dernier souffle sulfureux, il déploya ses larges ailes noires et, sans un « au revoir », s’envola vers les cieux, laissant les aventuriers en vie, et avec quelques réponses en plus. Thensoor les regarda tous deux, et commenta de sa voix d’outre-tombe.

« Que s’est-il passé ici ? Quel était votre message ? J’ai juste compris l’urgence de ma venue. Je dois être au fait de la situation. Puis, quand vous serez prêts, nous nous rendrons à Elscar’Olth, où je semble être attendu ? »

[HJ : Petite phase spéciale d’interaction à trois, pendant ces deux prochaines semaines. Vous pouvez l’un et l’autre poster plusieurs réponses. J’y répondrai dès que possible, sans notation, juste avec les réponses de Thensoor. Uniquement de la discussion, donc. Entre vous deux, avec Thensoor… Quand vous serez prêts à partir pour Elscar’Olth, indiquez-le dans votre dernier RP et ça fera l’objet de ma prochaine màj majeure, le 16 février.]


Lande Noire – Tour d’Orsan.

Aux paroles vacillantes de Yurlungur, le Sans-Visage commenta brièvement :

« Détrompez-vous : même les dieux changent. »

Puis, il s’en détourna pour porter son auguste attention sur les autres aventuriers présents. Endar, en l’occurrence, qui continuait ses paroles fielleuses et revanchardes.

« Je doute que quelque discussion puisse être agréable à quiconque, en votre compagnie, Endar de Yuimen. Votre état me fait pitié. Je vais fixer ça… mais ne considérez pas cela comme un présent de ma part. Vous n’avez aucun intérêt, ici, si vous vous traînez comme un simple vers. »

Il s’approcha de l’elfe noir et apposa sa main sur ses jambes, sur son torse, sur sa gorge… Endar ne ressentit, un instant, que de la pure douleur. Ses os brisés se déplaçaient dans sa chair, se ressoudaient entre eux. Une douleur intense, immonde à supporter. Mais si son corps n’allait plus être que douleurs pour les heures et jours à venir, et sans doute bien en deçà de ses capacités normales, car il n’était pas totalement guéri, au moins pourrait-il se mouvoir par lui-même. Ses plaies étaient toujours là, mais au moins n’était-il plus brisé.

Le Sans-Visage se tourna vers la troupe.

« Je vais bientôt vous laisser à l’exploration de cette sombre tour et de ses secrets les plus obscurs. Mais avant, je veux bien répondre à vos questions, si tant est que vous en ayez pour moi. J’aimerais, pour ma part, en poser une seule : Quand vous aurez retrouvé Naral Shaam, que ferez-vous de lui ? Que ferez-vous tout court ? »

Et il attendit que le groupe réagisse…

[HJ : Petite phase spéciale d’interaction. Pendant deux semaines, vous aurez le droit de poser des questions, des réponses… bref d’interagir avec le sans-visage. Une conversation commune, ici-même, en RP. Je m’engage à répondre à vos posts au plus vite, afin que chacun puisse profiter des réponses précédentes pour poursuivre. Vous pouvez bien entendu poster plusieurs fois, et également interagir entre vous dans ceux-ci. Attention cependant, tous les RP postés de la sorte seront des dires audibles de tout le groupe ! Si vous voulez faire un aparté, c’est également possible… Mais alors vous devrez vous mettre à l’écart et ne pourrez pas participer à cette discussion-ci. A vous de choisir. Vous terminerez votre dernier post en signifiant que vous entrez dans la Tour (ou toute autre destination), le Sans-Visage se chargeant d’en ouvrir la porte sans résistance. La suite fera partie de la prochaine grosse màj, le 16/02.]


[Yurlungur : 1 (rencontre traumatisante) + une rune aléatoire pour l’introspection fort pertinente.
Xël : 0,5 (jet d’appeau, justification et question).
Ariane : 0,5 (voyage téléporté et courte interaction) + une rune aléatoire pour l’introspection.
Jorus : 0,5 (Patate !)
Kìvan : 0,5 (voyage téléporté et courte interaction)
Endar : 0,5 (voyage téléporté et courte interaction + soin de Jorus)
Sibelle : 0,5 (jet d’appeau et question).]

[Sibelle]

Le dragon aux écailles noires porta peu d’attention aux réponses de Sibelle et Xël, il semblait trop absorbé par les appeaux qui gisaient à ses pieds. Lorsqu’il écrasa sans difficulté les ravissants sifflets de sa grosse patte griffue, Sibelle cru déceler une mimique de plaisir dans le fascies de cet imposant dragon qui prenait des airs supérieurs.

Ce après quoi, il daigna répondre aux questions des deux yuimeniens. Comme Sibelle l’avait pensé, la pierre de vision pouvait être détruite non seulement par les dragons, mais également par Theensoor ou n’importe quel puissant sorcier.

Il se tourna ensuite vers Sibelle pour préciser l’effet du sifflet. Contrairement à ce qu’avait pensé la guerrière, ces appeaux n’étaient pas exclusifs à un dragon, il appelait tous les dragons aux alentours. Il précisa que le dragon d’Or n’aurait pas dû venir en ces lieux et qu’il n’y viendrait plus. Il donna ensuite l’autorisation à la guerrière de voler dans ses cieux, ne la considérant aucunement comme une menace. Il la prévint toutefois qu’elle pourrait s’avérer être une proie alléchante si elle se trouvait à sa portée lorsqu’il était affamé.
Sibelle opina de la tête comme quoi elle avait compris, un hippogriffe averti en valait deux.

Lorsqu’il considéra qu’il en avait terminé avec eux, il prit son envol sans un dernier regard, laissant les aventuriers en compagnie du sorcier.

Ce dernier prit ensuite la parole s’inquiétant de ce qui s’était passé.

Sibelle qui en voulait encore à Xël, le darda de son regard noir avant de se tourner vers Thensoor.
« Nous avons beaucoup de choses à vous raconter… tout d’abord cette grotte, » dit-elle en la pointant du doigt.

« Dans ses profondeurs, elle abrite une orbe magique qui nous pousse à la protéger coûte que coûte. C’est non loin d’un autel de fluide magique que nous avons rencontré Simaya, elle avait les yeux révulsés et nous a attaqués de toute sa puissance et nous avons tous perdus conscience. Ce sont les mages de l’archi-sorcier qui nous ont retrouvés et nous ont transportés jusqu’à leur infirmerie. Puis Xël, Sirat et Elurien d’Assamoth, l’archisorcier sont restés seuls avec Simaya. Lorsqu’il est sorti de la salle de convenance, l’archisorcier n’était plus le même, il semblait extrêmement troublé. »

Elle jeta un bref regard en direction de Xël tout en commentant.

« Xël pourra vous donner plus d’information. »

Puis elle sortit la gemme mauve qu’elle avait placée dans sa tunique et la tendit à Thensoor tout en lui demandant :

«Mais avant, j'aimerais que vous examiniez cette pierre. En cherchant l’appeau, je l'ai trouvée dans mon sac. Je ne sais pas qui l’a mis là, mais ça m’importe peu. Je m’intéresse plutôt à savoir sa valeur, son pouvoir ou bien sa dangerosité. »

[Xël]

Sibelle se montre bien plus protocolaire que moi. Comme si elle était face à un roi ou un dieu. Elle s’avance de quelques pas, baisse la tête, met un genou au sol et finalement pose l’appeau au sol avant de s’éloigner. Je suis étonné par autant de manière mais je n’en fais pas de remarques. Après mes questions, la guerrière prend la parole pour s’excuser et donnant les raisons de sa présence. Aider le conseil d’Or et les habitants d’Aliaénon. Elle marque une courte pause avant de lui faire une demande qui me fait sourire. Demander une permission pour voler.

Avant de déclarer le moindre mot, le dragon écrase d’une patte nos sifflets. Il accepte de nous laisser en vie malgré une menace à demi-dissimulée. Pourquoi je ne suis pas impressionné ? Je devrais pourtant. Le souvenir du souffle me revient encore en tête. Pourtant ce dragon ne me fait pas peur. Il m’intimide tout au plus comme n’importe quel lézard volant géant capable de cracher du feu le devrait. Mais je ne le crains pas. Je n’ai pas peur de l’affronter, pas plus que d’affronter un jour le dragon rose si il retente de nous manipuler ou de s’en prendre à nouveau à des innocents. Ma dernière ombre d’inquiétude qui habitait mon regard se change en lueur de détermination.

Il lorgne sur ma pierre en avouant qu’il est tout à fait capable de la détruire de même que Thensoor ou n’importe quel sorcier puissant d’Escar’Olth. Intéressant, un sorcier l’ayant aperçu là-bas aurait très bien pu s’en prendre à lui dans ce cas. Combien pouvait-il y avoir de sorciers puissant dans cette cité où la magie est si présente qu’elle en bourdonne.
Il répond ensuite à Sibelle en lui expliquant le fonctionnement des appeaux avant d’accorder la permission de vol à l’elfe. Il la met toutefois en garde de ne pas être trop appétissante. Il déploie alors ses ailes, soulevant un nuage de poussière qui me force à protéger mes yeux d’un avant-bras. Il disparaît dans les cieux en un battement d’aile.

Thensoor se tourne vers nous et nous demande des explications. Je lui adresse un sourire, ainsi qu’a Sibelle qui darde vers moi un regard plein de reproches. La guerrière prend d’ailleurs la parole et commence par raconter notre découverte de l’orbe dans la grotte et ce qu’il s’y est passé avec Simaya de la caverne à l’infirmerie. Quand elle affirme que je pourrais donner plus d’informations je me contente d’hocher la tête pour la laisser poursuivre avec la question qu’elle pose à propos d’une gemme qu’elle a trouvé dans sa poche. Je m’exprime alors, d’abord à Thensoor.

" Elurien a permis à moi et Sirat de, en quelque sorte, rentrer dans l’esprit de Simaya pour qu’elle puisse nous parler. "

Je lui décris ce que j’y ai vécu. La pulsation qui a semblé frapper mon esprit. La présence de Finarfin qui m’a fait don de son pouvoir. La sensation de partager les mêmes sentiments que le mage Esserothéen envers Simaya, l’impression qu’il s’effaçait petit à petit. Puis la voix de Sim’ et ses consignes claires. Retrouver Naral et le mener à Escar’Olth. Empêcher le Sans-Visage d’approcher Simaya.

" Je devais aussi vous emmener la voir. D’où mes appels répétés. Elle a aussi cité une liste de noms. "

Je me gratte la tempe en réfléchissant, m’assurant de tous les retrouver.

" Gregan, Naral, le Sans Visage et le vôtre, Thensoor. J’ignore le lien qu’il y a entre. J’espérais que vous pourriez m’aider à le trouver. "

Je me tourne ensuite vers Sibelle avec un large sourire.

" Ne me jette pas ce regard. Nous voulions voir le dragon et obtenir des réponses. C’est chose faite ! "

[Ariane]

A ma question inquiète, Jorus tourne son visage d’éphèbe vers moi et lance haut et fort un mot qui n’a que faire dans notre contexte. Patate. Que vient faire ce tubercule dans la conversation ? Yurlungur a l’air indemne et je ne sais pas comment le sieur Kayne s’est blessé, peut-être que sa tête a également reçu un coup. C’est la seule explication rationnelle à son exclamation, à moins que ce ne soit une expression dans sa contrée, quelqu’elle soit.

Cette idée se confirme lorsqu’il se met à gesticuler sur place en me noyant d’un flot de paroles sans queue ni tête… ou presque. Il ressort de son monologue qu’il me prend pour un légume. Ma main droite se lève légèrement, prête à gifler Jorus. Pas que je prenne mal son discours mais pour arrêter le début visible d’une crise d’hystérie.
Mais il s’arrête par lui même, s’excuse et accepte mon aide. Je l’observe d’un visage de marbre, mettant sa tirade sur le compte de la fatigue, que ce soit les appellations agricoles ou les compliments mal formulés. Al-Ayrad qui s'est légèrement crispé en sentant mes émotions partagées devant le comportement du jeune homme, se détend et s'allonge près de nous.

"Je crois que vous feriez bien de vous asseoir messire Kayne et boire un peu d’eau si vous en avez, sinon prenez ma gourde."

Je pose une main sur son épaule le forçant à se poser sur le sol, puis farfouille ma besace pour en sortir ma gourde et les restes de la tunique dont j’ai déjà utilisé une partie pour maintenir les attelles d’Endar. Par des gestes rapides et précis, habituée à ce genre de premiers soins, je déchire les vêtements de Jorus là où se trouvent des plaies et les asperge d’eau afin de retirer toute impureté. Sur son torse ce n’est qu’une égratignure, les autres doivent être bandées voire recousue pour celle de son bras gauche. Lorsque je suis sûre qu’elles sont propres, je bande les légères blessures de sa jambe gauche et de son bras droit. Assez serré pour interrompre le flot de sang, pas trop pour ne pas empêcher sa circulation. Sur la dernière je pose juste un tissu pour arrêter l’hémorragie et y place d’autorité la main de Jorus pour qu’il maintienne la pression.

Alors que je m’active, Kìvan s’est approché de nous trois, il prend la parole pour formuler ce que je pensais inconsciemment. Nous avons presque tous besoin de repos.

"Je ne refuserais pas quelques heures de sommeil et je crois que messire Kayne a également besoin de reprendre ses esprits. Mais est-ce bien sage de nous reposer au pied de cette sombre tour ?"

Je ne réponds pas à ces plans concernant la personne d’Endar. Je ne sais pas encore ce que nous pouvons faire et préfère pour l’instant me concentrer sur Jorus. Ma propre question reste également en suspens et j’entends la voix de l’elfe noir s’adresser à nous. Il parle de cette fameuse gourde qu’il a d’abord refusé mais qui a finalement grandement amélioré son état. Sans un mot, je me relève pour marcher vers la litière et sort la gourde du sac du Shaakt tandis que celui-ci continue de parler. Le mot cruel résonne dans mes oreilles, me confortant dans l’idée qu’il est bien un adepte de Thimoros et que seule la souffrance des autres l’intéresse, à moins qu’elle desserve ses plans. Le reste n’est que le résumé de ce que tout le monde doit être en train de penser. Le Shaakt est-il un poids mort dont il faut se débarrasser ? Quelqu’un voudra-t-il rester à ses côtés ? Devons-nous trouver un corps pour le sauver ? Mais quel type de corps ? Il est hors de question que je sacrifie la vie d’une personne pour en sauver une autre… Encore moins celle d’un fervent de ce maudit dieu.

"Merci pour la gourde Endar. Quant à quoi faire à votre sujet, nous allons en discuter mais, comme vous vous en doutez peut-être, vos premières options ne sont pas pour moi des solutions. Si vous devez rester en dehors de la tour pendant que le reste du groupe l’explore, quelqu’un restera à vos côtés."

Mon point de vue est émis, je ne me suis pas lancée à travers la Lande Noire en direction d’Elscar’Olth pour maintenant juste terminer la vie du Shaakt, pas plus que je ne le laisserai ici sans défense.

Je reviens près de Jorus et dépose la gourde de l’elfe noir à ses pieds, c’est à lui de décider s’il souhaite en boire son contenu. Sachant que Kìvan m’a vu traiter les blessures les plus simples du jeune homme, je me tourne vers lui.

"Kìvan, si vous pensez pouvoir faire quelque chose pour le bras gauche du sieur Kayne. J’ai bien du fil et une aiguille, mais je reprise habituellement mes vêtements avec."

J’en suis à me demander si je peux tenter de recoudre la peau de Jorus comme je répare une déchirure dans ma tunique lorsque le Marcheur de Mort s’adresse de nouveau à nous tous, réglant en un tour de main l’un de nos soucis. Comme il y a quelques minutes à peine il nous annonçait pouvoir nous transporter à Orsan, il se propose maintenant de régler l’état d’Endar et se met aussitôt au travail. Ma bouche s’entrouvre sur une exclamation silencieuse et mes yeux s’arrondissent de surprise. Sous les mains de l’Unique, je vois les étranges angles des membres du Shaakt se remettre petit à petit en place. Puis comme si cela ne lui avait demandé aucun effort, il se tourne vers nous pour reprendre la conversation, proposant une séance de question-réponse le plus naturellement du monde.

Alors que Kìvan n’a rien pu faire, le Sans-Visage vient en quelques instants de réparer des dizaines de fractures. S’il n’est pas une divinité, il est sans aucun doute un mage très puissant, capable de maîtriser ces forces inconnues sur cette terre où j’ai cru comprendre que cela était quasiment impossible. Je tourne la tête vers mes bandages et le bout de tissu que tient toujours Jorus, maintenant rouge de son sang. Je me racle la gorge et prend la parole, transmettant à Al-Ayrad toujours prêt de Jorus ce que j'énonce à voix haute.

"Seigneur... Vâkkar Ti." Dis-je après un moment d’hésitation, n’étant pas sûre de l’appellation à utiliser et ne voulant pas offenser l’être. J’opte pour Vâkkar Ti, trouvant que cela sonne le plus comme un nom, en espérant que ces mots ne sont pas une insulte dans une langue quelconque. "Je me dois tout d’abord de répondre à la proposition que vous m’avez faite plus tôt. Si nous désirons rentrer sur Yuimen, je me suis en quelque sorte engagée auprès de ce groupe." Mon regard se porte sur la jeune Yurlungur, la seule à qui j’ai vraiment dit que je l’accompagnerai. "Je vais respecter mon engagement et les aider à retrouver Naral Shaam, même si je ne sais pas encore pourquoi ils le recherchent, ni ce qu’ils comptent faire."

Mon regard parcourt l’ensemble des membres présents, mes dernières paroles sont une question non formulée à leur encontre. Quel est le but de leur mission ?

"Nous manquons probablement la façon la plus aisée de retrouver notre monde, car vous nous avez montré ce dont vous étiez capable. Pour ce dernier voyage, je vous remercie et suis votre obligée." J’incline légèrement la tête pour appuyer ma déclaration, puis tourne la tête vers Jorus, de nouveau hésitante. "Serait-ce trop vous demander de prendre soin des quelques blessures du sieur Kayne ? Elles ne sont rien en comparaison de ce qu’a subi Endar…"

Espérant que Vâkkar Ti ne vas pas croire que je le prends pour un guérisseur ambulant, je me tiens droite face à lui. Après tout si quelques minutes lui ont été nécessaire pour réparer un squelette entier, il doit bien pouvoir refermer quelques plaies en un clignement d’œil. Je jette le mien d’œil à Endar encore attaché sur la litière, il faut que je pense à récupèrer ma corde, mes flèches et les bandelettes de tissu.

[Gamemaster9]

Lande Noire – Grotte de Sombreroc.

Thensoor écoute Xël et Sibelle et répond aux deux :

« Ce sont des événements bien curieux que vous me décrivez là. Un orbe magique enterré, une liste de nom, un autel, de la possession… Tout est fort mêlé. Et cette liste de nom… Les quatre que vous avez cité ont un lien avec la Lande Noire, j’imagine. Je ne vois guère d’autre lien évident. Tous mâles ? Je doute que ça ait de l’intérêt. Vous avez noté un malaise d’Elurien d’Assamoth. Lui pourra peut-être davantage nous renseigner, j’imagine. Étaient-ce les seuls noms de la liste ? Vous a-t-elle dit autre chose ? »

Il s’empara de la gemme mauve de Sibelle et la scruta de ses orbites vides.

« Sans matériel ni temps, c’est difficile à dire. Elle est magique, indéniablement, et riche d’une sombre puissance. Là encore, sans doute aurez-vous plus de réponse à ElscarOlth. Pensez-vous qu’elle est liée à cette Lande ? Je n’en ai jamais vue de pareille. »

Lande Noire – Tour d’Orsan.

Le Sans-Visage incline la tête aux dires d’Ariane, puis répond à sa question.

« C’est une demande que je comprends, mais à laquelle je ne vais pas accéder. Je gage que la potion que lui a donnée l’elfe noir saura le guérir. Je n’ai guère soigné les blessures d’Endar : je n’ai fait que violemment ressouder ses ossements. Sans soins approprié, il restera difforme et perclus de douleur pour la vie. Je ne suis guère connu pour être un soigneur… »

[Yurlungur]

...

La voix du Sans-Visage résonna à nouveau, exprimant sa propre mouvance au cours des âges. Lentement, l'aura de terreur qui l'accompagnait commençait à s'affadir, à perdre ce caractère absolu qui avait tant impressionné la jeune fille. Lui aussi changeait, lui aussi évoluait : il s'éloignait de cette idéal de constance éternelle et inhumaine qui prévaut chez les entités échappant à la compréhension humaine. S'il y gagnait en humanité, il y perdait en revanche en prestance divine qui ne lui provenait plus de son immortalité, l'éloignement terrible qu'il y avait entre lui et un mortel, l'imperturbabilité des âges qui devait enserrer son cœur dans une affreuse prison d'immuabilité, mais de sa seule puissance...

Elle perçut dans son dos Jorus répéter à plusieurs reprises le signe convenu, sans comprendre tout à fait sous quel prétexte, encore captivée par l'image du dieu, sa longue lame noire et son non-visage. Il semblait au moins en pleine possession de ses moyens, mais elle ne fuirait pas – c'était absolument inutile. Peu à peu, si ses sens restaient confus, sa raison lui revenait : l'arrivée d'Ariane, d'Al-Ayrad et des deux elfes, en un instant, ne pouvait s'être produit que par une sorte de téléportation quasi-instantanée. Elle se répétait cette certitude à la fois épouvantable et à moitié rassurante, qu'il les aurait déjà anéantis si c'était ce qu'il désirait. Leur seule survie jusqu'à ce point signifiait donc que son objectif n'était guère autre que de les... aider ? Mais Naral Shaam n'était-il pas son ennemi ?

Endar prit alors la parole, s'adressant au Sans-Visage comme à un vulgaire rival ; Yurlungur en frémit. Cet elfe, véritablement, était inconscient : l'affrontement contre le golem de magma l'avait brillamment montré, et cette altercation ne faisait que renforcer ses pires craintes. L'ego de cet être était immense, son désir de puissance insatiable : le garder avec eux était au mieux une voie directe vers leur mort à tous, au pire une façon de donner au Shaakt les moyens d'acquérir ce pouvoir qu'il désirait tant. Parvenant à détacher son regard du trou béant au milieu de la face du Sans-Visage, elle vint considérer l'elfe noir avec un mélange d'inquiétude et de dégoût.

Encore allongé au sol, il en vint à leur expliquer qu'il chercherait dans cette Tour un nouveau corps, cherchant à les convaincre de l'aider dans ce sens par des procédés rhétoriques extrêmement rustiques. Il agitait avec l'audace d'un gosse la menace d'adversaires encore plus terribles que celui qu'ils avaient rencontré sur le chemin, tout en proposant en guise de carotte son soutien indéfectible s'il parvenait à ses fins grâce à eux. Yurlungur plissa les yeux et lança un rapide coup d'œil sur les différents membres. Ils n'avaient visiblement pas atteint Elscar'Olth et Endar restait blessé : la raison, contrairement à ce qu'il désirait lui-même, recommandait de le laisser à l'entrée, éventuellement avec Kívan, comme pour éviter qu'ils ne forment des cibles trop faciles.

Mais ce fut à ce moment précis que le Sans-Visage s'avança vers l'elfe et, se fendant d'une considération acerbe sur sa verve et son état, entreprit de soigner le Shaakt de ses blessures internes. Sous la peau de ce dernier, les chairs semblèrent se mouvoir et les os se déplacer, comme des souris sous un voile de soie. Le cœur de la jeune fille s'emplit à nouveau de terreur devant ce spectacle dément de magie pure qui se déroulait sous ses yeux : observant le corps d'Endar reprendre une forme normale, elle fit deux pas en arrière et chuta en arrière, sans pour autant quitter des yeux le prodige.

Lorsqu'il eut achevé, son attention désormais rivée sur le dieu, la jeune fille se releva rapidement. Elle avait dépassé le premier stade d'éblouissement qui succède à la rencontre d'un être divin, mais conservait une forme de peur, de respect ou d'égarement spirituel face à un être qui la dominait sur tant de points, sans pour autant se départir d'une volonté tenace et profonde de s'en tenir à distance, de reprendre le contrôle sur ses pensées et ses émotions, pour juger l'être qui avait régné sur Aliaénon sur toute sa puissance pendant les longs siècles qui avaient précédé la venue des Sauveurs.

Il leur offrit une chance immense : celle d'interroger un dieu. Pour sa part, en guise d'échange, il ne demandait qu'une réponse à la question qui l'intéressait – le sort de Naral. Il n'était pas si neutre finalement et il était prévisible qu'il comptait passer par eux pour décider du sort du dragon mauve ; pour autant, la jeune fille ne savait que penser de tout cela.

Elle était tout de même originellement venue sur ce monde afin d'abattre ce dieu, bien que l'idée lui avait alors paru aussi incongrue qu'inaccessible à présent. Mais elle s'était rendue à Arothiir afin d'enquêter sur le culte du Sans-Visage là-bas, avant de se mettre au service de la Trinité, qui, justement, passaient pour être les instigatrices de ce même culte. Si elle avait réussi à éluder toutes les questions, de Sirat comme d'Endar, à propos de son allégeance dans la guerre contre le Sans-Visage, il était à présent temps de se décider pour l'un des camps.

Ariane, la première, s'adressa au dieu, refusant sa proposition, antérieure à leur téléportation, de rentrer sur Yuimen. Elle s'était engagée, selon ses propres dires, adressant à ces mots un regard de soutien à Yurlungur : cette dernière, le croisant, répondit par un sourire triste, mais ô combien reconnaissant. Elle doutait à vrai dire qu'Ariane ait réellement promis une telle chose – depuis leur rencontre, l'objectif de la dresseuse au lion n'avait jamais été que de rentrer chez elle. Peut-être n'était-ce pas directement pour elle, mais Yurlungur se sentait touchée par cette marque, et admirait elle-même le code d'honneur qu'Ariane s'efforçait de suivre, abandonnant ses propres désirs au profit d'une cause autre à laquelle elle n'était liée que par des mots.

Elle expliqua ne pas savoir encore que faire une fois qu'ils l'auraient trouvé, préférant s'en remettre à l'avis du reste du groupe qu'elle avait rejoint. En retour, elle demandait, avec toute la politesse nécessaire, s'il était possible pour Vâkkar-Ti, comme elle l'appelait, de soigner Jorus également, chose à quoi il répondit par la négative. Il avait agi avec brutalité sur Endar, mais ce n'était pas son rôle originel et c'était un soin grossier.

Les pensées de Yurlungur s'étaient peu à peu remises en place et elle fit à son tour un pas en avant, attirant l'attention du dieu sur elle. À nouveau, ce trou béant introduit un malaise désagréable dans son âme, la volonté indistincte de fuir, fuir très loin, tout en sachant que c'était tout à fait inutile, la sensation dérangeante d'être piégée entre des forces incontrôlables et dont la puissance pourrait déchirer l'univers et broyer des vies humaines. Mais elle releva le front et, assumant avec une fierté téméraire sa réponse, reprit d'une voix légèrement moins tremblante, quoique toujours agitée :

« Je répondrai à votre question par une autre. »

Elle prit une grande inspiration. Tout cela n'était fondé que sur des hypothèses, et en même temps... Perdait-elle réellement quelque chose à essayer ?

« Si je ne me trompe pas, vous connaissez déjà trois de mes amies, loin au nord... J'ai une totale confiance en leur jugement. À votre avis, si jamais je trouvais dans cette Tour le dragon mauve, quel serait leur avis sur la marche à suivre ? »

Elle s'était arrangée pour ne pas donner trop d'informations sur l'identité de ces “amies” - a priori, pour tout le reste du groupe, leur nombre comme leur sexe devaient être encore mystérieux. Mais le Sans-Visage devrait comprendre l'allusion, du moins elle l'espérait... Elle se rendit compte qu'elle se tenait les doigts entremêlés, crispés les uns sur les autres, et les relâcha aussitôt pour se redresser encore un peu, essayant de soutenir le regard mortel d'un dieu. Son expression cachait mal une inquiétude profonde – et si elle s'était trompée ? Mais Naral lui-même lui avait indiqué que la Trinité conservait des liens étroits avec le Sans-Visage, et il lui paraissait probable que ce dernier sache, de ce fait, un peu mieux les intentions des trois sœurs qu'elle, à mille lieues de ses reines et d'Arsok. Quant à savoir s'il mentirait ou non...

...

[Sibelle]

Lorsque Sibelle eut résumé les faits et présenté la pierre mystérieuse à Thensoor, Xël prit le relai. Il expliqua qu’Eulerien leur avait permis de pénétrer l’esprit de Simaya afin qu’elle puisse communiquer avec eux. Il expliqua alors sa propre expérience personnelle. Les yeux plissés par la concentration, Sibelle écoutait attentivement. Il dévoila alors que Finarfin lui avait fait don de son pouvoir et qu’il avait la sensation de partager les mêmes sentiments que ce mage envers Simaya. Et son expérience extra-sensorielle s’était terminé par un message. Celui de retrouver Naral pour le mener à Escar’Olth, d’empêcher le Sans-Visage d’approcher Simaya et emmener Thensoor vers Simaya. Et puis il a fait part d’une liste que Simaya aurait cité. Parmi cette liste se trouvait Naral, le sans visage, Thensoor et un dernier nommé Gregan que Sibelle ne connaissait pas. Ayant terminé à son tour, il se tourna vers Sibelle et tout en lui souriant, il lui reprocha le regard noir qu’elle lui avait jeté, précisant qu’ils avaient obtenus ce qu’ils voulaient.

Avant que Sibelle n’eut le temps, ni l’envie de riposter, Thensoor qui avait bien écouté les deux aventuriers leur répondit. Il considérait les événements bien mystérieux. Il cherchait lui-même un lien entre ces noms et ne voyait que le fait que ce soit tous des mâles sans y voir l’intérêt. Devant le malaise qu’avait éprouvé Elurien, il en déduisit qu’il serait le seul à pouvoir l’expliquer. Il scruta ensuite la gemme mauve, mais ne put donner beaucoup d’informations. Il confirma qu’il s’agissait d’une pierre magique riche d’une sombre puissance. Sibelle ne put répondre à l’interrogation du sorcier quant à l’origine de cette gemme, puisqu’elle ne savait pas depuis combien de temps elle gisait dans son sac.

Sibelle récupéra son gemme et le rangea dans son sac, en attendant d’en savoir davantage. Puis, levant son regard vers Xël, elle s'approcha de lui, ne laissant que quelques pouces entre eux. Et tout en le regardant droit dans les yeux, elle s’exprima d'un ton ferme réflétant une colère très bien retenue et ce, sans hausser la voix :

« Le dragon est venu et a répondu à nos questions, tu as raison sur ce point. Mais si Thensoor n'était pas intervenu, nous ne serions plus que deux petits tas de cendres supplémentaires sur ces terres désertes. »

Ce à quoi, le mage conservant son attitude décontracté conserva son sourire tout en lui disant qu’ils avaient alors été très chanceux.

(Chanceux !... )

Le visage d’abord contracté de Sibelle se détendit. Elle devait l’admettre, ils s’en étaient sortie indemne. Et puis, probablement dû à la proximité d’une magie puissante, elle avait acquise une capacité de transformation qui exauçait son rêve le plus fou. Juste à l’idée qu’elle pourrait voler de nouveau suffit à faire calmer une bonne partie de sa colère.

Sibelle décida donc d’oublier cet incident et se concentra sur la liste de Simaya. Elle se répéta sans cesse, tout bas, les quatre noms de la liste avant de s’arrêter net. Elle avait peut-être trouvé une piste. Et tout en s’adressant aux deux hommes, elle proposa :

« Et si il n’y a pas de lien entre ces quatre personnes. Ou plutôt, si ce qui les unit, c’est tout simplement Simaya. Peut-être avait-elle établi un lien particulier, privilégié avec chacun d’eux sans pour autant que ce soit le même. Parmi les quatre noms de la liste, il y avait peut-être, son guide, son maître, un parent, un compagnon d’armes ou même un amant ? »

[Kívan]

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Après ma rapide intervention, j’observe Ariane finalement panser les blessures de Jorus elle-même. Je préfère dans ce cas la laisser faire car elle semble tout à fait à l’aise avec les premiers soins. Du coin de l’œil, j’analyse la blessure au bras gauche du jeune humain et identifie le fait que celle-ci semble assez profonde. Il faudra sûrement plus que quelques bandes de tissu pour la soigner efficacement. Ne préférant pour le moment pas retenter d’utiliser mes fluides, je reste sur le côté, observant silencieusement les geste précis de l’humaine.

Endar s’adresse à nous, proposant d’utiliser à nouveau la gourde qui contient je ne sais quel breuvage, visiblement assez efficace pour rétablir l’état de santé du shaakt précédemment. Je dévisage à nouveau le jeune homme et, hormis quelques interventions récentes étranges, celui-ci semble être raisonnablement conscient pour utiliser la gourde de son plein gré, s’exposant par la même occasion au risque d’être redevable à l’elfe noir. Je me mords moi-même les lèvres, regrettant régulièrement mon association non souhaitée avec ce serviteur du Dieu Noir. Le reste des paroles d’Endar n’est que cohérent avec sa personnalité et il nous menace ainsi Ariane et moi-même, nous déclarant qu’il ne reculera devant rien pour récupérer ce que le Sans-Visage lui a promis, à savoir un corps d’une des expérimentations de Vallel que nous pourrions trouver à la Tour d’Orsan qui se trouve désormais face à nous.

La suite de son discours fait écho à mes questions posées aux membres valides du groupe : qu’allons nous faire de lui ? Il nous déclare, et je ne peux le lui reprocher, qu’il sera plus utile debout et à nos côtés. Après avoir évaluer rapidement notre groupe, il est vrai que nous faisons pour le moment peine à voir. Seules les deux femmes et le fauve sont pour le moment aptes à se défendre efficacement, Endar est brisé et alité, Jorus est blessé et délirant, et je ne suis moi-même tout simplement qu’un poids mort pour le reste du groupe tant que je n’aurais pas trouver de moyen efficace pour contrôler les effets aléatoires de l’utilisation des fluides élémentaires sur ce monde.

Je vois finalement Ariane se lever et se déplacer en direction des affaires du shaakt, et en extraire la fameuse gourde avant de la tendre à Jorus, lui indiquant par la même occasion que c’est à lui de faire son choix. La jeune femme se tourne alors vers moi, m’indiquant qu’elle a fait le maximum de son côté, me tendant son nécessaire à couture. Nous sommes interrompus par le Sans-Visage, qui, visiblement agacé par les paroles d’Endar, décide d’intervenir concernant l’état du shaakt. S’approchant du mourant, l’entité posa sa main libre sur les parties du corps brisées de l’elfe noir, qui parurent se ressouder, les membres de l’elfe noir récupérant des positions plus naturelles. Si les blessures superficielles sont toujours présentes, au moins les plus internes sont désormais soignées. L’être se tourne alors vers le reste du groupe acceptant de répondre à nos questions sur ce monde si nous répondons dans un premier temps à la sienne : que comptons-nous faire de Naral Shaam une fois celui-ci retrouvé ?

Je me retourne dans un premier temps vers Ariane pour répondre à sa demande.

« Je peux tenter de soigner les blessures de Jorus en utilisant mes fluides. Mais celui-ci devra d’abord me confirmer ceci… Il semblait opposé à l’utilisation de la magie, et je ne peux prendre cette décision à sa place… De plus la potion proposée par Endar semble plus sûre en ce monde pour le moment. »

Je me tourne ensuite vers le Sans-Visage, essayant de garder le plus d’aplomb possible quand je lui adresse la parole.

« Pour répondre à votre question, ma mission est de retrouver Naral Shaam pour la milice d’Oranan, sur Yuimen. Ne connaissant pas cette personne, n’ayant pas rencontré le Conseil d’Or et ma présence ici étant la première sur ce monde, je laisserai les personnes compétentes sur Aliaénon décider de ce qu’il adviendra de lui, car je considérerai que mon rôle sur ce monde aura été accompli. Et alors, je repartirai d’où je viens. Cette réponse n’engage que moi. »

Je marque une pause ne sachant pas comment pas cette réponse sera perçue par mon interlocuteur. Je préfère jouer la carte de l’honnêteté, répondant ouvertement à sa question concernant ma venue officielle. Mes raisons officieuses ne concernent que moi et ne m’ont, pour le moment, apporté aucune réponse utile.

« Suite à votre proposition, j’ai moi aussi quelques questions pour vous. Pourquoi ne pouvez-vous pas entrer dans cette tour ? Et surtout, comment faites-vous pour contrôler vos fluides en ce monde ? Les miens ne réagissent pas selon mes attentes depuis mon arrivée sur Aliaénon, que ce soit dans la grotte où j’ai atterri ou à Elscar’Olth… Pourtant la magie semble être praticable ici, comme j’ai pu en voir plusieurs manifestations et comme vous venez encore de le démontrer. Mon manque de contrôle sur ma magie est devenu un obstacle ici, pour moi, pour les autres, et pour la réussite de notre mission… »

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[Jorus Kayne]

Peut-être est-ce mon attitude grotesque que Kivan se joint à notre groupe, mais cela à l’avantage de détourner légèrement la conversation. Il propose un temps de repos qui me fera un grand bien et nous laissera le temps de réfléchir à ce que nous ferons de l’elfe noir. Son état est problématique et nécessitera de mobiliser une autre personne pour veiller sur lui, à moins qu’il insinue que l’un de nous reste pour l’empêcher d’être un danger comme employer sa magie.

C’est justement ce moment que choisi Endar pour se manifester. Bien qu’il se trouve dans un état physique qui rendrait un duel contre un vulgaire rat à l’avantage du rongeur, il se permet de menacer le sans-visage en déclarant qu’il venait de se faire un ennemi en refusant de lui porter assistance.

(S’il était dans un cachot d’Eniod sans eau ni vivre et que par chance un garde accepterait de le nourrir, il serait capable de se plaindre de l’absence d’assaisonnement dans le plat !)

Etrangement la suite me concerne. J’ignore si c’est en rapport avec la conversation que l’on a eue tous les deux, ou alors bien que j’ai accouru pour lui venir en aide après l’exploit qui l’a rendu ainsi, mais il me propose sa gourde dans laquelle se trouve une potion permettant de guérir ma plaie. Il enchaîne avec son désir d’entrer dans la tour en évoquant son utilité contre la bête de lave et le danger plus grand encore dans la tour. Après réflexion, de son don de potion se soin il cherche peut-être à nous amadouer tout simplement. Selon lui il existe un corps à l’intérieur qui lui permettra de se battre contre les adversaires qui résident à Orsan.

Le sans-visage le laisse rien paraître de ses émotions. En même temps sans expression faciale ce n’est guère difficile. Il doit être assez fort pour les jeux de bluff dans les réunions entre dieux. Malgré le dédain flagrant qu’il laisse entendre en répondant au Shaakt, il vient à lui et appose ses mains sur le corps meurtrie. Une vive douleur s’empare de l’elfe noir tandis que les angles techniquement impossibles de ses membres reprennent une forme plus agréable à la vue. A sa place j’aurais laissé parler mon pied avec son ventre après son attitude ingrate, mais la divinité se tourne vers nous. Il se doute que nous allons entrer dans la tour et que nous recherchons Naral, cependant il souhaite savoir ce que nous ferons de lui.

A mes côtés Ariane semble quelque peu interloqué de mon attitude. Je la vois tendre le bras et l’espace d’une seconde j’ai l’impression que sa main m’est destinée. Elle m’encourage à m’asseoir et prendre un peu d’eau pour me désaltérer et peut-être aussi me calmer l’esprit. Elle semble d’accord à la proposition de Kivan de se reposer, même si la proximité de la tour peut rendre la chose dangereuse. Pour ma part j’ajoute aussi le côté angoissant de la demeure mais je préfère le garder pour moi. Concernant Endar, elle semble d’avis de le laisser dehors et n’apparaît pas le moins du monde intéressée par les désirs du Shaakt. Actuellement son intérêt est plus orienté sur ma plaie qu’elle peut recoudre et les capacités magiques de Kivan pour me soigner. Elle s’en retourne vers le dieu ailé et répond, à une proposition posée plus tôt, qu’elle souhaite rester sur Aliaénon pour nous porter assistance dans notre tâche au lieu de s’en retourner sur Yuimen. L’idée de rentrer dans un lieu plus sûr fait luire mes yeux d’une lueur d’espoir, mais avec la dépense d’énergie autour de moi je me sentirais mal à vouloir les abandonner. Et puis il y a Yurlungur. Réduirais-je le temps que nous avons passé ensemble à fuir à la première occasion ? Je sors de mes pensées lorsque la dompteuse de lion demande à la déité de restaurer mes plaies comme elle l’a fait pour le Shaakt.

(Ha non hein ! Si c’est pour qu’on m’entende miauler jusqu’à Elscar’Olth je préfère m’en passer !)

J’ai dans l’idée que le dieu semble être capable de lire dans les pensées car il refuse de suivre la requête d’Arianne. Selon lui, la potion de l’elfe noir sera amplement suffisante pour guérir ma plaie. Yurlungur elle reprend la discussion avec le sans-visage. Elle évoque trois de ses amies au nord et demande au dieu comment ses dernières agiraient vis-à-vis de Naral. Encore une fois, elle ne parle avec la divinité que de choses qu’ils comprennent tous deux.

Auprès de moi Kivan s’intéresse à mes blessures et propose d’user de sa magie pour me guérir. Je n’ai pas le temps de répondre qu’il attend mon consentement pour agir sachant ma réticence à la magie. Voilà bien un homme sensé ! Il évoque la mission que lui a confiée la milice d’Oranan pour retrouver Naral. N’étant pas passé par le conseil d’Or, il ignore que nous devons ramener y cet elfe après avoir retrouvé sa trace. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle il laisse le soin à ceux ayant rencontré le conseil pour décider à sa place. Avant de laisser la parole au sans-visage il lui demande comment ce dernier est capable d’user de sa magie sans rencontrer de problème et pourquoi il semble ne pas pouvoir entrer dans la tour.

(A la première question je dirais que c’est un dieu et qu’il fait ce qu’il peut, à savoir tout ce qui lui passe par la tête !)

De mon côté je m’assoie me dois de remercier Arianne et Kivan pour l’attention qu’ils me portent. Nous n’avons guère passé de temps ensemble et pourtant ils agissent en protecteurs envers moi.

"Merci à tous les deux de vouloir m’aider. Bien que j’apprécie vos aides, je vais opter pour la gourde. J’ai vu assez de trucs pointus frôlant mon corps et sachant l’instabilité de la magie, je n’ai guère envie de prendre le risque de devoir manger par le cul ou de me faire pousser des jambes supplémentaires juste pour quelques blessures."

(Tiens ça me rappelle une histoire marrante à propos d’un nain à neuf jambes !)

(Merci Ysolde mais c’est pas vraiment le moment là !)

Je prends la gourde que l’on me tend et oriente mon regard vers la tête à trou. Moi aussi j’ai des questions qui nécessitent des réponses.

"Pour vous répondre, nos instructions sont de retrouver Naral et de le ramener de gré, mais vu le caractère du personnage il faudra certainement employer la force. Il faut dire qu’il ne semble penser qu’à votre personne. J’ai d’ailleurs quelque peu entendu parler de vous. Cependant je ne suis pas hommes à me faire un avis par le biais d’une seule conversation. J’ai deux questions qui me brûlent les lèvres. Selon vous pourquoi Naral cherche à vous détruire et surtout comment compte-t-il vous tuer ? "

J’ouvre la gourde du Shaakt et la bois d'une traite, espérant ne pas y trouver un arrière-goût de sang de vierge.

"Sur ce, santé !"

Bois la potion d'Endar.

[Gamemaster9]

Lande Noire – Grotte de Sombreroc.

Thensoor ne réagit qu’aux dernières paroles de Sibelle.

« Je doute qu’elle ait ne fut-ce qu’une idée de qui est Gregan. J’ai été son maître, et ses relations avec Naral sont celles que vous connaissez. J’ignore ses liens avec le Sans-Visage. C’est en tout cas une question à fouiller, tout ça est plus qu’étrange. »

Lande Noire – Tour d’Orsan.

Le Sans-Visage se tourna d’abord vers Yurlungur pour lui répondre en personne.

« Il ne m’appartient pas de parler en le nom de personnes dont je ne connais l’avis précis sur la question, fussent-elles des amies. Le fait est qu’elles ne sont pas là, et vous si. Mais je gage qu’elles ne suivraient pas un plan fixe et rigide. Sans doute attendraient-elles d’en savoir plus pour… décider. Vous aussi êtes apte à décider, n’est-ce pas ? »

Il se tourna ensuite vers Kivan, qui avait été plus prolixe.

« Votre mission s’arrête-t-elle donc à sa découverte ? N’attendent-ils pas que vous le rameniez ? Et qui sont ces personnes compétentes dont vous parlez ? Le Conseil d’Or ? Elurien d’Assamoth ? Moi-même ? Dépendamment de ces personnes, l’avenir de ce Dragon Mauve pourrait drastiquement changer, ne croyez-vous pas ? Mais peut-être dans vos mots ne dois-je comprendre que vous n’êtes qu’un mercenaire désintéressé de votre mission, avide seulement de sa récompense ? »

Il marqua une pause avant de répondre aux autres questions du semi-elfe.

« Pour être tout à fait honnête, il est des lieux où même un dieu ne peut entrer sans le regretter. Nous l’évoquions plus tôt avec votre ami Endar : une partie de mon être est enfermée dans la cité de Nagorin, dans le Royaume d’Ouessie. Nul doute que les résidents de cette tour pourraient et voudraient m’y enfermer à leur tour. Leurs moyens sont puissants. Je ne suis pas prêt à courir le risque. Quant aux fluides que vous évoquez, c’est précisément le vice de forme qui tend à votre erreur de jugement : la magie sur Aliaénon n’est pas liée à ce que vous appelez « fluides ». Dès lors, votre propre utilisation de la magie, basée sur ceux-ci, est biaisée en ce monde… Et également rendue peu contrôlable par l’éveil de mes frères, les Titans. Une conséquence de l’action de vos semblables et de ce Naral Shaam sur ce monde. Je parviens à maîtriser mes pouvoirs car leur puissance ne m’atteint pas. D’autres en sont capables, d’anciens mages, sages, connaisseurs de ce monde et fendus à la pratique de la magie sur celui-ci depuis de fort longues années. Rien qui ne soit, pour l’heure, à votre portée. Je le crains. A moins de vouloir réparer les erreurs passées de vos pairs… »

Il se tourna enfin vers Jorus.

« Le ramener, oui. Au Conseil d’Or, donc, pour qu’il y soit protégé. Avant de répondre à vos questions, permettez-moi de vous en poser une : êtes-vous petit soldat à répondre aux ordres aveuglément, ou êtes-vous apte à prendre une décision allant à l’encontre de ceux-ci si vous découvrez que l’issue de votre mission ne pourra qu’empirer les choses ? Je crois que Naral Shaam n’a que peu d’intérêt personnel direct à me nuire. Je pense qu’il obéit à une instance puissante qui pense pouvoir gagner le contrôle de ce monde via son intervention, en m’évinçant. Mais je n’ai pas les clés pour en être sûr. Quant à la seconde question… Je crois qu’il ignore comment procéder pour me détruire directement, ce qui est sans surprise : sauriez-vous, instinctivement, détruire une entité éternelle, omniprésente et toute puissante ? Il s’attaque donc, en lieu et place, à mon influence sur ce monde. À mes fidèles, à ceux qui croient en moi et restent fidèles au monde que je leur proposais avant l’éveil de mes frères. Un monde où ils étaient libres de se développer, un monde où leur vie n’était pas régie par de puissantes entités n’ayant aucune considération pour eux. En les détruisant, eux, par l’action de ses chevaliers sans bannière, Naral Shaam entend à me supprimer indirectement. Car sans combat à mener, sans suivants à protéger, un Dieu vit-il vraiment ? »


Ses blessures, dont la plaie grave à la jambe, furent soignées par l’absorption d’une dose de soin de la gourde du shaakt. Résorbées totalement. La potion était puissante, sans aucun doute possible.

[Jorus Kayne]

Le liquide de la potion se déverse en moi, coulant à travers mon corps et me redonne une vigueur nouvelle lorsque ma blessure grave au bras se résorbe. Je fais quelques moulinets avec celui-ci pour m’assurer que mon membre se porte bien. Le Sans-Visage lui répond à nos multiples interrogations. Tout d’abord celle de la jeune fille et ses amies du nord. Selon la divinité, elles attendraient d’en savoir davantage sur le sujet avant de suivre un plan qui nous a été tissé pour nous. Toujours est-il qu’elles ne sont pas là, nous si et que c’est à nous de suivre le chemin que nous allons tracer. Le dieu s’intéresse ensuite à Kivan et considère son absence de jugement comme la marque d’un mercenaire pour qui la mission importe avant tout, peu importe les répercutions qui en découleront. Aux interrogations du semi-elfe concernant les lieux qui ne peuvent être franchis par le Sans-Visage et sa capacité à manier la magie, la déité répond simplement qu’il existe en ce monde des lieux pouvant enfermer un dieu. Une partie de son être est enfermée dans la cité de Nagorin et les gardiens de ce sanctuaire n’attendent que l’opportunité pour l’y enfermer le reste de l’être divin. Malheureusement puis Kivan, il n’obtient pas de réponse utile quant à l’utilisation de la magie. Les règles qui régissent la magie de Yuiomen n’ont pas lieu en ce monde et l’éveil des Titans la de plus rendu instable. Si le Sans-Visage parvient à canaliser sa magie sans subir les aléas que nous avons rencontrés, c’est que lui maîtrise ses pouvoirs au-delà des capacités du mage.

Finalement il en revient à moi et son regard invisible me glace le sang. Il commence par me poser une simple question : suis-je un soldat qui suit aveuglément les ordres ou puis-je répondre à des besoins en prenant une toute autre décision ? Selon lui, Naral ne souhaite pas sa mort, contrairement à l’être qu’il sert et qui souhaite acquérir le contrôle de ce monde en évinçant le Sans-Visage. S’il en a visiblement la certitude, il ne possède aucune preuve pour étayer ses dires. Quant au moyen recherché pour nuire au dieu inexpressif, il pense qu’il n’existe pas de réel moyen de détrurie à un dieu, si ce n’est en s’attaquant à ses fidèles. Sans personne pour prier et croire en un dieu et son dogme, la divinité n’est plus qu’une idée sans esprit pour la mettre en pratique. Un vague concept effacé par le temps.

(Il est vrai que Naral ne fait pas partie de ces êtres à qui je confierais ma vie si ce que l’on m’a dit à son sujet son avéré. Pourtant il tient une place importante au Conseil d’Or.)

Loin de me laisser déstabiliser par un être pas capable de se moucher, je cherche en moi le cran de faire face à un dieu armé d’une longue épée aussi flippante que la traîné sanglante à ses pieds.

"J’ai conscience de qui est Naral, ou du moins en partie. Si la moitié des actes qu’il a commis sont avérés, il mérite au sort bien différent de ce qui peut l’attendre au Conseil d’Or. Pourtant il est un mal nécessaire, un furoncle à garder en réfrénant l’envie de le gratter. Par le savoir qu’il détient sur le code d’honneur des Chevaliers sans Bannière et la fidélité qu’il a sur les dragons, il s’est rendu un atout irremplaçable. Je ne dis pas qu’il ne faut rien tenter contre lui, mais il faut être à même de pallier à son absence au préalable. Si nous Yuiméniens ne parvenons pas à cela, les cités alliées à Oranan seront en danger et notre monde par la suite. Mais pour l’heure, il nous faut encore le retrouver."

Je marque une pause et reprend avec un souvenir qui me vient à l’esprit.

"Le Conseil a également évoqué un problème concernant la pierre de vision de Naral. Elle semble désactivée, hors une telle chose demande une puissance et des ressources qui dépassent l’entendement. En savez-vous plus à ce sujet ?"

[Xël]

Thensoor avoue que nous avons vécu des évènements curieux. Il ne parvient pas à établir un autre lien que celui que les noms ont avec la Lande Noire. Il scrute la gemme de Sibelle qui après l’avoir récupéré vient me réprimander. Elle insiste sur le fait que nous serions deux tas de cendres sans l’intervention de Thensoor. Je ne me défais pas de mon sourire. Le dragon est venu, à parler et en plus l’archimage du conseil que nous voulions voir est présent !

"On est vraiment très chanceux."

Le visage de la guerrière se détend avant de proposer que le lien entre toutes ces personnes est peut-être le lien privilégié qu’ils ont avec Sim’. Que ce soit un guide, un parent, un maitre ou un amant.

" Ou un ennemi… "

Ajoutais-je en me grattant la joue.

" Sirat disait que dans la grotte elle aurait aussi cité celui de Vallel. Le mien également, celui d’Elurien et celui de Fin’. Ca nous fait huit noms. Est-ce qu’il y aurait un lien avec la magie ? Si Gregan était votre élève j’imagine qu’il possède aussi des pouvoirs. Si c'était ça le lien ?"

[Gamemaster9]

Lande Noire – Tour d’Orsan.

Le Sans-Visage resta centré sur Jorus, suite à son intervention.

« Un mal nécessaire ? Il a fait de la caste des Chevaliers d’Or, autrefois protecteurs des peuples d’Aliaénon, des chasseurs de mes suivants délaissant leur tâche originelle. Imaginez cela sur votre monde, des guerriers sans affiliations persuadés d’avoir raison qui parcoureraient librement vos régions en se plaçant au-dessus de toute loi. Les dragons, tout ce qu’il leur a permis, c’est de quitter leur lointaine lande du nord pour s’installer sur ces terres, terrorisant les populations locales et s’imposant à elles quoiqu’elles disent. Il est le premier responsable de l’Eveil des Titans, ces créatures immenses ayant réquisitionné de larges territoires où ils ont l’autorisation de tuer quiconque y pénètre ! Je ne vois pas en quoi cet être est un atout pour Aliaénon. Pas même pour le Conseil d’Or. Et vous dites que votre monde serait en danger sans lui ? Êtes-vous bien au courant qu’il a mené lui-même les armées de Vallel jusqu’à Fan-Ming avant de trahir ce dernier, autrefois ? Quelle protection pouvez-vous espérer d’un tel être ? »

Il marqua une pause, puis reprit, plus calme.

« Les Pierres de Vision sont puissantes, mais pas indestructibles. Qui possède grande magie ou grande force peut y venir à bout. Nul doute qu’ici, à Orsan, ils ont la capacité à les briser. Ils peuvent tout briser, ici. Même les esprits les plus solides. »

Lande Noire – Grotte de Sombreroc.

Thensoor secoua la tête aux paroles de Xël.

« Non, non. Vous vous méprenez. Je disais que Simaya a été mon élève, non Gregan. Gregan est un pur produit de Vallel, le chirurgien fou en charge des expérimentations à la Tour d’Orsan depuis de trop nombreuses années. Celui responsable de la transformation de cette région en charnier putride parcouru par d’innommables créatures de chair modifiées. »

Il se remémora tout haut les huit noms proposés.

« Naral, le Sans-Visage, Gregan, Vallel, Finarfin, Xël, Elurien et moi-même… Il y a certainement une signification, un indice plus clair que seule la magie, à quoi tout peut être relié, sur cette Lande. Le lien avec la Lande Noire est ténu : ni vous, ni Finarfin Seuillée n’en ont jamais eu réellement. Je doute même que ce dernier y ait un jour mis les pieds, avant son sinistre trépas. Dans cette liste, certains sont morts, du moins en théorie, d’autres vivants. A-t-elle donné une consigne particulière concernant tous ces êtres ? Vous en a-t-elle seulement dressé la liste, et c’est tout ? »

[Sibelle]

Simaya avait laissé un message et Sibelle n’avait pas de doute quant à l’importance de celui-ci. Cependant, ils ne réussissaient pas à en découvrir le sens. Il est certain que Sibelle aurait préféré se servir de ses épées dans un combat sanglant que de se casser la tête à résoudre une mystérieuse énigme. Mais il ne faut pas se méprendre, Sibelle n’était pas une combattante sans cervelle, même si elle préférait utiliser sa force physique, elle s’avérait d’une intelligence certaine.

Réagissant à sa dernière hypothèse concernant les liens entre les noms de la liste, Thensoor lui précisa que Simaya ne connaissait sûrement pas Gregan. Par contre, elle avait été son élève. Mais il ne connaissait pas ses liens avec le sans-visage.

Xël pour sa part rajouta une information qu’il avait omis de mentionner plutôt. Sirat lui avait confié que dans la grotte, Simaya avait énuméré une liste beaucoup plus longue. Aux quatre noms énuméré par Xël se rajoutait : Vallel, Elurien, Fin’ et lui-même.

Thensoor précisa alors que Gregan n’était pas son élève comme l’avait compris Xël. Gregan était à la solde de Vallel. Il était une espèce de chirurgien désaxé qui effectuait des expérimentations à la Tour d’ Orsan. Il était entre autre responsable de la transformation de créatures de chairs modifiées.
Tout comme les deux aventuriers, Thensoor cherchait en vain le lien qui unissait les huit personnes nommées. Les landes noires ne pouvait être le lien commun puisque Fin’ et Xël l’avaient trop peu parcouru.

Beaucoup d’interrogations prenaient place dans le cerveau de Sibelle. Elle ferma ses yeux quelques instants afin de se concentrer pour remettre de l’ordre dans ses idées. Puis elle les ouvrit et leur fit part de ses réflexions.

« Lorsque nous avons vu Simaya, elle ressortait d’un tunnel, celui-là même qui mène à l’orbe magique. Et au pied de ce tunnel, gisaient pleins de cadavre d'animaux, de chairs immondes et en putréfaction. Et lorsqu’elle s’est attaqué à nous, elle a utilisé sa magie pour réunir ces dits cadavres et en faire une bestioles de chair modifiées… un peu à la méthode de Gregan selon vos dires… je me demande si il y a un lien.. »

Puis se tournant vers Xël, elle enchaina vers le deuxième point qui la tracassait :

« Saurais-tu nous donner l’ordre exact des noms cités par Sirat. Peut-être que l’ordre est important et nous permettrait de faire le rapprochement qui nous échappe. »

Elle en vint enfin au troisième point qui la tracassait.

« Il ne faut pas se limiter aux noms, mais aussi penser au contenu de son message. Les autres aventuriers sont parties à la tour d’Orsan, il faudrait les prévenir de la présence du chirurgien fou. Il faudrait aussi leur demander de ramener Naral à Escar’Olth, si jamais ils le retrouvent. Espérant qu’il ne soit pas trop tard pour ça. »

Imitant Xël et passant à l’action, elle sortit sa pierre de vision sans le consulter et l’approcha de sa bouche. Elle hésita un moment quant au destinataire de son message. Elle ne songea pas une seconde à Yurlungur, ni à Endar. Idéalement, elle aurait choisi Kivan, elle lui faisait confiance, mais il était apparu dans la grotte et semblait désorienté, donc elle ne savait pas si il avait reçu ou non une pierre des conseillers de la tour d'Or . Après une courte hésitation, elle choisit d'envoyer un message à Jorus. Elle se rappelait qu'il avait reçu lui aussi une pierre de vision.

« Prenez garde : Gregan, un chirurgien fou est à la tour d’Orsan. Si vous trouvez Naral, ramenez-le à Escar’Olth sans perdre un instant. »

[Xël]

J'ai mal compris. Gregan n'était pas l'élève de Thensoor. Gregan est un trou du cul à la solde de Vallel. Chirurgien fou qui vit à la Tour d'Orsan. L'endroit où se dirige le reste de la troupe d'aventurier. Un soupçon d'inquiétude s’immisce dans ma poitrine. Thensoor répète ensuite les huit noms mais ne comprends toujours pas le lien entre eux. Il doute cependant que le seul lien soit la magie. Il demande ensuite si Simaya a donné une consigne particulière. Je fouille dans mes souvenirs alors que Sibelle raconte les circonstances de notre rencontre avec l'Esserothéenne. Elle me demande si je suis capable de donner l'ordre exact des noms cités par Sirat. Il les a cités, je me souviens, dans l'infirmerie. Je pose mes paumes contre mes yeux, me forçant à me rappeler l'ordre exacte des noms.

La guerrière, elle, semble aussi s’inquiéter pour les autres Yuiméniens et ne tarde pas à utiliser sa pierre pour les contacter. Je prends la parole d'un ton hésitant. Récitant les noms avec un certain rythme pour m'assurer de ne plus oublier l'ordre.

"Xël, Finarfin, Naral, Thensoor, Elurien, Sans Visage, Vallel"

J'essaie de me souvenir où l'Humoran à placé Gregan mais impossible de m'en rappeler.

"Il a aussi dit qu'elle répétait sans cesse qu'il n'est pas mort, il est vivant. Je me souviens qu'elle le répétait aussi dans ma vision mais je pensais qu'elle parlait du pouvoir de Fin'. Il est vivant et désormais, il est tien. Je me suis peut être trompé. D'ailleurs..."

Un autre détail surgit soudainement. La voix claire de Simaya résonne à nouveau dans mon esprit.

"Elle citait les noms par deux. "

Je me tapote le crâne pour faire revenir les souvenirs plus précisément.

"Tensoor et Gregan. Naral et le Sans-Visage. Il ne faut pas que le Sans-Visage m'approche, ce serait terrible. Il est vivant."

Je refais une moue hésitante avant d'hocher la tête, certain que ce sont les phrases précises qu'elle m'ait dit. J'hausse ensuite les épaules en attendant la réaction des autres.

[Gamemaster9]

Lande Noire – Tour d’Orsan

La pierre de vision de Jorus crépite dans sa poche/sac et commence à parler d’une voix claire, audible de tous. La voix de Sibelle.

"Prenez garde : Gregan, un chirurgien fou est à la tour d’Orsan. Si vous trouvez Naral, ramenez-le à Escar’Olth sans perdre un instant."

Lande Noire – Grotte de Sombreroc.

Aux paroles successives de Xël et Sibelle, le mort-vivant répète, pensif…

« Un monstre de chairs modifiées… un monstre de chairs modifiées… Je crains qu’il ne s’agisse pas là de la magie de Gregan. Lui œuvre chirurgicalement, physiquement sur ses expériences. Non. Par contre, cette façon de maîtriser la chair, d’en faire des horreurs vivantes… C’est le pouvoir de Vallel en personne. Je ne le sais que trop, il a été mon élève. »

Il se tourne ensuite vers Xël.

« Par couples ? Ainsi donc, tous ne seraient pas liés entre eux, mais à deux ? Même s’il doit exister un lien entre tous ces couples. Mais lequel ? »

Il secoue le crâne, poursuivant…

« Je serais donc lié à Gregan ? En quoi… Et Naral au Sans-Visage ? Sans doute le fait que le Sans-Visage ne puisse pas l’approcher est un autre indice. Il est vivant… Vous pensiez à Finarfin. Êtes-vous actuellement lié à Finarfin Seuillée, par-delà la mort ? Vous a-t-elle fait don de… son pouvoir ? Pouvait-elle parler de plusieurs « personnes » ? De plusieurs… âmes ? Et qui cela laisserait-il. Quels « couples » pourraient encore être formés. Vous et Finarfin Seuillée, et donc… Vallel et Elurien d’Assamoth ? Ce dernier était présent, m’avez-vous dit. Comment a-t-il réagi ? Qu’est-ce que tout ceci pourrait bien vouloir dire ? Dans quel état se trouve Simaya actuellement ? »

Il semblait déboussolé. Les questions se succédaient, comme s’il n’y avait plus de philtre entre son esprit et sa parole. À moins que ce ne fut pour déclencher la réflexion chez les deux aventuriers présents ?

[Yurlungur]

...

La réponse du Sans-Visage fut évasive au possible et le visage de l'adolescente se renfrogna. Si les conseils qu'il glissa dans sa réponse étaient avisés, et qu'elle savait qu'elle les suivrait probablement, cette réponse sonna brièvement comme un refus de l'aider, d'aider la Trinité, celles qui étaient potentiellement ses fidèles, comme il semblait le reconnaître. Mais pouvait-elle réellement en vouloir à un tel être ? Il voyait ce monde d'un point de vue divin, entité qui en avait parcouru les terres depuis des siècles, des millénaires peut-être... Et elle lui demandait son concours ? Elle ne doutait pas que, s'il l'avait vraiment voulu, il aurait pu, en fort peu de temps, aller demander ce conseil à la Trinité. Mais cela l'aurait également abaissé au rang de simple coursier... Dans un certain sens, c'était sans doute mieux ainsi. Le visage un peu plus fermé qu'au début de leur discussion, elle répondit d'un faible :

« Je vous remercie pour votre réponse... »

Kívan exposa ses propres objectifs, très superficiels, comme le nota le dieu : il était donc une sorte de mercenaire, comme tant d'autres... Si beaucoup avait critiqué l'alliance que Yurlungur avait noué avec les Reines d'Arothiir, au moins avait-elle eu, elle, la volonté d'aider clairement une nation, au lieu de se voir comme un simple pion sur un échiquier. Et finalement, les troubles de la Forêt d'Émeraude avaient fini par être résorbés, fût-ce par le déploiement des troupes d'Arothiir et d'un changement inopiné de dirigeant... Plus les choses avançaient et plus le Sans-Visage parlait, plus Yurlungur sentait que, au cours du sauvetage de Naral, si sauvetage il y avait, il faudrait tout autant prendre un parti clair, fût-il douloureux pour la neutralité prétendument essentielle à leur mission si chère à certains Yuiméniens.

Quant aux interrogations du Semi-Elfe sur la magie et les réticences du Sans-Visage à pénétrer la Tour d'Orsan, celui-ci reconnut que cela lui coûterait bien plus que ce qu'il pourrait hypothétiquement y gagner. L'assassine commençait à saisir. S'il avait transporté Ariane et l'ensemble du groupe cherchant à rejoindre Elscar'Olth jusqu'ici, ce n'était pas par pure bonté de cœur. Il souhaitait qu'ils agissent dans cette Tour à sa place, qu'ils lui permettent de ne pas se mettre directement en danger en y envoyant des intermédiaires... D'où sa volonté de connaître également leurs intentions. Ce “coup de pouce” du destin, cette attention divine, était tout aussi peaufiné que les plans de la Trinité. Quant à la magie, celle-ci était non seulement inutilisable car de nature différente - n'émanant pas des “fluides” - mais aussi fortement perturbée par l'influence des Titans.

Jorus à son tour posa une question, après avoir expliqué qu'il comptait ramener Naral au Conseil d'Or, de force si besoin. La jeune fille eut un sourire un brin sarcastique à ces paroles. Elle doutait que l'elfe aux cheveux mauves se laisse faire si aisément... Mais qu'importe. La réponse du Sans-Visage, à nouveau, révéla autant d'informations qu'elle amenait de nouvelles interrogations, auxquelles le Sans-Visage semblait indiquer ne pas connaître la réponse. Il évoqua une puissance encore plus grande, que Naral suivrait, et la perte progressive de ses fidèles par les exactions du dragon mauve et des Chevaliers d'Or. Y avait-il, dans sa réponse, enfin une forme de sentiment ? Le dieu s'était montré, depuis le début de l'entretien, d'une imperturbabilité totale. Il avait témoigné une forme de curiosité pour elle, certes, qui tenait sans doute plus d'un amusement pour lui, mais s'était abstenu de faire preuve de la moindre émotion en leur présence, réagissant et répliquant avec lucidité et sagesse, mais sans aucune passion. Cela dit, lorsqu'il évoqua son culte persécuté, c'était le sens même de son existence qu'il mettait sur le tapis. Même une entité aussi ancienne que lui pouvait se retrouver ultimement seule...

Jorus tenta faiblement de protéger Naral, mais il était sensible qu'il avait trop peu d'informations pour juger. Le Sans-Visage, continuant sur sa lancée, sembla s'énerver de plus belle, listant tous les crimes qu'on pouvait imputer au dragon mauve : la menace permanente des Chevaliers d'Or, la conquête de territoires par les dragons, l'éveil des Titans, son alliance avec Vallel avant sa trahison finale... Enfin, récupérant le contrôle de son cœur, il répondit bien plus posément qu'il existait dans la Tour des individus suffisamment puissants pour briser une pierre de vision.

Yurlungur ferma les yeux un instant en réfléchissant à la situation. C'était étrange. Si elle s'en référait à son emportement soudain, le dieu ne pouvait retenir une certaine rancœur profonde pour Naral. Et pourtant... Si Naral était là-dedans, quel intérêt avait-il à laisser des aventuriers s'y rendre pour le libérer ? S'il pensait que son retour au Conseil serait peut-être pire pour tout Aliaénon, pourquoi avoir téléporté la moitié de leur groupe jusqu'à la Tour ? Alors qu'ils semblaient tous en réflexion sur ces dernières découvertes, la pierre de vision de Jorus grésilla et délivra un inquiétant message de Sibelle, mais rien qui ne concerne le Sans-Visage. Elle rouvrit ses yeux et expliqua donc, sans davantage d'attention accordé au message de l'Hinïonne :

« Si Naral est si néfaste, pourquoi nous laisser pénétrer dans cette Tour pour le libérer ? »

Elle fronça les sourcils.

« Ceux qui le maintiennent captifs sont-ils encore plus dangereux que lui ? »

Le ton était posé. Mais elle n'en avait pas fini : si ces précédentes questions concernaient tout le groupe, elle se souvenait de cette curieuse gemme mauve qu'elle avait trouvée dans son sac pendant le voyage vers Orsan. La petite pierre était intrigante et d'une couleur surprenante au milieu de la Lande : or elle était certaine qu'elle ne se trouvait pas encore dans son sac à son départ d'Elscar'Olth, puisqu'elle avait eu l'occasion de vérifier, en récupérant toutes ses affaires à la sortie de la geôle, si on ne lui avait rien retiré. Réflexe. Toujours est-il qu'à présent qu'elle constatait l'influence et la volonté du dieu de les orienter, elle ne pouvait s'empêcher de penser à lui comme l'instigateur de toute cette mise en scène. Paranoïa, délire ? Peut-être. Dans tous les cas, si elle pouvait profiter du savoir d'un dieu pour trouver d'où venait cette gemme... La récupérant avec agilité d'une poche de son sac, elle la présenta au visage vide, coincée entre son pouce et son index. La pierre luisait d'une légère lueur fascinante, intrigante même - il y avait quelque chose de magique là-dessous, ou en tout cas de surnaturel...

« J'ai trouvé cela l'autre jour. Est-ce que vous savez ce que c'est ? »

...

[Sibelle]

Tout en écoutant Xël et Thensoor, machinalement Sibelle posa ses mains sur les pommeaux de ses épées et campa ses pieds bien au sol, comme si elle était prête à dégainer et à passer à l’attaque. Il n’en était rien bien sûr, mais cette position la mettait en disposition à réfléchir et à être alerte, c’était du moins ce qu’elle croyait.

Beaucoup d’informations épars arrivaient d’un côté et de l’autre et il lui fallait faire le tri afin de ne pas oublier un fait important. En se concentrant, Xël avait retrouvé les huit noms listés par Simaya et les avait regroupés par paire.
Le nez retroussé Sibelle se tourna d’abord vers lui :

« Pour Finarfin et toi, le lien serait l’amour que vous semblez porter tous les deux envers Simaya ainsi que le pouvoir dont il t’a fait don… Et quel est ce pouvoir ? »

La guerrière n’était pas certaine que Xël avait dévoilé son affection envers Simaya, mais si ce n’était pas le cas, il s’agissait d’un secret de polichinelle. La violente réaction de ce dernier face à Yurlungur suite à l’attentat contre Simaya avait confirmé son sentiment.
Sibelle poursuivit ses hypothèses.

« Si l’on connaissait le lien qui unit Naral et le sans-visage on comprendrait peut-être mieux pourquoi ce premier en voulait tant à ce dernier ? Aucun de vous ne sait ce qui les unis ? »

Elle enchaîna avec le troisième couple :

« Elurien était très ébranlé lorsqu’il est sorti de l’infirmerie, il est allé libérer les prisonniers puis il s’est retiré dans ses appartements. Ne vous a-t-il rien dit Xël ? »

Thensoor corrigea l’hypothèse de Sibelle. Fabriquer des créatures comme celle qu’elle avait observée dans la grotte était plutôt l’œuvre de Vallel que celle de Gregan. Ce dernier était plus un chirurgien qui opérait physiquement sans utiliser de la magie. Alors que pour Vallel, il en était certain, puisque ce dernier avait été son élève. À ces derniers mots Sibelle écarquilla ses grands yeux et s’exclama :

« Vallel ! Voici donc votre lien avec Gregan. Vallel fut votre élève et Gregan fut au service de Vallel… Et Simaya.. »

Elle s’arrêta un instant, la bouche ouverte. Une idée venait de germer dans sa tête. Elle hésita quelques secondes avant de se décider à l’exposer, les sourcils froncés plus particulièrement destinés à Xël.

« Mon hypothèse va sans doute vous semblez ridicule, ne riez pas. Si Simaya se comportait comme Vallel dans la grotte en reconstituant ces bêtes de chair. Et si nous ne pouvions pas communiquer avec elle directement, et si ce ne fut qu’en pénétrant dans son esprit que vous avez pu entrer vraiment en communication avec elle, serait-ce que parce que Vallel l’a envoûté. Il contrôlerait peut-être le corps de Simaya, ayant refoulé l’esprit de celle-ci dans un petit recoin de son cerveau. Et ces appels qu’elle vous lançait étaient peut-être sa seule façon de vous mettre au courant de la situation. Peut-être votre présence Thensoor, permettrait de la libérer… Elle est à présent comme dans un sommeil forcé… est-ce bien ça Xël ? »

[Kívan]

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Bien que les paroles du Sans-Visage permettent de répondre à une partie de mes questions, ce sont surtout ses premiers mots qui me marquent, me faisant immédiatement voir rouge. Une colère froide s’empare alors de moi et je fais entièrement abstraction à ce qu’il peut se passer autour de moi, le regard fixé sur le sol. Je serre les poings, tachant de garder une certaine contenance devant notre interlocuteur. Je suis fatigué. Fatigué de subir un jeu dont je ne connais pas les règles. Tous sur ce monde pensent détenir la bonne parole et nous juger, à me juger, tout comme tous le faisait à la milice. Je prends quelques instants pour me recentrer, pour respirer calmement et prendre le temps de redescendre. La dernière fois que ce sentiment s’était emparé de moi, j’avais laissé un chasseur pour mort dans les bois de Bouhen. Sauf que cette fois, ce n’est pas un simple mortel qui me fait face mais une entité aux pouvoirs démesurés. Et si je ne souhaite pas être réduit en cendres dans les prochaines secondes, je dois me calmer avant de formuler mes mots.

La voix de Sibelle me reconnecte avec la réalité, étant surpris de l’entendre en ce lieu alors que l’elfe aux cheveux roux ne se trouve pas dans notre groupe. Le message semblant provenir de Jorus, nous indique la présence d’un chirurgien dans la Tour tout en nous donnant des consignes concernant Naral. Je hausse les sourcils devant cette nouvelle manifestation, sûrement due à la magie de ce monde que je ne peux désormais qu’accepter sans comprendre. Yurlungur s’adresse par la suite au Sans-Visage, lui demandant pourquoi ce dernier nous aide sachant qu’il ne semble pas porter Naral Shaam dans son cœur. Je plisse les yeux. Certaines actions me semblent en effet incohérentes à moi aussi. Une fois que la jeune fille a fini, je regarde l’entité, fixant intensément le néant lui faisant office de tête et lui adresse la parole.

« Vous vous méprenez en me considérant comme un vulgaire mercenaire assoiffé par l’argent, les récompenses matérielles m’importent peu. Ma présence ici était initialement uniquement pour des raisons personnelles. Pour répondre à certaines questions concernant ma personne et mon passé. Et désormais je pense, voire sais, que ce n’est pas ici que je trouverai mes réponses.

Cependant, ma parole a été donnée. Auprès de la milice d’Oranan sur mon monde, mais aussi désormais auprès des aventuriers ici présents. J’aiderai donc ceux qui sont ici comme moi, pour trouver ce Dragon Mauve. Sans pour autant rien en attendre en retour. Et comme je viens de vous le dire, je n’aspire plus qu’à remplir ma part du marché et à rentrer chez moi. Avec sûrement plus de questions qu’à mon arrivée ici, mais cela ne regarde que moi et moi seul.

Je n’aurai donc pas la prétention de me battre pas pour une cause que je ne peux pas appréhender. Que je ne peux pas comprendre. Dans un monde que je ne connais pas et où je n’ai aucune attache. Je vous remercierais donc juste pour l’aide apportée, que ce soit pour le trajet, les soins apportés à Endar, ou même cette conversation, fort instructive... »

Je marque une pause, essayant de voir comment formuler le reste de ma pensée.

« Certaines choses me tracassent cependant… Vous parliez du fait que la fuite n’arrange en rien les horreurs et pourtant vous voici, aux portes de la geôle qui contient votre principal détracteur, peu désireux d’y rentrer d’après vos dires. A la place vous ne semblez pas hésiter à nous envoyer directement dans la gueule du loup, sans que nous n’ayons pas la moindre idée de ce qui nous y attend, alors que vous-même semblez en avoir une vague idée.

Vous paraissez pourtant agacé du fait que des étrangers, comme nous tous ici présents, s’occupent des affaires de votre monde, pensant comme Endar, détenir les clefs d’un monde qui les dépasse. Et pourtant vous voici, nous aidant à nous conduire auprès de Naral Shaam, aidant par la même occasion ce Conseil d’Or intéressé dont vous désapprouvez les actions. Conseil d’Or auprès de qui, comme je l’apprends moi-même de la bouche de Jorus il y a quelques instants, nous devons raccompagner ce disparu. Pourtant j’imagine que cela ne doit pas vous satisfaire de savoir que celui qui semble être votre plus grand ennemi doit être remis sain et sauf auprès de ses alliés… A quel jeu jouez vous donc avec nous ? »

Je marque une nouvelle pause, me rendant compte que cela doit faire depuis une éternité que je n’ai pas autant parlé…

« Je peux accepter que des forces supérieures jouent avec nous, ayant moi-même aveuglément obéi à l’injonction d’une entité qui hante mes rêves. Mais je pense que votre présence à nos côtés n’est pas aussi désintéressée que ce que vous essayez de nous montrer. Pour ne pas être ce mercenaire sans cervelle et peu scrupuleux tel que vous me jugez, je souhaite désormais juste comprendre avant d’agir, si vous me le permettez.

Vous vous plaisiez à vous présenter comme l’être le plus sincère de ce monde. Vous voici désormais avec mon honnêteté. A présent, laissez moi vous poser à nouveau ma première question et rejoindre l’avis de Yurlungur. Qu’attendez vous de nous ? Pourquoi nous aider ? »

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[Jorus Kayne]

Visiblement le dieu n’a de cesse de trouver d’autres raisons pour nous pousser à éliminer Naral, ou du moins à arrêter sa folie pour toujours. Que ce soit l’Eveil des Titans qui se sont emparés de vastes territoires et tuent tous les êtres qui y mettent un pied, d’avoir transformé les chevaliers protecteurs d’Aliaénon en traqueur des symboles représentant le Sans-Visage comprenant même ses dévots, l’apparition des dragons qui sèment la terreur ou l’utilité d’avoir au sein du Conseil d’Or un traître, les arguments ne manquent clairement pas. Si je comprends parfaitement que le massacre de ses fidèles le touche, la mort de Naral mettra-t-elle un terme à cela ou va-t-il devenir un martyre et nourrir une vague de destruction encore plus forte ? Après sa longue explication détaillée, il se calme un instant pour répondre sur la possible destruction de la pierre de Naral. Ces pierres sont très puissantes, mais elles ne sont éternelles. Que ce soit par une magie puissante ou une force incommensurable il est possible de les briser. Orsan est d’ailleurs un lieu idéal où tout peut céder, même les volontés les plus fortes.

Toujours assis avec mes affaires à mes pieds, je sens une chose étrange. Un crépitement se fait sentir par la pierre de vision que l’on m’a confiée puis la voix de Sibelle retentit. J’ai l’espace d’un instant un sursaut à la première utilisation de l’objet magique. L’elfe nous prévient qu’à Orsan se trouve un certain Gregan le chirurgien. Cet homme, être, peut importe ce qu’il est, aurait pu nous soigner s’il n’était pas déclaré comme fou par la guerrière. La voix se tait en nous conseillant de ramener Naral à Escar’Olth dès que nous mettrons la main sur lui.

De son côté Yurlungur remercie le dieu concernant la question de ses amies du Nord. Mais elle s’interroge sur les raisons qui poussent le Sans-Visage à nous laisser entrer dans la tour si Naral est si dangereux pour tous ceux qui s’opposent à lui et si ceux qui le maintiennent captif sont encore plus dangereux que lui. Alors qu’elle demande à la divinité d’examiner une pierre, Kivan s’oppose aux propos du dieu. Il nie toutes recherches de richesse justifiant sa présence pour des raisons plus personnelles relatif à son passé. Bien que ce lieu ne puisse répondre pas à ses attentes, il compte rester parmi nous pour honorer la parole qu’il a donnée à la milice d’Oranan. Il continue en agaçant selon moi le dieu, peut-être pour chercher à le déstabiliser et le pousser à nous révéler plus qu’il ne veut en dire. En tout cas c’est la première fois que j’entends le semi-elfe parler autant. J’y vois une nouvelle facette de sa personnalité que je ne lui connaissais pas.

Peut-être que si nous le harcelons de questions nous obtiendrons de vraies réponses. Bien que sa nature divine me fasse douter d’une telle chose, j’ai moi aussi des remarques à formuler avant d’essayer de contacter la guerrière.

"Naral est un mal nécessaire oui. C’est en tout cas ce qui m’a été confié et la conclusion que je tire de cet être. Un être qui a provoqué un massacre sans nom et qui pourtant est présent au Conseil d’Or. C’est ce dernier le rempart contre les forces d’Oaxaca et en tant que Yuiménien je me dois de perdurer cet obstacle qui empêchera la déesse noire de devenir un fléau plus grand sur mon monde. Pourtant je vous le concède ce n’est pas non plus une raison de laisser continuer vos suivants périrent. Cependant, comme les actes de Naral, j’ignore tout de vos et des croyances que vous protégez. Tous ce que vous nous avez confié ne sont qu’arguments pour rejoindre votre cause, comme si vous n’aviez aucun tort. Si je n’ai connaissance d’aucun acte qui justifierait de me joindre à un camp ou à un autre il y a cependant un détail que vous avez mentionné qui m’interpelle. Les chevaliers persécutent les vôtres, les Titans semblent s’être promus au rang de dieu dans leur territoire et les dragons sèment la terreur dans les populations. Si je ne peux vérifier toutes ces affirmations, je sais de source sûr que tous les dragons ne sont pas la menace que vous défendez. J’en ai rencontré un moi-même et il nous a conduit ici en risquant sa propre vie. S’il s’agit de l’exception qui confirme la règle, c’est également le détail qui prouve que tous vos dires ne sont pas avérés et dans ce sens, comment pouvons-nous nous fier à vous ?"

Je fixe quelques instants l’espace vide où devrait se trouver les yeux avant de revenir sur la pierre et essaye de l’activer en frottant dessus.

(Comment ça marche déjà ce truc ?)

(Pense à la personne à qui tu veux parler et ne t’avise pas à penser à cette greluche aux gros plopl…)

(…Oui oui ça va j’ai compris.)

Je me concentre sur la guerrière et parle assez fort, ou peut-être trop, à la pierre. Malgré moi cette femme m’intimide plus que je ne veux l’admettre et je cache cela derrière un humour assez grotesque.

"Heu Sibelle ? Merci de l’info on fera attention. On est justement aux pieds de la tour. On a fait quelques rencontres des êtres mi-géant mi-cheval mi-volcan, un chenil très ouvert sur la liberté de ses résidents et justement en parlant de Naral, on est avec quelqu’un qui voudrait bien mettre fin aux agissements de ce dernier de manière irrémédiable. Un grand type avec des ailes noires, une trainé de sang d’une fraîche dépucelée et une absence d’expression typique des personnes avec un trou dans le visage. Et sinon vous avez beau temps chez vous ?"

En moi je sens ma faéra qui conclue ma magnifique prise de parole.

(Une trainé de sang d’une fraîche dépucelée ? Décidément il faudra qu’on prenne le temps de parler de ton sens inné de la communication avec le sexe opposé !)

[Xël]

Thensoor semble aussi perdu que nous. Il demande comment Elurien a réagit après notre expérience avec Simaya. Sibelle prend la parole pour supposer que le lien entre moi et Finarfin est l'amour que l'on porte envers Simaya ainsi que le pouvoir que je possède à présent. En petite curieuse, elle demande d'ailleurs de quel pouvoir il s'agit. Elle demande ensuite si l'un de nous connait le lien entre le Sans Visage et Naral, le souvenir de ma conversation avec le dieu Sans Visage à Arothiir resurgit. Elle enchaîne avec une troisième question pour savoir ce qu'a dit Elurien avant de sortir de l'infirmerie.

Je n'ai pas le temps de répondre. A peine j'ouvre la bouche qu'elle reprend la parole pour émettre une hypothèse. Loin de m’énerver, cela me fait sourire. Elle craint que nous la trouvions ridicule et nous interdit de rire. Mon sourire s'efface peu à peu car ce qu'elle suppose est terrifiant. Selon elle, Vallel pourrait posséder le corps de Simaya et ses visions et les mots qu'elle récite seraient un appel à l'aide. Je répond d'un ton dur et sec lorsqu'elle me demande mon avis.

"Vallel est mort. Je l'ai vu se faire transpercer sur le champ de bataille devant Fan-Ming. Je refuse de croire qu'il ait pu posséder Simaya. Elle a peut être tout simplement copier son pouvoir comme elle est capable de le faire avec n'importe qui. "

Je jette un œil vers Thensoor, espérant qu'il me donne raison avant de poursuivre pour répondre aux autres questions.

"Mon pouvoir est le même que Finarfin possédait. Je peux, à priori, créer des portails pour passer à travers. Rapprocher deux points éloignés. Je pourrais, par exemple, ouvrir un portail pour Escal'Olth. Nous y serions en une poignée de secondes. "

Je soupire avant de répondre à une autre question.

"Quand j'ai rencontré le Sans-Visage, je lui ai demandé pourquoi Naral lui en voulait tant. Il l'ignore. Il ne l'a jamais rencontré avant qu'il vienne sur ce monde pour le chambouler. Mais peut-être que Naral obéit à quelqu'un qui, lui, a un compte à régler avec le Sans-Visage. Elurien ne nous a rien dit de spécial à part que l'épreuve a été plus fatigante que prévu et qu'il devait s'absenter un moment. Sûrement pour se reposer."

J'hausse les épaules alors que la voix de Jorus surgit de la pierre de la guerrière. Son groupe est justement au pied de la tour. Il fait part de ses rencontres avec la faune local. La description de la dernière me fait plisser les yeux. Je regarde Thensoor avec un air entendu.

"Un type sans visage qui veut se débarrasser de Naral. Est-ce qu'ils auraient rencontré le Sans-Visage ? Il faut absolument retourner auprès de Simaya."

L'hypothèse de Sibelle m'avait rendu plus inquiet que je ne le devrais. Mais imaginons un instant que Vallel soit d'une manière ou d'une autre encore vivant et présent dans la cité alors Sim' était en danger.

[Gamemaster9]

Lande Noire – Tour d’Orsan.

Le Sans-Visage resta immobile, stoïque face aux paroles qui lui étaient opposées, parfois rudes chez Kivan et Jorus. Il sembla un instant scruter la pierre de Yurlungur avant de répondre d’un ton flegmatique :

« Je gage que la personne que vous êtes venue chercher ici saura répondre mieux que moi sur tout ce qui concerne cette gemme, bien qu’elle… soit surprenamment intéressante. Mais je n’oserais vous la demander de peur de paraître intéressé auprès de vos… compagnons. »

Il répondit alors à l’autre question de la jeune fille, et poursuivit vers Kivan et Jorus ensuite.

« Je pense Naral néfaste. Je le sais néfaste. Mais il ne m’appartient pas de décider que faire de lui. Si vous trouvez juste de le libérer, de lui rendre son statut auprès du Conseil d’Or, de l’emmener à Elscar’Olth ou qu’importe vos projets le concernant, c’est vous qui les choisirez. Ainsi, messieurs, loin de moi l’idée de vous demander quoique ce soit le concernant. Je vous ai mené ici car vous me l’avez demandé, et je vous préviens des dangers que vous y trouverez si d’aventure vous souhaitiez entrer. De même, je ne vous enjoins en rien de rejoindre ma cause. Vous ne me connaissez effectivement que trop peu pour m’être fidèles ou même m’accorder la moindre confiance. J’en ai pleinement conscience. Mes paroles n’ont donc pas pour but de vous faire rejoindre ma cause, juste de présenter des faits vous mettant en garde contre vos avis parfois trop tranchés et trop rapides sur un être ou une situation. Comme considérer Naral Shaam comme le dernier rempart protégeant l’invasion de cette « Oaxaca » de votre monde, par exemple. Affirmation que je trouve particulièrement risible, après ce que je vous ai narré. »

Il se tourna vers Kivan, particulièrement.

« Détrompez-vous, je ne vous jugeais en rien. Je signalais que vos paroles pouvaient indiquer cela sur vous, sans les approfondir. Je ne suis pas là pour poser le moindre jugement sur vos actes ou vos êtres. Je suis là pour répondre à vos questions, légitimes, comme je vous l’ai précisé. Et certes de manière intéressée : je tiens à ce que vos décisions futures soient basées sur l’ensemble le plus vaste de points de vue concernant les situations que vous aborderez. Dont le mien, seul que je puisse honnêtement prêcher. Ainsi voici donc les réponses à vos questions : j’attends de vous que vous soyez curieux, que vous m’écoutiez, et que vous n’enfermiez pas votre avis sur une seule parole donnée, qu’il s’agisse de la mienne ou de celle du Conseil d’Or. Et je vous aide parce que de vos actions découleront beaucoup, concernant ce monde et son avenir, comme ça a pu être le cas par le passé. »

Puis, vers Jorus :

« Concernant les Dragons, je pense que vous n’êtes pas non plus pleinement honnêtes. Vous en avez rencontré deux, et non un seul. Un qui vous a aidé, l’autre qui a failli vous couter la vie. Ce sont, de fait, les deux extrêmes chez les leurs : le Dragon d’Or, fidèle au Conseil d’Or, presque soumis à celui-ci. Et le Dragon Noir, sauvage et imprévisible, chaotique despote autoproclamé de ces terres sombres. Les autres dragons, nombreux, sont des nuances vacillant entre ces deux extrêmes, parfois plus d’un côté, parfois plus de l’autre. Oui, le Dragon d’Or vous a aidé, vous, envoyés du Conseil d’Or, parce qu’il est lié à ce dernier par Naral Shaam, dont c’est votre tâche de le retrouver. Mais moi, je n’évoque pas leur relation avec les aventuriers d’un monde lointain, mais leur relation avec les populations en place. J’ai en mémoire une époque aujourd’hui révolue où les peuples possédaient leur terre dans une paix éternelle. C’est ainsi que vous et les autres sauveurs avez appris à connaître ces terres, n’est-ce pas, Endar de Yuimen ? Cette paix a été ravagée par Vallel et Naral Shaam. Ont découlé de ça l’arrivée des Titans s’arrogeant des territoires et menaçant de mort quiconque y pénètre, et l’arrivée des Dragons imposant leur présence aux peuples de ce monde selon leurs propres règles, fières créatures qu’ils sont. »

Il marqua une pause, puis poursuivit.

« Et même ce dragon d’or. Est-il vraiment du côté du bien, lui qui sert aveuglément un Conseil censé représenter l’ensemble des peuples d’Aliaénon mais en pourchassant et en éradiquant une partie pour ses croyances ? Trouvez-vous cela légitime, l’œuvre de ce Conseil et de son ordre de chevaliers fanatisés par Naral Shaam. Oui, le Dragon Mauve a su se rendre indispensable au Conseil, indéniablement. Mais pas à ce monde, pas à ses peuples, et certainement pas à la sécurité de Fan-Ming. Et là encore, je ne vous demande pas de me croire aveuglément. Juste d’être ouvert aux faits, et aux différents points de vue. »

Était-ce plus clair, désormais ?

Lande Noire – Grotte de Sombreroc.

Thensoor écouta tour à tour Sibelle et Xël en les regardant de son visage inerte, mort. Le ton macabre qu’il utilisa alors leur glaça les os.

« Nul doute sur la description qu’il a faite : il s’agit bien du Sans-Visage. Le Marcheur de Mort, comme on le nomme, ici. S’il est près d’eux, c’est qu’il n’est pas près de Simaya. Mais s’il les accompagne, c’est qu’il a entendu comme les autres le message de Dame Sibelle. Je me demande ce qu’il prépare, en leur compagnie… J’espère qu’ils seront prudents et avisés. »

Il se tut un instant, puis poursuivit.

« Votre hypothèse de possession ne me semble pas stupide. Loin de là. Simaya peut certes copier les pouvoirs, mais uniquement des personnes présentes, ou en tout cas ayant récemment partagé sa compagnie. Nul doute que Vallel est bien décédé, il y a cinq ans, aux portes de Fan-Ming. Mais Finarfin ne l’était-il pas tout autant ? Comment a-t-elle pu vous transmettre ses pouvoirs ? Tout cela me fait songer à de terrifiantes conséquences… Il faut effectivement rejoindre Elscar’Olth dans l’urgence pour tirer la situation au clair… Ce… Gregan. Il faut à tout prix que les autres aventuriers déterminent s’il est vivant ou non… La mort, voilà peut-être le lien unissant ces binômes. »

[Jorus Kayne]

J’écoute avec stupéfaction le Sans-Visage répondre de nouveau à nos questions. Il semble rester maître de ses émotions malgré l’acharnement de Kivan et moi-même. Bon, dans un sens c’est difficile à dire sans expression faciale. Dans l’ensemble il cherche à nous faire comprendre que Naral est un être dangereux pour tous les êtres vivants d’Aliaénon. Le massacre qu’il a commis en est la preuve. Il ne cherche pas vraiment à nous faire pencher de son côté, mais bien à ouvrir l’esprit et à rester méfiant quant aux affirmations qui nous sont faites et de se méfier de ceux que l’on croit honnête. Dans tous cela, un détail a son importance.

"Attendez une seconde ! Quand vous dites que la personne que l’on est venue chercher est ici, vous dites bien que Naral est dans cette tour ? Juste là ?"

Ce n ‘est pas vraiment une question. Visiblement tous semblaient déjà au courant et je gage que leur moyen de transport ni est pas pour rien. Donc Naral est ici. Je pensais que l’on mettrait plus de temps que cela avant de le retrouver. Que faire lorsque nous le trouverons ? Serons-nous capable de l’arrêter et que ferons-nous de l’influence qu’il détient ?

Je me relève et fixe le Dieu droit dans son trou et lui parle loin de l’agressivité donc j’ai fait preuve à son égard jusque-là.

"Je tâcherai de garder vos conseils en mémoire. Si je ne choisis pas tel ou tel camp, je peux néanmoins œuvrer pour protéger ceux qui vous suivent. Les chevaliers sont une épine dont nous pourrions essayer vous enlever du pied. Arrêtez-moi si j’ai tort, mais Naral les a sous sa coupe par un code d’honneur secret. Vous êtes capable de savoir combien de dragon j’ai rencontré, je gage que vous avez également connaissance de ce code d’honneur. Enseignez-le nous !"

[Yurlungur]

...

À l'issue de ses questionnements, ce fut Kĩvan qui prit la parole, au cours d'une intervention particulièrement longue. Peut-être piqué par le sous-entendu du Sans-Visage, il chercha à se justifier, à justifier sa présence et ses motivations. Elle l'écouta sans broncher, consciente qu'il s'agissait d'un de ces rares mais quelque peu insupportables individus qui agissaient par pure compassion et pure bonté, espérant rendre le monde meilleur, comme si cela était possible, et comme s'ils en avaient le loisir. Perdus par un idéal abstrait et rose bonbon, il ne saisissait même pas à quel point sa quête était perdue d'avance. Le Conseil d'Or qu'il chérissait tant et qu'il comptait servir autant que possible pourrait se retourner contre lui si sa mission échouait, en organe politique tout à fait fonctionnel... De fait, l'influence dudit Conseil était nulle en-dehors de celle, indirecte, qu'il pouvait exercer via les aventuriers yuiméniens envoyés sur le terrain ; pour autant, la propension de ceux-ci à servir leurs propres intérêts ou des causes diverses démontrait bien à quel point le Conseil en lui-même était une coquille creuse, une administration pure, sans force et sans pouvoir réel autre que représentatif. Bref, une institution faible et pathétique.

Finalement, tout son développement ultérieur ne servit qu'à révéler plus nettement la pensée de Yurlungur au Sans-Visage. Il mettait en mot tout ce qu'elle avait déjà pensé, sans oser le dire, par respect, par crainte ou par ruse. Ce fut Jorus qui s'insurgea à son tour, essayant de défendre le Conseil d'Or et en particulier les dragons qui le servaient en évoquant l'exemple du dragon d'Or. La jeune fille fit la moue. C'était peu convaincant. Il était illusoire de croire que les dragons étaient foncièrement bienveillants, alors qu'ils commençaient déjà à se piquer que des mortels les appellent par le sifflet quelques mois après la disparition de Naral, leur représentant au Conseil, ou plutôt le canalisateur de leurs pulsions de grandeur qui tendaient à leur faire considérer tous les humains qui foulaient ces terres comme des insectes négligeables.

Se détournant brièvement, l'acrobate répondit à Sibelle un message assez confus, dans lequel il tentait visiblement d'indiquer qu'ils étaient en présence du Sans-Visage - comme si ce dernier allait s'offusquer qu'on prononçât son nom.

Le Sans-Visage, enfin, répondit. Après avoir scruté la pierre quelques instants, il ne laissa aucune information filtrer. Il était évident qu'il savait des choses, mais son excuse de ne vouloir la prendre en main était bien pitoyable. Le pouvait-il seulement ? C'était donc auprès de Naral qu'il faudrait chercher la réponse - ce qui rendait l'apparition soudaine de la gemme dans son sac d'autant plus incompréhensible. Écoutant la suite de la réponse du dieu sur l'elfe mauve, Yurlungur, les sourcils froncés, la rangea précautionneusement dans la besace dans laquelle elle avait accumulé toutes ces petites pierres gravées qui semblaient tout autant chargées d'un pouvoir mystérieux - mais leur quantité empêchait de demander directement au Sans-Visage de bien vouloir les examiner.

S'il se refusait à leur dicter leur conduite, s'il se considérait comme un simple vecteur d'informations, capable d'éclairer un tant soit peu leur compréhension d'Aliaénon - chose ô combien nécessaire, surtout pour ceux qui venaient à peine d'y débarquer -, l'assassine ne pouvait s'empêcher de voir dans ses paroles une incitation à mettre fin aux jours du dragon mauve, ou du moins à l'affaiblir de façon conséquente.

Puis, répondant aussi à Jorus, il indiqua implicitement qu'il avait eu vent de leur rencontre avec le dragon noir, ce qui invalidait son raisonnement. Mais même le dragon d'or était selon le Sans-Visage une créature aux motivations discutables, et à l'affiliation totale au Conseil peu réfléchie. Par sa rhétorique, le dieu distinguait nettement le Conseil d'un côté, attaché à Naral et de fait aux Chevaliers, à l'arrivée des dragons et à l'éveil des Titans, et les peuples d'Aliaénon, ceux qui “souffraient”, ceux qu'il tentait lui-même de protéger.

La situation était effectivement compliquée. Comme le Sans-Visage l'avait averti, rien n'était entièrement blanc ou noir : il était impossible d'agir en un sens qui pût convenir à tous, et lui-même était incertain, visiblement, de la conduite à tenir. Pour autant, les dilemmes moraux au cours d'une mission n'étaient guère au goût de l'assassine. Son allégeance n'allait guère au Conseil, mais à la Trinité : or les trois Reines n'avaient que faire de ces représentants, puisqu'elles avaient laissé Sheeala s'y rendre pour siéger en leur nom, alors même que cette dernière était leur adversaire politique. Elle l'y avaient envoyé dans le but clair et affirmé de l'écarter du Royaume Pâle, ce qui était évident aux yeux de Yurlungur : le Conseil était pour elle une institution au mieux inutile, au pire contre-productive.

Cette considération, même si elle était fondée sur des impressions et non des certitudes, rendait la marche à suivre beaucoup plus limpide. Éliminer Naral était un trop vaste objectif pour elle seule ; mais l'affaiblir suffisamment, le blesser, puis le ramener à Elscar'Olth en se faisant passer pour une héroïne, c'était bien plus à son goût. L'histoire du chirurgien évoqué par Sibelle, si tant est que Naral se trouvait effectivement dans la Tour d'Orsan comme semblait le penser le Sans-Visage, était une raison supplémentaire de sauver le dragon mauve et d'empêcher les expérimentateurs d'Oaxaca de créer à partir de ses chairs une créature encore plus puissante qui leur fût dévouée.

Jorus, essayant de comprendre, dévia le sujet sur les Chevaliers d'Or, sujet qui n'intéressait que peu la jeune fille. Celle-ci avait une ultime question pour le dieu, une question qui, sans doute, serait fort mal interprétée. Mais il fallait toujours laisser planer le doute sur ses intentions réelles, pour mieux surprendre par la suite...

« À votre avis, l'un des aventuriers ici présent est-il en mesure d'éliminer la menace que représente Naral, dans cette Tour ? »

Son visage n'exprimait rien qu'une impassibilité parfaite, mais en son for intérieur, elle souriait. Quelle que soit la réponse du dieu, elle n'irait pas jusqu'à cette extrémité, à moins que la situation ne se révèle vraiment hors de contrôle - pour autant, du coin de l'œil, elle guettait la réaction de ses compagnons. Kĩvan allait sans doute la considérer avec horreur ; Jorus et Ariane seraient probablement un peu surpris, voire tristes ; Endar, peut-être, s'en délecterait, si du moins le dieu répondait par l'affirmative, le Shaakt pensant alors certainement à lui-même.

Et ce qui importait, enfin, c'était la réaction du dieu. Sa réponse, les mots qu'ils emploierait... Pousserait-il l'hypocrisie jusqu'à affirmer qu'une telle manœuvre serait disproportionnée, alors même qu'il expliquait quelques minutes plus tôt que Naral était “néfaste” ?

...

[Ariane]

Bien que poliment, Vâkkar Ti me répond par la négative mais enchaîne aussitôt pour m’indiquer que la potion dans la gourde du Shaakt devrait être suffisante. Je l’espère aussi, car bien que Kìvan soit prêt à tenter de nouveau l’usage de la magie, il ne le fera pas sans l’accord de Jorus. Étant donné les précédents résultats magiques, je doute que le jeune homme accepte et hoche la tête, la potion semble la solution. Je me contente d’un autre signe de tête au Sans-Visage, pour lui signifier que je comprends son refus. Jorus nous remercie de l’attention apportée et dans un langage fleuri nous fait part de son choix pour la gourde d’Endar.

Mon attention se reporte alors sur l’enfant, subjuguée par l’entité qui nous a emmené à en tomber par terre. Tiens par terre, si les échanges avec l’Unique doivent durer, je crois que je vais de nouveau m’asseoir à même le sol près de Jorus. La fatigue est toujours présente et j’exécute ma pensée, me délestant de mon bardas pour m’installer entre les pattes du lion à moitié allongé.
Le faible sourire sur le visage de Yurlungur lorsque je me suis adressée au Marcheur de Mort m’a confortée dans mon choix d’aider ces personnes dans leur mission et je sens que Al-Ayrad est du même avis. Nous observons la jeune fille qui paraît bien petite et timide face à l’être ailé quand elle lui retourne sa question.

Tout le monde se met alors à y aller de son mot, de sa question et de son partage d’informations. Si je dodeline de la tête à certains moments, fermant même mes yeux de temps en temps, mes oreilles restent grandes ouvertes et j’écoute en silence les interventions de chacun. Je transmets les plus cruciales à mon ami et lui fais la réflexion qu’avec du thé chaud et quelques pâtisseries, cette discussion aurait été tout de même plus sympathique, malgré le sombre décor.

J’apprends que le semi-elfe est ici sur ordre de la milice d’Oranan et non sur celui du Conseil d’Or comme semble l’être le reste du groupe d’aventuriers. Sa première question m’intéresse : qu’est-ce qui empêche Vâkkar Ti, celui aux nombreux pouvoirs, d’entrer dans la tour d’Orsan ?

L’intervention de Jorus me confirme, si cela était encore nécessaire, le but de la mission donnée par le Conseil d’Or et m’informe que Naral Shaam en aurait après le Sans-Visage. Je n’ai pas encore rencontré cet elfe qu’il commence de plus en plus à me sembler antipathique, d’après les récits de trois personnes différentes.
Du coin de l’œil je constate qu’effectivement la potion de l’elfe noir est des plus radicales, me voilà rassurée sur l’état du sieur Kayne.

A chacun, Vâkkar Ti prend le temps de donner une réponse construite et calme, poussant ses interlocuteurs à réfléchir toujours plus, à se remettre en question. Les réactions sont diverses et les aventuriers rarement satisfaits. Yurlungur fait la moue, Kìvan se renferme et serre les poings violemment. Son corps semble presque trembler d’une rage qu’il ne voudrait pas laisser sortir.
Mais, si la réaction du semi-elfe résonne en moi, mon regard interloqué se détourne rapidement pour se fixer sur un autre corps élancé et un visage impossible, Il vient de prononcer le mot dieu. Si j’avais encore des doutes quant à sa nature, il vient de les lever. Je suis donc une fois de plus le derrière dans la poussière alors que je suis en présence d’une divinité qui s’est proposée de répondre à toutes nos questions, serait-elle la grande question sur la vie, l’univers et le reste.
Il évoque de nouveau la partie qui m’a attristée plus tôt, le fait qu’un peuple se soit permis de porter atteinte à l’unicité d’un être, quelque qu’il soit. Une question me brûle alors les lèvres mais je reste silencieuse, ne souhaitant pas interrompre le Sans-Visage. Il répond à l’interrogation de Kìvan qui avait attiré mon attention. Vâkkar Ti lui-même semble craindre les habitants de la tour d’Orsan, comment pourrions-nous parvenir à en faire sortir Naral Shaam ?
Les puissances de ce monde me dépassent entièrement, comme me le confirme le discours que la déité adresse à Jorus. Ses paroles sont pleines de bonne volonté envers les peuples d’Aliaénon, est-ce la simple vérité ou est-il du même acabit que les personnes qu’il décrit ?

La conversation se poursuit chaudement sur Naral Shaam et un groupe de chevaliers qui semble être une autre source de maux pour Aliaénon, avant de porter sur ce que Jorus nomme une pierre de vision. Mais je n’ai pas raté le fait que Naral Shaam a œuvré aux côtés de Vallel… Un lourd poids dans la balance de mon avis à propos de cet elfe.
Bien que la potion ait soigné la blessure de Jorus, ce dernier semble toujours être bien fatigué. Après m’avoir traité de féculent et s’être exclamé qu’il ne voulait pas avoir à manger par son arrière-train, le voilà maintenant qui s’exprime avec une voix haut perchée. Je tourne un visage de marbre vers lui, quoi qu’une pointe de désapprobation doit pouvoir se lire dans mes yeux mais je trouve le jeune homme aussi surpris que moi. La mise en garde ne vient pas de lui, je prends conscience que c’est la voix de l’Hinïonne que l’on vient d’entendre. Comment a-t-elle pu nous parler reste pour l’instant un mystère ! Je me contente de retenir le nom de Gregan et prends note qu’elle a indiqué Elscar’Olth comme lieu de livraison de Naral Shaam plutôt que le Conseil d’Or, sans vraiment savoir si cela change quelque chose, n’étant pas sûre d’avoir entièrement saisi les allégeances de chacun.

Mes réflexions sont interrompues par le semi-elfe, plutôt avare en mot depuis hier, qui se lance soudainement dans un long monologue à l’attention de Vâkkar Ti. Une ombre de sourire passe sur mon visage, la présence du Marcheur de Mort m’aura permis d’en apprendre beaucoup, non seulement à propos de la situation sur Aliaénon, mais aussi sur le caractère des gens auprès desquels je viens de m’engager.

Je lève les sourcils lorsque Jorus évoque Naral Shaam comme étant le dernier rempart contre les forces d’Oaxaca, n’étant pas sûre de comprendre le rapport puis l’observe sortir un caillou auquel il se met à parler comme si c’était la dame Sibelle, voilà la réponse au mystère du message de l’elfe. Je tords le nez lorsqu’il se permet de décrire vulgairement une personne présente, à la limite du manque de respect… Il n’a pas l’air inquiété par le fait que cette personne s’est donné le nom de dieu et a prouvé par deux fois ses pouvoirs.

Alors que Jorus apprend comme nous que Naral Shaam n’est plus qu’à quelques pas, la jeune Yurlungur demande de but en blanc si le Sans-Visage pense que l’un d’entre nous serait à même d’éliminer l’elfe, allant ainsi à l’encontre de la mission du Conseil d’Or mais rendant peut-être service au reste d’Aliaénon.
Il est difficile de prendre une décision quant à l’action à mener lorsque l’on vient tout juste d’être jeté dans un monde inconnu… S’il est faux, le discours du Marcheur de Mort m’a pourtant jusque là presque convaincue de ses bonnes intentions envers les peuples de ce monde. Personne ne l’a contredit lorsque il a évoqué le passé d’Aliaénon alors que certains semblent avoir été présents avant l’enchaînement de catastrophes qui a troublé la paix de cette planète.

Je me relève comme je l’ai fait plus tôt pour ne pas m’adresser à l’Unique en restant assise.

"Savez-vous si Naral Shaam se trouve dans cette tour suite à sa trahison envers Vallel ? Ou quelles sont les intentions du dénommé Gregan, qui n’a pas l’air d’être un enfant de chœur ?"

Par ces questions, je souhaite juste confirmer que bien que Naral ait œuvré dans le camp d'Oaxaca, c'est peut-être aujourd'hui ces mêmes personnes qui s'en prennent à lui, suite à son action contre Vallel. Après un instant de réflexion, je me décide à poser également la question qui m’est venue tout à l’heure.

"Dites, à propos de la ville de Nagorin, n’y a-t-il pas quelque chose qui puisse être fait concernant la partie de vous qui y a été enfermée ?"

Je ne sais pas vraiment ce que ce fait peut avoir comme conséquences mais je suppose que si une quelconque partie de moi-même m’était enlevée et rendue inaccessible je souhaiterais la récupérer pour me sentir de nouveau entière. Vâkkar Ti est peut-être également affaibli par ce manque et des discours que j’ai jusqu’à présent entendu, il semble être le seul à souhaiter que les choses redeviennent ce qu’elles étaient en temps de paix.